Vous préférez descendre mais vous aimez aussi monter. Partir pour de longues virées avec du dénivelé positif et négatif à gogo. Ou vous en pincez pour des sorties moins musclées, ludiques, en visant l’amusement plus que la performance. L’Occam TR pourrait bien vous intéresser avec ses 120 mm de débattement et roues de 29 pouces dédiés au plaisir de rouler. Tout simplement. TEXTE > JULIEN NAYENER & PHOTOS > NICOLAS BAISIN

Invitation à rouler

OrbeaOCCAM TR M30

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› Une belle virée en montagne, comme ici dans le massif de l’Oisans, rien de tel pour l’Occam TR.

ESSAI

1

2

3

En planchant sur l’Occam TR (traduisez

«Trail»), présenté il y a un peu plus d’un an

maintenant, Orbea voulait à tout prix éviter

de reproduire un Oiz «bis». On pouvait en effet repro-

cher à l’Occam ancienne génération son orientation

trop typée XC/Marathon. La marque espagnole a donc

revu sa copie pour son nouveau 120 mm de débat-

tement en roues de 29 pouces, afin qu’il ne vienne

plus rouler sur les plate-bandes du tout-suspendu de

Cross-Country.

Bon, en observant les deux machines, impossible de

ne pas voir qu’elles ont malgré tout un petit air de

famille (la forme caractéristique de certains tubes par

exemple) et des propriétés techniques en commun.

Comme l’Oiz, l’Occam TR, dans ses versions carbone,

se passe ainsi de point de pivot au niveau du triangle

arrière, la conception des haubans permettant d’offrir

le «flex» nécessaire; Orbea, à l’instar de nombreuses

autres marques, a choisi cette solution (appelée ici

«UFO Technology») qui vise surtout à économiser

de précieux grammes, mais permet également de

faire l’impasse sur des roulements, forcément expo-

sés à l’usure. Pour le poids, c’est réussi, le cadre

de l’Occam TR, en taille Medium, se situe juste en

dessous de la barre des 2 kg (sans amorto), une jolie

performance pour un 120 mm.

Comme sur l’Oiz, Orbea a également effectué un tra-

vail spécifique sur la suspension arrière. Le concept

«Advanced Dynamics» - c’est son nom - est censé

offrir de la sensibilité sur les petits chocs, puis une

courbe d’amortissement progressive une fois qu’on a

atteint la moitié du débattement, pour permettre un

bon maintien et éviter d’aller talonner trop facilement

sur les plus gros chocs ou réceptions de sauts.

Mais l’Occam TR, c’est une géométrie spécifique. Par

rapport à l’Oiz, le vélo s’encanaille clairement avec

un angle de direction à 68 degrés (contre 70 pour le

Cross-Country) ou encore des bases plus courtes de 5

mm (435 contre 440 mm). L’angle de selle se couche

aussi vers l’arrière d’un demi-degré.

Orbea a également fait quelques choix tranchés au

niveau de l’équipement, qui «typent» l’Oiz. Le poste

de pilotage est peut-être l’exemple le plus flagrant

avec une potence ultra courte de 35 mm... 35, c’est

aussi le diamètre du cintre, pas prévu pour aller

  41

1 › La famille des Occam TR est assez nombreuse avec pas moins de sept modèles au catalogue, dont quatre en alumi-nium et trois en carbone, dont celui-ci, le M-30, l’entrée de gamme en composite. Outre cette version orange brillant, Orbea propose un coloris vert satin. 2 › Si le cadre est entièrement en carbone, la biellette est elle en aluminium. Orbea a travaillé avec Fox pour adapter les settings de l’amortisseur au système de suspension de l’Occam TR. On notera au passage que l’espace central permet d’installer un porte-bidon pouvant accueillir un récipient d’un volume généreux. 3 et 4 › L’Occam TR est au standard Boost (axe arrière de 12x148 mm). Orbea a pris soin de protéger les bases à deux endroits, pour éviter que la chaîne ne vienne taper sur le cadre ou frotter contre celui-ci. 5 › Orbea a fait le choix d’une potence ultra courte et d’un cintre en 35 mm de diamètre sur l’Occam TR. Ce poste de pilotage oriente le vélo vers une pratique plus engagée. 6 › Les tubes de l’Occam TR sont plutôt du genre massifs, à l’instar de la proue du vélo bodybuildée. Les passages de gaines viennent se ficher dans le cadre en interne avec un cheminement qui contourne la douille de direction, ce qui évite d’endommager le cadre avec des frottements. Orbea a toutefois prévu une vis sur le tube diagonal pour pouvoir faire passer les gaines en externe. Bien vu ! Un mot encore des petits colliers qui servent à réunir les gaines, on peut facilement les perdre...4

5

6

prendre le départ de la course de Cross-Country du

coin. Pour les pneus, dans le même esprit, la marque

espagnole a fait confiance à Maxxis et a choisi un

Ardent de généreuse section (2.4) avec son crampon-

nage latéral devant, puis une enveloppe un peu plus

étroite et au profil plus roulant (un Ardent Race en

2.2) à l’arrière. Bon, si cette monte s’avère parfaite

en conditions sèches, elle manque sans doute un peu

de polyvalence et elle est carrément à oublier si les

conditions deviennent humides. Mais les pneus sont

faits pour être changés en fonction de la nature du

terrain, alors inutile d’épiloguer.

C’est en revanche dommage, à notre sens, que sur le

modèle M30, vendu à ce prix, la tige de selle télesco-

pique ne soit pas installée de série.

› mesurée en taille M

GÉOMÉTRIE

115

68°

585

435

1145

435

74,5°

335

FICHE TECHNIQUEcadre Orbea Monocoque Race Carbon suspension

Fourche Fox 32 Float Performance FIT 4 Boost - 120 mm Amortissseur

Fox Float DPS Performance - 120 mm transmission Dérailleur

AV/AR Shimano SLX / Shimano XT, Commandes Shimano SLX, Pédalier

Shimano M627 - 36x22 dts, Cassette Shimano HG 50 - 11x36 dts

poste de pilotage Potence Race Face Aeffect - 35 mm,

Cintre Race Face Aeffect (diamètre : 35 mm, longueur : 740 mm)

freinage Freins Shimano M506 TRain roulant

Roues DT Swiss Spline X-1900 TLR Pneus Maxxis Ardent EXO

29x2.4 (av.) / Maxxis Ardent Race EXO 29x2.2 (ar.) assise

Tige de selle RockShox Reverb Stealth Selle Fizik Gobi M7

tailles disponibles M, L, XL Contact www.orbea.

com  3699 € le vélo complet (sans l’option tige de selle

télescopique)  12,820 KG sans pédales

ESSAI

42  

Pour en avoir une, il faut la commander en option

en intégrant bien sûr le surcoût qui va avec (voir

encadré par ailleurs). Un tel équipement nous semble

pourtant totalement indispensable sur un vélo destiné

à une utilisation aussi diversifiée que l’Occam TR.

Car durant notre long test, l’Orbea nous a accompa-

gnés sans broncher sur des terrains très variés, entre

nos sorties entre midi et deux, un petit enduro en Ile

de France, en passant par les tracés de l’enduro du

Lion à Belfort sans oublier de plus longues sorties

dans le massif vosgien ou dans les Alpes. C’est sans

doute d’ailleurs sur ces longues virées en montagne

que nous avons le plus apprécié la grande polyva-

lence du vélo. Avec d’autres machines, c’est souvent

l’histoire du verre à moitié vide et à moitié plein sur

ce type de sorties : un tout-suspendu de XC/mara-

thon s’apprécie pour son comportement en montée,

beaucoup moins dans les descentes techniques, c’est

évidemment l’inverse si on opte pour une machine de

140 mm de débattement ou plus.

L’Orbea réunit en quelque sorte les deux mondes,

sans réel objectif de performance, quoique... Pour

des raids genre Transvésubienne par exemple, l’Oc-

cam TR nous paraît être un sérieux client, à condi-

tion de «booster» un peu l’équipement ici sur le

M30 et de faire subir à ce dernier une petite cure

d’amaigrissement. Avec pédales, le vélo dépasse

les 13 kg, ce n’est pas très lourd, mais il y a moyen

de faire mieux, rien qu’en choisissant une paire de

roues de plus haut standing que les DT Swiss Spline

X-1900. Si on n’est pas dans cette quête d’allége-

ment, celles-ci nous ont en revanche semblé bien

suffisantes. En plusieurs mois de test, elles n’ont

pas bougé, leur comportement assez neutre - ni

trop rigides, ni trop molles - nous a séduits. Côté

suspensions, nous n’avons pas eu à déplorer de

souci de fiabilité non plus. La Fox 32 Performance

a offert un très bon fonctionnement, y compris dans

les parties les plus cassantes. Orbea offre la possi-

bilité de monter une 34 en option, mais la fourche

1 › L’Occam TR M30 est équipé d’origine en double plateau, avec un dérailleur avant Side Swing, mais on peut choisir de le monter en «mono» si on le souhaite. 2 › Outre la fourche Fox 32 Float Performance (montée ici sur le vélo) , ou encore la 32 Float Factory, Orbea propose en option de monter l’Occam TR avec une 34, moyennant un surcoût de 299 euros.

1 2

d’origine tire déjà très honorablement son épingle du

jeu. Même constat pour l’amortisseur Fox Float DPS

Performance, efficace et endurant. Son positionne-

ment sous le tube horizontal permet d’accéder à la

manette de réglage très facilement et ainsi de choisir

entre les trois positions : ouvert, medium ou ferme.

Toujours utile, même si à l’usage, on a roulé très

souvent sur le mode intermédiaire, qui offre à la fois

un bon grip, sans être pénalisant au pédalage. Dans

certaines montées très raides, on ne s’est pas privé

cependant de «déverrouiller» totalement l’amorto

pour sentir l’arrière s’affaisser et aller chercher

encore plus de motricité. On s’est même parfois sur-

pris avec cet Occam TR à escalader certains raidards

avec pierres et racines que nous n’avions pu franchir

au guidon d’autres vélos ! Ceci n’aurait d’ailleurs

sans doute pas été possible si l’Orbea n’avait pas

été bien équilibré : il ne cabre pas, pour peu qu’on

prenne la peine de charger un peu l’avant et de se

déplacer légèrement en bec de selle.

ESSAI

Le configurateur d’Orbea permet de modifier le montage de base de son vélo en quelques clics. Par exemple, sur notre modèle M30, nous aurions pu troquer notre double plateau pour un «mono». Outre la transmission, la marque espa-gnole propose des options différentes pour l’amortisseur, la fourche, les roues, ou encore les freins, la selle et la tige de selle. Voilà qui permet de s’approcher du montage idéal en s’alignant au plus juste avec le budget dont on dispose. Précisons encore que le modèle que nous avons testé était un vélo 2016 et que certains composants du millésime 2017 évoluent. Rien d’absolument révolution-naire, mais quand même... Orbea a par exemple choisi d’installer sur l’Occam TR une paire de Maxxis Ardent en 2.4 et non plus comme sur notre machine de test un Ardent Race derrière et un Ardent devant. Si l’on choisit une tige de selle télescopique, on n’aura également plus droit à une Reverb mais à une Race Face Turbine. Il faudra alors débourser 289 euros supplémentaires, à ajouter aux 3699 euros de base...

DES OPTIONS DE MONTAGE...

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NOTATION 15,6/20 › Type de parcours

ROULANT 13 ❚❚❚❚❚❚❚CASSANT 16 ❚❚❚❚❚❚❚❚

PETITS DÉNIVELÉS 14 ❚❚❚❚❚❚❚GRANDS DÉNIVELÉS 17 ❚❚❚❚❚❚❚❚❚

DESCENTE 16 ❚❚❚❚❚❚❚❚TERRAIN LUDIQUE 17 ❚❚❚❚❚❚❚❚❚

PETITES DISTANCES 16 ❚❚❚❚❚❚❚❚GRANDES DISTANCES 16 ❚❚❚❚❚❚❚❚

› Statique

ÉQUIPEMENT 15 ❚❚❚❚❚❚❚❚FINITION 16 ❚❚❚❚❚❚❚❚

MÉMO+ Polyvalence+ étonnant

en descente+ choix

d’équipement+ roues basiques

mais costaudes+ suspensions

efficaces

- seulement trois tailles

- tige de selle télescopique

en option seulement- pneus un peu

exclusifs

Aux côtés du TR (Trail), Orbea a lancé un autre Occam, l’AM (comme «All-Mountain»). Ce dernier ne se dote pas de roues de 29’’, mais de cercles en 650-B, son débattement n’est également plus de 120, mais de 140 mm. Le vélo est en quelque sorte un «petit» enduro que nous avions décou-vert pour une première prise de contact dans le numéro 280 de Vélo Vert.

Tant que l’on parle de position, d’ailleurs, allons-y :

sur l’Occam TR, on n’est clairement pas sur un vélo

de Cross-Country (chez Orbea, l’Oiz est là pour ça), le

buste est redressé, mais la posture reste confortable au

pédalage (nous avions un vélo en taille M pour notre

m78). On peut enquiller sans souci les heures de selle :

quatre, cinq heures ou plus, c’est passé sans souci sans

que l’on ait les lombaires en compote. Dommage quand

même qu’Orbea ne propose que trois tailles de cadre,

ce qui pourra nécessiter certains ajustements après

achat. Sur notre modèle de test, il était par exemple

possible de changer la très courte potence d’origine

(35 mm) pour plus long, mais c’est à notre sens un

peu gâcher l’esprit du poste de pilotage compact,

pleinement orienté vers le plaisir et els sensations. Et

ça, l’Occam TR sait en délivrer un maximum ! Le vélo

est extrêmement vif, on sent très vite le dynamisme du

triangle arrière qui rend cet Orbea très facile à placer,

en dépit des roues de 29. Autant certaines machines

sont parfois un peu compliquées à prendre en main

et nécessitent un temps d’adaptation, autant avec

l’Occam TR, tout semble se faire rapidement et simple-

ment. Très vite, on a pris nos repères et confiance par la

même occasion, du coup, on s’amuse aussi beaucoup

plus facilement. Seul l’avant du vélo réclame à notre

sens d’être un peu brusqué pour pouvoir négocier au

mieux certaines courbes serrées. A l’aise dans les petits

enchaînements, les pif paf ou les sections trialisantes,

l’Occam TR n’en reste pas moins surprenant d’effica-

cité dans les parties rapides et cassantes. Le vélo reste

précis quand ça tabasse, grâce à une bonne rigidité (le

Boost y est-il en partie pour quelque chose, difficile

d’être catégorique...), sans pour autant se montrer trop

exigeant à diriger. On peut ainsi enchaîner quelques

descentes typées Enduro sans se faire balloter dans

tous les sens. Evidemment, on n’ira jamais aussi vite

qu’avec un 160 mm mais les 120 mm et roues de 29’’

de l’Occam TR sont réellement surprenants.

Bref, la palette d’utilisation de cet Orbea

est vaste. Très vaste. Si l’on avait à choisir

un seul vélo pour tout faire (ou presque), nul

doute qu’il retiendrait toute notre attention. ❚

SI CE N’EST LE TR... C’EST L’AM !

ESSAI