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1 [Page de garde] AU NOM DE DIEU, AMEN Livre, soit nouveau registre, commancé pour l’assemblée du 6 février 1777 par le secrétaire. Jean Philibert André Esaye Vullyamoz, secrétaire du v. Consistoire. [p. 1] AU NOM DE DIEU, AMEN 6 février 1777 [-] 8 e . assemblée dès la S t . Michel 1776 à celle de 1777 Du jeudi 6 février 1777. Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, ancien boursier Rosset, conseiller Destallents, et secrétaire. [-] Concernant la veuve Cardinaux Conséquemment aux ordres de la v. Chambre du 23 janvier dernier, le secrétaire de scéans a expédié un double de la procédure concernant la veuve de Jean Cardinaux, née Balessat, de Palaisieux, et Baptiste Sibut, chamoiseur, de Grenoble, à l’adresse de M r . le juge du v. Consistoire dudit Paleisieux, le samedi 25 janvier dernier. [-] Ladite veuve Cardinaux c’est retirée pour se rendre à sa communauté. En conséquence de quoi les préposés de ladite communauté vinrent samedi 1 er . du courant mois de février pour emmener ladite Cardinaux avec ses enfans. Nous ayant été attesté par l’huissier de la v. Chambre que ladite veuve Cardinaux s’étoit retirée de cette ville avec sa famille le mardi suivant, 4 du courant, pour se rendre à sa communauté de Paleisieux, bailliage d’Oron, en exécution de son congédiement ordonné par la pollice de cette ville. [-] Comparoissance du guet J n . Daniel Delessert, Thenoz, Michod, Clavel. En suitte de cause, paroissent Jean Daniel Delessert, le guet, Samuel Thénoz, Frédérich Michod et François Clavel. Delessert a soutenu à Samuel Thenoz, qu’il avoit dit à Cretenoud, lequel se plaignoit d’avoir été battu : « C’est ton dams. Pourquoi m’a tu dis des sottises ? ». [p. 2] Samuel Thenoz interpellé à ce sujet, répond qu’il ne se rapelle point d’avoir tenu un tel propos, et qu’il s’en rapporte à la déclaration du guet. Ledit Delessert, interrogé s’il a quelque chose à dire à la charge des autres. Il a répondu que non. Interrogé à quelle heure cette contestation a eu lieu. Répond que c’est entre onze heures et minuit, veille de Noël. [-] Comparoissance de Fédérich Laurent. Frédérich Laurent, assigné à ce jour, paroissant pour être en contravention d’avoir donné du vin, contre les reiglemens, à onze heures du soir, la veille de Noël dernier. Répond que la compagnie de Cretenoud se retira à neuf heures, et que les trois domestiques avoient quitté le bouchon et étoient passés en une chambre particulière. Ajoutant qu’il a été amandé de 20 baches au corps de garde. La v. Chambre, par son délibéré concernant le cas de Frédérich Laurent, vendeur de vin en S t . Laurent, pour avoir donné lieu aux scandales arrivés la veille de Noël dernier en donnant du vin contre les ordonnances souveraines, a été condamné, outre les frais de sa comparoissance seulement, à l’amande de cinq florins.

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[Page de garde]AU NOM DE DIEU, AMEN

Livre, soit nouveau registre, commancé pour l’assemblée du 6 février 1777 par le secrétaire.Jean Philibert André Esaye Vullyamoz, secrétaire du v. Consistoire.

[p. 1]

AU NOM DE DIEU, AMEN

6 février 1777

[-] 8e. assemblée dès la St. Michel 1776 à celle de 1777Du jeudi 6 février 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, ancien boursier Rosset, conseiller Destallents, et secrétaire.

[-] Concernant la veuve CardinauxConséquemment aux ordres de la v. Chambre du 23 janvier dernier, le secrétaire de

scéans a expédié un double de la procédure concernant la veuve de Jean Cardinaux, néeBalessat, de Palaisieux, et Baptiste Sibut, chamoiseur, de Grenoble, à l’adresse de Mr. le jugedu v. Consistoire dudit Paleisieux, le samedi 25 janvier dernier.

[-] Ladite veuve Cardinaux c’est retirée pour se rendre à sa communauté.En conséquence de quoi les préposés de ladite communauté vinrent samedi 1er. du

courant mois de février pour emmener ladite Cardinaux avec ses enfans. Nous ayant étéattesté par l’huissier de la v. Chambre que ladite veuve Cardinaux s’étoit retirée de cette villeavec sa famille le mardi suivant, 4 du courant, pour se rendre à sa communauté de Paleisieux,bailliage d’Oron, en exécution de son congédiement ordonné par la pollice de cette ville.

[-] Comparoissance du guet Jn. Daniel Delessert, Thenoz, Michod, Clavel.En suitte de cause, paroissent Jean Daniel Delessert, le guet, Samuel Thénoz,

Frédérich Michod et François Clavel.Delessert a soutenu à Samuel Thenoz, qu’il avoit dit à Cretenoud, lequel se plaignoit

d’avoir été battu : « C’est ton dams. Pourquoi m’a tu dis des sottises ? ».[p. 2]

Samuel Thenoz interpellé à ce sujet, répond qu’il ne se rapelle point d’avoir tenu un telpropos, et qu’il s’en rapporte à la déclaration du guet.

Ledit Delessert, interrogé s’il a quelque chose à dire à la charge des autres.Il a répondu que non.Interrogé à quelle heure cette contestation a eu lieu.Répond que c’est entre onze heures et minuit, veille de Noël.[-] Comparoissance de Fédérich Laurent.Frédérich Laurent, assigné à ce jour, paroissant pour être en contravention d’avoir

donné du vin, contre les reiglemens, à onze heures du soir, la veille de Noël dernier.Répond que la compagnie de Cretenoud se retira à neuf heures, et que les trois

domestiques avoient quitté le bouchon et étoient passés en une chambre particulière. Ajoutantqu’il a été amandé de 20 baches au corps de garde.

La v. Chambre, par son délibéré concernant le cas de Frédérich Laurent, vendeur devin en St. Laurent, pour avoir donné lieu aux scandales arrivés la veille de Noël dernier endonnant du vin contre les ordonnances souveraines, a été condamné, outre les frais de sacomparoissance seulement, à l’amande de cinq florins.

2

Et quand aux trois autres domestiques, pour le scandale qu’ils ont commis dans ditescirconstances, ont été condamnés aux frais de leur comparoissance et cittations, à donner dixbaches au guet Delessert, et avoir un censure, qui a été exécutée par Mr. le révérend doyenPolier de Bottens.

[-] Frédérich Laurent a subi la prison.Frédérich Laurent, au rapport du délibéré de la v. Chambre, après les exortations qui

lui ont été faites, s’étant [p. 3] refusé de payer, encore avec indécence et despect, la v.Chambre a ordonné, en conséquence, que dès aujourd’hui il devra être conduit à l’Evêchépour deux fois 24 heures de prison, outre les frais et l’amande qu’il sera obligé de payer.

[-] Concernant Pre. Louis Gabriel Fiaux.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, concernant P. L. Gabriel Fiaux, de Lausanne, et AnneMarie Cheris, de Bex, du 23 janvier 1777, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Pierre Louis Gabriel Fiaux, de Lausanne, fils de votre huissier de Consistoire, Moyse

Fiaux, et Anne Marie Cheris, de Bex, se sont présentés aujourd’hui par devant nous, exposantqu’ils s’étoient promis mariage l’un à l’autre, et que sur la bonne foy de ces promesses, laCheris se trouvoit actuellement enceinte. Mais que le père Fiaux s’opposoit à ce mariagecontracté par son fils mineur. Qu’au surplus, les bans n’avoient été publiés qu’une fois, et déjàle dimanche avant le nouvel an.

Sur ce, nous vous manifestons notre surprise de ce que vous ne nous avez point encoreinformés de cette affaire, et vous chargeons amiablement d’adresser au père Fiaux, toutes lesreprésentations convenables pour l’engager à ne plus mettre obstacle à ce mariage, l’assurantque nous verrions avec beaucoup de satisfaction qu’il donnât son consentement.

Que si, contre toute attente, il refusoit de prêter l’oreille à vos exortations à ce sujet,vous ne négligerés [p. 4] pas de nous envoyer incessamment ses raisons d’opposition parécrit.

Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 23 janvier 1777.Reçue le 27e. janvier 1777.[-] Concernant le père Fiaux qui consent au mariage de son fils.Lecture faite dudit rescrit en présence du Sr. Moyse Fiaux, huissier de cette Chambre,

père dudit P. Louis Gabriel Fiaux, son fils.Vivement exhorté à donner son consentement au mariage de son fils avec Anne Marie

Cheris, de Bex, pour répondre aux vues de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, quien enjoignent très expressément à la v. Chambre d’i engager ledit père. Lequel prenant enbonne part ce qui lui a été représenté à ce sujet, s’est tant empressé à manifester que, parrespect pour nosdits illustres seigneurs, il retiroit solemnellement son opposition. Ce à quoiMessieurs les vénérables doyens l’avoient déjà fortement exhorté en particulier, et l’espéranceoù ils étoient de l’amener à ces dispositions favorables a été cause que jusques ici ilsn’avoient point informé la v. Chambre de l’état de cette affaire.

Ordonné au secrétaire de scéans d’expédier le plutôt possible à nos illustres seigneursdu Consistoire suprême un double de ce que desus.

[-] Déclaration de Frédérich Piter et de Jeanne Louise Baudet.Monsieur le président met sur le bureau un billet de paternité de Frédérich Piter, de

Lügnore, envers Jeanne Louise Baudet, de Bottens, en date du 26 janvier 1777, dont la teneursuit.[p. 5]

Du dimanche 26 janvier 1775, 6 heures du soir.

3

Frédérich Piter, de Lugnorre, Consistoire de Môtier, au bailliage de Morat, âgéd’environ 23 ans, monteur en boete en or, ci devant ouvrier à Genève, n’ayant pu suivre aumariage qu’il se proposoit de contracter avec Jeanne Louise Baudet, fille de Louis Baudet, deBottens, au bailliage d’Echallens, âgée de 35 ans, ci devant servante à Genève, domiciliéeprésentement chez son père, à la Chenau de Bourg, bannière de Bourg, enceinte de sesœuvres, à cause des oppositions légales que ses père et mère y ont faites auprès de Mr. ledoyen Cochet, je déclare solemnellement que je me reconnois d’ors et déjà père de l’enfantdont ladite Baudet accouchera, devant porter mon nom, être de ma bourgeoisie, et entretenupar moi seul. M’étant engagé de paroître volontairement par devant le v. Consistoire deLausanne, sans frais, dès l’avis que l’on m’aura donné de son accouchement.

En témoin de quoi signé, sous l’obligation générale de mes biens, Lausanne ce 26janvier 1777.

Signé : Frédérich Piter, de Lignore.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.La Chambre, après avoir entendu la lecture dudit engagement, en a ordonné

l’enregistrement, de même que celui des annonces qui ont été produites et publiées, suivant lerapport de Mr. le révérend doyen Polier de Bottens, sans opposition à Lausanne. Et pour plusgrande précaution, les préposés de la v. Chambre devront se rendre auprès d’elle pourl’entendre à l’instant de ses couches.[p. 6]

[-] Annonces de Frédérich Piter et Jeanne Louise Baudet.Copie des annonces que le même Frédérich Piter avoit remise le 8 7bre. 1776 à Monsr.

le vén. doyen Leresche, pour être publiées dans l’Eglise de Lausanne.Il y ait promesse de mariage entre Frédérich, fils de Jacob Pitter, de Lignore en Wuly,

bailliage de Morat, d’une part, et Jeanne Louise, fille de Louis Baudet, de Bottens, bailliaged’Echallens, habitant à Lausanne, d’autre part.

Signé : Frédérich Pitter.

20 février 1777

[-] 9me. assemblée dès la St. Michel 1776 à 1777.Du jeudi 20 février 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, banneretSecrétan, anc. boursier Rosset, conseiller Vullyamoz, et secrétaire.

[-] Concernant le fils Fiaux et Marie Cheris.Le paquet concernant Pierre Louis Gabriel Fiaux, fils de Moyse Fiaux, et Anne Marie

Cheris, de Bex, le père Fiaux ayant retiré ses annonces aux oppositions audit mariage, a étéexpédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi dit 8e. février.

[-] Expédition de l’émolument dûs par André Juan, acquité.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport qu’il auroit expédié hier, mecredi 19

du courant, à Monsr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, treize livres pourémolumens deus à nos illustres seigneurs par André Juan, de Cheseaux, boucher, et habitant àLausanne, selon la sentence rendue contre lui le 2 7bre. 1776.

[-] Rapport de la garde.Monsieur le président fait rapport de la déclaration de la garde, dont la teneur suit.

[p. 7]Rapport de la garde de nuit du dimanche 9 au 10 février 1777.Anthoine Mercier, guet, a trouvé, faisant sa tournée, des jeunes gens à faire du

scandale dans la rue entre huit et neuf heures du soir. Et ledit guet leur dit, fort poliment, dene pas faire du bruit et de se retirer chez eux. Ils ont commencé de charger d’infâmies ledit

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guet, et alors le guet en a pris un, qui est ouvrier chez le Sieur Eritieux, cordonnier en St. Jean,et l’autre a donné un coup de poing audit guet au visage, qui l’a fait saigner par la bouche, quiest Gressy, le fils, demeurant à la Barre. Et en ayant rendu sachant Mr. le bourgmaistre, qui aordonné d’en faire le rapport à Monsieur le lieutenant baillival pour les faire venir enConsistoire.

Signé : Noverraz, sergent de la garde.Autre rapport de la garde de nuit du dimanche 9 au 10 février 1777.Anthoine Mercier, guet, faisant sa tournée de huit heures, trouva en rue, vis à vis de la

maison où fait vendre vin Mr. Constant en l’alle de St. Laurent, environ une dizaine de jeunesgens qui se battoient. Lesquels il séparat avec le secours de Mr. Joseph, en sorte qu’ils sequittèrent.

Ledit guet ayant continué sa marche ordinaire, et faisant sa seconde tournée, trouvacinq à six desdits jeunes gens, lesquels crioient et faisoient du bruit et des huées affreuses, illeur dit, fort honnêtement, même jusques à trois fois, de cesser un bruit aussi scandaleux. Lejeune Gressy luy ayant chaques fois répondu en termes despectueux qu’il ne convient pas derapporter mot à mot, qu’il se moquoit de lui, s’étant même approché à la troisième fois aupoint d’être face à face, et cela pour le bavarder. Ce dont ledit guet se trouvant méprisé etchocqué au vif, lui donna un coup de son bâton pour l’écarter,

Or, ledit guet doutant que les autres de ces jeunes gens ne se fussent rendus sur laplace de Chauderon pour recommencer leurs querelles, dirigeat ses pas de ce côté. Cheminfaisant, le long du fauxbourg de l’asle, le susdit Gressy, accompagné [p. 8] d’un camarade,suivirent Mercier pas à pas en l’invectivent et qualifiant de brigand, voleur et autres épithèteséquivalentes. Jusques étant parvenus vis à vis la maison apartenante à des allemands qui fontdu verd de gris, le dit Gressy s’étant avancé tout à coup, frapat ledit guet d’un grand coup depoint au visage qui le fit saigner, et s’évadat. En sorte que le guet ne put l’attraper, mais secontentat de saisir son camarade, lequel ne prit pas la fuite, et le conduisit au corps de garde.

Signé : Jean Anthoine Mercier, guet.Le jeune homme qu’Anthoine Mercier avoit amené au corps de garde, étant dans la

chambre d’arrêt, le jeune Gressy pensant qu’il ne seroit pas reconnu, eut la témérité, oul’effronterie, de se rendre audit corps de garde rendre visite à son camarade, où ledit Mercierle fit arrêter et transférer à ladite chambre d’arrêt, où étant, il vomit mille imprécations. Surquoy le jeune Nicole, garde de jour, lui ayant dit de se taire, qu’il devroit avoir honted’offenser Dieu par les juremens infâmes qu’il proféroit, alors, tournant sa rage contre leditNicole, l’injuriat de la manière la plus attroce, le qualifiant de voleur, fripon, &c. Que s’ilvalloit quelque chose, il n’auroit pas pris un poste de canaille tel que celui qu’il occupoit, etqui étoit un poste de vaurien, &c.

Signés : Noverraz, sergent de garde ; Pierre Abram Nicole, garde ; Jean Nicole, garde.[-] Comparoissance du guet Anth. Mercier, de Gressy et de François Junod.En suitte desquels, ont été assignés Gressy et Junod, de même que le guet Anthoine

Mercier, pour être entendu en contradictoire, confirmant sa précédente déclaration, dontlecture lui a été faite en présence des assignés.

Jean Nicolas Gressy, fils de Jean Christophe Gressy, de Bussigny, âgé de 22 ans,maçon de profession, paroissant, avance pour sa justification qu’il est vrai qu’il a porté uncoup au guet, après en avoir reçeu un coup de bâton, et passe [p. 9] négative de lui avoir ditaucunne injure, ni d’être allé sur le guet en le menaçant et en le poursuivant. Et a ajouté qu’ila payé cinq baches au guet pour le coup qu’il lui avoit donné.

[-] Comparoissance de Junod.François Junod, âgé de 19 ans, du bailliage de Grançon, ouvrier cordonnier chez Mtre.

Eritieux, en St. Laurent, se reconnoissant en faute et s’en repentant, se recommande à lacharitable bienveillance de la vénérable Chambre.

5

La v. Chambre, par son délibéré, après avoir entendu les raisons réciproques desditsNicolas Gressy et François Junod, a trouvé qu’à la suitte des charges qu’il y ait contre leditGressy, devoit être conduit à la porte de la prison, en payant sa comparoissance et autres fraisaccessoires.

Quand à Junod, eu égard à la manière repentante avec laquelle il c’est présenté, on lecondamne seulement aux frais de sa comparoissance, l’un et l’autre devant recevoir unecensure. Laquelle leur a été adressée par Mr. le doyen Leresche.

Monsieur le président fait rapport d’une autre relation par écrit de la garde, dont lateneur suit.

La nuit de dimanche 16 au 17 février 1777.Jean Phillibert Mercier, guet au quartier du Pont, a entendu dancer dans la pinthe de

Mr. le capitaine Turtaz, y est allé pour l’empêcher, et Mr. Turtaz lui a ordonné de prendre leviolon et le porter au corps de garde. Ce qu’il a fait entre huit à neuf heures. Lausanne le 17février 1777.

Signé : Noverraz, sergent de garde.[-] Brevet donné ledit jour à Mr. le banneret du Pont, au bas du rapport.Sur quoi délibéré, la v. Chambre prie Mr. le banneret Secrétan d’en faire le rapport aux

honnorés seigneurs du Conseil, pour expulser cet homme, joueur étranger de violon.[-] Concernant le père Fiaux à l’occasion du mariage de son fils et Anne Marie Cheris.Monsieur le président fait rapport d’une lettre de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant la satisfaction qu’ils ont de la levée des oppositions qu’avoit faite le pèreFiaux au mariage de son fils, dont la teneur suit.[p. 10]

[-] LausanneNous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous avons appris, avec une satisfaction toute particulière, que votre bourgeois,

Moyse Fiaux, auroit retiré ses oppositions au mariage que son fils, Pierre Louis Gabriel Fiaux,domicilié dans la capitale, se propose de contracter avec Anne Marie Cheris, de Bex, et qu’ildonneroit son consentement. Nous vous chargeons amiablement de lui témoigner notre bonplaisir de sa résolution, et nous vous faisons du reste nos remerciemens des soins que vousavez pris pour le mener à ce but. Nous avons laissé aux jeunes époux la liberté de continuer lapublication des bans, ou de faire bénir leur mariage dans la capitale pendant le courant de lasemaine prochaine. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 10e. février1777.

Reçue le 14 février 1777.[-] Concernant la plainte de la veuve Delaperry.Lecture faite d’une plainte faite à notre secrétaire, de la part de la veuve Delaperry

contre George, fils de la veuve Dupraz, sa locataire, demeurant en St. Etienne, rue et bannièrede la Cité, d’un scandale commis à son égard et des maltraitemens qu’elle en a reçeu lesamedi 17e. du courant mois de février, à sept heures et [demi] du soir, pour requérir trèsrespectueusement de la v. Chambre de mettre à l’abri de nouvelles insultes ladite veuve.

La vénérable Chambre, considérant que ce cas étoit une affaire de police, prie Mr. lebanneret de la Cité de porter le fait à nos honnorés seigneurs du Conseil, selon sa prudence.

[-] Frédérich Laurent a subi sa peine. Relaté.L’officier de la v. Chambre fait rapport qu’il auroit conduit Frédérich Laurent, vendeur

de vin à la Voûte, jeudi 6 dernier du courant mois de février, à l’Evêché où il a subi la prisonde deux fois 24 heures, en suite du délibéré de la v. Chambre du 6 du courant, et a payé lesfrais.

6

[p. 12]1

6 mars 1777

[-] 10e. assemblée dès la St. Michel 1776 à la St. Michel 1777.Du jeudi 6 mars 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés, Messieurs doyens Polier de Bottens, Lereche, pasteurs Besson,Chavannes, bannerets de Saussure, Secrétan, anc. boursier Rosset, conseiller Destallents, etsecrétaire.

[-] Concernant Marie Odier et Jean Isaac Berthollet.Le noble seigneur président met sur le bureau la clame de paternité de Marie Odier, de

Lavigny, contre Isaac Berthollet, d’Aubonne, du 4 mars 1777, dont la teneur suit.Du mardi 4 mars 1777, 5 heures du matin.Marie Odier, fille de Nicolas Odier, de Lavigny, Consistoire de Lavigny, bailliage

d’Aubonne, habitant de Lausanne, domiciliée présentement chez son père au faubourg duChêne, bannière de Bourg, tailleuse de profession, âgée de 26 ans, déclare être enceinte desœuvres d’Isaac Berthollet, d’Aubonne, habitant de Rolle, homme marié, tailleur deprofession, âgé d’environ trente ans, chez qui elle a été ouvrière pendant longtems. Soncommerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant du mois de may 1776, etcontinué jusques à la fin de juin. Elle compte d’être enceinte d’environ huit mois et quelquesjours. En témoin de quoi signé, Lausanne ce 4 mars 1777

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance desdits.Marie Odier paroissant. Après avoir entendu la lecture dedite déclaration, elle l’a

confirmée en tout son contenu.Jean Isaac Berthollet paroissant, assigné par lettres ici produites, du 4 du courant,

bourgeois d’Aubonne, demeurant à Rolle, taillieur de profession, homme marié. Après avoirentendu la lecture de la déclaration de Marie Odier, en reconnoît la vérité, déclarant d’ors etdéjà qu’il est le père de l’enfant dont [p. 13] ladite Odier est enceinte, devant porter son nom,être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul. Ayant ajouté qu’il n’insistoit point à ce queladite Odier fut examinée à l’instant de ses couches. Au surplus, il a promis de paroîtrevolontairement par devant la v. Chambre après l’accouchement de ladite Odier, pourconfirmer sa présente déclaration.

Lecture faite, a persisté.Sur quoi délibéré, la v. Chambre ne se refuse pas à continuer la suite de cette

procédure, vu les engagements que deux assesseurs du v. Consistoire de Lavigny ont pris,suivant la déclaration qu’ils ont ont fait au noble seigneur lieutenant baillival, d’en procurerune guarantie.

[-] Brevet a été expédié mardi 11 mars.Brevet sera adressé à Mr. le banneret de Bourg pour en faire le rapport à nos honnorés

seigneurs du Conseil.Du reste, il ne sera plus donné, suivant l’usage, communication au Consistoire de

Lavigny de cette procédure, d’autant que deux assesseurs dudit Consistoire en ontconnoissance.

Il a été recommandé à ladite Odier d’avoir [soin de] son fruit.[-] Concernant Marie Lavanchy et Louis Rolet.Du dimanche 2 mars 1777, 3 heures après midi.Marguerite Lavanchy, fille de feu Jean Jaques Lavanchy, de Lutry, domiciliée chez le

Sr. Jean Lavanchy, son tuteur, tailleuse de profession, âgée de 26 ans, déclare être enceinte 1 Erreur de pagination, le scribe passe de la p. 10 à la p. 12.

7

des œuvres de Louis Rolet, de Moncenis en Bourgogne, perruquier, ci devant ouvrier en cetteville. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de décembre dernier, etcontinué jusqu’en janvier.[p. 14]

Il lui a fait des promesses verbales de mariage. Elle compte d’être enceinte d’environtrois mois.

En témoin de quoi signée, Lausanne ce 2 mars 1777.Signée : Marguerite Lavanchy.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Marguerite Lanvanchy paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration. Elle l’a

confirmée en tout son contenu.Louis Rolet, duement assigné, paroissant. Après avoir entendu la lecture dedite

déclaration, en a reconnu la vérité. N’insiste point à ce que ladite Lavanchy soit entendue àl’instant de ses couches pour se reconnoître le père de l’enfant dont ladite Lavanchy estenceinte. Lequel devra porter son nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui seul.

Lecture faite, a persisté.Sur quoi délibéré, la v. Chambre, au lieu de continuer cette procédure, il faloit en

envoyer la suite au v. Consistoire de Lutry dont ladite Lavanchy est ressortissante, et celad’autant plus qu’elle se propose d’aller faire ses couches à Corsier sur Lutry, chez son père,soit dans son ressort.

Ordre au secrétaire de donner communication de cette procédure au v. Consistoire deLutry.

[-] Brevet expédié le mardy 11 mars 1777.Brevet sera adressé à Mr. le banneret de Bourg pour informer nos honnorés seigneurs

du Conseil de la conduite désordonnée dudit Rolet.Ladite Lavanchy rentrée, il lui a été ordonné d’avoir soin de son fruit.

[p. 15]20 mars 1777

[-] 11me. assemblée dès la St. Michel 1776.Du jeudi 20 mars 1777.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, [pasteurs] Chavannes, Sprunglin,pasteur de l’Eglise allemande, présent, banneret de Saussure, Secrétan, anc. bours. Rosset,conseiller Destallents, et secrétaire.

[-] Concernant Marguerite Lavanchy.Le paquet concernant Marguerite Lavanchi et Louis Rolet, ait été expédié le mecredi

12 du courant mois de mars à l’adresse de Mr. le juge du v. Consistoire de Lutry, d’où laditeLavanchy est ressortissante.

[-] Concernant Jeanne Louise Reymondin et Jacob Neuenschwander.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne

Louise Raimondin, de Pully, contre Jacob Neuenschwander, de Langnau, du 26 février 1777,dont la teneur suit.

Du mecredi 26 février 1777, 9 heures du matin.Jeanne Louise Raimondin, fille de feu Marc Antoine Raimondin, de Pully,

blanchisseuse, âgée de 23 ans, domiciliée chez sa mère, au faubourg de Martherey, bannièrede Bourg, déclare être enceinte des œuvres de Jacob Neuenschwander, de Langnau,actuellement à Brevau, près de Moudon. Son commerce charnel avec lui ayant commencé etfini en 9bre. dernier. Il lui a promis de ne pas l’abandonner. Elle compte d’être enceinted’environ trois mois et quinze jours.

Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.

8

En témoin de quoi signé, Lausanne ce 26 février 1777.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Jeanne Louise Raimondin paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration. Elle l’a

confirmée en tout son contenu.Ladite ayant dit qu’elle auroit procuré une citation par lettres pour ce jour, ici

produites, consté de la relation de l’officier baillival Poterat, de Moudon, en date du 13 marscourant.[p. 16]

L’officier de la Chambre fait rapport que par une lettre de l’officier Dutoit, deMoudon, qu’il a reçeue en date du 13 du courant, que ledit Neuenschwander étoit parti. Aquoi elle a ajouté qu’il auroit rejoint la compagnie de Mr. le collonel Bergier, régiment May.

La v. Chambre, par son délibéré, a trouvé que communication de cette procédure seroitexpédiée aussitôt au v. Consistoire de Pully, et qu’on en suspendroit la suite jusques après sescouches.

Ladite étant rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faireappeller à l’instant de ses couches les préposés du v. Consistoire pour être examinée.

Monsieur le président met sur le bureau un rapport de la garde de jour, dont la teneursuit.

Le dimanche 16 mars 1777.Pierre Abraham Nicole, faisant la ronde pendant le cathéchisme, a trouvé sept hommes

qu’il n’a pas connu, dans la pinthe de l’huissier baillival Chevallet, au fauxbourg deMartherey.

Le même a aussi trouvé, pendant le cathéchisme, trois hommes, dont Jean MarcTaillen étoit du nombre, dans la pinte de Mr. Turtaz, au Pont.

Le guet Jean Albert Gaudin, a trouvé trois garçons allemands dans la pinte de Mr.Turtaz, au Pont, à 9 heures et 3/4 du matin.

Lausanne le 17 mars 1777.Signé : D. Recordon, sergt. de garde.[-] Comparoissance de Jaquillard, vendeur de vin.En conséquence, paroît Jaquillard, vendeur de vin de l’huissier baillival Chevallet,

rapporté avoir été vu par la ronde Pierre Abraham Nicole, pendant le cathéchisme dudimanche 16 mars, dans la pinte de l’huissier Chevallet, sept hommes qui lui étoit inconnu.Certifiant n’avoir point vu de bouteilles sur la table qu’il est rapporté avoir été ôté.

La v. Chambre, par son délibéré, s’en tenant à la déclaration de la garde Pierre AbramNicole, condamne ledit Jaquillard à cinq baches en faveur de la garde, les droits du secrétaireet de l’huissier, pour avoir contrevenu à nos réglemens, par considération l’exemptant del’amande.[p. 17]

[-] Comparoissance de Anne Marie Beney, vendeuse de vin.Anne Marie Beney, femme de David Beney, vendeuse de vin de Mr. Turtaz, au Pont,

paroissant pour avoir été rapportée d’avoir donné du vin dimanche dernier 16 du courant moisde mars, à 9 heures et 3/4, à trois allemands, qu’elle rapporte être en pension chez elle.

Plus dudit jour, avoir donné du vin pendant le cathéchisme, Jean Marc Taillen étoit dunombre.

Après avoir entendu ladite vendeuse dans ses excuses, de même que Jean MarcTaillen, la v. Chambre, après avoir adressé de vives exortations à l’un et à l’autre, exempte etlibère le Sr. Taillens vu qu’il est assisté. Mais quant à la vendeuse Anne Beney, elle veut bienpour le coup ne la condamner qu’à cinq baches en faveur de la garde, aux droits du secrétaireet huissier, et l’exempter de l’amande portée dans les loix consistoriales.

[-] Comparoissance de Anne Muller.

9

Compart Anne Muller, fille de Jean Muller, domiciliée chez son père, au Châtelard,rière le Mont.

Après avoir entendu la lecture de sa déclaration à l’instant de ses couches du 14 Xbre.dernier, des oeuvres de Jean Pierre Cavin, de Veulliens. Elle l’a confirmée en tout soncontenu, en s’adressant à Mr. le révérend pasteur allemand.

Elle a demandé à la v. Chambre de faire assigner de son instance ledit Jean PierreCavin par lettres pour la 15ne.

Accordé.

3 avril 1777

[-] 12e. assemblée dès la St. Michel 1776.Du jeudi 3 avril 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteur Chavannes, présent Mr.Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, banneret de Saussure, boursier Rosset, conseillersDestallents, Vullyamoz, et secrétaire.[p. 18]

[-] Expédition du paquet concernant Jeanne Louise Raymondin.Le paquet concernant Jeanne Louise Raymondin et Jacob Neuenschwander a été

expédié le mecredi 26 mars 1777, à l’adresse de Mr. le juge du v. Consistoire de Pully.[-] Comparoissance d’Anne Muller.Compart Anne Muller, fille de Jean Muller, bourgeois de Neuenegg, baillage de

Laupen, domicilié au Mont. Laquelle auroit fait citter à ce jour Jean Pierre Cavin, demeurantau moulin de Brent, rière Montreux, par lettres ici produites.

[-] Comparoissance de Cavin.Ledit Jean Pierre Cavin paroissant. Lecture lui a été faite de la déclaration des

prud’hommes à l’instant des couches d’Anne Muller, en date du 14 Xbre. dernier, et de cellede la matrone Hauser, en date du 15 dit. Lequel a dit qu’il se reconnoît le père de l’enfantappellé Jean Pierre, [devant] être de sa bourgoisie, et entretenu par lui seul au terme porté parles loix.

Ladite Anne Muller a accepté la déclaration que ledit Jean Pierre Cavin vient de faire,demandant qu’il soit constable de tout les frais de la procédure, priant la v. Chambre desuspendre sa soufferte jusques au 14 juin prochain, qu’elle remettra audit Cavin, à sa charge,ledit enfant.

Et ledit Cavin prie la v. Chambre de lui accorder la même grâce.La v. Chambre, par son délibéré, a rendu sentence sur le cas, ainsi qu’elle en ait le

pouvoir, comme suit. Sçavoir, que Jean Pierre Cavin, fils de Gratien Cavin, de Veulliens,bailliage de Moudon, meunier au moulin de Brent, rière Montreux, s’étant reconnuprésentement père de l’enfant garçon dont Anne Muller, fille de Jean Muller, bourgeois deNeuenegg, bailliage de Laupen, domiciliée au Châtelard, rière le Mont, est accouchée le 14Xbre. 1776, et baptisé à l’Eglise allemande le 18e. dit Xbre., sous le nom de Jean Pierre. Nousavons adjugé d’ors et déjà audit Jean Pierre Cavin cet enfant comme illégitime, devant porterson nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui, de manière qu’il en demeure seul chargéau bout de six mois, tombant le 14 de juin prochain, dès la date des couches, en donnant à lamère trois crones pour son gage de nourice. Le condamnant envers la demanderesse à tous lesfrais de cette procédure, sauf modération. L’un et l’autre devront subir pour cette simple fautela peine de dix jours de prison dans le ressort, ainsi que le lieu du délit. Au sortir de la prison,l’un et l’autre seront admonestés et censurés en la manière accoutumée.[p. 19]

10

Sur la réquisition de ci devant d’Anne Muller et de Jean Pierre Cavin, à ce qu’il plut àcette v. Chambre de suspendre leurs souffertes réciproque jusques au 14 juin prochain, quel’enfant sera remis à la charge dudit Cavin, la v. Chambre veut bien leur accorder le termequ’ils ont demandé. Au rapport, ils ont promis de s’effectuer.

Ordonné qi’il sera donné communication dedite sentence au v. Consistoire de Mézière,et le secrétaire de scéans retirera dudit Cavin dix batz, pour être envoyé à Mr. le secrétaireTschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, avec un abrégé de la procédure, et enparticulier le nom de l’enfant, pour être inscrit au protocole des bâtards.

[-] Concernant Marie Odier et Bertholet.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration de la sage-

femme Amaudruz sur l’accouchement de Marie Odier, de Lavigny, du 23 mars 1777, dont lateneur suit.

Du dimanche 23 mars 1777, midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Marie Odier, d’elle bien connue,

auroit accouché hier au soir, 22 du courant, à 10 heures, au domicile de son père, fauxbourgdu Chêne, bannière de Bourg, d’un enfant garson, viable, à terme et de bonne venue.

Du jeudi 27 mars 1777.Ladite veuve Amaudruz a certifié que l’enfant de Marie Odier auroit été baptisé

aujourd’hui 27 mars, à l’église de St. François, par Mr. le ministre de Dompierre, sous le nomde Jean Pierre François.

Délibéré que ladite Marie Odier devra paroître dans la 15ne., et que Jean IsaacBertholet seroit assigné de même audit jour.[p. 20]

17 avril 1777

[-] 13e. assemblée.Du jeudi 17 avril 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteur[s] Besson, Chavannes, présent Mr.Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, conseiller Destallents, et le secrétaire.

[-] Concernant Anne Muller et Cavin.Le paquet concernant Anne Muller et Jean Pierre Cavin, a été expédié le samedi 5

avril, à l’adresse de Mr. le juge du v. Consistoire de Mézière, bailliage de Moudon.[-] Concernant l’enregistrement du bâtard. Exp. dix batz.Dudit jour, 5e. avril, a été expédié à Mr. Tschiffeli, secrétaire de Consistoire suprême,

la communication de la sentence rendue concernant Anne Muller et Jean Pierre Cavin, avecdix baches, pour l’inscription au protocole des bâtards, de leur enfant illégitime.

[-] Comparoissance de Marie Odier.Compart Marie Odier, assistée de sa mère, contre Jean Isaac Berthollet, d’Aubonne, à

qui, selon son désir, on avoit écrit sans frais, pour paroître aujourd’hui par devant la v.Chambre et y confirmer sa précédente déclaration en date du 6 mars dernier. Mais leditBertholet se trouvant malade, a adressé au noble seigneur lieutenant baillival, une lettre dontla comparoissance (sic : connoissance) prise, qu’il soit fait lecture.

En conséquence de cette lettre, Marie Odier à l’honneur d’exposer qu’il n’y a pas lieud’exiger la présence personelle dudit Berthollet, et qu’elle estime que la procédure estabsolument complète à ce jour vu 1°. Que ledit Berthollet a reconnu la paternité de l’enfantavant sa naissance, dont acte. 2°. Qu’il l’a affranchie d’être entendue à l’instant de sescouches. 3°. Qu’il a paru en personne à l’église lorsque l’enfant a été baptisé.

Sur quoi, la demanderesses prie la v. Chambre d’ordonner la levée de la procédure,affin qu’elle puisse être adressée à nos illustres et puissants seigneurs du Consistoire suprême,

11

à raison de ce que ledit Berthollet est peut être attaqué d’une maladie grave, qui seroit suiviede la mort. Concluant au reste, aux frais de la procédure.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre ayant trouvé qu’il n’y avoit pas lieu d’un ultérieurrenvoy, après avoir entendu la lecture de la lettre adressée à Mr. le président, en date du 16avril courant, a ordonné la levée de la procédure, enjoignant au secrétaire de son expéditionpour samedi 19 du courant.[p. 21]

[-] Déclaration d’Elisabeth Burki ; Michel Bohner, accusé.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de paternité d’Elisabeth Burky,

de Diesbach, banlieue de Berne, contre Michel Bohner, de Wangnen en Alsace, dont la teneursuit.

Du dimanche 13 avril 1777, six heures du soir.Elisabeth Burky, fille de Nicolas Burky, de Diesbach, banlieue de Berne, habitant de

cette ville, rue et bannière de la Cité, servante chez la Dame Favre, à la Cité, âgée de 26 ans,déclare être enceinte des œuvres de Michel Bohner, de Wangnen, près de Strasbourg,luthérien, ci devant garçon taillieur chez Mtre. Maron, à la rue de Bourg, âgé d’environ 25 ans.Son commerce charnel avec lui ayant commencé en Xbre. 1776, et continué jusqu’en février.Ledit Bohner lui a fait des promesses verbales de mariage, et a disparu bientôt après, dans lecourant du mois de mars.

Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois et demi.Lecture faite, a persisté. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 13 avril 1777.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Elisabeth Burky duement citée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration,

qu’elle a confirmé.Mr. le révérend pasteur de l’Eglise allemande informe la v. Chambre qu’ayant appris

que ledit Bohner étoit à Genève, il auroit correspondu avec Mr. le révérend pasteur Fine, quil’auroit avisé, en date du 15 du courant, que ledit Bohner étoit effectivement à Genève chezMtre. Schaefer, maître tailleur.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a renvoyé la continuation de cette procédure jusquesaprès ses couches.

Il lui a été recommandé à ladite Burky, rentrée, d’avoir soin de son fruit, et de faireappeller les préposés à l’instant de ses couches.

Elle a demandé grâce pour les frais, vu sa pauvreté, qui lui a été accordé.[p. 22]

Monsieur le président met sur le bureau un rapport de la garde de jour, de dimanchedernier 13 du courant, pour avoir trouvé pendant le cathéchisme, dans la pinthe de la Voûte oùvend vin Frédérich Laurent, sept personnes, dont deux de sa connoissance, Perrin et Mermier.

[-] Comparoissance de Frédéric Laurent.Judith Cretenoud, femme de Frédérich Laurent, paroissant au nom de son [mari], dit

que ce n’est pas elle qui a donné du vin, et qu’on sortoit du cathéchisme au moment que sonmari en alloit donner.

[-] Celle de Jean Pre. Perrin.Jean Pierre Perrin, vigneron, cité à paroître, avance pour sa justification qu’il étoit

entré dans le bouchon de Laurent sur l’invitation qu’un homme de la compagnie lui avoit faitd’aller boire un verre de vin, et que du reste, il ne c’est passé aucun désordre.

[-] Celle d’Emanuel Mermier.Emanuel Mermier, peintre, paroissant, dit qu’il avoit reçeu une politesse de deux

jeunes italiens qui se trouvoient là, sans aucun désordre. Les uns et les autres s’étantrecommandés aux bontés de la v. Chambre.

12

La v. Chambre, par son délibéré, après avoir entendus les uns et les autres dans leursraisons réciproques, pour arrêter ses désordres qu’il peut résulter de ses tollérances, etconsidérant la récidive de Frédérich Laurent, condamne sa femme à seulement vingt bachesd’amande, et lesdits Perrin et Mermier, à chacun dix baches, sur lesquels se prélèveront lesdroits du secrétaire, de l’huissier et huit baches à la garde, et le reste se metra à la boette.

5 mai 1777

[-] 14e. assemblée dès la St. Michel 1776.Du lundi 5me. mai 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, banderets de Bourget celui du Pont, cons. Vullyamoz, et secrétaire.

[-] Marie Odier et Bertholet.Le paquet concernant Marie Odier et Jean Isaac Bertholet a été expédié à nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême le samedi 19 avril.[p. 23]

[-] Rapport de la garde de jour.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport de la déclaration du sergent de la

garde, en date du dimanche 4 du courant, concernant Abraham Favre, d’Aubonne, dont lateneur suit.

Du dimanche 4 mai 1777, 4 heures après midi.Le sergent Noverraz, de la garde, fait rapport que le nommé Abram Favre, d’Aubonne,

cordonnier ambulant, auroit commis ce jourd’hui un grand scandale à l’église de St. Françoispendant le service de l’après midi. Ordonné que ledit Favre soit retenu jusqu’à demain 2heures après midi, que la v. Chambre s’assemblera pour connoître d’un cas aussi grave.

[-] Déclaration de Mr. le pasteur Vullyamoz.Déclaration de Mr. le révérend pasteur Vullyamoz à ce sujet.Moi soussigné, déclare que le 4 mai 1777, à 2 heures après midi, dans l’église de St.

François, j’ai été interrompu plusieurs fois par un homme qui parloit à haute voix, et dans letems que je faisois mon cathéchisme, et dans la prière à la fin de l’action. Qu’en jettant lesyeux sur cet homme après la bénédiction, je l’ai vu balancer en sortant de son bamp, ce qui aproduit un très mauvais effet dans l’église où l’on rioit de toute part, et chez moi une viveémotion. A Lausanne ce 5e. mai 1777.

Signé : Dn. Vullyamoz, ministre.[-] Comparoissance d’Abram Favre.Ledit Abram Favre paroissant, âgé de 49 ans. Lecture lui a été faite dedite déclaration,

dont la teneur ci dessus.En suite de quoi ledit Favre, reconnoissant sa faute très grave, pour en demander

pardon à Dieu et à la v. Chambre, l’a prie très humblement de lui être indulgente dans ce délitqu’il reconnoît des plus sérieux par le scandale qu’il a causé, duquel il se repand, pour en êtreau désespoir.[p. 24]

La v. Chambre, par son délibéré, ayant vu avec plaisir la repentence d’Abram Favre desa faute, où l’excès du vin l’avoit malheureusement exposé, veut bien user d’indulgence, pourne condamner ledit Favre qu’à une censure conséquente à son délit, et qu’il sera conduitensuite par l’huissier auprès de Mr. le pasteur Vullyamoz pour lui demander pardon duscandale qu’il avoit commis pendant l’exercisse du cathéchisme de hier, lui faisant grâce desfrais vu sa pauvreté et ses infirmités.

13

Mr. le doyen Polier de Bottens lui a adressé la censure des plus touchante, avecbeaucoup de dignité, et dès là, ledit Favre fut conduit par l’huissier auprès de Mr. le pasteurVullyamoz.

Mr. le président met sur le bureau la déclaration de la veuve Lebre, sage-femme jurée,concernant l’accouchement de Jeanne Louise Baudet en date du 2 mai courant, etl’information de la mort de ladite Baudet, dont suit les copies.

Du vendredi 2 mai 1777, midi.La veuve Lebre, sage-femme, déclare que Jeanne Louise Baudet, d’elle bien connue,

auroit accouché ce matin onze heures avant midi, au domicile de son père, Louis Baudet, à laCheneau de Bourg, maison de Charles Garcin, d’un enfant fille, à terme, et qui doit être mortedepuis plus de six semaines vu le degré de putridité.

Dudit jour, 1 heure après midi.Louis Baudet informe que sa fille, Jeanne Louise Baudet, qui venoit d’avoir un

accouchement très laborieux, est mort[e] à midi.[-] Comparoissance de Louis Baudet.Se présente Louis Baudet, de Bottens, habitant de cette ville. Lequel expose que Dieu

ayant disposé de la vie de sa fille et de celle de l’enfant dont elle est accouchée, la clame demariage et de paternité étant tombée par ces tristes évènemens, il prie la v. Chambred’ordonner que la procédure soit levée pour être adressée à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, aux fins qu’il leur plaise de prononcer sur le cas, et que le requérantpuisse avoir un titre contre l’accusé Frédérich Piter, de Lugnore, baillage de Morat, pour serécupérer des grands frais que cette procédure [p. 25] lui a causé, montant à la somme decinquante quatre francs douze sols, pour l’entretien, l’accouchement et l’ensevellisement de safille, outre les émolumens de la v. Chambre.

[-] Concernant Baudet. Sentence.La v. Chambre ayant délibéré sur le cas, a cru qu’il n’y avoit pas lieu de communiquer

cette procédure à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, puisqu’il nes’agit aujourd’hui que de décider sur les frais. En sorte que vu toutes les pièces ci dessus, lesengagemens solemnels du susdit Piter, la publication des bams de mariage, sans oppositions,le tems de l’accouchement de Jeanne Louise Baudet, il doit être connu, ainsi que nous lefaisons par les présentes, que ledit Piter suportera tous les frais de cette procédure, et devratenir compte à Louis Baudet, père de son épouse, de toutes les pétitions légitimes qu’il peutavoir à faire en dédommagement des avances pour l’entretien, l’accouchement etl’ensevellissement de sa fille, montant à la somme de cinquante quatre frans, douze sols, outreles émoluments de la v. Chambre. Le tout sauf modération.

[-] Jean Isaac Bertholet.Monsieur le président met sur le bureau le prononcé de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, concernant Jean Isaac Bertholet, d’Aubonne et Marie Odier, deLavigny, en date du 21 avril 1777, dont la teneur suit.

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBerne. Salut.

Jean Isaac Berthollet, d’Aubonne, domicilié à Rolle, homme marié, s’étant reconnu,avant et après les couches, père de l’enfant garçon dont Marie Odier, de Lavigny, actuellemetde séjour en votre ville, est accouchée le 22 du mois dernier. Nous avons adjugé d’ors et déjàaudit Bertholet, comme illégitime, cet enfant baptisé sous le nom de Jean Pierre François,devant porter son nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui au bout de six mois dès ladate de la naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Nous l’avonsde plus condamné à tous les frais de cette procédure, sauf modération. L’un et l’autre [p. 26]devront, à Rolle, ainsi que le lieu du délit, subir la peine portée contre cet adultère simple, 15

14

jours de prison pour l’homme et 20 jours pour la fille. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 21 avril 1777.

Reçue le 28e. avril 1777.

12 juin 1777

[-] 15e. assemblée dès la St. Michel 1776 à celle de 1777.Du jeudi 12 juin 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, conseillerDestallents, et secrétaire.

[-] Déclaration concernant Elisabeth (sic : Louise) Milliod.Le noble seigneur président met sur le bureau une déclaration concernant

l’accouchement d’Elisabeth (sic : Louise) Milliod, de Penthéréaz, du 30e. mai 1777, dont lateneur suit.

Du vendredi 30e. mai 1777, 8 heures du matin.Mr. Jean Louis Panchaud informe qu’Elisabet, fille aînée de J. J. Milliod, de

Penthériaz, au bailliage d’Echallens, son locataire à la Cité-Dessous, auroit accouché ce matind’un enfant garçon qui est plein de vie. Ladite Milliod prétend s’être mariée depuis peu auxenvirons de Genève, avec Antoine Baron, catholique romain, mineur d’ans, fils de Mr. Baron,capitaine de maréchaussée, de Dijon, avec qui elle avoit fait connoissance à Neuchâtel. Elleassure s’être retirée de Dijon où elle s’étoit rendue dernièrement avec son mari, parce que lesprêtres l’inquiétoient pour lui faire changer de Religion.[p. 27]

[-] Concernant Elisabet Milliod et Anthoine Baron.La v. Chambre délibérant, a trouvé que ladite Elisabeth Milliod étant dans la paroisse

de Mr. le doyen Leresche, bannière de la Cité, il sera prié de la faire apeller chez lui, de luimanifester, de la part de la v. Chambre, que son enfant doit être baptisé le plutôt possible, etqu’elle est tenue, entre ci et 15 jours, de donner des preuves de son mariage avec le nomméBaron, de Dijon. Au deffaut de quoi ladite Milliod sera assignée à paroître dans la quinzaine.

[-] La femme, née Ami, de Michod, doit être citée.Ordonné que la femme de Michod, garde à la Maison de Ville, née Ami, sera citée

pour la 15e. pour sa mauvaise conduite.

3 juillet 1777

[-] 16e. assemblée dès la St. Michel 1776 à 1777.Du jeudi 3 juillet 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteur Besson, banneret deSaussure, anc. boursier Rosset, conseillers Destallents, Vullyamoz, grandsautier de Crousaz,et secrétaire.

[-] Concernant Louise Milliod.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau, et informe qu’en suitte de

l’accouchement de Louise Milliod, fille non mariée, lequel s’est fait sans avoir apellé lespersonnes préposées pour recevoir sa déclaration à l’instant de ses couches, auroit pourvu aubaptême de l’enfant en la manière accoutumée, et dont il présente le certifié comme suit.[p. 28]

Du dimanche 15 juin 1777, 6 heures du soir.La veuve Lebre, sage-femme jurée, certifie que l’enfant de Louise Milliod, de

Penthériaz, né le vendredi 30 mai dernier, auroit été baptisé par Mr. le révérend doyen

15

Leresche, à l’église de la Cité, le 13 du courant mois de juin, sous le nom de ThéodoreAmédée.

[-] Comparoissance de Louise Milliod.Louise Milliod, fille aînée de Jean Jaques Milliod, de Penthériaz, au bailliage

d’Echallens, habitant de cette ville, citée à ce jour, paroissant. Interrogée comme suit.De son nom, surnom, âge, qualité et demeure.A dit : Je m’apelle Louise Milliod, fille de Jean Jaques, âgée de 21 ans, lingère,

domiciliée à la Cité Dessous, bannière de la Cité, locataire de Mr. Jean Louis Panchaud.Interrogée de qui est l’enfant garçon dont elle est accouchée le 30 mai dernier.Rép. : Que le père de cet enfant s’apelle Antoine Baron, fils de feu Antoine Baron, de

son vivant prévôt de maréchaussée à Dijon, âgé de 26 ans.Interrogée où elle a fait connoissance avec ledit Baron.Rép. : Que c’est à Neuchâtel, dans le courant du mois de 7bre. de l’année 1776, qu’elle

demeuroit avec son père.Interrogée s’il lui a fait des promesses de mariage et si elle peut les produire.

[p. 29]Rép. : Qu’il lui a fait des promesses de mariage par écrit, mais qu’elle les a

malheureusement détruites chez elle.Interrogée s’il y a longtems qu’elle n’a vu ledit Baron.Rép. : Qu’elle est partie dans le courant de décembre dernier, du consentement de son

père et de sa mère, avec ledit Baron, pour aller faire bénir leur mariage en France, et ilsarrivèrent d’abord à Genève où sa mère vint le réclamer et l’emmena à Dijon. Et bientôtaprès, il lui écrivit de se rendre à Lyon où elle trouveroit des facilités pour passer à Dijon. Cequ’elle exécutat, et aprit qu’il étoit en clôture, par lettre de cachet, à Tamley, à 25 lieues deDijon.

Interrogée si elle fut acceuillie par quelqu’un des parents dudit Baron à Dijon.Rép. : Qu’étant arrivée à Dijon et ne trouvant pas la mère dudit Baron, elle fut à

Temley où son époux lui donna une lettre pour sa mère. Laquelle l’a reçeue dans sa maison,où elle a passé trois mois.

Interrogée si elle a manifesté à la Dame Baron qu’elle fut enceinte.Rép. : Que oui.Interrogée pourquoi, ayant été bien acceullie chez la Dame Baron, elle n’a pas

demandé d’y faire ses couches, comme il étoit naturel.Rép. : Que ladite Dame Baron lui ayant manifesté qu’elle lui ôteroit son enfant, elle

avoit prefféré de venir accoucher dans ce pays pour n’en être pas séparée.[p. 30]

Interrogée si en quittant ladite Dame Baron, elle n’en a pas reçu quelques bienfaits.Rép. : Qu’elle lui a donné des hardes et cinq louis.Interrogée où elle c’est rendue après être rentrée dans le pays.Rép. : Qu’elle est revenue chez son père, ici à Lausanne.Interrogée si elle a donné des nouvelles de son accouchement à la Dame Baron et au

fils Baron.Rép. : Qu’elle leur a écrit à l’un et à l’autre, mais qu’elle n’a point eu de réponse, ce

qui peut venir de ce que les lettres restent longtems en chemin.Interrogée ce qu’elle se propose de faire dans l’état où est sa procédure.Rép. : Qu’elle nourrit son enfant, et qu’elle espère d’avoir dans peu des nouvelles pour

se diriger en conséquence.Interrogée si elle a sçeut que ledit Baron dut être retenu encore longtems en clôture.Rép. : Qu’il est dans un couvent de cordelier, et qu’on lui a dit que la lettre de cachet

portoit qu’il devoit y rester trois ans.

16

Lecture faite, a persisté.Sur quoi délibéré, la vénérable Chambre a ordonné que la communication dedite

procédure en seroit expédiée à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprêmeaussitôt possible, et que ladite communauté de Penthériaz en seroit de même avisée.[p. 31]

17 juillet 1777

[-] 17e. assemblée.Du jeudi 17 juillet 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, présent Mr.Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, banneret de Saussure, conseiller Destallents,grandsautier de Crousaz, et secrétaire.

[-] Concernant Louis[e] Milliod.Le paquet concernant Louise Milliod, de Penthéréaz, et Antoine Baron, de Dijon, a été

expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 5 juillet 1777.Le paquet desdits ci dessus indiqués a été expédié avec une lettre, à l’adresse de Mr. le

juge de Penthéréaz, le lundi 7me. juillet 1777. Remis au messager d’Echallens.[-] Concernant Louise Milliod ; Antoine Baron.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la sentence de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Louise Milliod et Antoine Baron, du 7me. juillet1777, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Louise Milliod, de Penthéréaz, bailliage d’Echallens, domiciliée dans votre ressort,

ayant accouché le 30e. mai dernier, sans avoir [p. 32] subi aucun examen selon les formes, etle Sr. Antoine Baron, françois, qu’elle a accusé dans la suite comme père, ne pouvant êtreinterrogé à cause de son absence. Nous avons adjugé à ladite Milliod l’enfant garçon dont elleest accouchée à la date susdite, et qui a été baptisé sous le nom de Théodore Amédée. Demanière qu’il devra porter son nom, comme illégitime, être de sa bourgeoisie, et entretenu parelle jusques à ce qu’elle fasse paroître le père qu’elle accuse, et qu’elle le rende confessant.Nous l’avons aussi condamnée à tous les frais de ce procès, sauf modération. Au surplus,quant à la peine, nous avons bien voulu la passer sous silence, puisque la faute a été commisedans une domination étrangère. Nous vous chargeons amiablement de retirer de laditeMilliod, dans l’espace de 4 semaines, pour émolument de notre Chambre 110 batz, que vousenverrez à notre secrétaire. Sur quoi nous vous recommandons à la protection divine. Donnéce 7me. juillet 1777

Louise Milliod duement citée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite sentence, àlaquelle elle a dit qu’elle se conformeroit.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre, sur la connoissance qu’elle a du peu de faculté dupère Milliod, prie le noble seigneur lieutenant baillival d’engager les illustres seigneurs duConsistoire suprême de se relâcher de leur émolument, la vén. Chambre l’ayant libéré dessiens par ses considérations.[p. 33]

Ordonné que communication dedite sentence seroit expédiée aussitôt possible au v.Consistoire de Penthéréaz.

[-] Déclaration d’Anne Schlapi et Jean Rieder.Mr. le révérend pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande, fait rapport que la servante

du Sr. Wassfaller, hôte à la Couronne, suspectée d’être enceinte, s’étoit rendue auprès de luid’après des ordres supérieurs, et auroit fait la déclaration suivante.

17

Du dimanche 13 juillet 1777, à 11 heures du matin.Anne Schläpli, fille de feu Pierre Schläpli, de Lenk, Consistoire dudit Lenk, au

bailliage de Blankenburg, âgée de 35 ans, fille non mariée, actuellement servante chez le Sr.Wassfaller, hôte à la Couronne, rue et bannière de Bourg, déclare être enceinte des œuvres deJean Rieder, fils de feu Pierre Rieder, de Adelboden, bailliage de Frutiguen, garçoncordonnier, âgé d’environ 30 ans. Ayant eu commerce charnel avec lui dans le courant dejanvier présente année, lequel a continué jusques à la fin dudit mois, dans le tems qu’elleservoit au Lion d’Or chez Mr. Traxel. Il lui a fait fait des promesses verbales de mariage. Ellecompte d’être enceinte d’environ six mois.

Ladite Anne Schlapi ayant paru, elle a confirmé sa déclaration dans tout son contenu.Interrogée si elle n’a pas été dans son pays depuis qu’elle a quitté chez Mr. Traxel.Rép. : Qu’elle a été dans sa communauté, de même qu’à Adelboden, où les parents de

Jean Rieder lui ont [p. 34] dit qu’elle devoit venir le chercher ici.Interrogée si elle sçait où est actuellement Jean Rieder.Rép. : Qu’elle l’ignore, et qu’elle ne croit pas qu’il soit en ville.Interrogée quant elle l’a vu pour la dernière fois, et si elle ne lui a point dit qu’elle fut

enceinte.Rép. : Qu’elle ignoroit qu’elle fut enceinte la dernière fois qu’elle l’a vu, dans le

courant de février dernier.Interrogée si elle n’a jamais eu d’enfant.Rép. : Que non.Interrogée où elle compte faire ses couches.Rép. : Qu’elle auroit envie de les faire à Epalinges, communauté de ce bailliage, si elle

pouvoit y être reçeue.Lecture faite, a persisté.La v. Chambre, par son délibéré, a enjoint à ladite Schläpi de se retirer le plutôt

possible dans sa communauté, laquelle pourra suivre à la procédure selon la bonne règle. Enconséquence de quoi il sera envoyé à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, le plutôtpossible, un extrait de ce que dessus, de même qu’un double au vén. Consistoire de Lenk.

Lecture faite de l’ordonnance ci dessus, elle a promis de s’y conformer, et il lui a étéenjoint d’avoir soin de son fruit et de ne pas négliger, dans quel endroit qu’elle se trouve, defaire appeller des consistoriaux à l’instant de ses couches pour recevoir sa déclaration légale.[p. 35]

[-] Déclaration de Madelaine Niclaus, femme de Louis Rikhart, et Bénédit Mozer.Mr. le révérend pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande, a mis sur le bureau la

déclaration de la femme Rikhart, dont la teneur suit.Madelaine Niclaus, femme de Louis Rickhart, de Ryken, Consistoire de Naü, bailliage

d’Arbourg, âgée de 37 ans, présentement cuisinière d’une famille angloise, domiciliée à lacampagne de Prélaz, bannière de St. Laurent, déclare être enceinte des œuvres de BénéditMozer, de Madritsh, Consistoire de Met, bailliage de Nidau, âgé d’environ 30 ans, non marié.Ayant eu commerce charnel avec lui dans le courant de 9bre. 1776, dans le tems qu’elle étoitcuisinière de Made. de St. Germain, domiciliée à la rue de Bourg, et ledit Mozer étoitdomestique à la Couronne. Elle compte d’être enceinte d’environ huit mois.

Ladite Rickhart ayant paru, elle a confirmé sa déclaration dans tout son contenu.Interrogée où est actuellement ledit Mozer.Rép. : Qu’il est domestique au château de Vevey.Interrogée si elle l’a informé de l’état de sa grossesse.Rép. : Que oui, déjà dans le troisième mois de sa grossesse, après qu’elle c’est

aperçeue de sa grossesse.Interrogée si ledit Mozer avouera la paternité.

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Rép. : Que oui, et qu’il a promis de lui faire une obligation à ce sujet.Interrogée depuis quel tems elle est séparée de son mari.Rép. : Que depuis dix à onze ans, l’un et l’autre ont servis en différentes maisons.

[p. 36]Interrogée si elle a des enfans de son mariage avec ledit Rikhart.Rép. : Qu’elle a une fille âgée de 10 ans, et une autre fille d’un premier mari, âgée de

15 ans, qui est auprès d’elle.Interrogée où elle compte faire ses couches.Rép. : Qu’elle compte d’être reçeue à Prilly, communauté de ce bailliage, de mettre

son enfant à nourice, et de retourner à la maison où elle sert.Lecture faite, a persisté.La v. Chambre, par son délibéré, veut bien consentir à suivre à cette procédure. En

conséquence, ledit Mozer sera assigné dans la 15ne. pour être entendu en contradictoire avec laplaignante.

Au rapport, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit et de ne pas négliger, oùqu’elle soit, de faire appeller les consistoriaux pour entendre sa déclaration à l’instant de sescouches.

[-] Déclaration d’Elisabeth Burky et Michel Bonher.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration du secrétaire de scéans,

concernant l’accouchement d’Elisabeth Burky, dont la teneur suit.Du mardi 8 juillet, 3 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, en suite d’avertissement, se seroit

transporté au domicile de Nicolas Burky, menuisier, maison Michod, rue et [p. 37] bannièrede la Cité, habitant de cette ville, où il auroit trouvé, gisante au lit, Elisabeth Burky, sa fille,âgée de 26 ans, aidée de la sage-femme jurée, veuve Chevaley, dans les douleurs. Vivementexortée et pressée à donner gloire à Dieu, et à dire vérité sur la paternité de l’enfant qu’ellealloit mettre au monde. A déclaré que sans faire tort à sa conscience, ni à la personne accusée,qu’elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant que Michel Bonher, deWangnen, près de Strasbourg, garçon taillieur, confirmant de plus fort sa première déclarationpar devant la v. Chambre.

En témoin de quoi signé, Lausanne le mardi 8 juillet 1777.Signé : E. Vullyamoz, secrétaire consistorial.Du mecredi 9 juillet 1777, 7 heures du matin.Catherine Chevalley, sage-femme jurée, déclare qu’Elisabeth Burky, d’elle bien

connue, domiciliée chez son père, Nicolas Burky, rue de la Cité Dernier, maison Michaud,auroit accouché hier 8 du courant, environ 4 heures de l’après midi, d’un enfant garçon,viable, à terme et de bonne venue.

Délibéré que ladite Elisabeth Burky paroîtra le plutôt possible pour confirmer sadéclaration.

[-] Déclaration de Jeanne Louise Reymondin et Jaques Neuenschwander.A été mis sur le bureau la déclaration du secrétaire de scéans, de l’accouchement de

Jeanne Louise Remondin, dont la teneur suit.[p. 38]

Du mecredi 16 juillet 1777, environ 7 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, averti par la veuve Reymondin, se seroit

transporté au domicile dedite veuve, en Martheray, maison de Jean Marc Delessert, bannièrede Bourg, où il auroit trouvé Jean[ne] Louise Reymondin, fille de feu Marc AntoineReymondin, de Pully, blanchisseuse, âgée de 21 ans, assise sur une chaise, aidée de la veuveLebre, sage-femme jurée. Après plusieurs questions, vivement exhortée et pressée à donnergloire à Dieu et à dire vérité sur la paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde. Pour

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lors étant dans les douleurs, a déclaré que sans faire tort à sa conscience, ni à la personneaccusée, qu’elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant, que JaquesNeuenschwander, de Langnau, bailliage de Trachswald. Son commerce charnel avec lui ayantcommancé en 9bre. dernier 1776, et fini en Xbre. Confirmant de plus fort sa premièredéclaration en v. Chambre.

En témoin de quoi signé, Lausanne ce mecredi 16 juillet 1777.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Délibéré que ladite Jeanne Louise Reymondin paroîtra le plutôt possible pour

confirmer sa déclaration.Du mecredi 16 juillet 1777, 10 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Louise Reymondin, de Pulli,

d’elle bien connue, auroit accouché ce jourd’hui, 8 heures du matin, au domicile [p. 39] de samère, maison Jean Marc Delessert, à Martheray, bannière de Bourg, d’un enfant garçon,viable, à terme, et de bonne venue.

Monsieur le président met sur le bureau un extrait du livre de la garde de la Maison deVille du 12 et 13 juillet courant, dont la teneur suit.

Du 12 juillet 1777.Jean Jaques Blanc et François Cotterd ont dit, de même que leur camarades guets, les

uns de fonction en St. François, les autres au Pont, que l’on a dansé jusqu’à trois heures etdemi du matin du dimanche 13 à un appartement de derrière, en haut de la maison Déaux, enBourg.

Signé : A. L. Courlat, sergent.Du 13 dit juillet.Pierre Abram Nicole a trouvé, faisant sa patrouille pendant le cathéchisme, quatre

hommes à la pinte de Lederrey, en St. Jean, ayant deux bouteilles de vin sur la table, devanteux.

Signé : P. Noverraz, sergent de garde.Par délibéré, la v. Chambre a ordonné que l’huissier prendroit information auprès de

Mr. Déaux, quel locataire demeuroit dans sa maison, et qu’au deffaut d’éclaircissement, Mr.Déaux seroit assigné à paroître par devant la v. Chambre dans la 15ne.

Et quant à Lederrai, la v. Chambre veut bien pour cette fois lui faire grâce de l’amandequ’on pourroit exiger à teneur des ordonnances, se réduisant à dire qu’il payera cinq batz pourla garde, et devra deux baches à l’officier.[p. 40]

Sur l’avis qui est revenu à la v. Chambre que Jeanne Louise Chatelan, fille de JaquesChatelan, de Bussigny, habitant de cette ville, fortement suspectée d’être enceinte, se seroitévadée, le premier ou le second de ce mois courant, de la maison de Mr. Grasset chez qui elleservoit, il a été ordonné que le mandat d’assignation projeté par le père, Jaques Chatelan, pourastreindre le Sieur Grasset à lui représenter sa fille, pourra avoir cours. Etqu’indépendemment de cette opération, supposé que ledit Chatelan n’y suive pas, brevet seraadressé à Mr. le révérend doyen Polier de Bottens pour faire paroître ledit Grasset par devantlui, pour rendre raison en particulier de l’absence subite de cette fille. Ce dont il fera rapport.

31 juillet 1777

[-] 18e. assemblée dès la St. Michel 1776 à 1777.Du jeudi 31 juillet 1777.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyen Leresche, présents Messieurs Secrétan, pasteur du Mont,Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, banneret de Saussure, conseiller Destallents,assesseur Porta, et le secrétaire Vullyamoz.

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[-] Concernant Louise Milliod.La sentence concernant Louise Milliod et Antoine Baron a été expédiée à l’adresse de

Mr. le juge du vén. Consistoire de Penthéréaz, lundi 21 juillet 1777, remis au messagerd’Echallens.

[-] Anne Schläpi.Les paquets concernant Anne Schläpi ont été expédiés le mecredi 22e. juillet 1777,

l’un à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, et l’autre au vén. Consistoire de Lenk,sa communauté.[p. 41]

[-] Comparoissance de Barbe Elisabeth Burky.Barbe Elisabeth Burky, duement assignée. Lecture lui a été faitte de sa déclaration de

couches en date du 8e. juillet dernier, qu’elle a confirmé dans tout son contenu pour être lapure vérité. Elle se recommande à la vén. Chambre d’avoir égard à sa pauvreté quant auxfrais. Elle prie très respectueusement nos illustre et puissans seigneurs du Consistoire suprêmede l’exempter de la peine, d’autant que c’est sous la foy du mariage qu’elle c’est abandonnéeaudit Bonher. Ajoutant que son père a été dernièrement à Genève, avec toutes les pièces duprocès, pour astreindre ledit Bonher à reconnoître la paternité de l’enfant, et de suivre à sespromesses, mais qu’il c’est trouvé que ledit Bonher étoit éloigné de Genève depuis quelquesjours.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre a ordonné la levée de la procédure pour êtreadressée le plutôt possible à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême. Etd’après la relation favorable de Messrs. les révérends pasteurs de sa bonne conduite pendant 9ans qu’elle est dans le même service, la vén. Chambre, par ces considérations, la libère de sesfrais. Quant à elle, prend la liberté, vu sa pauvreté, et sur ces deux objets, de la recommanderà nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Comparoissances des frères Emanuel et Louis Mayor : de Gédéon Corbaz ; lerégent Rouge, du Mont ; François Rouge.

Le noble seigneur lieutenant baillival informe la vén. Chambre d’une plainte qui lui aété remise par Mr. le châtelain Bergier d’Illens, à l’occasion d’une bataille arrivée le dimanche18 du courant. En conséquence, ont été assignés les ci après de ceux qui y ont donné lieu.Les frères Emanuel et Louis Mayor, en suite des lettres qui leur ont été notiffiées, paroissans,de même que Gédéon [p. 42] Corbaz, le régent Rouge et François Louis, tous du Mont, rièrecette ville.

Ce dernier, François Rouge, expose que le dimanche 13 juillet courant, à l’entrée de lanuit, s’étant trouvé dehors de la cour de Mr. le châtelain Bergier d’Illens, au Mont, il auroit vule régent Rouge, son parent, engagé dans un combat fort inégal avec les frères Mayor, et qu’ilcrut bien faire de s’interposer pour faire cesser cette querelle. A la suite de quoi, les frèresMayor lui tombèrent sur le corps et le battirent grièvement, lui donnèrent un coup à la têtedont il a perdu beaucoup de sang.

Interrogé avec quel instrument il fut frapé.Rép. : Qu’il ignore, étant échauffé dans le combat.Le régent Rouge, par son information par écrit, dont lecture a été faite, où il se plaint

que le dimanche six de juillet, s’étant trouvé à la Croix Blanche du Jurat, il fut attaqué parEmanuel Mayor, d’Echallens, sans aucunne provocation quelconque. Lequel lui donnat unsoufflet et l’injuriat de la manière la plus grossière et la plus forte, en lui disant qu’il neperdroit la vie que par ses mains. Que le dimanche suivant, 13 juillet, s’étant trouvé dans levoisinage du bien de campagne de Mr. Bergier, au Mont, les frères Mayor s’y étoient trouvés.Lesquels le provoquèrent, et comme il avoit lieu de suspecter qu’ils alloient l’attaquer, il pritle parti lui même de commencer le combat.

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Gédéon Corbaz, interrogé pourquoi il s’étoit engagé dans cette querelle et étoit venufraper Emanuel Mayor en présence de Mr. le châtelain.

Rép. : Qu’il avoit été provoqué par un des frères Mayor. Lequel disoit qu’il étoit enétat de battre cinq jeunes gens du Mont, et que s’il n’a pas obéi aux ordres de Mr. le châtelain,c’est à cause qu’il étoit retenu par le frère Mayor qui ne vouloit point le relâcher.[p. 43]

Sur quoi délibéré, la v. Chambre, après avoir entendu les uns et les autres dans leursraisons réciproques, ensuite d’un mûr examen, et considérant que le cas méritoit une attentionsérieuse sur le scandale arrivé le dimanche 13 du courant. En premier lieu, condamneEmanuel Mayor à subir sur le champ la peine de 24 heures de prison, et prometra par devantcette v. Chambre de garder les sûretés qui lui seront imposées, en touchant sur les mains del’huissier. Et quand à Mayor, le cadet, et Gédéon Corbaz, il[s] seront, de même que Mayor,l’aîné, astreint à paroître dimanche prochain à l’église du Mont, où ils seront censurés etadmonestés par Mr. le révérend pasteur. Et condamnons au surplus à tous les fraissolidairement les trois ci dessus. Et Gédéon Corbaz devra faire des excuses à Mr. le châtelainBergier pour n’avoir pas gardé les sûretés qu’il lui imposoit, libérant au reste de tout frais lerégent Rouge et François Louis Rouge, lesquels se trouverons à l’église.

Lesdits rentrés, lecture leur a été faite dedite sentence, et ont promis de s’y conformer.Et Emanuel Mayor a promis sur les mains de l’huissier de la v. Chambre de garder les sûretésqui lui ont été imposées, et a subi tout de suite la peine de 24 heures de prison.

Monsieur le président met sur le bureau le certifié du baptême de Jaques, fils naturelde Jeanne Louise Reymondin, du 23 juillet 1777, dont la teneur suit.

Du mecredi 23 juillet 1777, 9 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, certifie que le fils naturel de Jeanne Louise

Reymondin, de Pully, né le mecredi 16 du courant mois de juillet, auroit été baptisé cejourd’hui mecredi 23 dudit à l’église de St. François, par Mr. le ministre Duplan, sous le nomde Jaques.[p. 44]

[-] Comparoissance de Jeanne Louise Reymondin.Jeanne Louise Reymondin duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sa

déclaration au tems de ses couches, qu’elle a confirmé en tout son contenu, se recommande àla vén. Chambre pour les frais, vu sa pauvreté.

La v. Chambre, par son délibéré, a ordonné la levée de la procédure pour être adresséele plutôt possible à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Comparoissance de Madelaine Rikhart.Madelaine Niclaus, femme de Louis Rikhart, de Riken, paroissant contre Bénédict

Mozer, cité ce jourd’hui à paroître, par mandat en date du 26 juillet courant à Vevey, où ilétoit domestique au château dedite ville. Vu par la relation de l’huissier Crépin, qu’il setrouvoit absent, la copie du mandat à été renvoyée avec l’inscription suivante, dont la teneursuit.

Je soussigné, ayant été chargé de nottifier l’original de présente copie, déclare que lesusdit Bénédict Mozer a quité cette ville depuis environ quinze jours, ignorant où il estactuellement. Vevey, 26 juillet 1777.

Signé : Crépin, officier baillival.La vén. Chambre, ignorant le lieu de la retraite dudit Mozer, ne continuera pas plus

outre à le citer.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de Christine Weber, de

Gessenay, contre Pierre Lemat, courier de Vevey (son père et sa mère domiciliés auditSottens), dont la teneur suit.

Du samedi 26 juillet 1777, 1re. heure après midi.

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[p. 45]Christine Weber, fille de Mtre. Jacob Weber, de Gessenay, âgée de 26 ans, servante

chez le Sr. Baud, cabaretier de l’Aigle, bannière de Bourg, depuis environ un an, déclare êtreenceinte des œuvres de Pierre Lemat, de Sottens et de Chapelle, âgé de 20 ans, courier deVevey. Ayant eu son commerce charnel sur la fin d’avril, présente année 1777. Il lui a fait despromesses verbales de mariage. Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois. Interpelléede signer, a dit ne sçavoir pas écrire.

En témoin de quoi signé, Lausanne ce 26 juillet 1776. (sic : 1777)Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de Christine Weber.Christine Weber, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite

déclaration, qu’elle a confirmé en tout son contenu. Elle prie la vén. Chambre de lui donner letems d’amener par des voyes amiables vis à vis de Pierre Lemat, pour l’engager à suivre auxpromesses de mariage qu’il lui a faite, avant que de le faire assigner par mandat, et d’attendreque sa grossesse soit plus avancée.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre veut bien condescendre à sa demande, et celad’autant plus que n’aiant pas senti l’enfant dont elle se dit enceinte. C’est en conséquencequ’on adhère à ce renvoy. Elle devra, dans 40 jours, confirmer sa déclaration de grossesse.

[-] Concernant Jean Burky.Extrait des registres baptistaires de l’Eglise allemande à Lausanne.Jean, fils illégitime de Barbe Elisabeth Burky, de Diesbach, proche Thoune, né le 8

juillet 1777, a été baptisé à l’église allemande à Lausanne le 9 juillet. Son parrain a étéNicolas Burky, grand-père de l’enfant, maraine, Elisabeth Burky, tante de l’enfant.

Pour extrait atteste, à Lausanne ce 32e. juillet 1777E. F. Sprunglin, pasteur.

[p. 46]14 août 1777

[-] 19e. assemblée dès la St. Michel 1776 à 1777.Du jeudi 24 août 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, présent, Mr. Pruglin, pasteur del’Eglise allemande, conseiller Destallents, assesseur Porta, et le secrétaire.

[-] Barbe Elisabeth Burky ; Michel Bonher.Le paquet, concernant Barbe Elisabeth Burky et Michel Bonher a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême samedi 2e. août 1777.[-] Jeanne Louise Reymondin et Jaques Schwander (sic : Neuenschwander).Le paquet, concernant Jeanne Louise Reymondin et Jaques Schwander, a été expédié à

nos illustres seigneurs du Consistoire suprême samedy 2 août 1777.[-] Concernant Barbe Elisabeth Burky.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Barbe Elisabet Burky et Michel Bonher, en datedu 4e. août courant, dont la teneur suit.

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBerne. Salut.

Nous avons vu par le verbal que vous nous avez adressé le 2 du courant, que BarbeElisabeth Burky, d’Obercbach, domestique dans votre ressort, auroit accouché le 8 juilletdernier d’un enfant garçon, et chargé de la paternité à [p. 47] l’instant de ses couches, lenommé Michel Bonher, de Wanguen en Alsace. Lequel s’est rendu fugitif. Sur ce, nous avonsadjugé cet enfant, baptisé sous le nom de Jean, à ladite Burky, devant porter son nom, d’ors etdéjà, être de sa bourgeoisie et entretenu par elle jusqu’à ce qu’elle fasse paroître en droit ledit

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Bonher, et le rende confessant de la paternité. Du reste, en faveur des considérations que vousprésentez dans votre délibéré, nous avons bien voulu affranchir ladite Burky de toute peine, etlui céder l’émolument de notre Chambre. Dieu soit avec nous. Donné ce 4 août 1777.

Reçue le 11e. août 1777.[-] Comparoissance de Barbe Elisabeth Burky.Barbe Elisabeth Burky duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite

sentence, sur laquelle elle a fait ses remerciemens à la v. Chambre, et a promis d’avoir soin deson fruit.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a prié Mr. le révérend pasteur Sprunglin d’écrire à sacommunauté en faveur de ladite Burky, en lui envoiant un extrait de ladite sentence

[-] Rapport de Mr. le révérend Polier de Bottens concernant Jeanne Louise Chatelan etGrasset.

Mr. le révérend doyen Polier de Bottens, en suite du brevet qui lui a été remis à la partde cette vén. Chambre, fait rapport qu’il auroit appellé ledit Sr. Grasset. Lequel a niéformellement que Jeanne Louise Chatelan, sa servante, fut enceinte de ses [p. 48] œuvres, etqu’en conformité de l’avis qui lui étoit donné de faire des démarches à Genève pour procurerpar devant un pasteur, ou quelque magistrat dudit Genève, la déclaration de ladite Chatelan,sur l’imputation qui lui a été faite ici d’être enceinte, il ne négligeroit pas de prendre desinformations pour l’endroit où pourroit être ladite Chatelan, pour l’engager à faire laditedéclaration. Dès lors, Mr. le révérend doyen n’a eu aucun avis dudit Grasset.

A ce rapport, Mr. le président ajoute que le Sr. Grasset s’est rendu par devant lui et asolemnellement nié d’être le père de l’enfant dont Lisete Chatelan doit être enceinte suivant lebruit qui court, assurant qu’il n’est entré en rien dans les frais de son voiage pour se rendre àGenève. Qu’elle a profité d’une voiture dont il n’a put faire usage par certaines circonstancesparticulières, lui ayant rendu dix baches qu’il avoit donné d’harre au voiturier Décombaz.

Mr. le président ajoute encore que le 6 de ce mois, il lui avoit fait voir une lettre signéeLisette Chatelan, dès Genève, de la date du 3 août courant, où elle résiste absolument à fairela démarche de se présenter par devant un pasteur ou un auditeur, ce qui pourroit porter coupà sa réputation. Niant formellement d’être enceinte, et cherchant à s’excuser de n’avoir paspris congé de ses parents, à raison de la promptitude de son départ et des altercations entre samère et elle.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre ayant observé que le père Chatelan et son frèreauroient déclarés à Monsr. le président, qu’ils retiroient leur plainte. Qu’aucune personnejurée n’a certifié la grossese de ladite Chatelan, il n’y avoit pas lieu de suivre à cette affaired’office. Mais pour mettre à couvert les intérêts de la communauté de ladite Chatelan pour lessuites que cette affaire pourroit avoir, [p. 49] la v. Chambre a ordonné qu’il seroit levé unextrait de tout ce qui s’est passé concernant cette affaire, pour être communiqué au v.Consistoire de Montherond, auquel la communauté de Bretigny ressortit, pour prendre à cetégard toutes les bonnes mesures que la prudence leur dictera.

[-] Cittation pour la 15 de Victor Déaux.En conséquence de l’ordre qui avoit été donné à l’huissier de la v. Chambre, il fait

rapport, qu’aiant demandé à Mr. Déaux, père, information sur une dance qui c’est faite chezlui jusques à 3 heures du matin, dimanche 13e. juillet dernier, il avoit répondu que desparentes de Genève ayant soupé chez lui, et lui retiré dans sa chambre après le souper, ellesavoient, entr’elles dancé au son du violon dont joue Victor Déaux, son fils.

De quoi délibérant, il a été convenu que Victor Déaux seroit cité dans la 15ne.[-] Adressée au noble seigneur lieutenant baillival.Copie de la lettre de Mr. Dufour, secrétaire du Consistoire de Montreux, en date du

31e. 8bre. 1776, reçeue le 2e. 9bre. 1776, à laquelle répondu le 29e. Xbre. suivant, pour nepouvoir admettre sa réquisition.

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Monsieur,Je suis chargé de la part de notre Consistoire, de vous faire parvenir la sentence de

l’illustre et suprême Consistoire de Berne cy jointe, qui condamne André Juan, de Cheseaux,boucher à Lausanne, de même que Susanne Marie Dufaux, de cette paroisse, à subir auditLausanne le châtiment de leur faute. Mais ladite Dufaux ayant prié notre Consistoire qu’elleput subir sa faute dans les prisons de cette paroisse, n’a put obtenir sa demande. Permettés,Monsieur le lieutenant, que cette fille, qui est nourice à Vevey, et pour lui éviter de plusgrands frais, fasse sa soufferte dans ce lieu. Il paroît égal où qu’elle [p. 50] se fasse,moyennant qu’elle ait lieu, et notre Consistoire aura soin de la faire excuser.

J’ay l’honneur d’être, avec la plus parfaite considération, Monsieur, votre très humbleet très obéissant serviteur.

De Montreux le 31 8bre. 1776.Signé : Dufour, secrétaire du Consistoire de Montreux.[-] Concernant Susanne Marie Dufaux et André Juan.Juge et assesseurs de la ville de Berne. Notre salutation prémise.Nous avons adjugé à André Juan, de Cheseaux, boucher à Lausanne, la fille illégitime

que votre ressortissante, Susanne Marie Dufaux, du Chastellard, à mise au monde à Lyon le8e. courant, qui a été baptisée par un ministre réformé le même jour, portant le nom de samère Susanne Marie, selon l’extrait baptistaire qui vous a été produit, ce premier ayant avouéd’en être le père. En sorte qu’il sera chargé lui seul de l’élever dès les six mois après sanaissance, en payant trois escus bons à la mère pour sa pension de nourice. Etant aussicondamné à payer tous les frais que cette affaire a occasionné, à modération, et à subir àLausanne, lieu du délit, aussi bien qu’elle, le châtiment de leur faute. Quand à la pension duditenfant, la Dufaux sera libre d’accorder à l’amiable avec le susdit Juan. Dieu avec nous. Donnéce 2e. 7bre. 1776.

Fidèlement copiée de la translation françoise, atteste ce 32 8bre. 1776.Signé : Dufour, secrétaire.

[p. 51]28 août 1777

[-] 20e. assemblée dès la St. Michel 1776 à 1777.Du jeudi 28 août 1777.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Chavannes, Dapples, del’Eglise des Croisettes, cons. Destallents, assesseur Porta, et secrétaire.

[-] Jeanne Louis[e] Chatelan et le Sieur Grasset.Le paquet concernant Jeanne Louise Chatelan, de Bretigny, et le Sr. Grasset, marchand

libraire, habitant de cette ville, a été expédié et remis à l’huissier de la v. Chambre pour êtreremis à Mr. le juge de Montherond, le jeudi 21 courant d’août.

[-] Concernant Jean François Pasteur et Jeanne Esther Gallaz.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit de nos illustres et

puissants seigneurs du Consistoire suprême, en date du 12 du courant mois d’août, concernantJean François Pasteur et Jeanne Esther Gallaz, d’Ormond Dessus, dont la teneur suit.

[-] LausanneNous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.En vous envoiant ci inclus le verbal du Consistoire de Vevey, nous vous chargeons

amiablement de faire paroître personnellement par devant vous, Jean François Pasteur, votrebourgeois, présentement domicilié à Genève, pour éclaircir et prendre information de toutesles circonstances présentées audit verbal, tant sur la [p. 52] paternité de l’enfant fille dontJaques Esther Gallaz, d’Ormond Dessus est accouchée le 17 juin dernier, que sur le mariage

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dudit Pasteur. Vous nous donnerez un résultat circonstancié du tout, à quoi vous ne négligerezpas de joindre la lettre du Consistoire de Vevey. Nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 12e. août 1777.

Reçeue le 20e. août 1777.Plus le verbal du v. Consistoire de Vevey, en date du 4 du courant, sur cette même

affaire.Illustres, magnifiques et très honorés seigneurs.Nous avons l’honneur d’informer vos grandeurs, que le 24 juillet dernier, Monsieur le

juge fit rapport qu’il y avoit environ un mois, il apprit que Jeanne Esther, fille de Jean LouisGallaz, d’Ormond Dessus, habitant en cette ville, avoit accouché d’une fille le 17 juin passé.Que s’étant transporté chez elle, il parle à la mère de la fille, qui lui dit que cet enfantappartenoit à Jean François Pasteur, de Genève, et que sa fille n’avoit pas fait sa déclarationde grossesse, vu que ledit Pasteur devoit venir pour l’épouser et faire baptiser l’enfant, luiayant à ce sujet produit plusieurs lettres missives dudit Pasteur. Que sa fille avoit fait appellerla sage-femme et un chirurgien. Sur quoi Mr. le juge l’exhorte d’avoir soin de cet enfant, et defaire en sorte que le mariage s’accompli au plutôt.

En suitte duquel rapport, et que l’enfant n’étoit point encore baptisé, ni le mariagebéni, nous avons fait paroître par devant nous, ledit 24 juillet, la mère de ladite [p. 53] Gallaz,à laquelle fut ordonné de faire baptiser l’enfant le lendemain. Et Mr. le pasteur Muret fut priéd’aviser du fait un de Messieurs les pasteurs de Genève.

Le 1er. du courant, ledit Mr. le pasteur Muret nous fit ouverture d’une lettre qu’il avoitreçeu de Mr. le ministre Delaporte, pasteur de Genève, en datte du 29 juillet dernier, parlaquelle il dit que Jean François Pasteur, de Lausanne, demeurant à Genève, homme marié, luiavoit avoué être le père de l’enfant de laditte Gallaz. Qu’il convenoit d’avoir promis del’épouser, prétendant s’excuser en disant que sa femme s’est sauvée, qu’elle a changé deReligion, qu’elle a épousé un autre homme, et qu’il est incertain qu’elle soit actuellement envie. Ajoutant que ledit Pasteur n’avoit rien. Qu’il lui avoit promis d’aider à entretenir sonenfant, mais pour le moment, il ne pouvoit rien envoyer.

En attendant qu’il plaira à vos grandeurs d’ordonner, nous avons l’honneur d’être,avec un profond repect, illustres, magnifiques et très honorés seigneurs, de vos grandeurs lesplus humbles et très obéissants serviteurs, juge et assesseurs du Consistoire de Vevey.

En foy de quoi donné sous le sceau du noble, magnif. et très honoré seigneur baillifdudit Vevey, et la signature du secrétaire dudit Consistoire, le 4e. août 1777.

Signé : de Palezieux, alconet, avec paraphe.Reçue le 20e août 1777.

[p. 54]Monsieur le président informe la v. Chambre, qu’aussitôt après avoir reçeu la lettre,

soit le susdit rescrit, le 20e. du courant, il fit appeler Jean Abraham Pasteur, maître des hautesœuvres de cette ville, pour l’enjoindre d’écrire incessamment à son cousin germain JeanFrançois Pasteur, à Genève, de se rendre à Lausanne invariablement, en personne, cejourd’hui, aux fins d’être interrogé par devant la v. Chambre sur faits et articles au sujet de lapaternité de l’enfant dont le charge Jeanne Esther Gallaz, d’Ormond Dessus, de même que surson prétendu mariage avec Jeanne Gisclon. Ce qu’il a exécuté, et c’est rendu ce matin auprèsdudit Mr. le président pour lui communiquer la réponse que lui a faite Jean François Pasteur,où l’on voit qu’il refuse d’obéir aux ordres qu’il a reçeu, dont la teneur suit.

Copie de la lettre de Jean François Pasteur à l’adresse de Jean Abraham Pasteur, &c.De Genève le 26 août 1777.Mon cher cousin, sans oublier tous ceux de la maison.En réponse de la lettre que vous avez envoyée à mon beau-frère, par laquelle vous me

marquez, touchant Esther Gallaz, de Vevey, que Monsieur le lieutenant baillival de Vernand,

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de Lausanne, avoit reçeu une lettre de Leurs Excellences de Berne, que je devois merencontrer à Lausanne le 29 du courant pour paroître par devant Monsieur le lieutenantbaillival et le vénérable Consistoire, pour dire mes raisons touchant Esther Gallaz, de Vevey,et pour entendre la réponse de la lettre que Monsieur le lieutenant baillival [p. 55] a reçeu deLeurs Excellences de Berne. Je n’ignore pas qu’Esther Gallaz n’aye été enceinte de moi, dontl’enfant qu’elle a fait ne soit bien à moi, mais me trouvant gêné par le lien du mariage avec lanommée Jeanne Gisclon, de Lausanne, dont on poura trouver le registre de mes annonceschez Mr. le professeur Leresche, n’ayant put habiter avec la Jeanne Gisclon, ni sa mère, ni sasœur, ayant reconnu leurs lubriquité et leurs mauvaise vie, dont il n’est pas caché à nosMessieurs de Lausanne, qui les ont punies selon leur mérite, par lesquels il vous estclairement apparu les punitions qu’ils ont subies par leurs mauvaises vies en mon absence.C’est ce qui m’a obligé de la quitter, voiant qu’ils menoient une vie déreiglée tous ensemble,impudique et infâme. Ce qui a causé mes grands malheurs, ayant été obligé dès lors de gagnerma vie dans le service. Comme vous savez, mon cher cousin, que j’ai été obligé d’agir, poursuscomber à mon besoin jusques dans les pays étrangers. Mon cher cousin, pendant quej’étois chez vous à Lausanne, Mr. le ministre Laporte a reçeu une lettre, par laquelle ellemarque que l’enfant que j’ai eu avec la Esther Gallaz avoit été baptisé le jour de la St. Jaques,qui étoit un vendredi. M’ayant exhorté fortement sur cet effet, m’ayant demandé chez lui pourm’engager avoir soin de l’enfant, lui ayant promis de mon côté de la soulager selon mesforces, moyenant l’aide de la mère, pendant son bas âge. Et Mr. le ministre Laporte lui ayantrécité les malheurs de ma femme Gisclon, m’a répondu que s’il y avoit une moindre tache,telle que je lui ai dénoncé à Mr. le ministre, qu’ils ayent été châtiez corporellement, qu’ilcomptoit que Messieurs du vénérable Consistoire de Lausanne ne me refuseroient pas mondivorce. Vu l’absence de huit années et plus de Jeanne Gisclon, prier Monsieur le lieutenantbaillival de vouloir bien en faire le récit de ma lettre [p. 56] à Messieurs du vénérableConsistoire de Lausanne pour avoir mon divorce, à cette fin de pouvoir épouser Esther Gallaz,ce que j’attend qu’il ne me sera pas refusé par Messieurs du vénérable Consistoire deLausanne. Cher cousin, je vous prie grandement d’excuse, vous priant si c’est de votre bonté,d’agir pour moi en père, tant à mon absence qu’à ma présence, mon beau-frère et ma sœurvous en auront mille obligation aussi, qui adresse des vœux au ciel pour votre conservation, età tous ceux qui vous sont chers, vous priant d’accepter les salutations de mon beau-frère, dema sœur et de toute la famille, ainsi que de moi, vous saluant généralement tous ceux de chezvous, et suis votre dévoué cousin et obéissant serviteur.

Signé : Jean François Pasteur.Salué bien le cousin Jean Jaques de notre part s’il vous plait.J’avois oublié de vous dire, cher cousin, dès la dernière fois que j’ai eu le plaisir de

vous voir, je n’ai cessé de chercher la Jeanne Gisclon et de la découvrir, ayant découvert samère, qui habite à Versoy, elle ne m’a donné aucune satisfaction de sa fille, à réserve qu’ellem’a dit qu’elle demeuroit à moitié chemin de Genève à Lyon, à l’Enseigne de la Porte Noire.Ayant fait le voyage, par information chacun m’a répondu que l’Enseigne Noire étoit uneporte de cimetière, ce qui me cause qu’il m’est impossible de me rencontrer pour le jour fixé,que Monsieur le lieutenant baillival m’avoit fixé, vu que je suis indisposé d’en pouvoir fairele voyage avec rien.

Cher cousin, je vous prie d’une réponse s’il vous plait.Remise le 28e. août 1777.Et pour prendre des informations plus outre sur l’état dudit Jean François Pasteur,

Monsieur le président a jugé convenable de faire appeller Jean Jaques Pasteur, petit prévôt.Lequel est aussi son cousin germain.

Interrogé si leur branche de famille a quelque bourgeoisie dans le pays.[p. 57]

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Rép. : Que non, qu’ils ont ouï dire traditionnellement que leur famille étoit originairedes environs de Bienne, et qu’ils sont domiciliés à Lausanne depuis quatre générations, maisque le père de Jean Abraham, maître des hautes œuvres, avoit acheté la bourgeoisie de Renensau bailliage de Lausanne.

Ledit paroissant, a certifié que la signature de Jean François Pasteur, au pied de lalettre de Genève, du 26 d’août, lui est bien connue. Que ledit Pasteur est fils de Pierre Pasteur,frère du père du déposant, appellé Henri Pasteur.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre n’a pas cru qu’il fut nécessaire d’ajourner par mandatledit Jean François Pasteur, lequel, vraisemblablement, rendroit cette cittation inutille, etoccasionneroit par là un grand délai, trouvant que la signature dudit Jean François Pasteur estsuffisamment authentique par la déclaration ci dessus et par celle que Mttre. Jean AbramPasteur, qui a reçeu la lettre, a donné à Mr. le président. Et comme il est observé que leditPasteur assure que son mariage avec Jeanne Gisclon est enregistré à Lausanne, Mr. lerévérend pasteur Chavannes est prié de conpulser les registres et d’en fournir une expédition.Après quoi, le résultat de cette information sera adressée le plutôt possible à nos illustres etpuissans seigneurs du Consistoire suprême.

Déclarations de Messieurs révérends doyen Leresche et pasteur Chavannes.Je déclare que le mariage de Jean François Pasteur avec Jeanne Gisclon n’est pas

inscrit sur les registres de Lausanne dont je suis le dépositaire, que je les ai [p. 58] parcourusdepuis l’an 1766. Qu’ainsi ce mariage aura été béni dans quelque autre Eglise. A Lausanne le30 août 1777.

Signé : E. L. Chavannes, pasteur.Les annonces du susdit mariage ont, en effet, été publiées à Lausanne, et m’ayant été

demandées, je les ai expédiées pour servir au pasteur qui devoit, ou seroit, prié de bénir lemariage, ignorant à qui les époux se seront adressés, et ce qui leur sera de déclarer. ALausanne ce 30 août 1777.

Signé : Le d. Leresche.Le paquet concernant Jeanne Louise Chatelan, de Brettigny, et Sr. Grasset, marchand

libraire, habitant de cette ville, a été remis à l’huissier de la v. Chambre le jeudi 21 août, pourle faire parvenir à Mr. le juge du v. Consistoire de Montherond.

[-] Comparoissance de Jeanne Françoise Meyer.Mr. le révérend pasteur Dapples, de l’Eglise des Croisettes, informe qu’aiant eu avis

du bruit qui couroit de la grossesse de Jeanne Françoise Meyer, d’Epalinges, fille d’un certainâge, point instruite, sur la conduite de laquelle son père n’avoit put veiller pour êtremanœuvre, qui l’obligeoit à être absent de chez lui, qui auroit cru de la faire paroître aux finsde chercher les moyens de l’occuper et d’être instruite en la fixant.

Ladite paroissant, assistée de son père, Jean Louis Meyer.Interrogée de son âge.Rép. : Qu’elle a 21 ans.

[p. 59]Interrogée si elle n’avoit pas sçu que le bruit de sa grossesse avoit couru.Rép. : Que oui.Interrogée si elle effectivement enceinte.Rép. : Qu’elle ne croit pas de l’être.Ladite, fortement exhortée à dire vérité, a persisté à soutenir qu’elle n’étoit point

enceinte.Le père ayant été appellé, ait manifesté qu’il désiroit ardemment que la v. Chambre

trouva les moyens de procurer la clôture de sa fille pendant quelques tems, affin qu’elle putêtre instruite pour la communion et réformer ses mœurs.

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Sur quoi délibérant, la v. Chambre a pris en considération la demande du père, et prieMr. le révérend pasteur des Croisettes de vouloir bien lui procurer le nécessaire pourintroduire ladite Meyerdans dans la Discipline de l’Hôpital de cette ville jusques à Noël.

Au rapport, le père a promis de veiller sur la conduite de sa fille.[-] Comparoissance de la femme de Jean Pierre Dizerens et de la veuve Menétrey.La femme de Jean Pierre Dizerens, domiciliée à Montoye, paroissant pour avoir usé de

mauvais propos et de termes indécens contre Susanne Porchet, veuve Menétrey, deChavannes.

La v. Chambre, après avoir entendu les parties assés au long dans leurs raisonsréciproques de justifications, et considérant le refus obstiné de ladite Dizerens à se vouloirréconcillier avec la veuve Menétrey, a trouvé que l’une et l’autre seroit exhortée à la paix. Aumoyen de quoi les parties seroient hors de difficultés.

Les parties rentrées, et vivement exhortées, se sont réconciliées, et se sont pardonnéespar attouchement de mains.

[-] Amande du Sr. Déaux.Mr. le révérend doyen Polier de Bottens fait rapport qu’il auroit été remis par Mr.

Déaux, six francs pour l’objet de la cittation dudit, sur lesquels il sera prélevé 20 baches pourle délateur, les droits du secrétaire et de l’huissier, et le reste pour amande.

[p. 60]4 septembre 1777

[-] 21e. assemblée dès la St. Michel 1776 à 1777.Du 4me. 7bre. 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Besson,conseiller Destallents, assesseur Porta, et le secrétaire.

[-] Jeann Esther Gallaz et Jn. François Pasteur.Le paquet concernant Jeanne Esther Gallaz, d’Ormond Dessus, a été expédiée, de

même que celle concernant Jean François Pasteur, domicilié à Genève, le mecredi 3 7bre.1777.

[-] Concernant Anne Schläpli et Rieder.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la v. Chambre, que malgré les ordres qui

lui avoient été donnés scéans à Anne Schläpli de se retirer incessamment par devers le lieu desa bourgeoisie pour y terminer sa procédure selon la bonne règle, elle auroit négligé de lefaire. En sorte qu’au moment qu’elle se disposoit à partir, elle a été surprise par unaccouchement subit, pour lequel l’huissier de la v. Chambre et la sage-femme se sont donneztous les soins.

Il met sur le bureau la déclaration légale de ladite Anne Schläpli, dont la teneur suit.Du vendredi 15 août 1777, onze heures du soir.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la v. Chambre, se

seroit transporté au domicile de Jean Nicolas Baumont, maison [p. 61] Semoroz, à la CitéDevant, bannière de la Cité, où il auroit trouvé, allant et venant, Anne Schläpli, de Lenk, aubailliage de Blankenbourg, assistée de la veuve Lebre, sage-femme jurée. Vivement pressée etexhortée à donner gloire à Dieu et à dire vérité sur la paternité de l’enfant qu’elle alloit mettreau monde. A dit que sans faire tort à sa conscience, ni à la personne accusée, elle ne pouvoitcharger qui que ce soit de la paternité de l’enfant à naître que Jean Rieder, de Adelboden,bailliage de Frutiguen, confirmant sa précédente déclaration pour être la pure vérité.

En témoin de quoi signé, Lausanne le 15e. août 1777.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Du samedi 16 août 1777, 7 heures du matin.

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La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Anne Schläpli, de Lenk, auroitaccouché ce jourd’hui, à deux heures du matin, au domicile de Nicolas Baumont, maisonSemoroz, Cité Dessous, bannière de la Cité, d’un enfant garçon, viable, à terme et de bonnevenue.

Du lundi 25 août 1777, 6 heures du matin.Ladite Lebre certifie que le fils naturel de Anne Schläpli, de Lenk, né le samedi 16 du

courant, auroit été baptisé hier dimanche 24e. à l’église de la Cité par Mr. le ministre Duplan,sous le nom de Jean.[p. 62]

Ladite Anne Schläpli, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sadéclaration au tems de ses couches, qu’elle a confirmé en tout son contenu.

Interrogée si depuis qu’elle a paru en v. Chambre le 17 juillet dernier, elle n’a point eude nouvelles de Jean Rieder, et si elle ne sçait point où l’on pouroit l’ateindre pour l’assigner.

Rép. Que non, et qu’elle ignore absolument où il peut être à cet heure.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a trouvé qu’il n’y avoit pas lieu d’assigner par

mandat au pillier public ledit Jean Rieder, lequel n’étoit point habitant de cette ville, et qu’ilfalloit incessamment communiquer à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, lesopérations de ce jour, dont un double sera expédié à Mr. le juge du v. Consistoire de Lenk,ainsi qu’on a fait pour le commencement de cette procédure, ayant accordé à ladite Schläpli lecours de sa requête.

[-] Concernant Madeleine Niclaus, femme de Louis Rikhart, et Bénédict Mozer.Monsieur le président informe qu’il auroit fait assigner Madelaine Niclaus, femme de

Louis Rikhart à paroitre séans aujourd’hui pour confirmer sa déclaration. Ladite Rickhart n’aput le faire, ayant manifesté à l’huissier qu’elle étoit dans un état de foiblesse qui ne le luipermetoit pas.

Lecture a été faite de sa déclaration, peu après ses couches, à notre secrétaire de séans,de la date du 20e. août dernier, dont la teneur suit.

Du mecredi 20 août, environ huit heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la v. Chambre, se

seroit transporté en Prélaz, au domicile d’Auguste Girardet, granger de Mr. le professeur deBons, [p. 63] bannière de St. Laurent, où il auroit trouvé au lit Madelaine Niclaus, femme deLouis Rikhart, de Ryken, baillage d’Arbourg, assistée de la veuve Amaudruz, sage-femmejurée. Vivement exhortée et pressée à donner gloire à Dieu et à dire vérité sur la paternité del’enfant qui venoit de naître. A dit que sans faire tort à sa conscience, ni à la personneaccusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant, que BénédictMozer, de Madrestch, baillage de Nidau, confirmant de plus fort sa précédente déclaration. Entémoin de quoy signé, Prélaz ledit jour 20 août 1777.

Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Du mecredi 20 août, midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Madeleine Niclaus, femme de

Louis Rikhart, présentement cuisinière chez une famille angloise, à la campagne de Prélaz,bannière de St. Laurent, avoit accouché ce jourd’hui audit Prélaz, environ cinq heurs et demidu matin, d’une enfant fille, viable, à terme et de bonne venue.

Du samedi 23 août 1777, 9 heures du matin.Ladite veuve Amaudruz certifie que la fille adultérine de Madeleine Niklaus, née le 20

du courant mois d’août, auroit été baptisée hier 22, à l’église de St. Laurent, par Mr. lerévérend pasteur Besson, sous le nom de Rose.[p. 64]

[-] Rapports pour scandales.

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Monsieur le président met sur le bureau deux rapports de la garde de la Maison deVille, dont les teneurs suivent.

Du dimanche 24 au lundi 25 août 1777.Rapport de André Gaudin. Comme il faisoit sa ronde de neuf heures du soir, il a trouvé

du monde devant la pinthe de Séchaud, en Etraz. Après avoir voulu metre la paix, Cretenoud,fils, a donné un coup de poing au nez de Jaques Corchet (sic : Corsat), de Pully, dont il y afait venir le sang. Ledit Gaudin a voulu saisir ledit Cretenoud pour le conduire au corps degarde, il s’est trouvé le père et autres personnes qui l’ont retenu, disant qu’il n’iroit point aucorps de garde ce soir, mais qu’il viendroit s’il le falloit le lendemain.

Signé : François Thélin, sergent de la garde.Extrait du registre des rapports du 24 au 25 août 1777.Michaud, en faisant sa tournée de 9 heures, a vu que la Barraud, en Bourg, avoit sa

boutique ouverte et vendoit des poires.De même que dans la boutique du Sr. Rouge, a vu que la Bourgeois avoit du monde

dans sa boutique, même qu’elle venoit de recevoir de l’argent que Michaud lui a vu dans samain.

André Gaudin a rapporté que l’on dansoit chez Lenoir, sur le dernier au Chêne à 11heures du soir.

Signé : François Thélin, sergent de la garde.[-] Comparoissance de Jean Marc Cretenoud, de Rens.En suitte desdits rapport, paroît Jean Marc Cretenoud, fils d’Anthoine Cretenoud,

rapporté par André Gaudin, comme il faisoit sa tournée du 24 au 25 d’aoust dernier, qu’à 9heures, il auroit trouvé du monde devant la [p. 65] pinthe de Séchaud, en Etraz, [c’est] envoulant metre la paix, que ledit Cretenoud, fils, auroit donné un coup de poings au né deJaques Corsat, de Pully, qui saignat.

Ledit Jean Marc Cretenoud dit pour sa justification, qu’au moment que le guet arriva,il avoit été terrassé par Corsat, de Pully, et qu’ayant été fort maltraité par ledit, il ne put seretenir de lui porter un coup de poings au visage, malgré la présence du guet, ce dont il serepend. Ajoutant au surplus qu’il n’avoit été que pacificateur dans une querelle qui s’étoitélevée entre ledit Corsat d’une part, et Louis Mondoz et Abram Buz, de l’autre.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre veut bien prendre ces raisons de justification enconsidération pour cette fois, le condamnant seulement à payer la garde, les droits de notresecrétaire et de l’huissier.

[-] Comparoissance de Lenoir.Sur le rapport fait à la v. Chambre qu’André Gaudin, guet, avoit rapporté que l’on

dansoit chez Lenoir, sur le dernier de sa maison au Chêne, à 11 heures du soir la nuit dudimanche 24 au 25 août dernier.

Ledit Lenoir paroissant, dit pour sa justification, que c’est bien dans sa maison qu’ondansoit, mais non pas chez lui, étant chez son locataire.

La v. Chambre, après avoir entendu les raisons de justification d’André Lenoir, lelibère.

[-] Concernant Françoise Journet.Monsieur le président informe la v. Chambre que samedi 30 du mois d’août, Mr. le

banneret Clavel, en sa qualité de juge du v. Consistoire de Savigny, lui avoit amené lanommée Françoise Journet, enceinte de huit mois des œuvres d’un bourgeois de la paroisse deVillete. Lequel a avoué la paternité, sous réserve que ladite Journet confirma, selon les loix,son accusation à l’instant de ses couches, [p. 66] ajoutant que ladite Journet est errante etvagabonde dans leur paroisse, n’ayant put être admise dans aucune maison, crainte des suites,pour y faire ses couches, vu que la Journet est sans facultés quelconques et qu’elle n’a aucune

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origine connue, ainsi qu’il paroît par son extrait baptistaire de l’Eglise de Savigny, en date du6 9bre. 1743.

Ladite Journet ayant été interrogée aux frais de qui elle avoit été élevée et nourie. Ellea répondu que Messieurs de la Direction des pauvres de Lausanne avoient payez sa pentionpendant nombres d’années chez la nommée veuve de Claude Brélaz, domiciliée sur laparoisse de Savigny, et qu’elle croioit être authorisée à venir faire ses couches à Lausanne.

Sur quoi Mr. le président avisat Mr. le banneret Clavel de prendre des informations àce sujet, d’où a résulté la lettre dudit Mr. le banneret Clavel, en date du 31 du mois passé,inclus la déclaration de susdite v. Brélaz. Laquelle porte que Françoise Journet lui avoit étéremise par Messieur le banneret de Saussure, conseiller de Vernand, ayant touché les mois depension auprès de divers receveurs des pauvre de cette ville, qu’elle nomme.

Mr. le président dit encore, qu’ayant chargé le secrétaire de compulser les registres ausujet de la procédure de la mère de la susdite Françoise Journet, ledit secrétaire auroit trouvéla sentence des illustres seigneurs du Consistoire suprême, en date du 16 Xbre. 1743, parlaquelle le Sr. Deturrey, qui étoit accusé, a été libéré, et l’enfant adjugé à la mère.

La v Chambre ayant délibéré sur ce cas a prié Mr. le conseiller Destallents de ledefférer aux très honnorés seigneur du Conseil, et à cet effet, lui a remis les pièces suivantes.

1°. La copie de la lettre de Mr. le banneret Clavel, avec la déclaration de la veuveBrélaz, et l’extrait baptistaire de ladite Françoise Brélaz (sic. : Journet) .

2°. L’expédition de ce qui c’est passé en 1774 à l’occasion d’un enfant que laditeJournet a eut de Jean Phillipe Giddey, de Curson, rière Villete.

3°. La traduction de la sentence rendue contre Françoise Journet le 16e. Xbre. 1743,écrite de la main de Mr. le lt. bval. de Bochat.

4° Un extrait du Consistoire du 13 février 1774.[p. 67]

[-] Lausanne.Tit. et alloc.Avant que nous puissions rien prononcer sur la clame de paternité que Madeleine

Niclaus, femme de Louis Rikhart, de Ryken, a formée à l’instant de ses couches contreBénédit Mozer, de Madretsch, Consistoire de Mett, nous vous chargeons amiablement denous informer le plutôt possible, sçavoir où le mari Rikhart se trouve présentement.

Depuis quand il s’est éloigné de sa femme.Et combien il y a de tems qu’ils ne se sont vus.Sur quoi nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 8e. 7bre. 1777.Reçue ce 13 7bre. 1777.Interrogatoire de Madeleine Niclaus, femme de Louis Rikart, de Riken, du 14e. 7bre.

1777.Nous, Jean Henri Polier de Vernand, lieutenant baillival et du vén. Consistoire de

Lausanne. Sçavoir faisons qu’ayant reçu le 13 du courant le rescrit de nos illustres et puissansseigneurs du Consistoire suprême en date du 8 7bre., où il est demandé des éclaircissemens surla procédure de Madeleine Niclaus, femme de Louis Rikart, de Rüken, avec ordre de prompteexpédition, nous n’aurions pas pu procurer une assemblée de la vén. Chambre à ce sujet. Enconséquence de quoi nous avons mandé le secrétaire dedite vén. Chambre et la femme Rikhart[p. 68] en notre domicile ce jourd’hui, dimanche 14 7bre., quatre heures après midi, pour faireà ladite Rikhart, l’interrogatoire suivant. Laquelle, après avoir été sérieusement exhortée àdire vérité, à charge et à décharge, a répondu en ces termes.

Interrogée en quel endroit se trouve présentement son mari Louis Rikhart.Rép. : Qu’il est actuellement cocher au château de Trachselwald.Interrogé depuis quand son mari s’est éloigné d’elle.

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Rép. : Que dans le tems qu’elle l’épousa, elle étoit veuve et meunière au moulin de St.Blaize, rière la principauté de Neufchâtel, où elle a vécu quatre ans avec sondit mari. Lequella quittat et l’abandonna ensuite, la laissant dans de grands embarras, avec un enfant issu deleur conjonction.

Interrogée où elle alla quand elle fut obligée de quitter le moulin bientôt après.Rép. : Qu’elle allat à Berne où elle fait plusieurs services en qualité de cuisinière, de

nourrice, de femme de chambre et fille d’enfans, chez Messieurs Zehender, Kilchberguer, deWatteville, de Torber et Tscharner, de Trachselwald. Pendant quel tems elle a cohabité avecson mari et en a eu un enfant qui est mort.

Interrogée si elle n’a pas eu d’autres enfans de son mari.[p. 69]

Rép. : Que oui, qu’il l’alla voir au château de Laupen où elle étoit cuisinière, il y aenviron cinq ans, qu’elle conçut un enfant dont elle est accouchée aux environ de Berne.Lequel est aussi mort.

Interrogée quand elle a cohabité avec son mari pour la dernière fois.Rép. : Que c’étoit aux environs de Pâques 1776, qu’elle étoit cuisinière chez Mr.

Grouber à Berne.Interrogée s’il n’est pas venu la voir depuis qu’elle est dans le pays.Rép. : Que non.Interrogée si elle n’a point eut de nouvelles de Bénédict Mozer, en dernier lieu.Rép. : Qu’elle n’en a point eu directement, mais qu’on lui a dit qu’après avoir quitté le

château de Vevey, il étoit allé à des bains près de Berne, où il a été vu par diverses personnesil y a 15 jours, et qu’il va quelques fois à Valberswil, près d’Arberg, chez une sœur qui y estmariée.

Lecture faite, a persisté.[p. 70]

2 octobre 1777

[-] 1re. assemblée de la St. Michel 1777 à celle de 1778.Du jeudi 2e. 8bre. 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vénérable Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Dapples, pasteur des Croisettes, bannerets de Saussure, Secrétan, conseillerDestallents, et secrétaire.

[-] Concernant Madeleine Niclaus.Le mecredi 17 août, le nouvel interrogatoire fait à Madeleine Rikhart, née Niclaus, en

suite du rescrit de nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, en date du 8 7bre.dernier, a été expédié ledit jour 17 août.

[-] Concernant la Françoise Journet.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport de l’extrait des registres du Conseil

de Lausanne du 9e. 7bre. 1777, par lequel ils ont absolument refusé de reconnoître FrançoiseJournet, et de lui donner aucun secours puisqu’elle est sans droit quelconque, et que lasentence du Consistoire suprême du 16e. Xbre. 1743 l’a adjugée à sa mère Journet, qui setrouve actuellement sans bourgeoisie.

Communication du tout a été donnée le 11e. 7bre. dernier à Mr. le banneret Clavel, enqualité de juge du vén. Consistoire de Villette. Lequel a répondu le 29e. dudit, qu’on seproposoit de defférer le cas à Leurs Excellences, pour qu’il leur plaise de fixer l’état de laditeFrançoise Journet, qui se trouve actuellement sans bourgeoisie.

Monsieur le président fait rapport de l’interrogatoire fait à Madeleine Niclaus, femmede Louis Rikhart, de Riken, du 14e. 7bre., dont la teneur est portée sur le registre de

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l’assemblée du 4e. dit 7bre., plus de la réponse de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, dont la teneur suit.[p. 71]

[-] Lausanne. Consistoire.Tit. et alloc.Madeleine Niclaus, femme délaissée depuis un certain tems par son mari, Louis

Rickart, de Rykan, bailliage d’Arbourg, ayant chargé avant et pendant ses couches, de lapaternité de son enfant Bénédit Moser, de Madretsch, paroisse de Mett, ci devant domestiqueau château de Vevey. Nous avons ordonné en conséquence, vu qu’il est absent, au Consistoirede Mette, à la date de ce jour, de proclamer dès la chaire de six semaines en six semaines, leurressortissant Bénédit Moser, pour qu’il ait à paroître selon les loix consistoriales, et répondreen droit à la clame de paternité que lui a formé Madeleine Niclaus, sous commination que s’ilfaisoit défaut, la sentence en contumace seroit invariablement prononcée contre lui. Nousavons voulu vous aviser par les présentes de l’état de cette procédure. En vous recommandantà la protection divine. Donné ce 22 7bre. 1777.

Reçue le 29 7bre. 1777.[-] Esther Galaz ; Jean François Pasteur.Monsieur le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, concernant Jeanne Esther Gallaz et Jean François Pasteur, dont la teneursuit, de la date du 8e. 7bre. dernier.[p. 72]

[-] Lausanne.Tit & alloc.En conséquence de la lettre qu’à écrite Jean François Pasteur, domicilié à Genève,

homme marié et sans bourgeoisie, par laquelle il se reconnoît père de l’enfant fille dontJeanne Esther Gallaz, d’Ormond Dessus, domiciliée à Vevey est accouchée le 17e. juindernier. Nous avons adjugé d’ors et déjà cette enfant fille audit Pasteur comme illégitime,devant porter son nom et être entretenu par lui, de manière qu’il en soit seul chargé au bout desix mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage denourrice. Nous le condamnons de plus à tous les frais de ce procès, sauf modération. Quand àla peine, nous avons voulu en libérer la plaignante, vu qu’elle n’est tombée dans cette fauteque sur la foy des promesses trompeuses de mariage dudit Pasteur. Lequel devra subir dixjours de prison dans le lieu du délit. Nous vous chargeons, s’il est possible, du resteamiablement, de retirer dudit Pasteur, pour l’émolument de notre Chambre, 160 batz que vousenverrez à notre secrétaire. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 8e.7bre. 1777,

Reçue le 13e. 7bre. 1777.[-] Jeanne Louise Reymondin et Jacob NeuenschwanderMonsieur le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême concernant Jeanne Louise Reymondin, de Pully, et JacobNeuenschwander, de Langnau, dont la teneur suit.[p. 73]

[-] Pully.Tit & alloc.Puisque Jacob Neuenschwander, de Langnau, présentement soldat au régiment de

May, en Hollande, a déclaré par la lettre qu’il a écrite, qu’il se reconnoissoit sans aucuneréserve père de l’enfant garçon dont Jeanne Louise Reymondin, votre ressortissante,domiciliée à Lausanne, est accouchée le 16 juillet dernier. Ajoutant qu’aussitôt qu’il pourroitobtenir un passe, il se rendroit au pays pour mettre en règle cette affaire avec la plaignante.Nous avons d’ors et déjà adjugé audit Neuenschwander cet enfant comme illégitime, devant

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porter son nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui seul au bout de six mois dès la datede sa naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Le condamnantau surplus à tous les frais de ce procès, sauf modération. L’un et l’autre devront subir pourcette faute la peine de dix jours de prison rière Lausanne, ainsi que le lieu du délit. A quoiledit Neuenschwander sera contraint par le Consistoire de Langnau à son retour dans le pays,à moins que les parties ne terminent cette affaire par le mariage. Dieu soit avec vous. Donnéce 8e. 7bre. 1777.

[-] Jeanne Françoise Meyer ; Benjamin Milliquet.Monsieur le président fait rapport de la clame de paternité de Jeanne Françoise Meyer,

d’Espalinges, contre Benjamin Milliquet, de Pully, du 28 7bre. 1777.[p. 74]

Dimanche 28e. 7bre. 1777, 2 heures après midi.Jeanne Françoise Meyer, fille de Jean Louis Meyer, d’Espalinges, Consistoire de

Lausanne, âgée de 21 ans, déclare être enceinte des œuvres de Benjamin Milliquet, de Pully,habitant en cette ville, domicilié à St. François, bannière de Bourg, charpentier et vigneron,homme marié. Son commerce charnel avec lui ayant commencé et fini dans le courant de juin,présente année 1777, qu’elle étoit sa servante depuis le mois d’avril même année. Elle compted’être enceinte d’environ quatre mois. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire. Entémoin de quoi signé, Lausanne ce 28e. 7bre. 1777.

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Jeanne Françoise Meyer, duement assignée, paroissant. Lecture lui ayant été faite

dedite déclaration, elle a persisté à dire qu’elle contenoit la pure vérité.Benjamin Milliquet paroissant. Après avoir entendu la lecture de l’accusation faite

contre lui, ait nié formellement d’avoir eu aucun commerce charnel avec ladite Meyer.Sur cette négative, Monsieur le président a jugé convenable d’interroger ladite Meyer

sur cesdits articles.Interrogée dans quel tems elle est entrée en service chez ledit Milliquet.Rép. : Dans le tems qu’on fossoioit les vignes.

[p. 75]Interrogée où elle a eu commerce charnel avec ledit Milliquet.Rép. : Que c’est dans une chambre de l’appartement qu’occupe Milliquet en St.

François, et où personne ne couche.Interrogée si c’est de jour ou de nuit.Rép. : Qu’elle a eu son commerce le matin, avant que d’aller à la vigne, et le soir en

revenant, en différents jours.Interrogée si elle a eu commerce charnel avec lui aillieurs que dans cette chambre.Rép. : Qu’elle a eu commerce charnel avec lui à la vigne qu’il cultive en St. Laurent.Interrogée si elle peut se rappeler quand elle a eu commerce charnel avec lui pour la

dernière fois.Rép. : Que c’est une 15ne. de jour avant que de sortit de chez lui, peu de jours après les

revues.Interrogée si elle peut administrer quelques preuves de son commerce charnel avec

ledit Milliquet par quelque présent ou donnation.Rép. : Qu’il ne lui a rien donné.Interrogée si c’est lui ou sa femme, qui ont payé son gage.Rép. : Que ledit Milliquet lui a donné une paire de soulier.Lecture faite, a persisté.Benjamin Milliquet, après avoir entendu l’interrogatoire ci dessus, a été interpellé s’il

persistoit dans sa négative. A répondu qu’il continuoit à nier formellement d’avoir eu aucuncommerce charnel avec ladite Meyer.

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[p. 76]La v. Chambre, par son délibéré, a trouvé que la procédure seroit suspendue jusques

après les couches de ladite Meyer.Ladite Meyer rentrée, a été sérieusement exhortée d’avoir soin de son fruit, et de faire

avertir à l’instant de ses couches les préposés, pour être entendue.Jean Isaac Détraz, habitant de cette ville, vigneron de Mr. Auboin, domicilié au Chêne

chez Lenoir, paroissant, dhuement assigné pour avoir raporté qu’on avoit dansé chez lui ledimanche 24 aoust dernier.

Dit qu’il est bien vrai qu’on a dansé chez lui jusques à onze heurs du soir. Qu’ilignoroit qu’il fut deffendu de danser le dimanche, ayant présenté au saint baptême ce jour là,une fille. Les compères et les commères avoient désiré de se procurer le plaisir de la danse auson de son violon, à quoy il avoit consenti. Et que le tout s’étoit passé sans scandale.

La v. Chambre faisant attention à la naïveté de l’aveu du Sr. Détraz, par égard veutbien prendre en considération les raisons de sa justification, et se relâcher de l’amande portéepar les loix et l’affranchir de tous frais.

[-] Veuve Armand.Rapport du 27 au 28 7bre. 1777.L’on a joué aux cartes pendant toute la nuit chez la veuve Armand, à la rue du Prez,

qui a la réputation de tenir mauvaise vie et de retirer chez elle toute sorte d’hommes. Ce querelate Anthoine Mercier, guet, de même que le sergent soussigné.

Signé : Ab. L. Courlat, sergent de garde.La veuve Armand, au rapport de l’huissier, étant à Genève, sera assignée dans la 15ne.

[p. 77]30 octobre 1777

[-] 2de. assemblée dès la St. Michel 1777 à 1778.Du jeudi 30e. 8bre. 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs Messieurs Polier de Bottens et Leresche, doyens, pasteurChavannes, présent Mr. le pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande, bannerets de Saussure,Secrétan, conseillers Destallents, Vullyamoz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Election de Mr. le justicier et secrétaire Frédérich Bergier.En place de Monsr. le contrôleur substitué Rosset, a été éleu assesseur de cette v.

Chambre à cette St. Michel dernière, Mr. le justicier Frédérich Bergier.[-] Concernant Marguerite Zwallen.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport qu’il auroit fait signifier deux

mandats, en date du lundi 13 8bre. dernier, l’un à Marguerite Zwallen, dans le ressort duConsistoire de Vufflens le Château, avec injonction et ordre de se rendre dans l’espace de 4semaines aux prisons de cette ville, pour y subir la peine à laquelle elle a été condamnéeméritoirement par sentence du 29e. Xbre. 1773, pour la faute simple de fornication commise enrécidive avec le Sr. Ethienne Matthieu, maître chirurgien, &c.

En conséquence de ce mandat, nottiffé le 16e. 8bre. dernier, consté de la relation del’huissier Perey, de Chigny, ladite Marguerite Zwallen s’est rendue à l’Evêché d’elle même le6 9bre. courant.

[-] Susanne Marie Dufaux.Plus, l’autre mandat a été notiffié à Marie Susanne Dufaux, du Châtelard, domiciliée à

Vevey, avec ordre et injonction de se rendre dans l’espace de 4 semaines aux prisons de cetteville, pour y avoir été condamnée par sentence de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, en date du 2e. 7bre. 1776, pour la faute de fornication simple commise avec AndréJuvan, de Cheseaux.[p. 78]

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Monsieur le président fait rapport d’une représentation adressée par la poste à Mr. lerévérend doyen Polier de Bottens, datée de Vevey du 17 du courant mois d’octobre, de la partde Susanne Marie Dufaux, du Châtelard, domiciliée à Vevey. Laquelle expose que laprocédure ayant été instruite à Montreux, c’est là où elle doit subir sa peine, et qu’elle ne seconformera qu’après qu’il aura été certifié qu’André Juvan a subi la sienne. Et que moyennantqu’elle satisfisse pour la peine par la somme prescrite selon les loix souveraine en faveur despauvres de sa commune, que c’étoit suffisant. Ajoutant qu’elle a eu de grandes souffrancespour apporter son enfant de Lyon six jours après l’accouchement. Toutes considérationsauxquelles on ne sauroit avoir égard, et sur quoi il sera délibéré dans la 15ne.

[-] Concernant Madeleine Niclaus, femme Rickart, et Moser.Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres et puissans seigneurs

du Consistoire suprême, concernant Madeleine Niclaus, femme Rikhart, de Rikan, et BénédictMoser, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Tite & alloc.Bénédit Moser, de Madretsch, paroisse de Mett, contre lequel Madeleine Niclaus,

femme de Louis Richart, de Ryken, paroisse d’Arbourg, fait clame de paternité, ayant paruaujourd’hui par devant nous, nous a nié formellement la vérité de cette clame, avecl’allégation de diverses exceptions contre la prétendue paternité. En conséquence, nous vouschargeons amiablement de faire instruire à fond la plaignante, par Mr. son pasteur, dans laReligion du serment, et de l’assigner ensuite au lundi 8 Xbre. à paroître par devant nous pourêtre entendue en contradictoire. Lorsque vous enverrez dans son tems votre verbal sur cetteaffaire, vous ne [p. 79] manquerez pas d’i joindre un rapport bien sûr de la vie et mœurs de laplaignante.

Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 20e. 8bre. 1777.Reçue le 25 8bre. 1777.Lecture faite dudit rescrit, Mr. le révérend pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande,

veut bien se charger de l’instruction à fond de ladite Richart dans la Religion du serment, àteneur dudit rescrit. A quel effet ladite Richart devra se rendre dimanche prochain 2e. de 9bre.auprès de Mr. le révérend pasteur Sprunglin, pour prendre ses ordres, sur l’heure de sacommodité. Et dans le cas qu’elle ne s’i rende pas d’elle même, l’huissier de la v. Chambrel’ira chercher en Prélaz où elle est domiciliée. Mr. le révérend pasteur Sprunglin voudra bienaussi donner dans la 15e. un certificat de la vie et mœurs de ladite Richart, jour auquel elledevra paroître pour recevoir la citation au 8 Xbre. prochain.

[-] Henry Hullrech.Monsieur le président fait rapport de la plainte de Henri Hullrech, de Niederhalwyl,

dont la teneur suit.Du mardi 21 8bre. 1777.Henri Hullrech, de Niederhalwyl, bailliage de Lentzbourg, habitant de cette ville

depuis 5 ans, rend plainte contre sa femme, Catherine Huggi, âgée de 70 ans, qui se livre auxplus grands excès de la boisson, le frappe fréquemment, et trouble la paix du ménage d’unemanière odieuse. Ils n’ont point d’enfans. Ledit Hullrech désireroit d’être séparé.[p. 80]

Lecture faite dedite plainte, par délibération de la v. Chambre, l’un et l’autre serontassignés dans la 15e. pour être entendus contradictoirement.

[-] Concernant Jeanne Meyer et Benjamin Milliquet.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de Benjamin Milliquet sur la

clame de paternité que Jeanne Françoise Meyer, d’Espallinges, a formée contre lui. Parlaquelle il avoue le commerce charnel avec ladite Meyer, dont la teneur suit.

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Le 23e. may 1777, moy, Benjamin Milliquet, ladite Jeanne Maie et entrée ché moy lemême jour, le matin je sui parti pour Berne. Je suis arrivés le 27 dit, le 3 de juin jusqu’au 16dit, j’ai eut sa compagnie, et si l’avés dit la véritté, je n’oroy jamay nier. Et si la couche dansce tan marqué il cy desus, je ne renieray jamay mon sans.

Extrait mot à mot de l’original par le secrétaire consistorial. Atteste : Vullyamoz.Lecture faite dedite déclaration, ledit Milliquet paroissant l’a confirmée dans tout son

contenu, demandant à la vén. Chambre qu’au deffaut d’assesseurs du Consistoire, il soitdonnées des personnes de probité pour entendre légalement la déclaration de ladite Meyer àl’instant de ses couches.

Mr. le révérend doyen Polier de Bottens faisant rapport de la commission qui lui avoitété donnée, de faire des exortations sérieuses audit Milliquet sur sa négative, ajoute que lafemme dudit Milliquet s’étant rendue auprès de lui, en même tems que le mari, elle a tenu despropos qui annoncent qu’elle est disposée à pardonner à son mari la faute qu’il a commiseenvers elle, ayant elle même contribué à faire son aveu.[p. 81]

[-] Concernant Marguerite Séchaud et Nicolas Druay.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Marguerite Séchaud,

de Sulens, contre Nicolas Druay, de Faoug, bailliage d’Avanches, au pied de laquelle estl’aveu dudit Nicolas Druay, dont les teneurs suivent.

[-] Copie.Du dimanche 19e. 8bre. 1777.Marguerite Séchaud, fille de Jean Séchaud, de Sulens, domiciliée chez son père à la

Chenau de Bourg, âgée de 28 ans, déclare être enceinte des œuvres de Nicolas Druay, deFaoug, baillage d’Avanches, âgé d’environ 25 ans, actuellement domestique chez Mr. lerévérend pasteur de Meyriez, où la plaignante servoit jusqu’à la St. Jean présente année 1777.Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de mars dernier, et continuéjusqu’au mois d’avril. Elle compte d’être enceinte d’environ six mois. Lecture faite, apersisté. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire. En témoin de quoi scellé et signé,Lausanne ce dimanche 19 octobre 1777.

Signé : Polier de Vernand, lt. bl.Lecture ayant été faite de la déclaration cy dessus à l’accusé, Nicolas Druay, de Faoug,

il a déclaré, présence de Monsieur le révérend pasteur Dutoit, de Meyriez, chez qui il sert, etdevant le Sieur assesseur consistorial Guechard Bovet, dudit Meyriez, comme sur les mainsdu soussigné secrétaire dudit Consistoire, que ladite accusation [p. 82] est conforme à lavérité, et qu’il confesse d’avoir eu commerce charnel avec ladite Séchaud dans le tems qu’ellel’indique. Se reconnoissant père de l’enfant qu’elle porte, et s’en chargeant dès à présent, sielle accouche au tems qu’elle doit accoucher, selon sa déclaration, et si elle le confirme selonles règles. Se réservant au cas qu’il en arrive autrement, de faire toutes les exceptions qui luiconviendront de droit. Ajoutant qu’il est très fâché que l’accusatrice aye tardé si longtems à sedéclarer sur sa grossesse, ayant fait tout ce qui a dépendu de lui pour l’y engager, dans ledessein de réparer sa faute. Mais que pour ce retard, elle l’a mis hors d’état de le faire, serecommandant à la clémence et à la bonté de ses juges dans sa faute, de laquelle il demandepardon. Fait et rattifié à Meyriez le 28e. 8bre. 1777.

Signé : J. J. Mottet, avec paraphe, notaire, secrétaire du Consistoire de Meyriez.Lecture faite, la v. Chambre, sur ledit aveu, a trouvé qu’il n’i avoit autre chose à faire

pour le bien de la procédure, que d’entendre, selon la règle, ladite Séchaud à l’instant de sescouches. A quoi il sera pourvu.

[-] Rapport concernant la Dufaux.Monsieur le président fait rapport d’une représentation adressée par la poste à Mr. le

révérend doyen Polier de Bottens, datée de Vevey du 17 du courant mois d’8bre., de la part de

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Susanne Dufaux, du Châtelard, domiciliée à Vevey. Laquelle expose que la procédure ayantété instruite à Montreux, c’est là où elle doit subir sa peine, et qu’elle ne se conformeraqu’après qu’il aura été certifié qu’André Juvan a subi la sienne. Ajoutant qu’elle a eu degrandes souffrances pour apporter son enfant de Lyon six jours après l’accouchement, toutesconsidérations et exceptions auxquelles on ne sauroit avoir égard et surquoi il sera délibérédans la 15ne.

[-] Louis Viret.Louis Viret sera cité pour la 15ne. à raison de ses violences contre sa femme, et pour

s’être refusé de se rendre auprès de Mr. le révérend pasteur Chavannes, malgré les ordres quilui en avoit été donné.[p. 83]

[-] La fille Vernaud et Ferande.Sur le rapport de Monsieur le révérend doyen Leresche, de la mauvaise conduite

scandaleuse de Faraudo, vendeur d’emplattre, homme ambulant, marié, catholique romain,lequel entretient un commerce supposé illicite, qu’il voudroit épouser la fille de FrançoisVernaud, de Vufflens la Ville après avoir changé de Religion.

La v. Chambre faisant attention que ce commerce dudit Faraudo avec ladite Vernaudétoit scandaleux, qu’il pourroit en résulter des suites fâcheuses, a ordonné que ladite Vernaudsera citée par lettres pour paroître personnellement dans la 15ne. Et quand audit Faraudo, onprie Mr. le banneret Secrétan de porter le fait aux nobles et très honorés seigneurs du Conseilpour, s’il est possible, expulser du ressort ledit Faraudo.

13 novembre 1777.

Du jeudi 13e. 9bre. 1777.[-] Sous la présidence du noble sgr. lt. bl., ont assistés Messieurs doyens Polier de

Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, Dapples, Sprunglin, bann. de Saussure, cons.Destallents, ass. Porta, Bergier et secrétaire

[-] Jne. Françoise Eve Kohler et Jn. François Tuillard.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne

Françoise Eve Kohler, dont la teneur suit.Du mardi 11 9bre. 177, 11 heures du matin.Jeanne Françoise Eve Kohler, fille de Daniel Kohler, de Bourguistein, habitant des

Râpes, à Mauvernay, âgée de 30 ans, déclare être enceinte des œuvres de Jean FrançoisThuillard, de Froideville, âgé d’environ 40 ans. Son commerce charnel avec lui, ayantcommencé et fini en mai présente année 1777. Il lui a fait des promesses verbales de mariage.Elle compte d’être enceinte de cinq mois et demi.

Interrogée si elle n’a point eu d’enfant précédemment.Répond qu’elle a eu un garçon d’Isaac Parisod, de Grandvaux, en 1770. Interpellée de

signer, a dit ne sçavoir pas écrire.[p. 84]

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 11e. 9bre. 1777.Signé : Polier de Vernand, lt. bl.Compart Jeanne Françoise Eve Kohler, assistée de son père, Daniel Kohler, domicilié

aux Râpes, à Mauvernay, contre Jean François Thuillard, de Froideville, cité par lettre, constéde la relation de Sbastian Martin, huissier dudit lieu, en date du 12 du courant.

Ledit Jean François Thuillard paroissant. Lecture lui a été [faite] de la déclaration deladite Jeanne Françoise Eve Kohler, en date du 11 du courant mois de 9bre.

Sur laquelle ayant passé négative formelle, il a été demandé à ladite Kohler dans quellieu elle a eu commerce charnel avec ledit Thuillard.

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Rép. : Qu’un mecredi du mois de mai présente année 1777, elle auroit rencontré JeanFrançois Thuillard à la Palud, environ deux heures après midi. Il la conduisit à la pinthe deRoux, à la Madeleine. Il la suivit, et l’accompagnat jusques à Espalinges, près de la maisonoccupée ci devant par David Capt. Il lui offrit deux gros escus, et de la monnoie pour laséduire. Et qu’environ à l’entrée de la nuit, elle commit l’acte de fornication avec lui, dans lebois, à quelques distance de la maison.

Ladite , interrogée si elle a eu commerce charnel avec ledit Tuillard depuis cette date.Rép. : Que non.Interrogée si elle a dit à Jean François Tuillard qu’elle étoit enceinte.

[p. 85]Rép. : Qu’elle n’a pas eu occasion de le rencontrer.Interrogée si elle a reçeu l’argent que ledit Tuillard lui offroit.Rép. : Qu’elle a bien vu l’argent que ledit Tuillard lui offroit, mais qu’elle ne l’a pas

pris.Ledit Tuillard interrogé s’il persiste dans sa négative, malgré les détails indiqués ci

dessus.Rép. : Qu’il n’a point eu commerce charnel avec ladite Kohler à la date indiquée.

Ayant fait à ce sujet des imprécations de n’avoir eu aucun commerce avec ladite Kohler.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a trouvé que selon le prescrit des loix, la procédure

devoit être suspendue jusques après l’instant des couches de ladite Kohler, selon la règle. EtMr. le révérend pasteur des Croisettes est prié de nommer deux personnes jurées pour yassister.

[-] Accouchement de Jne. Debamp.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de la veuve Amaudruz

concernant l’accouchement de Jeanne Debamp, de Warrens, dont la teneur suit.Du samedi 1er. 9bre. 1777, 5 heures après midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Debamp, de Warrens,

auroit pris azile chez le maçon Pierre Gontier, en St. Jean, ce jourd’hui, environ 4 heures aprèsmidi, étant à la veille d’accoucher. Et qu’au bout d’une heure, ladite Debamp auroit étédélivrée d’un enfant mort, âgé d’environ 4 mois et demi.

On a appellé des témoins, qui sont J. F. Rochat et Pierre Louis Tardy, de Warens.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 1er. 9bre. 1777.Expédié copie à ladite Debamp, gratis, le samedi 8 9bre. 1777.

[p. 86][-] Comparoisance de Jeanne Marie Vernaud.Compart Jeanne Marie Vernaud, fille de François Vernaud, de Vufflens la Ville,

habitant en cette ville, âgée de 25 ans, assignée à ce jour pour rendre raison de sa conduite, deses liaisons apparentes avec Faraude, homme ambulant, vendeur d’emplâtres, marié,catholique romain.

Ladite ayant été sérieusement exhortée à renoncer à ses liaisons avec ledit Faraude,elle a témoigné de la reconnoissance envers Messieurs les révérends pasteurs de leurs soinscharitables pour elle. Mais elle a manifesté en même tems, pour le coup qu’il ne lui étoit paspossible de renoncer entièrement aux engagemens qu’elle a avec ledit Faraude.

Sur ce, il lui a été fait les deffenses les plus expresses de récidiver, et de continuer àfréquenter ledit Faraude.

A quoi elle a répondu que ledit Faraude étoit absent de la ville, et qu’elle ne feroitaucunne démarche pour l’aller joindre.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a ordonné que ladite Vernaud devra paroître devantMessrs. les révérends pasteurs, doyen Polier de Bottens et Chavannes, pour y êtresérieusement exhortée à renoncer à toutes liaisons avec Faraude. Et dans le cas que la v.

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Chambre vienne à apercevoir que ladite Vernaud continue à fréquenter ledit Faraude dans leressort, elle sera incessamment defférée aux honorés seigneurs du Conseil, avec prière deparer à ce désordre.

[-] Comparoissance de la femme Besson.Compart la femme du Sr. Besson, maître perruquier, habitant de cette ville, duement

assignée, d’une part, et sa belle-fille, née Faton, d’autre part, à raison des violences et desvivacités qu’elle avoit eue envers sa belle-fille et le mari, son fils.

Sur laquelle, Mr. le révérend doyen Polier de Bottens fait rapport des plaintes qui luiauroit été faite de la part du fils marié et de sa femme, née Faton, sur les violences poussées àl’excès de la mère du fils cadet et de sa fille.

La mère Besson, après avoir entendu ledit exposé contre elle, a reconnu qu’elle s’étoitlivrée à une grande vivacité envers [p. 87] sa belle-fille, avec promesses solemnelles de garderla paix avec elle et son mari.

La v. Chambre, par son délibéré, a ordonné que la fille Besson sera assignée dans la15ne. D’aillieurs, satisfaite de la manière décente de la mère Besson, pour avoir reconnu sontort, et les engagemens qu’elle a pris de se corriger de ses violences.

L’une et l’autre ont promis de bien vivre les uns avec les autres.[-] Censure adressée à Marguerite Zwallen.Marguerite Zwallen, condamnée par sentence en date du 9e. Xbre. 1773 pour récidive, à

20 jours de prison et à une censure, amenée de l’Evêché pour la recevoir, Mr. le révérenddoyen Polier de Bottens l’a exécutée avec dignité.

[-] Comparoissance de la veuve Armand.La veuve Armand, duement assignée à ce jour, paroissant pour avoir permis qu’on

jouat aux cartes pendant toute la nuit la veille du 27 au 28 7bre. dernier chez elle à la rue duPré, et à la réputation qu’elle avoit de tenir mauvaise vie, et de retirer toute sorte d’homme,suivant le rapport de la garde.

Ce que rapporté à ladite Armand, elle n’a point disconvenu qu’on eut joué aux carteschez elle, mais que c’étoit des ouvriers qui logeoient chez elle qui étoit dans leur chambre, etautres raisons tendantes à se justifier sur les autres articles d’accusation.

Sur quoi la v. Chambre, après l’avoir vivement exhortée à se mieux conduire à l’aveniret à ne pas donner lieu à de nouvelles plaintes sur son sujet, veut bien la libérer pour cette foiset lui faire grâce des frais,

Ce qu’elle a promis d’exécuter.[p. 88]

4 décembre 1777.

[-] 4e. assemblée.Du jeudi 4me. Xbre. 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Chavannes,Sprunglin, de l’Eglise allemande, bannerets de Saussure, Secrétan, conseiller Destallents,grandsautier, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Madeleine Niclaus, femme Richart.Le secrétaire de scéans met sur le bureau le mandat de cittation de Madelaine Niclaus,

de la date du 30 9bre. dernier, et sa relation au bas, pour lui avoir été remis, parlant à sapersonne, ajournée à paroître à l’audiance de nos illustres seigneurs du Consistoire suprêmepour le 8e. Xbre. courant, pour être entendue en contradictoire avec Bénédit Moser. Duquellecture a été faite.

Mr. le révérend Sprunglin, de l’Eglise allemande, a remis l’acte qui lui avoit étédemandé concernant l’instruction de ladite Madeleine Niclaus, femme Richart, dans laReligion du serment. A quoi il a ajouté une certificat de vie et mœurs, autant qu’il en put

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connoître, datée du 3 du courant mois de Xbre. Il dit encore que la Richart doit être partie ledimanche 30e 9bre. pour se rendre à Berne suivre à sa procédure.

Sur quoi délibérant, la v. Chambre ayant justifié que ce qui avoit été ordonné par lesrescrit de nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême en date du 20 8bre.dernier, avoit été bien exécuté, tout ce qui est inscrit sur le registre concernant le rescrit seralevé incessamment et adressé à nos illustres seigneurs par le courier de samedi prochain.[p. 89]

[-] La fille du perruquier Besson.Sur le rapport de Messieurs révérends doyen Polier de Bottens et pasteur Chavannes,

concernant la désunion qui reignoit dans la maison du perruquier Besson, habitant de cetteville, sa fille assignée à ce jour, pour avoir trouvé les moyens de réunir cette famille diviséeentr’elle, ont témoignés avec attendrissement comme cette union leur a parue sincère par lesprévenances touchantes qu’ils se sont réciproquement données, que ces vénérables pasteursont cru pouvoir exempter la fille Besson de paroître scéans pour avoir été réellement malade,et cela d’autant plus que cette comparoissance sur les remontrances qui lui auroit étéadressées ayant eu son effet par cette réunion à laquelle ils se sont vivement intéressés.

La v. Chambre, après avoir remercé ces Messieurs de leurs tendres soins d’avoirréunis cette famille désunie, veut bien affranchir de cette comparoissance la jeune Besson,moyennant que cette réconcilliation opère son effet. A deffaut de quoi, on renouvellera lepassé.

[-] Susanne Marie Dufaux.Ayant relu la requête de Susanne Dufaux, en date du 17e. 8bre. dernier, par laquelle il

est annoncé qu’elle se propose de payer à sa communauté du Châtelard la finance ordonnéepar la loy pour ceux qui veullent s’affranchir de prison pour la faute simple de fornication. Lav. Chambre ordonne qu’il sera fait un nouveau mandat, par lequel ladite Dufaux sera astreinteà remettre dans quatre semaines la quittance des cent livres bernoises duement signée etlégalisée du receveur des pauvres dedite communauté.[p. 90]

18 décembre 1777

[-] 5e.Du jeudi 18 Xbre. 1777.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur[s] Besson,Chavannes, bannerets de Saussure, Secrétan, conseiller Destallents, secrétaire.

[-] Madeleine Niclaus ; Bénédit Moser.Le paquet concernant Madeleine Niclaus, femme Richart, et Bénédit Moser, a été

expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 6 Xbre. courant. Danslequel est joint la copie du mandat de citation de ladite Richart pour le 8e. Xbre., avec larelation au bas, et l’acte de Mr. le révérend pasteur Sprunglin concernant l’instruction deladite Richart dans la Religion du serment.

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustresseigneurs du Consistoire suprême concernant Madeleine Richart et Bénédit Moser, plus de salettre de divorce d’avec son mari, Louis Richart dont les teneurs suivent.

[-] Lausanne.Tit & alloc.A l’audience de ce jour ont comparu par devant nous, Madeleine Niclaus, femme de

Louis Richard, de Ryken, paroisse d’Arbourg, domiciliée dans votre ressort, demanderesse enclame de paternité, d’une part, et Bénédit Moser, de Madretsch, assisté de Mr. l’avocatDitlinguer, d’autre part. Sur ce, après avoir [p. 91] ouï les plaidoyers réciproques, et examinéavec soin les diverses pièces du procès. Nous avons connu et jugé que la demanderesse ayant

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été tardive à subir son interrogatoire avant les douleurs de l’accouchement, ainsi qu’il estprescrit par les loix, on ne peut ajouter en droit aucunne foy à sa déclaration. Partant, nouslibérons entièrement le défendeur de cette accusation, et le maintenons dans la conservationde son honneur à tous égards.

Quand à l’enfant fille née le 20e. août dernier et baptisée sous le nom de Roze, nousl’avons adjugée d’ors et déjà à la mère, devant porter son nom de (Richard), être de sabourgeoisie et entretenue par elle. Condamnant ladite Richard à la peine ordinaire de 20 joursde prison, et à faire sa déprécation par devant vous.

Par apport aux frais, nous les avons compensés par bonne considération, de manièreque chaque partie supportera les siens.

Enfin, nous vous chargeons amiablement de retirer de ladite Richard, pourl’émolument de notre Chambre, 133 batz, que vous enverrez à notre secrétaire dans le délai dequatre semaines. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 8e. Xbre. 1777.

Reçue le 15 Xbre. 1777.[p. 92]

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire de la ville et république de Berne.Sçavoir faisons par les présentes, que ce jourd’hui par devant nous, ont comparu LouisRichard, de Ryken, paroisse d’Arbourg, demandeur, d’une part, et sa femme, MadeleineNiclaus, défenderesse, d’autre part. Le mari requérant qu’il nous plut lui accorder son divorceà raison de l’adultère que son indigne femme a commis et dont nous venons de juger.

Sur ce, ladite Niclaus n’ayant eu aucune opposition ni exception à faire contre cettejuste demande, nous avons par droit, selon notre pouvoir, dissous et annullé les liens dumariage entre ces jugaux, et les avons rendus à leur précédent état de liberté, avec réserve quele mari ne pourra convoler qu’au bout de six mois, et la femme, comme la partie coupable,qu’après dix huit mois écoulés. L’un et l’autre, surtout la femme, devant se présenter à nousavec des témoignages d’une meilleure conduite, pour obtenir la permission de se remarieraillieurs. Quand aux frais occasionnés par cette demande en divorce, nous avons condamnéladite Niclaus à les supporter, sauf modération. Renvoyant les parties, pour les intérêts civils,au tribunal compétent. Actum ce 8e. Xbre. 1777.[p. 93]

Ouï la lecture de la sentence de nos illustres seigneurs du Consistoire suprêmeconcernant Madeleine Niclaus, femme Richard, la v. Chambre a ordonné qu’aussitôt queladite Niclaus se trouvera domiciliée dans le ressort, devra être saisie et réduite dans lesprisons pour y subir sa peine, comme lieu de son délit. Et on lui remettra les lettres de sondivorce, en payant les frais de sa première sentence, montant à 133 batz pour les frais deBerne.

[-] Concernant Marie Dufaux et André Juat.Monsieur le président fait rapport du rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême en date du 1er. Xbre. courant, concernant Susanne Marie Dufaux et André Juat, dont lateneur suit.

[-] Lausanne.Tit. & alloc.Nous vous chargeons amiablement d’assigner par devant nous André Juat, de

Cheseaux, domicilié dans votre ressort, au jeudi 8 de janvier 1778, pour être entendu encontradictoire avec Susanne Marie Dufaux, du Châtelard. Vous nous certifierez si la citationl’a bien atteint, en nous donnant un témoignage de vie et mœurs dudit Juat et de sa mère. Aquoi vous ajouterez un verbal circonstancié de tout ce que vous avez pu sçavoir de cetteaffaire. Dieu soit avec nous. Donné ce 1er. Xbre. 1777.

Reçeue le 5e. Xbre. 1777.[p. 94]

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En conséquence desdits ordres, ont été assignés la veuve Juat et son fils, à paroîtrecéans ce jourd’hui, pour avoir communication dedite lettre.

Susanne Bourgeois, femme et veuve d’Abraham Juat, boucher de Cheseaux, habitantde cette ville.

Interrogée si c’est bien [son] intention de nourrir, entretenir et d’élever auprès d’elle lafille naturelle qui a été adjugée à son fils André Juat, par sentence de nos illustres seigneursdu Consistoire suprême du 2e. 7bre. 1776, issue de son commerce charnel avec Susanne MarieDufaux, du Châtelard.

Répond qu’elle promet solemnellement, et s’engage à entretenir auprès d’elle leditenfant tant que Dieu lui conservera la vie et la santé.

André Juat, sommé de se rendre à l’audience de nos illustres seigneurs le jeudi 8e.janvier 1778, soit lui même, soit par procureur, pour être entendu en contradictoire avecSusanne Marie Dufaux, du Châtelard, au sujet de la contestation qu’il a eu avec elle sur laremise dudit enfant, a expressément promis d’obéir aux ordres qu’il recevoit, sous l’obligationgénérale de ses biens, à quel il a donnée par devant la v. Chambre sa signature sur le plumitif.

Signé : André Juät.Monsieur le président ayant demandé à la vén. Chambre relation de la vie et mœurs de

la mère Juat et de son fils, il a été répondu qu’on ne savoit rien que de bon et d’avantageuxsur leur [p. 95] compte. La mère Juat ayant demeuré longues années en cette ville, exercant laprofession de bouchère avec honneur, et élevé par sa bonne oeconomie une nombreusefamille.

Monsr. le révérend pasteur Chavannes, dans la paroisse duquel ils sont domiciliés, leura rendu en particulier un bon témoignage.

Quand à la connoissance que la v. Chambre peut avoir de cette affaire, elle n’en aaucunne, que par la lettre de nos illustres seigneurs en date du 2 7bre. 1776, ladite SusanneMarie Dufaux s’étant retirée de cette ville sans avoir suivi aucunne des formes ordonnées parla loi, et le bruit de sa grossesse n’ayant point couru, à la suite des ordres de nos illustresseigneurs. Ladite Dufaux ayant été assignée par mandat en date du 14 octobre dernier pourvenir subir sa peine de dix jours de prison, elle a jugé à propos d’adresser par la poste lereprésentation dont ici copie, sur laquelle la v. Chambre prie nos illustres seigneurs de donnerles ordres qu’ils trouveront à propos et bon pour la suite. Le tout de ce que dessus seraexpédié par le courier de samedi 3e. janvier 1778.

[-] Concernant Louise Aubertet et Pierre Daccord.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de grossesse et la clame de

paternité de Louise Aubertet, de Bavois, contre Pierre Daccord, de Lausanne, de la date du 8Xbre. 1777, dont la teneur suit.

Du lundi 8 Xbre. 1777, une heure après midi.Louise Aubertet, fille de feu Pierre Aubertet, de Bavois, âgée de 19 ans, actuellement

servante chez le Sieur Emmanuel Coytau, cabaretier à Ouchy, déclare être enceinte desœuvres de Pierre [p. 96] Daccord, fils du Sr. Jean Maurie Daccord, bourgeois de Lausanne,domicilié audit Ouchy, âgé de 23 ans. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dansle courant de juillet, présente année, et continué jusqu’en 9bre. dernier. Il lui a fait despromesses verbales de mariage, lui ayant donné une paire de boucles et une paire de boutonsde manches d’argent.

Elle compte d’être enceinte de quatre mois. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pasécrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 8 Xbre. 1777.Signé : Polier de Vernand, lieutenant bval.

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Louise Aubertet duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration,qu’elle a confirmée pour être la pure vérité, ayant produit une paire de boucles et une paire deboutons de manches d’argent, qu’elle a reçeu dudit Daccord.

Mr. le révérend pasteur Chavannes ayant fait rapport que ladite Aubertet devoit seretirer chez elle à Orbe, chez sa mère, il lui sera remis copie de ce que dessus pour suivre à saprocédure par devant le v. Consistoire de son domicile, où Pierre Daccord devra être assigné.

Ladite rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de ne point négligerson interrogatoire à l’instant de ses couches, avant la naissance de l’enfant.[p. 97]

29 janvier 1778

[-] 6Du jeudi 29 janvier 1778.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Besson, banneret deSaussure, conseillers Rosset, Détallents et Vullyamoz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant André Juat et Susanne Marie Dufaux.Le paquet concernant Susanne Marie Duffaux et André Juat a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 3me. janvier 1778, avec la copie d’unmandat et d’une requête.

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustresseigneurs du Consistoire suprême concernant André Juat, de Cheseaux, et Susanne MarieDufaux, du Châtelard, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Après avoir entendu à l’audience de ce jour, Susanne Marie Dufaux, du Châtelard,

d’une part, et André Juat, de Cheseaux, domicilié dans votre ressort et représenté pas sonprocureur, Moyse Fiaux, d’autre part. Nous avons connu et jugé, en vertu de notre pleinecompétence, sur la difficulté ventillante entre eux, pour sçavoir qui garderoit l’enfant fille deleur commerce [p. 98] illicite, que cet enfant dont la Dufaux est mère, et qui a été adjugéeaudit Juat le 2me. 7bre. 1776, resteroit pendant quinze ans auprès d’elle, et que le père seroittenu de payer annuellement seize crones pour la pension. Lesquelle[s] quinze années secompteront depuis que l’enfant est parvenu à l’âge de six mois, et cela aussi longtems queladite Dufaux élèvera et soignera son enfant elle même. Que si elle la mettoit en pensionétrangère, ledit Juat sera entièrement le maître de la retirer à lui. Quand aux frais, nous avonscondamné ledit Juat, envers la Dufaux, à tous les argents qu’elle a déboursés pour ce procès,sauf modération. Dieu soit avec nous. Donné ce 8 janvier 1778.

Pour traduction fidèle, dont l’original demeure entre nos mains. Pour foi, scellé etsigné, Lausanne ce mecredi 14e. janvier 1778.

[-] Jean Marc Taillen et Anne Louise Semoreau.Monsieur le président informe que Mr. le vénérable doyen Leresche l’auroit informé

ce matin que Jean Jacob Taillen, âgé de 24 ans, fils de Jean Marc Taillen, citoyen deLausanne, lui a présenté ses promesses de mariage pour être publiées avec Anne LouiseSemoreau, fille de Jean Louis Semoreau, âgée de 34 ans. Ajoutant qu’il y auroit lieu de fairequelques observations sur ce mariage. En conséquence de quoi Mr. le président auroit assignél’un et l’autre à paroître céans. Lesquels ayant comparus ensemblement, il a été demandé àAnne Louise Semoreau si elle reconnoît ces promesses de mariage, et si elle se propose de lesdissoudre.

Rép. : Qu’elle reconnoît lesdites promesses de mariage, et qu’elle se dirigera enconséquence des conseils que la v. Chambre voudra bien lui donner.

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[p. 99]Ledit Samuel Taillen interrogé s’il se propose de suivre à ce mariage.Répond que oui, et qu’il le désire ardemment.Interrogé s’il a quelque profession.Rép. : Qu’il est manouvrier.Lecture ayant été faite audit Taillen et à ladite Semoreau de la loy 3, fol. 3, l’un et

l’autre ont déclarés qu’ils s’en remettroient absolument à ce que la v. Chambre prononceroitsur le cas de leurs promesses, dont ici copie.

Il y a promesse de mariage entre Jean Jacob Samuel, fils de Jean Marc Taillen, citoyende Lausanne, et entre Anne Louise Semoreau, fille de Jean Louis Semoreau, bourgeois [deSavigny], présence témoins, Jean Baptiste Leresche, de Balaigue, le 26e. janvier 1778.

Signés : Et. Bovey, de Cheseaux ; Gabriel Regamey.Sur quoi délibéré, la vén. Chambre, après mûre réflexion, considérant que ce mariage

dudit Taillen avec la Semoreau n’étoit point assorti, et que les promesses de mariage qui ontparues ici n’étoient point dans la reigle. Faisant attention à la loy 3, fol. 3, qui authorise lesConsistoires d’arrêter de tels mariages, et que d’aillieurs les parties contractantes ont bienvoulu consentire à la nullité desdittes promesses. En conséquence, nous remettons les partiesdans leur première liberté.

Les parties rentrées, lecture leur ont été faite dedite délibération, qu’elle ont acceptée.[p. 100]

Lecture ayant été faite, par ordre de sa très noble seigrie. baillivale, de la requête queprésente Pierre Faraudo, de Nice en Provence, actuellement bourgeois de Belmont, tendante àobtenir audit Belmont, des proclamations dès la chaire contre sa femme Anne Chalays.

La v. Chambre ordonne au secrétaire de scéans de tirer un extrait de ses registre de cequi c’est passé envers Jeanne Marie Vernaud dès jeudi 30 8bre. et 13 9bre. 1777, pour avoir étésuspectée d’avoir des liaisons supposées illicites avec ledit Faraudo, pour être présentées à sat. n. s. baillivale.

26 février 1778

[-] 7Du jeudi 26 février 1778.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes,conseillers Destallents, Vullyamoz, et secrétaire.

[-] Concernant Pre. Faraudo.En suitte des ordres de la v. Chambre, le secrétaire a expédié, pour être remis à sa très

noble sgrie. baillivale, les extraits du registre de ce qui concerne Pierre Faraudo et JeanneMarie Vernaud, avec un extrait du Conseil le 30 janvier 1778.

[-] Comparoissance de Marguerite Séchaud.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau une nouvelle déclaration, par

apport au tems de l’accouchement de Marguerite Séchaud, de Sulens, en date du 20e. ducourant, dont la teneur suit.

A quoy il ajoute qu’il a trouvé convenable d’assigner ladite Séchaud pour la rattifier.[p. 101]

Laquelle ayant paru, a fortement assuré que cette nouvelle déclaration contenoit vérité,qu’elle étoit si fortement émue le 19 8bre. 1777, jour auquel son père la conduisit auprès deMonsieur le président, qu’elle ne fut pas en état de répondre avec la précision àl’interrogatoire qui lui étoit adressé, et donner toutes les circonstances de son commercecharnel avec ledit Nicolas Druay, sur la bonne foy duquel elle compte, espérant qu’il ne

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disconviendra pas d’avoir cohabité avec elle en mai et en juin, ainsi qu’il en est convenu surles mois de mars et avril.

Du vendredi 20 février 1778, 8 heures du matin.Marguerite Séchaud informe qu’elle a eu commerce charnel avec Nicolas Druai,

beaucoup au delà du tems qu’elle a indiqué dans sa déclaration du 19e. 8bre. 1777, serappellant distinctement que ledit Druai a cohabité avec elle peu de jours avant la St. Jean etson départ pour revenir dans sa famille.

Ladite rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et d’appeller lespréposés avant le tems de l’accouchement.

[-] Déclaration de l’instant des couches de Eve Kohler.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de Eve Kohler dans le tems de

ses couches, en date du 31 janvier 1778, de même que le certifié du baptême, dont les teneurssuivent.

Du samedi 31 janvier 1778, 9 heures du soir.[p. 102]

Nous, les soussignés, certifions et attestons qu’ayant été requis par Daniel Kohler,habitant rière les Rappes de Lausanne, lieu dit en Mauverney, de nous transporter chez luipour entendre la déclaration de sa fille Eve à l’instant de ses couches. Nous nous serionsrendus chez ledit Kohler ce jourd’hui 31 janvier, environ neuf heures du soir, et aurionstrouvé ladite Eve Kohler gisante au lit, et en travail d’enfant. Laquelle, après avoir étésérieusement exortée à rendre gloire à Dieu et à la vérité, a persisté à dire et déclarersolemnellement, que sans faire tort à sa conscience ni à la personne accusée, elle ne pouvoitcharger qui que ce soit de la paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde, que JeanFrançois Thuillard, de Froideville. Confirmant ses précédentes déclarations par devant le vén.Consistoire de Lausanne.

En témoin de quoi nous avons signés, audit Mauverney, maison Kohler, ce 31e. janvier1778.

Signés : Jean Pierre Rouge, assesseur aux Rappes ; Jean Etienne Mermier, régent auxRappes.

Du dimanche 1er. février 1778.Jeanne Claudine Moulins, qui a été présente aux couches de Eve Kohler, ne pouvant

pour raison d’infirmités aller faire son rapport à Mr. le président du vén. Consistoire deLausanne, ayant été interpellée par nous, les soussignés, a dit et déclaré que Eve Kohler étoitaccouchée, environ minuit 31 janvier, d’un enfant fille, viable, à terme, et de bonne venue.

En témoin de quoi nous avons signés audit Mauverney ce 1er. février 1778.Signés : Jean Pierre Rouge, assesseur aux Rappes ; Jean Etienne Mermier, régent aux

Rappes.[p. 103]

Ladite Eve Kohler et Jean François Thuillard, l’un et l’autre duement assignés,paroissants. Lecture faite dedite déclaration, ladite Kohler l’a confirmée et rattifiée pour êtrela pure vérité.

Ledit Jean François Thuillard, après avoir été sérieusement exhorté à rendre gloire à lavérité, a été interrogé s’il n’étoit pas vrai qu’il étoit père de l’enfant d’Eve Kohler.

A constamment répondu que cette fille lui faisoit tort, et qu’il n’étoit point le père decet enfant.

Eve Kohler interrogée si elle persiste à charger de la paternité de son enfant leditThuillard.

Rép. : Que oui, et qu’elle ne lui fait aucun tort.

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Sur quoi délibéré, la v. Chambre a ordonné que la procédure sera levée en tel étatqu’elle est, pour être adressée le plutôt possible à nos illustres et puissans seigneurs duConsistoire suprême, et recevoir leurs ordres pour la suite.

[-] Concernant Judith Porchet et Jacob Renou.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de Judith Porchet, de

Vucherens, de sa clame de paternité contre Jacob Renou, de la Corporation françoise, du 16février 1778, dont la teneur suit.

Du lundi 16 février 1778, 2 heures après midi.Judith Porchet, fille de Daniel Porchet, de Vucherens, bailliage de Moudon, servante

chez le Sr. Jean Renou, de la Corporation françoise de cette ville, fabricant, domicilié à laMercerie, bannière de la Palud, âgée de 19 ans, déclare être enceinte des œuvres de JacobRenou, fils dudit Jean Renou, âgé d’environ [p. 104] 25 ans, aussi fabricant. Son commercecharnel avec lui ayant commancé en septembre 1777 et continué jusques en Xbre. Elle compted’être enceinte d’environ cinq mois, et de faire ses couches chez son père à Espalinges.

Lecture faite, a persisté.Interpellée de signé, a dit ne sçavoir pas écrire.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 16 février 1778.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Du vendredi 20 février 1778, 9 heures du matin.Moi soussigné, Jacob Renou, de la Corporation françoise de cette ville, fabricant de

profession, ouï la lecture de la clame de paternité, au revers, qu’a formé contre moi JudithPorchet, de Vucherens, ci devant servante dans notre maison, déclare solemnellement etreconnois que son accusation contient vérité, et ne peut être contredite. En sorte que d’ors etdéjà, j’avoue être le père de l’enfant illégitime dont elle est enceinte, devant porter mon nom,être de ma bourgeoisie, et entretenu par moi seul dix neuf jours après la date de sa naissance,en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Laquelle sera, par le présent,affranchie de tout examen à l’instant de ses couches, étant bien sûr de sa bonne foy etsincérité.[p. 105]

Pour foy de quoi j’ai signé, sous l’obligation générale de mes biens. Présent l’officierFiaux et approuvé l’écriture. Lausanne le 20 février 1778.

Signé à la minute : Jacob Renou.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Judit Porchet paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration, qu’elle a confirmé en

tout son contenu pour être la pure vérité.De même, ledit Jacob Renou paroissant. Après en avoir entendu la lecture, confirme

les engagemens qu’il a pris auprès de Monsieur le président, en date du 20 février 1778, àteneur de ci dessus énoncé.

Ladite Porchet a été avisée, lorsqu’elle aura accouché, d’adresser la sage-femmeauprès de Monsieur le président pour lui en faire rapport, et recevoir ses ordres pour lebaptême de l’enfant.

[-] Concernant le baptême de la fille de Eve Kohler.Du dimanche 15 février 1778, 3 heures après midi.Certifie et atteste que la fille naturelle de Eve Kohler, de Bourguistein, habitante de

Mauverney, en cette paroisse, née le samedi 31 janvier 1778, auroit été baptisée ce jourd’hui15 février à l’église des Croisettes, sous le nom de Jeanne Marie, par Mr. de Dompierre,ministre impositionnaire, subside.

En témoin de quoi signé aux Croisettes ce 15e. février 1778.Signé : Jean Pierre Mermier, régent aux Rappes de Lausanne.

[p. 106]

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[-] Concernant Faraudo.Monsieur le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême concernant Pierre Faraudo, de Belmont, et Jeanne Marie Vernaud, dontla teneur suit.

[-] Lausanne.Tit et alloc.Après avoir mûrement examiné à l’audience de ce jour, la supplique de Pierre

Faraudo, de Belmont, de même que le verbal que vous nous avez envoyé. Nous avons trouvéque nous ne pouvions en aucune manière lui accorder la demande qu’il faisoit de procurer desproclamations contre sa femme Nannete Chalays. Mais nous le renvoyons purement etsimplement, autant qu’il le jugera bon, à s’adresser à Leurs Excellences du Sénat si cela luiimporte extrêmement.

Du reste, il doit être défendu audit Faraudo, très sérieusement, et sous peined’adultère, d’entretenir toute espèce de liaison avec Jeanne Marie Vernaud. Et nous vouschargeons amiablement de faire cette défence aux parties en notre nom. Vous retirerez duditFaraudo, pour l’émolument de notre Chambre 30 batz, que vous enverrez à notre secrétairedans le délai de quatre semaines. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 9février 1778.

Reçue le 13 février 1778.[p. 107]

12 mars 1778

[-] 8Du jeudi 12 mars 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. le ministre Dapples, pasteur des Croisettes, conseiller Destallent,assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Eve Kohler et Jean François Thuillard.Le paquet concernant Jean François Thuillard et Jeanne Françoise Eve Kohler a été

expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 28 dit février.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport qu’en conséquence du rescrit de nos

illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, en date du 2 courant mois de mars,concernant Jeanne Françoise Eve Kohler, de Bourguistein, domiciliée rière les Râpes deLausanne, et Jean François Thuillard, de Froideville, paroisse de Montherond, il auroit donnécours à un exploi[t] contre Daniel Kohler, sa femme et sa fille, à paroître aujourd’hui, demême qu’Abaram Roux, vigneron, domicilié à la Madeleine, de l’instance de Jean FrançoisThuillard.

Ouï la lecture de sa requête, de même que le rescrit de nos illustres seigneurs du [p.108] Consistoire suprême, dont la teneur suit, ledit Jean François Thuillard a été introduit etinterrogé, &c.

[-] Lausanne.Tit & alloc.Dans le même tems que notre Chambre alloit s’occuper à l’audience de ce jour de

l’examen de votre verbal concernant le procès de paternité ventillant entre Jean FrançoisThuillard, de Froideville, paroisse de Montherond, et Jeanne Françoise Eve Kohler, deFrutigen, domiciliée aux Râpes, dans votre ressort, l’accusé s’est présenté par devant nousavec une requête dont copie ci incluse, demandant de pouvoir être admis à prouver, au désirdes loix, la fausseté de l’accusation de ladite Kohler. Demande que vous lui auriez refusée.

Après avoir mûrement examiné les circonstances de cette affaire, nous avons accordéaudit Thuillard de pouvoir administrer ses preuves par devant vous. En sorte que nous vous

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chargeons amiablement de l’entendre en contradictoire avec ladite Kohler sur ses raisons etexceptions, et de nous en envoyer dans son tems le réultat. A quoi nous ajoutons encore quevous devrez les faire instruire dans la Religion du serment par Mess. leurs pasteursréciproques, et les assigner à paroître par devant nous le lundi 11 mai prochain, en leurordonnant de se présenter la veille à Mess. les membres [p. 109] eclésiastiques de notreChambre. Vous ne manquerez point de nous certifier de la citation et de nous envoyer destémoignages de vie et mœurs sur le compte de l’un et de l’autre. Nous vous recommandons àla protection divine. Donné ce 2e. mars 1778.

Reçue le 6e. mars 1778, avec la copie de la requête dudit Jean François Thuillard,collationnée.

Ledit Thuillard, interrogé pourquoi il a présenté à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême une requête contre la Chambre, sans en informer Mr. le président nipersonne de la v. Chambre.

Rép. : Qu’il a cru, s’adressant aux seigneurs supérieurs, il ne manquoit pas aux égardsqu’il pouvoit devoir à la Chambre.

Interrogé s’il ne se rappelle pas que le 13 de 9bre. dernier, lorsqu’il paru encontradictoire avec Eve Kohler, Mr. le président, non plus que la Chambre, ne lui fit aucunrefus de l’admetre à prouver la fausseté de l’accusation de Eve Kohler. Mais que sur l’articlequi regardoit l’imputation que ladite Kohler lui faisoit, d’avoir bu avec lui dans la pinthed’Abram Roux, à la Madeleine, ce dont il ne convenoit point, ce n’étoit point à lui à [p. 110]prouver sa négative, puisque les négatives ne se prouve[nt] pas, et qu’il n’alléguoit point desfaits justificatifs, comme un alibi, &c. D’autant plus que ladite Kohler n’ayant point voulusurmonter sa négative, il restoit incontestablement au bénéfice de celle qu’il avoit faite.

Rép. : Que ne connoissant point la marche du droit, il n’avoit pas cru, pour le bien desa cause, devoir négliger de prouver que ladite Kohler l’avoit accusé mal à propos d’avoir buavec lui dans la pinthe d’Abram Roux à la Madeleine.

De l’instance de Jean François Thuillard, ont parus Daniel Kohler, sa femme et EveKohler, sa fille. Il leur a été demandé s’ils avoient quelques oppositions à faire à ce queAbram Roux, ici présent, assigné de l’instance dudit Thuillard, donne sa déclarationsermentale sur ce point capital de la procédure. Sçavoir si ledit Thuillard auroit introduitladite Eve Kohler dans le bouchon dudit Roux un mecredi du mois de mai 1777.

A quoi ils ont répondus qu’il s’en rapportoient à la bonne foy et à la sincérité d’AbramRoux.

Lecture des interrogats ayant été faite à Eve Kohler. Elle a dit que pour le coup, elleconstentoit à ce que ledit Abram Roux fut interrogé sur ses objets.[p. 111]

Lesdits Kohler et Jean François Thuillard s’étant retirés, ledit Abram Roux ait étésérieusement exhorté à répondre à ses interrogats en toute vérité et au plus près de saconscience, de manière à les confirmer par serment si requis.

1°. S’il connoît la nommée Jeanne Françoise Eve Kohler.Rép. : Qu’il ne se rappelle pas de l’avoir jamais vue.2°. S’il se rappelle qu’un mecredi de mai dernier, ledit Jean François Thuillard ait été

avec ladite Kohler boire dans leur taverne.Rép. : Qu’il ne pouvoit dire ni oui ni non.3°. Enfin, si dans aucun tems il a vu ou apperçu ledit Thuillard et ladite Kohler

ensemble.Rép. : Que jamais il ne les a vu ensemble, autant que sa mémoire le rappelle.Lecture faite, a persisté.Ledit Abram Roux a protesté pour sa journée.

[p. 112]

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Lesdits Kohler paroissant. Interrogés d’après les interrogats fournis par Jean FrançoisThuillard.

1°. Si pas un jour de l’automne dernière, ils n’ont été dans les forêts d’Eschallens, demême que leur fille, près des Trois Fontaines, faire de la braise.

Rép. : Que cela est vrai.2°. S’ils ne se rappellent pas le jour, à peu près, et si ce n’est pas environ trois

semaines avant que leur fille se déclarat enceinte.Rép. : Qu’ils ne se rappellent pas le jour, mais Daniel Kohler a dit que c’étoit pour le

moins deux mois avant que sa fille lui eut déclaré sa grossesse.3°. Si pas Jean François Thuillard, ne s’approchant d’eux, où il s’arrêta près d’une

demi heure.Rép. : Que oui.4°. Si ledit Thuillard ne donna pas à la femme Kohler deux poignées de poires.Rép. : Que oui.Lecture faite, ont persistés.

[p. 113]Daniel Kohler expose qu’il y a environ trois ans que ledit Jean François Thuillard vint

avec sa fille, en automne, environ sept heures du soir, l’invitant à permettre qu’il couchat avecsa fille Eve. A quoi il ne voulut pas consentir, et ledit Thuillard couchat sur le fourneau.

Jean François Thuillard interrogé si le fait est vrai.Rép. : Qu’il n’a point sollicité de coucher avec ladite Kohler, qu’il n’a point cohabité

avec elle, et qu’il a passé la nuit sur le fourneau, étant au millieu des bois, éloigné de chez lui.Daniel Kohler expose de plus, qu’il y a environ deux ans, Eve Kohler, sa fille, se

trouva dans le bouchon d’Abram Roux avec ledit Thuillard. Et que là, en présence de DanielFavraz et de Pierre Favraz, il offrit de faire à ladite Kohler, des promesses de mariage avec duvin.

Jean François Thuillard interrogé si le fait est vrai.Rép. : Qu’il s’agit ici d’un fait nouveau, et qu’il ne se rappelle pas, et récuse la

déclaration des témoins indiqués ci desus.[p. 114]Eve Kohler expose de plus, qu’au moment de sa cohabitation avec ledit Thuillard, à la

date qu’elle a indiqué, elle vit une de ses jambes, à laquelle il y avoit une enflure et un bouton.Ledit Jean François Thuillard, interrogé s’il lui a fait voir sa jambe.Rép. : Que non, qu’elle ne l’a jamais vue, et que c’est absolument contraire à la vérité.Mr. le révérend pasteur des Croisettes, ici présent, est prié d’instruire dans la Religion

du serment, Jeanne Françoise Eve Kohler, et d’en donner rapport par écrit pour le 20e. dumois d’avril prochain, y ajoutant un témoignage de vie et mœurs pour ladite Kohler.

Mr. le révérend pasteur Berthex, des Eglises de Morrens et Montherond, en suitte durescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême en date du 2 du courant mois demars, est invité à instruire Jean François Thuillard, son paroissien, dans la Religion duserment, et d’en communiquer son rapport par écrit pour le 20 du mois d’avril, y ajoutant untémoignage de vie et mœurs pour ledit Jean François Thuillard.

A l’un et à l’autre ont été expédiés des mandats pour paroître à la haute audience denos [p. 115] illustres seigneurs du Consistoire suprême. Sur quoi ladite Eve Kohler a ditqu’elle obéiroit aux ordres qu’elle reçoit, et porteroit son enfant à Berne, faisant ici desprotestes que ce seroit aux frais dudit Jean François Thuillard.

Ce qu’ayant ouï, ledit Thuillard, il a contreprotesté.Daniel Kohler ayant été invité à abréger cette procédure, et à ne pas insiter sur

l’audition des Favraz sur un fait éloigné, qu’il a déclaré qu’il s’en remettoit à ce qu’il plairoit

51

à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême d’ordonner sur le cas, priant la v. Chambred’expédier le verbal le plutôt possible à nosdits illustres seigneurs.

[-] Jeanne Françoise Meyer ; Benjamin Milliquet.Mr. le président met sur le bureau la déclaration du secrétaire de céans à l’instant des

couches de Jeanne Françoise Meyer, de même que la déclaration de la veuve Lebre, sage-femme jurée, dont les teneurs suivent.

Du jeudi 12 février 1778, environ 3 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, averti par Mr. le dizenier Martin, suivi de

l’huissier du vén. Consistoire, se seroit transporté au domicile de la veuve de Jaques FrançoisGindroz, d’Espalinges, maison de Charles Guercein, à la Cheneau, bannière de Bourg, où ilauroit trouvé assise sur une chaise, [p. 116] Jeanne Françoise Meyer, d’Espalinges, âgée de 22ans, laquelle n’a pas encore communié, aidée de la sage-femme jurée, veuve Lebre, dans lesdouleurs de l’enfantement. Vivement pressée et exhortée de donner gloire à Dieu et à direvérité sur la paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde, a déclaré que sans faire tort àsa conscience ni à la personne accusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternitéde son enfant à naître, que Benjamin Milliquet, de Pully, habitant de cette ville, homme marié.Son commerce charnel ayant commencé et fini dans le tems qu’on a commencé à travailler lesvignes de l’année dernière 1777. Confirmant de plus fort en tout son contenu sa précédentedéclaration. En témoin de quoi signé, Lausanne, jeudi 12 février 1778.

Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Du jeudi 12 février 1778, 8 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Françoise Meyer,

d’Espalinges, d’elle bien connue, auroit accouché ce jourd’hui, environ six heures du matin,au domicile de la veuve Gendre, maison Garcin, à la Cheneau, bannière de Bourg, d’un enfantgarçon, viable, à terme, et de bonne venue.[p. 117]

Du mecredi 25 février 1778, 8 heures du matin.Ladite veuve Lebre certifie que le fils naturel de Jeanne Françoise Meyer,

d’Espalinges, né le jeudi 12 février, auroit été baptisé hier, mardi 24, à l’église de St. François,par Mr. le révérend pasteur Chavannes, sous le nom de Benjamin.

Jeanne Françoise Meyer paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration, qu’elle aconfirmé en tout son contenu, pour être la pure vérité.

Ledit Benjamin Milliquet ayant paru. Ouï la lecture de la déclaration de JeanneFrançoise Meyer, dit pour sa deffence, qu’il ne peut pas se reconnoître le père de l’enfantgarçon dont elle est accouchée le 12 février dernier, parce qu’il n’est pas né au 9me. mois dèsla date qu’il a indiqué de sa cohabitation avec ladite Meyer, aux dates du 3 de juin 1777jusqu’au 16 dudit mois. A quoi il ajoute qu’il étoit en état de prouver par la déclaration deAlbert Dunand, et celle du carrier François Deluz, que ladite Meyer leur avoit dit que si lui ditMilliquet avoit voulu donner un louis, elle auroit accusé quelques autres personnes.

Sur quoi la dite Meyer a fortement assuré qu’elle n’avoit jamais tenu de tels propos, etque si elle avoit put charger de la paternité de son enfant [p. 118] un garçon, elle n’auroitjamais accusé un homme marié pour augmenter sa peine et son opprobre, s’affermissant àcharger ledit Milliquet de la paternité de son enfant, et qu’elle ne lui fait aucun tort.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre ayant trouvé que la cause étoit en état, la procéduredevra être expédiée le plutôt possible, par le courier de samedi prochain, à nos illustres[seigneurs] du Consistoire suprême.

26 mars 1778

[-] 9Du jeudit 26 mars 1778.

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Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’estassemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. Dapples, pasteur des Croisettes, banneret de Saussure, conseillersRosset, Destallents et Vullyamoz, avec le secrétaire.

Le paquet concernant Jeanne Françoise Meyer et Benjamin Milliquet a été expédié ànos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 14 mars 1778.[p. 119]

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit du Consistoiresuprême concernant Jeanne Françoise Meyer et Benjamin Milliquet, de même que celuiadressé au v. Consistoire de Pully, dont les teneurs suivent.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous voyons, par la procédure que vous nous avez adressée, quelle est l’état des

choses dans la clame de paternité ventillante entre Jeanne Françoise Meyer, d’Espalinges, etBenjamin Milliquet, de Pully, homme marié. Puisque ce dernier a avoué le commerce charnel,et que pour se refuser à prendre à lui l’enfant garçon de ladite Meyer, né le 12 février dernier,et baptisé sous le nom de Benjamin, il ne se fonde que sur une différence peu considérable desneufs mois ordinaires. Nous lui avons adjugé d’ors et déjà comme illégitime ledit enfant, avectoutes les suites. Vous retirerez de lui pour l’émolument de notre Chambre cent soixante sixbaches, que vous enverrez à notre secrétaire dans le délai de quatre semaines. Du reste, enconsidération de ce que la femme Milliquet a pardonné cette faute à son mari, nous avonsbien voulu diminuer la peine, et ne condamner les parties qu’à dix jours de prison dans le lieudu délit, comme pour une faute simple. Nous vous recommandons à la protection divine.Donné ce 16 mars 1778.

Reçue le 20 mars 1778.[p. 120]

[-] Pully.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.En suite du verbal que le Consistoire de Lausanne nous a envoyé. Nous avons adjugé

aujourd’hui, comme illégitime, à Benjamin Milliquet, votre ressortissant, l’enfant garçon dontJeanne Françoise Meyer, d’Epalinges, est accouchée le 12 de février dernier à Lausanne, etbaptisé sous le nom de Benjamin, malgré la résistance dudit Milliquet de s’en reconnoîtrepère, puisqu’il a avoué, avant les couches, d’avoir eu commerce charnel avec la plaignante, etcela d’ors et déjà, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul. Demanière qu’il devra prendre ledit enfant au bout de six mois dès la date de sa naissance, endonnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Et nous l’avons condamné enverselle à tous les frais de ce procès, sauf modération.

Quand à la punition de cet adultère simple. Puisque la femme Milliquet a pardonnéson mari, nous avons bien voulu regarder leur faute comme une simple fornication, pourlaquelle il devra subir seulement 10 jours de prison dans le lieu du délit. Dieu soit avec nous.Donné ce 16 mars 1778.

Jeanne Françoise Meyer et Benjamin Milliquet, assisté de sa femme, paroissans.Lecture leurs ont été faite dedite sentence. Ladite Meyer l’a acceptée, et Benjamin Milliqueten a appellé. Dont nos illustres seigneurs du Consistoire suprême seront avisés en son tems.

Dimanche 29e. mars, Benjamin Milliquet est venu à 6 heures du soir au greffeconsistorial, déclarer son désistement d’appel.[p. 121]

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9 avril 1778

[-] 10Du jeudi 9 avril 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, conseillers Rosset, Destallents, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Benjamin Milliquet ; Jeanne Françoise Meyer.Le dimanche 29 mars dernier, Benjamin Milliquet, de Pully, est venu à six heures du

soir au greffe consistorial déclarer son désistement de l’appel qu’il avoit interjetté le 26 marsdernier de la sentence rendue contre lui en faveur de Jeanne Françoise Meyer, d’Espalinges,en date du 16 mars 1778.

[-] Eve Kohler ; Jn. Fr. Thuillard.Le paquet concernant Eve Kohler et Jean François Thuillard a été expédié le samedi

4e. avril 1778.[-] Témoignage de vie et mœurs de Eve Kohler.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration de Mr. Dapples,

révérend pasteur des Croisettes, chargé d’instruire Jeanne Françoise Eve Kohler sur laReligion du serment, et de donner un certificat de vie et mœurs, en date du 8 du courant, dontla teneur suit.

Je soussigné, et à la réquisition du vénérable Consistoire de Lausanne où j’ai assisté le12 mars 1778, déclare que j’ai instruit Jeanne [p. 122] Françoise Eve Kohler, domiciliée àMauvernay, rière les Croisettes, dans la Religion du serment, avant et après ses couches, etcela avec d’autant plus de soins que ladite Kohler est naturellement fort bornée et ignorante.

Au surplus, je déclare aussi que hors le cas de fornication où elle est tombée il y aenviron huit ans et dans ce mois de may dernier, je n’ai rien connu et appris d’elle qui soitcontraire aux bonnes mœurs et à l’assiduité dans le travail. Au contraire, on lui rend un bontémoignage à cet égard. En foy de quoi, je me suis signé à Lausanne ce 8me. avril 1778.

Signé : Dapples, pasteur aux Croisettes.[-] Concernant Marg. Séchaud et Nicolas Druay.Mr. le président met sur le bureau la déclaration du secrétaire de céans concernant

l’accouchement de Marguerite Séchaud en date du 18 mars 1778, dont la teneur suit.Plus la déclaration de la veuve Lebre, sage-femme jurée, sur l’âge et le baptême de

l’enfant garçon de ladite Marguerite Séchaud, dont la teneur suit.Du mecredi 15 mars 1778, onze heures du matin.Le secrétaire soussigné, suivi de l’huissier du vén. Consistoire, se seroit transporté au

domicile et maison de Jean Séchaud, de [p. 123] Sulens, vigneron et carrier, habitant àLausanne à la Cheneau, bannière de Bourg, où il auroit trouvé en travail d’enfant MargueriteSéchaud, sa fille, assistée de la veuve Lebre, sage-femme jurée, au tems des douleurs.Vivement pressés et exhortée à donner gloire à Dieu et dire vérité sur la paternité de l’enfantqu’elle alloit mettre au monde, a déclaré que sans faire tort à sa conscience ni à la personneaccusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant à naître queNicolas Druay, de Faoug, bailliage d’Avanches. Son commerce charnel avec lui ayantcommencé dans le courant du mois de mars 1777, et fini sur la fin de juin. Confirmant de plusfort sa précédente déclaration. Ce que relu, elle a persisté. En témoin de quoi signé, Lausannece mecredi 18 mars 1778.

Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Du jeudi 19 mars 1778, 7 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Marguerite Séchaud, d’elle bien

connue, auroit accouché hier 18 du courant, environ cinq heures et demi de l’après midi, au

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domicile de son père, Jean Séchaud, à la Cheneau, bannière de Bourg, d’un enfant garçon, et àterme, viable et de bonne venue.[p. 124]

Du samedi 28 mars 1778, 8 heures du matin.Ladite Lebre certifie que le fils naturel de Marguerite Séchaud auroit été baptisé hier,

vendredi 27 du courant, à l’église de la Cité, par Mr. le ministre Conod, sous le nomd’Abraham Nicolas.

Mr. le président expose que pour éviter des frais aux parties, il auroit fait adresser àMr. le secrétaire Vissaula, secrétaire de la ville de Morat, un mandat d’ajournement personnelà Nicolas Druay, de Faoug, pour paroître à ce jour, 9 d’avril courant, et répondre à la clame depaternité de Marguerite Séchaud, de Sulens. Lequel a été bien exploité, ainsi qu’il paroît parla signature de l’officier consistorial Pierre Stoutz, Morat, 6 avril 1778.

[-] Comparoissance de Nicolas Druay.Compart Nicolas Druay, de Faoug, cité à ce jour par lettres ici produites. Lecture lui

ayant été faite de la dernière déclaration de Marguerite Séchaud, du 20 février dernier, et de sadéclaration à l’instant de ses couches du 18 mars 1778.

Ledit Nicolas Druay, interrogé s’il se reconnoît père de l’enfant de MargueriteSéchaud.

Répond que non, et prie la v. Chambre de faire lecture de ses deffences.[p. 125]

Marguerite Séchaud ayant ouï la lecture des deffences dudit Nicolas Druay, il lui a étédemandé si elle persiste dans son accusation.

Rép. : Qu’elle est parfaitement conforme à la vérité, protestant avec les asseverationsles plus fortes, qu’elle n’a eu commerce charnel qu’avec lui, et que l’enfant qu’il refuseaujourd’hui est bien de ses œuvres.

La v. Chambre a vu avec déplaisir que Nicolas Druay, ayant avoué le commercecharnel avec Marguerite Séchaud dans les mois de mars et avril 1777, excepte aujourd’hui dereconnoître l’enfant de la dite Séchaud, quoi qu’elle aye fait une déclaration légales à l’instantde ses couches qui le charge d’en être le père. A quoi il est ajouté que ladite Séchaud ne doitpoint être regardée comme une fille suspecte, ayant un témoignage honnorable de Mr. lerévérend pasteur Chavannes, chez lequel elle a servi deux ans. Mr. le révérend pasteur de sonquartier a aussi manifesté qu’il n’a rien appris que de bon sur la conduite de cette fille, qui apresque toujours demeuré ici. Ladite Séchaud ayant demandé communication des deffencesde Nicolas Druay, elles lui ont été accordées. En conséquence, la v. Chambre ordonne que laprocédure sera adressée le plutôt possible à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoiresuprême.

[-] Henriette Jonin ; Samuel Martin.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Henriette Jonin, de

Chexbres, contre Samuel Martin, de Froideville, du 7e. avril 1778, dont la teneur suit.[p. 126]

Du mardi 7e. avril 1778, 7 heures du matin.Henriete Jonin, fille de Jean Louis Jonin, de Chexbres, paroisse de St. Saphorin,

Consistoire dudit Chexbres, habitant de Lausanne, âgée de 21 ans, domiciliée chez son père,rue et bannière de St. Laurent, déclare être enceinte des œuvres de Samuel Martin, deFroideville, Consistoire de Montherond, fils de Claude Samuel Martin, domestique, âgéd’environ 30 ans, homme marié. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans lecourant d’octobre 1777, et continué jusqu’en janvier dernier. Elle compte d’être enceinted’environ cinq mois. Interpellée de signer, a dit ne pouvoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 7e. avril 1778.

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Signé : Polier de Vernand, lt. baillival.Henriette Jonin duement assignée, paroissant, assistée de son père. Après avoir

entendu la lecture de sa déclaration, elle a persisté à dire que c’étoit la pure vérité.Ledit Samuel Martin paroissant. Ayant ouï la lecture de la clame de paternité que

Henriette Jonin forme contre lui, avoue d’avoir eu commerce charnel avec elle aux datesqu’elle indique. Il reconnoît sa faute, dont il se repand, et demande que ladite Jonin soitentendue à l’instant de ses couches selon le prescrit des loix.[p. 127]

Par délibération, la v. Chambre renvoye à suivre à cette procédure jusques après lescouches de ladite Henriette Jonin, à laquelle il a été recommandé d’avoir soin de son fruit, etd’appeller les personnes préposées, pour l’entendre à l’instant de ses couches, à forme desloix.

Le secrétaire donnera communication dedite procédure aux communautés respectives.Interrogée où elle compte faire son accouchement.Rép. : Chez son père, Jean Louis, domicilié en St. Laurent.[-] Concernant Louise Porchet et Abram Isaac Balissat.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Louise Porchet, de

Corselles, contre Abram Isaac Ballissat, de Lutry, dont la teneur suit.Du mardi 7 avril 1778, 8 heures du matin.Louise Porchet, fille de Jean Pierre Porchet, de Corcelles le Jurat, Consistoire de

Mézières, habitant à Lausanne, âgée de 21 ans, domiciliée chez son père, fauxbourg deMartherey, bannière de Bourg, déclare être enceinte des œuvres d’Abram Isaac Ballissat, filsde Jean Ballissat, de Lutry, âgé de 17 ans, domicilié chez son père, fauxbourg de Martherey,bannière de Bourg. Son commerce charnel avec lui ayant commencé les 1ers. jours de janvier1778, et continué jusqu’à la fin du mois. Il lui a fait des promesses verbales de mariage. [p.128] Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois. Lecture faite, a persisté. En témoin dequoi signé, Lausanne ce 7me. avril 1778.

Signée : Louise Porchet.Vu signé, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Louise Porchet duement assignée, paroissant, assistée de son père. Lecture lui a été

[faite] dedite clame de paternité contre Isaac Ballissat, de Lutry. Elle a persisté à dire quec’étoit la pure vérité.

Abraham Isaac Balissat, de même assigné, paroissant, assisté de son père, a reconnud’avoir eu commerce charnel avec ladite Porchet aux dates qu’elle indique. Demande pardonde sa faute, dont il se repand, et demande qu’elle soit entendue à l’instant de ses couches,selon le prescrit des loix.

Interrogé s’il a fait à ladite Porchet des promesses verbales de mariage.Rép. : Que non.Ladite Porchet, interrogée si elle insiste sur la clame de mariage.Rép. : Qu’il est bien vrai que ledit Balissat lui a fait des promesses verbales de

mariage, mais que ne pouvant les prouver par témoins, elle laisse tomber sa clame pour cetobjet vu la minorité de l’accusé et les oppositions de son père, ici présent, audit mariage,suivant le pouvoir qu’il en a par la loy.

Interrogée où elle compte faire ses couches.Rép. : Chez son père Jean Pierre Porchet, en Martherey.La présente procédure est surçise jusques après les couches de ladite Porchet. Il lui a

été recommandé d’avoir soin de son fruit et de faire appeller les préposés à l’instant de sescouches.

Le secrétaire de scéans donnera communication dedite procédure aux communautésrespectives.

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[p. 129]14 mai 1778

[-] 11Du jeudi 14 mai 1778.Le vénérable Consistoire s’est assemblé sous la présidence du noble seigneur

lieutenant baillival, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Chavannes, Sprunglin,présent, pasteur de l’Eglise allemande, banneret de Saussure, cons. Destallents, assesseursPorta, Bergier, et secrétaire.

[-] Marg. Séchaud ; Nicolas Druay.Le paquet concernant Marguerite Séchaud et Nicolas Druay a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le 11e. avril 1778.[-] Henriette Jonin ; Samuel Martin.Les procédures concernant Henriete Jonin, de Chexbres, et Samuel Martin, de

Froideville, ont été expédiées à leurs communautés respectives le 20e. avril 1778.[-] Abram Isacc Balissat ; Louise Porchet.Les procédures concernant Louise Porchet, de Corselles, et Abram Isaac Balissat, de

Lutry, ont été expédiées à leurs communautés respectives le 20e. avril 1778.[-] David Regamey et sa femme.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport d’une sentence consiliaire contre

David Regamey et sa femme, citoyen de Lausanne, en date du 14 avril 1778, de l’informationprise contr’eux sur ce qu’ils logoient dans leurs appartemens des filles de mauvaise vie et desgens sans aveu.[p. 130]

En suite du jugement prononcé par les honnorés seigneurs du Conseil en date du 14avril dernier, par lequel [ils sont] condamnés à 24 heures de prison, et renvoyés par devantcette vénérable Chambre pour y être censurés.

Ledit David Regamey et sa femme paroissant après avoir subis les 24 heures deprison, ont été censurés par Mr. le révérend doyen Leresche.

[-] Rodolp Huguely.Compart Rudolp Huguely, fermier à la Solitude, duement assigné en suite du rapport

fait par la garde, d’avoir laissé danser chez lui jusques à la minuit le dimanche 3 au 4 maicourant.

La v. Chambre, après avoir entendu les raisons de justifications dudit Rodolp Huguely,par bonnes considérations et que c’est la première fois qu’il s’est trouvé en faute, pour s’êtrerecommandé à la v. Chambre de lui faire grâce, veut bien lui pardonner pour cette fois,moyennant qu’il paye les frais de la garde, de notre secrétaire et de l’huissier.

[-] Lisette Iseli ; Pierre Maan.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Lisette Iseli, de

Teuffelen, contre Pierre Maan, de Lully, du 13e. mai 1778, dont la teneur suit.Du mecredi 13 mai, 11 heures avant midi.Lisette Iseli, fille de Jacob Iseli, de Teuffelen, Consistoire dudit lieu, bailliage de

Nidau, âgée de 22 ans, lingère de profession, ci devant domestique chez la veuve Mann, à St.Pierre, bannière de Bourg, en cette ville, déclare être enceinte des œuvres de Pierre [p.131]Mann, fils de feu Jean Mann, bourgeois de Lully, bailliage de Morges, âgé de 22 ans,chaussetier de profession, domicilié chez ladite veuve. Son commerce charnel avec lui ayantcommencé dans le courant de Xbre. 1777, et continué jusques en mars 1778, qu’elle s’estretirée de cette maison. Elle compte d’être enceinte d’environ quatre mois. Interpellée designer, a dit ne sçavoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, ce 13 mai 1778.

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Signé : Polier de Vernand, lt. baillival.Lisette Iseli duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration,

qu’elle a confirmée dans tout son contenu pour être la pure vérité.Ledit Pierre Mann duement assigné à paroître à ce jour par ordre de Monsieur le

président. L’huissier de la v. Chambre fait rapport qu’il s’étoit rendu auprès de la veuveMann, mère dudit, chez qui il demeure, laquelle a répondu que son fils étoit absent depuisvendredi dernier, 8e. du courant mois de mai. Qu’il s’est aussi transporté chez Maître Böhme,où il travaille de sa profession de chaussetier, lequel lui a dit aussi que Pierre Mann étoit aussiabsent depuis vendredi dernier.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a ordonné de communiquer l’état de cette procédure ànos illustres et puissants seigneurs du Consistoire suprême, de même qu’aux communautésrespectives, avec injonction à ladite Lisette Iseli de se retirer dans peu de jours, soit auprès deson père, habitant de Neufchâtel, soit à sa communauté.[p. 132]

[-] Comparoissance de la Séchaud.Marguerite Séchaud, duement assignée à ce jour, paroissant. Lecture lui a été faite du

rescrit de nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême en date du 27 avrildernier, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Tit & alloc.Comme il paroît par le verbal que vous nous avez envoié à la date du 11 du courant,

que Nicolas Druai, de Faoug, accusé par Marguerite Séchaud, de Sulens, domiciliée àLausanne, devant, pendant et après ses couches, d’être le père de l’enfant garçon, AbrahamNicolas, qu’elle a mis au monde le 18e. mars, nieroit présentement la plainte, sur le fondementque les couches sont arrivées trop tard. Nous vous chargeons amiablement par les présentesde faire en sorte que ladite Séchaud soit sérieusement instruite dans la Religion du sermentpar Messieurs vos pasteurs, et assignée à paroître personnellement par devant nous le lundi 6juillet prochain, avec ordre de se présenter la veille à Messieurs nos assesseurs eclésiastiques.Vous ne manquerez point de faire conster de la citation, et d’y ajouter un témoignage de vie etmœurs pour la plaignante. Nous vous demandons en même tems, pour éviter des frais, devous procurer un certificat convenable de la communauté de Sulens, lequel devra nous êtreenvoyé. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 27e. avril 1778.

Reçue le 1er. mai.[p. 133]

Ladite Séchaud nous ayant demandé copie des raisons de deffences que nous auroitproduites Nicolas Druai le 9 du mois d’avril dernier, présente ses raisons en réponse. Elle prietrès respectueusement la vén. Chambre d’i vouloir mettre le producta.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre, après avoir entendu la lecture des réponses que luiprésente Marguerite Séchaud aux raison de deffences de Nicolas Druai, à nous produites le 9e.du mois d’avril, veut bien consentir à ce que le producta y soit mis.

Monsieur le révérend pasteur Chavannes, ici présent, est prié d’instruire dans laReligion du serment Marguerite Séchaud, et d’en donner rapport par écrit pour le 20 du moisde juin prochain, y ajoutant un témoignage de vie et mœurs pour ladite Séchaud.

[-] Légitimation de Moyse Piollet.Copie de la légitimation de Moyse François Piollet.Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne. Savoir faisons par les

présentes, que nous ayant été très humblement représenté par François Piollet, de Lausanne,comme quoi il a eu le 13 juillet 1772 un enfant illégitime nommé Moyse François, nous priant[p. 134] de vouloir lui accorder la légitimation. Nous, sur ce acquiéscant à l’humble requêtedudit exposant, avons par les présentes, non seulement enlevé d’autorité souveraine la tache

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de la naissance illégitime dudit Moyse François Piollet, de sorte qu’elle ne doit lui êtrepréjudiciable ny reprochable, mais de plus lui avons accordé la faculté de recevoir les legs etdonnations qu’on pourroit lui faire par testament ou autre contract, comme aussi de pouvoiren disposer, de même que de ce qu’il pouroit aquérir d’aillieurs. En foi de quoi nous avonsfait munir les présentes de notre sceau accoutumé. Donné ce 30e. avril 1778.

11 juin 1778

[-] 12Du jeudi 11 juin 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, conseiller Destallens, assess. Bergier, et secrétaire.[p. 135]

[-] Concernant Pierre Faraudo.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la lettre de nos illustres

seigneurs du Consistoire en date du 14 mai 1778, laquelle avoit été adressée au Consistoire dePully, concernant Pierre Faraudo et Jeanne Marie Vernaud, de Vufflens la Ville. Par laquellele divorce accordé audit Faraudo d’avec Nanette Chaleis, sa femme, dont la teneur suit, avecdeffense de contracter mariage avec Jeanne Marie Vernaud. En conséquence, Monsieur leprésident se proposoit de communiquer ledit rescrit à Messieurs les pasteurs descommunautés respectives de Belmont et de Vufflens la Ville, Messrs. Leresche et Silvein,mais il auroit été retenu par un nouveau rescrit.

[-] Lettre de divorce de Faraudo d’avec sa femme.[-] Pully.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Pierre Faraudo, natif de Nice, étant devenu votre ressortissant par l’achat de la

bourgeoisie de Belmont, après avoir abjuré les erreurs de la religion catholique, s’est présentéaujourd’hui par devant nous avec requête, demandant bien humblement qu’il nous plut deprononcer son divorce d’avec Nanette Chalais, sa femme, qui est [p. 136] demeurée attachée àla Religion catholique, qu’il n’avoit épousée que par contrainte, et qui s’est séparée de luidepuis plus de cinq ans. Sur ce, par diverses raisons importantes et à nous connues, en vertudu pouvoir qui nous est attribué, nous avons trouvé bon d’adhérer à sa demande, jugeant etordonnant que les liens du mariage qui ont subsistés jusqu’ici entre ledit Faraudo et laditeChalais, seront désormais dissous et annullés. En sorte que ce premier sera rendu à sonprécédent état de liberté. Cependant sous cette condition très expresse qu’il lui seroit interditpour toujours, comme du passé, d’avoir aucun commerce suspect et illicite avec Jeanne MarieVernaud, de Vufflens la Ville, lui étant très fortement défendu par les présentes de contractermariage avec elle. Ce dont nous avons voulu vous informer pour votre conduite. Dieu soitavec nous. Donné ce 14 mai 1778.

Reçue le 18 mai 1778.[-] Faraudo ; Jeanne Marie Vernaud.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême en date du 1er. du courant mois de juin, concernant Pierre Faraudo, de Nice,bourgeois de Belmont, et Jeanne Marie Vernaud, de Vufflens la Ville, dont la teneur suit. Etpour obéir aux ordres qui y sont donné, il auroit fait assigner à paroître céans, FrançoisVernaud, père de ladite Jeanne Marie, Jean George Schichler, oncle de ladite, le nomméMartin, de Pully, chez qui elle doit avoir demeuré quelques tems, de même que Joly et safemme, de la bannière du Pont.[p. 137]

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[-] Lausanne.Tit. & alloc.Nous accordâmes le 14 du mois passé à Pierre Faraudo, natif de Nice, présentement

bourgeois de Belmont, des lettres de divorce d’avec Nannette Chalays, sa femme. Mais enmême tems, d’après votre verbal, qui nous est parvenu le 3 février dernier, nous luidéfendîmes très expressément de contracter mariage avec Jeanne Marie Vernaud, de Vufflensla Ville, avec qui il étoit suspecté d’avoir eu des habitudes illicites.

Aujourd’hui que ladite Vernaud s’est présentée par devant nous, demandant bienhumblement qu’il nous plut d’enlever cette réserve, nous avons voulu vous chargeramiablement, avant toute décision, de nous faire parvenir un rapport circonstancié des preuvesqu’on peut avoir d’un commerce punissable entre ledit Faraudo et ladite Vernaud, et jusqu’àquel point il a été poussé. Comme cette dernière se propose d’attendre ici votre réponse, vousne négligerez point de la donner avec toute la diligence possible. Sur quoi nous vousrecommandons à la providence divine. Donné ce 1er. juin 1778.

Reçue le 4 juin 1778.[p. 138]

François Vernaud, de Vufflens la Ville, habitant en cette ville, duement assigné,paroissant. En suite du rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême auquel soitrapport, produit une représentation par laquelle il s’oppose au mariage de sa fille avec PierreFaraudo.

Interrogé s’il a quelque chose à ajouter à sa représentation.Rép. : Qu’ettant dans le dessein de retirer sa fille du malheureux désordre dans lequel

elle vivoit avec ledit Faraudo, il avoit manifesté à Mr. le président de cette Chambre, le granddésir qu’il auroit eu d’obtenir de Leurs Excellences qu’elles voulussent mettre sa fille enclôture. Sur quoi Monsieur le président lui auroit manifesté que la chose seroit assés difficileparce que ses facultés ne lui permetoient pas de payer sa pension.

Compart Jean George Schichler, habitant de cette ville, de Basle, oncle de JeanneMarie Vernaud, ettant mari de la sœur de sa mère.

Interrogé si depuis le mois de juin 1777 il a eu occasion de voir sa nièce en quelquelieu de cette ville.

Rép. : Qu’il [l’] a vue à Vevey le 22 7bre. 1777. Qu’elle lui offrit d’entrer dans lecabriolet de Faraudo pour s’en revenir à Lausanne tous ensemble.

Compart Jean Henri Joly, de Val Travers, habitant de cette ville, asigné à ce jour pourdonner de éclaircissemens sur la conduite de Jeanne Marie Vernaud, en conséquence durescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[p. 139]

A dit qu’elle est entrée chez lui au commencement de 7bre. 1777, et y est demeuréejusques en février 1778.

Interrogé si elle lui a payé sa pension.Rép. : Qu’aiant été assigné à paroître par devant la v. Chambre, elle avoit disparu dans

le courant de février dernier sans faire de compte.Interrogé si Pierre Faraudo ne lui avoit pas dit qu’il payeroit sa pension.Rép. : Qu’effectivement ledit Faraudo avoit promis qu’il seroit satisfait.Interrogé s’il ne c’est pas apperçeu pendant le tems que ladite Vernaud a séjourné chez

lui qu’elle a fait diverses courses avec Pierre Faraudo.Rép. : Que oui, et qu’elle a fait une absence de huit jours sur la fin de 7bre., et qu’au

retour, elle lui avoit dit qu’elle avoit été avec Faraudo à Martigny et à Syon en Valais.Interrogée si elle n’a pas fait d’autres absences.Rép. : Qu’elles ont été courtes. Que c’étoit des promenades les dimanche dans des

lieux près de la ville, toujours avec ledit Feraudo.

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Interrogé s’il n’a pas eu de ses nouvelles depuis qu’elle est sortie de chez lui.Rép. : Qu’elle lui écrivit bientôt après depuis Vevey, où elle étoit logée à la Croix

Blanche pour avoir ses hardes, lesquels on lui a envoyé.[p. 140]

Interrogé si ledit Faraudo avoit une chambre chez lui.Rép. : Que non, et qu’il logeoit à la Couronne.Interrogé si ladite Vernaud couchoit dans une chambre seule.Rép. : Que non, qu’elle couchoit dans le poëlle de famille avec l’enfant du comparant

et la servante de son frère.Lecture faite, a persisté.Sur quoi délibéré, la v. Chambre trouvant que l’information est suffisamment

complette, et qu’il n’ y a pas lieu d’appeller d’autres personnes, ordonne que le tout seraadressé à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême par le courrier de samediprochain 13 du courant.

Marguerite Séchaud duement assignée, paroissant, a produit la déclaration, soitcertificat, de l’honnorable commune de Sulens, accompagné des 4 témoignages mentionnés.Le mandat de citation lui a été remis pour paroître à l’audience de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême le 6 juillet prochain.

[-] Concernant Susanne Matthey ; Louis Blanc.Monsieur le président met sur le bureau une déclaration de Susette Matthey, de

Lausanne, faisant clame de paternité de l’enfant fille dont elle est accouchée, contre LouisBlanc, bourgeois de cette ville, sans date ni lieu, signée Adam Piton et Abraham Piton, dont lenom est inconnu. Suit la teneur dedite déclaration, comme aussi le baptême dudit enfant, du5e. juin 1778. Ladite Matthey ayant confirmé sa déclaration, de laquelle lecture lui a été faite.[p. 141]

Copie dedite déclaration sans date.Nous déclarons que Susette Matthey a déclaré pour père de son enfant, dans sa couche

et mal d’enfant, Louis Blanc, bourgeois de Lausanne.Signés : Adam Piton ; Abraham Piton.Du vendredi 5e. juin 1778, 6 heures du soir.Susanne Matthey certifie que sa fille naturelle, née à Oppens le 15e. mai dernier, auroit

été baptisée ce jourd’hui 5 du courant mois de juin, à l’église de la Cité par Mr. le doyenLeresche, sous le nom d’Elisabeth Marguerite.

Susanne Matthei, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sesdéclarations et de celle faite à Oppens, qu’elle a confirmée pour être la pure vérité.

Il lui a été demandé si la pièce qu’on lui a remise concernant ses couches a bien étésignée par les Sieurs Adam et Abraham Piton.

Rép. : Que c’est bien leurs signatures. Que le Sr. Adam Piton est assesseur duConsistoire, et que c’est chez lui où elle a accouché, y étant allée pour travailler de saprofession de taillieuse pendant quelques jours.[p. 142]

Interrogée quel est son âge.Rép. : Qu’elle a environ 26 ans, qu’elle est fille de feu Jean Jaques Matthei, bourgeois

de Lausanne.Interrogée qu’elle est l’âge de Louis Blanc, s’il est marié, et d’où il est.Rép. : Qu’il peut avoir 27 à 28 ans, il n’est pas marié, et qu’il est citoyen de Lausanne,

fils de feu Jean François Louis Blanc, huissier baillival, serrurier de profession.Interrogée s’il réside actuellement en cette ville.Rép. : Qu’il est absent dès le mois de Xbre. dernier, et qu’elle n’a eu aucune nouvelle

de lui dès lors. Diverses personnes lui ayant assuré qu’il n’étoit pas dans le pays.

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La comparante prie la v. Chambre, pour perfectionner sa procédure, de l’adresser à nosillustres seigneurs du Consistoire suprême aux fins d’ordonner des proclamations dès la chairecontre ledit Blanc, selon l’usage.

Par délibéré, la v. Chambre ordonne que la présente procédure, telle qu’elle est, seraadressée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Comparoissance de Jean François Thuillard et de Eve Kohler.Comparent Jean François Thuillard, d’une part, et Eve Kohler, d’autre part, l’un et

l’autre assignés par lettres ici produites, pour avoir communication de la sentence de nosillustres seigneurs du Consistoire suprême du 11 mai dernier 1778, dont la teneur suit, aprèsque lecture qui leur en a été faite.[p. 143]

[-] Lausanne.Tit. & alloc.A l’audience de ce jour, ouï dans le détail les parties sur leurs raisons réciproques.

Jean François Thuillard, de Froideville a solemnisé, selon toutes les formalités de droit, leserment purgatoire au sujet de la clame de paternité qu’avoit formée contre lui JeanneFrançoise Eve Kohler, fille de Daniel Kohler, de Bourguistein, paroisse de Thurnen.

Conséquemment, et en vertu de la loi, nous avons entièrement libéré l’accusé de cetteclame, et par là même, nous avons adjugé à la demanderesse, comme illégitime, l’enfant filledont elle est accouchée le 31 janvier dernier, et qui a été baptisée sous le nom de JeanneMarie, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenue par elle seule. De plus,ladite Kohler est condamnée envers Thuillard à tous les frais de ce procès, sauf modération.Et comme c’est ici une seconde faute où il y a eu prestation de serment contre elle, on lui ferasubir vingt deux jours de prison dans le lieu du délit. Nous vous chargeons amiablement dedonner communication de tout ce que dessus à la communauté de Froideville, de même deretirer dudit Thuillard, pour les divers émolumens de notre Chambre 186 baches, que vousenverrez à notre secrétaire, et pour lesquels ledit Thuillard [p. 144] aura son recours contre laKohler, aussi bien que pour les autres déboursés.

Sur quoi nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 11e. may 1778.Reçue le 15e. mai 1778.Sur la demande qui a été faite audit Thuillard de payer 186 baches pour les émolumens

de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, et autres frais montant à fl. 34. 7. 6., il c’estrefusé de les payer, prétextant qu’il n’a pas de l’argent pour les payer.

Eve Kohler se recommande pour obtenir un délais de quelques semaines pour subir lapeine de 22 jours de prison rière le ressort. Et comme ledit Thuillard auroit menaçé la Kohleret l’auroit même frapée, il lui a été enjoint de ne point troubler sa paix, avec inuductionexpresse de récidiver, inquiéter et molester en aucune manière.

Par délibéré, la v. Chambre lui accorde le délais demandé.[-] Plainte de Françoise Baud.Monsieur le président fait rapport de la plainte de Françoise Baud contre son mari,

Pierre François Noverraz, du 5e. juin courant. Ladite Françoise Baud, vu les maltraitemensqu’elle essuie de la part de son mari, requiert une séparation. Suit la teneur dedite plainte.

Du vendredi 5 juin 1778, 8 heures du matin.Françoise Baud, âgée de 65 ans, mariée en 1776 à Pierre François Noverraz, âgé de 43

ans, rend plainte contre son mari de ce qu’il continue à la maltraiter de la manière la plusfâcheuse, quoi qu’il [p. 145] ait été puni de quatre jours de prison il y a environ cinq semainespour l’avoir frappée et battue avec excès, il ne cesse point de lui faire les menaces les pluseffrayantes et de troubler sa paix d’une manière intolérable. La plaignante solliciteinstamment une séparation, dans laquelle elle puisse recouvrer un peu de tranquillité, son marise livrant presque journellement à la boisson et à la crapule la plus désordonnée.

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Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 5e. juin 1778.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance des jugaux Franç. Baud et Pre. François Noverraz.Lesdits jugaux paroissants. Lecture leur ayant été faite dedite plainte, les exortations

les plus fortes leur ont été adressées au but de se réunir et de mener une conduite plusrégulière. Ensuite de quoi l’un et l’autre ont promis de vivre en paix et de se supporterréciproquement, et en particulier il a été enjoint au mari de n’user envers sa femme d’aucunsévis, ni de lui faire aucunes menaces. Ce qu’il a promis.

[-] Exposition concernant Françoise Emonet et Mr. Palmer.Monsieur le président expose qu’ayant reçeu une lettre de Mr. le révérend doyen

Leresche en date du 27 du mois dernier, par laquelle il l’avise que Françoise Emonet, saparoissienne, se conduisoit d’une manière désordonnée, étant placée dans des campagnes àl’écart de la ville, en pension aux dépends de Mr. Palmer, domicilié chez Mr. le ministreTavan, il auroit fait assigner la mère Emonet, sous l’autorité de sa seigneurie baillivale, àparoître céans aujourd’hui, pour rendre raison de la conduite scandaleuse de sa fille, et enmême tems, il [p. 146] auroit donné à la maréchaussée Martin, de se rendre dans la journée dehier à la Croix Blanche du Jurat pour prendre des informations au sujet de ladite Emonet, etsçavoir le lieu de sa retraite. A quoi Monsieur le président ajoute que Martin lui a fait rapportque l’Emonet avoit quité la Croix Blanche, qu’il l’avoit vue en ville où elle doit êtredomiciliée, et que dans peu il ne tarderoit pas à découvrir la maison où elle loge.

La veuve Emonet n’ayant pas paru, l’huissier de la Chambre a fait rapport que sesinfirmités ne lui permettoient pas de sortir de la maison, qu’elle l’avoit assuré que depuisplusieurs mois, sa fille Fanchete Emonet l’avoit quitée, et qu’elle ignore absolument dans quelendroit elle peut être à cette heure.

Sur quoi délibérant, la v. Chambre a fort approuvé le zèle de Mr. le doyen Lereschepour le maintien du bon ordre, et l’en a remercié. On profitera de l’ouverture qu’à faite lamaréchaussée Martin, pour s’informer si ladite Emonet c’est retirée dans une maison honnête,chez des personnes qui répondent de sa conduite, avec promesse de ne point permettre qu’ellecontinue d’avoir des habitudes libertines avec Mr. Palmer. Dans le cas que cette fille continuede cacher sa retraite, on prie Mr. le président d’en informer sa seigneurie baillivale, affinqu’elle veuille bien interposer son autorité pour arretter un aussi grand scandale.[p. 147]

25 juin 1778

[-] 13Du jeudi 25 juin 1747.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteur Besson, conseillerDestallents, assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire.

[-] Jeanne Marie Vernaud et Faraudo.Le paquet concernant Jeanne Marie Vernaud et Pierre Faraudo a été expédié à nos

illustres et puissans seigrs. du Consistoire suprême le samedi 13e. juin courant 1778.[-] Susanne Matthey et Louis Blanc.La procédure concernant Susanne Matthey et Louis Blanc a été de même expédié à

nosdits illustres seigneurs le samedi 20 juin courant.[-] Lisette Iselly et Pierre Mann.Deux doubles de procédure concernant Lisette Isely et Pierre Mann ont été expédiés,

l’un à nos illustres seigneurs, l’autre au Consistoire de Teuffelen, de même qu’au Consistoirede Lully le samedi 20 juin 1778.

[-] Louise Aubertet et Pierre Daccord.

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Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la sentence concernant LouiseAubertet, de Bavois, et Pierre Daccord, de Lausanne et de Lutry, en date du 8 courant mois dejuin, dont la teneur suit. Il ajoute qu’ayant reçu du père Daccord la somme de 186 baches ymentionnés, le samedi 20 du courant, il auroit expédié le même jour lesdits 186 batz à Mr.Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, franco, avec la note de l’émolument.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.[p. 148]Comme il paroît par le verbal du Consistoire de Bavois que Louise Aubertet, leur

bourgeoise, n’auroit pas pu prouver conformément à la loy les promesses de mariage qu’elledisoit lui avoir été faites par Pierre Daccord, votre ressortissant, et que même il n’auroit pasreconu comme tel les gages de mariage qu’elle prettendoit avoir reçus de lui. Nous avons misde côté purement et simplement cette clame de mariage. En échange, et d’après l’aveu que faitl’accusé, nous lui avons adjugé d’ors et déjà, comme illégitime, l’enfant garçon que laplaignante a mis au monde le 4 de may dernier et qui a été baptisé Pierre Louis, devant porterson nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui, de manière qu’il en restera seul chargé aubout de six mois dès la date de la naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gagede nourrice. Et nous l’avons condamné envers elle à tous les frais de ce procès, saufmodération.

Quand à la peine, ledit Daccord devra, selon le prescrit de la loy, subir vingt jours deprison pour cette seconde faute simple. Et ladite Aubertet, seulement cinq, par bonneconsidération, le tout dans votre ressort ainsi que le lieu du délit.

Enfin, nous vous chargeons amiablement de retirer des mains dudit Daccord, pourl’émolument de notre Chambre cent quatre vingt six baches (186), que vous ne ferez fauted’envoyer à notre secrétaire dans le délai de 4 semaines. Sur quoi nous vous recommandons àla protection divine. Donné le 8e. juin 1778.

[-] Fanchette Emonet.Monsieur le président expose que le samedi 13 du courant, en suite de notre délibéré

du 11, il eut l’honneur d’informer sa magnifique seigneurie baillivale de la conduitescandaleuse de Fanchete Emonet. Sur quoi [p. 149] sa seigneurie baillivale envoyat dans lemoment même un de ses officier auprès de la veuve Emonet pour lui ordonner de retirer safille Fanchete auprès d’elle dans deux fois 24 heures, pour la placer dans quelques maisonshonnêtes de cette ville. Que si ladite Fanchete Emonet ne paroissoit pas, on devoit faire aviserla personne qui la tient dans des maisons autour de la ville [qu’elle] seroit sûrement prise àpartie pour la représenter. Au rapport de ce message, l’officier annonçat de la part de la veuveEmonet, qu’elle étoit bien attristée de la conduite irrégulière de sa fille, mais qu’elle ne setrouvoit pas dans le cas d’y apporter aucun remède vu qu’elle s’est soustraite depuis longtemsà son autorité.

Dès lors, Monsieur le président a chargé la maréchaussée Martin de faire lesperquisitions, et en ville et dans la campagne, et aux environs, pour découvrir le lieu de laretraite de ladite Emonet. A quoi ledit Martin a vaqué plusieurs jours. En suitte de quoi, ils’est rendu auprès de Mr. le président samedi 20 du courant pour l’informer qu’il avoit apprisd’une manière positive et certaine, que ladite Emonet étoit partie pour l’Angleterre mardi 16du courant, dans la voiture du Sr. Favre, voiturier de Cossonay.

[-] Jeanne Marie Masmejan, née Boutan.La Dame Jeanne Marie Masmejan, née Boutan, femme de Pierre Masmejan, bourgeois

de cette ville, paroissant, présente une humble requête tendante à requérir une séparationd’avec son mari. Priant la v. Chambre de vouloir bien le recevoir.[p. 150]

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Lecture faite dedite requête, la v. Chambre, par son délibéré, veut bien la recevoir pourêtre communiquée tout de suite à son mari, qui devra y répondre dans la 15ne., où l’un etl’autre paroîtront.

Monsieur le président nous a fait lecture des rapports qui lui auroient été faite par lagarde de jour dans leur rondes du dimanche 14e. juin 1778, comme suit.

Vez, garde de jour, dit que l’on a dansé à 5 heures et demi à la pinthe où fait vendrevin Mr. le doyen Leresche, et à la Solitude.

Plus, qu’Anthoine Mercier, guet, a fait rapport que l’on a dancé près des dix heures àla pinthe où fait vendre vin Mr. le contrôleur Secrétan, pour avoir eu mille peines d’aider à lavendeuse de les faire sortir de son cabaret à 5 heures.

[-] Comparoissance de Susanne Debettaz.Susanne Debettaz, domestique de Mr. le doyen Leresche, n’ayant point désavoué sa

faute dans la vente de vin qu’elle faisoit pour son maître, n’ayant pas cru avoir manqué à sondevoir à cette heure.

La v. Chambre, eu égard à cette franchise, veut bien la libérer pour le coup, et de tousfrais.

[-] de Rodolp Isely.Rodolp Isely paroissant pour avoir dansé jusques près de dix heures dimanche 14 du

courant, dans la pinthe où fait vendre vin Mr. le contrôleur. Après ses raisons de justificationspour se recommander à la v. Chambre de lui faire grâce.

La v. Chambre, par bonnes considérations, a bien voulu condescendre à la grâce qu’ildemande pour le libérer de tous frais.

[-] de Jeanne Regamey.Jeanne Regamey, vendeuse de vin de Mr. le controlleur, paroissant.La v. Chambre veut bien la libérer pour le coup de tous frais pour le coup, leur ayant

été adressés aux uns et aux autres de fortes exortations.[p. 151]

9 juillet 1778

[-] 14.Du jeudi 9e. juillet 1778.Sous la présidence du n. seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messrs. les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes,conseillers Rosset, Destallents, assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire.

[-] Marguerite Séchaud ; Nicolas Druai.Le paquet concernant Marguerite Séchaud et Nicolas Druai, contenant les copies des

témoignages de l’honnorable commune de Sullens et de Mr. le révérend pasteur Chavannes, etdu mandat de citations des parties, a été expédié à nos illustres seigrs. du Consistoire suprême,le samedi 27 juin 1778.

[-] Susanne Matthey ; Louis Blanc. Proclamations.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau une lettre de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême en date du 25 juin dernier, concernant Susanne Matthey, deLausanne, et Louis Blanc, dito, dont la teneur suit.

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBerne. Salut.

En suite de votre verbal du 11 du courant, nous vous chargeons amiablement et sansautre, de faire proclamer dès la chaire, de six semaines en six semaines, votre [p. 152]ressortissant Louis Blanc, pour sister en droit et répondre à la clame de paternité qu’a forméecontre lui Susette Matthey, aussi votre ressortissante, le tout sous commination qu’en cas dedeffaut, il sera procédé contre lui pas contumace. Vous ne manquerez point de nous faire

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parvenir le résultat dans son tems. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné le25e. juin 1778.

Reçue le 29e. juin 1778.[-] Déclaration de Jeanne Elisabeth Détraz et Gabriel Clément.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne Elisabeth Détraz, de

Lausanne et d’Oron, contre Gabriel Clément, d’Echallens, du 1er. juillet 1778, dont la teneursuit.

Du mecredi 1er. juillet 1778, 7 heures du matin.Jeanne Elisabeth Détraz, fille de feu Jean François Détraz, de Lausanne, couturière,

âgée de 32 ans, domiciliée chez sa mère, rue du Pré, bannière du Pont, déclare être enceintedes œuvres de Gabriel Clément, d’Echallens, catholique romain, ouvrier de campagne, âgéd’environ 27 ans. Son commerce charnel avec lui ayant commencé en 9bre. 1777, et continuéjusqu’en avril 1778. Il lui a fait des promesses verbales de mariage. La plaignante compted’être enceinte d’environ six mois.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 1er. juillet 1778.Signée : Jeanne Détraz.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 153]Jeanne Elisabeth Détraz, duement assignée, paroissant. Lecture lui ayant été faite de sa

déclaration, elle l’a confirmée et ratifiée en tout son contenu.Interrogée si elle n’a point eu de nouvelles de Daniel (sic : Gabriel) Clément depuis

qu’il c’est retiré de cette ville.Rép. : Que le 24 juin, Susanne Détraz, sa sœur, reçeut une lettre dudit Daniel Clément,

signée G. C., par le courrier de Berne, laquelle a coûté huit cruches de port, où ledit Clémentpromet d’épouser la comparente si elle en obtenoit la permission des seigneurs supérieurs.Elle a l’honneur de présenter cette lettre en date du 20 juin, avec le certifié du bureau despostes de Berne, en date du 2 juillet courant, qui prouve que la susdite lettre a bien étéexpédiée de ce bureau, quoi que ledit Clément, et par malice, affecte de dater sa lettre deLausanne. Elle joint encore une autre lettre dudit Clément adressée à sa sœur Détraz, datée deNion du 19e. juin dernier, et signée G. C. comme la précédente.

Interrogée si elle n’a pas eu deux procédure consistoriales sur fait de paternité.R. : Qu’elle a eu le malheur de tomber en faute avec Pierre Verrin, de la Corporation

françoise, l’an 1769, et avec Jean Izenel l’an 1774. Que ces deux enfans sont morts, dont ellese repand amèrement, priant la v. Chambre de vouloir bien concourrir à ce qu’elle puisseépouser ledit Clément, ainsi qu’il a promis par ses lettres.[p. 154]

La v. Chambre, par son délibéré, renvoye de completter cette procédure jusques aprèsles couches de ladite Détraz, qui sera entendue. Ordonnant qu’il en sera donnécommunication à Mr. le juge du v. Consistoire d’Echallens.

Ladite Détraz rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faireappeller les préposés dans le tems de ses couches.

[-] Comparoissance des jugaux Masmejean.Comparent les jugaux Pierre Masmejan, bourgeois de cette ville, et sa femme, Jeanne

Marie, née Boutan. Il échet à ce premier de produire ses réponses à la requête de sa femme ànous présentée le jeudi 25 juin dernier, aux fins d’obtenir une séparation, de laquellecommunication en a été donnée à sondit mari, ce que produisant.

Lecture faite desdites réponses, en présence desdits jugaux, la Dame Masmejan en ademandé copie et terme de 15e. pour se réfléchir et faire ce qui lui échera de droit.

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Sur quoi délibéré, la v. Chambre accorde à la Dame Masmejan la copie et termedemandé, et que certains termes injurieux en seroient retranchés.

[-] Comparoissance de Jn. Anthoine Ducloux.Jean Anthoine Ducloux, du Mont, habitant de cette ville, traiteur, tenant un billiard à la

Madelaine, maison Lemaire, à la Riponnaz, rapporté pour avoir été entendu jouer à sonbilliard pendant le service divin, dimanche 5 du courant.

Ledit paroissant, après avoir avancé bien des raisons pour sa justification, pour n’iavoir point eu d’estrangers alors,

La v. Chambre, par bonnes considérations, veut bien l’affranchir de l’amande et desfrais de comparoissance, le condamnant à une forte censure. Ce qui a été exécuté.[p. 155]

23 juillet 1778

[-] 15Du jeudi 23 juillet 1778.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes,conseiller Rosset, Destallents, assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire.

[-] Susanne Détraz et Gabriel Clément.La procédure concernant la clame de paternité de Susanne (sic : Jeanne Elisabeth)

Détraz et Gabriel Clément, d’Echallens, a été expédiée à Mr. le juge du Consistoired’Echallens le lundi 20e. juillet 1778.

[-] Déclaration de Anne Ami et Jean Jaques Vannes.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la clame de paternité de Anne

Amy, en date du 20 juillet courant, d’être enceinte des œuvres de Jaques Vannes, de Nidau,dont la teneur suit.

Du lundi 20 juillet 1778, 2 heures après midi.Anne Ami, fille de feu Pierre Ami, d’Oggens, domiciliée chez sa mère, au Pont des

Etuves, bannière du Pont, taillieuse de profession, âgée de 26 ans, déclare être enceinte desœuvres de Jean Jaques Vannes, fils de Samuel Vannes, de Nidau, boucher de cette ville, âgéde 17 ans. Son commerce charnel avec lui ayant commencé le mardi 21 avril dernier, etcontinué jusqu’au milieu de may. Il lui a fait des promesses verbales de mariage, disant qu’ilne l’abandonneroit pas, qu’ils étoient bons l’un pour l’autre.

Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.Lecture faite, a persisté.

[p. 156]En témoin de quoi signé, Lausanne ce 20e. juillet 1778.Polier de Vernand, lieutenant baillival.Anne Ami duement assignée, paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa

déclaration, elle l’a confirmée dans tout [son] contenu pour être la pure vérité.Compart Jean Jaques Vannes, assisté de son oncle Beck, boucher de cette ville, ayant

entendu la lecture dedite déclaration.Interrogé s’il reconnoît avoir eu commerce charnel avec Anne Ami aux dates qu’elle

indique.Rép. ; Qu’il a eu commerce charnel avec elle le 21 d’avril dernier, et le jeudi de la

même semaine. Il se repand de sa faute, et prie la v. Chambre de pourvoir à ce que ladite Amisoit bien examinée à l’instant de ses couches par les préposés à ce sujet. Et aprèsl’accouchement, il ne manquera point de suivre en cause.

Sur quoi délibéré, la vénérable Chambre a trouvé qu’il n’i avoit pas lieu de suivre àcette procédure jusques après les couches de Anne Ami, qu’elle sera entendue à teneur desloix consistoriales.

67

Ladite Ami rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faireappeller à l’instant de ses couches les préposés à ce sujet.

Ordonne que communication de cette procédure sera adressée aux communautésrespectives.

[-] Comparoissance des jugaux Masmejan.La Dame, née Boutan, femme de Pierre Masmejan, paroissant. Au lieu de produire des

répliques, prie la v. Chambre que les mémoires et contremémoires soyent adressés à nosillustres seigneurs du Consistoire suprême. Requérant de les éclairer par son préavis.[p. 157]

Ledit Pierre Masmejan paroissant. Communication lui a été donnée par écrit de lademande de sa femme. A quoi il a répondu qu’il insistoit à ce que la procédure fut complétéepar répliques et dupliques, ayant d’autres choses à dire.

Sur quoi, la Dame Masmejan a dit qu’elle produiroit une troisième pièce dans la 15e.ainsi que le désire son mari.

A quoi admise.[-] Louise Madeleine Lombard et le n. Durin.Monsieur le président met sur le bureau l’accouchement de Louise Madelaine

Lombard, âgée de 15 ans, au moulin de Pierraz de Plan, du 22 juillet courant, dont la teneursuit.

Du mecredi 22 juillet 1778, 4 heures après midi.Jaques Lombard, de Treycovagnes, Consistoire d’Yverdun, meunier en Pierraz de

Plan, bannière de Bourg, informe que sa fille, Louise Madeleine Lombard, âgée de 15 ans,seroit enceinte environ de six mois des œuvres d’un garçon blancher, de la fabrique du Sr.Jean Mercier, se disant de Lyon, âgé de 18 ans et catholique. Lequel s’est absenté du paysdepuis un mois. Avisé ledit Lombard de faire paroître sa fille le plustôt possible, ou sil’accouchement étoit peu éloigné, de faire appeller les préposés du Consistoire, et à leurdeffaut, des voisins non parents, en qualité de prud’hommes, pour recevoir la déclaration deladite Lombard avant la naissance de l’enfant.[p. 158]

Dudit jour, 8 heures du soir.Susanne Lombard, sage femme jurée, déclare que s’étant transportée avec Jaques

Lombard, à son moulin de Pierraz de Plan ce jourd’hui, environ cinq heures après midi, pourassister la fille dudit, Louise Madelaine, suspectée d’être près de ses couches, vu ses maux quise manifestoient. Elle auroit trouvé un enfant garçon déjà né et sans vie, qu’elle a jugé, auxdifférentes marques, n’être âgé que de sept mois. Et sur le corps duquel, après examen trèsattentif, il n’a été apperçu aucunne trace de violence.

La v. Chambre, après avoir entendu la lecture desdites déclarations, ordonne queMadelaine Lombard devra être assignée dans la 15.

Du jeudi 23 juillet 1778, 1 heure après midi.Claude Antoine Renaud, d’Arbois, diocèse de Besançon, chamoiseur, attaché depuis

deux ans à la fabrique de Mr. Jean Mercier, déclare que Louise Madelaine Lombard Porchet(sic)2, fille de Jaques Lombard, au moulin de Pierraz de Plan, auroit accouché hier 22 ducourant, environ 4 heures après midi, ayant solemnellement assuré que le nommé Durin, desenvirons de Lyon, âgé de 18 ans, apprentif depuis deux ans chez le Sr. Mercier, étoit bien lepère de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde.

Lecture faite, a persisté.

2 Ce nom de Porchet doit être une erreur du scribe qui a ajouté ce second nom de famille àcelui de Lombard, il doit s’agir de l’affaire de Judith Porchet, p. 159.

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Un enfant garçon mort, né au moulin de Pierraz de Plan mecredi 22 juillet, fils deLouise Madelaine Lombard, de Treycovagne, baillage d’Yverdun, et donné à n. Durin,apprentif chamoiseur, des environs de Lyon, absent du pays depuis quelques semaines.[p. 159]

[-] Concernant Judith Porchet et Jacob Renou.Mr. le président met sur le bureau l’accouchement de Judit Porchet, de Vucherens, du

20e. juillet 1778, dont la teneur suit.Du lundi 20 juillet 1778, 8 heures du matin.La veuve de Jean Pierre Baud, d’Epalinges, accoucheuse, déclare que Judith Porchet,

d’elle bien connue, fille de Daniel Porchet, de Vucherens, meunier audit Espalinges, auroitaccouché au domicile de son père, hier dimanche 19 du courant, à 7 heures du matin, d’unenfant garçon viable, à terme et de bonne venue. En témoin de quoi signé, Lausanne ce 20e.juillet 1778.

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Ordonne que l’un et l’autre seront assignés pour la 15ne.[-] Concernant Daniel Reben.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Jeanne Dor concernant l’évasion de

Marianne Reben, née Mottet, du 14 juillet 1778, dont la teneur suit.Du mardi 14 juillet 1778, 3 heures après midi.Jeanne Reben, femme de Christian Louis Dor, informe que Marianne Mottet, femme

de Daniel Reben, père de la déposante, auroit quité le cabaret de l’Ours en l’absence de sonmari, ce jourd’hui, à 4 heures du matin, avec deux chirurgiens françois qui venoient d’acheterici un cheval et un cabriolet. Ils ont adressés samedi 11 juillet, 2 coffres à Bâle, en changeantde nom. On croit qu’ils sont allés du côté d’Yverdun.[p. 160]

6 août 1778

[-] 16Du jeudi 6 août 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, [ont assisté] Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. Sprunglin, pasteur allemand, conseiller Destallents, assesseur Bergier,et secrétaire.

[-] Jeanne Ami et Jaques Vannes.Le paquet concernant les communautés respectives de Nidau et Oggens, de la

procédure d’entre Anne Ami et Jean Jaques Vannes, ont été expédiées le vendredi 31 juillet1778.

[-] Avis sur les envois des paquets à Echallens.Mr. le président a reçeu le 31 juillet dernier, une lettre de Mr. le secrétaire baillival

Mestrezat, d’Echallens, datée du 27 dit, par laquelle il renvoye, d’ordre de Mr. Chollet, seigr.baillif d’Echallens, le paquet concernant la clame de paternité de Jeanne Détraz contre GabrielClément, sous le prétexte qu’il y avoit une couple de fautes très légères dans la transcription,qui sera fait si possible une réponse verbale. Et à l’avenir, comme Mr. le baillif se trouve jugedu Consistoire, il ne sera plus fait d’expédition à ce Consistoire qu’à l’adresse de sonsecrétaire.

[-] Concernant Faraudo et Jeanne Marie Vernaud.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, concernant Pierre Faraudoz et Jeanne Marie Vernaud, endate du 15 juin 1778, dont la teneur suit, qui sera communiqué avec celui du 14 mai auxcommunautés respectives.[p. 161]

69

En conformité de la sentence rendue par le Consistoire suprême, entre Pierre Faraudoet Nanette Chalays, de Belmont, le 14 mai dernier, mes très honorés seigneurs ont éconduitpurement et simplement dans sa demande, Jeanne Marie Vernaud, suspectée de mauvaiscommerce avec ledit Faraudo. Et en conséquence, lui ont donné ordre, sans autre, de se retirerde cette capitale. Actum le 15 juin 1778.

Pour extrait collationné.Signé : Tschiffely, secrétaire du Consistoire.[-] Concernant Judit Porchet et Jacob Renou.Mr. le président met sur le bureau le rapport de Ester Porchet sur le baptême de Jean

Jacob, fils naturel de Judit Porchet, du 27e. juillet 1778, dont la teneur suit.Du lundi 27 juillet 1778, 9 heures du matin.Esther Laurent, femme de Daniel Porchet, certifie que l’enfant garçon de Judith

Porchet, sa fille, né le dimanche 19e. du courant, auroit été baptisé hier dimanche 26 ducourant, à l’église des Croisettes, par Mr. le ministre Dompierre, sous le nom de Jean Jacob.[p. 162]

[-] Comparoissance de la Porchet et de Renou.Judith Porchet paroissant, assistée de sa mère, demande que l’enfant dont elle est

accouchée le dimanche 19e. juillet dernier, soit adjugé à l’accusé Jacob Renou, avec toutes lessuites. Concluant aux dépends.

Compart le Sieur Jean Baptiste Renou, père dudit Jacob Renou. Lequel expose qu’enl’absence de son fils, éloigné pour des affaires très pressantes, il reconnoît en son nom lapaternité dudit enfant, espérant que la Chambre ne renverra pas à une autre assemblée deprononcer sur le cas, vu que sondit fils a fait remettre sur le bureau un billet de paternité bienauthentique du 23e. juillet dernier, lequel l’huissier de la Chambre relate ici avoir vu signeraudit Jacob Renou, dans sa maison.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a rendu sa sentence, ainsi qu’elle en a le pouvoir parle rescrit souverain du 8 mars 1759, comme suit. Sçavoir, que Jacob Renou, de la Corporationfrançoise de cette ville, fabricant de profession, s’étant reconnu père, par l’aveu du commercecharnel à la date du 20 février dernier, et ratifié par devant nous, de même que par son billeten date du 23 juillet, de l’enfant garçon dont Judith Porchet, fille de Daniel Porchet, deVucherens, bailliage de Moudon, est accouchée le dimanche 19e. juillet, et baptisé à l’églisedes Croisettes le dimanche suivant, sous le nom de Jean Jacob. En conséquence, nous avonsadjugé d’ors et déjà audit Jacob Renou cet enfant comme illégitime, [p. 163] devant porterson nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui, de manière qu’il en demeure seul chargé,le condamnant envers la demanderesse à tous les frais de ce procès, sauf modération. L’un etl’autre devront subir pour cette faute simple, la peine de dix jours de prison dans le ressort,ainsi que le lieu du délit. Au sortir de la prison, l’un et l’autre seront admonestés et censurésen la manière accoutumée.

Et par rapport à l’entretien de l’enfant, le Sr. Renou, d’après l’invitation des vénérablespasteurs, a consenti que la mère, Judith Porchet, continuera de le nourrir jusqu’à ce qu’il futsevré complètement, sur le pied de 46 baches pas mois, à compter dès le 19 du mois dernier,payable tous les deux mois.

La présente sentence sera expédiée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême le plutôtpossible, avec dix baches pour l’inscription de l’enfant au protocole des bâtards.

Au rapport, les parties ont acceptés.En suittes de causes, paroissent les jugaux Masmejan. Il échet à la Dame Masmejan de

produire ses répliques, dont lecture a été fait.Le mari, Pierre Masmejan, demande copie desdites répliques et terme de 15e. pour

faire ce qui lui échera de droit.A quoi remis.

70

[p. 164][-] Comparoissance de Daniel Reben.Se présente le Sieur Daniel Reben. Lequel prie la v. Chambre qu’il soit fait lecture

d’un acte du 16 juillet 1778, par lequel la désertion malicieuse et scandaleuse de sa femme,Mariane Mottet, exécutée le 14 dudit, et constatée, de même que d’une très humble requête ànos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, tendante à obtenir la proclamationd’usage dès la chaire contre sadite femme, de 6 semaines en six semaines, pour faire ensuittece qui lui incombera de droit aux terme des lois consistoriales, suppliant la v. Chambre defaire l’expédition de ses deux pièces le plutôt possible. Il produit encore une lettre de Bâle,signée Brenner, du 22 juillet, plus une autre du même Brenner du 27 dudit, où est transcrit unextrait de la lettre de Messrs. Petzel et Emmerich, de Strasbourg, du 25e. juillet, par laquelle onapprend que les jeunes lyonnois leur ont délivrés la somme de 15 louis neufs pour retirer leurcoffres, ce dont ils étoient bien contents.

Mr. le président informe que tous les faits contenus dans la requête de Daniel Rebensont bien conformes à la vérité.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a cru, dans l’état des choses, adhérer à la demande duSieur Reben. Et en conséquence, il est ordonné au secrétaire de faire l’expédition de ses deuxpièces à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, par le courier de samedi 8 du courant.[p. 165]

En suite du rapport fait par Mr. le révérend doyen Leresche sur les plaintes qui luiauroient été faites, d’un scandale arrivé le dimanche 26 juillet dernier, sur le Champ deBellevaux, proche Sauvablin, où on avoit tiré des coups de fusils tirés en cibe, où les allants etvenants pouvoient être exposés, le tout suivi d’une bataille où le fermier de Bellevaux, HenriRouff devoit devoir été grièvement maltraité, dont les traces ont parus dix jours après à Mr. lerévérend doyen Leresche.

[-] Comparoissance de Franc. Girard, de François Besson, de George Louis Cochet.Ont été assignés les autheurs de ce scandale, Jean Etienne Girard, François Besson, les

deux perruquiers, George Louis Cochet, orfèvre. Lesquels ont dit pour leurs justification,qu’ils avoient cru qu’un tirage qu’ils faisoient entr’eux trois le dimanche, n’étoit pas contraireaux loix. Et par apport à la baterie qui a eu lieu entre ledit Rouff, son domestique et leditGirard et Besson, ils affirment positivement que ledit Rouff et son domestique étoient lesassaillants, et les avoient frapés les premiers. Que pendant tout le tirage, personne ne lesavoient inquiétés, et que la bataille ne s’est donnée qu’à huit heures du soir.

La v. Chambre, par son délibéré, remercie Mr. le doyen Leresche d’avoir porté le faitpar devant elle. Mais considérant le sérieux du cas, d’avoir tiré un jour de dimanche, qui a étésuivie d’une baterie des plus fâcheuses, mais réfléchissant que c’étoit le lendemain de la St.Jaques qu’on avoit tiré le prix du souverain, [p. 166] et de plus que c’est la première foisqu’ils paroissent devant nous, la v. Chambre veut bien se relâcher de l’amande portée par lesloix, les condamnant seulement à payer leurs comparoissance, et à une censure qui leur a étéfaite par Mr. le doyen Leresche.

Mr. le révérend doyen Leresche, après avoir entendu la lecture dedite sentence, c’estdéclaré en vouloir porter le fait à sa t. n. magnifique seigneurie baillivale.

[-] Comparoissance de Pre. Mocan.Mr. le président expose le rapport de la garde en date du 3e. du courant. Par lequel il

est dit que le nommé Pierre Mocan auroit été trouvé par le guet, le dimanche 2 du courant,chez François Rouge, à faire un bruit scandaleux, sans l’avoir put tranquilliser. Ce qui fit qu’ilfut conduit au corp[s] de garde, d’où il a été relâché.

Ledit paroissant, n’aiant put nier sa faute, se recommande à l’indulgence de la v.Chambre, vu sa pauvreté.

71

La v. Chambre prenant en considération que c’est la première fois qu’il paroît, veutbien user d’indulgence tant seulement pour cette fois, le condamnant seulement qu’aux fraisde sa comparoissance et à 5 batz pour la garde.

[-] Comp. de Louise Lombard.Louise Madeleine Lombard, assistée de son père, paroissant, duement assignée, a

confirmé ses précédentes déclarations, en demandant pardon de sa faute à la v. Chambre.La v. Chambre, considérant la jeunesse de cette fille, âgée de 15 ans, qui échéent à ce

mois de 7bre. prochain, et qu’on ne peut suivre à cette procédure vu la mort de l’enfant etl’évasion de celui qui l’a séduite. Ce qui a engagé la v. Chambre à ne pas la condamner à unepeine, mais à une clôture de trois mois à commencer à la St. Martin, à ses frais. Laquelle aiantét[é] rapportée au père, il a promis de s’y conformer.[p. 167]

Mr. le président met sur le bureau la sentence de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, en date du 6e. et 20e. juillet 1778, concernant Marguerite Séchaud et Nicolas Druai,dont la teneur suit.

[-] Sullens.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Après avoir entendu dans le détail, le 6me. du courant mois de juillet, votre

ressortissante Marguerite Séchaud, de Sulens, et Nicolas Druay, de Faoug, concernant ladifficulté vantillante entr’eux pour fait de paternité. Nous n’avons pas trouvé bon, par diversmotifs très puissans, d’admettre l’accusé Druay à la prestation du serment purgatoire. Enconséquence, nous lui avons adjugé comme illégitime, d’ors et déjà, l’enfant garçon dontladite Séchaud est accouchée le 18e. mars dernier, et qui a été baptisé sous le nom d’AbramNicolas, devant porter son nom, et être de sa bourgeoisie. Mais quant à l’entretien, nous avonsordonné que l’enfant demeureroit auprès de sa mère, et que le père seroit tenu de payerannuellement pour sa pension, douze croners jusqu’à [ce] que ledit enfant ait atteint l’âge de15 ans complet. Nous avons en même tems condamné ledit Druay à tous les frais de ceprocès, sauf modération.

Quant à la peine de cette faute simple, ledit Druay devra la subir en plein, selon leprescrit des loix, mais la Séchaud, par bonne considération, n’en supportera que la moitié,l’un et l’autre dans le lieu du délit. Comme le tems de réflections qu’avoit demandé Druay surnotre sentence est présentement tout à fait écoulé, nous n’avons pas voulu différer davantagede vous en donner amiablement avis. Dieu soit avec nous. Donné ce 20e. juillet 1778.[p. 168]

20 août 1778

[-] 17Du jeudi 20 août 1778.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes,conseiller Destallents, assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Daniel Reben.Le paquet concernant Daniel Reben sur le divorce demandé d’avec sa femme,

Marianne Mottet, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 8e.août 1778.

[-] Concernant Judith Porchet et Renou.Ledit samedi 8e. août 1778, a été expédié à Mr. le secrétaire du suprême Consistoire,

dix baches pour l’inscription au protocole des bâtards, l’enfant illégitime de Judith Porchet,adjugé à Jacob Renou, avec la sentence.

[-] Pierre Faraudo et Jeanne Marie Vernaud.

72

L’expédition des copies des rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprêmeconcernant Pierre Faraudo et Jeanne Marie Vernaud, a été faite le samedi 15e. août à Messrs.les rév. pasteurs de Belmont et Vufflens la Ville.

[-] Anne Ami et Jean Jaques Vannes.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la lettre de Mr. Favre,

secrétaire du vén. Consistoire de Thierens, concernant Anne Ami et Jean Jaques Vannes, dontla teneur suit.[p. 169]

Monsieur,Monsieur le capitaine Comte, juge du v. Consistoire de Thierens, m’a chargé de vous

dire qu’il a reçeu l’extrait de la procédure entre Jean Jaques Vannes, de Nidau, et Anne Ami,d’Ogens, qui relève dudit Consistoire de Thierens, pour en être paroissien, avec votre lettre du31e. juillet dernier.

Agrées les remerciemens de votre attention à ce sujet, ayant l’honneur d’être, avec laplus parfaite considération, Mr., v. t. h. ob. serv.

Thierrens 14 août 1778.Signé : J. F. Favre, secrétaire.Reçeue le 19e. dit août, à l’adresse de Mr. le secrétaire Vullyamoz.[-] Concernant la déclaration à l’instant de ses couches d’Henriete Jonin.L’officier Chapuis fait rapport que la nuit du samedi 15 au dimanche 16 du courant

mois d’août 1778, environ une heure après minuit, ayant été demandé pour assister auxcouches d’Henriete Jonin, l’officier Fiaux présent avec lui, assisté de la v. Lebre, sage-femmejurée. Après avoir fait des exhortations d’usage à ladite Jonin, de l’enfant qui alloit naître, adit que sans faire tort à sa conscience, ni à la personne accusée, elle ne pouvoit chargerpersonne de la paternité de son enfant que Samuel Martin, de Froideville, confirmant de plusfort sa première déclaration.

Anne Elisabeth Francz, âgée de 24 ans, femme de Samuel Martin, de Froideville,domicilié en [p. 170] St. Pierre, bannière de Bourg, lingère, ayant deux enfans, se présentepour déclarer qu’elle pardonne à sondit mari l’adultère qu’il a commis avec Henriete Jonin,renonçant au bénéfice des loix en sa faveur, sous l’espérance que son mari réparera par unemeillieure conduite à l’advenir, la grande faute dont il s’est rendu coupable, et qu’il chercheraà contribuer à son bonheur ainsi qu’elle, de son côté, se propose de le faire, pour concourirensemble à la bonne éducation des deux enfans dont Dieu les a béni. La requérante supplienos illustres seigneurs du Consistoire suprême de vouloir bien user de bonté dans la sentencequ’ils rendront contre sondit mari, en considération de la démarche qu’elle fait à cet heure.

Lecture faite, a persisté.Et pour éviter des frais, il a été enjoint à ladite Martin d’écrire incessamment à son

mari, domicilié à la Côte, pour l’aviser qu’il est assigné pour paroître par devant la vén.Chambre pour suivre à sa procédure au jeudi 3e. 7bre. prochain. Et ladite Martin ne négligerapoint d’aviser Mr. le président à tems de la réponse qu’aura faite son mari.

[-] Comparoissance des jugaux Masmejan.En suite de cause paroissent les jugaux Masmejan. Il échet au mari Pierre Masmejan

de produire ses conclusions..La Dame Masmejan ayant entendu la lecture des conclusions de son mari, prie la v.

Chambre de donner cours à la procédure, pour être adressée à nos seigneurs du Consistoiresuprême, et observant que dans cette dernière pièce, son mari suppose qu’elle a une prétentionde onze mille francs sur ses biens paternels en France, elle affirme ici solemnellement quecette somme n’est que de trois mille francs de France, laquelle est affectée sur des domainesjouis par sa sœur, et dont la régie, au profit du roy, en tire la rente.[p. 171]

73

Le décès de son père, Pierre Hector Boutan, arrivée l’an 1742. Au surplus, pour fairevoir à son mari ses dispositions sincères à le soulager dans son malheur, elle consent àprendre sur la petite rente de 180 £ qu’il lui reste pour soutenir son existence et celle de sesdeux filles, la somme de 40 francs, qui sera délivrée annuellement, par trois quartiers, quicommencera dès le moment que la séparation aura été ordonnée. Elle prie en même tems Mr.le révérend pasteur Chavannes, en particulier dans le quartier duquel elle demeure, de vouloirbien donner un témoignage de sa conduite qui doit lui être connue, vu les peines et soins qu’ila pris si fréquemment depuis quelques années en ça pour réconcilier les parties.

Sur quoi délibérant, la v. Chambre, après mûres réflections, ouï en particulier Mrs. lesrévérends pasteurs, qui nous ont certifiés que depuis plus de vingt ans, ce mariage étoitinfiniment malheureux par une antipathie entre les jugaux presque insurmontable, ce qui n’aput que donner dans cette société le plus mauvais exemple, et causé du scandale à l’Eglise.Que depuis trois ans que la femme Masmejan, s’étant soumise à la sentence du Consistoiresuprême en date du 3e. juillet 1775, qui lui ordonnoit de recevoir son mari, elle a rendunombre de fois rendu plainte contre lui de ses procédés, soit à Mr. le président, soit à Messrs.les révérends pasteurs, et en particulier Mr. le révérend pasteur Chavannes. La v. Chambreétant entrée dans l’examen de cette affaire dans le plus grand détail, authorisée en ce fait parle rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême du 3e. 9bre. 1766, a cru pourvoir,pour le bien de la chose, [p. 172] inviter nosdits seigneurs à prononcer une séparationterminelle entre les jugaux, vu les altercations fréquentes entre les jugaux, vu la modicité desrentes de ladite Masmejan, réduite à 180 francs, et la circonstance particulière qu’étantobligée de continuer de vivre avec son mari, elle perdroit une occasion favorable de soulagerun peu sa situation malheureuse en entrant dans une maison respectable de cette ville où elleest appellée.

Partant, il est ordonné au secrétaire de lever la procédure le plutôt possible, pour êtreadressée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, en attendant les ultérieurs ordresqu’il leur plaira de nous donner.

[-] Citation à donner aux jugaux Roux.Mr. le révérend pasteur Besson informe la v. Chambre d’une séparation depuis

quelques tems entre Sbastian Roux (sic : Rouge) et sa femme, bourgeois de cette ville, à qui ilauroit adressé ses exhortations séparément, pour les engager à se réconcilier. Ce qui,jusqu’ici, n’a pas produit d’effet.

La v. Chambre, par son délibéré, ordonne qu’en conformité des loix, lesdits jugauxseront assignés dans la 15ne.

3 septembre 1778

[-] 18Du jeudi 3 7bre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,conseillers Destallents, Vullyamoz, assesseur Bergier, et secrétaire.[p. 173]

[-] Concernant Judith Renou (sic : Porchet) et Jacob Renou.Le 26 août dernier, la taxe de Judith Porchet contre Jacob Renou, montant à 298 fl. 6,

a été modérée à 55 fl., outre 8 fl. au secrétaire et 4 fl. à l’huissier. En tout, 67 fl. qui ont étédélivrés tout de suite.

[-] Les jugaux Masmejan.La procédure concernant les jugaux Masmejan a été expédiée à nos illustres seigneurs

du Consistoire suprême le samedi 29 août 1778.[-] Lettre concernant Anne Ami et Jean Jacob Vannes.

74

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la réponse du v. Consistoire deNidau, en date du 16 août 1778, concernant Jean Jacob Vannes, leur ressortissant, dont lateneur suit.

A Messieurs le président et les assesseurs du louable Consistoire de Lausanne.Pour LL. EExces.Honorés et très dignes Messieurs,Autant avons nous été attristés de la mauvaise conduite de notre ressortissant Jean

Jacob Vannes, autant sommes-nous reconnoissans de la communication que vous nous avezdonnée de cette affaire. Comme elle est présentement surçise jusques aux couches, nousattendrons ce que la suite amènera.

Nous sommes, avec bien de la considération, honorés et très dignes Messieurs, votreobéissant serviteur.

Le consistoire de Nidau, et en son nom signé : Samuel Pagan, secrétaire de ville.Nidau, le 16 août 1778.Reçue le 24 août 1778.

[p. 174][-] Concernant Daniel Reben.Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, concernant Samuel (sic : Daniel) Reben et sa femme, Marianne Mottet,et une lettre proclamatoire en date du 24 août dernier, dont les teneurs suivent.

[-] Lausanne.Tit. & alloc.En réponse au verbal que vous nous avez adressé à la date du 23 juillet dernier,

concernant Daniel Reben, d’Espalinges, domicilié dans votre ressort, aubergiste de l’Ours, etsa femme, Marianne Mottet, fugitive du pays. Nous vous avisons que nous avons accordéaudit Reben les lettres proclamatoires contre sa femme. En conséquence, nous vous chargeonsamiablement d’y donner cours, et de nous communiquer le résultat dans son tems. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 24 août 1778.

Reçue le 28e. août 1778.Lettre proclamatoire contre Marianne Mottet.Nous, le président et les assesseurs du suprême Consistoire. Sçavoir faisons par les

présentes à Marianne Reben, née Mottet, de Morat, qu’elle est citée à comparoître par devantnous dans l’espace de six semaines et trois jours, à compter [p. 175] de la date de cetteprésente proclamation, aux fins de répondre aux griefs que Daniel Reben, d’Espalinges, sonmari, forme contre elle au chef de sa longue désertion, et sur ce entendre notre arrêt etvolonté. A deffaut de comparoître par devant nous à ce terme marqué, elle sera, suivant lesstatuts et ordonnances, reléguée à perpétuité hors des terres et pays de LL. EEces., et en mêmetems, ledit Daniel Reben, séparé d’elle de toute communion. En conséquence, nous exhortonstous ceux qui entendront faire lecture des présentes, qui pourroient rencontrer laditte Mottet,de lui notifier la présente citation. Donné le 24e. août 1778

Signé : S. Schiffely, v. secrétaire.La présente lettre proclamatoire sera publiée de six semaines et trois jours, en six

semaines et trois jours, chaque dimanche, de la chaire de l’Eglise paroissiale de Lausanne, àtrois reprises. Et Monsieur le ministre marquera à chaque publication, le jour séparément, etajoutera sa signature en bas de la présente lettre.

Proclamée : Le dimanche 13 septembre 1778Le dimanche 25 octobre.Le dimanche 6 décembre.

[p. 176]

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En suite duquel rescrit, ledit Sr. Reben a été assigné pour en avoir communication. Illui a été demandé s’il insiste à ce que les lettres proclamatoires contre sa femme ayent cours.A quoi il a répondu qu’il y persistoit, ne pouvant plus donner aucunne confiance à saditefemme après tous les écarts dont elle s’est rendue coupable envers lui et envers les lienssacrés du mariage.

Interrogé s’il n’a point eu de nouvelles de sadite femme récemment.Rép. : Qu’elle n’est pas allée plus loin que Strasbourg, et qu’elle est bientôt revenue à

Morat, lieu de sa précédente bourgeoisie, d’où elle lui a écrit le 28 du mois passé pour luidemander pardon, et promesses de se mieux conduire à l’avenir, en le sollicitant de ne pas ladéshonnorer elle et sa famille. Lettre à laquelle il a répondu mardi dernier 1er. du courant, enlui marquant qu’il ne pouvoit revenir en arrière, et que les illustres et puissans [seigneurs]étoient saisis de cette affaire, les choses ayant été poussées si loin par sa mauvaise conduite,qu’elle ne devoit espérer aucune réconcilliation.

Ledit Reben ayant été informé que les proclamations commenceroient le dimanche 13du courant mois de 7bre., est convenu qu’il en informeroit le plutôt possible, en lui manifestantque si elle parroissoit devant le juge du vén. Consistoire de Morat pour lui déclarer qu’ellen’aportoit aucunne opposition à ce qu’il obtint son divorce de nosdits illustres seigneurs, dontil [p. 177] seroit expédié un acte en due et bonne forme, Messieurs les révérends pasteurs enseroient aussitôt avisés pour suspendre les proclamations dès la chaire jusques à nouvel ordre.

[-] Concernant Julie Fontaine et Jean Milliet.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Julie Fontaine, en

date du 29 août dernier, contre Jean Milliet, dont la teneur suit.Du samedi 29e. août 1778, 2 heures après midi.Julie Fontaine, fille de Jean Fontaine, sans bourgeoisie, domiciliée chez son père, rue

et bannière de St. Laurent, âgée de 22 ans, racommodeuse de bas, déclare être enceinte desœuvres de Jean Milliet, de Joutens et Mezery, bijoutier, âgé d’environ 30 ans, domicilié en St.Jean, bannière de St. Laurent. Son commerce charnel avec lui ayant commencé en 1776, etcontinué jusques au mois de juillet dernier. Elle compte d’être enceinte d’environ cinq mois.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 29e. août 1778.Signée : Julie Fontaine.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 178]Ladite Julie Fontaine paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa déclaration, dit

qu’il est bien vrai qu’elle a eu commerce charnel avec Jean Milliet aux dates qu’elle indique.Elle ajoute qu’à peu près dans le même tems, elle a eu commerce charnel avec Mr. Viret,l’anglois.

Interrogée dans quel tems précisément elle doit avoir eu commerce charnel avec leditMr. Viret, l’anglois.

Rép. : Que c’est environ un mois après Noël, autant que sa mémoire peut le luirappeller, qu’elle se rendit à l’appartement dudit Mr. Viret, deux fois dans la même semaine.

Lecture faite, a persisté.Sur quoi, Mr. le président a fait chercher tout de suite ledit Jean Milliet. Lequel ayant

paru, lecture lui a été faite de la déclaration de Julie Fontaine, et de la confirmation qu’ellevient d’en faire. Ledit Milliet a nié formellement d’avoir eu commerce charnel avec laditeJulie Fontaine à la date qu’elle donne de sa grossesse, estimant qu’on ne peut faire aucun fondde la déclaration, puisqu’elle a avoué par devant Mr. le révérend pasteur Besson, qu’elle nepouvoit pas affirmer que ledit Milliet fut véritablement le père de son enfant, et que laditeFontaine a convenu d’avoir reçeu un louis d’or neuf de Mr. Viret, l’anglois. Demandant d’êtrelibéré avec dépends de cette accusation.

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Ladite Fontaine, invitée à répondre, a dit n’avoir rien à ajouter à ses précédentesdéclarations. Qu’elle ne savoit pas à quel des deux, ou de Mr. Viret, l’anglois, ou de JeanMilliet, elle pouvoit attribuer la [p. 179] paternité. Espérant qu’au moment de ses couches ellesera plus en état de faire une déclaration précise et légale. Ce qui l’engage à prier la vén.Chambre de ne pas négliger de l’examiner à tems lorsqu’elle sera appellée à accoucher.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a surçis cette procédure extraordinaire jusques autems des couches vu que ledit Mr. Viret, l’anglois, est reparti pour retourner à Londres.

Au rapport il a été recommandé à ladite Fontaine d’avoir soin de son fruit, et de faireappeller les préposés du Consistoire, pour être entendue à l’instant de ses couches.

Mr. le président met sur le bureau la déclaration de la veuve Lebre, sage-femme jurée,concernant les couches d’Henriette Jonin, le baptême et le décès de son enfant, dont la teneursuit.

Du mardi 18e. août 1778, 7 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare qu’Henriette Jaunin, d’elle bien connue,

auroit accouché dans la journée de hier, lundi 17 du courant, 11 heures avant midi, audomicile de son père, maison Hurtauld, rue et bannière de St. Laurent, d’un enfant fille,viable, à terme, et de bonne venue. Les officiers Fiaux et Chapuis ont assistés aux couches.[p. 180]

Du jeudi 27 août 1778, 7 heures du matin.Ladite sage-femme Lebre certifie que l’enfant fille d’Henriette Jonin, née le lundi 17

août, auroit été baptisée hier mecredi, à l’église de St. Laurent, par Mr. le révérend pasteurBesson, sous le nom de Jeanne Roze.

Du lundi 31 août 1778, midi.Ladite sage-femme Lebre, déclare que Jeanne Roze, fille naturelle de Henriette Jonin,

de Chexbres, seroit morte ce jourd’hui 31e. d’août, environ 8 heures avant midi, du mallet. Cetenfant pesoit 12 livres au moment de sa naissance.

Samuel Martin paroissant volontairement à l’assignation qui lui avoit été donnée par lecanal de sa femme. Lecture lui ayant été faite des différentes pièces concernant la naissance,le baptême et la mort de Henriette (sic : Jeanne Rose) Jonin, dont il avoit été accusé d’être lepère, reconnoît sa faute, et en demande pardon à Dieu et à la v. Chambre, se soumettant avecrésignation à tout ce qui sera ordonné contre lui à cet égard, avec espérance que les seigneurssupérieurs voudront bien adoucir sa peine, en considération de la démarche que sa [femme]Elisabeth Francz a faite par devant la dernière assemblée de la v. Chambre le 20e. aoûtdernier, [p. 181] laquelle lui pardonne et ne demande point son divorce. Se recommandantpour les frais, vu son peu de facultés, et des enfans issus de son mariage, pour la conservationdesquels il travaille de son mieux.

[-] Sentence concernant Henriette Jonin et Samuel Martin.La vén. Chambre a cru pouvoir retenir cette affaire à elle, vu que l’enfant d’Henriette

Jonin est mort, et que la femme dudit Samuel Martin lui a pardonné et a renoncé au bénéficede la loi. Partant, l’un et l’autre ont été condamné pour cette adultère simple, à la peine portéepar la loy, de 15 jours de prison pour l’homme, et de 20 jours pour la fille, dans le lieu dudélit. Au surplus, ledit Samuel Martin devra supporter tous les frais de ce procès, saufmodération, envers Henriette Jonin.

[-] Comparoissance de David Beney.En conséquence du rapport qui a été fait à Mr. le président par la garde de jour Nicolas

Baumont, qu’il y auroit eu des beuveurs dimanche dernier, jour de communion, pendant lesermon du soir à la foule du Sr. Poudier, près du nouveau tirage de Montbenon, il auroit faitassigner le fermier dedite foule. Lequel ayant paru, a dit qu’appellé David Beney, deSalavaux, bailliage d’Avanches, charpentier de profession, et expose pour se justifier, qu’ilétoit à l’église, et qu’il n’i avoit personne dans la maison lorsque la garde y est arrivée, sa

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femme se promenant avec trois autres femme dans le verger, laquelle avoit la clef del’appartement dans sa poche.[p. 182]

La v. Chambre ayant trouvé qu’il seroit trop difficile d’entendre diverses personnes encontradictoire, pour découvrir la vérité des allégués avancés par les parties, et absolumentcontraires, a cru, pour le bien de la chose, devoir se contenter de faire exibition très expresseaudit Beney de vendre vin pendant les sermons, et de l’astreindre à payer cinq baches pour lagarde, et six baches pour le secrétaire et l’huissier.

Ledit Beney a promis solemnellement de se conformer aux ordonnances, et de bienveiller à ce que sa femme ne tomba plus dans aucunne contravention, ce qui lui est arrivéfréquemment par le passé.

[-] Les jugaux Rouge.Paroissent les jugaux Sbastian Rouge et Jeanne Marie Baudet, sa femme, pour avoir

été assignés à raison qu’il seroient séparés, en suite du rapport qui nous en a été fait par Mr. lerévérend pasteur Besson, à la scéance du 20e. août dernier.

L’un et l’autre ont été exhortés de se rejoindre ensemble, pour mieux vivre à l’avenir.Ledit Sbastian Rouge nous ayant témoigné vouloir se soumettre aux désirs de la v. Chambre,de même que sa femme, qui nous a promis d’user de douceur envers son mari, à se conformerà ce qui a été exigé d’eux, s’étant solemnellement l’un et l’autre, par attouchement de mains,engagés à faire bon ménage, et le mari, à lui fournir de ses journées autant qu’il sera possible.

Ce qu’ils ont ratifiés.[p. 183]

23 septembre 1778

[-] 19e.Du mecredi 23 7bre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteur Chavannes, ministreDapples, pasteur des Croisettes, conseiller Destallents, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Jeanne Louise Marguerite Regamey et Claude Etienne Pache.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la v. Chambre, que Mr. le révérend

pasteur des Croisettes l’aiant avisé il y a quelques jours, que Jean Pierre Regamey,d’Epalinges, formoit des oppositions au mariage de sa fille Jeanne Louise Marguerite, ilauroit jugé convenable de procurer cette assemblée extraordinaire, pour connoître le plutôtpossible les raisons d’oppositions alléguées par ledit Regamey au mariage projeté.

Mr. le révérend pasteur des Croisettes ayant été invité à se rendre à cette assembléepour traiter d’un cas qui regarde sa paroisse, a exposé que le mecredi 9 du courant mois de7bre., Abram Henri Pache, bourgeois d’Epalinges, père de Claude Etienne Pache, lui auroitprésenté des promesses de mariage entre ce dernier et Jeanne Louise Marguerite, fille de JeanPierre Regamey, [p. 184] bourgeoise d’Epalinges, en date du 8e. 7bre. 1778, sans signatures.

Les époux requérant l’un et l’autre la publication des bamps de leur mariage le plutôtpossible.

Sur quoi Mr. le révérend pasteur ne voiant ni le consentement du père, Jean PierreRegamey, ni celui du curateur au bien de sa fille, nommé par la noble cour de Chapitre,renvoya les parties à ce procurer l’agrément de l’un et de l’autre. Et le même jour on apportales promesses de mariage, avec l’inscription au pied de Mr. H. Descombes, dont la teneur suit.

Il y a promesse de mariage entre Claude Etienne Pache, fils d’Abram Henri Pache,bourgeois d’Epalinges, d’une part.

Et Jeanne Louise Marguerite, fille de Jean Pierre Regamey, d’autre part.Daté le 8e. septembre 1778.

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Si Monsieur le pasteur d’Epalinges croit que mon consentement comme tuteur del’épouse suffise pour donner cours aux annonces ci dessus sans qu’on n’ait encore consulté lan. Justice dont elle dépend, et dont la première assemblée n’aura lieu que le 19 de ce mois, jedéclare que je n’i fait aucunne objection. Priant cependant que la dernière publication n’aitlieu qu’après l’aveu dedite Justice. A Lausanne le 9e. de 7bre. 1778.

Signé : H. Descombes, châtelain.[p. 185]3

Les parties ayant été appellées à paroître céans, ont été introduits.Jean Pierre Regamey, père de Jeanne Louise Marguerite, ici présente, assistée de sa

tante maternelle, lequel présente une opposition par écrit, et l’extrait baptistaire de sa fille,dont la teneur suit.

Extrait du registre baptistaire de la ville de Lausanne, du 25e. juin 1763.Jeanne Louise Marguerite, fille de Jean Pierre Regamey, d’Epalinges, et de Françoise

Parisod, sa femme, née le 20 juin 1763 et présentée au saint baptême le 26e. du même mois,dans l’église de St. François, par Jaques Louis Mejevan, Jean Noé Parisod et sa femme, et parJeanne Marguerite Mejevan.

Signé : E. Boisot, avec paraphe.Jeanne Louise Marguerite Regamey, interrogée si elle persiste dans la déclaration

qu’elle a faite à Mr. le président, de s’unir par le mariage avec Claude Etienne Pache,d’Epalinges.

Rép. : Que faisant de sérieuses réflections sur son âge peu avancé, et le respect qu’elledoit avoir pour la volonté de son père et de sa tante maternelle, elle renonce aux [p. 186]promesses de mariage qu’elle a faite audit Pache, et promet pour la suite de se conduire parles ordres et authorités de ses parents.

Au contre, ledit Pache paroissant, assisté de son père, Abram Henri Pache, demandecopie et terme de 15ne., laquelle tombe au 8 8bre. prochain, pour faire ce qui lui échera de droit.

A quoi remis.

8 octobre 1778

[-] 1re. assembléeDu jeudi 8me. 8bre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, conseillers Destallents, Vullyamoz, de Crousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Entrée de Mr. le conseiller Abraham de Crousaz.En place de Mr. l’ancien boursier, éleut banneret de la Palud, a été établi à sa place Mr.

le conseiller de Crousaz.[-] Partage de la boette.On a fait le bartage de la boette dès la St. Michel 1777 à celle de 1778, ayant consisté

en 19 assemblées, pour le montant de fl. 99 8 s. 6 d. [-] Comparoissance de la veuve Blanc, mère de Louis Blanc.Compart Susanne Aimé Curchod, veuve de feu Jean François Blanc, de Lausanne, en

son vivant huissier baillival, contre Susanne Matthey, [p. 187] dedite ville. Laquelle, en suitedes proclamations dès la chaire contre son fils, Louis Blanc, cité à paroître à l’audience de nosillustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême pour le 9e. 9bre. prochain. Ladite mèreBlanc, en l’absence de son fils, éloigné du pays depuis le mois de mars, aiant pritconnoissance sur la vérité de la déclaration que nous a produite ladite Matthey à l’instant deses couches, sans date de tems ni de lieu, laquelle déclaration est fausse vu la négative desdits 3 Dans le microfilm, manquent les pages 185 et 186.

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Pitton de l’avoir signée, comme en conste leur déclaration ici produite en date d’aujourd’hui8me. 8bre., par devant notaire, dont la teneur suit. Ladite mère Blanc prie très humblement la v.Chambre de libérer son fils de la clame de paternité que forme contre lui Susanne Matthey.

Copie de la déclaration du Sieur justicier Abraham Pitton et d’Honnête Adam Pitton,d’Opens.

L’an mille sept cent soixante et dix huit, et le jeudi huitième octobre, devant le notairejuré Abraham Pitton, d’Oppens, se sont présentés le Sieur justicier Abraham Pitton, d’Openset Honnête Adam Pitton, du même lieu. Lesquels ayant vu une copie d’une déclaration sansdate ni de lieu, avec leurs noms au pied, que Susette Matthey, de Lausanne, a produit auvénérable Consistoire dedite ville, se trouvant fort surpris d’une telle déclaration, ils déclarentpar les présentes ne l’avoir jamais faite, ni directement, ni indirectement, et qu’elle est [p.188] par conséquent fausse, ne pouvant être qu’une pure invention de la part de laditeMatthey, puisqu’ils n’ont ni écrit si signé aucune déclaration quelconque à ce sujet. LeditSieur justicier Pitton déclare de plus avoir été absent dudit lieu d’Opens dans le temps del’accouchement de ladite fille. Ainsi fait à Bercher sous toutes les autres clauses de droitrequises, en présence des Honnêtes Daniel Pahud, d’Ogens, et Jean Joseph Laurent, de Fey,témoins.

Signé : D. Pahud, lt. de la seigneurie de Biolley.Signé : D. Thomat, avec paraphe.[-] Comparoissance de Susette Matthey.La susdite Susanne Matthey a été interrogée si elle insistoit à dire que la pièce qu’elle

a produite le 11me. juin dernier a bien été signée par les Sieurs Abraham et Adam Pitton,d’Opens.

Répond que cette pièce a été écrite et signée par elle même. Qu’elle se repent de lagrande faute qu’elle a commise et en demande pardon à Dieu et à la v. Chambre, mais qu’ellepersiste à affirmer que le Sieur Adam Pitton et une autre personne qu’elle a cru être AbrahamPitton, ont bien entendu de sa bouche, avant l’accouchement, qu’elle chargeoit Louis Blanc dela paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde, et qu’on lui avoit dit qu’elle pouvoitbien écrire elle même cette déclaration pour la présenter à la v. Chambre puisqu’elle leur avoitparlé du père de son enfant avant les couches.

Lecture faite, a persisté.La v. Chambre, par son délibéré, a trouvé que la procédure est suffisamment complète

pour être adressée à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême. Et par rapportà la fausse déclaration que Susanne Matthey a présentée à la v. Chambre, le cas étant criminel,devra être defféré aux seigneurs du Conseil par le canal de Mr. le conseiller Destallents, et letitre en original, avec les autres pièces, lui en seront remises par notre secrétaire pour leConseil de demain.[p. 189]

[-] Concernant Marianne Thiessen et n. Girsch.Le noble seigneur baillival met sur le bureau la déclaration du secrétaire de scéans

concernant l’accouchement de Marianne Thiessen en date du 3e. du courant, dont la teneursuit.

Du samedi 3e. octobre 1778, environ midi.Le secrétaire soussigné, averti par le Sr. Daniel Reben, cabaretier au logis de l’Ours,

rue et bannière de Bourg, se seroit transporté, suivi de l’huissier Louis Fiaux audit logis del’Ours, où il auroit trouvé dans le lit Marianne Thiessen, âgée de 18 ans, fille de HenriThiessen, de Coblens, musicien ambulant, suivi de sa femme, ici présents, soignant leurenfant, ladite Marianne Thiessen, au tems des plus vives douleurs de l’enfantement, aidée dela sage-femme jurée, veuve Lebre. Vivement pressée et exhortée de donner gloire à Dieu et àdire vérité sur la paternité de son enfant à naître, a dit que sans faire tort à sa conscience ni à

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la personne accusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant ànaître, que n. Girsch, âgé d’environ 26 ans, ses père et mère décédés, de Darmstat, orphèvre etgraveur de profession, ayant produit un devant de colier en argent gravé qu’il lui auroit donné.Son commerce charnel avec lui ayant commencé aux environs du nouvel an de cette année àZürich, et finis trois semaines avant le carnaval. Ce qu’elle a confirmé dans les plus vivesdouleurs. En témoin de quoi signé, Lausanne le samedi 3e. 8bre. 1778.

Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Déclaration de la veuve Lebre, sage-femme jurée, concernant l’accouchement de

Marianne Thiessen, de Coblentz, du 3e. 8bre. 1778.Du samedi 3e. 8bre. 1778, 3 heures après midi.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Marianne Thiessen, fille de Henri

Thiessen, de Coblens, musicien, auroit accouché ce jourd’hui trois d’octobre, deux heuresaprès midi, au logis de l’Ours, chez Mtre. Daniel Reben, d’un enfant garçon, viable, à terme, etde bonne venue.[p. 190]

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a trouvé qu’il n’i avoit pas lieu de suivre à cetteprocédure pour en informer nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, d’autant que leditHenri Thiessen, sa femme et sa fille, catholiques romains, musiciens ambulans. Par cesconsidérations, ordonne qu’il en sera porté écriture sur le registre, cas échéant qu’on y recouredans le besoin, et que l’enfant sera baptisé si le père et la mère le désire.

[-] Concernant les jugaux Masmejan.Paroissent les jugaux Masmejan, duement assignés, pour entendre la lecture de la

sentence de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, en date du 28e. 7bre. dernier, dontla teneur suit.

Lausanne.Tit et alloc.Après avoir examiné avec soin la volumineuse procédure que vous nous avez envoyée,

entre Pierre Masmejan, bourgeois de Lausanne, et sa femme, Jeanne Marie Boutan, nousn’avons pas trouvé du tout que la contestation et difficultés ventillantes entre eux fussentd’une telle importance qu’elles dussent opérer la dissolution de ce mariage. Mais eu égard auxtroubles et irritations qui ont agité depuis tant de tems lesdits jugaux, dont le public n’a putqu’être scandalisé, et pour éviter d’ultérieurs scandales, nous nous décidons à les séparer pourdeux ans de lit et de table, dans l’espérance que leurs esprits, aigris l’un contre l’autre,pourront pendant cet intervale de tems, se radoucir, et se disposer à une heureuseréconciliation. Ordonnant pour le mieux que les frais de ce procès soyent compensés entreparties, et qu’elles s’adressent au juge compétent pour le règlement de leurs intérêts civils.Vous retirerez desdits jugaux, pour l’émolument de notre Chambre 80 baches, que vousenverrez dans le délai d’un mois à notre secrétaire Tschiffely. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 28 7bre. 1778.

Reçeue le 2e. 8bre. 1778.Après la lecture dedite sentence, la Dame Masmejan l’a acceptée avec remerciement,

et ledit Pierre Masmejan en a appellé. A quoi la Dame Masmejan n’a pas opposé, moyennantqu’elle suive son appel juridiquement.[p. 191]

La v. Chambre, par son délibéré, voiant avec regrets cet appel de Pierre Masmejan,désireroit instamment, vu les bons effets qu’il y a lieu d’espérer de la sentence paternelle denos illustres seigneurs du Consistoire suprême du 28e. 7bre. dernier, qu’il fut possible derefuser l’appel auxdits Masmejan, eu égard aux suites que cette affaire pourroit avoir pour despersonnes qui, de part et d’autre, se trouvent dans des situations très étroites.

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L’un et l’autre ont payés quatre francs chacun pour l’émolument de l’illustreChambre, faisant 80 baches. Lesquels seront expédiés au plutôt à Mr. le secrétaire Tschiffeli.

[-] Concerant l’émolument des jug. Masmejan. Expédié à Berne.Monsieur le président certifie qu’il auroit expédié le vendredi 9e. du courant mois

d’octobre à Mr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, les huit francs (8 £.), dûs pourson émolument, par les jugaux Masmejan, de Lausanne, selon la sentence du 27e. 7bre. dernier.

[-] Impétration de l’appel de Pre. Masmejan.Le Sieur Pierre Masmejan s’est rendu au greffe consistorial pour impétrer l’appel par

devant Leurs Excellences du Sénat, de la seconde sentence rendue par nos illustres seigneursdu Consistoire suprême en date du 28e. 7bre. dernier, entre lui et sa femme, Jeanne MarieBoutan. Laquelle lui a été rapportée le 8e. du courant. A quoi il a ajouté qu’il faisoit desprotestes les plus solemnelles de réclamer sur ses (sic : les) biens de sa femme, le montant desfrais extraordinaires que le voiage de Berne va lui causer.[p. 192]

29 octobre 1778

Du jeudi 29 8bre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, conseillers Destalents, Vullyamoz, assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Susanne Matthey ; Louis Blanc.Le paquet concernant Susanne Matthey et Louis Blanc a été expédié à nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême le samedi 10e. 8bre. 1778.[-] Concernant la Matthey, defférée en Conseil.En suitte des ordres de la v. Chambre, le secrétaire de céans a expédié ce qui s’est

passé à l’assemblée du 8e. 8bre. courant concernant Susanne Matthey, pour avoir été remis àMr. le conseiller Détallents, le lendemain 9e. 8bre. pour en faire rapport aux honnorés seigneursdu Conseil sur le criminel d’une fausse déclaration sous de fausses signatures, avec les titres.

[-] Concernant l’appel de Pre. Masmejan.Le paquet concernant l’appel que Pierre Masmejan a impétré au greffe consistorial le

vendredi 16 8bre. 1778 par devant LL. EEces. du Sénat, de la sentence rendue entre lui et safemme le samedi 17e. dit 8bre., a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Recours accordé à Pre. Masmejan.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consitoire suprême en date du 19e. 8bre. courant, concernant les jugauxMasmejan, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.[p. 193]

Nous avons accordé à Pierre Masmejan, bourgeois de Lausanne, le recours qu’ildemandoit par devant LL. EEces. du Sénat, de la sentence que nous rendîmes le 28e. 7bre.dernier entre lui et Jeanne Marie Boutan, sa femme. Il devra se présenter dans le courant d’unmois à la chancellerie du Consistoire suprême pour y faire lever l’acte de son recours et enacquiter l’émolument.

Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 19 octobre 1778.Reçue le 26 8bre. 1778.[-] Comparoissance des jugaux Masmejan.Par lequel le recours est accordé à Pierre Masmejan de la sentence rendue entre lui et

sa femme le 28 7bre. dernier. L’un et l’autre ayant été appellé, et lecture leur ayant été faitedudit rescrit, Pierre Masmejan a déclaré qu’il se rendroit à Berne le dimanche 15 du mois de

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9bre. prochain pour demander l’entrée à Son Excellence. A quoi il a ajouté qu’il seconformeroit exactement à ce que ledit rescrit lui ordonne.

D’autre part, la femme Masmejan a pris engagement formel de se présenter àl’audience de Son Excellence, le susdit jour 15 de 9bre. prochain, et paroître ensuite au jour quisera fixé, par devant LL. EEces. du Sénat, pour y soutenir par tous les moyens possibles dedroit la sentence paternelle que nos illustres seigneurs du Consistoire suprême ont bien voulurendre en sa faveur, sans qu’il soit nécessaire d’aucune autre notification juridique pour éviterdes frais.

Relu et ratifié.[p. 194]

[-] Louis Blanc, libéré de la clame de paternité, &c.Monsieur le président met sur le bureau la sentence rendue par nos illustres seigneurs

du Consistoire suprême, concernant la libération de la clame de paternité que formoit SusanneMatthey contre Louis Blanc, en date du 19e. 8bre. 1778, dont la teneur suit.

Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Vous avons vu, par votre verbal du 8 du courant, que [le] témoignage présenté par

Susanne Matthey, de Lausanne, portant qu’après avoir été examinée légalement à l’instant deses couches le 15 mai dernier, elle a persisté à charger Louis Blanc, aussi bourgeois deLausanne, de la paternité de son enfant, se seroit trouvé, selon son propre aveu, absolumentfaux, ainsi qu’une pièce forgée. En conséquence de quoi, nous avons adjugé d’ors et déjà àladite Matthey, comme illégitime, avec toutes les suites, conformément aux loix, l’enfant filledont elle est accouchée à Oppens, et qui a été baptisée sous le nom d’Elisabeth Marguerite, lacondamnant aussi à tous les frais de ce procès, sauf modération, et à subir la peine de dixjours de prison pour cette faute simple, dans le lieu du délit. En échange, nous libéronsentièrement ledit Blanc de l’accusation mal fondé de la Matthey, et lui conservons pleinementson honneur en ce fait.

Quand à la punition du faux dont elle s’est rendue coupable, nous la renvoyons au jugecompétent, [p. 195] comme n’étant pas de notre ressort. Vous retirerez de la mère Blanc, pourl’émolument de notre Chambre, sous bénéfice de son recours contre la Matthey, 110 baches,que vous enverrez dans le délai d’un mois à notre secrétaire Tschiffely. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 19 8bre. 1778.

Reçue le 26 8bre. 1778.Emolumens du Consistoire suprême que Susanne Matthey, de Lausanne, bailliage de

Lausanne, doit payer suivant la sentence de ce jour.Cr. Bz. S.

Sentence 4 102 lettres dans le pays 1 15Contrôle 10

__________Somma 4 10[-] Comparoissance de la veuve Blanc.La mère de Louis Blanc, paroissant. Lecture lui a été faite dedite sentence, qu’elle a

acceptée avec beaucoup de remerciemens, se recommandant à la v. Chambre quand àl’émolument des 100 batz qu’elle est hors d’état de payer. Ce qui a été ratifié par les membreslaïques qui sont de la Direction des pauvres, pour être assistée.

[-] Rapport concernant l’enfant exposé de Lisette Iseli.Monsieur le président informe la v. Chambre, que le mecredi 13 du courant mois

d’8bre., il étoit arrivé à Ouchy une barque de Genève, conduite par le nommé Daniel Mercier,

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sur laquelle il y [p. 196] avoit une fille avec un enfant nouvellement né, qui fut dans lajournée transportée chez la veuve Mann, domiciliée en St. Pierre, bannière de Bourg, par unefille d’Ouchy nommée Isabeau Guya. Et comme la veuve Mann se refuse à reconnoître cetenfant pour appartenir à son fils Pierre Mann, lequel avoit été accusé par Lisette Isely, deTeuffelin le 13e. mai dernier, ledit Mr. le président auroit accordé l’entrée à la veuve Mann,pour commencer aujourd’hui l’instruction d’une procédure concernant l’exposition de cetenfant.

A quoi Mr. le président ajoute, qu’ayant appris hier dans la journée, que le susditMercier étoit revenu à Ouchy avec sa barque, il le fit mander venir par l’huissier Fiaux,environ 5 heures après midi, où après une interrogatoire dévelopé, il lui fit signer ladéclaration suivante.

Déclaration de Daniel Mercier maître battelier de Genève, concernant l’enfant filleexposée chez la veuve Mann, à St. Pierre.

Du 28e. 8bre. 1778, 5 heures après midi.Sieur Daniel Mercier, citoyen de Genève, maître battelier de la barque Mercier et

Consorts, gagne-denier à la douane, déclare qu’il n’a aucune part à l’exposition de l’enfantqui a été apporté de Genève le 13 8bre. par sa prétendue mère, laquelle disoit s’appeler LisetteIseli, et a été remis à la veuve Mann à St. Pierre, bannière de Bourg. Que Mr. Colladon, un desdirecteurs de l’H[ô]pital de Genève, et [p. 197] apoticaire, l’a chargé de conduire cette filleavec son enfant à Ouchy, et lui a payé deux pièces de 21 sols pour le passage. Ajoutant queladite Isely les avoit informé par conversation, que son enfant avoit trois semaines et qu’iln’avoit pas été baptisé. Le comparant assure que l’Isely est descendue de la barque en disantque le même jour elle alloit joindre une sœur à Vevey, qui doit être vendeuse de vin. Ausurplus, le déclarant s’est engagé de procurer les éclaircissemens nécessaires concernant lanaissance du susdit enfant, et de demander à cet effet une déclaration à Mr. Colladon le plutôtpossible.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 28e. 8bre. 1778.Signé : Daniel Mercier.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Isabeau Guya, fille de feu Abraham Guya, de L’Isle, âgée de 17 ans, domiciliée à

Ouchy chez sa mère, ayant été assignée à paroître céans pour donner sa déclaration au sujet del’enfant qui a été remis dans le courant de ce mois à la veuve Mann, en St. Pierre.

Il lui a été demandé si c’est elle qui a porté cet enfant, et quand.Rép. : Que le mardi 13 8bre., environ 3 heures après midi, le battelier Mercier, de

Genève, lui avoit promis deux baches pour porter un enfant nouvellement né à la CroixBlanche, chez la veuve Mann. Ce qu’elle exécuta, étant accompagnée dudit Mercier.[p. 198]

Interrogée comment elle portoit l’enfant.Rép. : Qu’elle le portoit sur son bras, l’ayant couvert de son tablier.Interrogée à qui elle remit cet enfant.Rép. : Que le battelier Mercier le prit de ses mains, et le mit sur la table de la chambre

où la veuve Mann reçoit les buveurs, et qu’elle se retira tout de suite.Interrogée si elle a vu la mère de cet enfant.Rép. : Qu’elle l’avoit déjà vue sur la barque, où elle avoit donné le sein à cet enfant en

sa présence. Qu’étant descendue à Ouchi, elle retourna sur la barque et fit des reproches àcette mère de la commission désagréable qu’elle lui avoit fait faire, puisque la veuve Mannrefusoit de recevoir cet enfant. A quoi ladite mère répondit qu’elle n’avoit rien à craindre,puisque le fils de la veuve Mann en étoit bien le père. Et lui fit payement des deux baches quilui avoit été promis.

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Interrogée si elle sçait le nom de la mère de cet enfant.Rép. : Que non.Relu et ratifié.Susanne Elisabeth Mahlnnen, veuve de Jean Henri Mann, de Lully, bailliage de

Morges, âgée d’environ 53 ans, mère de six enfans, cinq garçons et une fille, à l’honneur deparoître par devant cette v. Chambre pour la prier en grâce de concourrir par ses bons offices,à ce que l’enfant fille qui a été exposé chez elle le mardi 13 de ce mois, ne tombe pas à sacharge, [p. 199] puisque la prétendue mère de cet enfant, Lisete Isely, n’a suivi aucunne formejuridique ordonnée par les loix pour opérer contre Pierre Mann, fils de la requérante,l’adjudication dudit enfant. Elle dépose sa déclaration sincère sur la manière en laquelle il aété exposé chez elle contre son gré et son consentement. Elle promet ici solemnellement de lebien conserver et d’en avoir soin jusqu’à ce que la procédure soit finie.

Teneur dedite déclaration de la veuve Mann.Mardi 13 8bre. 1778, entre deux à trois heures après midi, l’on m’a apporté un enfant,

qui est une fille. Ceux qui étoient chargés de cet enfant étoient un garçon et une fille. Legarçon, je ne le connois pas. Pour la fille, je la connois de vue pour être d’Ouchy. Me dirent ;« Voici un enfant que l’on vous apporte. » Je leur dit que je ne voulois pas cet enfant, ce qu’ilvouloient que j’en fis. Ils me répondirent : « Et nous, que voulois-vous que nous en fassions,nous sommes batteliers, nous ne saurions qu’en faire ». Je leur dit de le porter à ceux qui leleurs avoient remis. Ils me répondirent qu’on leurs avoit dit de l’apporter ici. Je me retirai,leur disant que je ne voulois pas le recevoir. Ils me rappellèrent, me disant qu’ils avoient unelettre, que je devois la lire. Ils me donnèrent un peit morceau de papier cacheté, que je ne sçaisavec quoi, il ne me fut jamais possible de connoître l’adresse. Je leur dit que je ne connoissoispas ce nom pour le mien. C’étoit un quart de feuille de papier tout sale et tout froissé. Legarçon me dit qu’il m’en feroit la lecture. Dans ce moment, je me retirois dans mon cabinet, ilme suivit, entra dans la chambre, il vint à la porte de mon cabinet et m’en [p. 200] fit lalecture. En voici les termes : « Je vous envoie l’enfant de votre fils, faites le baptiser, il n’estpas baptisé ».

Signé : Lisette Izely.Ne pouvant plus tenir au trouble et à l’émotion que cet événement me procura, je me

retirai sans avoir la force de penser à rien, me trouvant seule et dépourvue de sentiment. Uninstant après, je retournait voir s’ils étoient encore là. Ils se trouvèrent loin, et l’enfant exposésur une table dans la chambre où les étrangers se réduisent en arrivant chez moi.

La vénérable Chambre, par son délibéré, prenant en considération la demande de laveuve Mann, attendra de suivre à cette procédure jusques à ce que le nommé Mercier aitsatisfait à l’engagement qu’il a pris de procurer incessamment une déclaration de Mr.Collardon, un des directeurs de l’Genève, Hôpital de, et apoticaire, concernant les couches dela mère de cet enfant exposé.

Copie d’une lettre de Mr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, à l’adresse deMr. Vullyamoz, secrétaire du vén. Consistoire de Lausanne, en date du 17 7bre. 1778.

Monsieur,La confusion désagréable qui s’est glissée en partie dans le contrôle des émolumens

arriérés, soit par le deffaut d’attention de la part du bureau de la poste, soit pas d’autresraisons, m’oblige à vous importuner, Monsieur, en vous demandant, du sçu et del’approbation [p. 201] de la Chambre, comme je le fais à tous Messieurs les pasteurs ducanton, la faveur de me mander le plus promptement possible :

1°. Si les émolumens ci après spécifiés ont été payés par les parties qui les devoient.2°. En cas qu’ils ayent été payés, quand et par qui ils l’ont été, s’ils ont été remis à la

poste, et à qui ont les a adressés.

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Ceux de ses émolumens qui n’auroient pas été payés, vous voudrez bien, Monsieur, lesfaire exiger par l’officier de votre Consistoire, et les envoyer avant la fin d’8bre. par la poste, àmon adresse, ou en cas d’indigence, une attestation de leur pauvreté.

Je vous fais, Monsieur, bien des excuses de la peine que je vous occasionne, et vousoffre en revanche tout ce qui peut dépendre de moi pour vous convaincre de la parfaiteconsidération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissantserviteur.

Berne le 27e. 7bre. 1778.Signé : Tschiffely, secrétaire.Emoluments consistoriaux à payer.7me. juillet par Louise Millioud, demeurant à Lausanne 4 Cr. 10 bz.8me. décembre, Madeleine Niclaus, pour solde 5 816 mars, Binjamin Milliquet, de Pully 6 16

________16 Cr. 9 bz.

[p. 202]Réponse à la lettre ci dessus, à l’adresse de Mr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire

suprême, en date du mecredi 4me. 9bre. 1778.Monsieur,J’ai bien reçu le 2e. d’8bre. la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en date

[du] 27e. 7bre. dernier, concernant trois émolumens restés en demeure, qui montent à la sommede 409 baches. J’ai cru bien faire, Monsieur, de vous donner un tableau cy inclus de ce quic’est passé à notre Consistoire en 1777 et en 1778. Il n’est guère possible de faire rentrer audelà de deux articles. Celui de la Rikard, habille cuisinière à gros gages, qui viendroit peutêtre successivement se mettre ici au service de quelque famille angloise, et celui de JeanFrançois Tuillard, à Froideville, qui est incontestablement en état de payer. Je ferai, après lesféries des vendanges, une tentative pour retirer de lui l’émolument de 186 baches qu’il doitacquiter au défaut de la Kohler. Que s’il exceptoit, comme il est grand chicaneur, de défaut deprocuration, vous voudrez bien, Monsieur, en expédier une, sous le nom de Moyse Fiaux,huissier du Consistoire de Lausanne. Je serai toujours fort empressé d’exécuter promptementles ordres qu’il vous plaira de me faire parvenir. Ayant l’honneur d’être, avec uneconsidération très distinguée. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Lausanne ce mecredi 4me. 9bre. 1778.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.

[p. 203]Copie de la notice concernant les émolumens inscrit au registre du Consistoire de

Lausanne, expédié à Mr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, en date du 4 9bre.1778.

1776, 7bre. 2. Etoit dû par André Juat, de Cheseaux, à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême baches 130

Lesquels ont été envoyés franco par la poste et sous récépissé à M. le secrétaireTschiffely le 19e. février 1777.

1777, juillet 7. Doit Louise Millioud, de Penthériaz 110Elle n’a point été en état de payer vu sa grande pauvreté. Antoine Baron, son époux

prétendu, ne lui a fait parvenir aucun secours pour leur enfant.7bre. 8. Doit Jean François Pasteur, dit de Bienne, sans bourgeoisie 160On ne l’a point vu à Lausanne. Il avoit fait prometre par son cousin Pasteur, de payer

dans six semaines, mais il ne s’est point exécuté. Il sert comme cocher à Genève et refused’aillieurs tout secours à l’enfant de Jeanne Ester Gallaz, dont il s’est bien reconnu être lepère.

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Baches 270[p. 204]

De l’autre part 2701777, Xbre. 8. Doit Madelaine Niclaus, femme de Louis Rikard, de Ryken133Il a été fait reproche à cette femme de ce qu’elle n’avoit pas payé quand elle parut lors

du jugement. A son retour ici, elle a bien promis de s’exécuter, mais aussitôt elle s’est retiréeà Genève, où elle sert chez Mr. le major Constant.

1778, février 9. Doit Pierre Faraudo, de Belmont 30C’est un misérabe qui n’a point reparu. Il court le pays avec l’infortunée Vernaud qu’il

a méchamment induit dans le crime.Mars, 16. Doit Benjamin Miliquet, de Pully, adultère 166C’est un pauvre vigneron, chargé de femme et de trois enfans légitimes en bas âge,

avec le bâtard qui vit.Mai 11. Doit Jean François Thuillard, de Froideville 186La manière dont ce malheureux a plaidé sa cause, annonce la noirceur de son

caractère. Il s’est refusé avec insolence à payer l’émolument exigé de lui. Il dit avoir remis àsa magnifique seigneurie baillivale, en juillet dernier, une requête pour demander grâce.Cependant, cet homme est en état de payer, et c’est absolument mauvaise volonté à lui s’il nele fait pas.

Juin 8. Etoit dû par Pierre Daccord, de Lausanne, 186 baches, lesquels ont été expédiéscomme dessus le 20e. juin 1778.

Baches 785.[p. 205]

De l’autre part baches 7851778, 7bre. 28. Etoit dû par les jugaux Masmejan, 80 batz. Lesquels ont été expédiés le

vendredi 9 8bre., comme dessus.8bre. 19. Doit Susanne Matthey, de Lausanne, ou à son deffaut, la veuve Blanc, née

Curchod, aussi de Lausanne 110L’une et l’autre sont dans un état d’indigence, et sont assistées de la Bourse des

pauvres, ainsi que l’ont relatés deux directeures, membres laïques du Consistoire, au rapportqui fut fait de la sentence, le 29 8bre. dernier.

Baches 895

12 novembre 1778

Du jeudi 12 9bre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire [s’est

assemblé], ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin présent, pasteur allemand, banneret Secrétan, cons. Vullyamoz, deCrousaz, assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.[p. 206]

[-] Recours de Masmejan.Le paquet concernant le recours accordé à Pierre Masmejan contre sa femme, &c., a

été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le mecredi 4e. 9bre. 1778.[-] Concernant Mr. Tschiffely.Le mecredi 4e. 9bre., réponse a été faite à Mr. Tschiffeli, secrétaire du Consistoire

suprême, par notre secrétaire, à la lettre qu’il lui avoit adressée en date du 27e. 7bre. dernier, ausujet d’émolumens arriérés, avec une notice concernant les émolumens inscrits au registre duConsistoire de Lausanne en 1777 et 1778.

[-] Concernant Jeanne Louise Porchet et Jn. Abram Ballisat.

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Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration du secrétaire decéans concernant les couches de Jeanne Louise Porchet, plus du certifié de la veuve Lebre,sage-femme jurée, de la naissance de l’enfant, joint à celui du baptême, dont les teneurssuivent.

Du samedi 24e. 8bre. 1778, environ 10 heures du soir.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, se seroit transporté, suivi de l’officier de la

v. Chambre, à la maison de demeure de Jean Pierre Porchet, de Corcelles le Jurat, Consistoirede Mézières, habitant à Lausanne, en Martherai, bannière de Bourg, où il auroit trouvé sa fille,Jeanne Louise Porchet en travail d’enfant, aidée de la sage-femme jurée veuve Lebre, dans lefort de son mal. Vivement pressée et exortée à donner gloire à Dieu et à dire vérité sur lapaternité de son enfant à naître, a dit que sans faire tort à sa conscience, ni à la personneaccusée, elle ne pouvoit accuser qui que ce soit de la paternité de son enfant à naître que JeanAbraham Balissat, fils de Jean Balissat, vigneron, de Lutry, [p. 207] habitant de cette ville.Son commerce charnel avec lui ayant commencé les premiers jours de janvier 1778, etcontinué jusqu’à la fin du mois, confirmant de plus fort sa première déclaration faite en v.Chambre en avril dernier.

Relu et ratifié.En témoin de quoi signé, Lausanne samedi 24me. 8bre. 1778.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.[-] Comparoissance de la Porchet et de Ballissat.Jeanne Louise Porchet duement assignée. Lecture lui ayant été faite de sa déclaration à

l’instant de ses couches, elle l’a confirmée pour être la pure vérité.Jean Abraham Isaac Balissat paroissant, assisté de son père. Après avoir entendu la

lecture des pièces ci dessus, s’est reconnu père de l’enfant de Louise Porchet, le reconnoissantdevoir porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul au terme des loix.

[-] Sentence.Sentence.A l’audience de ce jour, 12 9bre. 1779, par devant nous et le v. Consistoire assemblé,

sentence auroit été rendue, ainsi que la compétence nous en est attribuée par le rescritsouverain du 8me. mars 1759, entre Jeanne Louise Porchet, fille de Jean Pierre Porchet, deCorcelles le Jurat, Consistoire de Mézières, habitant à Lausanne, d’une [p. 208] part, et JeanAbraham Isaac Balissat, fils de Jean Ballissat, de Lutry, habitant de cette ville, d’autre part.Lequel s’étant reconnu père, par l’aveu du commerce charnel, par devant nous à la date du 9e.avril 1778, et qu’il a confirmé ce jourd’hui, de l’enfant fille dont Jeanne Louise Porchet estaccouchée le 25e. 8bre. dernier, et baptisée à l’église de St. François, sous le nom de Jeanne, lemardi 3me. 9bre. courant.

En conséquence, nous avons adjugé d’ors et déjà audit Jean Abraham Balissat, cetenfant comme illégitime, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui,de manière qu’il en demeure seul chargé au bout de six mois dès la date de sa naissance, endonnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Le condamnant envers lademanderesse à tous les frais de ce procès, sauf modération. Ledit Jean Abram Isaac Ballissat,pour cette simple faute, subira la peine de dix jours de prison, de même que Jeanne LouisePorchet, dans le ressort, ainsi que le lieu du délit. Au sortir de prison, l’un et l’autre serontadmonestés et censurés en la manière accoutumée.

La présente sentence sera expédiée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême le plutôtpossible, avec dix baches pour l’inscription de l’enfant au protocle des bâtards, qui devraaussi être communiquée aux Consistoires de Lutry et de Mézières.

Au rapport, les parties ont acceptés.Du dimanche 25e. 8bre. 1778, 5 heures du matin.

[p. 209]

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La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Louise Porchet, fille de Jean PierrePorchet, d’elle bien connue, auroit accouché ce jourd’hui 25 8bre., environ deux heures dumatin, au domicile de son père, fauxbourg de Martherai, bannière de Bourg, d’une fille, àterme, viable, et de bonne venue.

Du mardi 3me. 9bre. 1778, 5 heures après midi.La veuve Lebre, sage-femme jurée, fait certifier que la fille naturelle de Louise

Porchet, de Corcelles le Jurat, née le dimanche 25e. 8bre., auroit été baptisée ce jourd’hui 3e.9bre., à l’église de St. François, par Mr. le ministre Melet, sous le nom de Jeanne.

[-] Concernant l’enfant exposé par l’Iseli.Mr. le président informe la v. Chambre, qu’en suite de l’ordre qui avoit été donné à

l’officier Fiaux d’écrire à Vevey pour sçavoir si Lisette Iseli, de Teuffeln, ne se seroit pointretirée auprès d’une sœur nommé Marie Vauneise. L’officier ballival Crepin lui a répondu deVevey, en date du 2 du courant, qu’il n’a rien découvert par apport à ces deux personnes. Mr.le président ajoute que ledit officier Fiaux reçeut le 7e. du courant, une lettre écrite de Genèvele 6 de 9bre., signée Colladon, dont la teneur suit. A laquelle le secrétaire de cette Chambre fitréponse le 8me. du courant, dont copie, sur laquelle ledit Mr. Colladon a adressé auditsecrétaire une lettre en date du 9me. 9bre., dont la teneur suit.[p. 210]

Genève le 6me. 9bre. 1778.Monsieur,Daniel Mercier, batelier, ayant eu quelques désagréemens au sujet d’une fille avec un

enfant que je mis sur la barque le 11 8bre. 1778, me prie de le justifier auprès de vous.Ainsi, Monsieur, j’aurai l’honneur de vous faire le narré de ce qui concerne cette fille,

arrivée à Genève le 26 ou 27 7bre., qu’elle allat coucher et loger à la Croix Verte, chez uneDame Rendu, où elle a couché le 27e. 7bre. Et cette fille étant dénuée de tout, on en avertit ledirecteur de l’Hôpital, qui l’y fit porter le 28e. dudit mois. Mr. l’hospitalier l’ayant reçeue,s’informat qui elle étoit et d’où elle étoit. Et sur ce qu’elle lui dit qu’elle dépendoit du cantonde Berne.

Comme ancien de l’église allemande, et prenant note de ceux qui y entrent, je fusappellé. Et la questionnant, elle me dit qu’elle s’appelloit Lisette Iseli, de Kinglin, canton deBerne, qu’elle étoit enceinte d’un nommé Pierre Mann, et qu’elle étoit venue ici pour le fairearrêter, mais qu’elle ne l’avoit pas trouvé. Qu’il étoit le fils de la cabaretière de la CroixBlanche de Lausanne, et qu’elle y étoit domestique, étoit venue enceinte de lui.

Voilà, Mr., ce qu’elle me dit le jour qu’elle fut à l’Hôpital, que ce soit un mensonge ouune vérité, dans son état on eut soin d’elle à l’Hôpital. Elle allaitoit son enfant, et l’on ne lalaissoit point sortir, crainte qu’elle n’exposat son enfant, quoi qu’elle me dit que dès qu’elleseroit mieux, elle s’en retourneroit à Lausanne chez la mère dudit Mann, et qu’elle luiporteroit son enfant, que la mère recevroit. En conséquence, je la fit mettre sur le bateau duditMercier le 11 8bre., payai les bateliers, et la leur recommandai, lui donnai encore [p. 211] dixbaches pour elle. Dès lors, je l’ai perdue de vue. Et si elle a fait quelque sotise, les bateliers nepeuvent nullement en être responsables, et j’ose espérer, Monsr., que ce narré les blanchiraentièrement vers eux, du moins du départ de Genève. J’ignore d’aillieurs s’ils ont fait d’autrechoses qui méritent vos regards.

Je saisis avec empressement cette occasion, Mr., pour vous prier d’agréer meshonneurs, ayant celui d’être très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissantserviteur.

Signé : Louis Colladon.Par envelope adressée à Monsieur, Monsieur Moyse Fiaux, officier du vén.

Consistoire, pour remettre à Monsieur le lieutenant baillival. A Lausanne.Copie en réponse à la lettre ci dessus, de la date du dimanche 8e. 9bre. 1778.

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[p. 212]De procédure consistoriale.A Monsieur, Monsieur Colladon, ancien de l’Eglise allemande de Genève.Pour Leurs Excellences, à Genève.Monsieur,Monsieur le président de notre Consistoire a bien reçeu la lettre que vous lui avez faite

parvenir par le canal de l’officier Moyse Fiaux, en date du 6e. du courant, concernant l’enfantqui a été exposé par Daniel Mercier chez la veuve Mann, de cette ville, sans autorité de juge,le 13me. d’8bre. dernier.

Il me charge de vous remercier, Monsieur, de l’hospitalité que vous avez exercéeenvers l’infortunée mère de cet enfant. La commission dont ledit Mercier avoit été chargé parvous, Monsieur, n’auroit point eu le coup d’oeuil sous lequel elle a d’abord été envisagée, s’ilavoit eu la prudence de conduire cette mère chez Mr. le président pour la reconnoître et laretenir. Ensuite, on l’a cherché dès lors ici et à Vevey, sans avoir pu la trouver, et il est bienessentiel pour la bonne instruction de la procédure, de pouvoir prouver que la personne qui aaccouché à Genève le 27e. 7bre. dernier est la même que celle qui avoit accusé le primptemspassé le nommé Pierre Mann, d’être le père de l’enfant dont elle étoit enceinte. A ce sujet, jevous envoye, Mr., le signalement de la fille qui avoit accusé ledit Mann, afin que vouspuissiez certifier de l’identité de la personne. Vous voudrez bien aussi, Mr., m’informer sicette fille, lors de ses couches chez la veuve Rendu, auroit fait dresser quelque procès verbal[p. 213] pour constater qu’elle chargeoit Pierre Mann de la paternité de son enfant, peud’instant avant qu’il naquit, ainsi que nos loix l’exigent. Il sera bon d’ajouter si vous lui avezfait administrer le baptême, et de procurer l’extrait baptistaire duement légalisé.

Vous me feriez plaisir, Mr., si vous aviez la complaisance de me répondre par lescouriers de mardi ou de mecredi, afin que nous puissions suivre à la procédure le 12 ducourant, pour accellérer et fixer le plutôt possible le sort de cet enfant.

Mr. le président vous présente ses honneurs empressés. J’ai celui d’être, avec bien dela considération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Lausanne ce dimanche 8me. 9bre. 1778.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Signalement.Lisette Iseli, fille de Jacob Iseli, de Teuffeln, Consistoire dudit lieu, bailliage de Nidau,

canton de Berne, âgée de 22 ans, lingère de profession, de taille médiocre, le visage uni, leteint pâle, nez rond, les yeux et les cheveux bruns, parlant françois et lentement. Parus auConsistoire de Lausanne le 14 de mai 1778, et se disoit enceinte de 4 mois des œuvres dePierre Mann, fils de feu Jean Mann, de Lully, bailliage de Morges, dont la veuve estactuellement habitante de Lausanne.

Il fut ordonné à ladite Iseli d’aller faire ses couches chez son père, batelier àNeufchâtel, ou à Teuffeln, lieu de sa bourgeoisie.[p. 214]

Réponse à dite lettre, datée de Genève du 9me. 9bre. 1778, adressée au secrétaire du v.Consistoire de Lausanne.

Genève ce 9me. 9bre 1778.Monsieur,Ignorant que votre v. Consistoire fut informé de la grossesse de Louise Iseli, je ne pris

aucunne précaution vis à vis de Daniel Mercier, batelier, que celle qu’elle ne restat point surnotre territoire, et qu’elle fut bien conduite à Ouchy. Ce que m’assura le batelier, en me priantde vouloir écrire à Mr. le lieutenant baillival quelle fille je lui avois remis.

90

Ne pouvant lui refuser cette satisfaction, ne sachant de quelle manière, comment, parqui cet enfant avoit été remis à la veuve Mann, j’eu l’honneur de faire parvenir ma précédenteà l’adresse que ledit Mercier, batelier, m’avoit donnée.

Aujourd’hui, par la lettre dont vous m’avez honnoré, j’apprend que cette affaire estmise sous vos yeux, et que pour conclure la procédure, vous désirois de plus amplesinformations. Si Louise Iseli est la même qui avoit accusé, le primptems passé, le nomméPierre Mann, son signalement est juste. Et de plus, Monsieur, cette fille m’a répondu ellemême, ayant découvert qu’elle étoit rentrée sur notre territoire à Pleinpalais, où je me suistransporté, lui ai témoigné mon étonnement de sa hardiesse, lui ai ordonné d’en sortir dès lejour même si elle ne vouloit être enfermée. Lui ai fait les exortations les plus pathétiques pourla faire rentrer à son devoir et aller joindre ses parents pour en obtenir le pardon, à moinsqu’elle ne voulut aller à Lausanne pour suivre ledit Mann pour le mariage, si l’enfant est bienà lui. Ce que ladite Iseli assure à la veuve Rendu dès qu’elle eut accouché, et ce qu’ellem’assura positivement le 28 à l’Hôpital, comme ma précédente vous le marquoit. Elle n’a putdire à la veuve Rendu, avant son accouchement, qu’elle étoit enceinte d’un tel, parce que laveuve Rendu ne se doutoit point de cet accouchement, [p. 215] et que cette femme Rendu nevint vers ladite Iseli que lorsqu’elle eut accouché la nuit du 27 au 28 7bre. Et étant seule, vint àson secours, de peur que l’enfant ne périt, et dès le moment, fut portée à l’Hôpital où je ne fispoint baptiser l’enfant, qui est une fille, parce qu’elle me dit qu’elle le porteroit à la mèredudit Mann, qui les recevroient sans aucunne difficulté.

Je crois, Monsieur, avoir répondu à tous les articles de votre lettre, de sorte qu’il ne mereste plus que vous prier de témoigner à Mr. le président ma reconnoissance de son souvenir,et ayant l’honneur de lui présenter mes obéissances, j’ai celui d’être très respectueusement,Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Signé : Louis Colladon.Lecture faite desdites pièces en présence de la veuve Mann, elle a remercié la v.

Chambre des soins qu’elle s’est donnée pour découvrir la véritable mère de l’enfant qui a étéexposé chez elle le 13 8bre. dernier. Elle estime que la procédure est suffisamment instruite,que la mère de cet enfant est bien connue par les déclarations de Mr. Louis Colladon. Larequérante insiste à être déchargée de l’entretien dudit enfant puisque sa mère, Lisette Iseli, amanqué à toutes les formalités prescrites par les loix en pareil cas. Elle conclud à ce que leditenfant soit adjugé comme illégitime à ladite Lisette Iseli, de Teuffeln, devant porter son nom,être de sa bourgeoisie, et entretenu par elle seule, et à son deffaut, par la communauté deTeuffeln.

La veuve Mann ayant été interrogée où étoit son fils, actuellement. Qu’elle ne le savoitpas, qu’à la vérité il se trouvoit ici le mardi 13 8bre., qu’il n’a [p. 216] pas ignoré que l’onavoit apporté un enfant dont il est question chez elle, déposante, mais qu’il a disparut aussitôt,sans lui dire où il alloit.

La v. Chambre délibérant, a trouvé que la procédure étoit suffisament complette pourêtre adressée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême. Elle ordonne que l’enfant soitbaptisé le plutôt possible, afin que son nom soit ajouté à la procédure. Et quand aux frais, ellea connu pour le coup qu’il n’en seroit exigé aucun de la v. Mann, et qu’ils devoient être réduispar apport au secrétaire et à l’huissier de la Chambre, selon les principes de vos illustresseigneuries du Consistoire suprême, à la moitié de l’émolument que devoit payer la partie,dont la note sera expédiée au v. Consistoire de Teuffeln, en lui communiquant la présenteprocédure huit jours plutôt qu’elle ne le sera à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême,pour faire ce qui leur échera de droit.

Ledits frais ont été modérés à la somme de 37 fl.[-] Accouchement de Jeanne Elisabeth Détraz. Son décès et celui de son enfant.

91

Monsieur le président met sur le bureau la déclaration de notre secrétaire concernantles couches de Jeanne Elisabeth Détraz. Ajoutant de plus, que ladite Détraz étoit décédée lorsde l’accouchement, de même que le décès de l’enfant, avec le certifié de la veuve Lebre (sic :Amaudruz), sage-femme jurée, dont les teneurs suivent.

Du dimanche 1er. 9bre. 1778, 9 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, se seroit transporté, suivi de l’huissier de la

v. Chambre, à l’appartement de la veuve de feu Jean François [p. 217] Détraz, de Lausanne etd’Oron, au troisième étage de la maison Viredaz, rue du Pré, bannière du Pont, où il auroittrouvé sa fille, Jeanne Elisabet Détraz au lit, aidée de la sage-femme jurée veuve Amaudruz.Dans les douleurs, vivement pressée et exortée à donner gloire à Dieu, et à dire vérité sur lapaternité de l’enfant à naître, a dit que sans faire de tort à sa conscience, ni à la personneaccusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant à naître queGabriel Clément, d’Echalens, absent. Son commerce charnel avec lui ayant commencé enavril 1778, confirmant de plus fort sa première déclaration qu’elle a confirmée en v. Chambre.

Relu et ratifié.En témoin de quoi signé, Lausanne, dimanche matin 1er 9bre. 1778.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Du lundi 2 9bre. 1778, midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Elisabeth Détraz, fille de

feu Jean François Détraz, bourgeois de Lausanne, d’elle bien connue, après un accouchementlong et pénible, qui commenca déjà à sept heures du matin, auroit été délivrée ce jourd’hui 2du courant, environ onze heures avant midi, d’un enfant fille, mort-née. Laquelle paroît avoirperdu la vie depuis quelques jours, et être à terme.[p. 218]

Du mardi 3me. 9bre. 1778.Vu au registre mortuaire, que Jeanne Elisabeth Détraz étoit bien décédée hier, 2 du

courant, environ sept heures du soir.[-] Concernant Henri Samuel Pingoud et Anne Gabrielle Favre.Monsieur le président met sur le bureau une sentence de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, concernant Anne Gabrielle Jaqueline Favre, de Genouiller, et HenriSamuel Pingoud, de Lausanne, du 5e. 9bre. 1778, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Tit. & alloc.Henri Samuel Pingoud, votre bourgeois, homme marié, habitant de Morges, s’étant

reconnu père de l’enfant dont la nommée Anne Gabrielle Favre, de Genollier, est actuellementenceinte, nous lui avons adjugé d’ors et déjà ledit enfant comme illégitime, avec toutes lessuites portées par la loi. De manière qu’il sera, et demeurera seul chargé de son entretien sixmoix après sa naissance, en payant à la mère son gage de nourice accoutumé en pareil cas.Nous avons au surplus condamné ledit Pingoud, à tous les frais de ce procès. Et quand à lapeine de cet adultère simple, ayant égard à l’aveu libre et sincère du délinquant, nousenvirageons sa faute que comme une faute ordinaire. Au moyen de quoi, et lui et la Favre,pouront se racheter (s’il leur convient) de la peine de la prison, en payant chacun 30 crones àla Bourse des pauvres de leurs bourgeoisie réciproque. Dieu soit avec nous. Donné ce 5e. 9bre.1778.

Reçue le 9e. 9bre. 1778.[p. 219]

[-] Déclaration de Marie Dupraz et Jean Abram Renaud.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Marie Dupraz, de Lausanne,

contre Jean Abraham Renaud, d’Arbois, chamoiseur, du 21e. 8bre. 1778, dont la teneur suit.Du mecredi 21 8bre. 1778, 7 heures du matin.

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Marie Dupraz, fille de feu Benjamin Dupraz, de Lausanne, âgée de 23 ans, repasseuse,domiciliée chez sa mère, rue de l’Hôpital, bannière de la Cité, déclare être enceinte desœuvres de Jean Abraham Renaud, d’Arbois, âgé d’environ 50 ans, chamoiseur à la fabriqueMercier, catholique romain et homme marié. Son commerce charnel avec lui ayant commencédans le courant de mars, présente année 1778, et continué jusqu’à la fin d’avril. Elle compted’être enceinte d’environ sept mois. Elle assure fort qu’elle ignoroit, au tems du commercecharnel, que ledit Renaud fut marié.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 21 8bre. 1778.Signé : Marie Dupraz.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de la Dupraz.Marie Dupraz dument assignée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration,

qu’elle a confirmée être la pure vérité.[p. 220]

Elle compte faire ses couches chez sa mère.L’officier de la Chambre ayant eu ordre d’assigner Jean Abram Renaud chez Mr.

Mercier, chamoiseur, il lui a été répondu que ledit Renaud a disparut le vendredi au samedi 16et 17 8bre. dernier, sans faire compte, et que ledit Renaud est resté son débiteur.

Délibéré que la procédure est surçise jusques après les couches.Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller à l’instant des

couches les préposés du v. Consistoire pour être entendue.[-] Déclaration de Susanne Blanc et Pierre Gotier, évadé.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Susanne Blanc, de

Lausanne, contre Pierre Gotier, des Vallées de Piémont du 31e. 8bre. 1778, dont la teneur suit.Du samedi 31 8bre. 1778, 3 heures après midi.Susanne Blanc, fille de feu Jean Jaques Blanc, de Lausanne, servante chez Mr. Auboin,

rue et bannière de Bourg, âgée de 29 ans, déclare être enceinte# une seconde fois des œuvresde Pierre Gotier, des Vallées de Piémont, âgé d’environ 33 ans, ci devant garçon de caffé chezMr. Simon, rue de Bourg. Son commerce charnel avec lui ayant commencé la premièresemaine de juin 1778, continué jusqu’à la St. Jean.

Elle compte d’être enceinte d’environ 4 mois et demi.[-] # Voyez le rescrit du 21 mars 1776.

[p. 221]Interrogée où peut être à présent ledit Gotier.Rép. : Qu’on lui a appris qu’il étoit au service d’un officier françois à Chamberi.Lecture faitte, a persisté.Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.En témoin de quoi signé, Lausanne du 31e. 8bre. 1778.Signé : Polier de Vernand, lt. baillival.Susanne Blanc, duement assigné, paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration,

qu’elle a confirmée pour être conforme à la vérité.Interrogée où elle compte de faire ses couches.Rép. : Que c’est chez Marguerite Blanc, à la rue du Pré, maison Michoud.Ladite rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller les

préposés du Consistoire pour être entendue à l’instant de ses couches.Délibéré que la procédure sera surçise jusques après ses couches.

[p. 222]19 novembre 1778

Du jeudi 19e. 9bre. 1778.

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Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’estassemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, banneretSecrétan, conseillers Destallents, de Crousaz, et secrétaire.

[-] Concernant Louise Porchet, &c. Les dix baches expéd.Les dix baches pour l’enregistrement au protocole des bâtards, de l’enfant fille

illégitime de Louise Porchet, adjugée à Jean Abraham Isaac Ballissat par sentence en date du12 9bre. courant, ont été expédiés à Mr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême lelendemain 13e. 9bre. 1778.

Communication de la sentence rendue le 12 9bre. courant, concernant l’enfant filleillégitime de Louise Porchet, de Corcelles le Jurat, adjugée à Jean Abraham Isaac Balissat, deLutry, ont été expédiées le vendredi, lendemain, 13e. 9bre. 1778, aux communautés respectivesde Mézière et Lutri.

[-] Lisette Iseli.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le certifié du baptême de la

fille naturelle de Lisette Iseli, de Teuffelnen, bailliage de Nidau, dont la teneur suit, en date du17me. 9bre. 1778.[p. 223]

Du mardi 17e. 9bre. 1778, 3 heures après midi.La veuve Lebre, sage-femme jurée, fait certifier que la fille naturelle de Lisette Iseli,

de Teuffelen, bailliage de Nidau, née le dimanche 27e. 7bre. 1778 chez la veuve Rendu, àGenève, et déposée ici le mardi 13e. 8bre. suivant chez la veuve Mann, de Lully, à St. Pierre,sans autorité de juge, auroit été baptisée ce jourd’hui mardi 17 9bre., à l’église de St. François,par Mr. le révérend pasteur Chavannes, sous le nom de Louise.

[-] Concernant Marie Raymondin et Benoît Mercier.Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres et puissans seigneurs

du Consistoire suprême, en date du 12e. 9bre. courant, concernant Jeanne Marie Raymondin,de la Corporation françoise, et Benoît Mercier, dedite ville, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le juge et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.[p. 224]

A son retour de Mulhausen, Jeannette Reymondin, de la Corporation françoise deLausanne, se seroit bien humblement présentée ce jourd’hui par devant nous, exposant qu’il ya environ trois ans qu’elle eut le malheur de tomber en faute avec Benoît Mercier, deLausanne, mineur d’ans, sous l’espérance de mariage. Qu’il étoit issu de ce commerce unenfant illégitime. Lequel vous avez adjugé audit Mercier, en le condamnant à tous les frais dece procès envers la Reymondin, avec deffence expresse de continuer des fréquentations aveccette fille, à moins que ce ne fut sous des vues de mariage.

Malgré cela, aujourd’hui ledit Mercier a trouvé le moyen de séduire ladite Reymondin.Ses parents et ses bons protecteurs avoient cherché à rompre ces nouvelles fréquentations, etdans cette vue, ils l’avoient envoyée en condition à Mulhausen. Mais ils s’i sont pris trop tard,puisque la plaignante se trouvoit déjà enceinte lorsqu’elle partit sans les en avoir avisés.

Comme nous n’avons point eu dans le tems d’information de toutes ces choses, et quenous n’en sçavons rien que ce que nous apprend à cette heure ladite Reymondin, nous vouschargeons amiablement, par les présentes, de faire paroître l’accusé par devant vous, [p. 225]et de lui faire subir un interrogatoire à ce sujet, comme aussi de nous donner connoissance detous les procédés juridiques que vous avez oppérez à l’égard de la grossesse qui doit avoir eulieu il y a trois ans.

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Vous nous répondrez incessamment sur ces deux objets, puisque nous avons permis àla plaignante de séjourner dans la capitale en attendant. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 12e. 9bre. 1778.

Benoît Mercier, duement assigné, paroissant, assisté de son frère aîné. Lecture luiayant été faite du rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

Il lui a été demandé pourquoi il n’étoit pas ici à la date du 26 Xbre. 1776, lorsqu’il futrendu une sentence entre lui et Jeanne Marie Raymondin, de la Corporation françoise de cetteville.

Rép. : Que ces parens l’avoient envoyé en France pour se perfectionner dans saprofession de chamoiseur, et qu’il partit environ le millieu du mois d’août 1776. Qu’il atravaillé et séjourné en différentes ville de France jusques à la fin de Xbre. 1777, qu’il revint encette ville.

Interrogé pourquoi il n’a pas demandé depuis qu’il est de retour, le rapport de lasentence qui avoit été rendue contre lui le 26 X[bre.] 1776 en son absence.[p. 226]

Rép. : Qu’il a sçu que son frère avoit payé les frais de la procédure. Qu’il attendoitd’être recherché pour les autres objets de la sentence.

Interrogé si depuis son retour, il a eut occasion de fréquenter Jeanne MarieRaymondin, et si comme elle le dit dans la requête, il [l’] a séduite de nouveau.

Rép. : Qu’effectivement il a eu des habitudes charnelles avec ladite Raymondin, dontil se repent sincèrement, et en demande pardon à Dieu et à la v. Chambre, mais qu’il ne l’apoint séduite.

Interrogé pourquoi il a renoué commerce avec ladite Raymondin malgré la deffencequi lui fut faite le 1er. août 1776 de chercher à la revoir.

Rép. : Que c’est une foiblesse de son caractère. Mais il assure positivement que lapremière fois qu’il a vue, elle étoit à sa fenêtre, et qu’elle l’avoit invité d’aller auprès d’elle.Ce qui c’est passé en présence d’un témoin qu’il pourroit nommer.

Interrogé s’il a fait à ladite Raymondin des promesses verbales de mariage, ou parécrit, pour obtenir d’elle un nouveau commerce.

Rép. : A fortement assuré que non, et qu’il se réfère à cet égard à ce que les loixaccordent à l’accusé en pareil cas. Que d’aillieurs ses parents, et en particulier sa mère, qui estmère tutrice sans compte rendre, s’oppose d’une manière formelle et par écrit à ce que lui ditBenoît, vu sa minorité, contracte mariage avec ladite Raymondin. Produisant une lettre desadite mère. [p. 227] en date du 18 du courant mois de 9bre., écrite de Nion et adressée à l’aînéde ses fils, au bas de laquelle se trouve l’autorisation de Mr. Fraisse, son conseillermagistralement établi, dont la teneur suit.

Copie dedite lettre adressée à Jean Jaques Mercier, fils aîné, à la rue du Pré. ALausanne.

Mon cher fils,Ayant appris avec autant de surprise que de chagrin, que votre frère cadet est accusé

par Jeannete Reymondin, de Motru, d’être l’auteur de sa grossesse, et que sous ce prétexteaussi odieux qu’incertain, vu la conduite déreiglée que cette fille débauchée a tenu, elle seroitassés téméraire que de vouloir prétendre que votre dit frère l’épouse. En ma qualité de mèretutrice, qui m’est attribué de droit, et par mon contract de mariage, vu son jeune âge, jem’oppose formellement à toutes les prétentions de mariage que cette fille pouroit formercontre mon enfant. Et lorsqu’elle entreprendroit de vouloir les intenter, je vous donne d’ors etdéjà procure à la meilleure forme requise pour intervenir en mon nom, en opposition à lademande qu’elle voudroit faire à cet égard, en exigeant préliminairement d’elle les sûrtésrequises de droit pour les frais qu’elle pouroit occasionner par son intentat. Priant Monsr.Fraisse, mon conseiller, de vouloir bien vous donner ses avis et conseils sur cette désagréable

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circonstance. Il m’obligera sensiblement, le priant [p. 228] d’agréer mes salutations. Au reste,mon cher fils, je vous recommande de former mes oppositions, avec toutes les précautionsconvenables. Votre devoir filial et fraternel vous y engagent, aussi bien que moi, pour lemaintien de l’honneur de notre famille, et éviter la perte de celui d’un frère en minorité dontl’étourdissement de la jeunesse lui pouroit cacher les suittes fâcheuses que lui produiroit unesi triste alliance. Vous aurez soin de m’aviser de ce qui se passera. Je vous souhaite à tous unesanté parfaie, étant très cordialement, mon cher fils, votre bonne mère.

Nion 18e. 9bre. 1778.Signé : Claudine Mercier, née Ogier.J’autorise Madame la veuve Mercier, née Ogier, pour l’oposition qu’elle veut faire au

mariage de son fils Benoît Mercier avec la nommée Jeanette Reymondin, vu que sondit filsest encore sous tutelle, ainsi que son conseiller magistralement établi, ce 19e. 9bre. 1778.

Signé : Fraisse.Ledit Benoît Mercier, interrogé de son âge, a déposé son extrait baptistaire du 31e.

Xbre. 1756, dont ici copie.Extrait des registres baptistaires de Lausanne du 31e. Xbre. 1756.Jean David Benoît Mercier, né le 16e. Xbre. , fils de Pierre Mercier, françois réfugié, et

de Claudine Ogier, sa femme, a été batisé à la grande église le 31 Xbre. 1756. Parains : Mrs.Jean André Roqueirol et David Benoît Gely.

Signé : Greffe du Conseil.[p. 229]

Ledit Benoît Mercier interrogé si d’ors et déjà il se reconnoît père de l’enfant dontJeanne Marie Reymondin EX se dit enceinte.

Rép. : Qu’il ignore absolument quelle date elle donne à sa grossesse, qu’il pouroitexcepter qu’elle est absente du pays depuis plusieurs mois. Qu’elle n’a pas suivi les formesjuridiques. Qu’elle auroit dû l’attaquer ici par devant son juge naturel, et à son domicile,lequel est aussi le domicile de la plaignante. Mais, pour simplifier la procédure et l’abrégerautant que possible, il dit et déclare que si la Raymondine persiste à l’instant de ses couches,selon le prescrit des loix, en subissant l’interrogatoire qui doit être fait par les préposés enpareil cas, à le charger de la paternité de son enfant, il s’en reconnoîtra le père, avec toutes lessuittes ordonnées par la sentence qui sera rendue à ce sujet.

Ledit Mercier a été sérieusement exhorté par Mr. le président, que pour couvrir un silong libertinage et les désordres de sa conduite, il eut à épouser ladite Raymondin, et donnerpar là une légitimation d’égard au second enfant dont elle se dit enceinte de lui. Mais leditMercier a manifesté qu’il ne pouvoit, ni ne vouloit.

Lecture faite, a persisté.La vén. Chambre, par son délibéré, a trouvé que l’interrogatoire étoit plein et complet.

Et quand à la conduite de ladite Raymondine, Mrs. les révérends pasteurs lui ont rendu un bontémoignage, excepté ses commerces charnels avec ledit Benoît Mercier, [p. 230] laditeRaymondine, appartenante à une mère qui depuis plusieurs années est gouvernante à l’Hôpitalfrançois de cette ville, qui s’est toujours bien comportée.

Et par rapport à l’information que nosdits illustres seigneurs demandent de la premièreprocédure, la Chambre ordonne qu’elle soit levée en entier. Que la sentence qui fut rendue le26 Xbre. 1776, n’a pas été communiquée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême, a étéaccause de la mort de l’enfant, qui étoit déjà décédé avant la date du 26e. Xbre. 1776, et enconséquence du rescrit souverain du 8me. mars 1759. Il a été enjoint au secrétaire de laChambre d’expédier le tout pour le samedi 21 9bre. courant.

3 décembre 1778

Du jeudi 3me. Xbre. 1778.

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Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteur Chavannes, conseillers Destallents, deCrousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Jeanne Marie Raymondin et Benoît Mercier.Le samedi 21 9bre. 1778, a été expédié à nos illustres et puissans seigneurs du

Consistoire suprême le paquet concernant Jeanne Marie Raymondin et Benoît Mercier.[-] Lisete Iseli et Pierre Mann.Le mecredi 25e. 9bre. 1778, à de même été expédié à la communauté et Consistoire de

Teuffelnen, bailliage de Nidau, le paquet concernant Lisette Iseli et Pierre Mann, de l’enfantexposé chez la veuve Mann, avec la liste des frais montant à 37 fl.[p. 231]

Le 2me. Xbre. 1778 a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, lepaquet concernant Lisette Iseli et Pierre Mann, de leur enfant exposé chez la veuve Mann,avec le montant des frais de 37 fl.

[-] Concernant les jugaux Masmejan.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la sentence de nos Excellences

du Sénat, de la date du 26 9bre. 1778 concernant les jugaux Masmejan, dont la teneur suit.Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne, très noble, cher & féal

baillif. Salut.Après avoir, par notre sentence en date de ce jour, séparé pour deux ans les jugaux

Pierre Masmejan et Jeanne Marie Boutan, de Lausanne. Nous trouvons bon, dans la vued’épargner des frais ultérieurs, de les renvoyer à vous pour l’objet de leur entretien. En sortequ’après vous être fait donner un rapport exact de l’état des choses, vous fixerez au mari unepension annuelle juste et raisonnable pendant ces deux ans de séparation. Dieu vous ait en sabonne et sainte garde. Donné ce 26 9bre. 1778.[p. 232]

[-] Julie Fontaine et Jean Milliet.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Julie Fontaine faite à l’instant de

ses couches en date du 9e. 9bre. dernier, aussi que les certifiés de la naissance et du batême del’enfant, dont les teneurs suivent.

Du lundi 9me. 9bre. 1778, 2 heures après minuit.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier Jean Jaques Chapuis, se

seroit transporté au domicile de Jean Louis Fontaine, maison de Jean Mouton, rue et bannièrede St. Laurent, où il auroit trouvé Julie Fontaine au lit, aidée de la sage-femme jurée veuveAmaudruz. En travail, vivement exhortée et pressée à donner gloire à Dieu et à dire vérité surla paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde. A dit que sans faire tort à sa conscienceni à la personne accusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfantque Jean Milliet, de Jouxtems, bijoutier, habitant de cette ville. Son commerce charnel aveclui ayant commencé en 1776, suivi en 1777, et fini en juillet 1778, confirmant de plus fort saprécédente déclaration.

De nouvelles exhortations entre 3 et 4 heures du matin lui ayant été adressées, des pluspressantes, sur ce qu’elle pourroit charger une personne innocente de la paternité de sonenfant à naître. Elle s’est toujours soutenue à en charger ledit Milliet.

Ce que relu, ratifié.En témoin de quoi signé, Lausanne ce lundi 9e. 9bre. 1778.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.

[p. 233]Du mardi 10e. 9bre. 1778, midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Julie Fontaine, d’elle bien

connue, auroit accouché hier, 9 du courant, à trois heures après midi, au domicile de son père,

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maison du chapelier Mouton, bannière de St. Laurent, d’une enfant fille, viable, à terme, et debonne venue.

Du vendredi 13me. 9bre. 1778, 2 heures après midi.La veuve Lebre, sage-femme jurée, fait certifier que la fille naturelle de Julie Fontaine,

sans bourgeoisie, née le lundi 9e. du courant mois de 9bre. auroit été batisé ce jourd’huivendredi 13, à l’église de St. Laurent, par Mr. le révérend pasteur Besson, sous le nomd’Henriette.

Julie Fontaine paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration, qu’elle a confirméde plus fort pour être la pure vérité.

Jean Milliet ayant été appellé, paroissant. Ayant aussi ouï la lecture de cettedéclaration. Il lui a été demandé s’il se reconnoît père de l’enfant fille que Julie Fontaine luiattribue.

Rép. : Qu’il se refuse à reconnoître la paternité de cet enfant. Demandant à cette v.Chambre la communication de ce qui se passe aujourd’hui [p. 234] et terme de 15ne. pour yrépondre et faire ce qui lui échera de droit.

Sur quoi délibéré, on accorde audit Milliet le terme demandé de 15ne.Les parties rentrées, Julie Fontaine s’est déclarée pauvre et hors d’état de payer les

émolumens.[-] Jeanne Marguerite Vere ; Abram Henri Combrias.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne Marguerite

Vere, de Chapelles, contre Abraham Henri Combrias, se disant de Neuchattel, en date du 25e.9bre. 1778, dont la teneur suit.

Du mecredi 25e. 9bre. 1778, 2 heures après midi.Jeanne Marguerite Vere, fille de Jean Vere, de Chapelles, Consistoire dudit lieu,

bailliage de Moudon, domiciliée chez son père, à la campagne d’Henri Clerc, Petit Ouchy,bannière du Pont, âgée de 20 ans, déclare être enceinte des œuvres d’Abraham HenriCombrias, ci devant garçon imprimeur chez le Sieur Heubach, en cette ville, âgé d’environ 30ans, et se disant de Neuchâtel. Son commerce charnel avec lui ayant commencé et fini dans lecourant du mois de juillet dernier. Elle compte d’être enceinte d’environ quatre mois et demi.Ledit Combrias lui a passé des promesses de mariage le 16e. du mois d’août 1778, iciproduites. Lesquelles il a bien signées en présence de Susanne Borgeaud, mère de laplaignante, et de la veuve Gardel et de sa fille, l’Espérance Gardel.[p. 235]

Interrogée où peut être à présent ledit Abraham Henri Combrias.Rép. : Qu’elle n’en a eu aucune nouvelle depuis la fin du mois d’août qu’il s’est

absenté de cette ville.Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 25 9bre. 1778.Signée : Jeanne Marguerite Vere.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Jeanne Marguerite Vere paroissant. Lecture lui a été faite dedite déclaration, qu’elle a

confirmée pour être conforme à la vérité.Il lui a été demandé pourquoi elle ne présente pas ses promesses de mariage.Rép. : Qu’elle les apportera au greffe dans 24 heures.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a surçis de suivre à cette procédure jusques au tems

de ses couches, et qu’il sera demandé à Mr. Heubach ce qu’il pourroit sçavoir de ce Combrias.Ordonné que le commencement de cette procédure sera adressée à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, comme aussi que communication en sera donnée à l’honnorablecommunauté de Chapelles.[p. 236]

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Ladite rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller lespréposés du v. Consistoire à l’instant de ses couches pour être entendue.

Ledites promesses de mariage ayant été remises au greffe consistorial le vendredi 4e.Xbre., suit la copie.

Il y a des promesses de mariage entre Abraham Henri, fils de feu Pierre Combrias,bourgeois de Neuchâtel, et entre Jeanne Marguerite, fille de Jean Vere, bourgeois deChapelles, bailliage de Moudon, habitant à Lausanne, d’autre part.

Signé : Abraham Henri Combrias.Fait le 15me. août 1778.Signée : Marguerite Vere.[-] Jean François Thuillard.Le secrétaire de scéans a présenté la réponse de Mr. Tschiffeli, secrétaire du

Consistoire suprême, en date du 15 9bre. 1778, avec une procure pour suivre Jean FrançoisThuillard, de Froideville, pour leur émolument de 186 baches.

Ledit Thuillard s’étant déclaré de paroître céans volontairement, ayant été proclamé,n’aiant paru. Ordonné à l’huissier de le suivre au plutôt, en y joignant la liste des frais dû àcette v. Chambre, montant à la somme de fl. 38, 10 s. 6.[p. 237]

Copie de la lettre de Mr. Tschiffeli, secrétaire du Consistoire suprême, à l’adresse dusecrétaire de céans, reçeue le mardi 18e. 9bre. 1778.

Monsieur,J’ai l’honneur de vous envoyer ci joint l’ordre à votre huissier consistorial que vous

avez cru nécessaire pour pouvoir retirer les émolumens dûs par Jean François Thuillard, deFroideville. Je vous rend bien des grâces, Monsieur, de vos détails obligeants sur lesémolumens arriérés, et de votre avis sur celui ci. Je serai très charmé d’avoir des occasions àvous convaincre de la considération distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur,votre très humble et très obéissant serviteur.

Berne, le 15e. 9bre. 1778.Signé : S. Tschiffely, vice secrétaire.Ordre de la part de messeigneurs du Consistoire suprême à Moyse Fiaux, huissier du

Consistoire de Lausanne, de retirer de Jean François Thuillard, de Froideville, les émolumentsconsistoriaux qu’il doit payer suivant leur sentence du 11 mai passé. Et à deffaut depayement, de poursuivre ledit Thuillard par devant le juge compétent pour lesdits émolumenset frais, jusqu’à ce qu’il ait satisfait. Ordre de plus audit Moyse Fiaux [p. 238] de remettre lesémolumens reçus au secrétaire consistorial de Lausanne, pour être envoyés à celui duConsistoire suprême. Donné le 15 9bre. 1778.

Signé : S. Tschiffely, vice secrétaire.

17 décembre 1778

Du jeudi 17me. Xbre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, bannerets de Bourg, du Pont, conseillers Destallents, Vullyamoz, assesseurBergier.

[-] Jeanne Marguerite Vere ; Abram Henri Combrias.Le paquet concernant Jeanne Marguerite Vere, de Chapelles, et Abraham Henri

Combrias, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, le samedi 5me. Xbre.1778.

Le samedi 5me. Xbre. 1778, le même paquet ci dessus a été expédié à la communauté deChapelles.

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[-] Julie Fontaine ; Jean Milliet.En la cause d’entre Julie Fontaine, actrice, et Jean Milliet, de Jouxtems, jouallier,

habitant en cette ville, deffendeur, Il échet, suivant l’appointement pris entre partie laquinzaine précédente, audit Sr. Milliet de produire sa réponse.[p. 239]

Pour à quoi satisfaire, il a déposé sur le bureau une requête servant de réponse, qu’ilprie la v. Chambre de faire parvenir à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

De laquelle requête, ladite Fontaine ayant entendu la lecture, elle a persisté dans ladéclaration qu’elle a faitte à l’instant de ses couches, et le 3me. du courant par devant cettevén. Chambre, en protestant de la manière la plus forte que ledit Jean Milliet est bien le pèrede l’enfant dont elle a accouché.

Sur quoi délibérant, cette vén. Chambre auroit remarqué que ledit Milliet auroit dûsimplement produire sa réponse, et non une requête, Ce qu’il a fait contre l’usage. Et il serademandé à Julie Fontaine si elle demande communication pour y répliquer, ou faire ce qui luiéchera de droit.

De laquelle requête, ladite Fontaine a requis copie, communication, et terme de 15ne.pour y répliquer et faire ce qui lui échera de droit.

A laquelle communication ledit Milliet ne s’est point opposé.Cette vén. Chambre ayant remarqué que Julie Fontaine n’a point de bourgeoisie, invite

Mr. le banneret du Pont à instruire les nobles et honnorés seigneurs du Conseil du cas, et ce leplutôt possible.[p. 240]

[-] Jeanne Marie Raymondin ; Benoît Mercier.Le noble seigneur lieutenant baillival a mis sur le bureau une lettre de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Jeanne Marie Raymondin, de la Corporationfrançoise, en date du 30e. 9bre. dernier, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Après avoir convenablement examiné la procédure détailliée que vous avez instruite ci

devant entre Jeanne Marie Raymondin, de la Corporation françoise de Lausanne, et BenoîtMercier, votre bourgeois. Il ne nous reste plus présentement qu’à pourvoir à ce que laplaignante, qui se trouve grosse une seconde fois, soit examinée à l’instant de ses couches,ainsi que l’accusé le désire. Et comme ladite Raymondin nous a très humblement demandé depouvoir faire ses couches ici, ce que nous pouvons bien lui accorder, nous vous chargeonsamiablement par les présentes, de vous informer de la Corporation françoise si elle feroitdifficulté de consentir à ce que ladite Raymondin subit l’examen selon les loix dans cettecapitale à l’instant de ses couches. Vous ne manquerez pas de nous donner avis de leurrésolution à ce sujet. Nous vous recommandons en attendant à la protection divine. Donné ce30e. 9bre. 1778.

Reçue le 7me. Xbre. 1778.En conséquence duquel rescrit, il auroit adressé un avis à Mrs. les louables directeurs

de la Corporation françoise pour répondre le plutôt possible. Ce qu’ils ont exécuté parl’extrait suivant, qui a été remis ce matin à Mr. le président de cette v. Chambre. Laquelleréponse devra être envoyée à nos ill. s. par le courier de samedi prochain.[p. 241]

Extrait des registres des délibérations de la Direction des pauvres françois réfugiés àLausanne, du 16me. Xbre. 1778.

Le vénérable Consistoire de cette ville nous ayant communiqué le rescrit qu’il avoitreçu des illustres seigneurs du Consistoire supême, sous la date du 30e. 9bre. dernier, aux fins

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de savoir de cette Direction si elle auroit quelqu’opposition à former à ce que Jeanne MarieRaymondin, sa ressortissante, qui se dit enceinte pour la seconde fois du fait du Sieur BenoîtMercier, bourgeois de cette ville, puisse subir à Berne, où elle est actuellement et où il lui aété permis de faire ses couches, l’examen désiré par l’accusé, au moment de sesdites couches,et au prescrit des loix de la capitale.

Sur quoi mûrement délibéré, il a été trouvé unanimement que cette Direction n’avoitaucune opposition à former à l’examen requis par l’accusé, au moment des couches de laditeJeanne Marie Raymondin, selon les loix de la capitale. En témoignage de quoi, l’extrait duprésent délibéré sera muni du sceau de cette Direction, près la signature du son secrétaire,pour être remis demain à Monsieur le président du vénérable Consistoire de cette ville.

Signé : atteste Jaques Déaux, avec paraphe.

31 décembre 1778

Du jeudi 31e. Xbre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Dapples, révérend pasteur des Croisettes, présent, conseillers Détallents, deCrousaz, assess. Bergier, et secrétaire.[p. 242]

[-] Jeanne Marie Raymondin.Le paquet concernant Jeanne Marie Raymondin et Benoît Mercier a été expédié à nos

illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême le samedi 19e. Xbre. 1778.[-] Jeanne Chavan et Jn. Samuel Pache.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la vén. Chambre que Jean Samuel

Pache, d’Epalinges, soldat dans la compagnie d’Aulbonne, aux gardes suisses en Hollande, luiavoit demandé l’entrée pour instruire sa procédure en divorce contre Jeanne Chavan, safemme, fille de François Chavan, dudit Epalinges. Laquelle s’est rendue coupable d’adultère,ainsi qu’il est en état d’en administrer les preuves. Ce qui lui a été accordé.

Monsieur le président ajoute, qu’ayant appris que ladite Pache, née Chavan, étoitactuellement à Genève, il lui avoit fait dire de se rendre incessamment ici, chez son père,François Chavan, pour répondre de l’accusation formée contr’elle, expier sa faute, etdemander grâce. Mais ladite Chavan lui a fait répondre que quelque citation qu’on lui adressa,il lui étoit absolument impossible de se rendre à Lausanne vu qu’elle avoit à cet heures unebonne place de nourrice qu’elle ne vouloit pas perdre.

[-] Comparoissance de Jn. Samuel Pache.Compart Jean Samuel Pache, fils de François Pache, d’Epalinges, âgé de 26 ans, soldat

aux gardes suisses en Hollande. Lequel prie qu’il soit fait lecture de sa clame en divorcecontre Jeanne Chavan, sa femme. Il demande qu’en suite des pièces qu’il produit, laditeChavan, sa femme, soit séparée et divorcée de lui pour jamais. Il produit une lettre de Mr. lepasteur Francillon, de Genève, à Mr. le révérend pasteur des Croisettes, en date du 19e. Xbre.courant, plus une déclaration de l’assesseur Rouge, d’Epalinges, en date du 26e. dit.

Ledit Jean Samuel Pache, après lecture faite de sa demande, a été interrogé s’il ypersiste et si s’est bien sa ferme et constante volonté d’être divorcé de sa femme.[p. 243]

Rép. : Que oui.Monsieur le président ayant pensé que ce seroit peut être un moyen d’abréger la

procédure que d’appeler le père de Jeanne Chavan, lequel s’est conformé à l’invitation qui luia été faite de paroître céans.

Interrogé de son nom, âge, qualité et demeure.

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A dit : Je m’appelle François Chavan, d’Epalinges, âgé de 60 ans, cultivateur, habitantde Lausanne.

Interrogé s’il est père de Jeanne Chavan, femme de Jean Samuel Pache.R. : Que oui.Interrogé où demeuroit, dans le courant du mois de juin dernier, sadite fille.Rép. : Qu’elle demeuroit chez lui, en la maison de Mr. Panchaud, en Pierraz de Plan,

bannière de Bourg.Interrogé s’il n’a pas su que l’assesseur Rouge étoit allé auprès d’elle pour lui

demander si elle étoit enceinte.Rép. : Que oui, et qu’elle avoit répondu qu’elle n’étoit pas enceinte.Interrogée quand elle est partie.Rép. : Qu’elle est partie au commencement de juillet dernier, sans dire où elle alloit,

prétextant qu’elle venoit de Lausanne.Interrogé s’il n’a pas appris depuis ce qu’elle étoit devenue.Rép. : Qu’elle lui a écrit de Genève dans le courant d’8bre., et qu’elle avoit eu le

malheur de faire un enfant.Interrogé s’il veut prendre la deffence de sa fille.

[p. 244]Rép. : Qu’il est bien attristé de sa mauvaise conduite, mais qu’autant qu’en lui est, et

d’après des lettres que sa fille lui a écrite, il n’a point d’opposition à faire à ce que JeanSamuel Pache puisse obtenir les fins de sa demande.

Jean Samuel interrogé s’il reste dans le pays pour attendre la fin de sa procédure.R. : Qu’il ne compte d’être obligé de rejoindre la compagnie avant six semaines.Lecture faite, ont persistés.La vén. Chambre, par son délibéré, ayant trouvé qu’il étoit inutille d’assigner ladite

Chavan pour être rendue confessante de sa faute, vu qu’elle a refusé absolument de se rendreà Lausanne, ordonne que la procédure soit levée en quel être qu’elle se trouve, pour êtreprésentée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, dont elle attend les ordres pour lesproclamations ordinaires en pareil cas.

[-] Anne Susanne Ami ; Jn. Jaques Wanner.Monsieur le président met sur le bureau l’exposition de Anne Susanne Ami, aussi que

sa déclaration à l’instant de ses couches, en date du 9me. Xbre, de même que les déclarations dela sage-femme jurée veuve Lebre, sur la naissance et le baptême de l’enfant garçon, joint aurapport de la visite de cet enfant par des chirurgiens en date du 9e. Xbre. 1778, dont les teneurssuivent.

Copie de l’exposition de Anne Susanne Amy, vu en vén. Chambre le jeudi 31e. Xbre.1778.[p. 245]

Anne Susanne Amy, au désespoir et très repentante d’avoir eu la foiblesse des’abandonner aux caresses de Jean Jaques Vannes, jeune garçon, aux promesses etsollicitations duquel elle a succombé, n’avoit pas à s’attendre qu’on lui imputeroit aussi mal àpropos, que la déclaration qu’elle a faite au noble seigneur président du vénérable Consistoire,soutenue à ses couches, étoit erronnée, sous le spécieux prétexte qu’elle a accouché quelquestems avant le terme.

C’est pourquoi elle prend la liberté de démontrer que tout ce que le Sieur Vannes peutalléguer pour se soustraire à ce qu’exigent de lui les loix de la nature, aussi bien que lesordonnances souveraines, est sans fondement. C’est qu’il est démontré par l’examen qu’onfait les médecins, soit la sage-femme de l’état de l’enfant à l’époque de sa naissance, qu’elle aété prématurée par un accident survenu à l’humble exposante, en se chargeant sur la tête unfardeau fort pesant, pour quoi elle fit un effort à la suite duquel elle a subitement accouché.

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Or comme elle persiste à soutenir que le jeune Vannes est bien réellement le père del’enfant qu’elle a mis au monde, l’exposante requiert que ledit enfant soit à la charge deVannes, conformément aux loix et édits souverains. Concluant en outre contre lui à tousdépends.

Du mecredi 9e. Xbre. 1778, 5 heures du matin.Je soussigné, assesseur du vén. Consistoire de Lausanne, déclare avoir été appellé pour

me rendre auprès de Jeanne (sic : Anne) Susanne Amy, domiciliée en cette ville, bannière duPont, près du Pont des Etuves, chez sa mère, la veuve de Pierre Amy, d’Ogens. Laquelle j’aitrouvée fort pressée, étant [p. 246] assistée de la sage-femme Lebre, et où s’est trouvé le Sr.Moyse Fiaux, huissier de la vénérable Chambre. Exhortée à donner gloire à la vérité et àdéclarer le véritable père de l’enfant qu’elle va mettre au monde. Sur quoi elle a indiqué pourvéritable père de l’enfant dont elle est enceinte, le Sieur Jean Jaques Vannes, fils du SieurSamuel Vannes, boucher en cette ville, ayant dit que son commerce charnel avec lui avoitcommencé le lendemain, et continué le surlendemain de Pâques. Confirmant de la manière laplus forte la déclaration qu’elle a faite au noble seigneur lieutenant baillival et au vénérableConsistoire. En témoin de quoi j’ai signé, dans la chambre de ladite Jeanne Susanne Amy, cemecredi 9me. Xbre. 1778, à cinq heures du matin.

Signé : Bergier, asseseur.Du mecredi 9me. Xbre. 1778, 8 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Anne Susanne Amy, d’elle bien

connue, avoit accouché ce jourd’hui, six heures du matin, au domicile de sa mère, près duPont des Etuves, bannière du Pont, d’un enfant garçon, très petit, mince et foible, lequel neparoît pas être à terme, à trois semaines près.

La déposante ajoute que l’accouchement peut avoir été précipité par un effort queladite Amy a fait hier dans la journée pour retenir une seille remplie de viande qu’elle portoitsur la tête.

Dudit jour, 10 heures avant midi.La mère de Jean Jaques Vanner, accusé d’être le père de cet enfant, ayant demandé

avec [p. 247] instance qu’il fut ordonné une seconde visite. A cet effet ont été nommés Mr. ledocteur Verdeil, le Sr. chirurgien Haegé et la sage-femme Lombard, qui vient de faire uncours auprès du docteur Venel, à Yverdon, dont le rapport est comme suit.

Rapport de la visite de l’enfant garçon d’Anne Susanne Amy, d’Oggens, du 9me. Xbre.1778.

Nous les soussignés, déclarons qu’ayant été mandés pour aller visiter l’enfant de lanommée Anne Ami, habitante en cette ville, demeurant dans la maison de sa mère. Noussommes entrez dans une chambre où nous avons trouvé dans un lit ladite Anne Amy, qui nousa dit avoir accouché ce jourd’hui neuf décembre à six heures du matin, d’un enfant mâlequ’elle prétend être venu au monde avant terme. Ledit enfant nous ayant été présenté, avonstrouvé une enfant mâle, bien configuré, long d’environ seize pouces, un peu maigre, pesantquatre livres huit onces, poids de seize, prenant avec appétit et force, de l’eau sucrée que lasage-femme soussignée lui a donné, vuidant son ventre des premiers excrémens sans autresecours que l’eau sucrée, ayant le corps chaud, les yeux ouverts, et dans l’état d’un enfantformé, sa voix forte, les mouvemens agiles et vigoureux. Le cordon ombilical épais, lesongles jusqu’aux bouts des doigts et assés durs. Les sutures des os du crâne et la fontanellecomme chez un enfant à terme, la tête garnie de cheveux bruns, un peu clairsemés, les oreillesfournies, le cartillage du sternum médiocrement solide, la peau du corps d’un blanc rougeâtreet celle de la peaume des mains couleur de rose. [p. 248] Toutes ces choses prisescollectivement, étant les marques d’un enfant bien formé et à terme (au poids près qui seul nedit rien). Nous pensons qu’il ne nous est pas possible d’assurer que l’enfant susdit de la

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nommée Anne Amy est venu au monde avant le terme ordinaire de quarante semaines. En foide quoi nous nous sommes signés à Lausanne ce 9e. Xbre. 1778.

Signé : Verdeil, d. m. ; Haege, chirurgien ; Susanne Lombard.Ladite Anne Susanne Amy paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa déclaration

à l’instant de ses couches, l’a confirmée pour être la pure vérité.Jean Jaques Vannes, assisté de son oncle, Mathias Beck, boucher en cette ville,

paroissans.Interrogé s’il reconnoît la paternité de l’enfant garçon dont Anne Susanne Amy le

charge.Rép. : Qu’il ne peut pas se reconnoître père de cet enfant, puisqu’il n’est pas né à

terme, et demande copie et terme.La vénérable Chambre accorde les communications et terme de 15ne. demandé par le

Sr. Vannes, moyennant qu’il le suive juridiquement.[-] Production des répliques de la Fontaine.En la cause d’entre Julie Fontaine, actrice, et Jean Milliet, de Jouxtems, bijoutier,

habitant de cette ville. Il échet à ladite Fontaine de produire ses répliques. Pour à quoisatisfaire, elle les a déposée sur le bureau.

Desquelles répliques, lecture faite audit Jean Milliet, il lui a été observé que leurlongueur extrême donneroit à la procédure une prolixité sans règle, laquelle nos illustres etpuissans seigrs. du Consistoire suprême veullent brider et captiver pour la suite. Sur quoi ils’est conformé et n’a point insisté à demander terme et copie pour donner une 4me. pièce, quine pourroit qu’enfanter des volumes d’écritures inutilles à la cause.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre ordonne la levée de la procédure en tel être qu’elleest, pour être présentée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[p. 249]

[-] Baptême de l’enfant Amy.Du mardi 16 Xbre. 1778, 8 heures du matin.La sage-femme Lebre certifie que le fils naturel de Anne Susanne Amy, d’Ogens, né le

9me. du courant mois de Xbre., auroit été baptisé hier, 14 à l’église de la Cité, par Mr. lerévérend pasteur Chavannes, sous le nom de Jacob.

14 janvier 1779

Du jeudi 14me. janvier 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vénérable Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,cons. Destallents, Vullayamoz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Jeanne Chavan et Jn. Samuel Pache.Le paquet concernant Jeanne Chavan et Jean Samuel Pache, d’Espalinges, a été

expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le mecredi 6me. janvier 1779.[-] Concernant Elisabeth Ardin et Charles Ardin.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la v. Chambre que la femme Elisabeth

Ardin, née Stouder, dite Roscher, se seroit adressée à sa magnifique seigneurie baillivale pourobtenir de LL. EEces. la permission de sister en droit dans ce pays contre son mari. Ce qui lui aété accordé par le rescrit du 4me. du courant mois de janvier, dont la teneur suit.[p. 250]

Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne, très noble, cher et féalbaillif. Salut.

En suite de l’envoy que vous nous avez fait de la très humble supplique d’ElisabethStouder, dite Rother, femme de Charles Ardin, de Pleinpalais, domicilié à Lausanne, qu’ilnous plut lui ouvrir le droit, ainsi qu’à une personne étrangère, dans la vue de poursuivre à

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son divorce. Nous avons permis à ladite Ardin de se présenter par devant le Consistoiresuprême de la capitale, pour obtenir ce qu’elle demande selon le prescrit des loix. Ce dontvous lui donnerez communication. Dieu vous ait en sa bonne et sainte garde. Donné ce 4me.janvier 1779.

Compart Elisabeth Ardin, née Stouder, dite Rother, femme de Charles Ardin. Laquelleprie la v. Chambre de donner cours à sa très humble requête pour être adressée à nos illustresseigneurs du Consistoire suprême.

Interrogée de son âge.R. : Qu’elle a environ 45 ans.Interrogée depuis quand elle a eu des nouvelles certaines de son mari.Rép. : Qu’il y a environ 3 ans, et qu’elle a ouï dire qu’il étoit à Rome, sans en être

cependant bien certaine.Interrogée si elle a des enfans.Rép. : Que non, et qu’elle n’en a jamais eu.

[p. 251]Monsieur le révérend doyen Polier de Bottens, qui a eu occasion de connoître ladite

Ardin, rend un bon témoignage de sa conduite et de ses mœurs.Par délibération, la v. Chambre accorde à ladite Ardin, née Stouder, dite Rother, le

cours de sa requête qu’elle nous a demandé pour être adressée à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême.

Les vingt un baches pour les droits de la chancellerie ont été payés.[-] Jeanne (sic : Anne) Susanne Amy ; Jn. Jaques Wanner.En suite de cause entre Anne Susanne Ami, d’une part, et Jean Jaques Wanner, il échet

à ce dernier de produire sa demande. A quoi il a satisfait en la déposant sur le bureau.Lecture faite desdites deffences à Anne Susanne Amy, elle prie la v. Chambre de lui

en accorder la communication et terme de 15ne. pour y répondre.La vén. Chambre, par son délibéré, aiant observé que le 4me. article des deffenses de

Jean Jaques Vanner portoit une accusation présumées contraires à la vérité, et très difficile àprouver, a jugé convenable de proposer audit Wanner le retranchement dudit article, aumoyen duquel retranchement, la procédure pourroit être présentée à nos illustres seigneurs duConsisoire suprême sans autre, ce qui abrégeroit et seroit conforme à leur idée d’éviterprolixité autant que possible.

Au rapport, ledit Jean Jaques Wanner a demandé le terme de deux fois 24 heures pourse réfléchir avec son père et sa mère, ce dont il informera le greffe. Et dans le cas qu’ilpersiste, il sera expédié une copie des deffences dudit Wanner à Susanne Amy pour yrépondre dans la 15ne.

A quoy remise.[p. 252]

[-] Clame de paternité de Louise Neyret contre Marc Anthoine Jaquier.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Louise Neyret, de Renens,

contre Marc Anthoine Jaquier, d’Echallens, en date du 15e. Xbre. 1778, plus de la reconnancede la paternité dudit Jaquier sous son signé en date du 17e. Xbre. dernier, dont les teneurssuivent.

Du mardi 15me. Xbre. 1778, 9 heures du matin.Louise Neyret, fille de feu Sanson Nayret, de Renens, Consistoire de Prelly, âgée de

25 ans, domiciliée chez sa mère, Marie Wittel, au fauxbourg de St. Laurent, déclare êtreenceinte des oeuvres de Marc Anthoine Jaquier, d’Echallens, écrivain chez le libraireHeubach en cette ville, âgé de 28 ans. Son commerce charnel avec lui ayant commencé et finidans le courant de juillet présente année 1778. Elle compte d’être enceinte d’environ cinqmois.

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Lecture faite, elle a persisté. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire. Entémoin de quoi signé, Lausanne ce 15me. Xbre. 1778.

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Moi, soussigné, me reconnois père de l’enfant que Louison Neyret mettra au monde, si

elle accouche au terme qu’elle a indiqué à Monsieur le lieutenant baillival, qui est le mois dujuillet 1778, moyennant qu’elle soit entendue par les préposés à l’instant de ses couches. ALausanne 17me. Xbre. 1778.

Signé : Marc Anth. Jaquier.Vu signer le susdit Marc Anthoine Jaquier, le susdit jour.Signé : Moyse Fiaux, officier du vénérable Consistoire.

[p. 253]Louise Neyret paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration, qu’elle a confirmée

pour être conforme à la vérité.Marc Anthoine Jaquier paroissant. Interrogé s’il confirme la reconnoissance dedite

paternité qu’il a signée présence l’huissier de la v. Chambre.Tép. : Que oui.Louise Neyret, interrogée où elle compte faire ses couches.Rép. : Chez sa mère, domiciliée en l’Hale de St. Laurent.Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller les préposés de la

vén. Chambre à l’instant de ses couches, et avant l’accouchement, pour être entendue.La v. Chambre, par son délibéré, a surçis la procédure jusques après ses couches.Du jeudi 14me. janvier 1779, 10 heures du soir.La mère de Jean Jaques Vanner, accompagnée de sa fille, est venue au greffe

consistorial se déclarer, tant en son nom qu’au nom de son mari, qu’ils ne pouvoient consentirau retranchement du 4me. article de leurs deffences produites ce jourd’hui à l’audience duvénérable Consistoire, contre Susanne Ami, sur la paternité dont elle voudroit charger leur filsJean Jaques Vanner, n’opposant point à la copie et terme demandé par ladite Anne SusanneAmy.[p. 254]

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Après l’observation que nous vous avons faite dernièrement, concernant la prolixité

des procédures que vous instruisez, et la manière allongée en laquelle elles sont écrites. Nousdevions nous attendre que vous auriez apporté les remèdes nécessaires à cet égard sans nousforcer de recourir à l’autorité supérieure.

Mais nous avons pu nous appercevoir par le dernier verbal que vous nous avezadressez au sujet de Jeannete Raymondin, qu’à aucun égard il n’a été apporté deredressement. En sorte que nous ne saurions nous dispenser de vous témoigner encore unefois, que c’est avec le plus grand déplaisir que nous avons observé déjà anciennement toutesces longueurs, et que nous serons enfin obligés de porter nos griefs à ce sujet par devant LeursExcellences, puisque la plupart du tems, on ne voit que deux mots dans une ligne seulement,même un mot et demi, et que le plus souvent on introduit dans les procédures des piècesentièrement superflues. Nous vous exhortons donc très sérieusement, et encore une fois,d’ordonner à votre secrétaire qu’il s’applique dans la suite à raccourcir ses écritures, et qu’ilne donne plus des sujets de plainte contre lui. Vous vous tiendrez pour dit d’exactementveiller à cela, comme vous saurez bien faire. Nous vous recommandons à la protection divine.Donné ce 28e. Xbre. 1778.

Reçue le 4 janvier 1779.

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28 janvier 1779

Du jeudi 28me. janvier 1779.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Chavannes, Sprunglinprésent, de l’Eglise allemande, conseillers Destallents, de Crousaz, Vullayamoz, assesseurBergier, et secrétaire.

[-] Julie Fontaine et Jn. Milliet.Le paquet concernant Julie Fontaine et Jean Milliet a été expédié à nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême le samedi 16 janvier 1779.[-] Elisabeth Ardin, née Stouder.Le paquet concernant Elisabeth Ardin, née Stouder, a été de même expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 16me. janvier 1779.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la v. Chambre qu’il auroit remis le 18

janvier à sa seigneurie baillivale les vingt et un baches qu’a délivré la femme Stouder pour lachancellerie.[p. 255]

[-] Concernant Thoinette Thuillard, vendeuse de vin.Sur le rapport de Jean Nicolas, garde à la Maison de Ville, d’avoir trouvé le dimanche

17 du courant, pendant le sermon de deux heures, une dixaine de personnes dans la pinthe oùfait vendre vin la veuve Marcel, en St. François.

Thoinette Thuillard, vendeuse en dite pinthe, paroissant, dit pour sa deffence, qu’ellen’a point donné de vin pendant ce tems là. Se recommande à la grâce de la v. Chambre.

La v. Chambre, par son délibéré, veut bien la libérer pour le coup, moyennant qu’ellepaye la garde, les droits du secrétaire et de l’huissier.

[-] Concernant Jean Samuel Pache et Jeanne Chavan.Mr. le président informe la v. Chambre du rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême en date du 12e. janvier courant, concernant Jean Samuel Pache et JeanneChavan, sa femme, plus du dernier rescrit du 21 janvier, dont les teneurs suivent.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous vous chargeons amiablement d’assigner par devant nous pour le lundi 8me.

février prochain, le nommé Jean Samuel Pache, d’Epalinges, au sujet du divorce qu’il sollicited’avec sa femme Jeanne Chavan, domiciliée présentement à Genève. Lorsque vous aurezdonné la citation, vous nous manquerez point de nous en donner avis. Sur ce, nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 12me. janvier 1779.

Reçue le 15e. janvier 1779.[p. 256]

[-] Lausanne.Tit. & alloc.Ayant eu un rapport verbal du très honoré lieutenant de la Chambre, que votre

ressortissant Jean Samuel Pache, d’Epalinges, se seroit présenté à lui, exposant qu’il étoitobligé de se rendre sans retard à son régiment, ainsi qu’il n’y avoit pas de possibilité qu’ilparut personnellement à notre audience le 8me. février prochain pour obtenir le divorce d’avecJeanne Chavan, sa femme, coupable d’adultère. Nous avons bien voulu permettre, eu égardaux circonstances, que le père du demandeur fut admis à sister en droit par devant nous lesusdit jour 8 février, ayant soin de de munir de pleins pouvoir à cet effet. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 21 janvier 1779.

Reçue le 25e. janvier 1779.[-] Comparoissance de Jean François Pache.

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Compart Jean François Pache, père de Jean Samuel Pache, aux fins de recevoir l’ordrede sister en droit, au nom de son fils, par devant nosdits illustres seigneurs pour suivre encause au divorce qu’il sollicite contre Jeanne Chavan, sa femme.

Interrogé de son âge.R. : Qu’il a 50 ans, et qu’il a été affligé de fréquentes maladies. Qu’actuellement il est

exposé à des coliques très violentes. De manière que dans cette saison rigoureuse, il couroit leplus grand danger d’entreprendre le voyage de la capitale.

Interrogé s’il a une nombreuse famille.R. : Qu’il a trois garçons et une fille, dont trois sont à sa charge, ayant peu de facultés,

ainsi que la plupart des habitants des Jurats.Il ose solliciter nosdits illustres seigneurs de recevoir ses très humbles excuses et ses

remerciemens respectueuses de la bonté qu’ils ont eue de l’admettre à la place de son fils, s’enremettant avec soumission à tout ce qu’il leur plaira d’ordonner à ce sujet.

Le mandat avoit déjà été préparé pour servir de renseignement audit Jean FrançoisPache, mais il n’en n’a pas profité.[p. 257]

La v. Chambre a cru pouvoir accepter les excuses dudit Jean François Pache. Elleordonne que nosdits illustres seigrs. soient informés de l’état des choses, certifiant qu’il a toutfait [pour] le maintien d’homme habituellement malade.

[-] Concernant Elisab. Stouder, femme de Charles Ardin.Mr. le président informe la vén. Chambre du rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, en date du 18me. janvier courant, concernant la femme Ardin, néeStouder, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.En suite de l’humble requête d’Elisabeth Stouder, femme de Charles Ardin, de

Pleinpalais. Nous avons prié le seigneur baillif de Nion de faire afficher ledit Ardin auxbornes de son bailliage, et de l’assigner à paroître par devant nous le 8me. février, 1er. et 22mars prochain, comme aussi de nous aviser dans son tems du résultat de cette publication. Acette heure, nous vous chargeons amiablement d’informer la plaignante Stouder, de l’état deschoses, et de lui annoncer que si ledit Ardin ne paroissoit point au dernier des jourssusindiqués, elle pourra se présenter par devant nous pour obtenir le divorce qu’elle demande.Du reste, il ne sera point négligé de sa part de donner avis incessamment aux parens duditArdin des mesures que nous prenons. Nous vous recommandons à la protection divine. Donnéce 18 janvier 1779.

Reçue le 22e. janvier 1779.[p. 257b]4

Ladite Elisabeth Stouder, femme de Charles Ardin, paroissant. Il lui a été communiquéle rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, et remis le mandat qu’elle doitfaire nottifier au Sr. Simon Ardin, habitant à Genève, frère de Charles Ardin, contre lequelelle poursuit son divorce. Lesquels mandats lui ont été remis avec avis de procurer la relationde l’huissier exploitant, qui prouve que ledit mandat a bien été exploité.

[-] Comparoissance de l’Amy et Wanner.En suite de cause d’entre Susanne Amy et Jean Jaques Wanner. Il échet à Susanne

Amy de produire ses répliques, ayant mis sur le bureau une dictature par écrit qu’elle a vouludicter. Mais la Chambre s’est contentée d’en faire la lecture.

4 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 257, d’où p. 257b.

108

Jean Jaques Vanner, après avoir entendu la lecture, paroissant, en a demandé copie etterme de 15ne. pour faire ce qui lui échera de droit.

Ladite Anne Susanne Amy s’est déclarée s’en rapporter à ce que la v. Chambre enordonnera.

La v. Chambre, par son délibéré, accorde audit Wanner la communication et le termede 15 pour faire ce qui lui échera de droit.

[-] Concernant Mr. de Gland.Mr. le révérend pasteur Chavannes informe la v. Chambre que Mr. de Gland, de Lutry,

son paroissien, domicilié à la Palud, marié depuis près d’un an avec une Dlle. Ausset, deVevey, se seroit séparé de sa femme par des écritures de main privés, et que le bruit estgénéral et public que samedi dernier 23me. du courant mois de janvier cette Dame auroitappellé sa mère et ses parens pour mettre en règle les intérêts civils d’une séparationprochaine. En suite de quels actes clandestins, ladite Dame de Gland auroit quitté avec éclat lemaison de son mari, et fait sortir ses effets dans le dessein de se rendre à Genève auprès de sagrand-mère, à demeure.

La v. Chambre prenant en considération cet avis, a cru devoir donner communication ànos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême de ce qui se passe, pour demanderleurs ordres à ce sujet, vu le grand scandale que ces séparations sans motifs connus donnent àla société et les pernitieux exemples qui en résultent.[p. 258]

11 février 1779

Du jeudi 11me. févrierSous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. le pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande, conseiller de Crousaz, etsecrétaire.

[-] Jeanne Chavan et Jean Louis Pache.Le paquet concernant Jeanne Chavan et Jean Louis Samuel Pache a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 30 janvier 1779.[-] Concernant Mr. des Gland et sa femme, née Ausset.Le paquet concernant Mr. de Gland, de sa séparation de biens d’entre lui et sa femme,

née Ausset, de Vevey, a été expédié à nosdits illustres seigneurs le samedi 30me. janvier 1779.[-] Jeanne Chavan et Jean François Pache.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau une lettre de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, concernant Jean François Pache et Jeanne Chavan, sa bru,en date du 1er. février courant, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Par bonnes considérations pour les circonstances de maladie dans lesquelles se trouve

Jean François Pache, père de Jean Samuel Pache d’Epalinges. Nous avons bien voulu ledispenser de paroître par devant nous au nom de son fils, dans la clame de divorce qu’il aformée contre sa femme Jeanne [p. 259] Chavan. Ce dont nous vous chargeons amiablementde donner avis audit Jean François Pache, vous recommandant à la protection divine. Donnéce 1er. février 1779.

Reçue le 5 février 1779.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Marie Haldy, veuve

Lienhardt, de Coinssins, contre George Gutmann, de Russie, du 5 février, dont la teneur suit.Du vendredi 5 février 1779, 6 heures du soir.

109

Marie Haldy, veuve de Jean Lienhardt, de Coinssins, mère de deux enfans, âgée de 37ans, blanchisseuse de profession, habitante de cette ville, déclare être enceinte des œuvres deGeorge Gutmann, de Russie, âgé d’environ 35 ans, ci devant chauderonnier chez Mtre.Decamp, ayant disparu le 25 8bre. dernier. Son commerce charnel avec lu a commencé sur lafin de juillet 1778, et continué jusqu’au mois d’août. Il lui a fait des promesses verbales demariage. Elle compte d’être enceinte d’environ six mois. Interpellée de signer, a dit ne sçavoirpas écrire. Lecture faite, a persisté. En témoin de quoi signé, Lausanne ce 5me. février 1779.

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de Marie Haldy, veuve Lienhardt.Marie Haldy, veuve Lienhardt, duement assigné, paroissant. Après avoir entendu la

lecture de sa déclaration, l’a confirmée dans tout son contenu.La v. Chambre, par son délibéré, à surçis la suite de cette procédure jusques après les

couches de ladite Marie Haldy, veuve Lienhardt.[p. 260]

Ladite veuve Lienhardt rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et defaire appeller les préposés à l’instant de ses couches, pour être entendue.

Mr. le révérend pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande, est prié d’inviter le frère deladite veuve Lienhardt, nommé Haldy, maître cordonnier en cette ville, de consentir à cequ’elle fasse ses couches chez lui.

Vu sa pauvreté, et qu’elle est assistée par la Société des habitans, la Chambre lui faitgrâce de ses émolumens.

Le commencement de cette procédure sera adressée par le courier de samedi prochain13 du courant, à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, de même qu’un double seraexpédié à Mr. le juge du v. Consistoire de Coinssins, bailliage de Nion.

Ladite veuve Lienhardt, interrogée si elle n’a point reçeut de secours de sacommunauté de Coinssins.

R. : Qu’il lui a été envoyé huit francs pour 1777, et six pour 1778.[-] Concernant Pierre Mann et Lisette Isely.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant Pierre Mann et Lisette Isely, en date du 29 janvier 1779, dont la teneursuit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Au sujet de l’affaire de Pierre Mann, de Lully, fils de la veuve Mann, domiciliée dans

votre ville. Lequel auroit été accusé par Lisette Isely, de [p. 261] Teuffelen, d’être le père del’enfant fille qu’elle a mis au monde et qu’on a déposé chez ladite veuve Mann. Nous vousobservons, 1°. Que le citation avoit été donnée contre Pierre Mann, n’ayant pas pu l’atteindreà cause de son départ subit, d’où il s’est ensuivi qu’il n’a jamais été interrogé sur cette clamede paternité.

Il n’est rien plus à propos que de vous charger amiablement (dans le cas qu’il soit deretour), d’exiger de lui une réponse cathégorique sur cet objet, et de nous la faire parvenir.

2°. Qu’à supposer qu’il ne fut pas possible de le trouver, vous aurez soin de nousécrire pour plus grand éclaircissement de toute cette affaire, combien de tems s’est écoulé, oucombien de jours se sont passés lorsque ledit Mann s’évadoit de Lausanne avant la citationdonnée, et par là auroit déserté le droit. Sur ce, nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 28e. janvier 1779.

Reçue le 1er. février 1779.[-] Comparoissance de la veuve Mann.

110

La veuve Mann, mère de Pierre Mann, duement assignée, paroissant. Lecture lui a étéfaite du rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

Compart Henriette Regamey, femme de Michel Regamey. Laquelle réclame les moisde nourice de l’enfant de Lisete Isely, qui lui a été remis le 15 8bre. dernier, demandant sixfrancs par mois. Sur l’exhortation qui lui a été faite de se contenter de cinq francs par moisjusques à ce que la procédure soit finie, elle a dit qu’elle s’en contenteroit pourvu qu’on luidonna quelques linges, et qu’il lui fut délivré tout de suite dix francs à compte. Il a étéordonné à la veuve Mann de payer à ladite Regamey ses dix francs dans deux fois 24 heures,ce qu’elle a promis de faire.[p. 262]

[-] Comparoissance de Pre. Mann.Pierre Mann, duement assigné, paroissant. En suite de la lecture qui lui a été faite du

rescrit de nodits illustres seigneurs.Il a été interrogé de son nom, surnon, âge, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle Pierre Mann, fils de feu Henri Mann, de Lully, âgé de 23 ans,

chaussetier de profession, domicilié actuellement chez sa mère.Interrogé s’il est père de l’enfant fille dont Lisette Isely a fait exposer chez sa mère, la

veuve Mann, le 13 8bre. dernier.R. : Qu’il n’a jamais eu commerce charnel avec Lisette Isely, et que par conséquence,

il ne peut reconnoître la paternité de cet enfant.Interrogé pourquoi il s’est absenté de la ville le 14 mai dernier, dans le tems que

Lisette Isely parut par devant cette Chambre.R. : Qu’il avoit ignoré la clame de paternité que Lisette Iselly avoit formée contre lui.

Qu’il n’a point déserté le droit, et qu’il étoit parti pour Genève et y chercher à travailler de saprofession le vendredi 8 du mois de mai dernier.

Lecture faite, a persisté.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a trouvé que l’interrogatoire fait audit Pierre Mann

étoit complet. Elle a justifié par son registre à la date du 14 mai 1778 que ledit Mann, quiavoit été assigné à paroître pour se jour là, se trouvoit absent de la ville depuis le vendrediprécédent 8 dudit mois de mai, l’huissier de la Chambre ne s’étant rendu auprès de sa mère etde son maître Böhme, que le jeudi matin 14 dudit mois de mai, vu que la déclaration de laditeIsely n’est datée que [p. 263] du 13 dudit mois de mai. L’expédition de ce que dessus seraadressé à nosdits illustres seigneurs par le courier du samedi 13 du courant.

Ledit Pierre Mann rentré. Il lui a été enjoint de ne pas quitter la ville jusques à ce qu’ilrecoive des ordres ultérieurs. Il n’a point été en état de payer les petits émolumens qui lui ontété demandé.

Au rapport, il a promis de se conformer exactement aux ordres que dessus.[-] Comparoissance de l’Amy et de J. J. Wanner.En suite de cause, d’entre Anne Susamme Amy et Jean Jaques Wanner. Il échet à ce

dernier de produire ses conclusions.Ledit Wanner paroissant, assisté de Mr. l’avocat Secrétan, fils.Mr. le conseiller de Crousaz, parlier de ladite Amy, s’oppose à ce que ledit Wanner

puisse être assisté d’un avocat puisqu’on n’est pas d’usage d’en admettre dans le Consistoire.Sur quoi il a été représenté par ledit Wanner, que l’assistance de Mr. son avocat n’a

absolument pour objet que ce qui peut regarder la forme.Sur quoi les parties ont demandé connoissance.A la suite de cette connoissance, il a été fait la dictature suivante par Mr. l’avocat

Secrétan.Jean Jaques Wanner ayant pris communication de la dictature servant de répliques de

Anne Susanne Amy, lui auroit remarqué qu’elle traite de calomnie les faits articulés dans les

111

deffences de lui dit Wanner, faits qui sont transcrits dans le mandat du 5 février, qu’il al’honneur de produire.

Or, comm’il importe à l’exposant de faire la preuve desdits faits, il auroit procuré defaire convenir céans les nommés Pierre Andriez et Jaques Pache, pour qu’il plut à Messieursde cette v. Chambre d’entendre leur déclarations [p. 263b]5 au sujet desdits faite. C’est à cesdéclarations que l’humble exposant à l’honneur de conclure, vu qu’elles sont très importantes,et même absolument décisives dans cette affaire.

Sur quoi, Mr. le parlier d’Anne Amy, répond que Anne Amy n’ayant pas le moyen dese deffendre contre l’enquête irrégulière et inutille à laquelle la famille Wanner a demandéd’être appointée, elle se remet à cet égard à ce qu’il plaira à la Chambre ou aux illustresseigneurs du Consistoire suprême d’ordonner sur le cas, après que la procédure leur aura étéenvoyée.

Sur quoi la v. Chambre délibérant, a trouvé qu’il y avoit lieu d’accorder à Anne Amyce qu’elle demande. Que les témoins présentés par Jean Jaques Wanner ne soyent pointentendus sur les faits qui ont été allégués, tendans à prouver des choses qui sont étrangères àl’article de la paternité, et ne tombent que sur des objets les plus sales et les plus orduriers. Ensorte que la Chambre se regarde comme bien authorisée à arrêter le cours de cette procédurevu les ordres réitérés qu’elle a reçeu dernièrement de nosdits illustres seigneurs de les abrégerautant que possible. Que Susanne Amy pourroit être admise à des contr’interrogats suivisd’illucidations et contr’illucidations qui allongeroient la présente procédure à l’excès. Partant,il est ordonné au secrétaire de lever toutes les pièces de la procédure, en y ajoutant le mandatdu 5 février, pour être adressé à nos illustres seigneurs le plutôt possible.

Au rapport, ledit Jean Jaques Wanner en a appellé. Auquel appel il a été admis par sapartie, Susanne Amy, en le suivant juridiquement.[p. 264]

25 février 1779

Du jeudi 25 février 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vénérable Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, conseiller Destallents, de Crousaz, secrétaire Vullyamoz.

[-] Lisette Isely et Pre. Mann.Le paquet concernant Lisette Isely et Pierre Mann a été expédié à nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême le samedi 13me. février 1779.[-] Marie Haldy et George Gutman.Le commencement de procédure concernant la clame de paternité que forme Marie

Haldy, veuve Lienhardt, de Coinssins, contre George Gutman, de Russie, a été expédié à nosillustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 13me. février 1779.

Un double de ce commencement de procédure a été de même expédié à l’adresse deMr. le juge du Consistoire de Coinssins ledit samedi 13me. février 1779.

[-] Anne Susanne Amy ; Jaques Wanner.Le paquet concernant Anne Susanne Amy et Jean Jaques Wanner a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le mecredi 17me. février 1779.[-] Jeanne Chavan ; Samuel Pache.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la sentence qu’on rendue le 8

février courant nos illustres seigneurs du Consistoire suprême sur la clame de divorce de JeanSamuel Pache contre sa femme Jeanne Chavan, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.

5 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 263, d’où p. 263b.

112

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBenre. Notre amiable salut.

Après avoir pris en singulière considération dans notre assemblée de ce jour, lademande de votre ressortissant, Jean Samuel Pache, d’Epalinges, [p. 265] d’être divorcé de safemme, Jeanne Chavan, coupable d’adultère. Nous ne faisons aucunne difficulté d’y adhérermalgré l’absence des parties, puisque l’adultère commis par ladite Chavan avec Jean FrançoisRumph, de Guggisberg, est suffisament prouvé au désir des loix, et qu’il se trouve quel’enfant fille provenu d’eux, née le 12e. 8bre., et baptisée sous le nom de Madeleine, est inscritedans les registres de Genève comme légitime. Partant, nous accordons audit Pache sondivorce absolu, sous cette réserve qu’il ne devra pas se remarier ailleurs avant six moisécoulés, que ladite Chavan ne pourra pas convoler à de secondes noces avant six mois. Dureste, nous l’avons condamnée envers Pache à tous les frais de ce procès, sauf modération,renvoyant les parties pour les intérêts civils, par devant le juge compétent.

Nous vous chargeons amiablement de communiquer la présente sentence, vu l’absencedes parties, hors du pays, à leurs pères réciproques, en les avisant qu’ils ne pourront avoir leslettres de divorces que lorsqu’ils auront acquitté 230 baches pour l’émolument de notreChambre. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 8 février 1779.

Reçue le 12e. février 1779.En conséquence de laquelle, les pères respectifs ont comparus selon l’ordre donné.

Lecture leur en ayant faite, Jean François Pache a remis au secrétaire 150 baches pour portionde l’émolument dûs au Consistoire suprême. Les 80 baches restants ayant été demandé à JeanFrançois Chavan, il a répondu que ses facultés ne lui permetoit pas de les acquiter, mais qu’ilécriroit à sa fille pour les lui faire parvenir dans le terme de six semaines.[p. 266]

[-] Concernant Marie Duprat.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Marie Duprat, la déclaration de la

sage-femme jurée, et l’extrait baptistaire de l’enfant, dont les teneurs suivens.Le dimanche 24 janvier 1779, à 9 heures après midi.Moi soussigné, assesseur du vénérable Consistoire de Lausanne, accompagné du Sr.

Moyse Fiaux, huissier de la vén. Chambre, ai été appellé pour me transporter auprès de MarieDuprat, domiciliée au dessus du Portail de St. Etienne, bannière de la Cité, chez sa mère, laveuve de Benjamin Duprat, citoyen de cette ville. Laquelle j’ai trouvée fort pressée et assistéede la sage-femme Chevalley. L’ayant vivement exortée à donner gloire à la vérité en déclarantle véritable père de l’enfant dont elle est enceinte et qu’elle va mettre au monde. Elle anommé et accusé pour le véritable père dudit enfant, le nommé Jean Abraham Renaud,d’Arbois, françois, cy devant chamoiseur travaillant chez les frères Mercier, en cette ville.Son commerce avec lui ayant eu lieu le 25e. mars dernier, et confirmant au surplus ladéclaration qu’elle a cy devant faitte au noble seigneur lieutenant baillival et au vénérableConsistoire. En témoin de quoi j’ai signé le susdit jour, dimanche 24e. janvier 1779.

Signé : Bergier, assesseur.Du mardi 26 janvier 1779, 3 heures après midi.Catherine Chevaley, sage-femme jurée, déclare que Marie Duprat, d’elle bien connue,

auroit accouché hier 25 du courant, environ deux heures après midi, au domicile de sa mère,maison Malherbe, rue de l’Hôpital, d’une enfant fille, viable, et de bonne venue.

[p. 267]Du vendredi 19 janvier 1779.Anne Charlotte, fille naturelle de Marie Duprat, bourgeoise de Lausanne, donnée à

Jean Abraham Renaud, d’Arbois, catholique romain, née le dimanche 25, a été baptisée dansla grande église le vendredi 29 janvier 1779. Parr. Jean Louis George Duprat, frère de la mère.Marr. Charlote Cavin, née Duprat, sœur.

113

[-] Comparoissance de Marie Duprat.Marie Duprat paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration, qu’elle a confirmée

en tout son contenu.Interrogée si elle n’a point eu de nouvelles de Jean Abraham Renaud, père de son

enfant.Rép. : Que non, qu’elle n’en a point eu de nouvelles depuis que la procédure a

commencé. Elle se recommande très humblement pour les frais vu sa pauvreté, priant laChambre de donner cours à sa procédure en tel être où elle se trouve, vu qu’il ne pourroit êtredonné aucune assignation audit Renaud, qu’on croit être absent du pays.

La vén. Chambre, par son délibéré, ordonne l’expédition dedite procédure, pour êtreadressée à nos illustres et puissants seigneurs du Consistoire suprême, par le courier desamedi 13me. du courant. Prenant la liberté de la recommander pour les frais.

Il lui a été fortement recommandé d’avoir soin de son enfant.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant Jean Milliet et Julie Fontaine, dont la teneur suit.[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Amiable salut.[p. 268]

Quoi que Mr. l’avocat Tschiffely, ainsi que procuré de Jean Milliet, de Joutens,habitant de votre ville, marchand jouailler, nous a demandé à l’audience de ce jour, au sujetdu procès de paternité que ledit Milliet soutient contre Julie Fontaine, sans bourgeoisie,domiciliée aussi dans votre ressort, qu’il nous plut à cette heure d’entendre divers témoinspour venir à l’appui de son droit. Nous n’avons pas put pour le coup adhérer à cetteproposition. Nous préférons de vous charger amiablement, par les présentes, de faire instruiredans la Religion du serment ledit Milliet et ladite Fontaine en la manière accoutumée, par Mrs.vos pasteurs, et de les assigner l’un et l’autre à paroître par devant nous pour entendrejugement le jeudi 22 avril prochain. Vous ne négligerez point de joindre au verbal destémoiganges de vie et mœurs pour les deux, et vous leur ordonnerez de se rendre la veille dujugement par devers les très honorés membres eclésiastiques de notre Chambre. Du reste,nous réservons bien ici formellement aux parties, toutes les exceptions de droit réciproques.Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 8me. février 1779.

Reçue le 12 février 1779.Ledit Milliet paroissant, de même que Julie Fontaine. Après avoir entendus la lecture

dudit rescrit, il leur a été remis les mandats de citations pour le 22 avril prochain. L’un etl’autre étant paroissiens de Mr. le révérend pasteur Besson, il a été prié de les instruire dans laReligion du serment. En conséquence, il a été ordonné aux parties de se rendre auprès de Mr.le révérend pasteur aux heures de sa commodité. Ce qu’elle ont promis de faire.

[-] L’huissier Fiaux.L’huissier Fiaux, fils, a reçeu pour son père, un ordre signé par Mr. Tschiffelly, vice

secrétaire du Consistoire suprême, en date du 15 9bre. 1778, pour retirer de Jean FrançoisThuillard l’émolument de 186 baches d’émolument dûs au Consistoire suprême, selon lasentence du 11e. mai 1778, dont copie.

Plus une liste de frais dûs à cette Chambre de fl. 42. 1. 6.[p. 269]

11 mars 1779

Du jeudi 11 mars 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,

114

Chavannes, présent Mr. le pasteur Spunglin, de l’Eglise allemande, conseillers Vullyamoz, deCrousaz, assesseur Porta, et secrétaire.

[-] Marie Duprat.Le paquet concernant Marie Duprat et Jean Abraham Renaud a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 27me. février 1779.[-] Concernant l’émolument du divorce d’entre Samuel Pache et de Susanne Chavan.

Epédié à Berne.Le samedi dit 27e. février, le secrétaire à expédié à Mr. Tschiffeli, secrétaire du

Consistoire suprême l’émolument de 150 baches dûs à la suprême Chambre, portion de JeanFrançois Pache pour le divorce de son fils Samuel Pache d’avec Susanne (sic : Jeanne)Chavan, sa femme. Pour l’autre portion, Jean François Chavan, père de la divorcée, n’ayantput faire le restant de l’émolument entier de 230 baches, qui auroit été de 80 baches restants,il s’est résumé, vu sa pauvreté, d’en écrire à sa fille à Genève.

[-] Comparoissance d’Elisabeth Stouder, femme Ardin.Compart Elisabeth Stouder, femme de Charles Ardin. Laquelle a l’honneur de

présenter le mandat qui lui avoit été remis le 28 janvier dernier, pour aviser les parents de sonmari, à Genève, des citations qui y ont été décernées contre Charles Ardin. Elle prie la v.Chambre de donner cours audit exploi[t] avant le 22 mars, qui est la dernière proclamation.Elle persiste à demander son divorce vu qu’elle a satisfait à tout ce qui a été exigé d’elle dansla suite de cette procédure. A quoi elle ajoute que le bien de sa cause demanderoit qu’il futexpédié copie de la lettre de son procureur Viguier et Rochette. Elle finit par se recommandertrès humblement pour les frais, vu la situation malheureuse où elle se trouve, pouvant à peine,par son travail, fournir sa subsistance.[p. 270]

Sur quoi délibéré, la v. Chambre prenant en considération la triste situation d’ElisabethStouder, femme Ardin, on a exigé d’elle aucun émolument, et elle prend la liberté de larecommander à la charité de nos illustres seigneurs du Consistoire, auquel le secrétaire feraparvenir par le courier de samedi prochain les pièces qu’elle a produites.

[-] Concernant Lisette Isely.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de Leurs Excellences

du Sénat concernant l’enfant fille de Lisette Isely, de Teuffelen, en date du 23e. février 1779,dont la teneur suit.

Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne. Très noble, très cher etféal baillif. Salut.

Sur le rapport que nous ont fait Messieurs du Consistoire supême concernant lagrossesse de Lisette Iseli, de Teuffelen, et de l’accouchement qui s’en est ensuivi. Nous vouschargeons, en attendant que ladite Iseli soit découverte et puisse être saisie, de faire retirerl’enfant qu’elle avoit, peu de tems avant son départ, fait déposer chez la veuve Mann, ainsique mère du père accusé, mais qui ensuite n’a pas reconnu la paternité. Il devra être pris soinde cet enfant à nos frais jusqu’à ce que l’on puisse en découvrir la mère, sur laquelle vousveillerez avec attention dans votre bailliage. Et dans le cas qu’elle put être appréhendée, vousnous en donnerez aussitôt avis. Dieu vous ait en sa bonne et sainte garde. Donné ce 23 février1779.

Expédié au Château de Lausanne ce jeudi 11 mars 1779, et scellé par Monsr. lelieutenant baillival.

[-] Comparoissance de la mère Mann.Compart la mère Mann, duement assignée, pour entendre la lecture du rescrit ci

dessus, qui lui en a été faite.[p. 271]

115

Ladite témoignant ses remerciements, a promis de paroître à l’audience de sa trèsnoble seigneurie baillivale.

La mère Mann nous a témoigné avoir donné dix francs à la femme de MichelRegamey, acompte des mois de nourice de l’enfant de Lisette Isely.

[-] Concernant Marie Duprat.Monsieur le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême concernant Marie Duprat, de Lausanne, et Jean Abraham Renaud,d’Arbois, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous avons adjugé comme illégitime à votre ressortissante, Marie Duprat, de

Lausanne, l’enfant fille qu’elle a mis au monde le 25 janvier dernier, baptisée sous le nom deMarie Charlotte, et qu’elle avoit attribué dans l’examen de ses couches, à Jean AbrahamRenaud, catholique romain, homme marié. Ce qui s’effectuera avec toutes les suitesordinaires, cette enfant fille devant porter le nom de ladite Duprat, être de sa bourgeoisie, etentretenue par elle. De plus, nous condamnons la plaignante à subir dans le lieu du délit, lapeine portée dans les loix pour cet adultère simple. Du reste, nous vous chargeonsamiablement de retirer de ladite Duprat, pour l’émolument de notre Chambre 90 batz, quevous enverrez à notre secrétaire. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce1er. mars 1779.

Reçue le 5e. mars 1779.[p. 272]

Marie Duprat paroissant. Lecture lui a été faite dudit rescrit. Sur quoi il lui a étéordonné de subir la peine de dix jours de prison le plutôt possible, laissé à la prudence dunoble seigneur lieutenant baillival.

[-] Concernant les jugaux de Gland.Monsr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême concernant Mr. Benjamin de Gland, et la Dame Françoise Ausset, sonépouse, de Lutry, du 1er. mars 1779, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Il est bien sûr que le Sieur Benjamin de Gland, bourgeois de Lutry, et sa femme

Françoise Ausset, domiciliés depuis quelques tems dans votre ressort, se sont séparés de leurpropre autorité, ainsi que le porte votre verbal du 28 janvier dernier. A la vérité, ils se sontadressés à nous présentement, par une humble requête, pour nous demander un divorceabsolu.

Mais nous les avons renvoyés, selon la forme ordinaire du droit, à se présenter pardevant vous à ce sujet. En conséquence, nous vous chargeons amiablement par les présentes,lorsqu’ils vous l’auront demandé d’une manière convenable, de les entendre de bouche ou parécrit, dans les réquisitions qu’ils peuvent avoir à faire. Ce dont vous nous ferez parvenir lerésultat pour recevoir nos ordres ultérieurs. Et vous ne manquerez [p. 273] point d’ajoutervotre préavis détaillé au sujet des difficultés qui agitent les parties, autant que vous aurez pules connoître jusqu’à ce jour. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 1er.mars 1779.

Reçue le 5e. mars 1779.[-] Concernant Julie Fontaine.Mr. le président informe la v. Chambre que Messrs. de la charitable Société des

habitans, ayant fourni aux mois de nourice pour l’entretien de l’enfant de Julie Fontaine, ont

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manifesté que leur institut ne leur permettoient pas de continuer ces secours. Que le mère deJulie Fontaine étoit allée ce matin auprès de lui pour le solliciter à pourvoir à la nourriture et àla conservation dudit enfant.

Sur quoi délibérant, la v. Chambre prie Mr. le banneret du Pont, de defférer le cas ànos honnorés seigneurs du Conseil à l’assemblée de demain, vu que ladite Fontaine n’a pointde bourgeoisie à laquelle on puisse avoir recours, et que son père est domicilié dans cette villedepuis plus de 30 ans.

18 mars 1779

Du jeudi 18 mars 1779, à l’extraordinaire.Sous la présidence du noble seignr. lieutenant [ballival] , le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messrs. doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, bannerets de Bourg, du Pont, conseillers Vullyamoz, de Crousaz, assesseursPorta, Bergier, et secrétaire.[p. 274]

[-] El. Stouder, femme Ardin.Le paquet concernant Elisabeth Stouder, femme Ardin, a été expédié à nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, avec la copie d’un mandat exploité à Genève, de même quela copie d’une lettre, le samedi 13 mars 1779.

Le noble seigneur lieutenant baillival avise la v. Chambre que les jugaux de Glandayant été informés du rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, en date du 1er.mars courant, par lequel ils ont été renvoyés à se présenter à l’Inférieur l’un et l’autreséparément, se seroient rendus auprès de lui pour demander l’assemblée de ce jour àl’extraordinaire. Ce qu’il leur a accordé vu que la Dame de Gland a prit un nouveau domicileà Genève, chez sa mère, d’où elle étoit arrivée avant hier au soir pour commencer saprocédure.

[-] Comparoissance des jugaux de Gland.Compart Mr. Benjamin de Gland, de Lutry, habitant de cette ville, et sa femme,

Françoise Ausset.Il a été demandé à Mr. de Gland quel étoit son âge.A dit qu’il avoit 43 ans, et la Dame de Gland à répondu qu’elle en avoit 26.Il a été adressé aux parties des exhortations fraternelles, selon le prescrit des loix, et

par Mr. le président, et par Messrs. les pasteurs. L’un et l’autre y ont résistés, manifestantréciproquement un éloignement des plus fort, crainte de retomber dans un trouble et unedivision qui ne pourroit que leur être funeste dans la suite.

Les parties ont eu l’honneur de présenter à cette vén. Chambre, une requête commune,tendante à demander un divorce absolu à nos illustres et p. seigneurs du Consistoire suprême,priant qu’il y soit donné cours.

Elles se sont réunies à solliciter Mr. le révérend pasteur Besson, qui a eu connoissancede leur divorce avant qu’ils se soient séparés, de donner sa déclaration par écrit.[p. 275]

[-] Préavis de la v. Chambre.La v. Chambre, par son délibéré, a prié Mr. le révérend pasteur de l’informer de ce qui

peut avoir connu des altercations qu’il y a eu entre les jugaux de Gland. Lequel a déclaré qu’àla sollicitation de Mr. de Gland, qu’il avoit fait tout son possible pour les réunir, maisinutillement. Partant, en suite de l’examen de l’état de cette procédure, la Chambre a trouvéque dans la requête commune présentée par les parties, elles n’ont aucunes raisons vallables,selon le vœu de la loy, à demander divorce absolu, et la rupture entière de leurs liens,seulement dans leurs allégations verbales réciproques a t’on vu une alliénation des plusgrandes et des irritations qui ne roulent que sur des objets assés minutieux, tels qu’il peut s’en

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rencontrer très fréquemment dans l’état du mariage. Elle estime que pour le coup, et la grandeagitation d’esprit des parties, il pourroit y avoir lieu à une séparation terminelle, dansl’espérance qu’avec le secour des parents réciproques, les parties, au bout d’un certain tems,pourroient peut être se trouver disposées à se réunir selon leur devoir, et cela d’autant plus,qu’à l’extérieur des parties, selon le témoignage qui en ont été rendus, n’ont rien qui ne fasseen leur faveur. Partant, sans entrer dans de plus grands détails, à l’instante sollicitation desparties, la Chambre a cru pouvoir donner cours à la requête commune qu’elles ont présentées,ayant ajouté qu’elles demandoient la grâce à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême,s’ils jugeoient à propos de les appeller à leur haute audience, de vouloir bien accellérer lamoment de la décision. Et l’expédition se fera par le courier de samedi prochain 20e. mars.[p. 276]

1er avril 1779

Du jeudi 1er. avril 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, conseillers Vullyamoz, deCrousaz, banneret du Pont, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Les jugaux de Gland.Le paquet concernant les jugaux de Gland a été expédié à nos illustres et puissants

seigneurs du Consistoire suprême le samedi 20e. mars 1779.[-] Concernant Jeanne Marie Forney et George Krüg.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la v. Chambre que le 26 février dernier,

Mttre. Jean Jaques Forney, bourgeois de Lausanne, domicilié à Ouchy, se seroit rendu auprèsde lui, exposant que sa fille Jeanne Marie Forney, tailleuse de profession, se trouvoitprésentement à Genève, et qu’il auroit eu des avis certain que sadite fille étoit enceinte desœuvres de Mttre. George Krug, bourgeois de Paudex, taillieur de profession, habitant de cetteville. Lequel, selon les mêmes rapports, ne désavouoit pas cette accusation. Sur quoi Mr. leprésident ordonna audit Forney de procurer incessamment le retour de sa fille, Jeanne Marie,afin que la procédure soit instruite en bonne règle.

Il ajoute que le même jour, l’après midi, la femme dudit George Krug se rendit auprèsde lui, et fit inscrire la déclaration suivante.

Jean Jaques Forney ayant avisé Mr. le président qu’il auroit ramené sa fille de Genève,elle a été assignée à paroître à ce jour, de même que George Krüb.[p. 277]

[-] Comparoissance de Jeanne Marie Forney et de George Krub.Ladite Forney interrogée de son nom, surnom, âge, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle Jeanne Marie Forney, fille de Jean Jaques Forney, citoyen de

Lausanne, tailleuse de profession, âgée de 24 ans, domiciliée présentement chez mon père, àOuchy.

Interrogée de qui elle est enceinte, et depuis quand.Rép. : Qu’elle a eu la malheur de tomber en faute avec George Krüb, homme marié,

dont elle se repend avec larmes, demandant pardon à Dieu du désordre de sa conduite. Elleajoute que son commerce charnel avec ledit Krüb a commencé dans le courant d’8bre. 1778, etqu’elle compte d’être enceinte d’environ six mois.

George Krug interrogé de son nom, surnom, âge, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle George Krüb, bourgeois de Paudex, âgé de 35 ans, tailleur de

profession, habitant de cette ville, homme marié.Interrogé s’il reconnoît la vérité de l’accusation que fait contre lui Jeanne Marie

Forney.

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Rép. : Que oui, et qu’il sent toute la grandeur de sa faute, n’insistant pas à ce queladite Forney, dont il reconnoît la probité, soit astreinte à l’examen des couches. Mais pour letems auquel il devra recevoir l’enfant, il s’en rapporte au prescrit des loix.

Lecture faite, ont persistés.[p. 278]

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques après lescouches de Jeanne Marie Forney, l’exemptant d’être entendue à l’instant de ses couches,ayant vu avec plaisir la démarche de la femme dudit Krüg, qui lui pardonne, dont la teneursuit. Au surplus, Messieurs les révérends pasteurs dont ledit Krüg est paroissien, et Mr. ledizenier du quartier, lui ont rendu un témoignage favorable, certifians que jusques à cemoment, il a troujours eu une bonne conduite depuis plusieurs années qu’il est ettabli danscette ville.

[-] Pardon de la femme de Krüg de l’adultère de son mari.Du vendredi 26 février 1779, 3 heures après midi.Marianne Cuerel, femme de George Krüg, âgée de 47 ans, sans enfans, vient déclarer

qu’elle pardonne à son mari l’offense qu’il lui a faite, sous espoir d’une meillieure conduite àl’avenir. Elle ose recommander sondit mari à la clémence de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême en faveur de la démarche qu’elle fait aujourd’hui. Lecture faite, apersisté. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire. En témoin de quoi signé, Lausannece 26 février 1779.

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Ladite Marie Forney rentrée, il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de

faire avertir Mr. le président, par la sage-femme, de la naissance de l’enfant.[p. 279]

Le secrétaire ne manquera pas de donner communication au Consistoire de Pully,auquel Paudez ressortit, du commencement de cette procédure.

[-] Concernant Jeanne Marie Vere et Abraham Henri Combrias.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Jeanne Marie (sic : Marguerite)

Vere, domiciliée chez son père, habitant de cette ville, à l’instant de ses couches, dont lateneur suit, de même que la déclaration de la sage-femme Lebre de la naissance de l’enfant etde son baptême.

Jeanne Marie Vere paroissant, lecture lui en a été faite. Elle l’a confirmée en tout soncontenu.

Du mardi 9 mars 1779, 8 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la v. Chambre, en

suite d’avertissement, se seroit transporté au domicile de Jean Vere, vigneron, bourgeois deChappelles, habitant à Lausanne, au bas de Longerayes, campagne appartenant à Henri Clerc,de Lausanne, batelier à Ouchy, où il auroit trouvé Jeanne Marie Vere, sa fille, sur une chaise,en travail d’enfant, assistée de la veuve Lebre, sage-femme jurée. Dans les douleurs, vivementexortée et pressée à donner gloire à Dieu et à dire vérité sur la paternité de l’enfant qu’ellealloit mettre au monde, a dit que sans faire tort à sa conscience ni à la personne accusée, ellene pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant à naître, que Abraham HenryCombrias, imprimeur, se disant de Neuchâtel, sous promesses écrites de mariage. Soncommerce charnel avec lui ayant commencé et fini dans le courant de juillet dernier 1778.Confirmant de plus fort sa première déclaration, rattifiée en Chambre le 3 Xbre. [p. 280] 1778.En témoin de quoi signé, au bas de Longerayes, bannière du Pont, ce mardi 9 mars 1779.

Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Du mardi 9me. mars 1779, 1 heure après midi.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Margueritte Vere, de

Chapelles, d’elle bien connue, auroit accouché ce jourd’hui, 9e. du courant mois de mars,

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environ onze heures avant midi, au domicile de son père, Petit Ouchy, bannière du Pont,d’une enfant fille, viable, à terme et de bonne venue.

Du samedi 13 mars 1779, 8 heures du matin.Ladite sage-femme certifie que la fille naturelle de Jeanne Marguerite Vere auroit été

baptisée hier vendredi 12 de mars, à l’église de la Cité, par Mr. le ministre Dompierre, sous lenom de Jeanne Françoise.

Ladite Jeanne Marguerite Vere, interrogée si elle a eu des nouvelles dudit Combrias.R. : Qu’elle n’en a eu aucunes nouvelles, et qu’elle conjecture qu’il est absent du pays.

[p. 281]Interrogée si elle est en état de payer les frais de la procédure.Rép. : Que non, qu’elle est dans une situation étroite, et que son père et sa mère

reçoivent des secours au besoin, par extra de la Bourse des habitans.La sage-femme ayant informé Mr. le président que ladite Vere n’étoit pas en état

d’alaiter son enfant, il lui a été recommandé d’avoir à se pourvoir au plutôt d’une nourice, etde s’adresser à sa communauté de Chapelles pour en avoir des secours.

Sur quoi délibérant, la v. Chambre ne pouvant procurer aucune citation contre leditCombrias qui puisse l’atteindre, ordonne la levée de la procédure pour l’adresser à nosillustres seigneurs du Consistoire suprême par le courier de samedi 10 avril.

[-] Concernant Louise Neyret et Marc Anthoine Jaquier.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Louise Neyret à l’instant de ses

couches, faite à notre secrétaire le 17e. mars 1779, dont la teneur suit.Du mecredi 17 mars 1779, midi.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la Chambre, en suite

d’avertissement, se seroit transporté à la maison de demeure de la veuve Neyret, femme defeu Sanson Neyret, de Renens, au fauxbourg de l’Hale de St. Laurent, où il auroit trouvé safille, Louise Neyret, sur une chaise, en travail d’enfant, assistée de la veuve Amaudruz, sage-femme jurée. Dans les douleurs, vivement exhortée et pressée à donner gloire à Dieu et à direvérité sur la paternité de son enfant prêt à naître, a dit que sans faire tort à sa conscience, ni àla personne accusée, [p. 282] elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité de sonenfant qu’elle alloit mettre au monde, que Marc Anthoine Jaquier, d’Echallens, commislibraire en cette ville. Son commerce charnel avec lui ayant commencé et fini en juillet dernier1778, confirmant de plus fort sa précédente déclaration, rattifée en Chambre le 14 janvier1779.

Relu, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce mecredi 17 mars 1779, midi.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Du jeudi 18 mars 1779, 8 heures du matin.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Louise Neyret, de Renens, d’elle

bien connue, auroit accouché hier, mecredi 17 du courant, environ deux heures et demi aprèsmidi, au domicile de sa mère, Marie Neyret, dans le fauxbourg, bannière de St. Laurent, d’unenfant garçon, viable, à terme et de bonne venue.

Du mecredi 24 mars 1779, 4 heures après midiLadite sage-femme fait certifier que le fils naturel de Louise Neyret, de Renens, auroit

été baptisé ce jourd’hui 24 mars, à l’église de St. Laurent, par Mr. le révérend pasteur Besson,sous le nom de Jean Anthoine.[p. 283]

[-] Comparoissance de Louise Neyret.Louise Neyret duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration à

l’instant de ses couches, qu’elle a confirmée en tout son contenu.[-] Marc Anthoine Jaquier devra être cité par lettres.

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Mr. le président fait rapport d’une lettre de Marc Anthoine Jaquier, qui lui auroit étéadressée pour s’exempter de la comparoissance. Laquelle ayant été reconnue despectueuse,ordonné qui sera cité par lettres à l’instance de Louise Neyret à la première assemblée.

[-] Concernant Susanne Blanc et Pierre Gothier.Mr. le président met sur le bureau la déclaration à l’instant de ses couches de Susanne

Blanc, de Lausanne, faite à notre secrétaire, aussi que les extraits de la naissance et dubaptême de l’enfant, dont les teneurs suivent.

Du lundi 8 mars 1779, 10 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la Chambre, se seroit

transporté au domicile de Susanne Blanc, fille de feu Jaques Blanc, bourgeois de Lausanne,âgée d’environ 29 ans, maison Raymond, maître maçon, rue du Pré, bannière du Pont, où ilauroit trouvé ladite Susanne Blanc au lit, assistée de la sage-femme jurée Susanne Lombard.Vivement pressée et exhortée à donner gloire à Dieu et à dire vérité sur la paternité de sonenfant à naître, a dit que sans faire tort à sa conscience, ni à la personne accusée, elle nepouvoit charger qui que ce soit de la paternité de son enfant qu’elle alloit mettre au monde,que Pierre Gothier, des Vallées de Piedmont. Son commerce charnel avec lui ayant commencéau commencement de [p. 284] juin 1778, et fini à la St. Jean dite année. Confirmant de plusfort sa première déclaration qu’elle a ratifiée en v. Chambre. Lui ayant été représenté queprécédemment ayant eu un enfant fille, née le 25 juillet 1776, ce qu’on pourroit présumer dusecond pour l’attribuer audit Gothier, homme ambulant, ladite Blanc s’est toujours soutenue àcharger ledit Gothier de la paternité de son enfant à naître. En témoin de quoi signé, Lausannece lundi 8 mars 1779.

Relu, a persisté.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Du lundi 8 mars 1779, 2 heures après midi.Susanne Lombard, sage-femme jurée, déclare que Susanne Blanc, d’elle bien connue,

auroit accouché ce jourd’hui, huit du courant mois de mars, environ midi et demi, dans lamaison de Mtre. Reymond, rue du Pré, bannière du Pont, d’une enfant fille, viable, à terme, etde bonne venue.

Du mardi 16 mars 1779, 4 heures après midi.La sage-femme Lombard fait certifier que l’enfant fille de Susanne Blanc auroit été

baptisée ce jourd’hui 16 mars à l’église de St. François, par Mr. le révérend pasteurChavannes, sous le nom de Jeanne Marie.[p. 285]

[-] Comparoissance de Susanne Blanc.Susanne Blanc duement assignée, paroissant. Après avoir entendue la lecture de sa

déclaration à l’instant de ses couches, elle l’a confirmée.Interrogée si cet enfant a conservé la vie.R. : Que Dieu l’a retiré dimanche dernier 28 mars, qu’elle en a pris le plus grand soin

avec la sage-femme, qui l’a vu depuis sa mort, et que l’enfant a bien été gardé 48 heures avantque l’inhumer. Ce dont la sage-femme pourra certifier s’il y a lieu.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre considérant que c’est la seconde fois que SusanneBlanc est tombée en faute, et que son enfant étant mort, on laisse à Dieu et au tems la suite decette procédure. Condamnant ladite Blanc à subir la peine de 20 jours de prison dans leressort, selon le prescrit du 1er. paragraphe, fol. 48 du code consistorial, de même qu’au[x]frais de cette procédure.

Et dans le cas que ledit Gothier paroisse dans cette ville, il en sera donnéincessamment avis au Conseil pour procéder contre lui selon leur prudence.

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22 avril 1779

Du jeudi 22 avril 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, Sprunglin,pasteur de l’Eglise allemande, présent, banneret de Bourg, conseiller[s] Destallents, deCrousaz, assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire.[p. 286]

[-] Jeanne Marie Vere ; Abram Henri Combrias.Le paquet concernant Jeanne Marie (sic : Marguerite) Vere et Abraham Henri

Combrias a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 10 avril1779.

[-] Milliet et Julie Fontaine.Le paquet concernant Jean Milliet et Julie Fontaine a été expédié à nosdits illustres

seigneurs le samedi 17me. avril 1779, contenant les copies des mandats de citationspersonnelles dont les originaux leurs avoient été remis le 25e. février, pour paroître à leurhaute audience le 22 avril. De plus, le témoignage de Mr. le révérend pasteur Besson de leurinstruction sur la Religion du serment, et de leurs mœurs.

[-] Concernant Mr. de Gland.Le samedi 17me. avril 1779, la citation de Mr. de Gland, accompagnée d’une lettre, a

été expédiée à nosdits illustres seigneurs du Consistoire suprême.[-] Elisabeth Stouder.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Elisabeth Stouder, dont la teneur suit.[-] Lausanne.Tit. & alloc.Sur les avis que nous venons de recevoir aujourd’hui de Nyon, que les proclamations

par nous ordonnées dans ce lieu là contre Charles Ardin, de Pleinpalais, y ont été faites sansque lui, ni personne en son nom, se soit présenté pour sister en droit et opposer au divorcequ’a demandé Elisabeth Stouder, sa femme, domiciliée dans votre ressort. Nous avonsaccordé à cette dernière les lettres de divorce ci incluses. Lesquelles vous lui ferez parvenir.Du reste, nous avons bien voulu, à cause de sa pauvreté, [p. 287] nous relâcher gracieusementdes droits de notre Chambre. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 12avril 1779.

Reçue le 16 avril 1779.[-] Lettres de divorce pour Elisabeth Stouder, &c.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Sçavoir faisons par les présentes, que nous ayant été suffisamment certifié cejourd’hui, que les proclamations par nous ordonnées aux frontières du pays, du côté deGenève et de la France, contre Charles Ardin, de Pleinpalais, mari d’Elisabeth Stouder, qui futrenvoyée par devant nous le 4me. janvier dernier par Leurs Excellences du Sénat, aux fins depoursuivre en droit son divorce, auroient été faites sans que ni lui, ni personne en son nom, sefut présenté en droit pour opposer à la demande de sa femme. Nous avons bien voulu (vu ledeffaut de facultés de ladite Stouder), la dispenser gracieusement de paroître en personne ànotre audience, et puisque le dernier jour de la citation péremptoire est actuellement écoulé,nous adhérons à la demande de la plaignante.

Partant, nous jugeons et prononçons en vertu de nos pleins pouvoirs, que le lien dumariage entre ledit Charles Ardin et ladite Elisabeth Stouder, sera et devra être dissous etannullé, les deux parties rendues à leur précédent état de liberté, sous cette réserve [p. 288]qui si la femme se proposoit de convoler à de secondes noces, elle seroit tenue d’en solliciterla permission auprès de nous. Du reste, nous avons condamné ledit Ardin à tous les frais de ce

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procès, sauf modération, et renvoyé la femme, tant pour fixer sa pension, que pour régler lepartage des biens temporels, par devant le juge compétent. Fait et passé le 12 avril 1779.

Signé : S. Tschiffeli, secrétaire substitut.Elisabeth Stouder paroissant. Après avoir entendu la lecture du rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, sa lettre de divorce lui fut remise. En la recevant, elle entémoignat ses humbles remerciemens à la v. Chambre des égards charitables qu’elle en avoitressentie pour y avoir le plus contribué à obtenir son divorce, et d’en avoir ressenti de la partdu Souverain les effets les plus sensibles de leurs charités et bienveillances qui les distingue,et de la v. Chambre. En ayant témoigné ses vœux qu’elle faisoit en leur faveur.

[-] Mr. de Gland et Dame Ausset.Monsr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême concernant la citation à donner à Mr. de Gland, dont la teneur suit, etinforme la v. Chambre qu’il auroit prit un engagement dudit Mr. de Gland pour paroître à leurhaute audience le lundi 26 du courant mois d’avril, avec une lettre expédiée samedi dernier24.

[-] Lausanne.Tit. & alloc.A l’humble requête de la Dame de Gland, née Ausset, qui se trouve actuellement dans

la capitale. Nous avons fixé le lundi 26 du courant mois d’avril pour juger sur le [p. 289]divorce sollicité par elle et par son mari. En conséquece, nous vous chargeons amiablement defaire assigner sans renvoy Mr. de Gland par devant nous pour le susdit jour, et de nouscertifier que la citation a pu l’atteindre. Nous vous recommandons à la protection divine.Donné le 12e. avril 1779.

Reçue le 14 avril 1779.[-] Concernant Charlote Chapuis ; Christian Herman Reuner.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité et de mariage de Charlote

Chapuis, de Lausanne, contre Christian Herman Reuner, hannoverien, du 8 avril 1779, dont lateneur suit.

Du jeudi 8 avril 1779, 7 heures du matin.Charlote Chapuis, fille de Jean Louis Chapuis, tailleuse de profession, âgée de 22 ans,

déclare être enceinte des œuvres de Christian Herman Reuner, de Closter Seeven, ressort deStade, au duché de Brême. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courantdu moi d’août 1778, et continué jusques au mois de février dernier. Il lui a fait des promessesverbales de mariage, ayant demandé au père et à la mère de la plaignante l’entrée dans leurmaison en vue de l’épouser. Elle compte [p. 290] d’être enceinte d’environ sept mois. Entémoin de quoi signé, Lausanne ce 8 avril 1779.

Signée : Charlote Chapuis.Dudit jour, 8 heures du matin.Moi soussigné, Christian Herman Reuner, de Closter Seeven, au duché de Brême,

imprimeur de profession, âgé de 27 ans. Ouï la lecture de la clame que Charlote Chapuisforme contre moi. Je reconnois la vérité de son accusation, et d’ors et déjà la paternité del’enfant dont elle est enceinte, devant porter mon nom, et être entretenu par moi seul aumoment de sa naissance. J’ajoute que je serois disposé à remplir mes promesses de mariage sij’obtenois de Leurs Excellences la permission d’épouser ladite Chapuis, et si ses parents sefaisoient fort, et donnoient assurance de me procurer une bourgeoisie dans l’espace d’un an.En témoin de quoi signé, sous l’obligation générale de mes biens, Lausanne ce 8 avril 1779.

Signé : Christian Herman Reuner, de Closter Seeven, de l’électorat d’Hanovre.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Ordonné que l’un et l’autre seront cités dans la 15 pour rattifier leurs déclarations.

[p. 291]

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[-] Comparoissance de Marc Anthoine Jaquier et de Louise Neyret.Paroissent Jean (sic : Marc) Anthoine Jaquier, d’Echallens, et Louise Neyret, de

Renens, duement assignés. Lecture ayant été faite audit de la déclaration de ladite Neyret àl’instant de ses couches. A dit qu’il reconnoissoit la paternité de cet enfant, avec toutes lessuites, conformément aux loix consistoriales.

[-] Sentence.A l’audience de ce jour 22 avril 1779, par devant nous et le v. Consistoire assemblé,

sentence auroit été rendue, ainsi que la compétance nous en est attribuée par le rescritsouverain du 8 mars 1759, entre Louise Neyret, fille de feu Sanson Neyret, de Renens,habitant de Lausanne, d’une part, et Marc Anthoine Jaquier, bourgeois d’Echallens, commischez le Sr. Heubach, libraire en cette ville, d’autre part. La vén. Chambre ayant considéré lareconnoissance de la paternité par ledit Jaquier, sous son signé en date du 17me. Xbre. 1778,faite en présence de l’huissier de la Chambre, qui en atteste la signature, dite reconnoissanceconfirmée par devant nous le 14 janvier dernier, ledit Marc Antoine Jaquier s’étant reconnupère par l’aveu du commerce charnel, confirmé ce jourd’hui, d’être le père de l’enfant garçondont Louise Neyret est accouchée le mecredi 17 mars dernier, et baptisé à l’église de St.Laurent le 24 dit mois sous le nom de Jean Antoine.

En conséquence, nous avons adjugé d’ors et déjà audit Marc Antoine Jaquier, cetenfant comme illégitime, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par luiseul, de manière qu’il en sera seul [p. 292] chargé au bout de six mois dès la date de sanaissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice, le condamnant à tousles frais de ce procès, sauf modération. Ledit Marc Antoine Jaquier, pour cette seconde faute,subira la peine de 20 jours de prison dans le ressort, selon le prescrit du premier paragraphe,fol. 46 du code consistorial. Et Louise Neyret, pour cette faute simple, subira dix jours deprison dans le lieu du délit. Au sortir de la prison, l’un et l’autre seront admonestés etcensurés en la manière accoutumée.

Au rapport, les parties rentrées, après en avoir entendu la lecture, l’ont acceptée.La présente sentence sera expédiée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême, le

plutôt possible, avec dix baches pour l’inscription de l’enfant au protocole des bâtards, plusune expédition en sera faite aux communautés respectives de Renens et d’Echallens.

[-] Benoît Mercier.Compart Benoît Mercier, cité par lettres à paroître scéans. Lecture lui a été faite du

rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême concernant Jeanne Reymondin et luidit Benoît Mercier, en date du 12 avril courant, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Jeannete Reymondin, de la Corporation françoise de Lausanne, ayant été délivrée dans

la capitale, le 22 mars dernier, d’un enfant [p. 293] garçon, sous examen juridique, danslequel elle a persisté à soutenir que Benoît Mercier, bourgeois dudit Lausanne, l’a rendueenceinte sur la foi de promesses de mariage, et qu’il étoit bien le seul et vrai père de l’enfantqu’elle mettoit au monde. Nous vous chargeons amiablement en conséquence, de faireparoître ledit Mercier par devant vous pour lui manifester ce que dessus, et exiger de lui sadétermination actuelle, tant sur la clame de paternité que sur celle du mariage, dont vous nousferez l’expédition en toute diligence. Nous vous recommandons à la protection divine. Donnéce 12 avril 1779.

Reçue le 16 août 1779.Interrogé s’il reconnoît la paternité de l’enfant dont la Jeannete Reymondin est

accouchée le 22 mars dernier, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par

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lui, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice au bout de six mois dès la datede sa naissance, suivant le prescrit des loix consistoriales.

Rép. : Que oui, et que l’accusation de Jeanne Reymondin est bien conforme à la vérité.Interrogé s’il reconnoît l’accusation que lui fait Jeannete Reymondin, de l’avoir rendue

enceinte sous la foi de promesses de mariage.Rép. : Qu’il ne lui a fait aucunes promesses de mariage, et qu’elle ne peut en

administrer la preuve, ni par témoins, ni par écrit. Qu’au surplus, étant mineur, sa mère aformé opposition très expresse, de même que son oncle [p. 294] paternel et son frère JeanJaques Mercier, ici présent.

Il prie la v. Chambre, vu la promptitude avec laquelle cette expédition doit se faire, depermetre qu’entre ici et samedi prochain à midi, il soit admis à déposer au greffe une pièce dedeffence, dans laquelle ces moyens pourroient être plus dévelopés que ceux de ses parents.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre accorde audit Benoît Mercier de produire au greffe lapièce de deffence qu’il demande, moyennant qu’il la produise pour samedi 24 du courant àmidi.

Remplacement à Pâques du seigneur ancien trésorier Daxelhoffer, président.Mr. Tillier, anc. baillif d’Interlachem, assesseur.Mr. Haller, anc seigr. grandsautier, assesseur.

6 mai 1779

Du jeudi 6me. mai 1779.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le v. Consistoire [s’est

assemblé], ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin, présent, de l’Eglise allemande, banneret de Saussure, conseillersDétallents, de Crousaz, assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire.

[-] Jeanne Marie Reymondin ; Benoît Mercier.Le samedi 24me. avril 1779, a été expédié le paquet concernant Jeannete Reymondin et

Benoît Mercier, de Lausanne, à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[p. 295]

[-] Louise Neyret et Marc Anthoine Jaquier.Par le courier de samedi 24e. avril 1779, expédié un double de la sentence rendue le 22

dit avril par cette v. Chambre d’entre Louise Neyret et Marc Anth. Jaquier, à Mr. le secrétairedu Consistoire suprême, avec dix baches pour l’inscription de l’enfant illégitime au protocoledes bâtards.

[-] Comparoissance de Benoît Mercier.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, de la date du 27e. avril dernier, concernant Jeanne MarieReymondin et Benoît Mercier, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous avons vu par votre dernière lettre, et par la pièce qui l’accompagnoit, concernant

Benoît Mercier, de Lausanne, et Jeannete Reymondin, de la Corporation françoise dediteville, que ledit Mercier s’étoit reconnu encore une fois le père de l’enfant garçon que laRaymondin a mis au monde dans la capitale le 22e. mars dernier. Mais que sa mère et sesautres parens faisoient les plus fortes oppositions à son mariage avec la plaignanteReymondin, à raison de ce qu’il est mineur d’ans. Sur quoi, en cet état des choses, nous avonsadjugé d’ors et déjà, comme illégitime, le susdit enfant garçon au père reconnu, devant [p.296] porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui, de manière qu’il en sera seulchargé au bout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère trois crones pour

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son gage de nourice. Au surplus, nous avons condamné ledit Mercier envers elle, à tous lesfrais de ce procès, sauf modération.

Et quand à la punition de ce délit, ledit Mercier, pour être coupable de récidive, devrasubir à Lausanne, vingt jours de prison selon la rigueur de la loi. Et ladite Reymondin, aucontraire, sera affranchie de toute peine puisqu’elle avoit conçu son enfant sous la foi depromesses de mariage.

Et comme nous avons vu avec déplaisir cette seconde séduction de la Reymondin de lapart dudit mineur, nous vous chargeons amiablement de le faire paroître par devant vous, avecsa mère, pour les avertir sérieusement l’un et l’autre, que l’accusé se garde bien d’avoiraucune liaison ni fréquentation dans la suite avec la plaignante, puisque s’il commetoit unenouvelle faute, il sera dénoncé par nous à Leurs Excellences du Sénat, qui employeront pourle corriger la plus sévère discipline.

Vous retirerez dudit Mercier pour l’émolument de notre Chambre 188 baches, quevous enverrez dans le délai d’un mois à notre secrétaire. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 27me. avril 1779.

Reçue le 30 avril 1779.[-] Comparoissance de Benoît Mercier et de sa mère.Benoît Mercier dhuement assigné, conjointement avec sa mère, paroissans. Lecture

leur a été faite dedite sentence. Et en conséquence leurs ont été adressé par Monsieur leprésident, de fortes exortations tendantes à ce que ledit Benoît Mercier, vu l’indignationcontre lui de nos illustres seigneurs, il cherche à prévenir leurs menaces par une meilleureconduite, et à la mère, d’y veiller sérieusement.[p. 297]

Ledit Benoît Mercier a payé les 188 baches pour l’émolument du Consistoire suprême,qui seront expédié à Mr. le secrétaire par le courier de samedi prochain 8me. du courant moisde mai.

[-] Mercier devra tout de suite subir sa peine.Délibéré que ledit Benoît Mercier, en conséquence de la sentence rendue par nos

illustres seigneurs du 27e. avril passé, devra être conduit tout de suite à l’Evêché pour y subirsa peine.

[-] Concernant Charlotte Chapuis et Christian Herman Reuner.Françoise Fivaz, femme de Jean Louis Chapuis, ferblantier, bourgeois de cette ville,

informe la v. Chambre que l’un et l’autre ont consenti au mariage de leur fille CharloteChapuis avec Christian Herman Reuner, de Closter Seevin, ressort de Stade, au duché deBrême, imprimeur de profession, et qu’il se propose de présenter incessamment une requête àLeurs Excellences du Sénat pour obtenir la bénédiction de son mariage avec ladite Chapuis.

[-] Comparoissance de Reuner.Ledit Christian Herman Reuner paroissant, nous a confirmé ses promesses de mariage

avec Charlotte Chapuis, et qu’il alloit incessamment adresser un[e] très humble requête àLeurs Excellences, pour obtenir la bénédiction de son mariage.

[-] Concernant Julie Fontaine et Jean Milliet.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême de la date du 22e. avril dernier, concernant Julie Fontaine et Jean Milliet, dont lateneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.[p. 298]

Vous apprenez, par les deux sentences ci incluses, ce que nous avons trouvé bond’ordonner sur le procès ventillant entre le jouaillier Jean Milliet, de Joutens, et Julie

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Fontaine, privée de bourgeoisie. Nous vous enjoignons amiablement de les faire remettre auxparties. Sur quoi nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 22 avril 1779.

Reçue le 26 avril 1779.Nous, le président et les assesseurs du Consitoire suprême de la ville et république de

Berne. Sçavoir faisons par les présentes, qu’à l’audience de ce jour, ont comparus par devantnous le jouailler Jean Milliet, de Joutens, habitant de Lausanne, et Julie Fontaine, privée debourgeoisie. Laquelle fait clame de paternité contre lui. Et comme cette dernière a confirméencore une fois à l’instant de ses couches son accusation de paternité contre ledit Milliet,laquelle il auroit désavouée, quoi qu’il ait été cependant obligé de convenir qu’il avoit eu delongues habitudes charnelles avec elle. Telles étant les circonstances de cette cause, nousn’avons pu prononcer (en mettant de côté le serment purgatoire), que l’enfant fille, baptiséesous le nom d’Henriette, dont la plaignante est accouchée le 9 9bre. dernier, devroit êtreadjugée d’ors et déjà comme illégitime audit Milliet, avec toutes les suites ordonnées par laloi, de manière qu’il sera chargé seul de cette enfant au bout de six mois dès la date de sanaissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Nous l’avons du restecondamné envers elle à tous les frais de ce procès, sauf [p. 299] modération. Et l’un et l’autredevront subir à Lausanne, ainsi que lieu du délit, la peine portée par les loix pour cette fautesimple. Fait et passé ce 22me. avril 1779.

Signé : S. Tschiffely, substitut.[-] Comparoissance de Julie Fontaine et de Jn. Milliet.Julie Fontaine et Jean Milliet paroissans. Lecture leur ont été faite dedite sentence, leur

en ayant remis un double à l’une et l’autre des parties.Ledit Milliet, après en avoir entendu la lecture, a dit qu’il en appelloit avec respect.Au contre, ladite Fontaine l’a acceptée avec respect, s’opposant audit appel, vu que les

14 jours de l’appel sont écoulés, et que ledit Milliet avoit eu connoissance deditte sentencelorsque le rapport leur en fut fait au Consistoire suprême le 22 avril dernier.

Délibéré que le plutôt possible, il sera donné avis à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, par le courier de samedi prochain 8 du courant, que Jean Milliet, en luiremettant dite sentence, il en a appellé avec respect.

[-] Concernant Jne. Marguerite Vere et Combrias.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, de la date du 15 avril 1779, concernant Marguerite Vere, de Chapelles, et AbrahamHenri Combrias, se disant de Neuchâtel, dont la teneur suit.[p. 300]

Tit. & alloc.Puisque Jeanne Marguerite Vere, de Chapelles, domiciliée chez son père, au Petit

Ouchy, a persisté à l’examen de ses couches, dans son accusation contre Abram HenriCombrias, soi disant de Neuchâtel, et que l’accusé se trouve absent du pays. Nous avonsadjugé à ladite Vere, comme illégitime, avec toutes les suites portées par la loi, l’enfantqu’elle a eue de lui, jusqu’à ce qu’elle ait contraint le père de se présenter à nous pour êtreconfessant. Et nous laissons à ses soins (dans le cas qu’il lui importe), de poursuivre leditCombrias par devant son juge au sujet de l’entretien de cette enfant.

Quand à la peine, nous en avons affranchi ladite Vere entièrement à raison depromesses de mariage qu’elle a entre ses mains. Vous retirerez d’elle pour l’émolument denotre Chambre 110 baches, que vous enverrez à notre secrétaire dans le délai d’un mois. Nousvous recommandons à la protection divine. Donné ce 15 avril 1779.

Reçue de 19e. avril 1779.Jeanne Marguerite Vere paroissant. Lecture lui a été faite dedite sentence, lui ayant été

recommandé d’avoir soin de son enfant.[-] Comparoissance de Jaques Lombard et de ses deux enfans.

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Jaques Lombard, domicilié au moulin de Pierraz de Plan, paroissant avec son fils JeanPierre, âgé de 19 ans et demi, et sa fille, Madeleine, baptisée le 13 7bre. 1761, lesquels n’ontcommunié ni l’un ni l’autre.

Ayant été produit un billet de Albert Louis Blanc, régent aux Rappes, que ledit JeanPierre n’avoit jamais rien put apprendre.

Sur quoi Mr. le révérend doyen Polier de Bottens veut bien charitablement se chargerde parler au Sr. Saucon, régent de l’Hôpital, pour leur donner des instructions, et le père apromis de les envoyer régulièrement à l’école de l’Hôpital.[p. 301]

20 mai 1779

Du jeudi 20e. mai 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,banneret de Saussure, conseillers Détallents, de Crousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Jean Milliet et Julie Fontaine.Le paquet concernant l’appel interjeté par Jean Milliet de la sentence rendue par nos

seigneurs du Consistoire suprême le 22 du mois d’avril dernier, de son cas avec JulieFontaine, a été expédié le samedi 8e. mai 1779.

[-] Expédition de 186 batz concernant Benoît Mercier et la Reymondin.Le samedi 8e. mai 1779, il a été expédié par le courier cent huitante six baches à Mr. le

secrétaire du Consistoire suprême pour l’émolument de la suprême Chambre, acquité parBenoît Mercier dans l’assemblée de jeudi 6 du courant moi[s] de mai, en suite de la sentencerendue le 27 avril dernier.

[-] Concernant Christian Herman Reuner et Charlotte Chappuis.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la v. Chambre que Christian Herman

Reuner, de Closeter Seeven, duché de Brême, électorat d’Anovre, auroit présenté requête àLeurs Excellences pour obtenir la permission de faire bénir son mariage avec CharloteChapuis, bourgoise de Lausanne, sans publications de bams. Ce qu’il auroit obtenu sous laréserve de se procurer une bourgeoisie qui soit agréable, dans l’an et jour, sans quoi le mari, lafemme et l’enfant devoient évacuer le pays irrémissiblement.

A la faveur de son brevet, daté du 6 du courant mois de mai, ledit Reuner a reçu, àPrely, la bénédiction de son mariage lundi dernier, par Mr. le ministre Blanc.

[-] Déboursés charitables pour l’enfant illégitime de Julie Fontaire.Mr. le président ayant promis dix baches par mois pour contribuer à l’entretien de

l’enfant fille de Julie Fontaine pendant le courant de la procédure, a délivré lundi [p. 302]dernier 17 dit mai, à Mr. le receveur Secrétan, en sa qualité de boursier de la Société deshabitans, six francs de ses deniers, depuis le 9e. 9bre. 1778 jusques au 9e. du courant mois demai.

[-] Déclaration de Marg. Corbaz contre Rosan, &c.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Marguerite Corbaz, de

Lausanne et du Mont, contre Jean Rosan, de Grenoble, du 10e. mai 1779, dont la teneur suit.Du lundi 10 mai 1779, 5 heures du matin.Marguerite Corbaz, fille de feu Isaac Corbaz, bourgeois de Lausanne et du Mont, âgée

de 27 ans, actuellement servante chet le Sr. Bentz, rue et bannière de la Palud, déclare êtreenceinte des œuvres de Jean Rosan, de Grenoble, catholique romain, âgé de 23 ans, gantier deprofession. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de décembre1778, et continué jusques en avril dernier. Il lui a fait des promesses verbales de mariage. Il adisparu vendredi 7me. du courant. Elle compte d’être enceinte d’environ cinq mois. Interpelléede signer, a dit ne sçavoir pas écrire. Lecture faite, a persisté. En témoin de quoi signé,Lausanne ce 10me. mai 1779.

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Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de la Corbaz.Compart Marguerite Corbaz, assistée de son oncle, Christ Corbaz. Lecture lui a été

faite de sa déclaration, qu’elle a confirmée en tout son contenu.Sur la représentation qu’elle nous a faite de pouvoir faire ses couches chez son oncle

Christ Corbaz, domicilié au Mont, qui veut bien la recevoir.Par délibération de la v. Chambre, on accorde la demande de ladite Marguerite

Corbaz, et on a surçis la procédure jusques au tems de ses couches, et ladite Corbaz pourra seretirer chez son oncle Corbaz, qui veut bien la recevoir chez lui.[p. 303]

Il sera adressé un brevet à Mr. le révérend pasteur du Mont pour l’inviter à nommerdeux prud’hommes du voisinage, non parens, qui entendront la déclaration de ladite Corbaz àl’instant de ses couches, dont il sera couché écriture et signé par eux, pour nous en être faitrapport.

Ladite Marguerite Corbaz rentrée, elle a été exhortée à avoir soin de son fruit, et defaire appeller les préposés pour être entendue à l’instant de ses couches.

[-] Concernant Julie Fontaine et Jean Milliet.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême concernant Jean Milliet et Julie Fontaine, en date du 10 mai 1779, dont la teneur suit.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Puisque Jean Milliet, de Jouxtems, domicilié dans votre ressort ne nous a point

demandé de tems pour se réfléchir, lors du rapport de la sentence qui a été rendue entre lui &Julie Fontaine, privée de bourgeoisie, le 22 avril dernier, et qu’en particulier il a laissé écoulerle terme qui est accordé en pareil cas. Nous n’avons pas pu, principalement à raison de cedernier motif, lui accorder le recours par devant Leurs Excellences du Sénat. Partant, nousl’éconduisons de sa démarche à cet égard.

Nous vous chargeons amiablement de lui communiquer la présente ordonnance, et deretirer de lui pour l’émolument de notre Chambre trente baches, que vous enverrez à notresecrétaire, dans le délai d’un mois. Sur quoi nous vous recommandons à la protection divine.Donné ce 10 mai 1779.

Jean Millet et Julie Fontaine, duement assigné, paroissans. Lecture dudit rescrit leur aété faite en suite de l’ordre de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, surl’éconduction de l’appel qu’il avoit interjeté le 6 du courant mois de mai.[p. 304]

Emolument du Consistoire suprême.Que Benîot Mercier, de Lausanne, bailliage de Lausanne, doit payer suivant la

sentence de ce jour : Cr. BatzLettre de divorce.Lettre proclamatoire1 sentence 2. 10Brevet1 avis à une Chambre 5Déposition de témoins4 lettres dans le pays 5. 5Lettre hors du pays1 expédition sentence 18Controlle 10Billet de tollérance 15

_______

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Donné ce 2me. avril 1779 Somma 7. 13Par ordre circulaire de la part de Leurs Excellences du Sénat, il est enjoint à tous les

Consistoires de leur domination qu’ils retirent dilligemment tous les émolumens dûs auConsistoire suprême qui leur seront demandés par leurs lettres. Qu’il les envoient à leursecrétaire. Mais en cas d’indigence des parties, il en sera envoyé une attestation authentiqueau susdit secrétaire.

Signé : Tschiffeli, secrétaire du Consistoire suprême.[p. 305]

3 juin 1779

Du jeudi 3me. juin 1779.Sous la présidence du nble. seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Besson, pasteurSprunglin, présent, de l’Eglise allemande, conseillers Destallents, Vullyamoz, de Crousaz,assesseur Bergier, secrétaire.

[-] Comparoissance des gouverneurs de la commune du Mont, concernant MargueriteCorbaz.

Les gouverneurs de l’honnorable communauté du Mont, en suite de l’entrée qui leur aété accordée par le noble seigr. lieutenant baillival, ont l’honneur de paroître et de remettreune humble représentation à cette vén. Chambre, tendante à ce que Marguerite Corbaz,enceinte des œuvres de Jean Rosan, catholique romain, puisse faire ses couches en cette villeplutôt qu’au Mont, chez son oncle, assisté de la louable Direction des pauvres, vu que lamaison de Christ Corbaz est écartée, et qu’il se pourroit qu’elle fit ses couches sans êtreentendue.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre, après lecture faite du mémoire de la communauté duMont, a trouvé qu’il y avoit des motifs suffisans pour ordonner à Marguerite Corbaz qu’ellefit ses couches en cette ville.

Lesdits gouverneurs rentrés, ouïs le rapport dedite délibération, Marguerite Corbaz apromis de s’y conformer et d’avertir le n. seigneur président du lieu où elle compte faire sescouches.

[-] Concernant Jean Milliet et Julie Fontaine.Mr. le président ayant observé que Jean Milleit n’avoit fait aucune nottification à Julie

Fontaine pour faire prononcer par devant le juge compétant [p. 306] sur une prétenduereforme, à la suite des sentences qu’on rendues nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, en date des 22 avril et 10 mai dernier, a procuré la citation de l’un et de l’autre à cesujet. En particulier celle de Jean Milliet, pour le contraindre à recevoir l’enfant de JulieFontaine, qui est entré dans son septième mois depuis le 9me. mai dernier. Ledit Millietproclamé, n’a point paru.

Julie Fontaine paroissant. Interrogée s’il lui auroit fait quelque nottification depuis ladernière scéance.

A répondu que non.La v. Chambre, par son délibéré, après mûre réflexion, a trouvé bon d’ordonner au

secrétaire de remettre à Julie Fontaine copie des sentences rendues, avec lesquelle[s] elle seprésentera à la communauté de Joutems et Mézeri pour les astreindre à recevoir l’enfantadjugé à Jean Milliet, leur bourgeois.

[-] Madeleine Haldy, veuve Lienhardt, et George Gutmann.Mr. le président met sur le bureau la déclaration à l’instant de ses couches, de

Madeleine (sic : Marie) Haldy, veuve de Jean Lienhardt, de Coinssins, dont la teneur suit,aussi que celle de la sage-femme et de baptême.

Du vendredi 21 mai 1779, dès 2 heures après minuit jusques à trois heures du matin.

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Moi soussigné, assesseur du v. Consistoire de Laussnne, accompagné du Sr. MoyseFiaux, huissier de la Chambre, me suis transporté dans le domicile de Madeleine Haldy,veuve de Jean Lienhardt, de Coinssins, habitante en cette ville, [p. 306b]6 demeurant chez leSr. Delut, pierrier à la Chenau de Bourg, bannière de Bourg, pour l’entendre dans sadéclaration au sujet du père dont elle est enceinte. Laquelle j’ai trouvé dans les douleurs del’enfantement, étant assistée de la veuve Lebre, sage-femme jurée. Laquelle veuve Lienhardtayant été par moi interrogée par moi, fortement exhortée à donner gloire à la vérité endéclarant le véritable père de l’enfant qu’elle va mettre au monde. Elle a nommé GeorgeGutmänn, de la Russie, ci devant ouvrier chauderonnier chez le Sr. Favre, en cette ville, et dudepuis chez le Sr. Décamp, étant actuellement hors du pays. Son commerce charnel avec luiayant commencé dans le courant de juillet 1778, et ayant continué jusques au milieu d’octobresuivant, confirmant au surplus la déclaration qu’elle a faite au noble seigneur lieutenantbaillival et au v. Consistoire. En foi de quoi j’ai signé audit Lausanne, dans la chambre deladite veuve Lienhardt, le susdit jour 21e. mai 1779.

Signé : Bergier, assesseur.Du vendredi 21 mai 1779, 8 heures du matin.La veuve Lebre, sage-femme jurée, déclare que la veuve Marie Lienhardt, d’elle bien

connue, auroit accouché ce jourd’hui 21 mai, environ sept heures du matin, [p. 307] audomicile de n. Delut, à la Chenau de Bourg, d’une enfant fille, viable, à terme, et de bonnevenue.

Du mardi 1er. juin 1779.Ladite veuve Lebre certifie que la fille naturelle de la veuve Marie Lienhardt, de

Coinssins, auroit été baptisée ce jourd’hui 1er. juin à l’église de St. François par Mr. le ministrede Dompierre, sous le nom de Susanne Louise.

Madeleine Haldi, veuve de Jean Lienhardt, paroissant. Lecture lui ayant été faite de sadéclaration, elle l’a confirmée en tout son contenu.

Interrogée si elle est en état de payer les frais de sa procédure.R. : Que non, qu’elle est chargée de deux enfans filles de son mariage, dont l’aînée à 4

ans et la cadette deux ans et demi.Interrogée combien elle tire de la Chambre des habitans.R. : Qu’elle tire un escus de trois livres par mois.Ordonné que la procédure sera expédiée à nos illustres et puissans seigneurs du

Consistoire suprême samedi prochain 5 du courant mois de juin.[p. 308]

17 juin 1779

Du jeudi 17me. juin 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vénérable Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Prunglin, pasteur de l’Eglise allemande, présent, banneret de Saussure, conseillersDestallents, Vullyamoz, de Crousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Haldy, veuve Lienhardt.Le paquet concernant Madeleine (sic : Marie) Haldy, veuve Lienhard, a été adressé à

nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 5me. juin 1779.Mr. le président met sur bureau l’extrait mortuaire de Jeanne Françoise, fille de Jeanne

Marguerite Vere, de Chapelles, née le 9me. mars 1779, adjugé à la mère le 15 avril suivant,décédée le 13 du courant mois de juin, dont la teneur suit.

6 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 306, d’où p. 306b.

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Jeanne Françoise, née le mardi 9 mars, fille de Jeanne Marguerite Vere, de Chapelles,donnée à Abraham Henri Combrias, se disant de Neuchâtel, adjugé à la mère dite Vere parsentence souveraine le 15 avril 1779, est morte le dimanche 13 juin 1779, à 8 heures du matin.

Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, concernant Marie Haldy, veuve Lienhardt, de Coinssins, en date du 7me. du courantmois de juin, dont la teneur suit.[p. 309]

[-] Lausanne.Tit & alloc.Marie Haldy, veuve de Jean Lienhardt, de Coinssins, ayant persisté à l’instant de ses

couches le 21 mai dernier dans l’accusation qu’elle avoit précédemment formé contre GeorgeGutman, russien, garçon chauderonnier, lequel s’est évadé.

Nous avons en conséquence adjugé à ladite Haldi, comme illégitime, l’enfant fillequ’elle a mis au monde et qui a été baptisée sous le nom de Susanne Louise, devant porter sonnom, être de sa bourgeoisie, et entretenue par elle jusqu’à ce qu’elle ait fait paroître leditGutman par devant nous, et l’ait rendu confessant. Nous avons du reste, condamné ladélinquante à subir dans votre ressort la peine portée par les loix pour cette faute simple. Vousretirerez d’elle pour l’émolument de notre Chambre 110 baches que vous enverrez à notresecrétaire. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 7me. juin 1779.

Reçue le 11me. juin 1779.Marie Haldi, veuve Lienhardt, paroissant. Lecture lui a été faite dedite sentence.Interrogée si elle est en état de payer l’émolument de 110 batz que demande Mr. le

secrétaire du Consistoire suprême.R. : Que non, qu’elle est même assistée.Interrogée quand elle pourra subir la peine à laquelle elle a été condamnée.Rép. : Qu’elle se recommande à la grâce de la vén. Chambre jusqu’à ce que son enfant

soye un peu plus fort. A quoi remise.Il a été enjoint au secrétaire de donner communication de la sentence au Consistoire de

Coinssins.[p. 310]

[-] Comparoissance de Susanne Bovey.Susanne Bovai, née Pinart, âgée de 60 ans, paroissant pour avoir été rapportée avoir

donné à boire à deux hommes pendant le cathéchisme de dimanche dernier dans la pinthe oùelle vend vin pour Mme. Langin.

Ladite s’étant excusée pour n’avoir pas donné du vin pendant le cathéchisme, ne laissepas de se recommander pour cette fois à la v. Chambre, qui a bien voulu, par égard,l’affranchir de l’amande.

Mr. le président est invité d’avoir une conférence avec Mr. le major de la garde, poursçavoir s’il seroit possible d’avoir, par le secours des sergents, de faire que les ordonnancesconcernant les jours de repos fussent mieux observées qu’elle ne sont.

[-] Rapport concernant Jn. Pre. Favraz.Mr. le président informe que Mr. le banneret Gaulis lui auroit décerné le cas de Jean

Pierre Favraz, que dans un transport de fureur, jeudi dernier 10 du courant, à l’entrée de lanuit, chargeoit son fusil, avec menaces de tuer sa femme. Que de plus, il auroit fait rebellioncontre les gardes qui avoient ordre de le saisir. Mr. le président ajoute que n’ayant eu aucuneplainte de ladite femme par écrit, non plus que des gardes, il n’avoit pas encor agis contreledit Favraz.

Messieurs les conseillers ici présents sont invités, vu les circonstances graves de cetteaffaire, à la defférer au n. Conseil de demain.

[-] Concernant Salomon Wäber.

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Mr. le révérend pasteur Chavannes est authorisé à inscrire sur le registre desbaptistaires de cette ville, que Salomon Wäber, nro. 123, secunda, baptisé le 25 aoust 1776, aété légitimé par mariage subséquent le 19 avril 1758 (sic : 1778) entre Salomon Wäber, deMenzeken, tailleur de profession, avec la mère dedite, Anne Françoise Duperrut, de Wufflensla Ville, ainsi qu’il paroît par la signature de Mr. Curtat, révérend pasteur de Prilly, où lemariage a été béni.[p. 311]

1er juillet 1779Du jeudi 1er. juillet 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresches, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin, présent, de l’Eglise allemande, conseillers Destallents, Vullyamoz, deCrousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant la veuve Lienhardt, veuve, née Haldi.La communication de la sentence souveraine concernant Madeleine Haldy, veuve

Lienhardt, a été expédiée à la communauté de Coinssins, à l’adresse de Mr. le révérendpasteur Favre, à Vich, le dimanche 27 juin 1779.

[-] Voyés correspondance avec Mr. Tschiffely concernant Thuillard pour émolument.Le vendredi 9me. juillet, a été expédié par la poste à l’adresse de Monsieur Tschiffeli,

188 baches pour l’émolument que devoit Jean François Thuillard au suprême Consistoire, yayant joint la procure pour le suivre, ayant payé.

[-] Déclaration de Jeanne Madeleine Parisod et Nicolas Revelly.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration de grossesse de

Jeanne Madeleine Parisod, de Lausanne, contre Nicolas Revelly, d’Avenches, en date du 23e.juin dernier, dont la teneur suit.

Du mecredi 23e. juin 1779, 3 heures après midi.Jeanne Madeleine Parisod, fille de feu Samuel Parisod, de Lausanne, ci devant

domestique chez Mr. le cap. Bonjour, à Avenches, âgée d’environ 30 ans, présentementdomiciliée chez son frère Jean Parisod, fauxbourg d’Etras, bannière de Bourg, déclare êtreenceinte des [p. 312] œuvres de Simon Nicolas Revelly, petit bourgeois d’Avenches, âgéd’environ 26 ans, taillieur de profession. Son commerce charnel avec lui ayant commencédans le courant de Xbre. dernier, et continué pendant quelques jours. Il lui a fait des promessesverbales de mariage à réitérées fois, l’ayant accompagnée plus d’une heure de chemin lesamedi 26 Xbre., qu’elle partit pour Lausanne, à onze heures dans la nuit, par le chariot de JeanLouis Rosset. Elle produit trois lettres que lui a écrites ledit Revelly, datées d’Avenches les 10janvier, 13 et 16 juin 1779.

Elle compte d’être enceinte d’environ six mois.Lecture faite, a persisté. En témoin de quoi signé Lausanne ce 23e. juin 1779.Signée : Jeanne Madeleine Parisod, de Lausanne.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de Revelly.Simon Nicolas Revelly, d’Avanches, cité par lettres en date du 21e. juin, paroissant7.Au contre, Jeanne Madeleine paroissant, après avoir entendu la lecture de sa

déclaration qu’elle a confirmé en tout son contenu, persistant de plus fort à sa clame depaternité.

Simon Nicolas Revelly interrogé s’il convient d’avoir accompagné plus d’une lieue dechemin ladite Parisod le samedi 26 Xbre. 1778, à onze heures de la nuit, qui se retiroitd’Avenches sur un chariot. 7 Il semble que le scribe a oublié de transcrire la déclaration de Revelly dans son entier

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R. : Qu’il convient de l’avoir accompagnée environ une lieue.Interrogé de son âge.R. : Qu’il n’en savoit rien.Interrogé si c’est bien lui qui a écrit les trois lettres des dates des 10 janvier, 13 et 16

juin 1779, que ladite Parisod a produites, la 1re. signée Simon Nicolas Revelly, tailleur, et le[s]deux autres, Revelly.[p. 313]

R. : Après avoir jeté les yeux sur ledites trois lettres, il a bien reconnu qu’elle étoientde lui.

Interrogé s’il n’a pas eu commerce charnel avec ladite Parisod dans le courant de Xbre.dernier, ainsi qu’elle l’affirme dans sa déclaration.

R. : Qu’il avoue d’avoir eu commerce charnel avec ladite Parisod dans le courant deXbre. dernier, la nuit du 6 dit, la seule fois qu’il a eu commerce charnel avec elle.

Il prie la v. Chambre de faire entendre ladite Parisod selon le prescrit des loix, àl’instant de ses couches. Après il paroîtra pour suivre en cause.

Ladite Parisod a persisté à dire qu’elle avoit eu commerce charnel avec ledit Revelly le20e. Xbre. 1778 pour la seconde fois.

Interrogée où elle compte faire ses couches.R. : Chez son frère Jean Isaac Parisod, domicilié en Etras.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques après le[s]

couches de ladite Parisod. Laquelle a été exortée d’avoir soin de son fruit, et de faire appellerà l’instant de ses couches les préposés de la vén. Chambre.

Monsieur le président met sur le bureau la plainte de Louise Ramel contre son mari,Anthoine Emmanuel Matthey, de Lausanne, en date du 26 juin 1779, dont la teneur suit.

Du samedi 26 juin 1779.Louise Ramel, âgée de 20 ans, se disant enceinte de deux mois, mariée en avril dernier

avec Anthoine Emmanuel Matthey, de Lausanne, jouailler de profession, âgé de 26 ans, rendplainte contre son mari en raison de ses mauvais procédés et sévices à son égard, comme ausside l’état de misère et d’inanition auquel il la réduit. Elle demande d’être séparée de lit et detable.[p. 314]

[-] Comparoissance des jugaux Matthey.Lesdits jugaux paroissants. La vén. Chambre, après les avoir entendus dans leurs

raisons réciproques, après leur avoir été fait des exortations les plus pathétiques pour lesengager à une réconciliation, la femme en ayant senti la force de ses exortations, les a agréepour une réconcilliation avec son mari. Mais ledit Matthey s’i est refusé constamment.

Sur quoi délibéré, l’un et l’autre ont été renvoyés à paroître par devant Mr. leurrévérend pasteur Besson, qui nous en fera rapport dans la 15e.

[-] Concernant Jeanne Phillipinne Grund et Jaques Peyrand.Mr. le président avise la vén. Chambre qu’aiant reçeu le 26 juin dernier une lettre de

Mr. Serrurier, révérend pasteur de l’Eglise réformée hollandoise de La Haye, datée du 17dudit mois, inclus un mémoire de Jeanne Phillippine Grund. Laquelle se dit enceinte de septmois des œuvres de Jaques Peyran, ci devant soldat dans la compagnie de Mr. le généralmajor d’Aulbonne, à La Haye, et prétend avoir été fiancée avec ledit Peyran par devant Mr. lesecrétaire de la ville le 24 mai 1779, et que les bans de mariage ont été publiés le 30e. maisuivant. Il auroit appris que ledit Peyran étoit arrivé depuis quelques jours.

Sur quoi désirent de témoigner à Mr. le pasteur Serrurier les égards convenables à sarecommandation, il a fait assigner céans ledit Peyran, de même que le François Bourlot,habitant de cette ville, son oncle maternel, pour l’exorter à remplir les promesses de mariage

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qu’il a passée à ladite Grund, soit pour l’engager à donner quelque indemnité en faveur del’enfant qui doit naître et dont il est vraisemblablement le père.

Ledit Peyran, selon les formes proclamé, n’a point paru.Le Sr. Bourlot, son oncle, s’est présenté. Lequel expose que ledit Peyran n’est point

natif de Lausanne, ni sujet [p. 315] de Leurs Excellences de Berne, et que si son neveu avoitparu, il auroit pu légalement décliner le tribunal, avec d’autant plus de raison qu’il n’est pasdomicilié dans le pays depuis un an et jour.

Quand au fond, il auroit excepté qu’il n’a point été assisté de deux témoins de son côtélorsque son mariage a été inscrit au protocolle publics ainsi que la loi l’ordonne, et qu’on ausé de surprise à son égard.

Au surplus, le comparant offre d’administrer preuve juridique que son neveu est né àGenève le 19e. 7bre. 1756, et par là même mineur d’ans, et qu’autant qu’en lui est, il apporteopposition formelle au mariage dudit Peyran avec ladite Grund, comme il a déjà faitprécédemment, et dont la requérante doit être bien informée.

Et par rapport à quelque indemnité en faveur de l’enfant dont elle est enceinte, le Sr.Bourlot manifeste qu’il ne peut prendre aucun engagement à ce sujet, la famille Peyran,orpheline et sans fortune, composée de quatre personnes, étant à sa charge depuis nombred’années. Il ajoute que son neveu lui a assuré qu’il avoit laissé chez ladite Grund pour plus de40 florins de Hollande d’effets et d’habillemens, dont elle saura bien faire usage.

La v. Chambre délibérant sur cette affaire, a trouvé qu’il n’étoit pas possible pour lecoup de faire des démarches ultérieures qui, vraissemblablement deviendroient infructueuses.Ainsi qu’il y a lieu de charger le secrétaire d’adresser à Mr. le pasteur Serrurier expédition dece que dessus, en lui présentant de la part de la Chambre, ses honneurs empressés et sesassurances les plus sincères de dévouement et de parfaite collégialité.

Copie de la lettre adressée à Mr. le révérend pasteur Serrurier, à La Haye, avec laprocédure d’entre Jeanne Phillippine Grund et Jaques Peyran.[p. 316]

Monsieur,Notre Chambre consistoriale auroit bien désiré de pouvoir vous seconder, Monsieur,

dans le charitable dessein que vous avez eu de réunir le nommé Peyran avec son épouse. Maisce jeune homme n’étant point du pays, il n’a pas été possible d’informer le supérieur de cetteaffaire qui, selon nos loix, n’auroit pu avoir une heureuse issue vu la minorité du défendeur etl’opposition formelle de ses parents. Quand à la paternité de l’enfant, si ledit Peyran s’étoittrouvé sujet de Leurs Excellences, il n’auroit point été impossible qu’il ne lui fut adjugécomme légitime par sentence souveraine, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, etentretenu par la communauté à son défaut, à raison des promesses publiques qu’il a passéesavant les couches.

Je saisis avec bien de l’empressement cette occasion pour vous témoigner, Monsieur,le respectueuse considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humbleet très obéissant serviteur,

Lausanne ce sammedi 17 juillet 1779.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.

[p. 317]22 juillet 1779

Du jeudi 22 juillet 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes.conseiller[s] Destallents, Vullyamoz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Emolument de Thuillard expédié à Berne à Mr. Tschiffelli.

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Le vendredi 9me. juillet 1779, a été expédié à l’adresse de Mr. Tschiffely, secrétaire duConsistoire suprême, 186 baches pour émolument de la suprême Chambre, que devoit payerJean François Thuillard, qu’il a falu suivre, y ayant joint la procure qui avoit été envoyée à cesujet.

[-] Jeanne Phillipinne Grund et Jaques Peyrand.La procédure concernant Jeanne Phillipinne Gründ et Jaques Peyran, natif de Genève,

a été expédiée en réponse à l’adresse de Mr. Serrurier, révérend pasteur de l’Eglise réforméehollandoise, le vendredi 16 juillet 1779.

[-] Les jugaux Matthey.Paroissent les jugaux Matthey. Lesquels informent la vén. Chambre qu’ils se sont

rendus auprès de Mr. le révérend pasteur Besson. La femme le samedi 10 juillet courant, et lemari le vendredi 16 dit. Manifestant l’un et l’autre qu’ils sont touchés des bonnes et sagesexhortations qui leur ont été adressées, et qu’ils se disposent à se réconcillier. Le mari atémoigné de la douleur au sujet des plaintes que sa femme a rendu contre lui, et demandepréliminairement que sa femme reconnoisse qu’elles étoient injustes.

A quoi ladite femme a répondu qu’elle retire à elle les plaintes qu’elle avoit faite,comme non fondées, ne les ayant portées dans le dessein de nuire à son honneur, et qu’elle sedispose sincèrement à vivre en paix avec son mari, et à concourir de son mieux à procurer sonbonheur et lui rendre à tous égards les devoirs que son état exige.[p. 317b]8

Le mari s’engage de son côté à bien vivre avec sa femme, de lui donner en toute lesoccasions des marques de son amitié.

Sur de nouvelles exhortations, les parties se sont données la main de réconcilliation, etont promis de bien vivre dans la suite d’une manière chrétienne, et de se réunir le plutôtpossible.

[-] Comparoissance de Mrite. Bournand, femme de François Borde.Paroît Marguerite Bournand, âgée de 28 ans et sans enfans, fille de feu Abraham

Bournand, bourgeois de Ste. Croix, bailliage d’Yverdon, femme de François, fils de feuGuillaume Borde, ainsi qu’il paroît par l’extrait signé révérend Winguer, pasteur suffragant àCoppet, en date du 20 juillet 1779.

Laquelle a l’honneur d’exposer à la vén. Chambre qu’aiant été mariée à Coppet le 24e.9bre. 1773 avec ledit François Borde, fils de réfugié de Meyllan en Languedoc, dit domicilié àLausanne, présentement hors du pays. Ils se rendirent à Genève, où au bout de deux mois,ledit Borde fut flétri par justice et chassé dudit Genève. Lequelle délaissa la requérante et nelui a jamais donné aucunne de ses nouvelles dès lors. Peu de jours avant son départ, il luiporta des coups, la jetta par terre, et lui blessa le genou, dont elle en a souffert pour plus dedeux ans, et en est à présent estropiée. Elle a reçeu dernièrement une lettre écrite de Paris danslaquelle il lui demande ses derniers sentimens.

Elle prie la vén. Chambre, vu le laps de tems pendant lequel sondit mari n’a pointcherché à la joindre, de donner cours à sa très humble requête auprès de n. ill. seigneurs duConsistoire suprême, pour en obtenir les proclamations d’usage contre ledit Borde, son mari,et qu’ensuite le divorce lui soit accordé.

La vén. Chambre, par son délibéré, a surçis la suite de cette affaire jusques à ce qu’ellefasse conster qu’elle a été reçue habitante de cette ville.[p. 318]

[-] Concernant la femme Chabeaud.Sur l’information que le noble seigneur lieutenant baillival a donnée des nouveaux

troubles qui s’ellevoient entre les jugaux Chabeaud, Mr. le révérend pasteur Chavannes est

8 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 317, d’où p. 317b.

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invité à recevoir la femme de Mr. Chabeaud chez lui, à l’heure de sa commodité, pourl’exhorter à ne pas suivre à la clame de divorce qu’elle projette, et lui faire sentir quellefâcheuse influence cette démarche pourroit donner sur les affaires de son mari, et lanombreuse famille, au nombre de sept enfans, dont Dieu les a béni.

Mr. le révérend pasteur Chavannes a marqué jour pour dimanche prochain 25 ducourant, après le sermon du soir. Ainsi que l’huissier Fiaux devra assigner par billet signé dusecrétaire ladite Dlle. Chabeaud pour l’instant indiqué.

[-] Concernant les bailliages médiats.Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême en date du 28e. juin 1779, concernant la compétance de la v. Chambre ensuite de l’arrêt souverain du 8 mars 1759 &c., dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous avons observé par le verbal que vous nous avez adressé le 22 avril dernier,

concernant la cause de paternité entre Louise Neyret, de Renens, et Marc Antoine Jaquier,d’Echallens, que dans diverses occasions, vous outrepassez votre compétence d’une manièrecontraire aux ordonnances souveraines. En sorte que nous n’avons pu nous dispenser, suivantnotre devoir, de représenter ce manquement de votre part à Leurs Excellences du Sénat, pouravoir à ce sujet les directions [p. 319] qu’elles trouveroient bon de nous donner.

En suite de quoi, il nous est parvenu un ordre en date du 24 du courant, de vous fairesavoir par notre canal, que Leurs Excellences n’approuvent point que vous vous attribuez lepouvoir, d’un côté, de prononcer sur des fautes, à la vérité simples, mais qui sont en résidives,et de l’autre, sur des causes dans lesquelles il n’y a pas effectivement de contestation, maisqui regardent des communautés et bourgeoisies dans des bailliages médiats, et de leurexpédier des copies de votre sentence. C’est en conséquence que nous vous faisons uneobservation à ce sujet, et que nous vous enjoignons de vous mieux conformer à l’avenir auxordonnances souveraines sur ces matières, vous avertissant très sérieusement de ne pasmanquer à nous faire parvenir directement de semblables verbaux. Ce dont nous vousinformons afin que vous vous dirigiez mieux dans la suite. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 28me. juin 1779.

La v. Chambre, après lecture faite dudit rescrit, par son délibéré, prie Messrs. lesrévérends doyens Polier de Bottens et Leresche, de se rendre auprès de sa magnifique seig.baillivale la prier de faire passer à Leurs Excellences du Sénat un mémoire justificatif sur lamanière dont la Chambre a procédé dans la sentence qu’elle a rendue entre Louise Neyret, deRenens, et Marc Antoine Jaquier, d’Echallens. Ajoutant qu’il lui plaise de faire expédier unecopie du rescrit du 28 juin dernier, dont rapport nous sera fait.[p. 320]

5 août 1779

Du jeudi 5 août 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteur Chavannes, conseiller[s]Destallents, de Crousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Anne Susanne Amy et Jn. Jacob Wanner.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau une sentence de Leurs

Excellences du Sénat concernant Anne Susanne Amy, d’Oggens, et Jean Jacob Wanner, deNidau, en date du 6me. juillet 1779, dont la teneur suit.

Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne. Sçavoir faisons par lesprésentes, qu’il auroit été porté par devant nous un recours sur mattière consistoriale ventillant

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entre Jean Jacob Wanner, de Nidau, fils d’un boucher de Lausanne, recourant, d’une part, etAnne Susanne Amy, d’Oggens, défenderesse, d’autre part.

Pour sçavoir si, malgré l’aveu que Wanner a fait ci devant d’avoir eu commercecharnel avec Susanne Amy le 21 avril de l’année dernière, et le mardi suivant, il estprésentement autorisé à rejetter la paternité de l’enfant garçon dont ladite Amy est accouchéele [p. 321] 9me. Xbre. dernier, en présentant à cet effet deux exceptions. L’une, que le tems descouches ne correspond point avec la date indiquée de la conception, et l’autre qu’on est en étatde prouver par témoins que Susanne Amy se seroit livrée au péché charnel avec un garçonboucher, en pleine rue, dans un tems plus rapproché de 14 jours du terme ordinaire descouches,

Sur quelles questions, le Consistoire suprême auroit prononcé le 25 février dernier.Et nous, après que les parties ont été entendues en contradictoire, ouï et examiné le

rapport à ce sujet.Nous sentençons et prononçons qu’il a été bien jugé à la date ci dessus par le

Consistoire suprême, tant sur le premier point, dans lequel on a été unanimes, que sur lesecond, qui a passé à la pluralité. En sorte qu’il a été mal recouru par devant nous. Que lapartie succombante devra supporter les frais que cette affaire aura occasionné. Enconfirmation de quoi le présent a été muni du sceau de l’Etat et expédié le 6me. juillet 1779.[p. 322]

Mr. le révérend pasteur Chavannes ayant été chargé à la dernière assemblée du 22juillet dernier, d’appeler la femme Chabaud pour lui faire des exhortations à la paix, et ladétourner de demander divorce contre son mari, fait rapport que toutes ses instances ont étéinutilles, et qu’il n’a pas été possible de l’amener à une heureuse réconciliation.

[-] Comparoissance de la Dame Chabaud.Compart la Dame Chabaud, née Nillion, contre son mari, marchand bijoutier, habitant

de cette ville, cité par lettre à paroître à ce jour, consté de la relation de l’huissier Fiaux, auxfins d’être entendue dans ses raisons tendantes à demander divorce d’avec son mari,produisant à cet effet sa demande par écrit, et une chanson dans une lettre adressée à son mari.

[-] Comparoissance de Mr. Chabaud.Mr. Chabaud paroissant, présente par écrit le papier suivant pour lui servir de dictature,

pour être enregistrée. Par lequel il oppose à la demande en divorce de sa femme. Ajoutant quesi sadite femme retiroit sa clame de divorce et qu’elle se contentat de solliciter une séparationterminelle, il pourroit se disposer à consentir à cette séparation, pourvu que toutes les chosesqui doivent suivre fussent mise en règle amiablement avec Messrs. ses baux-frères pour qui ila toute la considération et tous les égards possibles.

Mr. Nillion, frère, habitant de cette ville, a aussi paru, tant à son nom qu’en celui deMessieurs ses frères, pour assister et donner des conseils à sa sœur en cette affaire.

Sur quoi il a l’honneur d’exposer qu’aiant une connoissance entière des altercationsqui ont reignés entre le Sr. Chabaud et sa femme, ils estiment que si leur sœur ne pouvoit pasobtenir divorce, une séparation terminelle ne pourroit qu’être, dans le cas présent, pour le [p.323] moment qu’absolument nécessaire pour redonner la paix et le calme à leur esprit irrités.

Dictature de Mr. Chabaud, présentée pour être enregistrée,Monsieur le président et Messieurs,Dès la première fois que j’eu l’honneur de paroître chez Monsieur le lieutenant

baillival, après lui avoir fait récit des solides raisons que j’avois à opposer au prétendu titrequi sert aujourd’hui de prétexte à ma femme pour se donner en spectacle devant votre tribunalet devant tout le public, je témoignai ensuite à Mr. le lieutenant baillival les voyes amicalesauxquelles je me pretterois conjointement avec les parents de ma femme pour, s’il étoitpossible, parvenir à tranquilliser son esprit échauffé et lui faciliter les moyens de vivreentièrement dans l’indépendance, seul but auquel de tous tems elle a aspiré, ainsi que peuvent

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prouver, à mon grand regret les registres de cette vén. Chambre. Sur tout quoi, j’implore larelation de Mr. le lieutenant baillival, président de ce tribunal.

Dès lors, j’ai cherché plus d’une fois dans le particulier, et à l’amiable, de persuader àma femme qu’elle n’obtiendroit jamais les fins de sa demande, n’aiant aucun titre, ni aucunneraison valable à avancer devant un tribunal juste et éclairé, que je ne pusse très facillementcombatre. Que par conséquent elle ne cherchoit qu’à dépenser de l’argent mal à propos. J’aipoussé mes représentations plus avant, en tâchant de lui persuader que quand même ellepourroit parvenir à son but, [p. 324] son honneur, la Religion et l’amitié qu’elle doit à sesenfans, devroit seule la détourner d’une idée qui l’imprimera mal dans l’esprit de toutehonnête personne. Aucun de ces touchans motifs n’a pu trouver place dans son cœur, et nem’a même attiré que des invectives. Dès lors, j’ai gardé un profond silence. Je n’ai doncaucun reproche à me faire, ma femme aiant mis de côté tout sentiemens d’amitié pour septenfans qui ont en leur faveur la voix publique, et méprisé les touchantes exhortations qui luiont été adressées par Mr. le président. Il ne me reste qu’à me deffendre par le droit à la clameque me fait ma femme à ce jour. Et pour y suivre dans l’ordre et la règle que les loixordonnent, j’oppose à ma femme, par préliminaire, les exceptions suivantes.

1°. Elle ne peut point plaider contre moi, et moins encore en matière de divorcependant qu’elle est à mon pain et dans mon ménage, cette position ne pouvant se concilieravec l’idée de troubles et de procès.

2°. Elle n’a point annoncé dans son mandat de citation, ainsi que l’exige la loi 111, fol421 du Coutumier, les causes, soit les motifs, de sa demande.

3°. Elle m’a donné citation dans une époque où elle n’ignore pas que mes affairesm’appellent à voyager, et que je dois partir demain ou après demain pour un voyage d’environun mois, qui ne me permet pas de vaquer aux affaires qu’elle me suscitte. En conséquence, jeconclud à ce que ma femme soit renvoyée à mieux agir sur ces trois articles, et de plus qu’ellesoit condamnée aux frais frustraires.

Et comme elle pourroit profiter de mon absence pour quitter ma maison et s’emparerdu plus grand nombre de mes effets qu’elle pouroit, je prie cette v. Chambre de lui deffendrede sortir quoi que ce soit de chez moi, sinon, et uniquement, ses hardes et nipes personnellessous intervention juridique, pour servir au besoin, à peine d’en répondre. Comme aussi de nepoint détourner sous aucun prétexte que ce soit ma fille aînée, qui est en apprentissage chezMde. Lunel, la veuve, et Lanteret.

Signé : Et. Chabaud.[p. 325]

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre a renvoyé d’office les parties, suivant le prescrit dela loi 4, folio 23, à reparoître de nouveau dans 4 semaines, sous l’espérance que la femmeChabaud se disposeroit peut être, sur les pressantes exhortations de Messrs. les pasteurs, àretirer sa clame de divorce.

[-] Concernant l’enfant garçon de Jeanne Marie Fornay et George Krug.Mr. le président met sur le bureau les déclarations qui lui ont été adressées, tant sur la

naissance de l’enfant de Jeanne Marie Fornay à mis au monde, et de son baptême, plus de lareconnoissance de Georges Krug a donnée par écrit, dont les teneurs suivent.

Du vendredi 23 juillet 1779, 9 heures du matin.Marguerite Genou, femme de Nicolas Grefffy, de Bussigny, sage-femme jurée, déclare

que Jeanne Marie Fornay auroit accouché ce jourd’hui, environ quatre heures du matin, audomicile de son père, Jean Jaques Fornay, à Ouchy, d’un enfant garçon, viable, à terme et debonne venue.

Du samedi 24 juillet 1779, 7 heures du matin.

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Moi soussigné, George Krug, de Paudex, habitant de cette ville, me reconnoit d’ors etdéjà père de l’enfant garçon dont Jeanne Marie Fornay accoucha hier, devant porter mon nom,être de ma bourgeoisie, et entretenu par moi seul, aux termes des loix consistoriales.[p. 326]

En témoin de quoi j’ai signé, sous l’obligation générale de mes biens, et approuvél’écriture, Lausanne ce 24 juillet 1779.

Signé : George Krug, de Paudex.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Du mardi 28 juillet 1779, 7 heures du matin,La sage-femme Gruffy certifie que le fils naturel de Jeanne Marie Fornay a été baptisé

hier 27 du courant, à l’église de St. François, par Mr. le révérend pasteur Chavannes, sous lenom de George Gaspard.

George Krug paroissant, a confirmé son engagement du 24 juillet dernier, après lecturequi lui en a été faite.

Sur quoi délibérant, la vén. Chambre manifeste qu’elle a eu lieu d’être satisfaite desmarques de repentances qu’a donné ledit George Krug, dont certifient Messrs. les révérendspasteurs, et de la bonne conduite de sa femme, qui lui pardonne sa faute qu’il a commise. LaChambre prend la liberté d’observer que cette circonstance pourroit contribuer en quelquechose à diminuer la peine portée par la loy contre les délinquants. Elle ordonne au secrétaire,suivant le rescrit du 8 mars 1759, de lever incessamment la procédure, pour la faire parvenir àn. ill. et puissans seigneurs du Consistoire suprême, par le courier de samedi prochain, 7me. ducourant.[p. 327]

[-] Déclaration d’Esthet Rittener et Jean Beboux.Mr. le président met sur le bureau la clame de mariage et de paternité d’Esther Rittner,

du Château d’Oex, contre Jean Beboux, de Belmont, du 4 août 1779, dont la teneur suit.Du mecredi 4me. août 1779, 8 heures du matin.Esther Rittner, fille de feu Moyse Rittner, de Château d’Oex, âgée de 25 ans,

actuellement servante chez le Sr. Isaac Ignou, imprimeur à la Cité Dessous, déclare êtreenceinte des œuvres de Jean Beboux, fils de Ferdinand Beboux, de Belmont, âgé de 24 ans,garçon imprimeur travaillant chez le Sr. Ignou. Son commerce charnel avec lui aiantcommencé dans les derniers jours du mois d’avril présente année 1779, et continué jusqu’aumilieu de juillet. Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois.

Ledit Beboux lui a fait des promesses verbales de mariage, qui ont été confirmées parla publication des bans le dimanche 25 juillet dernier. En témoin de quoi signé, Lausanne ce 4août 1779.

Signé : Esther Rittener.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 328]Dudit jour 4me. août 1779, 9 heures avant midi.Moi, Jean Beboux, de Belmont, sur la lecture de la clame de paternité d’Esther

Rittener, de Château d’Oex, reconnois la vérité de son accusation, et me présenterai selon laloi, pour père de l’enfant qu’elle mettra au monde, pourvu qu’elle accouche à la date indiquée.

Mais quand à la clame de mariage, je ne puis l’admettre vu l’opposition que ma chèremère, Louise Borgeod, veuve Beboux y apporte à raison de ma minorité. En témoin de quoisigné, sous l’obligation générale de mes biens, Lausanne ce 4 août 1779.

Signé : Jean Beboux.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de la Rittner.

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Esther Rittner, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclarationportant clame de mariage et de paternité contre Jean Beboux, l’a confirmée ent tout soncontenu.

[-] Comparoissance de Beboux.Jean Beboux paroissant. Après avoir entendu la lecture de son engagement par apport

à la paternité, de la date du 4 août 1779, l’a confirmée.[-] Comparoissance de la mère Beboux.La mère Beboux paroissant, apporte opposition à ce mariage, réclamant le bénéfice de

la loy 2, fol. 2, avec production de l’extrait baptistaire de son fils, né le 29e. 9bre. 1755.Ladite Esther Rittener continue de plus fort à persister dans sa clame de mariage

contre ledit Jean Beboux.[p. 329]

Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller les préposés pourêtre entendue à l’instant de ses couches, dans sa déclaration.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques après lescouches d’Esther Rittener.

Extrait des registres baptistaires de Lausanne, du 13me. Xbre. 1755.Jean, né le 29 novembre, fils de Ferdinand Beboux, de Belmont, et de Jeanne Louise

Borgeaud, sa femme, a été batisé le 14 Xbre. 1755 dans l’église de St. Laurent. Parrain : lepère.

Dit greffe du Conseil.[-] Concernant un mémoire au sujet de la comp. des terres médiates.Lecture faite du mémoire dressé par Messrs. les grands pasteurs et révérends doyens

Polier de Bottens et Leresche sur le rescrit du 20 juin dernier, la Chambre a trouvé qu’ilrépondoit parfaitement aux vues qui avoient été manifestées la quinzaine précédente. Et enremerciant ces Messieurs de leur ouvrage, ils sont priés de présenter ce mémoire à samagnifique seigneurie baillivale le plutôt possible, pour le faire passer aux illustres etpuissans seigneurs du Consistoire suprême.

Ce mémoire a été expédié le vendredi 6me. août 1779.[p. 330]

19 août 1779

Du jeudi 19e. août 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs pasteurs Chavannes, Sprunglin, présent, pasteur de l’Egliseallemande, conseillers Destallents, de Crousaz, assesseur Bergier, secrétaire Vullyamoz.

[-] Concernant George Krug et Jeanne Marie Fornay.Le paquet concernant Jeanne Marie Forney et George Krug a été expédié à nos

illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême samedi 7 août 1779.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la sentence de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Jeanne Marie Fornay et George Krug, du 9me.août 1779, dont la teneur suit.

[-] Condamnation de Jeanne Marie Fornay et George Krug.[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Comme il résulte du dernier verbal que vous avez adressé en date du 7me. du courant,

que George Krug, de Paudex, homme marié, se seroit reconnu volontairement père de l’enfantgarçon dont Jeanne Marie Fornay, votre [p. 331] bourgeoise est accouchée le 23 juilletdernier, et qui a été baptisé sous le nom de George Gaspard.

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Nous adjugeons par les présentes, d’ors et déjà au père confessant ledit enfant commeillégitime, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu pas lui, de manière qu’ilen sera seul chargé au bout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère troiscrones pour son gage de nourice. Nous avons de plus condamné ledit Krug à tous les frais dece procès, sauf modération. Quand à la punition de cet adultère simple, nous avons bien voulun’envisager cette faute que comme une faute ordinaire, en raison de l’aveu volontaire duditKrug, et particulièrement à cause de l’intercession de sa femme en sa faveur. En sorte que lesdeux parties ne subiront que la peine de dix jours de prison dans votre ressort. Vous retirerezpour l’émoluement de notre Chambre 80 baches, que vous enverrez à notre secrétaire dans ledélai d’un mois.

En même tems, nous vous faisons sçavoir que votre requête nous est bien parvenue parle canal du très honoré seigneur baillif de Lausanne. Mais comme nous n’avons fait autrechose en ce rencontre que de suivre les ordres de LL. EEces. du Sénat, nous ne croyons paspouvoir nous engager dans l’examen de votre demande à ce sujet. Ainsi, que nous nous entenons par les présentes à la justification que vous [p. 332] nous avez envoyée. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 9me. août 1779.

Reçue le 13e. août 1779.[-] Comparoissance de Krug et de la Fornai.George Krug et Jeanne Marie Fornay duemens assignée, paroissant. Lecture leur a été

faite dedite sentence, à laquelle l’un et l’autre se sont soumis.Ledit George Krug a payé aujourd’hui 80 baches pour l’émolument du Consistoire

suprême, qui seront expédiés par le courier de samedi prochain 21 courant, à Mr. le secrétaireTschiffely.

Il a été enjoint à ladite Fornay de subir sa prison le plutôt possible. Elle a promis de s’irendre d’elle même dans 15 jours. Après quoi ledit George Krug subira sa peine.

[-] Déclaration de Louise Kilchoffer et George Gigger.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Louise Kilchoffer, de

Trachswald, contre George Gigger, de Souabe, garçon meunier, du 9e. avril (sic : août) 1779,dont la teneur suit.

Du lundi 9 août 1779, 2 heures après midi.[p. 333]

Louise Kilchoffer, fille de Jonas Nicolas Kilchoffer, de Trachselwald, charpentier deprofession, âgée de 25 ans, présentement servante chez Nicolas König, meunier àl’Ecorcherie, rue du Pré, bannière du Pont, en cette ville, déclare être enceinte des œuvres deGeorge Gigger, de Souabe, protestant, ci devant garçon meunier au même service que laplaignante. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de mai présenteannée 1779, et continué jusqu’à la St. Jean, qu’il s’est retiré à Yverdon. Il lui a fait despromesses verbales de mariage. Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois. Interpelléede signer, a dit ne sçavoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 9me. août 1779.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Copie de cette plainte a été donnée à Jonas Nicolas Kilchoffer pour aller à Yverdon et

rechercher ledit Gigger.Il ajoute qu’aiant remis une copie dedite plainte, signée et scellée audit Kilchoffer, il

en a eu aucune nouvelle dès lors. En sorte qu’il avoit assigné Louise Kilchoffer à paroîtreaujourd’hui pour confirmer sa déclaration.[p. 334]

L’huissier Fiaux fait rapport qu’aiant voulu assigner ladite Louise Kilchoffer, elle arépondu qu’elle étoit dans l’espérance d’épouser George Gigger. Lequel s’étant rendu ici

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avant hier, lui promit qu’il iroit joindre le père de la fille le plutôt possible pour mettre enreigle cette affaire par le mariage.

[-] Rapport de la garde contre la femme de Nic. Michoud.Jean Nicole, garde à la Maison de Ville, fait rapport que le dimanche 15 du courant,

faisant sa ronde pendant le cathéchisme, il auroit trouvé des gens qui buvoient à la pinthe deNicolas Michod, à la rue du Pré.

La femme de Nicolas Michoud duement assignée, paroissant, dit pour sa deffence, quene désavouant qu’il y eut des buveurs qui peuvent attester que ce n’étoit qu’une heure etquart, et non point pendant le cathéchisme, ne se recommandant pas moins à la bienveillancede la vén. Chambre.

La vén. Chambre, par son délibéré, veut bien, par bonne considération, la libérer del’amande portée par la loy et de la comparoissance, à la charge de payer les droits de Mr. lesecrétaire et de l’huissier, et cinq baches à la garde.

[-] Concernant Susanne Gaschet ; Jacob Holtz.Monsieur le président informe la vén. Chambre qu’aiant eu communication de la lettre

de Mr. le révérend pasteur Vincent, de Ressudens et Grandcour, en date du 3 août courant,dans laquelle il est parlé d’une nommée Susanne Gaschet, dudit Grandcour, qui fait clame depaternité contre un nommé Jacob Holtz, domestique du voiturier Chapuis, à Lausanne. Ilauroit tout de suite fait appeller ledit Jacob, qui prit le parti de nier le commerce et lapaternité. Cependant s’ettant réfléchy, le lendemain [p. 335] matin cinq du courant, il vintavertir Monsieur le président que si ladite Susanne Gaschet persistoit à l’accuser à l’instant deses couches, dans une date correspondante à celle qu’elle a indiqué, se chargeroit de l’enfant,sans s’engager dans aucun procès à ce sujet.

Il fut sommé de paroître par devant la vén. Chambre ce jeudi cinq du courant, pourconfirmer sa déclaration. Mais il s’en excusa, prétextant qu’il avoit un voiage très pressant àfaire. Sur quoi il lui fut accordé un délai de 15 jours.

Dans la journée de hier, Mr. le président ordonna de l’assigner à ce jour.L’huissier Fiaux fait rapport qu’il a bien parlé audit Jacob Holtz, lequel a prétexté

qu’il avoit un voiage à faire à Genève.Sur quoi délibérant, la v. Chambre a ordonné qu’il seroit cité pour la 15ne.

2 septembre 1779

Du jeudi 2 7bre. 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, conseillers Destallent, de Crousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.[p. 336]

[-] Envoy au secrétaire du Consistoire sup., 80 baches.L’émolument dû par George Krug au Consistoire suprême en suite de leur sentence

rendue le 9e. août dernier, concernant son cas avec Jeanne Marie Forney, d’Ouchi, huittantebaches ont été expédié à Mr. le secrétaire Tschiffeli, sous quittance du bureau, le samedi 21août 1779.

[-] Concernant Louise Kilchoffer et George Gigger.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la copie de la clame de

paternité de Louise Kilchoffer, de Trachselwald, contre George Gigger, de Souabe, en date du9 août dernier, au revers de laquelle se lisent les opérations qui ont été faites au vénérableConsistoire d’Yverdon le 13 dudit mois, président le noble seigneur baillif dudit lieu, dont lateneur suit. On a donné acte à ladite Kilchoffer de la non comparoissance dudit Gigger.

Du vendredi 13e. août 1779, à dix heures du matin.

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Le vén. Consistoire d’Yverdon assemblé au château sous la présidence du très noble,magnifique et très honoré seigneur baillif, le major Charles Ficher.

Mr. le juge Vaney a fait produire la déclaration de grossesse, d’autre part, de LouiseKilchoffer, en service chez le meunier Nicolas König, à Lausanne, qui lui a été remise hier parle charpentier Jonas Nicolas Kilchoffer, pour la communiquer au prénommé George Gigger.

Ledit George Gigger, en service de quelques jours dans cette ville chez le meunierJean Mäder, [p. 337] cité à ces fins, n’ayant daigner paroître, a été duement proclamé.

Mr. Herman, ministre allemand dans ce lieu, a fait rapport, qu’ayant fait appeller chezlui ledit Gigger pour l’informer de ladite déclaration de grossesse, il lui avoit avoué d’avoir euun commerce charnel avec ladite Louise Kilchoffer, mais qu’il ne pouvoit, et n’étoit pas enétat de l’épouser.

Sur quoi la Chambre a jugé convenable d’envoier à l’instant l’officier chez leditMäder pour sçavoir si ledit Gigger est encore chez lui, pour le réassigner. Lequel a relatté queledit Mäder lui avoit déclaré que ledit Gigger avoit quitté ce matin son service, avoit pris seshardes, et lui avoit dit en partant qu’il alloit à Lausanne auprès de ladite Louise Kilchoffer.

Ainsi fait et passé audit Yverdon, et expédié par le secrétaire du Consistoire dediteville, en suitte de l’ordre qu’il en a reçu le susdit jour, 13 août 1779.

Signé : Petitmaître, secrétaire.Remise le 2 7bre. 1779. par le régent Clerc.Mr. le président ajoute qu’il vient de voir une lettre du père de ladite Kilchoffer, des

Serrières, près de Neuchattel, en date du 30 du courant, où il annonce qu’il n’a aucunenouvelle de George Gigger, et donne rendés vous à sa fille à Yverdon pour le 12 du courant,En conséquence de quoi, [p. 338] Mr. le président propose à la Chambre, puisque la grossessede ladite Kilchoffer n’est pas bien avancée, de remettre de quelques semaines la suite de cetteaffaire jusqu’à ce qu’on aye été informé du succès de cette prétendue conférence du 12 7bre.,que le père Kilchoffer doit avoir avec l’accusé.

La v. Chambre, par son délibéré, attendra qu’on aye des avis de cette conférence fixéeau 12 7bre.

[-] Jeanne Phillipinne Grund ; Jaques Peyrand.Jaques Peyran ayant été assigné à ce jour, l’huissier fait rapport qu’il auroit été auprès

de son oncle Bourlot, et le chaussetier Béen. Lesquels ont déclarés qu’il étoit absent de laville.

[-] Comparoissance de Louis Margot, &c.Paroissent Jean Louis Margot et sa femme, habitant de cette ville, et sa femme née

Gamessel, assignés à ce jour aux fins de mettre le calme dans le ménage de leur fils Baptiste,et belle-fille, en suite de plaintes qui nous en a été faite à la dernière assemblée du 19e. aoûtpar Judit Coendet, femme de Baptiste Margot, contre sa belle-mère, des insultes indécentesqu’elle en a essuié de sa part.

En suite des exortations adressées à la femme de Jean Louis Margot, belle-mère, parMr. le révérend pasteur Chavannes, et celles du noble seigneur lieutenant baillival, la belle-mère et la belle-[fille] se sont données la main de réconcilliation, leurs ayant été enjoint de neplus retomber dans ses indécences aussi criantes.

[-] Déclaration de grossesse de Marianne Ducret contre Benoît Mercier.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Marianne Ducret contre

Benoît Mercier, de Lausanne, en date du 26 août dernier, dont la teneur suit.[p. 339]

Du jeudi 26 août 1779, 2 heures après midi.Marianne Ducret, fille d’André Ducret, de Chardonne, paroisse de Corsier, ci devant

servante chez le Sr. Bourgeois, au fauxbourg d’Etraz, bannière de Bourg, aujourd’huidomiciliée chez son père, déclare être enceinte des œuvres de Benoît Mercier, de Lausanne,

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Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant d’avril présente année 1779,et continué jusqu’au mois de juin. Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois. Il lui afait des promesses verbales de mariage. En témoin de quoi signé, Lausanne ce 26 août 1779.

Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Mr. le président ajoute qu’il auroit renvoyé cette Marianne Ducret à paroître devant

son juge de Corsier, le lieu de sa demeure.[-] Rapport de la garde.Mr. le président met sur le bureau le rapport de la garde, portant que Jean Nicole,

pendant le prêche de deux heures après midi de dimanche dernier, 29 août dernier, jour decommunion, il auroit trouvé un certain Lenoir, auquel il auroit dit plusieurs fois de s’en allerchez lui, pour n’en avoir tenu compte, mais qu’au contraire il retenoit ceux qu’il connoissoit.[p. 340]

[-] Concernant Antoine Noir.L’huissier fait rapport qu’ayant voulu assigner Antoine Noir à paroître aujourd’hui

scéans, il se seroit trouvé absent, étant allé accompagner son frère qui retourne en France.Délibéré que ledit Antoine Noir sera assigné pour la prochaine assemblée.Mr. le révérend doyen Polier de Bottens avise la Chambre qu’il auroit, par le moyen du

régent Saucon, fait instruire les enfans d’Etienne Lombard, mais que le fils, manquant demémoire, il n’avoit pas été possible, malgré les soins qu’on y a pris, de lui donner laconnoissance des principes les plus simples de la Religion. Que cependant, ce jeune hommese conduisant moralement bien, vu sa bonne conduite et les bonnes relations qu’il en avoitreçeu de toute part, il auroit cru pouvoir l’admettre à participer au saint sacrement de la saintecène.

Copie de la lettre de Mr. le secrétaire du Consistoire suprême de la date du 31 juillet1779 à l’adresse de notre secrétaire consistorial, qu’il a reçue par la poste le samedi 28 août1779.

Lausanne.Cy joint vous trouverez, Monsieur, la note des émolumens deus à l’illustre Consistoire

suprême dans le courant des six derniers mois de l’année 1778, dont je n’ai reçeu ni lemontant, ni à son deffaut l’acte de pauvreté prescrit par le règlement. Je viens donc vous prier,Monsieur, et cela par ordre suprême, de me faire parvenir soit l’un, soit l’autre le plutôtpossible, pour que je sois à même de rendre mes comptes. J’ai l’honneur d’être, avec une trèsparfaite considération, Monsieur, votre humble et très obéissant serviteur.

Berne 31 juillet 1779.Signé : Tschiffely.Doit du 19 8bre. 78, la mère de Louis Blanc contre Susanne Matthey, baches 110.

[p. 341]Réponse à la lettre de Mr. Tschiffely, secrétaire du Consistoire suprême, ci contre

rapportée.Monsieur,En réponse à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en date du 31 juillet

dernier, reçue seulement le 28 août suivant, j’ai cru de vous adresser l’acte de pauvretéduement signé par le secrétaire de notre Direction, en faveur de la veuve de l’officier baillivalBlanc. Laquelle devoit 110 baches d’émolument à nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, par sentence du 19e. 8bre. 1778. J’ai l’honneur d’être avec une respectueuseconsidération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Lausanne ce 24e. 7bre. 1779.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Extrait du registre de la Direction des pauvres bourgeois de Lausanne, du 22e. 7bre.

1778.

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A la réquisition du vénérable Consistoire de Lausanne, nous lui avons accordé actecomme la veuve de l’officier ballival Jean François Blanc est très pauvre et vielle, et qu’elleest à notre assistance journalière dès le 16e. 9bre. 1758.

Signé : Bergier, avec paraphe.[p. 342]

30 septembre 1778

Du jeudi 30 7bre. 1778.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vénérable Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, banneret du Pont, conseiller Destallents, banneret de Bourg, conseiller deCrousaz, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Jeanne Madelaine Parisod et Simon Nicolas Revelly.A été mis sur le bureau la déclaration à l’instant de ses couches de Jeanne Madeleine

Parisod, de Lausanne, à l’instant de ses couches, du 14 7bre. dernier, dont la teneur suit.Du mardi 14 7bre. 1779, 6 heures du soirLe secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la vén. [Chambre], se

seroit transporté au domicile de Jeanne Madeleine Parisod, de Lausanne, maison Strambin, aufauxbourg d’Etraz, bannière de Bourg, où il auroit trouvé, gisante au lit, ladite JeanneMadeleine Parisod, en travail d’enfant, aidée de la sage-femme Perrin, née Bechet, belle-fillede la sage-femme jurée veuve Perrin. Dans ses douleurs, vivement pressée de donner gloire àDieu et à la vérité sur la paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde, a dit que sansfaire tort à sa conscience, ni à la personne accusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit dela paternité de son enfant à naître, que Simon Nicolas Revelly, petit bourgeois d’Avanches,tailleur de profession. Son commerce charnel avec lui ayant commencé en Xbre. 1778,continué au 13 et au 20 dudit mois compris. Confirmant de plus fort sa première déclarationrattifiée en v. Chambre le 1er. juillet 1779.

Relu, rattifié.En témoin de quoi signé, Lausanne ce mardi 14 7bre. 1779.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.

[p. 343]Du mecredi 15 7bre. 1779, 7 heures du matin.Françoise Perrin, née Bechet, sage-femme, déclare que Jeanne Madeleine Parisod,

d’elle bien connue, auroit accouché hier 14 du courant, environ onze heures et demi du soir,au domicile de Daniel Strambin, faubourg d’Etraz, bannière de Bourg, d’un enfant garçon,viable, à terme, et de bonne venue.

Du mardi 21e. 7bre. 1779, 4 heures après midi.Ladite sage-femme Perrin, fait certifier que le fils naturel de Jeanne Madeleine

Parisod, de Lausanne, auroit été baptisé ce jourd’hui, 21 7bre., à l’église de St. François par Mr.le révérend pasteur Chavannes, sous le nom de Simon Nicolas.

Jeanne Madeleine Parisod, près avoir ouï la lecture de sa déclaration, l’a confirmée entout son contenu.

Le secrétaire de scéans informe la v. Chambre qu’ayant écrit à Simon Nicolas Revellyle 22 et 25 du courant mois de 7bre., pour l’aviser de l’accouchement de Jeanne MadelineParisod, et l’assigner à paroître personnellement ce jourd’hui par devant le vén. Consistoire, ilen auroit reçeu les deux lettres, dont il a été fait lecture.

Ladite Parisod ayant ouï la lecture de la lettre de Revelly, de même que la pièceexpédiée par Mr. le lieutenant baillival, juge du v. Consistoire d’Avenches, elle accepte à finsfavorables l’aveu qu’il fait d’être père de l’enfant qu’elle lui attribue, et demande en

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conséquence qu’il plaise à la Chambre d’adjuger par sentence audit Revelly, l’enfant [p. 343]9

garçon qu’elle a mis au monde et qui a été baptisé sous le nom de Simon Nicolas. Ayant soinde donner communication dedite sentence au v. Consistoire d’Avenches pour que leditRevelly vienne retirer l’enfant au bout de six mois dès la date de sa naissance, et satisfaire àtous les frais.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre a trouvé que par les extraits ici produits, par lesquelsledit Revelly se reconnoît père de l’enfant de ladite Parisot, peut rendre sa sentence.

A l’audience de ce jour, 30 7bre. 1779, par devant nous et le v. Consistoire assemblé,sentence auroit été rendue, ainsi que la compétence nous en est accordée par le rescritsouverain du 8me. mars 1759, entre Jeanne Madeleine Parisod, bourgeoise de Lausanne, d’unepart, et Simon Nicolas Revelly, petit bourgeois d’Avenches, tailleur, d’autre part. Lequels’étant reconnu père, par l’aveu du commerce charnel, par devant nous le 1er. juillet dernier,de l’enfant garçon que ladite Parisod a mis au monde le 14 du courant mois de 7bre. Lequel,selon le certifié de la sage-femme est bien à terme, étant venu à la date correspondante que lamère a indiqué.

Or, comme ledit Simon Nicolas Revelly n’a pu paroître à l’audience de ce jour, quoique amiablement averti par notre secrétaire de céans, par lettres, audit adjournement, à raisonde malladie duement attestée par le chirugien pensionné de la ville d’Avenche, signé S.Guerner, rattifié par la déclaration de Mr. le lieutenant baillival Bonjour, juge du vén.Consistoire d’Avenches, des dates du 28 dit 7bre. 1779, munie de son sceau, et signée D.Sugnens, notaire, avec paraphe, certifiant que ledit Revelly se seroit reconnu père de l’enfantque Jeanne Madeleine Revelly (sic : Parisod) auroit mis au monde depuis peu, le tout à nousapparu.

Nous avons bien voulu dispenser ledit Simon Nicolas Revelly de paroîtrepersonnellement. Nous contentant de l’acte qui nous a été produit.

En conséquence duquel, nous avons adjugé d’ors et déjà à Simon Nicolas Revelly, cetenfant, comme illégitime, [p. 344] baptisé sous le nom de Simon Nicolas, devant porter sonnom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui, de manière qu’il en soit seul chargé au boutde six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage denourice, le condamnant à tous les frais de ce procès, sauf modération. Ledit Revelly, pourcette faute simple, subira la peine de dix jours de prison, de même que Jeanne MadeleineParisod, dans le ressort d’Avenches, ainsi que le lieu du délit.

Le verbal sera expédié à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême le plutôt possible,avec dix baches pour l’enregistrement de l’enfant au protocole des bâtards. Et copie deditesentence devra être communiquée au vén. Consistoire d’Avenches, priant Mr. le lieutenantbaillival d’Avenches, d’astreindre ledit Revelly de payer incessamment les frais ci annexés etles dix baches susdit.

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rapport du sergent de lagarde. Lequel dit que faisant sa tournée le dimanche 19 du courant, pendant le sermon dedeux heures, il auroit trouvé six personnes à la pinthe de la veuve Marcel, en St. François.

[-] Comparoissance d’Antoinette Pachoud.Anthoinette Pachoud, veuve de Samuel Thuillard, vendeuse en dite pinthe, paroissant,

prie la v. Chambre de lui pardonner, par la considération qu’aiant remis sa pinthe à son filspendant qu’elle étoit allée à Lutry, ce n’étoit que par ignorance de son fils des ordonnances.

La Chambre veut bien, par égard de sa pauvreté, l’affranchir de l’amande, moyennantqu’elle paye sa comparoissance, 5 baches à la garde, et les droits de Mr. le secrétaire ethuissier.

[-] Comparoissance de Marguerite Borde, née Bournand

9 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 343, d’où p. 343b.

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Compart Marguerite Bournand, femme de François Borde, prie très humblement lavén. Chambre de donner cours à la requête qu’elle a l’honneur de lui présenter, pour [p. 345]être adressée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, aux fins d’obtenir son divorced’avec son mari.

La v. Chambre, après avoir entendu la lecture dedite requête, n’a pas cru devoir luidonner cours par devant nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, sur les raisonsqu’étant étrangère par son mariage, on la renvoye à s’adresser à Leurs Excellences du Sénat,aux fins de suivre à son divorce sous le sceau de sa très noble seigneurie baillivale, avec lespièces annexées.

Antoine Noir, maréchal, domicilié en cette ville, sera cité par lettres pour la 15ne.[-] Concernant Phillipinne Grund et Jaques Peyrand.Mr. le président a déposé sur le bureau une lettre qu’il a reçue, sans date de jour, le 21

août dernier, port septante six sols, six deniers de France, écrite de La Haye, au nom deJeanne Phillipine Grund, requérant la vén. Chambre qu’il lui plaise d’assigner par devant elleJaques Perand, natif de Genève, pour l’astreindre à reconnoître ladite Grund pour sa femme,et reconnoître la paternité de l’enfant dont elle est accouchée le 5 du mois d’août dernier. Enconséquence de quoi, Mr. le président auroit chargé l’huissier de la Chambre d’informer siledit Peyrand seroit en ville. Ce dont il a fait son rapport actuellement, disant que leditPeyrand doit ettre allé prendre service à Paris, dans la compagnie de Monsr. de Grafferied,aux gardes.

Après lecture faite dedite lettre, la vén. Chambre ne pouvant suivre à cette procédure,pour donner de plus grands éclaircissemens sur cette affaire que celle qu’elle a donné cidevant, vu l’absence dudit Peyrand, ordonne au secrétaire de scéans d’écrire à Mr. Serrurier,pasteur à La Haye, le plutôt possible, pour le prier de ne plus nous charger de ports de lettres,qui deviendroient inutilles, pour ne pouvoir agir plus outre vu l’éloignement dudit Peyrand etétranger, comme natif de Genève.

[-] Citation à donner à Marguerat, du Trabendem.Il est revenu à la vén. Chambre qu’il se faisoit de fréquens excès au Trabendem, chez

Marguerat, vigneron des religieuses d’Etavay, les jours de fête et dimanche.Ordonné que ledit Marguerat sera cité par lettres pour la 15ne.[-] Les jugaux Chabaud.Messrs. le banneret Secrétan et révérend pasteur Chavannes font rapport qu’aiant été

chargés par la v. Chambre de travailler à la réconcilliation des jugaux Chabaud, qui seroientséparés depuis quelques tems, ils n’ont pas put y réussir, et qu’ayant demandé au Sr. Chabaudce qu’il vouloit fournir pour l’entretien de sa femme au cas que les supérieurs voullussentautoriser une séparation terminelle entr’eux, ledit Chabaud avoit répondu qu’il ne vouloit rienfournir, et que sa femme devoit se tirer d’affaire par elle même.[p. 346]

14 octobre 1779

Du 14 8bre. 1779.Sous la présidence du noble seigneur lt. baillival, le vén. Consistoire s’est assemblé,

ont assistés Messieurs pasteur Chavannes, banneret de Saussure, conseillers Détallents,Duperron, assr. Bergier, et secrétaire.

[-] Mr. le conseiller Duperron, nouveau membre.Mr. le conseiller Vullyamoz, haut forestier moderne, ayant résigné sa place, Mr. le

conseiller Duperron a été nommé comme membre de cette Chambre.[-] Comparoissance de Jn. Pre. Marguerat, du Trabendem.Compart Jean Pierre Marguerat, cité par lettres ici produites, en suite du rapport qui

nous a été fait qu’il se commetoit des désordres chez lui au Trabendem les jours de fêtes, et enparticulier le jour du Jeûne dernier 9 7bre.

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Lequel expose pour sa justification, qu’il ne s’est fait aucun excès chez lui le jour duJeûne. Qu’au sortir de la prière en St. François, il invitat son beau-frère Jean Chavan et n.Milliquet, de Pully, avec qui ledit Chavan est lié, à souper chez lui, et qu’il ne lui parut pas,lorsque Milliquet se retira, qu’il fut pris du vin. L’un et l’autre se retirèrent à 4 heures et demiet furent les seules personnes qui ont but du vin ce jour là dans sa maison.

La vén. Chambre trouvant que cette affaire n’est pas encore mûre, renvoye d’enconnoître jusques à ce que nous en aions des éclaircissemens plus assurés.

Jeanne Marguerite Corbaz, de Lausanne et du Mont, duement assignée, paroissant. Lenoble seigneur lieutenant baillival a mit sur le bureau sa déclaration à l’instant de ses couches,aussi que les certifiés de la naissance de l’enfant et de son baptême, dont les teneurs suivent.[p. 347]

Le lundi 20e. septembre 1779, environ minuit.Etant accompagné du Sr. Moyse Fiaux, huissier de la v. Chambre, ai été appellé pour

me rendre auprès de Marguerite Corbaz, fille aînée de feu Isaac Corbaz, de cette ville et duMont, domiciliée depuis aujourd’hui à six heures du soir à la Cité Derrière, chez Jean Louis,fils de Christ Corbaz, son cousin germain. Laquelle j’ai trouvée fort pressée, étant assistée dela nommée Chevaley, sage-femme jurée. Exhortée à donner gloire à la vérité, et à déclarer levéritable père de l’enfant dont elle est enceinte et qu’elle va mettre au monde, elle a nommé etaccusé Jean Rosan, ci devant ouvrier en cette ville, dans la maison où elle servoit en qualitéde domestique. S’en rapportant aux déclarations qu’elle a eu l’honneur de faire au nobleseigneur lieutenant baillival, et ensuite au vén. Consistoire. En témoin de quoi j’ai signé, àLausanne, dans la chambre dudit Jean Louis Corbaz, ce lundi 20e. 7bre. 1779, environ minuit.

Signé : Bergier, assesseur du v. Consistoire de Lausanne.Du mecredi 22me. 7bre. 1779, 8 heures du matin.Catherine Chevalley, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Marguerite Corbaz, de

Lausanne et du Mont, d’elle bien connue, auroit accouché hier 21 du courant, à une heureaprès midi, au domicile de Jean Louis Corbaz, maison de la Dlle. Clerc, Cité Derrière, d’uneenfant fille, viable, à terme, et de bonne venue.

Du jeudi 30 7bre. 1779, 11 heures avant midi.Christ Corbaz fait constater que la fille naturelle de Jeanne Marguerite Corbaz, auroit

été baptisée ce jourd’hui 30e. du courant mois de 7bre., à l’église de la Cité, par Mr. le vble.doyen de Bottens, sous le nom de Jeanne Marie.[p. 348]

Lecture faite à Jeanne Marguerite Corbaz de sa déclaration à l’instant de ses couches,elle l’a confirmé en tout son contenu. Elle a ajouté qu’elle avoit reçue plusieurs lettres duditJean Rosan, de Lichtal, par lesquelles il lui annonce qu’il est toujours dans l’intention del’épouser.

Interrogée si elle est en cas de payer les frais.R. : Que non, qu’elle n’a aucun bien, et que Messrs. de la Direction des pauvres ont

bien voulu l’assister pendant ses couches.Sur quoi délibéré, la Chambre a jugé que la procédure étoit complette, qu’il n’i avoit

pas lieu d’assigner Jean Rosan, puisqu’il est absent du pays. En sorte que le secrétaire devratranscrire le tout pour être adressé à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Concernant Marguerite Bournand, femme de François Borde.Monsieur le président met sur le bureau le rescrit de Leurs Excellences du Sénat,

concernant Marguerite Bournand, femme de François Borde, prosélhite, pour pouvoir sisteren droit à son divorce, dont la teneur suit.

Nous, le lieutenant advoyer et Conseil de la ville et république de Berne, très noble,cher et féal baillif. Salut.

149

Nous avons admis Marguerite Bournand, de Ste. Croix, et mariée en 1773 avecFrançois Borde, prosélite, délaissée et abandonnée ensuite par lui, à sister en droit pourobtenir le divorce qu’elle se propose de demander d’avec ledit Borde. En sorte que s’il luiimporte de procéder à cet égard, elle pourra s’adresser à notre Consistoire suprême. C’est cedont nous vous donnons avis, pour en [p. 349] faire parvenir l’information à ladite Bornand.

Dieu vous ait en sa bonne et sainte garde. Donné ce 7me. 8bre. 1779.Marguerite Bournand, femme de François Borde, paroissant. Après avoir entendu la

lecture dudit rescrit, prie très humblement la v. Chambre de donner cours à l’humble requêtequ’elle a l’honneur de présenter, pour être adressée à nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême.

Sur quoi délibérant, la v. Chambre trouve qu’il y a lieu de donner cours à la requête deladite Marguerite Bournand, femme de François Borde, et que pour donner une plus ampleinformation à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, il est convenable de joindre à lasusdite requête, le rescrit de Leurs Excellences du Sénat, en date du 7me. 8bre., de même que lecertifié dudit jour de Monsieur Freudemberg, secrétaire de l’illustre Chambre des corporationsétrangères, et les copies des autres pièces qu’elle a ci devant produites.

[-] Déclaration de la Noverraz.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne Bonnet, veuve

Noverraz, de Villette, contre Phillippe Messeiller, d’Orny, du 7me. 8bre. 1779, dont la teneursuit.

Du jeudi 7me. 8bre. 1779, 1 heure après midi.Jeanne Bonnet, veuve de Jean François Noverraz, de la paroisse de Villette,

domestique chez Mr. le controlleur Secrétan, âgée de 28 ans, déclare être [p. 350] enceinte desœuvres de Phillippe Messeiller, d’Orny, âgé de 20 ans, au même service. Son commercecharnel avec lui ayant commencé dans le courant du mois d’avril présente année 1779, etcontinué jusqu’en mai. Il lui a promis de ne pas la laisser dans l’embarras en cas de grossesse.La plaignante compte d’être enceinte d’environ cinq mois et demi, Interpellée de signer, a ditne sçavoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 7me. 8bre. 1779.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de Jne. Noverraz, née Bonnet.Compart Jeanne Bonnet, veuve Noverraz, duement assignés. Laquelle, après avoir

entendu la lecture de sa clame de paternité contre Philippe Messeiller, l’a confirmée en toutson contenu.

Ledit Philippe Messeiller ayant paru, a été interrogé de son nom, surnom, âge, quallitéet demeure.

A dit : Je m’appelle Philippe Messeiller, fils d’Abraham Messeiller, d’Orny, âgé de 20ans, actuellement au service de Mr. le contrôleur Secrétan depuis environ deux ans et demi.

Interrogé s’il reconnoît la vérité de l’accusation qu’a faite contre lui Jeanne Noverraz,dont il a entendu la lecture.

R. : Qu’il a eu le malheur de tomber en faute avec ladite Noverraz dans le courant dela première semaine du mois de mai 1779, dont il se repend, et dit que si elle accouche à ladate correspondante, il se reconnoîtra père de son enfant, sous la réserve qu’elle confirme sadéclaration selon le prescrit des loix.

Relu, rattifié.[p. 351]

La veuve Noverraz, interrogée où elle compte faire ses couches.

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A dit qu’elle se proposoit de se rendre à Renens, auprès de son père, et qu’elle espéroitque Messieurs de la commune et du vén. Consistoire de Prelly voudroient bien nommer despréposés pour l’entendre à l’instant de ses couches.

Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de ne pas négliger de faire appellerles consistoriaux avant l’instant de ses couches, pour recevoir sa déclaration.

Par délibéré, la v. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques après lescouches de ladite Noverraz, et copie en sera donnée aux communautés respectives.

[-] Comp. d’Hantoine Noir.Paroît Antoine Noir, marchand de profession, domicilié en cette ville, cité par lettres à

nous apparues, pour avoir été rencontré par la garde de jour le dimanche 29 août, pendant leservice divin de deux heures, à ne vouloir se retirer malgré les exortations de la garde.

Ledit Noir reconnoissant sa faute, prie la v. Chambre de vouloir lui pardonner cettefaute pour être sa première.

La v. Chambre, par bonnes considérations, veut bien l’affranchir de l’amende portéepar la loy, moyennant qu’il paye les frais de sa comparoissance, ceux de Mr. le secrétaire, cinqbaches pour la garde et les droits de l’huissier.

[-] Plainte d’Elie Blanc.Monsieur le président met sur le bureau la plainte d’Elie Blanc, de Belmont, domicilié

à Lausanne, contre sa femme Genet, dont la teneur suit.Du jeudi 7me. 8bre. 1779, 2 heures après midi.

[p. 352]Elie Blanc, de Belmont, domicilié derrière les Boucheries, bannière du Pont, rend

plainte contre sa femme Jeanne Genet, de ce qu’elle se seroit séparée de lui il y a plus de deuxans, sans cependant quitter la maison. Mais qu’en dernier lieu, elle s’en est éloignée depuisdeux mois, et a fait emporter aujourd’hui tous ses effets. Le plaignant assure qu’il n’ a donnéaucun juste sujet à sa femme de procéder à son égar[d] de la sorte.

Du vendredi 8e. 8bre 1779.Jeanne Genet, femme Blanc, dit qu’elle ne peut vivre en paix avec son mari, il

s’ennivre fréquemment, recherche les femmes débauchées, et très souvent use envers elle desplus grandes violence, au point qu’elle est obligée de passer des nuits entières sans sedéshabiller.

Du jeudi 14 8bre. 1779.Elie Blanc informe que dimanche dernier, 10 du courant, sa femme avoit paru le

rejoindre avec des dispositions favorables, et avoit fait rapporter ses meubles dans la maison.Mais depuis mardi 12, elle s’est absentée sans en avoir prévenu son mari, qu’elle rencontrasur la route comme il revenoit de Vevey, et à qui elle dit en passant, qu’elle alloit voir sesparents de Bex.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre a surçis cette affaire jusques après le retour de lafemme.[p. 353]

11 novembre 1779

Du jeudi 11me. 9bre. 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,banneret de Bourg, conseillers Destallents, Duperron, de Crousaz, assesseur Bergier,secrétaire Vullyamoz.

[-] Concernant Marg. Corbaz et Jean Rosan.Le mecredi 20e. 8bre. 1779, le paquet concernant Marguerite Corbaz, de Lausanne et du

Mont, et Jean Rosan, étranger, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[-] Marguerite Bournand et François Borde.

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Dudit jour 20e. 8bre. 1779, le paquet concernant Marguerite Bournand, femme deFrançois Borde, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Madeleine Parisod et Simon Nicolas Revelly.Dudit 20e. 8bre. 1779, a été expédié à Mr. le lieutenant baillival Bonjour, d’Avenches,

le paquet concernant Jeanne Madeleine Parisod, de Lausanne, et Simon Nicolas Revelly,tailleur, dudit Avenches, où est inséré la sentence rendue par le vén. Consistoire de Lausannele 30 7bre. dernier sur l’enfant adjugé audit Revelly, avec deux listes de frais. L’uneconcernant la v. Chambre, et l’autre ceux de la Parisod. En réponse, ledit Revelly s’est acquitéavec remerciemens de son contenu des plus raisonnable. La Parisod a été acquittée.

[-] Phillipinne Grund et Peyran.En suitte des ordres de la vén. Chambre, le secrétaire de scéans a écrit à La Haye à

Jeanne Philipinne Grund, concernant son cas avec Peyran, recommandée à Mr. Serrurier,révérend pasteur à La Haye, mise à la poste le samedi 23e. 8bre. 1779.

[-] Veuve Noverraz et Philippe Meisseiller.Dans la semaine du 17 au 24 8bre., ont été expédiés le commencement de procédure

concernant Jeanne Bonnet, veuve Noverraz, de Villete, et Phillipe Messeiller, d’Orny, auxcommunautés respectives de Villete et d’Orny, par occasion.[p. 354]

[-] Concernant Esther Rittner et Jean Beboux.Le commencement de procédure d’entre Esther Rittner, du Château d’Oex, et Jean

Beboux, de Belmont, a été expédiée à Mr. le juge du Consistoire du Château d’Oex le mardi16 9bre. 1779.

[-] Concernant Marguerite Bournand et François Borde.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême, concernand Marguerite Bournand, de la nouvelleCorporation des étrangers, et François Borde, dont la teneur suit.

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBerne. Salut.

En suite de votre verbal du 14 du courant concernant la demande en divorce deMarguerite Bournand, native de Ste. Croix, et présentement agrégée à la Corporation desétrangers. Nous vous chargeons amiablement de faire publier dès la chaire, des proclamationsjuridiques contre son mari, François Borde, trois dimanches sécutifs, de six semaines en sixsemaines, pour qu’il ait à sister en droit par devant nous, contre la demande de sa femme, sousla menace que s’il faisoit deffaut, on en procédera pas moins contre lui par contumace. Vousne manquerez de nous aviser dans son tems du succès de ces citations éditales. Nous vousrecommandons à la protection divine. Datum 25 8bre. 1779.

Marguerite Bournand paroissant. Lecture lui a été faite dudit rescrit. Elle prie la v.Chambre de donner cours aux proclamations le plutôt possible. Accordé.

[-] Marguerite Corbaz et Jean Rosan.Mr. le président met sur le bureau la sentence de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême concernant Marguerite Corbaz et Jean Rosan, en date du 25e. 9bre. 1779, dont lateneur [suit], aussi que l’extrait mortuaire de l’enfant fille issu de leurs œuvres.[p. 355]

[-] Lausanne.Tit. & alloc.En suite de votre verbal du 20e. du courant, nous avons adjugé comme illégitime, à

l’audience de ce jour, à Jeanne Marguerite Corbaz, votre ressortissante, l’enfant fille dont elleest accouchée le 21 du mois de 7bre. passé. Laquelle a été baptisée sous le nom de JeanneMarie, et dont le père, Jean Rosan, de Grenoble, catholique romain, qu’elle avoit accusé, s’estévadé du pays. Adjudication qui emporte que cet enfant devra porter le nom de la mère, être

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de sa bourgeoisie jusqu’à ce qu’elle aye fait paroître le père confessant. Du reste, nous avonscondamné ladite Corbaz pour cette faute simple à la peine de dix jours de prison, voulantbien, à cause de sa pauvreté, lui céder tous les droits de notre Chambre. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 25 8bre. 1779.

Registre mortuaire du Mont.Jeanne Marie, fille naturelle de Jeanne Marguerite Corbaz, du Mont et de Lausanne,

morte chez Christ Corbaz, du Mont, ensevelie le 17e. 8bre. 1779.Atteste, signé : Jean Pierre Belet, du Mont, secrétaire dudit Mont. Née le 21 7bre. 1779.Jeanne Marguerite Corbaz paroissant. Lecture lui a été faite dedite sentence, priant la

v. Chambre de lui donner terme de 15 jours pour subir sa peine de dix jours de prison.Par délibéré, la v. Chambre lui donne terme seulement jusques à demain, qu’elle devra

se rendre en prison.[-] Cittations pour la 15e. de Anne Susanne Ami, d’Oggens, et de Jean Jaques Wanner,

de Nidau.Sur l’exposition qu’a faite Monsieur le président, que la procédure de paternité entre

Anne Susanne Ami et Jean Jaques Wanner, de Nidau, n’étoient pas terminées, l’un et l’autreseront assignés dans la 15ne.[p. 356]

25 novembre 1779

Du jeudi 25 9bre. 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, présent, conseillers Destallents, deCrousaz, assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Concernant Jeanne Catherine Guignard et George Bärel.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne

Catherine Guignard, du Lieu, contre George Bärel, de Strasbourg, du 18 9bre. 1779, dont lateneur suit.

Du jeudi 18 9bre. 1779, 10 heures avant midi.Jeanne Catherine Guignard, fille de Mtre. Jacob Guignard, du Lieu, en la Vallée de

Joux, couturière, domiciliée chez son père, en St. Jean, bannière de St. Laurent, âgée de trenteans, déclare être enceinte des œuvres de George Bärel, de Strasbourg, luthérien, garçontailleur, âgé d’environ 25 ans. Son commerce charnel avec lui aiant commencé dans le moisde juin présente année 1779, et continué jusqu’au mois d’août, qu’il a quitté cette ville,n’ayant plus d’ouvrage. Il lui a fait des promesses de mariage. Elle compte d’être enceinted’environ cinq mois et demi, produisant une lettre adressée au Sieur Staib, datée deStrasbourg du 10 8bre. 1779, où il paroît annoncer qu’il ne laissera pas ladite Guignard, dont ilparle sous le nom de Salomé.

Lecture faite, a persisté.Lausanne ce 18 9bre. 1779.Signée : Jeanne Catherine Guignard.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 357][-] Comparoissance de Jeanne Cath. Guignard.Paroît Jeanne Catherine Guignard. Lecture lui a été faite de sa déclaration, qu’elle a

confirmée en tout son contenu, produisant à cet effet une humble représentation aux fins de serecommander à la vén. Chambre, et de l’engager d’écrire en sa faveur à Mr. le révérendpasteur luthérien de Strasbourg, pour que par ce moyen solliciter George Bärel à remplir sesengagemens sur la clame de mariage qu’elle forme contre lui, produisant à ce sujet deuxlettres dudit George Bärel, l’une sans date, mais à l’adresse du père de ladite Guignard, reçue

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par la poste le 23e. 7bre. dernier, l’autre datée du 10 8bre. 1779, adressée au Sr. Stäib chezlequel ledit Bärel travailloit comme ouvrier, et domicilié chez le père de la plaignante, où il ademeuré pendant 16 mois, soit en pension, ou archer.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques aprèsles couches de ladite Guignard. Et en attendant, elle écrira par le moien de la correspondancedu Sr. Stäib audit Bärel, pour l’engager à revenir au pays le plutôt possible.

Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller selon les loix lespréposés de la vén. Chambre, pour être entendue à l’instant de ses couches.

Copie de l’extrait de cette procédure sera expédiée incessamment par le secrétaire decéans, au vén. Consistoire du Lieu, en la Vallée de Joux, en leur annoncant qu’on ne négligerapoint de leur faire part de la suite de la procédure.

[-] Concernant Jeanne Séchaud et Albert Henny.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne Séchaud, de

Sullens, contre Albert Henny, de Gurzelen, du 24 9bre. 1779, dont la teneur suit.Du mecredi 24 9bre. 1779, 10 heures avant midi.Jeanne Séchaud, fille de Jean Marc Séchaud, de Sullens, habitant de cette ville,

ouvrière à la vigne, âgée d’environ 23 ans, domiciliée chez son père, au fauxbourg d’Etraz,bannière de Bourg, déclare être enceinte des œuvres d’Albert Henny, de Gurzelin, bailliage deThun, domestique à Lausanne, âgé de 17 ans. Son commerce [p. 358] charnel avec lui, ayantcommencé dans le courant du mois de mai, présente année 1779, et continué jusqu’en juillet.Il lui a promis de ne pas l’abandonner. La plaignante compte d’être enceinte d’environ sixmois et demi. Interpellée de signer, a dit ne savoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 24 9bre. 1779.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de la Séchaud.Jeanne Séchaud, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration,

qu’elle a confirmée en tout son contenu.[-] Comparoissance d’Albert Henny.Paroît Albert Henny. Après avoir entendu la lecture de la déclaration de Jeanne

Séchaud, a été interrogé s’il a eu commerce charnel avec l’accusatrice.Rép. : Qu’il demande pardon de sa faute, et avoue qu’il a eu avec ladite Séchaud des

intimités charnelles le 22 juin dernier, assurant solemnellement que ni avant, ni après cettedate unique, il n’a jamais approché de ladite Séchaud.

Relu, rattifié.Sur quoi délibéré, la vén. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques après

les couches de Jeanne Séchaud. Et ce commencement de procédure sera communiqué auplutôt au vén. Consistoire de Sullens.

Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller les préposés duvén. Consistoire pour être entendue à l’instant de ses couches.

Il a été enjoint à ladite Séchaud de se rendre quinze jours avant ses couches par devantMr. le révérend doyen Polier de Bottens, pour être exortée sur la déclaration qu’elle doit faireà l’instant de ses couches.[p. 359]

[-] Comparoissance de Polinne Dufour.Se présente Pauline Dufour. Laquelle produit son extrait baptistaire en date du 11

juillet 1746, qui porte qu’elle est fille de Pauline Baud, donnée à Jean François Dufour,françois, réfugié. Elle prie la vén. Chambre de faire rechercher dans ses registres l’état de saprocédure pour sçavoir à quelle Bourse elle poura recourir au besoin.

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La vén. Chambre charge son secrétaire de céans de dépouiller sur les registres, et devoir si il y a une sentence à ce sujet, pour nous en être fait rapport dans la 15ne.

[-] Comparoissance de Jn. Jaques Wanner.Se présente Jean Jaques Wanner, assigné à ce jour sur la clame de paternité formée

contre lui par anne Susanne Ami, d’Oggens.Interrogé s’il se reconnoît père de l’enfant dont ladite Ami est accouchée, et qu’elle lui

a attribué à l’instant de ses couches, dans les formes légales.R. : Que oui.[-] Sentence d’entre Anne Susanne Ami et Jn. Jaques Wanner.Nous, Jean Henri Polier de Vernand, lieutenant baillival et du vén. Consistoire de

Lausanne. Sçavoir faisons qu’après les couches de Anne Susanne Ami, d’Oggens, faisantclame de paternité contre Jean Jaques Wanner, fils de Mtre. Samuel Wanner, de Nidau,boucher en cette ville. Il se seroit élevé un incident entre parties, et jugement auroit été renduau Consistoire suprême, dont l’appel entrepris par ledit Wanner auprès le Leurs Excellencesdu Sénat, est devenu inutile pour lui, selon l’arrêt du 6 juillet 1779. En sorte que nous avonstrouvé convenable, pour fixer l’état de l’enfant et procéder selon la bonne règle, puisque lesparties ne reparoissent plus d’elles mêmes, de les faire assigner d’office ce [p. 360] jourd’hui25 9bre. 1779, par devant nous et le v. Consistoire assemblé, où ledit Jean Jaques Wanners’étant présenté, il a reconnu de son pur mouvement et en parfaite sincérité, sans inductionquelconque, qu’il étoit bien le père de l’enfant que ladite Ami lui a attribué. Ne faisant aucunedifficulté de pourvoir à son entretien, avec toutes les suites.

En conséquence de quels aveux, nous adjugeons d’ors et déjà audit Jean JaquesWanner, comme illégitime, l’enfant garçon dont Anne Susanne Ami l’a chargé selon lesformes légales à l’instant de ses couches, le 9me. décembre 1778, et baptisé sous le nom deJacob le 14 dudit, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul aubout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gagede nourice.

Nous condamnons ledit Wanner envers la demanderesse, à tous les frais de ce procès,sauf modération. L’un et l’autre devant, selon la loi, subir la peine de dix jours de prison dansnotre ressort, ainsi que le lieu du délit.

Et afin qu’il soit pourvu à la sûreté de l’enfant, sentence sera expédiée au vén.Consistoires de Nidau et d’Oggens, de même il sera envoyé verbal du tout à Mr. le secrétaireTschiffeli, de l’illustre Consistoire suprême, avec dix baches pour l’inscription au protocoledes bâtards.[p. 361]

16 décembre 1779

Du jeudi 16 Xbre. 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, bann. Secrétan,conseiller de Crousaz, assesseur Bergier, et le secrétaire.

[-] Jeanne Séchaud, de Sullens et Albert Henny de Gurzelen.Communication du commencement de procédure d’entre Jeanne Séchaud, de Sullens,

et Albert Henni, de Gurzelen, a été expédié à Mr. le juge du Consistoire de Sullens ledimanche 28 9bre. 1779.

[-] Cath. Guignard, du Lieu ; George Bärel, de Strasbourg.De même, celle d’entre Jeanne Catherine Guignard, du Lieu, et George Bärel, de

Strasbourg, adressée à Mr. le juge du Consistoire du Lieu, en la Vallée de Joux, le dimanche28e. 9bre. 1779.

[-] Esther Rittner ; Jean Biboux.

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La mardi 16 9bre. 1779, mis à la poste à l’adresse de Mr. le juge du vén. Consistoire duChâteau d’Oex, le commencement de procédure d’entre Esther Rittner, dudit lieu, et JeanBiboux, de Belmont.

[-] Catherine Grobet, de Vallorbes et Henri Samuel Pingod, de Lausanne.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Catherine Grobet, de Vallorbes, et HenriSamuel Pingod, de Lausanne, de la date du 6 Xbre. 1779, dont la teneur suit.

Lausanne.Tit, et alloc.En conséquence du verbal du Consistoire de Vallorbes, en date du 29e. 9bre. dernier.

Dans l’audience de ce jour, nous avons adjugé d’ors [p. 362] et déjà comme illégitime,l’enfant dont Catherine Grobet, dudit lieu, est actuellement enceinte, à Henri Samuel Pingod,bourgeois de Lausanne, homme marié, et établi boucher à Morges, ainsi que père confessant.D’où il suit que ledit enfant devra porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui,de manière qu’il en sera seul chargé au bout de six mois dès la date de la naissance, endonnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Envers laquelle il est condamné àtous les frais de ce procés, sauf modération.

Quand à la peine de cet adultère simple, nous avons bien voulu ne regarder la fautedudit Pingod que comme une faute ordinaire, en faveur de l’aveu ingénu qu’il en a fait.

En sorte qu’il ne subira que dix jours de prison. Mais ladite Grobet, vingt jours. L’unet l’autre dans le lieu du délit.

Nous vous chargeons amiablement de retirer dudit Pingod pour l’émolument de notreChambre 100 baches, que vous ne manquerez pas de faire parvenir à notre secrétaire.

Dieu soit avec nous. Donné ce 6 Xbre. 1779.Reçue le 10 Xbre. 1779.Le secrétaire de la Chambre, pour éviter des frais audit Pingod, lui écrira

incessamment pour satisfaire aux émolumens dûs à l’illustre Chambre du Consistoiresuprême, du montant de dix francs.[p. 363]

[-] Concernant Benoît Mercier.Sa magnifique seigneurie baillivale ayant reçu de Messrs. du Consistoire de Corsier sur

Vevey, un verbal signé Genthon, du 7me. 8bre. 1779, par lequel Benoît Mercier, de Lausanne,est accusé d’être le père de l’enfant dont Marie Madeleine Ducret, de Chardonne, rièreCorsier, est actuellement enceinte, fait informer auprès de cette Chambre si ledit Mercier estle même qui a eu deux procédures consistoriales avec Jeanne Marie Reymondin, de laCorporation française.

En réponse, il est certifié que ledit Benoît est bien la même et identique personne dontles deux délits ont été connus par nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprêmedes dates du 26 Xbre. 1779 et 27e. avril 1779.

[-] Comparoissance des jugaux Chabaud.La Dame Chabaud, née Nillon, femme du Sr. Chabaud, marchand bijoutier de cette

ville, se présente par requête aux fins de prier la vén. Chambre de donner cours à sa clame deséparation terminelle d’avec son mari Isaac Etienne Chabaud, de Paudex, habitant de cetteville, en vertu des raisons y énoncées, pour être adressée à nos illustres et puissans seigneursdu Consistoire suprême.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre veut bien l’admettre dans la demande qu’elle nousfait de pouvoir commencer sa procédure, ayant trouvé à propos de faire convenir leditChabaud.

Lequel ayant paru a été, de même que sa femme, exhorté à se réconcillier vu leurnombreuse famille, composée de sept enfans. Après que Messrs. les révérends pasteurs leur

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ont représentés de la manière la plus énergique, combien il étoit intéressant pour eux de seréunir d’une manière édifiante et chrétienne, la femme a persisté à solliciter [p. 364] uneséparation, disant que sa famille le souhaite aussi.

Ensuite, ledit Sr. Chabaud a demandé copie et terme de 15ne. pour répondre.A quoi remis.[-] Comparoissance de Marguerit Bournand, femme de François Borde.Monsieur le président informe la v. Chambre, qu’ayant appris d’une manière certaine

que Marguerite Bournand, agrégée à la Corporation des étrangers, âgée d’environ 29 ans,laquelle poursuit une clame de divorce par proclamations contre son mari François Borde, setrouvoit actuellement enceinte. Il a cru qu’il étoit de son devoir d’assigner céans ladite Bordepour constater de fait, et dénoncer le père de son enfant, qui doit être Jacob Hotz, de Ste.Marie aux Mines, domestique voiturier chez Mtre. Chapuis. Ledit Hotz a été aussi mandéjuridiquement.

Ladite Borde paroissant.Interrogée si elle est enceinte, et de combien de mois.R. : Qu’elle est enceinte de six mois.Interrogée de qui elle est enceinte.R. : Des œuvres de Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, de la Religion réformée, âgé

d’environ 30 ans.Interrogée pourquoi ledit Jacob Hotz ne paroît pas.R. : Qu’il est parti pour Genève hier matin, qu’il doit rentrer samedi au soir.Relu, ratifié.

[p. 365]Ladite Borde a prié la v. Chambre que pour accellérer, elle puisse le plutôt possible

paroître avec ledit Hotz, par devant Mr. le président, pour coucher écriture de ses aveux, dontelle ne doute pas. Demandant encore que la procédure se trouvant par là fermée, elle soitadressée par le premier courier à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême.

Sur quoi délibérant, la Chambre n’a fait aucune difficulté à ce que Mr. le président,avec le secrétaire, reçoivent la reconnoissance de paternité de Jacob Hotz, accompagné de sasignature, et qu’il soit fait tout de suite expédition du verbal à nos illustres et puissansseigneurs du Consistoire suprême.

Il a été recommandé à ladite Borde d’avoir bien soin de son fruit.[-] Comparoissance de Jacob Hotz.Du samedi 18 Xbre. 1779, 4 heures après midi.En suite du délibéré de la v. Chambre, en date du 16 du courant mois de Xbre., Mr. le

président a interrogé le nommé Jacob Hotz, présence du secrétaire, comme suit.Interrogé de son nom, surnom, âge, qualité et demeure.Rép. : Qu’il s’appelle Jacob Hotz, fils de Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, âgé

d’environ 30 ans, domestique voiturier depuis six ans, en cette ville, de la Religion réformée,et actuellement au service du voiturier Samuel Chapuis.

Interrogé s’il a eu connoissance de l’accusation qu’a portée contre lui MargueriteBournand, femme de François Borde, étranger et sans bourgoisie, absent de ce pays depuislongues années.

R. : Que oui.Interrogé s’il reconnoît la vérité de cette accusationR. : Qu’il a eu commerce charnel avec ladite Borde sous l’espérance de l’épouser

lorsqu’elle seroit libre. Qu’il reconnoît d’ors et déjà, sans autre forme légale, la paternité del’enfant dont elle est enceinte de ses œuvres, et qu’il le prendra à lui au moment de sanaissance, comme devant porter son nom, être de sa bourgeoisie de Ste. Marie aux Mines,désirant ardemment, s’il est possible, de réparer l’honneur de ladite Borde.

157

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi il a signé sous l’obligation de ses biens, au domicile de Mr. le

président, de même que le secrétaire de la Chambre, Lausanne ce 18 Xbre. 1779.Signé : Jean Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines.Vu signer, signé : Vullyamoz, secrétaire du v. Consistoire de Lausanne.

[p. 366]30 décembre 1779

Du 30 Xbre. 1779.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, banneret de Saussure, conseillers Destallents, Duperron, assesseur Bergier, etsecrétaire Vullyamoz.

[-] Anne Susanne Amy ; Jean Jaques Wanner.Le samedi 18 Xbre. 1779, a été expédié à l’adresse de Mr. le juge du Consistoire de

Nidau, la communication de la sentence rendue le 25e. 9bre. 1779, de la clame de paternitéd’entre Anne Susanne Amy, d’Oggens, et Jean Jaques Wanner, de Nidau.

[-] Les mêmes que ci dessus.Dudit jour 18 Xbre. 1779, a été expédié à Mr. le capitaine Comte, juge du Consistoire

de Thierens et Oggens, la communication de la sentence rendue le 25 9bre. 1779, de la clamede paternité de Anne Susanne Amy contre Jean Jaques Wanner.

[-] Marguerite Borde, née Bournand et Jacob Hotz.Le mecredi 22 Xbre. 1779, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, le paquet concernant la clame de paternité et de mariage de Marguerite Bournand,femme Borde, contre Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines.

[-] Henry Samuel Pingod.En suite des ordres de la v. Chambre du 16 du courant, le secrétaire a écrit par le

courier du 23 dit Xbre. 1779, à Henri Samuel Pingod, maître boucher à Morges, pour qu’il eutà payer en évitation de frais, cent baches pour émolument de l’illustre Consistoire suprême,concernant la clame de paternité qu’a formée contre lui Catherine Grobet, de Vallorbes.[p. 367]

[-] Jeanne Noverraz, née Bonnet, et Phillippe Messeiller.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport que le 24 Xbre. courant, la veuve

Jeanne Noverraz, née Bonnet, de Villete, lui a remis le récépicé de Mr. le juge Olivier, de LaSarraz, du 14 9bre. 1779, pour la procédure de ladite avec Philippe Messeiller.

[-] Rose Charoton et Philippe Jaquerod. Déclaration de Rose Charoton.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Rose Charoton, de

Mont la Ville, contre Philippe Jaquerod, d’Ormond Dessus, du 13e. Xbre. 1779, dont la teneursuit.

Du lundi 13 Xbre. 1779, 3 heures après midi.Rose Charoton, fille d’Honête Jean Samuel Charoton, de Mont la Ville, Consistoire

dudit lieu, bailliage d’Yverdun, âgée de 26 ans, actuellement domestique dans la bannière deBourg, déclare être enceinte des œuvres de Philippe Jaquerod, fils d’Honnête David Jaquerod,d’Ormond Dessus, habitant de cette ville, âgé de 21 ans. Son commerce charnel avec lui ayantcommencé dans le courant de septembre présente année 1779, et continué jusques à la fin de9bre. Il lui a fait des promesses verbales de mariage. La plaignante compte d’être enceinted’environ deux mois.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 13e. 9bre. 1779.Signée : Rose Charoton, de Mont la Ville.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

158

[p. 368][-] Comparoise de Rose Charoton.Paroît Rose Charoton, de Mont la Ville. Lecture lui ayant été faite de sa clame de

paternité contre le susnommé Philippe Jaquerod, la confirme en tout son contenu, produisantdes promesses de mariage en date 20e. Xbre. 1779, dont la teneur suit.

[-] Copie des promesses de Jaquerod.Je promet et m’engage icy d’épouser Rose Charotton, de Mont la Ville, au terme de

quatre années à compter d’aujourd’hui, plus il y aura la somme de soixante quatre livres, etseize livres p. en faveur des pauvres pour la déditte. En foi de quoi je me suis signé àLausanne le 20e. Xbre. 1779.

Signé : Phillippe Jaquerod.[-] Comparoissance de Philippe Jaquerod.Compart Philippe Jaquerod. Lequel après avoir entendu la lecture de la clame de

paternité que forme contre lui Rose Charoton, et des promesses de mariage qu’il lui a faite endate du 20 Xbre. 1779.

Interrogé s’il reconnoît la paternité de l’enfant que ladite Rose Charoton lui attribue.Rép : Que oui.Interrogé s’il a écrit et signé les promesses de mariages datée du 20 Xbre. 1779, avec

terme de quatre ans, que ladite Charoton présente.Rép. : Que c’est bien lui qui les a écrites et signées. Qu’il est dans la sincère intention

d’épouser ladite Charoton. Mais qu’étant mineur, par respect pour son père et pour sa mère,dont il lui importe beaucoup de conserver la bienveillance, il n’a pas put se lier contre leur gréavant le tems de sa pleine majorité.[p. 369]

Interrogé si étant disposé à épouser ladite Charoton lorsqu’il aura obtenu labénédiction de son père et de sa mère pour ce mariage, il ne regarde pas d’ors et déjà l’enfantqui doit naître comme légitime.

Rép. : Qu’il s’en remet pour cet objet à la volonté et à la haute décision de nos illustreset puissans seigneurs du Consistoire suprême. Demandant qu’il leur plaise de prononcer sur lecas, sans évocation des parties, et que la procédure leur soit adressée le plutôt possible.

Ladite Rose Charoton, prenant à fins favorables tout ce que dessus, se joint auditJaquerod pour demander la même grâce.

Relu, rattifié.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a ordonné que la procédure, telle qu’elle est censée

complette, seroit expédiée le plutôt possible à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême,que du reste, il n’est rien parvenu à la Chambre que de bon et avantageux sur le compte de laCharoton.

[-] Les jugaux Chabaud.En suitte de cause, compart la Dame Chabaud, née Nillion, contre le Sieur Chabaud,

son mari. Il échet à ce dernier de produire ses réponses.Le Sr. Chabaud paroisant, produit ses réponses avec les titres qui les accompagent, au

nombre de quatre.La Dame Chabaud, après en avoir entendu la lecture et des pièces qui l’accompagnent,

au lieu d’en dedander (sic : demander) copie et terme, a prié la v. Chambre de faire lever lesdeux pièces de la procédure et de les adresser aux illustres et puissans seigneurs duConsistoire suprême pour en ordonner ce qu’ils trouveront bon.

Mr. le président ayant observé que dans [ses] réponses, le Sr. Chabaud ne parloit pasd’une manière claire et positive sur la demande en séparation que fait sa femme, il a étéinterrogé s’il se refuse à ladite séparation, ou s’il y consent.[p. 370]

159

Il a répondu qu’il se conformeroit absolument à ce que nos illustres seigneurs duConsistoire suprême en décideroient.

Sur quoi délibéré, la Chambre a vu avec plaisir que la femme Chabaud ne demandepas la communication des réponses pour répliquer. Ayant entendu Messrs. les révérendspasteurs, qui ont eu connoissance des différentes altercations qui se sont élevées entre lesjugaux Chabaud, la v. Chambre prend la liberté de manifester aux illustres seigneurs duConsistoire suprême, que vu l’irritation réciproque dans laquelle paroissent actuellement êtreles parties, il y auroit lieu d’accorder à la femme Chabaud la séparation terminelle qu’ellesollicite avec une si grande ardeur, d’autant plus que le mari ne s’y oppose pas d’une manièreformelle. Que s’il plaisoit à nos illustres seigneurs de les dispenser de paroître à leur hauteaudience, se seroit une diminution de frais bien avantageuse pour le Sr. Chabaud qui lessupporte tous jusques ici, se trouve dans une situation assés étroite pour l’entretien d’unefamille fort nombreuse. Conséquemment, la procédure devra être levée pour en faireexpédition le plutôt possible.

13 janvier 1780

Du jeudi 13e. janvier 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,banneret de Bourg, conseillers Destallents, Duperron, et secrétaire.[p. 371]

[-] Rose Charoton ; Phillippe Jaquer[o]d.Par le courier du mecredi 5e. janvier 1780, le paquet concernant Rose Charoton, de

Mont la Ville, et Philippe Jaquerod, d’Ormond Dessus, a été expédié à nos illustres seigneursdu Consistoire suprême.

[-] Les jugaux Chabaud.Par le courier du mecredi 12 dit janvier, le paquet concernant les jugaux Chabaud, de

Paudex, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[-] Concernant le fils Weibel.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un brevet des honorés

seigneurs du Conseil, de la date du 7me. janvier courant, en suite duquel, il auroit fait assignerle Sieur Weibel, fils, pour avoir été trouvé le dimanche 2me. du courant, pendant le sermon dumatin, ayant un fusil avec deux chiens, chassant au bas de Montbenon.

Le Sr. Weibel paroissant, expose pour sa justification, qu’étant en route, il avoit sonfusil alors en bandoulière, avec deux chiens accouplés, ce que le garde Jean Marc Paget,messeiller, n’a pas nié, mais qu’il s’étoit écarté du chemin.

[-] Jugement.Sur quoi délibéré, la Chambre a connu que le Sieur Weibel devoit être tenu de payer

l’amande irrémissiblement ordonnée par le premier paragraphe, fol. 70, de dix livresbernoises. Mais comme c’est la première fois qu’il paroît par devant nous, la Chambre ne lecondamne qu’à cinq florins d’amande, plus dix baches pour le rapport du messeiller JeanMarc Paget, et sa comparoissance et les frais accessoires.

[-] Rapport de la garde de jour.Mr. le président expose qu’en suite du rapport de la garde Jean Nicole, il auroit fait

assigner Abram David Regamey pour avoir été vu le dimanche 9e. courant, pendant le sermondu matin, à sa pinthe à la Chenaux de [p. 372] Bourg, des personnes qui sortoient de lachambre à vendre vin, où l’on boit, s’aller cacher sur la gallerie.

[-] Comparoissance de Abraham David Regamey.Paroît Abram David Regamey. Après plusieurs raisons avancées pour sa justification

qu’il n’y avoit personne alors qui fussent à boire dans son bouchon.

160

La v. Chambre veut bien le libérer pour cette première fois, vu d’aillieurs que le casn’est pas bien éclairci ni de part ni d’autre, sur le rapport qu’il nous en a été produit.

[-] Concernant Daniel, fils naturel de François Louis Schwachkein.Mr. le président met sur le bureau une lettre qui lui auroit été remise par sa très noble

seigneurie baillivale, qui lui auroit été adressée de Basle en date du 8e. janvier courant, reçuele 10e. dit, de Daniel, prenant le nom et se disant fils naturel de François Louis (sic :Rodolphe) Schwachkein, fils de l’apothiquaire, qui s’étoit passé bourgeois de Lausanne, sedisant de plus avoir été baptisé à la grande église de Berne en 1761, et cela aux fins de voirsur les registres s’il ne s’étoit rien passé à ce sujet qui y eut quelque rapport.

[-] Le rapport en a été donné vendredi 15 janvier 1780.Le secrétaire est chargé de chercher sur les registres si cette affaire a été connue en

cette v. Chambre, soit par des proclamations, soit par des citations, et d’en donner son rapportau plutôt. Rapport fait, il ne s’y est rien trouvé sur cette affaire.

[-] Concernant Jean François Pasteur, de Genève.Mr. le président fait rapport d’une lettre de Genève, à la date du 7e. du courant,

adressée à Mr. le révérend doyen Leresche, de Jean François Pasteur, au but de demanderdivorce d’avec sa femme, Jeanne Gisclon, par les raisons y contenues, en suite de la lecturequi en a été faite.

Le secrétaire est chargée de lui écrire et de lui annoncer que la belle-mère Gisclon doitêtre actuellement à Versoix, auprès de laquelle il pourroit prendre des renseignemens sur lecompte de sa femme, qui doit être morte dans les environs de la route de Lyon.[p. 373]

27 janvier 1780

Du jeudi 27 janvier 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, présent, bannerets de Bourg, du Pont, conseillersDestallents, Duperron, assesseur Porta.

[-] Concernant Marguerite Borde, née Bournand, et Jacob Hotz.Le noble seigneur lieutenant baillival informe la vén. Chambre que dans le courant du

mois de Xbre.dernier, Marguerite Borde, née Bournand, auroit présenté une requête à sa trèsnoble seigneurie baillivale, aux fins d’accellérer les proclamations contre François Borde.Mais sa seigneurie baillivale ayant appris que ladite Borde étoit enceinte des œuvres de JacobHotz, de Sainte Marie aux Mines, elle n’a pas voulu absolument donner cours, comme étantcontraire aux loix.

Mr. le président met sur le bureau la déclaration de la sage-femme jurée FrançoisePerrin, sur l’accouchement de l’enfant, fille de Marguerite Borde, née Bournand, aussi que deson baptême, dont la teneur suit.

Du mardi 4me. janvier 1780, 8 heures du matin.Françoise Perrin, sage-femme, déclare que Marguerite Bournand, femme de François

Borde, de Meillaud en Languedoc, domiciliée à la Cheneau de Bourg chez Mttre. Strübinguen,d’elle bien connue, auroit accouché ce jourd’hui 4 janvier, à 3 heures du matin, d’une enfantfille, viable, à terme, et de bonne venue, quoi que petite.[p. 374]

Du mecredi 12 janvier 1780, 9 heures du matin.La susdite Perrin certifie que l’enfant fille de Marguerite Bournand, femme de

François Borde, de Millaud en Languedoc, née le 4e. du courant mois de de janvier, auroit étébaptisé hier onze dudit, à l’église de St. François par Mr. le ministre Dompierre, sous le nomde Jeanne Louise Salomé.

[-] Comparoissance de Marguerite Borde, née Bournand, et de Jacob Hotz.

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Paroissent Marguerite Borde, née Bournand, et Jean Jacob Hotz, domestique voiturierde cette ville, duement assignés. A qui il a été demandé s’il reconnoît la paternité de l’enfantfille appellée Jeanne Louise Salomé, dont Marguerite Borde est accouchée le 4 janvier 1780.

A répondu que oui. Reconnoissant qu’il est bien le père de la susdite enfant, laquelledevra porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui dès le jour de sa naissance.

Ensuite, Mr. le président a communiqué audit Jean Jacob Hotz et à MargueriteBournand, femme Borde, ici l’arrêt des illustres seigneurs du Consistoire, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.En conséquence de notre verbal du 16 et 18e. du courant, nous avons adjugé d’ors et

déjà comme illégitime, à Jacob Hotz, de Sainte Marie aux Mines, en service à Lausanne, ainsique père confessant, l’enfant dont Marguerite Burnand, agrégée à la Corporation des habitans,femme de François Borde, étranger, sans [p. 375] bourgeoisie, et absent du pays, estactuellement enceinte. Devant porter le nom dudit Jacob Hotz, être de sa bourgeoisie, etentretenu par lui seul au bout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mèretrois crones pour son gage de nourrice. Nous condamnons l’accusé envers la plaignante à tousles frais de ce procès, sauf modération.

Quand à la peine de ce double adultère, nous ad[s]treignons les parties à subir celle quiest ordonnée par les loix, ce qui sera exécuté dans votre ressort, ainsi que le lieu du délit. Etl’un et l’autre devront faire leur déprécation par devant le Consistoire.

Et comme le mariage projetté entre les parties ne peut jamais avoir lieu puisqu’il estcontraire aux loix, nous vous chargeons amiablement de leur manifester nos ordres etinhibition à cet égard.

Finalement, vous retirerez dudit Jacob Hotz, pour émolument de notre Chambre quatrevingt cinq baches, que vous enverrez à notre secrétaire dans le délai d’un mois. Sur quoi nousvous recommandons à la protection divine. Donné ce 27e. Xbre. 1779.

Crones, batzSentence 2. 10Avis à une Chambre 5Lettre dans le pays 20

___________Crones 3 10

Lesquels, après avoir entendus la lecture, ledit Hotz et Marguerite Borde, néeBournand, l’un et l’autre en ont appellé, avec respect, par devant LL. EEces. du Sénat.

A quoi admis, moyennant qu’ils suivent à cet appel juridiquement à teneur des loix etusages prattiqués à ce sujet. Ce qui sera communiqué à nos illustres seigneurs.

Jacob Hotz a payé 85 baches pour émolumens du Consistoire suprême.[p. 376]

Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême concernant Rose Charoton, de Mont la Ville, et Philippe Jaquerod, d’Ormont Dessus,du 10 janvier 1780, dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Tit. et alloc.Nous vous chargeons amiablement de communiquer au Consistoire d’Yverdon le

verbal que vous nous avez envoyé le 5 du courant, au sujet de la clame de mariage et depaternité que Rose Charoton, de Mont la Ville, a formée contre Philippe Jaquerod, d’OrmondDessus. Jusques à ce que nous ayons reçu la résolution dudit Consistoire à cet égard, noussuspendons le jugement de cette affaire. En attendant, nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 10e. janvier 1780-

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Reçue le 14 janvier 1780.[-] Comparoissance de Rose Charoton et de Philippe Jaquerod.Paroissent Rose Charoton et Philippe Jaquerod. Lecture leur ont été faite du rescrit du

Consistoire suprême, auquel ils se soumettent très respectueusement.La vén. Chambre, par son délibéré, ordonne que communication de cette procédure

sera expédiée à Mr. le juge du vén. Consistoire de Mont la Ville, pour être remise à RoseCharoton, qui la remettra.

Mr. le président met sur le bureau la dénonciation qui lui auroit été remise par Mr. lechâtelain Secrétan, dixenier au hameaux d’Ouchy, lundi dernier 24 du courant, dont la teneursuit.

Le samedi 22 janvier 1780, entre 6 et 7 heures, j’ai été obligé de me transporter partrois fois dans la maison du Sr. Ab. Mojeon, où Louis Raymondin, son beau-fils, faisoit ungrand vacarme, cassant et brisant tout ce [p. 377] qui se trouvoit sous sa main, ayant renverséle mortier par la chambre, et maltraité sondit beau-père. Dimanche 23 courant, sur les dixheures du matin, j’ai été encore appellé dans la maison dudit Abram Mojeon, pour entendreles plaintes de ses deux filles, qui m’ont déclaré.

1°. Jeanne Esther Mojeon, ballayant sa chambre, a été tout d’un coup assaillie par lesdeux sœurs Reymondin, qui lui sont tombées à grands coups sur le corps, et une entr’autre surl’oeil, qui est extrêmement enflé.

2°. Madelon Mojeon, femme du susdit Raymondin, a aussi été la victime de la fureurde ses belles-sœurs, qui l’ont fort maltraitée et lui égratigné tout le bras, les mauvais coupsqu’elle a reçu l’ayant obligée de se mettre au lit. Ce qui est fort dangereux, étant enceinte.

Comme ledit Raymondin, de même que ses beaux-frères Mojeon, ne se connoissentpas lorsqu’ils ont bu, étant comme fou, il est nécessaire de mettre quelques ordres dans cettemaison, sans quoi, tôt ou tard, il y pourroit arriver quelque malheur. C’est ce que je croisdevoir exposer pour ma décharge, Ouchy le 24 janvier 1780.

Signé : L. Secrétan, dizenier.Monsieur Secrétan. dizenier d’Ouchy, m’ayant communiqué le présent rapport, je l’ai

chargé d’en faire part à Monsr. le procureur fiscal. Et il m’a de nouveau fait rapportaujourd’hui que Mr. le procureur fiscal l’avoit adressé à Monsieur le lieutenant baillival, ceprédit jour 24 janvier 1780.

Signé : Secrétan, banneret.Paroissent les ci après nommés, assignés à ce jour.La veuve Reymondin, née Regamey.Louis Reymondin, son fils.Jeanne Louise Neuschwander, fille Reymondin, tailleuse.Abram Mojeon.Marie Madeleine, sa fille, femme de Louis Raymondin.

[p. 378]Jeanne Esther Mojeon.Pierre Louis Mojeon, absent.La femme dudit Pierre Louis Mojeon.Louise Reymondin, sœur de la tailleuse.Les susnommés ayant paru, hors Louis Mojeon. Lecture ayant été faite de la

dénonciation de Mr. le châtelain Secrétan, dixenier des hameaux d’Ouchy, bannière du Pont.Après avoir entendus les uns et les autres fort au long dans leurs raisons réciproques.

La v. Chambre, par son délibéré, a renvoyé à une examen plus détaillé la suite de cetteaffaire dans la 15ne., pour découvrir la vérité par le canal de Mr. le dizenier, qui sera invité à serendre auprès de la vén. Chambre à la première assemblée, à laquelle Pierre Louis Mojeon,qui doit avoir frappé en pleine rue Jeanne Louise Neuschwander, née Reymondin, devra être

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cité de nouveau. Et quand à Louis Reymondin qui a occasionné cette scène scandaleuse parses violences et emportemens envers sa femme, Jeanne (sic : Marie) Madeleine Mojeon, etson beau-père, Abram Mojeon, il est condamné à 24 heures de prison et aux frais. Tousdevront reparoître dans la 15, et Pierre Louis Mojeon devra être cité de nouveau vu sa noncomparoissance.

Les seurtés ont été imposées à Louis Reymondin envers sa femme, son beau-père, sesbelles-sœurs et beaux-frères, et a promis la paix envers eux.

10 février 1780

Du jeudi 10me. février 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteurs Besson, Chavannes,Sprunglin, présent, pasteur de l’Eglise allemande, bannerets de Bourg, du Pont, conseiller[s]Destallents, Duperron, de Crousaz, assesseurs Porta et Bergier, et secrétaire Vullyamoz.[p. 379]

[-] Rose Charoton et Philippe Jaquerod.Le paquet concernant Rose Charoton et Philippe Jaquerod a été expédié le dimanche

31 janvier 1780, à l’adresse de Mr. le juge du Consistoire de Mont la Ville, remis à laditeCharoton qui y alloit chez elle.

[-] Marguerite Borde ; Jacob Hotz.Le paquet concernant Marguerite Borde, née Bournand, et Jacob Hotz, concernant leur

appel réciproque par devant Leurs Excellences du Sénat de la sentence rendue de l’illustreChambre suprême, du 27e. Xbre. 1779 de leur adultère, leur a été expédiée le samedi 5 février1780.

[-] Rapport d’une battaile à Ouchy.Pour suivre à la dénonciation de Mr. le châtelain Secrétan, ainsi que dizenier des

hameaux d’Ouchy, les mêmes ci devant cités pour l’assemblée du 27 janvier dernier,reparoissent à ce jour, y ayant de plus à paroître Pierre Louis Mojeon et Jean Pierre Mojeon,ici présent.

Lecture faite d’une information plus précise que le noble seigr. lieutenant baillival seseroit procurée par lui même dimanche dernier 6 du courant à Ouchy, où il se seroittransporté, et de Mr. le dizenier Secrétan.

La vén. Chambre, après avoir entendu patiemment les uns et les autres dans leursraisons réciproques fort au long, a vu avec plaisir l’atouchement de mains des uns et desautres en signe de paix et de concorde, au moyen de quoi la v. Chambre veut bien se relâcherd’ultérieures informations et les pardonner. Priant Mr. le révérend pasteur Chavannes de leursadresser une exortation sérieuse à ce sujet. Monsieur le président s’est relâché de sesdéboursés pour la descente à Ouchy, montant à huit florins six sols, et de sa vacation. Mr. ledixenier Secrétan n’a rien exigé pour la sienne. Le secrétaire a reçeu 5 fl., et l’huissier autant.

Lesquels étant rentrés, Mr. le révérend pasteur Chavannes leur a adressé une exortationdes plus pathétiques, leur ayant été enjoint très sérieusement de garder la paix les uns enversles autres, et de mettre en oubli tout ce qui c’est passé à ce sujet.

[-] Concernant Pierre Colomb, de St. Aubin. Enfant illégitime de Judith Cardinaux.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un arrêt de Leurs Excellences

du Sénat, concernant Jean Pierre Colomb, natif de St. Aubin, et Judit Cardinaux, du bailliaged’Oron, du 1er février 1780, dont la teneur suit.[p. 380]

Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne. Salut.Un certain Jean Pierre Colomb, natif de St. Aubin, illégitime, présentement domicilié à

Lausanne en qualité de garçon menuisier, s’est présenté par devant nous avec une requête que

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vous avez scellée, tendante à ce qu’il nous plut de permettre la bénédiction de son mariageavec Judith Cardinaux, du bailliage d’Oron, qu’il a rendue enceinte. Mais nous n’avons pastrouvé bon de lui accorder sa demande. Ainsi que nous en avons purement et simplementéconduit ledit Colomb, ce dont vous lui ferez part. Dieu vous ait en sa bonne et sainte garde.Donné ce 1er. février 1780.

Lecture faite dudit arrêt, la v. Chambre a ordonné que l’un et l’autre seront cittés pourla 15 aux fins de faire un commencement de procédure.

Monsieur le président met sur le bureau une très humble requête de Marguerite Borde,née Bournand, par laquelle elle se désiste de l’appel qu’elle avoit interjeté de la sentencerendue par l’illustre Chambre suprême datée du 27e. Xbre. 1779, qui lui fut communiquée à ladernière assemblée du 27me. janvier, priant avec soumission la v. Chambre d’i donner courspour être adressée à nos illustres seigneurs au Consistoire suprême.

Messieurs les révérends pasteurs présentent de même les proclamations concernantMarguerite Bournand, femme Borde, et son mari, François Borde, faites suivant l’usage.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre veut bien y donner cours pour être adressée à nosillustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, y annexant la proclamation ci dessus.[p. 381]

[-] Plainte d’Anne Delavaux contre Jean Puesche, son mari.Mr. le président met sur le bureau la plainte d’Anne Delavaux contre son mari Jean

Puesche, de la Corporation françoise, menuisier de profession, domicilié à la Cheneau deBourg, du 2 février, des désordres que lui fait éprouver son mari, provenant des excès du vindans lesquels il se plonge, pour se livrer à des excès les plus injurieux et insultans contre elleet les enfans du premier lit, &c.

La v. Chambre, après avoir entendu la lecture, prie Mr. le révérend doyen Polier deBottens de les faire venir par devant lui et les exorter sérieusement à la paix. Lesquels serontavertis par l’officier pour s’i rencontrer à l’heure de sa commodité.

[-] Concernant Béatrix de Villefort et Frédérich Reuchlin.Mr. le président informe la vén. Chambre qu’il auroit reçeu une lettre de St. Aubin,

datée du 5e. du courant, signée P. de Villefort, née Rosselet, portant que sa fille Béatrix étantentrée en service chez Frédérich Reuchlin, potier d’étain, habitant de cette ville, y étoit venueenceinte de ses œuvres, de qui elle obtint le 20e. du mois passé un billet de reconnoissance depaternité de l’enfant qu’elle portoit dans son sein, conformément aux loix de son pays, et àfournir à l’entretien de cet enfant. Concluant que vu son extrême indigence pour pouvoirsoulager sa fille dans la situation où elle se trouve, à suivre le conseil qu’on lui donnad’envoyer accoucher sa fille en cette ville pour se voir en nécessité de prendre ce parti.

La vén. Chambre, après avoir entendu la lecture dedite lettre, prie Monsieur lelieutenant baillival de faire convenir par devant lui Frédérich Reuchlin, homme marié, pourêtre entendu en suite de la communication qui lui sera donnée de cette lettre. En conséquencede quoi, ordonné au secrétaire de scéans d’écrire en réponse à dite lettre, au plutôt possible,pour détourner ladite Villefort de venir faire ses couches ici dans cette ville, d’autant qu’ellen’auroit pas lieu.

[-] Jeanne Susanne Jaccottet et Abram Issac Nicolas.Monsieur le président met sur le bureau la copie de la clame de mariage et de paternité

de Jeanne Susanne Jaccotet, d’Echallens, contre Abraham Isaac Nicolas, absent du pays, du6e. février 1780, dont la teneur suit, l’original étant entre les mains de ladite Jacottet pourservir où besoin sera.[p. 382]

[-] Copie.Du dimanche 6 février 1780, 4 heures après midi.

165

Jeanne Susanne Jacottet, fille de feu Jean Isaac Jacottet, d’Echallens, âgée de 23 ans,actuellement domestique en cette ville, rue et bannière de Bourg, déclare être enceinte desœuvres d’Abraham Isaac Nicolas, de Mézières, âgé de 24 à 25 ans, ci devant valet de pieddans la même maison, absent du pays depuis le mois d’août dernier. Son commerce charnelavec lui ayant commencé dans le courant de juillet 1779, et continué jusqu’à son départ. Il luia fait des promesses verbales de mariage. Elle compte d’être enceinte d’environ six mois.Produisant une lettre dudit Nicolas, datée d’Ostende du 8me. 7bre. 1779. La plaignanteinterrogée où elle se propose de faire ses couches, a dit que s’il ne lui étoit pas permisd’instruire sa procédure à Lutry où son frère maternel Dizerens voudroit bien la recevoir, ellese retirera par devers sa bourgeoisie d’Echallens.

Lecture faite, a persisté.Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.En témoin de quoi scellé & signé, Lausanne ce 6e. février 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 383]Comme il est revenu à la Chambre que le père de l’accusé se disposeroit à reconnoître

la peternité de l’enfant, Monsieur le président en couchera écriture pour l’ajouter au verbal.Lequel devra être adressé à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême avant que de lecommuniquer aux communautés respectives.

Du samedi 12 février 1780, 4 heures après midi.Jean Daniel Nicolas, de Mézière, et son fils, Jean Baptiste Nicolas, père et frère

d’Abraham Isaac Nicolas, actuellement à Londres, ayant ouï la lecture de la clame de mariageet de paternité de Jeanne Susanne Jacottet, d’Echallens, du 6 du courant mois de février contreAbraham Isaac Nicolas. Vu et examiné les deux lettres dont ladite Jacottet est porteuse, l’uned’Essert, bailliage d’Yverdun, en date du 22 août 1779, et l’autre d’Ostende, du 8me. 7bre.1779, dont les signatures ont bien été reconnues par Jean Baptiste Nicolas, disent et déclarentqu’ils ne forment aucune opposition à ce que ledit Abraham Isaac Nicolas remplisse lesengagemens qu’il a pris en faveur de ladite Jacottet dans les deux lettres produites. Lesquellessont de la plus grande énergie, et annoncent que ledit a une pleine foi en la bonne conduite desa promise dans la demeure respectable où elle demeure. En sorte que de leur part, il ne serapoint opposé au mariage lorsqu’Abraham Isaac Nicolas pourra revenir d’Angleterre. Et quandà la clame de paternité, [p. 384] Jean Daniel Nicolas, en sa qualité de père de l’accusé, pouréviter des frais et terminer amiablement la procédure, dit et déclare qu’il se reconnoît d’ors etdéjà, au nom de son fils dont il connoît bien les intentions, comme père de l’enfant dont laditeJaccottet est enceinte, devant porter leur nom, être de leur bourgeoisie, et entretenu par euxaux terme des loix consistoriales, renonçant ici à la formalité de l’examen à l’instant descouches.

D’autre part furent présens, François Louis Dizerens, de Lutry et Jean EtienneDizerens, frères de Susanne Dizerens, veuve Jacottet, mère de la plaignante, lesquels ontmanifesté qu’ils acceptoient à fins favorables ce qui est dit ci dessus quand à la clame demariage, et qu’au nom de leur nièce, ils se faisoient fort que la clame de mariage demeureroitsuspendue jusqu’au retour de l’accusé d’Angleterre. Demandant ici la grâce de leur nièce vul’espérance où l’on est que la faute sera couverte par mariage subséquent. Ce qu’ils osentattendre de la bonté et clémence ordinaire de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.A quel effet, le père et le frère Nicolas joignent bien agréablement leurs humblessollicitations.

Lecture faite, ont persistés.En témoin de quoi les uns et les autres ont signés sous l’obligation de leurs biens, et

approuvé l’écriture. Lausanne ce 12 février 1780.

166

Signés : Jean Daniel Nicolas, de Mézières ; Jean Baptiste Nicolas ; François LouisDizerend, de Lutry ; Jean Etienne Diserend, de Lutry.

Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[p. 385]

24 février 1780

Du jeudi 24 février 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteurs Besson, Chavannes,présent Mr. le pasteur Sprunglin, de l’Eglise allemande, banneret de Bourg, conseillersDestallents, Duperron, assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Marguerite Borde et son mari.Le paquet concernant les proclamations publiées d’entre Marguerite Borde, née

Bournand, et son mari, François Borde, dans lequel y est annexé la requête de ladite Borde deson désistement d’appel de la sentence rendue par l’illustre Chambre suprême le 27 Xbre 1779,concernant son cas d’adultère avec Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, lequel n’y est pointcompris, a été expédié le 12e. février 1780.

[-] Béatrix de Villefort et Frédérich Reuchlin.En suite des ordres de la v. Chambre du 10e. février 1780, le secrétaire a écrit à Dlle. de

Villefort, née Rosselet, en réponse à sa lettre adressée au noble seigneur lieutenant baillival,de St. Aubin, datée du 5e. février 1780, produite en Chambre le 10e. dit, concernant lagrossesse de sa fille Béatrix, qu’elle déclare enceinte des œuvres de Frédérich Reuchlin,homme marié, habitant de cette ville, potier d’étain de profession. Par dite réponse, en suivantles intentions de la Chambre, il lui fut répondu en conséquence pour la dissuader de se rendreà Lausanne. Ledit Reuchelin remit au secrétaire deux gros écus le samedi 12 février, avec unelettre qui fut expédiée ledit jour sous récépissé du bureau.

[-] Jeanne Susanne Jacottet et Abraham Isaac Nicolas.Le paquet concernant Jeanne Susanne Jacottet, d’Echallens, contre Abraham Isaac

Nicolas, de Mézières, absent du pays, a été expédié le mecredi 16 février 1780.[p. 386]

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit des illustres etpuissans seigneurs du Consistoire suprême en date du 1er. du courant mois de février, adresséeà sa très noble et magnifique seigneurie baillivale, portant avis d’ordonner aux Consistoiresinférieurs d’être bien dilligens à retirer les émolumens qui leur sont dûs, en conformité avecl’ordonnance souveraine du 3me. juin 1760. Auquel rescrit est annexée une liste de neufémoulumens en demeure depuis le 1er. mars 1779 jusqu’au 31 janvier 1780, montant à lasomme de soixante quatorze francs dix sols (64 fl. 10 s.), dont le teneur suit.

[-] Lausanne. Préfecture. N° 6.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire de la ville et république de Berne,

très noble, cher et féal baillif. Salut.Nous nous sommes apperçus depuis un certain tems, que plusieurs Consistoires

inférieurs s’étoient assez rendus négligens pa rapport à l’envoi des émolumens de notreChambre, ou en place dudit envoy, de procurer des certificats authentiques de pauvreté. Desorte qu’au préjudice de notre secrétariat, il a falu faire de fréquens monitoire au sujet deplusieurs articles qui étoient restés en demeure. Et comme LL. EEces. du Sénat ont trouvé bonpar leur mandat du 3 de juin 1760, adressé à tous les seigneurs baillifs du pays allemand etroman, (lequel votre seigneurie verra sans doute inscrit dans les livres du [p. 387] Château)d’ordonner à tous les Consistoire inférieurs dans leurs terres et pays, de retirer les émolumensqui nous reviennent, et de contraindre les délinquans et les négligens à les payer. Enconséquence, nous prions amiablement votre seigneurie, par les présentes, d’exhortersérieusement les Consistoires de votre bailliage à retirer dilligemment à l’avenir des parties

167

condamnées, dans le délai d’un mois, les émolumens que nous avons exigés dans nossentences, et de les envoyer à notre secrétaire. Et que si les parties étoient sans faculté etpauvres, le Consistoire ajoutera un témoignage authentique de leur état à la lettre qu’il nousécrira au sujet de l’affaire qui les regarde. Votre seigneurie voudra bien faire passer auxConsistoires inférieurs de votre bailliage que cela peut regarder, la liste ci incluse desémolumens qui restent actuellement en demeure, et de leur ordonner d’envoyer incessammentdans le délai d’un mois le montant dedit[e] liste, ou le certificat de pauvreté prescrit ci dessus,par la lettre qu’ils auront occasion d’écrire au sujet des délinquans.

Sur quoi nous recommandons très sincèrement votre seigneurie à la protection divine.Donné ce 1er. février 1780.

Reçue le 18 dit.Lausanne.1779Mars 1, Marie Duprat, de Lausanne, et Jean Abram Renaud £ 8Avril 15, Jeanne Marie (sic : Marguerite) Vere, de Chapelles, et Ab. Henry Combriaz

11Mai 10, Jean Milliet, de Jouxtems, et Julie Fontaine 3Juin 7, Marie Haldi, de Coinsins, et George Guttman 11Août 9, George Krug, de Paudex, et Jeanne M. Forney 8Xbre. 6, Henry Samuel Pingot, de Lausanne, et Cath. Grobet 10Xbre. 27, Jacob Hotz, de St. Marie aux Mines, et Marg. Bournand 8. 101780Janv. 31, Les jugaux Chabaud, de Paudez, demeurant à Lausanne 8 ‘’ Jacob Hotz, de Ste. Marie Aux Mines, et Susanne Marie Gachet 7

[p. 388]En conséquence duquel rescrit, Mr. le président a fait assigner céans ce jourd’hui.Marie Duprat, de Lausanne, pour acquitter un émolument dû à nos illustres et puissans

seigneurs du Consistoire suprême, par sentence du 1er. mars 1779, montant à 90 batz.Jeanne Marguerite Vere, de Chapelles, pour émolument de 110 batz, dû par sentence

du 15 avril 1779.Marie Haldi, de Coinsins, pour émolument de 110 batz, dû par sentence du 7 juin

1779.Les jugaux Chabaud, de Paudex, pour émolument de 80 batz dû par sentence du 31

janvier 1780.Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, pour émolument de 70 batz dû par sentence du

31 janvier 1780.Pour éviter répétion, le secrétaire soussigné portera à chaque article dans la notice

qu’il a ordre de dresser, tout ce qui a été au sujet de ces cinq personnes.[p. 389]

La vénérable Chambre, après avoir entendu la lecture dudit rescrit, a manifesté qu’ellese conformera autant que possible aux ordres supérieurs. Mais elle prend la liberté d’exposerici la peine qu’elle se feroit de contraindre elle même par justice les délinquans qui resteroienten demeure.

Et quand aux certificats de pauvreté, elle ne pourra pas en donner d’autres que de ceuxqui seroient [assistés] par quelques Bourses charitable de cette ville, ou par leurscommunautés, la chose étant assés délicate d’ailleurs.

Que s’il se trouvoit quelques rénitans qui fussent en faculté apparente de payerl’émolument, Mr. le secrétaire de l’illustre et haute Chambre en sera incessamment averti,pour envoyer une procuration à quelque agent dans cette ville, aux fins de poursuivre selondroit la rentrée dudit émolument.

168

Il est ordonné au secrétaire de mettre tout de suite en état la liste des émolumens del’année précédente, et de la remettre à sa magnifique seigneurie baillivale, avec tous les argentqu’il peut avoir reçus.[p. 390]10

Copie de la notice annexée au rescrit des illustres et puissans seigneurs du Consistoiresuprême du 1er. février 1780.

1779Mars 1, Marie Duprat, de Lausanne, et Jean Abram Renaud £ 8Avril 15, Jeanne Marguerite Vere, de Chapelle, et Ab. Combriaz 11Mai 10, Jean Milliet, de Jouxtens, et Julie Fontaine 3

[p. 391]Marie Duprat, dans le verbal du 25 févirer 1779, s’étoit bien humblement

recommandée pour les frais, vu sa pauvreté, et la Chambre avoit pris la liberté d’inviter nosillustres et puissans seigneurs d’y avoir égard. L’émolument exigé étoit de 90 batz. Ladite,assignée à ce jour, s’est trouvée absente, étant en service dans une campagne près d’Yverdon.

Jeanne Marguerite Vere. Dans le verbal du 1er. avril 1779, il lui avoit été demandé sielle étoit en état de payer les frais de la procédure. A quoi elle répondit qu’elle étoit dans unesituation étroite, et que ses père et mère recevoient des secours au besoin, par extra de laBourse des habitans.

Ladite Vere étant malade, sa mère a paru en son nom, et a déclaré qu’elle étoit horsd’état de satisfaire à l’émolument exigé. Mr. le révérend pasteur de son quartier certifie quecette famille avoit reçu des assistances en différens tems de la Direction des habitans, et de lacommunauté de Chapelles.

Jean Milliet s’est retiré de cette ville sans avoir payé. Il est à présent établi à Morges.Le secrétaire lui écrira le plutôt possible pour l’astreindre à en faire l’acquit dans dix jours,avec commination s’il ne s’exécute pas.[p. 392]

1779Juin 7, Marie Haldi, de Coinsins, et George Guttman £ 11Août 9, George Krüg, de Paudex, et Jeanne M. Forney 8

[p. 393]Marie Lienhardt, née Haldi. Dans le verbal du 11 février 1779, il étoit dit que vu sa

pauvreté et qu’elle étoit assistée par la Société des habitans, la Chambre lui avoit fait grâce deses émolumens.

Interrogée si elle n’avoit point reçu de secours de sa communauté de Coinssins, ellerépondit qu’il lui avoit été envoyé huit francs pour 1777 et six pour 1778.

Laditte Haldi ayant paru ce jourd’hui 24me. février 1780, a manifesté que sa misèreétoit toujours extrême, ayant à sa charge deux enfans légitime et la fille qui lui a été adjugée.

Messrs. les révérends pasteurs certifient qu’elle tire une petite pension par mois de laDirection des habitans, comme aussi de la Bourse allemande et de sa communauté deCoinssins.

Georges Krüg, de Paudex, a payé en Chambre le 19e. août 1779, huitante batz.Lesquels ont été expédiés par la poste à Mr. le secrétaire Tschiffely le samedi 21 dudit mois.[p. 394]

1779Xbre. 6, Henry Samuel Pingot, de Lausanne, et Cath. Grobet, de Vallorbes, £ 10

10 Les pages 390-391, 392-393, et 394-395 forment des tableaux : sur la page paire estindiqué la personne et son émolument, et sur la page impaire, en face de l’inscription,l’explication du pourquoi elle n’a pas payé.

169

27, Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, et Marg. Bournand 8. 101780Janvier 31, Les jugaux Chabaud, de Paudex, demeurant à Lausanne 8‘’ Jacob Hotz, de Ste. Marie, et Susanne Marie Gachet 7

[p. 395]Henry Samuel Pingot. Ledit boucher ettabli à Morges, sa sentence a été rapportée en

Chambre le 16 Xbre. 1779. Le secrétaire fut chargé d’écrire incessamment audit Pingot pourqu’il eut à s’exécuter. Il n’a acquité l’émolument que [.], cy £ 10

Jacob Hotz, vu son absence, étant voiturier, sa sentence n’a put être rapportée que le27 janvier 1780. Il a payé en Chambre, cy 8. 10

Les jugaux Chabaud, vu la maladie du mari, [n’a pu] paroître jusques à ce jour.Jacob Hotz. Il n’est parvenu à la Chambre aucun rescrit à ce sujet. Il étoit assigné à ce

jour pour donner quelque éclaircissement sur sa procédure de Grandcour, mais il c’est trouvéabsent et en voyage.

Dix huit francs dix sols £ 18. 10Borderau, un louis neuf £ 16Un petit écu 2Une pièce de cinq baches 10

£ 18.10Remis à sa très noble, magnifique seigneurie baillivale, par son très dévoué et

respectueux serviteur.Lausanne ce samedi 4e. mars 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.

[p. 396][-] Jne. Catherine Guignard et George BärelMr. le président met sur le bureau la déclaration de Jeanne Catherine Guignard, à

l’instant de ses couches, en date du 14 janvier dernier, aussi que les déclarations de la sage-femme, de la naissance de l’enfant garçon et de son baptême, dont les teneurs suivent.

Nous les soussignés, avons été appellés par la nommée Jeanne Catherine Guignardpour être témoins qu’elle certifie et relate, ettant au mal de l’enfant, qu’elle le donne toujoursau nommé George Bärel, tailleur de sa profession, natif de Strasbourg. En foi de quoi nousavons signés le 14e. janvier 1780.

Signés : Albert Noé Chapuis, gantier, citoyen de Lausanne ; Emanuel Mottier.L’un et l’autre des témoins ayant parus par devant la Chambre, ont bien vérifié leurs

signatures.Interpellés quelle heure il étoit précisément quand ils ont reçu la déclaration de ladite

Guignard.Ont répondu qu’il étoit environ trois heures du matin, vendredi 14 janvier dernier.Du vendredi 14 janvier 1780, 1 heure après midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Catherine Guignard, d’elle

bien connue, auroit accouché ce jourd’hui 14 janvier, cinq heures du matin, au domicile deson père, rue de St. Jean, bannière de St. Laurent, d’un enfant garçon, viable, à terme et debonne venue.

On n’a pas eu le tems d’avertir les préposés. Des voisins ont été appellé. Les Srs.Chapuis, gantier, et Emmanuel Mothier, vigneron, ont reçu la déclaration de ladite Guignard,ce matin environ trois heures, et l’ont couchée par écrit. Dont acte.[p. 397]

Du jeudi 20 janvier 1780, 4 heures après midi.

170

Ladite Amaudruz certifie que l’enfant garçon de Jeanne Catherine Guignard auroit étébaptisé ce jourd’hui 20 janvier par Mr. le ministre Melet, à l’église de St. François, sous lenom de David Philippe.

Jeanne Catherine Guignard paroissant. Après avoir entendue la lecture de sadéclaration, l’a confirmée en tout son contenu, priant la vén. Chambre de donner cours à satrès humble requête, et l’adresser à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre, après avoir entendu la lecture dedite requête, veutbien y donner cours et l’adresser à nos seigneurs du Consistoire suprême, ajoutant que Messrs.les révérends pasteurs ont donné un témoignage favorable de ladite Guignard jusqu’aumoment de sa faute commise.

La Chambre n’a exigé aucun émolument de ladite Guignard, et selon l’ordre, Messrs.les révérends pasteurs ont certifiés qu’elle est dans un état de pauvreté très réelle, et que sonpère et elle étoient assistés de la Bourse des habitans à l’ordinaire. Ordonne l’expédition decette procédure pour être adressée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le plutôtpossible.

[-] Jeanne Séchaud ; Albert Henni.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Jeanne Séchaud à l’instant de ses

couches, de la date du 31me. janvier dernier, dont la teneur suit, de même que la déclaration dela sage-femme sur la naissance et le baptême de l’enfant.

Du lundi 31 janvier 1780, 3 heures du matin.Moi soussigné, Moyse Fiaux, huissier du vén. Consistoire de Lausanne, me seroit

transporté au [p. 398] domicile de Jean Marc Séchaud, de Sullens, habitant de cette ville,maison de Jean Marc Delessert, fauxbourg de Martherai, bannière de Bourg, présent les Srs.Depassel et Baptiste Meyri, habitans dedite ville, où il auroit trouvé Jeanne Séchaud, sa fille,en travail d’enfant, dans les plus grandes douleurs, assistée de la sage-femme jurée, veuveAmaudruz. Après l’avoir vivement exhortée à donner gloire à Dieu et à dire vérité sur lapaternité de l’enfant qu’elle étoit prette de mettre au monde. A dit que sans faire tort à saconscience ni à la personne accusée, elle ne pouvoit charger qui que ce soit de la paternité deson enfant à naître, que Albert Henni, domestique, de Gurzelen. Son commerce charnel aveclui ayant commencé depuis le mois de mai jusques à la St. Jean 1779. S’en tenant à sapremière déclaration qu’elle a ratifiée, y persistant de plus fort.

En témoin de quoi signé à Lausanne le susdit jour 31e. janvier 1680.Signé : Moyse Fiaux, officier.Du mardi 1er. février 1780, 10 heures avant midi.La veuve Amaudruz, sage-femme jurée, déclare que Jeanne Séchaud, d’elle bien

connue, auroit accouché hier lundi 31 janvier, au domicile de son père, Jean Marc Séchaud,maison Delessert, à Martherey, bannière de Bourg, d’un enfant garçon, viable, à terme et debonne venue, quoi que petit.

Du mardi 8 février 1780, 5 heures du soir.Ladite Amaudruz certifie que le fils naturel de Jeanne Séchaud, de Sullens, né le 31

janvier dernier, [p. 399] auroit été baptisé ce jourd’hui 8 février, à l’église St. François, parMr. le révérend pasteur Chavannes, sous le nom de Jean Albert.

Jeanne Séchaud paroissant. Après avoir entendu la lecture dedite déclaration l’aconfirmée en tout son contenu.

Albert Henni paroissant. Lecture lui en ayant été faite, a continué de persister dans sesprécédentes deffenses et alléguations, qui portoient qu’il n’avoit eu commerce charnel avecladite Séchaud que le 22 juin 1779, et que l’enfant ne pouvoit pas avoir le terme puisqu’il estné le 31 janvier, il refuse de reconnoître la paternité de cet enfant. Demandant terme de 15jours pour se réfléchir, consulter ses parents et chercher des moyens de deffence dans la causeprésente.

171

Jeanne Séchaud interpellée si elle consent à ce délai, a répondu qu’elle ne s’i opposoitpas pourvu qu’elle eut communication de la pièce dudit Henni, et terme pareil pour faire cequi lui échera de droit.

[-] Esther Rittner ; Jean Beboux.Mr. le président met sur le bureau la déclaration d’Esther Rittner à l’instant de ses

couches du 24 janvier dernier, de même que la déclaration de la sage-femme sur l’âge et lebaptême de l’enfant, dont les teneurs suivent.

Du lundi 24 janvier 1780, 9 heures du matin.Le secrétaire soussigné, d’ordre supérieur, suivi de l’huissier de la vén. Chambre, se

seroit transporté au domicile de la veuve de Moyse Rittner, du Château d’Oex, demeurant encette ville, maison de la veuve Laperry, rue de St. Etienne, bannière de la Cité, où il auroittrouvé, gisante au lit, Esther Rittner, sa fille, en travail d’enfant, aidée de la sage-femme juréeSusanne Lombard. Dans ses maux, vivement pressée et exhortée à donner gloire à Dieu et àdire vérité sur la paternité de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde, a dit que sans faire detort à sa conscience, ni à la personne accusée, [p. 400] elle ne pouvoit charger qui que ce soitde la paternité de son enfant à naître, que Jean Beboux, fils de feu Ferdinand Beboux, deBelmont, âgé d’environ 25 ans. Son commerce charnel avec lui ayant commencé sur la find’avril, et fini au millieu de juillet suivant 1779, confirmant de plus fort sa premièredéclaration du 4me. août dernier rattifiée en Chambre le 5me. dit août 1779.

Relu, rattifié.En témoin de quoi signé à Lausanne le susdit jour lundi 24 janvier 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Du mecredi 26 janvier 1780, 1 heure après midi.Susanne Lombard, sage-femme jurée, déclare qu’Esther Rittner, du Château d’Oex,

d’elle bien connue, auroit accouché hier 25 du courant, environ dix heures du matin, audomicile de sa mère, Esther Rittner, maison Laperry, rue St. Etienne, bannière de la Cité, d’unenfant garçon, viable, à terme, et de bonne venue.

Du mardi 1er. février 1780, 10 heures avant midi.Ladite Lombard certifie que l’enfant garçon d’Esther Rittner, né le 25 janvier 1780,

auroit été baptisé hier 31, à l’église de la Cité, par Mr. le révérend pasteur Chavannes, sous lenom de Gabriel.

Paroît Esther Rittner, du Château d’Oex, duement assignée. Lecture lui a été faite desa déclaration à l’instant de ses couches, qu’elle a confirmée en tout son contenu.[p. 401]

Jean Beboux paroissant. Après avoir entendu la lecture dedite déclaration, reconnoît lapaternité de l’enfant, avec toutes les suites, selon le prescrit des loix.

Ladite Esther Rittner persistant dans sa clame de mariage, prie la v. Chambre dedonner cours à sa très humble requête, et de l’adresser à nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, y annexant les annonces qui ont été publiées dans les bourgeoisies réciproques duChâteau d’Oex et de Belmont.

Lecture faite dedite requête, Jean Beboux, assisté de sa mère, en a demandécommunication et terme de 15ne. pour faire ce qui lui échera de droit.

Esther Rittner interpellée si elle consent à ce délai, a répondu qu’elle ne s’i opposoitpas, pourvu qu’elle eut communication de la pièce dudit Beboux, et terme pareil, pour faire cequi lui échera de droit.

[-] Jacob Hotz. N° 4Mr. le président met sur le bureau une lettre de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, de la date du 7me. février 1780, concernant Jacob Hotz, dont la teneur suit.Lausanne.Tit. & alloc.

172

Comme il n’appartient qu’à nous d’accorder le recours des sentences que nous avonsrendues, il suit de là que le recours intimé par Jean Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, denotre sentence du 27 Xbre. dernier, et admis par vous, ne sauroit avoir lieu. Que si ledit Hotz yinsiste, nous voulons bien, pour épargner des frais, lui permettre de nous faire parvenir sesraisons de griefs par écrit, auquel il devra se déclarer expressément de quel article de notresentence il prétend recourir. Sur quoi nous vous recommandons à la protection divine. Donnéce 7me. février 1780.

Reçue le 11me. février 1780.[p. 402]

Jean Jacob [Hotz] ayant dû être assigné, l’huissier de la Chambre a certifié qu’il étoitabsent de la ville, faisant route à Genève.

[-] N°. 5. Les jugaux Borde.Mr. le président met sur le bureau une lettre de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, de la date du 14 février 1780, [concernant] les jugaux Borde et MargueriteBournand, dont la teneur suit.

Lausanne.Tit. & alloc.Lorsque les six semaines depuis la 3me. proclamation seront écoulées, nous rendrons

sentence sur la demande en divorce de Marguerite Bournand contre son mari François Borde,sans qu’elle soit adstreinte à la comparoissance personnelle, dont nous avons bien voulu ladispenser par les présentes. Nous vous donnerons successivement avis du résultat. Vousrecommandant en attendant à la protection divine. Donné ce 14 février 1780.

Reçue le 18 février 1780.[-] Comp. de Marianne Ramel.Paroît Mariane Ramel, duement assignée, vendeuse de vin de Mr. le conseiller

Mercier, en suit[e] du rapport de la garde de jour, de la date du 23 janvier 1780.Nicolas Beaumont faisant sa tournée pendant le sermon du soir du dimanche du 23

janvier dernier, a trouvé deux personnes à boire à la pinthe de Mr. le conseiller Mercier, oùvend vin Mariane Ramel. Mr. le major Vullyamoz lui a fait demander cinq baches dimanchepar le sergent soussigné. Elle a répondu qu’elle ne voulois pas les payer, [p. 403] qu’elleauroit mieux aimé aller au Consistoire et payer vingt baches que d’en donner cinq.

Signé : Penevere, sergent de garde.Laquelle, après avoir entendu la lecture dudit rapport et ses raisons de justification, la

v. Chambre veut bien l’affranchir de l’amande, moyennant qu’elle paye cinq baches à la gardeet les droits de Mr. le secrétaire et de l’huissier.

9 mars 1780

Du jeudi 9 mars 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, ont assisté Messieurs doyens

Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, présent Mr. Sprunglin, pasteur del’Eglise allemande, conseillers Destallents, Duperron, de Crousaz, et secrétaire.

[-] Marguerite Guignard ; George Bärel.Le paquet concernant Marguerite (sic : Jeanne Catherine) Guignard et George Bärel a

été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 26 février 1780.[-] Concernant une expédition d’émolument de l’illustre Chambre suprême en suite de

leur rescrit.En suitte de la communication, sous le sceau baillival, du rescrit des illustres seigneurs

du Consistoire suprême, de la date du 1er. février dernier, donnée à l’assemblée précédente du24 dit février, portant avis d’être bien diligens à retirer les émolumens qui leur sont dûs, y

173

annexé le nombre de neuf émolumens en demeure depuis le 1er. mars 1779 au 31 janvier1780.

Le paquet en réponse a été remis à sa très noble, mag. seigneurie baillivale par lesecrétaire, le vendredi 3 du courant, présent le noble seigneur lieutenant baillival, avec 18francs 10 sols, pour être adressé à l’illustre Chambre suprême.

Le dimanche 5 mars 1780, a été mis une lettre à la poste, adressée à Jean Milliet, deJouxtems, pour lui demander l’émolument de 30 batz dû à l’illustre Chambre suprême, écritepar le secrétaire.[p. 404]

[-] Jeanne Susanne Jacottet et Abraham Nicolas.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau une lettre de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Jeanne Susanne Jacottet et Abraham IsaacNicolas, du 21 février dernier, ajoutant que Jean Baptiste Nicolas auroit écrit à Londres àAbraham Isaac Nicolas, son frère, à la date du 12 février, pour l’inviter à reconnoître lapaternité de l’enfant qui doit naître, et qu’il auroit fait avertir Mr. le juge du Consistoire deLutry, de nommer des consistoriaux et prud’hommes non parens, pour assister aux couches deladite Jacottet, dont suit la teneur dedite lettre.

[-] Lausanne, N° 9.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Quelque favorable que puisse être la déclaration du père et du frère d’Abraham Isaac

Nicolas, de Mézières, actuellement habitué en Angleterre. Quelque avantageuse qu’elle soit àJeanne Susanne Jacottet, d’Echallens, qui fait clame de mariage et de paternité contre leditNicolas, nous n’avons cependant pas pu rien prononcer pour le coup en faveur de lademanderesse, jusqu’à ce que l’accusé lui même ait donné à cet égard sa déclaration formelle.

A quel effet, nous vous chargeons amiablement par les présentes, d’aviser les parensdudit Nicolas, de procurer incessamment de sa part, un acte qui constate sa résolution finale.Que si cet acte n’arrivoit pas à tems, vous pourvoirez à ce que, pour sa propre sûreté, laditeJacottet soit entendue selon le prescrit des loix à l’instant de ses couches. Et vous nous ferezpart du résultat dans l’un et l’autre de ces cas. Sur quoi, nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 21 février 1780.

Reçue le 25e. février 1780.[p. 405]

Pour traduction fidèle, dont l’original demeure entre mes mains. En témoin de quoiscellé et signé, Lausanne ce samedi 26 février 1780.

[-] Concernant Phil. Jaquerod et Rose Charoton.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant le père et le fils Jaquerod, de la date du 24 février 1780, dont la teneursuit.

[-] Lausanne, N° 7.Tit. & alloc.En suite du verbal que le Consistoire de Mont la Ville nous a adressé en date du 10 de

ce mois, concernant la clame de mariage et de paternité de Rose Charoton, dudit lieu, contrePhilippe Jaquerod, d’Ormond Dessus, habitant de Lausanne, nous vous chargeonsamiablement d’interpeller les père et mère du dernier des deux, en faveur de qui on avance saminorité, pour sçavoir s’ils veulent consentir au mariage de leur fils avec ladite Charoton, ous’ils refusent leur agrément. De quelle manière que les choses tournent, vous nous endonnerez avis. Et dans le cas que les parents Jaquerod eussent des objections à faire, vousinsérerez dans votre verbal leurs raisons d’opposition.

Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 24 février 1780.

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Reçue le 28 février 1780.Jean David Jaquerod paroissant, cité par lettres, consté de la relation de l’huissier de la

Chambre. Après avoir entendu les ordres de l’illustre Chambre suprême, présente sa réponsepar écrit.

Sur quoi délibéré, la v. Chambre, après avoir entendu la lecture dedite réponse, enordonne l’expédition au plutôt possible à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Concernant les jugaux Chabaud.Mr. le président expose qu’il auroit reçu ce matin une lettre, datée par erreur du 10

mars courant, du Sr. Chabaud, par laquelle, à raison de maladie, il s’excuse de [ne] paroîtrepar devant cette vén. Chambre pour entendre la lecture du rescrit de l’illustre Chambresuprême, disant qu’il accepte [p. 406] la sentence telle qu’elle puisse être. Lecture en ayantété faite à la femme ici présente, en exécution des ordres de l’illustre Chambre, Messieurs lesrévérends pasteurs l’ont fortement exhortée à se réconcilier avec son mari, et à le rejoindre leplutôt possible, essentiellement vu la maladie de son mari, dont il est affligé. Ladite Chabaudn’a point appellé de la sentence, ayant parue indécise et peu disposée à profiter des sagesreprésentations qui lui ont été faite. Suit la teneur dudit rescrit.

[-] Lausanne, N° 3.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.En suite de la procédure que vous nous avez envoyée concernant le négotient Etienne

Chabaud et da femme, Charlotte Elisabeth Nillion, nous avons vu avec déplaisir lesaltercations qui se sont élevées entre lesdits jugaux. Mais après un examen attentif de lasusdite procédure, nous n’avons pas pu trouver qu’il y eut aucun fondement, tel que les loixl’exige, pour ordonner une séparation. Ainsi, que nous avons par les présentes, éconduit laditeNillion, plaignante, de sa demande à ce sujet.

Mais comme nous désirons très fort que la bonne harmonie qui reignoit ci devant entreces jugaux soit aujourd’hui bien rétablie, nous vous chargeons amiablement de les faireexhorter par Messieurs vos pasteurs, de la manière la plus pressante et la plus énergique, à seréconcilier sincèrement. Et c’est dans l’espérance du retour de la paix que nous avonscompensé les dépends occasionnés par cette procédure. Vous retirerez de l’un et de l’autre,pour [p. 407] l’émolument de notre Chambre 80 batz, que vous enverrez à notre secrétairedans le délai d’un mois. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 31 janvier1780.

Sous le sceau de sa seigneurie baillivale.[-] Concernant la Guignard et George Bärel.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de l’illustre Chambre suprême, concernant

Jeanne Catherine Guignard et George Bärel, en date du 28 février 1780, dont la teneur suit.[-] N° 8.Lausanne.Tit. & alloc.On voit par votre verbal du 26 courant, que Jeanne Catherine Guignard, du Lieu, en la

Vallée de Joux, habitante de Lausanne, ayant subi examen le 14 du mois passé dansl’accouchement, auroit mis au monde un enfant garçon qu’elle a attribué, avant et pendant lescouches, à George Bärel, de Strasbourg. Mais comme ce dernier, après avoir quitté la ville surla fin du mois d’août 1779, n’a jamais pu être interrogé sur la susdite clame de paternité, nousavons adjugé comme illégitime à ladite Guignard, cet enfant garçon appellé David Philippe,devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par elle jusqu’à ce qu’elle ait faitsister en droit par devant nous le père confessant. Du reste, puisque la plaignante est tombéeen faute sous la foy de promesses de mariage, et qu’elle se trouve dénuée de toutes facultés,

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nous avons bien voulu l’affranchir de la peine de la prison et lui faire grâce de l’émolument denotre Chambre. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 28e. février 1780.

Reçue le 3e. mars 1780.[p. 408]

Ladite Guignard paroissant. Après avoir entendu la lecture dedite sentence, en atémoigné ses humbles remerciemens à la Chambre.

Il est ordonné que communication dudit rescrit soit faite à Mr. le juge du Consistoiredu Lieu, sa communauté.

[-] Comparoissance d’Esther Rittner et de Jn. Beboux.En suite de cause, paroissent Esther Rittner, assistée de Mr. Roch, et Jean Beboux,

assisté de sa mère. Il échet à ce dernier de produire sa contre requête. Laquelle il a mise sur lebureau.

Lecture faite dedite contre requête, Esther Rittner, au lieu de suivre à sa clame demariage, s’est arrangée avec ses parties comme suit. Sçavoir, que la veuve Beboux et son filsJean Beboux, ont promis de se charger de l’enfant baptisé sous le nom de Gabriel, au plus tarddans la 15ne., et de payer à ladite Rittner au même tems la somme de soixante florins pour songage de nourice, sa liste de frais, comme aussi devra supporter tous les dépends de laprocédure, dont suit la sentence prononcée en suite dudit arrangement.

[-] Sentence.A l’audience de ce jour 9 de mars 1780, par devant nous et le vénérable Consistoire

assemblé, sentence auroit été rendue, ainsi que la compétence nous en est attribuée par lerescrit souverain du 8e. mars 1759, entre Esther Rittner, fille de feu Moyse Rittner, duChâteau d’Oex, d’une part, et Jean Beboux, fils de Ferdinand Beboux, de Belmont, d’autrepart. Lequel étant déjà convenu par devant nous le 24 février dernier qu’il avoit eu commercecharnel avec ladite Rittner, et qu’il a confirmé ce jourd’hui d’être le père de l’enfant garçondont Esther Rittner est accouchée le 25 janvier dernier, et baptisé le 31 dit sous le nom deGabriel.

Partant, nous avons adjugé d’ors et déjà à Jean Beboux, cet enfant comme illégitime,devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui de manière qu’il en seraseul chargé, en suite de l’arrangement [p. 409] pris entre les parties. Sçavoir, que vu ledésistement de la clame de mariage d’Esther Rittner, la veuve Beboux, avec son fils, ontpromis de prendre à eux cet enfant baptisé sous le nom de Gabriel, au plutard dans la 15ne., etde payer à ladite Rittner au même tems, la somme de soixante florins pour son gage denourice, et sa liste de frais. Au surplus, ledit Beboux devra supporter tous les dépends de laprocédure.

L’un et l’autre ont été condamnés à subir la peine de dix jours de prison dans leressort, ainsi que le lieu du délit.

Le verbal sera expédié à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême le plutôt possible,avec dix baches pour l’enregistrement de l’enfant au protocole des bâtards. Et copie de cettesentence devra être communiquée au[x] vbles. Consistoires du Château d’Oex et Belmont.

Au rapport de la sentence, les parties ont déclarés qu’elles l’acceptoient et qu’elles s’iconformeroient exactement.

[-] Jeanne Séchaud et Albert Henny. Comparoissances.En suite de cause, paroissent Jeanne Séchaud, de Sullens, assistée de son beau-frère

Isaac Cretenoux, et Albert Henny, au nom duquel et en son absence, se présente sa mère. Iléchet à cette dernière de produire sa réponse, qu’elle a mise sur le bureau.

Lecture faite dedite réponse, Jeanne Séchaud en a demandé copie et terme de 15ne.pour faire ce qui lui échera de droit.

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La v. Chambre, par son délibéré, donne communication de la deffence d’Albert Henni,à ladite Jeanne Séchaud, improuvant très fort le cinquième article dedite deffence, lequelcompromet le jeune chirurgien Haege, et d’ailleurs ne pourroit produire aucune preuve légale.

[-] Comparoissance d’Elisabeth Corbaz, du Mont, et de Jean Cavin.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité d’Elisabeth Corbaz, du Mont,

contre Jean Cavin, fils de Jean Cavin, de Veuillens, en date du 5 mars courant, dont la teneursuit.[p. 410]

Du dimanche 5 mars 1780, 1 heure après midi.Elisabeth Corbaz, fille de feu Jean Pierre Corbaz, du Mont, Consistoire de Lausanne,

âgée d’environ 38 ans, domiciliée audit Mont, chez sa mère, Jeanne Corbaz, née Crausaz,déclare être enceinte des œuvres de Jean Cavin, fils de Jean Cavin, de Veuillens, Consistoirede Mézière, baillage de Moudon, granger à Cottens, âgé de 22 ans. Son commerce charnelavec lui ayant duré pendant quelques jour autour des vendanges dernières de 1779, qu’ilsétoient aux Mousquines, banlieue de cette ville. La plaignante compte d’être enceinted’environ quatre mois et demi.

Lecture faite, a persisté.Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire. En témoin de quoi signé, Lausanne ce

5e. mars 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Ladite Corbaz paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa déclaration, elle l’a

confirmée dans tout son contenu.Elle interrogée dans quelle partie de la maison elle couchoit aux Mousquines.Rép. : Qu’on lui avoit donné des draps et une couverture pour faire une espèce de lit

dans l’écurie desdites Mousquines, où elle couchoit absolument seule.Interrogée quel jour précis elle a eu commerce charnel avec Cavin.Rép. : Que c’étoit au tems des vendanges dernières, et que ledit Cavin a eu son

commerce charnel trois nuits de suite.Jean Cavin paroissant volontairement par avis des parens Corbaz. Interrogé de son

âge, nom, surnom, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle Jean Cavin, fils de Jean Cavin, de Veuillens, Consistoire de

Mézière, agriculteur, domicilié chez [p. 411] mon père, granger, à Cottens, de Mr. le capitaineCrinsoz, âgé de 22 ans.

Interrogé s’il reconnoît la vérité de l’accusation que lui fait ladite Corbaz.Rép. : Que non, et qu’il n’a jamais eu en aucun tems cohabitation avec elle.Interrogé s’il a été aux Mousquines dans le tems des vendanges dernières.Rép. : Que oui, pendant deux ou trois jours.Interrogé où il a couché.Rép. : Sur le foin, dans la grange qui est dans une autre corps de bâtiment que l’écurie.Exorté à donner gloire à Dieu et à la vérité, il a persisté avec constance dans sa

négative.Elisabeth Corbaz interrogée où elle compte faire ses couches.Rép. : Chez elle, au Grand Mont, sa mère étant morte depuis qu’elle a fait sa

déclaration.La v. Chambre a surçis la suite de cette procédure, en lui enjoignant expressément de

se rendre auprès de Mr. son révérend pasteur pour recevoir ses exhortations, ce dont Mr. lepasteur sera avisé, n’ayant pu l’inviter à tems pour assister en Chambre. Et il voudra biennommer deux assesseurs ou prud’hommes non parens, à portée, pour être présens aux couchesde ladite Corbaz, essentiellement recevoir sa déclaration avant la naissance de l’enfant, dontbrevet sera expédié à Mr. le pasteur.

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Ladite Corbaz a été exhortée d’avoir soin de son fruit, et à ne pas négliger de faireappeller avant les couches les personnes qui seront nommées par Mr. le pasteur.

[-] Concernant Jeanne Bonnet et Phillippe Messellier.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Jeanne Bonnet, veuve Noverraz, à

l’instant de ses couches, en date du 5 février dernier, [ainsi] que les déclarations de la sage-femme sur la naissance de l’enfant, dont les teneurs suivent.[p. 412]

Nous les soussignée, ayant été requis le 5e. février pour examiner Jeanne, fille de JeanFrançois Bonnet, de Renens, et veuve de Pierre (sic : Jean François) Noverraz, bourgeois dela paroisse de Villete, pour l’examiner dans sa couche, pour déclarer à qui est l’enfant qu’ellevoulloit mettre au monde, dont nous l’avons examinée à ce sujet, et elle a déclaré sur saconscience, que l’enfant étoit des œuvres de Philippe, fils d’Abram Messeillier, d’Orni, aubailliage de Romaimmôtier. Ce que nous attestons ledit 5e. février 1780.

Signés : Jean Samuel Moneyron, assesseur ; François Corbat, assesseur.Moi soussignée, Dorothée, femme de Théodore Bonnet, de Renens, ayant été

demandée pour accoucher Jeanne, fille de Jean François Bonnet, veuve de Pierre Noverraz, dela paroisse de Villete, donc je déclare qu’elle a accouché d’un garçon, et qu’elle a déclaré debonne foi que ledit enfant étoit des œuvres de Phillippe Messeiller, fils de Abram Messeiller,bourgeois d’Orni au bailliage de Romaimmôtier. Pour foi ai signé le 5 février 1780.

Signée : Dorotée Bonnet.Dont ils ont entrepris de lui faire parvenir le st. baptême dimanche prochain 13e.

février. Il c’est présenté pour parreins, les deux frères de ladite Jeanne Bonnet, qui est Moyseet Jean Baptiste Bonnet, de Renens.

Du dimanche 6 févirer 1780, 1 heure après midi.L’accoucheuse Bonnet, interrogée sur le lieu où la veuve Noverraz avoit été délivrée.A dit que c’étoit chez son père, à Renens, nommé Jean François Bonnet.Interrogé sur l’âge de l’enfant garçon qu’a mis au monde ladite Noverraz.A répondu qu’il est bien viable, novimestre, à terme et de bonne venue.

[p. 413]Jeanne Bonnet, veuve Noverraz, paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa

déclaration à l’instant de ses couches, l’a confirmée dans tout son contenu. Elle a déposél’extrait baptistaire du 13e. février dernier, dont la teneur suit.

[-] Meisseiller.Extrait du registre des batêmes de la paroisse de Prilly-Renens.Du 13 février 1780.Louis Henri Messellier, fils de Philippe Henri Messellier, d’Orny, et de Jeanne

Françoise Bonnet, veuve de Noverraz, né le 5e. de février, a été baptisé le 13e. février 1780.Présenté par Philippe Henri Messeiller, père de l’enfant, par Louis Messeiller, son frère, etSusanne Messellier, d’Orny, leur sœur.

Signé : Curtat, pasteur de Prilly-Renens.[-] Sentence d’entre Jeanne Bonnet, veuve Noverraz et Philippe Messeiller.Ledit Philippe Meisseiller, présent sans assignation. Après avoir entendu la lecture de

la déclaration de Jeanne Bonnet à l’instant de ses couches, a reconnu la vérité de la clame depaternité de ladite Noverraz, dont suit le jugement.

A l’audience de ce jour 9e. mars 1780, par devant nous et le v. Consistoire assemblé,sentence auroit été rendue, ainsi que la compétence nous en est attribuée par le rescritsouverain du 8e. mars 1759, entre Jeanne Bonnet, veuve de Jean François Noverraz, de laparoisse de Villete, d’une part, et Philippe Meisseillier, fils d’Abraham Messelier, d’Orny,d’autre part. Lequel s’étant reconnu père par l’aveu du commerce charnel le jeudi 14 8bre.

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1779, et qu’il a confirmé ce jourd’hui d’être le père de l’enfant garçon dont Jeanne, veuveNoverraz, est accouchée le 5 février, et batisé le 13e. dit 1780, sous le nom de Louis Henri.

Partant, nous avons adjugé cet enfant d’ors et déjà à Philippe Messellier commeillégitime, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui de manière qu’ilen sera seul chargé au bout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère troiscrones pour son gage de nourice, le condamnant envers la demanderesse à tous les frais de ceprocès, sauf modération. Ledit Philippe [p. 414] Messellier, pour cette faute simple, subira lapeine de dix jours de prison, de même que Jeanne, veuve Noverraz, dans le ressort, ainsi quele lieu du délit. Au sortir de prison, l’un et l’autre seront admonestés en conséquence, etcensurés en la manière accoutumée.

Lecture faite aux parties dedite sentence, l’ont acceptée et ont promis de s’i conformer.La présente sentence sera expédiée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême, avec

dix baches pour l’inscription de l’enfant au protocole des bâtards, qui devra êtrecommuniquée aux communautés respectives.

[-] Plainte de Jacob Clerc.Mr. le président met sur le bureau, et fait rapport de la plainte qui lui auroit été remise

le lundi 6 du courant par Jacob Clerc, domicilié à Ouchy, plus celle de Susanne et JeanneForney, l’une et l’autre du 6 et 8 du courant mois de mars, dont les teneurs suivents.

Monsieur le lieutenant baillival Polier de Vernand est très respectueusement suppliéd’avoir en considération les plaintes qu’à l’honneur de lui porter Jacob Clerc, citoyen deLausanne et maittre batellier à Ouchy.

La nuit du dimanche 5e. au lundi 6 mars 1780, plusieurs garçons restant à Ouchy, sesont attroupés et lui ont emporté son bois pour batteaux hors de la place où il étoit, l’ont traînépar le chemin, lui ont pris une porte, en ont fait de même, bien que tout ce bois n’empêcha àqui que ce soit.

Mais ce qu’ils ont fait de pire, c’est d’avoir pris une pièce pour batteau qu’on appellecotte, et l’on apportée et mise au carcan, et cela en insulte de la noble seigneurie et del’humble plaignant. Lequel se voit, d’un côté, exposé au plus grand affront, et voit avec leplus grand chagrin son bois massacré par le passage des chars et voitures. Et comme il severroit exposé à de continuelles railleries [p. 415] et au mépris s’il faisoit débarrasser le boissur le chemin et celui qui est au carcan, il attend des bons ordres de la part de Monsieur lelieutenant baillival pour ordonner ce débarrassement, et pleine satisfaction de ceux qui ontcommis cela, parmi lesquels ils se trouvent Abraham Murisier, son propre domestique, etFrançois Schwander, lesquels indiqueront leurs consorts.

Signé : Jacob Clerc.Remis le lundi 6 mars 1780, 1 heure après midi.[-] Plainte de Susanne et Jeanne Fornay.Du mecredi 8 mars 1780, 2 heures après midi.Susanne Fornay et Jeanne Fornay rendent plainte contre sept perturbateurs du repos

public, qui ont assailli leur appartement à Ouchy dimanche dernier 5 du courant, entre onzeheures et minuit, brisé et cassé un volet de la fenêtre, barricardé leur porte, enlevé deuxmouchoirs qui ont été suspendus au carcan dans la nuit du lundi au mardi, avec une cartediffamatoire contre la première des deux plaignantes. Trois de ces désordonnés leur sontconnus, Abraham Murizier, François Neuschwander, Jaques Daccord.

Abraham Murizier ayant été assigné verbalement par l’huissier de la Chambre a étéproclamé 3 fois. N’a point paru.

Sur quoi délibéré, la Chambre regardant cette affaire comme grave, ordonnequ’Abraham Murizier, François Neuschwander, Jaques Daccord, soyent cités pour la 15ne. parmandat.

179

Mr. le président a mis sur le bureau la plainte de la femme Charlet contre son mari, endate du 8e. mars, dont la teneur suit.[p. 416]

Du mecredi 8 mars 1780, 4 heures après midi.La femme Charlet rend plainte contre son mari des violences et sévices qu’il lui fait

journellement. Il lu[i] a démis un doigt de la main droite dans un transport de colère, il dépendles fenestres du cabinet où elle couche. Ses propos ne sont que des menaces continuelles delui faire quelque traitement fâcheux. Il lui refuse la nourriture nécessaire de son existence.

Ladite implore avec larmes l’autorité de la Chambre pour contraindre son mari à nepas troubler sa paix comme il a fait jusques ici. Elle a été obligée de découcher cette nuit.

Exhortée à temporiser, elle a été conduite par l’huissier de la Chambre auprès de sonmari, qui renouvellera de sa part l’injonction des sûretés que Mr. le président avoit ordonnéesce matin.

Mr. Chavannes, pasteur du quartier, est prié d’adresser aux parties les exhortations lesplus fortes pour le rétablissement de la paix entre elle[s]. Il fera rapport dans la 15ne. du succèsde ses soins.

Copie de la lettre adressée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême, de la date du 11mars courant, avec dix francs, écrite par le secrétaire, dont la teneur suit.

Monsieur, J’ai l’honneur de vous dire que la longue maladie du Sr. Etienne Chabaud, de Paudex,

avoit empêché jusques ici de rapporter le sentence du 31 de janvier dernier. Ce retard faisantde la peine à Mr. le président, on a pris le parti de se contenter d’une déclaration dudit [p. 417]Chabaud, par laquelle il acceptoit la sentence telle qu’elle pusse être. Sur quoi la femmeChabaud, née Nillion, fut mandée au Consistoire de jeudi dernier 9 du courant, et sur le refusde cette femme d’acquiter aucune portion de l’émolument, l’huissier de la Chambre futenvoyé tout de suite auprès dudit Chabaud, gisant dans son lit, lequel fit remettre l’émolumenten entier de quatre vingt baches. Cy £ 8

J’ajoute ici pour vous, Mr., qui regardent l’inscription au protocole des bâtards, selonl’ordonnance du 8me. mars 1759.

1779, 7bre. 30. Simon Nicolas Revelly, petit bourgeois d’Avenches, tailleur deprofession, s’est reconnu en Chambre, père d’un enfant garçon, avec toutes les suites, né le 147bre. dite année, et baptisé sous le nom de Simon Nicolas, dont Jeanne Madeleine Parisod,bourgeoise de Lausanne lui avoit attribué la paternité selon toutes les formes légales. Avis aété donné dans le tems au Consistoire d’Avenches pour insérer les engagemens pris par leurbourgeois où il appartiendra. Cy £ 1

1780, mars 9. Plus, Jean Beboux, fils de feu Ferdinand Beboux, de Belmont, bailliagede Lausanne, a reconnu, avec toutes les suites, la paternité de l’enfant garçon né le 25 janvierdernier, et baptisé sous le nom de Gabriel, que Esther Rittner, du Château d’Oex, lui a attribuéselon les formes légales. Cy £ 1

Communication de ces engagemens sera donné aux Consistoire respectifs.___________£ 10

Bordereau de dix francs.Un demi louis d’or neuf £ 8Un petit écu 2

____________£ 10

Dont il vous plaira, Mr., coucher écriture de conformité.J’ai, Monsieur, l’honneur d’être, avec une considération très distinguée, votre humble

et très obéissant serviteur.

180

Lausanne ce samedi 11 mars 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Mise à la poste ledit jour 11 mars, sous récépissé.

[p. 418]23 mars 1780

Du 23 mars 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Chavannes,Sprunglin, de l’Eglise allemande, présent, banneret de Bourg, conseillers Destallents,Duperron, Bergier, et secrétaire.

[-] Philippe Jaquerod et Rose Charoton.Le paquet concernant Jean David Jaquerod, père, sur sa réponse produite en suite des

ordres de l’illustre Chambre suprême, sur le mariage convenu entre Rose Charoton et son fils,Philippe Jaquerod, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 11mars 1780.

[-] Concernant les jugaux Chabaud.Le samedi 11 dit mars, a été expédié à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême, dix

francs. Sçavoir huit francs de l’émolument des jugaux Chabaud dûs à l’illustre Chambre.[-] Jeanne Madeleine Parisod et Revelly.Plus dix baches pour l’inscription au protocole des bâtards de l’enfant garçon attribué

à Simon Nicolas Revelly, d’Avenches, par Jeanne Susanne (sic : Madeleine) Parisod, deLausanne. Le tout mis à la poste sous récépissé.

[-] Esther Rittner ; Jean Beboux.Y joint dix baches pour dite inscription de l’enfant garçon attribué à Jean Beboux, de

Belmont, par Esther Rittner, du Château d’Oex.[-] Concernant les mêmes.Le dimanche 19 mars, expédié par la poste à l’adresse de Mr. le juge du v. Consistoire

du Château d’Oex, le verbal de la sentence rendue le 9 dit mars entre Esther Rittner et JeanBeboux.

Le mecredi 22 dit mars, a été remis à la maréchaussée Parisod, le paquet contenant leverbal de la sentence rendue entre la Rittner et Beboux pour être remis à Mr. le pasteur deBelmont, pour être communiqué au Consistoire dudit lieu.[p. 419]

[-] Jeanne Catherine Guignard ; George Barel.Le paquet de la sentence rendue de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, de

la date du 28 février dernier, concernant Jeanne Catherine Guignard et George Bärel, a étéexpédié par la poste à Mr. le juge du Consistoire du Lieu, Vallée de Joux, le mecredi 22 mars1780.

[-] Veuve Noverraz ; Philippe Messeiller.Le mecredi 22 mars, le précis de la sentence rendue le 9 mars courant, entre Jeanne,

veuve Noverraz, et Philippe Messellier, a été remise à la maréchaussée Parisod, pour laremettre à l’adresse de Mr. le juge du Consistoire de Villette. De quoi il prendra un visa.

[-] Concernant les mêmes.Le paquet où est inséré ledit précis dedite sentence rendue entre lesdits veuve

Noverraz, de Villette, et Philippe Messellier, d’Orni, a été mis à la poste à l’adresse de Mr. lejuge du Consistoire d’Orni, ledit jour 22 mars 1780.

Le buraliste a effacé le mot « pour LL. Excellences » et à mis en place « pour lespauvres »

[-] Jacob Hotz.

181

Jacob Hotz, cité et adjourné par lettres à paroître à ce jour, portant présence. Lecturelui a été faite du rescrit de nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, de ladate du 7 février dernier, pour l’aviser que s’il persistoit dans son recours qu’il avoit interjeté,à donner ses raisons par écrit. Nos illustres seigneurs ayant bien voulu les admettre pour luiéviter des frais.

De plus, ledit Hotz étoit assigné pour acquitter un émolument de 70 baches qu’ildevoit pour la sentence rendue entre lui et Susanne Marie Gachet, le 31e. janvier 1780.[p. 420]

[-] Comparoissance de Jacob Hotz.Ledit Hotz paroissant, a manifesté qu’il laissoit tomber son recours, et qu’il prioit la v.

Chambre d’adresser sa requête à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.Quand à l’émolument de 70 baches réclamés, il a fait voir, par la signature de Mr. le

commissaire Crud, de cette ville, du 26 février 1780, que lesdits 70 batz étoient compris dansune liste de 56 florins 7 s. 6. En faveur de Susanne Marie Gachet, qu’il a acquité ledit jour.

Lecture faite dedite requête, la Chambre a ordonné au secrétaire de l’adresser à nosillustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Comparoissance de Jeanne Séchaud. Comparoissance du secrétaire Courlat au nomd’Albert Henni.

En suite de cause, paroissent Jeanne Séchaud, de Sullens, et le secrétaire Courlat,faisant pour Albert Henni. Il échet à cette première de produire sa réponse.

Ladite Séchaud n’ayant put y satisfaire par les raisons que son beau-frère Jean IsaacCretenoud n’a point put jusques à présent se procurer les répliques dont il s’étoit chargé, priela v. Chambre de lui accorder un nouveau terme de 15ne., auquel terme, le secrétaire Courlat,au nom qu’il agit, a bien voulu consentir.

[-] Arrêt souverain concernant le jugement des fautes simples et autres.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un arrêt de LL. EEces. du

Sénat, concernant les fautes simples et autres à juger, de la date du 8me. février 1780, dont lateneur suit.[p. 421]

Nous, l’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne, très noble & féal baillif.Salut.

Nous nous sommes appercus avec peine, que malgré nos vues paternelles dans notreordonnance du 8me. mars 1759, où il étoit porté qu’on devoit tenir un contrôle général de tousles enfans illégitimes, ledit contrôle ne renfermoit pas du tout le nombre de ceux qui devoienty être insérés. En conséquence, en abrogeant le susdit mandat, et après avoir fait examinercette affaire convenablement, nous avons trouvé bon d’ordonner qu’à l’avenir, dans des casoù un homme libre, de nos terres et pays, seroit tombé en faute avec une femme libre, aussinotre ressortissante, le Consistoire inférieur, lors d’un aveu volontaire de l’accusé, lequelaccepteroit l’enfant illégitime, avec toutes les suites ordonnées par les loix, devra aviser parun verbal le Consistoire suprême aussitôt après les couches, de toutes les circonstances de laprocédure qu’il a instruite, en donnant le nom du père & de la mère, indiquant leursbourgeoisies, avec le nom et surnom de l’enfant, de même que le terme de sa naissance, yajoutant vingt baches pour la lettre qui sera écrite au Consistoire du père.

En même tems, le Consistoire inférieur donnera avis de la susdite affaire à labourgeoisie de la fille, si elle en avoit une, afin que le tout soit inscrit convenablement dansles registres consistoriaux et baptistaires de l’une et de l’autre communauté, de manière quedans des cas de simples fautes où il ne se sera levé aucune difficulté, ni sur des promesses demariage, ni sur la paternité et l’entretien de l’enfant, ne s’agissant que d’écrire [p. 422] unelettre dans laquelle l’état et la bourgeoisie de l’enfant seront fixés, il n’y aura pas lieu deretirer rien au delà des vingt baches ci dessus, comme pour toutes autres lettres ordinaires,

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selon le contenu du tarif. Par là, les dix batz dont il est parlé dans l’ordonnance de 1759 pourle contrôle, seront d’ors en avant supprimés.

Le tout, cependant, sous réserve expresse, et avec cet éclaircissement, que s’il y avoitcontestation entre parties sur l’objet du mariage, sur la paternité de l’enfant et son entretien, lacause seroit portée, comme du passé, au Consistoire suprême pour rendre sa sentence sur cesdivers articles.

De même, le jugement des fautes simples d’une ou plusieurs récidives et d’adultèressimples, ou double, n’appartiendra point aux Consistoires inférieurs, mais sera uniquement,selon le prescrit du code consistorial, du ressort du Consistoire suprême.

Du reste, dans l’un ou l’autre cas, il ne sera rien retiré pour la contrôle, seulement lesdroits d’une sentence simple, et des lettres qui auroient pus être écrites, le tout conformémentau tarif souverain.

C’est ce dont nous vous donnons avis par les présentes, avec ordre d’en faire part auxConsistoires inférieurs de votre bailliage pour leur servir de règles dans les cas semblables quipourroient arriver. Vous aurez soin autant que possible d’assister aux assemblées desConsistoires et d’y tenir la présidence.

Vous ferez inscrire la présente ordonnance où il appartiendra, et enjoindre aux vassauxde votre [p. 423] bailliage qui ont droit de Consistoire, de s’y conformer exactement. Dieuvous ait en sa bonne et sainte garde. Donné ce 8me. février 1780.

Reçu le 13 mars 1780.Scellé du château de Lausanne.[-] Concernant les émolumens.Monsr. le président met sur le bureau un rescrit de l’illustre Chambre suprême,

concernant la manière de retirer les émolumens qui leur sont dûs, du 9 mars 1780, plus unextrait du livre des instruction souveraines pour le Consistoire suprême de la ville etrépublique de Berne, dont les teneurs suivent.

[-] Lausanne. N° 11.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous avons bien reçu votre verbal concernant les émolumens de notre Chambre restés

en arrière, avec £ 18. 18 s., pour ceux qui étoient dûs par Henri Samuel Pingod et Jacob Hotz,et nous avons fait décharger notre contrôle desdits émolumens, de même que de ceux quiétoient dûs par Marie Dupras, Jeanne Marguerite Vere et Marie Haldi, toutes trois personnespauvres, de même que celui de George Krug, qui a été payé.

Quant aux autres émolumens, nous attendrons vos avis ultérieurs à ce sujet.[p. 424]

Au surplus, nous ne pouvons nous empêcher de vous trouver à dire sur ce que vousêtes dans l’idée que nous devrions, par le moyen d’un procureur, de rechercher à grands fraisles émolumens que pourroient nous devoir les parties, manière de procéder qui n’est assortieni à notre dignité, ni à l’ordonnance de LL. EEces. du Sénat du 3 juin 1760 ci incluse, quiprescrit la marche la plus simple, la plus courte et la moins onéreuse. Sur quoi nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 9 mars 1780.

Sous le sceau du château.[-] Arrêt d’instruction souveraine pour les Consistoires inférieurs.Extrait du livre des instructions souveraines pour le Consistoire suprême de la ville et

république de Berne.Copie d’une lettre circulaire adressée à tous les seigneurs baillifs du pays allemand et

romand, aux quatres villes municipales, aux freyweibels, et aux ammens.L’advoyer et Conseil de la ville et république de Berne, &c., &c.

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Nous venons d’être informés de la part de notre suprême Consistoire, combien lesparties [p. 425] dont ce tribunal juge les causes, et auxquelles on fait la grâce spéciale de leurépargner les frais et les peines du voyage pour leur comparition personnelle dans la capitale,apportent néantmoins de négligence et de difficultés au juste payement, non seulement desémolumens dudit Consistoire suprême, mais encore de ceux qui doivent revenir à leursecrétaire, tant pour les écritures et les expéditions, que pour les droits du sceau qu’il avancede sa propre bourse, droits et émolumens par nous mêmes fixés et réglés tels qu’ils setrouvent tabellionnés dans notre tarif souverainement émané et corroboré en 1745. Laquellenégligence aboutit même très souvent à un manquement total de ces payemens si justementdûs, et ce nonobstant toutes les tentatives qui se font et se sont faites, voire même ordonnéespar ce tribunal lui même, de faire percevoir lesdits droits et émolumens par les Consistoiressubalternes des lieux respectifs.

Or, comme il est juste que ces sortes d’émolumens dont la perception par nousordonnée à la sanction légale de notre propre authorité soyent exactement payés, nous vousmandons et commandons d’enjoindre aux Consistoire ressortissant de votre juridiction, ousitués dans votre district, qu’en tous tems ils ayent à s’en faire duement payer les deniers pourles envoyer à la personne qui de droit aura soin de leur en faire parvenir la note spécifique.

Laquelle notre présente ordonnance vous mettrez en toute due exécution, encontraignant à [p. 426] l’accomplissement de leur devoir celles des susdites partiesnégligeantes en ce fait, qui pourront vous être defférées, tout ainsi que vous aurez soin defaire duement enregistrer les présentes. Données ce 3 du mois de juin de l’an 1760.

Exactement collationnées pour servir de copie, et fidèlement traduites dans tout leursens du texte allemand par la secrétairerie du Consistoire suprême.

[-] Concernant Rose Charoton et Philippe Jaquerod.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême du 13 mars 1780, concernant Rose Charoton et Philippe Jaquerod, dont la teneursuit.

[-] N° 12.Lausanne.Tit. & alloc.Comme il résulte de votre verbal que le père de Philippe Jaquerod, d’Ormond Dessus,

n’apporte point d’opposition au mariage de son fils avec Rose Charoton, de Mont la Ville,enceinte de ses œuvres. Nous avons en conséquence adjugé d’ors et déjà au fils Jaquerod,ladite Charoton comme femme légitime, et l’enfant comme s’il étoit né en loyal mariage, leurpermettant de procurer ce mariage en la manière accoutumée, ce dont vous leur ferez part, enretirant d’eux pour l’émolument de notre Chambre 180 batz, que vous enverrez au secrétairedans le délai d’un mois. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 13 mars1780.

Reçue le 17 mars 1780.[p. 427]

[-] Comparoissance de Murizier, de Neuschwander, de Jaques Daccord.Paroissent Abraham Murizier, François Neuschwander, Jaques Daccord, domiciliés à

Ouchy, cités par lettres pour répondre à ce qui étoit revenu à la Chambre, d’être violemmentsuspectés d’avoir eu part à un grand scandale commis audit Ouchy dans la nuit du dimanche 5au lundi 6 mars 1780, en suite des déclarations en plaintes de Jacob Clerc et de SusanneForney et Jeanne Forney, des dates du 6, 8 dit mars courant.

Lecture leur en ayant été faite, ont fortement niés les faits desdites plaintes.Sur quoi délibéré, la v. Chambre n’ayant pas eu la présence des personnes plaignantes

pour surmonter la négative des accusés, a prit le parti de remettre la chose à des informationsqui pourroit être prises subséquentes, sans relâcher pour le coup les accusés des plaintes qui

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ont été rendues contr’eux. Que s’ils étoient découverts qu’ils eussent eu part à ce scandale, ilsen seront punis plus sévèrement à raison de leurs négatives formelles qu’ils ont passées del’accusation.

[-] Concernant Jne. Susanne Jacottet et Abram Isaac Nicolas.Mr. le président met sur le bureau une lettre en réponse de Abraham Isaac Nicolas,

écrite d’Angleterre, de la date du 26 février dernier, à l’adresse de son frère Jean BaptisteNicolas à Lausanne, sur la clame de mariage et de paternité que forme contre lui JeanneSusanne Jacottet, d’Echallens, plus les déclarations de l’instant de ses couches, et le baptêmede l’enfant, dont les teneurs suivent.[p. 428]

[-] Copie d’une lettre écrite d’Angleterre par Abraham Isaac Nicolas.A Monsieur Baptiste Nicolas, chez Monsieur de Cerjat, rue de Bourg 10e.A Lausanne en Suisse.Post paid 1 s. 2 d.1. N. 2Franche jusqu’à Enguen.Ce 26 février 1780.Mon cher frère, je viens de recevoir ta lettre ce matin, par laquelle est accomparée à

toutes les lettres que l’on peut m’écrire. Je suis fâché d’apprendre que vous ayez tantd’inquiétudes à cause de moi, tant les uns que les autres. Je te prie d’être tranquille vis à visde Susanne Jacottet, dont tu me dis qu’elle s’est déclarée enceinte de moi. J’avoue très bienque j’ai eu affaire avec elle, tout le monde sçavoit que je la fréquentois, Je te prie, mon cherfrère, de faire et d’agir pour moi comme tu voudrois qu’il te fut fait à toi même, suivant lesdroits ordinaires, et je m’en tiendrai à ce que tu en fera. Et console mon père, je terécompenserai de tous les soins que tu pourra prendre pour moi à la suite, et je merecommande si cela est, qu’on le reconnoisse dans les deux communes de Mézière etCarrouge, comme étant bourgeois, voiant que je ne le nie pas. Et tous les frais qui en serontfait à cet égard, je les [p. 429] payerai en me produisant les comptes, et signez de la main d’unchacun, acquitez à qui de droit. Tu me fera un grand plaisir, et le plaisir de ne pas faire courirun bruit scandaleux vis à vis de moi, et tu sera récompensé quand j’aurai le plaisir de terevoir. Je te prie de faire attention à toutes les questions que l’on pourroit te faire à mon égard,et je recevrai toujours tes lettres avec plaisir. Et tu dira à Susanne Jacottet qu’elle ne soyepoint en peine de moi suivant ce je lui ai dit, je le lui tiendrai, qu’elle soit seulement sage.

Mais ceci m’étonne, voiant que je viens de recevoir une lettre d’elle, qu’elle m’étoitadressée à Londres. Comme je n’i étois plus, on me la faite parvenir, mais seulement lasemaine passée, étant écrite au mois de décembre, dont elle ne me parle pas un mot d’êtreenceinte, mais cela ne fait de rien. Mais mon cher frère, je te prie d’assurer de mes respectstous ceux qui auront la bonté de s’intéresser pour moi, et j’agirai en conséquence toujoursenvers vous comme brave et honnête garçon autant qu’il me sera possible, S’il plaît à Dieu,dans quelques années, je serai en état de récompenser ceux qui se seront intéressés pour moi.Voiant que je suis si éloigné, j’espère que l’on agira en braves gens vis à vis de moi. Je te priede me rendre sachant de toutes les nouvelles qui se passeront en Suisse. Tu excusera monbarbouillage car j’ai grand hâte.

J’ose espérer que tu agira comme frère envers moi. Je te salue, aussi bien que tous nosparens, en ami.

Signé : Ton obéissant frère, Abraham Nicolas.Je suis très mortifié de vos peine à tous.

[p. 430]Moi soussigné, Jean Baptiste Nicolas, de Mézière, déclare solemnellement que la

pièce ci dessus est bien la fidèle copie d’une lettre que j’ai reçu de mon frère Abram Isaac

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Nicolas, le 11 du courant mois de mars. J’ajoute qu’il est actuellement chez Mr. le révérendFchells Wargrave Near Maidenhein, Berchshire, en Angleterre.

En foi de quoi j’ai signé, à Lausanne ce 22 mars 1780.Signé : Jean Baptiste Nicolas.Vu signer, Lausanne dudit jour mecredi 22 mars 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.[-] Déclaration des prud’hommes à l’instant des couches de la Jacottet.Nous les soussignés, par ordre supérieur, nous nous sommes transportés chez le Sieur

Jean Samuel Marguerat, demeurant à Corsier sur Lutry, pour entendre Jeanne SusanneJacottet qui étoit au mal d’enfant. Nous y avons trouvé la matronne. Nous l’avons exhortée dedéclarer le véritable père de l’enfant. Elle nous a répondu qu’elle n’avoit vu qu’AbrahamIsaac Nicolas, de Mézière. Elle a mis au monde, environ les trois heures du matin, un enfantmâle, le 7me. mars 1780. Ce que nous [p. 431] assurons de bonne foi, à Lutry ce 7me. mars1780.

Signés : Jean François Marguerat ; Jeanne Lavanchy, sage-femme, Pierre AbramLavanchy.

[-] Baptême de l’enfant de la Jacottet.J’ai batisé dans l’église de Belmont, le dimanche 19 mars 1780, un enfant qui a reçu le

nom de Jean Samuel. Lequel m’a été authentiquement indiqué, né le lundi 6me. (sic : 7) ducourant à Corsy sur Lutry, fils naturel de Jeanne Susanne Jacottet, d’Echallens, et donné àAbraham Isaac Nicolas, de Mézière et de Carouge, absent du pays, pour lequel représenter aubatême, s’est constitué Honnête Jean Daniel Nicolas, son père.

Parreins : Jean Samuel Marguerat, de Corsy sur Lutry, Jean Pierre Chapuis, deCarouge. Mareine : Marie Madeleine Nicolas, sœur de celui à qui le susdit enfant a été donné.

Donné pour extrait fidèle du registre des batêmes de Belmont, et en témoin de quoisigné à Lutry ce 20 mars 1780.

Signé : J.P. Raccaud, pasteur de la susdite Eglise.La Chambre ayant ouï la lecture de ses diverses pièces, a trouvé qu’à tous égards, soit

au moyen de la lettre d’Abraham Isaac Nicolas, soit par les opérations qui ont été faites àl’instant des couches de Jeanne Susanne Jacottet, la procédure étoit complette, et revêtue detoutes les formalités requises. En conséquence, le secrétaire fera le plutôt possible à nosillustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême, l’expédition dedite procédure.[p. 432]

[-] Copie.Très noble, magnifique et très honoré seigneur baillif.Le Consistoire de cette ville vient informer votre seigneurie que nos illustres et

puissans seigneurs du Consistoire suprême l’auroient honoré, le 9 mars dernier, d’une réponseau mémoire concernant les émolumens restés en demeure. Ledit Consistoire a vu avec bien dela douleur, que l’ouverture qu’il avoit faite au sujet de la contrainte des délinquans avoit putdéplaire à nos illustres seigneurs. Il n’auroit jamais osé présenter le moyen qu’il a indiqué s’iln’y avoit été conduit par les propres faits de Mr. le secrétaire Tschiffeli, sans rappellerplusieurs circonstances dans lesquelles il a manifesté le dessein de faire poursuivre en droitles rénitans. Il suffira de rappeller un événement récent.

Par sentence de nos illustres seigneurs, en date du 11 mai 1778, après avoir pretté leserment, Jean François Thuillard, de Froideville, fut libéré de la clame de paternité que luifaisoit Esther Kohler, de Bourguistein, et dut acquitter l’émolument de 186 batz, sauf sonrecours contre ladite Kohler. Il n’a jamais été possible d’obtenir de cet homme obstiné lepayement qu’on exigeoit de lui, quelques menaces qu’on lui aye faites. Mr. le secrétaireTschiffeli en fut informé et expédia une procuration sous le sceau de l’illustre Chambre.Laquelle produisit le plus grand effet. Après avoir sollicité d’assés longs délais, le susdit

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Thuillard [se] soumis enfin à l’authorité légale, et acquitat les 186 batz, qui ont été adressé àMr. Tschiffeli le vendredi 9 juillet 1779, avec renvoi de la procuration.

[-] Concernant Phil Jaquerod, de son émol. dûs.En conséquence du dernier paragraphe de l’ordonnance du 3 juin 1760, le Consistoire

a l’honneur de defférer à votre [p. 433] seigneurie Philippe Jaquerod, d’Ormond Dessus,bailliage d’Aigle, habitant de Lausanne. Lequel, par sentence du 13 mars 1780, est tenu depayer l’émolument de 180 batz. Rapport lui a été fait de la sentence le 23 mars dernier, et il arefusé obstinément de s’i conformer quand à l’émolument, sous le prétexte que c’étoit la fautede son père. On s’est retourné sans succès du côté de ce dernier, et l’on a essuié pareil refus dela part de la sœur de Rose Charoton, qui est actellement à Mont la Ville.

[-] Concernant l’émolument que devoit Jean Milliet du procès. Acquité.Votre seigneurie voudra bien recevoir 30 batz qui ont été acquitées depuis peu par

Jean Milliet, de Jouxtems, selon la sentence du 10e. mai 1779. Nous avons l’honneur d’êtreavec un profond respect, très noble, magnifique et très honnoré seigneur baillif, vos trèshumbles et très obéissants serviteurs. Le président, les pasteurs et les assesseurs duConsistoire de Lausanne, et de leur part le secrétaire soussigné.

Lausanne ce samedi 8 avril 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.[-] Voyez folio 237 où cette procure est portée.Copie de la procuration renvoyée à Mr. le secrétaire Tschiffeli, le 9e. juillet 1779.[Sceau] de l’illustre Chambre.Signé : S. Tschiffeli, vice secrétaire.[-] Jeanne Susanne Jacottet et Abraham Isaac Nicolas. Laquelle lettre a été expédiée

par le seigneur baillif ledit jour 8 avril.Le samedi 8 avril 1780, a été expédié par le canal de sa seigneurie baillivale, 14 francs

pour le compte d’Abraham Isaac Nicolas, de Mézières, absent du pays, selon la sentenceprononcée par nos illustres seigneurs du Consistoire suprême de la date du 28 mars 1780 surla clame de mariage et de paternité qu’a formé contre lui Jeanne Susanne Jaccotet,d’Echallens.[p. 434]

13 avril 1780

Du jeudi 13 avril 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. le pasteur de l’Eglise allemande, banneret de Bourg, assesseurs Porta,Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Jacob Hotz.Le paquet concernant Jacob Hotz du désistement de son recours de la sentence du 27

Xbre. 1779. Sa requête a été expédiée à l’illustre Chambre suprême samedi 1er. avril 1780.[-] Jeanne Susanne Jacottet ; Abraham Isaac Nicolas.Le paquet concernant Jeanne Susanne Jacottet et Abraham Isaac Nicolas a été expédié

à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême samedi 25 mars 1780.[-] Président, le seigneur sénateur Tillier.Par [lettre] du lundi 10 du courant, on a été informé que le seigneur sénateur Tillier

avoit été éleu président du Consistoire suprême pour l’année.[-] Comparoissance de Jeanne Séchaud et Albert Henni.En suitte de cause, paroissent Jeanne Séchaud, demanderesse, assistée comme ci

devant, contre Albert Henni, deffendeur, assisté de sa mère. Il échet à ladite Séchaud deproduire ses répliques, qu’elle a mises sur le bureau.

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Lecture faite desdites répliques, Albert Henni en a demandé copie et terme de 15ne.pour dupliquer.

Sur quoi délibéré, la Chambre accorde audit Henni la communication et terme de 15ne.pour produire ses dupliques, ayant vu avec beaucoup de peine la manière dont on a prolongéla procédure, qui auroit put être composée que de deux pièces.

Au rapport, les parties se sont liées à reparoître dans la 15ne.[p. 435]

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le [bureau] le rescrit de nos illustres etpuissans seigneurs du Consistoire suprême, concernant Jeanne Susanne Jacottet et AbrahamIsaac Nicolaz, de Mézières, absent du pays, en date du 28 mars 1780, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. N° 13.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Après avoir examiné le verbal que vous nous avez envoyé, nous adjugeons d’ors et

déjà à Abram Isaac Nicolaz, de Mézière, actuellement en Angleterre, en conséquence de sonaveu, l’enfant garçon baptisé sous le nom de Jean Samuel, que Susanne Jacottet, d’Echallensa mis au monde le 7me. du courant mois de mars, devant porter son nom, être de sabourgeoisie, et entretenu par lui seul dès ce moment, ayant suspendu pour le coup de fixerl’état de l’enfant jusqu’à ce que le père, de retour au pays, ait manifesté si son intentionsincère est toujours d’accomplir mariage avec ladite Jacottet. En attendant, nous avonscondamné ledit Nicolaz à tous les frais de ce procès, sauf modération, vous chargeantamiablement de retirer de lui pour l’émolument de notre Chambre 140 baches, que vousenverrez à notre secrétariat. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 28mars 1780.

L’original sous le sceau du Château.[-] Marguerite Borde, née Bournand.Monsieur le président met sur le bureau la lettre de divorce en faveur de Marguerite

Bournand, avec le sceau de l’illustre Chambre, plus de l’avis par un autre lettre de nosillustres seigneurs qu’ils donnent dudit divorce accordé, de même que d’un[e] autre lettreconcernant Jacob Hotz et ladite Bournand, les trois des dates du 3 avril courant, dont lesteneurs suivent.[p. 436]

[-] Copie. Lettre de divorce en faveur de Marguerite Borde, née Bournand.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Sçavoir faisons par les présentes, comme quoi ce jourd’hui, il nous a apparu àsuffisance des loix, que Marguerite Bournand, native de Ste. Croix, et présentement agrégée àla Corporation des étrangers, demeurant à Lausanne, a fait publier par trois fois, avec lessolemnités requises, les lettres proclamatoires par nous à elle accordées le 25 8bre. 1779 contreson mari François Borde, prosélite, natif de Meylloud en Languedoc, pour cause de désertionmalicieuse. Partant, le terme fatal du rappel du fugitif ayant expiré sans que ny lui ni autre enson nom se soit présenté devant nous pour justifier son absence obstinée. Nous avons, à la trèshumble requête de la susdite Bournand, jugé et arrêté, jugeons et arrêtons que le mariage quila lioit à François Borde, doit être dès à présent cassé et annullé, avec liberté de convoler à desecondes noces. Adjugeant en outre à elle, comme partie lézée, tous frais de présenteprocédure, permettant de s’en faire payer, comme des autres prétentions qu’elle pourroit avoircontre lui, sur les biens à lui appartenants rière les terres de cette souveraineté. Le toutcependant à forme des loix et par authorité du juge compétent. Donné à Berne ce 3me. avril1780.

Signé : J. O. Steck, ad interim secrétaire du Consistoire suprême.[p. 437]

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[-] N° 14.Lausanne.Tit. & alloc.Vous voyés, par les lettres de divorce ci incluses, comme quoi nous avons accordé ce

jourd’hui à Marguerite Bournand, de la Corporation des étrangers, domiciliée dans votre ville,une séparation absolue d’avec son mari François Borde, natif de Meylloud en Languedoc,fugitif du pays. Nous vous chargeons amiablement d’inscrire ce divorce sur vos registres et deremettre à ladite Borde les lettres de divorce ci annexées, en retirant d’elle pour l’émolumentde notre Chambre 135 batz, que vous enverrez sans retard à notre secrétariat. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 3 avril 1780.

Reçue le 7 avril 1780.[-] Concernant Jacob Hotz. N° 15.Lausanne.Tit. & alloc.Jacob Hotz, de Ste. Marie aux Mines, domicilié dans votre ressort, étant dans

l’intention de présenter requête à Leurs Excellences du Sénat au sujet de son mariage projettéavec Marguerite Bournand. Nous avons trouvé bon de suspendre la peine à laquelle ces genslà étoient condamnés jusqu’à ce qu’il soit sorti une décision souveraine sur leur sort. C’est cedont nous avons voulu vous donner avis, en ajoutant que les 70 batz qu’a payé Hotz pourl’émolument nous sont bien parvenus. Nous vous recommandons à la protection divine.Donné ce 3e. avril 1780.

Reçue le 5e. avril 1780.Ladite Margeurite Bournand paroissant. Lecture lui [a] été faite desdites lettres

concernant son divorce d’avec François Borde, et a acquité 135 batz pour l’émolument dûsaux illustres seigneurs du Consistoire suprême.[p. 438]

[-] Françoise Monnay, veuve d’Henri Cuerel ; Jean Pierre Carrard.Monsieur le président met sur le bureau la clame de paternité de Françoise Monnay,

veuve Cuerel, de Villars Ste. Croix, contre Jean Pierre Carrard, de Rueyre, en date du 9 avrilcourant, dont la teneur suit.

Du dimanche 9 avril 1780, 1 heure après midi.Françoise Monnay, veuve de Henti Cuerel, de Villars Ste. Croix, âgée de 31 ans,

domiciliée chez Abraham Bé, à l’Hâle de St. Laurent, déclare être enceinte des œuvres de JeanPierre Carrard, de Rueyres, charpentier de profession, âgé d’environ 30 ans. Son commercecharnel avec lui ayant commencé au milieu de février dernier, continué jusqu’au 1er. de marsprésente année 1780. Il lui a promis de ne pas l’abandonner si elle devenoit enceinte. Ellecompte d’accoucher au mois d’octobre ou de novembre prochain. Lecture faite, a persisté.

Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 6me. avril 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance desdits veuve Cuerel et Carrard.L’un et l’autre ayant été assignés à paroître céans, se présente ladite Françoise, veuve

Cuerel. Lecture lui a été faite de sa déclaration qu’elle a confirmée en tout son contenu.Ledit Jean Pierre Carrard, fils de feu Jean Jaques Carrard, de Rueire, habitant de cette

ville, convient d’avoir eu commerce charnel avec ladite Cuerel aux dates qu’elle indique, s’enremettant au prescrit des loix consistoriales et à l’ordonnance par apport à l’examen dansl’instant des couches, avec réserve expresse de toutes ses exceptions que de droit, selon lescirconstances que pourra donner la procédure.

Interrogé sur son âge et sa profession.A dit qu’il étoit âgé de 29 ans et charpentier de profession.

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Ladite Cuerel a été interrogée sur le lieu où elle compte faire ses couches.[p. 439]

A dit qu’elle compte de les faire aux environs de Lausanne.Elle a été exhortée d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller des consistoriaux pour

être entendue à l’instant de ses couches.Lecture leur en ayant été faite, ils ont persistés.La Chambre a surçis la procédure jusques après les couches de ladite Cuerel.

Communication en sera donnée aux communautés réciproques de Villars Ste. Croix etRueires.

Mr. le président met sur le bureau une rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême en réponse à la lettre qui leur est parvenue par le canal de sa seigneurie baillivale,samedi dernier 8 du courant mois d’avril, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Préfec.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Très noble et très honoré seigneur baillif. Salut.Nous avons bien reçu les £ 44. 7 s. 6 d. que votre seigneurie nous a adressées pour les

émolumens dûs. Ce dont nous avons couché écriture de conformité sur les registres. En suitedes arrangemens que l’on a pris avec l’hoirire de Monsr. le secrétaire Tschiffeli, il a étéconvenu qu’elle jouiroit du bénéfice de l’emploi jusqu’au mois de mai prochain, et l’on vientd’écrire le 6 du présent mois d’avril à plusieurs de Messieurs les pasteurs du pays allemand etromand, au sujet des émolumens restés en demeure, au moyen de nouvelles recharges. Ce quia eu déjà lieu vis à vis des pasteurs de Lutry, Pully et Prilli. Votre seigneurie reçoit ici lesquittances des divers articles qui ont déjà été payés. Elle voudra bien les faire parvenirincessamment à ceux en faveur de qui elle sont.[p. 440]

Quand aux émolumens qui restent dûs par Jean François Perret, de Pully, CharlesMarguerat, de Lutry, Charlote Meyland, du Chenit, nous avons bien voulu nous en relâcher vuleur pauvreté.

Et par rapport à la dénonciation que le Consistoire de Lausanne a faite au sujet dePhilippe Jaquerod, d’Ormond Dessus, nous avons voulu, par diverses bonnes considérations,ne pas l’astreindre à payer l’émolument. Mais quand aux autres représentations duditConsistoire, nous ne pouvons point y avoir égard. Nous le renvoyons purement et simplementà l’ordonnance de LL. EEces. du Sénat du 3 juin 1760, et à notre lettre du 1er. février dernierqui y a trait, où il verra, de même que les autres Consistoires inférieurs, de quelle manière ildoit se conduire en pareil cas.

La quittance de l’objet entendu par votre seigneurie nous est bien parvenu, dont il seragardé note sur les registres.

Nous continuons, très noble et très honoré seigneur baillif, à vous recommandersincèrement à la protection divine. Donné ce 10e. avril 1780.

L’original scellé du château.[-] Jean Milliet, domicilié à Morges.Les émolumens dûs par Jean Milliet, de Lausanne, au Consistoire suprême, en suite de

la sentence du 10 mai 1779, et la spécification ci jointe, ont été payés avec £ 3. 5, ce qu’attestéà Berne ce 10 avril 1780.

Signé : Freudenberger, vice secrétaire.[-] Concernant Jean Franç. Pasteur.Mr. le président met sur le bureau une lettre adressée au secrétaire de céans, écrite de

Genève en date du 1er. avril courant, signée Duby, concernant Jean François Pasteur,domicilié à Genève, sur la clame de divorce qu’il voudroit former d’avec sa femme, JeanneGisclon, dont la teneur suit.

190

[p. 441][-] Copie de la lettre de Mr. Duby, adressée au secrétaire.Monsieur,En suite de la lettre que le Sr. Jean François Pasteur eut l’honneur de recevoir de vous

le 16 janvier dernier, concernant le divorce qu’il demande d’avec Jeanne Gisclon, sa femme,pour raison de désertion et de mauvaise conduite notoire. Ledit Pasteur s’est transporté àVersoix, chez la mère de sadite femme, pour prendre des informations, si cette dernière étoitencore vivante. Vous trouverez, Monsr., la déclaration qu’elle a donné par écrit, en présencede témoins, qui ne donne pas un grand jour sur l’existence ou l’inexistence de ladite JeanneGisclon. Dès lors, Monsieur, j’ai écrit à Paris pour me procurer quelques renseignemens à sonsujet, mais ils ont été infructueux. En sorte que dans cet état des choses, il importe d’autantmieux audit Pasteur de presser l’obtention de son divorce, qu’il désireroit se remarier avecune honnête fille de Suisse.

Veuillez donc, Monsieur, [me donner] l’honneur de vos directions et de vos sagesconseils pour parvenir le plus promptement qu’il sera possible au but qu’il se propose. Vouspouvez compter, Monsieur, sur une reconnoissance proportionnée au service que vous luirendrez dans cette occasion, étant charmé de mon côté, de rencontrer celle ci pour vousassurer de la parfaite considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre trèshumble et très obéissant serviteur.

Genève le 1er. avril 1780.Signé : Duby, avec paraphe.Faites moi la grâce de m’honnorer d’une réponse, que vous adresserez à Duby, notaire

et greffier civil et criminel, vis à vis l’Hôtel de Ville.Sur quoi délibéré, lecture en ayant été faite, ordonné que le secrétaire de céans en

avisera Mr. Duby qu’il n’est pas possible d’entreprendre cette procédure tant que ledit Pasteurne viendra pas se constituer personnellement et n’administrera pas des preuves du tems de ladésertion malicieuse de ladite Jeanne Gisclon.

Suit la copie de la réponse faite au Sr. Duby, notaire et greffier civil et criminel, vis àvis l’Hôtel de Ville, à Genève, du dimanche 16 avril 1780.[p. 442]

[-] Lettre du secrétaire à Mr. Duby, concernant Jn. François Pasteur.Monsieur,J’ai communiqué au Consistoire de cette ville la lettre que vous m’avez fait l’honneur

de m’écrire le 1er. du courant mois d’avril, concernant Jean François Pasteur. Que diriez-vous,Mr., si je vous proposois d’instruire une procédure en divorce, et de fulminer des contumacescontre une genevoise dont le mariage ne seroit point prouvé, et qui s’étant expatriée, n’auroitpoint vécu, ni elle, ni son mari, dans le lieu pendant l’espace de plus de dix ans. On pourroittout aussi bien avancer que le requérant a déserté sa femme, comme on allègue que c’est ellequi l’a déserté. Il a demeuré à Vevey, où il a séduit Esther Gallaz, d’Ormond Dessus, sousl’espérance de l’épouser. Il en a eu un enfant, envers qui il n’exerce point les droits de lapaternité. Il se moque de ses supérieurs qui lui ont fait communiquer leur sentence, etréclament pour leur juste émolument un louis d’or neuf, qu’il refuse avec obstination, malgréles semonces les plus fortes.

Que si ledit Pasteur satisfaisoit à tous les préliminaires, qu’il prouvât son mariage avecJeanne Gisclon, qu’il fit voir qu’elle est coupable de désertion malicieuse depuis 6 à 7 ans,peut être à raison de ce qu’il est natif de Lausanne, seroit-il admis à instruire sa procédure ici.Mais il faut qu’il se constitue personnellement et fasse un mémoire pour exposer les griefsqu’il prétend avoir contre sa femme.

Voilà. Monsieur, le résultat de la délibération de nos Messieurs sur cette affaire.

191

J’ai, Monsieur, d’être, avec une considération très distinguée et les sentimens les plusdévoués, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Lausanne, dimanche 16 avril 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.P.S. : Je vous renvoye la pièce informe et sans date que ledit Pasteur a procurée à

Versoix.Suis ce que doit Jean François Pasteur

[p. 443][-] Marguerite Borde, née Bournand.Samedi 15 avril 1780, expédition faite sous récépissé du bureau, à Mr. le secrétaire du

Consistoire suprême des 135 batz que devoit Marguerite Borde, née Bournand, selon lasentence du 3e. dit avril, faisant £ 13. 10 s.

[-] Ce compte fait partie de la lettre à Mr. Duby.Doit Jean François Pasteur au Consistoire de Lausanne, argent de Suisse, selon le tarif.Pour l’enregistrement du rescrit souverain du 12 août 1777 produit en v. Chambre le

jeudi 28 dit dite année, aussi que le verbal du v. Consistoire de Vevey en date du 4 dit août,concernant le cas de Jeanne Esther Gallaz, plus l’enregistrement de la lettre que Jean FrançoisPasteur écrivit de Genève à son cousin Jean Abraham Pasteur, à Lausanne, que pourl’expédition de cette procédure fort longue aux illustres seigneurs du Consistoire suprême le3me. 7bre. 1777. Pour ce £ 5

Traduction du rescrit souverain du 8 7bre. 1777 concernant Jean François Pasteur, natifde Lausanne, et Jeanne Esther Gallaz, d’Ormond Dessus 16 s.

Inscription au registre 8Port de lettre de Mr. le greffier Duby, du 1er. avril 1780 3Du 13e. avril 1780. Exposition au Consistoire et connoissance 8Du 16 avril. Lettre à Mr. le greffier Duby 8Copie 4

-------------£ 7. 7

Un gros écu neuf et un demi, et 1/4, avec trois baches et demi, dont il vous plaira metenir compte.

Plus un louis d’or que je dois expédier aux illustres seigneurs du Consistoire surpêmepour leur émolument £ 16

Montant en tout £ 23. 7[-] Expédition de 160 batz concernant Jn. François Pasteur.Le mardi 3 mai 1780, expédition a été faite sous récépissé du bureau, à Mr. le

secrétaire du Consistoire suprême de 160 batz que devoit Jean François Pasteur, selon lasentence du 8me. 7bre. 1777.[p. 444]

[-] Copie concernant Jn. Franç. Pasteur.A Monsieur, Monsieur Vullyamoz, secrétaire consistorial.A Lausanne.Avec £ 23. 6 s.Monsieur,Je me hâte de répondre à votre lettre du 16 du courant, et de vous observer que j’ai

mandé Jean François Pasteur par devant moi, auquel je l’ai communiquée. Je lui ai remontré,comme il convenoit, son tort vis à vis de votre vénérable Consistoire, à l’égard duquel il aprettendu se justifier. Mais le résultat de cette conférence à été la remise qu’il m’a fait dumontant en votre compte, consistant en un louis neuf, un écu neuf, une petit écu et treizebaches, que vous trouverez ci joint et dont vous aurez la bonté de m’accuser la réception.

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Pour en venir présentement à ce qui fait l’objet principal de sa demande, je vousréitérerai ce que j’ai eu l’honneur de vous observer dans ma lettre. Que s’il ne s’agit, pouropérer le divorce dudit Pasteur que de justifier la célébration de son mariage avec JeanneGisclon, et la désertion malicieuse de cette dernière, rien ne sera plus aisé que de vous faireparvenir la célébration en forme probante de leur mariage, qui a été béni dans l’église de St.Pierre le 18 février 1769.

A l’égard de la désertion malicieuse, il peut prouver clairement par le témoignage dediverses personnes de la ville de Lausanne, que trois mois après son mariage, elle décampa deLausanne avec le nommé Milliet, bourgeois de ladite ville, avec lequel elle partit pour Parisoù elle restat de 3 ou 4 ans, à l’expiration desquelles elle revint au pays. Mais ledit Pasteur nevoulut pas la voir. Dès lors, elle est retournée on ne sçait où, et il n’en a eu aucunes nouvelles.

Diverses personnes de votre ville connoissent le détail de cette affaire, & son cousin,l’exécuteur de la Haute Justice [p. 445] de Lausanne, est parfaitement informé des tenans etaboutissans de cette malheureuse affaire.

Veuillez donc le diriger dans la poursuite de son divorce, il me charge de vous assurerque sa reconnoissance sera proportionnée aux peines et aux soins que vous voudrez bienprendre à cette occasion, et soiez persuadé qu’il n’en sera pas de cette affaire comme de laprécédente.

Agréez, Monsieur, que je vous réitère l’assurance des sentimens de considérationsavec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Genève ce 21 avril 1780.Signé : Duby, avec paraphe.Reçue par la poste le 24 dudit avril.Réponse à dite lettre expédiée par le courier du dimanche 30 avril 1780.Monsieur,J’ai bien reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en date du 21 du

courant moi d’avril, y inclus 23 £ 6 s. de Suisse, dont je vous remercie, ayant fait à LeursExcellences du Consistoire suprême l’expédition d’un louis neuf, à la décharge de JeanFrançois Pasteur. Je n’ai pas put vous répondre plutôt, ayant été retenu par l’assemblée denotre Consistoire, qui n’a eu lieu que jeudi dernier, 27 du courant. J’y fis l’exposition desdivers allégués de Jean François Pasteur. Puisqu’il ne peut obtenir son divorce à Genève,notre Chambre ne se refusera pas à être le canal par lequel il s’adressera au Consistoiresuprême, mais elle insiste sur sa présence personnelle pour commencer les premièresopérations.

Comme vous ne dites rien, Monsieur, sur cet objet, je conjecture que ledit Pasteurredoute beaucoup de se rendre ici, sans doute qu’il craint l’attaque que Jeanne Esther Gallazpourroit lui faire en vertu d’un [p. 446] billet qu’il lui a passé le 1er. mai 1778, par lequel ils’engage formellement de fournir quatre francs par mois pour la pension de la fille qui lui aété adjugée par arrêt souverain le 8 7bre. 1777. Il apréhende peut être aussi d’être recherchépour les tracas qu’il a occasionné à notre ville par la requête que ladite Gallaz a présentéecontre nous à Leurs Excellences pour obtenir que son enfant fut entretenu aux frais de labourgeoisie. Demande sans fondement quelconque dont elle a été déboutée par arrêt du 6 août1778. Mais je vous observe, Monsieur, que ces circonstances ne doivent point arrêter leditPasteur, vu le peu de tems qu’il aura à séjourner ici, puisqu’il est très apparent que dans uneseule scéance, avec les pièces qu’il apportera de Genève, et deux ou trois témoins qu’il feraentendre, sa cause pourra être en état, dans le but d’obtenir du souverain des proclamationsd’usage où il appartiendra. Notre Consistoire s’assemblera le jeudi onze mai.

J’ai l’honneur d’être, avec une considération distinguée, Monsieur, votre très humbleet très obéissant serviteur.

Lausanne ce dim. 30 avril 1780.

193

Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Adressée à Monsieur, Monsieur Duby, notaire et greffier civil et criminel.Vis à vis l’Hôtel de ville.A Genève.

[p. 447]27 avril 1780

Du jeudi 27 avril 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin, de l’Eglise allemande, banneret de Bourg, assesseur Bergier, etsecrétaire.

[-] Jeanne Susanne Séchaud ; Albert Henni.En suite de cause d’entre Jeanne Susanne Séchaud, demanderesse, assistée de Monsr.

l’avocat Hollard, contre Albert Henni, deffendeur, au nom de qui paroît la mère. Il échet àcette dernière de produire ses dupliques.

Cette dernière, au lieu de produire des dupliques, met sur le bureau la copie d’unmandat qu’elle auroit fait nottifier ce jourd’hui à ladite Séchaud. Duquel lecture ayant étéfaite, le noble seigneur lieutenant baillival a représenté aux parties le déplaisir que ressentoitla Chambre de voir instruire une si longue procédure par une multiplicité de faits peuimportans à la cause principale, qui auroit put être abrogée par la demande et réponse. Ce quiayant été représenté avec beaucoup de force.

Les parties, au lieu de suivre à une incident élevé sur des alléguations insérées dans lesrépliques, rapport au mandat ici produit, sont convenus que ledit Henni fourniroit dans la 15ne.les dupliques.

[-] Jn. Louis Peneveires et Jeanne Marie Odin.Le noble seigneur lieutenant baillival fait rapport qu’il auroit entendu le 23 avril

courant, contradictoirement, Jean Louis Peneveires, bourgeois de Lausanne, avec Louis Odin,de Morges, domicilié à Genève, dont la fille Jeanne Marie lui fait clame de paternité, dont lateneur suit.

De même que de la réquisition qui lui auroit été faite le 23 dit avril par Jean Cavin, deVeuillens, de pouvoir administrer preuve que Marguerite (sic : Jeanne Elisabeth) Corbaz, duMont, son accusatrice, continue de vivre dans le libertinage, de même dont la teneur suit[p. 448]

Du dimanche 23 avril 1780, une heure après midi.Jean Louis Peneveires, bourgeois de Lausanne, mandé par l’officier Gantin, est

entendu en contradictoire avec Louis Odin, de Morges, domicilié à Genève, dont la filleJeanne Marie lui fait clame de paternité. Elle compte d’accoucher à la fin de mai. LeditPeneveires nie absolument tout commerce charnel avec l’accusatrice, et refuse d’aller faire saprocédure à Genève. Odin, père, ne pouvant administrer aucune preuve littérale, est aviséd’établir sa fille à Morges, lieu de la bourgeoisie, d’où ledit Peneveyres sera successivementévoqué par rogatoires.

A quoi remis.[-] Plainte de Jean Cavin contre la Corbaz.Du dimanche 23 avril 1780.Jean Cavin, de Veuillens, se présente pour demander de pouvoir administrer preuve

que Marguerite (sic : Jeanne Elisabeth) Corbaz, du Mont,, son accusatrice, continue à vivredans le libertinage. Ce qui lui est refusé, à moins qu’il ne soit appointé avec sa partie à cesujet. Il prie qu’on veuille bien, après les couches de ladite Corbaz, la faire appeller par lettreparticulière, adressée à Cottens, chez feu Mr. le capitaine Crinsoz, pour éviter des frais, vu sonpeu de facultés.

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[p. 449]Mr. le président met sur le bureau une lettre de Genève de la date du 21 avril courant,

adressée à notre secrétaire de scéans, reçue le 24 avril dit, en réponse, signée Duby,concernant le divorce réclamé par Jean François Pasteur, domicilié à Genève, d’avec JeanneGisclon, enregistrée ci devant.

Lecture faite dedite lettre, la Chambre veut bien consentir à ce que Jean FrançoisPasteur instruise sa procédure en divorce d’avec Jeanne Gisclon, moyennant qu’il se présentepersonnellement avec un mémoire revêtu de toutes les preuves et formalités nécessaires. Dequoi il sera donné avis à Mr. Duby au plutôt.

[-] Concernant l’émolument dûs par Nicolas, de Mézières. Quittance.Les émolumens dûs par Abraham Isaac Nicolas, de Mézière, au Consistoire suprême,

en suite de la sentence du 28 mars 1780, et la spécification y jointe, ont été payés avec £ 14.Ce qu’attesté à Berne ce 10 avril 1780.

Signé : Freudenberger, vice secrétaire.[-] Emolumens dûs par Jean François Pasteur. Son expédition.L’expédition des 160 batz dûs par Jean François Pasteur, de la sentence rendue du 8

7bre. 1777 par nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, ont été expédiés sous récépissédu bureau à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême le mercredi 3 mai 1780.

Bordereau de 16£, un louis d’or neuf.[p. 450]

11 mai 1780

Du jeudi 11 mai 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteurs Besson, Chavannes, pasteurSprunglin, de l’Eglise allemande, présent, banneret de Saussure, conseillers Destallents,Duperron, assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Batterie à Pully. Rapport à ce sujet.Le noble seigneur lieutenant baillival informe que le Consistoire de Pulli, à la suite

d’une batterie scandaleuse qui avoit eu lieu dans un bouchon de ce village le dimanche 9avril, environ 7 heures du soir. Sur la plainte du régent Duport, qui avoit étéextraordinairement maltraitté par le nommé Bernard Corsat, huissier substitué, auroit voulusaisir cette affaire, et que Mr. Louis Porta, avocat, s’étant présenté pour assister ledit BernardCorsat, le Consistoire s’étoit refusé à son introduction, avoit ordonné à ce sujet uneconsultation auprès de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, à laquelle ils ontrépondu en date du 24 avril 1780 comme suit.

Pully.Tit. & alloc.Comme le verbal que vous nous avez adressez ne regarde qu’une batterie rixe, pure et

simple, nous renvoyons la suite de cette affaire au juge fiscal compétent, par devant lequel leplaignant pourra se présenter pour demander justice. Dieu soit avec nous. Donné ce 24 avril1780.[p. 451]

[-] Concernant Madeleine Ducret et Benoît Mercier.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, en date du 24 avril 1780, concernant Madeleine Ducret, de Chardonne, et BenoîtMercier, de Lausanne, dont la teneur suit.

[-] Corsier.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville de Berne. Salut.Comme il paroît par votre verbal que Marie Madeleine Ducret, de Chardonne, ne se

trouve pas enceinte, nous avons prononcé qu’en mettant de côté les promesses de mariage mal

195

fondées dont ladite Ducret vouloit faire usage contre l’accusé Benoît Mercier, de Lausanne.Cette affaire devoit être renvoyée simplement à Dieu et au tems, et que sur les propres aveux,cette fille seroit condamnée à subir la peine de prison à Lausanne, ainsi que le lieu du délit.Au surplus, nous avons bien voulu nous relâcher de l’émolument de notre Chambre, à raisonde sa pauvreté. Dieu soit avec nous. Donné ce 24 avril 1780.

[-] Suite d’entre Jne. Séchaud et Alb. Henni.En suite de cause entre Jeanne Susanne Séchaud et Albert Henni, absent, sa mère

paroissant en son nom. Il échet à cette dernière de produire ses dupliques.Ladite Henni, mère, au lieu de produire des dupliques, désirant de voir la fin de cette

procédure, a déclaré qu’elle acceptoit, au nom de son fils, la paternité de l’enfant garçon deladite Séchaud.

La vén. Chambre veut bien accorder la quinzaine à ladite Henni pour faire paroîtrepersonnellement son fils, aux fins de reconnoître lui même la paternité de l’enfant.[p. 452]

[-] Madeleine Duport et Henri Louis Hemeling.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, en date du 27 avril 1780, concernant Elisabeth Duport, de Pully, et Mr. Hemeling,de Lausanne, dont la teneur suit.

[-] N° 16.Lausanne.Tit. & alloc.Afin que nous puissions une fois terminer le procès ventillant entre Elisabeth Duport,

de Pully, et le Sr. Henri Louis Hemeling, bourgeois de Lausanne, auquel la plaignantecontinue à persister, nous vous chargeons amiablement de faire paroître les parties par devantvous, d’exiger de ladite Duport la production des deux billets sur lesquels elle fonde sa clamede mariage, de l’entendre dans les alléguations ultérieures qu’elle pourroit faire. De même quel’accusé, dans ses raisons de deffence, et de savoir en particulier s’il a écrit les deux billets enquestion. D’informer si ladite Duport insiste à la clame de mariage qu’elle a élevée. Vousnous ferez un verbal du résultat de cette affaire, pour en ordonner plus outre. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 27 avril 1780.

Reçue le 1er. mai 1780.L’un et l’autre paroissant, cités par lettres du 8 du courant, consté des relations de

l’huissier de la Chambre, en conséquence des ordres de nos illustres seigneurs, d’exiger deladite Duport la production des deux billets sur lesquels elle fonde sa clame de mariage, et del’entendre dans les alléguations ultérieures qu’elle pourroit faire, [p. 453] de même quel’accusé, dans ses raisons de deffence, et sçavoir s’il a écrit ces promesses.

[-] Comparoissance de la Duport.Ladite Elisabeth Duport ayant résisté aux exortations qui lui ont été adressées de

terminer son procès par accommodement, a produit deux billets, l’un du 21 mars 1778, etl’autre sans date, qu’elle dit avoir vu écrire à Mr. Hemeling, dont la teneur suit, sur lesquelselle fonde sa clame de mariage.

Le soussigné aime bien Madlle. Isabeau Duport, et promet de la marier dès qu’elle seraenceinte de lui, dans le tems qu’on pourra le savoir. A Lausanne le 21 mars 1778.

Le soussigné promet à Mademoiselle Izabelle Duport de la marier si elle est enceintede lui, et qu’elle n’ait eu commerce avec personne d’autre, aussitôt qu’il poura l’entretenir ets’établir.

Interrogée dans quel tems le billet qui n’a point de date lui a été remis.R. : Que ledit billet lui a été remis quelques jours après celui du 21 mars 1778.Interrogée si elle a sçu que ces billets m’étoient pas signés.

196

R. : Qu’elle ne sçait pas bien lire, et qu’elle a cru qu’ils étoient en bonne formepuisqu’ils lui étoient remis pour des promesses de mariage.

[-] Comparoissance de M. Hemeling.Mr. Hemeling paroissant, il lui a été demandé, en conséquence de l’arrêt de nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême, s’il reconnoît avoir écrit ses billets, dont il aentendu la lecture.

R. : Qu’il a besoin de la procédure de Pully et d’autres titres pour établir ses raisons dedeffence, auxquelles il est admis par le rescrit souverain. Il demande copie et terme dequelques semaines pour les produire, tombant au huit de juin prochain. Lequel terme lui a étéaccordé par sa partie.

A quoi admis.[p. 454]

[-] Déclaration de Louise Rumph contre Benoît Venciere.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Louise Rumph contre

Benoît Venciere, du Rouergue, chauderonnier, du 7 mai 1780, dont la teneur suit.Du dimanche 7me. mai 1780, 11 heures avant midi.Jeanne Louise Rumph, fille de feu Pierre Rumph, de Wahleren, bailliage de

Schwartbeirg, domestique en cette ville, rue de St. Jean, bannière de St. Laurent, âgée de 27ans, déclare être enceinte des œuvres de Benoît Venciere, du Rouergue, catholique romain, âgéd’environ 28 ans, garçon chauderonnier depuis trois ans chez Mttre. Guibert, dans la même rue.Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans les premiers jours de janvier présenteannée 1780, et continué jusqu’en février. Il lui a constemment assuré qu’il ne l’abandonneroitpas. La plaignante compte d’être enceinte d’environ quatre mois. Interpellée de signer, a dit nesçavoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 7 mai 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de la Rumph.Se présente Louise Rumph, duement assignée. Lecture lui a été faite de sa déclaration,

qu’elle a confirmée en tout son contenu.Interrogée où elle compte faire ses couches.R. : Chez sa mère, domiciliée au Mont.Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et d’être bien attentive à faire

appeller les prud’hommes qui auront été nommés pour l’entendre avant l’instant de sescouches.[p. 455]

La vén. Chambre a surçis la suite de cette procédure jusques après les couches deladite Louise Rumph.

Il sera donné communication au Consistoire de Wahleren du commencement de cetteprocédure le plutôt possible.

Ordonné au secrétaire d’adresser un brevet à Mr. le révérend pasteur du Mont, denommer deux prud’hommes non parens, qui devront entendre ladite Rumph à l’instant de sescouches, laissant à ladite Rumph la liberté de faire citer ledit Venciere s’il reparoissoit.

[-] Déclaration de Jne. Marie Odin contre Jn. Louis Peneveires.Mr. le président met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne Marie Odin, de la

Corporation françoise de Morges, contre Jean Louis Peneveires, de Lausanne, homme marié,du 4e. mai 1780, plus de sa déclaration à l’instant de ses couches, aussi que les certifiés de lasage-femme sur la naissance et le baptême de l’enfant, dont les teneurs suivent.

Du jeudi 4 mai 1780, midi.

197

Jeanne Marie Odin, assistée de son père, Mtre. Jean Louis Odin, de la Corporationfrançoise de Morges, domicilié à Genève, tailleuse de profession, âgée de 21 ans, déclare êtreenceinte des œuvres de Jean Louis Peneveires, de Lausanne, jouallier, âgé de 25 ans, hommemarié, lequel étoit aussi habitué audit Genève. Son commerce charnel avec lui ayantcommencé dans les premiers jours du mois d’août 1779, et continué jusqu’au mois d’avril1780, qu’elle étoit venue à Lausanne pour faire clame de paternité contre ledit Peneveire, cedont il trouva le moien de la détourner. Et après avoir fourni à son entretien pendant huitjours, il l’engageat à se retirer à Genève, où il feignoit d’aller dans le but de faire unarrangement avec la plaignante, lui ayant donné quatre francs pour payer sa voiture.[p. 456]

Elle compte d’être enceinte d’environ huit mois.Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 4e. mai 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Jne. Marie Odin et Peneveires, entendus contradictoirement.Dudit jour, 4 heures après midi.Jean Louis Peneveyres a été entendu en contradictoire avec Jeanne Marie Odin, qui lui

a soutenu, avec les asséverations les plus fortes, la vérité de sa plainte. Il s’est renfermé à direqu’il n’étoit pas le père de l’enfant, et qu’il iroit faire sa procédure à Genève. Quelqueexhortation qui lui ait été adressée de terminer cette mauvaise contestation par un aveu sincèreet ingénu, il y a résisté obstinément.

La plaignante Odin a été avisée de se rendre le plutôt possible à Morges, lieu de sanaissance, pour y instruire sa procédure et procurer la citation par rogatoire audit Peneveyres.

Sa femme, Elisabeth Paillard, ici présente, a fait refus de lui pardonner la faute dont ilest accusé.

[-] L’instant des couches de ladite Odin.Du lundi 8me. mai 1780, 7 heures du matin.Le soussigné s’étant transporté, accompagné de l’huissier de la vén. Chambre, à

l’auberge dite Rôtilon, chez Anthoine Blanc, bannière du Pont, auroit trouvé dans [p. 457] lachambre nro. 8, Jeanne Marie Odin, fille de Mtre. Jean Louis Odin, de Morges, de laCorporation française de Morges, domiciliée à Genève, tailleuse de profession, âgée de 21ans, assistée de Mr. le chirurgien et docteur Haegge, père, et Françoise Perrin, sage-femmejurée. Ladite, vivement exhortée à donner gloire à la vérité, a déclaré pour véritable père del’enfant qu’elle alloit mettre au monde, Jean Louis Peneveires, de Lausanne, jouallier, âgé de25 ans, homme marié, lequel étoit aussi habitué à Genève. Confirmant en conséquence ladéclaration qu’elle a faite au noble seigneur lieutenant baillival jeudi dernier 4 du courant. Entémoin de quoi signé, Lausanne le susdit jour que dessus, 8 mai 1780.

[-] Signé : Bergier, assesseur.Du mardi 9 mai 1780, 8 heures du matin.Françoise Perin, sage-femme, déclare que Jeanne Marie Odin, de la Corporation

françoise de Morges, domiciliée à Genève, et présentement logée à l’auberge dite Rôtillon,chez Antoine Blanc, bannière du Pont, auroit accouché hier 8 du courant mois de mai, environquatre heures après midi, d’un enfant garçon, viable, à terme, et de bonne venue.

Du jeudi 11 mai 1780,Ladite sage-femme fait certifier que l’enfant garçon de Jeanne Marie Odin auroit été

baptisé ce jourd’hui 11e. mai à l’église de St. François par Mr. le ministre Dompierre, sous lenom de Jean Louis.

Jean Louis Penevere ayant été assigné pour répondre à la clame de paternité de laditeOdin qu’elle forme contre lui de l’enfant issu de ses œuvres, paroissant.

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Interrogé s’il reconnoît la paternité dudit enfant.[p. 458]

R. : Que non, déclarant solemnellement qu’il n’a point eu de commerce charnel avecladite Odin depuis le 24 juin 1779.

Interrogé s’il n’a pas vu ladite Odin à Lausanne au commencement du mois d’avrildernier.

Rép. : Que oui.Interrogé si elle ne lui a pas dit qu’elle étoit enceinte de ses œuvres.Rép. : Que oui, et en présence de sa mère.Interrogé si ladite Odin n’a pas été entretenue et nourie à ses frais ici, dans une

maison, bannière du Pont, lieu dit au Martinet, pendant l’espace de huit jours.Rép. : Qu’il est vrai qu’il lui portoit des nouritures, mais que ce n’étoit pas lui qui les

payoit.Interrogé s’il n’est pas vrai qu’il lui a donné 4 francs pour s’en retourner à Genève.Rép. : Que oui, mais que c’est par charité.Relu, ratifié.Sur quoi délibéré, la v. Chambre a suspendu la suite de cette procédure de quinzaine,

que ladite Odin devra paroître pour être entendue en contradictoire avec ledit Peneveires.[-] Comparoissance de Jean François Pasteur.Compart Jean François Pasteur, natif de Lausanne, âgé de 30 ans, domicilié à Genève

dès l’âge de 8 ans, valet de ville audit Genève depuis plus d’une année et demi. Expose queson mariage avec Jeanne Gisclon [p. 459] a été béni le 18 février 1769. Qu’au bout de troismois, cette femme l’auroit quitté pour aller à Paris avec des libertins, où elle a séjournéplusieurs années. Dès lors, il ne l’a point vue, ignorant même où elle peut être actuellement. Ilajoute qu’aiant voulu procurer la rupture de ses malheureux liens, il se seroit adressé à Mr. lerévérend pasteur de son quartier, à Genève, lequel lui a répondu que cette procédure nepouvoit être instruite qu’à Lausanne, lieu de la naissance dudit Pasteur.

En conséquence de quoi il vient se présenter par devant la vén. Chambre, pour la prierde donner cours à son humble requête auprès des illustres seigneurs du Consistoire suprême,tendante à ce qu’il leur plaise d’ordonner les proclamations d’usage contre Jeanne Gisclon, safemme, qui étoit de la Corporation française de Lausanne. Et comme il lui est impossible deséjourner ici vu le service dont il est tenu à Genève, il sollicite la vén. Chambre de recevoirpar le canal de son secrétaire, toutes les pièces qui peuvent servir au bien de sa cause, et qu’ilexpédiera le plutôt possible.

Sur quoi délibéré, quoi que cette affaire ci soit extrajudiciaire vu l’absence durequérant, la Chambre a cru pouvoir lui accorder sa demande, ainsi que le secrétaire seracompétant pour recevoir toutes les pièces que ledit Pasteur aura occasion de lui adresser ausujet, dont il sera fait rapport.[p. 460]

[-] Concernant Dlle. Sophie Leresche et Mr. le collonel Sam. Lemaire. Lausanne. N°.10.

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBerne. Salut.

En suite de l’aveu qui nous est parvenu de Mr. le lieutenant colonel Samuel Lemaire,bourgeois de Lausanne nous lui avons adjugé comme illégitime, l’enfant fille, baptisée sous lenom de Jeanne Susanne Sophie, et dont la Dlle. Sophie Leresche, aussi bourgeoise deLausanne, est accouchée le 23 janvier dernier, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie,et entretenue par lui seul au bout de six mois dès la date de la naissance, en donnant à la mèretrois crones pour son gage de nourice. Nous l’avons de plus condamné envers elle à tous lesfrais de ce procès, sauf modération. Du reste, la punition de cette faute simple est

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actuellement subie par les deux dellinquans, au moyen de la délivrance de 60 crones en faveurdes pauvres de Lausanne, envoyées à votre seigneur baillif, qui est chargé de les faire compteroù il appartiendra. Sur ce, nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 6me.mars 1780.

Reçue le 11e. mars 1780.[-] Concernant Jn. Fr. Pasteur.Copie d’une lettre adressée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême en date du 3 mai

1780, avec seize francs en or, mise au bureau sous récépissé,Monsieur, Monsieur le président a fait l’impossible, par les semonces les plus fréquentes, pour

faire rentrer un émolument de 160 batz dû à nos illustres seigneurs du Consistoire suprêmepar Jean François Pasteur, heymatloss, natif de Lausanne, selon la sentence rendue entre lui etJeanne [p. 461] Esther Gallaz, le 8 7bre. 1777, sans avoir pu obtenir aucune satisfaction de cethomme domicilié constamment à Genève depuis son séjour à Vevey. Par un hasard asséssingulier, je suis parvenu à retirer de lui ledit émolument, que j’ai l’honneur, Monsieur, devous adresser aujourd’hui. Permettez qu’à cette occasion je vous parle un peu en détail dumoyen que j’ai employé, et que je vous fasse en même tems une petite consultation au sujetdu cas qui se présente.

Ledit Jean François Pasteur épousa à Genève le 18 février 1769 la nommé JeanneGisclon, de la Corporation françoise de Lausanne, une libertine qui venoit d’avoir un enfantde milord Abington, avec laquelle il assure n’avoir vécu que trois mois, au bout duquel tems,elle s’éloigna de lui et se rendit à Paris avec un jeune débauché de cette ville, où elle a vécutrois ou quatre ans. Elle est revenue successivement au pays, mais son mari, vu ce désordre deconduite, refusa de la reprendre, et dès là, s’étant absentée de nouveau, il n’en a eu aucunenouvelle. Présentement, ledit Pasteur désireroit de procurer la rupture de ces liensmalheureux, mais il paroît par les lettres qu’il m’a fait écrire, que Messieurs du Consistoire deGenève ne se disposent pas à instruire sa procédure pour lui accorder son divorce. En sortequ’il se voit obligé de recourir au Consistoire de Lausanne, lieu de sa naissance, pour parvenirà ses fins. Le Consistoire de cette ville ne refuse pas d’être le canal par lequel il pourraadresser sa requête à nosdits illustres seigneurs, mais il insiste sur sa présence personnellepour commencer les premières opérations. Mais je m’appercois qu’il y répugne absolumentsans me dire les raisons qui le retiennent. Je lui ai manifesté qu’il falloit préliminairements’exécuter sur ce qu’il devoit pour la précédente procédure, et il n’a pas tardé de me fairel’expédition des émolumens exigés. En cet état des choses, j’oserois, Monsieur, vous prier deme dire si le requérant ne pourroit peut être pas, pour éviter les frais et les longueurs qu’ilredoute, présenter purement et simplement sa requête, avec les preuves de ses allégués, auseigneur baillif de Nion, qui la feroit parvenir à nosdits illustres seigneurs, qui ordonneroientles proclamations, ainsi qu’ils ont fait dans le cas du divorce de la Dlle. Elisabeth Stouder, diteRother avec le nommé Charles Ardin, natif de Wandeuvre, territoire de Genève, orloger, à ladate du 18 janvier 1779.[p. 462]

Pardon, Monsieur, de mon importunité, j’espère qu’elle obtiendra grâce auprès devous en faveur de l’œuvre charitable dont je m’occupe.

Bordereau de 16 livres, un louis neuf.Dont il vous plaira coucher écriture de conformité. J’ai l’honneur d’être, avec une

considération très distinguée et les sentimens les plus dévoués, Monsieur, votre très humble ettrès obéissant serviteur.

Lausanne ce mercredi 3e. mai 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.[-] Reçu dudit émolument de Pasteur, ci devant expédié.

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Copie de la réponse à la lettre ci dessus, à l’adresse de Mr. le secrétaire du Consistoirede Lausanne.

Monsieur,J’ai reçu le louis neuf dans la vôtre du troisième de ce mois, et ai effacé cet article sur

le rôle des émolumens dûs.Vous me demandez, Monsieur, s’il n’y auroit pas un[e] autre voye pour faire

proclamer la femme de Jean François Pasteur, que sa comparoissance personnelle devant leConsistoire de Lausanne, à laquelle il répugne beaucoup, et quoi que je ne sois que dequelques jours employé à travailler sur ces sortes de matière, je ne crois pas qu’il puisse s’endispenser. En voici la raison.

Ce Pasteur, si je me trompe, est inscrit dans la Corporation de Lausanne, l’enfantd’Esther Gallaz qui lui fut adjugé en 1777 a été abandonné par lui. Depuis, il n’a riencontribué à son alimentation, et la crainte d’en être chargé est la cause de sa répugnance àparoître à Lausanne. Hors, cet enfant tombera sur la Corporation, et le seul lien qui pourra leramener à son devoir est peut être son désir d’être séparé. Les cas de ces dispences, outre cela,sont rares, et celui que vous avez cité étoit, suivant les apparences d’une autre nature. Le mariaura été clamé, et on accorde ces sortes de dispenses plus volontiers au sexe qu’aux hommes,surtout étant de cette condition.[p. 463]

Voilà, Monsieur, ce que suivant mes petites lumières, j’ai cru pouvoir vous marquer enréponse, ayant l’honneur d’être avec beaucoup de considération, Monsieur, v. t. h. et t. o. s.

Berne le 11 mai 1780.Signé : de Verdt, secrétaire du Consitoire suprême.Reçue par la poste le vendredi 12 mai 1780.Copie d’une lettre adressée à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême en date du 17me.

mai 1780, avec une pièce de dix batz mise au bureau avec récépissé.Monsieur,Je viens vous remercier avec beaucoup d’empressement de la complaisance que vous

avez eue de m’honorer d’une réponse en date du 11 du courant mois de mai, sur laconsultation au sujet de l’entreprise que Jean François Pasteur, natif de Lausanne, de procurerson divorce d’avec Jeanne Gisclon, sa femme, ci devant de la Corporation françoise de cetteville.

Le requérant a suivi de lui même aux ouvertures que vous faisiez, Monsieur, sur sonaffaire. Il s’est transporté ici jeudi dernier, 11 du courant, et a paru par devant nous et notreChambre pour demander les proclamations d’usage. Nous avons reconnu que cet homme nepouvoit effectivement établir sa plainte par devant aucun autre Consistoire que celui de cetteville, où il est censé avoir une espèce de landrecht, puisqu’il y est né, et que le Consistoire deGenève ne s’est pas cru compétant pour suivre à cette affaire entre jugaux qui ne sont ni leursbourgeois ni leurs habitans.

La Chambre n’a pas insisté à ce que ledit Pasteur continuât de paroître pour lesopérations suivantes, attendu qu’il est retenu par son service à Genève en qualité de valet deville, et que son peu de faculté ne lui permettoit pas de faire un plus long séjour ici. Nousespérons que nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême trouveront bon lamanière en laquelle on a agi envers cet homme pour lui aider dans une demande où il paroîtaussi bien fondé.[p. 464]

Vous recevez, Monsieur, ci inclus dix batz pour l’inscription au protocole des bâtardsde l’enfant garçon de la veuve Noverraz, de Villette. Cette affaire a été traitée avant que laChambre ait reçu le nouveau rescrit de LL. EEces. du Sénat en date du 8 février 1780.

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[-] Concernant le v. Noverraz et Philippe Messeiller pour l’expédition faite de dixbaches à Berne, &c.

Extrait du registre du Consistoire de Lausanne du 9e. mars 1780.Philippe Messeiller, fils d’Abraham Messeiller, d’Orny, a reconnu volontairement la

paternité de l’enfant garçon né le 5 février 1780, et baptisé sous le nom de Louis Henri,devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul au bout de six mois dèsla date de sa naissance, en donnant trois crones pour gage de nourice à la mère Jeanne Bonnet,veuve de Jean François Noverraz, de Villette. Ledit Messeiller satisfera à tous les frais decette procédure, sauf modération. Et l’un et l’autre subiront la peine de dix jours de prisonpour cette faute simple dans le ressort de cette Chambre, ainsi que le lieu du délit.Communication de cette procédure et reconnoissance de paternité a été donnée auxConsistoires respectifs d’Orny et Villette.

Ledit Meisseiller avoit demandé délai pour acquiter cette finance, qui m’a été remiseque ces jours ci. Selon le nouveau rescrit, je serai bien exact à communiquer ces sortes dereconnoissances volontaires qu’au Consistoire de la fille.

J’ai l’honneur d’être, avec une considération respectueuse, Monsieur, v. t. h. et t. ob.serviteur.

Lausanne ce 17 mai 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial.Réponse à la lettre ci dessus de Mr. le secrétaire du Consistoire suprême de la date du

27 mai 1780, adressé au secrétaire du Consistoire de Lausanne, reçue par la poste franco, lelundi 29 may, dont la teneur suit.[p. 465]

Berne le 27 mai 1780.Monsieur,Dans votre lettre, par laquelle j’ai reçu les dix batz pour l’inscription de l’enfant du

nommé Messeiller avec la veuve Noverraz, j’ai remarqué un passage par lequel vous memarquez que [vous] aurez soins, dans des cas pareils, de n’en donner connoissance qu’auConsistoire de la partie que cela concerne.

Cela m’a fourni l’occasion de vous écrire que dans le décret du 8 février, il estordonné que dans ses aveux volontaires du père, dans les fautes simples et premières, il enfaut toujours donner connoissance au Consistoire suprême, avec toutes les circonstances, nomet lieux de père et mère, nom de l’enfant, en y ajoutant l’émolument de vingt baches.

J’ai cru, comme quelques fois les traductions des ordonnances ne sont pas claires, quevous êtiez peut être en idée qu’il suffiroit d’en donner connoissance au Consistoire de la fille.J’ai l’honneur d’être, avec la plus parfaite considération, Monsieur, v. t. h. et o. s.

Signé : de Werdt.Excusez s. v. p. la hâte.[-] Envoy de 20 batz à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême, concernant l’enfant

illégitime de la Séchaud et Albert Henni.Copie de la lettre du secrétaire du Consistoire de Lausanne adressée à Mr. de Werdt,

secrétaire du Consistoire suprême, avec vingt baches y inclus, en date du 31 mai 1780, mise àla poste ledit jour sous récépissé.

Monsieur,Vous recevez, Monsieur, ci inclus, 20 batz pour la lettre que vous devez écrire au

Consistoire de Gurzelen, baillage de Thun, de l’enfant garçon de Jeanne Séchaud, de Sullens,dont voici l’extrait du registre du Consistoire de Lausanne, du 25 mai 1780.

Albert Henni, fils de Christ Henni, de Gurzelen, bailliage de Thun, habitant de cetteville, a reconnu volontairement la paternité de l’enfant garçon né le 31 janvier 1780, et baptisésous le nom de Jean Albert, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui

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seul au bout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant trois crones pour gage denourice à la mère Jeanne Séchaud, fille de Jean Séchaud, de Sullens, aussi habitant. LeditHenni satisfera à tous les frais de cette procédure, sauf modération. Et l’un et l’autre ontpromis de subir la peine de dix jours de prison pour cette faute simple dans le ressort, ainsique le lieu du délit. Cette reconnoissance s’est communiquée au Consistoire de Sullens, lieude la bourgeoisie de la fille.

J’ai bien reçeu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire franco,en date du 27 du courant. Je vous rend mille grâce de l’obligeante attention que vous avez eude me diriger. C’étoit l’usage précédemment de communiquer la sentence aux deuxcommunes du garçon et de la fille, j’ai voulu dire qu’à l’advenir je n’écrirois plus qu’auConsistoire de la fille. J’ai l’honneur d’être, avec une considération très distinguée, v. tr. &c.

Lausanne, mercredi 31 mai 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire.

[p. 466]25 mai 1780

Du jeudi 25 mai 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, présent Mr. Sprunglin, pasteur de l’Eglise allemande, banneret de Saussure,conseiller Duperron, assesseurs Porta et Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Déclaration de Marguerite Durussel.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la clame de paternité de

Marguerit[e] Durussel, de Bussy, Consistoire de Moudon, contre Daniel Mercier, de Genève,en date du 10 mai 1780, dont la teneur suit.

Du mercredi 10 mai 1780, 2 heures après midi.Marguerite Durussel, fille de Jean François Durussel, de Bussy, Consistoire de

Moudon, habitant d’Ouchy, tailleuse de profession, âgée de 24 ans, déclare être enceinte desœuvres de Daniel Mercier, de Genève, batelier portionnaire à une barque, âgé d’environ [.],homme marié. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de 9bre. 1779,et continué quelques jours. Elle compte d’être enceinte de 5 à 6 mois.

Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 10 mai 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 467][-] Comparoissance de la Durussel.Marguerite Durussel, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite de sa

déclaration, qu’elle a confirmée en tout son contenu. Elle ajoute qu’elle s’étoit rendue àGenève avec son beau-frère le 16 du courant, dans l’intention de faire paroître Daniel Mercierpar devant un magistrat pour l’obliger à reconnoître la paternité de l’enfant dont elle estenceinte. Mais, à l’instante prière et sollicitation dudit Mercier, qui a souhaité de faire sesaveux ici à Lausanne, elle s’est contentée du billet qu’elle dépose, dont la teneur suit.

Ce 19 mai 1780.Je soussigné, et déclare de m’être arrangé entre moi et Marguerite Durussel pour

l’occasion de ce que nous avons à faire ensemble, dont il reste l’occasion de vous voir, jevous salue et je fini en vous saluant.

Signé : Daniel Mercier.Lequel billet doit avoir été signé en présence de François Blanchard, domicilié à

Ouchy. Elle dit de plus que Daniel Mercier a promis qu’il seroit ici lundi prochain 29 du

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courant, pour s’exécuter sur ce qu’on exige de lui, ayant bien reconnu que l’accusation contrelui étoit conforme à la vérité.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre veut bien consentir à ce que cette procédures’instruise par devant elle, en considération que la plaignante est domiciliée à Ouchy chez sonpère, habitant de cette ville, où elle pourroit faire ses couches. Enjoignant à ladite Durussel defaire convenir scéans ledit Daniel Mercier le plutôt possible, soit de le faire paroître pardevant Monsr. le président dès le moment qu’il arrivera à Ouchy.

Il sera donné communication de cette procédure au vén. Consistoire de Moudon.Il a été recommandé à ladite Durussel d’avoir soin de son fruit, et de faire appeller les

préposés pour être entendue à l’instant de ses couches.[p. 468]

[-] Comparoissances d’Albert Henni et de Jeanne Séchaud.Paroissent Jeanne Séchaud, assistée de son beau-père Cretenoud, et Albert Henni,

assisté de sa mère.Ce dernier se présente avec une requête tendante à observer la dispence de dix jours de

prison auquel la loy le condamne, et d’être libéré de tous frais envers ladite Séchaud, ens’exécutant sur la clame de paternité. C’est conséquemment à quoi il se reconnoît père del’enfant, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul au bout de sixmois dès la date de sa naissance, selon le prescrit des loix consistoriales.

Relu et ratifié.[-] Sentence.A l’audience de ce jour 25 mai 1780, par devant nous et le vén. Consistoire assemblé,

sentence auroit été rendue, ainsi que la compétence nous en est attribuée par le rescritsouverain du 8me. février 1780, entre Jeanne Séchaud, fille de Jean Marc Séchaud, de Sullens,habitant de cette ville, d’une part, et Albert Henni, fils de Christ Henny, de Gurzelen, bailliagede Thun, aussi habitant, d’autre part. Ledit Albert Henny s’étant reconnu, par l’aveu ducommerce charnel, et confirmé ce jourd’hui, d’être le père de l’enfant garçon dont JeanneSéchaud est accouchée le 31 janvier 1780, et baptisé le 8 février sous le nom de Jean Albert.

Partant, nous avons adjugé d’ors et déjà à Albert Henny, cet enfant comme illégitime,devant porter son nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui, de manière qu’il en soyeseul chargé au bout de six mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère trois cronespour son gage de nourice. Le condamnant envers la demanderesse aux frais des couches, saufmodération. Ledit Albert Henny subira pour cette faute simple, de même que Jeanne Séchaud,la peine de dix jours de prison dans le ressort, [p. 469] ainsi que le lieu du délit, laissant à laprudence du noble seigneur lieutenant baillival à fixer le tems dans lequel ils devront subirleur peines.

Le secrétaire fera expédition de la présente sentence à Mr. le secrétaire du Consistoiresuprême le plutôt possible, avec 20 batz pour la lettre qu’il doit écrire au Consistoire deGurzelen.

Cette même sentence devra être communiquée au Consistoire de Sullens, bourgeoisiede la Séchaud.

Au rapport, Jeanne Séchaud et Albert Henny ont acceptés ladite sentence, et promis des’y conformer.

[-] Comparoissance de Jeanne Marie Odin et Jean Louis Peneveires.Compart Jeanne Marie Odin, duement assignée à paroître à ce jour. Lecture lui a été

faite de ses déclarations, qu’elle a confirmées dans tout leur contenu.Mr. le président informe la vén. Chambre que Jeanne Marie Odin, logée au Rôtillon, se

trouvant sans aucunne faculté quelconque, l’aubergiste Blanc lui ayant fait dire qu’il nepouvoit plus la garder, il auroit prié le seigneur bourgmestre de consentir à ce que ladite Odinfut transportée à l’Hôpital, ce qui c’est exécuté le 13 du courant. Il ajoute que jeudi dernier,

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Jean Louis Peneveires se présenta à lui pour demander la permission de retourner à Genève.Ce qu’il lui refusa, lui ordonnant très expressément de comparoître à l’audience de ce jour,ainsi qu’il l’avoit promis, pour deffendre sa cause contre ladite Odin. Margré cet ordre, leditPeneveires s’est retiré à Genève d’où il écrit la lettre suivante, datée du 23 mai courant, dontcopie.

A Monsieur,Monsieur Polier de Vernand, seigneur lieutenant baillival.A Lausanne.

[p. 470]Monsieur,Permettez que je mette la plume en mains pour vous assurer de mes profonds respects

et vous faire mes très humbles excuses de ce que je n’ai resté à Lausanne suivant vos avis,mais comme ma profession et le peu de fortune que j’ai ne m’ont permis d’y séjourner parceque je ne pouvois y rien gagner pour subvenir à mes besoins, ayant été redemandé par lebourgeois chez qui je travaillois dans cette ville pour continuer ses ouvrages, ce qui a été lemotif de mon éloignement et de ce que je me suis absenté sans vous en faire part. Ce n’estpoint pour cette impudique et impertinente Jeanne Marie Odin par son accusation dont elle avoulu me charger après onze mois de sa connoissance, d’ailleur elle a mené une vie siscandaleuse dans cette ville et autres lieux, qu’elle n’en connoît pas le père. De plus, si elleavoit été en droit que sçut été réellement de mon fait, elle n’auroit point manqué de suivre lesformalités en pareil cas requis suivant les ordonnances eclésiastiques, qui statuent que la filledoit en faire sa déclaration en Consistoire six semaines avant ses couches dans cette ville, oùautre part. C’est ce qu’elle n’a point exécuté. Ainsi, Monsr., je vous déclare sur ma bonne foi,que l’enfant n’est point de moi, et que vous ne sauriés l’admettre à la bourgeoisie deLausanne sans qu’elle fut en souffrance. Elle peut recourir à sa commune pour nourrir l’enfantissu d’elle par la fréquentation d’étrangers. Voilà, Monsieur, mes sentimens que je prend laliberté de vous représenter comme étant une personne en place, pour soutenir les droits d’unbourgeois de Lausanne absent. Si Monsieur veut m’honnorer d’une réponse, je demeure chezMr. Aimé Binet, fils, Me. jouailler au quartier de Rive. Dans cette attente, je suis, avec le plusprofond respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Signé : Jean Ab. Louis Peneveires.[p. 471]

[-] Comparoissance de la Marguerite Odin.Jeanne Marie Odin a demandé que Jean Louis Peneveires fut proclamé. Lequel l’ayant

été, n’a point paru.Sur quoi ladite Odin conclud à ce que son enfant soit adjugé audit Peneveires en

contumace.La plaignante a été informée du mémoire que l’aubergiste du Rôtillon, Judith Blanc, a

remis pour entretien dès le 7 mai au 13 dudit, montant à cinquante sept baches et demi.Rép. : Qu’elle est sans faculté pour y répondre.La vén. Chambre, par son délibéré, après avoir entendu la lecture de la lettre dudit

Peneveires, considérant son refus de paroître à ce jour auquel il avoit été assigné, ordonne quecette procédure soit communiquée dans l’état où elle se trouve à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême le plutôt possible, ne paroissant pas qu’il y ait pour l’Inférieur d’autresopérations à faire.

[-] Concernant Jean François Pasteur.Mr. le président met sur le bureau une lettre de Genève, datée du 22 mai, signée Duby,

adressée au secrétaire de scéans, avec une requête que Jean François Pasteur présente pourdemander humblement à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême qu’il leur plaised’accorder les proclamations d’usage contre sa femme Jeanne Gisclon.

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Lecture faite dedite requête, la Chambre veut bien y donner cours conformément à sondélibéré du 11 mai, quoi que ledit Pasteur n’apporte pas l’acte de célébration de son mariagebéni à Genève, on peut certifier que les bams en ont été publiés selon l’ordre à Lausanne. Lesecrétaire expédiera ladite requête à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le plutôtpossible.

[-] Concernant Elisabeth Duprat, femme de Jn. Franç. Crot.Mr. le président informe la Chambre que lundi dernier 22 mai, Elisabeth Duprat,

femme de Jean François Crot, de la paroisse de Villette, habitant de cette ville, auroit faitplainte contre lui, et qu’ensuite, le mercredi 24 mai, lesdit[s] jugaux se sont réconciliés, dontacte comme suit.[p. 472]

Du lundi 22 mai 1780, midi.Elisabeth Duprat, femme de Jean François Crot, de la paroisse de Villette, cordonnier

de profession, domicilié dans la maison Tapi, près de la porte de St. Laurent, âgée de 36 ans,enceinte d’environ six mois, rend plainte contre son mari de ce qu’il ne vit point en ménagerégulier avec elle et n’a aucun égard pour son état, troublant sa paix par des procédés trèsdurs, et par des menaces effrayantes. Il lui a refusé tous secours, il ne travaille pas assidûmentet se livre au plus grands excès du vin.

Du mercredi 24 mai 1780, 9 heures du matin.Ladite Crot paroissant en contradictoire avec son mari. Sur les exhortations qui lui ont

été adressées, lesdits jugaux se sont réconciliés. Le mari a promis d’en bien user avec safemme et de lui donner dix baches par semaine pour l’entretien du ménage. Pour foi signé àLausanne ce 24 mai 1780.

Signé : Jean François Crop.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 473]8 juin 1780

Du mecredi 8me. juin 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messrs. doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Prunglin, de l’Eglise allemande, présent, banneret de Bourg, conseillerDestallents, assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Jne. Marie Odin et Jn. L. Peneveires.Le paquet concernant Jeanne Marie Odin et Jean Louis Peneveires a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 27 mai 1780.[-] Jn. Fr. Pasteur et Jne. Gisclon.Le mardi 30 mai 1780, le paquet concernant Jean François Pasteur a de même été

expédié à nos illustres seigneurs.[-] Jeanne Séchaud ; Albert Henni.Le mercredi 31 dit mai, a été expédié à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême 20

baches pour ce qui concerne l’enfant illégitime de Jeanne Séchaud et Albert Henni.[-] Jeanne Marie Odin ; Jean Louis Peneveires.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un brevet des honnorés

seigneurs du Conseil qui lui auroit été adressé concernant Jeanne Marie Odin et Jean LouisPeneveires, présentement à Genève, dont la teneur suit.

Nos très honorés seigneurs, bourgmestre et Conseil de Lausanne, sur ce qu’il leur a étéreprésenté de la part de Messieurs du vén. Consistoire au sujet de l’enfant dont est accouchéela nommée Odin, qui a accusé au moment de ses couches le fils de Salomon Peneveires d’enêtre le père, lequel ayant été cité n’a pas paru, et par là a déserté la cause. En remerciantMessieurs de ladite vén. Chambre de leur attention et de leurs soins pour l’intérêt de ce

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public, n’ont pas néantmoins cru qu’ils dussent s’en mêler, mais ont laissé à ladite vén.Chambre d’agir à cet égard comme elle le jugera convenable, selon sa prudence. Donné 26mai 1780.

Signé : Boisot, avec paraphe.[p. 474]

De plus, a été mis sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoireconcernant Jeanne Marie Odin et Jean Louis Peneveires, du 29 mai 1780, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 17.Tit. et alloc.Votre ressortissant, Jean Louis Peneveires, bourgeois de Lausanne, homme marié,

s’étant opposé à la clame de paternité que Jeanne Marie Odin, de la Corporation françoiseMorges, a formée contre lui, et persistant à nier d’être le père de l’enfant qui a été baptisé le11 du courant mois de mai sous le nom de Jean Louis. Nous vous chargeons amiablement defaire paroître ledit Peneveires par devant vous, et de pourvoir à ce qu’il soit instruit à fond, demême que Jeanne Marie Odin, sur l’importance du serment purgatoire. Vous assignerezensuite l’une et l’autre des parties à se rendre à notre audience le lundi 26 du mois de juinprochain. On joindra au verbal les témoignages de leurs vies et mœurs précédentes. Nousajoutons que la plaignante et l’accusé devront se rendre le jour avant la comparoissance pardevers Messieurs les révérends pasteurs, membres de notre Chambre, pour recevoir leursordres. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 29 mai 1780.

En suite dudit rescrit, il auroit été adressé par le courier du vendredi 2 juin courant àMr. Duby, à Genève, une mandat avec copie, pour citer ledit Peneveires à paroître à ce jour.Lequel mandat a été renvoyé duement exploité à l’adresses de notre secrétaire à raison de ceque Peneveires avoit passé expédient de recevoir la signification des lettres rogatoires, dontlecture a été faite.

[-] Comparoissance de Jne. Marie Odin.Jeanne Marie Odin, duement assignée, paroissant. Lecture lui a été faite dedite

citation, ainsi que d’une lettre adressée au noble seigneur lieut. baillival, que ledit Peneveireslui a écrite de Genève en date du 6e. juin courant, dont la teneur suit.[p. 475]

[-] Copie.Monsieur,Ayant eu connoissance que j’étois assigné à comparoître par devant le vénérable

Consistoire jeudi 8 du courant, et ensuite en suprême le 26 dit, pour un fait dont je suisentièrement innocent, par l’accusation malicieuse de cette infortunée fille qui, par soncommerce charnel avec divers particuliers, n’a put en connoître l’auteur qu’en surprenant laReligion et la sagesse du vénérable Consistoire. Comment se peut-il encore qu’une fille quel’on eu quelques entretiens que jusques au 24 juin de l’année dernière, et qu’elle accouche le1er. de mai de présente année, qui fait un intervalle de 10 mois et sept jours, puisse dire avecvérité qu’elle étoit enceinte de mon fait. Que l’on demande aux premiers membres de lafaculté de la médecine si une fille enceinte accouchera de sa grossesse, et qu’elle le portera 10mois et sept jours comme je le réitère. Si ces Messieurs disent que la chose peut être, jepasserai expédient. Mais il est encore plus douloureux pour moi d’avoir à faire avec uneétrangère d’où on ne sçait son origine, aucun bien pour pouvoir m’indemniser des frais quecette procédure me procurera, et même de charger la bourgeoisie de Lausanne d’un enfant quiest du fait d’un étranger dont la malheureuse en connoît mieux le père que moi. C’est un faitdont nos seigneurs du magnifique Conseil de Lausanne doivent prendre en considération pourn’être pas chargé des fautes d’un étranger. Mais, Monsieur, respectant humblement votresommation, il ne m’est pas possible de pouvoir aller et venir pour un fait dont je ne suis pasl’auteur. Je suis contraint de travailler pour survenir aux besoins de ma femme et famille. Si

207

j’avois affaire avec une personne de moyens, ou qu’elle me donne caution pour les frais,dommages et intérêts qu’elle me procure, j’en ferai volontiers le voiage pour ma proprejustification, et de l’autre, si nos seigneurs veullent me secourir dans cette époque poursurvenir aux frais de voiage, je leur en aurai toujours une parfaite reconnoissance. Privé deleur bienfaits, je suis hors de faculté de faire le voiage de Lausanne et de Berne, et dansl’attente d’être secouru, je suis avec les sentimens du plus profond respect, Monsieur, votretrès humble et très obéissant serviteur.

Genève ce 6 juin 1780.Signé : Jn. Abm. Peneveires

[p. 476][-] Copie.Nous, Jean Henri Polier de Vernand, lieutenant baillival et du vén. Consistoire de

Lausanne.A vous, Jean Louis Peneveires, de Lausanne, présentement domicilié à Genève,

ouvrier chez Mr. Binet, l’aîné, à Rive.En suite des ordres de nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême de la

ville et république de Berne, en date du 29e. mai dernier, vous êtes assigné et adjourné àparoître par devant nous et le vén. Consistoire en l’Hôtel de cette ville, jeudi prochain 8 ducourant mois de juin, deux heures après midi, pour être sérieusement exhorté à reconnoître lapaternité de l’enfant que Jeanne Marie Odin, de la Corporation françoise de Morges, vousattribue. Que si vous persistez dans la négative où vous vous êtes enveloppé jusqu’ici, vousdevez recevoir les instructions de Messrs. nos révérends pasteurs sur la Religion du serment.Et pour suivre en cause, vous êtes d’ors et déjà cité péremptoirement à la haute audience denosdits illustres seigneurs dans le jour fixé du lundi 26 de ce mois de juin. Nous requerrons icile favorable concours du noble seigneur juge de qui vous dépendez, en lui faisant nos offresempressées du réciproque en pareil cas. Donné pour conduite, Lausanne ce vendredi 2e. juin1780.

Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Nous, sindics et Conseil de la ville et république de Genève, au premier de nos

huissiers sur ce requis. Vues les rogatoires ci dessus écrites, et leur contenu considéré, àrequête de l’impétrant d’icelles, nous te mandons et commandons que tu les notifie à partie ydénominée, afin qu’elle ne l’ignore. De ce fait nous te donnons pouvoir, le tout sansprorogation de jurisdiction, ni distraction de personne, hors leur ordinaire, et nos ordonnancessauves et réservé. Donné sous notre sceau et seing de notre secrétaire, le sixième juin 1780.

Par nosdits seigneurs sindics et Conseil.Signé : Rochemont.

[p. 477]L’an 1780 et le 6me. juin, je soussigné huissier, certifie et rapporte qu’à l’instance de

l’impétrant, et par permission de nos seigneurs, fait signifier et donner copie du rogatoiredevant écrite au Sieur Jean Louis Peneveires, afin qu’il ne l’ignore, parlant en personne.

Signé : Richard.Ladite Odin requiert de la vén. Chambre que Jean Louis Peneveires soit proclamé.Ledit, proclamé suivant l’usage, n’a point paru.Sur quoi délibéré, et pour suivre aux ordres de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, ladite Odin devra se rendre auprès de Mr. le révérend doyen Leresche, à l’heure desa commodité, pour recevoir les instructions nécessaires sur l’importance du sermentpurgatoire, dont il voudra bien expédier acte.

Au surplus, comme cette personne, non plus que Peneveires, n’on[t] point étédomiciliés à Lausanne, aucun membre de la Chambre n’a été en état de donner un certificat deleurs vies et mœurs.

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Ladite Odin a été avisée de s’en procurer de Genève, soit de Mr. Dunant, pasteur deson quartier, ou de quelque magistrat ou de personnes chez qui elle auroit demeuré. Lesquelsseront ajoutés à la déclaration de Dme. Lapierre, née Richard, en date du 29 mai, laquelle a étédéjà communiquée par la mère, ce qui devra être fourni pour le plus tard dans la 15ne.

Ladite Odin n’ayant aucune faculté pour faire le voiage de Berne, sa magnifiqueseigneurie baillivale sera priée d’accorder le chariot de l’Hôpital.

Mr. le président met sur le bureau la plainte que lui a faite à la part de Susanne Forneycontre Marie Daccord, née Duc, en date du 28 mai dernier, dont la teneur suit.

Il a avisé ledit Daccord de contenir sa femme, et de l’exorter de sa part de ne plustroubler la paix de ladite Forney. Dès le 28 mai jusques à ce jour, ladite Forney n’a pas rendude nouvelles plaintes.[p. 478]

Du dimanche 28 mai 1780, 11 heures avant midi.Susanne Forney, fille de feu Jean Maurice Forney, bourgeois de Lausanne, âgée de 25

ans, domiciliée chez elle à Ouchy, rend plainte contre Marie Duc, femme de Jean MauriceDaccord, de ce qu’elle l’insulte de la manière la plus grossière et la plus intolérable partout oùelle la rencontre, publiquement et en présence de témoins, la traitant de libertine et dedébauchée dans les termes les plus sales, avec accusation d’entretenir un commerce criminelavec son mari Daccord. Elle a supporté ces indignes affronts pendant quelques jours, mais surune attaque des plus vives et des plus scandaleuses, qui lui fut faite hier, environ neuf heuresdu matin, elle se voit forcée à demander qu’il soit pourvu à la cessation de pareils désordresdont son honneur est sensiblement offensé.

Lecture faite, a persisté.[-] Durussel et Daniel Mercier.En suite des lettres notifiées à l’instance de Marguerite Durussel à Daniel Mercier,

maître de barque à Genève, lesquelles n’ont pas eu cours. Dont acte.Ladite Durussel assignée pour en avoir connoissance et communication, elle a été

exhortée de se rendre le plutôt possible à Genève suivre à sa procédure.A quoi elle a répondu qu’elle se disposoit le plutôt possible à suivre au conseil qui lui

est donné.La vén. Chambre veut bien accorder à ladite Durussel tous les papiers qui lui seront

nécessaires pour suivre à sa procédure, duement légalisés, avec le billet signé Daniel Mercier,en date du 19 mai dernier.[p. 479]

22 juin 1780

Du jeudi 22e. juin 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant bval., le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, banneret deBourg, conseiller Destallents, assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire.

[-] Jeanne Marie Odin ; Jn. Abr. Louis Peneveires.Le paquet concernant Jeanne Marie Odin et Jean Louis Peneveires a été expédié à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le samedi 10me. juin 1780.Le noble seigneur lieutenant baillival informe que Jeanne Marie Odin est partie hier

dans la matinée, par la charrette de l’Hôpital que sa magn. seigneurie baillivale a bien voulului accorder pour se rendre à la capitale, et paroître le lundi 26 du courant à la haute audiencedes illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême.

Il ajoute que quelques heures après, Mr. le révérend doyen Polier de Bottens reçeut unelettre de Genève, avec une reconnoissance de paternité de l’enfant de Jeanne Marie Odin,signée Jean Abraham Louis Peneveires, du 18e. juin 1780.

209

Plus un témoignage de Mr. Dunant, pasteur à la dixaine où demeuroit Jeanne MarieOdin.

Un certificat de la Dame Fritz, née Décombaz.La vén. Chambre, par son délibéré, ordonne que la reconnoissance de paternité de Jean

Abraham Louis Peneveires sera envoyée en original à nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, et les autres pièces par copies, auxquelles seront jointes la déclaration de Mr. lerévérend doyen Leresche, datée du 20e. juin courant, le mandat de citation de Jeanne MarieOdin, de même date, et enfin le certificat de la Dame Lapierre.[p. 480]

[-] Jean François Pasteur et sa femme, Jeanne Gisclon.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant les proclamations accordées à Jean François Pasteur contre sa femmeJeanne Gisclon, plus du certificat de mariage béni à Genève, sous le sceau des magnifiquesseigneurs de Genève, dont les teneurs suivent.

[-] Lausanne. Nro. 18.Tit. & alloc.A l’humble requête que vous nous avez adressée de la part de Jean François Pasteur,

natif du pays, sans bourgeoisie, tendante à ce qu’il nous plut lui accorder des proclamationsd’usage contre sa femme, Jeanne Gisclon, de la Corporation françoise de Lausanne, coupableenvers lui de désertion malicieuse depuis nombre d’années.

Nous avons bien voulu ottroyer au suppliant la lettre proclamatoire ci incluse. Maisavant qu’elle soit publiée, nous vous chargeons amiablement de procurer de Genève l’acteauthentique de la célébration du mariage. Après quoi, vous assignerez ladite Gisclon dès lachaire au moyen de la lettre proclamatoire, et vous nous enverrez dans son tems le susdit actelorsque vous nous informerez du résultat des proclamations. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 5e. juin 1780.

Reçue le 9e. juin 1780.A Monsieur, Monsieur Vullyamoz, secrétaire consistorialA Lausanne.

[p. 481]Extrait du registre de mariage bénis dans le temple de St. Germain, de la ville et

république de Genève.Le dixhuitième février mille sept cent soixante neuf, Spble. Fine a béni le mariage de

Jean François Pasteur, fils de feu Jean Pierre Pasteur, et de Jeanne, fille de feu Jean EtienneGisquelon.

Collationné audits registres par nous soussigné conseiller et secrétaire d’Etat de laditerépublique. Expédié sous le sceau d’icelle le 13e. juin 1780.

Signé : de Rochemont.Copie de la lettre proclamatoire contre Jeanne Gisclon, femme de Jean François

Pasteur, natif de Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du suprême Consistoire de la ville et république de

Berne. Sçavoir faisons par les présentes, à Jeanne Gisclon, femme de Jean François Pasteur,natif de Lausanne, qu’elle est citée à comparoître par devant nous dans l’espace de sixsemaines et trois jours à compter de la date de cette présente proclamation, aux fins derépondre aux griefs que ledit Pasteur, son mari, forme contre elle au chef de sa longuedésertion, et sur ce, entendre notre arrêt et volonté. A défaut de comparoître par devant nous àce terme marqué, elle sera séparée de son mari de toute communion matrimoniale. Enconséquence, nous exhortons tous ceux qui entendront faire lecture des présentes, quipourroient rencontrer [p. 482] ladite Gisclon, femme dudit Pasteur, de lui notifier la présentecitation. Donné ce 5e. juin 1780.

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Signé : de Verdt, secrétaire du Consistoire suprême.Proclamé le dim. 25 juin 1780 par Mr. le pasteur Chavannes. le dim. 6 août par Mr. le doyen Leresche.

le dim. 17 7bre., le doyen Leresche.La présente lettre proclamatoire sera publiée de six semaines et trois jours en six

semaines et trois jours, chaque dimanche, de la chaire de l’église paroissiale de Lausanne, àtrois reprises. Et Monsieur le ministre marquera à chaque publication le jour séparément, etajoutera sa signature et son cachet au bas de la présente lettre.

[-] Jeanne Marie Bonard ; Sébastien Regamey.Mr. le président met sur le bureau la clame de mariage et de paternité de Jeanne Marie

Bonard contre Adam Sébastian Regamey en date du 12 juin 1780, dont la teneur suit.Du lundi 12 juin 1780. Jeanne Marie Bonard, fille de Mtre. Jacob Bonard, de La Praz, Consistoire de Mont la

Ville, âgée de 20 ans, domestique du jardinier Bourgeois, domicilié à Etraz, bannière deBourg, où elle est depuis trois ans, déclare être enceinte des œuvres d’Adam SébastienRegamey, fils de Mtre. David Regamey, bourgeois de Lausanne, âgé de 21 ans, actuellementjardinier chez Mr. le major de Goumoens, à Orbe, ci devant apprentif auprès dudit Mtre.Bourgeois. Son commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de 1779, et duréen particulier dès le 1er. 8bre. jusques à Noël dernier.

Elle présente des promesses de mariage écrites et signées par ledit Regamey, à Orbe lemercredi 7 du courant [p. 483] mois de juin, s’étant rendue là, assistée de son père, pour luidemander l’accomplissement des fréquentes promesses verbales de mariage qu’il lui avoitfaite. Le soir même il y eut cohabitation.

Elle fait clame de mariage et de paternité, disant qu’elle compte d’être enceinted’environ six mois et demi.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 12me. juin 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant ballival.Dudit jour.Moi soussigné, Adam Sébastien Regamey, mineur d’ans, bourgeois de Lausanne,

ayant ouï la lecture de la plainte que Jeanne Marie Bonard rend contre moi, reconnoît la véritéde son accusation, et confesse d’avoir bien eu commerce charnel avec elle aux dates qu’elleindique, réservant ici les formalités requises selon le prescrit des loix consistoriales, et toutesmes exceptions sauves pour le [temps] où ladite Bonard pourroit accoucher.

Quand à la clame de mariage, je crois avoir des raisons suffisantes par devers moi pourme refuser à l’exécution des promesses que j’ai faites. Je conviens à la vérité de les avoirécrites et signées, ainsi qu’il est allégué, mais elles ne sont que le fruit de la surprise, del’inconsidération et de l’imprudence, n’ayant point fait à mon cher père la soumissionrespectueuse dont tout enfant bien né est tenu dans la circonstance la plus intéressante de lavie.

En témoin de quoi signé sous l’obligation générale de mes biens, Lausanne ce 12e. juin1780.

Signé : Adam Sébastien Regamey.Vu signer, signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.

[p. 484]Dudit jour 12 juin 1780.Mtre. David Regamey, père d’Adam Sébastian Regamey, vient faire opposition

formelle au mariage de sondit fils, âgé seulement de 21 ans, avec Jeanne Marie Bonard, de LaPraz. Il réclame en sa faveur toute la force des loix à cet égard.

Interpellé de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.

211

En témoin de quoi signé, Lausanne ce 12e. juin 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.[-] Comparoissance de Jeanne Marie Bonard.Se présente Jeanne Marie Bonard, duement assignée. Lecture lui a été faite de sa

déclaration, qu’elle a confirmée en tout son contenu.Interrogée où elle compte faire ses couches,A dit qu’elle se proposoit de se rendre à la maison de son père, à La Praz, pour y

terminer sa procédure.Elle a été exhortée d’avoir soin de son fruit, et à ne pas négliger de faire appeller les

consistoriaux pour être entendue à l’instant de ses couches, avant la naissance de l’enfant.[-] Comparoissance du père, David Regamey.Maitre David Regamey ayant paru, a continué de faire ses oppositions formelles

contre le mariage de Adam Sébastien Regamey, son fils, avec Jeanne Marie Bonard, vu qu’ilest encore dans l’âge de la minorité.

[-] Comparoissance de Adam Sébastien Regamey.Adam Sébastien Regamey a confirmé ses aveux ingénus sur la clame de paternité de

ladite Bonard, continuant aussi à se refuser au mariage, ainsi qu’il a fait dans sa déclaration du12e. mai dernier.

Sur l’opposition de David Regamey, père, au mariage de sondit fils, Messieurs lesmembres de cette Chambre [p. 485] et qui sont aussi de la Direction des pauvres, ont déclarésque ledit Regamey est à l’assistance publique.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre, après avoir adressé des exhortations auditsRegamey, père et fils, lesquelles ont été sans effets, quoi que l’on aye fait observer auditRegamey, père, que son opposition n’avoit pas toutes les forces légales, attendu qu’il estassisté par la Bourse publique, et conséquemment la procédure sera levée et adressée à nosillustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême le plutôt possible, dont un double seraaussi expédié à Mr. Martinet, juge du vén. Consistoire de Mont la Ville, auquel le village deLa Praz, dont Jeanne Marie Bonard est bourgeoise, ressortit.

[-] Marie Fornerod ; Conrard Schouch.Mr. le président informe la v. Chambre que Marie Fornerod, d’Avenches, seroit allée

auprès de lui faire sa déclaration de grossesse, faisant clame de mariage et de paternité contreConrard Schouch, de Strasbourg, dont les teneurs suivent.

Du mardi 20 juin 1780, 4 heures après midi.Marie Fornerod, fille de feu André Fornerod, d’Avenches, âgée de 23 ans, repasseuse

de profession, domiciliée en cette ville depuis sa plus tendre jeunesse, déclare être enceintedes œuvres de Jean Conrard Schouch, fils de feu Frédérich Schouch, de Strasbourg, âgé de 28ans, luthérien, ci devant garçon cordonnier chez le Sr. Roch, rue et bannière de Bourg. Soncommerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant de décembre 1779, et continuéjusques au six de mars 1780, qu’il a signé des promesses de mariage, dont acte. Après quoi, ilest parti pour Strasbourg où il se proposoit de faire des fonds pour son établissement. Elle leprévint alors de sa grossesse, et depuis qu’il est à Strasbourg, elle en a reçeu deux lettresqu’elle produira. La plaignante compte d’être enceinte d’environ six mois.

Lecture faite, a persisté.[p. 486]

En témoin de quoi signé, Lausanne ce 20e. juin 1780Signée : Marianne Fornerod.Vu signer, signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Nous les soussignés, Jean Conrard Schouch, âgé de 28 ans, fils de Frédérich Schouch,

originaire de Strasbourg, de la Religion luthérienne, cordonnier de profession, depuis six ansdomicilié à Lausanne, y travaillant comme ouvrier, d’une part, et Marianne Fornerod, fille de

212

feu André Fornerod, d’Avenches, authorisée de Madame sa mère, veuve. Lesquels se sontdonné foi et promesses de mariage de gré à gré et d’une estime réciproque, de l’un à l’autre,prometant de le faire bénir à l’assemblée des fidèles à la réquisition de l’une ou l’autre desparties, qui ne tardera pas plus de deux mois à s’effectuer dès la date des présentes. Implorantà cet effet les bénédictions cellestes. Fait et ainsi passé sous l’obligation réciproque de nosbiens, et en présence des témoins ci bas soussignés, à Lausanne ce lundi 6me. mars 1780.

Signés : Christian Hermann Reuner, témoins.Signé : Jean Conrard Schouch ; Marianne Fornerod, épouse.Vu signer, attesté le susdit jour 6e. mars 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.[-] Elle a retiré les deux lettres pour les faire traduire en françois.Compart Marie Fornerod, laquelle après avoir entendu la lecture de sa déclaration l’a

confirmée en tout son contenu, ayant produit les promesses de mariage passées entr’elle etConrard Schouch du 6 mars dernier, plus deux lettres qu’elle a reçue dès lors de Strasbourgdu 18 mars et 10 mai 1780, reçues par la poste.[p. 487]

Interrogée en quel lieu elle compte faire ses couches.A dit qu’elle espéroit que les seigneurs de la police lui permetroit de faire ses couches

chez la veuve Cochet, à la bannière de la Cité.Il lui a été recommandé d’avoir soin de son fruit, et de ne pas négliger de faire appeller

les préposés du Consistoire pour être entendue à l’instant de ses couches, avant la naissancede l’enfant.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre a surçis le cours de cette procédure jusques aprèsles couches de ladite Marianne Fornerod.

Ladite a été exhortée à correspondre le plutôt possible avec le n. Conseil d’Avenches,pour obtenir quelque secour à ses couches prochaines.

[-] Les jugaux de Gland.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, en date du 15 juin 1780, concernant les jugaux de Gland, dont la teneur suit.[-] Lausanne. Nro. 19.Tit. & alloc.A la suite de mésintelligences survenues entre Mr. Benjamin de Gland, de Lutry,

domicilié dans votre ressort, et Dame Françoise Ausset, sa femme, et afin que les partiespussent avoir le tems de se calmer, qu’elle eussent la facilité, de part et d’autre, de reprendreleurs santés affoiblies par le chagrin, nous trouvâmes bon, le 26 avril 1779, d’ordonner quelesdits jugaux seroient séparés l’un de l’autre, et n’habiteroient pas ensemble jusqu’à ce que laDame de Gland fut parfaitement rétablie. Et aujourd’hui qu’il s’est écoulé plus d’un an, dèslors, Mr. de Gland s’est présenté par devant nous par requête et déclaration qu’il désiroit devivre en bonne harmonie avec sa femme, et qu’elle put être engagée à le rejoindre. Et commenous lui avons accordé sa demande, nous vous chargeons amiablement de faire en sorte queladite Dame, qui demeure présentement [p. 488] à Genève, se dispose dans le délai de quatresemaines, à retourner auprès de son mari. Ou que si elle se croioit fondée à s’y refuser, ellepourra vous remettre ses raisons d’opposition par écrit, qui nous seront successivementadressées. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 15 juin 1780.

Reçue le 21 juin 1780.La vén. Chambre, par son délibéré, après avoir entendu la lecture dudit rescrit, pour

éviter la voye rogatoire à Genève, a ordonné qu’il seroit donné communication à Madame deGland dudit rescrit par le canal du secrétaire de la Chambre, avec avis d’en donner récépisséle plutôt possible.

[-] Comparoissance de Jean Tourne et Susanne Perret.

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Se présente Honn. Jean Tourne, fils de Barthélémi Tourne, de Rora, valée de Luzerneen Piémont, religionnaire, âgé de 29 ans, agriculteur de profession, connu et domicilié dans cepays depuis six ans, actuellement domestique chez Mr. le major et châtelain d’Orges, au PetitOuchy, bannière du Pont. Lequel expose qu’ayant passé des promesses de mariage à SusannePerret, d’Essertinnes, bailliage d’Yverdon, habitante de Lausanne, dont les bams ont étépubliés audit Lausanne, à Essertinnes, et à Rora, lieu de la naissance dudit Tourne, ainsi qu’ilparoît par les signatures des révérends pasteurs respectifs.

Mais comme la bénédiction de son mariage n’a put avoir lieu accause de l’article 16,fol. 21 de la nouvelle ordonnance concernant la Corporation des étrangers, en date du 28février 1780, laquelle n’a été communiquée que depuis peu, l’impétrant prie la Chambre devouloir bien intercéder auprès de nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprêmepour obtenir d’eux [p. 489] le plutôt possible, la bénédiction de son mariage, attendu que sonépouse se trouve enceinte de six mois. Il promet ici solemnellement de se pourvoir dans un anet jour d’une bourgeoisie agréable à LL. EEces. ou de tenter les moyens d’être admis dans lanouvelle Corporation des étrangers.

Il y a promesses de mariage entre Jean, fils de Barthélémi Tourne, bourgeois de Rora,vallée de Luzerne en Piémont, et Susanne, fille de feu Maire Perret, bourgeois d’Essertinnes,l’un et l’autre habitans à Lausanne.

Le double de ces annonces sera publié à Lausanne le 21 du courant, celui ci pour lesvallées de Luzerne, ce 14e. mai 1780.

Signé : le d. Leresche.Ces annonces ont été publiées suivant la coutume usitée parmi nous, pendant deux

dimanches sc., le 28 mai et le 4e. juin, dans l’église de Rora, sans aucune opposition. En foi,audit Rora le 4e. juin 1780.

Signé : Pierre Bert, pasteur.Il y a des promesses de mariage entre Jean, fils de Barthélémi Tourne, bourgeois de

Rora, vallée de Luzerne en Piémont, et Susanne, fille de feu Maire Perret, bourgeoisd’Essertinnes, l’un et l’autre habitans à Lausanne.

Le double de ces annonces sera publié dimanche prochain à Lausanne, et celui ci pourEssertinnes ce 14e. mai 1780.

Signé : le d. Leresche.His ter promore solito publicé publicatis neminem contradixisse manu sigilloy testatur.

Signé : Carrard, pastor, Essertinnes 4e. die mensis junii anno dom. 1780.J’ai reçu sept baches et demi pour publication, signature et sceau.

[p. 490]La v. Chambre, par son délibéré, a cru pouvoir présenter le cas à nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême vu le nombre de circonstances qui font en faveur durequérant, lequel est d’une profession bien utille dans le pays, et reçoit des membres de laChambre qui le connoisse, les témoignages les plus avantageux sur sa sobriété, sa bonneconduite et son amour pour le travail, son père étant d’ailleurs moyenné et en état de luifournir les fonds nécessaires d’acquérir une bourgeoisie dans le cas qu’il ne pusse pas êtreadmis dans la Corporation des étrangers, à laquelle l’article 17, fol. 22 de l’ordonnance luiprocure une ouverture favorable. Le secrétaire tirera copie des bams, et lèvera ce que dessuspour être adressé à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le plutôt possible.

[-] Concernant Mr. Hemeling et Elisabeth Duport.En suite de cause d’entre Elisabeth Duport et Mr. Hemeling, il échet à ce dernier de

produire ses réponses.Mr. Hemeling paroissant, au lieu de produire ses réponses, a demandé délai de deux

fois 24 heures, qu’il les remettra au greffe consistorial où sa partie en pourra prendre copie, etfaire ce qui lui échera de droit dans la 15ne.

214

Elisabeth Duport paroissant, veut bien consentir à ce délai, moyennant que Mr.Hemeling satisfasse aux ordres donnés par nos illustres seigneurs du Consistoire suprême endate du 27 avril 1780, concernant la reconnoissance des billets de promesses.

Sur quoi Mr. Hemeling a dit qu’il édifieroit le tribunal et sa partie à cet égard, dans lesréponses qu’il doit produire.

A quoi remis.[-] Jne. Marie Bonard ; Adam Sébastien Regamey.Il y a promesses de mariage entre Adam Sébastien, fils de David Regamey, citoyen de

Lausanne, pour une partie, et l’autre, entre Jeanne Marie, fille de Jacob Bonard, bourgeois deLa Praz.

Signé : Adam Sébastien Regamey.[p. 491]

6 juillet 1780

Du jeudi 6e. juillet 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Dapples, pasteur des Croisettes, conseiller Destallents, assesseurs Porta, Bergier,secrétaire Vullyamoz.

[-] Marie Bonnard et Adam Sébastien Regamey.Le samedi 24e. juin 1780, expédition faite du commencement de procédure de Jeanne

Marie Bonard, de La Praz, Consistoire de Mont la Ville, contre Adam Sébastien Regamey, deLausanne, à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Jeanne Marie Odin ; Jean Ab. Louis Peneveires.Celle concernant Jeanne Marie Odin, envoy de la reconnoissance de paternité de

Peneveires, Genève 18e. juin, en original.Témoignage Dunant, pasteur.Autre de la Dame Lapierre, née Richard.Autre de la Dame Fritz, née Décombaz, le tout expédié ledit jour 24 juin 1780.[-] Jean Tourne et Susanne Perret.Dudit jour 24 juin, celle de Jean Tourne, de Rora, qui demande la permission de se

marier avec Susanne Perret, d’Essertinnes.[-] Les jugaux de Gland.Dim. 25e. juin 1780, lettre à la Dame de Gland, née Ausset, à la rue Verdaine. Envoy

dans dite lettre du rescrit, à Genève, de la date du 15 juin, qui lui ordonne de rejoindre sonmari dans 4 semaines, et donner les raisons d’opposition par écrit.

[-] Lettre à Mr. le d. justicier Warnery.Dudit jour 25 juin, lettre à Mr. le docteur et justicier Warnery, à Morges. Réponse à sa

lettre du 17e. juin.[-] Expédition faite à Mr. le juge de Mont la Ville concernant la Bonnard et Regamey.Le mecredi 28 juin, a été expédié à Mr. Martinet, juge du Vén. Consistoire de Mont la

Ville, la communication de ce qui concerne Jeanne Marie Bonnard et Adam SébastienRegamey, passé en Chambre le 22 juin 1780

[p. 492][-] Jeanne Catherine Chapuis ; Elie Chapallaz.Le noble seigneur lieutenant ballival met sur le bureau la clame de paternité de Jeanne

Catherine Chapuis, d’Epalinges, contre Pierre Elie Chappalaz, de Chapelles, du 4e. juillet1780, dont la teneur suit.

Du mardi 4e. juillet 1780.Jeanne Catherine Chapuis, fille de feu Jean Jaques Chapuis, d’Epalinges, âgée de 27

ans, ci devant domestique chez la veuve Chapallaz, à Martherey, bannière de Bourg, déclare

215

être enceinte des œuvres de Pierre Elie Chapallaz, son maître, bourgeois de Chapelles,Consistoire dudit lieu, âgé de 27 ans. Son commerce charnel avec lui ayant commencé enfévrier présente année 1780, un mois après son entrée dans cette maison, et continué jusqu’aumois de mai. Il lui a fait des promesses verbales de mariage. Elle compte d’être enceinted’environ cinq mois. Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 4e. juillet 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Ladite Chapuis duement assignée, paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa

déclaration, l’a confirmée en tout son contenu.Ledit Pierre Elie Chapallaz, de même paroissant. Ayant ouï la lecture dedite

déclaration de Jeanne Catherine Chapuis, dans laquelle elle fait clame de mariage et depaternité, reconnoît la vérité de son accusation, et convient d’avoir eu commerce charnel avecelle aux dates qu’elle indique. Prie la vén. Chambre qu’elle soit entendue à l’instant de sescouches selon le prescrit des loix consistoriales.[p. 493]

Quand à la clame de mariage, il refuse d’épouser ladite Chapuis puisqu’elle ne peutproduire aucune promesse de lui, et qu’il ne lui en ait jamais faite.

La vén. Chambre a surçis cette procédure jusques après les couches de JeanneCatherine Chapuis, et Mr. le révérend pasteur des Croisettes sera prié de nommer despersonnes non parentes pour entendre ladite Chapuis à l’instant de ses couches, avant lanaissance de l’enfant. Et à cet effet, ladite Chapuis ne manquera pas d’en avertir Mr. le pasteurune dixaine de jours à l’avance.

[-] Marianne Fornerod ; Jn. Conrard Schouch.Mr. le président fait rapport que Jean Conrard Schouch étant arrivé de Strasbourg dans

l’intention de remplir ses engagemens pris avec Marianne Fornerod, d’Avenches, en suite despromesses de mariage qu’il lui avoit ci devant passée en due forme.

Paroissant avec ladite Fornerod, après avoir entendu la lecture de sa déclaration, il amanifesté le dessein qu’il avoit de l’épouser, et a prié la Chambre de vouloir bien présenterson cas aux illustres seigneurs de la Direction des incorporés, aux fins qu’il leur plaise de luiottroyer la permission de faire bénir son mariage avec Marianne Fornerod le plutôt possible,et de l’admettre dans la Corporation des étrangers, en attendant qu’il puisse se procurer unebourgeoisie agrée dans le pays.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre voiant avec plaisir le retour dudit Jean Schouchpour remplir ses engagemens, a cru pouvoir présenter le cas aux illustres et puissans seigneursde la Direction des étrangers. En sorte que la procédure sera levée pour leur être adressée,avec les diverses pièces qui contiene en sa faveur son état et sa Religion, qu’il devra remettre.Ajoutant que pendant un séjour de six ans qu’il a fait dans cette ville, il c’est toujours bienconduit.[p. 494]

[-] Jeanne Marie Bonnard ; Adam Séb. Regamey.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant Jeanne Marie Bonnard et Adam Sébastien Regamey, dont la teneur suit.[-] Lausanne. Nro 20.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous différons le jugement sur la clame de mariage et de paternité de Jeanne Marie

Bonnard, de La Praz, Consistoire de Mont la Ville, contre Adam Sébastien Regamey,bourgeois de Lausanne, jusqu’après les couches de la plaignante, auxquelles nous vouschargeons amiablement de pourvoir selon le prescrit des loix. Et après avoir entendu encore

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une fois les parties en contradictoire, vous nous enverrez le résultat et les raisons alléguées parelles réciproquement. Dieu soit avec nous. Donné ce 26 juin 1780.

Reçue le 30 juin 1780.Lecture faite, la vén. Chambre ordonne que copie de ce rescrit sera adressé au vén.

Consistoire de Mont la Ville le plutôt possible, lequel suivra comme il sçaura bien le faire auxordres qui y sont donné.

[-] Susanne Perret ; Jean Tourne.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant Susanne Perret, d’Essertines, et Jean Tourne, du 26 juin 1780, dont lateneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 21.Tit. & alloc.En réponse à votre lettre du 24 du courant concernant la demande qu’on faite Jean

Tourne, de Rora, piémontais, et Susanne Perret, d’Essertines, bailliage [p. 495] d’Yverdon,pour obtenir la permission d’être mariés, et pour être admis à la naturalisation. Nous vousdisons que nous avons trouvé à propos de renvoyer les parties pour les deux objets qui lesintéressent, à se présenter par requête, convenablement scellée, par devant LL. EEces. duSénat, ou à s’adresser directement aux illustres seigneurs de la Commission des incorporés,selon l’article XVII de l’ordonnance à ce sujet. Nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 26 juin 1780.

Reçue le 30e. juin 1780.Emol. : 20 batz.La v. Chambre, après avoir entendu la lecture dudit rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, concernant Susanne Perret, d’Essertine, et Jean Tourne, du 26 juindernier, prend la liberté de présenter le cas aux illustres et puissans seigneurs des incorporés.

[-] Marie Odin ; Jn. Louis Peneveires.Mr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant Jean Louis Peneveires et Marie Odin, en date du 26 avril 1780, dont lateneur suit. Il informe qu’elle partit le mercredi par la charette publique, et fut reçue au GrandHôpital de Berne le samedi 24. Elle a paru un instant par devant le Consistoire suprême lelundi 26, ayant son enfant dans les bras, fut avisée qu’elle avoit gagné sa cause. Les illustresseigneurs du Consistoire suprême lui ordonnèrent la charette de l’Hôpital, dont elle a profité.Elle se mit en route le même jour pour revenir, et n’est arrivée que le vendredi 30 juin. On l’aconduite à Morges le dim. 2 juillet, Malgré les avis qui lui avoient été donnés, elle a négligéde faire dresser sa liste à Berne, et d’en demander le sceau au sgr. grandsautier.[p. 496]

[-] Lausanne. Nro. 22.Tit. et alloc.Présentement que Jean Ab. Louis Peneveires, de Lausanne, homme marié, s’est

reconnu par la déclaration qu’il a faite à Genève le 18 de ce mois, père de l’enfant garçon queJeanne Marie Odin, de la Corporation françoise de Morges, a mis au monde le 8 du mois demai dernier, et qui a été baptisé le 11 dudit sous le nom de Jean Louis. Nous avons enconséquence adjugé d’ors et déjà audit Peneveires, ainsi qu’à un père confessant, cet enfantcomme illégitime, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui demanière qu’il en sera seul chargé au bout de six mois dès la date de la naissance, en donnant àsa mère trois crones pour son gage de nourrice.

Ledit Peneveires est de plus condamné envers la fille Odin à tous les frais de ceprocès, sauf modération.

Quand à la peine que les parties devroient subir, elles en sont absolument affranchies àraison de ce que le délit a été commis en pays étranger. Du reste, nous avons charitablement

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fait remettre à ladite Odin un viatique de huit francs. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 26 juin 1780.

Reçue le 30 juin 1780.Emol : Sentence 6 #4 lettres au pays 8

______14 #

[p. 497][-] Réponse de Mme. de Gland.Mr. le président fait rapport de la réponse de Madame de Gland, née Ausset, à la lettre

qui lui a été adressée par notre secrétaire, à Genève, dont la teneur suit.Genève ce 21 juin 1780.Monsieur,Je m’empresse à vous accuser, ainsi que vous l’avez désiré, la réception du rescrit du

suprême Consistoire de Berne, et je suis charmée que ce me soit une occasion à vous faireconnoître combien je suis sensible à la manière honnête dont votre vénérable Consistoire abien voulu me la faire communiquer. Veuillés, en votre particulier, Monsieur, recevoir lesassurances de la parfaite considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre trèshumble et obéissante servante.

Signé : Françoise de Gland, née Ausset.[-] Elisabeth Duport ; Mr. Hemeling.En suite de cause, paroissent Elisabeth Duport, de Pully, et Mr. Hemeling. Il échet à ce

dernier de produire ses réponses, qu’il a déposée au greffe, avec trois titres.Lecture faite desdites réponses et des titres qui les accompagnent, ladite Elisabeth

Duport, après en avoir ouï la lecture, en demande copie et terme de 15ne. pour faire ce qui luiéchera de droit.

A quoi remis.[-] Concernant Marguerite Derussel ; Daniel Mercier.Mr. le président informe la Chambre que le 9 du mois de juin dernier, Marguerite

Durussel partit pour Genève aux fins de suivre à sa procédure contre Daniel Mercier, d’où elleest revenue le 30, apportant une lettre de Mr. Duby, notaire civil et criminel, en date du 1er. dejuillet, adressée au secrétaire de scéans, dont la teneur suit.

Monsieur,Vous avez dû recevoir il y a quelques jours l’extrait en forme probante de la

célébration du mariage de Jean François Pasteur avec la Gisclon, dont je pense que vous avezfait [p. 498] l’usage pour lequel vous me l’avez demandé, vous priant de me tenir avisé dusuivi.

La Marguerite Durussel, qui est porteuse de la présente lettre, vous apprendra qu’elleest sortie aujourd’hui samedi des prisons de cette ville, où elle a subi, avec Mercier, laprocédure requise en cas pareil. Je veux dire que l’un et l’autre ont répondu personnellementdevant les magistrats qu’ils ont été additionnés, répétés et confrontés, mais que Mercier ayantpersisté dans sa négative, il a été, par sentence du magn. Conseil, renvoyé au jugement deDieu, et néantmoins condamné à ses frais et dépends, et la Derussel, à se charger de sonenfant et à ses dépends, que le magn. Conseil (vu l’inopie de la délinquante), a laissé ensouffrance. En sorte que pour cette affaire, il ne lui en coûte pas un sol.

Si Mercier n’eut pas été marié, il auroit été, nonobstant ses négatives, condamné à secharger de l’enfant. Je crois que dans le cas de cette mesure, vous suivez chez vous la mêmejurisprudence.

J’ai fait tout ce qui a été en mon pouvoir pour adoucir le sort de cette pauvre fillependant sa détention, non content de l’avoir fortement recommandé à Mr. Plan, géolier, soit

218

gouverneur de la prison, je l’ai visitée plusieurs fois. Je lui ai donné les conseils que son étatexigeoit. Je lui ai représenté avec toute la force et l’énergie dont j’étois capable, que sil’accusation qu’elle avoit intenté à Mercier étoit juste, elle devoit, lorsqu’elle seroitconfrontée avec lui, le lui soutenir avec toute la fermeté possible, en lui exposant toutes lescirconstances et dépendances qui avoit précédé et accompagné l’acte qui l’avoit rendueenceinte, qu’elle devoit insister sur la déclaration par écrit qu’il lui avoit donné, et le sommerde déclarer quelle autre affaire il pouvoit soutenir avoir eu avec elle, qui eut put occasionneret donner lieu à l’arrangement mentionné dans cette déclaration.[p. 499]

Si vous croiez qu’il soit nécessaire aux intérêts de cette fille de demander une copie,soit expédition de la procédure et du jugement qui est intervenu, je me pourvoirai, par requêteau magn. Conseil, pour l’obtenir, ainsi que le restitution des lettres rogatoires de la clame depaternité, et de l’original de la déclaration que Mercier a donné à cette fille. Mais je vouspréviens que l’expédition de cette procédure et de ce jugement, concernant personnellementMessrs. les commis en chancellerie, coûtera quelques écus, encore que je n’ai pas voulu leurfaire lever cette procédure et jugement sans avoir préalablement reçu vos ordres.

Je vous préviens que ce Mercier ne se fie pas tant sur son jugement de libération quesur la crainte où il est d’être arrêté à Lausanne lorsque ses affaires l’y appelleront.

J’aurois désiré de tout mon cœur que cette malheureuse affaire eut pris une tournureplus favorable, et que l’issue eut déchargé cette malheureuse de cet enfant. J’avois mêmemandé par devant moi ce Mercier, que je ne connoissoit pas. Je l’avois exhorté à rendretémoignage à la vérité, que je m’intéresserois même auprès des nobles Directeurs de l’HôpitalGénéral pour qu’il se chargent de cet enfant au moyen de cinq ou six louis d’or, qu’il auroitmême la facilité de payer dans l’espace d’une année. Que par ce moyen, il rendroit justice àune fille dont il a abusé, et éviteroit l’éclat et la honte qu’une affaire de cette nature nemanqueroit pas de faire rejaillir sur lui. Mais tout a été inutille, et il m’a paru que les mauvaisconseils qu’on lui donnoit détruisoient les impressions favorables que mes discours et mesexhortations auroient fait infailliblement sur lui, mais je m’apperçois que toutes cesréflections m’entraînent hors des bornes d’une lettre.

Je la finis donc, en vous réitérant l’assurance des sentimens de considération aveclesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Ce 1er. juillet 1780.Signé : Duby.[p. 500]Sur quoi délibérant, la Chambre n’a pas cru devoir faire aucune démarche ultérieure

dans cette procédure, autre que celle d’enjoindre à ladite Durussel d’être bien attentive à faireappeler les préposés pour l’entendre à l’instant de ces couches, selon les formes usitées. Etsans attendre cet événement, la Chambre a cru devoir informer le plutôt possible nos illustresseigneurs du Consistoire suprême des circonstances malheureuses dans lesquelles se trouventactuellement la procédure de ladite Durussel, pour en recevoir les ordres qu’ils aviseront bon.

[-] Citation à la vend. de Mr. de Mézery.L’huissier de la Chambre, en subside, relate qu’ayant voulu assigner à paroître

aujourd’hui la vendeuse de Mr. de Mézery, qui avoit reçu dans sa pinthe des buveursdimanche 11 juin dernier pendant le cathéchisme. Elle s’est absentée de la ville pour causemaladie. Délibéré que ladite vendeuse sera assignée dès qu’elle reparoîtra.

[-] Concernant les jugaux de Gland.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Sçavoir faisons par les présentes, qu’à l’audience de ce jour, auroient paru en droit pardevant nous Mr. Benjamin de Gland, de Lutry, et sa femme, née Françoise Ausset, exposantles deux parties, qu’à raison d’une incompatibilité d’humeurs et d’irritations qui se sont

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élevées entr’eux, il ne leur restoit plus aucune espérance de vivre en paix et en amitié. Ensorte qu’ils nous prient de leur accorder leur divorce absolu, fortifiant leur sollicitation à cetégard par des témoignages qui prouvent que ces altercations ont sensiblement altéré la santéde Madame de Gland. Après avoir examiné mûrement cette affaire, nous avons trouvé que lesmotifs allégués n’étoient pas de nature à pouvoir procurer un divorce absolu. Ainsi, que nousavons éconduit les parties de leur demande à cet égard. Nous avons cependant consenti àaccorder à Madame de Gland le tems nécessaire pour rétablir [p. 501] sa santé, pendant lequelil lui sera libre, ou de séjourner auprès de sa mère, ou de se rendre en tout autre lieu qui luiconviendra, éloigné de son mari. Au surplus, nous avons compensés les dépens entre parties,concernant l’objet de cette séparation. Fait et passé ce 26 avril 1779.

Chancellerie du suprême Consistoire.

3 août 1780

Du jeudi 3me. août 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyen Polier de Bottens, pasteurs Besson, Chavannes,pasteur du Mont, celui des Croisettes, conseiller Destallents, assesseurs Porta, Bergier, etsecrétaire Vullyamoz.

[-] Marg. Derussel ; Dan. Mercier.Le mecredi 12 juillet 1780, expédition au Consistoire suprême, suivant le délibéré de

la Chambre du 6e. juillet dernier, concernant Marguerite Derussel et Daniel Mercier.[-] Jean Tourne ; Susanne Perret.Autre par délibéré dudit aux illustres seigneurs de la Chambre des incorporés,

concernant Jean Tourne, de Rora en Piémont, et Susanne Perret, d’Essertinnes.[-] Jeanne Marie Bonnard ; Adam Sébastien Regamey.Autre selon le délibéré dudit 6 juillet, envoi à Mr. Martinet, juge du Consistoire de

Mont la Ville, du rescrit du Consistoire suprême concernant Jeanne Marie Bonnard et AdamSébastien Regamey.

[-] Jean Conrard Schouch ; Marianne Fornerod.Le vendredi 14me. juillet, expédition aux illustres seigneurs de la Chambre des

incorporés, concernant Jean Conrard Schouch et Marianne Fornerod.[p. 502]

[-] Concernant un arrêt de LL. EEces. de Zürich.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit de LL. EEces. du

Sénat, en date du 27 du mois dernier, donnant communication d’un mandat de LL. EEces. deZürich, en date du 2e. mars 1780, par lequel ils ont fixés les argents de mariage et financed’entrée que doivent apporter dans la communauté les femmes étrangères qui épouseroient deleur bourgeois et sujet.

En conséquence des ordres portés dans ce rescrit, le secrétaire aura soin de le copiermot à mot sur le registre, où l’on met les ordonnances.

[-] Concernant les jugaux de Gland.Mr. le président met sur le bureau une lettre de Genève, adressée au Consistoire de

Lausanne, reçue le 20e. juillet dernier, par la poste, de Madame d’Eglan, née Ausset, quiprésente un mémoire concernant ses raisons pour se refuser de rejoindre son mari, et concludpar demander qu’il y soit donné cours pour être adressé à nos illustres et puissans seigneursdu Consistoire suprême.

Lecture faite dudit mémoire, se présente le Sr. Antoine Clerc, commis chez Mr. LouisPorta, au nom de Mr. de Gland, fondé en procure produite, pour prier la v. Chambre de luidonner communication dudit mémoire et terme de 15ne. pour faire ce qui lui incombera de

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droit. N’empêchant point que s’il prend le parti de répondre, sa pièce ne soit communiquée àMadame de Gland.

Sur quoi délibérant, la Chambre a trouvé convenable de donner communication duditmémoire à Mr. de Gland, en même tems que l’expédition en sera faite à nos illustres seigneursdu Consistoire suprême.[p. 503]

[-] Déclaration d’Elis. Corbaz à l’instant de ses couches.Plus, a été mis sur le bureau la déclaration d’Elisabeth Corbaz à l’instant de ses

couches, en date du 25e. juin dernier. Plus la reconnoissance de paternité de Jean FrançoisCavin, du 20e. juillet, de même que l’extrait baptistaire de l’enfant garçon issu de ses œuvres,dont les teneurs suivent.

Nous, les soussignés, avons été requis pour être présents aux couches d’ElisabethCorbaz, du Mont, le dimanche 25e. juin 1780, environ les deux heures du matin. Laquelle,après que nous l’avons eue exhortée da la manière la plus forte à nous dire la vérité, nous luiavons demandé plusieurs fois de nous déclarer qui est le père de l’enfant dont elle se trouveenceinte. Elle nous a déclaré et toujours soutenu que le père de cet enfant est Jean Cavin, etelle a accouché d’un garçon ledit jour 25e. juin 1780, environ les sept heures et demi du soir,Ce que nous attestons, au Mont ledit jour 25e. juin 1780.

Signés : Jean Corbaz, secrétaire ; David Raccaud, surveillant ; Jaques Adam Favre,surveillant.

[-] Baptême de l’enfant d’Elisabeth Corbaz.Jean David, fils de Jean François Cavin, de Vulliens, bailliage de Moudon, paroisse de

Mézières, et de Jeanne Elisabeth Corbaz, du Mont sur Lausanne, né le 25 juin, a été présentéau saint baptême le dimanche 23 juillet par David Tague, de Lully, bailliage de Morges, etJeanne Marguerite Bellet, femme de Jean André Bellet, du Mont.

[-] Reconnoissance de paternité de Cavin.Moi soussigné, ayant prié Mr. le pasteur du Mont de batiser qui j’ai eu d’Elisabeth

Corbaz, du Mont, par mon souscrit de Cottens du 17 juillet 1780, je m’engage d’en prendresoin comme de mon enfant légitime, à la décharge de sa mère, après le terme pour être nourripar elle écoulé. Ce que je promet en présence de Messrs. les pasteurs du Mont et Romanel,Secrétan et Bugnon, ce 20e. juillet 1780.

Signé : Jean François Cavin.[p. 504]

[-] Comparoissance de Jeanne Elisabeth Corbaz et de Jean Cavin.Jeanne Elisabeth Corbaz paroissant. Lecture de sa déclaration lui a été faite de l’instant

de ses couches, qu’elle a confirmée en tout son contenu.Jean François Cavin paroissant. Après avoir entendu la lecture de sa reconnoissance de

paternité par écrit, qu’il avoit faite en présence des révérens pasteurs du Mont et Romanel, il aconfirmé en tout son contenu, et a dit qu’il étoit bien le père de l’enfant garçon issu de sesœuvres, pour être de sa bourgeoisie et entretenu par lui. Ajoutant qu’il ne seroit point éloignéd’épouser ladite Corbaz. Que vu qu’il n’étoit pas son maître, qu’il prioit la Chambre de luiaccorder un délai pour obtenir le consentement de ses parents.

La Chambre veut bien accorder à Jean François Cavin le délai qu’il demande,suspendant son jugement jusques à la première assemblée tenable du mois de 9bre. prochain.

[-] Comparoissance des jugaux Marillier et d’Elisabeth Chapuis.Monsr. le révérend pasteur des Croisettes informe la Chambre qu’il lui auroit été

rapporté que (sic : par) Jean Abraham Rochat, assesseur aux Croisettes, de la dissention quireignoit entre les jugaux Marillier et Elisabeth Chapuis, sur la mauvaise [conduite] deMarillier avec ladite Chapuis, dite fréquentation, origine de cette mésintelligence occasionnéepas des soubsons.

221

Lesdits paroissiens, après les exortations qui leur ont été adressées, Salomon Marilliera promis solemnellement de ne point chercher les occasions de se trouver seul avec ElisabethChapuis. Les sûretés vis à vis de sa femme lui ont été imposée, et il s’est engagé avec lamanière la plus forte à bien vivre avec sa femme, à ne jamais user de menaces, ni d’employeraucun sévice contre elle qui trouble sa paix, en conformité des ordonnances consistoriales.Ladite Chapuis a été exortée à ne plus fréquenter ledit Jean Salomon Marrillier en particulier.[p. 505]

[-] Comparoissance de Mr. Hemeling et de la Duport.En suite de cause paroissent Elisabeth Duport et Mr. Hemeling. Il échet à cette

première de produire ses dupliques.Ladite Duport, au lieu de produire sa pièce, se contente de passer négative formelle du

fait allégué folio 6 des réponses, où il est dit qu’elle avoit reçu des visites assidues d’un jeunehomme à des heures indues. Demandant que la procédure soit levée et adressée aux illustresseigneurs du Consistoire suprême.

Sur quoi, Mr. Hemeling a manifesté qu’il étoit de son intérêt de surmonter cettenégative.

A quoi remis pour la 15ne.

17 août 1780

Du jeudi 17e. août 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, conseillerDestallents, assesseurs Porta, Bergier, secrétaire Vullyamoz.

[-] Concernant Marg. Durussel et Daniel Mercier.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration de la Marguerite

Durussel, de Bussy, domiciliée à Ouchy, après ses couches, de même que celle de la sage-femme jurée veuve Amaudruz, sur l’âge de l’enfant et de son baptême.

Marguerite Durussel a accouché le 7me. du courant mois d’août, d’un enfant garçon,viable, à terme, et de bonne venue. Lequel a été baptisé par Mr. le révérend pasteur Chavannesà l’église de St. François le mecredi 15 dudit mois d’août, sous le nom de Pierre Daniel.

Plus, a été mis sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême en date du 31 juillet 1780, concernant Marguerite Durussel et Daniel Mercier, deGenève, dont la teneur suit.[p. 506]

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.En réponse à votre lettre du 12 du courant mois de juillet, nous vous disons pour avis,

que le concordat établi entre la république et la louable ville de Genève concernant les clamesde paternité que les ressortissants du pays pourroient former contre les leurs, n’admet pointque l’on puisse aller plus outre lorsque les accusés ne sont pas rendus confessans. En sorteque les louables magistrats dudit Genève ayant jugé selon leur loix la clame de paternitéventillante entre Marguerite Durussel, de Bussy, habitante d’Ouchy, tailleuse de profession, etDaniel Mercier, de Genève, homme marié, maître de barque. Nous avons adjugé à la susditeDurussel, d’ors et déjà comme illégitime, avec toutes les suites ordonnées par loix, l’enfantdont elle est enceinte, jusqu’à ce qu’elle [fasse] paroître par devant nous un père confessant.

Au surplus, nous l’avons condamnée à tous les frais de ce procès, et à subir pour cetadultère simple, la peine de 20 jours de prison dans votre ressort, ainsi que le lieu du délit.Nous vous recommandons à la protection divine.

Emolumens réclamés par nos illustres seigneur de ladite Durussel.

222

Pour une adjudication £ 6Pour une lettre au pays 2

____£ 8

Lecture faite de la sentence rendue par nos illustres seigneurs du Consistoire suprêmeen date du 31e. juillet dernier, Marguerite Derussel paroissant, ayant confirmé sesdéclarations, a humblement représenté, 1°. Qu’elle avoit entièrement ignoré que DanielMercier fut un homme marié. Qu’elle le croioit réellement libre, et qu’elle se flattoit depouvoir l’épouser.[p. 507]

2°. Et que par la manière dont la procédure a été dirigée, et selon les loix de Genève,elle a déjà subi la peine de 17 jours de prison. Ainsi qu’elle oseroit prier nos illustresseigneurs de la dispenser de subir la peine de la prison dans toute son étendue. Et sur lapétition qui lui a été faite pour émolument de nos illustres seigneurs, elle dit et déclare qu’elleest hors d’état d’y satisfaire, son père et sa mère, avancés en âge, infirmes et malades, nepeuvent lui fournir aucun secrours, obligée de recourrir à sa communauté pour lui aider àentretenir l’enfant qui lui a été adjugé.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre fait part aux illustres seigneurs du Consistoiresuprême de la fin de cette procédure, et ordonne que l’humble demande de ladite Derussel soitajouté.

Au surplus, il sera incessamment donné communication de la sentence au Consistoirede Moudon, auquel la paroisse de Bussy ressortit, en leur recommandant l’entretien et laconservation de l’enfant dont la mère est dans la plus grande pauvreté.

La Chambre n’ayant retiré d’elle aucun émolument.[-] Déclaration de Mr. de Gland contre sa Dame.Monsieur le président met sur le bureau la déclaration en réponse de Mr. de Gland à

celui de Made. son épouse, concernant le divorce qu’elle sollicite de nos illustres et puissansseigneurs du Consistoire suprême.

Lecture faite dedite déclaration, la Chambre, par son délibéré, ordonne que le mémoirede Madame de Gland et la déclaration de Mr. de Gland, son époux, remises à Mr. le présidentle 11 du courant mois d’août, et la copie dedite déclaration, après avoir été adressée à Made.de Gland, à Genève, seront adressées au plutôt à nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême.

[-] Concernant Jne. Marie Odin et Peneveires.Monsieur le président met sur le bureau une lettre qui doit être du 15 août, qui lui

auroit été adressée de Genève, de Jeanne Marie Odin. Par laquelle elle le prie de lui faireparvenir une liste de frais contre Jean Abaram Louis Peneveires, de la paternité de l’enfantissu de ses œuvres, qui lui a été adjugé par sentence de l’illustre Consistoire suprême en datedu 26 juin 1780.

Lecture faite dedite lettre, la Chambre veut bien consentir à ce que communication luisoit faite dedite sentence, de même que la liste des frais du pays.

[-] Comparoissance de la Duport et de Mr. Hemeling.En suite de cause, paroissent Elisabeth Duport et Mr. Hemeling. Il échet à ce dernier

de surmonter la négative de ladite Duport du fait allégué dans sa réponse, d’avoir reçu desvisites assidues d’un jeune homme à des heures indues.[p. 508]

De l’instance de Mr. Hemeling, paroît Elisabeth Duport, citée par lettre. Il lui a étédemandé si elle a quelque opposition à faire à ce que les Sieurs Abraham Samuel Petit, fripier,et Rodolp Bentz, gantier, habitans de cette ville, ici présens, assignés par lettres ici produites,de l’instance de Mr. Hemeling, donnent leur déclarations sermentales sur ce point capital de la

223

procédure, du fait allégué par Mr. Hemeling dans ses réponses, que ladite Duport auroit reçudes visites assidues d’un jeune homme à des heures indues.

Elle a dit qu’elle n’avoit aucun reproche à faire contre eux. Qu’elle les regardoitcomme gens d’honneur, n’opposant point à ce qu’ils soient entendus légalement.

Lesdits ayant prettés le serment, les parties se sont retirées, et le Sr. Petit resté seul.Lecture faite du premier interrogat porté dans dites lettres de citation, sçavoir :1°. Si vous n’avez vu, ni connu, la nommée Isabeau Duport, s[o]eur de la femme de

Martin, maréchaussée, pendant son séjour chez sadite sœur et chez la veuve de SamuelPeitregnet, en janvier, février, mars et mois suivant de l’an 1778, entrant et sortant desditslogements.

Répond qu’ayant la vue basse, il n’a pas pu reconnoître ladite Duport, dont il n’ajamais sçu le nom.

2°. Si vous n’avez point vu entrer et sortir, ou entendu dans sesdits logements alors,plusieurs garçons bruiants, et entr’autre un jeune homme orfèvre et penduliste genevois, qui atravaillé chez Mr. Megevan, et si vous n’en avez point vu dans les promenades, rues ou degrésdedite maison et ailleurs, de jour et de nuit, après 9 ou 10 heures du soir avec elle, fortsouvent et famillièrement, et si vous n’avez connu aucun de ces garçons.

Répond qu’il a bien vu des jeunes gens entrans et sortans de cette maison, mais qu’ilne sçavoit pas s’ils venoient pour cette fille qu’il ne connoissoit point, et en [p. 509]particulier qu’il ne connoît point ce jeune homme de Genève, ouvrier chez le Sr. Megevan,orphèvre.

3°. Si vous n’avez rien vu ni entendu sur la conduite et le caractère de ladite ZabeauDuport. 4°. Et enfin si vous ne connoissoit point d’autres personnes qui puissent témoigner oudéclarer sur les questions ci devant.

Sur le 3me., répond qu’il n’a rien ouï dire à personne concernant la conduite de cellequi lui a été présentée, autre qu’un propos que lui a tenu la maréchaussée Martin qui lui disoitqu’il avoit éloigné sa belle-sœur de son appartement par ce qu’elle ne tenoit pas une bonneconduite, en nommant Mr. Hemeling et d’autres dont il ne se rappelle pas les noms. Ajoutantqu’il ignore si ledit Martin a d’autres belles-sœurs que ladite Duport.

Sur 4me., répond que non.Relu, ratifié.Le Sr. Rodolp Bentz interrogé sur le 1er. interrogat.Répond qu’elle lui est bien connue.Sur le second, répond qu’il a vu entrer et sortir le nommé Lambelet, qu’on disoit être

de Genève, et seulement de jour, n’ayant apperceu entre le Sr. Lambelet et ladite Duportaucune fréquentation assidue, ni familiarité particulière, ni promenade, ni aillieurs.

Sur le 3me., répond qu’il ne peut rien dire sur la conduite de cette fille.Sur le 4me., répond que non.Relu, ratifié.Lecture faite aux parties rentrées, Mr. Hemeling ayant demandé que le Sr. Megevan fut

entendu dans la 15, vu son absence, quoi que duement cité, ladite Duport ne s’i est pointopposée.

A quoi remis.[p. 510]

31 août 1780

Du jeudi 31 août 1780.Sous la présidence du noble seignr. lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyen Leresche, pasteurs Besson, Chavannes, conseillerDestallents, assesseur Bergier, secrétaire Vullyamoz.

[-] Concernant Margue. Derussel.

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Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustresseigneurs du Consistoire suprême concernant Marguerite Derussel, de Bussy, du 21 août1780, dont la teneur suit.

[-] Nro. 24.Lausanne.Tit. & alloc.Nous avons bien voulu, par bonnes considérations, dispenser Marguerite Derussel,

domiciliée à Ouchy, dans votre ressort, de la peine à laquelle nous la condamnions par notresentence du 31 juillet dernier. De même, nous lui faisons grâce de l’émolument de notreChambre. C’est ce que nous vous disons en réponse à votre verbal du 17 du courant moisd’août. Dieu soit avec nous. Donné ce 21 d’août 1780.

Reçue le 25 d’août dito.Samedi 21 août 1780, expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême la fin

de la procédure de Marguerite Derussel, de Bussi, et Daniel Mercier, de Genève.[-] Les jugaux de Gland.Dudit jour, aux illustres seigneurs du Consistoire suprême, la requête de la Dame de

Gland, née Ausset, du 19 juillet, avec la déclaration en réponse de Mr. Benjamin de Gland,son mari, du 11 juin ( ?) courant mois d’août 1780.[p. 511]

[-] Concernant Marguerite Derussel.Samedi 19 août 1780, expédié à Mr. le juge du Consistoire de Moudon la copie de la

sentence qui adjuge à Marguerite Derussel l’enfant né le 7e. août courant, et y a été ajouté unproscriptum de sa pauvreté pour aider à la conservation de l’enfant.

[-] Les jugaux de Gland.Du dimanche 20 août, expédition à la Dame de Gland, née Ausset, à la rue Verdaine à

Genève, la copie de la déclaration de son mari du 11 du mois d’août courant.[-] Concernant les lettres circulaires imprimée[s].Monsr. le président met sur le bureau le rescrit des illustres seigneurs du Consistoire

suprême concernant les lettres circulaires imprimées pour le meilleur ordre à donner auxprocédures consistoriales, du 7e. août 1780, dont la teneur suit. Lequel devra être inscrit par lesecrétaire sur le registre et le cahier des ordonnances.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Afin de pouvoir parer à l’avenir aux mésentendus qui arrivent quelques fois dans les

expéditions du Consistoire suprême, nous vous chargeons amiablement de bien marquer danstoutes vos lettres que vous nous adresserez, le lieu de la bourgeoisie des parties, tant del’homme que de la femme, de nommer la paroisse à laquelle ils appartiennent, de même quecelle de leur domicile actuel.

2°. A la première comparoissance des parties par devant l’Inférieur, il leur serademandé quel est le lieu où elles ont eu leur commerce charnel, et la réponse sera insérée dansvotre verbal, afin que nous puissions fixer comme il convient les peines que nous trouveronsbon d’ordonner.

3°. Après avoir baptisé des enfans illégitimes, on aura soin d’envoyer le nom qu’ilsauront reçus au saint baptême, de même si nous avions adjugé un enfant avant sa naissance, etque sont état eut été fixé, il ne faudra point négliger de nous faire l’expédition d’un extraitbaptistaire.[p. 512]

4°. En envoyant la déclaration à l’instant des couches, il faudra aussi marquer sil’enfant est venu à terme ou non.

225

5°. Selon les ordonnances qui ont été rendues, il faudra retirer bien diligemment lesémolumens de notre Chambre. Après les avoir reçus en conformité de la liste fournie, ilsseront expédiés à notre secrétaire, franco, pour Leurs Excellences, dans le délai d’un mois.

Que si les parties n’étoient pas en état de payer lesdits émolumens, il faudra à cedéfaut nous faire parvenir un certificat authentique de pauvreté, signé par le pasteur et pardeux assesseurs, ou bien adresser à notre dit secrétaire un verbal qui mentionnera les raisonspour lesquelles l’une ou l’autre de ces choses n’aura pas encore pu se faire.

Nous ne doutons nullement que vous contribuerez autant qu’en vous est, au maintiendu meilleur ordre, en sorte que le succès de ces précautions pour prévenir tous mésentendusrépondra à l’attente que l’on peut en avoir. Dieu soit avec nous. Donné ce 7me. août.

Reçue le 25e. août 1780.[-] Concernant la femme de Megevan.Sur la représentation qui a été faite que une bourgeoise de cette ville se seroit évadée

de la maison de son mari dans le courant de ce mois, avec des circonstances très graves, et surl’assertion positive de quelques membres de cette Chambre que ladite femme n’est pasactuellement dans cette ville, ni même dans la domination de LL. EEces.

Il a été trouvé convenable de ne pas rechercher cette affaire pour le coup.[p. 513]

[-] Cittation à donner aux jugaux Charlet.Sur la plainte de Jeanne Dubry, femme d’Ethienne Charlet, du Grand Bayard, habitant

de Lausanne, a porté auprès de Mr. le président le 28 du courant, sur les sévices et violencesque son mari continue d’exercer contr’elle.

La Chambre a ordonné que l’un et l’autre seront cités et assignés à paroître dans la15ne.

[-] Elisabeth Duport et Mr. Hemeling.Comparoît de l’instance de Mr. Hemeling, Elisabeth Duport. Lequel auroit assignés

par mandats les Sieurs Megevan et Caulet pour répondre aux interrogats qu’il a fourni, et dontladite Duport a eu communication par mandat.

Les Sieurs Megevan et Caulet, proclamés selon l’usage, n’ont point parus.Sur ce, Mr. Hemeling a demandé une 3me. dilation pour faire paroître lesdits témoins

dans la 15ne.Ladite Duport n’a pas opposé, ni formé d’opposition.A quoi remis.

28 septembre 1780.

Du jeudi 28 7bre. 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, pasteur des Croisette, conseiller Destallents, assesseur Bergier, secrétaireVullyamoz.

[-] Nicola Bettlehem, landrass ; Anne Schindler, de Rothenbach.Le mardi 5 7bre., a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, sur

leur rescrit dont lecture a été faite du 31 d’août dernier, la reconnoissance de paternité deNicolas Bettlehem, landrass, sur la clame qu’a formée contre lui Anne Schindler, deRothembach, le verbal à ce sujet, dressé à l’audience du noble seigneur lieutenant baillival le5 dit 7bre.[p. 514]

[-] Concernant les jugaux de Gland.Le mardi 5e. 7bre. 1780, expédition s’est faite à la Dame de Gland, née Ausset, rue

Verdaine à Genève, du mandat et de la copie de citation à la haute audience du Consistoire

226

suprême du 18 du courant, avec son mari, par envoi d’une lettre où il étoit demandé de signerla copie.

Le samedi 9 dit 7bre., reçu la copie du mandat adressé à la Dame de Gland, signé parelle.

Le mecredi suivant 13 dit 7bre., ont été expédiés les copies desdits mandats, avec unelettre, à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Concernant Jeanne Cat. Chapuis et Elie Chapallaz.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration de la sage-

femme qui a accouché Jeanne Catherine Chapuis, d’Epalinges, avec un certifié du baptême del’enfant, dont les teneurs suivent, de même que le rapport de son accouchement.

Du samedi 23 7bre. 1780, 8 heures du matin.Honnête Jeanne Françoise Rochat, née Pache, accoucheuse, déclare que Jeanne

Catherine Chapuis, d’elle bien connue, auroit accouché au domicile de la veuve JeanneMarguerite Chapuis, sa mère, à Epalinges, le mardi 12 du courant mois de 7bre., environ deuxheures du matin, d’un enfant fille, viable, à terme, et de bonne venue.

Lecture faite, a persisté.Baptisé le 24 7bre. 1780, à l’église des Croisettes, sous le nom de Jeanne Elisabeth.Du 13me. 7bre. 1780, à une heure du matin.Nous, soussignés, ayant été appellés par Jeanne, veuve de feu Jean Jaques Chapuis,

d’Epalinges, pour aller auprès de sa fille, Jeanne Catherine Chapuis, qui étoit en travaild’enfant, y étant allé, et lui ayant fait faire les plus mûres et sérieuses réflections, et même auplus fort de son mal, elle a déclaré sincèrement qu’elle n’avoit eu aucun commerce charnelqu’avec Pierre Elie Chapallaz, chez qui elle demeuroit comme servante, et qu’il est levéritable [p. 515] et légitime père de la fille qu’elle a mis au monde. Pour foi attestons laprésente déclaration, le jour que dessus, 12e. 7bre. 1780.

Signés : Jean Abraham Rochat, assesseur ; Jean Isaac Beboux, de Belmont, régent àEpalinges ; Jeanne Françoise Rochat, née Pache, sage-femme.

Comparoissent Jeanne Catherine Chapuis, d’Epalinges, et Pierre Elie Chapallaz, deChapelles. Ladite Chapuis, après avoir entendu la lecture de sa déclaration faite aux préposésnommés par Mr. le révérend pasteur des Croisettes, le mardi 12 du courant mois de 7bre., l’aconfirmée en tout sont contenu.

Ledit Pierre Elie Chapallaz ayant eu connoissance de l’accouchement de laditeChapuis, a dit qu’il ne pouvoit pas accepter l’enfant, vu qu’elle n’a pas accouché à termeordinaire, puisqu’il n’y a que six mois et demi. Il déclare ici très positivement qu’il n’a eucommerce charnel avec elle que depuis le 15 février dernier, et que de plus, ladite Chapuisdoit s’être déclarée avoir eu commerce charnel avec un autre personne.

Ladite Chapuis, interpellée si elle veut répondre à la dictature que Pierre Chapallazvient de faire.

Dit qu’elle s’en tient à sa déclaration constante, et que l’enfant est né à sept mois etdouze jours. Priant la vén. Chambre d’adresser la procédure dans l’état où elle se trouve à nosillustres seigneurs du Consistoire suprême. Et elle ajoute sa négative formelle d’avoir accuséautre personne que ledit Chapallaz.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre ordonne que la procédure soit levée au plutôt pourêtre adressée à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême.

[-] Jne. Marie Bonard et Adam Regamey.Mr. le président met sur le bureau une lettre qui lui a été adressée, datée du Mont la

Ville du 27 août dernier, concernant l’accouchement de Jeanne Marie Bonnard, dont la teneursuit. On s’attend que le Consistoire de Mont la Ville communiquera la sentence, puisque c’està lui à la rendre.

Reçue 4e. 7bre. 1780.

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Monsieur,Le vénérable Consistoire de Mont la Ville, assemblé aujourd’hui, à l’issue du service

divin, selon notre usage, me charge de vous faire parvenir ce qui suit.[p. 516]

Du 27e. août 1780.Le vén. Consistoire assemblé sous la présidence de Mr. le juge Martinet.Les Srs. assesseurs de La Praz exposent que Jeanne Marie Bonnard étoit accouchée

hier 26 courant d’une fille vivante. Que selon le prescrit des loix, et en vertu des ordres reçus,ils avoient assistés aux couches de ladite fille, l’avoient exhortée fortement à rendre gloire à lavérité, et qu’elle avoit confirmé dans tout son contenu la déclaration qu’elle avoit faite au vén.Consistoire de Lausanne.

Sur ce, la vén. Chambre délibère et ordonne qu’un double de cette exposition soitincessamment envoyée à Mr. le président du vén. Consistoire de Lausanne pour qu’il en fassel’usage prescrit.

J’ai l’honneur de me dire, avec beaucoup de considération, Monsieur, votre trèshumble et très obéissant serviteur.

Mont la Ville ce 27 août 1780.Signé : Détraz, secrétaire du vén. Consistoire de Mont la Ville.[-] Concernant Anne Schindler, de Rothenbach et Nicolas Bettlehem, ein landsass.On a lu le rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême concernant Anne

Schindler, de Rothenbach, et Nicolas Bettlehem, du 31 août dernier, de même le verbal dresséen réponse le 5 7bre., dont les teneurs suivent.

[-] Nro. 25.Lausanne.Tit. et alloc.Anne Schindler, de Rothenbach, domestique dans la capitale, s’est présentée

aujourd’hui par devant nous, exposant qu’elle se trouvoit actuellement enceinte depuis dixneuf semaines des œuvres de Nicola Bettlehem, landsass, ou heimathloss. Lequel doit être àcette heure ouvrier chez le Sr. Charlet, maître cordonnier, près de la porte de Genève, àLausanne. En conséquence, nous vous chargeons amiablement [p. 517] de faire paroître leditBettlehem par devant vous, de lui communiquer cette clame de paternité, de sçavoir de lui s’ilavouer le commerce charnel ou non. Vous ne manquerez point de nous faire part du résultatde cet interrogatoire. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 31 août1780.

Reçue le 4 7bre. 1780.Nous, Jean Henri Polier de Vernand, lieutenant baillival et du vén. Consistoire de

Lausanne. Sçavoir faisons, qu’en suite des ordres des illustres et puissans seigneurs duConsistoire suprême, en date du 31 d’août dernier, nous aurions mandé venir par devant nousle nommé Bettlehem, dit être heimathlos, garçon cordonnier chez Mtre. Charlet, rue et paroissede St. François, en cette ville, n’ayant pas pu procurer assemblée du vén. Consistoire !

Ledit Bettlehem interrogé de son nom, surnom, âge, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle Nicolas Bettlehem, landssass, dans le louable canton de Berne,

âgé de 23 ans, cordonnier de profession, domicilié en cette ville depuis neuf semaines.Produisant un billet de communion du 15 juin 1780, signé et scellé par Mr. le révérend pasteurEggenmann, de Bremgarten, par lequel il conste qu’il a communié à pâques 1775.

Interrogé où il est né, et s’il n’a point d’extrait baptisitaire.Rép. : Qu’il croit être né à Reichenbach, et qu’il n’a aucune connoissance de son père

ni de sa mère.Interrogé s’il a eu commerce charnel avec Anne Schindler, de Rothembach.

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Rép. : Que oui, dans le courant du mois de mars dernier à Bremgarten, près de Berne,où elle demeuroit.

Interrogé s’il est dans l’intention d’épouser ladite Anne Schindler.Rép. : Que oui, et qu’il se propose de partir samedi prochain 9 du courant pour se

rendre auprès d’elle et conclure cette affaire.Lecture faite, a persisté.Ledit Bettlehem a été requis de donner sa signature.Signé : Nicolas Bettlehem.

[p. 518]Pour foi de quoi nous avons muni le présent de notre sceau près de la signature de

notre secrétaire consistorial, Lausanne ce mardi 5 7bre. 1780, trois heures de relevée.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.[-] Comparoissance de Jacob Bipper.Compart Jacob Bipper, boulanger, habitant de cette ville. Lecture lui a été faite de la

plainte que Philippe Hoffroc, grenadier, a rendue, qu’étant de service pendant le secondsermon, le jour du Jeûne, ledit l’auroit injurié et menacé.

Ledit Bipper passant négative, ledit Hoffroc auroit été entendu en contradictoire, etBipper, en suite des exhortations qui lui ont été faites, a reconnu Hoffroc pour un honnêtehomme, ne lui voulant aucun mal.

La vén. Chambre veut bien se contenter des soumissions dudit Bipper. Les sûretés luiont été imposées, et on l’a grattifié de l’émolument après que l’un et l’autre se sont donné lamain de paix.

[-] Concernant les jugaux de Glan.Mr. le président met sur le bureau le rescrit du Consistoire suprême du 31 août dernier,

concernant les jugaux de Gland, dont la teneur suit. Présentant les copies des mandats decitation adressés aux parties, joint du rescrit du 31 août 1780.

Plus un double des lettres de divorce entre lesdits jugaux, du 18 7bre. Lequel devra êtreremise à Mr. de Gland après l’inscription au registre.

Lausanne.Tit. et alloc.Pour entendre en contradictoire les jugaux divisés, Mr. Benjamin de Gland et la Dame

Françoise, née Ausset, pour terminer s’il est possible cette cause matrimoniale qui dure depuissi longtems. Nous avons marqué jour aux parties pour paroître par devant notre tribunalsupérieur au lundi 18 du mois de 7bre. prochain.

En conséquence, nous vous chargeons amiablement de procurer au jour fixé auxparties, la citation du mari et de la femme. Que si cette dernière se trouvoit encore à Genève,vous aurez soin d’y procéder en la manière accoutumée et conforme à l’usage.

[p. 519]Vous ne manquerez point de nous aviser si les cittations auront été bien faites.Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 31 d’août 1780.Reçue le 4e. 7bre. 1780.Illustres, hauts et puissans et vénérables seigneurs.En conformité des ordres de vos grandeurs, à la date du 31 du mois dernier, pour

assigner les jugaux de Gland, de Lutry, à paroître en personne à leur haute audience le lundi18 septembre. L’une et l’autre des parties ont bien reçu leur exploit. Dont acte. La Dame deGland avoit été avisée de faire certifier de sa signature par quelque pasteur ou magistrat, maiselle s’est trouvée à la campagne et hors de portée. La vivacité avec laquelle ont l’excite àpoursuivre son divorce est un garand presque sûr, qu’à moins d’obstacle de maladie grave,elle se rendra ponctuellement à la citation.

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Nous avons l’honneur d’être avec un profond respect, illustres, hauts, puissans etvénérables seigneurs, vos très humbles et très obéissans serviteurs. Le président, les pasteurset assesseurs du Consistoire de Lausanne, et de leur part le secrétaire soussigné.

Lausanne, ce mercredi 13 7bre. 1780.Vullyamoz.[-] Nro. 28.Lausanne.Tit. & alloc.A l’audience de ce jour, ont paru par devant nous, Mr. Benjamin de Gland, de Lutry,

domicilié dans votre ressort, assisté par Mr. le professeur Porta, et sa femme, FrançoiseAusset, assistée de Mr. l’avocat Tschiffeli. Lesquels, par les raisons contenues dans la lettre dedivorce ci incluse, nous avons séparés l’un de l’autre pour toujours. Nous vous chargeonsamiablement d’inscrire ladite lettre de divorce où il appartiendra, et de la remettre ensuite àMr. de Gland. Sa femme, qui l’étoit ci devant, ayant déjà reçu de notre part le double qu’elledoit avoir. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 18 7bre. 1780.

Reçue le 22 7bre. 1780.[p. 520]

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la république de Berne.Sçavoir faisons par les présentes, que par devant nous a comparu Dame Françoise de Gland,née Ausset, assistée de Mr. l’avocat Tschiffeli, demandant par les raisons contenues au verbal,à nous connues, pleine séparation et divorce d’avec son mari, le Sr. Benjamin d’Egland.

Partant, nous avons, en vertu de la loi et du pouvoir à nous compétent, annullé etenlevé par les présentes, le lien du mariage jusques ici subsistant entre ledit Sr. de Gland et laDame son épouse, née Ausset, vu l’incompatibilité d’humeur devenu insurmontable entr’eux,tous les moyens de réconciliation ayant été infrutueux, ainsi que pour autres raisons graves ànous suffisamment connues. Voulont et entendant que les parties respectives ne puissent seremarier avant le terme écoulé d’une année dès la date de ce jour.

Nous avons de même, pour des raisons suffisantes, compensés tous les fraisoccasionnés par cette contestation, entre les parties, les renvoyant quand aux intérêts civil entraite entr’eux, à leur juge compétent. Donné sous notre sceau accoutumé, et la signature denotre secrétaire, ce 18 septembre 1780.

Signé : Gabriel de Werdt, secrétaire du Consistoire suprême.[-] Comparoissance de la femme Bourgeois.Mr. le président présente le rapport de la garde du dimanche 17 7bre. 1780, portant que

les guets Antoine Mercier et Barraux auroient informé d’une dance fort avant dans la nuit,dans la maison de Mr. le secrétaire oeconnomique Vullyamoz, au bas d’Etraz, où le SieurBourgeois tient une guinguette dite fort suspecte, et que de plus ils auroient entendus jouer duviolon après dix heures.

Lesdits guets paroissants, ont confirmé leur déclaration.La femme dudit Bourgeois paroissant au nom de son mari, n’a point disconvenu du

rapport des guets, mais elle a fortement assuré qu’il n’y avoit point de femmes.Sur quoi délibéré, on veut bien dispenser ledit Bourgeois, moyennant dix baches pour

les guets Mercier et Barraud, et l’émolument du secrétaire et de l’huissier.Mr. le révérend doyen Leresche nous fait rapport qu’il lui auroit été remis hier 27 du

courant des annonces entre Isaac, fils d’Antoine [p. 521] Bruel, petit bourgeois de cette ville,et Jeanne Françoise, fille de feu David Olivier, bourgeois de St. Cierge.

Sur l’information qui a été donnée que ledit Bruel n’a pas 25 ans, et que parordonnance des seigneurs du Conseil en date du 22 du courant, il doit être réduit à laDiscipline, Mr. le révérend doyen Leresche a été authorisé à ne pas publier lesdites annonces

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jusqu’à ce que les seigneurs du Conseil, à qui cette affaire est defférée, ayant donné leurconsentement au mariage projeté dudit Bruel.

A ce sujet, il sera donné brevet à Mr. le conseiller Destallents pour en faire rapportauxdits honorés seigneurs du Conseil.

Le brevet a été expédié le vendredi matin 29 7bre. 1780.[-] Jn. Conrad Schue et la Fornerod.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de Leurs Excellences du Sénat concernant

Conrad Schue et Marianne Fornerod, d’Avenches, du 25 7bre., dont la teneur suit pourdirection à l’avenir.

Nous, le lieutenant et Conseil de la ville et république de Berne, très noble, cher et féalbaillif. Salut.

Jean Conrad Schue, de Strasbourg, garçon cordonnier, présentement habitué àLausanne, nous a présenté par votre canal une humble requête pour avoir la permission defaire bénir son mariage avec Marianne Fornerod, d’Avenches, enceinte de ses œuvres,promettant expressément, ledit Schue, de se procurer dans peu une bourgeoisie qui nous seroitagréable. Mais nous l’avons entièrement éconduit de sa demande. Ordonnant qu’avant touteschoses, ledit Schue se mette en état par le secours des parents de sa fiancée, d’acquérir unebourgeoisie que nous puissions agréer. Après quoi il se présentera par devant nous pourobtenir notre agrément. Ce dont vous l’informerez pour se conduire. Dieu vous ait en sa sinteet digne grâce. Donné ce 25 7bre. 1780.

Reçue le 27 7bre. 1780.Avec une note de la chancellerie qui réclame 18 baches.

[p. 522][-] Comparoissance des jugaux Charlet.Paroissent les jugaux Charlet, ferratier, habitant de cette ville. La femme dudit Charlet,

née Dubri, ayant présenté ses plaintes contre son mari, par écrit, des plus graves, lecture enayant été faite.

Etienne Charlet expose très respectueusement pour sa justification bien des raisonsfort longues pour sa justification, pour effacer les reproches que sadite femme lui fait.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre voiant avec beaucoup de déplaisir cette désunionentre lesdits jugaux, il leur sera adressé des exortations très sérieuses pour les engager à vivreen paix, et à se supporter l’un et l’autre.

Ledits jugaux rentrés, les sûretés ont été imposées au mari, et ils se sont touchés lamain pour preuve de réconciliation.

[-] Comparoissance de Elisabeth Duport et Mr. Hemeling.En suite de cause, paroissent Elisabeth Duport et Mr. Hemeling. Il échet à ce dernier

de faire convenir par devant la vén. Chambre, les Sieurs Megevan et Caulet qui avoient étéassignés.

[-] Comparoissance des Srs. Megevan et Caulet.L’un et l’autre s’étant présentés.Lesquels paroissants, ladite Duport a été interpellée si elle ne faisoit aucune opposition

à ce qu’ils fussent entendus.Elle a répondu qu’elle les regardoit comme d’honnêtes gens, dont elle réclameroit la

déclaration en cas de besoin.Sr. Memevan (sic : Megevan) resté seul.1°. interrogatoire : S’il n’a pas vu le Sieur L. Lambelet, orphèvre et penduliste, venant

visiter la nommée Isabeau Duport, ci devant polisseuse dans votre laboratoire, familliarisantavec elle, sortant fort tard et souvent avec elle dudit laboratoire, et se promenant à environ dixheures du soir.

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Rép. : Que ledit Lambelet étoit venu chez lui apporter à ladite Duport des bas et autreschoses à raccomoder. Qu’ils sont sortis fréquemment ensemble à la fin du travail, qui duroitjusqu’aux environ de neuf heures et demi et dix heures du soir. Qu’il les a rencontrés sepromenant de jour sur la place de Monbenon, mais qu’il n’a apperçeu aucune familiaritéindécente.

2°. S’il ne sçait rien sur sa conduite, le caractère et l’humeur dedite Duport.Rép. : Qu’il n’a rien à dire sur sa conduite, sinon qu’elle n’étoit pas active dans son

travail.[p. 523]

3°. Si vous ne connoissez d’autres personnes qui l’ayent visitée, et d’autres quipuissent répondre aux interrogats ci devant.

Rép. : Que non.Relu, ratifié.David Caulet rentré, lui a été adressé les interrogats ci après.1°. Si vous n’avez pas vu le Sr. Lambelet, orphèvre et penduliste, venant visiter la

nommée Isabeau Duport, ci devant polisseuse dans votre laboratoire, familiarisant avec elle,sortant fort tard et souvent avec elle dudit laboratoire, et se promenant à environ dix heures dusoir.

R. : Qu’il a vu le Sr. Lambelet qui venoit quelques fois auprès de ladite Duport, sortiravec elle à la fin du travail, envion 9 heures et demi du soir, que ledit Lambelet s’introduisoitdans la boutique pour emprumpter des outils et faire voir ses ouvrages.

Que du reste, il n’a apperçu entr’eux aucune familiarité irrégulière et indécente, etqu’il ne les a point vu se promener ensemble.

2°. S’il ne sçait rien sur sa conduite, le caractère et l’humeur de ladite Duport.R. : Qu’il n’a rien à dire sur sa conduite qu’il a connue à Genève où elle travailloit

dans la même boutique que lui, et qu’il n’a rien appris contre ses mœurs.3°. S’il ne sçait rien sur sa conduite, le caractère et l’humeur de ladite Duport (sic :

l’interrogat 3 demande en fait : Si vous ne connoissez d’autres personnes qui l’ayent visitée,et d’autres qui puissent répondre aux interrogats ci devant. Voir début de la page 523).

R. : Que non.Relu, ratifié.Ladite Duport et Mr. Hemeling rentrés. Après avoir entendus les rapports des témoins.Ce dernier prie la vén. Chambre de lui accorder la 15ne. pour se réfléchir, et de retarder

jusques alors l’expédition de la procédure.A quoi ladite Duport consent, quoi qu’il lui importeroit extrêmement que cette

malheureuse affaire fut terminée le plutôt possible.[-] Concernant le Sr. Sergent, tailledoucier, et Heniette Bouttmi.Monsr. le président informe la Chambre, qu’ayant appris le mariage du tailledoucier

Sergent, parisien et catholique, avec une fille du pays, il l’auroit mandé venir produire l’actede célébration, dont copie comme suit.[p. 524]

Du mardi 5 7bre. 1780.Serjent, se disant parisien, imprimeur tailledoucier, mandé venir, a fait voir l’extrait de

son mariage.Copie.Jean Denis Serjent, âgé de 28 ans, a fait bénir son maraige avec Henriette Bouttmy, de

Morges, âgée de 36, à Sornetan le 18 août 1780.Par ordre du pasteur malade.Signé : Liomin, ministre.[-] Concernant Elisabeth Klau, mère de l’enfant naturel Dan. Schwachein.

232

Monsr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême concernant Elisabeth Klau, de Signau, mère de Daniel Swachham, dit deLausanne, du 18 7bre. 1780, dont copie suit.

Par délibération de la Chambre, ledit rescrit sera remis à Mr. le conseiller Destallentspour le communiquer aux seigneurs du Conseil de demain 29 du courant. Le brevet a étéexpédié ledit jour.

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Vous voyez par la requête ci incluse d’Elisabeth Klau, de Signau, qu’elle souhaiteroit

que notre sentence du 29 juin 1762 fut inscrite dans vos registres, sentence qui adjugeoitcomme ilégitime au docteur François Rodolph Schwachheim, votre bourgeois, d’après desaveux par écrit, l’enfant garçon dont ladite Klau a ensuite accouché. En conséquence, nousvous envoyons l’extrait ci joint de notre registre. Vous [p. 525] chargeant amiablement par lesprésentes, d’exécuter ce qui est demandé ci dessus, et de nous envoyer dans le délai d’un moisun acte authentique de bourgeoise en faveur de l’enfant garçon, baptisé sous le nom deDaniel, qui a été adjugé audit Mr. Scwachheim. Nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 18 7bre. 1780.

Illustres, hauts, puissans, vénérables seigneurs.On voit par l’extrait baptistaire authentique ci dessus, que l’humble suppliante,

Elisabeth Klau, de Signau, auroit accouché dans la capitale en 7bre. 1761, d’un enfant garçonbaptisé sous le nom de Daniel, qu’elle auroit conçu hors du mariage, de Mr. RodolpSchwachheim, alors bourgeois de Lausanne, qui a bien reconnu en être le père. En sorte quevos illustres seigneuries, sur le vu des aveux par écrit dudit Schwachheim, lui auroit déjàadjugé à la date du 29 juin 1761 l’enfant qui devoit naître.

Jusqu’à l’âge de 14 ans, la suppliante a reçu du grand père dudit Schwachheim unepension annuelle de 14 crones pour l’entretien dudit enfant. Mais dès lors a été entièrement àsa charge. Dans ces circonstances, l’humble suppliante avoit lieu de croire que par les ordresprudens et conformes au loix de vos illustres seigneuries lors de l’adjudication de l’enfant,son droit de bourgeoisie lui auroit assuré. Mais son étonnement à été extrême d’apprendre queson fils, qui travaille présentement à Basle en qualité d’étendeur de bas, ayant écrit au trèshonoré seigneur baillif de Lausanne, il auroit eu pour réponse de son secrétaire, en date du18e. de janvier 1780, qu’on ne trouvoit aucune inscription à son sujet, ni dans les registres dela ville de Lausanne, ni dans ceux du Consistoire.[p. 526]

Comme il importe extraordinairement à l’humble suppliante, ainsi que mère de cemalheureux enfant illégitime, que son droit naturel de bourgeoisie lui soit conservé, elle vientimplorer bien humblement vos illustres seigneuries, de vouloir bien ordonner au Consistoireinférieur de Lausanne, d’inscrire où il conviendra la sentence rendue par vos grandeurs le 29juin 1761, et qu’il soit remis par la Chambre compétente un acte authentique de bourgeoisie àsondit fils.

Ce qu’obtenant, &c. &c.Extrait du registre du Consistoire suprême de la ville et république de Berne, nro. 81,

fol. 443.On trouve dans les registres, la lettre de Birr, concernant Mr. le docteur Schwachheim

et Elisabeth Klau de Signau, exactement inscrite.# L’enfant, dont ladite Elisabeth Klau est enceinte, a été adjugé d’ors et déjà comme

illégitime, avec toutes les suites, à Mr. François Rodolph Schwachheim.Pour extrait collationné.Signé : Chancellerie du Consistoire suprême de la ville et république de Berne.

233

[p. 527]19 octobre 1780

Du jeudi 19 8bre. 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, celui des Croisettes, conseiller Destallents, assesseur Bergier et secrétaireVullyamoz.

[-] Jne. Catherine Chapuis ; Pre. Elie Chapuis.Le paquet concernant Jeanne Catherine Chapuis, d’Epalinges, et Pierre Elie Chapallaz,

de Chapelles, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême le mercredi 4 8bre.1780.

[-] Madeleine Bill et Jean Scherzinger.Le mecredi 11 dudit 8bre., a été de même expédié à nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, l’interrogatoire fait à Jean Scherzinger, de Vittveil, le 8 8bre. 1780, sur laclame de mariage et de paternité que forme contre lui Madeleine Bill, de Münchenbuchsee, ensuite de leur rescrit du 25e. 7bre., dont la teneur suit.

[-] Lausanne.Tit. & alloc.Le Consistoire de Münchenbuchsee nous a informé que Madeleine Bill, leur

bourgeoise, ci devant servante à Lausanne, auroit accouché d’un enfant garçon le 14 ducourant, et que précédemment, de même qu’à l’instant de sa délivrance, elle auroit persisté àcharger de la paternité de son enfant le nommé Jean Scherzinger, de Vittveil, bailliage deFrauenfeld, en Turgovie, garçon tisserand à Lausanne. Lequel s’est engagé par diverses lettresproduites, d’épouser ladite Bill, pourvu qu’elle put lui donner en mariage la somme de 200goulders. Ayant aussi manifesté que, sans autre, il prendroit l’enfant à lui, s’il naissoit auterme indiqué. Nous vous chargeons amiablement de faire paroître ledit Scherzinger pardevant vous, de l’aviser de l’accouchement qui a suivi, et de nous [p. 528] adresser sans retardla réponse qu’il aura faite. Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 25 7bre.1780.

Du dimanche 8e. 8bre. 1780, 3 heures après midi.Nous, Jean Henri Polier de Vernand, lieutenant baillival et du vén. Consistoire de

Lausanne. Sçavoir faisons qu’ayant reçeu un rescrit de nos illustres et puissans seigneurs duConsistoire suprême en date du 25 du mois de 7bre. dernier, pour informer le nomméScherzinger de la clame de mariage et de paternité que forme contre lui la nommée MadeleineBill, de Münchenbuchsee, nous aurions fait chercher ledit Scherzinger en cette ville. Lequels’est trouvé dans une campagne à demi lieue d’ici. Et comme nous n’avons pas pu procurerl’assemblée du Consistoire à cause des vendanges dont on est fort occupé actuellement, nousavons pris le parti, pour accellérer, de le mander venir par devant nous. Et ledit Scherzingerayant obéi à la citation qui lui a été donnée, a répondu comme suit.

Interrogé de son nom, surnom, âge, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle Jean Scherzinger, fils de Jean Scherzinger, de Uutveil, baillage de

Frauenfeld, dans la Turgovie, agé de 30 ans, tisserand de profession, ouvrier depuis 4 anschez Mtre. Jean Louis Corbaz, du Mont, ressort de ce Consistoire.

Interrogé s’il connoît Madeleine Bill, de Münchebuchsee.Rép. : Que oui, qu’il a connue à la tuillière du Loup où elle demeuroit à quelque

distance de la maison de son maître Corbaz.Interrogé s’il a donné par écrit quelques promesses d’épouser ladite Bill si elle pouvoit

apporter en mariage la somme de 200 gouldes.[p. 529]

234

Rép. : Qu’il est bien vrai qu’il a écrit au père de la fille que s’il étoit en état de luidonner 200 gouldes, il l’épouseroit, mais qu’il ne s’est point exécuté. Ajoutant que ledit Billvouloit qu’il passât engagement de se contenter de cette somme de 200 gouldes pour tout lebien que sa fille pouvoit attendre de lui, et qu’aucun notaire n’a voulu passer le contrat, nevoyant point que le père eut la faculté de délivrer une pareille somme. En sorte que lecomparant se refuse entièrement à épouser ladite Bill puisque par la constitution de son pays,il seroit obligé de perdre sa bourgeoisie.

Interrogé s’il reconnoît la paternité de l’enfant garçon dont Madeleine Bill estaccouchée le 14e. 7bre. dernier.

Rép. : Qu’il auroit bien souhaité que ladite Bill, avant de quitter Lausanne, l’eutinformé juridiquement de sa grossesse, pour faire connoître le tems où elle comptoitd’accoucher, et avoir par là une plus grande certitude que l’enfant lui appartenoit. Maiscomme il n’a aucune faculté pour suivre à un procès, il prend le parti d’accepter la paternitédudit enfant, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui seul au bout desix mois dès la date de la naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage denourice, selon le prescrit des loix consistoriales.

Il se recommande bien humblement aux grâces des illustres seigneurs juges, qu’il leurplaise de ne pas le condamner aux frais de ladite Bill, puisque sa procédure n’a pas étéabsolument régulière, et que la profession qu’il exerce rend à peine de quoi subvenir à sonentretien le plus étroit.

Lecture faite, a persisté.Signé à la minute : Jean Scherzinger, de Utveil en Turgovie, bailliage de Frauenfeld.En témoin de quoi, nous avons muni le présent de notre sceau, près la signature du

secrétaire consistorial, Lausanne ce 8me. 8bre. 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.

[p. 530][-] Concernant Jeanne Marie Bonard et Adam Sébastien Regamey.Plus, ledit jour 11 8bre., il a été écrit une lettre au Consistoire de Mont la Ville pour les

inviter à clore la procédure de paternité entre Jeanne Marie Bonard, de La Praz, et AdamSébastien Regamey, de Lausanne, dont la teneur suit.

Messieurs,Monsieur notre président a bien reçeu le 4me. 7bre. la lettre que Mr. le révérend Détraz

lui a écrite de votre part, en date du 27 août dernier, concernant l’accouchement de JeanneMarie Bonard, de La Praz, arrivé le 26 dudit. Dans lequel elle a confirmé légalement sesprécédentes accusations, & persisté à dire qu’Adam Sébastien Regamey, de Lausanne, étoitbien le père de l’enfant qu’elle alloit mettre au monde.

Dès lors, notre Consistoire est resté sans pouvoir agir parce que ladite Bonard n’apoint produit l’extrait baptistaire de son enfant, qu’elle a négligé de se présenter et de faireassigner sa partie pour être entendue en contradictoire, ainsi qu’il est ordonné par le rescrit du26 juin 1780, dont vous devez, Messieurs, avoir reçu une copie par le courier du mecredi 12juillet dernier.

On croioit que la procédure cheminoit, ayant appris que David Regamey, père del’accusé, avoit assisté au baptême de l’enfant, lorsque tout à coup, l’Honnête Jacob Bonards’est rendu ici le mecredi 4 du courant mois d’8bre., pour demander si la sentence étoit venuede Berne. Ce qui a beaucoup étonné Monsr. le président.

J’ignore si ladite Bonard insiste sur sa clame de mariage, auquel cas il y auroit lieud’en informer l’illustre Consistoire suprême. Mais dans la supposition qu’elle s’en tienne à lacause de paternité qui est en bon train, je prends la liberté de vous observer qu’après avoir faitparoître Regamey, et couché écriture de l’aveu de paternité, vous êtes très compétens de luiadjuger l’enfant selon le [p. 531] rescrit de LL. EEces. du Sénat du 8 février 1780, dont votre

235

seigneur baillif vous aura sans doute fait part. Vous y verrez qu’il faut envoyer un verbal de lacause, avec le baptistaire de l’enfant, accompagné de 20 batz pour la lettre à écrire auConsistoire du père.

J’ajoute que si vous différiez davantage d’assigner ledit Regamey, et qu’il vint à sedépayser, ou à mourir (quoi que la démarche d’avoir fait baptiser l’enfant soit d’un grandpoids dans cette cause), la procédure ne laisseroit peut être pas de prendre une nouvelletournure qui entraîneroit des longueurs dispendieuses pour les parties, et vous occasionneroitquelque embarras.

Que si Regamey fesoit défaut à la première citation, sans raison plausible, ou quelqueempêchement dirimant, ce seroit alors le cas de prendre les ordres de l’illustre Consistoiresuprême pour la suite.

Vous voyez, Messieurs, comme nous en agissons dans des circonstances où il estsensible qu’il est de notre intérêt d’elliminer cette pauvre infortunée de l’état qu’elle doitavoir, si le père venoit à manquer de facultés pour l’entretenir.

J’ai l’honneur d’être, avec une considération distinguée. Messieurs, votre, &c.Lausanne ce mercredi 11 8bre. 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit de l’illustre Chambre

suprême, en date du 9e. 8bre. 1780, concernant Jeanne Marie Bonard, de La Praz, et AdamSébastien Regamey, de Lausanne, dont la teneur suit.[p. 532]

[-] Lausanne.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous avons déjé été informé à la date du 19e. 7bre. par Mr. le pasteur de Cuarnens et de

Mont la Ville, que Jeanne Marie Bonard, de La Praz, auroit mis au monde le 26 du moisd’août dernier, un enfant fille.

Présentement que nous avons voulu revenir sur cette affaire, il s’i est trouvé que laclame de mariage et de paternité élevée par devant vous entre ladite Bonard et AdamSébastien Regamey, bourgeois de Lausanne, n’étoit point encore jugée.

En conséquence, nous vous chargeons amiablement de nous aviser de la suite de cetteaffaire, et d’interpeller le père dudit Regamey pour sçavoir de lui s’il persiste dans sesoppositions au mariage des parties.

Sur quoi, nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 9e. 8bre. 1780.David Regamey, père, a été assigné à paroître scéans, et ledit s’étant présenté.Interpellé s’il persiste à s’opposer au mariage des parties.Rép. : Qu’il continue à s’opposer au mariage de son fils avec ladite Jeanne Marie

Bonard, vu le peu de faculté de l’un et de l’autre.Sur quoi délibéré, la Chambre prend la liberté d’observer à nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, qu’elle n’a point put suivre à la procédure de Jeanne Marie Bonard,parce qu’elle ne s’est point présentée après avoir fait ses [p. 533] couches à La Praz. Qu’ellen’a point rapporté l’extrait baptistaire de son enfant, ni fait assigner sa partie sur la clame demariage, auquel on ignore si elle persiste. Il a été écrit à ce sujet une lettre le 11 du courantmois d’8bre. au Consistoire de Mont la Ville, pour redonner de la vivacité à cette procédure quilanguissoit depuis le 26 du mois d’août.

En sorte que nos illustres seigneurs du Consistoire suprême sont instamment priésd’ordonner au Consistoure de Mont la Ville, de perfectionner la clame de paternité qui est enbon train. Expédition de ce que dessus sera adressé à nos illustres seigneurs par le courier desamedi prochain, 21 du courant.

[-] Concernant Jeanne Catherine Chapuis et Pierre Elie Chappallaz.

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Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême du 9e. 8bre. 1780, concernant Jeanne Catherine Chapuis et Pierre ElieChappallaz, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 36.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous vous chargeons amiablement de faire instruire exactement dans la Religion du

serment [par] Messieurs vos pasteurs, les nommés Jeanne Catherine Chapuis, d’Epalinges, etPierre Elie Chapallaz, de Chapelles, domiciliés dans votre ressort. Après quoi, ils serontassignés à paroître par devant nous au jeudi 30 8bre. prochain, pour être entendus encontradictoire. Vous y ajouterez l’ordre exprès de se rendre par devers les honorés seigneursmembres eclésiastiques de notre Chambre, la veille de leur comparoissance, lorsque l’une etl’autre de ses choses auront été exécutées.

Vous ne manquerez point de nous en donner avis, et d’ajouter au verbal des certificatsde vie et mœurs sur la conduite précédente des parties. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 9e. 8bre. 1780.

Reçue le lundi 16 8bre. 1780.[p. 534]

[-] Epalinges. Nro 35.Tit. & alloc.Après qu’il a été connu que Jeanne Catherine Chapuis, votre ressortissante, et Pierre

Elie Chappallaz, de Chapelles, seroient instruits sur l’importance du serment, au sujet de lacause de paternité ventillante entr’eux, nous vous chargeons amiablement d’être bien attentif ànous envoier un certificat de vie et mœurs pour votre ressortissante, avant la date du 30 9bre.prochain, jour fixé pour la prestation dudit serment.

Dieu soit avec nous. Donné ce 9e. 8bre. 1780.Reçue le 16 8bre. 1780.Pierre Elie Chappallaz, duement assigné, paroissant. Lecture lui a été faite dudit

rescrit.Sur les exhortations qui lui ont été adressées par Messieurs nos révérends pasteurs,

s’est reconnu père de l’enfant fille de Catherine Chapuis, née le 12 7bre., et baptisée le 24 dit7bre. 1780, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenue par lui seul, en donnantà la mère trois crones pour son gage de nourice, au bout des six mois dès la date de sanaissance. Il se recommande bien humblement pour les frais aux bontés de nos illustresseigneurs, n’étant que cultivateur qui bénéfice le produit de son travail journailler.

Expédition de ce que dessus sera adressé à nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême par le courier du samedi 21 du courant mois d’8bre. 1780.

[-] Concernant Jeanne Louise Rumph et Benoît Vuyssieres.Mr. le président met sur le bureau la déclaration de Jeanne Louise Rumph à l’instant de

ses couches, et du baptême de l’enfant fille, dont la teneur suit.Du mecredi 27e. 7bre. 1780, environ 3 heures du matin.

[p. 535]Nous les soussignés, Jaques Adam Favre, surveillant au Mont, et François Albert

Rouge, régent audit lieu, ayant été requis par Madeleine la veuve Olevey, veuve de PierreRumph, de Schwarzebourg, pour entendre la déclaration de sa fille Jeanne Louise Rumph, denous bien connue, à l’instant de ses couches, nous sommes transportés tout de suite auprèsd’elle, et l’avons trouvée au travail d’enfant, dans la maison de sa mère, dit Rière le PetitMont. Après avoir fait les exhortations les plus graves et les plus sérieuses à ladite Rumph surla déclaration qu’elle alloit faire dans les circonstances critiques et périlleuses où Dieul’appelloit. Elle a constamment persisté à dire que sans faire tort à sa conscience, elle ne

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pouvoit nommer pour père de son enfant, aucune autre personne que Benoît Vuissieres, duRouergue, ci devant garçon chauderonnier chez Mtre. Guibert, rue St. Jean à Lausanne,confirmant ici en la meilleurs forme sa déclaration du 11 mai dernier au v. Consistoire.

Ladite Rumph a été bientôt délivrée d’une enfant fille, environ six heures du matin,par un accouchement heureux. En témoin de quoi nous avons signé le présent, pour servir oùbesoin sera. Au Mont le susdit jour 27e. 7bre. 1780.

Signés : Adam Favre, surveillant au Mont : François Albert Rouge, régent audit lieu.Du dimanche 15 8bre. 1780, 11 heures avant midi.Jeanne Marie Jaton, veuve de Jacob Duclou, du Mont, accoucheuse, déclare qu’elle

auroit examiné avec soin l’enfant fille de Jeanne Louise Rumph, de Schwarzenbourg, née le27e. 7bre. dernier, pour connoître son âge, et que ladite enfant est bien viable, à terme et debonne venue. Elle a été baptisée à l’église du Mont le dimanche 1er. du courant mois d’8bre.par Mr. le révérend pasteur Bugnion, sous le nom de Jeanne Gabrielle.

Lecture faite, a persisté.[p. 536]

Ladite Rumph paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration, qu’elle a confirméeen tout son contenu, ayant de plus produit 4 lettres qui ont été lues.

1 lettre de François Guibert, Morges 18. 8bre., au secrétaire.Une lettre de Benoît Vuissiere, Morges 16 7bre., à la Rumph.Deux lettres de l’huissier Coyetau à Mr. le bachelier Mellet, des 29 août et 11 8bre.

1780.Sur quoi délibéré, la Chambre ordonne que ledit Vuyssiere, domicilié à Morges, sera

cité par lettres à paroître dans la 15ne., tombant au 2 9bre.[-] Concernant Jacob Mantz et Elisabeth Sigris.Compart Jacob Mantz, de Marthelen, bailliage de Kybourg, canton de Zürich, auquel il

a été demandé s’il étoit en état de payer à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême 200batz pour émolumens dûs le 24 juillet et le deux 8bre. 1780, au contenu de leur rescrit du 28bre., dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 34.Tit & alloc.A la date du 24 juillet dernier, Jacob Mantz, du canton de Zürich, étoit demeuré nous

devoir l’émolument de la Chambre ci bas spécifié, en suite d’un procès pour clame demariage et de paternité qu’il a soutenu contre Elisabeth Sigrist, de Sigisweil. Dès lors ledits’est évadé de la capitale pour se rendre à Lausanne au bureau typographique de Heubach, etle deux du courant mois d’8bre., au sujet de cette même affaire, l’émolument s’est encoreaugmenté, selon la note cy annexée.

Sur ce nous vous chargeons amiablement par les présentes, de contraindre sans délai,et de la manière la plus sérieuse, ledit Jacob Mantz, de Murthalen, garçon imprimeur, à payercet émolument, que vous ferez parvenir à notre secrétaire. Nous vous recommandons à laprotection divine. Donné ce 4 8bre. 1780.[p. 537]

1780 juillet 24. Doit Jacob Mantz, de Marthalen, canton de Zürich, pour une sentence,deux lettres dans le pays et une hors du pays, cy 130 batz.

8bre. 2. Pour deux lettres dans le pays et une du hors du pays. 70 batz.________

Batz 200Reçue le 9e. 8bre. 1780.[-] Comparoissance de Jacob Mantz.Ledit Jacob Mantz, après avoir entendu la lecture dudit rescrit, a répondu qu’il étoit un

pauvre garçon qui relève de maladie et ne gagne que quatre francs par semaine. Il fera son

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possible pour acquiter cet émolument, en procurant des retenues auprès de son maître le Sr.Ygnou du montant de dix baches.

[-] Arrêt souverain concernant le serment des membres des consistoires inférieurs.Mr. le président met sur le bureau un arrêt de Leurs Excellences du 200 concernant les

sermens que doivent pretter les membres des Consistoires inférieurs, en date du 15. 7bre. 1780.Nous, l’advoyer, petit et grand Conseil de la ville et république de Berne, très noble,

cher et féal baillif. Salut.La diversité qui se rencontre dans le serment que prêtent les membres des Consistoire

de nos ville, terres et communautés du Pays de Vaud, de même que les devoirs pénibles dontils sont chargés par ce serment, en plusieurs endroits, d’une manière plus ou moins étendue,nous ont portés à demander une révision de cette matière. Sur quoi, ouï le rapport qui nous aété fait, nous avons ordonné qu’à l’avenir tous les membres des Consistoires, tant de nosvilles, terres et communautés du pays allemand que du Pays de Vaud (à l’exception des casqui regardent l’adultère), devroient être tenus de pretter exactement le même et semblableserment qui est intimé aux membres de notre Consistoire suprême, tel qu’il est transcrit dansle code consistorial du Pays de Vaud aux pages 117-118. A quel effet, lorsque l’on fera prêterserment à un nouveau membre d’un Consistoire du Pays de Vaud, on lui lira lecommencement [p. 538] du serment conçu en ces termes. « Jurent, les juges et assesseurs desConsistoires subalternes, d’être fidèles et loyaux, &c. ». Et à la fin, on ajoutera : « … commeaussi de tenir la main surtout, avec fermeté, à l’exercice de nos loix touchant la fornication. Letout de bonne foi, sans dol ni fraude ».

Au moyen de la présente ordonnance, les assesseurs des Consistoires à l’avenir serontliés par leur serment à être diligemment assidus aux Consistoires, d’où il suit de soi même quel’amende imposée à fol. 105 dans le code consistorial du Pays de Vaud, à ceux quinégligeroient de siéger à l’assemblée, ne peut plus avoir lieu.

C’est ce dont nous vous donnons avis, avec ordre de faire inscrire la présenteordonnance dans le livre du Château, où il appartiendra pour règle fixe et constante dans lasuite, aussi bien que d’en coucher écriture sur le registre du Consistoire. Et conséquemment,d’assermenter tous les membres des Consistoires de votre bailliage en la manière ci dessus,comme vous saurez bien faire. Dieu vous ait en sa bonne et sainte garde. Donné ce 15e. 7bre.1780.

[-] Comparoissance d’Elisabeth Duport et Mr. Hemeling.En suite de cause, paroissent Elisabeth Duport et Mr. Hemeling. Il échet à ce dernier,

vu le terme qu’il a demandé de 15ne. pour se réfléchir, a fait assigner scéans par lettresproduites, les Srs. Megevan, Caulet et Petit, aux fins d’être entendus sur les interrogatsrécolatoires qui leur ont été communiqués, de même qu’à Elisabeth Duport.

Lesdits Sieurs Megevan, Petit et Caulet paroissants.Mr. Megevan resté seul.1°. Interrogé si la nommée Isabeau Duport ne témoignoit pas de la passion et des

extravagances dans ses discours.Rép. : Que ladite Duport tenoit quelques fois des propos extraordinaires dans le tems

qu’elle se disoit enceinte de Mr. Hemeling, prétendant qu’elle étoit parente de plusieurspersonnes nobles. Que c’étoit à la noblesse à la relever. Qu’elle étoit de son parti, et que Mr.Hemeling devoit la tirer de son état.[p. 539]

2°. Interrogée si elle n’avoit pas des accès de violences, et si elle n’a pas eu jetté desinstrumens offensifs contre des ouvriers orphèvres.

Rép. : Qu’il y a eviron 12 ans, que ladite Duport travailloit chez Messrs. Paput etDautun, où le déposant étoit ouvrier, et qu’il l’a vue le marteau à la main fraper un apprentifavec qui elle avoit eu une querelle.

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Relu, ratifié.Le Sr. Petit rentré.1°. Interrogé si le Sr. Martin ne vous a pas nommé Lambelet au nombre de ceux qu’il

disoit fréquenter sa belle-soeur.Rép. : Qu’il n’en a point de souvenir.2°. Interrogé s’il ne l’a pas du moins désigné comme étant genevois, penduliste.Rép. : Que non.3°. S’il vous a dit avoir surpris Mr. Hemeling a tenir une mauvaise conduite avec sa

belle-sœur.Rép. : Que Martin lui a dit que Mr. Hemeling ne tenoit pas une bonne conduite avec

Elisabeth Duport, mais qu’il ne lui a point dit qu’il les eut surpris en commerce charnel.Relu, a ratifié.Le Sr. Caulet rentré.1°. Interrogé si la nommée Isabeau Duport ne témoignoit pas de la passion et des

extravagances dans ses discours.Rép. : Que lorsqu’elle voyoit passer des personnes bien mises, elle disoit que c’étoit

des nobles à qui elle vouloit faire visite, et cela dans le tems que le bruit de sa grossessecouroit.

2°. Interrogé si elle n’avoit pas des accès de violence, et si elle n’a pas eu jetté desinstrumens offensifs contre des ouvriers orphèvres.

Rép. : Qu’il n’a rien vu que la menace, et qu’il ne l’a point vue passer à des voyes defait.

Relu, a ratifié.[p. 540]

Les parties rentrés, lecture leur a été faite de la déclaration des susdits témoins.Elles ont prié d’ordonner que la procédure soit levée pour l’adresser à nos illustres

seigneur du Consistoire suprême, et attendre leurs ordres.Mr. Hemeling a demandé un thémoignage de la Chambre qu’il n’avoit jamais paru par

devant elle précédemment.Elisabeth Duport ayant demeuré plusieurs années dans cette ville, sollicite aussi le

même témoignage.Sur quoi délibéré, la Chambre ordonne que cette procédure sera adressée à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême le plutôt possible. Et quand aux témoignagesdemandés par les parties, la Chambre déclare qu’elles n’ont jamais été appellées par devantelle précédemment, et que par rapport à la conduite habituelle de l’un et de l’autre, ils n’a rienapparu qui soit à leur charge.

[-] Sur les émolumens du Consistoire suprême.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant les émolumens arréragés jusques au 31e. juillet, montant à 160 batz, dontla teneur suit.

[-] Lausanne. Nr. 30.Tit. & alloc.Il se trouve, par le contrôle établi pour les émolumens de la Chambre, qu’il y a encore

jusqu’à la date du 31 juillet inclusivement, par des personnes qui sont du nombre de vosbourgeois, ou domiciliés dans votre ressort, ainsi que la note ci bas transcrite le prouve.

Nous vous enjoignons amiablement de retirer lesdits émolumens, et de les expédier ànotre secrétaire, ou en cas de pauvreté, d’en fournir un acte authentique, le tout en vertu denotre rescrit circulaire dernièrement émané [p. 541] sous la rubrique pour mes très honorésseigneurs ! Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 1er. 8bre. 1780.

1780, juin 26. Jean Abraham Louis Peneveires.

240

1 sentence, 4 lettres 140 batzJean Tourne, de Rora1 lettre 20

_______Batz 160

Quand à l’émolument dû par Abraham Louis Peneveires, la Chambre peut déclarerque ledit étant domicilié à Genève, est fort pauvre, ni elle, ni le secrétaire n’ont tiré aucunémolument.

[-] Concernant Daniel Schwachein.Mr. le président met sur le bureau la reconnoissance de bourgeoisie de Daniel

Schwachein, expédiée par les seigneurs du 60 le 2me. 8bre. 1780, dont la teneur suit.Nous, le lieutenant et Conseil, rière Conseil, soixante et vingt, représentant les nobles

et très honorés seigneurs des deux cent de la ville de Lausanne, certifions qu’en conséquencede la lettre des illustres seigneurs du Consistoire suprême, sous la date du 18 7bre. dernier,adressée au vénérable Consistoire dudit Lausanne, par laquelle il est demandé que,conformément à la requête d’Elisabeth Klau, mère d’un enfant illégitime baptisé sous le nomde Daniel, et adjugé à Mr. François Rodolph Schwachein par sentence souveraine du 29 juin1761, il soit expédié audit enfant illégitime un acte de sa bourgeoisie dudit Lausanne, commeétant issu d’un père bourgeois. Ladite requête renfermée dans la lettre desdits illustresseigneurs susmentionnée.

Nous avons trouvé que quoi que dès lors Mr. François Rodolph Schwachein, par sacontravention aux reiglemens souverains, ait été privé de sa bourgeoisie, et qu’il y ait mêmerenoncé, comté de l’arrêt de Leurs Excellences et de sa lettre datée des 22 Xbre. 1770 et 22mars 1771, ténorisés sur nos registre, néantmoins l’enfant illégitime, né antérieurement à cetteépoque, ne pouvoit pas être privé d’un droit attribué à sa naissance. Mr. François RodolphSchwachein étant encore alors bourgeois de [p. 542] Lausanne. Conséquemment, en adhérantà la réquisition ci dessus, nous déclarons que toutes fois et quantes que le susnommé Daniel,fils illégitime de Mr. François Rodolph Schwachein et d’Elisabeth Klau voudra venirs’habituer à Lausanne, il y sera reçu et y jouira de tous les droits, bénéfices et privilègesatribué à sa naissance de fils illégitime d’un homme qui possédoit à l’époque de cettenaissance, la qualité de bourgeois de Lausanne, et cela sur le même pied et de la mêmemanière que nos réglemens le déterminent et qu’en jouissent ceux qui sont dans son cas.

En témoignage de quoi, nous avons muni les présentes de notre sceau public, près dela signature de notre secrétaire, audit Lausanne ce 2e. 8bre. 1780.

Signé : Boisot, avec paraphe.La Chambre n’ayant eu aucune connoissance de cette affaire, et n’a rien trouvé sur ses

registres qui en fit mention, elle prie nos illustres seigneurs du Consistoire suprême,d’astreindre Elisabeth Klau de rapporter la sentence qui a été rendue en faveur de son fils, demême que son extrait baptistaire, pour en coucher écriture de conformité, et pouvoir yrecourir au besoin lorsque ledit Daniel Schwachein se présenteroit.

Le secrétaire devra le plutôt possible adresser ledit acte de reconnoissance debourgeoisie à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.

2 novembre 1780

Du jeudi 2e. 9bre. 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteur Chavannes,banneret de Bourg, conseiller Destallents, Duperron, conseiller François, assesseur Bergier, etsecrétaire Vullyamoz.[p. 543]

241

[-] La Bonard et Regamey.Le samedi 21 8bre. 1780, le paquet concernant Jeanne Marie Bonard, de La Praz et

Adam Sébastien Regamey, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[-] La Chapuis et Chapallaz.Dudit jour a été de même expédié à l’illustre Chambre suprême, le paquet concernant

Jeanne Catherine Chapuis et Pierre Elie Chapallaz.[-] Daniel Schwachein.Le paquet concernant Daniel Schwachein a été expédié à l’illustre Chambre le samedi

28 8bre. 1780.[-] De Pasteur et la Gisclon.Le 1er. 9bre. 1780, a été expédié de même les proclamations contre Jeanne Gisclon,

femme de Jean François Pasteur.25 juin.6 août.17 7bre.Extrait du mariage du 18e. février 1769, expédié le 13e. juin 1780.Le sceau. Signé : de Rochemont.[-] Jean Tourne et Susanne Perret.Monsieur le président certifie qu’il a expédié le 25 8bre. à Mr. le secrétaire du

Consistoire suprême les 20 batz dûs par Jean Tourne, en suite du rescrit du 26 juin 1780.[-] Comparoissance de la Rumph et de Benoît Vuyssieres.Paroissent Jeanne Louise Rumph et Benoît Vuissiere, duement assignés.Lecture faite audit Vuissiere de cette procédure, et ensuite interrogé de son nom,

surnom, âge, religion, qualité et demeure.A dit : Je m’appelle Benoît Vuyssiere, de Villefranche, diocèse de Rhodès en

Rouergue, âgé de 28 ans, catholique romain, chauderonnier de profession, ouvrier chez Mtre.François Guibert, domicilié à Morges.

Interrogé s’il reconnoît la vérité de l’accusation qu’a faite contre lui Jeanne LouiseRhumph, de Schwarzenbourg, et la paternité de l’enfant dont elle est accouchée le 17 7bre.dernier.

Rép. : Qu’il reconnoît être le père de la susdite enfant, devant porter son nom etentretenu par lui seul au bout de six mois dès le jour de sa naissance, suivant le prescrit desloix consistoriales, en donnant trois crones à la mère pour son gage de nourice.[p. 544]

Interrogé s’il ne seroit point en état de donner à la communauté de ladite Rumph unesomme fixe pour l’entretien de cet enfant puisqu’il est étranger, et qu’à chaque instant ilpourroit se retirer du pays.

Rép. : Que pour le coup ses facultés ne lui permettent pas. Qu’il ne gagne qu’un petitécu par semaine, avec sa nourriture, mais qu’il promet solemnellement de concourir autantqu’il sera possible à payer les mois de nourice de l’enfant.

Relu et ratifié.Ladite Jeanne Louise Rumph accepte à fins favorables les engagemens que vient de

prendre ledit Benoît Vuyssiere, et voit avec satisfaction qu’il ait confirmé des charges contrelui.

Par le délibéré de la Chambre, il a été ordonné que la procédure sera adressée à nosillustres seigneurs du consistoire suprême le plutôt possible.

Mr. le révérend pasteur du Mont est prié d’adresser à ladite Rumph les exhortations lesplus sérieuses de ne pas continuer, avec ledit Vuyssiere, les habitudes qu’elle a euprécédemment avec lui.

[-] Elisabeth Chapuis ; Pre. Elie Chapallaz.

242

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau un rescrit de nos illustresseigneurs du Consistoire suprême, de la date du 23 8bre. 1780, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 38.Tit. & alloc.Pierre Elie Chapallaz, de Chapelles, domicilié dans votre ressort, s’étant reconnu père

de l’enfant fille dont Jeanne Catherine Chapuis, d’Epalinges, est accouchée le 12 septembredernier, et qui a été baptisée le 24 dudit mois sous le nom de [p. 545] Jeanne Elisabeth, nouslui avons adjugé cette enfant comme illégitime, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie,et entretenu par lui, de manière qu’il en demeurera seul chargé au bout des six mois dès ladate de la naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Il a étécondamné de plus à tous les frais de ce procès, sauf modération. Du reste, l’un et l’autredevront subir dans votre ressort, pour cette première faute simple, la peine de dix jours deprison.

Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 23 8bre. 1780.Reçue le 30 8bre. 1780.Emolument pour 6 lettres £ 12Pour adjudication 6

_____£ 18

[-] Epalinges. Nro. 39.Tit. & alloc.Pierre Elie Chappallaz, de Chapelles, habitant de Lausanne, s’étant reconnu père de

l’enfant fille dont Jeanne Catherine Chapuis, votre ressortissante, est accouchée le 12septembre dernier et qui a été baptisé le 24 dudit mois sous le nom de Jeanne Elisabeth. Nouslui avons adjugé cette enfant d’ors et déjà comme illégitime, devant porter son nom, être de sabourgeoisie, et entretenu par lui, avec toutes les suites, et l’avons en même temps condamné àtous les frais de ce procès, sauf modération. L’un et l’autre devront subir, selon la loi, pourcette faute simple, la peine de dix jours de prison à Lausanne, ainsi que le lieu du délit. Dieusoit avec nous. Donné ce 23 8bre. 1780.

L’un et l’autre paroissant, lecture a été faite dudit rescrit en présence des parties.Lesquelles ont acceptées dite sentence.Ledit Pierre Elie Chapallaz a payé les 18 francs pour l’émolument du Consistoire

suprême.[p. 546]

[-] Comparoissance de Toinette Tuillard.Thoinette Tuillard, vendeuse de vin à la cave de la veuve Marcel, en St. François,

assignée pour avoir donné à boire à son bouchon à trois personnes pendant le sermon de 9heures, du dimanche 1er. 9bre. 1780, paroissant, a dit pour sa justification, que ces personnesachevoient leur vin avant que la cloche eut commencé de sonner. Elle se recommande à labienveillance de la vén. Chambre.

La Chambre, par égard, veut bien l’affranchir de l’amande portée par les loix, à laréserve qu’elle payera cinq baches à la garde, et les droits du secrétaire et huissier.

[-] Marguerite Vere et François Roland.Mr. le président met sur le bureau la clame de mariage de Marguerite Vere, de

Chapelles, du 22 8bre. 1780 contre François Roland, natif de Genève, y persistant, dont lateneur suit.

Du dimanche 22 8bre. 1780, 6 heures du soir.Jeanne Marguerite Vere, fille de Jean Vere, de Chapelles, domicilié à la Cheneau de

Bourg, âgée de 21 ans, ouvrière de campagne, déclare être enceinte des œuvres de FrançoisRoland, natif de Genève, garçon imprimeur chez Mtre. Tarin, à la Grotte, âgé de 23 ans. Son

243

commerce charnel avec lui ayant commencé dans le courant d’avril présente année 1780, etcontinué jusqu’à ce mois d’octobre. Il lui a fait des promesses de mariage en présence despersonnes Antoine Séchaud et Jean Louis Demartinnes, en date du 2 d’octobre 1780.

Elle compte d’être enceinte d’environ trois mois.Lecture faite, a persisté.

[p. 547]En témoin de quoi signé, Lausanne ce 22 8bre. 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Ladite Vere paroissant. Lecture lui a été faite de sa déclaration, qu’elle a confirmée en

tout son contenu, présentant les promesses de mariage.Mr. le président informe la Chambre que les présentes promesses en faveur de ladite

Verre, lui ont été remises le 25 8bre. dernier. Et qu’après avoir fait lecture desdittes promesseset observé que le nom de François Roland ne se trouvoit pas, il auroit fait assigner AntoineSéchaud et Jean Louis Demartinnes pour vérifier l’identité dudit Roland.

Copie desdites promesses.Moi soussigné, promets et m’engage de légitimement épouser Jeanne Marguerite

Verre, fille d’Honête Jean Verre, bourgeois de Chapelles et habitant à Lausanne, sitôt que jepourray avoir l’aprobation de mon père. Et que de plus, je reconnois que l’enfant qu’elle etenceinte, et bien légitimement à moy. Ainsi fait à Lausanne le 2e. 8bre. 1780. Ne sachant pasécrire, j’ai fait ma marque, présence témoins.

Témoins, signés : Anthoine Séchaud ; Jean Louis Demartinne, témoin.Antoine Séchaud ayant paru. Il lui a été demandé s’il connoît François Roland.Rép. : Qu’il ne l’a connu qu’au moment où il fut invité à signer lesdites promesses de

mariage le 2 8bre. dernier, dans l’appartement de Jean Vere, locataire dans leur maison.Interrogé s’il a bien vu ledit François Roland tenant la plume, et traçant

volontairement la figure ronde et croisée qui se trouve au pied desdites promesses, avant lasignature desdits témoins.

Rép. : Que oui.Interrogé si la signature d’Antoine Séchaud est bien de lui.Rép. : Que oui.

[p. 548]Sur quoi, Monsieur le président a sérieusement exhorté ledit Séchaud à ne plus se

mêler de pareilles promesses de mariage de mineur, contre les loix.Par délibéré, la Chambre ayant observé que Jeanne Marguerite Vere auroit déjà eu une

procédure consistoriale, consté de la sentence rendue par nos illustres seigneurs duConsistoire suprême en date du 15 avril 1779, qui lui a adjugé l’enfant fille qu’elle avoit eu deAbraham Henri Combrias, dit de Neuchâtel, absent du pays, a jugé convenable, vu ladifficulté de cette procédure, qui regarde encore un étranger, de defférer le cas aux honorésseigneurs du Conseil, pour ordonner s’ils trouvent bon de renvoyer la famille Vere à sabourgeoisie de Chapelles. Ce dont Monsr. le conseiller Destallents est prié de se charger.

Et pour compléter le verbal, Jean Louis Demartinnes sera assigné à la quinzaine.

16 novembre 1780

Du jeudi 16 9bre. 1780.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assistés Messieurs les doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, banneret de Bourg, conseillers Destallents, François, assesseurs Porta et Bergier,secrétaire Vullyamoz.

[-] Louise Rumph et Benoît Vuissiere.

244

Le paquet concernant Jeanne Louise Rumph et Benoît Vuyssiere a été expédié à nosillustres seigneurs du Consistoire suprême le 4 9bre. 1780.

[-] Emolument de Chapallaz expédié à Berne.Le noble seigneur lieutenant baillival certifie qu’il auroit écrit à Mr. de Verdt le 3me.

9bre., en lui envoyant les 18 francs délivrés par Pierre Elie Chappallaz pour la sentence du 238bre. Il lui a été observé qu’il n’i avoit point de Consistoire à Epalinges.[p. 549]

[-] Marie Odin et Peneveires.Le 9e. de 9bre., le noble seigneur lieutenant baillival a reçeu une lettre de Jeanne Marie

Odin, de Genève, datée du 7me., où elle réclame la sentence rendue contre Peneveires, et laliste de frais.

Du dimanche 12 9bre., il a été expédié à ladite Odin, copie de la sentence rendue en safaveur le 25 juin 1780. Quand à la liste de frais, qui montera à 57 francs, il lui est demandéd’en envoyer douze, soit trois gros écus, avant que le secrétaire lui fasse passer la liste enplein.

[-] Elisabeth Duport ; Mr. Hemeling.Le samedi 18 9bre., la procédure concernant Elisabeth Duport, de Pully, et Mr. Henri

Hemelin, de Lausanne, a été adressée à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[-] Concernant Jn. François Pasteur et la Gisclon.Lecture a été faite du rescrit de nos illustres seigrs. du Consistoire suprême en date du

6e. du courant mois de 9bre., concernant Jean François Pasteur, heimatlos, dont la teneur suit.[-] Lausanne. Nro. 40.Tit. & alloc.Nous vous chargeons amiablement d’assigner par devant nous, au jeudi 30 du courant

mois de 9bre., Jean François Pasteur, heimatlos, présentement domicilié à Genève. Lequelsollicite d’être divorcé d’avec sa femme, Jeanne Gisclon, absente du pays et proclamée selonla règle. Lorsque vous pourrez certifier que la citation l’aura atteint, vous nous en ferez part.Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 6e. 9bre. 1780.

Reçue le 10 9bre. 1780.Mr. le président informe que selon l’ordre, et pour accellérer, il auroit déjà été expédié

un mandat, avec copie, le mardi 14 du courant à Mr. le notaire Duby, à Genève, qui assigneledit Pasteur au 30 de 9bre., avec avis que pour diminuer les frais, en faisant signer leditPasteur, la légalisation de Mr. Duby pourra suffire.[p. 550]

Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, concernant Jeanne Marie Bonard, de La Praz, et Adam SébastienRegamey, en date du 6e. 9bre. 1780, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 41.Tit. & alloc.Pour entendre en contradictoire Jeanne Marie Bonard, de La Praz, paroisse de Mont la

Ville, avec Adam Sébastien Regamey & son père David Regamey, de Lausanne, nous avonsfixé jour au lundi 4 Xbre. prochain. En conséquence de quoi, nous vous chargeonsamiablement d’assigner pour ledit jour les deux Regamey à paroître par devant nous, & denous certifier que la citation les a bien atteints. Nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 6me. 9bre. 1780.

Reçue le 10 9bre. 1780.[-] Comparoissance de Adam Sébastien Regamey, et son père, pour citation à Berne

avec la Bonard.

245

Ldit Adam Sébastien Regamey, assisté de son père, paroissants. Lecture leur a été faitedudit rescrit. Ils ont promis solemnellement de se rendre à l’assignation qu’il leur est donnéepour le 4 Xbre. prochain.

Ledit David Regamey père, se rendra auprès de Monsieur le président pour recevoir unmandat sous le nom de l’un et de l’autre, avant la date du 29 9bre.

[-] Suit la comparoissance de Marg. Vere.Monsr. le président fait rapport que les très honorés seigneurs du 60, par leur délibéré,

avoient bien voulu charitablement permettre que Jeanne Marguerite Vere fit ses couches dansla maison de son père, habitant de cette ville. La procédure est ici continuée.

Mr. Jean Louis Demartines, de Rolle, horloger, habitant de cette ville, adjourné àparoître pour vérifier [p. 551] l’identité des promesses que ladite Verre a produites la scéancedernière. Elle lui ont été présentées. Il a assuré solemnellement que la figure qui est au pieddesdites promesses est de la main de François Roland, natif de Genève, qu’il a bien connuesous ce nom et sous cette qualité. Le déposant ayant demeuré plus de dix ans à Genève,certifie avoir vu ledit Roland, commissionnaire chez Mr. Samuel Bonnet, monteur de boettes.Il ajoute que son père exercoit ci devant l’office de crieur pour les pauvres, à la porte del’église.

Relu et ratifié.Ladite Vere paroissant, demande qu’il soit inscrit qu’elle a senti son enfant lundi

dernier, 13 du mois de 9bre. Elle prie la vén. Chambre de lui accorder le terme d’un mois pourfaire paroître scéans l’accusé Roland.

La Chambre veut bien lui accorder le terme qu’elle demande d’un mois, et ordonneque la procédure soit communiquée au Consistoire de Chapelles le plutôt possible, pour venirà l’appui de leur ressortissante.

[-] Jn. M. Bonard et Regamey.Du vendredi 17e. 9bre. 1780, 5 heures après midi.A l’audience du noble seigneur lieutenant baillival, Jeanne Marie Bonard a présentée

un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire suprême du 23 8bre. 1780, adressée auConsistoire de Mont la Ville, dont la teneur suit.

[-] Mont la Ville.Juge et assesseurs du Consistoire suprême de la ville de Berne. Notre amiable

salutation prémise.Pour que la demande pour fait de mariage et paternité formée par votre ressortissante,

Jeanne Marie Bonard contre Adam Sébastien Regamey, de Lausanne, suive la marche requise,et pour qu’elle nous puisse être envoyée pour en décider, nous vous chargeons amiablementd’aviser ladite Bonard de se présenter à Lausanne [p. 552] avec la présente missive, et de luienjoindre de poursuivre sa demande par devant le Consistoire dudit lieu. Pour quelle fin vousla munirez de la déclaration nécessaire touchant ses couches. Dieu avec nous. Donné le 23e.9bre. 1780.

Pour traduction conforme à l’original, à Romainmôtier ce 31e. 8bre. 1780.Sur quoi Monsieur le président auroit dicté un avis à Messieurs du Consistoire de

Mont la Ville, ci bas ténorisé, lequel a été remis à ladite Bonard.Messieurs du Consistoire de Mont la Ville sont informés que les illustres seigneurs du

Consistoire suprême ont changé les ordres qu’ils avoient donnés à la date du 23 8bre. 1780dernier, par un nouveau rescrit du 6 9bre., où ils assignent David Regamey et son fils, AdamSébastien Regamey, à paroître à leur haute audience le lundi 4 décembre prochain pourentendre jugement définitif sur les clames de mariage et de paternité de Jeanne Marie Bonard,de La Praz.

En conséquence duquel rescrit, les deux Regamey parurent hier 16 du courant, auConsistoire de Lausanne, où ils promirent solemnellement de se rendre à ladite assignation.

246

Il n’est pas douteux que le même ordre pour Jeanne Marie Bonard est actuellement auChâteau de Romainmôtier, à moins que Mr. le secrétaire du Consistoire suprême n’ait fait unoubli, qui ne se présume pas.

Mais si ladite Bonard ne vouloit pas insister sur sa clame de mariage, dont le succèsest fort incertain, ou [p. 553] éviter le voyage de Berne, il faudroit qu’elle vint paroître auConsistoire de Lausanne jeudi 30 9bre., jour pour lequel on assigneroit ledit Adam SébastienRegamey, ce dont il seroit bon de donner connoissance à tems pour le faire venir d’Orbe où ilcontinue de résider. Mr. le pasteur voudra bien remettre à la mère l’extrait baptistaire de sonenfant.

Messieurs du vén. Consistoire sont priés de recevoir les honneurs empressés de leurobéissant serviteur.

Pour avis, Lausanne ce 17e. 9bre. 1780.Signé : Vullyamoz, secrétaire consistorial de Lausanne.P. S. : Il faudra ajouter une déclaration de la sage-femme qui certifie que l’enfant est

bien viable, à terme et de bonne venue.[-] Comparoissance de Judith Irissac, née Gerber.Compart Judith Gerber, femme délaissée de Jean Irissac, de la Corporation françoise

de Lausanne. Laquelle prie la vén. Chambre de l’écouter favorablement dans la requêtequ’elle a l’honneur de mettre sur le bureau aux fins d’obtenir les proclamations d’usage contreson mari fugitif, par les raisons ci énoncées.

Produisant de plus les copies de deux lettres, l’une du 17e. 8bre. et l’autre du 22 dit,écrites à Paul Irissac à Genève.

2°. Son extrait baptistaire du 3e. juin 1757.3°. L’acte de célébration de son mariage à Genève, du 18 Xbre. 1777.Mr. le président, avant de passer aux opinions, a jugé convenable d’ordonner au

secrétaire de faire la lecture à ladite Irissat, du paragraphe XVII, fol. 34, concernant l’absenced’un des conjoints, et l’a en conséquence fortement exhortée à remettre sa poursuite à un temsplus éloigné.

A quoi elle a répondu que sa plainte reposant sur les sévices les plus rigoureux de lapart de son mari, elle croioit pouvoir persister, essentiellement pour son bonheur, à ce qu’il futdonné cours à son humble requête, pour obtenir les proclamations d’usage contre lui sa[ns]remettre à un tems plus [p. 554] éloigné, les preuves qu’elle auroit à administrer pouvantsouffrir de ce délai par la mort des témoins qu’elle évoquera en cas de négative.

Interrogée dans quel tems son mariage a été béni à Genève.R. Que c’est en 1776. Et comme il a été observé que l’acte de célébration porte la date

de 1777, Mr. le révérend Chavannes est prié de donner l’extrait baptistaire du premier enfantqui est né après le mariage.

[-] Pour copies.Au Sieur Paul Irrisat, chez Mr. TronchinA Absinge, par Genève.Monsieur et très honoré beau-père.Vous me permettrez, s’il vous plait, de m’informer près de vous de la santé de mon

enfant, en vous priant de m’en donner des nouvelles, et de vous le recommander trèsinstamment. D’un autre côté, je vous serois très obligé de me donner des avis sur ce quiconcerne mon mari. Vous ne devez pas ignorer combien j’en ai été maltraitée pendant tout lecours de notre triste mariage, et que ça été de son consentement que j’ai rejoins mon père, ledérangement des affaires de mon mari avoit si fort altéré son humeur, que j’en étois la victimeet que rien n’auroit été plus heureux pour moi que d’en être divorcé.

Dependant, si je pouvois me flater d’un sincère retour de sa part, et particulièrementd’une conduite plus chrétienne et plus réglée, je ferois encore la dangereuse tentative de

247

revivre avec lui, mais s’il ne peut pas m’en donner l’assurance, je suis résolue de m’adresser àLeurs Excellences de l’illustre Consistoire suprême [p. 555] de Berne pour demander mondivorce, en leur faisant le récit des mauvais traitemens que j’ai essuié, ayant été plus d’unefois en danger de la vie, ce qu’il ne me seroit pas difficile de prouver. Ayez donc lacomplaisance, Mr. et très honoré beau-père, de me donner une réponse à cette lettre affin queje dirige mes démarches en conséquence, et agréez les assurances de la soummission aveclaquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très honoré beau-père, votre humble et trèsobéissante servante.

Lausanne 17 8bre. 1780.Signé sur l’original et la copie par Judith Irissac, née Gerber.Le soussigné officier du vén. Consistoire de Lausanne atteste que la Judith Irissat m’a

remis l’original de la présente lettre, que j’ai collationnée avec cette copie, et l’ai remisensuite à Mr. le commis des postes de cette ville, en main propre, pour y donner cours.Lausanne 17 8bre. 1780.

Signé : Moyse Fiaux.Autre copie audit Sr. Paul Irissat, du 22 8bre. 1780.Monsieur et très honoré beau-père,J’eu l’honneur de vous écrire le 17 du courant pour vous demander des nouvelles de

mon mari et de mon enfant. Comme je suis sans réponse, je viens derechef vous prier de mesatisfaire à ces deux égards. Ma condition est assez triste pour exciter votre compassion,puisque vous n’ignorez pas mes traverses par lesquelle j’ai passé avec votre fils. C’est en merecommandant à votre bienveillance que j’ai l’honneur d’être, avec soumission, votre trèshumble et très obéissante servante.

Signée sur l’original : Judith Irissat.[p. 556]

Je soussigné, atteste avoir collationné l’original de la présente, que j’ai trouvéconforme à cette copie, et ai remis ledit original à mon fils qui part demain pour Genève, etqui y donnera cours. Lausanne ce 22 8bre. 1780.

Signé : Moyse Fiaux, officier.[-] 1757, 3me. juin.Extrait du registre des baptêmes de l’Eglise allemande de Lausanne.A été baptisée à l’église de St. François, Judith, fille légitime de Bénédit Gerber,

d’Echichens, et de Madeleine Sagisser, de Wangen, sa femme.Parrain : Pierre Séchaud.Marraines ; Françoise Dupuis ; Judith Bombais.Atteste, Lausanne ce 30e. 8bre. 1780.Signé : E. F. Sprunglin, pasteur.Extrait des registres des mariages bénis au temple de la Madeleine de la ville et

république de Genève.Le treizième décembre mil sept cent septante six, Spble. Eymar a béni le mariage de

Jean, fils de Paul Irissac, de la Bourse françoise de Lausanne, et de Judith, fille de BénéditGerber, après dhues proclamations d’annonces.[p. 557]

Collationné auxdits registres par nous soussignés, conseiller d’Etat de laditerépublique. Expédié sous le sceau d’icelle le 20 9bre. 1780.

Signé : de Rochemont.Sur quoi délibéré, la vén. Chambre veut bien donner cours à la requête de Judith

Irissac, avec les pièces qui l’accompagnent, attendu qu’elle insiste dans sa requête sur lessévices les plus violens qu’elle a essuié de la part de son mari. Du reste, Messrs. les révérends

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pasteurs ont rendus les meilleurs témoignages de la conduite de ladite Irissac depuis le temsqu’elle en a été abandonnée.

[-] Comparoissance de Charlote Basset contre Emanuel Prades.Se présente Charlote Basset, de Gumoëns. Laquelle expose qu’ayant commencé sa

procédure contre Emanuel Prades, de Lausanne, par devant le Consistoire dudit Gumoëns,elle auroit été renvoyée à recourir au Consistoire de la bourgeoisie de l’accusé, par arrêtsouverain de Leurs Excellences du Sénat en date du 2 8bre. passé, dont elle fait production.

De même que des extraits de ses comparoissances du 13 et 30 du mois d’août auConsistoire dudit Gumoëns.

A quoi elle ajoute la déclaration qu’elle a faite légalement à Orny à l’instant de sescouches le 16 7bre. 1780.

Item le certifié de Susanne Vannod, sage-femme, sur l’âge de l’enfant au moment desa naissance, authentiquée par la signature de Mr. le révérend pasteur Legras, du 6e. 9bre.

Enfin l’extrait baptistaire de l’enfant fille dont elle est accouchée le 16 7bre., à qui ellea été donné le nom de Jeanne Marguerite, signé par ledit Mr. le pasteur Legras, dont la teneursuit.[p. 558]

Copie d’arrêt souverain au Consistoire du Gumoëns. Translation.Le lieutenant et Conseil de la ville de Berne. Notre salutation prémise. Honnorables,

chers et féaux, &c., &c. Ayant maintenant examiné les motifs de votre manière de procéderdans l’affaire de votre ressortissante, Charlote Basset, accusatrice de paternité contre EmanuelBasset (sic : Prades), de Lausanne, absent du pays, et l’ayant comparée à la procédureinstruite, et aux réglements consistoriaux pour les trois bailliages médiats, nous avons trouvéque vous n’avez pas agi dans cette affaire selon le prescrit des loix. Nous avons enconséquence sentencé que la procédure instruite à ce sujet, et les citations inutilles donnéesaudit Prades, seront suprimées, comme non avenues, et que vous ne pourrez exiger à ce sujetaucun frais de l’une ou de l’autre des parties. Vous donnerez au surplus à ladite Basset,l’instruction de se rendre à Lausanne, après sa relevée de couches, munie d’une attestationformelle du résultat de l’examen qu’elle y a subi, aux fins de donner cours à sa plainte devantle juge compétent. Et notre Consistoire suprême examinera et décidera en son tems de cetteaffaire. Donné ce 2 8bre. 1780.

Pour translation dessus conforme à celui de l’originalSigné : Mestrezat, avec paraphe.L’atteste, signé : Dutour, secrétaire.

[p. 559]Du 13 août 1780.La vén. Chambre consistoriale de Gumoëns, assemblée sous la présidence de

Monsieur le juge Jordan, qui a exposé que la nommée Charlote, ffeu Samuel Basset, deGumoëns, lui auroit déclaré le 10 du courant qu’elle étoit enceinte du fait du Sieur Prades, quia passé l’hivert dernier à Pentaz, et elle y demeuroit aussi, domestique au château, où elle aconnu ledit Prades. Ledit Mr. le juge a fait convoquer cette assemblée et fait citer la fille pourdonner plus amplement sa déclaration sur les questions interrogatoires qui lui seront faites.

Ladite Basset a confirmé l’accusation ci dessus.D. : Il lui a été demandé son âge.R. : A dit avoir 21 ans.D. : Si elle ne connoît pas le nom dudit Prades.R. : Qu’il s’appelle Emanuel.D. : D’où il est.R. : Il lui avoit dit qu’il étoit bourgeois de Lausanne.D. : Depuis quand ce commerce charnel, et de quel tems elle croit d’être enceinte.

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R. : Que c’est entre la Noël et le nouvel an dernier qu’elle l’a connu, et que c’est dèslors qu’elle croit d’être enceinte.

D. : Si ce commerce a duré longtems.R. : Depuis ladite époque jusques au mois de mars, qu’elle a quité Penthaz.D. : Où elle croit qu’il est allé.R. : Elle croit que c’est à Londres.D. : Si ledit Prades lui a fait quelqes promesses de mariage.R. : Il lui avoit promis verbalement de l’épouser.D. : Si elle n’a point eu de commerce avec d’autres personnes.R. : A dit que non.

[p. 560]D. : Si elle a indiqué sa grossesse audit Prades.R. : A dit qu’elle l’ignoroit dans le tems de son départ.D. : Pourquoi elle a tant tardé à déclarer sa grossesse.R. : Parce qu’elle n’osoit pas le dire.D. : Si elle ne sçavoit pas que, suivant les loix, elle auroit dû se déclarer dans les trois

mois.R. : Qu’elle ignoroit ces loix.D. : Exhortée à dire la vérité.R. : A dit l’avoir dite.Du 30me. août 1780.La vén. Chambre consistoriale de Gumoëns la Ville assemblée sous la présidence de

Mr. le juge Jordan, qui a fait citer en 3me. dilation le Sieur Emanuel Prades par mandat du 25du courant, notifié à la porte de la maison de son frère, son ancien domicile, ainsi qu’il seconste par la relation du Sr. officier Fiaux, demandant qu’il ait à paroître. Si moins, il requiertd’avoir sentence contre lui, avec dépends.

Mr. Jacob Prades paru (en la présence de Charlote Basset, qui a soutenu sonaccusation), a produit sa représentation par écrit, demandant qu’elle soit ténorisée dans leprésent verbal.

Ce qui lui a été accordé. Mais comme son frère, Emanuel Prades, ne paroît pas, la vén.Chambre a accordé la sentence demandée, avec dépens.

La vén. Chambre a ensuite délibéré que le verbal sera envoyé à Leurs SouverainesExcellences par le canal de sa très noble seigneurie baillivale d’Echallens.

Teneur dedite représentation.[p. 561]

Monsieur le juge et Messieurs de cette v. Chambre consistoriale.Le Sr. Jacob Prades s’attendoit qu’après la représentation qu’il eut l’honneur de vous

faire remettre par le Sieur procureur Revilliard, dans votre assemblée du 23 du présent moisd’août, cette v. Chambre auroit eu la bonté d’i avoir quelque égard, en se dispensant d’agir àterme aussi bref que celui de huit jours, contre un accusé qui, dès la première de ces instances,a été déclaré absent du pays et domicilié en Angleterre. Mais comme ce vén. Consitoire n’apas trouvé à propos de rendre aucune connoissance sur ladite représentation, et qu’aucontraire il paroît qu’il a approuvé que Mr. le juge, son président, instat de nouveauaujourd’hui en troisième dilation contre ledit accusé Emanuel Prades, absent. Comme de plus,après cette dernière instance, et la sentence par deffaut que Mr. le juge ne manquera pas dedemander, cette v. Chambre fera sans doute parvenir sa procédure aux illustres set puissansseigneurs du suprême Consistoire de Berne, pour recevoir leurs ordres, ainsi que les seulsjuges du cas, tant à raison de leur d’alternative ( ?), que parce que le délit, ou la faute, dont ilest question a été commise rière les terres immédiates de LL. EEces. de Berne, et que par làmême c’est à elles seules à qui il appartient d’en connoître. Le Sr. Jacob Prades continuant à

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prendre intérêt à la conservation du droit et des raisons que son frère peut avoir dans cettemalheureuse affaire, et à ce qu’il ne soit pas condamné sans avoir été entendu, vous prie,Messieurs, de vouloir bien joindre à l’envoy de ladite procédure officiale de Mr. le juge, lareprésentation qui fut produite devant vous ledit jour 23 du courant, de même que celle ci,affin que lesdits illustres seigneurs du suprême Consistoire, étant ainsi informés de tout ce quis’est passé, puissent donner leurs ordres. En conséquence, en maintenant l’accusé absent dansses moyens légitimes de deffence, s’il en a à proposer. Et comme le Sr. Prades, exposant, nedemande rien que de juste et de raisonnable, il y a lieu d’espérer que cette vén. Chambreadhérera à sa réquisition. En agréant pour sa conservation ses vœux et l’assurance de sesrespectueux égards.

Signé : Jacob Prades.[p. 562]

Nous soussignés, aiyant été demandé de la part de Charlote Basset, de Gumoëns,actuellement à Orny, chez sa mère, femme en seconde noces du Sr. David Jaquinet, laquellelui étoit venue en visite. Nous étant transportés à la maison de sadite mère, nous déclarons quenous avons trouvé ladite Basset dans les maux d’enfant. L’ayant en conséquence fort exhortéeà donner gloire à Dieu et à dire la vérité en nommant le véritable père de l’enfant qu’elledevoit mettre au monde, et l’ayant de tems à autres fait des questions relatives à son cas, ellenous a dit et soutenu que le père de l’enfant qu’elle doit mettre au monde, que c’étoit lenommé Sieur Emanuel Prade, de Lausanne, ainsi qu’elle a déjà déclaré au vén. Consistoire deGumoëns dans son tems. Ce qu’elle a soutenu sans aucune variation jusqu’à sonaccouchement arrivé le samedi soir, environ huit heures, d’une fille, y étant restés jusqu’à cequ’elle a été délivrée. C’est ce que nous attestons par le dû de nos charges, et nous noussommes signés, à Orny le 16 7bre. 1780.

Signé : Isaac Michaud, assesseur ; Chauffard, secrétaire.La nommée Susanne Vaninod, née Bovey, d’Orny, m’a déclaré en qualité de sage-

femme, avoir assisté aux couches de Charlote Basset, et que l’enfant que ladite Basset a misau monde, paroît être venu à terme vu qu’il étoit bien portant et plein de vigueur au momentde sa naissance. Telle est la déclaration que ladite sage-femme a fait en ma présence. Pour foyde quoi je me suis signé, à Eclépens le 6me. novembre 1780.

Signé : Legras, premier pasteur de La Sarra et annexes.[p. 563]

Le 24e. septembre 1780, a été baptisée dans l’église d’Orny, Jeanne Marguerite, filleillégitime de Charlote Basset, ffeu Samuel Basset, de Goumoëns, qu’elle a donné au SieurEmanuel Prade, bourgeois de Lausanne, née le 16 dudit mois.

Maraine : La grand-mère de l’enfant, nommée Bénigne Francfort, veuve de SamuelBasset, de Goumoëns, et remariée à Jean David Jaquinet, d’Orny.

Extrait fidèlement des registres des baptêmes de la paroisse de La Sarra. Pour foy dequoi j’ai signé, à Eclépens le 24 septembre 1780.

Signé : Legras, pasteur.La plaignante requiert qu’à raison de son mandat du 13 du courant mois de 9bre., dont

acte, ledit Emanuel Prades soit proclamé pour répondre personnellement à la clame depaternité qu’elle forme contre lui, estimant qu’elle a satisfait au prescrit des loix, soit avantses couches, soit au moment de sa délivrance.

Compart Mr. Jacob Prades, de cette ville. Lequel vient dire qu’il a bien reçu le mandatexploité à Emanuel Prades, son frère, mais qu’il est absent du pays depuis le mois de marsdernier. Dans ces circonstances, il prie la v. Chambre de porter aux registres l’exposition qu’ilproduit ici par écrit.

Ce qui lui a été accordé.Teneur dedite exposition.

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Le Sr. Jacob Prades ayant reçu par voye de notification le mandat ici produit, quiregarde Emanuel Prades, son frère, prend la liberté de déclarer à cette vénérable Chambre queledit son frère est absent du pays, et qu’au mois de mars dernier il partit pour l’Angleterre oùil croit qu’il est encore. De tout quoi Charlote Basset a été bien [p. 564] avertie dans le coursde son instance commencée à Goumoëns.

En conséquence, et vu que l’exposant ne peut point répondre pour son frère absent,jusqu’à ce qu’il en ait un ordre exprès, il prie la vénérable Chambre de renvoyer ladite Bassetà procéder directement contre Emanuel Prades, et en la forme prescrite au regard despersonnes qui sont absentes du pays. C’est à dire par voie de dilation à long terme.Cependant, comme le Sr. Jacob Prades seroit charmé de pouvoir éviter des frais frustraires auxparties, si Charlote Basset veut produire sa demande aujourd’hui, et lui accorder terme detrois mois pour la faire passer à son frère en Angleterre et avoir le tems de recevoir sadéclaration, ses raisons de défences, s’il en ait, et sa procuration. Dans ce cas, il s’engagera derépondre pour lui au bout de ce terme, en conformité des instructions qu’il en recevra. Bienentendu au reste que cet offre qu’il fait aujourd’hui pour le bien des parties, ne puisse lecharger, ni le rendre responsable dans son propre d’aucun évenement.

Ladite Basset ayant ouï la lecture de cette exposition, a bien voulu consentir au délaide trois mois demandé par le Sr. Prades, sous réserve que s’il avoit réponse plutôt, il endonneroit connoissance pour suivre en cause.

A quoi remis.

30 novembre 1780

Du jeudi 30 9bre. 1780.Sous la présidence du nble. seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messrs. doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson, Chavannes,Bugnon, pasteur suffragant à Romanel, banneret de Bourg, conseillers Destallents, François,assesseurs Porta, Bergier, et secrétaire Vullyamoz.[p. 565]

[-] Jn. F. Pasteur.Le mardi 28 9bre. 1780, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême,

le double du mandat d’adjournement de Jean François Pasteur à leur haute audience pour lejeudi 30 9bre.

[-] Comparoissance de la v. Cuerel et de Carrard.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la déclaration à l’instant de ses

couches de la veuve Cuerel, née Monnay, joint la déclaration de la sage-femme du baptême del’enfant, dont la teneur suit.

Du samedi 28e. 8bre. 1780, environ 2 heures du matin.Nous les soussignés, Jean Daniel Moraz, assesseur du Consistoire, Jean Baptiste

Neyret, régent de Villards Ste. Croix, en suite des ordres de Mr. le révérend pasteur Vicat,ayant été requis par Françoise Monnay, veuve de Henri Cuerel, bourgeois dudit Villards Ste.Croix, et de nous bien connue, pour entendre sa déclaration à l’instant de ses couches. Nousnous sommes transportés tout de suite auprès d’elle, et l’avons trouvée au travail d’enfantdans la maison qu’occupe la veuve Cuerel, née Rapillard.

Après avoir fait les exhortations les plus graves et les plus sérieuses à ladite FrançoiseCuerel sur la déclaration qu’elle alloit donner dans les circonstances critiques et périlleuses oùDieu l’appelloit. Elle a constamment persisté à dire que sans faire tort à sa conscience, elle nepouvoit nommer pour père de son enfant aucune autre personne que Jean Pierre Carrard, deRueyres, habitant de Lausanne, charpentier de profession, confirmant en la meillieure formesa déclaration du 13 avril dernier au vén. Consistoire de Lausanne.

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Ladite Cuerel a été successivement délivrée d’une enfant fille, environ cinq heures del’après midi par un accouchement heureux.[p. 566]

En témoin de quoi nous avons signés le présent, pour servir où besoin sera, à VillardsSte. Croix le susdit jour 28 8bre. 1780.

Signés : Daniel Moraz, de Villard Ste. Croix, assesseur du Consistoire de Bussigny ;Jean Baptiste Neyret, de Bussigny, régent audit Villards Ste. Croix.

Du samedi 4me. 9bre. 1780, neuf heures du matin.Susanne Paqui, veuve de Jean Isaac Cuerel, de Villards Ste. Croix, accoucheuse,

déclare que l’enfant fille dont Françoise Monnay, veuve d’Henri Cuerel a été délivrée le 288bre. dernier, environ 5 heures du soir, est bien à terme, viable et de bonne venue.

Lecture faite, a persisté.Du dimanche 12e. 9bre. 1780, 1 heure après midi.Le Sieur assesseur Moraz, de Villards Ste. Croix, certifie que l’enfant fille dont

Françoise Monnay, veuve de Henri Cuerel est accouchée le 28 8bre. dernier, auroit été baptiséece jourd’hui 12 du courant mois de 9bre., à l’église de Bussigny, par Mr. le révérend pasteurVicat, sous le nom de Jeanne.

Compart la veuve Cuerel. Laquelle ayant entendu la lecture de sa déclaration àl’instant de ses couches du 28 8bre. 1780, l’a confirmée en tout son contenu. Elle conclud à ceque Jean Pierre Carrard reconnoisse la paternité de son enfant, ayant satisfait à toutes lesformes légales.[p. 567]

Ledit Jean Pierre Carrard, de Rueyres, après voir ouï la lecture des pièces de laprocédure, dit et déclare qu’il reconnoît la paternité de l’enfant fille dont Françoise Monnay,veuve Cuerel, a été délivrée le 28 8bre. dernier, laquelle a été baptisée le 12 9bre. sous le nomde Jeanne, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie et entretenu par lui seul au bout desix mois dès la date de sa naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage denourice. Se soumettant du reste à payer la liste des frais que ladite veuve Cuerel fourniracontre lui, sauf modération, comme aussi à subir la peine portée par la loy pour cette premièrefaute simple.

Il a délivré 20 baches pour être envoyés selon l’ordonnance du 8e. février 1780 à Mr. lesecrétaire du Consistoire suprême, qui voudra bien donner communication de tout ce quedessus au Consistoire de Rueyres, lieu de sa bourgeoisie.

Lecture faitte, a persisté.Ladite Cuerel se soumet aussi à la peine porté par la loy.Sur quoi délibérant, la Chambre ordonne que l’un et l’autre subissent le plustôt

possible la peine de dix jours de prison. Et selon l’ordonnance indiquée ci dessus, il seraenvoyé copie de cette sentence à Messrs. de Bussigny, auquel la communauté de Villards Ste.Croix ressortit, de même les 20 baches délivrés par ledit Carrard seront expédiés à Mr. lesecrétaire du Consistoire suprême.

[-] Comparoissance de la Corbaz et Cavin.En suite du renvoi en date du 3me. août dernier accordé à Jean François Cavin, de

Veuillens, Consistoire de Mézière, bailliage de Moudon, pour suspendre le jugement quidevoit être rendu sur la paternité de l’enfant garçon issu de ses œuvres, dont Elisabeth Corbaz,du Mont, est accouchée le 25 juin dernier, lequel a été baptisé sous le nom de Jean David.[p. 568]

Ledit Jean François Cavin et Elisabeth Corbaz, paroissans. Après les exhortations quiont été adressées audit Cavin d’effectuer le mariage avec ladite Corbaz, auquel il s’est refusé,et dont elle ne demande pas la poursuite vu sa minorité.

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Les diverses pièces de la procédure lui ayant été lues, dit et déclare qu’il reconnoît lapaternité de l’enfant garçon dont Elisabeth Corbaz a été délivrée le 25 juin dernier, lequel aété baptisé le 23 juillet sous le nom de Jean David, devant porter son nom, être de sabourgeoisie et entretenu par lui, de manière qu’il en sera seul chargé au bout de six mois dèsla date de la naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Sesoumettant du reste à payer la liste des frais que ladite Corbaz fournira contre lui, en date dece jour, sauf modération, comme aussi de subir la peine de la prison portée par la loi pourcette 1re. faute simple.

Il a délivré 20 baches pour être envoyés à Mr. le secrétaire du Consistoire suprême.Partant, le verbal ci dessus sera selon l’ordre, adressé à Mr. le secrétaire du C. suprême avecles susdit 20 baches.

Les délinquans subiront la peine de dix jours de prison le plutôt possible, pour cettepremière faute, dans le ressort, ainsi que le lieu du délit.

[-] Comparoissance de Jne. Marie Bonard et d’Adam Sébastien Regamei.Compart Jeanne Marie Bonard, de La Praz, assistée de son père. Laquelle expose

qu’ayant reçu une citation de la part de nos seigneurs du Consistoire suprême, en date du sixdu courant mois de 9bre., pour paroître à leur haute audience lundi prochain 4me. Xbre., pourentendre dire droit sur la clame de mariage qu’elle avoit formée contre Adam SébastienRegamey, de Lausanne, elle a fait, avec ses parents, et en particulier avec [p. 569] son père,ici présent, les réflections les plus sérieuses sur l’incertitude de cette cause. Elle croit prendreun sage parti de la quiter et de l’abandonner, n’espérant pas de passer d’heureux jours avecune personne qu’elle auroit put contraindre à l’épouser contre son gré et celui de ses parents.En sorte qu’elle se contente de poursuivre la clame de paternité dans laquelle elle a satsifait àtoutes les formes légales. Dont acte.

Extrait du registre des baptêmes de l’église paroissiale de Cuarnens.Jeanne Catherine, fille illégitime de Jeanne Marie Bonard, de La Praz, donnée à Adam

Sébastien Regamey, de Lausanne, est née le 26 août 1780. Elle a été présentée au saintbaptême le 17e. 7bre. suivant, dans le temple de Mont la Ville, par David Regamey etCatherine, née Neuschwander, sa femme, de Lausanne, grand-père et grand-mère de l’enfant.

Cuarnens ce 14 9bre. 1780.Signé : J. F. Détraz, pasteur.Elle conclud à ce que son enfant soit adjugé audit Regamey, avec dépens. Et comme il

avoit signé des promesses de mariage, elle supplie instamment nos illustres seigneurs duConsistoire suprême qu’il leur plaise de l’affranchir de la peine portée par la loy, de manièreque sa faute ne puisse pas lui être reprochée.

D’autre part, comparoissent Adam Sébastien Regamey et son père, David Regamey.Lequel dit qu’il accepte à fins favorables la renonciation que vient de faire Jeanne MarieBonard à sa clame de mariage. Et quand à celle de la paternité, Adam Sébastien Regameydéclare qu’il se reconnoît d’ors et déjà père de l’enfant fille dont ladite Bonard est accouchéele 26 du mois d’août dernier, laquelle a été baptisée le 17 7bre. sous le nom de JeanneCatherine, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenue par lui, en donnant [p.570] à la mère trois crones au bout de six mois pour son gage de nourice dès la date de lanaissance. Après quoi il en sera seul chargé. Il se soumet du reste à payer, sauf modération, laliste de frais que ladite Bonard fournira contre lui, de même qu’à subir la peine [prévue] par laloi pour cette première faute simple.

Lecture faite, a persisté.Sur quoi délibéré, la vén. Chambre ordonne que cette procédure sera adressée à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême par le courier de samedi prochain deux décembre1780.

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Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoiresuprême, concernant Elisabeth Duport, de Pully, et Mr. Henri Hemeling, de Lausanne, en datedu 23 9bre. courant, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 42.Tit. & alloc.Nous avons fixé le jeudi 28 Xbre. prochain pour entendre Mr. Henri Hemeling, de

Lausanne avec Elisabeth Duport, de Pully. En sorte que vous ne négligerez point d’assignerledit Mr. Hemeling à paroître par devant nous au jour marqué (ainsi que nous en avons donnél’ordre au Consistoire de Pully pour Elisabeth Duport). Et lorsque la citation aura atteint Mr.Hemeling, vous nous en donnerez aussitôt avis, c’est ce dont nous vous chargeonsamiablement par les présentes. En vous recommandant à la protection divine. Donné ce 23e.9bre. 1780.

Reçue le 27 9bre. 1780.[p. 571]

[-] Comparoissance d’Elisabeth Duport.Elisabeth Duport paroissant, a été sérieusemenrt exhortée à quiter sa clame de mariage

contre Mr. Hemeling vu l’incertitude de sa cause et le peu d’espérance d’être heureuse avecune personne qu’elle auroit contrainte par droit à l’épouser.

Ladite Duport résistant à ces exhortations, continue dans le dessein de poursuivre à saclame de mariage.

En conséquence de quoi, la citation pour paroître le 29 Xbre. lui a été remise enprésence de la vén. Chambre.

Mr. Hemeling sera assigné par mandat, dont l’huissier Fiaux donnera la relation, pourêtre le tout adressé à nos illustres et puissans seigneurs du Consistoire suprême le mardi 26Xbre. prochain.

14 décembre 1780

Du jeudi 14 Xbre. 1780.Sous la présidence du noble seigr. lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, bannerets de Bourg, du Pont, conseillers Destallents, François, Duperron,assesseur Bergier, et secrétaire Vullyamoz.

[-] Judith Irissac.Le paquet concernant Judith Irissac et son mari Jean Irissac, sur fait de divorce que

cette première sollicite, a été expédié à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême levendredi 1er. Xbre. 1780.

[-] La Bonard et Regamey.Le paquet concernant Jeanne Marie Bonnard et Adam Sébastien Regamey, a été

expédié à l’illustre Chambre suprême le samedi 2 Xbre. 1780.[-] La Corbaz et Cavin.Le 6 Xbre. 1780, communication de la sentence rendue entre Elisabeth Corbaz et Jean

François Cavin, de Veuillens, a été expédiée à la commune du Mont.[p. 572]

Le mercredi 6 Xbre. 1780, il a été expédié à Mr. le secrétaire du Consistoire suprêmedeux verbaux de sentence, l’un concernant Elisabeth Corbaz, du Mont, et Jean FrançoisCavin, de Veuillens, l’autre de même, de Françoise Monnay, veuve Cuerel, de Villards Ste.Croix, et Jean Pierre Carrard, de Rueyres, avec 40 baches, pour informer les Consistoires deMézières et Rueyres.

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Dudit jour 6 Xbre. 1780, communication de la sentence rendue entre Françoise MonnayEX, veuve Cuerel, et Jean Pierre Carrard, a été expédiée à Mr. le juge du Consistoire deBussigni.

[-] Concernant Jeanne Louise Rumph et B. Vuissiere.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le [bureau] une sentence de LL. EEces.

du Sénat en date du 23 9bre. 1780, concernant Jeanne Louise Rumph et Benoît Vuissiere, dontla teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 43.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Ayant présenté à LL. EEces. du Sénat ce verbal que vous nous avez envoyé concernant

la clame de paternité de Jeanne Louise Rumpf, de Wahleren, contre Benoît Vuissiere,catholique romain, de Villefranche en Rouergue, garçon chaudronier, ouvrier à Lausanne. Parleur sentence du 21 du courant mois de 9bre., LL. dites EEces. ont adjugé d’ors et déjà commeillégitime audit Vuissiere, ainsi qu’à un père confessant, l’enfant que ladite Rumpf [p. 573] amis au monde, et qu’elle lui a attribué à l’instant de ses couches, de manière que l’accusé seraseul chargé de cet enfant au bout de six mois dès la date de la naissance, en donnant à la mèretrois crones pour son gage de nourice. Il a du reste été condamné à tous les frais de ce procès,sauf modération. Et l’un et l’autre devront subir pour cette faute simple, la peine de dix joursde prison dans votre ressort, ainsi que le lieu du délit.

Nous ajoutons que LL. EEces. ont prononcé que ledit Vuissiere devra donner dessûretés suffisantes pour l’entretien de cet enfant, et qu’aussitôt qu’il pourra se trouver en étatd’être transporté, le père et l’enfant serons contraints d’évacuer le pays.

Ce que nous vous chargeons amiablement de procurer dans son tems.Nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 23 9bre. 1780.Emolumens.Rapport à LL. EEces. £ 1. 10 s.Pour l’adjudication 6Pour deux lettres 4

________Total £ 11. 10 s.Lesdits paroissants. Après avoir entendus la lecture dedite sentence, ont promis de s’i

conformer.Ledit Vuissiere a payé l’émolument de onze frans dix sols pour être envoyé à nos

illustres seigneurs du Consistoire suprême.L’un et l’autre se recommande à la v. Chambre pour n’être pas astreints à subir tout de

suite la peine de la prison.Sur quoi délibéré, on s’en remet à la prudence du noble seigr. lieutenant baillival.

[p. 574]Les parties rentrées, il leur a été enjoint de ne plus avoir d’intimités ni liaisons

entr’eux. La Rumpf a été exhortée à prendre bien du soin de son enfant.[-] Concernant le divorce de Jn. F. Pasteur et de la Gisclon.Mr. le président met sur le bureau les lettres de divorce de Jean François Pasteur,

obtenue le 30 9bre. dernier contre Jeanne Gisclon, sa femme, dont la teneur suit.[-] Lausanne. Nro. 44.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous vous envoyons ci inclus les lettres de divorce que Jean François Pasteur,

domicilié dans votre ressort, a obtenues contre sa femme Jeanne Gisclon, absente du pays,après toutes les proclamations d’usage. Vous inscrirez lesdites lettres de divorce sur vos

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registres, et les remettrez ensuite audit Pasteur pour s’en servir où besoin sera. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 30 9bre. 1780.

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république deBerne. Sçavoir faisons par les présentes, qu’à l’audience de ce jour, Jean François Pasteur,natif de Lausanne, nous ayant représenté les proclamations qu’il a procurées contre sa femme,Jeanne Gisclon, absente du pays, en suite de la permission que nous lui avions [p. 574b]11

accordée le 5e. juin dernier. Lesquelles proclamations ont bien été faites selon l’ordre, àl’Eglise de Lausanne, trois dimanches différents, tombant au 25 juin, 6e. août et 17e. 7bre., sansque ladite Gisclon, ni personne en son nom, se soit présenté pour répondre en droit à sesalléguations pour clame de divorce. Le requérant nous auroit humblement demandé qu’il nousplut de le séparer entièrement de sa femme infidèle.

Sur ce, trouvant cette demande juste et fondée en droit, nous avons connu et jugé quele lien du mariage qui avoit subsisté jusqu’ici entre Jean François Pasteur, impétrant, etJeanne Gisclon, sa femme, seroit d’ors et déjà, par les présentes, enlevé et annullé pourtoujours, de manière qu’il pourra recouvrer sa pleine liberté, et qu’il lui sera permis de seremarier aillieurs, selon qu’il lui conviendra.

Du reste, nous avons condamné ladite Gisclon à tous les frais occasionnées par cedivorce, sauf modération, renvoyant le plaignant sur cet objet, autres réclamations légitimesqu’auroit à faire, à s’adresser ainsi qu’il conviendra, par devant le juge compétent, pour saisirce qu’il lui sera dû dans les biens de ladite Gisclon, partout où il pourroit en trouver. Donné ce30 9bre. 1780.

Signé : Jean Sam. Freudenberguer, secrétaire.[p. 575]

[-] Concernant Jeanne Marie Mäder, femme de Jaq. François Megevan.Mr. le président met sur le bureau un mandat de sa magnifique seigneurie baillivale, en

date de ce jour 14 Xbre., par lequel il est ordonné, d’après le rescrit de Leurs Excellences, du2e. dudit mois, de dresser procès verbal de la désertion malicieuse et furtive de Jeanne MarieMäder, femme du Sr. Jaques François Megevan, citoyen de cette ville, et de l’entendre dansses deffences sur sa conduite blâmable, pour être envoyé incessamment à nos illustres etpuissans seigneurs du Consistoire suprême, dont la teneur suit.

Nous, le colonel Jenner, baillif de Lausanne.A vous, Messieurs le lieutenant, les pasteurs et les assesseurs du v. Consistoire de

Lausanne. Amiable salut.Nous vous informons qu’ayant mis sous les yeux de Leurs Excellences le procès

verbal dressé par le n. Conseil de cette ville, au sujet de la désertion malicieuse et furtive deJeanne Marie Mäder, femme du Sr. Jaques François Megevan, orphèvre, citoyen de cette ville,en date du samedi 12 du mois d’août dernier, pour se rendre en pays étranger, aidée etfavorisée par le nommé Joseph Mandola, de Turin, ouvrier dans leur maison. Comme aussisur le vol des objets les plus considérables du commerce du Sr. Megevan. Leurs ditesExcellences [p. 576] ont observé que les illustres seigneurs du Consistoire suprême n’ontjusqu’à présent aucune connoissance officielle de cet évenement, ainsi que votre devoirl’exigeoit. En sorte que par leur rescrit du 2 du courant mois de décembre, elles vousenjoignent très expressément d’instruire un procès verbal sur la conduite blâmable de laditeMegevan. A quel effet, vous l’assignerez personnellement par devant vous pour l’astreindre àsubir un interrogatoire suivi sur faits et articles, l’entendant dans ses défenses, sur les motifsde séduction et autres qui peuvent l’avoir portée à faire une démarche si répréhensible.

Vous ne tarderez point d’expédier le plutôt possible les résultats de votre enquête,comme vous sçaurez bien faire, aux illustres seigneurs du Consistoire suprême qui, selon leur

11 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 374, d’où p. 374b.

257

sagesse, ordonneront ce qu’il conviendra pour la réparation du scandale et des mœursoutragées.

Nous vous recommandons à la protection divine. Donné pour conduite ce jeudi 14décembre 1780.

En conséquence duquel mandat, Mr. le président auroit fait assigner ladite Megevan àparoître céans aujourd’hui. L’huissier Fiaux, de la v. Chambre, interpellé à dire si la citationauroit atteint ladite Megevan.

R. : Qu’après l’ordre reçu, il s’étoit transporté dans la maison du Sr. Jean Mäder, pèrede la femme Megevan, chez qui elle devoit être. La femme du Sr. Mäder lui auroit assuré quesa fille étoit absente.

Sur quoi, l’avis a été que la femme Megevan n’ayant été citée que verbalement, elledevoit être assignée par mandat pour la prochaine assemblée.[p. 577]

[-] Concernant la femme d’Antoine Nicolas et Marie Pilliod.Paroissent la femme d’Antoine Nicolas, née Joyet, et Marie Pillioud. Lesquelles ont

été assignées par devant la v. Chambre pour avoir lavé des ventres de vaches le dim. 3décembre, au moment qu’on alloit à l’église à neuf heures du matin.

Elles conviennent de leur faute, et cherchent à s’excuser en disant que les bouchersexigent d’elles qu’elles fassent cette opération incessamment pour des bêtes qui ont été tuéesdans la journée. Elles étoient alors à l’ouvrage.

Par bonnes considérations, la Chambre veut bien libérer ces femmes de l’amandeportée par la loi, mais elles devront être exortée sérieusement à ne pas donner de pareilsscandales dans les jours destinés au service divin.

Ordonné que le Sr. Beck sera assigné pour la 8ne.La Chambre sera ajournée au jeudi 21 du courant pour délibérer sur les moyens de

rétablir le bon ordre à plusieurs égards.[-] Jne. Marie Marillet ; Jean Daniel Pilliod.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême en date du 4 Xbre. 1780, concernant Jeanne Marie Marillet, d’Epalinges, et JeanDaniel Pilliod, de Vevey, dont la teneur suit.

[-] Epalinges. Nro. 46.Tit. & alloc.Jean Daniel Pilliod, de Vevey, s’étant reconnu le père confessant de l’enfant fille dont

Jeanne Marie Marillet, votre ressortissante, ci devant domestique à Lausanne, est accouchée le21 9bre. dernier, et qui a été baptisée sous le nom de Marie Madeleine. Sur ce, nous avonsadjugé d’ors et déjà audit Pilliod cette enfant, comme illégitime, devant porter son nom, [p.578] être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui, de manière qu’il en sera seul chargé au boutde six mois dès la date de la naissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage denourice. Il est de plus condamné à tous les frais de ce procès, sauf modération.

L’un et l’autre subiront seulement la peine de cinq jours de prison, par bonnesconsidérations, à Lausanne, ainsi que le lieu du délit. Dieu soit avec nous. Donné ce 4me. Xbre.1780.

Reçue le 13 Xbre. 1780.[-] Jeanne Rose Bugnon ; George Legere.Mr. le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du Consistoire

suprême, concernant Jeanne Rose Bugnon, de Coinsins, et George Legeret, de Chexbres, du13 9bre. 1780, dont la teneur suit.

[-] Glerolles.Tit. & alloc.

258

Il est bien vrai que l’ordonnance de LL. EEces. du 8e. février dernier porte que dans lecas de paternité où il ne se rencontre aucune contestation entre les parties, il suffit quel’Inférieur nous envoye simplement un verbal à ce sujet, avec un émolument de 20 batz. Maislorsqu’il est arrivé, comme aujourd’hui, que le jugement de la clame de paternité, à raison desnégatives de l’accusé, a été renvoyé jusqu’après les couches de la plaignante, que l’aveu del’accusé nous est seulement parvenu après lesdites couches, et que par cette manière deprocéder il y a eu lieu d’écrire plusieurs lettres, le deffendeur ne pourra pas tirer parti de cebénéfice, et doit être traité selon le tarif de Leurs Excellences du 200 de 1745, comme le toutse voit plus amplement dans le tarif qui a été envoyé dernièrement, de même que dansl’ordonnance rendue par Leurs Excellences du Sénat le 8 février dernier.[p. 579]

En conformité de cet éclaircissement qui doit vous servir de direction constante pourl’avenir, nous avons adjugé d’ors et déjà à George Legeret, de Chexbres, comme illégitime,devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, et entretenu par lui, l’enfant garçon dont JeanneRose Bugnon, de Coinssins, est accouchée le 25 7bre. 1780, lequel a été baptisé sous le nom deJean. Et selon la convention faite entre parties, ledit Legeret restera seul chargé de l’enfantaprès 9 mois dès la date de la naissance.

Quand aux frais, chaque partie supportera les siens, de manière cependant que Legeretseul devra payer les émolumens de notre Chambre.

Du reste, nous les avons condamné l’un et l’autre à la peine de 10 jours de prison,ainsi que le lieu du délit. Dieu soit avec nous. Donné ce 13e. 9bre. 1780.

Emolument d’adjudication 61 lettre à Coinsins 22 lettres à Glerolles 4

_________12

A déduire déjà envoyé 2_________

Total 10Monsr. le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres et puissans seigneurs du

Consistoire suprême en date du 4e. Xbre. 1780, concernant Jeanne Marie Bonard et AdamSébastien Regamey, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 45.Tit. & alloc.Puisqu’il résulte présentement de votre verbal que Jeanne Marie Bonard, de La Praz,

paroisse de Mont la Ville, se seroit désistée des promesses de [p. 579b]12 mariage que lui avezfaite votre bourgeois Adam Sébastien Regamey, nous avons affranchi les parties de leurengagement et les avons rendu à leur précédent état de liberté. Adjugeant d’ors et déjà commeillégitime audit Regamey, l’enfant fille dont la Bonard est accouchée le 26 du mois d’aoûtdernier, et qui a été baptisée sous le nom de Jeanne Catherine, devant porter son nom, être desa bourgeoisie, de manière qu’il en soit seul chargé au bout de six mois dès la date de lanaissance, en donnant à la mère trois crones pour son gage de nourice. Nous avons de pluscondamné ledit Regamey envers la Bonard, à tous les frais de ce procès, sauf modération.

Quand à la peine, Regamey subira dix jours de prison dans votre ressort, et la Bonard,par bonne considération, en sera affranchie. Nous vous recommandons à la protection divine.Donné le 4e. Xbre. 1780.

Reçue le 13 Xbre. 1780.[-] Chardonne, au lieu de Corsier.

12 Erreur de pagination, le scribe a doublé la page 379, d’où p. 379b.

259

Tit. & alloc.Abraham Rouillé, d’Ormond Dessous, servant aux gardes en Hollande, ayant avoué la

clame de paternité qu’a formée contre lui Jeanne Françoise Demière, votre ressortissante, etdans laquelle elle a persisté à l’instant de ses couches, en mettant au monde un enfant quiseroit mort successivement le 3 du mois passé, il ne s’agit plus de prononcer sur la paternité.En sorte que nous avons purement et simplement condamné les parties à 10 jours de prison àLausanne, ainsi que le lieu du délit, adstreignant en outre ledit Rouillé, accusé, au payementde tous les frais de ce procès, sauf modération. Dieu soit avec nous. Donné ce 16 9bre. 1780.

Reçue le 16 9bre. 1780.[p. 580]

21 décembre 1780

Du jeudi 21 décembre 1780.Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin, de l’Eglise allemande, présent, conseillers Destallents, Duperron,assesseur Bergier, et secrétaire.

[-] Concernant Jne. Louise Rumph et Vuissiere.Le vendredi 15 Xbre. 1780, le noble seigneur lieutenant baillival a expédié à Mr. le

secrétaire du Consistoire suprême, nro. 10, pour l’émolument acquité par Benoît Vuissiere, deRouergue, sur la sentence Nro. 43 du 23 9bre.

Bordereau, un demi louis d’or neuf 8Un petit écus 2Valeur 1

_____ 11# 10s.

[-] Jeanne Marie Bonard et Adam Sébastien Regamey.Dudit jour, le secrétaire a avisé Jeanne Marie Bonard, de La Praz, que sa liste contre

Regamey, se montoit à fl. 112. 3 s., et qu’elle devoit lui envoyer 22 fl. 6 s.pour ses honorairesavant l’expédition.

[-] Jne. Marg. Vere et Franç. Roland.Le mardi 19 Xbre. 1780, a été expédié à l’adresse de Mr. le juge du Consistoire de

Chapelles, la communication de la procédure d’entre Jeanne Marguerite Vere, leurressortissante, et François Roland, natif de Genève.

[-] La femme Megevan. Sa comparoissance.Compart volontairement la femme du Sr. Jaques François Megevan. Laquelle déclare

que la citation qui lui avoit été donnée la huitaine précédente l’a atteinte. Et qu’ayant apprisqu’elle seroit assignée par mandat pour le 28 Xbre., s’est disposée d’elle même à demanderl’entrée pour aujourd’hui.[p. 581]

Interrogée de son nom, surnom, âge et demeure actuelle.A dit : Je m’appelle Jeanne Marie Mäder, femme du Sieur Jaques François Megevan,

cittoyen de cette ville, âgée de 27 ans, domiciliée actuellement chez mon père, Jean Mäder,habitant dedite ville.

Interrogée quelle étoit son dessein lorsqu’elle s’éloigna de la maison de son mari le 12du mois d’août dernier à huit heures du soir.

R. : Qu’elle avoit eu une maladie très fâcheuse qui avoit affoibli les forces de sonesprit, et que le nommé Joseph Mandola, ouvrier chez son mari, l’avoit séduite par desespérances vaines, cherchant à lui persuader qu’il lui seroit très avantageux de se rendre àTurin avec lui, et qu’il avoit même usé de violence à son égard.

Interrogée où ils abordèrent après avoir passé le lac.

260

R. : Qu’ils arrivèrent à Thonon à 3 heures du matin, et que Mandola se mit enmouvement pour chercher une voiture, s’étant arrêtés quelques moment dans une auberge.

Interrogée si elle se rappelle le nom du lieu où ils arrivèrent le dimanche au soir.R. : Qu’elle ne se ressouvient du nom de cet endroit, et que dès là, ils ont toujours

voyagé jour et nuit dans la voiture juqu’à Lans le Bourg, qu’ils arrivèrent le mardi au soir, 15du mois d’août.

Interrogée s’ils poussèrent leur route plus loin.R. : Que non, que le mercredi matin, qu’ils étoient à la veille de de partir, ayant été

poursuivis vivement [p. 582] par son père Jean Mäder et par son beau-frère, Ulrich Delisle,qui arriva le premier. Elle se rendit à lui et revint sans résistance, de compagnie.

Interrogée où elle est restée dès lors juqu’au 11e. 7bre., qu’elle est rentrée dans cetteville.

R. : Qu’elle a séjourné pendant tout ce tems là à Genève chez le Sr. Liotard, ami deson père.

Interrogée si elle a constamment [vécu] chez son père, sans sortir de la maison dès le11 7bre.

R. : Que oui, mais qu’elle a été obligée de se retirer de nouveau à Genève vu les actesde violences que l’on a faites chez son mari et chez son père à l’occasion de son retour.

Elle manifeste la plus grande douleur de la faute qu’elle a commise, présentant unehumble requête qu’elle supplie la Chambre de faire passer à nos illustres seigneurs duConsistoire suprême. Elle produit en même tems une pièce Nro. 10, qu’elle a signé le 24 8bre.dernier, et qui a déjà été sous les yeux de Leurs Excellences du Sénat dans l’information qu’àprise le noble Conseil de cette ville.

Relu et ratifié.Se présente le Sr. Jaques François Megevan. Lequel expose qu’il pardonne

sincèrement à Jeanne Marie Mäder, sa femme, la faute qu’elle a commise envers lui, dansl’espérance de passer des jours heureux avec elle, suppliant nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, pour le repos et la paix de leur famille, de lui rendre son épouse sansl’astreindre à d’ultérieures humiliations.[p. 583]

Il remet une humble représentation, tant en son nom qu’au nom de leurs parents, àlaquelle il demande qu’il soit donné cours.

Sur quoi délibéré, nous nous sommes rappellés que nous nous hâtâmes de nousoccuper de cette affaire le 21 août dernier, immédiatement après l’évènement, où nousjugeâmes devoir la suspendre jusqu’à ce que la femme Megevan fut rentrée dans lasouveraineté. Qu’à son arrivée, étant survenu des faits qui avoient porté cette affaire devantun autre tribunal, nous n’avions put en prendre aucune connoissance. Qu’agissant à présent ensuite des ordres supérieurs, nous donnons cours aux humbles requêtes qui ont été mises sur lebureau.

Au surplus, la Chambre a vu avec sensibilité la profonde douleur qu’a manifesté aveclarmes la femme Megevan qui, selon le rapport de Messieurs les révérends pasteurs, a tenujusqu’au moment de cette malheureuse évasion, une conduite irréprochable pendant dix ansde mariage. Les bons procédés du mari, le Sr. Megevan, qui pardonne avec sincérité à safemme la faute qu’elle a commise envers lui, ont aussi été envisagée par la Chambre commeune circonstance très favorable à procurer le repos et la paix des deux familles, de même quel’éducation intéressante de trois enfans en bas âge.

28 décembre 1780

Du jeudi 28 Xbre. 1780.

261

Sous la présidence du noble seigneur lieutenant baillival, le v. Consistoire s’estassemblé, ont assisté Mess. anciens doyens Polier de Bottens, Leresche, past. Besson,Chavannes, Sprunglin, conseillers Détallents, François, Duperron, et secrétaire Vullyamoz.[p. 584]

Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau la clame de paternité d’AnneScheurer, de Leutweil, bailliage de Lenzebourg, contre Jean Hertel, de Pisy, bailliaged’Aubonne, du 13 Xbre. 1780, dont la teneur suit.

Du mercredi 13 décembre 1780, 4 heures après midi.Anne Scheurer, fille de Jacob Scheurer, de Leutweil, Consistoire dudit, bailliage de

Lentzbourg, âgée de 30 ans, fileuse en coton, domiciliée depuis un an dans cette ville chezChrist Henny, à la Barre, bannière de la Cité, déclare être enceinte des œuvres de Jean Hertel,de Pisy, Consistoire d’Aubonne, âgé d’environ 19 ans, cordonnier de profession, demeurant cidevant à Lausanne chez le maître Menétrey. Son commerce charnel avec lui ayant commencédans le courant du mois d’août dernier, et continué jusqu’en novembre. Il lui a fait depromesses verbales de mariage. Elle compte d’être enceinte d’environ 4 mois et demi.Interpellée de signer, a dit ne sçavoir pas écrire.

Lecture faite, a persisté.En témoin de quoi signé, Lausanne ce 13 Xbre. 1780.Signé : Polier de Vernand, lieutenant baillival.Du jeudi 14 Xbre. 1780, 10 heures du matin.

[p. 585]Jean Hertel, de Pisy, âgé de 19 ans, cordonnier de profession, vient dire qu’il veut se

marier avec ladite Anne Scheurer. Il est renvoyé à sa mère pour sçavoir d’elle si elle consent àson mariage.

[-] Comparoissances de Anne Scheurer et de Jean Hertel.Compart Anne Scheurer. Laquelle, après [avoir] entendu la lecture de sa déclaration,

l’a confirmée en tout son contenu.Ledit Jean Hertel paroissant. Après avoir ouï la lecture de la clame de mariage et de

paternité que forme contre lui Anne Scheurer, dit quand à la paternité, qu’il reconnoît la véritéde son accusation, et quand à la clame de mariage, il annonce qu’il ne veut pas se dédire despromesses de mariage qu’il a faite, mais qu’il réserve toutes ses justes exceptions jusqu’autems de l’accouchement, pour sçavoir s’il correspondra avec les dates indiquées.

Anne Barbe Gotz, femme en premières noces de Frédérich Hertel, de Pizy,aujourd’hui femme de Philippe Frédérich Frank, d’Arau, se présente en sa qualité de mère deJean Hertel, réclamant le bénéfice de la loi en sa faveur, et fait ici des oppositions formelles,vu la minorité de son fils, au mariage projeté de faire avec ladite Scheurer, ses facultésactuelles ne lui permetant point de s’établir pour le coup.

Sur quoi délibéré, la vén. Chambre ordonne que le commencement de cette procéduresoit adressée selon l’ordre à nos illustres seigneurs du Consistoire suprême, de même qu’auxcommunautés respectives.

Il sera enjoint à Anne Scheurer de se retirer au plutôt par devers ses parents àLeutweil, pour suivre à sa procédure, selon les formes légales.[p. 586]

Au rapport, ladite Anne Scheurer a promis de se rendre dans peu à Leutweil auprès deses parens.

Et ledit Hertel s’est engagé solemnellement de ne point s’éloigner jusqu’à ce que laprocédure soit finie.

[-] La femme du boucher Bek.

262

Compart la femme de Bek, boucher en cette ville, pour suivre au délibéré de la céancedu 14 du courant, et être entendue au sujet d’un bœuf qu’elle a fait tuer le dimanche 3 ducourant mois de Xbre.

[-] Commission donnée concernant les mœurs.La Chambre s’est occupée de la lecture des ordonnances de 1769 et 1773 pour faire

régner le bon ordre dans les jours du service divin.Il a été parlé de nombre d’objets qui méritent la plus grande attention et sur lesquels

Messieurs les révérends pasteurs Leresche et Chavannes sont priés de donner leur préavis parécrit, pour en délibérer et faire l’usage qu’il conviendra.

18 janvier 1781

Du jeudi 18 janvier 1781.Sous la présidence du noble seignr. lieutenant baillival, le vén. Consistoire s’est

assemblé, ont assisté Messieurs doyens Polier de Bottens, Leresche, pasteurs Besson,Chavannes, Sprunglin, de l’Eglise allemande, banneret de Bourg, conseillers Destallents,François, Duperron, et secrétaire.

[-] Les jugaux Megevan.Le 30 Xbre. 1780, le paquet concernant la femme Megevan, née Mäder, a été expédié à

nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.[p. 587]

[-] Anne Scheurer et Jean Hertel.Le 6 janvier 1780 (sic : 1781) expédition a été faite au Consistoire suprême du

commencement de procédure d’entre Anne Scheurer, de Leutweil, et Jean Hertel, de Pizy.Dudit jour, communication en a été donnée à l’adresse de Mr. le juge du Consistoire

d’Aubonne, de même qu’à celui de Leutweil.[-] Concernant Elisabeth Duport et Mr. Hemeling.Le noble seigneur lieutenant baillival met sur le bureau le rescrit de nos illustres

seigneurs du Consistoire suprême concernant Elisabeth Duport et Mr. Hemeling, en date du28 Xbre. 1780, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 46.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.A l’audience de ce jour, ont comparu en droit par devant nous, Elisabeth Duport, de

Pully, domiciliée à Lausanne, demanderesse, d’une part, et votre bourgeois, Henri Hemeling,assisté de Mr. l’avocat Tschiffely, défendeur, d’autre part.

La demanderesse ayant insisté dans les conclusions tirées de la procédure pour obtenirl’accomplissement des promesses de mariage qui lui ont été faites, le deffendeur ayant conclude son côté à la libération entière de la clame, se tenant fondé sur les moyens que présententen sa faveur la procédure.

Sur ce, après avoir examiné toutes les pièces déposées en droit, et pesé avec soin lesallegations faites à l’audience.[p. 588]

Nous avons éconduit la demanderesse de sa clame mal fondée, annullant tout ce quipeut s’être contracté entre parties, et libérant entièrement le deffendeur de la demande enmariage qui lui étoit faite.

Quand aux frais, nous avons prononcé, par bonne considération, qu’ils doivent êtrecompensés entre parties, en sorte que chacune d’elles supportera les siens.

Et concernant la peine que mérite le commerce illicite et avoué par les parties, nousordonnons que la plaignante subisse dix jours de prison dans le ressort. Et pour avoir feintd’être enceinte, il y sera ajouté un jour de plus.

263

Le deffendeur, au contraire, vu le nombre de raisons qui font en sa faveur, n’estcondamné qu’à cinq jours de prison dans le lieu de sa bourgeoisie.

Sur quoi, nous vous recommandons à la protection divine. Donné ce 28 Xbre. 1780.Reçue le 6 janvier.L’huissier de la Chambre ayant reçu ordre de s’informer si Elisabeth Duport seroit de

retour de Berne, pour l’assigner à paroître céans, fait rapport qu’il auroit parlé à lamaréchaussée Martin, beau-frère, qui lui a dit qu’elle n’étoit pas encore de retour.

Monsieur le président met sur le bureau le rescrit de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, concernant Madeleine Bill et Jean Scherzinger, en date du 4e. janvier1781, dont la teneur suit.[p. 589]

[-] Lausanne. Nro 1.Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville et république de

Berne. Salut.Nous vous chargeons amiablement de manifester à Jean Scherzinger, d’Utweil, en

Turgovie, domicilié dans votre ressort, qu’après les engagemens qui ont eu lieu entre lui etMadeleine Bill, de Mooseedorf, nous avons adjugé comme illégitime audit Scherzingerl’enfant garçon issu de leur commerce, devant porter son nom, être de sa bourgeoisie, etentretenu par lui.

Nous l’avons de plus condamné à tous les frais de ce procès, sauf modération. A quoivous ajouterez que le v. Consistoire de Zürich a reconnu ledit enfant comme légitime, puisquele mariage n’a pas pu s’effectuer entre parties, accause du peu de facultés de ladite Bill.

C’est aussi sur ce fondement que nous les avons libérés de toute punition. Nous vousrecommandons à la protection divine. Donné ce 2e. janvier 1781.

Reçue le 8e. janvier 1781.Emolument sentence 2 crones 10 baches5 lettres au pays 4 51 lettre hors du pays 1Copies 24

__________________8 crones 14 batz.

21# 8 s.[p. 590]

[-] Comparoissance de Jean Scherzinger.Jean Scherzinger duement assigné, paroissant. Lecture lui ayant été faite du rescrit ci

dessus, il accepte la sentence, et promis de se conformer à ce qui y est ordonné.Interrogé s’il est en état de payer huit crones et quatorze baches, soit 21# 8 s. pour

l’émolument ordonné par nos illustres seigneurs du Consistoire suprême.R. : Que ses facultés ne le lui permetent pas. La profession de tisserand qu’il exerce

étant très peu lucrative, il peut à peine subvenir à sa subsistance et à celle de l’enfant qui luiest adjugé. Il assure qu’il ne lui a pas été possible de faire aucune épargne jusqu’à présent.

La Chambre ne pouvant pas donner un acte de pauvreté audit Scherzinger qu’elle neconnoît point, et qui ne demeure point en ville, le deffere à sa magnifique seigneuriebaillivale, conformément à l’arrêt souverain du 3 juin 1760, pour en ordonner ce qu’elletrouvera bon.

Le secrétaire est chargé de présenter à sa seigneurie baillivale copie de ce que dessus.Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs du

Consistoire suprême, concernant Anne Scheurer, de Leutweil, et Jean Hertel, de Pizy, en datedu 8e. janvier 1781, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro 2.

264

Nous, le président et les assesseurs du Consistoire suprême de la ville & république deBerne. Salut.[p. 591]

Nous avons donné avis au Consistoire de Leutweil de la clame de mariage et depaternité d’Anne Scheurer, dudit Leutweil, contre Jean Hertel, de Pisy, en lui enjoignant depourvoir à ce que ladite Scheurer soit entendue à l’instant de ses couches. Nous vous feronspart dans son tems du résultat de cette affaire. Nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 8me. janvier 1781.

Reçue le 15 janvier 1781.[-] Comparoissance de Jean Hertel.Jean Hertel paroissant. Communication lui a été donnée dudit rescrit, dont lecture lui a

été faite. On a continué de lui enjoindre de ne pas s’éloigner jusqu’à ce que la procédure soitfinie. Ce qu’il a promis de pouvoir faire, étant ouvrier en cette ville.

Monsieur le président met sur le bureau un rescrit de nos illustres seigneurs duConsistoire suprême, concernant Judith Guerber, femme de Jean Irissac, de la Corporationfrançoise de Lausanne, du 11 janvier 1781, inclus la réponse de Jean Irissac, datée de Cony le2 janvier 1781, dont la teneur suit.

[-] Lausanne. Nro. 3.Tit. & alloc.Vous recevrez ci inclus la réponse qu’a faite Jean Irissac, au louable régiment

Tscharner, sur la plainte que sa femme, Judith Guerber, a formée contre lui. Nous vouschargeons amiablement de la lui communiquer et de sçavoir d’elle quelle est sa résolution àcet égard, pour nous la faire ensuite parvenir. Sur ce, nous vous recommandons à la protectiondivine. Donné ce 11e. juin (sic : janvier) 1781.

Reçue le 15 janvier 1781.Inclus la copie du mémoire de Jean Irissac, médecin vétérinaire, Cony ce 2e. janvier

1781, ci bas transcrite13.[p. 592]

[-] Comparoissance de Judith Guerber.Judith Guerber, duement assignée, femme de Jean Irissac, paroissant. Lecture lui a été

faite de la réponse de son mari Jean Irissac.Elle prie la Chambre de lui en donner copie et terme de 15ne. pour se réfléchir et

produire ses répliques.Mr. le révérend pasteur allemand ayant eu avis qu’une jeune personne de sa paroisse,

âgée seulement de 14 ans et deux mois, auroit vécu en grande intimité avec un nomméChatelan, domestique dans la maison de feu sa mère, la veuve Wasserfaller, et que même, lebruit de sa grossesse se répandoit de toutes part, soit par les discours indiscrets des parents decette jeune fille, soit par l’imprudence dudit Chatelan, il auroit trouvé convenable de parer àce désordre, et demandé que ces deux personnes fussent convoquées par devant la Chambre.A quel effet l’une et l’autre ont été assignées à ce jour.

[-] Comparoissance de Janne Marie Wasserfaller et Jean Aaron Chatelan.Jeanne Marie Wasserfaller, fille de feu Jean Pierre Wasserfaller, de Wilerotigen, née le

23 9bre. 1766, dont acte, domestique chez son oncle, Christ Muller, fermier à Vidi, dans labanlieue, de Trub, bailliage de Trachselwald.

Interrogée si elle est enceinte.R. : Qu’elle ne le sçait pas.Interrogée si elle a eu commerce charnel avec quelqu’un, et avec qui.

13 Visiblement le scribe a oublié de transcrire la réponse de Jean Irissac.

265

R. : Que oui, avec Jean Aaron Chatelan, de Brettigny, ci devant domestique dans leurmaison, en Pierraz de Plan, dans la banlieue.[p. 593]

Interrogée si elle est dans l’intention d’épouser ledit Jean Aaron Chatelan.R. : Que oui, que c’est son dessein.Compart ledit Chatelan.Interrogé de son nom, surnom, âge et demeure.A dit : Je m’appelle Jean Aaron Chatelan, fils de David Chatelan, de Brettigny, âgé de

30 ans, valet de vignes au Bois de Vaud, dans la banlieue, chez Justin Pache.Interrogé s’il est vrai qu’il ait eu commerce charnel avec ladite Jeanne Marie

Wasserfaller.R. : Que oui, et qu’il est véritablement repentant de la faute qu’il a commise.Interrogé s’il est dans l’intention de s’épouser ladite Wasserfallen.R. : Que oui.Le Sieur Lederman, tuteur de ladite Wasserfaller paroissant pour l’assister.Il lui a été demandé s’il consent au mariage de sa pupille.R. : Qu’il souhaite d’avoir un terme convenable de 15 jours ou d’un mois pour

conférer avec les frères de sa pupille, et sçavoir d’eux s’ils voudroient consentir à ce mariage.Relu, ratifié.Sur quoi délibéré, la v.Chambre veut bien accorder le terme d’un mois demandé par le

Sieur Lederman, ainsi que tuteur de ladite Wasserfaller, pour conférer avec ses parents, etconsulter ce qui seroit son plus grand avantage.

Il sera expressément enjoint audit Chatelan de n’avoir aucunne communication nifréquentation avec ladite Wasserfaller, ni de près ni de loin, jusqu’à ce que cette affaire soitterminée.

Au rapport, Chatelan a promis solemnellement de se conformer aux ordres reçus.[p. 594]

Extrait des registre baptistaire de l’Eglise allemande de Lausanne.Jeanne Marie, fille de Jean Pierre Wasserfaller, de Wyleroltigen, paroisse de Kerzers,

et de Marie Osbauser, sa femme, est née le 23e. novembre 1766, et a été baptisée dans l’égliseallemande de Lausanne le 7e. décembre, présentée par Abr. Balthasar Hegue, de Lausanne, etJean Louis Favre et leurs épouse.

Ce qu’atteste à Lausanne le 18 janvier 1781.Signé : E. F. Sprunglin, pasteur.Messieurs les révérends pasteurs Leresche et Chavannes furent priés de donner leur

préavis par écrit dans l’assemblée du 28e. Xbre. 1780, la vén. Chambre s’étant occupée de lalecture des ordonnances de 1769 et de 1773, pour faire régner le bon ordre dans les jours duservice divin.

Lesdits Messieurs présentent aujourd’hui un mémoire sur les moyens qu’on pourroitemployer pour faire observer la décence et la règle les jours de dimanche, et parer à diversabus.

La chambre après avoir entendu lecture dudit mémoire, a remercié Messieurs lesrévérends pasteurs du fruit de leur travail, et leur rend un juste tribut de louanges pour le zèleéclairé qu’ils manifestent dans les moyens propres à l’effet de rétablir l’ordre autant quepossible la sanctification du jour du Seigneur.

[p. 595]Le secrétaire fera deux copies au net dudit mémoire, qui circuleront chez tous les

membres de la Chambre pour les mettre en état de raisonner sur la matière en traite, avecconnoissance de cause.

Fin du présent registre.

266

(Index original du livre du Consistoire)

A ; BArrêts concernant les émolument fol. 380Arrêt souverain concernant les fautes simples et autres 421Rescrit du Consistoire suprême concernant les émolumens 423Arrêt ou inctructions souveraines pour les Consistoires inférieurs 425Récépissé concernant les émolumens qui ont été payés 439Arrêt ou instructions circulaires pour le meilleur à donner aux procédures

Consistoriales 511Arrêt souverain concerant le serment des consistoriaux infér. 537Concernant les émolumens en arrière 540Anne Marie Beney 17, 181David Beney ; Michel Bohner 21, 36, 37, 41, 46, 47Frédéric Laurent 22Jeanne Louise Chatelan ; Sieur Grasset 40, 48Veuve Armand 74, 87Mr. Frédérich Bergier 77 = élu assesseurLa femme du perruquier Besson 86La fille du perruquier Besson 89Susanne Marie Duffaux ; André Juvan 6, 89, 95, 96Françoise Baud ; Pre. François Noverraz 144Anne Amy ; Jean Jaques Vannes 155, 160, 168, 173, 244,

245, 246, 247, 248, 249,251, 257, 263, 264, 320,355, 366

François Besson 165Le partage de la boette 186Louise Aubertet ; Pierre Daccord 95, 147Susanne Blanc ; Pierre Gotier 220, 221, 283Elisabeth Ardin et Charles Ardin 249, 254, 257, 269, 274,

286Susanne Bovey 310Marguerite Bournand ; François Borde 317, 345, 353, 354, 248,

386, 402, 443Concernant les bailliages médiats 318, 329Elie Blanc 352Marguertite Bournand dite Borde ; Jacob Holz 365, 374, 379, 385, 402,

435, 443Charlotte Basset ; Emmanuel Prades 557Anne Delavaux ; Jean Puesche 381Béatrix de Villefort ; Frédérich Reuchlin 381Elisabeth Duport ; Mr. le secrétaire Hemeling 452Jeanne Marie Bonard ; Adam Sébastien Regamey 482, 484, 490, 491, 494,

515, 530, 543, 531, 532,550, 557, 568, 580, 578

Jeanne Catherine Chapais ; Elie Chapallaz 492, 514, 527, 533, 543,545

267

Nicolas Bettlehem ; Anne Schindler 513Jacob Bipper 518La femme de Bourgeois tenant billard en Etraz 520Madeleine Bill ; Jean Scherzinger 527, 528, 529, 590Charlote Basset ; Emanuel Prades 557La femme Bek 586G. Jeanne Rose Bugnon ; George Legers 578

C ; DJean Daniel Delessert, guet 1François Clavel 1La veuve Delaperry et George Dupraz 10Gédéon Corbaz 44, 42Jeanne Louise Chatelan ; Sr. Grasset 40, 48, 51Victor Déaux 49, 58Susanne Marie Dufaux ; André Juan 49, 50, 82, 93, 97La femme de Jean Pierre Dizerens 59Jean Marc, fils Cretenoud 64Jean Isaac Détraz 74Jeanne Debamp 75Susanne Debettaz 148Jeanne Elisabeth Détraz ; Gabriel Clément 152, 155, 217Jean Anthoine Ducloux 154Georges Louis Cochet 165Mr. le conseiller de Crousaz 186Marie Dupraz ; Jean Abram Renaud 219, 266, 269, 271Jeanne Chavan ; Jn. Samuel Pache 242, 255, 258, 264Mr. de Glan et sa femme, née Ausset 257, 272, 273, 276, 286,

288, 487, 491, 514, 518,519

Mr. de Gland et sa femme, née Ausset 258, 271, 491, 497, 500,510

Chalote Chapuis ; Christian Herman Reuner 289, 297, 301Marguerite Corbaz et Jean Rosan 302, 305, 354, 355Les jugaux Charlet 416, 513, 522Les jugaux Chabaud 322, 323, 324, 345,

363,369, 371, 405, 418Marianne Ducret ; Benoît Mercier 339Pauline Dufour 359Rose Charoton ; Philippe Jaquerod 367, 371, 376, 379, 405,

418, 426Pierre Colomb ; Judith Cardinaux 379Elisabeth Corbaz ; Jean Cavin 409, 410, 448, 503, 567,

571Béatrix de Villefort ; Frédérich Reuchlin 385Jaques Daccord 427Veuve Cuerel ; Jean Pierre Carrard 438, 565Madeleine Ducret ; Benoît Mercier 451Marguerite Durussel ; Daniel Mercier 466, 478, 498, 505, 510,

511

268

Les jugaux Crot 471, 472Elisabeth Duport ; Henri Louis Hemeling 452, 490, 497, 504, 509,

513, 522, 538, 549, 571,587

Jeanne Marie Bonnard ; Adam Sébastien Regamei 482, 491, 494Jeanne Catherine Chapuis ; Pierre Elie Chapallaz 492, 514, 533, 534, 544,

545, 548

E ; FPierre Louis Gabriel Fiaux 3, 6, 10Frédérich Piter ; Jeanne Louise Baudet 3, 24Abraham Favre 23Pierre Taraudo 135, 136, 137, 138, 139,

106Françoise Emonet ; Mr. Palmer 145, 147Julie Fontaine ; Jean Milliet 177, 232, 233, 238, 245,

254, 268, 273, 286, 297,298, 301, 303

Pour les écritures 25A l’huissier pour remises de papiers, Fiaux 268Jeanne Marie Forney ; George Krug 276, 277, 278, 325, 326,

330, 331Jean Pierre Favraz 310Abraham Murisier 426Marie Fornerod ; Conrard Schouch 485, 493, 501, 521

G ; HJean Nicolas Gressy 8Henri Hullrech 78Rodolp Guguely 130François Girard 165Marie Haldy ; George Gutmann 259, 264, 306, 308, 311Jne. Phillippine Grund ; Jaques Peyrand 314, 315, 316, 317, 338,

345, 353Susanne Gaschet ; Jacob Holtz 334Jeanne Catherine Guignard ; George Barel 356, 361, 396, 402, 403,

407, 419Catherine Grobet ; Henri Samuel Pingod 361, 366Jacob Holz 365, 401, 419, 434, 437

I ; KAndré Juan 6François Junod 9Jaquillard 16Françoise Journet 65, 66, 71Jeanne Françoise Kohler ; Jean François Thuillard 83, 102, 105, 107 jusques

au 115, 121, 142, 202, 237Henriette Jonin ; Samuel Martin 126, 129, 169, 181

269

Lisette Iseli ; Pierre Mann 130, 147, 195, 196, 198,199, 200, 209 jusques à216, 222, 230, 260, 264

Rodolp Iseli 147, 190, 200, 270Julie Fontaine ; Jean Milliet 181, 182, 183, 268Louise Kilchofer ; George Gigger 333, 336Susanne Jacottet ; Abram Isaac Nicolas 381, 404, 385, 427, 428,

429, 430, 431, 434, 449Elisabeth Clau ; Daniel Schwachein 524Judith Irissac 553, 571, 592

L ; MFrédérich Michod 1Frédérich Laurent 2, 10Marguerite Lavanchy ; Louis Rolet 13, 15Anne Muller ; Jean Pierre Cavin 17, 18, 20Frédérich Laurent 22Emanuer Mermier 22Elisabeth Milliod ; Anthoine Baron 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,

40La femme de Michod, née Ami 26Cordonnier Lederrey 39Emanuel et Louis Mayor, frères 44, 41Jeanne Françoise Meyer, 58La veuve Menétrey 58Lenoir 65, 339Jeanne Françoise Meyer ; Benjamin Milliquet 74, 80, 115, 116, 117, 121Susanne Matthey ; Louis Blanc 140, 141, 147, 151, 186,

187, 188, 192, 194Les jugaux Masmejan 149, 154, 156, 157, 163,

170, 173, 190, 191, 192,206, 231

Louise Madeleine Lombard ; n. Durin 157, 166Jaques Lombard, avec ses deux enfans 300Les jugaux Matthey 314, 317La femme de Nicolas Michoud, née Perron 334Jean Louis Margot 338Benoît Mercier 363Jean Milliet 440Mlle. Sophie Leresche ; major Lemaire 460Sieur, soit les jugaux Megevan 512, 581, 582, 586Jacob Mantz ; Elisabeth Sigris 536Concernant les mœurs 586Jeanne Marie Marillet ; Jean Daniel Pilliod 577

N ; OMarie Odier et Jean Isaac Berthollet 12, 19, 20, 22, 25Madeleine Rikhart, née Niclaus ; Bénédict MoserLouise Neyret ; Marc Anthoine Jaquier 252, 281, 282, 283, 291,

295

270

Jeanne, veuve Noverraz ; Philippe Meisseillier 353, 367, 401, 412, 419,464, 350

Anthoine Noir 357François Neuschwander 427Jean Marie Odin ; Jean Louis Peneveires 447, 456, 457, 458, 469,

470, 471, 479, 492, 505,496

P ; QFrédérich Piter ; Jeanne Louise Baudet 3, 6Jn. Pierre Perrin 22Anne Schlapi ; Jean Rieder 33Jean François Pasteur ; Jeanne Esther Gallaz 52, 53, 54, 55, 56, 57, 60,

71Judith Porchet ; Jacob Renou 103, 161, 162, 168, 173Louise Porchet ; Abram Isaac Balissat 127, 128, 206, 207, 208,

209, 222David Regamey et sa femme, née Schwander 129, 130;oyse François Piollet 133Henri Samuel Pingoud ; Anne Gabrielle Favre 218Jeanne Madeleine Parisod ; Simon Nicolas Revelly 311, 342, 343, 344, 353,

418Antoinette Pachoud ; veuve Thuillard 344Jean François Pasteur 372, 440 et suite 446,

compris, 449, 458, 460,462, 480, 481, 543, 549,574, 565

Jn. Louis Peneveires ; Jeanne Marie Odin 447, 495

R ; SRapport des gardes 7, 8, 9, 16Jeanne Louise Raimondin ; Jacob Neuenschwander 15, 18, 38, 43, 44, 46, 73Anne Schlappi ; Jean Rieder 33, 40, 60, 61Madeleine Rikhart ; Bénédit Mozer 35, 44, 63, 64, 70, 71, 78,

88, 90, 91, 92, 93Le régent Rouge, du Mont 42, 43Marguerite Séchaud ; Nicolas Druay 81, 101, 122, 123, 124,

129, 132, 140, 151, 167Jeanne Regamey 148Daniel Reben 164, 168, 174, 175, 176Les jugaux Roux 172Les jugaux Rouge 178Jeanne Louise Regamey ; Claude Etienne Pache 184, 185, 186Jeanne Marie Raymondin ; Benoît Mercier 224 jusques à 230, 240,

242, 292, 294, 295, 296,297, 301

Esther Rittener ; Albert Henny 357, 358, 361, 397, 398,409, 420, 434, 447, 451,465, 468

Abram David Regamey 371

271

Daniel Schwachkein 372, 541, 543Marianne Ramel 402Rapport d’une baterie à Pully 450Louise Rumph ; Benoît Vencière 454, 535, 543, 548, 580,

572Anne Schindler ; Nicolas Bettlehem 513, 516Jean Denis Serjent ; et honnette Bouttmi 524, 523 et 524Anne Scheürer ; Jean Hertel 584, 585, 587, 591

T ; UFrédérich Thenoz 1Louis Viret 82La fille Vernaud ; Taraude 83, 86, 100, 106, 147, 135,

160, 168Samuel Taillen ; Anne Louise Semoreau 98Marianne Thiessen ; n. Girsch 189Correspondance avec Mr. Tchiffeli 206, 200, 201, 202, 203,

237, 311, 317, 336Jeanne Marguerite Vere ; Abram Henri Combrias 234, 235, 236, 238, 279,

286, 300Jean François Thuillard 236, 317Thoinette Thuillard 254, 546Jean Tourne ; Susanne Perres 488, 491, 495, 543Marguerite Vere ; François Roland 546, 550, 580

V ; XChristine Weber ; Pierre Lemat 44, 45Salomon Wäber 310Fils Weybel 371Le d. et justicier Wuarnery 491Jeanne Marie Wasserfaller ; Jean Aaron Chatelan 592

Y ; ZMarguerite Zwallen 77, 87