Presses Universitaires du Mirail

Colombie. Editions du Seuil, collection Petite Planète, n° 42 by Jacques APRILE-GNISETReview by: Jacques GilardCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 18, Numéro consacré à Puerto Rico (1972),pp. 161-162Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851776 .

Accessed: 18/06/2014 17:19

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NOTES DE LECTURE 161

de quelques pages (0. Il ne serait guère étonnant de le voir enfin apparaître un jour prochain, sous sa forme originelle et définitive, du côté de Barcelone, de Caracas ou de Montevideo.

En attendant, signalons le dernier avatar de ce livre venu de loin : il vient d'être publié pour la première fois, mais en édition originale de langue française. Nous ne jugerons donc pas, et pour cause, de la traduction d'Anne-Marie Métailié. Tout au plus pouvons- nous en dire qu'elle semble sauvegarder la spontanéité de l'expres- sion populaire et éviter les académismes anémiants habituels de ce genre de transcriptions. Cela est d'autant plus méritoire que l'on connaît les difficultés énormes pour restituer dans notre langue une réalité qui lui est totalement étrangère.

Dans les onze récits qui constituent le recueil, nous retrouvons le Paraguay éternel et exotique, avec ses mythes et ses génies fami- liers tels le jasy-jateré, le kurupi ou le pombero; mais nous décou- vrons aussi, et surtout, un Paraguay plus actuel et trop souvent oublié : celui du poguasû, du pyragué et du tahachi, noms étranges qui, sous les chantantes sonorités guarani, cachent une réalité atroce. Ou, pour reprendre les termes de la présentation du livre :

« Mieux qu'une étude socio-politique, ces nouvelles nous font sentir le climat de violence sourde, de corruption, de peur, qui pèse sur la vie quotidienne; mais elles témoignent aussi du farouche désir d'humanité que rien ne peut arracher des entrailles des hommes. »

Soyons reconnaissants aux Editions du Cerf d'avoir rendu acces- sible au public français ce Pacte de sang. Nous reviendrons plus longuement sur cette œuvre lorsque paraîtra Ojo por diente, son édition espagnole. Ce qui, et c'est le vœu que nous faisons, ne saurait tarder.

Jean L. Andreu.

Jacques APRILE-GNISET. - Colombie. Paris, Editions du Seuil, collection Petite Planète, n° 42, 1971. - 189 p.

La Colombie étant assez négligée et, dans le meilleur des cas, envisagée selon des perspectives limitées, ce petit volume vient combler un vide dans l'édition française et, par cela même, mérite d'être connu.

En raison de sa géographie physique tourmentée, et de ses complexités climatiques et ethniques, la réalité colombienne est

(1) Voir C.M.H.L.B. (Caravelle), n° 17, 1971, pp. 195-198.

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162 C. de CARAVELLE

assez difficile à appréhender, et l'intérêt du livre réside dans la volonté de rendre sensible au lecteur cette variété extrême. L'auteur s'efforce d'atteindre et de suggérer une essence nationale à travers une multitude d'instantanés qui figent des fragments jugés, ou voulus, révélateurs de la vie quotidienne du pays; ces instantanés saisissent quelques aspects d'ordre sociologique (troisième chapitre, "La Colombie d'aujourd'hui"), les conduites individuelles (qua- trième chapitre, "Les mythes paralysants"), ou les paysages divers qui ont façonné des sensibilités régionales (cinquième chapitre, "Cartes postales en noir"). Si la démarche est, certes, justifiée, le résultat est quelque peu décevant : cette mosaïque de faits et d'impressions ne semble pas trouver son unité. L'auteur paraît vou- loir situer cette unité dans les vicissitudes historiques communes aux hommes de ces régions mal rattachées par une géographie capricieuse. Mais cette histoire du pays est fragmentée dans l'évo- cation <qu' en donne le livre, et - pour l'essentiel - dissociée en deux chapitres fort éloignés (le deuxième et le sixième, "Retour en arrière" et "A la recherche d'une autre Colombie"), ce qui en outre ne va pas sans redites ni sans lacunes. La violence, qui pouvait en effet fournir la clé de ce monde, est traitée en plusieurs dévelop- pements dispersés, et ses diverses sources, sa cause immédiate, ses séquelles multiples, tout cela est trop éparpillé tout au long du livre pour que le lecteur puisse se faire une idée claire des rapports de cette période avec l'évolution générale de la société et du pays. Tel est bien le reproche principal que l'on pourrait faire à ce livre : il est d'utilisation malaisée, et aucune des questions qu'il aborde ne peut y être saisie commodément ou rapidement, à moins de relire tout le volume, d'un bout à l'autre et attentivement. Quant à l'index final, on ne peut s'empêcher de le trouver superficiel et incomplet. On aura pu aussi relever au passage quelques insuffisances; citons par exemple l'absence de toute allusion à la culture précolombienne des Taironas de la Sierra Nevada, l'évocation plus que rapide du mouvement des « Comuneros », ou l'utilisation, sur la mort de J.E. Gaitán, de rumeurs publiques dont Germán Guzmán a pourtant révélé les limites ou les inexactitudes.

Au total, l'attrait du livre réside dans ses évocations au jour le jour de la vie des colombiens, ce qui semble être une des orienta- tions de la collection Petite Planète. Mais ce but atteint ne saurait faire oublier l'absence d'une synthèse réelle dans le livre qui nous occupe, synthèse dont l'ouvrage que Pierre Kalfon a consacré à l'Argentine donnait un bon exemple.

Jacques Gilard.

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