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LUS UNIVERSITÉ SYNDICALISTE Les marées humaines du 5 et du 17 décembre ont ouvert une crise au sommet de l’État. Le champ des possibles est ouvert. Réussir une troisième grève majori- taire dans le second degré, qui plus est, dans une période de conseils de classe, est significatif d’une détermi- nation sans faille de nos professions. Après le 5 et le 10 décembre, la jour- née interprofessionnelle du 17 a encore une fois fait le plein dans l’Éducation. Même si les taux de grévistes étaient un peu moindres que ceux du 5 décembre, la participation aux cor- tèges était massive, ne laissant pas de doute sur le fait que l’Éducation soit un secteur particulièrement mobilisé. Les annonces du Premier ministre sont loin d’avoir convaincu puisque les personnels de l’Éducation ont bien compris – quoi qu’en dise Jean- Michel Blanquer – que l’abandon de la référence aux six derniers mois pour les fonctionnaires pénaliserait fortement les générations nées après 1975, forcées de subir le nouveau régime par points, tandis que les générations 1960 à 1975 ne seraient pas épargnées, en proie à l’âge pivot fixé à 64 ans. Le gouvernement dos au mur Quant aux propos du ministre de l’Éducation, ils n’ont pas fait davan- tage recette et la réception combative que lui ont organisée les collègues à Nancy en est une preuve éclatante ! Jean-Michel Blanquer continue en effet à lier la question des retraites à celle de la revalorisation – terme dans ce cas particulièrement inapproprié puisqu’il s’agirait de compenser la baisse de 30 % du taux des pensions. Et comme cela ne suffit pas, le ministre brode sur « l’enseignant du XXI e siècle », le travail invisible rendu visible... et autres belles formules dissimu- lant des projets, eux bien réels, d’aug- mentation du temps de travail ou d’alourdissement des missions. Pour toutes ces raisons, le SNES- FSU appelle à poursuivre la mobili- sation pour obtenir le retrait du projet de réforme des retraites, l’ouverture des discussions pour des améliora- tions du système actuel et un plan de programmation d’une revalorisation déconnectée du dossier des retraites. D’ici la rentrée de janvier, le SNES-FSU, avec l’intersyndicale Éducation, continue de soutenir les actions de reconduction décidées collectivement, invite les personnels à se joindre aux initiatives décidées pendant les congés de Noël par les secteurs professionnels comme la RATP, la SNCF, la santé... Et si rien ne bouge, nous serons à nouveau en grève le jeudi 9 janvier avec l’intersyndicale, l’interprofessionnelle et les fédéra- tions de fonctionnaires. La mobilisation actuelle a, en outre, le mérite de mettre sur le devant de la scène tous les autres combats que nous menons depuis plusieurs mois : réforme du lycée, du bac, E3C, effectifs trop lourds, charge de travail crois- sante, rémunérations... Face à ce gourvernement, on ne lâchera décidément rien. n Sophie Vénétitay Lédito À portée de main L’opinion publique soutient majoritairement un mouvement de grève que le gouvernement et certains médias s’évertuent à présenter comme la simple défense d’intérêts corporatistes. En effet, les derniers sondages ne font pas le constat d’une baisse de popularité du mouvement social actuel mais pointent une opposition à la réforme des retraites de plus en plus majoritaire et des Français toujours plus nombreux à considérer l’exécutif comme responsable de la crise. Celui-ci n’a pas ménagé ses efforts pour diviser, opposer les générations, les catégories de salariés, le public et le privé, martelant le chiffre de 42 régimes spéciaux, ce qui est un abus éhonté de langage. Or, cette communication ne passe pas. Probablement, parce que les Français savent ce qu’ils doivent à la Sécurité sociale, et ce que cela signifie de protections collectives. Ils savent aussi que les services publics garantissent l’intérêt général et ils sont attachés à la défense d’un régime de retraite solidaire par répartition fondant les pensions sur les revenus du travail. La valeur du point est un instrument pratique d’ajustement du niveau des pensions pour un gouvernement, ça, nous le savions. L’épisode Delevoye a éclairé un autre des enjeux du projet gouvernemental : l’ouverture au marché des assurances privées de nos retraites. Les jours qui viennent seront décisifs. Le mouvement syndical a marqué des points et le gouvernement est acculé. Il doit faire des concessions. Les personnels de l’Éducation ont gagné la bataille de l’opinion sur la nécessité d’une revalorisation de leurs rémunérations. Poursuivons nos actions et nos campagnes pour nos retraites et nos salaires. n La mobilisation qui s’est développée ces dernières semaines vient de loin. Au-delà des retraites, elle exprime un profond attachement aux services publics et à la protection sociale, éléments majeurs de notre modèle social hérité du Conseil national de la Résistance. Nous ne nous en laisserons pas déposséder. Frédérique Rolet, secrétaire générale mobilisation historique Pas de trêve, on ne lâche rien ! L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré — numéro 793 du 21 décembre 2019 © Clément Martin Sujets E3C Retraites p.3 E3C p.5 Pas dupes des bea discours À L’APPEL DE L’INTERSYNDICALE ET DE L’INTERPROFESSIONNELLE TOUTES ET TOUS EN GRÈVE LE 9 JANVIER !

P 01 Action 793 - SNES

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Page 1: P 01 Action 793 - SNES

L’USUNIVERSITÉ SYNDICALISTE

Les marées humainesdu 5 et du 17 décembreont ouvert une criseau sommet de l’État.Le champ despossibles est ouvert.

Réussir une troisième grève majori-taire dans le second degré, qui plusest, dans une période de conseils declasse, est signifi catif d’une détermi-nation sans faille de nos professions.

Après le 5 et le 10 décembre, la jour-née interprofessionnelle du 17 a encoreune fois fait le plein dans l’Éducation.Même si les taux de grévistes étaientun peu moindres que ceux du5 décembre, la participation aux cor-tèges était massive, ne laissant pas dedoute sur le fait que l’Éducation soitun secteur particulièrement mobilisé.

Les annonces du Premier ministresont loin d’avoir convaincu puisqueles personnels de l’Éducation ontbien compris – quoi qu’en dise Jean-Michel Blanquer – que l’abandon dela référence aux six derniers moispour les fonctionnaires pénaliseraitfortement les générations nées après1975, forcées de subir le nouveaurégime par points, tandis que lesgénérations 1960 à 1975 ne seraientpas épargnées, en proie à l’âge pivotfixé à 64 ans.

Le gouvernement dos au murQuant aux propos du ministre del’Éducation, ils n’ont pas fait davan-tage recette et la réception combativeque lui ont organisée les collègues àNancy en est une preuve éclatante !

Jean-Michel Blanquer continue eneffet à lier la question des retraites àcelle de la revalorisation – terme dans

ce cas particulièrement inappropriépuisqu’il s’agirait de compenser labaisse de 30 % du taux des pensions.Et comme cela ne suffitpas, le ministre brodesur « l’enseignant du XXI

e

siècle », le travail invisiblerendu visible... et autresbelles formules dissimu-lant des projets, eux bien réels, d’aug-mentation du temps de travail oud’alourdissement des missions.

Pour toutes ces raisons, le SNES-FSU appelle à poursuivre la mobili-sation pour obtenir le retrait du projetde réforme des retraites, l’ouverturedes discussions pour des améliora-tions du système actuel et un plan deprogrammation d’une revalorisationdéconnectée du dossier des retraites.

D’ici la rentrée de janvier, leSNES-FSU, avec l’intersyndicaleÉducation, continue de soutenir les

actions de reconduction décidéescollectivement, invite les personnelsà se joindre aux initiatives décidées

pendant les congés deNoël par les secteursprofessionnels commela RATP, la SNCF, lasanté...

Et si rien ne bouge,nous serons à nouveau en grève lejeudi 9 janvier avec l’intersyndicale,l’inter professionnelle et les fédéra-tions de fonctionnaires.

La mobilisation actuelle a, en outre,le mérite de mettre sur le devant de lascène tous les autres combats que nousmenons depuis plusieurs mois :réforme du lycée, du bac, E3C, effectifstrop lourds, charge de travail crois-sante, rémunérations...

Face à ce gourvernement, on nelâchera décidément rien. n

Sophie Vénétitay

L’éditoÀ portée de mainL’opinion publique soutientmajoritairement un mouvement de grèveque le gouvernement et certains médiass’évertuent à présenter comme la simpledéfense d’intérêts corporatistes. Eneffet, les derniers sondages ne font pasle constat d’une baisse de popularitédu mouvement social actuel maispointent une opposition à la réformedes retraites de plus en plus majoritaireet des Français toujours plus nombreux àconsidérer l’exécutif comme responsablede la crise. Celui-ci n’a pas ménagé ses efforts pourdiviser, opposer les générations, lescatégories de salariés, le public et leprivé, martelant le chiffre de 42 régimesspéciaux, ce qui est un abus éhonté delangage. Or, cette communicationne passe pas. Probablement, parce queles Français savent ce qu’ils doiventà la Sécurité sociale, et ce que celasignifie de protections collectives. Ilssavent aussi que les services publicsgarantissent l’intérêt général et ils sontattachés à la défense d’un régime deretraite solidaire par répartition fondantles pensions sur les revenus du travail.La valeur du point est un instrumentpratique d’ajustement du niveau despensions pour un gouvernement, ça, nousle savions. L’épisode Delevoye a éclairé unautre des enjeux du projetgouvernemental : l’ouverture au marchédes assurances privées de nos retraites. Les jours qui viennent seront décisifs.Le mouvement syndical a marquédes points et le gouvernement estacculé. Il doit faire des concessions. Lespersonnels de l’Éducation ont gagné labataille de l’opinion sur la nécessité d’unerevalorisation de leurs rémunérations.

Poursuivons nosactions et noscampagnes pournos retraites etnos salaires. n

La mobilisation qui s’est développée ces dernières semaines vient de loin. Au-delà des retraites, elle exprime un profond attachement aux services publics et à la protection sociale,éléments majeurs de notre modèle social hérité du Conseil national de la Résistance. Nous ne nous en laisserons pas déposséder.

Frédérique Rolet,secrétaire générale

mobilisation historique

Pas de trêve, on ne lâche rien !

L ’ U n i v e r s i t é S y n d i c a l i s t e , l e j o u r n a l d u S y n d i c a t n a t i o n a l d e s e n s e i g n e m e n t s d e s e c o n d d e g r é — n u m é r o 7 9 3 d u 2 1 d é c e m b r e 2 0 1 9

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E3C

Retraites p.3 E3C p.5

Pas dupes desbeaux discours

À L’APPEL DE L’INTERSYNDICALE ET DE L’INTERPROFESSIONNELLE

TOUTES ET TOUS EN GRÈVELE 9 JANVIER !

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✦ l’actu2

Près de 800 congressistes,issus des syndicatsnationaux et des sectionsdépartementales, se sontréunis pendant unesemaine à Clermont-Ferrand, pour doter laFSU de sa feuille de routerevendicative des troisprochaines années.

Débats argumentés et échangespassionnés ont alterné avec des mani-festations dans la ville, coude à coudeavec l’intersyndicale. Les délégués ontsu trouver des synthèses qui ontrecueilli de très larges majorités, supé-rieures à 90 %.

Des mandats offensifsLe congrès a réaffirmé l’objectif d’unedémocratisation réelle de l’accès auxsavoirs, par des moyens supplémen-taires mais aussi avec la fin desréformes autoritaires et technocra-tiques des métiers de l’enseignement.

Face à un malaise professionnel dontla puissance du mouvement actuelcontre les retraites est une criante illus-tration, les revendications essentiellesdemeurent : revalorisation des person-nels, diminution de la charge de travail,

rétablissement d’une gestion démo-cratique du suivi des carrières et desmobilités par les CAP ainsi que du suivides conditions de travail individuelleset collectives par les CHSCT.

Le congrès a souligné la nécessitéde mettre en œuvre des alternativeséconomiques et de défendre les libertésdémocratiques face à la montée destentations nationalistes, xénophobeset racistes. Le renforcement de la FSUet l’ardente obligation d’un rapproche-ment avec notamment la CGT et Soli-daires ont été plébiscités.

Enfin, le congrès a chaleureuse-ment salué l’élection de Benoît Testecomme nouveau secrétaire général dela FSU, succédant ainsi à BernadetteGroison. n Mathieu Leiritz

Les retraités, etnotamment ceux duSNES-FSU, ont participéactivement aux travauxdu congrès, en amontégalement.

Le mandat « pour un syndicalisme fédéralretraité », élaboré collectivement, a étéadopté sans modification. Il présentedes avancées certaines. Les déléguéssont intervenus dans les débats encommissions et en plénière, notam-ment sur la question délicate posée parl’Assurance Maladie Complémentaireà la lumière du mandat fédéral du« 100 % Sécu ». Ils ont suivi les débats,réaffirmant que le syndicalisme reposesur le continuum, dans la prise encompte des revendications, des troispériodes de la vie (formation, activitéprofessionnelle, retraite). Le retraitéest un ancien actif ayant conquis desdroits liés à son statut professionnel.

En ordre de batailleLes retraités s’inscrivent dans undouble défi : leurs revendications spéci-fiques et leur engagement dans lemouvement social.

Sur le premier point, les retraitésdu SNES-FSU se battent dans le cadredu groupe des 9 créé en 2014. Depuiscinq années d’unité inédite, les mobi-lisations retraités en font une compo-

sante reconnue du mouvement social.Les retraités ont à nouveau manifestépour protester contre le décrochage deleur niveau de vie par rapport à celuides actifs et la sous-indexation despensions. En janvier, ils subiront ànouveau cette sous-indexation et letaux majoré de la CSG pour lespensions de plus de 2 000 euros,comme si, avec une telle pension, onétait privilégié.

Contrairement à ce que dit legouvernement, les retraités sontconcernés par le projet de réformedes retraites qui fait des pensions desvariables d’ajustement. C’est déjà laréalité pour eux. « Pas de retraite infé-rieure à 85 % du SMIC (1 000 euros) »,ce n’est pas nouveau et le gouverne-ment évite bien de rappeler que lamesure ne s’applique que pour unecarrière complète.

Ils participent naturellement aucombat avec les actifs contre la retraiteà points, « dans une dynamique intergé-nérationnelle, unitaire et convergente ». Ilsétaient très nombreux dans la rue le5, le 10, le 12 et le 17 décembre, et ils leseront lors des initiatives futures.

Le gouvernement confirme savolonté de poursuivre sa politiquecontre le système de retraite par répar-tition solidaire.

Actifs et retraités, il s’agit de mettreen échec une politique de régressionsociale, en imposant une retraite « desjours heureux ». n Marylène Cahouet

Des retraités actifs !

Les retraités participent au combat dans une dynamique intergénérationnelle et unitaire.

L’agenda du SNES-FSU

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congrès FSU de ClermontUne orientation combative

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L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

instancesn Le 14 janvier ➔ BN

Réunion du Bureau national du SNES-FSU.

n Le 21 janvier ➔ CDFNRéunion du Comité délibératif fédéral national de la FSU.

n Les 28 et 29 janvier ➔ CNRéunion du Conseil national du SNES-FSU.

audiences etgroupes de travail

n Le 8 janvier ➔ InternationalRéunion du secteur international.

n Le 8 janvier ➔ « Grand âge »Audience FSU au ministère dela Santé sur la future loi « grand âge ».

n Le 9 janvier ➔ Politique scolaireRéunion du secteur alternativeset services publics.

n Le 10 janvier ➔ LVStage Langues vivantes à Besançon.

n Le 16 janvier ➔ CollègeRéunion des responsables académiques collège.

n Le 16 janvier ➔ Enseignementstechnologiques. Réunion du secteur.

n Le 29 janvier ➔ ÉgalitéRéunion du comité de suivi del’accord égalité entre les femmeset les hommes (première séance).

stages etcolloques

n Le 9 janvier ➔ ULISStage sur l’inclusion à Rennes.

n Les 9 et 23 janvier ➔ CPEStages académiques à Rouen le 9 janvieret à Lyon le 23.

n Les 14 et 21 janvier ➔ LycéeStages lycée sur la mise en placede la réforme et les E3C le 14 janvier à Amienset le 21 à Rouen.

n Le 15 janvier ➔ Prof docJournée de réflexion disciplinairedes professeurs documentalistes.

n Les 21 et 23 janvier ➔ PPCRStage sur la loi « Parcours professionnels,carrières et rémunérations » le 21 àla Guadeloupe et le 23 à la Martinique.

paritarismen Le 8 janvier ➔ CSE

Réunion du Conseil supérieur de l’Éducation.

n Les 8 et 21 janvier ➔ CTMENRéunion du Comité technique duministère de l’Éducation nationale.

actionn Les 8 et 9 janvier ➔ AESH

Réunion de l’intersyndicale AESH.

n Le 9 janvierMobilisation nationale.

Page 3: P 01 Action 793 - SNES

l’actu ✦3

Jean-Michel Blanqueret les enseignantsReçue par le ministre le 16 décembre, la FSUa rappelé son opposition à la philosophiemême de la réforme d’une retraite parpoints, formidable levier pour permettreà un gouvernement de baisser le montantdes pensions, et son refus de l’âged’équilibre. Ses nombreuses questions sontrestées sans réponse : que veut direl’alignement des pensions sur la moyenned’autres corps comparables ? Quelsdispositifs pour les fins de carrière ? Quellesmesures pour la transition d’un régimeà l’autre ? Quels critères de pénibilité ?...La liste est longue ! Et Jean-Michel Blanquera paru embarrassé, usant à l’envi decirconlocutions masquant mal l’absencede garanties réelles accordées auxenseignants.Des primes ? Pour qui ? Assujetties à quellesmissions supplémentaires ? Seulesréponses : « redonner sens à l’ISOE ».Pour quelle somme ? « 8, 9, 5, 10 milliardsétalés jusqu’en 2037, selon une courbe quidevrait varier... ».Quid des générations nées avant 1975qui seraient touchées par l’âge pivot ? Rien.Quid des personnels autres que lesenseignants ? Rien.

Le constat est clair : que ce soitsur le calendrier, les sommesbudgétaires ou le périmètre,aucune réponse. La FSU a réaffirméqu’il fallait dissocier la question

des retraites de celle de la revalorisation,une urgence pour tous les personnelsde l’éducation. n Frédérique Rolet

Le discours d’ÉdouardPhilippe ne laisseaucun doute surles finalités de laréforme : abaissementdes pensions, reportde l’âge de départ,redistribution auprofit des plus riches…et revalorisationen trompe-l’œildes enseignants.

L’annonce du principe de la retraitepar points est évidemment confirméeet, donc, les dégâts pour les ensei-gnants pour lesquels le taux de primeest nettement inférieur à ceux des pro-fessions similaires.

Le Premier ministre, dans ce mêmediscours, annonce une indexation dela valeur du point sur les salaires. Maisest-on sûr que cet engagement garan-tisse vraiment le montant futur desretraites ?

La loi peut garantir la valeur de liqui-dation des points déjà acquis et, dansle même temps, faire baisser le mon-tant des pensions. D’abord parce que,la valeur d’acquisition du point aug-mentant au même rythme que lesalaire moyen, si votre salaire aug-mente moins vite que la moyenne (encas de gel de la valeur du point d’indicepar exemple), le nombre de pointsacquis par an, à salaire égal, diminue.

Ensuite, parce que, en réintroduisantun « âge pivot », le gouvernement faitmécaniquement baisser le taux de ren-dement de 5 % par année manquante.Le rapport Delevoye prévoit un déca-lage de « l’âge d’équilibre » d’environ un

an tous les douze ans. Mais, rien negarantit que l’augmentation ne serapas plus rapide.

Par ailleurs, si le gouvernementannonce une application de la réformeaux générations nées après 1974, cellesd’avant ne sont pas à l’abri. Elles seronttouchées de plein fouet par la mesured’âge. Applicable dès 2022, les salariésnés en 1960 devront attendre 62 ans etquatre mois pour percevoir unepension sans décote, l’âge pivotaugmentera ensuite de quatre moispar an pour atteindre 64 ans en 2027,jusqu’à 67 ans à l’horizon 2035.

Quid des profs ?La somme de « 10 milliards d’ici 2037 »annoncée par Jean-Michel Blanquerau titre de la revalorisation est loindu compte. Il faudrait ainsi 7 milliards

dès maintenant pour compenser, uni-quement, les effets du gel de la valeurdu point d’indice depuis 2010 (voir ci-dessous).

En faisant commencer ce processusen 2021 pour ceux qui sont nés après1974, le ministre inscritcette pseudo-revalori-sation dans une com-pensation des dégâts dela réforme et en profitepour la conditionner àune « redéfinition dumétier ». En clair, travail-ler comme le veut legouvernement pour gagner (à peine)plus. C’est une véritable provocation !

L’inscription dans une loi de pro-grammation de cette revalorisation negarantit rien. En se fixant commeéchéance 2037, le gouvernement étale

le processus sur 18 ans, soit trois quin-quennats ! Rien n’assure que les pro-chains gouvernements suivront biences engagements : ce que l’un peutfaire, le suivant peut le défaire. Pourpreuve, une des premières décisions

du gouvernement a été degeler le PPCR pendant unan, pourtant inscrit dansdes textes réglementaires.

La mobilisation de cesdernières semaines a per-mis de mettre au centredes débats la question denos conditions de travail

et la nécessité d’une revalorisation desenseignants. Poursuivons les actionsen janvier pour gagner une réelle reva-lorisation des salaires de toutes nosprofessions ! n

Sophie Vénétitay, Thierry Ananou

retraite Tous perdants sur toute la ligne

Pour les fonctionnaires, pour les professeurs, pour les salariés, la réforme des retraites, c’est une baisse programmée des pensions.

© DR

Il suffit d’écouterle gouvernement pourcomprendre que, derrièreun nouveau mode decalcul, la réforme remet encause les principes mêmed’un système de solidaritéintergénérationnelle etprofessionnelle.

« Définir un système de retraite, c’est faireun choix de société » écrit Michaël Zem-mour(1). Le passage à une retraite parpoints nous fait, dit-il, passer d’un sys-tème à « prestations définies » à un régimeà « cotisations définies » où plus aucuneassurance n’est donnée aux salariéssur leur future pension.

À chacun sa générationReste ensuite à décider des clés d’ajus-tement du système pour qu’il restemécaniquement en équilibre : valeur

du point ou âge d’équilibre ? combinai-son des deux ? Sur cela, les organisa-tions syndicales pourront être consul-tées… Mais l’essentiel est de garantirque pas un point de PIB ne seradétourné des profits pour financer lesretraites !

« Chaque euro cotisé rapporterait alorsles mêmes droits. » L’expression, répétéeà l’envi, recouvre un sens très précis.Dans un tel système, si, techniquement,le principe de la répartition est main-tenu, la solidarité intergénérationnelleest fortement mise à mal :chacun pourra, à toutmoment, calculer le rende-ment du point en compa-rant sa valeur d’achat et deliquidation pour son pro-pre compte et non pour lefinancement des retraitesactuelles. Aujourd’hui, uneaugmentation des cotisations assurel’équilibre et garantit le financementprésent et futur des retraites ; demainelle dégradera le rendement du point.

Par ailleurs, en précarisant ainsi lerégime de retraites et en limitant lesfinancements, la réforme achève depersuader les jeunes générationsqu’elles n’auront pas de retraite etqu’elles devront immanquablementcompléter par une épargne capitalisée.

Chacun pour soi« Chaque euro cotisé rapporterait alors lesmêmes droits, quel que soit le statut profes-sionnel de l’assuré. » Les discours surl’universalité du futur régime sont en

cohérence complète avec lesprécédentes réformes dudroit du travail et de l’in-demnisation chômage. Enappliquant le même régimeà tous, en s’attaquant dansles faits aux régimes spé-ciaux et à celui des fonction-naires, en y intégrant celui

des indépendants, la réforme chercheà promouvoir une relation au travailfaite de chômage, de discontinuité etde changement continuel d’employeur.Tout ce qui, dans les statuts, est pro-tecteur et porteur de droits est attaqué,jusqu’au statut même du salariat quidoit maintenant s’adapter à la préca-rité, élevée au rang d’idéal moderne.

Le salarié n’est plus que « l’entrepre-neur de soi-même » selon l’expression deMichel Foucault, son propre capital,totalement responsable de sa situation.L’opposition à la réforme vient aprèsdes réformes qui n’ont eu de cesse quede faire reculer des droits acquis auXX

e siècle pour sortir le salariat de laprécarité et les retraités de la misère.La contestation qui grandit exprimele refus de toutes ces régressions et dulibéralisme. n

Thierry Ananou

(1) https://blogs.alternatives-economiques.fr/zemmour/2019/11/28/les-deux-reformes-des-retraites-changement-de-systeme-et-changement-de-trajectoire

« Toutes les divisions un peusimplistes que j’ai entenduesne sont pas exactes. »

Jean-Michel Blanquer commentaitainsi le résultat de la division, des 4 à500 millions d’euros, annoncés pourla revalorisation des personnels ensei-gnants du second degré,par le nombre desdits per-sonnels. Soit 35 à 40 €bruts mensuels enmoyenne par personne.

Si le SNES-FSU a choisicet indicateur pour éva-luer la portée de lamesure, ce n’est pas par« simplisme » mais parcequ’il revendique une reva-lorisation de tous, pour compenser lesretards accumulés depuis des décen-nies. Les conséquences en sontconnues : les salaires des enseignantssont bien inférieurs à ceux de biend’autres personnels de catégorie A dela Fonction publique et inférieurs aussià ceux de leurs homologues européens.

7 milliardsUn autre calcul, tout aussi simple, per-met de mesurer le déclassement dessalaires des personnels du ministèrede l’Éducation nationale du fait du gelde la valeur du point d’indice depuis2010. Si les salaires avaient évoluécomme les prix, les crédits de rému-

nération du budget de l’enseignementscolaire devraient compter 7 milliardsde plus. Un certifié 8e échelon gagnerait3 300 € bruts de plus par an soit 275 €de plus par mois… on est loin des 40 €et cela sans même avoir commencé àfinancer le début d’une revalorisation.

Mais pour le ministre, pas question,en réalité, de revaloriser les salaires

des enseignants. Il a indi-qué très clairement qu’iln’était nullement questionde « saupoudrer », que lesaugmentations seraient« ciblées sur les débuts etmilieux de carrière » et condi-tionnées à une « évolutionsystémique du métier ». Tra-duisons-le : annualisationdes services, allongement

du temps de travail, raccourcissementdes congés, bivalence, élargissementdes missions... Tout cela accommodéà la sauce libérale, qui consiste à servirquelques primes à quelques-uns... parles chefs... Le 15 décembre, le ministreannonçait finalement la mobilisationde 10 milliards d’ici 2037 pour les seuls enseignants nés après 1975. Avec l’in-flation, 10 milliards sur 18 ans pourdétruire « en même temps » retraites,statuts, métiers, ce serait le jackpot...pour le gouvernement !

Pour le SNES-FSU, la revalorisationpour tous doit être immédiate et décon-nectée de la réforme des retraites. n

Fabienne Bellin

salaires Le pipeau-bingode la revalorisation fantôme

L’inscriptiondans une loi deprogrammationne garantit rien

Promouvoirune nouvellerelationau travail

Conditionnées parune évolutionsystémique du métier

© DR

Cette réforme s’inscrit dans la logique libérale des réformes précédentes : loi Travail, réformeferroviaire, indemnisation chômage... elle précarise les salariés pour les faire travailler plus.

« chaque euro cotisé » Derrière la formule

L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

Dernière minuteLe gouvernement vient de mettre en ligne son simulateur. En fait, il ne fait que reprendre des castypes. Il y introduit l’âge pivot et introduit 16 % ou 18 % de primes (?) selon les cas. Il ne donneaucun élément de calcul. Il comporte pour certains cas une grossière erreur de calcul sur le tempspassé dans le système actuel et affirme en gros caractères que l’on doit faire confiance augouvernement pour la revalorisation. Inutilisable.

Page 4: P 01 Action 793 - SNES

✦ nos métiers4

Le comité techniqueministériel s’est tenumercredi 18 décembredans un contexte decombat pour une retraitedigne pour tous et derupture du dialogue social.

Alors que le ministre ne souhaite parlerrevalorisation qu’en contrepartie de laréforme des retraites et à conditiond’alourdir notre charge de travail etnous dessaisir de nos métiers, la délé-gation SNES-FSU a fait lechoix de ne pas siéger.

En 2018, le ministretentait de dissimuler laréalité des suppressionsde postes, il y renoncecette année. Sans doute,nos simulations, qui sesont révélées une nouvellefois exactes, y sont-ellespour quelque chose. Ilassume une préparationde rentrée dans les académies avecdeux fois plus de suppressions d’em-plois d’enseignants que celles prévuesau budget, mettant 350 emplois « enréserve ».

Budget de misère, pas un rond !Après les 5 250 suppressions d’em-plois cumulées de 2018 et 2019, 440sont budgétées pour 2020 ; unemoyenne de 2 000 suppressions paran alors que les effectifs aurontaugmenté de 99 300 élèves sur lamême période.

Cette austérité pèse sur les person-nels car le ministre ignore volontaire-ment la question des effectifs de classeen hausse, mène une réforme du lycéeà marche forcée, détruit le bacnational, supprime des postes, ne reva-lorise pas les salaires et impose dutravail supplémentaire (deuxième HSimposée).

Bien naïfs ceux qui croient encoreque la réforme précipitée du lycée nesert pas la baisse du besoin en heuresd’enseignement. La disparitionprogrammée d’un enseignement despécialité en Terminale à la rentrée

prochaine ne fait qu’ag-graver la chose. Avec ladiminution du nombred’heures réglementairesdans les disciplines dutronc commun l’andernier, cela aura desconséquences sur lespostes.

Le collège n’est pasépargné avec l’alourdis-sement des effectifs et la

poursuite d’une réforme « assouplie »mais sans moyens, génératrice deconcurrence accrue entre établisse-ments et disciplines. Les projets deréforme de l’éducation prioritaire lais-sent présager, à terme, une réductiondes moyens horaires, particulièrementen REP.

La prétendue priorité du gouverne-ment ne prévoit aucune création depostes de CPE, d’AED, d’assistantssociaux, de Psy-ÉN, d’infirmiers, demédecins scolaires, d’agents adminis-tratifs !

Les décisionsbudgétaires sont latraduction des ré -formes idéologiquesqui ont, de plus,l’heur de plaire auxadorateurs de la doxaaustéritaire.

Académies sous pressionDe janvier à mars, les académies vontdevoir absorber le choc de 820 suppres-sions d’emplois alors que le budget 2020en prévoit 440. Le ministère y va à laserpe contre les personnels en gardant« en réserve » 350 emplois à réinjecteren cours d’année, soit 3,5 fois plus qu’en2019. Il s’agit, dit-il, de « tenir compte desaléas démographiques ». Au-delà desconséquences déjà inacceptables des440 suppressions prévues au budget,des postes seront supprimés en janvier-février puis, en juillet. Les académiesobtiendront des heures pour créer desblocs de moyens provisoiresdans les établissements oùl’on « découvrira » un besoinnouveau !

Les enseignants devien-nent la variable d’ajustementd’un lycée devenu instablejusqu’à la dernière minute(Quels enseignement despécialité vont être choisisou abandonnés ? Qui vaen avoir la charge ?), etd’une rentrée préparée en sous-esti-mant les besoins liés à une démogra-phie tout à fait prévisible.

Enfin, le ministère supprimetrente emplois d’enseignants pour

créer trente emplois d’inspecteursayant pour mission d’évaluer lesétablissements.

Le SNES-FSU dénoncera en CTA

l’abandon du service public d’éducationet ses conséquences concrètes danschaque établissement. n

Grégory Frackowiak

recherche du chiffre d’affaires plutôtque la réponse aux besoins des usagers,notamment à cause de l’insuffisancechronique et de la mauvaise gestiondes moyens. Cette politique s’estaccompagnée d’une maltraitance despersonnels à l’origine d’une importantedégradation des conditions de travail.Avec la FSU, le SNES demande depuisdes mois l’ouverture d'une concerta-tion, que le ministère diffère semaineaprès semaine. Il est à la fois nécessairede sécuriser les personnels dans leursmétiers, et de redonner toute sa placeà l’opérateur Canopé dans le servicepublic d’éducation. Les besoins sontlà, le démantèlement n’a pas de sens.Avec la FSU, le SNES s’y oppose et agiraavec les personnels pour défendre lemaintien de l’établissement et de l’en-semble de ses missions. n

Valérie Sipahimalani

Soutenir Canopé

Anateep : « Sans ceinture, non au futur ! »Pour sa 33e campagne d’éducation à la sécurité et à la citoyenneté, « Transport Attitude », l’Association nationalepour les transports éducatifs de l’enseignement public veut insister auprès des jeunes sur la nécessité du port dela ceinture de sécurité dans les autocars. Pour les passagers mineurs comme pour les adultes, le port de la ceinturede sécurité dans les autocars est très peu respecté malgré son caractère obligatoire. Certes, le car est un mode

de transport convivial, très sûr et les passagers s’y sentent en sécurité. Néanmoins, en cas deretournement ou de renversement du véhicule, l’utilité de la ceinture, qu’elle soit à deux ou trois points,s’avère être capitale et même vitale. Non seulement elle évite l’éjection du passager mais elle permetaussi de ne pas transformer les voyageurs en projectiles dans le véhicule. Que ce soit dans le cadredu transport scolaire et périscolaire, lors de transports occasionnels, ou sur les lignes librementorganisées, boucler sa ceinture n’est pas ringard, c’est un geste utile pour soi-même et les autres. Le transport scolaire est le mode de transport routier le plus sûr, loin devant la voiture des parents oule deux-roues motorisé. Mais des drames peuvent survenir à cause de simples comportements humainsdéfaillants, comme le refus ou l’oubli de boucler sa ceinture de sécurité. C’est cet objectif que visela nouvelle campagne nationale d’éducation « Transport attitude » 2019 qui a pour thème :« Sans ceinture, non au futur ! ».

Deux foisplus desuppressionsd’emploisque prévu

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Dès 2022, les CAPES,CAPET et concours de CPE*auront lieu en fin de M2.

Les masters MEEF ad hoc doiventouvrir en M1 à la rentrée 2020, quitteà ce que les INSPE ne préparent pasleurs étudiants à la session 2021.Tousles syndicats de la FSU s’opposent àcette mise en œuvre précipitée et endemandent le report, comme denombreuses équipes d’INSPE.

Cynisme à l’œuvreLe master MEEF, « voie d’excellence pourdevenir professeur », généralisera leparcours en alternance car, nous dit-on « le fait d’être en situation, prépare » et« 30 % [de service] en M2, c’est moins que50 % » aujourd’hui, selon le DGESCOE. Geffray, « c’est donc une progressivitéfavorable ».

Les étudiants de M2 seront contrac-tuels en responsabilité de classe pourun tiers de service, en plus du master

Les personnels de Canopéont appris brutalement enconseil d’administrationle 18 décembre la venteà la découpe del’établissement.

Les ateliers départementaux seraientà courte échéance rattachés aux recto-rats, leurs missions actuelles détour-nées vers la seule formation continuedes personnels. Ce démantèlements’accompagne de quarante-septsuppressions de postes, soit environcent personnes en moins sur le terrain.Au-delà de la question de fond del’avenir de Canopé et du service publicque le réseau est en mesure de rendre,se pose la question de la méthode detravail du ministère.

Aucun sensDepuis quelques années, les choixopérés ont orienté Canopé vers la

et du concours. Surcharge, précarisa-tion : le SNES-FSU s’y oppose ferme-ment.

Avec quatre épreuves à tous lesconcours, le ministère veut s’assurer« que les compétences professionnelles sontbien détectées ». Seule la premièreépreuve est exclusivement discipli-naire. Les autres sont des épreuves demise en situation professionnelle, etun entretien « sur la motivation ducandidat et sa connaissance de l’environ-nement et des enjeux du service public del’éducation, sa capacité à incarner et verba-liser les valeurs de la République et à sepositionner en fonctionnaire ». La compo-sition des jurys doit être modifiée,pour disposer « d’un regard croisé, avecdes personnes nouvelles, RH par leurparcours professionnel antérieur »,explique la DGRH.

Sous pressionAutre ligne rouge pour le SNES-FSU,après le concours, les lauréats issus desmasters MEEF effectueraient leur

année de stage à temps complet et lesautres stagiaires à mi-temps. Contrac-tuels avant le concours, puis utiliséscomme moyens d’enseignement unefois stagiaires : pressurer les entrantsdans le métier c’est faciliter la baissedes postes aux concours et économiserdes milliers d’emplois. n

Pierre Claustre

* La réforme ne touche pas l’agrégation.

Canopé Odieux démembrement surprise !

www.snepfsu.net/fde/petition.php

POUR EN SAVOIR PLUS

https://www.unepetition.fr/rcendanger

POUR EN SAVOIR PLUS

L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

Évolution effectifs élèves dans le second degré :

Nombre de créations / suppressions d’emplois

Données du ministère

de -2 % à -1 %de +2 % à +6 % de +1 % à +2 % de 0 % à +1 % de -1 % à 0 %

STRASBOURG

NANCY - METZ

REIMS

NICE

MONTPELLIER

TOULOUSE

POITIERS

AIX - MARSEILLE

GRENOBLE

LYON

ORLEANS - TOURS

CLERMONT

NANTES

CAEN

RENNES

LIMOGES

ROUENAMIENS

LILLE

DIJON BESANÇON

CORSE

BORDEAUX

GUADELOUPE MARTINIQUEGUYANE MAYOTTELA REUNION

VERSAILLES

PARIS

CRETEIL

-2-2

-10-10

-96-96

-63-63

5656

-14-14

1111

-6-6

-4-4-50-50

9494

-29-29

-11-11

-111-111-60-60-70-70

-87-87

-67-67

-78-78

-95-95

4949-56-56 -55-55 -51-517878

-105-105

-70-70

-118-118

8282

-78-78

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suppressions d’emplois

Le ministère double la mise

formation initialeRéforme tardive et inacceptable

✦52,3 %Alors que le gouvernement veut porter l’âge pivot à 64 ans,les seniors peinent à conserverleur emploi. Au 1er trimestre 2019, seulement 52,3 % des 55-64 ansoccupaient un emploi.

Page 5: P 01 Action 793 - SNES

nos métiers ✦5L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

✦Numérique : management 2.0Plus l’école est présentée comme étant en crise, plus l’utopie numérique y multiplieles promesses. Les injonctions à innover, à individualiser les parcours, à se former, àréinventer nos pratiques pédagogiques sont permanentes, et de vastes plansd’équipement imposent le numérique dans plusieursRégions et départements.Ce livre donne la parole à des intellectuels, dessoignants, des parents, des personnels de l’Universitéet de l’Éducation nationale, dont des militants duSNES-FSU. En développant une critique multi-focaleà travers enquêtes de terrain, analyses, retoursd’expériences, sur les soubassements théoriques etles arrière-plans économiques de la numérisationde l’éducation, il souhaite montrer que les processusen cours ne sont ni « naturels », ni inéluctables.

La banque nationalede sujets étaitprésentée commele gage officiel del’égalité de traitemententre les candidatspour les épreuvescommunes de contrôlecontinu. Qu’en est-ilen réalité ?

Le 15 novembre dernier sur France Info,le ministre de l’Éducation nationaleosait un « nous sommes prêts » concer-nant la mise en œuvre des épreuvescommunes de contrôle continu (E3C)et ajoutant au passage que « tout unchacun » pourrait vérifier au 1er dé -cembre la qualité de la banque natio-nale de sujets (BNS). En fait, il a falluattendre une semaine supplémentairepour découvrir les sujets et parfois biendavantage pour l’enseignement agri-cole ou les lycées français à l’étranger.

Absence de confidentialitéInitialement prévu pour être ouvert àtous, l’accès à la BNS est finalementrestreint au proviseur et aux ensei-gnants que ce dernier habilite. Pour-tant, les sujets sont téléchargeables etdonc diffusables à n’importe qui.Quand on sait qu’en plus aucunemesure n’a été prise pour imposer laconfidentialité aux concepteurs, on sedit que si le ministère avait voulu lui-même organiser les fuites, il ne s’yserait pas pris autrement. Dans cecadre, quel sens donner au projet dedécret qui établit une procédure « pluslégère » (sic) pour la gestion de la fraude

Le SNES-FSU demandedepuis des moisdes aménagements desprogrammes et réclameen urgence moinsde textes obligatoirespour l’oral de l’EAF.

La lourdeur des programmes, l’inflationdu type d’exercices, l’introduction denouvelles épreuves, et de façon généralele primat donné à la quantité au détri-ment de la qualité du contenu de l’en-seignement affectent de manièrepréoccupante l’enseignement de la disci-pline et le métier de professeur de lettres.

L’enquête métier du SNES-FSUréalisée en octobre est parlante : w 96 % des professeurs de lettresmodernes déclarent avoir augmentéleur temps de travail et attribuentpresque unanimement (96 %) cettecharge de travail supplémentaire à laréforme du lycée ;w 44 % affirment être débordés tous lesjours (soit 10 points de plus que les résul-tats toutes disciplines confondues) ;w 69 % signalent une dégradation deleur état de santé et 10 % avec arrêt detravail.

Le SNES-FSU à l’offensive Depuis octobre, le SNES-FSU a alertéle ministre, l’inspection générale et lecomité de suivi de la réforme du lycée.

Chaque Région décidedésormais de sa stratégieconcernant la mise enplace de l’information surles formations et sur lesmétiers dans les collèges.

Cette stratégie passe par la formationdes professeurs à la connaissance desmétiers en pointe dans leurs territoireset par des plateformes numériques demise en relation avec des profession-nels présentant leur métier.

Comme l’indique l’arrêté du 10 avril2019, la volonté est forte au ministèrede l’Éducation nationale d’afficher unaccompagnement à l’orientation avecdes horaires dédiés : 12 heures enQuatrième, 36 heures en Troisième.Or, parallèlement, la loi du 5 septembre2018 acte le transfert de personnels desDronisep et la mise à disposition dePsy-ÉN et DCIO volontaires auxRégions. Ce sont des postes qui sontpris sur le terrain ! Un vademecum, quin’a aucune valeur réglementaire,comprenant un calendrier et des

contenus comme s’il s’agissait d’unprogramme officiel, est utilisé pourpersuader les professeurs et CPE qu’ilsont désormais la charge de cet accom-pagnement.

Dans la DHG ou appel au bénévolat ?Quels choix les principaux cherche-ront-ils à imposer ? Le bénévolat desenseignants sous prétexte de la circu-laire « professeur principal » et de l’ISOE ?Cette dernière ne finance déjà pas les10 heures de vie de classe. Faudra-t-ilempiéter encore sur la marge horairede 3 heures ? Quant aux organismesmandatés par les Régions et auxbranches professionnelles s’ils devaientintervenir, sur quels temps le feraient-ils ? Avec quelles compétences ?

Les pistes se brouillent car les Régionssont à la manœuvre. En dehors de toutcadre légal, elles s’adressent directe-ment aux établissements, voire auxprofesseurs, sans mettre dans la boucleles services d’orientation. Le silencepèse toujours sur la réforme de l’orien-tation qui fait système avec les réformesdu lycée, de la voie pro et de Parcoursup.Elle vise à confier davantage de

aux E3C, sans passer par la commissionde discipline du baccalauréat ?

D’une matière à l’autre les sujets sontde qualité souvent discutable et surtoutinégale. Visiblement, la procédure devérification, si tant est qu’elle ait existé,a aussi été très légère. Beaucoup d’er-reurs dans les sujets de mathéma-tiques, mais surtout une absence derigueur généralisée quant au respectdes droits d’auteur ou de la neutralitécommerciale. Face à cette situation oùl’absence de diversité dans les sujets ledispute à l’indigence, les inspecteurspédagogiques en sont maintenantréduits à transgresser la règle officielleet à recommander la modification desujets, contraints et forcés par le choixréduit des possibilités. Que faire enfinface à des défauts majeurs de concep-

tion comme en maths où des partiesentières de sujets de la voie technolo-gique sont hors programme ? Desinspecteurs ont conseillé de neutralisercertains exercices pour l’évaluation etainsi maintenir l’illusion du sujet traitédans son entier.

Refuser les E3CSi les proviseurs ont fait savoir qu’ilscraignaient de ne pas être en mesurede mener à bien le processus, la FCPEdemande un « ajournement » de lapassation des épreuves tant que toutesles conditions pour la réussite desélèves ne sont pas garanties. Qui veutencore des E3C à part le ministre ?

Le SNES-FSU appelle à empêcher lamise en œuvre des E3C et à décidercollectivement des modalités d’actions :

refus de choisir les sujets, de surveillerou de corriger les épreuves.

En attendant, il appelle à signer etfaire signer la pétition. n Claire Guéville

bac Blanquer Une banque hors-sujet : stop aux E3C !

français au lycée Le ministre doit prendre des décisions

Sujets

E3C

orientation au collège Qui fait quoi ?

Risque de fuites : le contenu de la banque nationale de sujets est téléchargeable, donc très facilement diffusable.

Réforme du lycée et du bacCommuniqué des associationsSeize associations membresde la conférence des associationsde professeurs spécialistes demandentla remise à plat de la réforme du bacet des lycées dont ils pointent« les méfaits » et la mise en place« à marche forcée ». Dans un contexte de désorganisationdes établissements, d’évaluationspermanentes, d’aggravation des inégalités,les associations alertent notamment surla complexification du bac, les effectifspléthoriques, les programmes chargés,l’absence de mathématiques dans le tronccommun, l’amoindrissement de la diversitélinguistique, la fragilisation et ladisparition programmée des options.Elles constatent que la banque de sujetsn’est pas prête, que les E3C rompentavec le principe d’égalité et dénoncent le« flou inadmissible » qui pèse sur le grandoral, la concurrence entre les spécialités,le problème de la co-intervention en sérietechnologique et en lycée professionnel.Elles demandent à être reçues au plus vitepar le ministre.

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Phase inter du mouvement : vérifiez vos barèmes dès l’ouverture du serveur !

Si vous avez participé à l’inter, vous avez retourné votre confirmation écriteaccompagnée de toutes les pièces justifiant des bonifications auxquellesvous pouvez prétendre. Les barèmes qui ont été calculés par SIAM lors de lasaisie de vos vœux peuvent être erronés. L’administration va calculer lebarème définitif pour chacun de vos vœux à l’aune des piècesjustificatives que vous avez fournies. Il peut subsister des erreurs à l’issuede ces opérations. Vous disposerez d’une quinzaine de jours courantjanvier pour vérifier votre barème sur chacun de vos vœux. Contactezvotre section académique du SNES-FSU pour connaître les datesd’affichage dans votre académie. Si vous constatez une erreur sur un barème ou si vous avez desinterrogations, adressez-vous sans attendre à votre section académique du SNES-FSU afin de faire procéderaux corrections nécessaires par l’administration et de fournir le cas échéant les pièces manquantes.Attention ! Une fois la période de vérification terminée, il ne vous sera plus possible de faire corriger vosbarèmes : cette phase est cruciale !

missions d’orientation aux professeurset CPE et menace directement les CIOen prévoyant de nouvelles fermetures.

Il est important de ne rien se laisserimposer : en CA, il faut exiger la présen-tation des projets des associations quientrent sur ce créneau et refuser queleurs actions n’empiètent sur celles desPsy-ÉN. Trop souvent elles ne fournis-sent que des outils clés en main,prônent l’entrepreneuriat et sont finan-cées par des groupes industriels oucommerciaux. n

Anne-Sophie Legrand, Géraldine Duriez

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Les Régions sont à la manœuvre.

POUR EN SAVOIR PLUS www.snes.edu/Pour-la-suppression-de-la-premiere-session-des-epreuves-

de-controle-continu-E3C.html

Il a demandé des aménagements enurgence  : diminution du nombre detextes à étudier ; renouvellement duprogramme par quart et non par moitiétous les ans  ; réduction du nombred’œuvres complètes à lire en lecturecursive en Première et en Seconde.

Afin d’alléger la préparation de l’oraltout en gardant un corpus plus largepour l’écrit, il serait par exemple souhai-table en voie générale de n’interrogerles élèves que sur quatre textes parobjet d’étude (œuvre complète etparcours compris) et, en voie techno-logique, l’interrogation pourrait portersur les objets d’étude roman, poésie etthéâtre. Les autres textes lus ou étudiésen classe, notamment ceux de l’objetd’étude argumentation en voie tech-nologique, pourraient figurer dans lestextes complémentaires.

Le SNES-FSU partiellement entenduLors du dernier comité de suivi de laréforme du lycée, les copilotes ontannoncé faire dans les prochainessemaines des propositions au ministre :plutôt qu’un objectif fermé de 24 textespour l’oral, une fourchette permettantde diminuer leur nombre, et un renou-vellement par quart du programmeplutôt que par moitié. Il y aurait unmoratoire pour l’an prochain. Des équipes ont déjà écrit à leurs IPRau sujet des difficultés rencontrées etexposé leurs demandes, n’hésitez pasà faire de même. n Sandrine Charrier

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✦ sur le terrain6 L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

Pour beaucoup, ce 5 décembre étaitleur toute première grève, heureux departiciper en toute sécurité – les ser-vices d’ordre avaient été renforcés – àcette journée historique aux côtés decollègues plus habitués à exprimer leursrevendications dans la rue. Le courrierdu ministre reçu dans la précipitationdeux jours plus tôt garantissant les1 000 euros du minimum vieil -lesse pour une carrière complète de 43ans, comme ses propos sur « les grévistesqui n’ont rien compris », ont aussi contri-bué au succès de la journée. Devanttant de provocation et de mépris, descollègues ont décidé de basculer réso-lument dans l’action. Avec plus de 80 %de grévistes en moyenne dans le seconddegré en Bretagne et de nombreux picsà plus de 95 %, des manifestations danstoutes les villes moyennes avec partoutdes enseignants bien représentés – plusd’un quart sur les 20 000 manifestantsà Rennes selon la police –, on n’avaitjamais vu pareille journée en Bretagne,terre s’il en faut de combats endiabléspour l’école publique.

Puissance de la force collectiveDans cette atmosphère réjouissantede lutte interprofessionnelle réussie,les enseignants, CPE et Psy-ÉN, ras-semblés comme jamais, ont ressentila puissance de leur force collective.Dès le lendemain, les AG d’établisse-ments votaient les modalités pourpoursuivre la mobilisation, des établis-sements se relayaient dans la grève les6 et 9 décembre, des tracts étaient rédi-gés pour diffusion auprès des parents,sur les marchés, sur les ronds-points,des réunions publiques le soir ou desmanifestations le samedi étaientimpulsées dans l’attente des journéessuivantes, emblématiques, des 10, 12puis du 17 décembre. En écho à ce

Le 5 décembre, dans l’académie, lamobilisation a aussi été sans précé-dent. Plus de 60 % de grévistes dansles collèges et les lycées, 4 000 mani-festants à Mulhouse, 10 000 à Stras-bourg. De mémoire de militants, onn’avait pas vu pareille foule depuis1995. La mobilisation s’est poursuivieles jours suivants avec des AG, des ras-semblements et manifestations à Col-mar, Molsheim, Sélestat, des tractagesdevant les écoles ou lors de réunionsparents-profs. Si la reconduction dela grève a été minoritaire dans l’édu-cation, les cortèges du 10 décembreont rassemblé de très nombreux col-lègues. Ils ont été suivis, à Strasbourg,par une AG interprofessionnelle quia réuni 200 personnes issues de dif-

férents secteurs en lutte (médias,archéologie, cheminots, éducation,étudiants, banque, industrie du numé-rique, recherche, chômeurs et pré-caires). Ici, comme ailleurs, nulleconfiance dans les annonces du gou-vernement. Après le gel du point d’in-dice, une réforme des lycées imposéeaux personnels et dont les dégâts sefont sentir tous les jours dans les éta-blissements, des effectifs en haussedans les classes, la casse du statut viala loi Fonction publique, la colère estimmense. Sans hésiter, on continue !

Par contre, pas de photo de mani-festants devant le sapin de la place Klé-ber, le centre-ville a été interdit, sousprétexte de marché de Noël. n

Arnaud Sigrist

à Strasbourg Aucune hésitation

À Lille aussi, le gouvernement a réussià faire l’unanimité contre lui... Le5 décembre, la mobilisation fera date :qu’il s’agisse de la participation à lagrève ultra-majoritaire (65 % de gré-vistes dans l’académie avec des pointesà 80 %) ou du nombre de manifestants(40 000 à Lille, 3 000 à Arras, 3 500 àCalais, 3 500 à Boulogne, 2 000 à Douai,6 000 à Dunkerque…), les personnelsdu second degré ont clairement signifiéau gouvernement qu’ils rejetaient mas-sivement et sans ambiguïté le projetde système de retraites par points,injuste pour toutes et tous, et notam-ment dans l’Éducation nationale. Parleur engagement massif, ils ont voulumontrer qu’ils n’étaient pas dupesd’une promesse de revalorisation quele président de la République lui-mêmeavait exclue lors de son intervention àRodez. Cette forte mobi lisation adonné l’élan attendu pour poursuivre

et organiser l’action sous toutes sesformes (reconduction de la grève, par-ticipation aux assemblées généralesau niveau local, distribution de tractsaux parents, sur les marchés de Noël,soupe populaire devant les établisse-ments, rassemblements inter-établis-sements devant des lycées mobilisés ;mise en place de caisses de grève). Le10 décembre, les taux de grévistes com-muniqués s’échelonnaient entre 15 et75 % selon les établissements. Pour laseconde fois en moins d’une semaine,

les cortèges étaient fournis dans lesmanifestations locales (1 500 à Calais,400 à Cambrai, 1 000 à Douai, 2 500 àLens, 3 000 à Dunkerque), et 20 000 àLille pour la manifestation régionale.L’ampleur de ces chiffres pour desappels si rapprochés est inédite. Pen-dant ce temps, des collègues recondui-saient la grève depuis le 5 (lycée P.-Duez de Cambrai, lycée H.-Darras deLiévin, lycée Faidherbe de Lille…) etdes AG se réunissaient. Le nouveau« temps fort » du 17 a donné lieu à unregain de mobilisation dans l’académiede Lille : les taux de grévistes remontéssont en hausse par rapport à la journéedu 10 (entre 40 et 45 %, avec des pointesjusqu’à 70 % dans le second degré). Lesmanifestations organisées localementont bénéficié d’une participation équi-valente ou supérieure à la journée his-torique du 5 décembre à Maubeuge,Valenciennes, Arras, Douai, Calais,Boulogne et bien sûr à Lille. n

Odile Deverne

à RennesSans relâche

La présence du congrès national dela FSU dans le cortège a été particuliè-rement appréciée. Un rassemblementinterprofessionnel soutenu par la SD 63et auquel s’est jointe une délégationFSU a eu lieu jeudi 12 à Clermont, avecplus de 500 manifestants. Les congres-sistes ont interrompu leurs travaux etont participé à un rassemblementdevant Polydome avec une prise deparole de Bernadette Groison.

Après le discours combatif de clôturedu nouveau secrétaire général de laFSU, Benoît Teste, les militants de laFSU sont plus que jamais déterminés.La section académique soutient etencourage toutes les reconductionsdécidées collectivement. n

Fabien Claveau, Marc Bellaigue, Patrick Lebrun

Retraites Mobilisation massive... partout !La dynamique de lutte enclenchée le 5 décembre n’estpas le fruit du hasard ! Diaporamas, simulateur ettracts en main, les militants du SNES-FSU ont quadrilléles établissements pendant des semaines pour expliquerles pertes à venir sur les pensions. Inscrite de longue dateet portée par l’unité syndicale, la journée du 5 décembrea vu le soulèvement de nos métiers avec des taux degrévistes jamais atteints. Les suites données à cettejournée, aussi diversifiées que déterminées, sontrévélatrices du niveau d’exaspération, tant le quotidienprofessionnel dégradé et le blocage des salaires pèsentsur nos professions.

à LilleTous ensemble

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Florilège...Le 5 décembre

n Toulon : 72 % de grévistes,plusieurs collèges à 100 %

n Lille : 65 % en collège

n 20 000 manifestants à Rouenet au Havre ; 5 000 à Dieppe

n Limoges : 15 000

n Nantes : 25 000 ; Saint-Nazaire : 10 000

n Lyon : 70 % ; des établissementsà plus de 90 % ; 30 000 manifestants ;15 000 à Saint-Etienne

n Marseille : 74 % de grévisteset 30 000 manifestants

Le 17 décembre

n Orléans : 8 000 manifestants ; Tours : 10 000.

n Bordeaux : entre 40 et 50 000 ;blocage du rectorat

n Fort-de-France : 5 000

n Paris : 350 000 ; 60 % de grévistes

n Lille : 30 000

n Caen : 20 000

bouillonnement d’actions locales, lescollègues trouvaient dans les médiasnationaux et régionaux les interven-tions du SNES-FSU relayant avec forceet conviction toute la défiance vis-à-vis du ministre et de ses réformescontestées, inutiles, déstabilisantes.

Pas de trèveAprès les annonces d’Édouard Philippele 11 décembre, la disqualification deJean-Michel Blanquer pour négocierde supposées mesures compensatoiresde revalorisation est unanime dans lessalles des profs où les débats et les ini-tiatives d’action ne sont pas près des’interrompre. Après le 17 décembre,les collègues se donnent maintenantrendez-vous à la reprise, regonflés etconvaincus que, rassemblés, ils seronten mesure de bloquer ce qui entravenos métiers, en tout premier lieu aulycée la session des E3C de janvier etles innombrables injonctions en col-lège. Les propositions du SNES-FSUvont dans ce sens, défendre les solida-rités à l’œuvre dans le modèle socialfrançais, revendiquer unanimementune revalorisation de nos métiers etdes salaires, en finir avec les réformesinégalitaires, seront bien le moteur desmobilisations de janvier. n

Gwénaël Le Paih

L’académie de Clermont est très mobi-lisée contre le projet de réforme desretraites. Avec entre 60 et 90 % de gré-vistes, le 5 décembre a été un succès.Des assemblées générales font le pleincomme à Clermont le 5 où 150 person-nels de l’Éducation ont voté la recon-duction de la grève, ce qui ne s’étaitpas vu depuis 2003, ou encore au Puy-en-Velay. La grève du 10 a été une nou-velle fois majoritaire. C’est un fait iné-dit, révélateur de la détermination etde la colère des personnels. La grève s’enracine, des reconductions se pour-suivent, des réunions de bassins ontlieu pour discuter des suites à donner.Partout, les collègues s’organisent. Desactions de tractage en direction de lapopulation se multiplient.

à Clermont En congrès et dans l’action

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La loi de financementde la Sécurité socialepour l’année 2020 a étédéfinitivementadoptée le 3 décembrepar les députés, aprèsle refus unanime devote des sénateurs.

Le texte est donc revenu à l’Assembléenationale sans avoir été modifié parles sénateurs, dont les propositionsd’amendements ont aussi été rejetéesen commission mixte paritaire. Sanssurprise et malgré le plan d’urgencepour l’hôpital présentéle 20 novembre par legouvernement, l’Ob-jectif national de dé -penses d’assurancemaladie (Ondam) estlargement insuffisantpar rapport aux be -soins. Avec ce plan, la progression del’Ondam passe de 2,3 % à 2,45 % (etl’Ondam hospitalier de 2,1 % à 2,5 %).Le gouvernement a bien augmenté lesressources de la Sécu de 300 millionsd’euros – dont 200 mil lions pour leshôpitaux – mais cela représente moinsde 150 000 euros par hôpital public !Ce n’est pas cette somme dérisoire quirésoudra la crise actuelle, comme leconfirme la poursuite de la mobilisa-tion de l’ensemble des personnels quiont de nouveau manifesté le 17 dé -cembre. Depuis 2010, la progressionde l’Ondam est inférieure à 3 %, alorsque les besoins de soins augmententde plus de 4 %. L’austérité imposée àla Sécu ne peut que lourdement pesersur les patients et les soignants deshôpitaux publics.

Le gouvernement a aussi proposéde reprendre 10 milliards d’euros deleur dette sur trois ans (sur un total de30 milliards). Mais il a subordonnécette reprise de dette à la mise en œuvrede réformes structurelles, comme lefont le FMI ou la BCE à l’encontre desÉtats endettés. Alors même que cette

dette est liée à des investissementsindispensables qui auraient dû êtrefinancés par la dépense publique.

Un trou de la Sécu organiséLa loi de financement organise aussile grand retour du trou de la Sécu carle gouvernement en assèche lesressources. La prime « exceptionnelle »de 1 000 euros pour les salariés duprivé, instaurée en décembre 2018dans le cadre des mesures d’urgenceéconomiques et sociales, est ainsireconduite. Mais cette prime est défis-calisée et exonérée de cotisations. Avecles autres mesures reconduites, c’estun manque de ressources de plus de3 milliards d’euros pour la Sécu qui

est sciemment orga-nisé. D’autant que legouvernement adécidé que cette pertene serait pas com -pensée par le budgetde l’État, alors mêmeque la loi Veil l’impose

depuis 1994. Selon ce texte, un gouver-nement qui diminue ou supprime unecotisation sociale doit prendre sur lebudget de l’État pour compenser laperte financière qui autrement pèse-rait sur le budget de la Sécurité sociale.La décision du gouvernement de non-compensation est extrêmementdangereuse pour la Sécu et risqued’être étendue. Les budgets de l’Étatet de la Sécu sont légalement biendistincts, mais avec le recul des coti-sations et le processus de compensa-tion, la TVA est devenue la troisièmesource de financement de la Sécu. Ilest désormais facile techniquement,pour un gouvernement, d’organiserdes transferts financiers en défaveurdu budget de la Sécu, alors que cedernier doit rester strictement distinctdu budget de l’État, pour la défensede la Sécurité sociale.

Il est crucial de rappeler sans relâcheque la cotisation – salariale commepatronale – est un élément du salaire.Un gouvernement qui prétendaugmenter le pouvoir d’achat des sala-riés en diminuant les cotisations

diminue en réalité le salaire socialisépour augmenter le salaire direct. L’aug-mentation de pouvoir d’achat indivi-duel qui en résulte est donc lacontrepartie d’une baisse de ressourcespour la Sécurité sociale, dont les pres-

tations et les services constituent une« propriété sociale » essentielle à laqualité de vie collective de l’ensemblede la population ; des salariés et deleurs ayants droit. n

Hervé Moreau

budget de la Sécu Des ressources insuffisantes

Tarir les sources de financement de la Sécu pour mieux en saper les bases.

Le PLFSSLa loi de financement de la Sécuritésociale comprend de nombreusesmesures concernant les prestations.Cette année, un article assouplit etfacilite le recours au congé de procheaidant pour les salariés soutenant unparent dépendant ou un enfantgrandement malade. Ce congé, qui nepourra excéder 66 jours sur une carrièrecomplète, sera associé à une allocationjournalière de l’ordre de 51 euros. Cette mesure pourra améliorer la situation de nombreuses personnes, mais la question de la perte d’autonomiemérite des réponses d’une autre ampleur.Un autre article permettra aux médecinsde prescrire des arrêts maladie à tempspartiel. Ce droit pourra être bénéfique àcertains salariés en conjuguant le soin etle maintien dans l’emploi, mais le risquede pression de la part des employeursn’est pas négligeable.

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Pas de quoi résoudre la crise de l’hôpital public

Face aux modificationsinduites par la loi Avenirprofessionnel sur lechamp de la formationprofessionnelle, lespersonnels des GRETAsont de nouveaux exposésà des modifications decontrats de travail et à dessuppressions de postes.

L’ouverture aux GRETA des formationsen apprentissage incite certains recto-rats à regrouper CFA et GRETA et àaligner les obligations de service surla situation la plus défavorable.

La crainte de baisse d’activité, décou-lant de la loi, et la situation budgétairedégradée de certains GRETA permet-tent aux chefs d’établissement d’envi-sager des suppressions franchesd’emplois, comme par exemple auGRETA du lycée Rabelais de Paris.

Ainsi, le GRETA de Paris, dédié auxcarrières sanitaire et sociale à Rabelais,engage un plan de licenciement de18 salariés sur un effectiftotal de 58. Au prétextede redresser le déficit duGRETA, il est prévu desupprimer deux agencesavec leurs actions – dontune à destination despersonnes malenten-dantes ! On impose par ailleurs à troissections parisiennes un emprunt forcéde 100 000 euros, auquel s’ajoute unprêt de 100 000 euros pour le fonds de

mutualisation académique. Pressurertoujours davantage des structures engrandes difficultés : on a vu des idéesplus brillantes...

Le S1 de l’établissement mobilisédénonce :◗ le coût trop élevé des locaux louéspour les formations ;◗ la concurrence du privé ;◗ la politique du gouvernement quivante les formations pour adultes, mais

qui baisse les crédits quileur sont affectés… ;◗ une mauvaise gestion.

Face à cette situation,l’intersyndicale, où leSNES-FSU côtoie laCGT, SUD et FO, vientd’adres ser un courrier

au mi nistre demandant le maintiende l’emploi et un alignement parle haut des rémunérations des per sonnels. n Thierry Reygades

Greta Craintes légitimes

Effet d’aubainepour les tenants de l’austérité

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7économie et société ✦L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

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✦ droits et libertés / international8 L’US #793

SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019

eurocadres Une jeuneorganisation... très alerte !

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Hong Kong : répression à l’égard des enseignantsLe syndicat de l’enseignement HKPTU (Association des professionnels de l’éducationde Hong Kong) est fortement engagé dans le mouvement pro-démocratie. Le 8 décembre,800 000 manifestants défilaient à nouveau dans les rues afin de marquer les six moisde mobilisation. Les militants du HKPTU soulignent le fait que la situation s’est aggravéeavec le recours aveugle des forces de police à la violence, ainsi que les poursuites pour raisonspolitiques contre les étudiants et manifestants. Pour ce qui concerne les enseignants, un passemble avoir été franchi. Selon le syndicat, « les enseignants qui ont posté des commentairespolitiques sur Facebook font l’objet d’enquêtes de la part des autorités éducatives. Le pirequi puisse leur arriver serait de perdre leur habilitation à enseigner ».La défense de tous les collègues visés par ces enquêtes est une des priorités du HKPTUqui ne renonce pas à son engagement dans ce mouvement pro-démocratie. L’Internationalede l’Éducation, avec ses organisations-membres, continue à suivre de près l’évolutionde la situation en matière de droits humains et syndicaux. 

Olivier Sillam, militant duSNES et de la FSU connupour son engagement enfaveur des droits humainset contre l’extrême droite,était convoqué le jeudi19 décembre au tribunalde Nice. Son procès a pourl’instant été renvoyé.

On lui reproche un prétendu outragequi lui a valu une interpellation plus quemusclée lors de la manifestation du 9mai 2019 en défense de la Fonctionpublique. La vacuité des charges retenuescontre Olivier suggère qu’il a été prispour cible en raison de ses engagements. 

Ardent militant internationaliste etpacifiste, engagédans la défense desmigrants de la valléede la Roya, il n’a eude cesse de dénoncerles entraves à la liberté de manifester.Et de condamner fermement les

violences policières qui ont émaillé – àNice comme ailleurs – les mobilisations

des Gilets jaunes etqui ont trouvé leurpoint d’orgue, le23 mars dernier,dans le triste sort

réservé à la militante altermondialisteGeneviève Legay.

Le SNES-FSU dénonce l’achar -nement policier dont est victimeOlivier Sillam et qui cherche bel et bienà briser sa combativité. Il demandesa relaxe et l’arrêt de toutes les pour-suites à son encontre. Il somme enfinle gouvernement, garant de l’ordrepublic, à faire respecter le droit demanifester. n Aurélia Sarrasin

Ils ne réussiront pasà nous faire taire

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LʼUniversité Syndicaliste no 793 du 21 décembre 2019, le mensuel du Syndicat national des enseignements de second degré (FSU) 46, avenue dʼIvry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. : 01 40 63 29 00 – Directeur de lapublication : Xavier Marand ([email protected]) – Rédacteur en chef : Thierry Ananou – Régie publicitaire : Comdhabitude publicité, Clotilde Poitevin : 7, rue Émile-Lacoste, 19100 Brive, tél. : 05 55 24 14 03,[email protected] – Publicité : GMF (p. 2), CASDEN (p. 7), MAIF (p. 8) – Compogravure : C.A.G., Paris – Imprimerie : SIEP, Bois-le-Roi (77) – Abonnements : 1) Personnels de lʼÉducation nationale : France :30 € ; étranger et DOM-TOM : 44 €. 2) Autres : France 42 € ; étranger et DOM-TOM : 56 € – N° CP 0123 S 06386 – ISSN no 0751-5839. Dépôt légal à parution. Joint à ce numéro : lettre de relance.

répression Relaxe pour Olivier !

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veaux droits, après la loi Sapin 2, jugéeà bien des égards insuffisante en lamatière. Une lettre ouverte, signée par53 syndicats – dont la FSU –, ONG etsociétés de journalistes, vient d’êtreadressée au président de la Républiquepour exiger la modification de la loifrançaise et l’intégration de l’alertedans un cadre collectif protecteur.

Il s’agit notamment, conformémentà la directive européenne, de supprimerl’obligation pour le lanceur d’alerte decommencer par saisir sa hiérarchie etde lui permettre d’être accompagnépar un syndicat.

Une action protéiformeÀ cette occasion, l’UGICT-CGT publiele premier guide permettant auxlanceurs d’alerte de s’appuyer sur cesnouveaux droits, pour se faire accom-pagner et aider sans risque.

Eurocadres poursuit d’autres projetssur les thèmes de la mobilité des cadresou encore le droit à la déconnexion. Àl’occasion d’un séminaire qui s’est tenuà Lisbonne en octobre dernier, l’orga-nisation dénonçait le coût social exor-bitant de la souffrance au travail. Ellecherche également à imposer dans ledébat public la question du bien-êtreau travail et la prévention des risquespsychosociaux (RPS) en publiant unguide des bonnes pratiques pour leurévaluation et leur prévention. n

Odile Cordelier, Guy Friadt

L’action d’Eurocadresa abouti à l’adoption,en octobre 2019, d’unedirective européenne surla Protection des lanceursd’alerte qui devra êtretranscrite dans le droitfrançais dans les deuxannées à venir.

L’organisation syndicale Eurocadresest, depuis 1993, associée à la Confé-dération européenne des syndicats.Ayant pour objet la défense des intérêtsdes cadres, elle est reconnue commeun partenaire social incontournableau niveau européen. Son comitéexécutif regroupe des militants syndi-caux des différents pays du continent.Pour la France sont élues une repré-sentante de la CFDT et une autre de laCGT qui animent par ailleurs unComité français de liaison, une struc-ture informelle à laquelle le SNES-FSUparticipe.

Protéger ceux qui nous protègentLe 7 novembre dernier, Eurocadresorganisait à Paris, avec l’UGICT-CGT,les Rencontres européennes deslanceurs d’alerte et de l’action syndicalepour rappeler l’urgence que constituel’obtention, pour ces salariés, de nou -