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3o e Année. — N° 12.090. TÊLÉPHONB AdafcfetnUu ; 4.8S ORGANE QUOTIDIEN DES STATIONS HIVERNALES IQUE, LITTERAIRE ET MONDAIN DE CANNES ET OE L'ARRONDISSEMENT BE OHASSE ABONNEMENTS Cannei, Alpes-Maritimes et Baiael-Alpo». Fa. Aatnn Départements i Etranger et Union Postale i I » MOIS 16 18 35 OH AH za 4O !*«• AlHmne partant dn 1er et 1 Fortuné ROBAUDY, Fondateur Rédacteur en Chef : PIERRE-JAN âBBmilSTBATIOH ET RÉDACTION : Rua Hoche. 24, CANNES I MHt PM n M M . U l II ' ••• ilTralItMM Mat Muta ANNONCES la llgu Annoncée [y col. 4* page) .. 0 i. 2 5 Annonce» légales (9 col.4* p.) O f. 2 5 Annonces légale? {3* page).. O f. 5 O . À vit de D£cèe, de Messe et de Remerciements. 11. Annonces {3» page) Ol. 5O Chionique locale., t 1. 1 Echos 3 f. 1 di* soir donnant les dernière» dépêches A Nos Lecteurs iïous aoons annoncé que le Littoral paraîtrait è MIDI à partir du l" Juil- let et nous laissions entrevoir à nos lec- teurs différentes modifications appor- tées dans le corps même du journal. Nous avons cru être agréable à nos lecteurs en leur donnant chaque jour, autant que les exigences de l'actuali- té nous le permettront un feuilleton traitant de sujets divers. Voici les rubriques qu'ils trouveront en. rez-de-chaussée de la troisième page, dès le 1" Juillet prochain : Les Samedis agricoles. Les Lundis du Docteur. Les Mardis scientifiques. Les Mercredis judiciaires. Les Jeudis littéraires. Les Vendredis de la Mode. Nous espérons que nos lecteurs fe- ront bon accueil à ces modifications apportées au Littoral. CANNES Bains de Mer m Dans mes deux articles précédents je yne suis efforcé de dire l'utilité et l'opportunité d'un Etablissement Ther- mal situé en bordure de la mer et s'of- frant à tous ceux qui, bien portants ou souffrants, veulent suivre des traite- ments par l'Héliothérapie et la Thalas- sothérapie, ou simplement se livrer à une hygiène bien comprise. La cause de cet Etablissement Ther- mal est donc aujourd'hui entendue, — et classée. C'est un bien pour cette ai- mable et jolie ville de Cannes. D'ail- leurs, maintenant que nous pouvons es- compter le succès, le prédire sans crain- te de nous tromper, félicitons les Can- nois d'avoir si bien compris leurs inté- rêts. On peut dire (me la création à Cannes du bel établissement dont je vais vous entretenir, est doublement sympathique en ce qu'il atrouvé sur place tous les éléments qui lui permet- tront de naître, de vivre et de prospé- rer. -M. Henri Stoecklin, — je me le suis laissé dire par des personnes qui ont suivi de près et encouragé ses efforts persévérants, — a longtemps bataillé avant de remporter une victoire dont tant de Cannois et d'étrangers bénéfi- cieront. C'est que l'on craignait, en haut lieu, que la construction projetée ne vint détruire le grandiose .paysage dont l'Esterai et la mer sont les deux facteurs harmonieux. J'ai tenu àme rendre compte par . moi-imiême des raisons d'une résistance que je n'étais que tout disposé à oppo- ser aux meilleurs arguments. On a, sur la iRiviera, d'une façon générale, une irop igrande facilité pour construire des bâtisses dont l'aspect donne l'impres- sion d'un provisoire qui, malheureuse- ment, dure plus longtemps que nous ! Les exemples ne manquent pas, que je ipourrais citer. Est-ce que l'Etablissement Thermal du boulevard Jean Hibert allait désho- norer ce coin idéalement beau du litto- ral méditerranéen ? Je me suis livré à une enquête sur place, après avoir pris connaissance des plans du futur édifi- k ce, chez M. Henri Stoecklin. Et j'ai pu V constater que, du port, l'ensemble du ^.paysage ne sera nullement défloré par > la construction nouvelle. La même ob- servation est exacte, si le, promeneur ' vient de La Napoule. Il est évident qu'il arrivera un moment où ce promeneur se trouvera en face d'un édifice qui lui bouchera un instant la vue de la mer. Mais à ce léger inconvénient il trouve- ra une large compensation puisque l'E- tablissement Thermal répond à un be- soin, à une nécessité, même. D'ailleurs, je dois ajouter que l'ar- chitecte, M. Stoecklin a voulu que son oeuvre soit digne des Cannois et des étrangers qui le fréquenteront. Et il a pleinement réussi, il a été très heureu- sement inspiré. Dans un rapport offi- ciel, il en donnait cette description qui nous rassure ;ur les proportions de l'E- tablissement Thermal. 11 ne s'agissait psa de faire colossal,mais bien de cons- truire un Palais, petit, coquet, ayant un visage aimable et comportant une installation luxueuse et pratique. « Le corps général de 1 'Etablisse- ment, écrivait M. H. Stoecklin, '..irait 6 m. 50 de hauteur au-dessus du boule- vard avec pavillon central de 10 mè- tres de haut, flanqué de deux tourelles de 15 mètres au sommet, nécessaire à la pression de l'eau. Situé en face le Square Brougham, il ne peut gêner en aucune façon les voisins les "plus pro- ches qui ne pourront, au contraire que bénéficier du mouvement que nous amènerons là. » : Je vous ai laissé entrevoir, hier, la disposition intérieure de l'Etablisse- ment en donnant une énumération des services médicaux qu'il comprendra. Toute l'installation intérieure sera conçue selon les lois les plus strictes de l'hygiène. On emploiera exeJusive- ment ia b.rique émaillée, la mosaïque de marbres, des revêtements de grès et de céramique. Les aquarelles que je connais des pis- cines, des salles de bains particulières, de toutes les salles grandes et petites du futur Etablissement Thermal nous promettent un ensemble .parfaitement homogène et d'une tenue artistique qui fait grand honneur à M. Henri Stoec- klin. La piscine, dans laquelle l'eau de mer se renouvellera sans cesse, aura trois mètres de profondeur et mesurera 20 mètres dans sa longueur pour 9 mè- tres de largeur. D'élégantes colonnes l'entoureront et son plafond sera lumi- neux le soir. Le jour, la piscine sera éclairée par S. M. le Soleil, en person- ne. S'il nie fallait vous promener à tra- vers toutes les salles de cet Etablisse- ment, vous initier aux mille détails de l'installation intérieure (on descendra dans les baignoires) le cadre de cet ar- ticle n'y suffirait pas. Je dois m'en te- nir à ces descriptions sommaires. Mais nous aurons l'occasion, quand le mo- ment sera venu, de visiter plus longue- ment l'Etablissement Thermal. Nos félicitations vont à tous ceux qui ont réussi àdoter Cannes d'un établis- sement que n'ont cessé de réclamer, pour leurs malades, les plus célèbres professeurs du inonde médical. PIERRE-JAN. ECHOS M. Stephen Liégeard, le Chantre incom- parable de la Côte d'Azur, notre hôte fidè- le de la villa des Violettes, a fait hommage au> Président de la République, d'une édi- tion unique, sur papier du Japon, de son admirable livre : Aimer ! Celui qui sut si magiquement célébrer les merveilles de Cannes, la ville aimée, fait vibrer dans, cette oeuvre un hymne à la Beauté, en vers tour à tour harmonieux ou sensibles. Ce livre, magistralement édité, est, au point de vue typographique, une pure merveille. M. Poincairé, extrêmement touché par l'attention du poète, auni dans ses re- merciements, le Président de la Société Nationale d'Encouragement au bien et le dernier député français de Thionville que fut. Stephen Liégeard. La v f eance du blackboulé. * Dans une Faculté de France, un étu- diant en médecine vit sa thèse de docto- rat deux fois refusée pour insuffisance. Cependant, à la troisième reprise, il fut admis. Tant de persévérance méritait d'ê- tre récompensée à défaut de la science du futur docteur. Le président ajouta : Et maintenant, permettez-moi de vous donner un bon conseil. Croyez-moi, avant de soigner vos concitoyens, com- plétez vos études. L'étudiant répondit : — Soyez tranquille, Monsieur le Prési- dent. Je ne compte pas exercer la médeci- ne, .l'ai l'intention de me consacrer aux questions sociales. Ce médecin insuffisant fut, en effet, peu après élu. député. Et le Cri de Paris, qui raconte la chose, ajoute : « Mais les électeurs viennent de le ren- dre à ses chères études... Pourvu que, pour se venger, il ne se mette pas à les) soigner. Le blackboulé en est bien capable. La Chambre à Versailles ? Ira-t-on, n'ira-t-on pas à Versailles ? Les députés se posent cette question. Il ne s'agit pas de réunir le Congrès, mê- me pour reviser la Constitution. Les députés sont trop à l'étroit au Pa- lais-Bourbon ; la salle des séances esl pleine à craquer et les services, qti.' de vraient être augmentés, ne trouvent plus à se loger. Alors, en attendant' que l'on puisse construire une nouvelle salle, les députés seraient autorisés, par une loi, à siéger S Versailles. Le bureau de la Chambre a examiné cette éventualité ; il n'a pris d'aîlleuirs au. cune décision à ce sujet. C'est toujours dangereux d'aller à Ver- sailles. On fait le voyage à l'aller, gais et contents, mais le retour est parfois très triste. M. Clemenceau en sait quelque chose I S. M. le Khédive à Paris C'est un incognito bien respecté. On parle peu du séjour de S. M. le Khédive à Paris. On peut le regretter car ce prince est un des esprits les plus distingués que nous sachions. Il est gîrand ami de la France et ne manque jamais une occassion de témoigner ses. sympathies à nos com- patriotes d'Egypte. S. M. le Khédive ee promène au Bois, visite les Salles du Louvre, ne dédaigne pas d'entrer dans les plus luxueux maga- sins de la Capitale. Au contraire il y fait de nombreux achats. Rares sont les Parisiens qui, croisant sur leur chemin S. M. le Khédive, recon- naissent en lui le prince qui règne sur la terre des Pharaons. Une minute d'arrêt. Le 29 avril dernier, tous Les Irains cir- culant sur le réseau des Ci es Philadelphia et Roading, en Amérique, s'arrêtèrent une minute, de 2 h. à 2 h. r'. Le président des Conseils d'Administration de ces deux puissants organismes était mort et cet arrêt, que bien des voyageurs ne durent pas s'expliquer, était le suprême homma- ge qu'on lui rendait. MONTE-CARLO Demain, Dimanche 28 Juin 1914 : A 9 heures ; Concert sur les Terrases du Casino, sous la direction de M. L. Vialet. A 3 h. J : Concert sur les Terrasses du Casino, sous la direction de M. L. Vialet. Poterie de Monaco. Tous les jours, de 8 heures du matin & 5 heures du soir, visite des ateliers et du salon d'exposition. Entrée libre. Magasin de vente : jardins du Casino, boulevard du Moulin, Monte- Carlo. Golf de Monte-Carlo au Mont-Agel. Tous les jours les voitures automobiles partent à 9 heures et à 9 heures J du ma- tin, de la place du Casino et a&surent les transports entre le chemin de fer à cré- maillère de la Turbie et le Golf-Hou«e. HOTEL DES ANGLAIS Maison de premier ordre. Appartements complète avec salle de bain. Chauffage cen- tral. Ouvert du 1" octobre au 30 juin. 8412 Lire en Deuxième Page : POUR LA RIVIERA La Circulaire de M. A. de Joly On Drame Economique Les Délimitations M. Etienne Clémentel vient de faire pa- raître un Uvre très documenté sur la question des délimitations, sous ce titre « Un drame économique ». Il nous a paru intéressant d'en repro- duire la page qu'on va lire, cette question des délimitations intéressant le pays tout entier : J'ai pu, sans être mêlé aux intérêts en lutte, prendre part aux événements et re- chercher la solutipn du problème dans une volonté de justice, avec l'espoir de pacifier les frères ennemis. Suivant Montaigne,les seules ((certaines» histoires sont celles qui ont été écrites par ceux mêmes « qui commandoient aux af- faires ou qui estoient particicipants à les conduire ». En réalité, nul ne peut jamais se flatter de « conduire » les grands événements de la vie économique, de « commander aux affaires ». Maie, dans la mesure ou il est possible à l'homme politique d'intervenir en une auk: délicate m a l.iè.e,- de préparer une solution, d'apaiser des haines, il m'a été donné de le faire. Président de la Commission de l'Agri- culture, puis ministre de ce département, j'ai pu entendre toutes les dépositions, recueillir l'expression de toutes les misè- res, saisir les causes profondes de ces an- tagonismes dont l'opinion n-e se souciait pas tout d'abord. Pour elle, le mot délimitation évoquait à l'origine quelque chose de vague et d'obscur : l'idée d'un problème très ardu très spécial, qui ne semblait susceptible à aucun égard d'exciter les passions, d'é- mouvoir le pays tout entier. Mais bientôt, cette question des délimitations apparut comme un nuage à l'horizon social, nua- ge inoffensif, en apparence, importun ce- pendant. Toutes les fois qu'on le chassait, on le voyait se reformer. A intervalles à peu près fixes, lors de la réunion des conseils généraux, au mo- ment de la discussion du budjet de l'A- griculture, l'écho des revendications, des luttes auxquelles donnait lieu ce problè- me, parvenait aux oreilles du public sur- pris et lassé. Telle une monotone chanson- qui avec le temps se transforme en un insupportable refrain. Un jour, ce refrain prit des accents fa- rouches. Aux heures de l'incendie, les plus indifférents entrevirent la realité. Ils comprirent que, sous un débat d'aspect aride et froid, à travers la trame subtile des textes réglementaires, quelque chose de vivant s'agitait : l'existence même de populations laborieuses. Lorsqu'à la fin du- dix-septième siècle, un certain Dom Pérignon. prieur de l'Ab- baye des Rénédictins d'Hautvillers, en Champagne, en remontant d'une cave une vieille bouteille de vin blanc,constata, non sans surprise, que le vin était resté sucré et avait une mousse blanche, le bon moine ne se doutait guère que ce vin pré- cieux qui venait de naître, et dont les ver- tus devaient conquérir le monde, susci- terait dans sa contrée tant d'efforts opi- niâtres, tant de rivalités et de combats. Un peu plus tard, sous* le règne de Louis XIV, et sous la Régence, le vin mousseux déjà très en vogue se heurta à un redoutable ennemi dont !a nature et la couleur ne prêtaient du moins avec les, siennes à aucune confusion : le vin de Rourgogne. La tradition rapporte qu'entre les deux régions concurrentes, une lutte curieuse s'institua : « A Beaune, on prétendait que le vin de Reims engendrait tous les maux, tandis que dans ks écoles de Reims et de Paris, on répliquait avec non moins de véhémence que seul le vin de Champagne était salutaire, qu'il gué- rissait les fièvres putrides et que le vin de Rourgogne donnait la goutte ». Ce grand conflit d'autrefois nous fait aujourd'hui sourire ; nous savons qu'a- près un siècle de guerre les deux partis désarmèrent sur la déclaration que « si le vin de Beaune inspirait plus de cou- plets d'amour, celui de Reims faisait chanter en meilleure musique ; que pour se bien porter et demeurer dispos et jo- yeux, il fallait à un homme les deux vins comme il lui était indispensable d'avoir ses deux jambes». Ah ! dans le nouveau duel auquel nous venons d'assister, comme nous étions loin de cette solution plaisante 1 « Justice et pain !» tel était le cri de nos vignerons, des deux cotés de la barri- cade. Devant les cuves défoncées, les bouteil- les brisées, les millions répandus, alors que des travailleurs ordinairement si cal- mes, proféraient les pires menaces, trouver la formule qui pacifie les âmes ?, L'opinion publique s'irrita. Etait-il pos- sible qu'à propos de délimitation, le gou- vernement, avec l'approbation des Cham- bres, nous eut fait remonter, selon l'ex- pression d'un sénateur, à plusieurs siècles en arrière, qu'on eut voulu « diviser la France comme un damier, un échiquier, en pelits casiers jaloux les uns des autres» A tous ceux qui ne connaissaient 1 pas les causes profondes, qui n'avaient pas suivi le développements des faits, une pareille conception parut absurde. Ils ne compri- rent pas certaines angoisses. Pourquoi l'Etat s'était-il mêlé de régle- menter aujourd'hui Ja provenance de nos vins et de nos eaux-de-vie, demain celle de la moutarde, des anchois, des froma- ges ? ». Puisqu'une erreur avait été commise, pourquoi ne pas se hâter de l'effacer ; de remettre simplement les choses en l'état où elles se trouvaient auparavant ? La vérité était ailleurs. Se borner àsupprimer d'un trait de plume, le régime des délimitations admi- nistratives sans le remplacer par un régi- me nouveau, revenir tout bonnement au passé en pronocant un mea culpa, c'était rejeter une foule de braves gens à leur misère, nous désarmer devant des con* currents étrangers, en même temps que méconnaître la loi fondamentale du pro- grés. Il fallait dépasser un point de vue éphé- mère afin de pouvoir, par des voies 1 di rentes, arriver à un résultat meilleur. Mais que de fluctations àsubir, que d'obstacles à franchir avant l'établisse- ment d'un texte juridique susceptible d'apporter avec la justice, la paix défini- tive aux régions si cruellement éprouvées!. Etienne CLËMENTEL, député, ancien ministre. SUR LES ROUTES DE LA VIE- La Dépopulation Si cela continue nous n'aurons plus à êlre fiers d'être français. Les naissances diminuent de plus en plus par rapport aux autres nations. En 1913, disent de désolantes statistiques, la France a présenté un excédent de 41.901 nais- sances coyitre 839.887 pour VAllemagne ; 309.764 pour l'Autriche ; 274.169 pour la Hongrie ; 498. 197 pour l'Italie. Et,pour nous consoler,les mêmes statistiques nous annoncent que la mortalité est chez nous plus grande que jamais, alors que dans les autres pays, elle a diminué. Lisez ce rapport du Journal Officiel sur le mouvement de la population en France et à l'étranger. Il est très instructif, si instructif même qu'il devrait être placardé sur les murs de toutes les communes de France. On y voit que la France était de 39.602.258 habitants en 1911 au dernier recensement officiel. Or en 1913, il y a eu 745.539 naissances contre 703.638 décès, soit un excédent de naissances de 41.901. Il y a eu en outre 34.119 enfants mort nés. Cela représente 188 naissances pout 10.000 habitants et 178 décès pour le même nombre. Passons aux départements. La proportion la plus faible d'enfants vivants pour 10.000 habitants appartient au département du Gers (129) ; la plus forte se rencontre dans le Pas- de-Calais (266). Les décès les plus nombreux se remarquent dans le Calvados (230) pour 10.000 ; les moins nombreux dans la Creuse (141). Ces chiffres sont tristes dans leur éloquente précision. Ils doivent engager le Parlement à prendre enfin les mesures les plus sérieuses contre l'alcoolisme. Il faut que des lois sévères obligent les parents à soumettre leurs enfants aux lois les plus élémentaires de l'hygiène. Il est de toute justice que l'on se décide enfin â frapper d'un impôt les célibataires et les familles sans enfants. Et ce serait fort bien si les som- mes provenant de cet impôt étaient affectées au soulagement de la misère qui atteint les familles nombreuses et nécessiteuses. Tous les moyens doivent être bons au législateur. Si l'on tie réagit pas dès maintenant, la race fran- çaise risque d'être absorbée peu à peu par l'é~ l'étranger ; et çà n'est vraiment pas la peine de se prétendre la première nation du monde, de se recommander de son passé historique, pour parvenir à un si piètre résultat. LE PASSANT.

ORGANE QUOTIDIEN DES STATIONS HIVERNALE di* soir donnant ...archivesjournaux.ville-cannes.fr/dossiers/littoral/... · Carlo. Golf de Monte-Carlo au Mont-Agel. — Tou le jour voiture

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Page 1: ORGANE QUOTIDIEN DES STATIONS HIVERNALE di* soir donnant ...archivesjournaux.ville-cannes.fr/dossiers/littoral/... · Carlo. Golf de Monte-Carlo au Mont-Agel. — Tou le jour voiture

3oe Année. — N° 12.090. —

TÊLÉPHONB

AdafcfetnUu ; 4 .8SORGANE QUOTIDIEN DES STATIONS HIVERNALES

IQUE, LITTERAIRE ET MONDAIN DE CANNES ET OE L'ARRONDISSEMENT BE OHASSEABONNEMENTS

Cannei, Alpes-Maritimes et Baiael-Alpo». Fa.Aatnn Départements iEtranger et Union Postale i

I » MOIS161 835

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Fortuné ROBAUDY, FondateurRédacteur en Chef : PIERRE-JAN

âBBmilSTBATIOH ET RÉDACTION : Rua Hoche. 24, CANNES

I MHt PM nMM. U l II ' • • • ilTralItMM Mat M u t a

ANNONCESla llgu

Annoncée [y col. 4* page) . . 0 i. 2 5Annonce» légales (9 col.4* p.) O f. 2 5Annonces légale? {3* page).. O f. 5O .À vit de D£cèe, de Messe et de Remerciements. 1 1 .

Annonces {3» page) Ol . 5OChionique locale., t 1. 1Echos 3 f. 1

di* soir donnant les dernière» dépêches

A Nos Lecteursiïous aoons annoncé que le Littoral

paraîtrait è MIDI à partir du l" Juil-let et nous laissions entrevoir à nos lec-teurs différentes • modifications appor-tées dans le corps même du journal.

Nous avons cru être agréable à noslecteurs en leur donnant chaque jour,— autant que les exigences de l'actuali-té nous le permettront — un feuilletontraitant de sujets divers.

Voici les rubriques qu'ils trouveronten. rez-de-chaussée de la troisième page,dès le 1" Juillet prochain :

Les Samedis agricoles.Les Lundis du Docteur.Les Mardis scientifiques.Les Mercredis judiciaires.Les Jeudis littéraires.Les Vendredis de la Mode.

Nous espérons que nos lecteurs fe-ront bon accueil à ces modificationsapportées au Littoral.

CANNESBains de Mer

mDans mes deux articles précédents

je yne suis efforcé de dire l'utilité etl'opportunité d'un Etablissement Ther-mal situé en bordure de la mer et s'of-frant à tous ceux qui, bien portants ousouffrants, veulent suivre des traite-ments par l'Héliothérapie et la Thalas-sothérapie, ou simplement se livrer àune hygiène bien comprise.

La cause de cet Etablissement Ther-mal est donc aujourd'hui entendue, —et classée. C'est un bien pour cette ai-mable et jolie ville de Cannes. D'ail-leurs, maintenant que nous pouvons es-compter le succès, le prédire sans crain-te de nous tromper, félicitons les Can-nois d'avoir si bien compris leurs inté-rêts. On peut dire (me la création àCannes du bel établissement dont jevais vous entretenir, est doublementsympathique en ce qu'il a trouvé surplace tous les éléments qui lui permet-tront de naître, de vivre et de prospé-rer.

-M. Henri Stœcklin, — je me le suislaissé dire par des personnes qui ontsuivi de près et encouragé ses effortspersévérants, — a longtemps batailléavant de remporter une victoire donttant de Cannois et d'étrangers bénéfi-cieront. C'est que l'on craignait, enhaut lieu, que la construction projetéene vint détruire le grandiose .paysagedont l'Esterai et la mer sont les deuxfacteurs harmonieux.

J'ai tenu à me rendre compte par. moi-imiême des raisons d'une résistance

que je n'étais que tout disposé à oppo-ser aux meilleurs arguments. On a, surla iRiviera, d'une façon générale, uneirop igrande facilité pour construire desbâtisses dont l'aspect donne l'impres-sion d'un provisoire qui, malheureuse-ment, dure plus longtemps que nous !Les exemples ne manquent pas, que jeipourrais citer.

Est-ce que l'Etablissement Thermaldu boulevard Jean Hibert allait désho-norer ce coin idéalement beau du litto-ral méditerranéen ? Je me suis livré àune enquête sur place, après avoir prisconnaissance des plans du futur édifi-

k ce, chez M. Henri Stœcklin. Et j 'ai puV constater que, du port, l'ensemble du^.paysage ne sera nullement défloré par

> la construction nouvelle. La même ob-servation est exacte, si le, promeneur

' vient de La Napoule. Il est évident qu'ilarrivera un moment où ce promeneurse trouvera en face d'un édifice qui luibouchera un instant la vue de la mer.Mais à ce léger inconvénient il trouve-ra une large compensation puisque l'E-tablissement Thermal répond à un be-soin, à une nécessité, même.

D'ailleurs, je dois ajouter que l'ar-chitecte, M. Stœcklin a voulu que sonœuvre soit digne des Cannois et desétrangers qui le fréquenteront. Et il apleinement réussi, il a été très heureu-sement inspiré. Dans un rapport offi-ciel, il en donnait cette description quinous rassure ;ur les proportions de l'E-tablissement Thermal. 11 ne s'agissaitpsa de faire colossal,mais bien de cons-truire un Palais, petit, coquet, ayantun visage aimable et comportant uneinstallation luxueuse et pratique.

« Le corps général de 1 'Etablisse-ment, écrivait M. H. Stœcklin, '..irait6 m. 50 de hauteur au-dessus du boule-vard avec pavillon central de 10 mè-tres de haut, flanqué de deux tourellesde 15 mètres au sommet, nécessaire àla pression de l'eau. Situé en face leSquare Brougham, il ne peut gêner enaucune façon les voisins les "plus pro-ches qui ne pourront, au contraire quebénéficier du mouvement que nousamènerons là. » :

Je vous ai laissé entrevoir, hier, ladisposition intérieure de l'Etablisse-ment en donnant une énumération desservices médicaux qu'il comprendra.

Toute l'installation intérieure seraconçue selon les lois les plus strictesde l'hygiène. On emploiera exeJusive-ment ia b.rique émaillée, la mosaïquede marbres, des revêtements de grès etde céramique.

Les aquarelles que je connais des pis-cines, des salles de bains particulières,de toutes les salles grandes et petitesdu futur Etablissement Thermal nouspromettent un ensemble .parfaitementhomogène et d'une tenue artistique quifait grand honneur à M. Henri Stœc-klin.

La piscine, dans laquelle l'eau demer se renouvellera sans cesse, auratrois mètres de profondeur et mesurera20 mètres dans sa longueur pour 9 mè-tres de largeur. D'élégantes colonnesl'entoureront et son plafond sera lumi-neux le soir. Le jour, la piscine seraéclairée par S. M. le Soleil, en person-ne.

S'il nie fallait vous promener à tra-vers toutes les salles de cet Etablisse-ment, vous initier aux mille détails del'installation intérieure (on descendradans les baignoires) le cadre de cet ar-ticle n'y suffirait pas. Je dois m'en te-nir à ces descriptions sommaires. Maisnous aurons l'occasion, quand le mo-ment sera venu, de visiter plus longue-ment l'Etablissement Thermal.

Nos félicitations vont à tous ceux quiont réussi à doter Cannes d'un établis-sement que n'ont cessé de réclamer,pour leurs malades, les plus célèbresprofesseurs du inonde médical.

PIERRE-JAN.

ECHOSM. Stephen Liégeard, le Chantre incom-

parable de la Côte d'Azur, notre hôte fidè-le de la villa des Violettes, a fait hommageau> Président de la République, d'une édi-tion unique, sur papier du Japon, de sonadmirable livre : Aimer !

Celui qui sut si magiquement célébrerles merveilles de Cannes, la ville aimée,fait vibrer dans, cette œuvre un hymne àla Beauté, en vers tour à tour harmonieuxou sensibles.

Ce livre, magistralement édité, est, aupoint de vue typographique, une puremerveille.

M. Poincairé, extrêmement touché parl'attention du poète, a uni dans ses re-merciements, le Président de la SociétéNationale d'Encouragement au bien et ledernier député français de Thion ville quefut. Stephen Liégeard.

La v f eance du blackboulé. *Dans une Faculté de France, un étu-

diant en médecine vit sa thèse de docto-rat deux fois refusée pour insuffisance.Cependant, à la troisième reprise, il futadmis. Tant de persévérance méritait d'ê-tre récompensée à défaut de la science dufutur docteur.

Le président ajouta :— Et maintenant, permettez-moi de

vous donner un bon conseil. Croyez-moi,avant de soigner vos concitoyens, com-plétez vos études.

L'étudiant répondit :— Soyez tranquille, Monsieur le Prési-

dent. Je ne compte pas exercer la médeci-ne, .l'ai l'intention de me consacrer auxquestions sociales.

Ce médecin insuffisant fut, en effet,peu après élu. député.

Et le Cri de Paris, qui raconte la chose,ajoute :

« Mais les électeurs viennent de le ren-dre à ses chères études... Pourvu que,pour se venger, il ne se mette pas à les)soigner.

Le blackboulé en est bien capable.

La Chambre à Versailles ?Ira-t-on, n'ira-t-on pas à Versailles ?

Les députés se posent cette question. Ilne s'agit pas de réunir le Congrès, mê-me pour reviser la Constitution.

Les députés sont trop à l'étroit au Pa-lais-Bourbon ; la salle des séances eslpleine à craquer et les services, qti.' devraient être augmentés, ne trouvent plusà se loger.

Alors, en attendant' que l'on puisseconstruire une nouvelle salle, les députésseraient autorisés, par une loi, à siéger SVersailles.

Le bureau de la Chambre a examinécette éventualité ; il n'a pris d'aîlleuirs au.cune décision à ce sujet.

C'est toujours dangereux d'aller à Ver-sailles. On fait le voyage à l'aller, gais etcontents, mais le retour est parfois trèstriste. M. Clemenceau en sait quelquechose I

S. M. le Khédive à ParisC'est un incognito bien respecté. On

parle peu du séjour de S. M. le Khédive àParis. On peut le regretter car ce princeest un des esprits les plus distingués quenous sachions. Il est gîrand ami de laFrance et ne manque jamais une occassionde témoigner ses. sympathies à nos com-patriotes d'Egypte.

S. M. le Khédive ee promène au Bois,visite les Salles du Louvre, ne dédaignepas d'entrer dans les plus luxueux maga-sins de la Capitale. Au contraire il y faitde nombreux achats.

Rares sont les Parisiens qui, croisantsur leur chemin S. M. le Khédive, recon-naissent en lui le prince qui règne sur laterre des Pharaons.

Une minute d'arrêt.Le 29 avril dernier, tous Les Irains cir-

culant sur le réseau des Ci es Philadelphiaet Roading, en Amérique, s'arrêtèrent uneminute, de 2 h. à 2 h. r'. Le présidentdes Conseils d'Administration de ces deuxpuissants organismes était mort et cetarrêt, que bien des voyageurs ne durentpas s'expliquer, était le suprême homma-ge qu'on lui rendait.

MONTE-CARLODemain, Dimanche 28 Juin 1914 :

A 9 heures ; Concert sur les Terrases duCasino, sous la direction de M. L. Vialet.

A 3 h. J : Concert sur les Terrasses duCasino, sous la direction de M. L. Vialet.

Poterie de Monaco. — Tous les jours,de 8 heures du matin & 5 heures du soir,visite des ateliers et du salon d'exposition.Entrée libre. Magasin de vente : jardinsdu Casino, boulevard du Moulin, Monte-Carlo.

Golf de Monte-Carlo au Mont-Agel. —Tous les jours les voitures automobilespartent à 9 heures et à 9 heures J du ma-tin, de la place du Casino et a&surent lestransports entre le chemin de fer à cré-maillère de la Turbie et le Golf-Hou«e.

HOTEL DES ANGLAISMaison de premier ordre. Appartements

complète avec salle de bain. Chauffage cen-tral. Ouvert du 1 " octobre au 30 juin. 8412

Lire en Deuxième Page :POUR LA RIVIERA

La Circulaire de M. A. de Joly

On Drame EconomiqueLes Délimitations

M. Etienne Clémentel vient de faire pa-raître un Uvre très documenté sur laquestion des délimitations, sous ce titre« Un drame économique ».

Il nous a paru intéressant d'en repro-duire la page qu'on va lire, cette questiondes délimitations intéressant le pays toutentier :

J'ai pu, sans être mêlé aux intérêts enlutte, prendre part aux événements et re-chercher la solutipn du problème dansune volonté de justice, avec l'espoir depacifier les frères ennemis.

Suivant Montaigne,les seules ((certaines»histoires sont celles qui ont été écrites parceux mêmes « qui commandoient aux af-faires ou qui estoient particicipants à lesconduire ».

En réalité, nul ne peut jamais se flatterde « conduire » les grands événementsde la vie économique, de « commanderaux affaires ».

Maie, dans la mesure ou il est possibleà l'homme politique d'intervenir en uneauk: délicate mal.iè.e,- de préparer unesolution, d'apaiser des haines, il m'a étédonné de le faire.

Président de la Commission de l'Agri-culture, puis ministre de ce département,j'ai pu entendre toutes les dépositions,recueillir l'expression de toutes les misè-res, saisir les causes profondes de ces an-tagonismes dont l'opinion n-e se souciaitpas tout d'abord.

Pour elle, le mot délimitation évoquaità l'origine quelque chose de vague etd'obscur : l'idée d'un problème très ardutrès spécial, qui ne semblait susceptibleà aucun égard d'exciter les passions, d'é-mouvoir le pays tout entier. Mais bientôt,cette question des délimitations apparutcomme un nuage à l'horizon social, nua-ge inoffensif, en apparence, importun ce-pendant. Toutes les fois qu'on le chassait,on le voyait se reformer.

A intervalles à peu près fixes, lors dela réunion des conseils généraux, au mo-ment de la discussion du budjet de l'A-griculture, l'écho des revendications, desluttes auxquelles donnait lieu ce problè-me, parvenait aux oreilles du public sur-pris et lassé. Telle une monotone chanson-qui avec le temps se transforme en uninsupportable refrain.

Un jour, ce refrain prit des accents fa-rouches. Aux heures de l'incendie, lesplus indifférents entrevirent la realité. Ilscomprirent que, sous un débat d'aspectaride et froid, à travers la trame subtiledes textes réglementaires, quelque chosede vivant s'agitait : l'existence même depopulations laborieuses.

Lorsqu'à la fin du- dix-septième siècle,un certain Dom Pérignon. prieur de l'Ab-baye des Rénédictins d'Hautvillers, enChampagne, en remontant d'une caveune vieille bouteille de vin blanc,constata,non sans surprise, que le vin était restésucré et avait une mousse blanche, le bonmoine ne se doutait guère que ce vin pré-cieux qui venait de naître, et dont les ver-tus devaient conquérir le monde, susci-terait dans sa contrée tant d'efforts opi-niâtres, tant de rivalités et de combats.

Un peu plus tard, sous* le règne deLouis XIV, et sous la Régence, le vinmousseux déjà très en vogue se heurta àun redoutable ennemi dont !a nature et lacouleur ne prêtaient du moins avec les,siennes à aucune confusion : le vin deRourgogne.

La tradition rapporte qu'entre les deuxrégions concurrentes, une lutte curieuses'institua : « A Beaune, on prétendaitque le vin de Reims engendrait tous lesmaux, tandis que dans ks écoles deReims et de Paris, on répliquait avecnon moins de véhémence que seul le vinde Champagne était salutaire, qu'il gué-rissait les fièvres putrides et que le vinde Rourgogne donnait la goutte ».

Ce grand conflit d'autrefois nous faitaujourd'hui sourire ; nous savons qu'a-près un siècle de guerre les deux partisdésarmèrent sur la déclaration que « sile vin de Beaune inspirait plus de cou-plets d'amour, celui de Reims faisaitchanter en meilleure musique ; que pourse bien porter et demeurer dispos et jo-yeux, il fallait à un homme les deux vinscomme il lui était indispensable d'avoirses deux jambes».

Ah ! dans le nouveau duel auquel nousvenons d'assister, comme nous étions loinde cette solution plaisante 1

« Justice et pain !» tel était le cri denos vignerons, des deux cotés de la barri-cade.

Devant les cuves défoncées, les bouteil-les brisées, les millions répandus, alorsque des travailleurs ordinairement si cal-mes, proféraient les pires menaces, oùtrouver la formule qui pacifie les âmes ?,

L'opinion publique s'irrita. Etait-il pos-sible qu'à propos de délimitation, le gou-vernement, avec l'approbation des Cham-bres, nous eut fait remonter, selon l'ex-pression d'un sénateur, à plusieurs sièclesen arrière, qu'on eut voulu « diviser laFrance comme un damier, un échiquier,en pelits casiers jaloux les uns des autres»

A tous ceux qui ne connaissaient1 pas lescauses profondes, qui n'avaient pas suivile développements des faits, une pareilleconception parut absurde. Ils ne compri-rent pas certaines angoisses.

Pourquoi l'Etat s'était-il mêlé de régle-menter aujourd'hui Ja provenance de nosvins et de nos eaux-de-vie, demain cellede la moutarde, des anchois, des froma-ges ? ».

Puisqu'une erreur avait été commise,pourquoi ne pas se hâter de l'effacer ; deremettre simplement les choses en l'étatoù elles se trouvaient auparavant ?

La vérité était ailleurs.Se borner à supprimer d'un trait de

plume, le régime des délimitations admi-nistratives sans le remplacer par un régi-me nouveau, revenir tout bonnement aupassé en pronocant un mea culpa, c'étaitrejeter une foule de braves gens à leurmisère, nous désarmer devant des con*currents étrangers, en même temps queméconnaître la loi fondamentale du pro-grés.

Il fallait dépasser un point de vue éphé-mère afin de pouvoir, par des voies1 direntes, arriver à un résultat meilleur.

Mais que de fluctations à subir, qued'obstacles à franchir avant l'établisse-ment d'un texte juridique susceptibled'apporter avec la justice, la paix défini-tive aux régions si cruellement éprouvées!.

Etienne CLËMENTEL,député, ancien ministre.

SUR LES ROUTES DE LA VIE-

La DépopulationSi cela continue nous n'aurons plus à êlre

fiers d'être français. Les naissances diminuentde plus en plus par rapport aux autres nations.

En 1913, disent de désolantes statistiques, laFrance a présenté un excédent de 41.901 nais-sances coyitre 839.887 pour VAllemagne ;309.764 pour l'Autriche ; 274.169 pour laHongrie ; 498. 197 pour l'Italie.

Et,pour nous consoler,les mêmes statistiquesnous annoncent que la mortalité est chez nousplus grande que jamais, alors que dans lesautres pays, elle a diminué.

Lisez ce rapport du Journal Officiel sur lemouvement de la population en France et àl'étranger. Il est très instructif, si instructifmême qu'il devrait être placardé sur les mursde toutes les communes de France. On y voitque la France était de 39.602.258 habitants en1911 au dernier recensement officiel. Or en1913, il y a eu 745.539 naissances contre703.638 décès, soit un excédent de naissancesde 41.901. Il y a eu en outre 34.119 enfantsmort nés. Cela représente 188 naissances pout10.000 habitants et 178 décès pour le mêmenombre.

Passons aux départements. La proportionla plus faible d'enfants vivants pour 10.000habitants appartient au département du Gers(129) ; la plus forte se rencontre dans le Pas-de-Calais (266). Les décès les plus nombreuxse remarquent dans le Calvados (230) pour10.000 ; les moins nombreux dans la Creuse(141).

Ces chiffres sont tristes dans leur éloquenteprécision. Ils doivent engager le Parlement àprendre enfin les mesures les plus sérieusescontre l'alcoolisme. Il faut que des lois sévèresobligent les parents à soumettre leurs enfantsaux lois les plus élémentaires de l'hygiène.Il est de toute justice que l'on se décide enfin âfrapper d'un impôt les célibataires et les famillessans enfants. Et ce serait fort bien si les som-mes provenant de cet impôt étaient affectéesau soulagement de la misère qui atteint lesfamilles nombreuses et nécessiteuses. Tous lesmoyens doivent être bons au législateur. Sil'on tie réagit pas dès maintenant, la race fran-çaise risque d'être absorbée peu à peu par l'é~l'étranger ; et çà n'est vraiment pas la peinede se prétendre la première nation du monde,de se recommander de son passé historique,pour parvenir à un si piètre résultat.

LE PASSANT.