12
Le Nouvel Anachronique 2013 Le Nouvel Anachronique Québec, Mars 2013 Gratuit. Vous pourrez lire dans cette édition de l’Anachronique, une version un peu plus diversifiée. En effet, on vous entretiendra tout aussi bien de la question du Cambodge à une Reconquista virtuelle! Vous y retrouverez aussi un bilan de l’exécutif et du comité de mobilisation. Je réitère mon invitation à tous à participer au journal. Pour ma part, en lisant dernièrement un article sur l’historien américain Howard Zinn, reconnu notamment pour son ouvrage Une histoire populaire des États-Unis, il m’a pris goût d’approfondir ma connaissance de cet intéressant personnage et de vous la partager bien brièvement. Né de parents juifs immigrants en 1922, il passe sa jeunesse dans une relative pauvreté alors que sa mère et son père travaillent à l’intérieur d’usines. Il s’engage une fois adulte dans l’aviation américaine où il joue le rôle de bombardier. Il retourne en 1966, dans le cadre d’études post- doctorante, dans la ville de Royan où, pendant la Deuxième guerre mondiale, il participa au bombardement au napalm de cette même ville. Il y apprend que ce bombardement a coûté la vie à plus de 1000 civils français et à quelques soldats allemands déjà en débandade. Il va sans dire que son expérience désabusée de la guerre l’oriente vers le militantisme anti-guerre. Il s’engage ainsi dans le mouvement des colombes contre la guerre au Viet Nam en même temps d’enseigner les sciences politiques à l’université de Boston. Ces implications ne sont pas sans lui valoir plusieurs controverses et problèmes. En 1963, Zinn est d’ailleurs renvoyé de son premier emploi de professeur en Géorgie puisqu’il appuyait ses étudiants dans le mouvement des droits civiques. Ses activités militantes lui valent même une enquête du FBI. Cette enquête, accessible au public depuis 2010, s’avère absurde sur plusieurs points. Son dossier débute en pleine période de maccarthysme, mais l’enquête se poursuit toujours dans les années 1960 alors que la chasse aveugle aux rouges s’est déjà essoufflée. Il semble alors anachronique de constater que le FBI ait consacré 423 pages à cet homme appréhendé comme une menace. J. Edgar Hoover, le directeur du FBI, proposa lui-même que Zinn soit mis dans une liste, que tenait l’agence, de personnes susceptibles d’être arrêtées en cas de crise nationale. Il est mention aussi dans ce rapport du témoignage de la sœur de Zinn avouant que celui-ci travaillerait pour l’American Labor Party. Or, Howard Zinn n’a jamais eu de sœur! Bref, ce Zinn était un personnage qui dérangeait. Le professeur ne faisait pas non plus l’unanimité auprès de plusieurs de ses collègues. La vision beaucoup moins idyllique des Pères fondateurs proposé dans ses ouvrages en a choqué plus d’un. Ses intérêts pour des sujets moins traités à l’époque, comme la femme, les travailleurs, les syndicats et les amérindiens, ouvrèrent néanmoins plusieurs champs d’étude. Il fut l’auteur d’une prolifique œuvre rassemblant une trentaine d’ouvrages. Zinn consacra les dernières années de sa vie à militer contre la guerre en Iraq. Il écrit d’ailleurs en 2001 sur la première Guerre du Golfe : « I suggest that the history of bombing — and no one has bombed more than this nation — is a history of endless atrocities, all calmly explained by deceptive and deadly language like “accident”, “military target”, and “collateral damage”». Un historien dans la cité Samuel Lacharité Contenu: - 2. Crusader Kings II - 3. Bilans des différents comités - 6. Congrès ON - 7. Pour l’indexation de la Gratuité scolaire - 8. Possibilités - 10. Crise identitaire Cambodgienne - 12. Paroles, Paroles

Nouvel Anachronique mars 2013

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Journal etudiant

Citation preview

Page 1: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique 2013 Le Nouvel Anachronique Québec, Mars 2013 Gratuit.

Vous pourrez lire dans cette édition de l’Anachronique, une version un peu plus diversifiée. En effet, on vous entretiendra tout aussi bien de la question du Cambodge à une Reconquista virtuelle! Vous y retrouverez aussi un bilan de l ’ e x é c u t i f e t d u c o m i t é d e mobilisation. Je réitère mon invitation à tous à participer au journal. Pour ma part, en lisant dernièrement un ar t i c l e sur l’historien américain Howard Zinn, reconnu notamment pour son ouvrage Une histoire populaire des États-Unis , i l m ’a pris goût d’approfondir ma connaissance de cet intéressant personnage et de vous la partager bien brièvement. Né de parents juifs immigrants en 1922, il passe sa jeunesse dans une relative pauvreté alors que sa mère et son père travaillent à l’intérieur d’usines. Il s ’engage une fois adulte dans l’aviation américaine où il joue le rôle de bombardier. Il retourne en 1966, dans le cadre d’études post-doctorante, dans la ville de Royan où, pendant la Deuxième guerre m o n d i a l e , i l p a r t i c i p a a u bombardement au napalm de cette même ville. Il y apprend que ce bombardement a coûté la vie à plus de 1000 civils français et à quelques soldats allemands déjà en débandade. Il va sans dire que son expérience désabusée de la guerre l’oriente vers le militantisme anti-guerre. Il s’engage ainsi dans le mouvement des colombes contre la guerre au Viet Nam en même temps d’enseigner les sciences politiques à l’université de

Boston. Ces implications ne sont pas sans lui valoir plusieurs controverses et problèmes. En 1963, Zinn est d’ailleurs renvoyé de son premier emploi de professeur en Géorgie puisqu’il appuyait ses étudiants dans le mouvement des droits civiques. Ses activités militantes lui valent même une enquête du FBI. Cette enquête, accessible au public depuis 2010, s’avère absurde sur plusieurs points. Son dossier débute en pleine période de maccarthysme, mais l’enquête se poursuit toujours dans les années 1960 alors que la chasse aveugle aux rouges s ’est déjà essoufflée . Il semble alors anachronique de constater que le FBI ait consacré 423 pages à cet homme appréhendé comme une menace. J. Edgar Hoover, le directeur du FBI, proposa lui-même que Zinn soit mis dans une liste, que tenait l ’agence, de personnes susceptibles d’être arrêtées en cas de crise nationale. Il est mention aussi dans ce rapport du témoignage de la sœur de Zinn avouant que celui-ci travaillerait pour l’American Labor Party. Or, Howard Zinn n’a jamais eu de sœur! Bref, ce Zinn était un personnage qui dérangeait. Le professeur ne faisait pas non plus l’unanimité auprès de plusieurs de ses collègues. La vision beaucoup moins idyllique des Pères fondateurs proposé dans ses ouvrages en a choqué plus d’un. Ses intérêts pour des sujets moins traités à l’époque, comme la femme, les travailleurs, les syndicats et les amérindiens, ouvrèrent néanmoins plusieurs

champs d’étude. Il fut l’auteur d’une prolifique œuvre rassemblant une trentaine d’ouvrages. Zinn consacra les dernières années de sa vie à militer contre la guerre en Iraq. Il écrit d’ailleurs en 2001 sur la première Guerre du Golfe : « I suggest that the history of bombing — and no one has bombed more than this nation — is a history of endless atrocities, all calmly explained by deceptive and deadly language like “accident”, “military target”, and “collateral damage”».

Un historien dans la citéSamuel Lacharité

Contenu:

- 2. Crusader Kings II- 3. Bilans des différents

comités- 6. Congrès ON- 7. Pour l’indexation de la

Gratuité scolaire- 8. Possibilités- 10. Crise identitaire

Cambodgienne- 12. Paroles, Paroles

Page 2: Nouvel Anachronique mars 2013

Crusader Kings II

(Il faut savoir que ce texte a été rédigé il y a environ 1 an)

Vendredi dernier, j'ai, avec deux amis de l'AÉÉH, entamé une partie de Crusader Kings II. J'ai décidé de vous en parler, parce qu'en pleine semaine de relâche, je ne suis pas capable de me concentrer sur les travaux que je devrais faire; vous connaissez probablement l'effet du temps libre sur la motivation! En plus, ce jeu, comme Victoria, autre jeu du même producteur nommé Paradox Interactive, fait littéralement partie des activités que des membres de l'AÉÉH font en commun. Je vous décrirai la dernière partie que nous avons entamée en espérant que ça vous donne envie d'y jouer. Élargir la communauté de joueurs dans l'AÉÉH endiablerait nos parties en ligne!

Crusader Kings II est un jeu de stratégie sur ordinateur qui est sorti le 14 février dernier. Il s'adresse d'abord aux fans de jeux de stratégie à grande échelle, mais aussi à toute personne passionnée d'histoire, de jeu de rôle et de politique. En effet, les développeurs du jeu ont fait un effort important pour que l'histoire soit respectée. La période jouable va du 15 septembre 1066, juste avant la bataille d'Hastings, jusqu'en 1452. Le but est de faire évoluer la dynastie de notre choix (tout comte, duc, roi ou empereur chrétien d'Europe, d'Afrique du nord ou du Proche-Orient sont jouable) à partir de la date qu'on choisit en prenant le contrôle d'un membre de la famille. Il faut aussi préciser que peu importe la date de départ qu'on choisit, les frontières sont ajustées pour correspondre à celles de l'époque. Il est ensuite de notre ressort d'augmenter le territoire sous notre autorité et de faire gagner du prestige à notre dynastie par des guerres, des mariages, mais aussi des assassinats et des fabrications de faux documents. Pour arriver à garder le contrôle sur nos terres, il faut aussi gérer sa cour en éduquant les enfants, en gérant nos relations avec nos courtisans et nos conseillers, et en satisfaisant la famille par des dons territoriaux ou monétaires. Les traits de caractère de chacun (qui sont évolutifs) influent sur les relations interpersonnelles, tout comme la religion et la culture, qui peuvent être changées par contrainte ou par l'éducation des enfants. La vassalité, dans Crusader Kings II, est le concept clé des relations diplomatiques et le succès y passe par des relations féodales saines avec ses vassaux. Ainsi, le jeu, en plus des données factuelles précises, colle, par son concept, à la réalité du Moyen Âge.

Pour notre dernière session de jeu en commun, mes amis et moi avons décidé de jouer 3 royaumes de la péninsule ibérique en débutant le 15 septembre 1066. Ainsi, un contrôlait le roi de Galice, un celui du Leon et moi-même jouait le roi de Navarre. Le but de notre partie était de réussir à bouter les musulmans hors d'Espagne... et pour ce faire, nous avons d'abord conquis les autres chrétiens du Royaume de Castille et du duché de Barcelone. Nous devions le faire pour s'assurer une puissance suffisante pour s'attaquer aux puissants émirats ibériques, qui étaient alliés avec la plus grande puissance de l'ouest, l'Émirat de Maurétanie. L'annexion du nord espagnol nous a permis de nous frotter aux Émirats du Badajoz, de Valence et de Séville, que nous avons vaincus et annexés. Ainsi, nos nouveaux territoires ont considérablement augmenté notre puissance et ont apporté quelques changements à nos titres respectifs : nous sommes respectivement roi de Galice et du Portugal, roi de Leon et de Castille et roi de Navarre et d'Aragon. Cette partie s'est terminée alors que le Portugal était pris dans des guerres civiles incessantes, que la Castille apportait le concept d'unité en Irlande et que la Navarre poursuivait sa lutte contre les musulmans de l'est de l'Espagne en regardant vers la Terre Sainte.

J'espère, avec ce texte, vous avoir donné envie d'explorer les possibilités infinies offertes par Crusader Kings II, et potentiellement de vous joindre à nous, quelques joueurs invétérés, pour une partie en ligne.

Pour plus d'informations, manifestez-vous sur le groupe facebook de l'AÉÉH.

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

- 2-

Simon Fortin-Dupuis

Page 3: Nouvel Anachronique mars 2013

La transition de la nouvelle année e n a é g a l e m e n t é t é u n e d’exécutants. Geneviève Lafrance et moi-même, Simon Fortin-Dupuis, avons remplacés Loïc Venne-Voyer et Maxime Bédard-Thom, respectivement en tant qu’aide au coordonnateur-général et coordonnateur-général. Après la grève, la nouvelle année scolaire a été entamée avec une volonté de réforme et de reconstruction de l’Association sur des bases plus solides. Ainsi ont été pansées les blessures créées par la grève par le traitement des plaintes et des recours en justice, par un effort de compromis et d’inclusion, ainsi que par une organisation solide des activités sociales. Dans la même optique a été entamée une révision de la charte de l’AÉÉH, qui doit servir à concrétiser les volontés démocratiques des membres, à r e d é f i n i r l e s p r i o r i t é s d e l’association et à institutionnaliser le fonctionnement normal de l’Association.

C’est dans cette optique de maintien de nos traditions associatives, mais également d’amélioration de nos structures, que le conseil exécutif s’est mis à la tâche durant la session 2013. Ainsi, nous en arrivons au but premier de ce court texte, tel que le dit le titre sûrement d’apparence pompeuse, mais qui fait davantage référence à tous les ouvrages que nous consultons de manière différée lors de nos études : présenter le rapport d’activités du conseil exécutif du début de la session d’hiver 2013 à maintenant.

D’abord, nous avons décidé collectivement d’avoir recours davantage à l’écrit, en rédigeant nos plans d’action et en nous obligeant à faire rapport de nos activités, pour permettre aux membres de mieux juger de nos actions et pour laisser des traces pour nos successeurs. Dans la même optique nous avons mis la main à la pâte pour essayer de c o m p l é t e r l e s a r c h i v e s d e l’Association et de remettre sur pied des projets qui avaient été mis sur la glace; par exemple, nous tenterons de remettre sur pied un comité de voyage à Boston pour l’année prochaine. Également, nous travaillons à mieux exécuter les tâches qui nous incombent selon la charte et à occuper tout l’espace que nous pouvons prendre au niveau des instances universitaires. C’est pourquoi nous créerons un dossier contenant les informations nécessaires pour que les prochains e x é c u t a n t s p u i s s e n t , p l u s f a c i l e m e n t , p r e n d r e l e u r s responsabilités envers les membres, notamment en soumettant des projets d’investissement au Fonds d’investissement étudiant de la faculté des Lettres. Nous nous s o m m e s a u s s i p e n c h é s s u r l ’ a m é l i o r a t i o n d e l a communication avec les membres en créant une page facebook pour dépersonnaliser les messages de l’Association et nous permettre de faire un meilleur suivi de nos publications. Au niveau socio-culturel et sportif, le conseil exécutif tente de mettre sur pied d e s a c t i v i t é s v a r i é e s e t

divertissantes qui correspondent aux traditions de l’AÉÉH, tout en essayant d’innover et d’augmenter l ’offre afin d ’intéresser des membres qui ne sont pas intéressés par les activités normales de l’association. C’est dans cette optique que nous mettons sur pied des activités sportives et que nous tâchons de remettre à l’ordre du jour les sorties culturelles. Au niveau pédagogique, nous vous avons consulté en assemblée générale au sujet des cours à distance et représenté vos idées au comité de programme.

Pour le reste de la session, nous tenterons d’encore bonifier l’offre d’activités, tout en mettant en place l’organisation pour soutenir ces initiatives. Nous espérons obtenir de votre part des commentaires sur notre travail et des suggestions afin de nous aider à vous offrir la meilleure expérience associative possible.

Le conseil exécutif de l’Association des étudiantes et des étudiants en histoire

Simon Fortin-Dupuis

Bilan exécutif: De historia exsecutiva concilium de novus annus ad hodie

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

- 3-

Notez chers lectrices et lecteurs, que la date limite de remise des articles pour la prochaine édition de l’Anachronique sera lundi le 1er avril 2013.

Samuel Lacharité Rédacteur en chef

Page 4: Nouvel Anachronique mars 2013

Depuis le début de la session d’hiver que je suis officiellement active en tant que Présidente du Comité de Mobilisation de l’AÉÉH. Cela me fait un grand plaisir de m’impliquer avec des gens vaillants afin de défendre le cahier de positions de l’AÉÉH et de sensibiliser la population à nos combats.

Compte tenu de la grève étudiante du printemps dernier, il est plus difficile de rassembler les étudiants, de les mobiliser de nouveau, pour la même cause ou pour d’autres. Cela est probablement dû à un épuisement des gens après 6 mois de grève intensifs.

Néanmoins, le comité de mobilisation continue d’être actif! Notre projet de recueil de témoignages se déroule bien malgré son départ plutôt lent. Nous avons déjà sept textes, dont certains font plusieurs pages. De nombreuses images représentant le mouvement et l’implication des historiens sont cumulées. Les professeurs sont aussi invités à participer. Je tiens d’ailleurs à remercier tous ceux qui ont aidé à ce projet.

Le comité de mobilisation tente aussi de sensibiliser les gens à la liberté alimentaire puisque le contrat de l’entreprise Sodexo qui monopolise la plupart des droits liés à la vente d’aliments au Pavillon Charles DeKoninck se termine bientôt. Nous tentons d’encourager les étudiants à consommer dans les cafés étudiants et nous voulons renseigner les gens sur les raisons qui nous poussent à nous opposer à Sodexo.

Le 26 février dernier, plusieurs membres de l’AÉÉH ont participé à la manifestation à Montréal contre la tournure qu’a prise le Sommet sur l’éducation supérieure qu’organisait le Parti québécois et pour la gratuité scolaire. La gratuité scolaire est l’une des positions de l’AÉÉH et c’est pourquoi, malgré qu’il n’y ait pas eu de levé de cours pour cette manifestation, le comité de mobilisation a encouragé les membres de l’association à venir manifester. Jean-Manuel Doré et moi-même avons été responsables d’un autobus fourni par le FRAQ ASSÉ. Comme nous étions bénévoles et bien nombreux à vouloir aidé, le FRAQ ASSÉ nous a permis d’avoir des places dans leurs autobus pour nos membres, et ce, sans obligation de payer un montant pour la location des autobus. Je remercie donc fortement le FRAQ ASSÉ de nous avoir donné l’occasion de participer à la manifestation.

La régie interne du comité de mobilisation sera aussi rediscutée afin d’aider au processus enclenché par le Comité de Réforme de la Charte. J’invite d’ailleurs les membres à participer à ce processus!

Enfin, merci à tous ceux qui m’ont fait confiance pour mener à bien ce comité. Malgré ma session chargée et mes occupations dans d’autres comités, j’y mets tout mon coeur et mon espoir. Je crois aux principes que défendent les historiens, je crois en la force des historiens pour relever les défis à venir et je remercie tous ceux qui comme moi, y croient.

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

Bilan de comité: Le défi de la mobilisation et bilanStephanie Audet

- 4 -

Page 5: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

- 5 -

Dans la régie interne du comité, nous avions élaboré un calendrier assez serré que nous ne respectons pas du tout. La charge de travail a été sous-estimée sévèrement et la forme de participation qu'on espérait ne s'est pas avérée. Nous pensions r e c e v o i r d e s m é m o i r e s suggérant des réformes que nous pourrions analyser et intégrer à nos travaux. C'est pourtant les rencontres de groupe qui ont pu nous permettre d'obtenir l'avis de certains membres, puisque nous n'avons jamais dépassé 5

participants, mais les longues discussions sur l'orientation à donner à l'Association, bien que fort intéressantes, nous ont empêché de progresser dans notre travail à la vitesse voulue. Malgré tout, nous essayons de rattraper le retard en maintenant une discipline plus stricte dans les réunions. Ce retard a également pour conséquence de nous obliger à nous réunir malgré l'absence de collaboration extérieure. Pour palier à ce manque, nous proposerons nos réformes en plusieurs blocs qui pourront donc faire le sujet de plus

amples discussions. Le p r emier b l o c que nous p r é s e n t e r o n s d a n s u n e causerie puis qu'on soumettra à une assemblée générale spéciale avant celle d'élections contiendra, au mieux, les t i t r e s d e s d i s p o s i t i o n s générales, des assemblées générales, du conseil exécutif et des comités. L'orientation que nous avons suivie pour nos travaux a été inspirée des principes de la démocratie d i r e c t e d a n s l ' o p t i q u e d'améliorer la gestion et augmenter les services offerts par l'association.

Bilan comité: Compte-rendu d’activités du comité de réforme de la charteSimon Fortin-Dupuis

Page 6: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

Congrès 2013 d’Option Nationale - Palais des Congrès de MontréalSamuel Carle

- 6 -

Le congrès national 2013 d’Option Nationale avait lieu

la fin de semaine dernière (2 et 3 mars) au Palais des

Congrès de Montréal. Déjà, l’emplacement du Congrès

est un bon indice de la vitalité du parti qui compte

désormais 8000 membres dans toutes les régions

administratives du Québec. L’évènement a réuni 1000

membres de partout au Québec, de l’île-de-la-madeleine

à l’Abitibi (les 17 régions étaient représentées !). Au

niveau du contenu du Congrès en tant que tel, l’ordre du

jour se divisait entre discours, amendements/

abrogations à la plateforme, vote pour le conseil

national et vote de confiance envers le chef de parti.

Parmi les points forts, je peux souligner les discours de

Jean-Martin Aussant en ouverture du sommet et surtout

le discours de Jacques Parizeau, tout en émotion,

clôturant l’avant-midi de la première journée du

Congrès (vous les retrouverez sur le facebook d’Option

Nationale). Pour le reste, c’était peu ou prou un long

processus de débats, d’avis pour et d’avis contre, sur les

propositions diverses avancées pour la modification de

la plateforme.

Sur le fond, ça a été l’occasion pour moi d’évaluer un

peu la position des membres sur les diverses

propositions du parti. J’ai pu constater surtout le grand

désir de précision et de clarté qui animait chaque

membre du Congrès. Le « message clair » n’est donc pas

l’apanage du chef, les membres suivent la même voie.

J’ai pu voir par exemple jusqu’à 5 ou 6 amendements

débattus pour un même article, toujours pour préciser,

clarifier des points ou simplement abroger des parties

trop dirigées. La teneur des débats allait dans l’esprit de

l’idée souverainiste bien entendu, mais sans jamais

préconiser une voie ou une autre. Ainsi, dans tous les

articles, le point principal était de laisser la démocratie

populaire choisir sa voie au contraire d’insérer dans la

plateforme une direction préférée par le parti pour la

société québécoise (par exemple, ne pas prendre position

sur le choix futur à faire : une République québécoise ?

Une fédération québécoise ?). Il y avait bien entendu

quelques éléments plus radicaux dans la salle, quelques

interventions aux micros qui étaient divergents, mais le

cœur militant du parti semble conscientisé de n’être

qu’un outil, un levier au service d’une cause : la

souveraineté québécoise.

En rafale, quelques éléments importants ressortant du

Congrès :

• 97% le résultat du vote de confiance du chef de

parti (Jean-Martin Aussant).

• Le Congrès s’est prononcé en faveur d’un salaire

annuel de 86 669 $ à Jean-Martin Aussant afin

qu’il puisse se concentrer uniquement sur son

travail de chef de parti.

• Le parti prévoit un budget de 533 000$ pour

l’année 2013.

• L'article portant sur l'application de la loi 101

au cégep a été conservé dans la plateforme

électorale.

• Lisette Lapointe et Pierre Curzi, deux anciens

péquistes, étaient tous deux présents au Congrès

en tant que militants oniste.

Page 7: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

Pour l’indexation de la gratuité scolaireChristian Jaouich« Nous avons planté ce printemps les graines d’une révolte qui

ne germera peut-être que dans plusieurs années » Gabriel

Nadeau-Dubois.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour le Québec? Le

Printemps Érable nous a permis d’ouvrir le débat sur le

financement des universités, un débat qui semblait avoir été

mis aux oubliettes. En fait, il s’agit encore une fois d’un

affrontement idéologique entre la gauche et la droite. Le

parti québécois, qui se qualifie comme un parti de centre

gauche, a décidé d’adopter, lors du Sommet de l’Éducation,

l’indexation des frais de scolarité. Cette solution qu’on

pourrait croire « décidée d’avance » par le gouvernement

Marois démontre sa piètre volonté à négocier avec les autres

groupes et associations. Nous avons pu voir, avant le Sommet,

le gouvernement nous servir sa rhétorique sur l’indexation

qu’il considère comme un gel. Cependant, l’indexation des

frais de scolarité n’est pas une idée qui est appréciée des

étudiants et étudiantes. Malgré que je défende fermement la

gratuité scolaire, un gel des frais de scolarité aurait été, pour

ma part, acceptable. D’un autre côté, comme le mouvement de

grève de 2005 et de 2012 le démontre, cette « demi-solution »

ne fait que retarder le problème de quelques années.

Le 26 février dernier, une manifestation a été organisée à

Montréal pour protester contre la décision prise par le

gouvernement au Sommet, en plus de promouvoir la gratuité

scolaire. Après un départ pacifique et dans l’ordre, la

manifestation a dégénéré pour se terminer dans la violence.

Encore une fois, le SPVM a démontré son cœur de pierre

face à la jeunesse militante et révolutionnaire. En fait,

l’intervention musclée de la police lors des manifestations

étudiantes semble être devenue le quotidien. Si une

manifestation avait été organisée pour protester contre le

récent projet de loi 14, je doute que la police ait déployé

l’antiémeute.

Certains diront qu’il s’agit des groupes radicaux au sein des

manifestations qui sont la cause de la violence policière. En

fait, les groupes radicaux ne sont pas dans les manifestations

pour nécessairement chercher la provocation, mais ils sont là

également pour aider les manifestants qui sont soit blessés ou

qui ont besoin d’aide. Ils sont équipés et protégés pour

intervenir en cas de besoin. Ils sont, en quelque sorte, une

escouade de premiers secours et personnellement, je

préfèrerais me retrouver à côté de manifestants masqués que

devant un policier armé.

Dans le cas du 26 février, l’intervention policière a été

ordonnée suite aux attaques des manifestants vers la police à

coup de « meurtrières balles de neige ». De plus, leur

utilisation plus que douteuse des bombes assourdissantes et

des « flashs bang » remettent en cause leur professionnalisme.

Malheureusement, c’est en raison de leurs techniques

douteuses que l’image de la police et particulièrement celle de

l’anti-émeute est dégradée et je doute qu’ils regagnent leur

réputation d’agent de la paix. Les images des manifestations

vont rester à jamais gravées dans ma mémoire. Je vous dis

également ceci, les manifestations violentes ne sont que le

résultat de la répression d’un système envers ses propres

citoyens pour les faire taire, car pour eux, la jeunesse est

dangereuse et il faut la neutraliser.

« Aujourd’hui, nos carrés rouges se font traiter de BS, de

paresseux et d’enfants gâtés. Pourquoi? Parce qu’ils osent

défier l’ordre établi, parce qu’ils osent dire non à une vie

d’endettement, parce qu’ils dénoncent un système dégueulasse

et vomitif qui brise des vies au nom du capital. Et ça, le

système ne peut l’accepter. » Patrick Bourgeois

Maintenant que l’indexation est à notre porte, qu’allons-nous

faire ?

Nous sommes-nous battus pendant six mois pour finir avec

une hausse perpétuelle? Seul l’avenir nous le dira.

- 7-

Page 8: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

Possibilités

Loïc V. Voyer

- 8-

Lors de ma lecture des articles à publier dans l’édition

précédente de l’Anachronique, je fus heureux de voir

inclus au dossier quelques articles théoriques traitant de

l’action politique et de la conjoncture sociale justifiant la

remise en question qu’on y exposait. Ces textes n’étaient

d’ailleurs pas peu pertinents. Leur argumentaire et leur

existence même m’ont rappelé qu’en politique, activité

souvent ingrate et amorale, l’ignorance et l’indifférence

nous sont interdites, notre époque n’y fait pas exception.

Mon dernier papier étant plutôt le rappel mélancolique

d’une belle opportunité perdue pour la civilisation, il m’est

aujourd’hui tentant de prendre part à cette réflexion et de

produire, certes trop peu brièvement à mon goût, sur le

thème de la transformation sociopolitique nécessaire du

Québec. Invoqué partout, beaucoup se réclament

promoteurs de ce changement. Quelles formes doivent

prendre ces changements et sur quoi devraient-ils porter?

Il me serait inutile, d’entrée de jeu, de réitérer les

arguments faisant valoir l’imperfection du système

monétaire comme tel et de la logique du possédant.

D’autres, beaucoup plus illustres, se sont déjà chargés d’en

définir les tares et leurs théories sont fort probablement

beaucoup mieux argumentées que ne le seront jamais les

miennes. Je crois par contre que les réactions politiques

face à ces problèmes, plus particulièrement dans la société

québécoise, doivent être revues et réorientées dans une

direction originale mieux adaptée à notre époque et aux

problèmes de l’heure. À cette fin, deux adversaires doivent

être retenus et défaits. Le premier adversaire se manifeste

dans l’anti-intellectualisme croissant chez l’individu et la

communauté politique québécoise. Cette tendance réduit le

savoir et la connaissance à une situation misérable au sein

de notre univers social et, inversement, la pensée créée, la

simplicité et l’uniformité sont encensées. Dans ce simple

constat réside le fond d’un problème important, limitant

l’évolution d’une culture intellectuelle nationale qui

connaitrait autrement un essor considérable. Par contre,

la logique la plus répréhensible de ce phénomène réside

dans l’institutionnalisation croissante de cette réaction

abrutissante au processus intellectuel. On assiste ainsi à la

concentration d’une immense influence entre les mains

d’un petit nombre d’entreprises médiatiques se contentant

de mettre en scène des acteurs colorés commentant

l’actualité de façon sensationnaliste. On ne peut

qu’imaginer quel pouvoir ces entreprises possèdent à

Page 9: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

- 9-

Un autre adversaire de taille à l’amélioration de la

situation humaine au Québec (comme partout ailleurs) se

situe dans l’adhérence générale à l’ordre social économiste

en place. Il convient maintenant de se libérer de

l’envoutement, ce qui est chose facile lorsqu’on prend

connaissance d’avenues alternatives. Tel que mentionné

plus haut, au delà de la complexité des nombreux abus liés

à la conjoncture, il est pertinent de s’intéresser aux enjeux

liés à la présence de ce système dans nos vies et aux

alternatives envisageables. À cet effet, il est évident que les

affaires économiques dépassent aujourd’hui le domaine

des hommes, il s’agit maintenant d’un ouvrage hors de

contrôle dont certains, croyant en tirer un quelconque

profit, n’en sont que les esclaves. Notre civilisation n’est

aujourd’hui centrée qu’autour de la production

économique. Qu’elle soit de marchandises ou liée aux

services, cette production est à la fois moteur de promotion

sociale et motif d’acquisition de richesses. La distribution

et la possession de biens matériaux doit-elle être l’ultime

fin de l’espèce humaine? À mon humble avis, la réponse à

cette question n’est qu’une évidence. Pourtant, nombreux

sont ceux qui défendront corps et âme, même à leur propre

dépend, un principe de croissance économique qui

pourtant ne leur est rien. Pour quelles raisons? La

croissance est-elle réellement, à la fin des choses,

significative dans l’épanouissement d’une société et dans la

quête de bonheur d’un individu? Face à ces simples

questionnements, le besoin de transformation

socioéconomique m’apparait nécessaire. La société

québécoise me semble bien capable, dans l’attente d’un

renouveau mondial, de réorienter son action économique

autour d’objectifs clés, semblables au fameux BNB

(bonheur national brute) bhoutanais et réadapter par la

suite par l’International Institute of Management1 dans

un nouveau modèle théorique.

Ainsi, en reconstruisant exclusivement notre ordre

économique national autour des principes de santé

environnementale, politique, humaine et sociale plutôt

qu’autour des simples notions de croissance, de profit et de

liberté économique, un début de brisure pourrait être

effectué dans l’ordre économique international et un

nouveau modèle socioéconomique apparaitrait en

Occident, tout cela étant aussi moteur de changement

social et de progrès. Conséquemment, la production serait

de retour à sa juste place, c’est à dire au service des intérêts

de l’homme.

Activité de financement pour les finissants!!

U n e m e r v e i l l e u s e s o i r é e d ’ IMPROVISATION avec vos professeurs préférés se déroulera le mardi 26 mars prochain de 17 h à 23 h pour financer l ’activité de graduation des finissants! Il y aura de plus une vente aux enchères de beaux livres neufs commandités par Septentrion! Plus de détails suivront, mais réservez cette date!!

Stéphanie Audet Présidente du Comité de Finissant

Page 10: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

La crise identitaire cambodgienne : entre traditionalisme et modernisation

Pascal Lévesque

- 10-

En novembre 1993, lorsque l’Autorité provisoire des

Nations Unies au Cambodge retire ses forces du

Cambodge, elle laisse le pays entre les mains d’un

régime oscillant entre le traditionalisme et la

modernité. Le retour du roi Sihanouk et la restauration

d’une monarchie constitutionnelle amènent le pays vers

une transition démocratique libérale à caractère

traditionaliste, mais poussée par une modernité à

caractère résolument néolibérale. C’est dans ce contexte

que se dessine la problématique identitaire

cambodgienne.

En 1975, l’établissement de la dictature de Pol Pot

forçait une transformation radicale d’une société qui

faisait table rase du passé et détruisait les structures

traditionnelles et capitalistes en vigueur au Cambodge.

L’idéal Khmer rouge consistait à repartir sur de

nouvelles bases afin de construire un ordre nouveau

basé sur les principes collectivistes inspirés du marxiste.

Les Khmers rouges misaient sur la force du prolétariat

paysan, forçant un exode urbain et une décapitation des

élites traditionnelles et bourgeoises cambodgiennes. La

consolidation identitaire khmère rouge se basait sur

une « rééducation » de la population et sur une

destruction des symboles identitaires du passé

cambodgien. Elle impliquait une exclusion brutale face

à toute déviance à l’égard du régime. Entre 1975 et 1979,

l e s K h m e r s r o u g e s p r o v o q u è r e n t l a m o r t

d’approximativement deux millions d’individus.

Lorsque les Khmers rouges furent repoussés dans le

cadre de leur défaite militaire contre le Vietnam, le

Cambodge se heurta à une difficile reprise économique

du pays qui dépendait de l’aide humanitaire, mais aussi

à un climat de guerre civile entre les diverses factions

politiques se disputant le contrôle de l’État. Lorsque la

monarchie de Norodom Sihanouk fut restaurée en 1993,

elle se heurta donc à un défi de taille alors que le pays

était déchiré par la guerre et par une instabilité

politique encore viable de par la présence d’antagonistes

politiques armés au sein de la région jusqu’à la fin des

années 1990.

Le passé historique récent eut une influence marquée

dans la mentalité des Cambodgiens encore trop heurtés

par les bouleversements sociaux et géopolitiques récents

de leur pays. Le retour de la monarchie de Norodom

Sihanouk a revu la consolidation d’un discours khmer

hostile prêché notamment dans les médias locaux à

l’égard de la minorité vietnamienne, bien que la

majorité khmère soit en général plutôt tolérante à

l’égard des autres ethnies. Selon certains auteurs, les

Khmers ont développé une culture postcoloniale de

méfiance à l’égard de la menace extérieure qu’ont

représentée les Vietnamiens durant l’histoire

cambodgienne.

Ironiquement, le Cambodge est resté dépendant à l’égard

de l’aide étrangère et a fait appel des investissements

étrangers afin de développer son secteur privé et assurer

une croissance économique viable. Il s’agit aussi d’une

résultante de la méfiance cambodgienne à l’égard des

politiques de nationalisation mises en place durant le

régime khmer rouge. Dans un contexte politique encore

relativement instable, ces éléments n’ont fait que rendre

la transition démocratique cambodgienne plus ardue de

par la présence de structures étatiques trop fragiles pour

mettre frein aux problèmes de corruption et de

clientélisme au sein des institutions cambodgiennes.

Page 11: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

- 11 -

L’essor de la modernité cambodgienne avec l’arrivée d’une démocratie libérale ouverte aux capitaux étrangers a engendré une cohabitation entre le traditionalisme cambodgien et l’ordre d’inspiration néolibérale en place. Certaines pratiques des secteurs publics et privés sont d’ailleurs légitimées par une réinterprétation de la tradition khmère. Par exemple, le principe du mérite bienfaiteur khmer permet l’octroi de privilèges aux individus qui contribuent à la communauté, ce qui a pour effet de renforcer les réseaux de privilèges au sein des institutions cambodgiennes. On peut aussi citer le principe khmer féodal du khsae qui, dans sa version modernisée, définit les rapports hiérarchiques entre le patronat et sa clientèle. Celui-ci protège ses clients en échange de services rendus. Il est aussi possible d’évoquer la modernisation d’une frange du bouddhisme contemporain qui collabore avec les investisseurs étrangers et les organisations non gouvernementales au nom du développement communautaire. On peut d’ailleurs constater que cette consolidation identitaire justifie la dépendance du pays à l’égard de l’aide et des capitaux étrangers au nom d’un patriotisme internationaliste bienfaiteur.

C’est sur cet enchevêtrement à la fois conservateur et moderniste que se taille la nouvelle consolidation identitaire cambodgienne au prix d’une transition démocratique pas encore totalement concrétisée et où l ’ e s p a c e p u b l i c d e m e u r e p l u t ô t r e s t r e i n t . Conséquemment, cette domination oligarchique risque d’engendrer une protestation grandissante au sein de la population qui, à terme, peut éventuellement hausser un climat de violence. On peut donc croire qu’à long terme le Cambodge saura en mesure de prendre davantage de place en tant que nation au sein de l’Asie du sud-est en assumant son héritage et en s’affirmant davantage sur le plan identitaire.

Chers historiennes et historiens, vous êtes invités au party cabane à sucre mercredi le 3 avril. Rejoignez la page facebook! S’il y a plus de 30 personnes présentes, je m’engage à vous faire une danse que vous vous rappellerez !!! Alexandre Allard, Coordonateur aux affaires socio-culturelles.

Page 12: Nouvel Anachronique mars 2013

Le Nouvel Anachronique Mars 2013

Paroles, ParolesLouis Hallé

Lorsque Dalida a composé ce succès dans lequel on dit dans le refrain : « Paroles et encore des paroles que tu sèmes au

vent », je ne sais pas si elle s'était imaginé que cette chanson aurait inspiré Pauline Marois, dans la préparation du

sommet sur l’enseignement supérieur.

Avait-elle cette chanson en tête lorsqu’elle a pensé organiser cette rencontre, nous ne le savons guère, mais ce qui est une

certitude c’est qu’on ne fera que parler sans agir. Les traditionnels discours de « Il faut réduire l’endettement

étudiant », « Rendre l’université accessible à tous » furent maintes et maintes fois répétés.

Plus sérieusement, souvenez-vous, lors des premières rencontres, on disait que « Tout est sur la table ». Arrive le

mois de janvier, où le ministre Duchesne écarte des discussions la gratuité scolaire et le gouvernement se

demande comment il devra définir sa politique qui porte sur « le dit gel des frais de scolarité », bref, ils ont parlé pour ne

rien dire. Mais dans la même optique de cette parole qui s’allie au geste, on nous arrive avec une grande idée

révolutionnaire qui surprend tout le monde (noter mon ironie), l’indexation des frais de scolarité. En somme, comme

le dit la vieille expression : « nous sommes passés du coq à l’âne. »

Pourtant le PQ sait très bien que les sommets où les idées sont déjà connues d’avance et qu’on ne sort pas de celles-ci finissent très mal. Ils devraient se souvenir du sommet de l’emploi en octobre 1996 que Lucien Bouchard dirigeait.

Parce qu’ils ne préconisaient que le « déficit zéro », ils se sont mis à dos les organismes communautaires et les fédérations

étudiantes et le sommet fut un échec.

Finalement, au bout du compte, « L’éléphant va accoucher d’une souris » et je ne crois pas que les milliers d’étudiants en

grève lors du « Printemps Érable » voulaient ce résultat final, cette fin en queue de poisson. Sur ce je vous laisse avec

ces « Paroles, Paroles, Paroles » avec ce succès de Dalida comme vers d’oreille.

- 12 -