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Presses Universitaires du Mirail El festín by Policarpo VARÓN Review by: Jacques Gilard Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 24, Numéro consacré à l'Uruguay (1975), pp. 111-114 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40850312 . Accessed: 16/06/2014 14:00 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.78.43 on Mon, 16 Jun 2014 14:00:11 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Numéro consacré à l'Uruguay || El festínby Policarpo VARÓN

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El festín by Policarpo VARÓNReview by: Jacques GilardCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 24, Numéro consacré à l'Uruguay (1975), pp.111-114Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40850312 .

Accessed: 16/06/2014 14:00

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COMPTES RENDUS 111

vées dans une nouvelle société plus respectueuse de la dignité humaine. Mais l'idéologie dominante est à ce point enracinée dans les mentalités qu'elle pervertit parfois ceux-là mêmes qui préten- dent servir la révolution. Et les difficultés économiques, sous l'Unité Populaire cette fois, avec les troubles et les restrictions qu'elles occasionnent, (« el paro de octobre, mas que paro fue una guerra sin balas », p. 14; « los repuestos están escaseando cada dia más porque no hay divisas », p. 28), ne provoqueront-elles pas bientôt des défec- tions parmi les marginaux et les petits-bourgeois déguisés en mili- tants du socialisme ?

Un roman antérieur de Poli Délano 0) soulignait déjà la confusion des valeurs qui caractérisait une certaine jeunesse de la capitale chi- lienne dans le contexte politique d'une élection présidentielle. Les contes de Cambio de mascara, avec une technique plus complexe, renouvellent l'interprétation critique de ce milieu urbain dont les contradictions ne sont que le reflet d'une crise plus générale, qui est celle d'une société et peut-être même celle d'une civilisation tout entière.

Maurice Fraysse.

Policarpo VARÓN. - El festin. - Medellin (Colombie), Ed. La Oveja Negra, 1973. - 87 p.

Ce recueil de huit contes assez brefs représente un apport appré- ciable à la literature colombienne d'aujourd'hui. C'est le premier volume publié par son auteur. Policarpo Varón (Ibagué, 1941), ayant fort peu publié à l'extérieur, était surtout connu pour une mention au prix Casa de las Americas 1970; en Colombie même, il se mani- festait plus souvent comme critique que comme créateur. L'appari- tion de ce recueil de contes modifie radicalement cet état de fait et situe Varón comme narrateur important.

Dès l'abord on note le rôle que joue dans le livre la culture litté- raire de l'auteur, et on a beau jeu d'énumérer les influences que l'on l'on peut reconnaître. Encore faut-il admettre aussitôt que ces influences sont assumées avec la rigueur et la clairvoyance du nar- rateur sûr de lui. Outre Borges et Rulfo, on mentionnera Garcia Marquez, même si cette référence presque mécanique doit paraî- tre irritante à la nouvelle génération de narrateurs de son pays: dès avant 1967, année de parution de Cien anos de soledad, Gar-

(1) Poli Délano, Cambalache, Santiago de Chile, Ed. Nascimento, 1968, 143 p. (Prémio Novela Municipalidad de Santiago 1969).

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cia Marquez pouvait constituer un pôle inévitable pour qui commen- çait à écrire dans la Colombie des années 60, ne serait-ce que parce que les villages de ses fictions (Macondo et « el pueblo ») proposaient déjà une évocation exemplaire de la réalité quotidienne de bien des villages du pays : le « macondisme », que Ton pourrait signaler dans beaucoup de romans et de contes colombiens de ces dernières années, n'est pas seulement le fait d'un mode. Dans le cas de Varón cepen- dant on pourrait avancer que l'exemple de Garcia Marquez a fini par être un pôle négatif dans la mesure où le jeune narrateur, à un certain moment, s'est mis à fuir les tentations et les possibles facili- tés de l'hallucination matérialisée et de la truculence. De cela un bon exemple nous est fourni par le conte qui donne son titre au recueil. La première version, publiée à Cuba (conte El festin dans le livre collectif Nueve cuentistas, La Havane, Casa de las Americas, 1970 - Collection Prémio - p. 51 à 63), permet de bien mesurer le chemin parcouru jusqu'à la forme définitive apparue dans le recueil qui nous occupe (p. lia 20). L'histoire racontée - un massa- cre absurde perpétré par la police dans un petit village, occasion d'un gigantesque festin de vautours - rappelle ou annonce un épisode fameux de Cien anos de soledad. Varón prend soin de prévenir toute attribution d'influence : il précise que son récit est de 1966, donc antérieur à la publication du livre de Garcia Marquez; c'est peut-être vrai pour la version initiale, publiée à La Havane, mais cela ne Test plus pour la version finale. Varón procède d'ailleurs autrement pour un conte remanié, lui aussi, après une première sortie en revue, Un hombre sin fe, dont la version définitive porte une date postérieure à celle de la première publication. La profondeur des change- ments formels et anecdotiques que Varón apporte aux textes qu'il reprend montre bien qu'il a voulu se défaire de l'encombrant par- rainage de Garcia Marquez - parrainage jamais recherché en vérité - , et permet aussi d'apprécier comment il a affiné et affirmé sa manière personnelle.

Les exigences formelles de Varón sont particulièrement sensibles dans les retouches portées au conte El festin, dont la première ver- sion était pourtant très attachante. En passant de l'édition cubaine à l'édition définitive, on constate d'abord l'abandon du langage vul- gaire ou familier au profit d'un niveau de langue plus moyen; ensuite, on remarque la suppression de la plupart des éléments para- sites qui ornaient - non sans charme - mais aussi alourdissaient le premier état du récit : ainsi disparaissent personnages secondaires, anecdotes superflues et digressions; enfin, on voit qu'ont été effacés les éléments scatologiques ou grandguignolesques qui donnaient au conte une tonalité « tremendista » très marquée. Au total, d'une

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COMPTES RENDUS 113

version à l'autre, le récit s'est dépouillé et le ton s'est fait plus neutre. Ces modifications formelles permettent de voir vers quelles normes esthétiques tend Varón. Mais El festin, à cause de son sujet très spectaculaire, reste un peu à l'écart du reste de sa production, et occupe une place un peu à part dans le recueil, comme l'écho d'une première époque que Varón a dépassée.

L'autre conte dont nous connaissons une version antérieure, Un hombre sin fe (cf. Boletin bibliográfico y cultural, Bogotá, Vol. XI n° 9, Sept. 1968, p. 122 à 125), permet de saisir en gros la même évo- lution formelle, plus ou moins nette selon les aspects, mais il nous semble plus riche du point de vue de l'évolution thématique qu'il a subie. Dans les transformations que révèle la version définitive du conte, on perçoit des préoccupations qui traversent tout le livre et lui donnent son unité. On voit que d'une version à l'autre Poli- carpo Varón a trouvé deux choses, ou que ces deux choses se sont imposées à lui : un lieu unique pour situer ses récits et un débat profond entre le souvenir et l'oubli. C'est ainsi que le village, appelé San Juan dans la première version, devient San Bernardo de los Vientos dans la deuxième. C'est dans un village ainsi appelé que se situent tous les contes du livre; San Bernardo de los Vientos pour- rait prendre place aux côtés de Macondo, Tambo ou Balandú, dans la géographie légendaire de la littérature colombienne. D'autre part, la maison du protagoniste de Un hombre sin fe se trouve, dans la deuxième version, affectée du nom de « El recuerdo » ; comme le per- sonnage succombe à la mort et à l'oubli, on voit ce que ce détail ajouté implique comme intentions chez l'auteur. Ces deux éléments nouveaux - une localisation unique et les ingratitudes de la mémoire populaire - nous semblent devoir être liés pour longtemps à l'auteur Varón. Fruit d'une quête que le relevé des retouches nous permet d'apprécier concrètement, ils sont aussi ce qui définit le mieux l'ensemble du livre et, au-delà, la manière et l'univers du nar- rateur.

Dans ce village constamment évoqué, lieu dramatique idéal et cadre social aisément apprehensible, les récits de Varón mettent en jeu le désespoir, la mort et l'oubli. Les habitants de ce monde primi- tif sont accablés de misères ou de malheurs dont ils ne cherchent guère à pénétrer le sens. Le bonheur et l'illusion sont inconnus alors que la frustration, amère ou résignée, est une réalité de chaque instant. La mort, naturelle, accidentelle ou violente, collective ou solitaire, plus que comme l'aboutissement fatal de la vie, apparaît comme l'indispensable complément d'existences étriquées, dérisoires ou misérables. Et la mort est souvent précédée par la solitude, parfois aussi par l'oubli qui, en tout cas, lui succède inévitablement; à San

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Bernardo de los Vientos, solitude et oubli joignent leurs propres ravages à ceux de la mort. Le narrateur est là pour restituer les monologues intérieurs de ceux qui n'osent pas parler, pour se substi- tuer à la mémoire collective défaillante, ou pour assister aux der- niers instants des solitaires. Cette obsession pour les vies et les pensées qui vont se perdre à jamais était déjà sensible dans des contes isolés, parus en revue, comme Jonas ou El último viernes de la guerra.

Il reste à préciser que El festin est à classer dans la littérature de la violence colombienne et que, parmi les œuvres que ce phéno- mène socio-politique a inspirées, il s'agit d'une réussite. Pour expli- quer ce fait, encore assez rare malgré l'importance et l'attrait du thème, on peut aussi bien penser à la force et à la cohérence des obsessions propres à l'auteur qu'à la façon dont il évoque la violence elle-même. En effet, pour exprimer le cataclysme moral vécu par les populations rurales du pays (et tout particulièrement par celles de sa région natale du Tolima, que l'on reconnaît sous des toponymes déformés), Varón a choisi de ne pas mettre en scène l'horreur immé- diate des tueries; il a préféré faire de la violence un arrière-fond ou un état d'esprit qui apparaît suggéré au détour d'une phrase. Le massacre absurde et irréel du conte El festin pourrait sembler aller en sens inverse; mais il s'agit d'une allégorie de la violence, et non d'une image fidèle de celle-ci. Abelardo, lé témoin du massacre des villageois et du festin des charognards, pourrait bien n'être qu'une représentation de Varón, survivant d'une catastrophe et chargé par le hasard ou le destin de porter au monde le récit du drame. On voit que ce conte violent trouve aussi sa place dans ce livre tout de suggestion et de demi-teinte : sans apparemment rap- peler des faits historiques que ses compatriotes n'ont pas fini de cacher ou de dénoncer, l'auteur fait ressurgir des fantasmes humbles et émouvants auxquels il prête une voix inspirée. Policarpo Varón est à la hauteur de son entreprise. La qualité de ce premier livre incite à souhaiter et attendre la parution d'une œuvre de plus grande envergure.

Jacques Gilard.

Plinio Apuleyo MENDOZA. - El desertor. - Caracas, Monte A vila Editores, 1974. - 163 p.

El desertor est le premier volume publié par Plinio Apuleyo Men- doza, important journaliste colombien, connu en Europe pour avoir dirigé la remarquable mais éphémère revue Libre. Ce livre devrait

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