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LE PHOQUE N O 41 | MARS 2017 TRUDEAU • TRUMP • RAMBO • FAIM DANS LE MONDE • SAPIENS • ALT-RIGHT HIVER • AQUARELLE • SUDOKU • CÉGEP • POÉSIE • FÉMINISME MEILLEUR QUE LE POPULISME

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1 | LE PHOQUE — MARS 2017

LE PHOQUENO41 | MARS 2017

TRUDEAU • TRUMP • RAMBO • FAIM DANS LE MONDE • SAPIENS • ALT-RIGHT HIVER • AQUARELLE • SUDOKU • CÉGEP • POÉSIE • FÉMINISME

MEILLEUR QUE LE POPULISME

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Som

ma

ire

de

ma

rS

2017

12 Il faIt frette et laIte

10 «HaIl trump!» : malaIse...

8 pauvres meuH-meuH

7 mange toute ton assIette

6 rambo for presIdent

4 «grab Her by tHe pussy»

3 trudeau: #&*%@ de menteur

16 le plus meIlleur pestacle

14 amusons-nous cHérIe

13 trucs d’artIsss

20 en plus elle cHante bIen

18 mIam: des mots délIcIeux

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L’incohérence du gouvernement trudeau

On le sait déjà depuis un bout de temps, le premier ministre Justin Trudeau dit souhaiter faire une transition énergé-tique responsable de l’environnement et de la planète. Il a instauré notamment la taxe carbone. Mais il a depuis montré ses vraies couleurs lors de l’adoption de deux grands projets de pipelines. Main-tenant que Donald Trump est au pouvoir aux États-Unis, la place que prend l’envi-ronnement au sein du discours de Tru-deau se fait toujours entendre, mais ses intentions se distinguent de plus en plus.

Trump, qui est un climatosceptique pour l’exploitation des hydrocarbures, a chan-gé les règles du commerce des « States » d’une façon spectaculaire en rejetant dès sa première semaine le Partenariat Trans-pacifique (PTP). Par la suite, il a tranché sur l’Accord de libre-échange nord-amé-ricain (ALÉNA) en disant que le Canada ne devrait pas trop s’en faire. C’est d’ail-leurs son entêtement au sujet du Mexique et sur plusieurs immigrants en provenance de différents pays ciblés qui avait rendu cette annonce encore une fois très prévi-sible. Ce qui accroche un peu, c’est que le premier ministre Justin Trudeau « a insisté sur l’importance des sables bitumineux », pouvait-on lire dans le journal Le Devoir du mercredi 25 janvier; une autre contro-verse environnementale de la politique canadienne.

Cette insistance à promouvoir le secteur énergétique du Canada en se centrant sur les hydrocarbures s’accorde mal avec cer-taines de ses paroles  qui consistent à ré-duire les émissions de GES. D’autres de ses déclarations expliquaient plutôt que le

Canada n’était pas rendu au point de faire un virage radical en ce qui concerne l’éner-gie, que ça prendra du temps! Bref, que la transition tardera! Il m’est alors venu une question qui est bien commune :

Se désengagera-t-il plus sérieusement lors de sa prochaine campagne ?

Ou encore : Est-ce que le désinvestissement des hydrocarbures signifie aussi d’abais-ser les GES, qui découlent de l’uti-lisation du pétrole, en réduisant la production de pétrole au Canada ?

Ou encore:Comment est-ce que le plan dont le Canada s’est doté pour se désengager des combustibles fossiles va pouvoir atteindre ses cibles ambitieuses pour 2020 et 2050, alors qu’on permet de plus en plus d’explorations pétro-lières au Canada ?

Il est difficile de répondre à ces ques-tions. Sans parler que l’Office national de l’énergie (ONÉ), qui tarde à être réformé pour améliorer le système d’évaluation des projets pétroliers, permet de remplacer les trois derniers membres rencontrés par Jean Charest, lui qui précédemment était lobbyiste pour la compagnie pétrolière responsable du projet Énergie Est. Le dan-ger : adopter des projets risqués et dont les évaluations sont incomplètes. M. Trudeau avait d’ailleurs commenté qu’une réforme était de mise à la suite de la récusation des trois anciens membres. Manifestement un manque de transparence selon lui. Cette rencontre non officielle avec M.  Charest avait au cœur de la conversation le projet lui-même, ce qu’on avait nié au départ.

Le dimanche 15 janvier, on pouvait lire : « Il faudra, à terme, cesser d’extraire les sables bitumineux, affirme Trudeau  » comme titre d’un article dans Le Devoir. Justin avait d’ailleurs ajouté  : «  On ne

peut pas fermer les sables bitumineux de-main. On doit y mettre un terme progres-sivement ». Plus loin dans l’article on lisait encore : « on ne peut pas choisir entre l’en-vironnement et l’économie ».

C’est à la suite d’une autre de mes ré-flexions que m’est venu cette autre question :

D’accord, mais quand ?La réponse est simple  : jamais sous

Trudeau!

Les actions des quatre prochaines années de nos voisins puissants, les États-Unis, joueront un rôle encore plus important de la vie économique. Les échanges entre nos deux pays vont déterminer les sources de la majorité des recettes économiques du Ca-nada. Justin pliera peut-être sous la pression de la trompe redoutable du pachyderme ré-publicain. Il répondra aux questions envi-ronnementales ces phrases, un peu toutes faites par les politiciens de fer, qui se résu-ment aux termes du temps; « ça ne se fait pas du jour au lendemain, on a un plan, les Canadiens ne veulent pas, ça ne servira pas les intérêts, etc. » Et il ne fera pas non plus de retour clair, précis et immédiat sur ces choix contradictoires.

Bref, les paroles de Trudeau fausseront plus l’image du gouvernement libéral sur la base de leurs intérêts : dorénavant, le pé-trole coulera à flots et Trudeau continuera de nous décevoir sur le plan de l’environne-ment, comme pour la réforme du mode de scrutin. Que de belles paroles, mais beau-coup de promesses brisées!

On peut aussi réfléchir au droit et à la li-berté ici;

Le fait d’afficher la bonne volonté du gouvernement lui permet-il d’instau-rer son opposé ?

C’est apparemment ce que le premier mi-nistre démontre  : dire quelque chose et faire son contraire…

BENJAMIN DAGENAIS-QUESNEL

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politique internationale

LUCIECLABAUT

Alors que le mandat de Donald Trump commençait le 20 janvier, beaucoup de changements ont eu lieu aux États-Unis. Il y a eu plusieurs manifestations contre le président à travers le monde. La semaine « anti Trump » a été lancée le 17 janvier, semaine durant laquelle il a prêté serment et est devenu le 45e président des États-Unis. Des lois ont été enlevées ou modi-fiées concernant l’environnement, le droit des femmes, mais surtout concernant l’immigration. Jusqu’où Donald Trump sera-t-il prêt à aller? Que s’est-il passé le jour J?

Des marches dans la ville de Washington invitaient les Américains à se révolter contre l’élection du nouveau président et tentaient d’empêcher la cérémonie. La « belle » célé-bration qui a couté environ 175 000 000 de dollars a donc été perturbée par une bonne centaine de personnes « anti Trump » qui ont tout essayé pour arrêter les «  festivi-tés ». Ils ont notamment brisé des vitrines de commerce, incendié une limousine près de la parade qui avait été organisée, ou en-core agressé un monsieur qui portait une cas-quette avec le slogan du président («  make America great again »). Leur réaction est ma-nifestement exagérée: ils prônent les droits de la personne et l’ouverture d’esprit, mais

attaquent des gens dans la rue. Selon moi, il y aurait eu des façons plus pacifistes de mani-fester son mécontentement.

LES FÉMINISTES CONTRE DONALD TRUMPC’est le 21 janvier que la plus grosse mani-

festation a eu lieu. Déclenché par un simple évènement Facebook, l’organisatrice Teresa Shook, une avocate retraitée, féministe, n’au-rait jamais cru avoir plus d’un demi-million de participants à cette marche ni pouvoir ma-nifester en toute légalité dans les rues de la capitale américaine. Elle a réussi à faire va-loir son point de vue non seulement grâce à cet évènement à Washington, mais aussi tout autour du globe puisque des rencontres simi-laires ont aussi eu lieu à Montréal (Canada), à Bruxelles (Belgique), à Paris (France), à Tel-Aviv (Israël), etc. Les manifestants portaient chacun un bonnet rose fait de laine pour faire référence à une des paroles sexistes du pré-sident : « grab her by the pussy » (attrape la par la chatte) d’où les oreilles de chats trico-tés sur le chapeau.

Il y avait plusieurs objectifs à cette marche : montrer le désaccord qu’a éprouvé le peuple par rapport aux propos misogynes de Do-nald Trump durant sa campagne électorale, « envoyer un message fort à la nouvelle ad-ministration, au Congrès, au Sénat, et aux gouvernements locaux pour leur premier jour d’exercice du pouvoir, et au monde : les droits des femmes sont des droits de la personne » (message du site qui organisait la marche des femmes). Beaucoup de femmes se sont déplacées pour prendre part à l’évènement,

notamment des Ontariennes qui ont déci-dé de faire le voyage jusqu’à Washington ou encore des Québécoises qui ont tenté de traverser la frontière États-Unis et du Cana-da, mais qui ont été arrêtées par les autorités américaines.

Le nouveau président a réagi le jour suivant la marche des femmes en se demandant  : « Pourquoi ces personnes ne sont pas allées voter ». Malheureusement, il n’a pas encore saisi que même si le nombre total des votes pour Hillary Clinton était supérieur de deux millions au sien, il a été élu grâce au nombre de Grands Électeurs dans chaque état. Donc oui, ces gens dans la rue sont allés voter!

Donald Trump a également affirmé com-prendre que ces manifestants veuillent ex-primer leur opinion de façon pacifique, mais n’a présenté, jusque-là, aucune excuse quant à ses paroles misogynes et dénigrantes envers la femme.

Les premiers pas de Donald Trump au pouvoir

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Jeudi 2 février, Donald Trump a exprimé son envie de changement quant à l’ALENA (accord de libre-échange nord-américain) en affirmant que celui-ci n’était pas bénéfique pour les États-Unis. Il a même affirmé que s’il n’y avait aucune renégociation concernant les termes de l’accord, il n’hésiterait pas à s’en retirer et à mettre fin à 13 ans de commerce entre le Mexique, le Canada et les États-Unis. En effet, les deux pays exporteraient plus dans le marché américain que l’inverse, mais ça n’empêche pas que cet accord ait tri-plé le chiffre de commerce du pays depuis son commencement puisque la valeur com-merciale des États-Unis s’élève maintenant à 132 milliards de dollars. Ce serait un gros

coup de poker de la part de Trump, puisque nous ne savons pas si les deux chefs d’État se-ront d’accord avec les nouvelles règles que le milliardaire veut mettre en rigueur. Le Cana-da prend aussi un risque puisque nous expor-tons plus de 75 % de nos produits seulement aux USA. Cette renégociation peut donc être cruciale pour tout le monde.

UNE LOI SUR LES IMMIGRANTS EN SUSPEND Donald Trump, dans son décret, interdit

l’accès à des citoyens de sept pays majoritai-rement musulmans, néanmoins il subit des problèmes avec la justice américaine qui n’ac-cepte pas ses idéologies racistes. L’affaire est allée jusqu’en cours puisque le verdict a été rendu mardi 7 février, mais n’a pas été com-muniqué aux médias. Le président consi-dère que s’il ne fermait pas ses frontières à ces pays, cela pourrait placer le pays en « pé-ril  ». Ces paroles sont plutôt ironiques sa-chant qu’aucun attentat n’a été causé par un

des citoyens de ces pays durant les 10 der-nières années. En vérité, les principaux enne-mis des Américains seraient les Américains eux-mêmes, puisqu’une statistique affirme qu’il y a en moyenne une fusillade par jour causé par un Américain détenant une arme. Comme quoi, ce n’est pas les lois migratoires qui sont à revoir.

Ceci n’est qu’un résumé de ce qui a été changé récemment dans les lois américaines. D’autres modifications ont été faites, tel que des suppressions budgétaires pour aider les femmes à avorter, des lois qui permettent maintenant de travailler avec des gaz pol-luants qui était interdits pour éviter un cer-tain seuil de pollution, ou encore le fameux mur entre le Mexique et le Canada qui est en cours de négociation. On espère donc que Donald Trump frappe un mur et prenne conscience de la réalité.

« Si nous n’avons pas de négociation, nous quittons l’ALENA »

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politique

THOMASDESROSIERS

Nous vivons dans un monde où le but n’est pas de faire valoir notre opinion en se ba-sant sur des faits, mais plutôt de dire le dis-cours le plus sensationnaliste et choquant pour attirer l’attention du plus grand nombre. Le populisme renvoie-t-il les dé-bats éclairés et le culte de la raison aux oubliettes?

Le Québec ne fait pas exception à cette règle, ce courant de pensée est même bien installé. Les quelques figures de proue de cette philosophie présentes dans diverses sphères publiques ne font que confirmer l’erre d’aller du populisme dans la province. La population est la première victime de cette tendance sensationnaliste qui camoufle ou altère la réalité. Elle doit se retrouver dans une jungle de personnages qui tentent de se faire entendre à coup sûr, et ce, avec des phrases creuses qui ne permettent pas aux citoyens de se faire une idée claire à propos de l’actualité. Une phrase de l’animateur de radio Éric Duhaime dite en onde ,au début de l’année 2016, représente très bien la situa-tion: « Vaut mieux de la désinformation que pas d’information du tout ». À l’époque des faits alternatifs, on comprend qu’il est plus facile intellectuellement de ne pas chercher à faire ressortir la vérité d’un débat, mais en-core plus de se conforter dans ses positions sans leur faire passer l’épreuve des faits. Cela laisse un espace libre pour des personnes comme Kevin O’Leary ou Bernard « Ram-bo  » Gauthier sur la scène politique au-tant provinciale que fédérale pour prendre ce rôle de démagogue dans la démocratie québécoise.

Le Québécois moyen ne peut pas com-prendre totalement les événements politiques et tout le temps connaitre tous les sujets de-vant lesquels il doit se positionner. Ainsi, les acteurs de notre démocratie se doivent d’assumer une mission d’éducation, et ce, dans tous les cas sans exception. Un démo-crate doit avoir conscience de cette tâche en s’adressant au maximum de citoyens pos-sibles. Par contre, nous pouvons voir que certains ne répondent pas à ces critères. Par exemple, lorsque Bernard «  Rambo  » Gauthier se lance au sein de l’arène politique

en tenant des propos qui excluent les femmes de sa vision politique et en accusant les immi-grants de prendre les emplois de sa région : la Côte-Nord. Ce genre de phrases creuses est, sans l’ombre d’un doute, la démonstration que le Québec subit comme la plupart des pays occidentaux une montée du populisme et que cette vague trouve des adhérents.

Ces appuis se trouvent dans des groupes tels que Pegida ou La Meute qui sont des regroupements xénophobes et racistes qui ne cherchent point à comprendre la situa-tion sociale présente aujourd’hui au Québec pour mieux y répondre, mais font des fausses

analogies qui les réconfortent dans leurs po-sitions. Ce groupe xénophobe montre très bien l’espace que les populistes peuvent sai-sir dans la sphère québécoise.

Il n’y a aucun doute que ces mouvements sont présents sur les médias sociaux même si les médias traditionnels tentent tant bien que mal d’éviter de leur donner une tribune. Bien sûr, cela plaît énormément aux têtes di-rigeantes de ces groupes, car ils peuvent dé-fendre leur point en clamant que leurs points de vue ne trouvent pas d’écho dans les mé-dias traditionnels. Ce discours ,aussi peu fon-dé soit-il, leur permet de renforcer leur base militante et d’amener certains à se rappro-cher de leur cause seulement par frustration envers un ordre établi qu’ils associent sou-vent aux médias principaux.

Le populisme au Québec est présent de manière très forte dans les médias. C’est probablement un mélange de sensationa-lisme et de principes qui les encourage à em-prunter cette voie pour certains. Par contre, personne ne peut nier que les actions ou les discours peuvent consolider les idées que vé-hiculent les populistes et amener des gens qui se sentent délaissés par la société à suivre ces pseudo-leaders qui, à l’aide de tribunes sensationnalistes, tel qu’arriver en ondes vêtu d’une burqa, amène cette tranche de la population à suivre comme des moutons ces personnalités. Ce sensationalisme per-met de mettre les projecteurs sur l’émission, mais tout autant de convaincre certains que ce coup de pub est la livraison et l’illustra-tion d’une réalité récurrente dans la province créant chez eux un sentiment d’inquiétude aucunement justifié. Par contre, on ne l’ex-plique pas et on laisse la machine populiste faire tourner sa propagande grâce à cela.

Le Québec fait partie du monde et ne peut éviter cette levée du populisme qui fait rage en Occident. Il ne faut pas non plus tomber dans l’idée que le mouvement québécois est né en même temps que l’arrivée du président Trump. Les Québécois ont pu voir ce courant de pensée se développer durant les dernières années et ne doivent pas rester dans le déni plus longtemps et mettre l’épaule à la roue pour trouver une solution à cette ère.

Populisme à la sauce québécoise

Éric Duhaime

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enjeu

VANESAGONZALES

Il est actuellement estimé que 795 mil-lions de personnes sont sous-alimentées dans le monde. La conséquence extrême de la malnutrition est la mort de 3,1 mil-lions d’enfants de moins de cinq ans par année : cela représente 45% des causes de mort infantile. Oui, vous avez bien lu: près de la moitié des morts de bambins est cau-sée par la faim.

Et ceux qui survivent ? Ils vivront avec des séquelles du manque de nutriments. L’en-fance est une étape cruciale du développe-ment et la malnutrition va avoir des effets sur le nombre de connexions neuronales et ainsi affecter le fonctionnement du cerveau. De plus, ils risquent d’être en sous-dévelop-pement à la naissance, puisque leur propre mère n’a pas pu avoir les éléments essentiels pour constituer un fœtus en bonne santé. La femme risque elle-même sa vie au moment de l’accouchement puisque les carences en fer la rendent vulnérable en cas d’hémorragie.

Ce qui est déconcertant, c’est de savoir que la planète produit présentement une fois et demie la nourriture nécessaire pour nour-rir tous ses habitants convenablement : le problème se situe plutôt au niveau la répar-tition des ressources. L’Inde est un impor-tant producteur de ressources alimentaires à l’échelle mondiale et pourtant sa population souffre de malnutrition. Bien sûr, le niveau de richesse est un élément qui entre en ligne de compte pour avoir accès à la nourriture : une personne avec peu de moyens peut employer près de 60% de son budget seulement pour se nourrir. De plus, il faut tenir compte des diffi-cultés particulières de certains pays.

Dans un rapport de l’Organisation des Na-tions unies pour l’alimentation et l’agricul-ture (FAO) publié en 2015, on note que les catastrophes climatiques et les guerres ont

augmenté la prévalence de la faim dans le monde. Selon le FAO, en 2012, 366 millions de personnes vivaient dans une zone en crise et 129 millions d’entre elle étaient considé-rés comme sous-alimentées. Malheureuse-ment, les catastrophes climatiques risquent de survenir plus souvent avec l’augmentation de la température mondiale. Dans d’autres cas, le problème de faim naît de l’aridité na-turelle du climat, soit lorsque le sol n’est pas suffisamment riche pour y faire grandir des plantes : c’est la situation de l’Afrique sub-saharienne. En guise de piste de solution, la communauté scientifique s’est penchée sur la spiruline, une algue qui peut pousser dans presque tous les environnements et qui pos-sède un taux très élevé de protéines (57,47 g de protéine par 100 g de spiruline séchée).

Autrement, le rapport montre que la crois-sance économique inclusive, les investis-sements dans l’agriculture et la protection sociale rendent l’élimination de la faim

possible. Il s’agit d’augmenter les revenus des plus démunis en leur donnant des ressources pour affronter les chocs dus à la nature et aux humains. C’est réalisable : il est estimé qu’en-viron 150 millions de personnes à travers le monde échappent à la pauvreté extrême grâce à la protection sociale. Dans le «défi faim zéro», un projet des Nations Unies, il est es-timé que pour vaincre la faim chronique, il faudrait investir 160 dollars par année pour chaque personne vivant dans l’extrême pau-vreté au cours des 15 prochaines années. Cet investissement aurait pour effet d’éradiquer complètement la faim dans le monde.

En conclusion, la faim est une préoccupa-tion d’actualité qui touche tous les pays. Il y a des gestes concrets que vous pouvez poser pour aider à contrer le problème en limitant le gaspillage de nourriture et en donnant des produits non-périssables à des organismes tels que Moisson Québec.

La faim dans le monde

INDICE D’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE - HTTP://WWW.FAO.ORG/

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histoire

MATHIEU DESGROSEILLERS

Après mon premier article sur la révolu-tion cognitive d’il y a environ 70 000 ans qui permit à l’être humain de coopérer de façon beaucoup plus efficace, c’est la révo-lution agricole néolithique qui, dans cet article, nous intéresse plus particulière-ment. Encore une fois, je ne peux mettre assez l’accent sur l’intérêt que présente le livre Sapiens, une brève histoire de l’hu-manité, écrit par l’historien Yuval Noah Harari.

Dès lors qu’on mentionne le mot révo-lution, on imagine un jeune Gavroche, un peuple armé d’épées, d’idées et de casse-roles, une allégorie de la démocratie (ou une Femen) courant seins nus vers les barricades de la liberté, de l’égalité et de la fraternité (ou de la sororité, si l’on préfère). Contrairement à cette vision idéalisée de la révolution re-présentée dans le romantisme de Delacroix, Harari décrit la révolution agricole non pas comme une marche intentionnelle de Sapiens vers le progrès, mais plutôt comme un mal-heureux accident.

OUPSLes recherches d’Harari l’amènent à pen-

ser que la révolution agricole néolithique était en fait accidentelle plutôt que résultante d’un effort délibéré. La dernière période gla-ciaire s’achève. L’augmentation des pluies et des températures permet à plusieurs céréales d’occuper un plus grand territoire. Puisque celles-ci sont plus abondantes, Sapiens en consomme généralement plus qu’auparavant, tout en demeurant chasseur-cueilleur.

Puisque plusieurs céréales ne peuvent être mangées sans préparation, les humains en rapportent vers leurs camps temporaires et en répandent involontairement sur les chemins qu’ils utilisent fréquemment et autour de leurs habitations, de sorte que le blé sauvage, par exemple, se rapproche accidentellement de plus en plus des camps humains. Ayant ces céréales à leur portée, les humains, très lente-ment et graduellement, tirent avantage de ces ressources alimentaires, puis s’habituent de plus en plus à s’en occuper, à les domestiquer

pour s’assurer d’un apport plus constant et encadré.

LES PERDANTSIl y a environ 11 000 ans, Sapiens s’est mis

à passer de plus en plus de temps à la domes-tication de certaines espèces pour notre ali-mentation. Au final, c’est plus de 90 % de la consommation mondiale de calories par l’hu-manité qui provient de ces quelques espèces élues. Les humains en sortent-ils gagnants? Pas vraiment. En fait, en se sédentarisant, les humains attachent eux-mêmes à leurs pieds le boulet du dur labeur redondant et peu adapté à notre corps, de la surpopulation relative engendrée par les surplus, mais ab-sorbant aussitôt ceux-ci, de la perte de diver-sité de l’alimentation causée par la culture de quelques céréales abondantes, mais pauvres en certains nutriments, de l’insécurité ali-mentaire de ces espèces cultivées peu nom-breuses et de la violence accrue à cause de la menace de tout perdre si nos terres sont vo-lées par d’autres.

L’explosion démographique de Sapiens le condamne à continuer de s’occuper des champs pour subvenir aux besoins ali-mentaires grandissants, s’enchaînant par habitude, puis peut-être par culture, à la pra-tique de l’agriculture et de l’élevage. No-nobstant quelques petits groupes humains négligeables, l’humanité est devenue majori-tairement sédentaire.

Ce faisant, ils condamnent aussi avec eux certaines espèces animales à l’esclavage en faisant de ces êtres vivants doués de sensibili-té des possessions humaines, non plus vivant normalement dans la nature à l’affût des pré-dateurs, mais désormais soumis et amenés systématiquement à grossir au point optimal de croissance où leur corps pourrait nourrir

le plus de personnes possibles. Harari men-tionne notamment que « pour transformer des taureaux, des chevaux, des ânes et des chameaux en animaux de trait obéissants, il fallut briser leurs instincts naturels et leurs liens sociaux, contenir leur agressivité et leur sexualité, et amputer leur liberté de mouve-ment » (Harari, 2015).

L’environnement est également transformé par la révolution agricole, car Sapiens se met à partir de ce moment à modifier le monde autour de lui à son avantage. Les humains commencent à défricher des forêts pour faire pousser leurs champs et construire leurs mai-sons. Ils détournent les points d’eau pour ir-riguer les terres. Ces impacts, quoiqu’ils ne soient en rien comparables à ce que la révo-lution industrielle apporte en terme de pollu-tion, laissent tout de même le champ libre à la destruction de la planète, brisant la symbiose fragile que Sapiens avait avec le cycle naturel alors qu’il n’était qu’un animal insignifiant.

LE GRAND GAGNANT EST…Harari rappelle que du point de vue de

l’évolution pure, la réussite d’une espèce se calcule en nombre de copies d’ADN, mais que ce critère répond mal à la situation vé-cue du point de vue des humains et de ses animaux d’élevage. En effet, si la popula-tion humaine et bovine a bel et bien explo-sé, la plupart vivent individuellement dans de pires conditions qu’avant. Parmi les grands gagnants se trouvent les céréales, qui, en do-mestiquant les êtres humains, voient leur en-tretien devenir l’une des plus importantes dépenses d’énergie de Sapiens.

Des élites voient aussi le jour pour s’attri-buer les surplus alimentaires aux frais des paysans. Ceci n’est toutefois pas intrinsèque-ment mauvais, les surplus pouvant financer

Révolution accidentelle

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des manifestations culturelles comme la construction de monuments, la musique et d’autres formes d’art, mais aussi la science et la philosophie.

Ne pouvant plus analyser les énormes quantités d’informations que créent les royaumes, les capacités du cerveau limitées doivent être aidées par l’écriture, particuliè-rement pour traiter des données comptables. Effectivement, notre cerveau de chas-seur-cueilleur n’était pas particulièrement efficace pour les mathématiques, la nécessité n’étant pas présente dans un tel mode de vie. L’écriture partielle, souvent plus pratique, se développe jusqu’à devenir les formes d’écri-tures complètes permettant de coucher sur papier notre imagination fertile. Avec l’écri-ture apparaît aussi l’importance d’organiser les écrits, ce qui pourrait avoir transformé la façon de penser humaine de libre association à compartimentage.

L’ORDRE IMAGINAIRELa révolution agricole met également en

place les conditions pour que des groupes hu-mains s’associent pour créer des villes et des empires. Encore une fois, Sapiens doit s’in-venter des histoires fictives pour collaborer, celles-ci devant être d’un ordre de grandeur proportionnel à la complexité des structures sociales et politiques mises en place. L’his-torien en sort deux exemples. En 1776 av. J.-C., le Code d’Hammurabi devint en quelque sorte le mythe fondateur de l’empire baby-lonien en décrivant ce qu’est la justice dans

une société. Pour lui et, plus important en-core, pour les dieux de Babylone, ce code qui divisait l’humanité en trois castes — les gens libres, les travailleurs et les esclaves, les femmes étant dans tous les cas inférieures au sein même de leur caste — représentait des valeurs universelles et éternelles. En 1776 apr. J.-C., un autre code, la Déclaration d’in-dépendance des États-Unis, aux valeurs pré-tendument très différentes, affirma que les hommes (les femmes en étaient aussi ex-clues) étaient fondamentalement libres et égaux.

Dans les faits, la Déclaration d’indépen-dance des États-Unis ne plaçait pas véritable-ment l’humanité sur un même piédestal, les hiérarchies systémiques se trouvant non pas nécessairement entre castes non interchan-geables (quoique des critiques douteront la réalité de l’American dream et de l’ascension sociale véritablement possible), mais plutôt entre hommes et femmes et entre Blancs et Noirs, le tout étant légitimé par des mythes insensés.

Le problème avec les hiérarchies imagi-naires, c’est qu’elles risquent de se concréti-ser en partie par la société. Ainsi, en affirmant qu’un tel groupe est inférieur, on ne lui per-met pas les mêmes opportunités qu’un autre groupe supérieur. Ses individus ne peuvent s’accomplir comme ceux de l’autre groupe et sont alors, dans les faits, moins éduqués, plus pauvres, non parce qu’il est de leur nature de l’être, mais à cause de leur environnement.

Quoi qu’il en soit, l’inégalité babylonienne comme l’égalité illusoire américaine sont des constructions sociales, des ordres ima-ginaires. Autant il n’existe aucune vérité der-rière le fait que la société babylonienne créait des individus étant soit libres ou esclaves de nature, autant les droits de l’homme sont un mythe basé sur l’assomption chrétienne que tous les humains sont égaux devant Dieu. En fait, l’évolution produit pour une même es-pèce des individus tout à fait uniques, dif-férents chacun des autres. Cependant, exit tout fondement logique au racisme, car à part pour la pigmentation de la peau, il n’y pas plus de différence entre un homme à peau blanche et un homme à peau noire qu’entre deux hommes à peau blanche.

Pour qu’un ordre imaginaire se perpétue, il faut des formes de contraintes, des États ayant le monopole de la violence légitime, mais aussi que les gens y croient. Pour ceci, l’ordre est intégré dans notre vie de tous les jours, dans la réalité de notre époque, il fait partie prenante de nos rêves et il est partagé par d’énormes quantités de croyants qui se convainquent ensemble que les mythes sont réels.

Ainsi, l’impulsion de la révolution agricole néolithique était probablement accidentelle, mais elle amena tout de même une croissance énorme des populations humaines et de ses espèces d’élevage, sans pour autant être posi-tive. Elle a permis à des élites et à des empires de se former, qui ont dû adapter grandement leur mode de vie et de pensée.

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10 | LE PHOQUE — MARS 2017

Le 21 novembre dernier, lors d’une confé-rence donnée par le National Policy Ins-titute à Washington D.C, le discours de clôture livré par son président Richard B. Spencer a été acclamé par ses 200 hôtes gesticulant le salut fasciste et criant quelques «  Sieg Heil!» (Salut à la vic-toire). Cette assemblée, organisée par le fameux Alt-right et rappelant une époque peu glorieuse et aux valeurs pour le moins inacceptables, n’est qu’un exemple parmi d’innombrables événements qui ont mis le feu aux poudres et ainsi causé plusieurs mouvements contestataires sans précé-dent au sein de la population américaine. Ces manifestations, dont les représentants revendiquent la cessation de ces groupes aux idéaux antiprogressistes, divise un peu plus chaque jour les « États-Désunis » d’Amérique.

Cet incident nous oblige à nous poser quelques questions : que savons-nous de la «droite alternative»? Qui sont ces nationa-listes blancs qui militent pour la préservation de l’identité et de l’héritage des Américains d’ascendance européenne en Amérique du Nord?

ORIGINES

En 2008, Richard Bertrand Spencer a in-venté le terme « droite alternative » en évo-quant les idéaux d’extrême droite centrés sur « l’identité blanche » et la préservation de la civilisation occidentale. Deux ans plus tard, il lance son site internet intitulé Alternati-veRight.com où il définit plus précisément ses motivations et ses idéaux par le biais d’ar-ticles, de Podcasts et de vidéos postés sur son blogue. Finalement, M. Spencer est promu au titre de président du NPI (the National Poli-cy Institut) en 2011 après la mort de son di-recteur Louis R. Andrews.

L’année 2016 devint l’année la plus proli-fique pour le mouvement. Grâce à son ratta-chement à l’ex-président du média politique conservateur d’extrême droite Breitbart News, Stephen Bannon, qui devint le chef exécutif de la campagne électorale de Do-nald Trump en août dernier, le NPI a obte-nu une immense couverture médiatique qui le propulsa au rang de mouvement « légi-time ». En effet, avec un suprémaciste blanc maintenant devenu haut conseiller du pré-sident des États-Unis et ayant sa place à la table du Conseil de sécurité nationale, il est impossible de nier le fait que la droite alter-native a maintenant un accès direct à la Mai-son-Blanche et au Bureau ovale.

CONTEXTE ACTUEL

Durant les élections américaines de 2016, un homme, à la chevelure dorée, au voca-bulaire avoisinant celui d’un préadolescent et aux tendances narcissiques a su charmer la majorité des Américains de race blanche (58%) avec ses idées protectionnistes et

« Notre rêve est de créer une nouvelle société, un ethno-état qui serait un point de rassemblement pour tous

les Européens. Ce serait une nouvelle société basée sur des idées très différentes que, disons, la Déclaration

d’Indépendance. » - Richard B. Spencer (Traduit de l’anglais)

la Droite alternative : Revendiquer le droit de haïr

GABRIEL TREMBLAY

« Hail Trump! Hail notre peuple! Hail la victoire! »

- Richard B. Spencer (Traduit de l’anglais)

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LE PHOQUE — MARS 2017| 11

basées essentiellement sur la profonde envie de redonner aux États-Unis son image de pre-mière puissance mondiale. Bref, pour Donald Trump, «it’s going to be only America First» (Donald J. Trump, 2017).

Maintenant qu’il est devenu «leader of the free world» et ayant déjà abusé de ses droits en signant quelques ordres exécutifs misogynes et islamophobes, la popularité des groupes encourageant des valeurs d’ex-trême droite et une rhétorique au goût amer d’anti-multiculturalisme et de nativisme a augmenté de façon presque exponentielle. Actuellement, il y a 917 groupes considérés comme étant des entités prônant la haine sur le sol américain, soit presque le double qu’au tournant des années 2000.

LEURS IDÉAUX

Contrairement au néonazisme tradition-nel, l’Alt-Right n’intègre pas ses idées de façon à ce qu’elles soient perçues comme voulant inciter à la haine. Son leader, ayant fait un doctorat en histoire européenne mo-derne, a la capacité de banaliser ses idéaux racistes, xénophobes et suprémacistes en utilisant une approche plus sympathique à travers ses discours et ses articles. En effet, Spencer décrit l'Alt Right comme un mouve-ment qui se constitue de différents courants idéologiques tels que le néo-réactionnisme qui préconise un retour à un gouvernement

pseudo-libertaire, l’ar-chéofuturisme qui prône un retour aux « valeurs traditionnelles » sans abandonner les progrès sociaux puis technolo-giques et le racialisme qui approuve la « théo-rie de la race » et le « ra-cisme scientif ique  ». À l’inverse, i l rejette strictement les idéaux de l 'égalitarisme et de l 'universalisme philo-sophique. En d’autres termes, il s’oppose ar-demment à l’idée que chaque être humain est égal peu importe ses croyances, son sexe, son orientation sexuelle, etc. De manière laconique, il cherche à javelliser les États-Unis à l’aide d’un nationalisme exacerbé pour ultimement rendre les « blancs plus blanc » et ainsi décolorer les vibrantes teintes multi-culturelles qui constituent son tissu social actuel.

ET LE FUTUR ? Il semblerait que les États-Unis ne soient

pas la seule victime de la montée de l’ultra-nationalisme dans le monde occidental. En effet, l’Europe est autant affectée par cette maladie infecte qui semble se répandre un peu plus chaque fois qu’un événement tra-gique impliquant un individu à la peau ba-sanée et parlant un langage non européen survient. La France et le Front national, la Finlande et l’Union démocratique du centre, l’Italie et la Ligue du Nord, toutes ces forma-tions politiques qui prônent un retour à une Europe blanche profitent allègrement de la situation de crise actuelle en Europe. Tout comme en Amérique du Nord, les réfugiés syriens, la menace de l’État islamique et l’af-flux d’immigrants venant de pays en diffi-culté sont quelques-unes des innombrables raisons pour lesquelles certains considèrent que le radicalisme réprouvé d’hier est devenu l’unique solution acceptable d’aujourd’hui.

« Nous visons à élever la conscience des Blancs, assurer notre continuité biologique et

culturelle, et protéger nos droits civiques. L’institut [NPI] étudiera les conséquences de

l’afflux continu des populations non occidentales sur notre

identité nationale. » - Richard B. Spencer

Tiré de l’énoncé de mission du NPI

(Traduit de l’anglais)

« C’est une nouvelle extrême

droite que l’on voit germer.

On la qualifie de nationale

populiste, une définition qui

explique son succès. Populiste,

parce qu’elle dénonce les élites

contre le petit peuple fragilisé

et nationaliste car elle prétend

sans cesse que la nation est

menacée et est condamnée

par une série de phénomènes

extérieures [sic] »- Magali Balent,

spécialiste des populismes européens à l’institut de relations internationales et stratégiques

STEPHEN BANNON : ÉMINENCE GRISE DE LA DROITE ALTERNATIVE ET CHEF DE CAMPAGNE POUR TRUMP

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12 | LE PHOQUE — MARS 2017

société

XAVIERGAGNON

On peut bien être habitué à vivre dans la neige cinq mois par année, n’empêche qu’une fois de temps en temps, le blues de l’hiver nous frappe. Certaines personnes sont plus affectées que d’autres, et peuvent ressentir une détresse morale sérieuse. Par quoi est-il causé? Quels sont les symp-tômes? Quels sont les trucs pour se sentir mieux? Voyons les réponses.

La dépression saisonnière est d’abord cau-sée par le manque de lumière. En effet, les substances chimiques de notre cerveau (pour faire simple) ont besoin de la plus grande quantité de lumière naturelle possible pour être stimulées. En d’autres termes, la lumière a un impact direct sur notre humeur : avec plus de lumière, on est plus heureux!

Le froid de l’hiver affecte également le mo-ral, puisqu’il fatigue le corps. Lorsque l’on est forcé à se reposer, notre rythme entre l’éveil et le sommeil est perturbé et peut entraîner des troubles du sommeil. Notre horloge in-terne n’est alors plus adaptée aux heures d’ac-tivités normales de la société, ce qui brise le cycle naturel de 24h du corps, aussi appelé rythme circadien.

LES SYMPTÔMES Ces carences de lumière et de chaleur en-

traînent différents symptômes. Lorsque l’on vit un blues, on peut ressentir un manque d’énergie, des changements d’humeur ainsi qu’une tendance à vouloir dormir plus long-temps. Le blues affecte également la mémoire et la concentration. Même si ces symptômes

ressemblent à ceux d’une dépression franche, ils ne sont pas nécessairement indicateurs d’une telle maladie. Si vous doutez, allez consulter un médecin!

LES TRUCSPour se débarrasser de cette froide dé-

prime, voici quelques conseils.

Aller chercher le plus de lumière possibleLe mieux est d’aller faire de grandes pro-

menades à l’extérieur, vers midi. Faire du sport est également très bénéfique pour le corps et pour l’humeur. S’installer simple-ment devant une fenêtre lorsque l’on travaille augmente la concentration et l’énergie. Fina-lement, lorsque le soleil se couche, il faut allu-mer le plus de lampes possible. Même si ça ne vaut pas la lumière naturelle, c’est mieux que de rester dans le noir!

Manger sainement et faire du sportÊtre bien dans son corps, c’est la clé pour

être de meilleure humeur. Sans nécessai-rement commencer un régime, manger quelques fruits, légumes et noix chaque jour

vous donnera un peu plus d’énergie! En plus, faire un minimum d’activité physique per-mettra non seulement de penser à autre chose qu’à la déprime, mais également de se défou-ler et de se sentir plus en forme.

Travailler sur un projet stimulantCommencez quelque chose dont vous se-

rez fier. Ce n’est pas obligé d’être un grand projet de vie! Le simple fait de concrétiser une idée permettra de se sentir mieux. Vous aimez dessiner? Faites de vos gribouillis une œuvre d’art! Jouer de la musique vous plaît? On sort la guitare! Cuisinez! Chantez! Jouez! Écrivez!

Prendre soin de soiC’est durant le blues hivernal qu’il faut se

faire plaisir. Offrez-vous une pédicure! Res-tez caché sous les couvertures en écoutant un bon film le soir! Mangez du chocolat (pas trop quand même, n’oubliez pas de manger sainement)!

FAIT INTÉRESSANT Saviez-vous que, selon le psychologue

anglais Cliff Arnold, le troisième lundi du mois de janvier serait la journée la plus dé-primante de l’année? Le phénomène s’ex-pliquerait scientifiquement. Ce lundi de la déprime, surnommé en anglais Blue Monday, serait le facteur d’une accumulation de cir-constances : le temps des fêtes est passé, l’en-dettement de la fin de l’année précédente fait surface, les jours sont à leur plus court, et plu-sieurs personnes réalisent qu’elles n’ont pas tenu leurs résolutions.

Joyeuse Fin d’hiver !

Combattre le blues de l’hiver

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culture

ANDRÉANNEPINSONNEAULT

Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand on vous dit le mot «peinture»? La gouache, l’acrylique et la peinture à l’huile sont sans doute parmi vos premiers choix. Qui a pensé à l’aquarelle? Voici donc une mo-deste introduction à ce type de peinture méconnu.

MATÉRIELPour peindre, il faut évidemment des

pinceaux, une palette, de l’eau, du papier essuie-tout et du papier aquarelle. Il est pos-sible de trouver des pinceaux dans des maga-sins spécialisés en fournitures d’art. Inutile de prendre les plus chers du lot. Vous pouvez aussi prendre des pinceaux qui viennent du Dollarama, mais ils seront moins efficaces. On ne peint pas sur une toile comme pour les autres sortes de peinture, on peint sur du papier aquarelle. Le degré d’absorption va-rie selon la quantité de coton contenu dans le papier et de l’épaisseur de la feuille. Évidem-ment, le prix va également varier en consé-quence. Plus une feuille absorbe l’eau, moins elle va se gondoler sous son effet. Les peintres les plus avancés «tendent» la feuille en la fai-sant tremper, puis en la fixant sur un support avec un papier collant spécial. Après avoir sé-chée, la feuille ne gondolera plus, sauf si elle est de mauvaise qualité. Le papier essuie-tout

sert à essuyer le pinceau pour ne pas mélan-ger les couleurs ou à enlever un surplus d’eau sur la feuille. On peut aussi prendre du sel, ce qui donne vraiment un bel effet. On dirait qu’il y a du cristal sur la feuille, allez sur Goo-gle si jamais ça vous intéresse.

Il existe 3 manières différentes de peindre: avec des crayons aquarelle et avec de la pein-ture en pastille ou en tube. On peut dessi-ner directement avec les crayons et ajouter de l’eau par la suite pour diluer la couleur ou alors prendre la couleur sur le crayon avec un pinceau et peindre par la suite. Si on ap-plique directement le crayon sur le papier, il sera toujours possible de voir la ligne, peu im-porte le nombre de litres d’eau que l’on met. Si c’est l’effet recherché, tant mieux! La pein-ture en tube est la meilleure pour les débu-tants. Il suffit de mettre sur une palette une petite quantité de peinture et d’y ajouter de l’eau. Les pastilles donnent une couleur plus intense, alors il faut les diluer avant de l’appli-quer. Aussi, le mélange des couleurs est plus difficile, c’est pourquoi je ne conseille pas les pastilles aux débutants.

QUELQUES TECHNIQUESPlus il y a de l’eau, plus la couleur devient

pâle. Il est possible de faire des mélanges de couleur directement sur le papier ou alors au

préalable sur la palette. Ce qui est bien avec ce type de peinture, c’est que tant que la pein-ture est mouillée, on peut faire des retouches. Lorsqu’elle est sèche et qu’on n’est pas satis-fait du résultat, on peut rajouter une nouvelle couche de peinture par-dessus.

La superposition est la clé du succès et cela permet d’ajouter beaucoup de détails à une œuvre. Il faut commencer par l’arrière-plan et migrer peu à peu vers l’avant-plan. Si on fait un croquis sur le papier aquarelle avant de peindre, les lignes seront visibles, sauf si on met de la couleur foncée par-dessus ou que le plomb est très pâle. On peut alors in-clure le dessin dans notre œuvre ou cacher les lignes avec de la peinture en repassant dessus. L’aquarelle va se rendre partout où il y a de l’eau. Une des manières d’utiliser cela à notre avantage est de mettre de l’eau sur une zone x du papier. Ensuite, il suffit d’appliquer de la peinture directement sur ladite zone, la cou-leur va rester là.

PARTICULARITÉSIl est impossible de rajouter du blanc avec

de l’aquarelle. Alors, il faut le préserver. Il y a trois méthodes pour ce faire : ne pas peindre à cet endroit, appliquer un produit sur la zone qui doit rester blanche appelé gomme réserve ou utiliser une autre sorte de pein-ture et rajouter du blanc. L’aquarelle est faite de produits naturels, dont du miel. Ce n’est pas toxique si vous ou l’un de vos animaux de compagnie en mangez par accident.

Il existe bien d’autres techniques que je n’ai pas mentionnées ici, soit parce qu’elles sont plus compliquées ou parce que je ne les connais pas. Avec l’aquarelle, il faut savoir se laisser aller : on ne peut pas tout contrô-ler. On ne sait jamais vraiment qu’est-ce que ça va donner avant que la feuille ne sèche. Même si on planifie comme il faut ce qu’on veut faire et qu’on maîtrise les techniques à la perfection, ce n’est pas possible de mélanger de l’aquarelle en sachant exactement ce que ça va donner. C’est ce que j’aime de la pein-ture à l’eau.

Aquarelle 101

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jeux

SamdokuSAMUEL DUCLOS

Facile Difficile

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LE PHOQUE — MARS 2017| 15

bêtises

ASTRO PHOQUEBÉLIER du 21 mars au 19 avrilTravail : Ces sabots ne vous aideront pas à trou-ver un travail digne de vos capacités réelles.Santé : Les rédacteurs d’horoscope vous har-cèlent avec des blagues spécistes, ce qui nuit à votre moral.Sexe : Allez et venez. Répétez jusqu’à ce que vous bêliez de plaisir. (Bélier, la pognes-tu?)

TAUREAU du 20 avril au 20 maiTravail : Des choses s’en viennent. Santé : Une situation est à prévoir.Sexe : Votre nombre d’orgasme augmentera à 3.16 durant la première semaine de mars, avant de redescendre à 2.89 durant la seconde, pour se stabiliser à 2.54 pour le reste du mois.

GÉMEAUX du 21 mai au 20 juinTravail : Écrire des horoscopes bidons, un signe à la fois Santé : Ok c’est malaisant quand vous partagez du Santé-Nutrition.com - sauf leur curcuma au gingembre, ça c’est obligatoire.Sexe : En bon gémeaux tu t’éparpilles encore. Semer à tout vent coûte cher, faudra écrire plus.

CANCER du 21 juin au 22 juilletTravail : Faire un effort n’est pas toujours facile Santé : Cancer : as-tu des raisons d’espérer ?Sexe : Tel un érable, le mois de mars fera monter la sève de tes précieux fluides corporels.

LION du 23 juillet au 23 aoûtTravail : C’est en forgeant qu’on devient forgeronSanté : L’appétit vient en chassantSexe : C’est en liant qu’on devient lion (t’as essayé le BDSM ?)

VIERGE du 24 août au 22 septembreTravail : Concierge ou médecin, je vois pas d’autre option.Santé : Tu es dû pour une frette à La SoucheSexe : Encore une fois tu resteras fidèle ... à ton signe.

BALANCE du 23 septembre au 22 octobreTravail : Tsé que c’est hier qu’on avançait l’heure hein ?Santé : Tes lobes d’oreilles s’épanouissent comme jamais auparavant, tu renaîs.Sexe : Tes lobes deviendront à la fois un atout en séduction et une zone érogène célèbre.

SCORPION du 23 octobre au 21 novembreTravail : Tu y tiens vraiment ?Santé : Maladie génétique? Là où y’a des gènes y’a pas de plaisirSexe : «scorpion» = «scorer» + «morpion»

SAGITTAIRE du 22 novembre au 21 décembreTravail : (Re-)Travaille sur ton couple.Santé : As-tu pensé aux plantes adaptogènes ?Sexe : Don’t grab it. Just don’t.

CAPRICORNE du 22 décembre au 19 janvierTravail : Vous ferez pour de l’argent ce que vous ne feriez pas autrementSanté : Les rédacteurs d’horoscope vous har-cèlent avec des blagues spécistes, ce qui nuit à votre moral.Sexe : Booty Call? Oui, c’est en hiver qu’elle ressent l’appelle de la botte.

VERSEAU du 20 janvier au 19 févrierTravail : Journaliste au Phoque : salaire absolu-ment pas compétitif mais machine à café, divan et microonde privé.Santé : Le Fight Club fait oublier les petits bo-bos, en changeant le mal de place ou détruisant la zone endolorie.Sexe : N’ayant plus aucune attente, tu n’auras plus aucune déception. C’est magique.

POISSON du 20 février au 20 marsTravail : Tu vas finir dans un sushiSanté : Le wasabi sera ton amiSexe : L’ail peut être un aphrodisiaque. Pour celui qui l’a consommé.

par Raphaël Simard, poisson ascendant poissonillustrations : Marius Gérard-Milot et Walter Disney

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vie étudiante

À la salle Sylvain-Lelièvre, le 18 février, s’est tenu la finale locale de Cégeps en spectacle. Durant cet événement, 25 étu-diants du cégep Limoilou ont réalisé 11 prestations divisées en plusieurs catégo-ries. Avant de vous donner les noms des gagnants, voici une entrevue exclusive avec l’un des participants, Bryan Aceve-do-Gravel. Il fera deux numéros, un d’art oratoire et l’autre sera l’interprétation d’une chanson.

Quelles sont les dif-férentes catégories de numéros?

Il y a 3 catégories de numéros: créa-tion totale, création mixte (interpréta-tion et création) et interprétation. Un exemple de la créa-tion mixte serait une personne qui choré-graphie une danse, mais qui n’a pas com-posé la musique. Cé-geps en Spectacle est une compétition dite amateure des arts de la scène, donc il y a plusieurs disciplines possibles : cirque, magie, danse, art oratoire, théâtre et humour.

Est-ce qu’il y en a qui valent plus de points? Comment sont-ils comptabilisés?

24 juges vont donner les prix pour la pre-mière et la deuxième place. Le public pourra aussi voter pour son spectacle préféré. Selon les catégories, les juges donneront plus de points. La création totale en vaut plus que l’interprétation. Les juges vont aussi donner des points selon différents critères: l’origina-lité, la présence sur scène et le talent.

Quel est le prix de la finale de Cégep en spectacle?

Pour le 1er prix, on reçoit 400$ et on par-ticipera à la finale régionale. Pour le 2e prix, c’est 300 $ donné par la Coop du Cégep Li-moilou et finalement le gagnant du prix du public reçoit 250 $ de l’A.G.E.E.C.L.

Je sais qu’il y a un autre spectacle pour les élèves du secondaire, Secondaires en Spectacle. Est-ce que les personnes qui y ont participé sont plus susceptibles de faire partie de Cégeps en Spectacle?

De ce que j'ai pu observer, oui, en effet, ce sont majoritairement des anciens participants de secondaire en spectacle qui vont participer à Cégep en spectacle, mais pas exclusivement.

Quelle est la principale différence entre ces deux spectacles?

La principale différence entre les deux concours est très simple, à secondaire en spectacle nous avons la possibilité d'avoir des retour commentaires de professionnels durant tout le processus du concours allant du début des auditions jusqu'au spectacle lui-même. En revanche, avec Cégeps en Spectacle nous n'avons pas le droit d'être

Cégeps en Spectacle

ANDRÉANNEPINSONNEAULT

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coaché, quoique nous ayons le droit d'avoir des retours de commentaires.

Es-tu plus nerveux de faire Cégeps en Spectacle ou bien Secondaires en Spectacle?

Très honnêtement, oui je suis plus nerveux pour cégep en spectacle parce que c'est mon bagage de scène à moi qui me fera passer plus loin je suis donc un peu nerveux de présenter un texte que j'ai écrit. Bien sûr, comme je le faisait à secondaire en spectacle, j’interpréterai une chanson, donc elle sera à peine modifiée.

* * *En tout, il y avait 11 performances faites

par 25 étudiants(tes) du cégep. Je vais me concentrer sur les gagnants et quelques autres, étant donné que je manque de place et que c’est dur de résumer toutes les performances.

La gagnante du 1er prix est Coralie Ro-berge. C’est une contorsionniste qui incar-nait un personnage possédé par un démon. Au début, elle lutte, mais la bête en elle finit gagner. Durant son numéro, elle a dialogué deux fois avec le monstre, la première fois elle suppliait la bête de la laisser tranquille.

La deuxième fois, le monstre lui dit que personne ne pourra l’accepter comme elle est et qu’elle est mieux de rester avec le monstre.Sur la moitié droite de son corps (par rap-port au public), il y avait du rouge et des traits noirs qui faisaient penser à un démon et la musique stressante nous faisait entrer dans son univers étrange. Les poses qu’elle prennaient étaient spectaculaires. Je ne pen-sais pas que le corps humain pouvait se plier autant!

Le 2e prix va à Frédérique-Anne Desma-rais, (aka Fria Moeras) laquelle a interpré-té une chanson qu’elle a composée. Sa mise en scène était très originale, elle s’était ha-billée comme Elliot dans le film E.T. et avait un toutou de l’extraterrestre en question. Sa voix et sa musique me faisait penser à celles des Soeurs Boulay.

Le prix du public va à la troupe Neutre. C’était un mélange d’art oratoire, de chant et de danse contemporaine. La voix de la chan-teuse, Anne-Virginie Bérubé, était envou-tante. Le texte de la chanson était très beau.

Parmi mes prestations préférées, il y avait celle de Maxime Poulin. Il faisait un numéro de cirque en utilisant des diabolos. Sa coor-dination oeil-main était très impression-nante. À un moment, il en avait même deux en même temps! Ça a dû demander beaucoup de pratique. Je voulais aussi souligner le tra-vail de Dalian Ferland-Paquette, l’animateur

de la soirée. Durant les transitions entre deux numéros, il incarnait un professeur d’histoire qui analysait des périodes de l’Histoire avec beaucoup d’humour. Pour finir, j’aimerais re-mercier toutes les personnes ayant rendu ce spectacle disponible, c’était vraiment réussi.

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18 | LE PHOQUE — MARS 2017

poésie

Je suis celui qui écrit, le narrateur.

Prestation neutre, à blanc sur feutre qui vit si tu lui sers d’orateur.

Je définis l'énigme des mots, qui virevolte la cime semée,

rattachée à ce tronc corsé, bornée, par ces porteurs de

drapeaux.

Avare ponctuateur, griffonnant l’alphabet au plus offrant.

Je prodigue la lettre groupée pour combattre contre le

temps.

À grands coups de pensées, je ralentis ce cadran.

Coulant si vite, lorsqu’inertie réduit les vibrants

Là pour y mettre une graine de beauté dans l’océan.

Je m’enivre du mal pour proclamer le bon, des mots crassés sales pour remuer le fond de leur tona-

lité stricte.

La vérité véritablement véridique, qui dicte à la vie son script, elle qui parfois oublie.

Renie en rond d’une réticence statique qui tique le lion jusqu’au rugissement colérique.

Lui, ravi du titre, étant narcissique et un peu éthique dans la pratique d’une poésie poétiquement

pratique.

Mais quelle horreur ai-je à mon usage.

Je dévie la tête d’un cou contorsionné par peur du coup en plein visage.

Mon cœur est l’attelage qui me traîne de désespoir.

Un désir pour le douillet nuage qui s’efface dans le noir.

Crée

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LE PHOQUE — MARS 2017| 19

Mon âme traînée dans la boue, je ne sais l’arrêter.

Douloureux dégoût que je préfère agripper.

Une emprise qui me fait néanmoins avancer.

De reculons, dos à la vérité.

Mon cœur fond dans les braises de mes pensées, à désirer ce qui pourtant est si proche.

Mon crâne cadenassé, contournant toutes les issues de mon âme dévouée qui décroche de peur

de la réalité.

J’pus capable de me sentir si incomplet!

Tel un dramaturge au sein de sa plus belle scène, sans spectateur aux aguets.

Ça me rend fou! d’une folie froide qui se tait…

Rien n’est tant qu’il ne soit… À moins que tu ne l’inventes!

- Gabriel Bélanger

Illustré par Rosie Nadeau

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Journalistes • Andréanne Pinsonneault • Lucie Clabaut • Mathieu Desgroseilliers • Gabriel Tremblay • Gabriel Bélanger • Benjamin Dagenais-Quesnel • Thomas Desrosiers • Vanesa Gonzales • Xavier Gagnon • Samuel Duclos • Joanie Poirier • Édimestre • Mark-André Dumont • Graphistes • Mark-André Dumont • Mathieu Desgroseilliers • Raphaël Simard • Correcteurs • Kamille Leclair • Mathieu Desgroseilliers • DG • Mathieu Desgroseilliers • Rédacteurs en chef • Benjamin Dagenais-Quesnel • Kamille Leclair • Coordonatrice •

Josianne Desloges

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JOANIEPOIRIER Arts de la scène et femmes

Erika Hagen-Veilleux est une auteure et interprète multidisciplinaire à découvrir. Cette humaine créative de 21 ans est actuel-lement en train de compléter son DEC en arts du cirque à l’École de Cirque de Québec. Ses principales implications récentes pour les femmes sont d’avoir été dans le comité femmes du Cégep Limoilou et de faire du slam féministe lors d’événements culturels.

ASSUMER SA PLACEQue ce soit pour faire de la musique dans les

rues, pour interpréter ses textes à des soirées ou encore pour occuper une scène en cirque, Erika doit gérer des réactions douteuses par rapport au fait qu’elle est une femme qui prend fortement la parole ou qui occupe délibéré-ment un centre d’attention. Elle a dit trouver difficile d’en répondre adéquatement comme quand, par exemple, on l’interrompt pendant une interprétation pour lui exprimer du désir physique au détriment de son travail.

Au travers de ces expériences, elle ressent une évolution personnelle en lien avec la dé-culpabilisation du fait de s’exprimer ouverte-ment et publiquement. Voici un extrait de l’un de ses slams :

Don’t be a bitchArrête de crier

Y vont te coller dans la vitrine aux folles avec les autres salopes aux grandes colères

Te traiter de garce, de chatte, de minou, de sorcière

T’es plus cute quand tu sourisC’pas joli découdre ta bouche en dentelle

Pour dire les mots sales qui trainent dans l’fond d’ta gorge aigrie

AvalePendant qu’la société te vient dans la gueule

En te disant de dire merci parce qu’ailleurs n’est pas iciParce qu’hier n’est plus aujourd’hui.

N’avale plus Les mots corrosifs sur ta langue

Ils vont te regarder, scandalisés.

Mais on s’en contre-calissNe t’habille pas d’absence

T’es pas venu au monde en silence.

Erika Hagen-Veilleux