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Cas cliniques
DOI of or1Departme
General Hospi2Departme
Toronto, Onta
CorrespondEndovascularToronto, ON, C
Ann Vasc SurgDOI: 10.1016/� Annals of V�Edit�e par ELS
Nouvelle utilisation d’une endoproth�eseaortique
G. Roche-Nagle,1 M. de Perrot,2 T.K. Waddell,2 G. Oreopoulos,1 B.B. Rubin,1 Toronto, Canada
L’essor et le succ�es du traitement endovasculaire des an�evrysmes de l’aorte abdominale aconduit au d�eveloppement de techniques interventionnelles pour le traitement de pathologiesde l’aorte thoracique. Ces maladies, dont les an�evrysmes de l’aorte thoracique, les dissectionsaigues et chroniques de type B, les ulc�eres p�en�etrants de l’aorte, et les ruptures traumatiques del’aorte, conduisent les chirurgiens �a r�ealiser des r�eparations chirurgicales ouvertes chez despatients �a haut risque. La nature mini-invasive du traitement endovasculaire thoracique estune alternative th�erapeutique attractive. Nous pr�esentons deux cas d’endoproth�eses couvertesd�eploy�ees dans l’aorte thoracique afin de r�ealiser la r�esection de parois aortiques infiltr�ees pardes tumeurs et �eviter ainsi une intervention chirurgicale vasculaire majeure comportant habituel-lement une interposition proth�etique. Ce pourrait devenir une nouvelle modalit�e d’utilisation desendoproth�eses aortiques.
Depuis le premier rapport de r�eparation endovascu-
laire d’un an�evrysme de l’aorte abdominale en
1991,1 la technique a pris une place majeure dans
la r�eparation des an�evrysmes de l’aorte abdominale,
comptant pour plus de 40% des r�eparations�electives des an�evrysmes de l’aorte abdominale aux
Etats-Unis.2 Les endoproth�eses aortiques sont�egalement utilis�ees actuellement dans le traitement
des dissections aortiques,3 des l�esions traumati-
ques,4 et des ruptures d’anevrysmes.5 De plus, un
cas de mise en place d’une endoproth�ese aortique
visant �a faciliter la r�esection d’un carcinome bron-
chique m�etastatique a �et�e d�ecrit, �evitant ainsi une
intervention vasculaire majeure.6 Ici, nous pr�esen-
tons deux autres cas de mise en place d’endo-
proth�eses aortiques utilis�ees comme traitement
iginal article: 10.1016/j.avsg.2009.06.022.
nt of Vascular and Endovascular Surgery, Torontotal, Toronto, Ontario, Canada.
nt of Thoracic Surgery, Toronto General Hospital,rio, Canada.
ance: Graham Roche-Nagle, Department of Vascular andSurgery, Toronto General Hospital, 200 Elizabeth Street,anada, M5G 2C4, E-mail: [email protected]
2009; 23: 787.e1-787.e5j.acvfr.2010.05.001ascular Surgery Inc.EVIER MASSON SAS
adjuvant avant r�esection carcinologique en bloc
d’un sarcome et d’un carcinome non �a petites
cellules envahissant la paroi aortique.
OBSERVATION 1
Une patiente de 43 ans aux ant�ec�edents de chrondro-
sarcome r�ecidivant pr�esentait une nouvelle r�ecidive
au niveau de la huiti�eme vert�ebre thoracique (T8)
(Fig. 1A). La tumeur s’�etendait �egalement au
niveau de la face post�erieure de l’aorte en regard de
T8 (Fig. 2). Avant r�esection de la pr�ec�edente r�ecidive,
une radioth�erapie pr�eop�eratoire avait �et�e r�ealis�ee et
l’art�eriographie m�edullaire pr�eop�eratoire identifiait
le niveau de l’art�ere d’Adamkiewicz, qui naissait en
T10. Chez cette patiente, une approche s�equentielle�etait d�ecid�ee en r�eunion pluridisciplinaire. Une
lib�eration post�erieure initiale de la tumeur �etait
associ�ee �a une laminectomie et une reconstruction
spinale. Ensuite, une endoproth�ese couverte thora-
cique (Talent�; Medtronic, Minneapolis, Minnesota,
E-U) de 24 mm de diam�etre et 100 mm de long �etait
mise en place, �epargnant l’art�ere d’Adamkiewicz.
L’endoproth�ese recouvrait le segment suppos�eenvahi par le sarcome, avec des marges de s�ecurit�eproximale et distale au niveau de l’aorte saine
(Fig. 1B). Il n’�etait pas not�e de complication
851.e1
Fig. 1. A Coupe coronale d’imagerie par r�esonance
magn�etique (s�equences short TI inversion recovery/fluid
attenuation inversion recovery [STIR/FLAIR]) montrant une
nouvelle r�ecidive envahissant et d�etruisant la huiti�eme
vert�ebre thoracique ( fl�eche), avec envahissement limit�e
des vert�ebres sus- et sous-jacentes. B Endoproth�ese
Talent couvrant la zone infiltr�ee par la tumeur ( fl�eche),
avec des marges de s�ecurit�e proximale et distale en aorte
saine.
851.e2 Cas cliniques Annales de chirurgie vasculaire
neurologique postop�eratoire. L’endoproth�ese facili-
tait ensuite la totalisation de la r�esection tumorale en
bloc comprenant des r�esections costales, pulmonai-
res, des corps vert�ebraux, et de paroi aortique par
thoracotomie gauche. Au cours de cette dissection, il�etait n�ecessaire de passer par un plan tissulaire p�eri-
aortique pour rendre possible la r�esection de la masse
tumorale. A la fin de la dissection, une zone d’environ
5x3 mm d’endoproth�ese �etait visible. Les suites
op�eratoires de cette patiente �etaient compliqu�ees par
la survenue d’un empy�eme duthorax etde la colonne
vert�ebrale �a 6 semaines de l’intervention. Ceci
n�ecessitait un large d�ebridement, une d�ecortication,
une thoracoplastie, etune couverture du mur ant�ero-
lat�eral de la colonne vert�ebrale, de la dure-m�ere et de
l’aorte par du tissu sain vascularis�e. La patiente pou-
vait alors sortir et demeurait en bonne sant�e sous
antibioth�erapie au long cours.
OBSERVATION 2
Un homme de 52 ans pr�esentait une masse du lobe
sup�erieur droit envahissant l’art�ere sous-clavi�ere
ainsi que le dome de l’arche aortique (Fig. 3). Le
patient avait eu une pr�ec�edente thoracotomie mais
la tumeur avait alors �et�e consid�er�ee non r�es�ecable
du fait de l’atteinte du dome aortique. Le patient
nous �etait donc adress�e pour prise en charge. Apr�es
concertation multidisciplinaire, il �etait d�ecid�e de
faciliter la r�esection tumorale par mise en place
premi�ere d’une endoproth�ese aortique. La chirurgie
conventionnelle consistant en une r�esection aor-
tique puis une interposition proth�etique sous cir-
culation extra-corporelle, aurait �et�e associ�ee �a la
possible morbidit�e inh�erente �a l’anticoagulation et �al’acc�es vasculaire utilis�e pour l’assistance partielle.7
La strat�egie op�eratoire consistait �a couvrir l’art�ere
sous-clavi�ere gauche et la carotide commune gau-
che avec l’endoproth�ese pour permettre d’avoir une
zone d’ancrage proximale ad�equate, c’est pourquoi
un pontage inter-carotidien �etait n�ecessaire avant le
d�eploiement de l’endoproth�ese. Les interventions�etaient r�ealis�ees de mani�ere s�equentielle. Le patient�etait amen�e au bloc op�eratoire et un pontage inter-
carotidien droit-gauche �etait r�ealis�e avec une pro-
th�ese de 7 mm en Dacron. La carotide gauche �etait
li�ee �a l’origine pour minimiser le risque d’endofuite.
Ensuite, une endoproth�ese thoracique (Talent) de
30 mm de diam�etre et 150 mm de long, �etait
positionn�ee juste apr�es le tronc art�eriel brachio-
c�ephalique sous arret ventriculaire rapide pour
permettre un d�eploiement pr�ecis. Ensuite, un plug
de type Amplatzer� (AGA Medical Corporation,
Fig. 2. Coupes axiales d’imagerie par
r�esonance magn�etique A (STIR/
FLAIR) et B (avec injection de gado-
linium) montrant un chon-
drosarcome envahissant et d�etruisant
la huiti�eme vert�ebre thoracique et
touchant la partie post�erieure de
l’aorte ( fl�eche).
Fig. 3. Tomodensitom�etrie montrant l’infiltration carcinomateuse de la paroi aortique sur les coupes axiales A et
coronales B ( fl�eche).
Vol. 23, No. 6, 2009 Cas cliniques 851.e3
Plymouth, Minnesota, E-U) �etait positionn�e dans
l’art�ere sous-clavi�ere gauche proximale pour �eviter
les endofuites. L’endoproth�ese couvrait la zone
concern�ee par l’infiltration tumorale, avec des mar-
ges de s�ecurit�e proximale et distale de 4 cm en aorte
saine (Fig. 4). Cinq jours plus tard, le patient avait
une lobectomie sup�erieure gauche avec r�esection en
bloc de la paroi d’aorte thoracique infiltr�ee, sacrifiant
l’art�ere sous-clavi�ere gauche, le nerf phr�enique
gauche et le nerf r�ecurrent gauche. La zone res�equ�ee
incluait l’adventice et la quasi-totalit�e de l’�epaisseur
de la m�edia, sur environ 3 cm de large et un quart de
la circonf�erence aortique. Aucun clampage aortique,
ni anastomose proth�etique vasculaire n’�etait
n�ecessaire pour la r�esection tumorale. Les marges�etaient n�egatives �a l’examen des coupes congel�ees et
permanentes. L’examen histologique concluait �aun ad�enocarcinome pulmonaire peu diff�erenci�e(T4N0M0), et une radioth�erapie ainsi qu’une chi-
mioth�erapie postop�eratoire �etaient recommand�ees.
Fig. 4. Tomodensitom�etrie apr�es r�eparation endovasculaire de l’aorte thoracique avant r�esection du carcinome en
coupes axiales A et coronales B ( fl�eche).
851.e4 Cas cliniques Annales de chirurgie vasculaire
Le patient sortait au onzi�eme jour postop�eratoire et
restait en bonne sant�e au dernier suivi.
DISCUSSION
La plupart des pathologies de l’aorte thoracique sont
graves et/ou menacantes. Leur traitement chirurgi-
cal est associ�e �a des taux relativement �elev�es de
mortalit�e (7-12% apr�es traitement �electif et jusqu’�a40% en cas d’urgence).8,9 Le d�eveloppement r�ecent
des endoproth�eses aortiques avait pour but de
r�eduire la morbidit�e et la mortalit�e cons�ecutives au
traitement des diff�erentes pathologies de l’aorte
thoracique.
De nombreuses �etudes ont d�ecrit une r�esection
combin�ee de l’aorte thoracique chez les patients
ayant une tumeur thoracique.10-12 Les diff�erents
aspects techniques des cas de r�esection aortique pour
envahissement tumoral local ont �et�e d�ecrits dans la
litt�erature chirurgicale thoracique g�en�erale. Certains
chirurgiens pr�ef�erent utiliser un shunt passif entre
l’aorte ascendante et l’aorte descendante pour �eviter
d’utiliser une circulation extra-corporelle,13,14 alors
que d’autres pr�ef�erent une circulation extra-corpo-
relle partielle qu’ils consid�erent comme un support
s�ecuris�e et valid�e.7,15 Cependant, malgr�e l’am�eliora-
tion des techniques chirurgicales, une intervention
chirurgicale combin�ee oncologique et aortique est
associ�ee �a un risque de complications majeures.
Les infections d’endoproth�eses thoraciques ont �et�erarement rapport�ees.16 Cependant, la visualisation
directe d’une endoproth�ese repr�esente une possibilit�erare et potentiellement menacante au cours de l’ex-
ploration chirurgicale, comme cela �etait le cas dans
notre seconde observation. L’endoproth�ese expos�ee
pr�esente un risque h�emorragique �a court terme et
infectieux �a long terme. La priseen charge optimale et
les r�esultats �a long terme de ces endoproth�eses
expos�ees restent peu clairs. Meme si il semble rai-
sonnable de pr�eserver une endoproth�ese expos�ee
couverte par du tissu autog�ene, peu de donn�ees
supportent cette strat�egie th�erapeutique.17 Les
r�esultats �a court terme de cette approche sont
encourageants mais les cons�equences �a long terme
restent inconnues. Les auteurs recommandent
cependant la couverture tissulaire de toute proth�ese
expos�ee lors de la r�esection. L’ablation de l’endo-
proth�ese et la r�eparation art�erielle reviendrait �aconfronter le chirurgien �a tous les probl�emes tech-
niques que ce dernier esp�erait �eviter en utilisant une
endoproth�ese de premi�ere intention. Il est important
de noter que si une r�eparation aortique ouverte avait�et�e r�ealis�ee dans ce cas, des d�efis identiques auraient
exist�es. Il est impossible d’estimer la proportion de
circonf�erence art�erielle qu’il est possible d’exposer
avec s�ecurit�e, mais les auteurs pensent que<50% de
circonf�erence expos�ee est une limite acceptable.18
Notre exp�erience, comme celle d’autres auteurs6
d�emontre qu’une endoproth�ese aortique peut tout �afait etre utilis�ee pour permettre la r�esection carci-
nologique en bloc d’une tumeur ainsi que de la paroi
aortique infiltr�ee sans n�ecessiter de clampage ni
d’assistance circulatoire, r�eduisant ainsi potentiel-
lement la morbidit�e et la mortalit�e associ�ee �a ce type
de chirurgie. La nature mini-invasive des endo-
proth�eses thoraciques en fait une alternative
attractive lors de l’envahissement tumoral des
art�eres de gros calibre. Nous pr�esentons deux cas
d’endoproth�eses couvertes d�eploy�ees dans l’aorte
thoracique afin de r�ealiser une r�esection en bloc de
la tumeur avec la paroi aortique, permettant d’�eviter
Vol. 23, No. 6, 2009 Cas cliniques 851.e5
une intervention vasculaire majeure avec inter-
position conventionnelle d’une proth�ese vasculaire.
Dans nos deux cas, des marges n�egatives �etaient
obtenues et les patients sortaient rapidement de
l’hopital apr�es la proc�edure chirurgicale principale.
Nous anticipons que les endoproth�eses aortiques
pourraient devenir une nouvelle arme valide dans
l’arsenal du chirurgien vasculaire confront�e �a des
r�esections oncologiques.
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