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Collaboration scientifique avec la Chine > Distinction Médaille d’argent CNRS à Orléans Micro scoop Numéro 45 JUIN 2004 LE JOURNAL DU EN DÉLÉGATION CENTRE-AUVERGNE-LIMOUSIN > Labo en direct Laboratoire de Mathématiques et Physique Théorique (Tours) > Vie des labos Des souris et des gènes au CDTA d’Orléans

Numéro JUIN 2004 MicroscoopJean-Claude Rifflet, CNRS Photothèque. Création graphique Enola Création > 02 38 76 96 35 Imprimeur Imprimerie Nouvelle ISSN 1247-844X Photo de couverture

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Page 1: Numéro JUIN 2004 MicroscoopJean-Claude Rifflet, CNRS Photothèque. Création graphique Enola Création > 02 38 76 96 35 Imprimeur Imprimerie Nouvelle ISSN 1247-844X Photo de couverture

Collaborationscientifiqueavec la Chine

>> DistinctionMédaille d’argent CNRSà Orléans

MicroscoopNuméro 45 JUIN 2004

LE JOURNAL DUEN DÉLÉGATION CENTRE-AUVERGNE-LIMOUSIN

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>> Vie des labosDes souris et des gènesau CDTA d’Orléans

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«Au-delà de la dimension du rêve et de l’imagi-naire vers laquelle nous aurons été entraînés,l’Homme se doit aussi de réfléchir, durant son par-cours, sur sa vocation de citoyen du monde.»

Comment ne pas faire référence à cette belle pen-sée de Gérard Mégie au moment où la nouvelle desa disparition nous a tous terriblement touché mêmesi nous le savions gravement malade. Nous espé-rions tellement son rétablissement, lui qui encoretrès récemment se mobilisait et participait active-ment au débat sur l’avenir du CNRS et sa place ausein de l’espace européen de larecherche. Le projet qu’il rédigeaavec Bernard Larrouturou, le direc-teur général, en est une preuve tangible, contribution ultime au service d’un établissement dont ilfut une figure marquante à la fois comme scientifique puis commePrésident ces dernières années.C’est avec beaucoup d’émotion queBernard Larrouturou très simplementlui a rendu hommage entouré d’ungrand nombre de personnes réunidans la peine le 8 juin dernier à ParisMichel-Ange.Personnalité de renommée inter-nationale dont l’humanisme et lecharisme étaient reconnus de lacommunauté tout entière, l’implication de GérardMégie dans le débat national va nous manquer cruel-lement. Le CNRS rend hommage à son président ensoulignant son engagement permanent pour déve-lopper le dialogue entre la science et la société.

Dialogue plus que nécessaire au moment où noustraversons une période agitée. En effet, nous som-mes en présence d’une crise bien plus profonde qu’iln’y paraît et qui renvoie aux rapports complexes entre l’attente sociale (de plus en plus sous-tenduepar une inquiétude face aux dégâts du progrès…)et la vision du monde que nous proposent les scien-tifiques à l’aune d’orientations politiques qui enga-gent l’avenir. Bref, le monde de la recherche scien-tifique est en ébullition, la crise aiguë du premiertrimestre a été circonscrite momentanément maisles questions de fond restent posées.

Les débats sont ouverts, la presse s’en est fait l’écho très largement. Le travail ne fait que com-mencé, la transformation de notre système de recher-che est indubitable. Plus de vingt ans après la loid’orientation et de programmation qui avait été précédée par des assises régionales et un colloquenational mobilisant des milliers d’acteurs, il esttemps d’engager la mutation.

Nous sommes en capacité d’être force de proposi-tions afin d’alimenter les réflexions dont l’issuedevrait en principe trouver sa concrétisation dansle projet de loi d’orientation et de programmationque le gouvernement s’est engagé à déposer devantle parlement à la fin de cette année. Dans «notreprojet pour le CNRS» Gérard Mégie et Bernard Larrouturou nous ont proposé des perspectives d’évolution et une organisation adaptée pour attein-dre des objectifs ambitieux, lesquels s’inscriventdans une approche globale du dispositif de recher-che national et européen. Sachons nous approprier

les éléments porteurs et sources deprogrès et nous mobiliser à tous lesniveaux de l’organisme pour dis-cuter la vision qui nous est propo-sée. La concertation doit être laplus large possible, l’ensemble despersonnels de notre établissementest concerné.

Les lieux d’échanges sont multiples.Les états généraux de la recherches’organisent dans la plupart desrégions. En région Centre notam-ment, après un colloque orléanaisqui s’est déroulé sur deux jours (les17 et 18 mai derniers), un forumrégional a été organisé à Blois le 11 juin et a réuni les acteurs et par-

tenaires de Tours et d’Orléans autour de « tablesrondes». Une synthèse est en cours de rédaction.

Dans les unités de recherche, des assemblées géné-rales se tiennent et produisent également des ana-lyses et des points de vue sur le projet CNRS. Cer-tains directeurs de départements scientifiques ontdéjà réuni leurs directeurs de laboratoire pour unejournée de réflexion autour de ce projet. Une foireaux questions est ouverte sur l’intranet du CNRSoù chacun peut s’exprimer et prendre connaissanceégalement du texte que Bernard Larrouturou a pré-senté au conseil d’administration du 24 juin der-nier qui fait le point sur le déroulement des travauxet apporte quelques précisions complémentaires.Enfin, Jean-Michel Lemaire1 a été nommé chargéde mission pour la préparation du plan stratégiqueet la mise en œuvre du projet de réforme du CNRS.

A la veille de choix et d’orientations qui doivent garan-tir la pérennisation d’une recherche de qualité réaf-firmons comme cela est mis en avant dans le projetdu CNRS que si l’organisme doit inscrire son actiondans le continuum «formation-recherche-innovation»,la connaissance a une valeur en soi et qu’à ce titre« l’implication de notre établissement dans la recherchefondamentale doit rester le socle de son activité».

2/ EDITORIAL

EEDDIITTOOMicroscoop

Numéro 45juin 2004

CNRS DélégationCentre-Auvergne-Limousin

3E, Avenuede la Recherche scientifique

45071 ORLEANS CEDEX 2Tél : 02 38 25 52 01Fax : 02 38 69 70 31

www.dr8.cnrs.frEmail :

[email protected]

Directeur de la publicationPhilippe Leconte (CNRS)

Rédactrice de la publicationDanièle Le Roscouët-Zelwer

(CNRS)Secrétaire de la publication

Florence Royer (CNRS)

Comité éditorialMaryse Blet-Lemarquand,

Pascal Brault,Marguerite Charlier

Jacques Charvet, Yan Chen, Dominique Cluzel,

Yves Combarnous, PhilippeCompain, Evelyne Dequéant,

Christian Di Giovani,Frédérique Duyrat, Denis

Escudier, Michel Faure,Claude Fougère, Iskender

Gökalp, Dunpin Hong,Elisabeth Lallier-Verges,

Michel Parrot, Laurent Robin Christophe Sinturel,

Marylène Vayer.

PhotographiesThierry Buquet,

Thierry Cantalupo,Odette Gary,

Jean-Claude Rifflet,CNRS Photothèque.

Création graphiqueEnola Création

> 02 38 76 96 35

ImprimeurImprimerie Nouvelle

ISSN 1247-844X

Photo de couvertureSteppe Mongole.

Philippe Leconte, Délégué régional

1 Jean-Michel Lemaire est professeur de mathématiques à l'université de Nice Sophia-Antipolis. Il a été DSA chargé des mathématiques au sein du départementSPM de 1993 à 1999 et chargé de mission auprès de la directrice générale, dans le cadre du plan CNRS-Avenir, de 2000 à 2001.

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SOMMAIRE /3> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

ÉvénementHommage à Gérard Mégie

Projet scientifiqueAFTUR : un programme européen

sur les turbines à gaz

Labo en directLaboratoire de Mathématiqueset Physique Théorique à Tours

Interview3 questions à Vladimir Yeremeyev

Vie des LabosDes souris et des gènes au CDTA d’Orléans

TechnologieDes composites polymères proches de nous

Collaboration scientifiqueLa Lacune sismique de la faille de Haiyuan en Chine:

un exemple de coopération dans le cadre du risque sismiqueL’Institut des Sciences de la Terre d’Orléans et la Chine :

quinze ans de collaboration au service de la géologie de l’Asie centraleLes satellites...

Des collaborations chinoises fructueuses au GREMI

ÉvénementUn nouvel axe fort sur le campus orléanais :

la Fédération de recherche “Physique et chimie du vivant” du CNRS

DistinctionsLe cristal du CNRS

Une médaille de bronze à Clermont-FerrandUne médaille d’argent à Orléans

DossierLes jeunes à la rencontre des scientifiques du CNRS

Rencontre avecRencontre en musique avec Philippe Vendrix

Colloque“Le roi et l’économie : Structures royales et autonomies locales

dans l’économie de l’empire séleucide”

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4/ EV

> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

Président du CNRS depuis novembre2000, Gérard Mégie a lancé une impor-tante réflexion stratégique qui a per-mis l’élaboration du “Projet d’établis-sement”, sur lequel reposait le premiercontrat d’action pluriannuel du CNRSsigné avec l’Etat en mars 2002. Sousson impulsion, le conseil d’administra-tion du CNRS a adopté, en juin 2003,une prise de position publique expri-mant les inquiétudes du conseil face àla situation financière précaire de l’é-tablissement. En mars 2004, GérardMégie a présenté avec Bernard Larrou-turou, directeur général du CNRS, leur“Projet pour le CNRS”, qui permettra àl’organisme d’évoluer en profondeur, etqui constitue une importante contribu-tion au débat actuel sur l’avenir de larecherche française.

Acteur de la construction de l’Espaceeuropéen de la recherche, Gérard Mégieest l’initiateur du colloque “Europe dela recherche : objectif 2010” que leCNRS organise les 8 et 9 juillet pro-chains, à Paris. Profondément engagéen faveur du développement du dialo-gue entre la science et la société, il estaussi à l’origine de la refondation en2002 du Comité d’éthique du CNRS.

Pour Bernard Larrouturou, «GérardMégie était un scientifique de renom-mée mondiale, et aussi un homme degrande culture, humaniste et pédago-gue, apprécié de tous pour son ouver-ture d’esprit, sa rigueur intellectuelle et sa finesse d’analyse. Faisant preuved’une constante attention aux autres,toujours accompagnée de chaleur et desimplicité, Gérard Mégie laisse dans la

communauté scientifique de très nom-breux amis. Son départ laisse à la têtedu CNRS un vide très douloureux».

Un grand spécialistede l’atmosphère et du climatLes recherches de Gérard Mégie en physique et chimie de l’atmosphère ter-restre l’ont conduit à jouer un rôle pri-mordial dans l’étude de l’ozone stratos-phérique. Ses principaux travaux ontconcerné le développement de méthodesde mesures originales des variablesatmosphériques par sondage laser et lamodélisation de la variabilité naturelle de l’ozone et de son évolution sous l’influence des activités humaines.Il a participé à la mise en oeuvre de nombreux moyens d’observation de l’at-mosphère depuis le sol et différentes pla-tes-formes embarquées (avion, ballon,satellite) et coordonné plusieurs campa-

gnes d’étude de l’ozone dans les régionspolaires, arctiques et antarctiques. Il aégalement travaillé sur les liens entrel’évolution de la composition chimiquede l’atmosphère et les problèmes de chan-gement climatique, ainsi que sur leursimpacts économiques et sociaux.

De 1989 à 1991, Gérard Mégie a étédirecteur scientifique des sciences de laTerre et de l’Univers à la direction de larecherche et des études doctorales duministère de l’Education nationale. En saqualité d’enseignant-chercheur soucieuxde l’insertion des étudiants et de l’har-monisation européenne et internationa-le des diplômes, Gérard Mégie a contri-bué à inspirer l’élaboration de la réformedu LMD (Licence, Master, Doctorat) ets’employait à sa mise en œuvre, en don-nant vie notamment au concept d’écoledoctorale.

> Événement

HHOOMMMMAAGGEE ÀÀ GGÉÉRRAARRDD MMÉÉGGIIEEC'est avec une très grande émotion et une profonde tristesse que le CNRS a appris le décès de Gérard Mégie,son président en exercice, le 5 juin 2004, à l'âge de 58 ans, des suites d'une longue maladie.

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Flamme de Kérozène

Turbo réacteur

Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

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AFTUR réunit un consortium européende 22 partenaires pour la caractérisa-tion de combustibles alternatifs dansles turbines à gaz stationnaires ditesindustrielles. Celles-ci, utilisées pour laco-génération de l’électricité et de lachaleur jusqu’à 50 MW, sont appeléesà jouer un rôle essentiel dans la pro-duction décentralisée de l’énergie pourles décennies futures.

Le programme AFTURa deux objectifs principaux :

faire fonctionner les chambres decombustion des turbines avec desmélanges pauvres en combustible, parexemple en gaz naturel. La flamme obte-nue à température modérée est cepen-dant suffisante pour générer la puis-sance souhaitée. Il est ainsi possiblede diminuer à la fois la consommationdes hydrocarbures et donc les émissionsde gaz carbonique, mais aussi celles des

oxydes d’azote qui augmentent avec latempérature de la flamme. Ces flammesnécessitent un contrôle accru de leurstabilité et limites d’extinction.

faire fonctionner les turbines exis-tantes avec des combustibles enrichisen hydrogène. Il est également prévud’utiliser des combustibles hydrogénésprovenant de diverses sources commela gazéification de la biomasse.

Trois constructeurs de turbines à gaz, TURBOMECA (Groupe SNECMA), Siemens,Nuovo Pignone (Groupe General Elec-tric), ainsi que l’Institut Français duPétrole (IFP), participent au program-me AFTUR. AUXITROL, autre membredu CNRT “Propulsion du Futur”, en estégalement partenaire. Une quinzained’instituts de recherche et d’universitéseuropéens sont les autres partenaires

de ce programme d’un budget total de7 millions d’euros.L’une des opérations prioritaires duCNRT “Propulsion du Futur” est dedévelopper, sur le site de Subdray-Bour-ges de ROXEL France, une importanteinstallation de chambre de combustionpour turbines à gaz, stationnaires etaéronautiques. Elle permettrait de con-solider les études du type de cellesconduites dans le projet AFTUR. Cesétudes sont menées dans des conditionsde pression, température et débit decombustibles aussi proches que possi-ble de celles des turbines à gaz. La réali-sation de cette installation permettra auCNRT “Propulsion du Futur” de jouerun rôle de premier plan au sein des pro-grammes européens.

Iskender GÖKALP > [email protected]

Projet scientifique <

AAFFTTUURR :: un programme européen sur les turbines à gaz

AFTUR (Alternative Fuels for Industrial Gas Turbines) : un programme de la Commission Européenne coordonnépar le Laboratoire de Combustion et Systèmes Réactifs (LCSR – UPR 4211), un des laboratoires du CNRS d’Orléansmembre du Centre National de Recherches et Technologies (CNRT) “Propulsion du Futur” et du Pôle “Energétique,Propulsion, Espace, Environnement” (EPEE).

© CRANFIELD University

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Une surface minimale àtopologie non triviale :l’hélicoïde de genre 2.

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> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

Les recherches s’organisent autour de 5 thèmes et d’un “pôle CNRS” “simu-lation numérique en relativité généra-le et théorie des champs”, en collabo-ration avec le laboratoire de l’Universet de ses Théories (LUTH) de Meudon(UMR 8102 CNRS-Université de ParisVII). Ce pôle a pour responsables PeterForgacs (Tours) et Eric Gourgoulhon(Meudon) ; il constitue l’une des prin-cipales orientations du laboratoire (re-crutement et d’investissement) et estappelé à avoir une large visibilité natio-nale et internationale.

Analyse non linéaireet applications, systèmes dynamiques L’effet “aile de papillon” prédit qu’unbattement d’aile de l’insecte à Pékinpeut changer la météo à Paris le len-demain. On observe de tels paradoxesde non-proportionnalité des causes etdes effets, généralement de manièremoins spectaculaire, dans de nombreuxphénomènes naturels ou de société.La modélisation* de tels phénomènesconduit à des équations différentiellesnon linéaires dont l’étude est l’objectifde recherche de cette équipe.

> Labo en direct

LLAABBOORRAATTOOIIRREE de Mathématiqueset Physique Théorique à Tours

Dirigé conjointement par unmathématicien, Guy Barles

et un physicien, Peter Forgacs,le Laboratoire de Mathématiques

et Physique Théorique (UMR 6083,CNRS-Université de Tours) comprend

39 enseignants-chercheurs, undirecteur de recherche et deux

chargés de recherche. L’originalitéde ce laboratoire est sa structurepluridisciplinaire Mathématiques

et Physique Théorique : la seule autreUMR avec une structure identiqueest l’Institut Non Linéaire de Nice

Sophia Antipolis (UMR 6618, CNRS-Université de Nice Sophia Antipolis).

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Le Professeur Piotr T.Chrusciel, chercheur auLaboratoire, s’est vudécerner le prix Plumey parl’Académie des Sciencesen octobre 2003 pourl’ensemble de ses travaux.Ce prix prestigieux, quirécompensait à l’originedes travaux contribuantaux progrès des machinesà vapeur, couronnemaintenant des travaux derecherches dans ledomaine des sciencesmécaniques.

Trajectoires de particulescréées par une collisionélectron-électron.

Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

LD /7

Des applications très différentes peu-vent conduire à la même équation, cequi justifie le rôle transversal et univer-sel des Mathématiques et leur intérêt.Par exemple, les mêmes équations sontutilisées en traitement d’images et pourl’étude des transitions de phases desmatériaux.On appelle systèmes “dynamiques” dessystèmes en mouvement (par opposi-tion à “statiques”). Leur étude est d’unintérêt majeur : elle vise à prédire com-ment ils bougent, à expliquer pourquoi,voire à indiquer comment influencerleurs évolutions. Beaucoup d’applica-tions peuvent être citées : évolutions des populations animales, cours de labourse, fonte d’un glaçon dans l’eau,guidage de satellites...Un exemple fondamental de systèmedynamique est le système solaire. Est-il stable ? Voilà une question qui inté-resse tout autant le grand public que lesscientifiques.

Probabilité et théorie ergodiqueCet axe se définit comme la rencontreentre la théorie mathématique du hasardet les systèmes dynamiques. Les appli-cations du Calcul des Probabilités sonttrès nombreuses, pour décrire des phé-nomènes liés au hasard, pour détermi-ner quelle part de hasard entre dans unphénomène observé, pour établir des pré-visions sur l’évolution des systèmes aléa-toires ou chaotiques. Les modèles pro-babilistes sont omniprésents en biologie,démographie, économie, finance…La théorie ergodique est née de la ciné-matique des gaz : relier le mouvementmicroscopique des molécules aux obs-ervations macroscopiques. Les notionsde moyenne, de mélange et d’entropiey sont centrales. «Combien de tours decuiller seront nécessaires pour homo-généiser votre mélange de vodka, ver-mouth, jus d’orange et champagne ?»

Géométrie riemannienneRiemann, mathématicien allemand du19e siècle, fit progresser de nombreu-ses branches des mathématiques.La géométrie riemannienne donne un

cadre unifié pour les géométries eucli-diennes et non-euclidiennes (un pos-tulat de la géométrie euclidienne énon-ce que par un point extérieur à unedroite, on ne peut mener qu’une seuleparallèle à cette droite, les géométriesnon-euclidiennes sont basées sur despostulats différents). La géométrie rie-mannienne permet par exemple de ren-dre compte de la structure de l’espace-temps au voisinage d’astres très massifs.

Les recherches menées au sein de cet-te thématique sont toutes consacréesaux propriétés métriques des surfaceset autres “variétés riemanniennes”. Uneillustration de ces recherches pourraitêtre : «Peut-on entendre la forme d’untambour ?». Lorsque l’on tape sur untambour, on entend des harmoniques,sons dont la fréquence est caractéris-tique de la surface qui vibre. Ces har-moniques sont appelées “valeurs prop-res”. La question est de savoir si l’onest capable de reconstituer la forme d’u-ne surface connaissant ses valeurs pro-pres, ou encore de déterminer les for-

mes qui produisent les valeurs propresles plus grandes ou les plus petites. D’autres recherches ont pour but dedéterminer quelle organisation de lamatière possède une énergie minimale :la forme des bulles ou des films de savonen est un exemple. Les géomètres duLMPT explorent les propriétés géomé-triques de telles surfaces.

Relativité générale et cosmologieLa relativité générale décrite par Einsteinen 1915 est la théorie relativiste de lagravitation dont les effets sont décrits parla géométrie de l’espace-temps. Elle per-met de décrire aussi bien l’infinimentgrand que des phénomènes qui ont lieuà notre échelle. Un exemple frappantest le système de navigation GPS, où laprise en compte des effets prédits parla théorie d’Einstein est indispensableà l’interprétation des indications four-nies par ce système. Un autre exempleest la cosmologie, qui est la science del’Univers dans son ensemble.

Quand la recherche fondamentale développe des applicationsPour favoriser des interactions pluridisciplinaires et renforcer une collabo-ration entre les universités d’Orléans et de Tours, un plan pluri-formation(PPF) vient d’être créé sur le thème "modélisation et simulation". Il a pourresponsables Stéphane Cordier à Orléans et Guy Barles à Tours.

*La modélisation consiste à transformer un phénomène réel en équationsmathématiques ; la simulation est la résolution de ces équations par l’or-dinateur. Le rôle des mathématiciens est la mise au point des algorithmesqui rendent possibles les calculs par ordinateurs.

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Déformation de l’espace-temps autour d’un corps

gravitant.

> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

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Les recherches menées au sein du labo-ratoire concilient les approches mathé-matiques et physiques de cette théo-rie. Par exemple, un trou noir est unezone de l’espace d’où la lumière ne peuts’échapper. Il pourrait résulter de l’ef-fondrement gravitationnel d’une étoiledont la masse est suffisamment gran-de. Par définition, un trou noir n’est pasvisible directement puisqu’il n’émet pasde lumière. Par contre, il peut être détec-té de façon indirecte, dans la mesure oùil modifie la géométrie de son environ-nement. Les études ayant trait aux trousnoirs concourent à améliorer notre com-préhension de l’espace-temps.

Une autre conséquence importante dela relativité générale, dont certainsaspects sont étudiés au laboratoire, estla prédiction d’ondes gravitationnelles.Ce phénomène correspond à des “ondu-

lations” de l’espace-temps qui se pro-pagent à la vitesse de la lumière. Desdétecteurs d’ondes gravitationnelles sonten cours d’achèvement dans plusieurspays (la France participe au projet Virgo) et les premiers résultats sontattendus dans un avenir proche.

Théorie des champset systèmes intégrablesLa théorie de champs quantifiés cons-titue le cadre le plus efficace pour décri-re la matière à l’échelle la plus petite,où elle est faite de quarks et de leptons.Les forces entre ces constituants sontdécrites à leur tour par l’échange d’au-tres particules (par exemple le photonpour l’électromagnétisme). Il y a quatretypes : la force électromagnétique, laforce faible (responsable pour la radio-activité) la force forte (qui tient lesnoyaux) et la force gravitationnelle, laplus mystérieuse de toutes.

Jusqu’à présent on peut décrire les troispremières dans un schéma commun. Unpremier pas pour inclure la gravitationdans un schéma commun avec les aut-res forces est la théorie des cordes. Com-pléter ce schéma est un défi pour la phy-sique contemporaine. Les techniques desystèmes intégrables semblent offrir uncadre particulièrement approprié pourmener certains calculs concrets dans cedernier cas. Les simulations numériques

à grande échelle permettent à leur tourl’étude de cas qui dépassent le pouvoirdes calculs analytiques.

Pôle numérique CNRS “simulationnumérique en relativité générale et théoriedes champs”Le laboratoire fait partie d’un pôle numé-rique CNRS auquel participe égalementl’Observatoire de Meudon. Cette colla-boration a pour but de développer desméthodes numériques permettant derésoudre, grâce a l’informatique, leséquations complexes intervenant aussibien en relativité générale qu’en théo-rie des champs.

Des méthodes efficaces et précises ontété mises au point depuis de quelquesannées. Elles ont en particulier permisde calculer des configurations relati-vistes de trous noirs binaires, calculsayant des répercussions importantesdans le contexte de la détection pro-chaine des ondes gravitationnelles.L’aspect “théorie des champs” est plusjeune mais les premiers résultats sontdéjà très prometteurs. //////////Propos recueillis par Maryse BLET-LEMARQUANDet Claude FOUGERE

> Labo en direct

Rayonnement scientifique du laboratoireLIVRE de Claude Barrabès (chercheur du laboratoire) et Peter. A. Hogan :«Singular Null Hypersurfaces in General Relativity» ed. World Scientific(2004).

Des signaux impulsifs de type lumière sont produits lors de phénomènes cata-clysmiques (supernovae, collisions d’étoiles...) et sont généralement consti-tués d’une onde gravitationnelle impulsive et d’une couche de matière nul-le. Ce livre présente la théorie mathématique de ces signaux ainsi que diversexemples en astrophysique et cosmologie.

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STUDIUM ® : agencerégionale de recherche etd’accueil international dechercheurs associés.Contact :[email protected] FAUQUEMBERGUE

Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

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Vladimir Yeremeyev, vous êtes immuno-généticien, quelles ont été les motivationsqui vous ont conduit vers une carrièrescientifique en biologie?Lorsque j’étais adolescent dans lesannées 1970, la science était vraimenttrès populaire en Russie. Je me souviensque mon livre préféré à l’époque étaitune encyclopédie illustrée d’Alfred E. Brehm en quatre volumes qui trai-tait de la vie des animaux. De plus monpère était médecin et cela m’a sans dou-te beaucoup influencé. Je n’avais pasla vocation pour ce métier mais j’étaistrès attiré par la biologie. A vingt ans,je me suis inscrit dans une nouvellefaculté à Moscou (The Pirogov’s secondMoscow Medical Institute) dont le butoriginal était de combiner la médecineet la recherche fondamentale dans desdomaines tels que la biophysique et lacybernétique. J’ai par la suite obtenuun diplôme en médecine (niveau Mas-ter) et un doctorat en immunologie. Jetravaille depuis à l’Institut Central surla Tuberculose à Moscou. La rechercheest vraiment un métier passionnant oùl’on peut satisfaire sa curiosité et ten-ter de répondre aux questions que l’on

se pose tout en faisant progresser lesconnaissances.

Vous êtes actuellement chercheur asso-cié STUDIUM ® à Orléans, pouvez-vousnous parler de vos projets de recherche?Mes thématiques de recherche concer-nent la tuberculose. Cette maladie estun problème de santé d’envergure inter-nationale qui est la cause de plus duquart des décès évitables chez les adul-tes dans les pays en voie de dévelop-pement. Huit à douze millions de per-sonnes sont contaminés chaque année.Mon objectif est de comprendre plusparticulièrement les mécanismes fon-damentaux qui gouvernent l’immunisa-tion d’un organisme contre cette maladie.Je travaille actuellement avec des sou-ris génétiquement modifiées à qui ilmanque par exemple un récepteur iden-tifiant l’agent infectieux de la tubercu-lose (Mycobacterium tuberculosis) ouune protéine clé pour l’immunisationcomme MyD88. Nous injectons un vac-cin à ces souris puis nous les infectonset ensuite nous faisons des prélèvementsde cellules afin d’évaluer leur niveau deprotection contre la tuberculose.

Ces études nous permettent d’identi-fier et de comprendre le rôle des diffé-rentes molécules biologiques impliquéesdans la réponse immunitaire. Travaillerà l’institut de transgénose est un atoutpour ce type de recherche car les col-lections de souris présentant une défi-cience génétique donnée sont très impor-tantes. Ces souris sont pour nous autantde modèles vivants qui nous permet-tent de faire progresser nos recherches.

En dehors de cet intérêt scientifique,que vous apporte votre séjour à Orléans ? Ce séjour orléanais m’apporte énormé-ment de choses sur le plan personnel ethumain. J’ai effectué toute ma carrièreà Moscou et en dehors d’un séjour à Lon-dres de deux mois, je n’étais jamais res-té longtemps dans un pays étranger. C’estpour cela que j’avais très envie d’uneexpérience comme celle-ci à ce stade de ma carrière et que l’offre d’un posteSTUDIUM ® est arrivé avec un parfait“timing”. Ce séjour est pour moi l’occa-sion d’apprendre votre langue, que jen’avais pas étudiée lorsque j’étais à l’é-cole, et de mieux comprendre votre pays.Au niveau des systèmes de recherchepar exemple, la science en Russie estbeaucoup plus concentrée et la majeu-re partie des laboratoires se trouve dansquelques grandes villes comme Moscouou St -Petersbourg. Il me semble aussiqu’il est beaucoup plus difficile d’ob-tenir un poste en recherche académiqueen France. Le STUDIUM ® est une struc-ture originale qui m’a donné l’opportu-nité de rencontrer de nombreux cher-cheurs de différents pays et d’horizonsscientifiques variés. Lors de mon retouren Russie, où je poursuivrai mes recher-ches sur la tuberculose, je serai richede tous ces contacts scientifiques etde tous ces échanges. Je crois qu’il y a une sorte de langage international entre les chercheurs. J’ai parfois plus de facilité à parler avecun scientifique étranger qu’à comprendrel’un de mes compatriotes russes !

Propos recueillis et traduits de l’anglaispar Philippe COMPAIN

Interview <

Chercheur associé STUDIUM ®

au Laboratoire d’Immunologie et Embryologie Moléculaire (FRE 2815)

33 QQUUEESSTTIIOONNSS ÀÀVladimir Yeremeyev

>> Lien utile http://lestudium.cnrs-orleans.fr

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La recherche biomédicale et la recher-che fondamentale ont besoin de la sou-ris comme modèle car c’est le seul ani-mal chez qui l’introduction de mutationspar recombinaison homologue est prati-quée à grande échelle dans des labora-toires du monde entier. Il est nécessairede maintenir et d’élever ces animaux nonseulement pour conserver le patrimoinescientifique acquis mais également pourl’enrichir et le partager. L’Unité Proprede Service UPS44 du CNRS a pour mis-sion de produire et d’archiver des sourismutantes utilisées comme modèles bio-logiques. Cette UPS est constituée de

deux services complémentaires l’un àOrléans (CDTA : Centre de Distribution,Typage et Archivage animal), l’autre àVillejuif (SEAT : Service d’Expérimenta-tion Animale et de Transgénèse). Le CDTAqui regroupe une quarantaine d’agentsdu CNRS constitue le cœur de l’Institutde Transgénose sur le campus CNRSd’Orléans. Cet Institut regroupe égale-ment des équipes de recherche dont lesaxes de recherche (biologie du dévelop-pement et immunité anti-infectieuse)s’appuient sur la puissance des modèlesgénétiques de souris transgéniques. Entant qu’unité de Service du CNRS, le

CDTA s’attache grâce au soutien cons-tant du Département des Sciences de laVie, à faire bénéficier l’ensemble de lacommunauté des biologistes souhaitantutiliser les modèles de souris transgé-niques. A cet égard, le CDTA est devenuune “plateforme RIO*” et ses activitéssont supervisées par un Comité Scienti-fique des Utilisateurs (CSU).

Elevage contrôléLes souris sont maintenues dans desconditions environnementales et sani-taires définies par des normes très stric-tes. Tout d’abord les locaux et les condi-

> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

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> Vie des Labos

DDEESS SSOOUURRIISS EETT DDEESS GGÈÈNNEESS au CDTA d’Orléans

Implantée sur le campus du CNRS d’Orléans, une animalerie ultra moderne de plus de 1200 m2 offre à la communautéscientifique de très nombreux services. Le Centre de Distribution,Typage et Archivage Animal (CDTA) animé par Jean-Pierre Regnault appartient à l’Unité propre de Service UPS44 “Transgénèse et Archivage d’Animaux Modèles” (TAAM)dirigée par Yves Combarnous. Le CDTA héberge plus de 35 000 souris appartenant à près d’un millier de lignéesdifférentes. Il répond ainsi aux besoins sans cesse croissants de connaissances fondamentales sur les gènes desMammifères et de développement de modèles pertinents de pathologies de pathologies humaines d’origine génétique.

Il existe cinq sortesd’isolateurs :

– les isolateurs dequarantaine qui

hébergent des animaux enattente de contrôle

sanitaire– les isolateurs rigides

pour des animaux avec unstatut EOPS

– les isolateurs pouranimaux axéniques(dépourvus de tous

germes)– les isolateurs de souris

gnotoxéniques– les isolateurs dethérapie génétique

Tests bactériologiqueseffectués chaque annéesur plus de 1 000 souris

provenant du CDTA et plusde 2 000 de laboratoires

extérieurs.

* RIO : RegroupementInter-Organismes

La transgénèse

2

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Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

VL /11

tions d’élevage sont agréés périodique-ment par les services vétérinaires com-pétents. De plus, les agents ont suiviune formation spécialisée pour obtenirune autorisation de travailler avec lesanimaux. A Orléans, plusieurs statutsd’élevage sont disponibles. Tous les élevages sont strictement contrôlés auniveau sanitaire et génétique et répon-dent aux besoins particuliers des diver-ses lignées de souris. Par exemple, dessouris mutantes avec des déficiencespartielles ou totales du système immu-nitaire sont des modèles de pathologiesd’immunodéficience et nécessitent desconditions d’élevage extrêmement stric-tes sans aucun agent pathogène.

Contrôles sanitairesLa conservation des souris “respirantes”(c’est-à-dire en élevage), qu’elles pro-viennent de laboratoires extérieurs ou dusite, impose un contrôle sanitaire per-mettant de veiller au maintien du statutEOPS (Exempts d’Organismes Pathogè-nes Spécifiés dans une liste officielleFELASA). Le CDTA soumet donc les sou-ris à des tests bactériologiques et para-sitologiques systématiques tandis que lesexamens virologiques sont réalisés en col-laboration avec le Centre de Référencesde l’ICLAS (International Council for Labo-ratory Animal Science) aux Pays-Bas.

Contrôles génétiquesLe laboratoire s’attache également àveiller à la conservation des différentsfonds génétiques de ses animaux car ils

influencent souvent grandement l’ex-pression des phénotypes induits par lasurexpression ou l’invalidation (KO) degènes spécifiques. C’est à ce stade qu’in-terviennent des tests de plus en plus puis-sants de biologie moléculaire (PCR, micro-satellites, ELISA, Speed-Congenic..).

Décontamination – cryoconservationLe CDTA procède aussi à la décontami-nation des souris transgéniques oumutantes par transfert d’embryons et parcésarienne. Après décontamination, ceslignées de souris sont élevées dans desanimaleries à deux niveaux : en isola-teurs, en cages ventilées ou/et en sallesEOPS. Pour préserver la diversité géné-tique, la cryoconservation permet deconserver à long terme, dans l’azote liqui-de, des embryons de différentes lignéestransgéniques ou mutantes. Aujourd’hui,le laboratoire détient une banque de plusde 300 lignées d’embryons congelés. Lacryoconservation de sperme de souris,en vue de la fécondation in vitro (FIV)dans cette espèce, est mise en placeau CDTA pour faliciter la conservationdes lignées mutantes. Le CDTA, grâce àdes financements du BRG (Bureau desRessources Génétiques) et, depuis 1996et de la Communauté Européenne auxlaboratoires du réseau “EMMA*”, effec-tue gratuitement la cryoconservation de lignées sélectionnées.

TrangénèsePour les chercheurs du site, le CDTAréalise par trangénèse la création de nou-

velles mutations chez la souris. Pour lesautres chercheurs, la transgénèse estréalisée en association avec le SEAT(Service d’Expérimentation Animale etde Trangénèse) à Villejuif.

Imagerie du petit animal**Sous la direction d’Alain LE PAPE,Directeur de recherche au CNRS, un ser-vice d’imagerie a été implanté au CDTAen 2003 avec pour mission de répon-dre aux besoins des chercheurs pour lephénotypage et l’exploration fonction-nelle de rongeurs. **Un article lui sera consacré dans un pro-

chain Microscoop.

Contact : Yves COMBARNOUS> [email protected]

*EMMA, European Mouse Mutant Archive, a pour voca-

tion de conserver et de distribuer des lignées de souris

transgéniques en Europe et dans le reste du Monde.

Ce réseau regroupe plusieurs institutions de recherche

en Europe : CNR, Monterotondo (Italie) ; CNRS, Orléans

(France) ; MRC, Mammalian Genetics Unit, Harwell (GB) ;

Karolinska Institute, Stockholm (Suède) ; Gulbenkian

Institute, Oeiras (Portugal) ; GSF, Institute of Experi-

mental Genetics, Munich (Allemagne) ; EBI, Hinxton (GB).

>> Pour plus d’informations sur les missions du laboratoire, consulter le site : http://cdta.cnrs-orleans.fr/site/index2.htm

LEXIQUEMutation : Modification dela séquence d’ADN d’ungène pouvant,éventuellement, conduire àune altération duphénotype.Génotype : Ensemble desgènes d’un individu. Phénotype :Caractéristiquesmorphologiques etphysiologiques d’unindividu.Phénotypage : Mise enévidence d’unecaractéristiquephénotypique particulièred’une lignée suite à unemutation naturelle ouinduite.Transgénèse : Introductiond’un gène exogène dans legénome d’un individu.Fond génétique : Génotyped’une lignée de sourisinfluençant la fonction dechacun de ses gènes(endogènes ou exogènes).Invalidation génique (KO) :Mutation spécifique d’ungène pour étudier, in vivo,les conséquences de soninactivation.Recombinaison :« Copier/Coller » desegments d’ADNpermettant l’introductionou l’élimination de gènesdans le génome. Cage ventilée : Cagehermétique dont l’air estfiltré pour protéger lessouris desmicroorganismes.

La cryoconservation

Histologie

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Une matrice organique minoritaire gouvernant des propriétés essentiellesCes matériaux composites associent unematrice organique polymère thermodur-cissable servant de liant, un renfort fib-reux (environ 20 %) et des charges miné-

rales (environ 60%). Les matériaux ain-si constitués sont mis en forme de maniè-re irréversible par chauffage. Bien quene représentant qu’une faible part dansle matériau, la partie organique condi-tionne très largement bon nombre de pro-

priétés. Dans ce cadre, le laboratoire s’estparticulièrement intéressé aux proprié-tés d’aspect (brillance) et de dimen-sionnement.

La partie organique est composée d’unpré-polymère polyester insaturé (com-portant des doubles liaisons) en solutiondans le styrène (agent de réticulation). Lemoulage réalisé à 140 °C permet d’ob-tenir un réseau rigide tridimensionnel dechaînes polymères. La réticulation deschaînes de polyester insaturé est obtenuegrâce au styrène et fait intervenir une réac-tion radicalaire en chaîne amorcée par ladécomposition thermique de peroxyde.Cette réticulation s’accompagne d’unediminution de volume (appelée retrait)(10%) due à la diminution de l’encom-brement stérique. Si ce retrait n’est pascompensé, il provoque un gauchissement,une mise sous contraintes et un mau-vais dimensionnement des pièces. Afinde pallier ce problème, un polymèrethermoplastique est ajouté au système.On obtient alors au final un matériau avecune porosité (2 à 6%) qui permet de com-penser partiellement le retrait.La démarche du laboratoire est de comprendre les phénomènes physico-chimiques associés à la réticulation dece système complexe pour mieux en maî-triser les propriétés finales. Il a en par-

> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

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> Technologie

DDEESS CCOOMMPPOOSSIITTEESS PPOOLLYYMMÈÈRREESSproches de nous

Le réseau de particulesvu au microscope

à balayage.

Mise en évidence de laporosité par microscopie

électronique àtransmission.

Dans la vie de tous les jours, nous utilisons souvent sans le savoirde nombreux matériaux composites à base de polymères thermodurcissablesde type polyester insaturé qui allient légèreté, résistance à la corrosion, libertédes formes et des coloris, et résistance mécanique pour un coût intéressant.Mais que fabriquent-on avec ces matériaux si courants ?Des optiques de phare pour automobiles, des pièces à usage domestiquecomme des plateaux, des baignoires, ou encore des équipements de sportet loisirs, par exemple des coques de bateau. Ces pièces sont obtenuessoit par injection, soit par moulage par compression. Une équipe du Centrede Recherches sur la Matière Divisée d’Orléans (CRMD – UMR 6619CNRS/Université d’Orléans) mène en partenariat avec la société Menzolitbasée à Vineuil (41) depuis plusieurs années, une action de rechercheportant sur les phénomènes physico-chimiques accompagnant l’élaborationde composites polymères. Le but ultime en est la maîtrise des propriétésd’usage (aspect de surface, dimensionnement, résistance mécanique,maîtrise des composés organiques volatiles).

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TEC /13

ticulier montré que l’addition du poly-mère thermoplastique (qui ne participepas à la réticulation) permet d’induire uneséparation de phase (démixtion) entre unephase riche en polymère thermoplastiqueet une phase riche en polyester insaturé.C’est la formation d’entités de masse deplus en plus grosse au cours de la réti-culation qui provoque la démixtion.La nature de l’interface créée entre lesdeux phases est alors essentielle car elledétermine la résistance à la formation deporosité interne. L’étude de cette sépa-ration de phase et des interfaces crééesest menée par diffusion centrale de lalumière, des rayons X et des neutrons auxpetits angles.

Maîtrise de l’aspect de surfaceL’aspect de surface du matériau, quali-fié en terme de brillance, dépend direc-tement de la rugosité de la surface, quel’on peut visualiser aisément par micro-scopie à force atomique. A la surface de

ces matériaux se trouve une couchecontenant uniquement les composantsorganiques. La rugosité dépend de lafinesse des particules qui constituent leréseau organique réticulé mais égalementde l’amplitude des déformations de sur-face. Ces deux paramètres varient defaçon antagoniste avec la nature de lamatrice organique et un compromis doitêtre trouvé. Une matrice conduisant àune faible taille de particules (50 nm)aura une faible porosité et par consé-quent des déformations de surface impor-tantes. A l’opposé, une matrice organiquequi permettra le développement d’une

porosité plus importante présentera desparticules de taille plus importante maispeu de déformation de surface.

Maîtrise du procédé d’élaborationAu cours du chauffage (jusqu’à 160°C)pour permettre la réticulation du maté-riau, le matériau subit successivementune expansion, une contraction puis denouveau une légère expansion. Ces varia-tions sont le résultat de la dilatation ther-mique des composants non réticulés etdu matériau après réticulation, du retraitde réticulation et de la compensationde retrait due à la formation de porosi-té. L’amplitude et la cinétique d’appari-tion de ces différents phénomènesdépend des conditions de moulage (tem-pérature, pression). L’utilisation d’unmoule comportant des capteurs de tem-pérature, de pression et de flux thermiquea permis de discriminer l’ensemble deces phénomènes pour ensuite établir unmodèle phénoménologique permettantde modéliser, de prévoir et donc decontrôler le comportement volumique dumatériau au cours de sa réalisation. ///

Contacts : Christophe SINTUREL> [email protected] > [email protected]

René ERRE > [email protected]

Optique de phareavant métallisation.

Habillage de ferà repasser.

Microscopie à force atomique

Matériau mat rugosité 44 nm — porosité : 0 %

Matériau brillant rugosité 10 nm — porosité : 1,7 %

© MENZOLIT

© MENZOLIT

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> Collaboration scientifique

L’atténuation des risques naturelsest l’un des défis du XXIe siècleet concerne notamment le risquesismique, l’un des plusdévastateurs. La Chine est parmiles pays au monde les plusaffectés par les séismes. Au coursdu XXe siècle, le pays a subi380 séismes de magnitudecomprise entre 6 et 6,9, 65séismes de magnitude 7 à 7,5,8 de 8 à 8,9 et 2 de magnitudesupérieure à 8,5. Au total 59millions de vies ont été perdues.Une lacune sismique majeure a étéidentifiée sur le bord nord-est duTibet le long de la faille de Tianzhudont la vitesse de déplacement est

élevée (11+/-4 mm/an) sans qu’aucun séisme y soit enregistré depuis 850 ans. Le déplacement cumulé atteint 10 m surun segment de faille de 200 km de long. La magnitude du prochain séisme pourrait ainsi atteindre 8. Le site a donc étéretenu comme cadre d’une collaboration. Au début des années 1990, le Bureau des Séismes (CSB), baptisé récemment“l’Administration Chinoise pour les Séismes” a établi avec l’Institut National de l’Univers (INSU) un accord decoopération sur l’étude du risque sismique en Chine. Les laboratoires de tectonique, de sismologie et de magnétismede l’Institut de Physique du Globe de Paris et du laboratoire de géophysique d’Orléans (1994-1999) ont initié cettecoopération multipartite. L’équipe située actuellement à Clermont-Ferrand, à l’Observatoire de Physique du Globe(UMS 0833) et au laboratoire Magmas et Volcans (UMR 6524 – CNRS-Université Blaise Pascal) poursuit ces études.

LA LACUNE SISMIQUEDE LA FAILLE DE HAIYUAN EN CHINE:Un exemple de coopération dans le cadre du risque sismique

COLLABORATION SCIENTIFIQUEAAVVEECC LLAA CCHHIINNEE

Constructionde la station TIA

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Les failles ont été reconnues avecprécision à l’aide de drones. Un réseau de répétition GPS a été mis en place, plusieurs stations sismiques ont étédéployées et deux stations électroma-gnétiques installées, l’une (SHN) en1994 et la seconde (TIA) en 2000.Depuis plusieurs décennies les métho-des électromagnétiques (EM) sont cou-ramment utilisées dans les études desaléas naturels en Chine, au Japon, enRussie, en Grèce, et aux Etats-Unis. EnFrance nous menons maintenant desrecherches sur plusieurs édifices vol-caniques (Antilles, Réunion, Japon,Indonésie, USA) et failles actives (Grè-ce, Chine, USA.).

Les objectifs initiaux de coopérationfranco-chinoise en EM étaient :

la mise en place de stations magné-tiques et électriques dans le domaineultra basse fréquence (ULF, fréquen-ces <10 Hz),

le développement de méthodologiesd’identification des variations ULF anor-males d’origine sismotectonique,

la compréhension des mécanismesinduisant les signaux EM.

Les deux stations, SHN et TIA, ont étérespectivement installées aux extrémi-tés est et ouest de la lacune sismique oùdes séismes majeurs avaient eu lieu dansun passé proche (1920, Magnitude >8,0;1927, Magnitude >8-8,3).La dernière crise sismique importante s’est produite en 1995. Elle a débuté le22 juillet par le séisme de Yong Deng, demagnitude 5,4 et des répliques ont étéenregistrées jusqu’en septembre 1995.L’analyse les enregistrements, entre maiet août 1995, en calculant des diagram-mes temps-fréquences, a mis en éviden-ce l’apparition d’un signal électrique, deforte intensité, dont la fréquence évoluaitau cours du temps. Apparu en mai, cesignal a conservé une période voisine de200 sec jusqu’au 23 juin, où sa périodea commencé à augmenter de manièreexponentielle, pour atteindre une pério-de de 1000 sec le 4 août avant de dispa-raître brutalement.

Le mécanisme repose sur la modificationdes équilibres locaux entre les proprié-tés mécaniques et électriques du sol, lesfluides, et les variations de température(effet électrocinétique). Ce phénomènene prendrait naissance qu’en présenced’hétérogénéités locales. En 2000, la sta-tion de TIA a été mise en place tandis quela station SHN a été réimplantée avecde multiples lignes électriques.

L’Administration Chinoise pour les Séismesveut développer cette active coopérationsuivant plusieurs axes de recherche :

l’extension du réseau pour étudier lalocalisation de sources,

des recherches vers les hautes fré-quences (domaine ELF), où des signauxsemblent présents,

le développement des recherches au solsur d’autres sites sismiques en Chine,

le couplage des mesures au sol avecles mesures faites à bord du satelliteDEMETER .

L’objectif est de comprendre commentse propagent les signaux EM d’une zonefocale vers l’ionosphère. Le maître d’œu-vre est le CNES ; le laboratoire de Phy-sique et Chimie de l’Environnement(LPCE-Orléans) a la responsabilité scien-tifique des mesures à bord du satelliteet notre équipe est en charge des mesu-res EM au sol.

Contact : Jacques ZLOTNICKI> [email protected]. fr

Localisation des séismesde magnitude >6 au coursdu XXe siècle.

Schéma d’installation dela station de SHN en 1994

>> Adresses Internet http://smsc.cnes.fr/DEMETER/http://demeter.cnrs-orleans.fr/

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> Collaboration scientifique

La tectonique de l’AsieLa lithosphère, pellicule externe et rigi-de de notre planète est en perpétueldevenir. On distingue en fait deux typesde lithosphère, celle des océans et cel-le des continents, qui s’élabore lente-ment depuis plus de quatre milliardsd’années. Différents mécanismes sontà l’œuvre depuis plus de 1 milliard d’an-nées pour édifier peu à peu le continentasiatique à partir d’un noyau initial sibé-rien. A l’Institut des Sciences de la Terre d’Orléans (ISTO – UMR 6113CNRS-Université d’Orléans), l’équipe“Géodynamique” s’attache à compren-dre la formation des continents par l’étude de quelques secteurs clés.En Asie Centrale, les sommets enneigésde la chaîne du Tianshan (les Monta-gnes Célestes) culminant à près de7000 m, résultent de la collision de l’Inde avec l’Eurasie. Commencée il y aenviron 45 millions d’années (Ma), cettecollision se poursuit encore à l’heureactuelle. Mais les roches qui apparais-sent en surface à la faveur de la surrec-tion du Tianshan portent les marques

d’une collision beaucoup plus ancienneentre les continents du Tarim et du Jung-gar. La chronologie des événements quiont eu lieu reste encore imprécise, ilss’étalent entre 400 et 300 Ma. Lesrésultats en cours d’acquisition aurontune valeur exemplaire car le Tianshans’étend sur plus de 3000 km depuis le

Kazakhstan à l’Ouest jusqu’à la Mon-golie à l’Est. Ces recherches sont condui-tes en collaboration avec l’Université deNanjing, dans le cadre de thèses de l’U-niversité d’Orléans, ou en co-tutelle ent-re les deux universités, financièrementsoutenues par le Ministère des AffairesEtrangères.

La collision Inde – Eurasie a fondamentalement modifié la structure des continents, le relief et la circulationatmosphérique en Asie centrale. Les phénomènes les plus remarquables sont la surrection* du plateau tibétain, laréactivation des anciennes (limites de plaques) sutures, le soulèvement de plusieurs chaînes de montagnes,l’épaississement de la croûte continentale, la désertification d’une vaste zone... A travers ce “champ expérimentalmoderne”, l’étude du mécanisme, de l’évolution et des conséquences de cette collision permet de mieux comprendrel’histoire de la Terre. L’Asie centrale est topographiquement marquée par une hétérogénéité des reliefs : faiblesvariations en altitude (à l’intérieur du plateau tibétain et des bassins désertiques comme le Tarim, le Qaidam, laJunggarie et le désert de Gobi) et fortes variations du relief (chaînes de montagnes comme l’Himalaya, l’Altyn Tagh, leTian Shan, le Qilian Shan, l’Altay Shan). A cause de ses caractéristiques structurales, cette région a attiré l’attentiondes géologues. Pendant les 3 dernières décennies, des études pluridisciplinaires, relativement intensives, ont étémenées par de nombreux scientifiques sur le plateau tibétain et dans des zones de son voisinage.

L’INSTITUT DES SCIENCESDE LA TERRE D’ORLÉANS ET LA CHINE : quinze ans de collaboration au servicede la géologie de l’Asie centrale

Troupeau de yacks sur unhaut plateau de la chaine

du Tian Shan

* Surrection : fait desurgir, de se soulever pour

un sol, un rocher,...

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D’autres régions de Chine permettentde comprendre les modalités et la chro-nologie des multiples collisions entreles masses continentales responsablesde la formation de l’Asie.Les études pluridisciplinaires associantla géologie structurale, la pétrologie, lepaléomagnétisme, la géochronologieconduites par l’ISTO et l’Université deBeijing visent à identifier les microcon-tinents de Chine du Nord, de Mongo-lie, de Mandchourie etc. qui se sont pro-gressivement accrétés à la Sibérie entre450 et 250 Ma. Une des limites conti-nentales les plus étudiées mais encorecontroversée, est celle qui sépare lesblocs de Chine du Nord et de Chine duSud le long de la chaîne Qinling-Dabie.Cette chaîne est devenue mondialementcélèbre grâce à la découverte dans cer-taines roches de diamant et de coesite(une variété de silice), minéraux de ultra-haute pression qui attestent qu’une par-tie de la croûte continentale de Chinedu Sud a été enfouie à plus de 100 kmde profondeur, puis ramenée vers la sur-face. Les processus mis en jeu sont étu-diés par des membres de l’ISTO en col-laboration avec l’Académie des Sciencesde Chine dans le cadre de programmesde l’INSU (cf. Microscoop Hors Sérien°11 – Octobre 2002).Enfin, les noyaux continentaux, commele bloc de Chine du Nord, formés entre3,5 et 1,8 milliards d’années constituentdes sites exceptionnels pour mieux com-prendre le fonctionnement géodyna-mique du globe. En effet, près de Bei-jing, ont été récemment décrites desroches datées d’environ 2.6 Ga et inter-prétées comme des ophiolites, élémentsd’une ancienne lithosphère océanique.Si cette conclusion est exacte, on obs-erverait là une des plus anciennes tra-ces, à l’échelle mondiale, de la tecto-nique des plaques; c’est à dire del’existence d’une lithosphère rigidetémoignant du refroidissement pro-gressif du globe. De même, des géolo-gues chinois ont récemment décrit desroches de très haute pression vieillesd’environ 2 Ga qui suggèreraient l’exis-tence de zones de subduction conti-

les particules organiques “parlent”Le contenu organique des sédiments lacustres est un mélange de particulesrésultant soit de la production autochtone algaire, soit d’apports allochtonesprovenant du bassin versant entourant le lac Ebi Nor. Il faut tenir compte enoutre de la contribution potentielle des composés organiques fossiles libéréslors de l’altération des roches sédimentaires, et bien évidemment de celled’apports de particules organiques éoliennes alimentées par les incendies oules productions polliniques des végétaux. Distinguer ces différents types de particules au sein d’une série sédimentairelacustre permet de préciser au cours du temps l’évolution respective de ces diver-ses contributions et de les interpréter en terme d’évolution des environnementspassés. Ainsi, et à titre d’exemple, la présence conjointe de particules issuesd’une production algaire et de particules organiques issues de sols et de litièrespeut témoigner de conditions climatiques clémentes, suffisamment tempéréespour autoriser la pérennité d’une forêt sur le bassin versant et une productionaquatique significative. Pour les périodes plus récentes, caractériser ces divers types de particules per-met aussi de documenter l’activité humaine passée. Celle-ci s’est en effet trèssouvent traduite par des déforestations sur les bassins versants, ou des incen-dies, dont les traces respectives sont retrouvées dans le contenu organique dessédiments.Le principe est simple, les potentialités intéressantes, mais la miseen œuvre l’est moins. Et distinguer au sein d’un contenu organique les diversescontributions reste l’affaire de spécialistes !

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> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

18/ CS

> Collaboration scientifique

nentale comparables à celles de la chaî-ne Qinling-Dabie. L’étude des conditionsde pression et de température de la for-mation de ces roches ainsi que de leurcontexte tectonique et géodynamiqueconstitue l’un des axes de recherchede l’ISTO.

Relation climat-tectonique-érosionLes climatologues nous ont enseignéque la redistribution de l’énergie reçuedu Soleil sur la surface terrestre s’ef-fectue par le mouvement de fluides telsque la circulation atmosphérique d’u-ne part, et la circulation océanique d’au-tre part. Ces mouvements expliquent defait très largement la zonation clima-tique globale. L’impact de la tectoniquesur l’évolution climatique du globe estaujourd’hui reconnu par l’ensemble dela communauté scientifique.Il se traduit par des relations complexesliant tectonique-climat, tectonique-éro-sion, climat-érosion, érosion-climat dontles incidences respectives demeurentà préciser et hiérarchiser. Les travauxdes géologues ont montré depuis long-temps que la Terre a subi une histoiretectonique complexe se traduisant pardes déplacements, des regroupements,des éclatements de continents sur leglobe, accompagnée par des évolutionssignificatives des reliefs des terres émer-gées. Les climats ont ainsi pu varier carla création de reliefs a bloqué ou favo-risé selon les cas les flux atmosphé-riques, et le déplacement des continentssur le globe a forcé les circulations océaniques. La création de relief sur les

continents, par exagération des con-trastes topographiques, s’accompagne d’une augmentation de l’érosion desroches affleurant à la surface de cesmêmes continents qui, dépendante duclimat, peut aussi jouer sur ce dernier.En effet, la dissolution des roches s’ac-compagne d’un prélèvement de CO2

dans le compartiment atmosphère dimi-nuant potentiellement l’effet de serre.Une bonne illustration de ces problèmesest fournie par l’exemple de la collisionInde - Asie effective depuis ~55 Ma.Celle ci a engendré la formation de lacélèbre chaîne himalayenne au nordde l’Inde, et celle moins connue de lachaîne du Tian Shan au nord du Tibet.Son relief est marqué par le fortcontraste entre l’altitude des plus hauts sommets (7000m) et celle, plusmodeste, des bassins périphériques duTarim et de la Junggarie (< 1000 m).Cette topographie constitue aujourd’hui

une barrière naturelle à la circulationatmosphérique et sa surrection a vrai-semblablement participé au contrôlede la distribution des différentes mous-sons ou courants atmosphériques dansl’ensemble de l’Asie centrale le long deson histoire tectonique. Deux équipesde l’ISTO (“Matière Organique” et“Géodynamique”), s’intéressent à ceproblème et développent depuis peuun programme de recherche Eclipse II(INSU). Une des investigations quiseront menées dans ce cadre est lacaractérisation des environnements pas-sés de la Terre grâce à l’examen des par-ticules organiques (voir encadré), unedes spécialités reconnues de l’ISTO.Ce rapide survol de la tectonique de l’Asie montre combien la Chine offreun intérêt exceptionnel. Il y a fort àparier que dans les années à venir, denombreuses données et concepts nou-veaux découleront de l’étude de cepays-continent, paradis du géologuedes continents.

Contacts : Tectonique : Jacques CHARVET> [email protected] FAURE > [email protected] CHEN > [email protected] CLUZEL > [email protected]éoclimatologie-Matière Organique :

Elisabeth LALLIER-VERGE> [email protected] DI GIOVANNI> [email protected]

Prélèvementspaléomagnétiques

en Mongolie intérieure.

Vue des cîmes enneigéesdu Tian Shan (6000

mètres) depuis les steppesd’avant pays.

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Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

CS /19

Le projet de micro-satellite DEMETERLes objectifs scientifiques du micro-satellite DEMETER (Detection of Elec-tro-Magnetic Emissions Transmittedfrom Earthquake Regions) concernentl’étude des perturbations ionosphériquesdues aux phénomènes géophysiquesnaturels comme les tremblements deTerre ou les éruptions volcaniques.Les perturbations électriques et magné-tiques en relation avec les tremblementsde terre sont connues depuis très long-temps. Les textes anciens décrivant detels événements parlent d’étincelles, delumière dans le ciel ou au sommet desmontagnes, de déviation de compas.Jusqu’à nos jours ces effets étaientconsidérés avec beaucoup de précau-tions car ils n’étaient pas supportés pardes mesures physiques. Mais depuis unedouzaine d’années, des études menéesindépendamment ont relancé l’intérêtsur les effets électromagnétiques obs-

ervés en relation avec les tremblementsde terre. Ces perturbations peuvent avoirlieu quelques heures avant le séismelui-même et servir ainsi de précurseurà court terme. Un des objectifs du micro-satellite DEMETER sera donc d’étudierles caractéristiques des ondes électro-magnétiques émises par des phénomè-nes géophysiques naturels.Equipé d’u-ne mémoire de bord très importante, ilpourra enregistrer des données toutautour de la Terre et ainsi recueillir unmaximum d’événements. Le traitementde ces informations donnera lieu à unecollaboration avec les scientifiqueseffectuant dans les régions séismiquesdes expériences au sol du même typeque celles mises en œuvre à bord deDEMETER. Le CNES a lancé un programme de“guest investigators” pour formalisercette collaboration à laquelle le BureauSeismologique de Beijing (en Chine)

s’est particulièrement intéressé. Unedélégation d’une douzaine de person-nes est d’ailleurs venue plusieurs joursau laboratoire en Décembre 2003 pourdiscuter des échanges de données. Unethésarde chinoise travaille actuellementsur ce projet DEMETER.

Le projet DOUBLE STARLes deux satellites scientifiques DOUBLESTAR, construits par le CCSAR (Centerfor Space Science and Applied Researchof the Chinese Academy of Sciences – Bei-jing) à Beijing avec l’aide de l’ESA com-portent les mêmes instruments que CLUS-TER (voir Microscoop Hors série N°9 –octobre 2000) dédiés à l’étude de lamagnétosphère terrestre, source de violentsorages de particules à haute énergie pou-vant entraîner des coupures de courant,endommager les satellites ou perturber lestélécommunication. Mener des observa-tions en commun dans le cadre de CLUS-TER et de DOUBLE STAR devrait donc setraduire par un accroissement du retourscientifique global des deux missions.L’un des deux satellites de DOUBLESTAR sera sur une orbite équatorialepour observer la queue géomagnétiquede la Terre dans laquelle les particules,sous l’effet du processus de recon-nexion, sont accélérées en direction despôles magnétiques de notre planète.L’autre, sur une orbite polaire, étudieraprincipalement les phénomènes phy-siques à l’œuvre au dessus des pôlesmagnétiques ainsi que la formation desaurores. Le LPCE, co-investigateur surles expériences ondes de ces deux satel-lites participe donc aux traitements età l’interprétation des données. ///////////

Contact : Michel PARROT,> [email protected]

La coopération du Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement (LPCE – UMR 6115 CNRS / Universitéd’Orléans) avec la Chine se présente suivant deux axes bien distincts dont l’un concerne le projet de micro-satelliteDEMETER (dont la Plate-Forme est sous la responsabilité du CNES et le développement de la Charge Utile Scientifiquesous la responsabilité du LPCE) et l’autre le projet DOUBLE-STAR.

LES SATELLITES…

© CNES – Novembre 2003 / illustration D. Ducros

D’un poids de 120 kgpour des dimensions de60 x 60 x 80 cm, DEMETERsera lancé le 29 Juin2004 par une fusée Dneprsur une orbite polaire àune altitude de 710 km.Sa durée de vie serade deux ans.

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> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

20/ CS

> Collaboration scientifique

Une première collaboration concerne lessimulations moléculaires de matériaux pourl’énergie tels que les carbones poreux,nitrure de silicium, carbure de silicium…et leur activation par des catalyseurs Pt,Pd, Rh. Pour cela le professeur GUO Xian-gyun du State Key Laboratory for CoalConversion, Institute of Coal chemistry,Chinese Academy of Sciences, Taiyuan apassé une année au laboratoire et ce tra-vail s’est poursuivi par l’encadrement encommun d’un doctorant chinois à Taiyuansur les simulations mMonte-Carlo de ladiffusion de platine dans des carbonesporeux. La seconde, avec le ProfesseurCong WANG du Center for Material Phy-sics and Material Chemistry, School ofScience, Beijing University of Aeronauticsand Astronautics de Beijing, a porté surl’élaboration de couches minces d’allia-ges de tungstène et la réalisation de pilesà oxydes solides en couches minces parpulvérisation plasma magnétron. Elle sepoursuit et s’oriente aujourd’hui vers lesdépôts de matériaux de piles à combusti-ble haute température.

contact : Pascal BRAULT> [email protected]

Dans le projet “décharges capillaires pour la production de rayonne-ment X-mou cohérent et incohérent” lancé il y a quelques années auGREMI par Jean-Michel Pouvesle et Claude Fleurier, respectivementactuel et ancien directeurs du GREMI, Madame LAN Ke de l’Insti-tute of Applied Physics and Computational Mathematics en Chine estvenue pour adapter et enrichir son code CRMHA (code magnéto-hydrodynamique couplé à un code de cinétique atomique) dans lebut de simuler la décharge capillaire.Une partie de son travail au GREMI a été décrite dans la thèse dedoctorat de Jérôme Pons et l’autre publiée au journal “plasma Sour-ces science and Technology” concernant une source de rayonnementcréée par décharge électrique développée pour la spectroscopie d’ab-sorption large bande. Après son séjour à Orléans puis au Max-PlanckInstitut für quantenoptik à Garching en Allemagne, le GREMI sou-haite poursuivre cette collaboration à distance, dans l’étude de source rayonnement type Z-pinch (auto compression d’un plasma)créé par décharge électrique. ///////////

contact : Dunpin HONG> [email protected]

DES COLLABORATIONS CHINOISES FRUCTUEUSES AU GREMI*

* GREMI : Groupe deRecherches sur

l’Energétique des MilieuxIonisés (UMR 6606

CNRS/Université d’Orléans)

Pulvérisation magnétrond’une cible de cuivre pour

le dépôt de couchesminces.

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EV /21

UUNN NNOOUUVVEELL AAXXEE FFOORRTTSSUURR LLEE CCAAMMPPUUSS OORRLLÉÉAANNAAIISS ::la Fédération de recherche“Physique et chimie du vivant” du CNRS

Après leurs exposés deprésentation, Jean-ClaudeBeloeil et GéraldGuillaumet, heureux dusuccès de cette journée,répondent aux questionsd’un auditoire nombreuxet attentif.

Au cours de la journée,plusieurs jeuneschercheurs ont présentéleurs travaux à l’interfacede la chimie et de labiologie.

Des séances de postersont permis des discus-sions et des échangesfructueux, premiers pasvers de nouvellescollaborations.

La première réunion de la Fédération derecherche “Physique et chimie du vivant” duCNRS s’est déroulée le vendredi 9 janvier 2004à la faculté des Sciences. Elle a rassemblé l’en-semble des personnels des deux unités concer-nées, le Centre de Biophysique Moléculaire(CBM-UPR 4301) dirigé par Jean-Claude Beloeilet l’Institut de Chimie Organique et Analytique(ICOA - UMR 6005 CNRS/Université d’Orléans),dirigé par Gérald Guillaumet. Des séances deposters animées et un buffet à l’ICOA ont com-plété neuf exposés oraux assidûment suivis.Cette journée marque un premier pas sur le che-min de la coordination des programmes scienti-fiques et la mutualisation des moyens des deuxunités ainsi que la reconnaissance institution-nelle de leur fédération. Après un avis favorablede la commission de printemps du Comité natio-nal du CNRS et du Conseil scientifique du dépar-tement des Sciences Chimiques en mai 2003,la fédération de recherche “Physique et chimiedu vivant” (FR PCV 2708) était officiellementcréée au 1er janvier 2004 et placée sous la respon-sabilité de Jean-Claude Beloeil.Se trouvent ainsi rassemblées plus de 200 personnes (~80 chercheurs et enseignants-chercheurs, ~55 ingénieurs et techniciensdes différents organismes, ~60 doctorants et~12 post-doctorants) auxquelles il faut ajouter~20 étudiants de DEA et ~60 stagiaires chaqueannée. C’est l’évidente complémentarité des deuxunités qui a motivé cette fédération : le domai-ne des petites molécules, que privilégie l’ICOA,vient recouvrir celui des macromolécules biolo-giques, qui caractérise le CBM, sur le terraindes interactions ligand-récepteur et enzyme-sub-strat. L’objectif commun qui en découle concer-ne l’élaboration d’outils pharmacologiques et lamise en évidence de nouvelles approches fon-damentales à visée thérapeutique.

Marguerite CHARLIER, Philippe COMPAIN, Laurent ROBIN

Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

Événement <>> Lien Internet http://www.univ-orleans.fr/SCIENCES/FPCV/

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Chaque année, le CNRS distingue parsa médaille d’or, ses médailles d’argentet de bronze, des chercheurs à différen-tes étapes de leur carrière, illustrant ain-si la richesse, la diversité et le dynamis-me de la recherche. La médaille de bronzerécompense le premier travail d’un cher-cheur, qui fait de lui un spécialiste detalent dans son domaine.Pour l’année 2003, Margarida COSTAGOMES, Physico-chimiste, Chargée de

recherche au CNRS, s’est vue décernercette distinction. Dès sa thèse à l’Uni-versité Technique de Lisbonne puis sonpost-doctorat à l’Imperial College de Lon-dres elle a développé des appareils ori-ginaux pour mesurer des propriétés dephases fluides. Recrutée au CNRS en1998 et affectée au Laboratoire deThermodynamique des Solutions et desPolymères dirigé par Vladimir MAYER,Margarida COSTA GOMES s’intéresse à

la physico-chimie des solu-tions et aux équilibres ent-re phases. Dans un de sesprogrammes, elle étudie lesliquides fluorés : «Les molé-cules fluorées présententplusieurs caractéristiquesintéressantes, au niveau de la structure et des inter-actions, qui déterminentnotamment leur inertie chi-

mique et biologique». Mesures expéri-mentales et simulations moléculairesapportent des informations utiles à de possibles applications médicales. Dernièrement, Margarida Costa Gomes aabordé des problèmes liés à la chimie“verte”, respectueuse de l’environne-ment, ceci à travers l’étude du partagede polluants entre l’atmosphère et lesmilieux aqueux et de nouveaux types desolvants, tels que les liquides ioniques.

Le Cristal du CNRS, créé en 1992, récompense chaque année,pour leur créativité, leur maîtrise technique et leur esprit innovant,des ingénieurs, techniciens et personnels administratifs du CNRS.Monique ZERDOUN, Ingénieure de recherche à l’Institut de Recher-che et d’Histoire des Textes (IRHT – UPR 0841) fait partie des 14lauréats 2002. Après un DEA de chimie organique, elle intègre lasection hébraïque de l’IRHT pour mettre au point des techniquesd’analyse des encres noires pour la datation des manuscrits médié-vaux. Son étude des autres traditions et des autres matériaux luidonne l’opportunité de compléter sa formation par un doctorat enhistoires des sciences et des techniques. Depuis 2001, cette spé-cialiste mondialement reconnue des encres et des papiers médié-vaux, anime un séminaire sur le livre médiéval. Elle est égalementl’initiatrice d’un tout nouveau groupement de recherche pluridisci-plinaire mobilisant une dizaine de laboratoires qui aboutira, enplus de la compréhension de l’histoire même du livre, à des métho-des de sauvegarde et de préservation.

22/ DI

> Distinction

> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

UUNNEE MMÉÉDDAAIILLLLEE DDEE BBRROONNZZEE à Clermont-Ferrand

LLEE CCRRIISSTTAALL DDUU CCNNRRSS

(de gauche à droite) :Vladimir Mayer, Directeur

du laboratoire – AlbertOdouard, Président de

l’Université Blaise Pascal(Clermont-Ferrand) –

Margarita Costa Gomes –Philippe Leconte, Délégué

régional du CNRS –Michel Lacroix, Directeur

scientifique adjoint duDépartement des Sciences

Chimiques.

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Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

DI /23

C’est ému que Dominique Massiot,46 ans, s’est vu remettre à Orléans le19 mai 2004 la Médaille d’Argent duCNRS par Marc J. Ledoux, directeurscientifique du département des Scien-ces Chimiques du CNRS, en présencede Philippe Leconte, Délégué régional,Marc Condat pour le Ministère de laRecherche et des Nouvelles Technolo-gies, Jean-Pierre Coutures, ancien direc-teur du CRMHT et Guy Matzen, direc-teur actuel du laboratoire.De nombreuses personnes étaient venueshonorer le récipiendaire : des représen-tants du conseil régional du Centre, de lamairie d’Orléans, de l’Université d’Orléans,ses amis, sa famille, ses collègues et d’an-ciens thésards. Il a dirigé 13 thèses Cet-te distinction récompense un travail excep-tionnel de plus de 110 publications derenommée mondiale et 4 brevets.

Après des études à l’Ecole Normalesupérieure de Paris et une thèse de géo-physique, Dominique Massiot est entréau CNRS en 1984. Ces résultats vontle conduire très vite à l’obtention de deuxprix, en 1996, le prix de la division de

chimie du solide de la Société françai-se de chimie et en 1997, le prix YvanPeychès de l’Académie des Sciences.Directeur de recherches 1re classe, il rap-pelle que «ce n’est jamais le travail d’unseul» et que de plus «On a toujours àapprendre de ceux qui connaissent etde ceux qui pensent ne pas savoir».

Avec ses collaborateurs, il développe àOrléans de nouvelles méthodes de carac-térisation de matériaux solides, vitreux,ou fondus, par Résonance MagnétiqueNucléaire (RMN) et en particulier, un

dispositif expérimental unique associantRMN et haute température. Ce dispo-sitif de lévitation aérodynamique et dechauffage laser permet d’étudier desmilieux fondus jusqu’à plus de 2000°C. Il travaille également au développementd’un logiciel permettant d’interpréterles spectres RMN caractéristiques del’environnement des atomes dans lesmatériaux solides ou fondus. «La miseà disposition de ce programme pour lacommunauté génère un réseau de col-laborations fructueuses en élargissantnotre domaine de compétence.»Dominique Massiot est enfin un mem-bre très actif de sa communauté scien-tifique. Il décroche plusieurs contratseuropéens. et avec le soutien financierde la Région Centre et du CNRS, le labo-ratoire vient d’acquérir un spectromèt-re RMN 750 MHz : «C’est l’instrumentle plus puissant en France à ce jour etsera accessible à l’ensemble de la com-munauté régionale, nationale et inter-nationale.» «Dominique c’est l’Excellence de l’Ex-cellence» comme le rappelait MonsieurLedoux. Peut -être le conduira -t-elle àla médaille d’Or du CNRS ? C’est ce quenous souhaitons à Dominique. ////////

Danièle LE ROSCOUET-ZELWER

UUNNEE MMÉÉDDAAIILLLLEE DD’’AARRGGEENNTT à Orléans

© CNRS photothèque – Raguet Hubert

(de gauche à droite) :Philippe Leconte,Dominique Massiot, MarcCondat, Marc J. Ledoux,Jean-Pierre Coutures etGuy Matzen.

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> Microscoop / Numéro 45 - juin 2004

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> Dossier

Elève de 3e

Cyril, élève de 3e au collège Condorcetà Fleury-les-Aubrais, a souhaité pour sonstage de découverte d’entreprise, venir

au CNRS pour appréhender pendant unesemaine le monde de la recherche etpartager la vie des scientifiques qui ytravaillent. Cyril nous a avoué timide-ment qu’il aimerait être chercheur. Plon-gé au cœur de la Science, très vite, sesinhibitions sont tombées et il a pu dis-cuter librement avec les scientifiques etdécouvrir des tas de choses qu’il n’au-rait pas cru possible il y a peu de temps.De cette expérience, il en est repartisatisfait et heureux d’avoir pu réaliserson rêve. Il nous a dit «à bientôt» etespère bien revenir comme chercheurdans quelques années. Cyril fait partiede cette trentaine d’élèves de collèges,retenus chaque année et qui vientdécouvrir le CNRS.

Travaux d’IniativePersonnelle encadrés (TIPE)Aurélia et Pascaline, deux étudiantes en2e année de prépa au lycée Pothier àOrléans ont choisi de se rendre au CNRSdans le laboratoire du CRMD, dirigé parMarie Louise Saboungi, pour réaliserleur TIPE. C’est sous la direction d’unjeune chercheur confirmé, Jean PaulSalvetat, qu’elles sont venues discuterde leur TIPE qu’elles ont défini : lesnanotubes de carbone.«Nous sommes venues trouver dans unlaboratoire ce qui n ‘existe pas au lycée:la partie expérimentale. Le chercheurva nous permettre ainsi de mieux cer-ner le sujet choisi sachant que nousavons peu de temps et de plus nous

Si aujourd’hui on entend que «de moins en moins de jeunes s’orientent vers les carrières scientifiques», nombreuxsont ceux qui viennent au CNRS sous des formes très différentes et pour des périodes très variables. Dans les labosdu campus du CNRS d’Orléans, le nombre d’étudiants qui désirent faire un stage est croissant depuis plusieurs annéeset les chercheurs sont de plus en plus réceptifs.

LLEESS JJEEUUNNEESS ÀÀ LLAA RREENNCCOONNTTRREEdes scientifiques du CNRS

Cyril : chercheur dedemain ?

Les élèves du club demathématiques du lycée

Maurice Genevoix visitentPIVOINE au laboratoire

d’Aérothermique.

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apprendre à dégager l’essentiel.» Lesrencontres au laboratoire avec Jean Paulont eu lieu tous les quinze jours et leuront permis également d’avoir une idéeplus concrète du métier de chercheur.Aurélia et Pascaline pensent que cetteexpérience représentera une valeurajoutée à l’oral de leur concours. Ellessont toutes deux unanimes : «avoir tra-vaillé avec un chercheur CNRS repré-sente un plus».Elles ne sont que 5 filles dans une classe de 21. Cela se passe plutôt bien.Leur avenir, elles l’imaginent à très court terme. Tout d’abord la réussiteaux concours pour intégrer des écolesd’ingénieurs.

Stagiaire Bac pro C’est dans un atelier de mécanique situéau laboratoire du CERI dirigé par Gil-bert Blondiaux que Michelle, élève en1re année de Bac Professionnel outilleurdu lycée Robert Garnier à la Ferté Ber-nard (72) est venue réaliser un stagede 2 mois. Après un BEP productiqueoutillage, elle a voulu s’orienter vers unmétier plus créatif. Au CNRS, l’oppor-tunité lui a été donnée de réaliser despièces avec des matériaux encore jamaisutilisés au lycée.«Je ne connaissais pas le CNRS, pourmoi c’étaient des chercheurs : des bio-logistes, des chimistes… et je découv-re non seulement toutes les disciplinesétudiées mais également tous ces

métiers qui accompagnent la rechercheet que représentent les ITA».Unique fille dans une section de 20 gar-çons, Michelle s’est trouvée au labora-toire rapidement à l’aise et rassurée.«J’apprends des choses que je ne voispas au lycée ; Je ne m’attendais pas àtrouver autant de machines au CNRSDe ce stage, Michelle repart confiantepour continuer vers un BTS.

Elèves d’un club de mathématiquesUne dizaine d’élèves de 1re et terminale Sd’un club de mathématiques animé parmonsieur Chabirant, professeur demathématiques au lycée Genevoix àIngré, désirant s’orienter vers une car-rière scientifique ont souhaité venir auCNRS découvrir des laboratoires derecherche. C’est au LCSR dirigé parIskender Gökalp et à l’Aérothermiquedirigé par Jean-Pierre Martin que ces jeu-

nes passionnés de science ont passé unaprès-midi de leur temps libre. Cette visi-te leur a permis de découvrir le CNRS,la grande diversité des disciplines étu-diées sur le campus du CNRS à Orléans.Certains ont des idées concernant leuravenir professionnel et souhaitent pourcela poursuivre la découverte d’autreslaboratoires ce qui leur permettra d’affi-ner le choix de leur orientation.

Travaux personnels encadrés (TPE)Nicolas, Rémy, Gaël et Rémy, élèves dePremière du lycée Voltaire à Orléans onteffectué un TPE sur “l’Hydrogène, vec-teur énergétique du futur”, au LCSR,encadrés par Iskender Gökalp.. Les élè-ves ont traité les différents aspects ducycle énergétique de l’hydrogène, pro-duction, transport, stockage et conver-sion, ont rédigé un rapport très consé-quent et réalisé un site internet surl’hydrogène. Ils viennent de présenterbrillamment leurs travaux devant leurscamarades et professeurs. L’enthou-siasme des élèves et la qualité du tra-vail produit montrent que ce type decollaboration avec les professeurs dulycée Voltaire, comme le prévoit laconvention signée entre le lycée et laDélégation Centre-Auvergne-Limousindu CNRS, porte ses fruits et permetd’instaurer un échange très fructueuxentre les jeunes et les chercheurs,notamment sur les sujets d’avenir pourlesquels il est capital d’intéresser ceuxqui seront les plus concernés. //////////

Danièle LE ROSCOUET-ZELWER

Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

DO /25

Michelle nous confirmequ'une femme trouve toutà fait sa place dans unatelier de mécanique

Aurélia et Pascaline sontvenues rechercher auCRMD ce que ne peut leuroffrir leur lycée.

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Iskender Gökalp présentel’activité de son laboratoireà des élèves de première etterminale.

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> Rencontre avec

«Pourquoi ne pas tenter de constituerun pôle de documentation pour lamusique de la Renaissance ?» Voici eneffet la question que se sont posée Jean-Michel Vaccaro, Jean-Pierre Ouvrard,François Lesure et David Fallows.

Quelques chantiers raisonnablesLe projet était évidemment ambitieux,faire un centre de documentation sup-pose des moyens colossaux. Nous noussommes donc plutôt orientés vers deschantiers réalisables : par exemple, unevaste recherche (dirigée par NicolettaGuidobaldi) sur les représentationsmusicales dans les peintures de laRenaissance du Louvre. Nous avonsentrepris une base de données sur lachanson française du XVIe siècle, undomaine ancré dans la grande traditionde la Renaissance (dirigée par AnnieCoeurdevey). Il a également semblé uti-le de célébrer des événements histo-riques fédérateurs et ancrés dans la

Région : l’occasion nous en a été don-née en 1997, avec le 500e anniversai-re de la mort de Jean Ockeghem. La célé-bration de l’événement se poursuit parla réalisation, sous la direction d’un spé-cialiste d’Ockeghem – Agostino Magro –,d’une édition du corpus des messes ano-nymes du XVe siècle. Et puis, cette célé-bration fut aussi l’occasion de produireun premier volume dans la collection“Épitome musical”, véritable vitrine, avecle site web, du travail effectué au sein duprogramme “Ricercar”.

L’activité éditorialeRICERCAR a consacré une grande par-tie de son activité à la réalisation d’édi-tions musicales, des éditions critiquesnotamment sur l’œuvre d’Eustache DuCaurroy (1549-1609). Notre ambitionétait d’offrir l’érudition sous une formeattrayante, de présenter de beaux livresen prêtant attention à la gravure musi-cale, au choix du papier. Avec l’œuvre deClaude Le Jeune (1530-1600), celled’Eustache Du Caurroy figure aujourd’huiparmi les plus intéressants témoignagesde musique écrite par des compositeursfrançais à la fin du XVIe et au début duXVIIe siècles. De cette activité est née lacollection Epitome musical, vouée à ladiffusion de travaux sur la Renaissanceet à l’édition critique d’œuvres des XVe

et XVIe siècles. Nous nous tournons versun projet d’édition musicale italienne dontdes madrigaux produits à la cour de Cos-me Ier de Médicis.

Diffusion régionale et européenneRICERCAR est une toute petite struc-

ture - ce qui nous limite dans nos ambi-

tions. Je rejette pour ma part l’idée d’u-ne “musicologie appliquée”. Participerà la programmation de concerts ou à laproduction de disques, cela n’a rien àvoir avec le travail d’historiens que noussommes. Nous travaillons en étroite col-laboration avec le Conseil Régional dePicardie – une région tournée vers lamusique des XVe et XVIe siècles et le Fes-tival des Cathédrales, de même que laRégion Lorraine. Ce qui nous permet depublier deux nouvelles éditions par anet ce qui permet aussi aux musiciensde découvrir des partitions jusqu’alorsinédites, de les jouer en concert, d’en-registrer des CD.Ces éditions ne servent pas seulementà valoriser le patrimoine musical : ce sontde nouveaux chantiers de réflexion où lamusicologie est vraiment ancrée dans cequi fait la spécificité du répertoire de laRenaissance. Nous avons des projets surla musique et le sacré aux XVe et XVIe siè-cles, une réflexion sur les fonctionne-ments sociaux et institutionnels de lamusique en Picardie. J’aimerais lancerun projet beaucoup plus vaste : une ency-clopédie raisonnée de la science de lamusique aux XVe et XVIe siècles, qui seraitcentrée sur la musique comme objet deréflexion chez les mathématiciens, lesgrammairiens, les médecins… Il s’agit là d’un immense projet inter-national dont la réalisation nécessite dutemps, beaucoup de temps. Et bien évi-demment des moyens. Autre point fort : l’année prochaine, en2005, The Med-Ren Conference (Confé-rence sur les musiques du Moyen Âgeet de la Renaissance) sortira pour ladeuxième fois d’Angleterre et sera organisé en France, à TOURS. Ce sera l’occasion de faire un réel bilan sur lepatrimoine musical, après quinze ansd’existence de RICERCAR.

Je crois que l’on montrera notre volontéde nous ouvrir à des relations intensifiéesavec d’autres institutions de recherchenationales et internationales.

Propos recueillis parEvelyne DEQUEANT et Denis ESCUDIER

Portrait de Jean Ockeghem

(à droite avec les lunettes)

ms. Paris, bibl. nat.,

français 1537, f.58V

Philippe Vendrix.

Valoriser le patrimoine musical de la Renaissance telle est la vocationde RICERCAR. Vocation formulée pour la première fois en juillet 1991lors du XXXIVe colloque international d’Etudes Humanistes au Centre d’EtudesSupérieures de la Renaissance à Tours (CESR – UMR 6576 CNRS / Universitéd’Orléans).

RENCONTRE EN MUSIQUEavec Philippe VENDRIX

Page 27: Numéro JUIN 2004 MicroscoopJean-Claude Rifflet, CNRS Photothèque. Création graphique Enola Création > 02 38 76 96 35 Imprimeur Imprimerie Nouvelle ISSN 1247-844X Photo de couverture

Le journal du CNRS en délégation Centre-Auvergne-Limousin

CO /27

Les 29 et 30 janvier 2004,ce colloque a rassemblé vingtquatre intervenants venus d’Amé-rique du Nord, du Proche-Orient et d’Eu-rope pour dresser un panorama de l’é-conomie de l’empire qui succéda à celuid’Alexandre le Grand de la fin du IVe s.au Ier s. avant J.-C. Ces journées, sou-tenues par la Faculté de Lettres (Equi-pe d’accueil 2436), le Centre Ernest-Babelon (IRAMAT, UMR 5060 CNRS /Université Bordeaux III) et le laboratoi-re Histoire, archéologie, littératures desmondes anciens (HALMA – UMR 8142CNRS/ Université de Lille 3), furent unsuccès puisque plusieurs dizaines d’au-diteurs venus de France mais aussi detoute l’Europe et des Etats-Unis y ontassisté et ont fortement contribué à la

qualité des débats. Par-tant de sources très

dispersées, du faitde la durée consi-dérée (trois siè-cles) et de l’im-

mensité de l’empireséleucide (de la Médi-

terranée à l’Indus), les com-munications ont mis en relief le

caractère multipolaire de l’écono-mie du domaine séleucide, mais aussiune forte concentration des activitésdans une zone qui s’étend du littoralméditerranéen, à l’ouest dela chaîne montagneusedu Liban et de la valléedu Jourdain, jusqu’à laMésopotamie, du Nordau Golfe Persique.

A l’écart de ce long ruban,d’autres pôles d’activitése dessinent, sur le litto-ral anatolien, sur les mar-ges semi-désertiques auxmains des nomades oudans les régions de colo-nisation grecque commela Bactriane.

Malgré la grande dispa-rité des sources et desactivités, on voit donc sedessiner une géographie

économique cohérente, sou-mise à des exigences de pré-lèvements royaux adaptés selonles réalités régionales. et on obs-erve également que l’histoire de l’é-conomie antique peut exploiter dessources aussi variées que la céra-mique, les chroniques babyloniennes,les inscriptions grecques sur pierre,les textes, les monnaies, les résultatsde fouilles ou simplement de pro-spections archéologiques.

Le débat sur la modélisation écono-mique et les courants qui la dominenta suscité des discussions animées quine sont pas closes. Mais cette écono-mie dont M. Rostovtzeff écrivait en1941 qu’il était impossible d’en pré-senter ne serait-ce que les grandeslignes, faute de sources, ne paraît plus

aujourd’hui si obscure. //////////////////

Contact : Frédérique DUYRAT> [email protected]

““LLEE RROOII EETT LL’’ÉÉCCOONNOOMMIIEE ::Structures royales et autonomies localesdans l’économie de l’empire séleucide”

Conférenciers(de gauche à droite)François de Callataÿ(directeur de départementà la Bibliothèque RoyaleAlbert Ier, Bruxelles, etdirecteur d’études àl’EPHE, Paris).Véronique Chankowski(maître de conférences enhistoire grecque àl’université Lille 3, UMR8142, et coorganisatricedu colloque).Raymond Descat(Professeur d’histoiregrecque à l’UniversitéBordeaux 3, CentreAusonius).Klaus Bringmann(Professeur d’histoireancienne à l’Université deFrancfort).Alain Davesne (Professeurd’histoire ancienne àl’Université d’Orléans,UMR 5060).

Monnaies des cités del’empire Séleucide (Tyr,

Sidon).

Colloque <

Page 28: Numéro JUIN 2004 MicroscoopJean-Claude Rifflet, CNRS Photothèque. Création graphique Enola Création > 02 38 76 96 35 Imprimeur Imprimerie Nouvelle ISSN 1247-844X Photo de couverture