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Notions générales relatives à la combustion Jean-Charles VALEE* L ' utilisation du feu, qu'elle soit à des fins sylvicoles, pastorales ou sylvo- pastorales, demande une bonne connaissance de ce phénomène. Elle doit donc s'appuyer sur quelques no- tions qui, quoique simples, permettent de comprendre, voire d'interpréter les observations effectuées et les résultats obtenus. La présente communication a pour but de rappeler le vocabulaire et quelques notions de base de la thermo- dynamique même si de sérieuses diffi- cultés se posent pour appliquer ce do- maine de la physique au feu contrôlé et, plus encore, à l'incendie de forêt. Définitions La combustion : c'est l'oxydation d'un combustible (par exemple la ma- tière végétale) avec un comburant (par exemple l'oxygène de l'air). Cette réac- tion est fortement exothermique. Par exemple la combustion du carbone dans l'oxygène : C + Ü 2 C0 2 + 4,10 5 J La combustion est dite « avec flam- mes » ou « vive » lorsque les gaz de décomposition thermique s'oxydent et « sans flammes » ou « lente » lorsque l'oxydation concerne les résidus de cette décomposition thermique. Au cours d'incendies de forêt ou de brûlages contrôlés, la majeure partie de la com- bustion est « vive », la phase « lente » se rencontre toutefois au niveau de la couverture morte ou lorsque le feu couve dans les racines. La pyrolyse (destruction par le feu) : c'est la décomposition chimique, en vase clos, de la matière sous l'effet de la chaleur seule. Au cours d'incendi es d e forêt ou de brûlages contrôlés, .ce phé- nomène se produit rarement mais la gazéification observée s'y apparente. Caractéristiques du combustible Le combustible forestier est très va- rié tant dans sa composition que dans sa structure en raison de la grande di- * Ingénieur forestier, Station de sylviculture méditerranéenne, av. Antoine Vivaldi, 84000 Avignon. forêt méditerranéenne, t. n• 1 , juiet 1988 versité des espèces constitutives des diverses strates. La teneur en eau : exprimée en %, c'est le rapport entre le poids de l'eau è ontenue dans le combustible et son poids anhydre. Elle varie selon les espè- ces et, au sein d'un même individu, selon l'âge des tissus, l'activité physio- logique et les conditions climatiques. Celle des tissus morts suit les variations de l'humidité atmosphérique avec une inertie d'autant plus grande que les éléments sont grossiers. Des modèles américains définissent des catégories selon le temps mis par ces éléments pour équilibrer leur teneur en eau avec l'humidité de l'air. La composition chimique : �Ile varie selon les espèces et au sein d'un même individu, selon l'âge des tissus. La ma- tière végétale contient environ 35 de lignine, 55 de cellulose, 2 à 4 d'éléments minéraux ainsi qu'une pro- portion variable de substances volatiles parfois très inflammables et très com- bustibles (huiles essentielles, résines, composés terpéniques, .. . ). La structure du combustible : la répar- tition spatiale des éléments du combus- tible joue un rôle considérable dans la combustion, celle-ci est d'autant plus active que le combustible présente une surface importante au rayonnement ca-. lorifique et en contact avec l'air. Le rapport surface-volume décrit la struc- ture élémentaire du combustible, c'est le rapport entre la surface développée et le volume réel du combustible élémen- taire. La masse volumique (ou le vo- lume massique) apparente décrit la compacité (ou le foisonnement) du combustible, c'est le rapport entre la masse du combustible et le volume qu'il occupe dans l'espace, volume très supé- rieur au volume réel. La chaleur spécque : c'est la quan- tité de chaleur nécessaire pour élever la température d'un gramme de com- bustible de 1 oc. Par définiti on, celle de l'eau est de 1 cal.g- 1 .°C- 1 ou de 4,1 8 J. g- 1 • oc- 1 • Celle de la matière vé- gétale est d'environ 1,4 1 . g- 1 .°C- 1 La chaleur latente de vaporisation : c'est la quantité de chaleur nécessaire pour faire passer un corps de l'état li- quide à l'état gazeux. Dans les condi- tions normales de température et de pression, celle de l'eau est de 2 260 J . g - 1 FEUX CONTRÔLÉS Les pouvoirs calorques : ce sont les quantités totales de chaleur dégagées par la combustion complète d'un corps. Lorsque la combustion s'effectue en vase clos (calorimètre adiabatique), le pouvoir calorifique mesuré est dit « su- périeur » (PCS) et « inférieur » (PCI) lorsqu'elle s'effectue à l'air libre. Le PCS de la matière végétale se situe entre 18 000 et 24 000 J . g- 1 , tandis que PCS - PCI = l 300 J . g - 1 Le potentiel calorque : c'est la quan- tité maximum de chaleur que dégage la combustion de l'ensemble des combus- tibles présents sur une surface (dans un volume) donnée. L'énergie libérée est égale à ce potentiel duquel est déduit celui des résidus, voire des imbrûlés, ainsi que l'énergie des particules et des gaz non oxydés (environ 5 du poten- tiel calorifique du combustible initial). La puissance du front de feu (loi de Byram) : el le est égale au produit de l'énergie libérée par la vitesse de pro- gression du front de feu. Elle est classi- quement déterminée par la formule sui- vante : Pf = PCI x M x Vf avec, Pf : puissance du feu par mètre li- néaire de front, en W . - 1 PCI : pouvoir calorifique inférieur du combustible sec, en J . g- 1 M masse sèche disparue au cours de la combustion, en g . m- 2 Vf vitesse de propagat i on d u f ront de feu, en . Ç 1 Le débit et le flux calorques : le débit calorifique est la quantité de cha- leur libérée par unité de temps, il s'ex- prime en Watts. Le flux calorifique rap- porte le débit calorifique à l'unité de surface émissive, il s'exprime donc en W.- 2 Mesure d'inflammabilité des végétaux à l'INRA d'Avignon. Photo F. B . 1 97 m •W c

Notions générales relatives la combustion

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Page 1: Notions générales relatives la combustion

Notions générales relatives à la combustion

Jean-Charles VALETTE*

L 'utilisation du feu, qu'elle soit à

des fins sylvicoles, pastorales ou sylvo­pastorales, demande une bonne connaissance de ce phénomène. Elle doit donc s'appuyer sur quelques no­tions qui, quoique simples, permettent de comprendre, voire d'interpréter les observations effectuées et les résultats obtenus. La présente communication a pour but de rappeler le vocabulaire et quelques notions de base de la thermo­dynamique même si de sérieuses diffi­cultés se posent pour appliquer ce do­maine de la physique au feu contrôlé et, plus encore, à l'incendie de forêt.

Définitions

La combustion : c'est l'oxydation d'un combustible (par exemple la ma­tière végétale) avec un comburant (par exemple l'oxygène de l'air). Cette réac­tion est fortement exothermique. Par exemple la combustion du carbone dans l'oxygène :

C + Ü2 -+ C02 + 4, 1 05 J La combustion est dite « avec flam­

mes » ou « vive » lorsque les gaz de décomposition thermique s'oxydent et « sans flammes » ou « lente » lorsque l'oxydation concerne les résidus de cette décomposition thermique. Au cours d'incendies de forêt ou de brûlages contrôlés, la majeure partie de la com­bustion est « vive » , la phase « lente » se rencontre toutefois au niveau de la couverture morte ou lorsque le feu couve dans les racines.

La pyrolyse (destruction par le feu) : c'est la décomposition chimique, en vase clos, de la matière sous l'effet de la chaleur seule. Au cours d'incendies de forêt ou de brûlages contrôlés, . ce phé­nomène se produit rarement mais la gazéification observée s'y apparente.

Caractéristiques du combustible

Le combustible forestier est très va­rié tant dans sa composition que dans sa structure en raison de la grande di-

* Ingénieur forestier, Station de sylviculture méditerranéenne, av. Antoine Vivaldi, 84000 Avignon.

forêt méditerranéenne, t. X, n• 1, juillet 1 988

versité des espèces constitutives des diverses strates.

La teneur en eau : exprimée en %, c'est le rapport entre le poids de l 'eau èontenue dans le combustible et son poids anhydre. Elle varie selon les espè­ces et, au sein d'un même individu, selon l 'âge des tissus, l 'activité physio­logique et les conditions climatiques. Celle des tissus morts suit les variations de l'humidité atmosphérique avec une inertie d'autant plus grande que les éléments sont grossiers. Des modèles américains définissent des catégories selon le temps mis par ces éléments pour équilibrer leur teneur en eau avec l'humidité de l'air.

La composition chimique : �Ile varie selon les espèces et au sein d'un même individu, selon l 'âge des tissus. La ma­tière végétale contient environ 35 o/o de lignine, 55 o/o de cellulose, 2 à 4 o/o d'éléments minéraux ainsi qu'une pro­portion variable de substances volatiles parfois très inflammables et très com­bustibles (huiles essentielles, résines, composés terpéniques, . . . ).

La structure du combustible : la répar­tition spatiale des éléments du combus­tible joue un rôle considérable dans la combustion, celle-ci est d'autant plus active que le combustible présente une surface importante au rayonnement ca- . lorifique et en contact avec l 'air. Le rapport surface-volume décrit la struc­ture élémentaire du combustible, c'est le rapport entre la surface développée et le volume réel du combustible élémen­taire. La masse volumique (ou le vo­lume massique) apparente décrit la compacité (ou le foisonnement) du combustible, c'est le rapport entre la masse du combustible et le volume qu'il occupe dans l'espace, volume très supé­rieur au volume réel.

La chaleur spécifique : c'est la quan­tité de chaleur nécessaire pour élever la température d'un gramme de com­bustible de 1 oc. Par définition, celle de l'eau est de 1 cal .g- 1 . °C - 1 ou de 4, 1 8 J . g- 1 • oc - 1 • Celle de la matière vé­gétale est d'environ 1 ,4 1 . g- 1 . °C - 1 •

La chaleur latente de vaporisation : c'est la quantité de chaleur nécessaire pour faire passer un corps de l 'état li­quide à l'état gazeux. Dans les condi­tions normales de température et de pression, celle de l'eau est de 2 260 J . g- 1 •

FEUX CONTRÔ LÉS

Les pouvoirs calorifiques : c e sont les quantités totales de chaleur dégagées par la combustion complète d'un corps. Lorsque la combustion s'effectue en vase clos (calorimètre adiabatique), le pouvoir calorifique mesuré est dit « su­périeur » (PCS) et « inférieur » (PCI) lorsqu'elle s'effectue à l'air libre. Le PCS de la matière végétale se situe entre 1 8 000 et 24 000 J . g- 1 , tandis que PCS - PCI = l 300 J . g- 1 •

Le potentiel calorifique : c'est la quan­tité maximum de chaleur que dégage la combustion de l'ensemble des combus­tibles présents sur une surface (dans un volume) donnée. L'énergie libérée est égale à ce potentiel duquel est déduit celui des résidus, voire des imbrûlés, ainsi que l 'énergie des particules et des gaz non oxydés (environ 5 o/o du poten­tiel calorifique du combustible initial).

La puissance du front de feu (loi de Byram) : elle est égale au produit de l'énergie libérée par la vitesse de pro­gression du front de feu. Elle est classi­quement déterminée par la formule sui­vante :

Pf = PCI x M x Vf avec, Pf : puissance du feu par mètre li­

néaire de front, en W . rn - 1 • PCI : pouvoir calorifique inférieur du

combustible sec, en J . g- 1 • M masse sèche disparue au cours de

la combustion, en g . m - 2• Vf vitesse de propagation du front

de feu, en rn . Ç 1 • Le débit et le flux calorifiques : le

débit calorifique est la quantité de cha­leur libérée par unité de temps, il s'ex­prime en Watts . Le flux calorifique rap­porte le débit calorifique à l'unité de surface émissive, il s 'exprime donc en W . rn-2•

Mesure d' inflammabil ité des végétaux à l ' INRA d'Avignon. Photo F. B.

1 97

rn 1-<( m •W c

Page 2: Notions générales relatives la combustion

LE FEU CONTR E L' I N C E N D I E

Modes de transmission de la chaleur

La chaleur est, par définition, la forme d'énergie qui élève la tempéra­ture des corps. Le Premier principe fondamental de la thermodynamique postule que travail et chaleur sont deux formes équivalentes d'énergie. Le Se­cond principe mesure le sens et l 'inten­sité de la chaleur transférée entre deux systèmes à températures différentes.

La conduction : l 'énergie thermique d'un milieu correspond à l 'énergie ciné­tique de ses constituants fondamentaux ayant une certaine liberté de mouve­ment autour de leurs positions d'équili­bre. Ces particules peuvent échanger tout ou partie de leur énergie thermique par interaction directe avec des particu­les voisines. Le phénomène physique de la conduction se traduit par la propaga­tion de chaleur de proche en proche, sans transfert de matière. L'efficacité de la conduction est défini par le coeffi­cient de conductivité thermique (loi de Fourier) exprimé en W .m- 1 • oc - 1 • Ce coefficient est de 350 pour le cuivre, 0,36 pour le bois ( 1 03 fois moins conducteur) et de 0,038 pour le liège ( 1 04 fois moins conducteur), ce mode de transmission peut donc être négligé pour ce qui concerne les incendies de forêt ou les brûlages contrôlés.

La convection : les différences de température produisent dans un liquide ou dans un gaz des différences de den­sité qui entraînent des mouvements au sein du fluide, dits « mouvements de convection » : les molécules chaudes, plus légères, ayant tendance à monter et à être remplacées par des molécules froides, plus lourdes. La convection « naturelle » correspond aux mouve­ments dus uniquement aux variations de densité. Ce mouvement ascensionnel de l 'air chaud au-dessus d'une zone en combustion crée une « colonne de convection » . Lorsque les mouvements sont amplifiés par une action extérieure (flammes, vent, tuyauteries ... ) , la convection est dite « forcée ». Le flux calorifique, émis par convection et ex­primé en W . m- 2, dépend d'un coeffi­cient de convection, en w . m-2 • oc - ! et de la différence de température entre la source de chaleur et le milieu ambiant, en oc.

. Le rayonnement : tout corps émet, du fait de sa température, un rayonnement thermique sous forme de radiations électromagnétiques (entre 1 0 -4 et 1 0 - ' rn) qui se propagent à une vitesse proche de celle de la lumière. Ces radia­tions sont absorbées par l 'air selon une loi inversement proportionnelle au carré de la distance parcourue : deux récep­teurs placés à des distances respectives de 1 et 10 d'un émetteur reçoivent des énergies dans un rapport de 1 00 à 1 . La quantité d'énergie émise par un corps est proportionnelle à la puissance qua­trième de la température thermodyna­mique de ce corps (loi de Stephan-

1 9 8

Boltzmann). Exprimée en W . m-2, elle est calculée par la formule :

E = e x s x T' avec e coefficient d'émissivité, celui du

radiateur intégral est égal à 1 . s constante de Stephan-Boltzmann

5,67 . 1 0 - 8 W . m - 2 • oK-4• T température thermodynamique en

°K, T = 273 , 1 5 + t avec t en °C . Tout corps soumis à un rayonnement

en absorbe tout ou partie. Le facteur spectral d'absorption est la quantité d'énergie absorbée rapportée à la quan­tité d'énergie incidente, celui du corps noir est égal à 1 .

L a flamme

Définition : elle est toujours associée à

. un� oxydation, elle accompagne une

reactiOn fortement exothermique, sa température est élevée et elle émet de la lumière. Elle contient les réactifs et les produits de l 'oxydation et se trouve à l 'intérieur de l 'enveloppe la plus externe qui émet de la lumière. Un combustible solide brûle avec des « flammes de dif­fusion >> . Les particules de carbone por­tées à l'incandescence les rendent bril­lantes et éclairantes. Lorsque la com­bustion est par trop incomplète, la flamme est dite « fuligineuse » .

Conditions d 'inflammation : à l 'air li­bre, l 'accumulation de gaz combustibles et la présence d'un « point chaud » (étincelle, autre flamme, particule in­candescente) sont indispensables pour que la flamme apparaisse. Quel que soit le « point chaud », l'inflammation ne se produit qu'au-delà d'un seuil, la « tem­pérature d'inflammation », dont la va­leur varie selon les combustibles. Pour élever sa température interne jusqu'au seuil d'inflammation, le combustible doit recevoir de la chaleur (phase endo­thermique). Cette « chaleur d'échauf­fement du combustible » se décompose en trois parties : - la chaleur d'échauffement de l 'eau

dans le combustible : Qe = m x tes x ce x ( 1 00-Ta)

- la chaleur de vaporisation de cette eau :

Qv = m x tes lv - la chaleur d'échauffement de la

matière sèche : Qm = m x cm x (Ti-Ta)

rn masse de matière sèche, en g tes teneur en eau de la matière verte ce chaleur spécifique de l 'eau, 4, 1 8

J . g - 1 cm chaleur spécifique de la matière

1 ,4 J . g - l ,

lv chaleur latente de vaporisation de l 'eau, 2 260 J . g- 1

Ta température ambiante, en oc Ti température d'inflammation en

oc. ,

Par exemple, pour élever la tempéra­ture de deux grammes de matière verte

FEUX D'H IVER FEUX TACTIQUES, CONTRE-FEUX

à 1 00 o/o de teneur en eau depuis 20 oc jusqu'à 300 oc, il faudra fournir :

Q = Qe + Qv + Qm Q = 33 5 + 2 260 + 392 = 3. 1 0 31

La combustion de ces deux grammes fournit environ 20 . 1 03 J.

Caractéristiques de la flamme : la longueur, la hauteur, la profondeur et l ' inclinaison de la flamme ainsi que la longueur du front de feu sont indiquées sur la figure ci-après. En régime perma­nent, la longueur de la flamme est cal­culée par la formule :

l = h x sin(a)- 1

En régime permanent, l 'angle d'in­clinaison de la flamme permet de dé­terminer le coefficient de configuration qui mesure la part de rayonnement émis par la flamme et dirigé sur le combusti­ble et qui sert à son préchauffage :

c = 0,5 x ( l + cos( a)) L'énergie libérée par la flamme, sous

forme d'énergie lumineuse et d'énergie calorifique, se dégage par rayonnement et par convection. Le calcul est mal aisé car : - la quantité de chaleur libérée par

convection s'établit à partir des caracté­ristiques du mélange gazeux ; - la quantité de chaleur libérée par

rayonnement s'établit par application de la loi de Stephan-Boltzmann et de­mande donc la connaissance de l 'émis­sivité de la flamme qui n'est pas un radiateur intégral. Cette émissivité dé­pend de la profondeur de la flamme (p) et de son coefficient d'absorption (k) selon la loi :

e = 1 - exp - kr Ce coefficient (k) dépend lui-même

de la concentration des particules émis­sives dans la flamme et de leur rapport surface-volume. Certains auteurs pro­posent un coefficient d'émissivité de 0, 1 6 pour les incendies de forêt.

J.-C. V.

Pour en savoir plus

Anderson H. E., 1 969. - Heat transfer and fire spread. (Inter. Mount. For. and Range Exp. St., USDA Forest Service. Research Paper INT-69, 20 p).

Anderson H. E., Brackebusch A. P., Much R. W., Rothermei R. C. , 1 966. - Mechanisms of fire spread. (Inter. Moun. For. and Range Exp. St., UDSA Forest Service. Research Paper INT-28, 29 p.).

Belakohowsky S. , 1 978 . - Introduction aux combustibles et à la combustion. Technique et Documenation éd., Pa­ris, 385 p .

Bruhat G. , 1 968. - Thermodynamique. Masson éd., Paris_, 887 p .

forêt méditerranéenne, t . X, n" 1, juillet 1 988

Page 3: Notions générales relatives la combustion

Centre technique du bois, 1 979. Le com­portement du bois au feu. Cahier du CTB, Paris, no 1 44, septembre 1 979, 37 p.

Chaussin C. , Hilly G., Barralis G., 1 969. - Chaleur et thermodynami­que. Dunod éd., Paris, 370 p.

Doat J., Valette J.-C., 1 98 1 . - « Le pouvoir calorifique supérieur d'es­pèces forestières méditerranéen -

nes ». Ann. Sei. forest., i 98 1 , no 38 , t. 4 , p. 469-486.

Gray W. A., Kilham J. K., Muller R., 1 976. - Heat transfer from jlames. Elek Science edit., Londres, 1 52 p.

Rothermel R. C. , Anderson H. E., 1 986. - Fire spread characteristics determined in the laboratory. (Inter. Mount. For. and Range Exp. St., UDSA Forest Service. Research Pa­per INT-30, 29 p).

FEUX CONTR Ô LÉS

Telisin P . H . , 1 97 1 . - Flame radiation as a mechanism of fire spread in fo­rests. Heat transfer in flames, Afgan and Bear Editors, Washington, 442-449.

Van Wagner C. E., 1 967. - Calculations on forest fire spread by jlames radia­tions. (Dep. of For. and Rur. Devel., Canada Forestry Branch, Departe­mental Publication no 1 1 85, 1 4 p.).

Les types de ·feux contrô lés

D ans le texte de cette commun i ­cation . le terme « feu contrô lé » est réservé à la str icte condu ite du feu . tand i s que ce l u i de « brû lage contrô lé » couvre l ' ensemb le de l 'opération : - défi n it ion de (s ) objectifs (s ) en

accord avec les d iverses pa rt ies concernées (p rop ri éta i res. gestiona i ­res . adm in istrat ions . services d ' i n ­cend i e . . . ) . - dé l im itation de la zone à tra ite r. - p réparat ion d u chant ier (maté-

rie ls . aménagements spécif i ques . . . ) . - condu ite du f eu contrô lé (obser-

vati ons . mesu res . . . ) . - mesures et système de sécu rité. - ana lyses à cou rt et long termes

des conséquences . Des conna issances . tant « théor i ­

ques » su r l a combust ion que « pra ­t i ques » su r l e comportement d u feu . son t i nd ispensab les pou r condu i re efficacement u n e opérat ion de brû­l age contrô lé . Comme toute opéra ­t ion sylv icole. sylvopastora le . l ' out i l ( l e feu contrô lé } do i t être adapté à (aux) l 'object if (s ) c l a i rement dé­fi n i ( s ) a u préa l ab l e . D 'autre pa rt. les effets d i rects. mais auss i les effets i nd i rects de la techn ique ( le b rû l age contrô lé ) doivent être i ntég rés dans l a réflexion g loba l e et pr is en compte dans l e b i l an f i na l de l 'opéra ­tio n . En effet l a méthode su iv ie var ie se lon que le but est tout d 'abord. la destruct ion des rémanents d ' une cou pe rase pour pouvo i r ensu ite re­p l anter ou b ien . l a réduct ion des strates basses d 'un peup lement en cro i ssance afi n de rédu i re autant que fa i re se peut sa combust i b i l ité sans porter p réjud ice à l a strate a rborée ou encore. l 'é l i m i nat ion des refus de pâtu re afi n de permettre l a remise en exp lo itat ion de format ions à vocation sylvopastora les . vo i re même str icte­ment pastora les .

forêt méditerranéenne, t . X. n ' 1 , juillet 1988

Jea n - Ch a rles VALETTE

Tableau 1 Inclinaison du front de flammes en fonction du vent et de la pente

Sur terrain plat ·

1 : Ve nt n u l 0--

_j__j�� a. , : .1!.. 2 C , : y2

C = 2 . Sur pente

4 Vent 0�

! 0:: � � -" Q.

· --·

" , TT ., O < a. , < -2 � 1 < C 4 < )/2 0 ..0

Feu ascendant

7 � Ve n t n u l " ë ..... " Q.

(!) CL 1 ': " - - -., -1l- ( C1 7 ( TT <( :E -;

0 }i > C 7 > 0 ::l � Feu descendant -' -' 1 0

b Ve n t n u l <(

:! � '\Q 1 0:: " O < " to < .Jt < a.', o ( TT Q. 1

1 > C ,o > % > c ',o > 0 E

Le feu monte plus vite qu ' i l ne descend

0 < ... 2 < 7l 2 'Ti < (l. J T < 'Ti

1 < c 2 < Y2 Y2 > c , > 0 Feu "au vent" Feu "à la recule"

1 + cos a

2 avec a : angle de la pente

5 ·� 6 fo .,o- � -::.. - - -'1

• : G\. 5 < a. , o q > a. , c 5 > c , c 6 < c ,

Le vent accélère l e feu Le vent fre ine le feu

8 '7l 9 · . . -<e"'

� o- �J _. -. . o-!/:� _. - - - � ,

-CL a > 0.. 7 O.. g ( C17 c , < c 1 c , > c 1

Le vent freine le feu Le vent accélère le feu

1 1 ·� 1 2 � 0- \1 ' , , o. "" :

"'n < " •o a ;, > Cl;, G 12 ) Q 10 a. �, 2 < C1 ;.

c , ) c 10 c ;, < c ;. c 1 2 < c ,. c ; 2 > c,. Le vent accélère le feu Le vent freine le feu montant et freine le montant et accélère le feu descendant feu descendant

1 99

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Page 4: Notions générales relatives la combustion

LE FEU CO NTR E L' I N C E N D I E

Tableau I I Types de feux contrôlés

Techniques Structure végétale favorable

Feu à la recule ou - pelouse broussailles descendant (20 cm à 1 rn)

- arbres > 5 rn - couverture morte continue

Mise à feu Avantages

en haut de pente ou à complet, peu puissant contre-vent - dommages réduits ou

nuls - brandons rares

FEUX D'HIVER FEUX TACTIQUES, CONTRE- FEUX

Inconvénients

- très lent - inutilisable si l itière

humide ou discontinue

Feu au vent ou - pelouse ou garrigue ( 1 0 à en bas de pente ou au vent - rapide et général - zone de sécurité large* ascendant 50 cm) - fumée bien dispersée - puissant et destructeur

- pas d'arbre - utilisable avec - brandons fréquents combustible discontinu

Feu par lignes - pelouse et arbustes bas à partir du haut, en courbe - assez rapide - zone de sécurité large* successives (20 à 40 cm) de niveau ou à - puissance fonction de - exige un terrain facile à

- arbres de 5 rn et plus contre-vent, l'espacement des lignes parcourir perpendiculairement à sa - feu plus puissant à la direction rencontre des fronts de

feu

Feu en râteau ou par - pelouse et arbustes bas simultanée sur des lignes - puissance intermédiaire - zone de sécurité large* lignes simultanées (20 cm à 1 rn) parallèles, à contre-vent entre feu à la recule et au - exige un vent très

- arbres de 5 rn et plus ou en descendant vent régulier - puissance contrôlée par - nécessite une bonne la vitesse des opérateurs coordination

Feu en anneaux ou - pelouse, broussailles et au centre puis suivant des - rapide - très puissant par lignes arbustes (20 cm à 1 rn) circonférences - convergence du feu par - brandons fréquents concentriques - pas d'arbre concentriques aspiration de proche en

proche

Feu périmétral - pelouse, broussailles et en suivant le périmètre - rapide - puissant arbustes (20 cm à 1 rn) - mise en œuvre facile - brandons fréquents

- pas d'arbre - pas de vent et parcelle horizontale

* L'élargissement de la zone de sécurité peut être réalisé par un feu à la recule. Le brûlage fait alors appel à deux techniques : feu à la recule, puis feu au vent, par exemple.

I l est enfi n nécessa i re de p rend re en compte les d ivers pa ramètres d u m i l i eu e t l e s cond it ions loca les : - c l imat iques : températu re et hu ­

m id ité de l ' a i r. vitesse e t d i recti on du vent. natu re . date e t hauteu r des p réci p itations . . . - topograph iques : pente. p lateau .

crête . . . - structu re ls : l it i è re . strates he rba­

cée. a rbustive. a rborée . . . - phéno log iques : activité végéta­

tive. état san ita i re . . . - de s i tuat ion : p i ste. route . . .

L'éva luat ion pe rti nente e t p réa la ­b le de l ' i nf luence de chacun de ces facteu rs sur le comportement du feu est le gage d ' u n brû lage contrô lé réuss i .

La p résente com m u n ication a s imp lement pour but de p résenter que lques types de feux contrô lés ut i l i sab les su r l a façade méd iterra­néenne . l eu rs exigences. avantages et i nconvén ients .

Le tab leau 1 i l l u stre les mod if ica­t ions apportées par l e vent et la pente à l ' i nc l i n a i son du front de f lammes et donc au coeffic ient de confi gu ration : c = 0.5 x ( 1 + cos (a ) ) .

Le tab leau I l passe en revue les d ive rs types de feux contrô lés i l l us ­trés ,par les fig u res 1 à 6 (c i -après ) .

J.-C. V.

200

Pou r en savoi r p lus

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Page 5: Notions générales relatives la combustion

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DÉBATS

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Figure 1 Feu à la recule ou feu descendant

Z o n e d e 1 s� c u r i t é ?'o; l l;o .

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H A U T r - - - - - - - - - - -, .. .. .........

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B A S .. .. .. .... tt.

P 1 S T E Figure 4

1 Veot

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Feu en râteau ou par lignes simultanées

Haut de la p l a c ette .

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P 1 S T E ---------- Figure 2 -------­

Feu au vent ou feu montant

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P 1 S T E

Figure 5 Feu en anneaux ou par lignes concentriques

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sens de mise à feu sens de mise à feu

développement d u feu progress ion d u feu

Z o n • de

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2

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P 1 S T E Figure 3 Feu par lignes successives

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Zone de têturitt br�o� lêe Q la recu le • � Vant

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Figure 6 Feu périmétral

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