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Formation PAF Jeudi 19 avril 2012 Page | 1 « Enseigner le Moyen âge en classe de 5 ème et de Seconde ». Ce cours est dispensé par Mr Philippe Lardin. I. Les Heures et l’enluminure. A. Les heures de Guyot le Peley. Elles sont l’œuvre de Jean Colombe, enlumineur originaire de Bourges, actif de 1463 à 1493 (cf. Duc de Berry). Guyot Le Peley est le fils d’un riche bourgeois de Troyes. Le livre est commencé sans doute vers 1480. Il est assez révélateur des calendriers de cette époque et des occupations des bourgeois. De petite dimension (130 X 95 mm), il compte 150 feuillets. La reliure d'origine a été remplacée au XVIIIe siècle, par une reliure de maroquin rouge, avec une dorure sur les plats et les tranches. Il s'agit d'un livre d'heures, c'est-à-dire un ouvrage de lecture pieuse à l'usage de laïcs. En tête se trouve le calendrier par mois, puis les textes habituels des livres d'heures : des extraits d'Evangiles, l'Office de la Vierge, ici à l'usage de Troyes, les heures de la Croix et du Saint Esprit, des Psaumes et un office de morts. Par ailleurs, chaque page de texte est encadrée de petites miniatures de format rectangulaire. Par exemple, le calendrier montre des représentations des travaux des saisons et des signes du zodiaque. Les miniatures des heures de la Croix évoquent la mort et la résurrection du Christ jusqu'à la Pentecôte. Sur la totalité des 150 feuillets, la marge inférieure est consacrée à un cycle de représentations des épisodes de l'Ancien Testament , depuis Adam et Eve jusqu'à l'histoire de David. Janvier : On y voit un repas d’Epiphanie. On voit toujours la femme venant servir l’homme. L’originalité de ce livre d’Heures est toute l’histoire sainte qui se situe en bas de page. Si on regarde le verso du mois de janvier, on voit le signe zodiacal du Verseau. Février : Un paysan est en train de bêcher la terre. L’ange chasse Adam et Eve du Paradis. Au verso : signe zodiacal du Poisson. Mars : C’est la taille de la vigne. En bas on voit qui berce Adam. C’est le mois du Bélier. On voit l’offrande de Caïn et Abel à Dieu. Caïn donne du blé et Abel un agneau, mais ce n’est pas le cas dans l’image ! Les deux frères donnent tous les deux une gerbe de blé. Pourquoi l’enlumineur n’est -il pas intervenu ? Avril : Un seigneur se promène dans la campagne. Caïn tue Abel par jalousie. Moi du Taureau. Dieu demande à Caïn ce qu’il a fait de son frère.

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« Enseigner le Moyen âge en classe de 5ème et de Seconde ».

Ce cours est dispensé par Mr Philippe Lardin.

I. Les Heures et l’enluminure.

A. Les heures de Guyot le Peley.

Elles sont l’œuvre de Jean Colombe, enlumineur originaire de Bourges, actif de 1463 à 1493

(cf. Duc de Berry). Guyot Le Peley est le fils d’un riche bourgeois de Troyes. Le livre est

commencé sans doute vers 1480. Il est assez révélateur des calendriers de cette époque et

des occupations des bourgeois.

De petite dimension (130 X 95 mm), il compte 150 feuillets. La reliure d'origine a été

remplacée au XVIIIe siècle, par une reliure de maroquin rouge, avec une dorure sur les plats

et les tranches. Il s'agit d'un livre d'heures, c'est-à-dire un ouvrage

de lecture pieuse à l'usage de laïcs. En tête se trouve le

calendrier par mois, puis les textes habituels des livres d'heures :

des extraits d'Evangiles, l'Office de la Vierge, ici à l'usage de

Troyes, les heures de la Croix et du Saint Esprit, des Psaumes et un

office de morts.

Par ailleurs, chaque page de texte est encadrée de petites

miniatures de format rectangulaire. Par exemple, le calendrier

montre des représentations des travaux des saisons et des signes

du zodiaque. Les miniatures des heures de la Croix évoquent la

mort et la résurrection du Christ jusqu'à la Pentecôte. Sur la

totalité des 150 feuillets, la marge inférieure est consacrée à un

cycle de représentations des épisodes de l'Ancien Testament,

depuis Adam et Eve jusqu'à l'histoire de David.

Janvier :

On y voit un repas d’Epiphanie.

On voit toujours la femme venant servir l’homme.

L’originalité de ce livre d’Heures est toute l’histoire sainte qui se situe en bas de page.

Si on regarde le verso du mois de janvier, on voit le signe zodiacal du Verseau.

Février :

Un paysan est en train de bêcher la terre.

L’ange chasse Adam et Eve du Paradis.

Au verso : signe zodiacal du Poisson.

Mars :

C’est la taille de la vigne.

En bas on voit qui berce Adam.

C’est le mois du Bélier. On voit l’offrande de Caïn et Abel à Dieu.

Caïn donne du blé et Abel un agneau, mais ce n’est pas le cas dans l’image ! Les deux frères

donnent tous les deux une gerbe de blé. Pourquoi l’enlumineur n’est-il pas intervenu ?

Avril :

Un seigneur se promène dans la campagne.

Caïn tue Abel par jalousie.

Moi du Taureau. Dieu demande à Caïn ce qu’il a fait de son frère.

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Mai :

C’est le mois où l’on se promène (cf. ballade 48 de Charles d’Orléans).

En bas, Caïn se cache dans la forêt parce qu’il a honte de son crime. Dans la Bible, Dieu

refuse qu’on le tue pour qu’il souffre de ses remords.

Signe des Gémeaux.

Adam et Eve découvrent le cadavre d’Abel.

Juin :

On retrouve ce qu’on a vu : la fenaison.

Adam et Eve ramènent le corps d’Abel pour l’enterrer. Dans cette inhumation, on voit le

crâne d’Adam (= Jésus a été crucifié sur le mont du Crâne, le mont Golgotha).

Mois du Cancer.

Juillet :

Mois de la moisson. Un seul homme moissonne.

Adam et Eve se séparent et évoluent vers la sainteté.

C’est le mois du Lion.

En bas, on voit Caïn qui est tué par Lamech, avec un arc (qui fait penser aux arcs anglais).

Lamech était aveugle, il a entendu du bruit dans un bosquet et a tiré. Lamech est le fils

Mathusalem !

Août :

Période des semailles. On voit le semeur.

Lamech est ramené par Tubalcaïn.

Août est le mois de la Vierge. Enterrement d’Adam.

Septembre :

C’est la glandée.

Dieu ordonne à Noé de construire une arche. Sur la colline, on voit des moulins à vent.

Noé est le fils de Tubalcaïn ou de Lamech, on ne sait pas.

Mois de la Balance.

Noé construit l’arche.

Octobre :

Foulage du raisin.

La terre est submergée par les flots.

Mois du Scorpion.

L’arche flotte sur les eaux.

Novembre :

Fabrication du pain. Un boulanger enfourne le pain.

Noé et sa famille quittent l’arche.

Mois du Sagittaire.

Noé s’adresse à ses enfants.

Décembre :

Abattage du porc.

Noé et ses fils travaillent la vigne.

Mois du Capricorne.

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B. Les Heures Jeanne d’Anjou (vers 1365-1368).

Elles sont l’œuvre d’un atelier du Maitre de la Crucifixion d’Avignon.

Comme pour les heures précédentes, on voit les signes zodiacaux au verso de chaque

feuillet. Ce livre d’Heures est peu réussi de façon esthétique.

- Perrine MANE, Calendriers et techniques agricoles, France-Italie, XIIème-XIIIème siècles,

Paris, 1983.

spécialiste de la représentation des travaux agricoles.

Directrice de recherche au CNRS

Responsable du Groupe d’Archéologie Médiévale

II. Le « Viel rentier » d’Audenarde.

C’est un document extraordinaire de la fin du XIIIème siècle qui a été plus ou moins analysé.

Il s’agit d’un document qui décrit les droits et les revenus d’un seigneur qui est Jehan de

Pamele d’Audenarde, comte de Flandre et de Hainaut.

Il comporte 187 folios, illustrés de 160 dessins.

Ses couleurs dominantes : vert, rouge et bleu.

*Etude du feuillet 14 (verso) :

1) Charrette et cheval de somme

On a une représentation de ce qui est écrit.

Les chevaux de somme ont peu de valeur. Ce ne sont ni des destriers (chevaux de guerre) ni

des palefrois (chevaux de cérémonie) ou des rosses (chevaux sur lesquels montent les

paysans). C’est le niveau avant les rosses.

Ces chevaux sont en train de tirer une charrette. Ce qui est décrit ici est un rappel des

corvées et le nom de tous ceux qui doivent faire ces corvées.

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On a une belle représentation de la charrette à 6 rayons. Très détaillée.

On voit dans la charrette des marchandises couvertes d’une bâche et de cordes.

Les paysans sont en trains de marcher à côté de ces bêtes. La charge transportée est lourde.

Devant, on voit deux autres sommiers qui sont bâtés (transport de céréales).

Le paysan semble assez aisé puisqu’il possède 4 chevaux et une charrette.

2) Vaches et veaux

Cela rappelle qu’à cause de la ville, la consommation de viande a largement augmentée.

On constate que les bouchers sont plus nombreux que les poissonniers, même dans les villes

portuaires ! Pendant la Guerre de Cent ans, ce sont les bouchers qui seront les premiers à se

mobiliser contre le gouvernement pendant la capture de Jean le Bon ou pendant la querelle

entre Bourguignons et Armagnacs.

Cette représentation peut vouloir dire que les paysans ont des bovins à vendre. Ils peuvent

aussi être parmi les animaux que le seigneur a récupérés sur l’ensemble de ses dépendants.

3) Boos

Ce mot signifie « bois » ou « forêt ». On aperçoit comme illustration 2 lignes de chênes, très

stylisés. Ce n’est pas un hasard si les bois sont représentés : ils jouent un rôle fondamental pour

les paysans et pour les seigneurs. Les paysans payent pour avoir un droit de pasnage, pour

aller chercher des glands.

La forêt est utilisée par les paysans qui dans la seigneurie ont un certain nombre de droits

coutumiers (selon les régions) : aller chercher le mortbois pour se chauffer, de l’osier, du

noisetier pour faire des clôtures, droit de chasser le petit gibier.

4) Borgois, sire et si homme

Sur l’illustration, on voit que le droit de bourgeoisie s’achète. Il sert à éviter de payer les taxes

d’entrer et de sortie des marchandises.

Quatre bourgeois portent un chaperon et une cotte hardie, qui s’arrête à mi-mollets. Au fur et

à mesure qu’on avance dans le Moyen âge, la cotte hardie est de plus en plus courte.

Ces hommes sont en train de discuter : ils ont envoyé des représentants auprès du seigneur.

Ces représentants portent la cale (un bonnet très fin) : ce sont donc des paysans. L’un

d’entre eux est placé devant, dont les mains montrent qu’il est en train de discuter.

A droite de l’image, le seigneur rend sa sentence. Il est représenté sur une marche, cela

montre son pouvoir voulu par Dieu. Il est assis, tandis que les autres sont debout. S’il se lève,

c’est lui qui devient le personnage le plus grand de l’illustration. Il porte une toque de juge sur

la tête.

5) Lombart

On voit trois personnages qui forment un groupe silhouetté. Ils portent une calotte. Ils sont à

l’extérieur de l’image, ce qui montre que ce sont des étrangers. Ils sont en marge du groupe

dominé par le seigneur.

Ce terme signifie que ce sont des prêteurs !!

6) Le maire et les échevins

On a l’impression qu’il y a 5 ou 6 personnes. On reconnait le maire parce qu’il porte une

toque sur la tête. A la différence du seigneur en revanche, il est à la même hauteur que les

autres personnages du groupe des villageois.

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III. Confirmation des coutumes de Bourges et Dun (1181).

Bibliographie :

- Société des Historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Les origines des

libertés urbaines, Rouen, 1985, PUR, 1990, 350 p.

Introduction :

En 1100, le dernier vicomte de Bourges a vendu ses biens au roi de France Philippe Ier pour

financer son départ à la croisade. La ville rentre donc dans le domaine royal.

Pourquoi Philippe Auguste prend-il de l’intérêt pour Bourges ? Il s’agit de faire venir des gens

pour peupler la ville de telle façon à ce qu’on n’ait pas une zone vide mais une frontière.

Dans le texte, il est question de Louis VII (1137-1180), le père de Philippe Auguste.

Le signataire est donc Philippe Auguste. Arrivant au pouvoir, il décide de confirmer la charte

de son père en y ajoutant quelques articles, de manière à ce que davantage de gens

viennent s’installer à Bourges.

Il n’est pas seulement question de Bourges, mais aussi de la ville de Dun, dont ces deux pôles

sont reliés par une région qui s’appelle la Septaine. 27 paroisses au totale.

I. La ville au XIIème siècle

A. La croissance de la population

Volonté d’attirer la population (ligne 3) à Bourges.

Ville protégée par des murailles. Mais les habitations seront construites sur la muraille.

Pourquoi ? Parce que surpopulation dans l’enceinte de la ville.

Cette ville a besoin de se nourrir. Des boulangers amènent des pains du dehors à Bourges.

Nouveaux arrivants qui s’installent dans les faubourgs.

Les pâturaux = terres où les bouchers finissent d’engraisser les bestiaux avant de les tuer

B. Les activités.

Ces gens ont pourtant une activité agricole et viticole. Cela signifie que les gens qui habitent

dans la ville sortent le matin pour travailler à la campagne.

La population semble indocile. Nombreuses grèves au Moyen âge.

II. La coutume

A. La limitation des droits du roi

Il est dit qu’on va alléger les charges.

Les gens de Bourges échappent à la taille (impôt) ! Supprimer la taille = important.

Suppression des taxes sur le vin (le battage).

Limitation du service d’ost. Les bourgeois gardent un service militaire : le guet dans la ville.

Mais ils ne partent pas !

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B. Les privilèges juridiques.

La justice est omniprésente dans la seigneurie.

Aucun bourgeois ne sera pas arrêté arbitrairement (Art. 3, 5 et 7).

Les hommes qui habitent Bourges ne peuvent pas poursuivre les gens avec lesquels ils

auraient des problèmes par l’intermédiaire du prévôt mais pas l’intermédiaire du roi ou par

les autres représentants du roi.

le prévôt est fermier de sa charge (il l’a achetée donc il est obligé de se rembourser)

le bailli est nommé par le roi et rémunéré par le roi

Lorsque saint Louis part à la croisade, il fait une enquête : on n’en peut plus des prévôts !

L’art. 7 rappelle cette méfiance à l’égard des prévôts.

C. L’administration urbaine

Art. 10 sur les prud’hommes.

Les prud’hommes s’occupent des fortifications.

Le prévôt royal est de plus en plus contrôlé.

Conclusion :

La ville n’a pas de représentation = pas de commune.

L’administration de la ville reste entre les mains des représentants des souverains.

Pourtant, les rois vont encourager les communes, mais pas dans leur propre domaine !

Un certain nombre de personnage valide le document = mise en place d’officiers royaux.

o Thibaut de Champagne = le sénéchal (intendance)

o Gui de Senlis = le bouteiller

o Mathieu de Beaumont-sur-Oise = le chambrier (s’occupe des finances)

o Raoul comte de Clermont = connétable

o Hugues du Puiset = chancelier

Ces signataires sont très peu nombreux.

Les historiens récents comme Florian Mazel montrent que ce n’est pas lié à l’augmentation

du pouvoir royal mais que c’est lié à l’évolution de la chancellerie.

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IV. Images de villes.

I. De la ville réelle à la ville rêvée (XIème-XIIIème)

Ces images traduisent l’évolution de la perception des villes.

Pendant cette période de croissance urbaine, la ville n’est jamais représentée de manière

réaliste SAUF dans la tapisserie de Bayeux.

*Sacramentaire de l’archevêque Robert de Jumièges, Rouen, 1006-1023

La ville est représentée avec ses fortifications, 6 tours, un plan hexagonal et à l’intérieur une

maison seulement ! On est dans une ville qui n’est pas réaliste.

*Le moine Gelduin offre son manuscrit à l’archange saint Michel, Avranches, vers 1100

La scène se passe certainement dans une ville. Les colonnes sont torsadées pour monter au

Paradis (pas de colonne droite !).

On voit au fond des claveaux polychromes.

Sous les pieds de saint Michel, on voit une petite représentation de ville. Ce sont en réalité 3

portes avec des couleurs (verte, ocre). Globalement c’est une ville qui se réduit à son

symbole.

*Le rêve de saint Aubert, Cartulaire du mont saint Michel, Avranches

Il est dans de rêver parce qu’il est allongé avec les yeux ouverts (mort = yeux fermés).

On aperçoit des tours dans le fond avec des hommes qui sont en train de sonner la trompe.

C’est une représentation en vue de trois quarts.

En-dessous, c’est théoriquement la Jérusalem céleste : de forme quadrangulaire jusqu’au

XIIIème siècle. C’est un lieu religieux par la croix sur la porte d’entrée.

*Le prophète Michée prédit la destruction de Samarie, Scriptorium de Jumièges, début XIIè s.

La ville est représentée par une tour. On aperçoit les différentes assises de pierre. De temps

en temps on voit des coupoles. Samarie se situe en Orient, donc par des images, on le

représente avec des coupoles.

*Couronnement de Rollon à Rouen, début du XIIIème siècle

On le représente sur un trône. Théorique la ville est Rouen ! On voit encore 4 tours, une porte

et des murailles. On a « ouvert » une partie de la muraille pour montrer Rollon.

II. De la ville rêvée à la ville réelle (XIVème-XVème)

On va avoir des informations plus précises.

1) Les sceaux de ville

Ce sont des objets de très grande importance dans la société médiévale car le sceau

authentifie les documents.

L'outil qui permet d'apposer le sceau est appelé « matrice de sceau » : elle est souvent

réalisée en bronze ou en cuivre. La matrice est personnelle.

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*Sceau de Douai (1207)

Le plus ancien sceau de ville est celui de Douai, qui date de 1207. Il ressemble à un sceau

seigneurial. Le mayeur (maire) est représenté à cheval et tient une massue, qui symbolise le

pouvoir et l’ordre. Son cheval piétine un dragon.

Il est suivit par les échevins, qui sont à pied. Ils participent au conseil.

Quand on avance dans le temps, l’image de la ville triomphante évolue :

*Sceau de Poitiers (premier quart du 13ème s.)

Quand les villes deviennent autonomes, elles choisissent de se maintenir dans la

représentation relativement abstraite.

On a voulu montrer les murailles : la ville doit être fermée pour dire que c’est une ville.

*Sceau de Cambrai (1227)

Lutte contre l’évêque.

On y voit des fortifications, des tours et des églises. On est dans l’image de la Jérusalem

céleste (plus arrondie).

*Sceau de Valenciennes (1296)

On aperçoit la bannière de Flandre, entre un soleil et un croissant.

*Sceau de Gravelines (1406)

L’évêque est le personnage représenté (mitre, crosse = la foi droite).

C’est par Gravelines que saint Willibrord (évêque) est passé pour évangéliser les Saxons. Il est

représenté dans une sorte de bateau.

La ville est représentée par son saint patron.

*Sceau de Tournai (1428)

Tournai est une ville du domaine royal, à l’intérieur de terres qui appartiennent au duc de

Bourgogne. Comme la ville est une enclave française dans le Flandre, on a représenté des

fleurs de lys.

La représentation de la ville est semblable à celle d’avant. Les pierres sont bien détaillées. Les

tourelles sont ciselées. Le donjon ressemble davantage à un beffroi.

*Sceau d’Haguenau (13ème s.)

En dehors des tours, on a représenté le palais impérial qu’on appelait « Burg ».

C’est une ville d’Empire donc on y voit un aigle aux ailes déployées.

*Sceau de Douvres (XIVème siècle)

La ville faisait partie des 5 ports vers le continent (corporation). On a voulu représenter un

bateau pour symboliser la ville de Douvres.

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2) Les enluminures

*Couronnement de Charles VI, vers 1460

Les images sont noyées dans des représentations qui sont coupées de la réalité.

On est censé être dans la cathédrale Notre-Dame.

On commence à avoir une approche moins stylisée et symbolique. Sur les bordures, on note

la présence d’animaux, dont un paon, symbole de Charles VI, et une vierge touchant une

licorne. A cette époque qui voit la fin de la guerre, on retrouve en effet des bordures à

animaux, qui s’étaient faites plus rares lors du conflit.

*Le roi Louis d’Outremer présente le jeune Richard Ier de Normandie, Echevinage de Rouen

On voit bien qu’il s’agit de la porte Cauchoise (Rouen). 50 ans avant Jacques Le Lieur, cet

enlumineur a été très réaliste.

Les maisons sont beaucoup plus incertaines, mais elles sont à 3 niveaux, se terminent par des

frontons triangulaires et ont une avancée sur la rue.

Elle est toujours stylisée, dans le sens ou il est moins utile de représenter la réalité perceptible,

que la réalité symbolique.

*Le gouvernement des princes, Maitre de Talbot, Gilles de Rome, Paris

Représentation du « bon gouvernement » ou le gouvernement s’appuie sur la ville, le pouvoir

commercial ainsi que sur les productions de l’agriculture. Encore, ce n’est pas la réalité, car

toutes les productions agricoles sont représentées en même temps (symbole de prospérité

agricole), même s’il y a représentation réalistes des outils utilisés.

Une constante dans les représentations des villes est l’utilisation d’éléments contemporains

pour des représentations plus anciennes.

Représentation du pont Mathilde avec sa barbacane (rive gauche).

C’est le seul pont existant à Rouen à cette époque.

*Loyset Liedet, Prise de Caen, par les Anglais, Jean Froissart, Chronique, Bruges

La représentation de la ville est précise mais l’enlumineur ne cherche pas à représenter des

endroits exacts. Le château de Caen ne lui ressemble pas. Pas de douves pleines d’eau !

*Le siège de Rouen, Enguerrand de Monstrelet, fin du XVème siècle, Paris, BNF

Le mot « Rouen » est marqué sur les remparts. C’est le seul indice qui permet d’identifier le

lieu. La porte Beauvoisine est complètement abstraite.

*Le siège d’Harfleur par Charles VII, Enguerrand de Monstrelet, Chroniques, BNF

Image plus réaliste. Le château de Tancarville apparait dans le fond.

Le clos des galées est présent au premier plan = lieu où l’on construit les bateaux.

*Pierre de Préaux remet les clés de Rouen à Philippe Auguste, Chronique de Normandie

On peut ici vraiment reconnaître des évènements de Rouen, on n’a plus besoin de préciser le

nom de la ville. La précision et le réalisme ont évolué dans un sens moins symbolique, même

si l’organisation urbaine n’est toujours pas cohérente avec la réalité.

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On remarque par exemple que les bâtiments « normaux » de Rouen possèdent des toits en

tuiles, mais que les bâtiments officiels ont des toits en ardoise. On a aussi un développement

de la briqueterie, qui se remarque sur les matériaux utilisés pour les maisons dans la toile :

Arrestations et exécutions sous les remparts de Rouen ; Cela marque encore l’évolution du

détail et du réalisme dans la représentation des villes.

Le pavage est encore un élément important de la ville médiévale, ainsi que le goût des

couleurs, comme nous le montrent les halles peintes.

*Valère Maxime du Grand Bâtard, Flandre, milieu du XVème

On est en train d’abattre une maison parce qu’elle était dangereuse. L’ardoise est trouée.

On voit un ouvrier sur un échafaudage qui est en train d’enduire une paroi (plâtre ?).

La maison qui est sur les remparts avec des colombages avec un remplissage en plâtre.

*Marchands de Rouen, Gilles de Rome, Le gouvernement des princes, 1520

On voit différents métiers : - un tailleur qui recoupe des vêtements

- un pâtissier ou boutique d’alimentation

- un barbier

- un brodeur

Dès le XIIIème siècle, on a pavé les rues. Ce pavage n’est

pas réaliste : il manque la rigole au milieu.

Pour faire un pavage, on égalise le sol, on dépose du sable

et on pave. Chacun doit faire le pavage devant chez lui

sauf devant les établissements religieux.

La maison du barbier est couverte d’essentage en bois.

On peut même déplacer ce genre de maisons !

*Halles couvertes de Rouen, Nicolas Oresme, Ethiques et politiques d’Aristote, Rouen

Les gens portent des poulaines, des longues chaussures pointues.

Les métiers :

o un cordelier

o un orfèvre

o un vendeur d’étoffes

*Boutique d’épicier à Rouen, Nicolas Oresme, Ethiques et politiques d’Aristote, Rouen

On voit un épicier (= celui qui vend des épices).

La maison derrière est intéressante parce que le colombage est rempli de briques. Dès la

deuxième moitié du XVème siècle, la fabrication de briques s’est développée en Normandie.

*Jacques Le Lieur, Le livre des Fontaines

Le Livre des Fontaines (1526), conservé à la Bibliothèque de

Rouen, constitue un document patrimonial emblématique.

Son auteur, Jacques Le Lieur, poète, grand amateur d'art

et longtemps conseiller de la ville, a voulu décrire très

précisément l'approvisionnement en eau de la ville de

Rouen dans un manuscrit accompagné de quatre dessins

aquarellés saisissants.

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V. Les chantiers des cathédrales à la fin du Moyen âge.

On va faire dans un premier temps d’une des activités urbaines importants : la construction.

Deux industries sont fondamentales au Moyen âge par le nombre d’employés :

o le bâtiment

o le textile

Bibliographie :

- Alain ERLANDE-BRANDEBOURG, Quand les cathédrales étaient peintes, Gallimard, 1993

La cathédrale de Rouen est gérée par la fabrique (= organisme de la construction) sous la

direction d’un chanoine. Ses revenus seigneuriaux viennent de la terre.

Pour étudier ces constructions on a un certain nombre de documents :

délibérations capitulaires

comptabilités

devis

expertises

I. L’ « astelier » de la cathédrale

A) Les maitres des œuvres

Les magister operis sont des gens qui ne dessinent que de manière très rare ! Ce sont les

responsables des travaux, chargés de les réaliser.

Il est souvent représenter avec une baguette de commandement.

Plusieurs maitres des œuvres sur un chantier :

- de la maçonnerie

- de charpenterie

Il faut attendre le XVIème siècle pour que les choses changent.

Le maitre des œuvres cumulent plusieurs fonctions :

il est chef d’entreprise

il bénéficie d’un prestige qui va faciliter son recrutement

ils sont désignés par le chapitre, par le maitre de l’œuvre (la cathédrale) = c’est

souvent le prédécesseur qui choisit son successeur

Quand il est engagé, il prête serment.

Le maçon Jean Périer, maçons a juré sur les saints Evangiles

Le rôle du maitre des œuvres est de préparer les travaux et les devis.

Il s’installe dans la loge des maçons, un bâtiment soit éphémère soit durable selon le

chantier. Il a une pièce pour lui (la chambre aux traits).

Il est chargé des matériaux.

Il se charge aussi des adjudications = fixer les tâches et les prix pour ces tâches.

Il va surveiller les travaux et procède à la fin à une visite des travaux finis.

Leurs revenus sont convenables ;

o pensions

o gages

o frais de déplacement

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B) Le travail de la pierre

Les carriers sont ceux qui taillent la pierre dans les carrières. Ils utilisent des picquois.

Puis ensuite on amène des pierres dans des charrettes : ce sont les pierres de remplissage.

Les outils des maçons : marteau en bois, équerre.

Ce sont les manœuvres qui préparent le mortier avec du sable, de la chaux et de l’eau.

Ceux qui assoient (= posent les pierres) sont moins bien payés. Ils utilisent des équerres.

Les ouvriers bénéficient d’un avantage qui est l’entretien des outils : l’employeur ne fournit

pas les outils, qui sont pourtant entretenus par l’employeur.

C) Les métiers du bois

Les charpentiers se chargent des constructions destinées aux autres métiers.

Ils utilisent aussi des équerres pour que les poutres soient régulières.

Les huchiers sont chargés de faire des meubles et tout ce qui s’assemblent à la colle.

D) Les autres métiers

Le rôle du plombier c’est de travailler le plomb qui peut recouvrir les toits.

On met le plomb dans un récipient et on le fait fondre. On l’étale sur une table avec du

sable et on en découpe des carrés.

Comme le plomb est lourd, il faut une charpente solide.

Les plâtriers et les couvreurs sont ensemble car les tuiles sont tenues par le plâtre.

Les travailleurs des métaux :

o dinants, maignants

o serruriers

o férons

o les fondeurs de cloche

E) Les métiers artistiques

Les verriers sont chargés de la préparation, de la pose, et de l’entretien des verres.

Les peintres

Les tailleurs de pierre, de bois ou d’albâtre (= pour les tombeaux)

F) Les manœuvres

Ils sont embauchés de façon épisodique.

C’est la fabrique qui les embauche = chômage partiel car œuvre de charité. On fait des

roulements toutes les deux semaines pour embaucher les manœuvres.

Le valet de la fabrique est embauché en permanence. Il s’occupe de l’entretien.

II. Le temps de travail

A) La journée de travail

*Voir annexe

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B) Les jours chômés

64 jours fériés et 52 dimanches !

Le nombre de semaines complètes (6 jours de suite) est d’une à 2 par mois. C’est finalement

l’exception ! On travaille plus de semaines incomplètes que de semaines complètes.

Les jours où ils ne travaillent pas, ils ne sont pas payés.

Ce calendrier donne lieu à un certain nombre de cadeaux :

o étrennes du 1er janvier

o la veille de Carême = fête des Carbonnées (= viande grillée)

o le mouton de l’Ascension

o vin de la saint Martin (les salaires sont plus courts)

o verre fouy de la saint Michel (disparition de la pause de Nonnes !)

o verre deffouy à Pâques

Quand une tâche était fini, on distribuait des vins (= pourboires).

C) La durée annuelle du travail

*Voir annexe

= Total de 2559 heures (ce qui n’est rien comparé aux 3000h d’un ouvrier du XIXème siècle).

ARTE : Voir le reportage sur « Les cathédrales dévoilées ».

VI. Les chantiers du textile.

Ce sera la première industrie à s’affranchir des règlementations.

Son cycle de production est morcelé et sa spécialisation croissante.

Source : le dictionnaire de Jean de Garlande, 1246

Les étapes :

> Laver la laine : métier de femme

> Préparer la laine : battage, peignage, cardage (dans l’atelier du marchand lainier).

> La laine quitte ensuite la ville pour la campagne pour être filées par des femmes qu’on

appelle des dévideresses, à l’aide de quenouilles ou de fuseaux. A partir de la fin du XIIIème

siècle, on va utiliser le rouet (ce qui est assez tardif).

> Ce sont les hommes qui tissent les draps.

> Forbattage, feutrage et foulage du drap : le moulin à foulons est une invention du XIè s.

> Il faut ensuite tondre le drap (couper les fils qui dépassent)

> Idée reçue : on ne teint pas les draps mais les fils !

> On le commercialise ensuite : ce sont les marchands-drapiers qui font le plus de profits.

C’est un travail assez long : il faut 1 mois pour faire une pièce de drap.

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VII. Les orfèvres parisiens (XIIIème – XIVème s.).

Bibliographie :

-Henri CHARNIER, Les orfèvres et leur corporation

-Bronislaw GEREMEK,

Introduction :

Etienne Boileau a été prévôt d’Orléans en 1259 et devient prévôt de Paris en 1261 : il a été

nommé par saint Louis. Il ne fait pas le confondre avec le prévôt des marchands.

En 1268, il procède à la compilation du Livre des métiers. Il fait venir devant lui tous les

représentants de tous les métiers parisiens. Les coutumes orales sont passées à l’écrit.

Ce livre a pour but que le roi récupère ce qui lui est du sur les métiers !

Le mot « corporation » n’existe pas au Moyen âge, il n’apparait qu’à la fin du XVIème siècle.

Ce mot se développe au moment où on veut en finir avec ces métiers.

I. Les orfèvres

A. Les conditions d’accès au métier

Art.1 : c’est un métier complètement ouvert, à condition de respecter les us et coutumes.

Au XIIIème siècle, on compte 500 orfèvres à Paris (pour 200.000 habitants).

Art.4 : on peut avoir des apprentis. On a 10 ans quand on commence son apprentissage.

On est logé, nourri, vêtu par celui qui nous engage. On quitte sa famille.

L’apprenti paye-t-il son apprentissage ?

B. Les conditions de travail

Ils ne font pas d’affinage (= préparer les métaux) mais vont acheter le métal au changeur.

Ils travaillent le métal au marteau, ils peuvent étamper pour de la production en série.

On a souvent des ouvrages qui sont des métaux vils sur lesquels on a mis de l’or.

Les conditions de travail ne sont pas très précisées.

Art. 6 : le travail de nuit est interdit sauf si c’est une commande royale.

A Paris, on compte 40 jours fériés par an.

Quelle est la différence entre confrérie et métier ?

Dans le sud du royaume, le mot de confrérie signifie métier organisé.

Généralement, il y a une association religieuse avec un métier.

Thèse de Catherine Vincent sur les confréries

Avec l’argent qu’on dépose à Paris, on fait un repas à l’Hôtel-Dieu qui est géré par la

cathédrale. C’est une activité charitable.

C’est une véritable organisation familiale. On peut avoir autant d’apprentis que de membres

de sa famille, mais un seul apprenti de l’extérieur.

Quand une entreprise existe, on s’arrange pour qu’elle ne périclite pas : d’où l’intérêt d’y

avoir des membres de sa famille

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C. Les avantages

Art.7 : « aucun orfèvre ne doit payer de coutume sur ce qu’il a acheté ou vend pour son

métier »

Art. 9 : ils sont exemptés du guet.

C’est un gain de temps pour les orfèvres.

Mais ils doivent toutes les autres redevances, la taille y compris.

II. La répression des fraudes

A. Les gardes du métier

Art.11 : « 2 ou 3 gardes du métier qui sont élus par les prud’hommes du métier ».

Ils vont essayer de repérer ceux qui travaillent mal. Mais ils sont très peu nombreux !

Ce qui est important, dans la société médiévale, c’est la délation : quand les gardes du

métier viennent sanctionner, c’est parce qu’ils ont été prévenus.

Ceux qui dénoncent se font repérer et sont eux-mêmes victimes des gardes après.

B. Les types de fraudes

Majoritairement les tromperies sur la valeur du métal : % du métal précieux inférieur

C. Les sanctions

On est banni pendant 4 à 6 ans de Paris !

Il est parfois difficile de revenir à Paris. On se fait confisquer l’objet qui était de mauvaise

qualité.

Ou peine d’emprisonnement.

Conclusion :

La réalité de l’application de ces statuts de métiers est discutable.

De même, les statuts de métiers évoluent en fonction des évolutions techniques.