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Notre classe (Titre provisoire) Vietnamese refugee girl, © Pulau Bidong Texte et mise en scène : Aurélie Namur Création tout public dès 7 ans Saison 2020 / 2021

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Notre classe (Titre provisoire)

Vietnamese refugee girl, © Pulau Bidong

Texte et mise en scène : Aurélie Namur Création tout public dès 7 ans

Saison 2020 / 2021

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SYNOPSIS

Notre classe (titre provisoire) est le récit choral de quatre adultes, anciens camarades de classe, qui nous livrent un épisode prégnant de leur enfance. Ensemble, ils vont se souvenir et conter l’arrivée, dans leur école de province française, de Minh-Tam, petite fille vietnamienne. Tout juste rescapée des « boat people », Minh-Tam ne connaissait ni la langue, ni les codes et fut, un an durant, élève parmi eux, avant de repartir vers de nouveaux horizons. Katia, Lucie, Ben et Paul vont convoquer les enfants qu’ils furent – mais aussi la figure de leur maître et celle de Minh-Tam – pour interroger ce qui s’est joué, pour eux comme pour elle, cette année-là, au sein de leur école.

L’ÉQUIPE

Le spectacle est produit par la compagnie les Nuits Claires, compagnie conventionnée par

la Région Occitanie. Occitanie Livre & Lecture a accompagné l’autrice de cet ouvrage par

une bourse d’écriture (financement région Occitanie, DRAC Occitanie).

Texte et mise en scène : Aurélie Namur Assistanat et collaboration artistique : Anna Zamore Avec : Frédérique Dufour

Yannick Guégan Sabrina Kourougli Et un comédien en cours de distribution

Scénographie, lumière : Claire Eloy Création sonore : Antoine Blanquart Musique : À distribuer Costumes, accessoires : Claire Farah Vidéo : Catherine Legrand Construction décor : Ber Caumel Régie générale et de tournée : Bruno Matalon Diffusion et production : Laure Desmet Consulting production : My Linh Bui / Kurieuze & cies Administration : Elisa Cornillac

GÉNÈSE

Au fil des ateliers et des rencontres que j’ai menés auprès de jeunes publics, j’ai découvert à quel point nombre d’enfants avaient déjà un lien concret, privilégié même, dirais-je, avec l’exil, et ce « grâce à » l’école. En effet, c’est dans le cadre scolaire qu’ils ont pu côtoyer, de près ou de loin, cet Autre camarade venu d’ailleurs qui devenait, peu à peu, leur Semblable. Au cours de mes interventions, nombreux étaient-ils à lever la main pour m’en faire le récit : « Akram, il est dans notre classe, il est arrivé dans notre école l’année

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dernière de Syrie », « Oui, parce que c’est la guerre », « Akram, à la récré, il joue pas à la guerre », « Oui, il la connaît la guerre, c’est pour ça, il a pas envie d’y jouer », « Et nous, si on connaissait la guerre, on n’aurait pas envie d’y jouer, comme Akram… »… Et à Akram d’intervenir : « J’ai peur, moi, d’aller à la piscine, tellement c’est dangereux ». Intarissables, fragiles, joyeuses étaient nos discussions, jusqu’au retentissement de la sonnerie, où, regardant les enfants se disperser, je me suis souvent fait cette réflexion : Quel puissant lieu d’expérimentation civique et poétique que l’école ! Au préposé d’Ivan Illich « Le système scolaire obligatoire représente pour la plupart des hommes une entrave au droit à l’instruction », j’objectais, dubitative, combien cette même école, gratuite et obligatoire, demeure un précieux vecteur de rencontres. Chemin faisant, mon souhait d’aborder avec les enfants des sujets géopolitiques ou d’actualité - qui pourraient accompagner l’éveil d’une citoyenneté - a rapidement épousé celui de questionner cette entité protéiforme que représente l’« École de la République ». Il se trouve que je garde en mémoire le récit d’un instituteur qui, à la toute fin des années 70, accueillit dans sa classe une enfant vietnamienne. Il m’avait conté l’anecdote suivante : « La fillette, à mesure que les jours passaient, se couvrait mystérieusement de boutons, mystère levé quand je compris qu’elle se nourrissait exclusivement de chocolat ! - l’unique aliment qui, pour elle, représentait notre pays froid, sans riz ni caramboles ». C’est par cette parabole, tendre et sérieuse et qui donnera sa tonalité au texte en germe, que je suis entrée en écriture.

PAR LE FILTRE DU SOUVENIR Si Notre classe (titre provisoire) mêle la fable à l’actualité prégnante, elle opère

une distance - nécessaire - dans le temps, puisque le cœur de l’histoire se situe entre 1979 et 1980. C’est en confrontant leurs souvenirs que les quatre narrateurs / personnages parviennent à faire le récit du voyage de Minh-Tam, rejouant les situations tout en les ponctuant de leurs commentaires et questionnements d’aujourd’hui. Ils mesurent ainsi, non sans émotion, à quel point ce que nous traversons, enfant, constitue une part déterminante de l’adulte que nous devenons.

L’HISTOIRE D’UNE LIBÉRATION Au centre du récit, j’ai placé la question de la langue, celle contre laquelle on se bat

quand on est étranger, puisqu’il faut l’apprendre. Langue à la fois « ennemie » comme le disait Agota Kristof, car elle vous éloigne de votre pays d’origine, et « amie », car elle permet d’entrer en intelligence avec les autres, et brise votre solitude. Tandis que la langue vietnamienne s’immisce en contrepoint sous forme de poèmes ou de conversations étouffées, j’ai mis en langue et en parallèle l'apprentissage syllabique de la langue française par Minh-Tam, avec le bégaiement d'une histoire – son histoire – qu’elle peine à raconter, mais qui participera à sa libération.

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UN PROJET AU LONG COURS

Notre classe (titre provisoire) est donc un projet artistique ambitieux en terme de processus d’écriture (immersion, temps d’écriture), de langages scéniques déployés (scénographie lumineuse - permettant de s’adapter à différentes tailles de salles - vidéo et musique live) mais aussi de distribution (4 interprètes au plateau - me semblant être le juste compromis pour que le spectacle tourne). Cette ambition, qui n'est pas à réserver seulement aux spectacles tout public, nécessite un processus de création sur 3 ans (1 an, déjà, s’est écoulé) et donc un soutien approprié.

Un parcours d’écriture : À chaque création, il m’est indispensable, de passer par une période

d’immersion dans le réel, processus que je souhaiterais intensifier pour ce projet. L’immersion se constitue de documentation, bien sûr, mais aussi de rencontres sur le terrain, d’interviews, de recueils libres de paroles, d’ateliers d’écriture (ou de théâtre), qui dépassent la question de la médiation, me permettant d’appréhender des réalités dans leur complexité.

Ainsi, pour écrire sur l’apprentissage de la langue, je souhaite suivre le parcours de personnes qui apprennent le français : - Au PRAHDA, un centre de réfugiés près de la maison d’arrêt de Villeneuve les Maguelone. - Dans la classe UP2A de l’école Jules Simon à Montpellier qui accueille des enfants allophones. Un travail a déjà été amorcé grâce à l’intermédiaire de Florence Bernad / Cie Groupe Noce, avec l’enseignante Marine. - Je projette un rendez-vous avec le service de l’action culturelle et territoriale de la DRAC et de la Région Occitanie. En parallèle, j’ai commencé à procéder à des interviews de personnes de différents horizons concernant le rapport qu’ils entretiennent à l’École, celle d’aujourd’hui et celle de leur enfance.

La réponse à cette immersion ne devra pas être une forme de tyrannie de la source, qui oblige à l’absolue fidélité, mais bien sûr une réinvention poétique par l’écriture et les différents langages scéniques employés.

Des laboratoires avec les comédiens : Jusqu’à ce jour, j’ai achevé mes textes en amont des répétitions prévues avec les

comédiens. Pour ce projet au contraire, je compte organiser des rendez-vous ponctuels avec eux pour lire le texte en cours. J’envisage ainsi trois rendez-vous, de deux jours chacun, courant 2019. Cette évolution méthodologique tient à la forme de la pièce, pièce, chorale, et à sa teneur qui fait la part belle aux mises en abîmes et au théâtre théâtre dans le théâtre : A la fois conteurs et personnages, à la fois adultes et enfants, les les comédiens devront faire preuve de virtuosité, d’un sens évident du rythme et de la rupture ; ceci d’autant que le personnage central, Minh-Tam, est à proprement parler absent et qu’il revient aux interprètes de l’évoquer, et donc de le devenir, à vue. J’ai choisi ce processus d’énonciation et d’incarnation car il permet une liberté de narration, une

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certaine distance et enfin un humour qui m’ont semblé indispensables pour évoquer l’exil et mener une réflexion sur l’école.

Les laboratoires avec les comédiens me permettent de vérifier, au fil de l’écriture, que cette virtuosité reste jouable d’une part, et que d’autre part, puisque distance il y a, la pièce n’en perd pas pour autant son potentiel émotionnel et poétique, ainsi que sa lisibilité dramaturgique.

Perspectives de mise en scène : - La scénographie visera à évoquer – et non représenter – les différents lieux du

récit (et pour cela, elle travaillera de pair avec le décor sonore). Elle convoquera le souvenir d’une salle de classe, qui est aussi le théâtre des souvenirs de Minh-Tam. Elle sera principalement portée par la lumière, ce permettant de passer d’un espace à un autre en un instant et comme par magie : du lieu « neutre » de la narration, le spectateur se découvre tour à tour dans une salle de classe, sous le platane de la cour de récréation, dans une chambre d’enfant où luit la veilleuse, pour finir en plein milieu d’un océan d’encre. Cette lumière, suggestive, permet aussi de signifier la présence de Minh-Tam, par une ombre dans l’embrasure de la porte, ou contre la paroi de la salle de classe. Le mobilier, succinct, comptant cinq chaises, une longue table et un portemanteau, doit d’abord permettre aux comédiens d’adopter les attitudes des élèves qu’ils furent : patientant, s’impatientant, travaillant, bayant aux corneilles ou battant la campagne…

- La vidéo sera présente à travers un grand écran qui serait tantôt le tableau de

la salle de classe, tantôt support à projection : Image sépia d’une école de village, portrait d’un instituteur des années 70, guitare à la main, les pleins et les déliés de la date du jour inscrite à la craie, la silhouette d’une enfant vietnamienne à la proue d’une embarcation bondée...

(Crédit Aziz Khassam)

(Crédit D.R) (Crédit Monique Dejan Tavernier)

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- Une attention toute particulière sera portée aux costumes. Chaque comédien

gardera, d’un bout à l’autre de la pièce, son costume de narrateur adulte. Ce faisant, il devra pouvoir – en un tour de manche, de revers de pantalon, de col à sortir, de châle à rouler ou de capuche à déplier – le modifier, à vue, pour qu’apparaisse (ceci dans le même registre de magie que les lieux sont évoqués par la lumière) une nouvelle silhouette : celle de leur maître, de Minh-Tam ou de l’enfant qu’ils furent. Ce procédé permet d’entrer et sortir de la fable avec vélocité, accompagnant ainsi la virtuosité de rupture des comédiens. Ce sera par ces mêmes costumes que l’on percevra l’année scolaire – et les saisons - qui s’écoulent.

- Enfin, les comédiens chanteront (à capella ou s’accompagnant d’une guitare) des mélodies choisies pour leur charge évocatrice ou symbolique. Ainsi entonneront-ils une comptine vietnamienne, un chant de Noël ou encore « Paint It, Black » des Rolling Stones, qui incarne la protestation de toute une génération – celle de leur maître aussi - contre la guerre au Viet Nam. Pour ce travail musical spécifique, je convierai un arrangeur / répétiteur.

Je projette de faire une demande de résidence collective pour la scénographie et le

décor sonore à la Chartreuse / CIRCA et une demande de résidence au CDN des 13 vents

de Montpellier dans le cadre du dispositif « Studio libre ».

PISTES PÉDAGOGIQUES

- Ateliers d’écriture pour les enfants dès 8 ans : « Être le.a nouvel.le élève », écrire à partir du tableau d’Emiliy Shanks. Ce travail a été inauguré à l’occasion de la journée du 1 juin 2018 des écritures théâtrales Jeunesse à Besançon avec Côté Cour où Aurélie Namur était «artiste associée».

Arrivée d'une nouvelle élève à l'école, Emily Shanks (1857-1936)

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- Travail possible en amont ou en aval des représentations avec le personnel enseignant ou un.e comédien.nne partenaire du théâtre (environ une dizaine d’heures) sur le texte « Lampédurêve », que j’ai écrit il y a 4 ans. Il s’inscrivait dans le cadre d’une commande de la Scène Conventionnée Jeune Public « la Grande Ourse », et dont le dispositif visait à « Améliorer en classe de CE1.2 et CM1.2, l’apprentissage de la lecture par un texte théâtral ». « Lampédurêve » a ainsi été écrit pour être lu et interprété par les élèves, dans le cadre scolaire.

- Travail d’interprétation : le texte choral. - Thématiques qui peuvent être développées : la vie des insectes, des phasmes. La

guerre du Viêt-Nam. Les guerres. Les jeux pendant la récréation. L’école.

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LA COMPAGNIE LES NUITS CLAIRES

La compagnie Les Nuits Claires est fondée par Aurélie Namur en 2007 à Villeneuve les Maguelone (département de l’Hérault). Fin 2018, elle compte plus de 1000 représentations en France et près de 200 à l’étranger (Espagne, Belgique, Suisse, Luxembourg) gagnant la reconnaissance du public, des professionnels et de la presse. Aurélie Namur est comédienne, issue du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, metteuse en scène et autrice (éditions Lansman). Les dix premières années, elle travaille en complicité avec Félicie Artaud (comédienne, dramaturge et metteuse en scène formée à l’INSASS de Bruxelles) rencontrée en Italie, lors d’un stage Européen dirigé par Pippo Delbono, avant d’affirmer une route plus solitaire.

Son théâtre se veut contemporain au sens où toutes les créations naissent d’une écriture originale, la sienne, qui met en perspective un sujet sociétal actuel (l’exil en terre étrangère, le risque nucléaire, les différents visages de l'Islam, l’épreuve du cancer). Si la narration est centrale dans les spectacles des Nuits claires, la mise en scène vise d’abord à poser d’autres langages qui dialoguent à part égale avec les mots de la fable. Ainsi ont été convoquées successivement la chorégraphie (Et Blanche aussi, On

se suivra de près, Souliers rouges), la marionnette (Mon Géant), le tissu aérien (Le voyage

égaré), la musique classique et le chant arabe (Isabelle 100 visages) ou le football (Dribble!).

L’une des spécificités de la compagnie se situe dans le fait que ses spectacles s’adressent

tantôt aux adultes, tantôt au jeune public, tantôt aux deux, avec une même exigence. Si les

thématiques abordées restent sensibles, sa recherche « traverse les âges », et se doit de

proposer différents niveaux de lecture pour toucher un public, de fait, diversifié.

Familière des tournées au plan national (Scènes Nationales, CDN, ATP, théâtres

municipaux, Scènes Conventionnées) et européen (via un solide ancrage belge et un

partenariat avec les Alliances françaises en Espagne), la compagnie est reconnue par

différentes institutions dont elle a reçu des aides : DRAC (à 4 reprises), Région Ex-Languedoc

Roussillon et Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée (pour une aide à l’écriture à 2

reprises), Mairie de Paris, ADAMI, Jeune Théâtre National et ARCADI. En 2012 et 2013, elle a

bénéficié d'une aide au fonctionnement du Conseil Général de l’Hérault et de la Région ex-

Languedoc-Roussillon qui ont concouru à sa structuration.

Son travail a reçu un écho singulier au printemps 2017 puisque Aurélie Namur a été « shortlistée », avec Félicie Artaud, pour la direction du TNT/CDN de Toulouse, les institutions leur signifiant ainsi une reconnaissance manifeste. La compagnie est conventionnée par la région Occitanie.

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PRODUCTION CONTACTS PRIVILÉGIÉS

EN OCCITANIE : Demande de résidence collective à la Chartreuse / CIRCA et au CDN 13 vents, Montpellier.

- SN Sète / Mireval

- TNT / Toulouse

- Alénya, Lattes, CDN, SN Alès, SN Perpignan, le Chai du Terral - Saint-Jean de Védas

EN RÉGION PARISIENNE : - Théâtre Paris-Villette

- Théâtre Gérard Philippe - CDN de Saint Denis

- Théâtre Dunois.

- Théâtre 71 Scène Nationale de Malakoff

HORS OCCITANIE : - TAPS Théâtre Actuel et Public de Strasbourg

- Festival Puy de Mômes Cournon d’Auvergne

- SC LAVAL

- Espace 600, Grenoble

- Côté Cour, Besançon

- Pôle Culture – Agglomération Sud Pays Basque

- SN Vandoeuvre les Nancy

- TNG, Lyon

Présentations de projets : Festival Momix / Festival petits et grands, Nantes / Festival A pas Contés, Dijon / Festival

THEATRE’ ENFANTS, Avignon / Festival Sur un Petit Nuage, Pessac.

ÉDITEUR PRESSENTI Emile Lansman a déjà édité sept de mes textes. C’est tout naturellement que je

souhaite poursuivre notre collaboration. Toutefois, je ferai lire cette prochaine pièce à Brigitte Smadja de l’École des loisirs, que j’ai rencontrée lors de la « Journée des écritures théâtres du 1er juin » à la Scène Conventionnée Côté Cour de Besançon.

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FORME / EXTRAITS EN COURS

A l’heure où j’écris ces lignes, j’imagine une pièce qui couvrirait une année scolaire, se découpant en cinq tableaux qui suivent le rythme des saisons. Elle s’articulerait comme suit : - Premier tableau : Prologue / Ensemble (cf extrait en cours d’écriture) - Second tableau : Automne / L’arrivée (cf extrait en cours d’écriture) - Troisième tableau : Hiver / Épisode du chocolat + les premiers mots de Minh-Tam. - Quatrième tableau : Au creux de l’hiver / Le récit du voyage de Minh-Tam. - Cinquième tableau : Épilogue / Le départ de Minh-Tam. Les personnages : KATIA, LUCIE, BEN et PAUL. Lieux : Une salle de classe, ou plutôt le souvenir d’une salle de classe. Notes de lecture : « BEN / LE MAÎTRE » signifie que le personnage de Ben interprète le rôle du maître. De même « KATIA / MINH-TAM » signifie que le personnage de Katia interprète le rôle de Minh-Tam, petite fille vietnamienne.

Premier tableau, ensemble PHOTO DE CLASSE 1 On entend une chanson à capella. La lumière monte, on distingue quatre visages, en avant-scène, qui chantent en regardant le public. PAUL. – J’avais… 11 ans BEN. – 8 ans. LUCIE. – 8 ans. KATIA. – 6 ans. J’étais la plus jeune. BEN. – J’étais le plus costaud. PAUL. – J’étais le plus malin. KATIA. – Bof… PAUL. – (à Lucie) Et toi ? LUCIE. – Je sais pas… PAUL. – On habitait un village minuscule, notre école aussi était minuscule, et notre classe… TOUS sauf LUCIE. – Unique.  

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PAUL. – On était tous dans la même classe, 12 élèves, TOUS sauf LUCIE. – Ensemble. BEN. – C’est rare, maintenant, les classes uniques… KATIA. – Les villages minuscules aussi… BEN. – Et les écoles minuscules… PAUL. – Notre école était construite juste à côté – vous vous rappelez ? TOUS sauf LUCIE. – … d’une base militaire ! PAUL. – C’était magique… (Tous approuvent) KATIA. – Pendant les cours, on entendait les avions de chasse déchirer le ciel ! TOUS. – Magique. LUCIE. – (à Ben) La plus timide. BEN. – Quoi ? LUCIE. – J’étais la plus timide. KATIA. – Moi, la plus petite. Comme ça. PAUL. – Moi aussi, petit. Comme ça. BEN. – (à Paul) Oui mais t’étais chef ! KATIA. – Bof… BEN et PAUL. – Ah si ! BEN. – Paul c’était le chef ! J’étais son sous-chef, je le protégeais, et lui, il commandait… KATIA. – Il attaquait ! PAUL. – Je défendais les plus fragiles. LUCIE. – (souriant) Bref, vous jouiez à jouer à la guerre ! TOUS sauf LUCIE. – Oui ! Un temps.

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PAUL. – Sauf Lucie. Un temps. LUCIE. – (au public) Vous savez ce que c’est, un phasme ? Le public, à sa manière, se manifeste. BEN. – Un phasme, c’est comme la feuille d’un arbre, ou une brindille, ou un bâton… LUCIE. – (lui coupant la parole) C’est un insecte minuscule dont le cœur bat. BEN. – Un insecte, ça n’a pas de cœur. LUCIE. – Et si ! BEN. – En tous cas, ça n’a pas de sang ! LUCIE. – C’est de l’hémolymphe… PAUL. – (coupant court) Pendant la récré, Lucie cherchait des phasmes… BEN. – …mais elle n’en a jamais trouvé ! LUCIE. – Si ! Une fois, si, sous le grand platane ! Je l’ai recueilli dans la paume des mains, minuscule, mais vous avez hurlé : « À L’ATTAQUE ! » alors j’ai foncé dans les toilettes, tiré le loquet, desserré la paume, mais… mon phasme ! Il avait disparu, alors vite, j’ai rouvert le loquet, foncé dans la cour, malgré la guerre, mais Katia a hurlé « CONTRE ATTAAAAAAAAQUE ! » - Hein Katia, tu te rappelles – alors je me suis effondrée au sol, joue contre le bitume. J’ai fait la morte. Les autres restent perplexes. Un temps. PAUL. – C’est vrai Lucie ? LUCIE. – Longtemps j’ai fait la morte. Joue contre le bitume. KATIA. – Jusqu’à ce que la cloche sonne ? LUCIE. – Jusqu’à ce que le maître arrive. A l’évocation du maître, un temps. TOUS. – (pour eux-mêmes, émus) Notre maître… BEN. – Notre maître, il était immense… KATIA. – Il portait des pantalons pattes d’eph !

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PAUL. – Une cravate jaune… BEN. – Une boucle d’oreille, là ! LUCIE. – Les cheveux longs ! PAUL. – Des blagues ! TOUS. – Et une guitare… Ils entonnent la chanson inaugurale. BEN. – Qu’est-ce qu’il est devenu, notre maître ? LUCIE. – On ne saura jamais… BEN. – Il aurait… 80 ans… LUCIE. – C’était… il y a 40 ans… PAUL. – Aujourd’hui, tout a changé. KATIA. – Le village s’est dépeuplé PAUL. – L’école a été fermée BEN. – Et la base militaire, rasée. A l’évocation de la base militaire, ils esquissent un sourire. KATIA. – La base militaire… Vous vous rappelez… Les avions de chasse, en plein cours, qui déchiraient le ciel… TOUS. – Magique ! KATIA. – Quand les avions de chasse déchiraient le ciel, tout s’arrêtait. LUCIE. – Le cours s’arrêtait. BEN. – Le maître s’arrêtait. PAUL. – Nos stylos s’arrêtaient. KATIA. – Vous vous rappelez ? (Ils ferment les yeux) PAUL. – Chut !

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LE CIEL SE DÉCHIRE # 1 Vrombissement tonitruant d’avions, le sol tremble. Ils rouvrent les yeux pour suivre la trajectoire des engins au-dessus d’eux. PAUL. – On se levait de nos chaises KATIA. – Joue contre la vitre PAUL. – On regardait les avions de chasse disparaître… KATIA. – Vers la guerre… PAUL. – Puis, lentement, on regagnait nos places… BEN. – Moi à côté de Katia à côté de Paul à côté de Lucie. PAUL. – (en aparté) Katia ? KATIA. – Quoi ? Paul murmure quelque chose à son oreille. KATIA. – Oh oui ! LUCIE et BEN. – De quoi ? PAUL. – Rien que pour le plaisir ! KATIA. – Vous vous rappelez ? (Katia et Paul ferment les yeux) PAUL. – Chut ! LE CIEL SE DÉCHIRE # 1 A nouveau, vrombissement tonitruant d’avions, le sol tremble. KATIA et PAUL. – Les avions, les avions ! (à Ben et Lucie) Venez ! On fait comme avant ! TOUS. – Les avions, les avions ! Tous lèvent le regard, et vont s’agglutiner contre la vitre pour admirer les avions, puis ils regagnent leur place initiale. RÉCRÉATION # 1 Une sonnerie retentit, suivi du brouhaha d’une cours d’école : TOUS. – La récré ! La récré ! La récré ! KATIA. – (avec énergie ! tel le coup de feu d’ouverture) Ta ta ta ta ta ta ta !

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PAUL. – (avec énergie !) Je suis l’avion de chasse le plus percutatif ! BEN. – (avec énergie !) Boeing Raptor lâché ! RÉCRÉATION # 1 Lucie s’accroupit, cherche parmi les feuilles… Les autres jouent à la guerre. KATIA. – Predator lâché ! PAUL. – Predator rencontre Raptor… KATIA. – Ta ta ta ta ta ta ta ! LUCIE. – (pour elle-même) Oh ! Un phasme ! BEN. – Mon père il conduit des Dassault rafales. LUCIE. – Un phasme ! PAUL. – Le mien des Typhons 66 ! LUCIE. – Un phasme ! J’ai trouvé un phasme. KATIA. – Predatorium! PAUL et BEN. – (à Lucie) À L’ATTAQUE ! Lucie se cache. BEN. – (à Katia) Brrrrrrrom ! T’es raptorée. Oh ! T’es raptorée ! KATIA. – Tatatatatatata ! PAUL. – Trop tard, t’es morte ! KATIA. – C’est pas toi qui décides ! PAUL. – Si ! Trop tard ! KATIA. – C’est pas toi le chef de tous les temps ! PAUL. – Zzzzzzzzz ! BEN. – Tu fais quoi ? PAUL. – Je gèle. Je me gèle. Freeeeeeeeeze !

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BEN. – Guerre gelée ! Paul et Ben immobiles. Lucie a ressorti sa tête, elle cherche son phasme par terre. LUCIE. – Il est où mon phasme ? Il est où ? KATIA. – (à Paul et Ben) CONTRE ATTAAAAAAAAAQUE ! Lucie, terrorisée, se plaque au sol. PAUL. – (en parlant de Lucie) Elle est morte ? KATIA. – (hurlant, à Paul) J’ai dit : « CONTRE ATTAAAAAAAAAQUE !» ! PAUL. – (à Katia) Toi t’es déjà crevée. KATIA. – Jamais ! PAUL. – Détruite. BEN. – Décomposée. KATIA. – (à Paul) Détritus ! (Il s’effondre) BEN. – Même pas vivante ! KATIA. – (à Ben) Has been! (Il s’effondre). PAUL. – (déjà étendu au sol) N’oublie pas de mourir, Katia ! KATIA. – Repos éternel! Enfin, Katia s’effondre. LA NUIT #1 Tous les quatre jonchent le sol. La lumière baisse, on perçoit le bruit des feuilles en train d’être grignotées, le hululement d’une chouette... Ils chuchotent : LUCIE – On est bien, morts. BEN. – On pourrait rester morts toute la récré. KATIA. – Toute la vie. LUCIE – À rêver. PAUL. – Jusqu’à la nuit.

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LUCIE – À la liberté. PAUL. – Les étoiles brillent… KATIA. – Les satellites encore plus. PAUL. – Moi, je sors mon télescope. LUCIE – Moi, je pars en forêt ! PAUL. – En forêt ? LUCIE – Chercher des phasmes. BEN. – Moi je mets ma dent sous l’oreiller… LUCIE – La nuit les phasmes se réveillent… BEN. – La nuit viendra la petite souris. KATIA. – Et la nuit les bateaux partent en mer. BEN. – C’est la nuit qu’elle a fui. PAUL. – Qui ? La souris ? KATIA et BEN. – Non ! LUCIE. – Minh-Tam… BEN. – C’est la nuit qu’elle a fui… KATIA. – Oui TOUS. – Pour sauver sa vie.

Sirène d’un bateau, chant vietnamien / PASSAGE AU NOIR.

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Second tableau, l’automne. PHOTO DE CLASSE 2 Les comédiens, assis à leur chaise, rejouent les élèves qu’ils furent (mais sans jamais singer l’enfance) : ils patientent, s’impatientent, s’occupent. La salle de classe est évoquée grâce à un écran en guise de tableau, mais aussi, peut-être, une horloge, un porte-manteau… ou tout autre chose. PAUL. – 21 septembre 1979. LUCIA. – L’automne. PAUL. – Ce matin-là, nous l’attendions. Notre maître. LUCIA. – Il ne vient pas ? PAUL. – Bizarre… LUCIA. – Pourtant la cloche a sonné ? Ils jouent l’attente. BEN. – Ce matin-là, je ne pensais pas, comme d’habitude, dès 8 h du matin à mon goûter de l’après-midi – une tranche de pain et un carré de chocolat – rien à voir avec vos goûters d’ailleurs ! – non, ce matin-là, c’était spécial car dans mon cartable, j’avais une pièce de 1 franc, c’est la petite souris qui me l’avait apportée dans la nuit, vous vous rappelez comment elles étaient les pièces de 1 franc, avec la semeuse et le vent, mais comme c’était interdit d’avoir de l’argent à l’école, comme aujourd’hui d’ailleurs, je disais rien, ce matin-là, je gardais mon secret. LUCIA. – C’est bon, tu as fini ? BEN. – (surpris) Quoi ? PAUL. – On peut poursuivre ? KATIA. – C’est interdit d’évoquer ses souvenirs ? LUCIA. – On ne va pas chacun mettre notre grain de sel… PAUL. – (fort) 21 septembre 1979. LUCIA. – L’automne. PAUL. – Ce matin-là, nous l’attendions. Notre maître. LUCIA. – On n’entend pas les avions de chasse ?

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PAUL. – Bizarre… LUCIA. – Pourtant il y avait des guerres… Même jeu, ils jouent l’attente. KATIA. – (à Ben) Mais… on ne chahutait pas, ce matin-là ? BEN. – Je ne me rappelle plus… KATIA. – Mais si ! Paul, il avait son tatouage à l’avant-bras, rappelle-toi, Paul, tu frimais avec ton tatouage... BEN. – Ah oui ! Son tatouage malabar ! KATIA. – C‘était un tatouage « tortue Ninja » ? PAUL. – (fort) Un dragon de fusion élémentaire ! KATIA et BEN. – Oui ! BEN. – Même que tu voulais lui gribouiller, Katia, avec un marqueur… LUCIA. – (pointant du doigt) Vous vous rappelez, au mur, la frise du temps, avec Charlemagne… BEN. – (pointant du doigt) Et à l’entrée, la carte du monde renversée ! LUCIA – Ah oui ! Avec l’Asie au milieu ! BEN. – C’était notre maître tout craché… LUCIA. – (pointant du doigt) Et au fond, les terrariums, avec des phasmes. BEN. – Et juste à côté… TOUS sauf PAUL. – La guitare de notre maître ! Tous, sauf Paul, entonnent le même air… PAUL. – (Il hurle) Eh bien figurez-vous que ce matin-là - qu’on ait chahuté ou pas, qu’on ait patienté ou pas, qu’on ait une dent dans le fond du cartable ou pas, des dragons qui aspirent la carte du monde fusionnée avec un œuf de phasme moulé dans une paille interdite qui discute avec Charlemagne, ou pas - (au public) figurez-vous, que ce matin-là, le résultat est le même, notre maître… TOUS. – … a fini par arriver.

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L’ARRIVÉE Des bruits de pas résonnent, une conversation étouffée. Ils se regardent, interloqués. BEN. – C’est le maître ? PAUL. – C’est sa voix ? KATIA. – Il est avec quelqu’un ? LUCIE. – C’est qui ? L’ARRIVÉE Une porte grince. De concert, les visages se tournent dans une même direction. On distingue un rai de lumière, et peut-être une silhouette. Tous fixent l’entrée. LUCIE. – Ce matin-là, dans l’embrasure de la porte… KATIA. – On peinait à voir. PAUL. – Une ombre ? LUCIE. – Dans l’embrasure de la porte… BEN. – Notre maître… KATIA. – Avec ses pattes d’eph ! PAUL. – Sa cravate jaune. BEN. – Sa boucle d’oreille, là ! LUCIE. – Ses cheveux longs ! BEN. – Notre maître – vous vous rappelez – PAUL. – …n’a fait aucune blague, BEN. – Il a dit : (Instinctivement, il se lève) « Voici votre nouvelle camarade. Elle s’appelle Minh-Tam. Elle vient du Viet Nam. Elle ne parle pas encore notre langue. » Un temps. Ils fixent le rai de lumière pour mieux discerner. LUCIE. – C’est une petite fille ? KATIA. – Elle se cachait…

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PAUL. – Pâle… LUCIE. – Brindille… KATIA. – Minuscule… LUCIE. – Son cœur devait battre. BEN / LE MAÎTRE. – Et notre maître – vous vous rappelez ? – a dit : « Est-ce que certains d’entre vous savent ce qui se passe au Viet Nam? » KATIA. – (énergique, levant le doigt) Le Viet Nam, c’est la guerre ! PAUL. – (énergique, levant le doigt) Les armes chimiques ! KATIA. – (énergique) Les bateaux à la mer… PAUL. – (énergique) Mon père il dit « Le Viet Nam, faut faire quelque chose » ! KATIA. – (énergique) Bernard Kouchner ! PAUL. – (énergique) Les droits de l’homme ! LUCIE. – (dans un tout autre rythme) Maître ? Comment elle s’appelle, déjà, la petite fille ? L’ARRIVÉE Les visages interrogent Lucie, puis l’entrée, puis Ben / le maître. BEN. / LE MAITRE. – Minh-Tam. TOUS. – (tel un écho, murmurent) Minh-Tam ? Un temps, ils se regardent. KATIA. – (énergique) Maître, elle peut s’asseoir à côté de moi, la petite fille ? PAUL. – (énergique) Oh non, de moi, maître ! KATIA. – (énergique) Maître ! Je la protège… PAUL. – (énergique) Je la défends ! LUCIE. (dans un tout autre rythme) Maître, pourquoi elle n’entre pas, Minh-Tam ? L’ARRIVÉE Les visages interrogent Lucie, puis l’entrée, puis Ben / le maître. BEN. / LE MAITRE. – Minh-Tam a fait un très long voyage. Il va falloir être patient.

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LUCIE. – (aparté à Ben) Ben ? Tu peux t’approcher de moi ? BEN. – Comme ça ? LUCIE. – Le maître s’est approché de moi et a dit… (Lucie fait signe à Ben de dire ce que le maître lui avait dit, mais visiblement, il a oublié, alors elle lui souffle :) « Tu veux bien faire une place à Minh-Tam? » BEN. / LE MAÎTRE. – Ah oui ! Lucie, tu veux bien faire une place à Minh-Tam? LUCIE. – Mais non, pas comme ça… PAUL. – Très précautionneusement, rappelle-toi… (Se ravisant) Attends Ben, le maître avait ses lunettes ce jour-là, tiens. (Lui tendant ses propres lunettes) Vas-y ! BEN. / LE MAÎTRE. – Lucie, tu veux bien faire une place à Minh-Tam s’il te plaît ? Lucie hoche la tête et s’exécute. PAUL. – (en aparté) Katia ! Vas-y ! Fais-le! KATIA. – (en aparté) Quoi ? PAUL. – Fais Minh-Tam! KATIA. – JE FAIS MINH-TAM ? TOUS. – Oui ! LUCIE. – Allez ! KATIA. – Mais on n’a jamais dit ça ! BEN. – Je fais bien notre maître, moi… KATIA. – Mais j’ai pas les yeux bridés ! TOUS sauf KATIA. – Et alors ? KATIA. – C’est trop dur ! TOUS sauf LUCIE. – Allez ! Hésitante, Katia se poste à l’entrée, elle noue ses cheveux, Paul lui ajuste son pantalon. PAUL. – Fais une entrée !

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KATIA. – Une entrée quoi ? PAUL. – En coulisse ! Cache-toi ! (Katia disparaît, derrière le rai de lumière) Ce matin-là donc, Minh-Tam est apparue… (Elle tarde à apparaître). (Fort, vers les coulisses) Vas-y Katia, fais ton entrée ! (prenant le public à parti) On attend tous ! LUCIE. – Calme-toi Paul. On peut attendre un peu... (Elle aussi prend le public à partie). L’ARRIVÉE Katia / Minh-Tam finit par entrer. Silence. BEN. / LE MAÎTRE. – Le maître a dit : « Ne la regardez pas comme une bête curieuse ! » L’ARRIVÉE Katia / Minh-Tam, toujours en silence, s’assoit à côté de Lucie. Le temps semble distendu. Paul et Lucie la regardent « comme une bête curieuse ». BEN. / LE MAÎTRE. – Ouvrez votre cahier pour écrire la date du jour. LUCIE et PAUL. – (Comme absents, le regard rivé sur Katia / Minh-Tam) Oui maître. RÉCRÉATION # 2 La sonnerie retentit, ils sursautent à peine. Du lointain, on perçoit le brouhaha d’une cours de récréation. Aucun d’entre eux ne bouge.

KATIA. – (à Paul) Tu y vois quelque chose, sans tes lunettes, Paul ? LUCIA. – Reste concentrée. BEN. – Zut, je ne me rappelle plus ce que le maître a fait, pendant la récré. LUCIA. – Il est parti surveiller la cour, et Minh-Tam le suivait partout ! Elle ne le lâchait pas d’une semelle ! KATIA. – C’est difficile de se mettre à sa place, d’imaginer ce qu’elle avait vécu, tu te rends compte… LUCIA. – Reste concentrée. BEN. – Ah oui ! Et nous tous, on suivait Minh-Tam, qui suivait le maître… PAUL. – Petite fille, tu veux un malabar ? Regarde, il y a des tatouages dedans, tu connais ? Tu as froid ? Tiens, tu veux ma veste ? Maître, est-ce qu’elle sait lire ? Tu veux jouer avec nous ? KATIA. – Et non, elle n’a pas voulu jouer avec nous. LUCIE. – Nous n’avons pas entendu le son de sa voix.

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PAUL. – Et en fin de la journée, nous étions tous un peu déçus… LA NUIT # 2 La lumière baisse. On perçoit les mêmes bruits de feuilles en train d’être grignotées, les vagues peut-être aussi. Une veilleuse luit. Ils chuchotent : KATIA. – La nuit venue, ma mère a cuisiné des cornes de gazelle. Pour elle. BEN. – La nuit venue, mon petit frère a dessiné des gribouillis. Pour elle. PAUL. – « Cette nuit, pas de télescope, a dit mon père, il y a trop de nuages dans le ciel ». LUCIE. – Dans le ciel des bombes Elles tombent La guerre est longue Sur la baie d’Along Des gens meurent Et les souris pleurent KATIA. – Avec sa mère, son petit frère et son père BEN. – La nuit venue, elle a fui PAUL. – Qui ? La souris ? KATIA et BEN. – Non ! LUCIE. – Minh-Tam… BEN. – La nuit venue, elle a fui KATIA. – Oui TOUS. – Pour sauver sa vie.

Sirène du bateau et conversations étouffées en vietnamien / NOIR.

(Merci à Julie Méjan, Yannick Guégan, Thomas Trigeaud, Guillaume Fargas, Florie Abras et Anna Zamore

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BIOGRAPHIE Aurélie Namur

Je suis née en 1979, dans un minuscule village berrichon. De nature très timide, j’ai d’abord vécu dans le silence de la lecture. Après des études d’Hypokhâgne et khâgne à Montpellier, j’entre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (CNSAD). Dès ma sortie en 2004, je travaille comme actrice pour le cinéma (nommée talent ADAMI 2005), la radio, et le théâtre sous la direction de Christian Benedetti, Muriel Mayette, Jean-Marie Patte, Leyla-Claire Rabih, Julien Fisera, Guillaume Vincent. En 2006, ma rencontre avec Pippo Delbono lors de l’Ecole des Maîtres agit comme un puissant déclencheur qui me mène sur le chemin de l’écriture. EN 2006, je rencontre Félicie Artaud, et je fonde la compagnie LES NUITS CLAIRES, qui a rapidement émergé.

Mon travail d’écriture tente de mettre en perspective une réalité actuelle, sensible, voir délicate. Je conte des histoires car la fable est pour moi le moyen d'aller loin dans une forme de questionnement. Je m’adresse tantôt aux adultes, tantôt au jeune public, tantôt aux deux, avec une même exigence. Il y a sans doute un humanisme dans ma quête qui tente de prendre le spectateur / lecteur par la main, de traverser l’angoisse de l’époque ensemble en voulant croire à une issue possible.

Mon premier texte, Et blanche aussi, sera notre premier spectacle qui va tourner dans toute l’Europe. Mon Géant sera récompensé au festival d’Huy 2011 (Belgique) par deux prix : Le prix d’interprétation et le coup de foudre de la presse. Le voyage égaré (traduit en allemand par Bettina Arlt, mis en lecture pour le festival Primeurs de Saarbrücken / radio Sarroise et la radio italienne RAI Bolzano) sera « Coup de foudre d’ARTE » au festival d’Avignon 2012 / La manufacture. On se suivra de près jouera en France et en Belgique. Ces deux derniers textes seront édités la même année chez Lansman, avec qui j’entame une fidélité. A partir de 2013, je réponds à de nombreuses commandes d’écriture : Invisible body (compagnie brésilienne de danse LASO), Montagne, Lullinight, For Love (compagnie de danse Groupe Noces / Florence Bernad), Lampédurêve (scène conventionnée la Grande Ourse), les chroniques des salines (feuilleton pour LR2l), Canicule et Camping sauvage (NUITS NOIRES de France Inter/Patrick Liegibel) et la vie comme elle va, goutte à goutte (Scène conventionnée de Clermont l’Hérault).

En tant que comédienne, je joue dans tous les spectacles de la cie Les Nuits Nuits claires / Agnello sauf La femme Vautour, Le grand jour. Pour Mon Géant (2009) je je reçois le prix d'interprétation de la ville de Huy / Belgique. Je joue aussi pour d’autres metteurs en scène tels que Christian Benedetti, Leyla-Claire Rabih, Julien Fisera, Guillaume Vincent, Florence Bernad. Je mets en scène Mon Géant (2009) Le stress de l'hippocampe l'hippocampe (2015) (en collaboration avec Félicie Artaud), La femme vautour (2012), Le grand jour (2014), Après la neige (2018) et prochainement Notre Classe (titre provisoire). J’enseigne le théâtre à l’étranger (Callaté Violeta pour l’ONG Aqua para la vida au Nigaragua, Sonia pour l’école Bembereké au Benin). Je mène des ateliers d’écriture à l’occasion de stages (au CDN de Montpellier) ou au sein de dispositifs tel que « Auteurs en Lycée » échelonné sur une année entière ou encore de projets européen tel que « Dans quel monde JE VIS » à l’initiative du Théâtre National de Toulouse, du Théâtre National de Bruxelles et de Compagny of angels à Londres.

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Bibliographie : Le voyage égaré (éditions Lansman 2011) On se suivra de près (éditions Lansman 2011) Invisible Body (commande de la compagnie brésilienne de danse LASO / Carlos Laerte) La femme vautour (forme courte) Canicule et Camping sauvage (fictions radiophoniques commande de Patrick Liegibel pour NUITS NOIRES sur France Inter) Et blanche aussi / Mon Géant coécrit avec Félicie Artaud ) (Lansman / CTEJ 2014) Coup Franc in La scène aux ados 12 (ouvrage collectif ) (Lansman 2015) Isabelle 100 visages (Lansman 2015) Montagne (commande de la compagnie de danse Groupe Noce/Florence Bernad) Lampédurêve (jeune public, commande de la scène conventionnée de Villeneuve les Maguelone et de la DRAC dans le cadre de la journée régionale de l’éducation artistique à l’école) Le grand jour (forme courte) Lullinight (commande de la compagnie de danse Groupe Noce/Florence Bernad) Macaroni / l’os des salines in Les chroniques retrouvées du midi (commande / ouvrage collectif) Languedoc Roussillon Livre et lecture Rapaces Souliers rouges (Lansman 2016)

Puis réédition spéciale Spectacles en recommandé avec Erika Tremblay Roy et Daniela Ginevro (Lansman 2017)

Rouges Souliers (Lansman 2018, Album avec l’illustrateur Antoine Blanquart) Après la neige (Lansman 2018)

Bourses et prix: Bourse d’écriture Beaumarchais - SACD 2017 (Après la neige) Livre spectacle vivant région Occitanie 2016 (Après la neige) Bourse du Centre National du Livre 2015 (Souliers rouges) Concours « la scène aux ados » en 2015 (Coup franc) Livre lecture public région Languedoc Roussillon 2013 (Isabelle 100 visages) Résidences d’écritures à CIRCA La Chartreuse (à 3 reprises) Pièce L’élan de Suzi finaliste du concours « appel à textes les Ecrivains associés du Théâtre (EAT) (2017) Pièce Rapaces finaliste du concours les metteurs en scènes / CDW / Bruxelles          

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CONTACTS

Aurélie Namur

06 61 99 67 89 / [email protected]

Laure Desmet

Chargée de production et de diffusion

06 79 74 91 19 / [email protected]

My-Linh Bui / Kurieuze & cies

Consulting production

0033(0)6 88 18 72 32 (France) / 0032(0)4 73 59 43 25 (Belgique) / [email protected]

Elisa Cornillac

Administratrice de production

06 15 91 28 16 / [email protected]

CALENDRIER PRÉVISIONNEL DE CRÉATION

L’écriture du texte s’achèvera en mars 2019. L’édition est prévue pour la même année.

A partir de mars 2019 donc, la compagnie est, à ce jour, ouverte à toute proposition de

résidence dans un théâtre.

Au total, 7 semaines de répétition sont à prévoir, entre septembre 2019 et octobre 2020, selon les disponibilités, d’abord, des théâtres partenaires. La création est prévue pour novembre 2020 en vue d’une exploitation saison 2020 /

2021.