27
Aujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans un contexte qui, s’il n’est pas celui de guerre, peut malheureusement en constituer l’étape préliminaire. Conakry, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone ; en Afrique de l’Est, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Somalie, le Soudan et l’Ouganda ; en Afrique centrale, le Burundi, la République démocratique du Congo et le Rwanda ; enfin en Afrique australe, l’Angola et le Zimbabwe. Comment est-on arrivé là ? Ces situations sont-elles évitables et de quelle manière ? C’est à ces questions qui taraudent plus d’un Africain et plus d’un observateur que nous allons tenter d’apporter des réponses. Cependant avant d’en venir aux faits, cinq remarques s’imposent : Depuis le début des années 90, la plupart des conflits et guerres opposent les populations ou une partie des populations à leurs gouvernants. Autrement dit, il s’agit de conflits internes ou de guerres civiles. Les personnes entrées en rébellion contre le pouvoir central de leurs pays respectifs sont d’abord et avant tout des citoyens de ces pays, même si elles peuvent bénéficier dans certains cas, de soutien de pays étrangers ou d’organisations de toutes sortes. Une fois la guerre éclatée, elle est d’une violence inouïe et d’une inhumanité inqualifiable. Les anciennes puissances coloniales, soit par le soutien inconditionnel qu’elles apportent aux pouvoirs en place, soit par leur silence complice, portent une part de responsabilité dans la gestion, l’éclatement et les ravages de ces conflits. Avant le tournant des années 90, la majorité des guerres civiles reflétaient l’opposition Est-Ouest, communisme-libéralisme. De nos jours, elles s’apparentent, du moins du côté des rebellions, à une lutte pour plus de justice, de démocratie et de liberté. L’héritage colonial Certes, les anciennes puissances coloniales ont souvent été montrées du doigt et considérées comme des boucs émissaires idéaux par certains leaders africains pour justifier leurs propres faillites. Depuis les années 60, la plupart des Etats africains ont accédé à la souveraineté nationale et internationale. Ce qui signifie qu’ils ont pris en main leur propre destin. Cependant, on ne peut esquisser une explication de la situation du continent sans évoquer notre passé colonial. En effet, l’Afrique n’aurait pas eu le visage qu’elle présente aujourd’hui s’il n’y avait pas eu de colonisation. Dans ce sens, l’on ne peut ignorer le fait que les frontières tracées par le colonisateur ont tenu moins compte de la configuration ethique des espaces concernés que des intérêts des anciennes métropoles. Or, si l’on part de la conférence de Berlin (qui a consacré le partage de l’Afrique) en 1884-1885 jusqu’à nos jours, il y a exactement cent vingt (120) ans. Cette fourchette de temps est-elle suffisamment large pour que des peuples qui ne se connaissaient ou qui étaient en conflit larvé ou ouvert puissent sédimenter leurs cultures et vivre ensemble. Malgré ses richesses, l’Afrique est condamnée à végéter du fait que sur le marché international, ce sont les acheteurs de ses produits qui en fixent les prix et pas elle. Or, il n’en est pas ainsi des produits en provenance du Nord dont les prix sont fixés par leurs producteurs.

p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Aujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans un contexte qui, s’il n’est pas celui de guerre, peut malheureusement en constituer l’étape préliminaire.

Conakry, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone ; en Afrique de l’Est, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Somalie, le Soudan et l’Ouganda ; en Afrique centrale, le Burundi, la République démocratique du Congo et le Rwanda ; enfin en Afrique australe, l’Angola et le Zimbabwe. Comment est-on arrivé là ? Ces situations sont-elles évitables et de quelle manière ? C’est à ces questions qui taraudent plus d’un Africain et plus d’un observateur que nous allons tenter d’apporter des réponses.

Cependant avant d’en venir aux faits, cinq remarques s’imposent :

Depuis le début des années 90, la plupart des conflits et guerres opposent les populations ou une partie des populations à leurs gouvernants. Autrement dit, il s’agit de conflits internes ou de guerres civiles.

Les personnes entrées en rébellion contre le pouvoir central de leurs pays respectifs sont d’abord et avant tout des citoyens de ces pays, même si elles peuvent bénéficier dans certains cas, de soutien de pays étrangers ou d’organisations de toutes sortes.

Une fois la guerre éclatée, elle est d’une violence inouïe et d’une inhumanité inqualifiable.

Les anciennes puissances coloniales, soit par le soutien inconditionnel qu’elles apportent aux pouvoirs en place, soit par leur silence complice, portent une part de responsabilité dans la gestion, l’éclatement et les ravages de ces conflits.

Avant le tournant des années 90, la majorité des guerres civiles reflétaient l’opposition Est-Ouest, communisme-libéralisme. De nos jours, elles s’apparentent, du moins du côté des rebellions, à une lutte pour plus de justice, de démocratie et de liberté.

L’héritage colonial

Certes, les anciennes puissances coloniales ont souvent été montrées du doigt et considérées comme des boucs émissaires idéaux par certains leaders africains pour justifier leurs propres faillites. Depuis les années 60, la plupart des Etats africains ont accédé à la souveraineté nationale et internationale. Ce qui signifie qu’ils ont pris en main leur propre destin.

Cependant, on ne peut esquisser une explication de la situation du continent sans évoquer notre passé colonial. En effet, l’Afrique n’aurait pas eu le visage qu’elle présente aujourd’hui s’il n’y avait pas eu de colonisation.

Dans ce sens, l’on ne peut ignorer le fait que les frontières tracées par le colonisateur ont tenu moins compte de la configuration ethique des espaces concernés que des intérêts des anciennes métropoles. Or, si l’on part de la conférence de Berlin (qui a consacré le partage de l’Afrique) en 1884-1885 jusqu’à nos jours, il y a exactement cent vingt (120) ans.

Cette fourchette de temps est-elle suffisamment large pour que des peuples qui ne se connaissaient ou qui étaient en conflit larvé ou ouvert puissent sédimenter leurs cultures et vivre ensemble. Malgré ses richesses, l’Afrique est condamnée à végéter du fait que sur le marché international, ce sont les acheteurs de ses produits qui en fixent les prix et pas elle. Or, il n’en est pas ainsi des produits en provenance du Nord dont les prix sont fixés par leurs producteurs.

On le voit bien, la théorie de Adams Smith selon laquelle, le marché s’autorégule sur la base de la loi de l’offre et de la demande grâce à cette main invisible est une véritable supercherie dont la victime est l’Afrique. Le marché est libre, dit-on, mais c’est l’histoire du renard libre dans un poulailler libre.

Par ailleurs, que de tracasseries lorsqu’il s’agit pour les pays africains de chercher à percer le marché des nations dites développées ; des taxes leur sont imposées : 9% sur l’ananas frais, 32% sur l’ananas en boîte et 42% sur le jus d’ananas.

http://www.lefaso.net/spip.php?article4055

D’aucuns répliqueront que pourtant, sans les subventions que les pays du Nord accordent à l’Afrique, certains Etats ne seraient pas viables. Cela est vrai si l’on jette un coup d’œil sur la structure des budgets des pays africains.

On pourrait aussi arguer que même si l’on achetait les matières premières africaines à un "juste prix", cela ne leur permettrait pas de se passer des subventions, encore moins de décoller économiquement. L’argumentation est fort séduisante ; même si elle se révélait vérifiable, il reste que cela permettrait de réduire le montant des subventions qui, ne nous le cachons pas, représentent une bonne part de liberté perdue.

Des problèmes politiques non solutionnés

Dans nombre de pays en guerre, il est aisé de remarquer que cette situation a été précédée par le règne, pendant de très longues années, d’un parti unique ou d’un régime militaire. En tout état de cause, par un régime qui n’était pas de droit démocratique et libéral. Résultat, cela a donné lieu à toutes sortes d’abus sans que les citoyens disposent de mécanismes institutionnels compétents pour réparer les torts dont ils ont été victimes.

Page 2: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Un sentiment de ras-le-bol généralisé est ainsi né et il ne fallait qu’une toute petite étincelle pour provoquer la déflagration générale. Et à supposer même qu’ils aient eu des canaux pour se faire entendre et se faire rendre justice, il arrive un moment où les peuples ont besoin de changement.

Pas parce que l’équipe en place est nécessairement mauvaise, mais parce que les citoyens en ont marre de la voir où elle est. A l’échelle individuelle, il nous arrive de nous débarrasser d’une voiture, d’une motocyclette, d’une bicyclette ou même d’une chemise pas parce qu’elle est endommagée mais parce que le plaisir que nous éprouvons en l’utilisant s’est émoussé.

CRISE IVOIRIENNE

La crise ivoirienne de 2010-2011 est une crise politique en Côte d'Ivoire qui débute après le second tour de l'élection présidentielle ivoirienne de 2010, le premier scrutin depuis 10 ans, dont le résultat amène à un différend électoral, à la suite de fraudes présumées.

Les deux candidats, Laurent Gbagbo, président sortant et reconnu par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, reconnu par la Commission électorale indépendante et la communauté internationale, revendiquent chacun la victoire. Laurent Gbagbo est finalement arrêté le 11 avril 2011. Le dernier bastion pro-Gbagbo tombe le 4 mai suivant ; le même jour, Alassane Ouattara est proclamé chef de l'État par le Conseil constitutionnel.

Origine du conflit[modifier]

Le règne de Félix Houphouët-Boigny[modifier]

Sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny (de 1960 jusqu'à sa mort en 1993), la Côte d'Ivoire est un pays très bien intégré dans le commerce mondial. Les principales recettes de l'État viennent de l'exportation de matières premières produites dans la zone forestière, notamment le cacao (dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial), le café et le coton mais également le gaz naturel.

Ce commerce extérieur a permis au pays de se développer et aux citoyens d'avoir un bon niveau de vie. Ce « paradis » économique et social, dans une Afrique pauvre, attire de nombreux immigrants des pays voisins. C'est ainsi que, notamment, les Burkinabè et Guinéens furent nombreux à s'établir dans la zone forestière au sud du pays. D'abord comme ouvriers sur les chantiers forestiers, dans les usines et villes de la côte, dans les plantations industrielles et individuelles, ils sont devenus par la suite producteurs agricoles pour certains.

Vers la fin du règne d'Houphouët-Boigny, dans les années 1990, la Côte d'ivoire connut des soubresauts liés à la transition du régime de parti unique à un régime multipartisan. À sa mort, le pays entra dans une crise multiforme. Ses successeurs n'avaient pas son aura et ils ne surent faire face ni aux difficultés économiques dues pour une grande part à la dégradation des termes de l'échange entre pays du tiers monde et pays développés, ni aux difficultés politiques.

Le concept d'ivoirité et son application politique[modifier]

Article détaillé : Ivoirité.

Le 8 décembre 1994, une révision du Code électoral impose aux candidats à la présidence de prouver leur ascendance ivoirienne, garante de leur citoyenneté, alors que pendant la période Houphouët-Boigny, les cartes d’identité avaient été largement distribuées à la majorité des étrangers vivant sur le territoire nationale dans un but électoraliste3.

Le 26 août 1995, Henri Konan Bédié, alors président depuis la mort d'Houphouët-Boigny, réintroduit le concept d'ivoirité. Selon lui, ce concept permet à la Côte d'Ivoire de mieux préserver son identité. Cela lui permet également d'évincer son principal rival, Alassane Ouattara originaire du Nord du pays. Mais le fait d'avoir poursuivi ses études au Burkina Faso et d'avoir été envoyé occuper de hautes fonctions sous la houlette Burkinabé ont permis son rejet.

Page 3: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Groupes ethniques de Côte d'Ivoire.

Ce rejet d'Alassane Ouattara s'appuyait sur le rejet ancien du dioula, l'homme du Nord pour les Ivoiriens de la côte et du centre. À une différence ethnique s'ajoute en effet une différence de religion : les Ivoiriens du Nord, majoritairement musulmans, sont soupçonnés de ne pas être Ivoiriens et sont donc rejetés par les Ivoiriens du Sud, majoritairement chrétiens. Les populations du Nord et du centre, notamment les Malinkés, ont des patronymes identiques à ceux des immigrés de même ethnie provenant des pays voisins. Ceux qui sont dans cette situation subissent toutes sortes d'injustices. Certains voient leurs pièces d'identité détruites par les forces de l'ordre. Ils n'obtiennent plus de carte d'identité, de passeport et ne peuvent ni avoir de certificat de nationalité ni voter. Bien que certains Ivoiriens du Sud (notamment les Akans) possèdent aussi des patronymes identiques à certains peuples immigrés (Ghana, Togo et Libéria), ils ne subissent pas le même sort.

L'apparition du concept d'ivoirité s'explique essentiellement par la crise économique que connaît la Côte d'Ivoire depuis le milieu des années 1980. En effet, cette réaction xénophobe est apparue lorsque l'économie de ce pays a cessé de créer massivement des emplois. Cette situation n'a pas sensiblement réduit les flux migratoires provenant des pays musulmans pauvres et surpeuplés du Sahel. Le but de l'ivoirité semble être avant tout d'empêcher les populations étrangères, qui peuvent rentrer dans ce pays sans visa, de participer à la compétition pour le pouvoir politique et d'accéder aux emplois de la fonction publique. En effet, les étrangers représentaient 26 % de la population en 1998.

Le 22 octobre 1995, contre un seul candidat (les autres candidats sont refusés par la Cour suprême ou ont boycotté l'élection), Henri Konan Bédié est élu président de la Côte d'Ivoire avec 96,44 % des voix. Fort de ce succès, il effectue en 1998 une réforme de la propriété foncière avec l'appui de tous les partis politiques, y compris celui d'Alassane Ouattara. Avec cette réforme, seuls les Ivoiriens de souche peuvent détenir des terres.

Coup d'État militaire[modifier]

Le 24 décembre 1999, suite à une mutinerie qui se transforme en coup d'état, Henri Konan Bédié est renversé par l'armée. Le concept d'ivoirité disparaît mais la tentation xénophobe persiste.

Le général Robert Guéï est placé au pouvoir jusqu'à la tenue de nouvelles élections, l'ivoirité reste utilisée dans la politique du pays pour limiter la vie sociale des « Ivoiriens d'origine douteuse ». C'est dans ces conditions que le 23 juillet 2000, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum, tous les partis politiques ayant appelé à voter pour. Elle stipule que seul les Ivoiriens nés de parents ivoiriens peuvent se présenter à une élection présidentielle. Le débat se focalise notamment sur la mention "et" de l'article 35 ("Le candidat à l'élection présidentielle [...] doit être ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine") supposée viser Alassane Ouatara qui déclare pourtant pouvoir être candidat que la conjonction retenue soit "et" ou "ou". Une vaste « campagne d'identification », destinée à définir la véritable citoyenneté des Ivoiriens, est entamée.

Dégradation du climat politique[modifier]

Après quatre années de dictature, le coup d'État du général Robert Guéï est légitimé par la reconnaissance du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et le Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire (RDR) d'Alassane Ouattara. L'échec de plusieurs tentatives de coup d’État oblige les partisans d'Alassane Ouattara au sein de l'armée à fuir au Burkina Faso.

Les six candidats présentés par le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), dont Henri Konan Bédié, à l'élection présidentielle du 22 octobre 2000, sont éliminés par la Cour suprême. Il en est de même pour le candidat du RDR, Alassane Ouattara, jugé non-Ivoirien. Au total, quatorze des dix-neuf candidatures à l'élection présidentielle présentées par des partis sont rejetées par la Cour suprême. Le décompte des bulletins de vote place Robert Gueï en seconde position derrière Laurent Gbagbo le 22 octobre ; il s'autoproclame néanmoins président de la République ce qui déclenche d'importantes manifestations de la population, bientôt suivie par la gendarmerie. Les affrontements opposent la garde prétorienne du général Gueï à la population. Les premiers sont rapidement vaincus mais les affrontements se prolongent entre partisans de Ouattara et partisans de Laurent Gbagbo. Le 26 octobre, Laurent Gbagbo est proclamé président sur décision de la Commission

Page 4: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

électorale. Le 27 octobre, un charnier de 57 corps est découvert à Yopougon qui va longtemps hanter les mémoires4. Le bilan officiel des violences de la fin de l'année 2000 est de 303 morts, 65 disparus et 1 546 blessés5.

Les élections municipales de mars 2001 se traduisent par une victoire relative pour le RDR et une victoire incontestable de la démocratie ; pour la première fois de son histoire, la Côte d'Ivoire assiste à une défaite électorale du parti au pouvoir.

Conséquences[modifier]

Situation humanitaire[modifier]

Article détaillé : Massacre de Duékoué.

Camp de réfugiés de Bahn au Libéria

Ce conflit entraîne le déplacement de près d'un million de personnes72, principalement depuis l'ouest ivoirien et depuis Abobo. La destination de ces personnes est d'abord la Côte d'Ivoire avec 735 000 réfugiés73, le Libéria avec 120 000 réfugiés74 mais aussi vers le Ghana, la Guinée, le Togo, le Mali, le Nigéria, le Niger, le Bénin et le Burkina Faso 73 .

Dans l'ouest, à Duékoué, Toulepleu, Bloléquin, un nombre important de morts a été trouvé, entre 15275 et 800 morts76à Duékoué ; l'ONUCI parle de 330 morts77. L'origine n'est pas clairement établie. D'après Sidiki Konaté, porte-parole de Guillaume Soro, ce serait des morts liés à la bataille de Duékoué75. D'après Toussaint Alain, porte-parole de Laurent Gbagbo à Paris, c'est la rébellion (les FRCI) qui porte la responsabilité de ce massacre77. D'après l'ONUCI, deux tiers des morts sont dus à des pro-Ouattara et un tiers aux pro-Gbagbo77. Thomas Hofnung, journaliste à Libération, parle des dozos pro-Ouattara ou des affrontements ethniques entre Yacoubas pro-Ouattara et Guérés pro-Gbagbo78. L'association Human Rights Watch parle de 500 morts pendant une période de quatre mois, majoritairement imputables à « des forces fidèles au président Gbagbo »  ; elle atteste également, depuis qu'Abidjan est majoritairement sous le contrôle des Forces nouvelles, que les forces d'Alassane Ouattara ont procédé à des exécutions constituant des crimes de guerre, et dans l'Ouest à des meurtres de civils qui pourraient, « s'ils se généralisaient ou devenaient systématiques, être qualifiés de crimes contre l'humanité » 79.

Le jour de l'arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, le président Alassane Ouattara annonce sa volonté de créer une commission vérité et réconciliation chargé de faire la lumière sur les violations des droits de l'homme. Deux jours plus tard, Alassane Ouattara révèle qu'il a pris contact avec le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, pour engager des investigations sur les massacres survenus pendant la crise ivoirienne80.

Situation économique[modifier]

L'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) reconnaît Ouattara comme le vainqueur de l'élection de 201081 Le gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Philippe-Henry Dacoury-Tabley, qui assurait toujours le financement de l'état dirigé par Gbagbo82, est obligé de démissionner le 21 janvier 201183. Gbagbo, pour ne pas être à court de liquidités, organise la saisie des agences de la BCEAO84.

Le 24 janvier, Ouattara demande et obtient un embargo sur le cacao ivoirien85, qui est mis en place jusqu'au 8 avril 201186. Alors que les prix avaient baissé avant l'élection à 2 780 dollars la tonne87, le prix de la tonne de cacao atteint 3 666 dollars en février88. Ouattara déclare que la crise pénalise l'économie89. Des manifestations de producteurs de cacao ont lieu en février pour dénoncer l'embargo90,91. Le 9 mars, Gbagbo donne jusqu'au 31 mars aux exploitants de cacao ivoirien pour reprendre leurs exportations sous peine de sanctions financières92.

Le 9 février, la Bourse régionale des valeurs mobilières d'Abidjan ferme après que des forces loyalistes à Laurent Gbagbo envahissent ses bureaux93 puis rouvre le lendemain94. Le 15, elle referme après une réunion du conseil d'administration95. La bourse, le 25, est déplacée temporairement à Bamako au Mali 96 .

Page 5: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Durant la semaine du 14 au 18 février, des banques97, notamment la BICICI 98 , Citibank 98 , la SGBCI 99 , Standard chartered bank100, Access Bank100, la BIAO100, la BACI100, Ecobank101 ferment leurs agences. Elles invoquent des problèmes d'ordre technique et sécuritaire98,100. Cela provoque une pénurie de monnaie97 et des difficultés pour l'État ivoirien pour payer ses fonctionnaires102. Le 17 février, le gouvernement Gbagbo décide de nationaliser la BICICI et la SGBCI102,103, ce qui permet le paiement des fonctionnaires début mars104.

Le 22 février, la SIR, Société Ivoirienne de Raffinage, n'ayant plus la possibilité d'acheter de pétrole brut, suspend toutes ses activités jusqu'à nouvel ordre105. Cette raffinerie fournit en essence, non seulement la Côte d'Ivoire, mais aussi d'autres pays de la région comme le Mali ou le Burkina Faso 105 .

Suite à la fermeture des banques et des ports, les prix de la viande, de l'huile, du sucre et du gaz ont fortement augmenté106. Les médicaments ne sont plus disponibles106,107.

La crise ivoirienne a aussi un impact dans d'autres pays de la sous-région comme le Mali108et le Burkina Faso105,106 ou le Niger106 qui dépendent des ports de Côte d'Ivoire ou de l'économie ivoirienne.

REVOLUTION EGYPTIENNE

La révolution égyptienne de 2011 (en arabe يناير 25ثورة - thawrah 25 yanāyir, révolution du 25 janvier), est une série d'évènements (manifestations, grèves, occupation de l'espace public, destruction de bâtiments et symboles du pouvoir, affrontements avec les forces de l'ordre) ayant abouti à la démission du président Hosni Moubarak et à une libéralisation du régime, le pouvoir étant toujours aux mains de l’armée.

La révolution commence par des manifestations le 25 janvier 2011. Tout comme la révolution tunisienne, la révolution égyptienne s'est déclenchée en réponse aux abus des forces de police égyptiennes, à la corruption, mais aussi à l'état d'urgence permanent et à ses procédures expéditives. Les facteurs démographiques structurels9, le chômage, le manque de logements, l'augmentation des prix des biens de première nécessité et le manque de liberté d'expression sont également des causes importantes des manifestations10, ainsi que les conditions de vie urbaines très dégradées pour les classes populaires11,12. L'objectif premier des manifestants était d'obtenir la fin de l'État policier et la démocratie, qui passait d'abord par le départ du président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis le 14 octobre 1981 13 , et une répartition plus juste des richesses. Réunissant des manifestants de divers milieux socio-économiques, c'est le plus grand mouvement populaire qu'ai jamais connu l'Égypte. Le mouvement aboutit le 11 février 2011 au transfert du pouvoir à l'armée tandis que le président Moubarak se retire dans sa résidence de Charm el-Cheikh.

Alors que la transition politique se met en place, les mouvements sociaux prennent le relais de la contestation politique, à la fois sur le mode de la contestation de hiérarchies corrompues et de revendications sociales : conditions de travail, salaires, protection sociale. Les manifestations continuent chaque semaine, place Tahrir, pour compléter le changement de régime : dissolution du Parti national démocratique (PND), l’ancien parti au pouvoir, mise en accusation des personnalités du régime corrompues et des responsables des centaines de manifestants tués par la police, libération des prisonniers politiques, etc. Outre les revendications sociales qui restent fortes, le pays est agité par les affrontements confessionnels14. Le différend sur le règlement judiciaire de la révolution relance la révolution lors des journées des 29 et 30 juin.

La révolution égyptienne est aussi surnommée Révolution de ou du papyrus15,16, révolution du 25 janvier17, ou encore révolution du Nil.

1 Contexte o 1.1 Inégalités et pauvreté accentuées par le néolibéralisme o 1.2 Remise en cause de la réforme agraire o 1.3 Précarité alimentaire o 1.4 Blocage politique et institutionnel o 1.5 Montée des tensions et élément déclencheur

2 Le renversement de Moubarak o 2.1 Premières manifestations jusqu'à la défaite de la police

Page 6: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

2.1.1 La «   Journée de la colère   » 2.1.2 Mesures prises par le gouvernement pour empêcher les manifestations 2.1.3 Les manifestations du «   Vendredi de colère   » 2.1.4 Réaction présidentielle   : annonces et stratégie du chaos

o 2.2 Amplification du mouvement 2.2.1 Les manifestations se poursuivent et la répression s'intensifie 2.2.2 Le symbole de la révolution   : l'occupation de la place Tahrir 2.2.3 Vers des grandes journées tests

o 2.3 Des journées tests à l'éviction de Moubarak 2.3.1 Première semaine de février   : «   la marche du million   », la bataille des dromadaires

et le «   jour du départ   » 2.3.2 Une deuxième semaine de février déterminante 2.3.3 Le départ du président Moubarak

3 L’après-Moubarak   : une démocratisation sous contrôle étroit de l’armée o 3.1 Un reflux de la contestation politique o 3.2 Bilan humain et matériel o 3.3 Changements institutionnels pour un nouveau régime o 3.4 Épuration judiciaire et administrative o 3.5 Après la crise politique, les affrontements se déplacent sur le terrain social o 3.6 Conséquences économiques o 3.7 Les contestations continuent, l’opposition à l’ancien dictateur s’organise

3.7.1 Violences des 29-30 juin et nouvelles manifestations 4 Révolution ou soulèvement populaire   ? 5 Viols de journalistes 6 Réactions internationales 7 Annexes

o 7.1 Articles connexes o 7.2 Liens externes o 7.3 Œuvres o 7.4 Bibliographie sur la situation avant janvier 2011 o 7.5 Bibliographie sur la révolution

8 Notes

Inégalités et pauvreté accentuées par le néolibéralisme[modifier]

Le pays doit faire face à des problèmes socio-économiques majeurs, l’économie étant un des facteurs clés de l’insurrection selon Jean-François Daguzan18.

Même si l'Égypte n'est pas aussi riche en ressources pétrolières que d’autres pays arabes, son économie reste une économie rentière19. La plupart des rentes égyptiennes sont dépendantes de la conjoncture économique mondiale :

le tourisme (11,6 milliards $ en 2009-201020, soit de 14 à 19 % du produit intérieur brut (PIB) selon les années21) ;

le canal de Suez (4,422 à 4,7 milliards $ sur le même exercice20, soit de 3 à 4 % du PIB21) ; les transferts financiers des émigrés (9,8 milliards $20, soit de 9 à 13 % du PIB21) ; le pétrole et le gaz naturel : la consommation interne diminue la part de la production exportée23, mais

les hydrocarbures continuent de contribuer pour 4,5 à 8 % au PIB21 ; et l’aide américaine (2 milliards en moyenne, en baisse ces dernières années : l’aide militaire reste stable

à 1,3 milliard en 2009, l’aide au développement baisse de 815 millions de dollars en 1998 à 250 millions en 2009)24.

Les investissements étrangers restent faibles25, et sont constitués essentiellement d’achats d’entreprises privatisées26. Les tentatives de diversification dans l’industrie n'obtiennent qu'un succès limité, la bureaucratie obérant tout développement27 et le secteur public demeure prépondérant28. Les exportations ne couvrent pas la moitié de la valeur des importations29. Les projets de développement financés par l’État concernent principalement des villes nouvelles, destinées à la bourgeoisie nationale et aux étrangers (tourisme). Les fonds

Page 7: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

de développement nationaux ne financent que ce type de projets30, et des secteurs entiers sont délaissés, les services publics sont en complète capilotade, comme le montre l’incendie du Sénat en 2009, ou les innombrables accidents des chemins de fer et de la route31. La comparaison avec la Turquie, pays musulman qui a réussi sa démocratisation et son décollage économique, est très au désavantage de l’Égypte, ce qui augmente le sentiment de frustration29.

Le régime Moubarak mène dans les années 1990 et 2000 une politique d’Infitah (« ouverture des portes », libéralisation), qui développe le secteur privé principalement par privatisations d'entreprises publiques32. Cette ouverture vaut à l’Égypte le prix de « meilleur réformateur mondial » de Doing Business en 200733, malgré les malversations qui entachent le processus de privatisation34,35. Le régime a ainsi créé un nouveau patronat, décrit comme une bourgeoisie parasite ou "new pharaons", favorisée par la fiscalité et enrichie par les privatisations, et qui soutient le régime32,34,36. Une oligarchie plus large accapare les revenus de rente de l’économie égyptienne27.

Portés par la conjoncture mondiale en 2005-2008, les revenus rentiers sont directement affectés par la crise21 : les transferts des migrants, obligés de revenir en Égypte car sans travail dans le Golfe, sont en forte baisse de 2008 à 2010, et les revenus tirés du tourisme, en baisse, bien que la fréquentation soit en hausse37.

Plus de 40 % de la population, soit environ 32 millions d'Égyptiens, vit avec moins de 2 dollars par jour38, et au moins les deux tiers des Égyptiens sont pauvres39. Cette pauvreté d’une partie de la population a été aggravée par la politique d’Infitah32 et la crise de 2008, au point qu’au cours de l’hiver 2010-2011, une partie de plus en plus grande de la population ne pouvait plus nourrir ses enfants40. Cette situation avait été en partie masquée par les indicateurs économiques égyptiens, falsifiés par le régime Moubarak41,42. La pauvreté a été encore accrue par la crise économique de 200825, bien que certains économistes défendent la thèse d’une résilience de l’économie égyptienne.

La croissance démographique rapide, doublée d’une urbanisation de la population, accentue les difficultés et favorise les contestations43. En 1981, à la prise de pouvoir de Moubarak, le pays comptait 40 millions d'habitants ; en 2010, c’est le plus peuplé des pays arabes avec plus de 80 millions d'habitants44. La population égyptienne est très jeune : il y a ainsi plus de 50 % de moins de 25 ans45, dont 20,2 % entre 15 et 24 ans. Les diplômés du supérieur représentent 31 % d'une classe d’âge et ces jeunes qualifiés n‘ont que peu d’espoir de trouver à employer leurs compétences : alors qu’il y a 700 000 nouveaux diplômés chaque année, l’économie égyptienne ne crée que 200 000 nouveaux emplois par an29,43. Ainsi, 50 % des hommes de 15 à 29 ans et 80 % des femmes du même âge, diplômés du supérieur sont au chômage46. Ces jeunes sont particulièrement à même de critiquer l’accaparement des richesses du pays et la corruption des classes dirigeantes (indice de 3,1 selon Transparency International), alors même que la place de l’État, autrefois protecteur, n’a cessé de reculer lors des ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale 29  ; il n’existe ainsi aucune allocation chômage47.

Remise en cause de la réforme agraire[modifier]

Depuis 1997, les réformes agraires de Nasser ont été fortement remises en cause par la mise en application de la loi 9648,49, dans le cadre de la libéralisation de l’agriculture voulue par les élites et USAID 50 . Le triplement des loyers réglementés de la terre entre 1997 et 200249, puis leur libéralisation, ont entraîné des hausses cumulées de 1000 % en moyenne entre 1992 et 200751. Ces hausses ont plongé dans la pauvreté six millions de petits paysans48,52. Les trois quarts d’entre eux au moins ont du renoncer à louer des terres pour se salarier48. De plus, les familles de grands propriétaires et les dignitaires du régime, soutenus par la police et disposant d’importants effectifs d’hommes de main, parfois équipés de blindés53, spolient violemment ces paysans depuis 199748. En quinze ans, des milliers d’affrontements ont ainsi opposé, dans des combats ruraux ou devant les tribunaux, des dizaines de milliers de paysans à des grands propriétaires54,55, pour un bilan d’au moins 290 morts et 1791 blessés de 1998 à 2004, plus des milliers d’arrestations, y compris d’enfants56. La répartition des eaux d’irrigation occasionne aussi de plus en plus de conflits57, dont le principal est la « révolte des assoiffés » en 200658. Les organisations paysannes ont été interdites par le pouvoir, ce qui a empêché leurs luttes de déboucher sur une action collective de grande ampleur59,48.

Précarité alimentaire[modifier]

Page 8: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Le pays n'est pas auto-suffisant : l’Égypte est le plus grand importateur de blé de la planète60, alors que les prix des produits alimentaires sont à leur maximum historique61, situation aggravée en Égypte par l'inflation élevée (10 à 15 %)27. Une situation similaire avait déjà provoqué des émeutes de la faim importantes en 200862 (avec une quinzaine de morts)63. Même après le renversement de Moubarak, ces émeutes peuvent donc se renouveler27.

Blocage politique et institutionnel[modifier]

L’Égypte est en état d'urgence depuis 1967 (guerre des Six Jours) à l'exception d'une courte période de dix-huit mois au début des années 1980. Sous ce régime, la police bénéficie de pouvoirs particuliers renforcés, débouchant sur des abus, allant des violences policières à la torture 64 . Le cas de Khaled Saïd 65 , battu à mort par la police égyptienne en juin 2010 55 ,66,67 mais que la médecine légale avait autopsié comme mort d’une overdose de marijuana 68 a particulièrement marqué la population du pays. L’extension de la corruption et de la torture, qui finit par concerner potentiellement les Égyptiens de toutes classes sociales, ont fait de l’État et de la police les ennemis communs de tous les Égyptiens43. Enfin, l’état d'urgence suspend les droits constitutionnels et autorise la censure.

Le président Moubarak est aux commandes du pays depuis 1981 et prévoyait que son fils lui succéderait lors des élections présidentielles de 2011. Les institutions politiques ont été complètement verrouillées par différentes modifications de la constitution, notamment les amendements de 2007, et n’offrent pas de débouché aux demandes de la société69,70. Seuls sept millions d’Égyptiens peuvent voter71. De la même manière, la loi 100 a bloqué le renouvellement des instances dirigeantes des syndicats, alors que dans le même temps la libéralisation de l’économie a rendu les demandes des ouvriers plus nombreuses70. Ce blocage aboutit à la création de quatre syndicats indépendants de la Fédération des syndicats égyptiens (FSE)57 entre 2007 et 2011, dont ceux des Taxes foncières, des Retraités, et une association indépendante des enseignants72. Enfin, tout changement est rendu impossible par l'importance prise par la corruption et l'oligarchie, qui est le seul appui du pouvoir27.

La politique extérieure de l’Égypte, largement tributaire des États-Unis depuis trente ans, et donc bienveillante envers Israël, est très impopulaire dans la population, qui est anti-américaine et pro-palestinienne24.

L’armée égyptienne joue un rôle politique de premier plan dans le pays, puisque tous les présidents depuis 1952 sont des militaires, de même que les principaux ministres73. En principe l'armée est fidèle au président en place, mais les militaires ne sont pas favorables à une succession dynastique des Moubarak74. Les militaires sont aussi historiquement hostiles aux islamistes75. Enfin, elle jouit d’une certain popularité, à la fois par ses effectifs et par les réelles possibilités de promotion qu’elle offre, contrairement à la police où l’avancement se fait au favoritisme76.

Montée des tensions et élément déclencheur[modifier]

Le chômage important, la vie chère et les salaires bas entraînent des grèves et manifestations de plus en plus fréquentes (266 en 2006, 614 en 2007, 630 en 2008 et de 700 à 1000 en 2009)77,78,79, voire plus pour Bárbara Piazza (3000 de 2004 à 2009), avec pour symbole la grève de l'usine textile de Mahalla Al Koubra en décembre 2006 (20 000 grévistes)69. Les revendications touchent tous les sujets, toutes les classes sociales : les pharmaciens sont en grève à 80 % en 200980 (ainsi que d’autres professions libérales78), et les manifestations prennent toutes sortes de formes (défilé, sit-in, rassemblement, grève, pétition, occupation), sont devenues routinières, et servent tout type de revendications80. L’année 2010 a semble-t-il été « prérévolutionnaire », le seul mois d’avril comptant 111 mouvements sociaux81, et un nouveau mode d’action, le blocage de routes, faisant son apparition57. Les partis traditionnels, ainsi que les Frères musulmans, sont absents de ces mouvements, ou interviennent à la marge. Les vrais moteurs de ces protestations sont des collectifs autonomes et des organisations de la société civile, non-dédiées à la revendication82.

Parmi ces collectifs, figurent le Mouvement du 6 avril dont certains leaders ont été formés par le mouvement serbe de Otpor, en Serbie en 200983. Ahmed Maher a aussi reçu les conseils des informaticiens de Google, et contribué à diffuser le livre Pour éviter de te prendre un coup sur la nuque [par la police] d’Omar Afifi 84 ,85,86.

Page 9: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Comme en Tunisie, il y a donc d’importants antécédents protestataires et conflictuels depuis plus d’une décennie. Outre ces protestations massives, parfois réprimées brutalement, des flash mob étaient organisées en Égypte depuis quelques années : les activistes montraient ainsi qu’il était possible de contourner ou de déborder momentanément la police, et ont ainsi contribué à réduire le sentiment de peur que la police égyptienne pouvait inspirer43. La réaction des familles des victimes de l’attentat d'Alexandrie, qui refusent les condoléances d’Hosni Moubarak, peuvent être vues a posteriori comme un signe avant-coureur87.

Les causes structurelles d’un soulèvement étant là, l’élément déclencheur est le succès de la révolution tunisienne qui a abouti à la chute du régime de Ben Ali quelques jours plus tôt88,89, révolution qui montre que la volonté générale peut être une alternative à l’islamisme et aux dictatures90. Comme en Tunisie, les réseaux sociaux, comme Facebook ou Twitter, favorisent le démarrage de la contestation : 23 millions d'Égyptiens utilisent Internet91,43.

Conséquences économiques[modifier]

Tous ces mouvements sociaux retardent la reprise des cotations de la Bourse égyptienne jusqu’au 23 mars277, malgré de nombreuses promesses de réouverture107. Elle subit une baisse de 9 % le premier jour278, baisse qui se poursuit le 24 mars, puis repart à la hausse, de façon inexpliquée, peut être avec un soutien du gouvernement277. La note donnée à la dette égyptienne par l’agence Fitch est revue à la hausse en juillet279.

Lors du premier trimestre 2011, le produit intérieur brut a diminué de 4,2 %. Les secteurs les plus touchés sont le tourisme dans son ensemble280 qui baisse de 80 % en février, de 60 % en mars, de 35 % en avril ; si la fréquentation pourrait être du niveau de 2010 cet été, la perte enregistrée est déjà de 1,6 milliards d'euros281, mais aussi l’industrie (12 % de baisse), les transports (10 %), et la construction, qui recule de 9 %280.

L’ensemble de l’économie est touché par les grèves, les fermetures de port, l’arrêt de l’économie causé par le couvre-feu, les hausses de salaires. La foire internationale du livre du Caire, la plus importante du monde arabe, qui devait ouvrir ses portes le 29 janvier, est annulée282. Les dizaines de milliers d’ouvriers émigrés en Libye et revenus depuis le début de la guerre civile libyenne risquent également de peser sur l’économie égyptienne, car ils auront du mal à retrouver un emploi283,284. Après avoir demandé une aide de 3 milliards au FMI, le gouvernement égyptien y renonce, les aides du Qatar (10 milliards d'investissement) et de l'Arabie saoudite (4 milliards de prêts et de dons) lui suffisant et pesant moins sur son budget285.

Les hausses de salaire dans la fonction publique et des pensions de retraite, de 10 à 30 % (pour une inflation de 12 %), creusent le déficit budgétaire, déjà de 8,4 % du produit intérieur brut (PIB)281. Le gouvernement a créé un fonds d'indemnisation de 840 millions de dollars, en faveur des propriétaires de biens endommagés par la révolution (usines, commerces, voitures)229.

Toujours dans le domaine économique, la Banque mondiale avertit le 14 avril que l’inflation continue et rapide des prix alimentaires (36 % depuis un an), risque de plonger 10 millions d’Égyptiens de plus dans la pauvreté286.

Parmi les éventuelles conséquences positives, il y a la révision possible des contrats de vente du gaz naturel, notamment vers Israël et la Jordanie. Les contrats ont été établis à des conditions très défavorables, les prix du marché étant entre 50 % et 150 % plus élevés selon Al-Arham287. Cette révision pourrait entraîner des recettes supplémentaires de 3 à 4 milliards de dollars par an288. De la même façon, les compagnies de production d’électricité achètent leur gaz à entre 11 % et 20 % du prix du marché287 et certaines ventes de sociétés d’État vendues à des prix très favorables à l’acheteur sont annulées ou en cours d’annulation (comme celle d’Omar Effendi).

REVOLUTION LYBIENNE

La guerre civile libyenne de 2011 (ou révolution libyenne de 2011) est un conflit armé issu d'un mouvement de contestation populaire, assorti de revendications sociales et politiques, qui s'est déroulé entre le 15 février 2011 et le 23 octobre 2011 en Libye. Il s'inscrit dans un contexte de protestations dans les pays arabes.

Page 10: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Comme lors des révolutions tunisienne et égyptienne, les opposants au régime demandent plus de libertés et de démocratie, un meilleur respect des droits de l'homme, une meilleure répartition des richesses ainsi que l'arrêt de la corruption au sein de l'État et de ses institutions. Mouammar Kadhafi, le « Guide de la Révolution » de la Jamahiriya arabe libyenne, est au début de 2011 le plus ancien dirigeant du monde arabe toujours en fonction : il est à la tête de la Libye depuis le 1 er  septembre 1969, soit près de 42 ans de règne.

Les principaux mouvements ont d'abord eu lieu dans des villes de Cyrénaïque (à l'Est) : à El Beïda, Darnah et surtout Benghazi, puis s'étendent dans pratiquement toutes les grandes villes du pays et à Tripoli, la capitale. Plusieurs intellectuels qui s'étaient rangés aux côtés des manifestants ont été arrêtés et pour la plupart jugés. De hauts dignitaires religieux ont ensuite appelé à la fin du régime.

La répression des opposants prend un tour sanglant à partir du 16 février, le pouvoir utilisant des milices, des mercenaires et les comités révolutionnaires pour réprimer les manifestants. Les manifestations se muent alors en révolte armée : le régime de Kadhafi est abandonné par une partie de ses cadres et les insurgés forment un Conseil national de transition. Les troupes de Kadhafi reprennent cependant le terrain face aux insurgés, ce qui entraîne une intervention internationale. Le 17 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 1973, autorisant des frappes aériennes contre les forces de Kadhafi pour la protection du peuple libyen32. Elle est mise en œuvre par une coalition internationale le 19 mars 2011 33 .

Durant plusieurs mois, pro et anti-kadhafistes prennent à tour de rôle l'avantage au gré d'offensives et de contre-offensives. Fin août 2011, une offensive décisive permet la prise de Tripoli, ce qui entraine la fuite de Mouhammar Kadhafi et de ses proches et l'accélération de la reconnaissance internationale de la légitimité du CNT.

Les combats se poursuivent ensuite autour des derniers bastions kadhafistes. Le 20 octobre 2011, Syrte, le dernier d'entre eux, tombe aux mains des forces du Conseil national de transition et Mouammar Kadhafi est tué 34 . Le 19 novembre suivant, son fils, Saïf al-Islam, est arrêté au sud de la Libye par des combattants du CNT35.

Le 23 octobre 2011 à Benghazi, le président du CNT Moustafa Abdel Jalil proclame la « libération » de la Libye, mettant officiellement fin à la guerre civile qui durait depuis huit mois36.

Sommaire [masquer] 

1 Contexte o 1.1 Système de pouvoir mis en place par Kadhafi o 1.2 Économie fondée sur la rente pétrolière o 1.3 Système politique intégrant les tribus

2 Déroulement o 2.1 Manifestations o 2.2 Insurrection / révolution o 2.3 Internationalisation de la guerre civile o 2.4 Rétablissement des insurgés o 2.5 Bataille de Tripoli o 2.6 Affrontements à l'ouest et sud-est de la capitale o 2.7 Offensive vers Syrte o 2.8 Combats dans le Fezzan o 2.9 Suite des combats suivant la mort de Kadhafi

3 Exactions et pertes civiles o 3.1 Victimes et arrestations o 3.2 Attaques contre la presse o 3.3 Viol de Iman al-Obeidi o 3.4 Découverte de charniers à Tripoli o 3.5 Expulsion des noirs de Misrata par les rebelles

Page 11: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

o 3.6 Pertes civiles liées aux bombardements de l'OTAN o 3.7 Exactions commises par les rebelles

4 Réactions o 4.1 Défections o 4.2 Réactions du gouvernement o 4.3 Diaspora libyenne o 4.4 Réactions internationales o 4.5 Réponse humanitaire

5 Efforts diplomatiques o 5.1 Prix du pétrole o 5.2 Pénurie de brut de bonne qualité en Europe o 5.3 Immigration o 5.4 Renforcement des groupes djihadistes

6 Vers une nouvelle Libye   ? o 6.1 Transition de pouvoir o 6.2 Interrogations et analyses

7 Notes et références 8 Annexes

o 8.1 Articles connexes o 8.2 Bibliographie

Contexte[modifier]

Système de pouvoir mis en place par Kadhafi[modifier]

Mouammar Kadhafi dirige la Libye depuis 1969 après avoir renversé le roi Idris I er par un coup d'État. Et depuis sa prise de pouvoir, le « Guide » a mené le pays d'une main de maître, en plaçant ses proches et les membres de sa tribu au sein de l'armée et aux postes clés du gouvernement. Dans un équilibre fragile entre fidèles et opposants, de stabilité et développement économique relatif, le colonel Kadhafi a su préserver son pouvoir. De la même manière il n'avait jamais mis en avant l'un de ses fils, pour éviter la montée d'un successeur potentiel37.

L’armée lui inspire la méfiance : elle est responsable de la moitié de la quarantaine de coups d’État qui ont eu lieu depuis 196938. Dans un but d'affaiblissement partiel, elle a été divisée en deux38 :

sept brigades d’élite, bien équipées et payées, et commandées par des membres de la famille de Kadhafi, ou de sa tribu, les Kadhafas ;

le reste de l’armée de terre est sous-entraînée et sous-équipée avec du matériel datant de l'époque soviétique.

Selon certains observateurs, comme l'Institut des droits de l'homme des avocats européens 39 (IDHAE), l'insurrection libyenne prenne son origine lointaine dans le massacre d'Abou Salim, le 29 juin 1996 : Abdallah Senoussi, chef des services secrets, ordonna l'exécution de 1 270 des 1 700 prisonniers rebelles de la prison d'Abou Salim 40 .

Économie fondée sur la rente pétrolière[modifier]

L'économie libyenne est très largement dépendante de la rente du pétrole, 58 % du PIB libyen provient de l'or noir et de ses dérivés41. Le PIB par habitant en 2010 est de 13 800 dollars42, ce qui en fait l'un des pays les plus riches par habitant du monde arabe, ce chiffre s'expliquant par une relative petite population. L’essentiel des hydrocarbures est exporté vers l'Europe (85 %), et certains pays européens en sont très dépendants : l’Irlande, l’Italie, l’Autriche, la Suisse et la France importent plus de 15 % de leur pétrole de Libye43.

Page 12: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

La Libye est considérée comme un pays riche avec une population plutôt bien instruite ; le taux d'alphabétisation est de 83 %42. Cependant, selon l'Indice de perception de la corruption, le degré de corruption perçu dans le pays est plus élevé en Libye (2,2) qu'en Égypte (3,1) ou en Tunisie (4,3). Enfin, le taux de chômage est très important. Comme en Tunisie, la proportion de jeunes de moins de 25 ans est très élevée (47,4 % de la population44).

Système politique intégrant les tribus[modifier]

Carte présentant les diverses tribus et ethnies de Libye

Le système politique de la Jamahiriya arabe libyenne est basé en grande partie sur des alliances tribales45,46. En quarante ans de règne, Kadhafi a conservé le système tribal et l’a idéalisé pour s’appuyer dessus47. Mais parallèlement, il a réduit le rôle des tribus et les a marginalisées, en constituant une ébauche de système administratif moderne, avec préfectures (muhāfazāt) et municipalités (baladīyat)45, ce qui a amoindri le soutien que les tribus étaient susceptibles de lui apporter47. En favorisant sa propre tribu, il a encore affaibli ce soutien.

La Kadhafa47 (ou Qadhadhafā45 ou tribu des Ghedadfas), à laquelle appartient Mouammar Kadhafi, est forte d'environ 125 000 membres surtout dans le centre de la Libye. Cette tribu a la mainmise sur le régime libyen, elle est la plus armée et a toujours été privilégiée par Kadhafi pour défendre son régime dont elle est le noyau dur. Par ailleurs, le dirigeant libyen a de tous temps été très méfiant vis-à-vis des forces armées libyennes, préférant volontairement les affaiblir par peur des coups d’État. Le « Guide » a plutôt renforcé les milices et les forces de sécurité spéciales dirigées par ses fils et les membres de sa tribu48.

La Warfala (ou Warfalla ou encore Warfallah) est la plus grande des tribus de Libye avec environ un million de membres47. Elle se situe essentiellement à Benghazi, dans l'est du pays, d’où est partie la révolte. Les officiers warfalites ont fait les frais du coup d’État manqué en 1993, nombre des membres de la tribu occupant des fonctions dirigeantes dans l’armée ont été emprisonnés ou tués.

La Makarha (ou Magharbā) est concentrée dans les régions de l'ouest du pays. Cette tribu, dont est issu l'ancien chef du gouvernement Abdessalam Jalloud, comptait parmi les principaux appuis de Kadhafi, avant les représailles consécutives à la tentative de coup d’État de 199349.

En novembre 2008, des affrontements violents ont eu lieu à Koufra, une oasis du sud entre la tribu arabe des Zuwayas et l'ethnie Toubou, une population noire aussi présente au Tchad voisin. Le conflit a fait plusieurs morts, un indice de la crise du système mis en place par Kadhafi45.

Lors de la révolte de 2011, les tribus Warfala, Zaouya, Toubou, et Touareg s'étant ralliées aux insurgés, surtout après le premier discours de Kadhafi, les experts (comme Angelo Del Boca) s'accordent pour affirmer que dès lors le régime du « Guide » est proche de sa fin50.

Exactions et pertes civiles[modifier]

Victimes et arrestations[modifier]

On assiste à de nombreuses arrestations pour délit d'opinion, la presse est muselée et les rares images qui parviennent aux stations de télévision proviennent d'amateurs. Aucun journaliste n'est autorisé à exercer ses fonctions à l'intérieur du pays ; malgré tout, un journaliste italien du quotidien La Repubblica, Pietro Del Re, a réussi à pénétrer en Libye le 22 février 276 . Les réseaux sociaux et Internet restent les seules sources d'information possibles.

Human Rights Watch publie un bilan provisoire au 21 février faisant état de 233 morts, auxquels il ajoute deux jours plus tard 62 tués à Tripoli277, ce qui porte le bilan à un minimum de 295 morts. Selon la Coalition internationale contre les criminels de guerre (ICAWC, International Coalition Against War Criminals), le bilan est au matin du 22 février de 519 morts, 3 980 blessés et au moins 1 500 disparus)278. Alors que le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini estime que le bilan de plus de 1 000 civils tués est crédible279, le régime de Kadhafi publie le soir du 23 février un bilan de 300 morts, dont 58 militaires, chiffre qui concorde

Page 13: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

avec le bilan de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) publié le matin, qui estimait le nombre de victimes entre 300 et 400280. Selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, fondée par le propre fils de Kadhafi, Saif al islam, il y aurait eu depuis le soulèvement 6 000 morts, dont 3 000 dans la seule ville de Tripoli, 2 000 à Benghazi, et 1 000 dans d'autres villes, sans précisions sur le statut des victimes (chiffres au 2/03/11)281. Trois marins néerlandais ont été faits prisonniers par des partisans du régime le 27 février 2011 et leur hélicoptère a été saisi, alors qu'ils tentaient d'évacuer deux ressortissants à Syrte 282 .

Selon M. Abdeljalil, le conflit en Libye (la bataille de Tripoli incluse) aurait fait en près de six mois, « plus de 20 000 morts » (depuis le début mi-février de l'insurrection)283, soit plus d'une centaine de morts par jour284...

Attaques contre la presse[modifier]

La chaîne Al Jazeera dénonce des tentatives de brouillage de sa diffusion par satellite provenant du gouvernement libyen285,286. tandis que des journalistes de la chaîne ont disparu dans une zone contrôlée par les loyalistes, le 19 mars 2011.

Viol de Iman al-Obeidi[modifier]

Iman al-Obeidi est une Libyenne qui, le 26 mars 2011, est entrée dans le restaurant de l'hôtel Rixos à Tripoli, résidence de la plupart des journalistes internationaux en Libye, dans le but d'informer les reporters étrangers de son viol par les troupes gouvernementales fidèles à Mouammar Kadhafi287,288.

Le New York Times décrit ses blessures: « de larges ecchymoses sur son visage, une grande cicatrice sur sa cuisse, plusieurs étroites et profondes griffures plus bas sur sa jambe, ainsi que des marques qui semblaient venir de liens autour de ses mains et de ses pieds289. » Parlant en anglais, Obeidi dit qu'elle avait été arrêtée à un point de contrôle près de Tripoli parce qu'elle était originaire de ville de Benghazi détenue par les rebelles, et détenue pendant deux jours289. Elle a poursuivi en disant qu'elle avait été ligotée, puis qu'on avait uriné et déféqué sur elle et qu'elle avait été violée par 15 hommes287,290. Elle a supplié pour ses amis toujours détenus289.

Malgré la présence de médias étrangers, dont certains ont tenté d'intervenir pour protéger la jeune femme, elle a été traitée de traitre et menacée avec un couteau à beurre par les serveuses du restaurant287. Des gardes du gouvernement et des policiers en civils ont battu à coups de pieds les journalistes qui intervenaient, brisé une caméra de CNN 290 , menacé l'équipe de Sky News avec un pistolet291, et finalement fait taire al-Obeidi, en l'emmenant hors de l'hôtel pour la conduire dans un lieu inconnu287. L'incident a augmenté la tension entre les médias internationaux et le régime de Mouammar Kadhafi qui essaie de resserrer le contrôle des journalistes étrangers et leur accès aux civils libyens287,288. Cet incident est « un aperçu rare de la brutalité de la répression des dissidents » de la part du régime de Mouammar Kadhafi287.

Lors d'une conférence de presse improvisée un peu plus tard le même jour, Moussa Ibrahim, un porte-parole du gouvernement, a dit que les enquêteurs avaient trouvé qu'al-Obeidi était « ivre et possiblement dérangée287. »

Selon Pierre Vermeren, les viols de masse ordonnés par Kadhafi sont, en l’état actuel des enquêtes des institutions internationales et des ONG de défense des droits de l’homme, des rumeurs292.

Découverte de charniers à Tripoli[modifier]

Alors que les troupes du CNT libèrent Tripoli elles découvrent des charniers de cadavres parfois brûlé, une cinquantaine dans une prison, 18 dans le lit d'une rivière et 29 dans une clinique montrant des traces d'exécution sommaire. Les prisonniers libéré parlent de tortures constantes à l'électricité pendant trois mois293 et d'un massacre organisé à la grenade et à la mitrailleuse294 Le CNT annonce que dix à onze mille prisonniers ont été libérés mais qu'il en manque 50 000 autres qui ont disparu293.

Expulsion des noirs de Misrata par les rebelles[modifier]

Selon un article du Wall Street Journal du 21 juin 2011 cité par Black Star News dans son éditorial du même jour295,296[réf. insuffisante], les rebelles de Misrata ont chassé toute la population noire de la ville. Ils essaient maintenant de prendre la localité de Tawergha située à environ 50 km, et se proposent de la nettoyer de tous les

Page 14: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

noirs dès qu’ils l’auront conquise. Selon l’article du Journal les « rebelles » se considèrent comme des«  brigades dont la mission est de purger le pays des esclaves à la peau noire ». Le Wall Street Journal cite un commandant rebelle, Ibrahim al-Halbous qui aurait dit en parlant des Libyens noirs : « Il faut qu’ils fassent leurs valises » et aussi « Tawergha n’existe plus, il ne reste que Misrata ».

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a publié un rapport suite à une mission d’information sur place entre le 8 et le 15 mai. Celui-ci parle d’une « situation d’extrême urgence ». Les situations relevées vont du licenciement sans indemnité ni paiement de salaire à l’encontre de noirs, jusqu’au meurtre et au viol297[réf. insuffisante].

Donatella Rovera, conseillère sur la réaction aux crises à Amnesty International, interviewée après un séjour en Libye, rapporte en juin 2011298 : « Il y a eu une certaine hystérie, de la part des médias, autour de la question des mercenaires, il s’agissait surtout de pauvres jeunes gens terrorisés, pas forcément liés au conflit ». Il s'agit notamment d'étrangers, maghrébins ou noirs, arbitrairement pris à parti : « On n’a pas vu de mercenaires, sauf si cela s’est passé dans l’Ouest où nous n’avions pas accès. Nous avons rencontré des étrangers et des Libyens noirs qui ont été pris pour cibles par les anti-Khadafi. Ils [les combattants] ont commis des violations graves. » À propos du pilotage politique, elle dit : « Les rebelles sont responsables de nombreuses attaques contre les étrangers et les Libyens noirs, soupçonnés d’être des mercenaires. Certains ont été assassinés. Il faut agir maintenant. Les gens du Conseil national de transition sont contre ces pratiques. Je les crois sincères, mais ils ne contrôlent pas la situation.» »

Afrika.com considère que les rebelles libyens assimilent les immigrés sub-sahariens à des mercenaires. Il cite Adrian Edwards, le porte-parole du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). En effet, le Kadhafi fait appel depuis quelques années et de façon conséquente à des supplétifs originaires de cette région d'Afrique pour assurer la défense de son régime. Leurs effectifs sont estimés actuellement à 10 000 hommes. Ces mercenaires, uniquement motivés par l'aspect pécuniaire de leur mission n'ont aucun état d'âme pour tirer sur la population autochtone299. D'après les témoignages recueillis sur place, des Libyens armés (faisaient) du porte à porte, forçant des Africains sub-sahariens à partir. » De même, les personnes rencontrées mentionnaient « la confiscation ou la destruction de papiers d’identité pour un grand nombre ». « Des incidents similaires à l’encontre d’un groupe de Tchadiens qui ont fui Benghazi, Al Bayda et Brega ces derniers jours nous ont également été rapportés ». Le responsable du HCR a invité toutes les belligérants à reconnaître « la vulnérabilité des réfugiés et des migrants originaires d’Afrique sub-saharienne et (à prendre) les mesures nécessaires afin d’assurer leur protection »300.

Pertes civiles liées aux bombardements de l'OTAN[modifier]

Le Figaro, dans un article du 27 juin 2011, a relevé à Brega un témoignage faisant état d'attaques contre les civils, dont une cause 17 morts selon le régime libyen301. Dans le même article, un autre témoignage fait état de 5 prêcheurs musulmans tués dans une maison d'hôtes pour les VIP.

Le 5 juillet, Mouammar Kadhafi envoie au procureur de la Cour pénale internationale un courrier dénonçant le mandat d'arrêt lancé contre lui et demandant à la CPI d'ouvrir une enquête sur les « crimes de guerre » commis selon lui par l'OTAN en Libye302.

Exactions commises par les rebelles[modifier]

Selon l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch des exactions - maisons brûlées et saccagées, pillages, brutalités diverses - ont été commises sur des civils en juin et juillet 2011 par les rebelles dans plusieurs villages de la région de Tripoli, peuplés de tribus considérées comme fidèles à Kadhafi. HRW cite un commandant rebelle, le colonel El-Moktar Firnana, qui déclare : « Si nous n'avions pas donné des instructions, les gens auraient brûlé ces villages jusqu'au dernier »303.

REVOLUTION TUNISIENNE

La Révolution tunisienne de 2010-2011 ( التونسية parfois appelée en Occident « Révolution de ,(الثورةjasmin1,2,3,4 » ( الياسمين est une révolution considérée comme essentiellement non-violente 5 , qui par une ,(ثورةsuite de manifestations et de sit-in durant quatre semaines en décembre 2010 et janvier 2011, a abouti au départ

Page 15: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

du président de la République de Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali, en poste depuis 1987. Le terme « Révolution de jasmin » a fait débat car il fait aussi référence à la prise de pouvoir de Ben Ali en 1987 (qualifiée de « Révolution au jasmin »), les Tunisiens préfèrent le nom de « Révolution pour la dignité » (ثورة .pour qualifier les évènements de 2010-20116 (الكرامة

Parties de la ville de Sidi Bouzid, d'où le nom original de « révolte de Sidi Bouzid » ( بوزيد سيدي ou (ثورةd'« intifada de Sidi Bouzid7,8 », ces manifestations sont menées en protestation contre le chômage qui touche une forte proportion de la jeunesse, plus particulièrement les jeunes diplômés, la corruption et la répression policière. Elles débutent le 17 décembre 2010, après l'immolation par le feu d'un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, dont la marchandise avait été confisquée par les autorités9.

Quatre semaines de manifestations continues, s'étendant à tout le pays malgré la répression et amplifiées par une grève générale, provoquent la fuite de Ben Ali vers l'Arabie saoudite le 14 janvier 2011. Le Conseil constitutionnel désigne le président de la Chambre des députés, Fouad Mebazaa, comme président de la République par intérim en vertu de l'article 57 de la constitution 10 . Cette désignation et la constitution d'un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre sortant Mohamed Ghannouchi ne mettent pas fin à la crise ; le contrôle de huit ministères par le parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), est contesté par l'opposition et des manifestations. Mais le deuxième gouvernement Ghannouchi ne dure que du 27 janvier 2011 au 27 février 2011 : la pression populaire et syndicale pour un changement le plus complet possible et les violences continues entraînent la nomination d'un nouveau gouvernement dirigé par Béji Caïd Essebsi et la dissolution du RCD le 9 mars.

Les mois de mars et d'avril voient la définition progressive du processus de transition, sous la houlette de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, sans que toutefois ce « véritable conflit de classes » moderne ne voit ses causes résolues11.

Environ 322 personnes ont été tuées et 3652 ont été blessées entre le 17 décembre et le 14 janvier12.

Sommaire [masquer] 

1 Contexte o 1.1 Inégalités sociales et régionales o 1.2 Corruption et népotisme o 1.3 Mohamed Bouazizi

2 Renversement du dictateur o 2.1 Révolte de Sidi Bouzid o 2.2 Extension du mouvement

2.2.1 Mouvement qui se propage 2.2.2 Mouvement qui prend de l'ampleur

o 2.3 Renversement du régime 2.3.1 Fuite de Ben Ali 2.3.2 Exactions et pillages 2.3.3 Troubles dans les prisons 2.3.4 Rôle de l'armée

3 Premier gouvernement de transition o 3.1 Institutions de transition o 3.2 Remises en questions o 3.3 Actions judiciaires et ruptures

3.3.1 Gel des avoirs 3.3.2 Actions judiciaires

o 3.4 Nouvel exécutif 3.4.1 Institutions de transition et de règlement de la crise 3.4.2 Législatif inchangé 3.4.3 Nominations

Page 16: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

o 3.5 Poursuite des protestations 3.5.1 «   Caravane de la libération   » 3.5.2 Appels à la grève 3.5.3 «   Comité des sages   »   ? 3.5.4 Diplomatie et dispositions gouvernementales 3.5.5 Dissensions

o 3.6 Remaniement gouvernemental 4 Gouvernements de transition

o 4.1 Nouveau cabinet o 4.2 Évacuation de la place de la Kasbah o 4.3 Prolongation du mouvement social en province o 4.4 Bilan détaillé o 4.5 Fin du législatif benaliste o 4.6 De Ghannouchi à Caïd Essebsi o 4.7 Organisation des élections du nouveau régime o 4.8 Poursuite de l'épuration o 4.9 Climat tendu o 4.10 Conséquences économiques o 4.11 Les procès Ben Ali

5 Le «   printemps arabe   » o 5.1 Immolations dans les pays arabes o 5.2 Déclenchement de révolutions populaires o 5.3 Conséquences en Tunisie

6 Réactions o 6.1 Réactions internationales

6.1.1 Avant le départ de Ben Ali 6.1.2 Après le départ de Ben Ali

o 6.2 Manifestations de soutien o 6.3 Autres réactions

6.3.1 ONG 6.3.2 Agences de notation

7 Médias, censure et rôle d'Internet dans le développement du mouvement 8 Débats autour du nom 9 Références 10 Voir aussi

o 10.1 Bibliographie 10.1.1 Situation antérieure à la révolution 10.1.2 Révolution de 2011

o 10.2 Filmographie o 10.3 Articles connexes

Contexte[modifier]

Inégalités sociales et régionales[modifier]

L'explosion de colère a pour cadre de profondes inégalités et disparités régionales de développement qui nourrissent un sentiment d'injustice et d'humiliation qu'éprouve le sous-prolétariat des régions de l’intérieur du pays, discriminé sur les plans économique, social et politique. Au-delà de ces facteurs régionaux et sociaux, il faut ajouter un facteur générationnel : le sentiment d’étouffement qu'éprouve la jeunesse, « proportionnel à son désir de détruire ce qui entrave sa liberté d’être et d’avoir »13. Le sentiment d’injustice de la jeunesse joue d’autant plus qu'elle est nombreuse : 42 % des Tunisiens ont moins de 25 ans14.

Pour le journaliste Taoufik Ben Brik, les jeunes manifestants « n'appartiennent ni à des partis, ni à des organisations syndicales, ni à des associations de la société civile […] mais ils se sont identifiés à Mohamed

Page 17: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

Bouazizi »7. Pour lui « l'intifada de Sidi Bouzid » s'inscrit dans un large mouvement de révoltes commencé à Gafsa en 2008, qui s'est poursuivi à Ben Gardane en août 2010 et qui n'a jamais été résolu.

En effet, dès 2008, dans une forme de « répétition générale13 », la colère populaire s'était manifestée lors du mouvement du bassin minier de Gafsa, pendant plus de six mois et appelait déjà au respect de la justice sociale et de la dignité. Des centaines de Tunisiens avaient alors été arrêtés, torturés ou emprisonnés, certains trouvant la mort dans les affrontements avec la police, dans la quasi-indifférence des médias européens et tunisiens13.

Selon une étude de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), le chômage touche 44 % des femmes diplômées d'université et 25 % des hommes diplômés d'université de Sidi Bouzid, contre respectivement 19 % et 13,4 % en moyenne en Tunisie15.

Corruption et népotisme[modifier]

Les causes sont également politiques : le président Zine el-Abidine Ben Ali et sa famille, notamment celle de sa seconde épouse Leïla, les Trabelsi, qualifiée selon les observateurs de « clan quasi-mafieux », sont directement mis en cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol16,1. Pour Khemaïs Chammari, ancien député de l'opposition, ancien secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et membre du « comité Sidi Bouzid », la gestion du développement des régions est critiquée mais aussi la corruption et le népotisme du régime17. Ainsi, le gendre du président Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi fait l'objet de maintes critiques : propriétaire de la Banque Zitouna et de concessions automobiles, il contrôle aussi le groupe de presse Dar Assabah qui publie les deux principaux journaux du pays1. Plusieurs observateurs définissent le régime benaliste de « kleptocratie 18  », ce qui entraîne le rejet du régime, à la fois par les classes populaires et par les milieux d’affaires19.

Mohamed Bouazizi[modifier]

Article détaillé : Mohamed Bouazizi.

Mohamed Bouazizi est un vendeur de fruits et légumes ambulant habitant à Sidi Bouzid, ville située dans le centre-ouest du pays. Fils d'ouvrier agricole, son activité de vendeur constitue le seul revenu régulier de sa famille20. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises par les employés municipaux. Essayant de plaider sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser1,21.

Le 17 décembre 2010, à l'âge de 26 ans, il s'asperge d'essence et s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Le 4 janvier 2011, il meurt au centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous 22 .

L'indignation suscitée par le suicide du 17 décembre se mue en révolte principalement parce que les manifestants partagent les motifs de Mohamed Bouazizi — cherté de la vie, frustration des chômeurs et en particulier des diplômés, mépris des autorités et dureté de la police23,24 — au point que le geste de Mohamed Bouazizi est imité par deux autres jeunes25.

Conséquences économiques[modifier]

Le coût total des destructions lors des manifestations est évalué à 1,4 milliards d'euros5.

Le secteur de l'industrie exportatrice connaît une forte hausse de son activité, 18,5 % au premier trimestre 2011 par rapport à l'année précédente, et malgré un recul de 15 % en janvier, vite rattrapé en février (+ 8,6 %) et surtout mars (+ 24,6 %)211. Ce rebond s'explique par une très forte motivation des salariés, explicable peut être par le climat instauré par la révolution (illustré par le changement d'une vingtaine de patrons d'entreprises publiques212) et par les hausses de salaires de 8 à 12 % attendues pour le mois de mai211. Le ministre de l’Industrie et de la technologie indique cependant que la production industrielle a baissé de 9 % sur les cinq premiers mois de l’année213.

L’industrie textile a vu ses exportations augmenter de 10 % entre janvier et juin, par rapport à l’année précédente : la révolution n’a donc pas eu de conséquences négatives pour le secteur. Les ouvriers y ont parfois

Page 18: p4.storage.canalblog.com · Web viewAujourd’hui en Afrique, quatorze (14) pays sont en guerre ou vivent une situation précaire d’après-guerre ou, encore, sont embourbés dans

bénéficié de hausses de salaire substantielles ; des entreprises, auparavant découragée par le racket du clan Trabels, ou par les violations des droits de l’homme, se disent désormais intéressées par des investissements en Tunisie213.

Cependant, la baisse d’activité du tourisme est de 45 à 55 % sur les quatre premiers mois de l’année, et le FMI estime en avril que la croissance du PIB sera de 1,3 %, contre 3,7 % en 2010. La Banque centrale de Tunisie prévoie une croissance de 1 % seulement214, un chiffre repris par un collectif d'économistes5 : cette croissance sera insuffisante pour fournir du travail aux cent quarante mille nouveaux demandeurs attendus d'ici juillet 2011 (vingt mille emplois perdus en janvier du fait de la révolution, cinquante mille rapatriés de Libye et soixante-dix mille jeunes)215.

Les procès Ben Ali[modifier]

Le 20 juin, Zine el-Abidine Ben Ali est condamné une première fois lors d'un procès très rapide à 35 ans de prison pour détournement de fonds. Ce procès par contumace est critiqué car il utilise l’ancien code pénal tunisien, et que les avocats n’ont pas pu plaider 216 .

Des poursuites judiciaires et arrestations sont également menées contre certains membres des familles Ben Ali et Trabelsi.