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38 OUTILS D’ÉVALUATION POUR LES ADDICTIONS Cécile DENIS, Jean-Marc ALEXANDRE, Fuschia SERRE, Marc AURIACOMBE et Mélina FATSÉAS Généralités Pourquoi évaluer ? L’évaluation consiste en un recueil d’informations pertinentes, valides et fiables mais, ce n’est pas seulement l’observation et la descrip- tion de ces données qui fait l’évaluation. L’évaluation n’a de sens que pour un objectif défini préalablement. L’évaluation peut répondre à plusieurs objectifs, notamment : • un objectif clinique : – pour le repérage du problème thérapeutique et ainsi définir une stratégie de prise en charge individualisée, – pour une amélioration de la prise en charge dans le domaine étudié ; • un objectif de recherche : dans un souci de mieux comprendre les phénomènes impliqués dans le domaine étudié ; • un objectif d’évaluation des dispositifs de soin : dans le cadre de décisions de politiques de santé. Dans tous les cas, l’évaluation doit répondre à des exigences métho- dologiques rigoureuses afin d’avoir une validité scientifique. Cette méthode doit être définie préalablement et précisément pour répondre à l’objectif de l’évaluation fixé (objectif clinique, de recherche ou d’éva- luation des dispositifs de soins). Comment évaluer ? Dans ce chapitre, nous aborderons l’évaluation uniquement dans le cadre d’un objectif clinique. Dans la pratique clinique, il s’agit de repé- rer certains phénomènes, de les prévenir et/ou d’orienter vers une prise en charge adéquate. Il peut s’agir également d’évaluer une prise en charge pour en connaître les effets et apporter des modifications si nécessaire. Outils d’évaluation : auto- et hétéroquestionnaires Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour l’évaluation. La méthodologie choisie doit permettre de s’assurer de la validité et de la fiabilité des informations recueillies. De plus, les indicateurs choisis pour l’évaluation doivent être performants en termes de sensibilité et spécificité par rapport au phénomène étudié. C’est pourquoi, en méde- cine et notamment en psychiatrie et en addictologie, l’évaluation se fait souvent à l’aide de questionnaires ou d’échelles. On distingue deux types d’instruments d’évaluation : l’auto-évaluation sous forme de questionnaire auquel le sujet répond seul sans l’intervention d’une tierce personne; et l’hétéro-évaluation sous forme d’une échelle dont la passation est assurée par un évaluateur (clinicien ou autre formé à sa passation) qui interroge le sujet (évalué). L’utilisation de ces outils d’évaluation va permettre de repérer, d’éva- luer qualitativement et/ou quantitativement des comportements d’usage pouvant donner lieu à addiction. Dans ce chapitre, nous ne présentons que les instruments les plus couramment utilisés pour l’évaluation des comportements d’usage. Il ne s’agit en aucun cas d’un catalogue exhaustif des instruments d’éva- luation existants. Outils d’évaluation spécifiques à une substance ou un comportement Hétéro-évaluation Outils diagnostiques Depuis 2013, le diagnostic d’addiction a évolué avec la révision des critères du DSM publié en 2013 [22, 41] et dont la traduction française vient de paraître en 2015 [2, 17]. Le diagnostic d’abus et de dépendance n’existe plus et le diagnostic de trouble de l’usage d’une substance (addiction) se fait désormais selon un continuum de sévérité de la pathologie. Les critères de diagnostic n’ont été que peu modifiés, les 11 critères du DSM-5 reprenant les critères de dépendance du DSM- IV, les critères d’abus du DSM-IV à l’exception du critère « activités illégales » qui a été supprimé et comprend un nouveau critère, le craving. Le diagnostic de trouble de l’usage de substances se fait à partir de 2 cri- tères avec une sévérité en fonction du nombre des critères : 2-3 léger, 4- 5 modéré et 6 ou plus sévère [22]. La validité des critères diagnostiques du DSM-5 a été montrée dans de nombreuses études [11, 14, 21, 39, 42]. Le jeu pathologique du DSM-IV, appelé désormais « trouble lié aux jeux d’argent et de hasard » dans le DSM-5, est maintenant regroupé avec la section du « trouble de l’usage de substance » et les cri- tères ont été légèrement modifiés et validés [7, 43, 45]. Le trouble lié au jeu vidéo a été proposé pour intégrer cette même section du DSM-5 mais est en attente d’études supplémentaires [44]. Néanmoins, un consensus international a établi neuf critères diagnostiques du « trouble de l’usage de jeux vidéo sur internet » pour le DSM-5 [44], disponible en français [44]. À ce jour, les outils qui s’appuient sur les critères diagnostiques reposent sur les critères du DSM-IV ou de la CIM-10. Nous pouvons citer le mini-international neuropsychiatric interview (MINI), hété- roquestionnaire traduit et validé en langue française qui permet de faire le diagnostic de l’ensemble des troubles de l’axe I du DSM-IV (dont les troubles liés à l’usage de substances et les troubles du comportement 225119YYP_ADDICT_fm12.book Page 321 Monday, March 7, 2016 10:09 AM

OUTILS D’ÉVALUATION 38 POUR LES ADDICTIONS

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Page 1: OUTILS D’ÉVALUATION 38 POUR LES ADDICTIONS

38OUTILS D’ÉVALUATIONPOUR LES ADDICTIONS

Cécile DENIS, Jean-Marc ALEXANDRE, Fuschia SERRE,Marc AURIACOMBE et Mélina FATSÉAS

GénéralitésPourquoi évaluer ?

L’évaluation consiste en un recueil d’informations pertinentes,valides et fiables mais, ce n’est pas seulement l’observation et la descrip-tion de ces données qui fait l’évaluation. L’évaluation n’a de sens quepour un objectif défini préalablement.

L’évaluation peut répondre à plusieurs objectifs, notamment :• un objectif clinique :– pour le repérage du problème thérapeutique et ainsi définir une

stratégie de prise en charge individualisée,– pour une amélioration de la prise en charge dans le domaine

étudié ;• un objectif de recherche : dans un souci de mieux comprendre les

phénomènes impliqués dans le domaine étudié ;• un objectif d’évaluation des dispositifs de soin : dans le cadre de

décisions de politiques de santé.Dans tous les cas, l’évaluation doit répondre à des exigences métho-

dologiques rigoureuses afin d’avoir une validité scientifique. Cetteméthode doit être définie préalablement et précisément pour répondreà l’objectif de l’évaluation fixé (objectif clinique, de recherche ou d’éva-luation des dispositifs de soins).

Comment évaluer ?Dans ce chapitre, nous aborderons l’évaluation uniquement dans le

cadre d’un objectif clinique. Dans la pratique clinique, il s’agit de repé-rer certains phénomènes, de les prévenir et/ou d’orienter vers une priseen charge adéquate. Il peut s’agir également d’évaluer une prise encharge pour en connaître les effets et apporter des modifications sinécessaire.

Outils d’évaluation : auto- et hétéroquestionnaires

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour l’évaluation. Laméthodologie choisie doit permettre de s’assurer de la validité et de lafiabilité des informations recueillies. De plus, les indicateurs choisispour l’évaluation doivent être performants en termes de sensibilité etspécificité par rapport au phénomène étudié. C’est pourquoi, en méde-cine et notamment en psychiatrie et en addictologie, l’évaluation se faitsouvent à l’aide de questionnaires ou d’échelles. On distingue deuxtypes d’instruments d’évaluation : l’auto-évaluation sous forme dequestionnaire auquel le sujet répond seul sans l’intervention d’unetierce personne; et l’hétéro-évaluation sous forme d’une échelle dont la

passation est assurée par un évaluateur (clinicien ou autre formé à sapassation) qui interroge le sujet (évalué).

L’utilisation de ces outils d’évaluation va permettre de repérer, d’éva-luer qualitativement et/ou quantitativement des comportementsd’usage pouvant donner lieu à addiction.

Dans ce chapitre, nous ne présentons que les instruments les pluscouramment utilisés pour l’évaluation des comportements d’usage. Ilne s’agit en aucun cas d’un catalogue exhaustif des instruments d’éva-luation existants.

Outils d’évaluation spécifiques à une substance ou un comportement

Hétéro-évaluationOutils diagnostiques

Depuis 2013, le diagnostic d’addiction a évolué avec la révision descritères du DSM publié en 2013 [22, 41] et dont la traduction françaisevient de paraître en 2015 [2, 17]. Le diagnostic d’abus et de dépendancen’existe plus et le diagnostic de trouble de l’usage d’une substance(addiction) se fait désormais selon un continuum de sévérité de lapathologie. Les critères de diagnostic n’ont été que peu modifiés, les11 critères du DSM-5 reprenant les critères de dépendance du DSM-IV, les critères d’abus du DSM-IV à l’exception du critère « activitésillégales » qui a été supprimé et comprend un nouveau critère, le craving.Le diagnostic de trouble de l’usage de substances se fait à partir de 2 cri-tères avec une sévérité en fonction du nombre des critères : 2-3 léger, 4-5 modéré et 6 ou plus sévère [22]. La validité des critères diagnostiquesdu DSM-5 a été montrée dans de nombreuses études [11, 14, 21, 39, 42]. Le jeu pathologique du DSM-IV, appelé désormais « trouble liéaux jeux d’argent et de hasard » dans le DSM-5, est maintenantregroupé avec la section du « trouble de l’usage de substance » et les cri-tères ont été légèrement modifiés et validés [7, 43, 45]. Le trouble lié aujeu vidéo a été proposé pour intégrer cette même section du DSM-5mais est en attente d’études supplémentaires [44]. Néanmoins, unconsensus international a établi neuf critères diagnostiques du « troublede l’usage de jeux vidéo sur internet » pour le DSM-5 [44], disponibleen français [44].

À ce jour, les outils qui s’appuient sur les critères diagnostiquesreposent sur les critères du DSM-IV ou de la CIM-10. Nous pouvonsciter le mini-international neuropsychiatric interview (MINI), hété-roquestionnaire traduit et validé en langue française qui permet de fairele diagnostic de l’ensemble des troubles de l’axe I du DSM-IV (dont lestroubles liés à l’usage de substances et les troubles du comportement

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322 LES ADDICTIONS : APPROCHES THÉRAPEUTIQUES

alimentaire) ainsi que le trouble de la personnalité antisociale (axe II duDSM-IV) [31]. Une version du MINI s’appuyant sur les critères duDSM-5 est en cours.

Pour les troubles du comportement alimentaire, l’eating disorder exa-mination (EDE) est un hétéroquestionnaire qui permet d’évaluer spéci-fiquement les troubles du comportement alimentaire et d’en faire lediagnostic [40] en s’appuyant également sur les critères du DSM-IV.

Outil de repérageÀ notre connaissance, il n’existe qu’un seul hétéroquestionnaire pour

le repérage d’un usage problématique de substance. Il s’agit du FACE(formule pour apprécier la consommation par entretien) qui repère unusage problématique d’alcool. Ce questionnaire a été construit à partird’items sélectionnés dans des autoquestionnaires couramment utiliséspour le repérage de l’usage problématique d’alcool (AUDIT, CAGE,TWEAK). Il comporte 5 questions. Il est aussi sensible que l’AUDITmais présente une meilleure spécificité. Cette dernière peut s’expliquerpar le fait que l’évaluation est faite par un clinicien et n’est pas rempliedirectement par le sujet [1].

Auto-évaluationSubstancesALCOOL

• CAGE (cut down, annoyed, guilty, eye opener) ou DETA (diminuer,entourage, trop, alcool) [37, 46]

Cet autoquestionnaire est un outil de dépistage comprenant 4 ques-tions à réponse dichotomique oui/non. Le CAGE a été validé en fran-çais sous l’acronyme DETA. Une réponse positive traduit le besoind’une investigation clinique plus poussée. À partir de deux réponsespositives, la probabilité d’une dépendance à l’alcool augmente.

• Alcohol use disorders identification test (AUDIT)Cet autoquestionnaire a été développé par l’OMS. Il semble être

l’autoquestionnaire le plus sensible et spécifique pour dépister un usaged’alcool problématique (abus ou dépendance). L’AUDIT explore les12 derniers mois à travers 10 items cotés de 0 à 4. Ces items explorentla fréquence et la quantité d’alcool consommée, la perte de contrôle dela consommation d’alcool, les problèmes rencontrés du fait de laconsommation d’alcool. Un score supérieur ou égal à 8 chez l’hommeet 7 chez la femme traduit un usage problématique d’alcool. Un scoresupérieur ou égal à 12 chez l’homme et 11 chez la femme prédit uneforte probabilité d’une dépendance à l’alcool [47].

TABAC• Test de FagerströmCet autoquestionnaire est le plus utilisé pour l’évaluation de la

consommation de tabac et pour le repérage d’un usage problématiquede tabac (abus ou dépendance). Il est composé de 6 questions dans saversion longue, 2 dans sa version courte. Le score global de la versionlongue varie de 0 à 10. Ce score mesure la probabilité d’être dépendantau tabac. Pour un score de 0 à 2, cette probabilité est très faible, de 3 à4 elle est faible, de 5 à 6 elle est moyenne et de 7 à 10 elle est forte [24].À noter que cet autoquestionnaire est parfois utilisé à tort comme unoutil diagnostique de la dépendance (DSM-IV) au tabac.

• Cigarette dependence scaleCet autoquestionnaire a été développé par la faculté de médecine

de l’Université de Genève et est composé de 10 questions cotées de 0à 5. Ce questionnaire mesure la probabilité d’être dépendant autabac. Si le score global est inférieur à 25, la probabilité est faible, de25 à 44 la probabilité est modérée et au-dessus de 44 la probabilité estforte [13].

CANNABIS• Cannabis abuse screening test (CAST)Cet autoquestionnaire a été développé par l’OFDT. Depuis 2002, il

est intégré dans toutes les enquêtes ESCAPAD. Cet outil comprend6 propositions auxquelles le sujet répond en évaluant la fréquence desévénements proposés (de « jamais » à « très souvent »). Les questionsfont référence aux 12 derniers mois de la vie du sujet. Ce questionnairepermet un repérage d’un usage problématique de cannabis. Des étudesde validation du CAST ont été publiées en 2011 et 2013. Un score-seuil de 3 prédit un usage problématique de cannabis [32, 33].

• ALACCet autoquestionnaire a été développé en Nouvelle-Zélande. Il est

constitué de 11 questions et permet le repérage des différents dom-mages liés à la consommation de cannabis. La réponse à chaque ques-tion est dichotomique oui/non. Plusieurs dommages sont évalués :troubles cognitifs, signes de sevrage, complications psychiatriques etrépercussions sociales de la consommation. Le score global varie de 0 à11. Un score supérieur ou égal à 3 traduit une forte probabilité de pré-senter un abus de cannabis [27].

• DETA-CAGE cannabisLe DETA-CAGE cannabis est utilisé uniquement en France. Il s’agit

du questionnaire DETA-CAGE utilisé pour le repérage d’un usageproblématique d’alcool et transposé au cannabis. Cependant, aucuneétude n’a étudié sa validité, sensibilité et spécificité pour le repéraged’un usage problématique de cannabis [6].

• Autre outil existantDans la littérature internationale, un autre autoquestionnaire est très

souvent utilisé pour repérer un comportement d’usage problématiquede cannabis. Il s’agit du CUDIT (cannabis use disorder identificationtest). Cet autoquestionnaire évalue la période des 6 derniers mois etcomprend 10 questions. Une version française de cet article a été vali-dée en 2011 [19].

AUTRES SUBSTANCES• Les questionnaires d’auto-évaluation présentés précédemment

pour l’alcool et le cannabis peuvent se transposer à n’importe quelleautre substance.

Le CRAFFT (car, relax, forget, family/friends, trouble), en françaisADOSPA (auto, drogues, oublié, seul(e), problèmes, amis), a été déve-loppé pour dépister les usages problématiques de substances en particu-lier chez les adolescents ou jeunes adultes. Cet autoquestionnaire estconstitué de 6 questions à réponse dichotomique oui/non, le scoreglobal variant de 0 à 6. Il semble être un bon outil de dépistage précoced’usage nocif de cannabis et d’alcool. Les études de validation ontmontré qu’un score supérieur ou égal à 2 indiquait un risque modéréd’usage nocif et qu’un score supérieur à 3 indiquait un risque élevéd’usage nocif [28].

Autres addictions sans substancePour les addictions comportementales, les outils d’évaluation et de

repérage existants ne concernent que le jeu ou les troubles du compor-tement alimentaire.

JEU• Pour l’évaluation du comportement de jeu, le questionnaire le plus

utilisé est le SOGS (South Oaks gambling screen). Le SOGS est un auto-questionnaire de 16 questions. Certaines de ces questions s’appuient surles critères de jeu pathologique du DSM-IV. Un score global supérieurou égal à 5 indique que le sujet est probablement un joueur pathologique[34]. Il est à noter que le SOGS s’adresse à des sujets présentant des pra-tiques de jeu d’argent (paris, jeux de cartes, dés), et n’est pas adapté auxsujets ayant une pratique de jeu vidéo ou de jeu en réseaux.

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Pour l’évaluation des pratiques de jeu vidéo, il n’existe pas, à notreconnaissance, d’autoquestionnaire d’évaluation.

TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE• YFAS (Yale food addiction scale)Cette échelle a été traduite et validée en français. La YFAS est com-

posée de 25 items, et mesure les symptômes de dépendance à l’alimen-tation au cours des 12 derniers mois, en adaptant les critères dedépendance aux substances du DSM-IV. La YFAS fournit deux typesd’informations : le nombre de symptômes de dépendance et le diag-nostic au cours des 12 derniers mois. Bien qu’il n’existe actuellementaucun diagnostic officiel de l’addiction alimentaire, la YFAS a étéconstruite de façon à identifier les personnes qui présenteraient dessymptômes et un haut risque de dépendance à l’alimentation [4, 18].Des outils s’appuyant sur les nouveaux critères du DSM-5 ou de laCIM-11 sont à développer.

• EAT (eating attitude test)L’EAT est un autoquestionnaire existant sous deux formes : à 40 et

à 26 items. Destiné initialement au dépistage de l’anorexie mentale etdes troubles du comportement alimentaire, cet outil est à l’heureactuelle surtout utilisé pour l’évaluation du changement et le recueildes symptômes dans des populations non cliniques. Les domainesexplorés sont: restriction alimentaire, boulimie et préoccupationconcernant la nourriture, contrôle de la prise alimentaire. Le score seuilest de 20. L’EAT est très sensible aux influences culturelles, ce qui renddifficile l’établissement de normes. La sensibilité de l’EAT est modeste,mais peut être améliorée par le recueil d’informations complémentairesnotamment concernant le poids et l’humeur [15].

• BULIT (bulimia test)Le BULIT a été développé pour l’évaluation des troubles des

conduites alimentaires boulimiques en population générale. C’est unautoquestionnaire destiné essentiellement au dépistage des troubles desconduites alimentaires. Il est constitué de 36 items évaluant les pertur-bations alimentaires de type boulimique. Chaque item est coté de 1 à5, en fonction du caractère pathologique du comportement étudié.Actuellement, seul le score global est pris en compte dans les études.Les scores supérieurs ou égaux à 102 correspondent aux états patholo-giques. Les scores supérieurs ou égaux à 88, et inférieurs à 102,signalent des conduites alimentaires anormales, et ce en l’absencemême de tout syndrome organisé (boulimies occasionnelles). D’autresétudes doivent venir valider la valeur de cet instrument, dont l’applica-tion essentielle reste le dépistage des conduites boulimiques en popula-tion non clinique [49].

• EDI (eating disorder inventory)L’EDI n’est pas un outil de repérage des troubles du comportement

alimentaire. Il a été construit pour évaluer des attitudes, des sentimentsou des comportements liés aux conduites alimentaires. Il permet d’esti-mer la fréquence avec laquelle les sujets s’attribuent d’éventuelles parti-cularités dans les modalités mêmes de l’alimentation. Instrumentancien, bien validé et évolutif, l’EDI peut être considéré commel’inventaire de référence de base pour l’étude des caractéristiques psy-chologiques des sujets présentant des troubles du comportement ali-mentaire [16].

Intérêts et limites de ces questionnaires d’auto-évaluation

L’intérêt principal d’un autoquestionnaire réside en sa rapidité depassation ce qui en fait un outil compatible avec une pratique cliniqueisolée, pour laquelle le temps disponible est réduit. Le patient peutremplir le questionnaire sans l’intervention du clinicien, les questionssont ciblées, précises et le choix de réponses est fermé (souvent des

réponses dichotomiques [oui/non] ou de fréquence [jamais à tous lesjours]). L’autoquestionnaire génère un score qui permet une interpré-tation rapide. En effet, dans la construction et la validation de la plu-part de ces questionnaires, des normes ont été établies ainsi qu’un scoreseuil. Au-delà de ce seuil, on considère une augmentation de probabi-lité de présenter un usage problématique de substance ou de présenterun comportement problématique.

L’autoquestionnaire est généralement un outil de repérage (scree-ning) et ne permet pas d’établir un diagnostic. De plus, l’autoquestion-naire est centré sur une substance ou un comportement, et ne permetpas une évaluation globale des autres domaines de la vie du sujet quipeuvent être affectés par un comportement addictif (avec ou sans subs-tance).

Échelles évaluant plusieurs domaines de la vie du sujet : exemple de l’addiction severity index (ASI)

Une évaluation multifactorielle orientant vers une prise en chargeadéquate est susceptible de favoriser l’efficacité de celle-ci en dimi-nuant les ruptures, les rechutes et les chevauchements des pro-grammes de soins. Un outil d’évaluation standardisé, adapté à unusage généralisé en pratique clinique, apparaît donc nécessaire. Cetoutil doit permettre de prendre en compte l’ensemble des compo-santes de l’addiction et estimer la sévérité de façon fiable et valide.C’est ce qui a fondé la réflexion de A.T. McLellan et al. lors de l’éla-boration de l’ASI, un outil d’évaluation des comportements d’usagede substances.

Addiction severity index (ASI)Description de l’ASI

L’ASI constitue un outil de référence internationale, standardisé, tra-duit en plusieurs langues. C’est l’instrument le plus utilisé dans lemonde pour l’évaluation des sujets usagers de substances [5, 20, 38]. Laversion la plus utilisée est la 5e version de l’ASI, mais une 6e version aété développée [5]. Les qualités psychométriques de l’ASI sont biendocumentées et les études ont montré une bonne validité et fiabilité del’ASI [35]. Les propriétés psychométriques des 5e et 6e versions sonttrès similaires [8, 10].

L’ASI permet une évaluation multidimensionnelle des conduitesd’usage. Il s’agit d’un entretien semi-structuré qui permet de recueillirdes informations dans sept domaines de la vie du patient (médical,consommation de substances dont l’alcool, relations familiales etsociales, histoire de la famille, situation légale, emploi et ressources, étatpsychologique). L’ASI présente l’avantage d’être un outil qui peut évo-luer et être modifié. Ainsi, depuis 2003, une version modifiée de l’ASIpermet d’évaluer également la consommation de tabac et les comporte-ments addictifs sans substance tels que le jeu [9]. Depuis 2014, unenouvelle version de l’ASI permet d’évaluer l’usage de la cigarette élec-tronique et ainsi que les troubles de l’alimentation (boulimie, hyper-phagie, anorexie), en appuyant la notion de perte de contrôle ou dedifficulté de maîtrise. Cette version fait l’objet d’un programme de vali-dation [3].

Sa passation se fait par un évaluateur spécifiquement formé. L’ASI aété conçu pour être répété et ainsi permettre d’évaluer le changement.Cet outil se décline donc en ASI de base, correspondant au premier

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entretien, et ASI de suivi, pouvant se répéter dans le temps. Deuxpériodes de temps sont explorées : les 30 derniers jours et la vie entièrepour l’ASI de base ; les 30 derniers jours et période écoulée depuis ledernier ASI, pour l’ASI de suivi. La durée de passation est de45 minutes environ pour un ASI de base et de 20 minutes pour un ASIde suivi.

Pour chaque domaine, l’ASI génère des scores traduisant la sévéritéde l’état dans ce domaine. Cet instrument se révèle être un outil perti-nent pour la clinique mais également pour la recherche notamment enépidémiologie. En effet, dans le cadre de protocole d’évaluation stan-dardisé, cet outil permet des analyses à la fois descriptives, analytiqueset évaluatives.

Intérêt et limites de l’ASIL’ASI ne permet pas de faire le diagnostic d’addiction, mais mesure

la sévérité de l’usage de substance (alcool, drogues, médicaments, tabac,e-cigarettes) ou la sévérité des comportements sans substance (jeu, ali-mentation). L’intérêt de l’ASI est de permettre une évaluation del’addiction dans ses différentes dimensions, en englobant les pratiquesaddictives dans leur ensemble, à savoir les différentes substances et lesaddictions comportementales. En pratique clinique, il est importantd’évaluer l’ensemble des composantes de l’addiction et ses répercussionssur la vie du sujet afin d’orienter vers des prises en charge adéquates.L’ASI peut être utilisé en suivi pour évaluer la pertinence et l’efficacitéde la prise en charge et la réajuster si besoin. Il est à noter que la com-mission d’audition « Abus, dépendances et polyconsommations » de laHaute autorité de Santé (HAS) avait recommandé en 2007 d’élargirsystématiquement la démarche d’évaluation de l’ensemble des consom-mations, d’intégrer dans cette évaluation la dimension psychosociale etde mieux diffuser et former les professionnels à la passation d’outilsd’évaluation standardisés, en particulier l’ASI qui, encore trop peu uti-lisé en pratique clinique, gagnerait à être mis à disposition commeexamen complémentaire [23].

Pour la recherche, l’ASI permet de caractériser précisément lessujets, de quantifier les problèmes, de mesurer la réponse à la prise encharge, de comparer l’efficacité de prise en charge entre différentséchantillons de sujets. Les études sur l’addiction (par exemple lesétudes qui évaluent la psychopathologie) portent le plus souvent surun seul type d’addiction. L’hétérogénéité des instruments utilisésdans ces études pose le problème de la généralisation des données auxautres addictions. D’autres études portent au contraire sur des échan-tillons de sujets présentant une addiction à plusieurs substances, maisne prennent pas en compte d’éventuelles différences. L’évaluation destroubles psychiatriques par exemple est réalisée sur des échantillonsde sujets hétérogènes vis-à-vis de leur substance d’addiction, mais leséventuelles particularités liées aux substances ne sont pas prises encompte. Des lacunes dans l’évaluation sont donc à souligner. L’éva-luation de sujets par l’ASI permet d’approfondir la compréhension del’addiction en comparant les différentes variables en fonction del’objet de l’addiction, afin de confirmer les similitudes et d’affinerd’éventuelles différences.

Autres instruments d’évaluation multifactorielleIl existe d’autres instruments qui peuvent être utilisés comme alter-

native à l’ASI.Le Maudsley addiction profile (MAP) explore de façon multifacto-

rielle l’usage de substances et ses conséquences en prenant commepériode de référence les 30 derniers jours. Cet hétéroquestionnaireexplore 4 domaines : consommations de substances, comportements àrisque sexuels et/ou liés à l’injection, santé physique et psychologique,fonctionnement social (travail, études, rapports sociaux, activité illé-

gales). La durée de passation est de 30 minutes. Il est traduit en plu-sieurs langues dont le français [36].

Le Texas christian university-comprehensive intake (TCU-comprehen-sive intake) est un hétéroquestionnaire qui recueille des éléments socio-démographiques, des informations sur les relations sociales, la situationlégale, l’état de santé somatique et psychologique, les comportements àrisque vis-à-vis du VIH. La synthèse des informations recueillies par cetentretien traduit les besoins de prise en charge du patient. La durée depassation est de 90 minutes. Cet instrument a été élaboré pour évaluerles patients en demande de prise en charge par méthadone et pour pla-nifier la thérapeutique à leur apporter. Il s’est ensuite décliné pour dif-férentes populations : adolescents, sujets incarcérés, femmes et enfants[48].

Évaluation spécifique des adolescents/jeunes adultesASI-Ado

L’ASI-Ado (T-ASI) est une version modifiée de l’ASI pour les ado-lescents. Le principe de l’évaluation est identique à l’ASI. Seule la sec-tion Emploi/ressources est remplacée par une section École/occupations/loisirs [26].

DEP-ADOC’est un questionnaire qui permet d’évaluer l’usage de substances

dont l’alcool chez les adolescents et de faire un dépistage de la consom-mation problématique ou à risque. Il peut être utilisé comme un hétéro-ou un autoquestionnaire. Il est composé de 7 questions provenant del’ASI-Ado et d’autres questions issues d’autres questionnaires. Ce ques-tionnaire évalue : la consommation en fréquence et quantité de diffé-rentes substances au cours des 12 derniers mois et des derniers 30 jours,l’âge au début de la consommation régulière, les voies de consommation,ainsi que les délits associés à cette consommation. Les réponses génèrentun score (variant de 0 à 79) qui indique le besoin en intervention ; 0 à13 : pas de problème, 14 à 19 : problèmes émergents et intervention sou-haitée, 20 et plus : problèmes évidents et intervention nécessaire [30].

POSIT (problem oriented screening instrument for teenagers)

Le POSIT a été élaboré par le NIDA. C’est un autoquestionnairede 139 questions à réponse dichotomique oui/non. Il évalue10 domaines : utilisation de substances psychoactives, santé phy-sique, santé mentale, relations intrafamiliales, relations avec lesproches, situation scolaire, orientation professionnelle, habiletéssociales, loisirs, comportements agressifs/délinquance. Il a été validéchez des adolescents et a été utilisé dans des études telles que ADO-TECNO réalisée avec l’OFDT [29].

Le PEI (personal experience inventory) est un instrument très prochedu POSIT. C’est un instrument clinique d’identification des pro-blèmes liés à l’usage de substance ainsi que des facteurs pouvant expli-quer le début et le maintien de ces comportements d’usage. Seules desversions anglaise et espagnole validées existent [25].

GAIN (global appraisal of individual needs)Le GAIN est un hétéroquestionnaire standardisé d’évaluation bio-

psychosociale de sujets adolescents ou jeunes adultes. Il est utilisé pourle repérage, le diagnostic, la planification d’une prise en charge et lesuivi des patients. Il existe une version en anglais et une version franco-phone canadienne [12].

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OUTILS D’ÉVALUATION POUR LES ADDICTIONS 325

ConclusionIl existe de nombreux outils d’évaluation : hétéro- ou autoquestion-

naires. Seuls les plus fréquemment utilisés dans le champ de l’évalua-tion ayant pour objectif le repérage et prise en charge descomportements d’usage ont été présentés dans ce chapitre. Un résumédes différents outils cités dans ce chapitre figure dans le tableau 38-I. Ilest important de noter que tous les outils disponibles à l’heure actuelles’appuient sur les critères diagnostiques du DSM-IV ou de la CIM-10et que dans les prochains mois de nouveaux instruments s’appuyant surles critères du DSM-5 ou de la CIM-11 vont être mis à disposition. Lechoix de l’outil doit se faire uniquement après avoir clairement défini

l’objectif de l’évaluation. Ainsi, il est parfois plus utile d’utiliser un outilayant des caractéristiques psychométriques moindres, mais qui permetde répondre précisément aux questions soulevées par l’objectif de l’éva-luation. En France, l’utilisation de questionnaires pour l’évaluationn’est pas pratique courante. Or, ces outils peuvent être utiles et s’ins-crivent dans les recommandations des pouvoirs publics de repérage etd’évaluation des comportements d’usage. Cette absence d’utilisationsystématique s’explique en partie par le manque de diffusion, de forma-tion et d’entraînement des acteurs de santé (des cliniciens comme desacteurs de prévention) à ces différents outils.

Les auteurs remercient le Dr Bérangère Gelot et le Dr Nathalie Ramdje pourleur relecture et leurs suggestions.

Tableau 38-I Synthèse des différents outils d’évaluation cités dans ce chapitre.

Type d’outil Population Période explorée Comportements évalués Outils

Hétéro-évaluation Diagnostic Tous ActuelleVie entière

Axe I DSM-IV(substances, jeu, TCA)

DSM-IV (MINI)CIM-10

Tous Actuelle2 derniers mois

TCA EDE

Repérage Tous Actuelle Alcool FACE

Évaluation multifactorielle

Adulte 30 derniers jours et vie entière

Tout comportement addictif avec ou sans substance et conséquences

ASI

Adolescent - jeunes adultes ASI-Ado (T-ASI)

Adulte 30 derniers jours Usage de substances et conséquences

MAP

Adulte Vie entière Usage de substances et conséquences

TCU-comprehensive intake

MultifactorielleRepérage et diagnostic

Adolescents ou jeunes adultes

Vie entière et actuelle Usage de substances et conséquences

GAIN

Auto-évaluation Repérage Tous Actuelle Alcool CAGE (DETA)

12 derniers mois AUDIT

Tous Actuelle Tabac FagerströmCigarette dependence

scale

Tous Vie entière Cannabis CASTALAC

6 derniers mois CUDIT

Actuelle DETA-CAGE cannabis

Tous 12 derniers mois Alimentation YFAS

Adolescents-jeunes adultes Vie entière Toute substanceSurtout alcool et cannabis

CRAFFT (ADOSPA)

Tous Vie entière Jeu d’argent SOGS

Population non clinique Vie entière Troubles comportement alimentaire EAT

Population non clinique Vie entière Boulimie BULIT

Évaluation multifactorielle

Adolescent-jeunes adultes Vie entière et actuelle Usage de substances et conséquences POSIT

Adolescent-jeunes adultes Vie entière et actuelle Usage de substances et conséquencesPeut s’utiliser en hétéroquestionnaire

DEP-ADO

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326 LES ADDICTIONS : APPROCHES THÉRAPEUTIQUES

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