10

Click here to load reader

Numéro 10 - Avril/Juin 2001

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Malandain Ballet Biarritz 2001

Citation preview

Page 1: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

AVRIL

MAI

JUIN

2001

édito

Avec le soutien del’Association Française

d’Action Artistique-Ministère des Affaires

Étrangèreset de l’AFAA-Ville de Biarritzpour ses tournées à l’étranger

Alors que janvier s’achevait dans une nuée de bons voeux, lesort voulut qu’un homme, que nous connaissions depuis

longtemps, quitte ce monde pour rejoindre le concert céleste.C’est au Concours de Lausanne que je le croisais pour la pre-mière fois. J’avais seize ans. Il me fit une remarque sur moninterprétation de la variation de Désiré dans “La Belle au BoisDormant” : « Jeune homme, Désiré est un prince, vous en avezla prestance, mais faites attention à la musique ». Ni lui ni moine savions qu’un jour la musique serait au centre de noséchanges. De loin, il suivit ma carrière d’interprète, mais c’estlorsque je débutais la chorégraphie qu’il s’intéressa de plusprès à mon travail. Il avait été enthousiasmé par mon ballet sur“La Sonatine” de Stockhausen primé en 1985 au ConcoursChorégraphique de Nyon, et depuis, rarement il manquait lapremière d’un spectacle.Au fil du temps, il m’honora de son amitié et de ses conseils.Me trouvant une âme de « franciscain », il me suggéra la lecturedes Fioretti. J’en fis un ballet sur des oeuvres de Poulenc quimarquèrent profondément mon parcours intime et professionnel.Souvent, il m’adressait de la musique, avec toujours le mêmemot d’accompagnement : « Écoute, c’est tout à fait pour toi ».Sa culture musicale et chorégraphique était immense. Prochede Cocteau, Balanchine et d’autres personnalités du mondeartistique, il était toujours riche de mille anecdotes. Et puis,dans une profession où il est facile de s’égarer entre le douteet la multiplicité des désirs, il était pour moi enrichissant depouvoir, de temps à autre, lui demander un avis.Fin janvier, à Salzbourg, sa voix reconnaissable entre toutess’est éteinte, comme un certain "K 626", laissant pour ceux quine l’entendront plus le sentiment de l’inachevé. Il était l’un desplus grands critiques du monde lyrique, musical et chorégraphiqueet s’appelait Antoine Livio.À ses proches, nous adressons toute notre sincère amitié, et luidédions le programme que nous consacrons prochainementaux Ballets Russes de Serge Diaghilev.

sommaire

l’événement #2« Un hommage aux Ballets Russes »

la danse à Biarritz #5 #5

accueil studio : Michaël d’Auzon #6

tournées USA et Asie #1

la danse à Biarritz #5 #1

en bref... #1

calendrier #1

Cette soirée constituée de reprises et de créations ouvrira parle “Pulcinella” d’Igor Stravinsky. De Maurice Ravel, le « petitbasque » natif de Ciboure, nous proposerons le “Boléro”. Enfin,Claude Debussy et Carl Maria Von Weber seront égalementconviés à ce « rendez-vous » avec “L’après-midi d’un faune” et“Le spectre de la rose”. Un programme coproduit par le FestivalInternational de Danse Madrid en Danza qui, après sa créationà Biarritz courant mai, fera l’objet de cinq représentations dansla capitale espagnole.

Ce trimestre, notre rubrique consacrée à « La Danse à Biarritz »s’évade du côté de la musique pour évoquer la présence d’IgorStravinsky et de Maurice Ravel sur la côte Basque. Enfin, nousprésentons un jeune chorégraphe, Michael d’Auzon, dont nousrecevrons prochainement la compagnie dans le cadre del’accueil studio.

Thierry Malandain

Photographie : Cyrille Sabatier

Page 2: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

Pulcinella Stravinsky

L'après-midi d'un faune Debussy

Le spectre de la rose Von Weber

Boléro Ravel

chorégraphie Thierry Malandain

Un hommage aux

ballets russes

Création

Samedi 19 mai (21h) et Dimanche 20 mai 2001 (17h)

Théâtre de la Gare du Midi de Biarritz

réservations : Office de tourisme de Biarritz (05.59.00.00.00)

l’événement

Pulcinella Stravinsky

L'après-midi d'un faune Debussy

Le spectre de la rose Von Weber

Boléro Ravel

chorégraphie Thierry Malandain

Un hommage aux

ballets russes

Création

Samedi 19 mai (21h) et Dimanche 20 mai 2001 (17h)

Théâtre de la Gare du Midi de Biarritz

réservations : Office de tourisme de Biarritz (05.59.00.00.00)

Pulcinella Stravinsky

L près-midi d'un faune Debussy

L spectre de la rose Von Weber

Boléro Ravel

chorégraphie Thierry Malandain

Un hommage aux

ballets russes

Création

Samedi 19 mai (21h) et Dimanche 20 mai 2001 (17h)

Théâtre de la Gare du Midi de Biarritz

réservations : Office de tourisme de Biarritz (05.59.00.00.00)

#2

Beaucoup a été dit sur la fabuleuse épopée des bal-lets russes de Serge Diaghilev. Aujourd’hui encore,

la légende, édifiée par les témoins de cette révélationartistique, continue d’embraser la curiosité.

Comment un homme a-t-il pu unir à sa cause tantd’artistes et de célébrités du XXème siècle ?

Sans doute, Diaghilev était-il, à l’image du « charla-tan » de Petrouchka, un magicien, habile découvreur

de créatures, mais aussi fin manipulateur. De cetesthète, qui ne demandait qu’à être étonné, subsiste

encore quelques chefs-d’œuvres chorégraphiques,qui, de par le monde, sont toujours interprétés, soit

dans leurs versions originales ou bien dans denombreuses versions revisitées.

Il en est ainsi des œuvres emblématiques. Toutcomme les mythes, elles exercent une fascination qui

renvoie au désir de les caresser.Certains diront qu’il est préférable de laisser ces

œuvres en paix et qu’il est mieux d’en révéler d’autres.La chose est entendue, mais avouons que cette

démarche s’apparente également au plaisir. Plaisird’être dans un studio de danse en compagnie de

Stravinsky, Ravel ou Debussy, de « batailler » avec tousles fantômes d’une épopée dont les protagonistes,

selon Michel Georges-Michel, conviaient chaque soir lepublic à un « rendez-vous d’amour ».

Thierry Malandain

Chorégraphie

Thierry Malandain

Décor et costumes

Jorge Gallardo

Lumière

Jean-Claude Asquié

CréationSamedi 19 mai (21h)Dimanche 20 mai (17h)Gare du Midi, BiarritzRéservations :Office de tourisme de Biarritz

tél. 05 59 22 44 66

Coproduction :C.C.N. / Ballet Biarritz

Madrid en Danza /Festival International de Danse de Madrid

Coréalisé par Biarritz Culture

Page 3: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#3

Pulcinellamusique Igor Stravinskychorégraphie Thierry Malandaindécor & costumes Jorge Gallardolumières Jean-Claude AsquiéBallet pour dix danseursCréé le 16 avril 1991 à l’Esplanade Saint-Étienne Opéra

À l’origine de la création de ce ballet se trouve un manuscrit, titré « Iquattro Pulcinelli » que Serge de Diaghilev découvrit à Naples. Ce texteinédit contenait plusieurs canevas de comédies ayant pour hérosPulcinella, le fameux personnage de la Commedia dell’arte. Diaghilevconfia à Stravinski le soin d’orchestrer des pages attribuées àPergolèse, et le ballet fut présenté à Paris le 15 mai 1920 dans unechorégraphie de Léonide Massine et des décors de Pablo Picasso.

L’action se déroule à Naples et raconte les aventures amoureuses dePulcinella. Ce dernier, malgré son amour pour Pimpinella, ne peut évi-ter de séduire la gente féminine, aussi de Rosetta à Prudenza, en pas-sant par la mère Tartaglia, son infidélité lui jouera des tours.

« Étymologiquement, le personnage de Pulcinella, dont la bosse et leventre lui donnaient à l’origine une allure de volaille, emprunterait sonnom au “Pullus Gallinaceus” ou plus communément “Poulet”.Cette définition permet de donner au héros, les traits d’un coq de villa-ge espiègle et libertin. Il s’agit d’une comédie farcie des ingrédients dela commedia dell’arte, un art sans sous-titre dont j’ai voulu garder toutl’esprit ludique du genre italien. Néanmoins, l’environnement, l’actionet les personnages ont été stylisés puis cuisinés à feu doux pourconserver toute la saveur et le croustillant de la recette d’origine »Thierry Malandain

L'après-midi d'un faunemusique Claude Debussychorégraphie Thierry Malandaindécor & costumes Jorge Gallardolumières Jean-Claude Asquiéballet pour un danseurCréé le 21 janvier 1995 à l’Esplanade Saint-Étienne Opéra

Inspiré d’ un poème de Stéphane Mallarmé, « l’Après-Midi d’un Faune »créé le 29 mai 1912 par Vaslav Nijinski sur la partition de ClaudeDebussy et dans une scénographie de Léon Baskt, retient l’anecdotesuivante :Un faune repose sur un rocher par un après-midi d’été. Paraissent desnymphes. Intrigué, il les observe et bondit près d’elles. Effrayées, elless’enfuient, sauf une, qui se laisse courtiser. Quand le faune tente del’attraper, la nymphe s’éloigne en laissant tomber un voile de soie. Lefaune s’empare du voile, l’emporte sur son rocher et s’abandonne à luicomme dans un acte d’amour.En concevant cette oeuvre, Vaslav Nijinski marque un pas décisif dansl’histoire de la danse et s’illustre comme un précurseur.Esthétiquement, il est impossible d’en ignorer le caractère novateur.

« Dans ma proposition, point de références à la Grèce Antique, ni auxnymphes, la tanière du faune n’est plus un rocher mais une boîte dekleenex. On sait que la première de cette oeuvre fut relativement hou-leuse, tant par le caractère novateur de la chorégraphie que par l’au-dacieuse simulation de jouissance de l’interprète. Cette jouissance estle coeur de la pièce et tout comme l’original, mon faune évolua dansun monde fantasmatique. S’il s’épanche sur un voile, devenu anecdo-tiquement un mouchoir de papier, l’instant du plaisir cache une soifd’amour et d’éternité que la “petite mort” absorbe. »Thierry Malandain

Page 4: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#4

Le spectre de la rosemusique Carl Maria Von Weberchorégraphie Thierry Malandaindécor & costumes Jorge Gallardolumières Jean-Claude AsquiéBallet pour deux danseurs

Créé par Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski le 19 avril 1911, dans unechorégraphie signée de Michel Fokine, ce court ballet fut inspiré àJean-Louis Vaudoyer par quelques vers du poète Théophile Gautier.

Une jeune fille est dans sa chambre, après le bal, une rose à la main;elle en respire le parfum avec volupté, puis se laisse aller dans un fau-teuil et s’endort. En rêve, le spectre de la rose entre par la fenêtre. Ill’entraîne alors dans une danse enchantée avant de disparaître. Lajeune fille s’éveille, troublée, elle porte son regard autour d’elle, maisne voit que sa propre rose.

« Par essence, le rêve est une fenêtre ouverte sur toutes les fantaisies.celui de cette jeune fille est traversé par le spectre d’une rose, un espritchargé de maints symboles. Il est l’amour, le désir de chair, le sangrépandu pour qui se pique à l’épine, le sang d’une vie nouvelle. Uneassociation d’images éparses à lire avec la clé des songes. »Thierry Malandain

Boléromusique Maurice Ravelchorégraphie Thierry Malandaindécor & costumes Jorge Gallardolumières Jean-Claude AsquiéBallet pour douze danseurs

Composé à l’intention de la danseuse Ida Rubinstein, « Boléro » fut crééle 22 novembre 1928 dans une chorégraphie de Bronislava Nijinska.L’argument initial situait l’action dans une taverne andalouse, où dan-sant sur une table, une gitane devait provoquer l’ivresse sensuelled’une assemblée masculine.

« Notre approche de “Boléro”ne retient rien de l’argument original, etpréfère privilégier l’écoute de la partition de Maurice Ravel. Commechacun sait, le compositeur y dépolit un motif musical de façonobsédante, jusqu’à son apothéose finale. Nous voyons dans l’intensitéde ce final, la métaphore d’une jouissance libératoire, une expressionde la liberté conquise pas à pas sur l’enfermement. Tout le travailchorégraphique investira cet objectif. Par ailleurs, on ne peut ignorerque “Boléro” fût en son temps un pari musical audacieux, audace àlaquelle peut s’apparenter le fait de s’attaquer aujourd’hui à cettepartition devenue si populaire. Audace également que de vouloir confinerdouze danseurs dans un espace restreint, qui d’emblée limiteral’expression des corps. Limites à franchir pour conquérir la liberté,limites contenues dans l’unicité d’un thème musical que Maurice Ravelfait déborder dans un final d’une terrible intensité expressive. »Thierry Malandain

Photographies : Olivier Houeix

Page 5: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

STRAVINSKY ET RAVEL, COMPOSITEURS DES BALLETS RUSSES

Par son prestige et l’attrait de ses bains, Biarritz fut longtemps un lieu de villégiature pourl’aristocratie russe. Les Ballets de Serge Diaghilev ne s’y produisirent pas, mais on sait qu’à

l’invitation de Jacques de Poliakoff certains danseurs, dont Anna Pavlova, dansèrent dans savilla au cours de soirées privées. Par contre, nombre de collaborateurs de Diaghilev séjournè-rent en Côte Basque. Citons, Gabrielle Chanel, Serge Prokofiev, Feodor Chaliapine, Serge Lifar,Pablo Picasso qui y peignit Les Baigneuses, et toute l’équipe de la création de Boléro deMaurice Ravel, Bronislava Nijinska, Ida Rubinstein, puis Igor Stravinsky qui habita Biarritzdurant trois années.Dans l’hommage que nous rendons aux Ballets Russes, Ravel et Stravinsky, figurent au pro-gramme, aussi est-ce à ce titre qu’il nous a semblé intéressant d’évoquer les liens entretenuspar ces compositeurs avec la Danse, les Ballets Russes et la Côte Basque.

Auparavant, il faut souligner que si Ravel et Stravinsky ont créé pour la danse, ils ne sont pasdes compositeurs de ballets comme on l’entendait au début du XIXème siècle. En effet, leurmusique est loin des rythmes stéréotypés imposés à une corporation de compositeurs aumètre dont les plus illustres sont Minkus, Drigo et Adam. S’il est vrai qu’entre tempsTchaikovsky, Glasounov et Delibes renouvellent déjà le genre, c’est à Diaghilev que l’on doitl’entrée des "symphonistes" dans la danse. Peut-être ce dernier a-t-il été inspiré par ladémarche d’Isadora Duncan, qui, se refusant de danser sur la musique de ballet, préférait êtrel’interprète des œuvres de Bach, Gluck, Berlioz, etc… Reste qu’il revient à Diaghilev le mérited’être à l’origine des grandes partitions chorégraphiques du début du XXème siècle.

#5

Ravel à St-Jean-de-Luz en compagnie de pelotaris.

Page 6: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#6

Igor StravinskyC’est à la fin de l’été 1921 que Stravinsky arrive à Biarritz. Sa collabo-ration avec Diaghilev, débutée en 1908 avec l’orchestration de pagesde Chopin pour les Sylphides, a déjà permis la création de l’Oiseau deFeu, Petrouchka et Le Sacre du Printemps. Après la guerre, Diaghilevlui propose un travail autour de la musique de Pergolèse. Il s’agitd’écrire la musique d’un ballet dont le sujet serait tiré d’un recueil rela-tant les aventures amoureuses de Pulcinella. « Cette idée me séduisiténormément. La musique napolitaine de Pergolèse m’avait toujourscharmée par son caractère populaire. La perspective de travailler avecPicasso/…/ le vrai plaisir que j’avais goûté à la chorégraphie deMassine pour Les femmes de bonne humeur, tout parvint à vaincremon hésitation ». Courant mai 1920, Pulcinella fut créé à Paris. Un anplus tard, Stravinsky s’installe à Biarritz. Il y réalise la transcription pourpiano de son Petrouchka, puis commence à composer Mavra sur unlivret de Boris Kochno d’après Pouchkine. Vers l’automne, il s’inter-rompt pour se consacrer aux arrangements de La Belle au BoisDormant que les Ballets Russes préparent pour Londres. À Biarritz, lamaison Pleyel lui propose de faire la transcription de ces œuvres pourle piano mécanique “Pleyela”. Puis c’est la création de Mavra et deRenard à Paris le 3 juin 1922, Diaghilev prévoit alors de monter Noces,Stravinsky se met au travail d’orchestration de ce nouveau ballet qui seprésenté à Paris en Juin 1923. Après une série de concerts, il prend ladécision de quitter la Côte Basque : « Rentré à Biarritz, je dus m’occu-per de mon déménagement, ayant décidé de transporter notre rési-dence à Nice à cause des tempêtes de l’Océan, trop fréquentes enhiver et qui, à la longue fatiguaient mes nerfs. Les derniers mois demon séjour à Biarritz, je les consacrais à la composition de ma Sonatepour piano. La collaboration de Stravinsky avec les Ballets Russes duravingt ans, après la mort de Diaghilev, il poursuivra néanmoins son tra-vail de composition pour la danse, avec de nombreux ballets signés deSerge Lifar et George Balanchine.

Maurice RavelNé à Ciboure, Ravel est basque, même s’il quitte tôt la région, il reste-ra sentimentalement très attaché à sa terre natale. D’ailleurs, selonManuel Rosenthal : « Ravel parlait le basque. Oui, il le disait, mais je nel’ai jamais entendu s’exprimer un basque. Où avait-il eu l’occasion del’apprendre ? Apparemment personne ne s’est jamais posé la question !Mais il était très fier de parler basque et touché par tout ce qui rappe-lait son pays ». C’est à Paris que Ravel fait la connaissance de Diaghilevqui lui propose de composer la musique de Daphnis et Chloé. Ravel estséduit, mais fait quelques réserves sur le sujet, et n’entendant pasasservir sa musique à la danse, il intitule sa partition SymphonieChorégraphique. Non sans difficultés, le ballet est inscrit au répertoiredes Ballets Russes le 8 juin 1912. Par la suite un différend opposeraRavel et Diaghilev. Ce dernier pour un motif économique tentera desupprimer les chœurs de la partition. Cet épisode attisera la méfiancede Ravel à l’égard de la danse. Ainsi, lorsque Jacques Rouché, direc-teur de l’Opéra lui suggère une collaboration avec Colette, il écrira :« En principe, l’entreprise d’une nouvelle œuvre m’effare un peu/…/ leprécédent de Daphnis et Chloé, dont le livret fut pour moi une entraveperpétuelle, m’a dégoûté de recommencer semblable expérience ».Pourtant, la même année, il orchestre deux partitions pour piano quideviendront deux ballets Ma Mère l’Oye et Adélaïde ou le langage desfleurs pour la troupe de Trouhanova. Après la guerre, Diaghilev le solli-cite à nouveau pour porter à la scène un projet intitulé "Wien". Ravelcompose La Valse, mais une fois terminée la partition est refusée parles Ballets Russes. En 1920, Ravel confie le Tombeau de Couperin auxBallets Suédois ; il partage alors son temps entre Paris et le PaysBasque. « Mon pays natal m’a accueilli par un temps splendide. Je tra-vaille toutes fenêtres ouvertes ». Il travaille alors l’Enfant et lesSortilèges qui sera créé en 1925 à Monte-Carlo dans une chorégraphiede Balanchine. En 1928, à la demande d’Ida Rubinstein, ancienne artis-te des Ballets Russes, il écrit Boléro. Initialement, l’idée était d’orches-trer des pages d’Albeniz, mais des problèmes de droits d’auteur l’inci-tent à composer un ballet original. « C’est une danse d’un mouvementtrès modéré et constamment uniforme, tant par l’harmonie et le ryth-me, ce dernier sans cesse marqué par le tambour. Le seul élément dediversité y est apporté par le crescendo final ». Le ballet est créé le 20novembre 1928 dans une chorégraphie de Bronislava Nijinska et undécor d’Alexandre Benois. En 1930, Biarritz consacre un festival àMaurice Ravel. Ce dernier est présent et à l’occasion Alborada delGracioso et Rigaudon seront dansés par Lucienne Lamballe, premièredanseuse de l’Opéra, originaire elle aussi du Pays Basque. En 1932,lors d’un autre séjour au Pays Basque, il travaille à un nouveau balletdestiné à Ida Rubisntein, il s’agit de Morgiane dont il n’écrira quequelques esquisses. Son ultime séjour date de 1935, Ravel s’éteindradeux ans plus tard.

Stravinsky et Massine.

Nijinska en répétition de “Boléro”au Ballet du Marquis de Cuevas en 1954.

Photographie : Viollet/Lipniski

Page 7: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#7

accueil studio

Compagnie l’Instant/ Michaël d’Auzon

L’accueil studio du 25 juin au 1er juillet 2001 pour un projet de créa-tion chorégraphique dont le titre provisoire est Le corps en jeu.

Le chorégrapheNé en 1975, Michaël d’Auzon est formé à la danse classique à Nice parJean-Claude Giorgini, puis à la Rochelle auprès de Colette Milner. Toutd’abord engagé au Jeune Ballet de France, il intègre le Ballet Nationalde Nancy, puis le Ballet du Rhin. Interprète du répertoire classique, ildécouvre de nouveaux langages aux travers de ces rencontres avecdes chorégraphes actuels.

En 1999, à la demande de Pierre Lacotte, Michaël d’Auzon règleManger la lumière pour le Ballet National de Nancy. La même année,il fonde la Compagnie l’Instant. Lauréat des Pépinières Européennespour Jeunes Artistes, il est accueilli en 1999 à Helsinki pour une rési-dence de trois mois et créé Parole d’Arbre. En 2000, il signe Lescendres de la vache rousse dans le cadre des manifestations « NancyBible 2000 ».

La compagnieFondée en 1999, la compagnie l’Instant est née d’un désir de symbio-se et de coexistence entre les différents langages qui prennent corpssur scène, qu’ils soient chorégraphiques, sonores, plastiques ou lumi-neux.Michaël d’Auzon : « L’instant de la rencontre est le lieu de l’échange,le lieu du regard, où la stature et le geste du corps deviennent unlangage, au-delà du verbe, permettant seul de dire l’indicible. Il estle lieu où le mouvement devient signifiant et où seulement com-mence la danse. »

Le corps en jeuCréation chorégraphique pour 4 danseurs

Michaël d’AuzonAvecNathalie Simon, Mélanie Marie, David Berring, Nicolas Maurel.

Plasticien Robert RenardSono plasticien Frédéric BaillySculpteur d’espace Stéphane Jollard

Coproduction TGP Frouard, Compagnie l’Instant.Avec le soutien du CCN Ballet de Lorraine et du CCN Ballet Biarritz.

La compagnie l’Instant reçoit l’aide de la DRAC Lorraine, le ConseilRégional de Lorraine, le Conseil Général de Meurthe et Moselle.

1 – Corps perdu« Le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensitéde la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnelà l’intensité de l’oubli. » (Milan Kundera).

2 – Corps réiventé« Le corps dansant veut la présence, c’est-à-dire l’être et sesapproches, ses frontières ; le corps dansant, c’est de la présence quise cherche, juste au-delà du corps, mais grâce au corps. »(Daniel Sibony).

3 – Corps de lumière« Dessiner la danse, c’est faire de l’archéologie dans une matière quin’appartient pas au passé mais qui m’apparaît comme le monde dufutur. Le geste du danseur me parle d’une trace et d’un devenir. Lesigne graphique, le produit de ma main animée par l’énergie, n’estpas passé, il est la manifestation de l’étincelle qui jaillit. »(Robert Renard).

Page 8: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#8

À l’invitation du Consulat Général de France, et dans le cadre d’uneconvention ville de Biarritz avec l’AFAA (Association Françaised’Action Artistique), Ballet Biarritz s’est produit pour la première foisen Floride courant décembre dans un programme réunissant descompositeurs américains (Steve Reich, Georges Antheil, GeorgeGershwin). C’est au Lincoln Theatre de Miami, puis au HollywoodPerforming Arts Center, grâce au mécénat de James de Molyneux,que l’on a pu découvrir le travail du Centre Chorégraphique National,salué à Hollywood par une " standing ovation ".

Fort de ce succès, Ballet Biarritz s’est ensuite rendu en Asie pourdes représentations de Casse-Noisette. Cette tournée initiée parDLB-Spectacles et soutenue par l’AFAA- Arts de la Scène et lesAmbassades Françaises, nous a donné l’occasion de visiter Canton,Pékin, Tianjing, Shenyang et Singapour. Devant des salles combles,plus de 10 000 spectateurs en six représentations, l’accueil dupublic et des autorités fut extrêmement chaleureux. Accueilcompensant avantageusement les conditions climatiques,notamment dans le Nord de la Chine où la température extérieureavoisinait moins 25 degrés. Tout comme en Floride où nous avonspu rencontrer les danseurs du Ballet Florida ou travailler dans leslocaux du Miami City Ballet, cette tournée en Asie a permis detravailler avec le Kiao Ning Ballet Ensemble de Shenyang et leSingapore Dance Theatre. Rappelons que cette dernière Compagniea mis récemment Sextet de Thierry Malandain à son répertoire, etque notre représentation à Singapour entrait dans le cadre d’unéchange international initié par l’Alliance Française et l’AFAA. Enseptembre prochain, cette collaboration permettra la venue duSingapore Dance Theatre à Biarritz.

tournées USA et Asie(du 18 décembre 2000 au 12 janvier 2001)

Pyrénées AtlantiquesMouguerre et Anglet : plusieurs ateliers d’éveil à la danse sont

prévus au sein des écoles maternelles dès le mois d’avril.

Ustaritz : des ateliers d’éveil à la danse commencés en février dansdes classes de CP et CE1 à l’école primaire Idekia, se poursuivront enmai et juin.

St-Jean-Pied-de-Port : les danseurs de Ballet Biarritz parrainnentdix classes de primaire et secondaire. Après des ateliers chorégra-phiques, l’envoi de cartes postales de tournées, les élèves passerontcourant mai une journée au CCN pour suivre le travail autour duspectacle Un hommage aux ballets russes.

Biarritz : des ateliers de création commencés en février avec uneclasse de 6ème du Collège Fal, se poursuivront en mai.

Trois spectacles "Jeune Public" du CCN Ballet Biarritz seront présentésà la Gare du Midi les 21 et 22 mai 2001. Plus de 2000 élèves de différentsétablissements scolaires des Pyrénées-Atlantiques seront présentspour découvrir le ballet de Thierry Malandain Pulcinella.

Lot-et-GaronneNérac : travail d’ateliers de création commencés en janvier avec

des élèves de 5ème et 4ème du Collège George Sand et des élèves de1ère et terminale du Lycée George Sand, et poursuivis jusqu’en avril.

Fumel : Ateliers de création avec une classe de CM1 de l’école JeanJaurès.

Monsempron Libos : ateliers de création avec des classes dematernelle, CP et CE1.

Nérac : présentation le 27 avril sur le plateau de l’Espace Culturel,d’une pièce chorégraphique effectuée avec des élèves de différentesécoles de danse de la région Agenaise durant 2 sessions de travail de4 jours en février et en avril.

Des lectures-démonstrations sont prévues, le 5 avril à Fumel et le 27avril à Nérac, afin que les élèves des établissements scolaires et desécoles de danse puissent dialoguer avec les danseurs de Ballet Biarritzaprès avoir assisté au travail de répétition de la compagnie.

sensiblisation(avril, mai, juin 2001)

La compagnie sur la muraille de Chine.

Page 9: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#9

en bref...

Dans le cadre de la manifestation " Ciné Danse " organisée parBiarritz Culture, le Centre Chorégraphique National et l’AssociationTerpsichore, 160 personnes ont assisté à la projection d’un film réa-lisé par Claire Sombert : " Les Maîtres de la Danse de l’Opéra ". Cetrès intéressant document qui évoquait l’enseignement, et sa trans-mission par le témoignage de grands pédagogues fut présenté parMichaël Denard. Le débat qui suivit fut l’objet d’un passionnantéchange entre l’étoile du Ballet de l’Opéra et le public. Et, puisqu’ilétait question de l’enseignement, Michaël Denard assura le lende-main deux master-class qui réunirent 40 étudiants.

Prochain rendez-vous le 18 mai 2001 / Le Colisée / 21h00

La danse de caractère ou les caractères de la danse

Un film de Claire Sombert .Un document qui évoque l’origine des danses populaires et leur pré-sence dans le répertoire classique et contemporain.

CINÉ-DANSE À BIARRITZ

Courant janvier, madame Catherine Tasca, ministre de la Culture etde la Communication a nommé Thierry Malandain, Chevalier dansl’Ordre des Arts et des Lettres.

ARTS ET LETTRES

Le Concours International de Danse Classique et Contemporaine deBiarritz organisé par Monique Elgueta se déroulera du 13 au 15 Avril2001. Pour tout renseignement, contacter le 05 59 03 29 29 ou le06 11 38 39 08.

CONCOURS INTERNATIONAL DE DANSE DE BIARRITZ

Le Stage International de Danse de Biarritz présenté par l’ÉcoleGillet-Lipszyc aura lieu du 5 au 11 Août 2001 au Lycée Hôtelier deBiarritz. Parmi les professeurs invités : Monique Arabian, RudyBrians, Ghislaine Franchetti, Dominique Khalfouni, Azari Plissetski,Isabelle Cividino, Jennifer Goubé, Bruce Taylor et Anne-Marie Porras.Renseignements et inscriptions au 05 59 42 95 73.

STAGE INTERNATIONAL DE DANSE DE BIARRITZ

Isaïas Jauregui,

de Biarritz à Rilleux la Pape.

Interprète des chorégraphies de Thierry Malandain depuis neuf sai-sons, Isaïas Jauregui a quitté Ballet Biarritz courant janvier pourrejoindre Maguy Marin au Centre Chorégraphique National de Rilleux laPape. Natif du Pays-Basque espagnol, Isaïas débute la danse à 19 ansauprès de Christina Miñana et intègre le Ballet Classique de Saragosseen 1986. Après un engagement à l’Europa Ballet et à la CompagnieRomane de Ballet en Suisse, il rejoint la Compagnie Temps Présent en1992. Au sein de celle-ci, il sera le protagoniste de nombreuses créa-tions ; citons, La Fleur de Pierre, François d’Assise, L’Après-midi d’unFaune, Carmen, Blé noir, Bal Solitude, Casse-Noisette ou La Chambred’Amour.

« Tout au long de ce parcours, Isaias a révélé les multiples facettesde son talent, donnant en artiste accompli, un sens et une profon-deur à toutes ses interprétations. Danilo de La Fleur de Pierre fut sonpremier rôle au sein de la compagnie. Il y incarnait un jeune hommeen quête de perfection artistique. Un emploi dont l’objet présideraità nos créations futures, car d’emblée notre collaboration s’imposacomme une évidence. De François à Don José, en passant par leFaune, il fut remarquable et la presse, toujours élogieuse à sonendroit, vit en lui plus qu’un danseur, mais ce que l’on nomme unepersonnalité. Au terme d’une belle histoire, "l’oiseau rare" s’envolepour de nouvelles expériences. Je le remercie de m’avoir accompa-gné tout au long de ces années et lui souhaite le meilleur ».

Thierry Malandain

Isaïas Jauregui et Valérie Hivonnait dans “François d’Assise”. ©Cyrille Sabatier

Page 10: Numéro 10 - Avril/Juin 2001

#10 [email protected] www.balletbiarritz.com

PRÉSIDENTAndré Dachary

TRÉSORIERPierre Durand

SECRÉTAIRE

Jacques Pavlovsky

• artistique

DIRECTEUR/CHORÉGRAPHEThierry Malandain

MAÎTRE DE BALLETRichard Coudray

COORDINATRICE ARTISTIQUERESPONSABLE SENSIBILISATIONFrançoise Dubuc

PROFESSEUR INVITÉAngélito Lozano

DANSEURSGiuseppe ChiavaroMikel Irurzun del CastilloOlivier JedrasiakLyane LamourelleCyril LotCarole PhilippAdriana Pous-OjedaMagali PraudChristophe RoméroRosa RoyosLuisa Sancho EscaneroThierry TaboniBrigitte ValverdeNathalie Verspecht

• administratif

ADMINISTRATEURYves Kordian

ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉMISSION TRANSFRONTALIÈREFilgi Claverie

ASSISTANTE ADMINISTRATIVEDIFFUSIONFrançoise Gisbert

AIDE-COMPTABLERhania Ennassiri

• technique

CONCEPTEUR LUMIÈREDIRECTEUR DE LA PRODUCTIONJean-Claude Asquié

RÉGISSEUR GÉNÉRALOswald Roose

TECHNICIEN LUMIÈREFrédéric Béars

TECHNICIEN PLATEAUPanxoa Claverie

COSTUMIÈREVéronique Murat

RÉGIE COSTUMESCOUTURIÈRE HABILLEUSEKarine Prins

RESPONSABLE CONSTRUCTION DÉCORMichel Pochulu

TECHNICIENS STAGIAIRESChloé BreneurRaphaël Tadiello

TECHNICIENNE DE SURFACESAnnie Alégria

Numérodirecteur de la publication :Thierry Malandainrédaction :Thierry Malandainconception graphique :

Jean-Charles [email protected]

imprimeur :Imprimerie des Cordeliers(Biarritz)

Gare du Midi23, avenue FochF-64200 Biarritztél. 33 5 59 24 67 19fax. 33 5 59 24 75 40

E B

L’après-midi d’un fauneInterprèté par Isaïas Jauregui.

Photographie : Cyrille Sabatier

calendrier 04ä05ä06

représentations en Franceje 06 avril Fumel Gnossiennes / Danses qu’on croise / Sonatine / Ballet Mécanique JEUNE PUBLIC

ve 07 avril Fumel Gnossiennes / Danses qu’on croise / Sonatine / Ballet Mécanique

ma 24 avril Oyonnax Casse-Noisette

ve 27 avril Nerac Casse-Noisette

lu 21 mai Biarritz Pulcinella JEUNE PUBLIC

ma 22 mai Biarritz Pulcinella JEUNE PUBLIC

sa 19 mai Biarritz Un hommage aux Ballets Russes

di 20 mai Biarritz Un hommage aux Ballets Russes

sa 30 juin Pointe-à-Pitre Gnossiennes / Danses qu’on croise / Sonatine / Ballet Mécanique

représentations transfrontalièresve 08 juin San Sebastian Gnossiennes / Danses qu’on croise / Sonatine / Ballet Mécanique

représentations à l’étrangerdi 29 avril Pontevedra ESPAGNE Gnossiennes / Danses qu’on croise / Sonatine / Ballet Mécanique

27,30,31 mai Madrid ESPAGNE Un hommage aux Ballets Russes1er,2 juin FESTIVAL INTERNATIONAL DE MADRID