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1 Nr 203 - 03 novembre 2010 recherche des Agglutinines Irrégulières Il y a déjà plusieurs années que les anesthésistes ont compris et inté- gré le fait que transfuser n'est pas un geste à banaliser (récupérateurs, prévention des troubles de la coagulation, etc ...) Parallèlement, il est indéniable que nos collègues chirurgiens ont progressé beaucoup de leur côté, notamment en chirurgie digestive et viscérale, soit qu'ils ont arrêté certaines interventions hémoglobinovores, soit qu'ils aient adopté de nouvelles technologies fort efficaces comme le CUSA, le bistouri à l'argon ou les bistouris ultrasoniques. D'un autre côté, nos collègues des banques de sang nous ont simplifié la vie en mettant à notre disposition des tests très utiles comme le R.A.I. (Recherche des Agglutinines Irrégulières). [cfr fiche en page 3] Tout cela doit nous amener à changer nos habitudes de commande de sang. Même si la quantité totale de poches commandées a bien diminué, les nombre des retours en banque de sang pour non-utilisation restent trop élevé. Sur le mois d'août, le taux de retours (hors chirurgie cardiaque) a été de 64 % !! C'est beaucoup trop. Réduisez les commandes. Avec un R.A.I. négatif, il faut juste 5 minutes pour avoir les poches à disposition si nécessaire. INTERVENTION N J 0 J +1 J +2 total T.U.R.P. 378 N 2 1 2 5 U 8 1 3 12 P.R.T. coelio 30 N 0 0 0 0 U 0 0 0 0 P.R.T. tomies 207 N 1 0 0 1 U 2 0 0 2 MILLIN N 4 3 4 11 U 7 3 7 17 676 N 7 4 6 17 161 % 1 % 0,7% 1 % TRANSFUSIONS EN UROLOGIE 2004 - 2006 (N = PATIENT U = UNITÉ) A titre d'exemple, je vous donne ici quelques chiffres concernant la chirurgie urologique. Pour les interventions sur la prostate (TURP = ré- section par voie endoscopi- que, PRT coelio = prosta- tectomie totale par lapa- roscopie, PRT tomie = idem par laparotomie, Millin = exérèse d'adénome), sur 3 années et 676 interven- tions, on a eu recours au sang chez 7 patients au jour 0 (soit 1 %). En moyenne, 2,5 unités ont été requises par patient. Quelques unités ont été nécessaires au cours des 48 heures postop pour hémorragie postop. J.L.S. lors de la visite préop, la veille au soir, bien vérifier qu'une commande n'a pas déjà été faite par les infirmières et/ou le chirurgien !

Nr 203 - 03 novembre 2010 recherche des Agglutinines ... · 1 Nr 203 - 03 novembre 2010 recherche des Agglutinines Irrégulières Il y a déjà plusieurs années que les anesthésistes

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Nr 203 - 03 novembre 2010

recherche des Agglutinines Irrégulières

Il y a déjà plusieurs années que les anesthésistes ont compris et inté-

gré le fait que transfuser n'est pas un geste à banaliser (récupérateurs,

prévention des troubles de la coagulation, etc ...)

Parallèlement, il est indéniable que nos collègues chirurgiens ont progressé

beaucoup de leur côté, notamment en chirurgie digestive et viscérale, soit qu'ils

ont arrêté certaines interventions hémoglobinovores, soit qu'ils aient adopté de

nouvelles technologies fort efficaces comme le CUSA, le bistouri à l'argon ou

les bistouris ultrasoniques.

D'un autre côté, nos collègues des banques de sang nous ont simplifié la vie en

mettant à notre disposition des tests très utiles comme le R.A.I. (Recherche des

Agglutinines Irrégulières). [cfr fiche en page 3]

Tout cela doit nous amener à changer nos habitudes de commande de sang.

Même si la quantité totale de poches commandées a bien diminué, les nombre des

retours en banque de sang pour non-utilisation

restent trop élevé.

Sur le mois d'août, le taux de retours (hors

chirurgie cardiaque) a été de 64 % !!

C'est beaucoup trop.

Réduisez les commandes. Avec un R.A.I.

négatif, il faut juste 5 minutes pour avoir

les poches à disposition si nécessaire.

INTERVENTION N J 0 J +1 J +2 total

T.U.R.P.

378 N 2 1 2 5 U 8 1 3 12

P.R.T. coelio

30

N 0 0 0 0 U 0 0 0 0

P.R.T. tomies

207

N 1 0 0 1 U 2 0 0 2

MILLIN N 4 3 4 11 U 7 3 7 17

676 N 7 4 6 17

161

% 1 % 0,7% 1 % TRANSFUSIONS EN UROLOGIE 2004 - 2006 (N = PATIENT U = UNITÉ)

A titre d'exemple, je vous

donne ici quelques

chiffres concernant la

chirurgie urologique.

Pour les interventions sur

la prostate (TURP = ré-

section par voie endoscopi-

que, PRT coelio = prosta-

tectomie totale par lapa-

roscopie, PRT tomie = idem

par laparotomie, Millin =

exérèse d'adénome), sur 3

années et 676 interven-

tions, on a eu recours au

sang chez 7 patients au

jour 0 (soit 1 %). En

moyenne, 2,5 unités ont

été requises par patient.

Quelques unités ont été

nécessaires au cours des

48 heures postop pour

hémorragie postop.

J.L.S.

lors de la visite préop, la veille au soir, bien vérifier qu'une commande n'a pas déjà été faite par les infirmières et/ou le chirurgien !

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M ise à la dispo-sition du

corps médical en 1962, la clonidine (CatapressanR) a mis du temps à trouver sa place dans la pharmacopée. En effet, cet analogue imi-dazoline de la noradrénaline, alpha2-agoniste, fut d'abord proposé comme décongestionnant nasal. Devant l'hypotension constatée chez les patients, on identifia son potentiel hypotenseur. Fin des années '80, on récupéra son pouvoir sédatif et hypotenseur pour les hypotensions contrôlées en anesthésie. De fil en aiguille, la clonidine trouva sa place parmi les analgésiques notamment comme adjuvants en postopératoire. Je vous joins en attache le fichier PDF de l'exposé que Marc De Kock, maître es clonidine, nous a présenté un de ses derniers lundis. Relisez-le, c'est plein d'informations fort intéressantes.

En 1933, Charles Mayo, le cadet des frères Mayo, fondateurs de la célèbre Mayo clinic, n'était pas très content des plaintes qu'il recevait de la part des pédiatres au su-

jet des transfusions sanguines réalisées en pédiatrie. Il chargea le Dr John Silas Lundy qui était arrivé en 1924 pour diriger la section d'anesthésie, de prendre les choses en main et d'améliorer la situation. Lundy décida de superviser toutes les transfusions en pé-diatrie, qui, à l'époque, se faisaient au moyen d'aiguilles métalliques, les cathéters en plastic n'existant pas encore. Lundy dépensa une grande énergie à améliorer la techni-que de transfusion. A cette époque, les donneurs, profes-sionnels et non-professionnels étaient convoqués à l'hôpi-tal quand une transfusion était nécessaire. Le sang était retransfusé directement au patient. Le nombre de transfusions augmentant, Lundy décida de garder le sang citraté dans une ice box et constata qu'il pouvait le retransfuser jusqu'à 15 jours plus tard sans com-plications pour les patients. Cela permit une meilleure ges-tion des dons et aussi de garder du sang de donneur uni-versel pour les urgences. En 1938, il mit au point un système de refroidissement rapide pour le stockage du sang. On peut dire que Lundy fut l'initiateur des banques de sang. En 1936, il nota, dans son rapport annuel, que l'incidence et la sévérité des réactions transfusionnelles

étaient remarquablement diminuées quand du sang réfrigéré était utilisé. En 1934, Lundy mit au point un rapid-infusing roller (l'image du quizz) pour accélérer l'administration du sang. Ce système a été remplacé par les manchettes à pression quand le sang a été proposé en pochette plas-tic, Pour rappel, en 1975, les sang nous parvenait encore en bouteille en verre, sans possibilité de compression du récipient, d'où l'intérêt du roller de Lundy.

AnesthWeekly est une newsletter du service d’Anesthésie des Clin Universitaires Saint Luc. Ed. Resp.: J.L. Scholtes - 2007

RE: QUIZZ

JOHN SILAS LUNDY

Jennifer A. RABBITS, Douglas R. BACON, Gregory A. NUTTALL, S. Breanndan MOORE. Mayo clinic and the origins of blood banking. Mayo Clin Proc. 2007; 82(9): 1117-1118

homem

ade tout ce que vous avez toujours

voulu savoir sur la clonidine

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recherche des Agglutinines Irrégulières

La R.A.I. vise à la mise en évidence d’anticorps dirigés contre les antigènes de globules rouges. Ces anticorps, en fonction de leur type, peuvent être potentiellement dangereux en transfusion. Ils sont présents dans la phase plasmatique du patient.

On peut les classer en deux grandes familles:

- les allo-anticorps: dirigés contre des antigè-nes que le patient ne possède pas. Ce type d’anti-corps se forme chez le patient après un premier contact avec l’antigène qu’il ne possède pas. Le premier contact peut se faire par transfusion ou par grossesse.

- les auto-anticorps: dirigés contre des antigè-nes que le patient possède. Ils se forment, comme tous les autres auto-anticorps, suite à un dérègle-ment non prévisible du système immunitaire du patient.

La détection des anticorps peut se faire de deux fa-çons différentes:

1. par test de compatibilité qui consiste à mettre en présence le plasma du patient (qui contient les éventuels anticorps) avec des échantillons de GR extraits des poches ABO-compatibles sélection-nées pour le patient. Si les tests de compatibilité sont négatifs, ces poches sont alors attribuées à ce patient pour une période de 72 heures. Elles sont donc retirées du stock de Saint Luc et ne peuvent en aucun cas être utilisées pour un autre patient pendant les 3 jours suivants.

2. par RAI (Recherche d’Agglutinines Irrégulières). Il met en présence le plasma du patient avec des cellules de donneurs sélectionnées pour représen-ter la totalité des antigènes contre lesquels peu-vent se former des anticorps potentiellement dan-gereux. Ces cellules de donneurs sont fournies par des firmes extérieures et restent les mêmes pen-dant une période de 4 semaines. Une RAI négative (95% de la population de Saint Luc) signe l’absence d’anticorps dans le plasma du patient et autorise la transfusion du patient, en respectant les règles de compatibilité ABO, pendant 72 heures.

Pourquoi être passé de la compatibilité à la RAI ? 1. Les périodes de pénurie sont de + en + fréquentes. Les poches réservées aux patients candidats potentiels à une transfusion sont retirées du stock de Saint Luc. Ces poches n’étaient pas toujours transfusées (environ 50% d’entre elles l’étaient). Nous déforcions donc notre stock dans les périodes difficiles. L’avantage de la RAI, si elle est négative, est de savoir que pendant 72h, le patient peut être transfusé rapidement en respectant les règles de compatibilité ABO.

2. Un patient qui descend en salle avec une RAI néga-tive est couvert en besoin transfusionnel pour autant que les règles ABO soient respectées. Avec la seule épreuve de compatibilité, si le patient était transfusé d’un plus grand nombre de poches que ce qui lui avait été réservé, il fallait recommencer en urgence les épreuves de compatibilité (environ 45 minutes avec le risque d’obtenir une compat positive et donc de retar-der encore la transfusion)

3. Chaque épreuve de compatibilité était effectuée dans 3 milieux différents. Nous réalisions environ 100 à 120 compat par jour à Saint Luc, soit 300 à 360 pipe-tages manuels étaient effectués par des techniciens qui se relayaient avec un risque d’erreur important. La RAI, elle, est un test automatisé.

4. La RAI permet de tester tous les patients dans les mêmes conditions, c’est-à-dire vis à vis des mêmes cel-lules de donneur.

Il s’agit de la durée estimée de formation d’un allo ou d’un auto-anticorps. Un allo-anticorps ne peut se for-mer que si un contact avec un antigène non présenté par le patient (transfusion ou grossesse) s’est produit. Cette formation est donc prévisible. Cependant, de nombreux patients vont et viennent dans Saint Luc et dans d’autres hôpitaux. Des transfusions inconnues peu-vent donc se faire à l’extérieur de Saint Luc sans que nous en soyons informés. Les auto-anticorps se forment spontanément suite à un déréglement du système immunitaire. Leur appari-tion ne peut donc pas être prévue. Après transfusion d’un patient et avant d’envisager un nouvel épisode transfusionnel, il convient également de contrôler la RAI à la recherche d’un éventuel anticorps formé suite à cette première transfusion. Cette règle de 72 heures permet aussi de gérer de fa-çon uniforme les RAI pour TOUS les patients de Saint Luc (comme c’était par ailleurs déjà le cas avec l’é-preuve de compatibilité mais le message n’était pas transmis). La mise en place d’exceptions n’est pas géra-ble à la Banque de Sang car ces dernières vont varier en fonction de la pathologie du patient. Par exemple, un patient atteint d’insuffisance hépatique est plus à ris-que d’allo-immunisation qu’un patient normal. Un pa-tient en traitement pour une LLC est plus à risque de former des auto-anticorps qu’un patient cardiaque…. Cette limite de 72 heures est fixée par différents or-ganismes internationaux de transfusion sanguine (American Association of Blood Banking, National Health Security, Société Française de Transfusion Sanguine…) et respectées de façon unilatérale par 98% des hôpitaux belges travaillant en RAI.

Raisons de stock

Rapidité en salle et gestion du stress

Procédure RAI automatisable

Raisons de Standardisation

Pourquoi passer à la compatibilité par RAI ?

Pourquoi limiter la validité de la RAI à 72 heures ?

Stéphane EECKHOUDT

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POSTER Je vous rappelle qu'AW diffuse vos posters présentés lors des

réunions scientifiques. Cela leur donnera une deuxième vie,

beaucoup moins éphémère que celle des cimaises des

salles de congrès. Il faut bien sûr me les transmettre !! J.L.S.