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10 OptionBio | vendredi 29 novembre 2013 | n° 499 actualités | biomed maladies parasitaires Paludisme, toxoplasmose : nouvelles voies de recherche ? Est citée ici AMA-1, protéine com- mune à ces parasites, déjà objet de recherche pour développer traite- ment et vaccin antipaludiques. Mais il y a doute, selon les chercheurs franco-écossais, sur le bien-fondé de stratégies ne visant que le blo- cage d’AMA-1, car des parasites sans AMA-1 peuvent se développer normalement. Chez ces deux parasites (groupe des Apicomplexa), leur protéine en commun est considérée comme indispensable à leur entrée dans les cellules, et nombre de recherches la ciblent préférentiellement pour développer des antiparasitaires. Or les équipes de Robert Ménard à l’Institut Pasteur de Paris, d’Isabelle Tardieux à l’Institut Cochin et de Markus Meissner à l’Université de Glasgow montrent que Plasmo- dium berghei et Toxoplasma gondii se répliquent dans les cellules sans l’aide d’AMA-1. C’est pourquoi cette découverte pourrait réorienter la recherche de traitements du palu- disme et de la toxoplasmose. En 2011, les chercheurs avaient déjà observé que des parasites génétiquement modifiés exprimant très peu AMA-1 risquaient quand même d’infecter les cellules. Pour cette étude, ils ont créé des para- sites sans AMA-1 en recourant, pour la première fois dans ce contexte, à la génétique inverse. D’où démons- tration qu’en l’absence d’AMA-1 Plasmodium berghei aux stades sanguin et hépatique et Toxoplasma gondiii au stade réplicatif gardent leur potentiel invasif. Cependant, l’adhésion aux cellules-hôtes, qui précède l’invasion cellulaire, est affectée. Les auteurs suggèrent d’axer les stratégies thérapeutiques/vacci- nales sur d’autres protéines - outre AMA-1. Rappel : avec 1 million de victimes/an, le paludisme est la première parasitose mondiale. La toxoplasmose, souvent asymptoma- tique, est un risque pour le fœtus de femmes enceintes primo-infectées et les sujets immunodéprimés. | Y.-M. D. source Institut Pasteur, Paris. www.pasteur.fr note 1. Apical membrane antigen 1 mediates apicom- plexan parasite attachment but is dispensable for host cell invasion, Nature Communications, 10/10/2013. santé environnementale Résidus de médicaments dans l’environnement : 3 axes pour agir Le sénateur Jacky Le Menn rappelle au ministère de la Santé la nécessité de faire prendre conscience aux prescripteurs et aux patients de l’impact sur l’environnement des médicaments et de favoriser ceux ayant une moindre incidence. Les résidus de médicaments dans l’environnement, sujet d’autant plus prégnant que leur consommation augmente. La Suède a récemment incité à l’usage de médicaments à faible impact environnemental. La France prendra-t-elle une mesure similaire. Depuis des années, scientifiques et pouvoirs publics se soucient des traces de médicaments dans l’envi- ronnement, notamment dans l’eau, et dès 2006 le ministère de la Santé a renforcé la recherche de ces élé- ments dans l’eau avec le Plan natio- nal santé-environnement (PNSE) et lancé en 2009, avec l’Agence natio- nale de sécurité sanitaire de l’ali- mentation, de l’environnement et du travail (ANSES), une campagne nationale de dosage de 45 subs- tances pharmaceutiques humaines et vétérinaires et de leurs métabo- lites, à partir d’une liste de l’ANSES et de l’AFSSAPS (ANSM). Les résultats, publiés en 2011, sont consultables sur le site du ministère de la Santé. La maîtrise du risque des résidus de médicaments dans l’environnement figure au Grenelle de l’environne- ment (engagement n° 103), en lien avec le PNSE. En 2011 a été publié le Plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux (PNRM 2011-2015) par les ministères de la Santé et de l’Écologie, selon 3 axes qui permettront des actions nationales et locales. 1. Évaluation des risques environne- mentaux et sanitaires pour acquérir des connaissances scientifiques et techniques relatives à la présence, au devenir et aux effets de ces médicaments sur l’environnement et l’humain. 2. Gestion des risques environ- nementaux et sanitaires en vue de contrôler et réduire l’émission de résidus de médicaments dans l’environnement. 3. Renforcement des actions de recherche par appels à projets de recherche et d’expertises scien- tifiques collectives sur des sujets considérés comme prioritaires : données manquantes sur la toxicité environnementale, problèmes des mélanges et de l’exposition chro- nique à faibles concentrations. | Y.-M. D. source Sénat. © SERGEY NIVENS L’étude d’équipes de l’Institut Pasteur, de l’Institut Cochin (INSERM, CNRS, Université Paris-Descartes) et du Wellcome Trust Centre for Molecular Parasitology de l’Université de Glasgow (Écosse) pourrait réorienter la recherche de traitements contre les parasites du paludisme (Plasmodium) et de la toxoplasmose (Toxoplasma) 1 . © A N G ELL O D E C O

Paludisme, toxoplasmose : nouvelles voies de recherche ?

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10 OptionBio | vendredi 29 novembre 2013 | n° 499

actualités | biomed

maladies parasitaires

Paludisme, toxoplasmose : nouvelles voies de recherche ?

Est citée ici AMA-1, protéine com-mune à ces parasites, déjà objet de recherche pour développer traite-

ment et vaccin antipaludiques. Mais il y a doute, selon les chercheurs franco-écossais, sur le bien-fondé de stratégies ne visant que le blo-cage d’AMA-1, car des parasites sans AMA-1 peuvent se développer normalement.Chez ces deux parasites (groupe des Apicomplexa), leur protéine en commun est considérée comme indispensable à leur entrée dans les cellules, et nombre de recherches la ciblent préférentiellement pour développer des antiparasitaires. Or les équipes de Robert Ménard à l’Institut Pasteur de Paris,

d’Isabelle Tardieux à l’Institut Cochin et de Markus Meissner à l’Université de Glasgow montrent que Plasmo-dium berghei et Toxoplasma gondii se répliquent dans les cellules sans l’aide d’AMA-1. C’est pourquoi cette découverte pourrait réorienter la recherche de traitements du palu-disme et de la toxoplasmose.En 2011, les chercheurs avaient déjà observé que des parasites génétiquement modifiés exprimant très peu AMA-1 risquaient quand même d’infecter les cellules. Pour cette étude, ils ont créé des para-sites sans AMA-1 en recourant, pour la première fois dans ce contexte, à la génétique inverse. D’où démons-tration qu’en l’absence d’AMA-1 Plasmodium berghei aux stades sanguin et hépatique et Toxoplasma gondiii au stade réplicatif gardent

leur potentiel invasif. Cependant, l’adhésion aux cellules-hôtes, qui précède l’invasion cellulaire, est affectée.Les auteurs suggèrent d’axer les stratégies thérapeutiques/vacci-nales sur d’autres protéines - outre AMA-1. Rappel : avec 1 million de victimes/an, le paludisme est la première parasitose mondiale. La toxoplasmose, souvent asymptoma-tique, est un risque pour le fœtus de femmes enceintes primo-infectées et les sujets immunodéprimés. |

Y.-M. D.

sourceInstitut Pasteur, Paris. www.pasteur.fr

note1. Apical membrane antigen 1 mediates apicom-plexan parasite attachment but is dispensable for host cell invasion, Nature Communications, 10/10/2013.

santé environnementale

Résidus de médicaments dans l’environnement : 3 axes pour agir

Le sénateur Jacky Le Menn rappelle au ministère de la Santé la nécessité de faire prendre conscience aux prescripteurs et aux patients de l’impact sur l’environnement des médicaments et de favoriser ceux ayant une moindre incidence. Les résidus de médicaments dans l’environnement, sujet d’autant plus prégnant que leur consommation augmente. La Suède a récemment incité à l’usage de médicaments à faible impact environnemental. La France prendra-t-elle une mesure similaire.

Depuis des années, scientifiques et pouvoirs publics se soucient des traces de médicaments dans l’envi-ronnement, notamment dans l’eau,

et dès 2006 le ministère de la Santé a renforcé la recherche de ces élé-ments dans l’eau avec le Plan natio-nal santé-environnement (PNSE) et lancé en 2009, avec l’Agence natio-nale de sécurité sanitaire de l’ali-mentation, de l’environnement et du travail (ANSES), une campagne nationale de dosage de 45 subs-tances pharmaceutiques humaines et vétérinaires et de leurs métabo-lites, à partir d’une liste de l’ANSES et de l’AFSSAPS (ANSM). Les résultats, publiés en 2011, sont consultables sur le site du ministère de la Santé.La maîtrise du risque des résidus de médicaments dans l’environnement figure au Grenelle de l’environne-ment (engagement n° 103), en lien avec le PNSE. En 2011 a été publié

le Plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux (PNRM 2011-2015) par les ministères de la Santé et de l’Écologie, selon 3 axes qui permettront des actions nationales et locales.1. Évaluation des risques environne-mentaux et sanitaires pour acquérir des connaissances scientifiques et techniques relatives à la présence, au devenir et aux effets de ces médicaments sur l’environnement et l’humain. 2. Gestion des risques environ-nementaux et sanitaires en vue de contrôler et réduire l’émission de résidus de médicaments dans l’environnement.3. Renforcement des actions de recherche par appels à projets de

recherche et d’expertises scien-tifiques collectives sur des sujets considérés comme prioritaires : données manquantes sur la toxicité environnementale, problèmes des mélanges et de l’exposition chro-nique à faibles concentrations. |

Y.-M. D.

sourceSénat.

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L’étude d’équipes de l’Institut Pasteur, de l’Institut Cochin (INSERM, CNRS, Université Paris-Descartes) et du Wellcome Trust Centre

for Molecular Parasitology de l’Université de Glasgow (Écosse) pourrait réorienter la recherche de traitements contre les parasites du paludisme (Plasmodium) et de la toxoplasmose (Toxoplasma)1.

© ANGELLODECO