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EXPRESS STYLESDate : 28 OCT/03 NOV 15Pays : France

Périodicité : Hebdomadaire ParisOJD : 451713

Page de l'article : p.27,66,68,...,71Journaliste : Jacques Brunel

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AMRP 4159175400507Tous droits réservés à l'éditeur

L'EpoqueStyles

CL IT

X O

P H E N O M E N E

TECH obsessionEt si, à l'image de cette nouvelle montre Hermès, le luxe high-teehvenait de France? C'est le rêve de tout entrepreneur qui se respecte.Pour lencontiei les start-uppers, direction les mcubateuis, ces ecolesde savoir faire qui transforment les jeunes pousses en étalons du business.Créatifs, rompus au codage et au high-tech, ils sont (peut-être)les Steve Jobs de demain. P soMontre Apple Watch Hermes a partir de 1300 euro*, www apple eomlfr

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T A H A R R A H I ML ' A V E N T U R E U XDepuis Un prophète,le comédien a l'affichedes Anarchistes et de li sénéPanthers trace sa route dansle cinema hexagonal etinternational P 28

V I N N I E B E L L E G U E U L ERepere dans une boutiquede surf, le Neo-Zelandaisest devenu l'un desmannequins les plus envogue Tatouages tignasseen bataille, regard a laJames Dean iljouepouinous la fureur de vivreversion 2O1S P 32

C L A I R E A U C H O C O L A TAI occasion du Salon duchocolat - du 28 octobre aui" novembie -, la patissieieClaire Heruler nous confieses recettes cacaoteesen exclusivité P 56

I L E S A C R O Q U E Rloipeur equatonennea Sào Tome-et-Pnncipe,ou les paillettes de i e\ e del'hôtel Bom Bom attendentgypsetteui s et amateursdè gl and bleu P 66




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Un C H O CO LAÎ sans pareil, une nature extra-vierge peupléede perroquets et de tortues de mer, un hôtel de grand charmecomme un observatoire privilégié... Sâo Tomé-et-Principesont des confettis d'Afrique E N S O R C E L A N T S .Par Jacques BruneL Photos : Roberto Frankenbergpour L'Express Styles

Deuxîles

A CROQUER

A g le RESORTde I hotel Bom Bomsur l î l e de Pr inc ipeA dr depar t matinavers I eco le surIBS hauts de Sâo Tome -

'n ne connaît rien au chocolat sil'on n'a pas goûté celui de Claudio

, produit à Sâo Tomé. Difficilele le déclarer « meilleur du monde » :

[ii est hors catégorie. Nullement amer[malgré ses 100 % (une pâte de cacaolure !), il crée une autre gamme d'émoisistatifs qui donne à voir d'où il vient :

"ëst un fruit de la jungle, onctueux et'Uissant, aux saveurs d'humus etecorces épicées... Interminable, l'ar-

•r^jnere-ljouche déploie des forêts tachetées'lefe lumière et des brumes amniotiques

le matin du monde, travaillées par laîtalïïe. « Là où le vert est plus vert »,antait Cesâria Evora : vous venez de

[survoler Sâo Tomé, l'île chocolat perchéeIsur l'équateur, à 300 kilomètres au largedu Gabon.

Jaillissant d'un écrin de plages, saforêt émeraude cogne au hublot del'avion. La moiteur surgit comme unbaiser mouillé. Le paradis nichant dans




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les nuages, on ne s'étonne pas de lachaleur idéalement douée. Sous la pluiefine et tiède qui « brumise » la voiture,Cao le chauffeur confie qu'après s'êtreexilé, il est revenu à Sào Tomé « pourle climat, qui nous fait une peau belleet saine ! » Paludisme presque éteint etsans bestioles à redouter, Sào Tomé vadiluer nos peurs liées à l'Afrique. Samétéo triste et gaie a l'humeur portu-gaise, tout comme le patois local, sucréde créole et de mots africains.

Sur le front de mer de la petite ca-pitale, les crépis délavés par le climatde ['équateur ont la noblesse des ta-bleaux d'Alechinsky... Cathédrale etbâtiments coloniaux disent le rêve éva-noui du Portugal, celui d'un empireplanétaire métissé... mais tissé de souf-frances. Découverte avant l'Amériqueun jour de la Saint-Thomas, l'île dumilieu du monde fut une halte pourles esclaves envoyés au Brésil. Royaumede la canne à sucre, elle fut la premièreafricaine à accueillir les cacaoyers duNouveau Monde. Sâo Tomé et Principe,les deux îles de ce confetti grandcomme la Martinique, produisaient en1910 l'essentiel du cacao mondial. Al'indépendance, en 1973, l'île chocolatchuta de son trône : les descendantsd'esclaves plantèrent là les plantations,laissant les splendides rocas (maisonsde maître) pourrir dans la forêt. Elleest sous perfusion d'aide internationale,mais la petite nation connaît son passéet croit en son futur. Le bar de I hôtel Bom Bom

A g pet i te ba ignadeen f in de jou rneeic i l 'A f r i que se découvreCÔTE MER

Sur les routes, de longues files degamins en uniformes blanc et bleu vontvers l'école, s'abritant la tête d'une feuillede bananier. Ici, un habitant sur deux amoins de 12 ans. Espoir de la nation, ilaffirme la fertilité de cette île-volcan,où un balai planté en terre prend racineen trois jours. Les cases en jaune etvert ont la simplicité de grands cageotsmontés sur pilotis, mais elles cachentun jardin ruisselant de papayes, de co-rossols suaves, de fruits à pain au parfumde chou-fleur... Pourquoi braver le largelorsque, à dix minutes de pirogue, onattrape des poissons volants? Autreterre, autres mœurs : ici, le dénuementparaît une leçon de vie.

Quant au fameux « enfer vert », c'estune matrice amicale, léchée comme un




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Ici, non seulementla J U N G L E n'amangé personne, maiselle se donne àsavourer aux meilleurspros de la dégustation

tableau du Douanier Rousseau. Caostoppe la voituie, plonge dans les tailliset revient chargé de jeunes branches.Malaxées sous la pluie, elles produisentune mousse compacte qui nettoiera lepare-brise « On vend peu de savon aSâo Tomé, sourit-il. Vin de palme, fruitssauvages, dentifrice, médicaments... :la forêt offre presque tout. » Que lafête commence ! Au sud de Sào Tome,une houle de collines aux 50 nuancesde vert se troue de pains de sucre. Leplus haut ressemble au repaire de KingKong. Phallus geant de 600 mètres, ca-ressé par des nuages en anneaux quimontent et descendent, le Pico de SàoTomé tient fermement I île sous la loide la fécondité.

« Cuisine!, c'est faire l'amour », déclarel'homme qui a dressé ses tables face à cepassage irréel, sur la terrasse vermoulued'une ancienne roça. Sourire solaire etmots pesés, Joào Cal los Silva a longtempsrégalé les téléphages portugais d'émissionsculinaires, puis a regagne son île pouren être l'ambassadeur gourmand. Lesproduits du lardin ont quèlques metres

Er bas Cla id io C o r a l l o unA f r i c a i n - ne en T o s c a n e a rendu

a Sao Tome son ancien surnomI ILE CHOCOLAT Pr inc ipeaccue i l le ses ca fé ie rs sa passion

La place de I e g l se deSanto A n t o n i o (P r inc ipe )le charme des crép isd e l a / e s par la meteode L EQUATEUR

a Santini poui gai mr les assiettes.ce\iche de mai lin (espadon) à la coiiandre magnifie mangue et fruits dela passion avec une huile d'oli\ e intense,le thon marine fraie avec la carambole,la papaye verte et une feuille de coriandrefrais cueillie. Non seulement la junglen'a mangé personne mais elle se donnetoute à mangei. Pour preuve, le chocolatde daudio Corallo, ici croqué avec unepulpe de cacao (le mucilage, au goûtfinement abricot*) relev ec de gingembreet de poivre sauvage

Pour l'ausculter de pres, attendonsd'être sur l'autre île, Principe. La plantationde Sào Tome où Claudio Corallo nousattend est dédiée à sa « vraie passion »le café. Impassible sous la pluie chaude,ce bourlingueur né en Toscane (!) reçoitdans son jardin seciet. un bout de foi etclaire d'où l'on voit la mer, 600 mètiesplus bas. Ses yeux bleu laser et sa mous-tache coloniale irradient la joie lesanilles - lianes enroulées autour des,rands arbres - se sont fécondées seules..;e qui n'arme en principe jamais! « La"attire, triomphe-t-il, a trouve son che-

m ! » Sans doute est-elle en sympathieiv ec ce terroir, où les caféiers bourbon,'rando novo et caturra - arbustes denses

couverts de micro censés - s'intègrent.a forêt Connu des seuls Portugais, le

afe de Sâo Tome est un nectar aussifroid que chaud : le grand poète

tssoa y trempait sa plume. Corallo pro-:este : « Mon café n'est pas celui de Sào

>me ' C'est le mien ' » Vrai, car ce soleilnoir est la quintessence de quarante an-nees d'Afrique, vécues par cet aventurier

Jack London. « le voulais être Tarzan »,"uni celui qui planta son robusta aun fond de l'immense Zaïre, a 1650 ki-

lomètres de pirogue de la capitale. « Mon:œur est i esté au Kivu », dans cette




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jungle où il courait pieds nus avec lesguerriers locaux.

Une demi-heure d'avion à hélicesnous fait atterrir à Principe (prononcez« Prispe »), sur une piste trouant la forêt.On aurait pu tourner Jumssic Park surce château de verdure à peine grandcomme Paris et maigrement peuplé.Mais l'hôtel Bom Bom rend importantce bout du monde. Rouge et vert intensesd'une piste en latérite entre deux buffetsd'orgues végétales. Sous les arbres auxpieds musculeux, voici des orchidéessauvages et des frondaisons d'érythrines :leurs pétales orange vif forment à terreun tapis de braises. Passé le porche del'hôtel, la jungle essaie de bien se tenir,éventant les sentiers dallés avec forceparfums de fleuriste.

Et soudain, c'est le rêve. Une longueplage cuivrée, au sable onctueux commedu cacao et quasiment déserte, se laissemollement lécher par les vagues. Aquèlques mètres, de confortables casesrondes à l'africaine tutoient l'océan etson vaste horizon, ouvrant un jour sur

Poissons géants et fruitset l egumes add ic t i f s fontdu MARCHE le centrede la v ie loca le

Macao, un autre sur Bahia. On aperçoitdes oiseaux bleus inconnus ailleurs, destortues venues enfouir leurs oeufs etde gros crabes de terre patrouillant lanuit, la pince au garde-à-vous... Le plusfascinant restant ce long ponton quienjambe les vagues et mène au restau-rant de style africain ornant l'île voisine.Ses murs gris nuage, abondamment vi-tres, donnent le sentiment d'un déjeuneren haute mer... C'est là que les pêcheurs,dès 6 heures, viennent présenter leursprises au chef Jeandré, Sud-Africain de24 ans qui s'éclate avec le ragoût delambis (gros coquillage des mers tro-picales) et le malka nofogo, un barracudaflanqué de makéké, l'aubergine locale.

Comment ce lieu extra-galactique,oublié, loin de tout, maintient-il chaquejour un service impeccable? C'est lesecret de Sergio, lejeune directeur queses employés comparent à Jésus-Christ :« II est partout en même temps. » Encaressant Chaplin, son perroquetapprivoisé, il raconte comment le BomBom (en français : « Bon Bon ») estdevenu le premier employeur de l'île,rénovant les routes, salariant des pro-fesseurs, expérimentant des cultureset embauchant des agronomes pourrendre à la jungle les vastes terrainsautrefois plantes qu'il a reçus en conces-sion, et qui comptent 1,6 kilomètre de

ages admirables... Ainsi l'a voulu Mark-Uttleworth, jeune businessman sud-ricain qui, après s'être envolé dans

espace (les îliens l'appellent « l'hommelela lune »), a racheté l'hôtel pour s'y

'jouer un remake d'Au cœur des ténèbres,de Conrad. Lui doit-on la reconnais-[sance de l'île en réserve de biosphère

nesco? Principe (l'île du Prince) a'trouvé son principe : préserver labiodiversité. Il valide le rare panelfëxcursions proposées par l'hôtel :

Autour de nous, la mer,les pains de sucre

et le manteau de jungleoù sifflent les cascades

composent une baiede Rio miniature,

mais VIERGE

Ci -con t re la cachoeirade pescjueira (« cascadede pêche») sur I i l ede Sao Tome Ci-dessousa messe dom in i ca le

a Santo Anton io( P r i n c i p e ) A g

e x u b é r a n c e d unenature a la Douan ie rRousseau




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promenades en jungle, approche desbaleines plongées coralliennes au milieudes gorgones des hippocampes et despoissons trompettes

Dans l'église blanchâtre de San Antonio la petite capitale les dames chonstes louent le Seigneui en ondulantdu popotm - a la grande joie des gaminsassis demeie Repienons nos parapluiesDieu nous attend Ombragées de grandsaibres les cacaoveres de Claudio Corallodevaient une colline en boid de merlourdes de petits ballons de rugb} oranges (les cabosses) quon cueille avecgrand soin Elles piodunont lextiaoidinaii e chocolat que Claudio moule encarres a Sào Tome, avec des variantesau gingembre, au raisin infuse d'alcoolde mucilage (le chocolat au pimentet a la fleui de sel est un nirvana total)vendues sur l'île a des tarifs de philanthiope Quel est son seciet? Occupe asécher les feves dans un hangar aèremaîs couvert, il émet un « Eh ' » matoisde paysan toscan « Ce n'est pas qu iln'y ait qu'un seul secret Ou alors lesecret, c'est d'être la » « La », c'est laroça décrépite ou il réside dormant sutun sommier dans une chambie sansfenêtre, maîs donnant sur un immensefiomager ou crient les perroquets II \a du Visconti dans ce decor splendidemaîs ruine du François d'Assise dansce vœu de pauvrete, au bord d'un desplus beaux paysages du monde Autourde nous la mel, les pains de sucie et lemanteau de ]ungle ou sifflent les cascadescomposent une baie de Rio miniaturemaîs vierge Lai rivée d'un nuage metfin au spectacle A cet instant le paysagea dispaiu Claudio Corallo vient de lemettre dans son chocolat• JACQUES BRUNEL

To sant Sao Tome le Picodo Cao Grande( p e du Grand Chien )a tout d un totemde FERTILITE

Une demi heure d ax iona helrces su f f i pou; passerde Sao Tome a Pr inc ipedeux HEC PERDUESdans le gol fe de Gu nee

D E P A R T M M E D I A T

Sào Tomé-et-PrincipeLe sejour de 9 jours à Sao Tomeet Principe coûte 2 650 €avec Club Faune(www club faune com) II comprendles vols Pans Sao Tome 3 nuitsa I Omali Lodge et 4 a I hotelBom Bom en demi pensionplus unjoui dexcursionRenseignements sur I Etat de SaoTome et Principewww^ao tome tf/Tounsme

OU DORMIR?A Sao TomeOmali Lodge piesdelaeiopoitDe bon standing et bien tenu230 € la chambie doublewww omaltlodge comA PrincipeHotel Bom Bom a pai tirde 380 € la chambre doubleen demi pensionwww bombomprmape com

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