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ORDONNER LA NATURE HISTOIRE DES CLASSIFICATIONS

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ORDONNER LA NATUREHISTOIRE DES CLASSIFICATIONS

Après des années de recherches systèmatiques, on sait seulement que le nombre d’espèces animales et végétales est

compris entre 3 et 30 millions, voire davantage.

SI ON NÉGLIGE LES NOMS, LA CONNAISSANCE

DES CHOSES DISPARAÎT AUSSI

La systématique est la branche de la Biologie qui synthétise,

cimente et harmonise l’ensemble de connaissances acquises

sur l’être vivant selon différentes approches. Elle permet de

dresser la classification la plus conforme à la réalité.

La taxinomie désigne l’ensemble de procédés, méthodes

et règles nomenclaturales utilisés par le systématicien,

et qui constituent à la fois son outil de travail et

ses glissières théoriques de sécurité.

Aristote (385-322 av. J.-C)

“l’âme est le premier degré d’actualité d’un corps naturel

ayant potentiellement la vie en lui”

Aristote édifia une « échelle de la Nature » qui, en essence,

était une échelle de complexité croissante de l’âme

Âme nutritive

Âme sensitive

Âme appétitive et locomotrice

Âme rationnelle

Idée solidement ancrée dans notre culture,

participant de certaines “erreurs”

communément admises :

L’anthropocentrisme

Le finalisme

L’essentialisme

Classification zoologique proposée par Aristote

Animaux sanguins

Vivipares HommeQuadrupèdes à fourrureCétacés

Ovipares OiseauxQuadrupèdes à écailles

Ovipares avec un œuf imparfait Poissons

Animaux non sanguins

Ovipares avec un œuf imparfait CéphalopodesCrustacés

Vermipares Insectes

Animaux générés par le limon fertile ou par génération spontanée

Mollusques (sauf exceptions)Zoophytes

Théophraste (372-287 av. J.-C.)

Arbres, arbrisseaux, sous-arbrisseaux et herbes

Dioscoride (I siècle après J.-C)

Plantes aromatiques Plantes alimentaires

Plantes médicinales

Plantes vineuses

Plantes vénéneuses

Jusqu’au XVIème siècle on a surtout repris Aristote,

Théophraste et Dioscoride qui ont été longuement

commentés. À cette époque, une série de botanistes

fait éclater les classifications existentes en classant

les plantes par ordre alphabétique.

Foisonnement de systèmes ou méthodes : taille,

forme des racines, feuilles, fleurs…

(Gessner en 1541, Camerarius en 1586…)

Paracelse (1493-1541)

Il est considéré comme l’un des fondateurs de la

médecine expérimentale. Précurseur de la toxicologie.

La théorie des signatures :

la forme et la couleur des plantes,

des animaux etc.

indiquent leur correspondence

avec les organes.

Pierre Belon (1517-1564)

La nature et diversité des poissons

L'histoire de la nature des oiseaux

Guillaume Rondelet (1507-1576)

L'histoire entière des poissons

Les classifications artificielles :

Une logique divisive : héritée d’Aristote. Partage dichotomique.

L’un des termes est quasiment tout le temps

défini de manière négative par rapport à l’autre. Les

critères sont choisis a priori.

Système végétal de Linné (24 classes)

Mariages publics (Fleurs visibles à l’œil nu) (1) / M. clandestins (Fleurs peu visibles)

(1) Un seul lit (l’époux et l’épouse partagent le même lit. Toutes les fleurs sont

hermaphrodites) (2) / Deux lits (Fleurs mâles et femelles dans la même espèce)

(2) Sans affinité (Les époux n’entretiennent pas de relations. Les étamines ne

sont pas reliées) (3) / Avec affinité (Les époux sont liées entre eux. Les étamines

adhèrent les uns aux autres ou au pistil)

Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708)

« Nous considérons donc les plantes, parmi lesquelles la

même structure des parties se trouvera, comme des plantes

renfermées dans le même genre. Mais comme les plantes de

même genre diffèrent encore entre elles par quelque

particularité, nous appellerons espèces, toutes celles qui,

outre le caractère générique, auront quelque chose de

particulier ».

Identité de la dénomination et de la définition

« Mauve annuelle à feuille ronde, à fleurs les plus petites

de toutes, blanches, à cinq pétales entourant en

verticilles les articulations et aux graines de même

étroitement adhérents en verticilles »

Tournefort : « (certains noms) sont impossibles à énoncer

sans reprendre sa respiration »

Rousseau a bien compris l’intérêt de la nomenclature :

« pour s’entendre avec quelqu’un qui est absent, il faut

bien convenir de noms qu’on donne aux objets dont on

parle »

Carl von Linné (1707-1778) pionnier

de la description systématique des

espèces et de leur classification.

Il fonda la taxinomie moderne.

La dixième édition de Systema Naturae, publiée en 1758, marque le

point de départ de la nomenclature zoologique.

La première édition de Species plantarun, publiée en 1753, marque le

point de départ de la nomenclature botanique

Niveaux hiérarchiques ou taxons (correspondant aux

diverses opérations réitérées de classification)

Règne, Classe, Ordre, (Famille), Genre, Espèce, Variété

Différence entre dénomination et définition: le nom d’un

être ne doit pas forcement refléter ses caractéristiques

Système binominal : l’un des noms donnait le genre,

l’autre les espèces (ex. Canis familiaris, C. lupus, C. latrans)

Vers une classification naturelle : une logique par agglomération

Rassembler les espèces sur de critères de similarité et réitérer

l'opération en prenant comme nouvelles unités

les groupes ainsi définis.

Le principe de subordination des caractères :

Bernard de Jussieu (1799-1876)

Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836)

« Les caractères, dans leur addition, ne doivent pas être

comptés comme des unités, mais chacun suivant sa valeur

relative, de sorte qu’un seul caractère constant soit

équivalent ou même supérieur à plusieurs inconstants, unis

ensemble »

Avec les Jussieu (pour les plantes) et Cuvier (pour les

animaux) une étape importante s’est trouvée franchie.

Néanmoins, le problème de fond se trouvait déplacé ; on

n’en était plus à chercher une méthode efficace menant à

la classification naturelle, mais plutôt à donner un sens à

cette classification.

Une classification naturelle,

et l’idée d’une “échelle des êtres”,

c’est-à-dire une hiérarchie fondée

sur le degré de complexité,

ne paraissaient nullement

incompatibles

avec la fixité des espèces,

l’ordre de la Nature traduisant,

pour la plupart des savants

de la fin du XVIII ème siècle,

la volonté du Créateur.

L’âge de la Terre était estimé, à partir des textes bibliques,

à quelques milliers d’années.

Ce premier obstacle fut levé

par Buffon (1707-1788) lorsqu’il proposa de multiplier

l’âge de la Terre par 100.

“La nature, je l’avoue,

est dans un mouvement de

flux continuel”.

Buffon (1707-1788) : Histoire Naturelle, IX, 1761

(Animaux communs aux deux continents)

La Paléontologie, sous l’impulsion de Georges

Cuvier (1769-1832) pour les Vertébrés, montra de façon

indubitable que la faune avait considérablement

varié au cours des âges.

Selon Cuvier, le monde aurait subi de catastrophes

anéantissant chaque fois la faune et la flore.

Après chaque catastrophe, de nouvelles espèces

seraient arrivées d’autres lieux et se seraient maintenues

à l’identique jusqu’à la catastrophe suivante

Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) : le transformisme

Charles Darwin (1809-1882) : l'évolutionnisme