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panoramas DE MADAGASCAR

panoramas - Jean-Luc Allègre · disloqué par le volcanisme ultérieur de la montagne d’Ambre. Il présente aujourd’hui un relief caractéristique d’éperons tranchants comme

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  • Sainte-Marie, une histoire singulière

    Bande de terre posée face à la côte orientale malgache, Sainte-Marie fut baptisée par des navigateurs portugais, le jour de l’Assomption. Son nom originel, Nosy Boraha, révèle une influence musulmane plus ancienne. La petite île a vécu une histoire singulière depuis l’accostage des premiers Européens. Un temps fréquentée par les pirates, précocement annexée par la France, elle connut plusieurs statuts administratifs jusqu’à la colonisation complète de la Grande-Île, à la fin du XIXe siècle. Ensuite rattachée à l’île Bourbon (La Réunion), elle fut aussi regroupée sous la même autorité que Nosy Be et Mayotte, de 1843 à 1853.A Ambodifotatra, le chef-lieu, se trouve la plus ancienne église catholique de Madagascar, édifiée en 1859. Cultivée par plusieurs générations de colons, Sainte-Marie accueillit aussi de nombreux forçats, au siècle dernier. Ainsi, même s’ils appartiennent dans leur immense majorité à l’ethnie betsimisaraka, dominante dans la région de Tamatave, les Sainte-Mariens cultivent leur différence.

    Crique sur la côte ouest de l’île Sainte-Marie.

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    Andapa, trésors menacés

    A une centaine de kilomètres de Sambava, sur la côte nord-est, la route bitumée se termine dans la cuvette d’Andapa. Le riz et la vanille poussent en abondance sur cette vaste étendue plane.Là ou reprend le vallonnement des collines, commence un monde naturel d’une richesse extrême. La silhouette du Marojejy, à � 13� mètres d’altitude, trône au milieu d’un parc national dont les forêts humides abritent un foisonnement d’espèces animales et végétales endémiques. La parc compte cent dix-huit espèces d’oiseaux : la plus grosse concentration d’avifaune forestière de tout le pays, Plus loin vers l’ouest, la réserve naturelle d’Anjanaharibe recèle un autre trésor végétal, rescapé des temps préhistoriques : Takhtajania perrieri, un arbre qui existait déjà il y a 1�0 millions d’années, redécouvert par hasard en 1994. Mais les forêts de la région regorgent également d’essences convoitées, dont le précieux bois de rose. Les braconniers sévissent. Attention : patrimoine naturel menacé !

    Rizières dans la cuvette d’Andapa, dans la région Sava.

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  • Le pays du karst

    Les tsingy du Bemaraha ne sont pas les seules formations karstiques (résultant de l’érosion du calcaire) de Madagascar. Des paysages similaires se retrouvent dans l’Ankarana, au nord-ouest du pays. Ce massif calcaire de la période jurassique a été soulevé et partiellement disloqué par le volcanisme ultérieur de la montagne d’Ambre. Il présente aujourd’hui un relief caractéristique d’éperons tranchants comme des rasoirs. L’action de l’eau, au fil des millions d’années, y a également donné naissance à un labyrinthe de grottes. Cent douze kilomètres de réseau souterrain ont à ce jour été topographiés. Une autre formation de tsingy, spectaculaire mais de moindre superficie, se trouve à Namoroka, au sud de Majunga, à l’arrière de la baie de Baly. Les aiguilles de pierre y sont moins hautes que dans le Bemaraha ou l’Ankarana, mais l’ensemble dégage une grande majesté.Des sites côtiers du nord-ouest, notamment la baie de Moramba, donnent à voir le même phénomène à une échelle plus réduite : Madagascar est terre bénite pour les « karstologues » !

    Diaclases dans le parc national des tsingy du Bemaraha.

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    Radama, le royaume oublié

    Nosy Kalakajoro, Nosy Antanimora, Nosy Berafia, Nosy Valiha… Ces grains d’un chapelet de rêve composent l’archipel des Radama, à quelques encablures de la côte nord-ouest, entre Nosy Be et Ananalava. Ces îles sont réputées pour le talent des charpentiers de marine qui transforment patiemment les grands arbres locaux en boutres, moyen de transport le plus courant sur les eaux côtières du canal de Mozambique.Nosy Berafia, l’île principale, est la « capitale » du petit royaume des Radama, qui s’étend également sur le continent malgache voisin, le long de dizaines de kilomètres de littoral, aux rares villages. Les traditions sakalava s’y perpétuent à l’abri des influences extérieures, bien que l’archipel entre progressivement dans l’ère touristique. La pureté exceptionnelle des fonds marins y attire les clubs de plongée de Nosy Be, des projets de construction de villas de luxe y sont parfois évoqués. L’îlot paradisiaque de Nosy Saba, un peu plus au sud, a déjà été privatisé pour accueillir un hôtel, bientôt un parcours de golf…

    Plage à Nosy Berafia, dans l’archipel des Radama.

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    L’eau des collines

    Egalement appelé « réserve de Périnet », le parc national d’Andasibe-Mantadia est en fait constitué de deux aires protégées, Mantadia (parc national) et Indri Analamazaotra (réserve spéciale). La vedette incontestée de la zone est l’Indri indri, le plus grand des lémuriens. Babakoto (en malgache) mesure 75 centimètres et mène une vie paisible dans les arbres. Au petit matin, ses cris puissants réveillent la forêt qui couvre les collines accidentées de l’est malgache, le long de la route reliant Tananarive à Tamatave. L’eau est l’autre élément omniprésent du secteur. Les rivières dévalent le relief, nourries par des pluies abondantes. Entre lacs, cascades et piscines naturelles, l’humidité perpétuelle fait prospérer la flore tropicale. Les orchidées sauvages abondent, un jardin leur est d’ailleurs consacré dans la réserve. Madagascar compte sur son sol plusieurs milliers d’espèces de ces divas du monde végétal : bien plus que sur l’ensemble du continent africain.

    Cascade sacrée au cœur du parc national d’Andasibe-Mantadia, près de Moramanga.

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    La côte de la langouste

    A la saison de pêche, la baie de Lokaro vit au rythme du va-et-vient des pirogues, celles qui ramènent au village le poisson quotidien et, surtout, un précieux butin : la langouste rouge, qui abonde dans les eaux de Fort-Dauphin. En début d’après-midi, les voitures tout-terrain des collecteurs font leur apparition à l’arrière de la plage. Les prises sont scrutées du regard, pesées, consignées sur un cahier. Bien vite, les petites langoustes sont acheminées vers les usines de la ville, puis vers des cieux plus exotiques. Sans elles, les villages de pêcheurs seraient encore plus pauvres, peut-être auraient-ils été définitivement désertés.La baie de Lokaro, comme celle de Sainte-Luce, un peu plus au nord, offre un décor idyllique où des criques et des îlots rocheux viennent amortir la force des vagues océanes. Elles restent pourtant largement ignorées de l’activité touristique : seuls quelques bungalows saisonniers y accueillent des voyageurs en quête d’ailleurs. Dernier paradis ?

    La baie de Lokaro, au nord de Fort-Dauphin.

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    Croisières intérieures

    Au sud de Tamatave, le canal des Pangalanes débouche parfois sur des lacs aux dimensions de mers intérieures, au bord desquels de confortables hôtels ont vu le jour. Le canal, déserté par les péniches qui tiraient autrefois de lourds trains de chalands, est aujourd’hui redécouvert par le tourisme. Des croisières fluviales de plusieurs jours s’organisent au départ de Tamatave. Elles permettent une plongée au cœur d’une nature extraordinaire, tout en offrant un spectacle haut en couleurs : celui du trafic quotidien sur les Pangalanes. Embarcations improbables croulant sous des cargaisons de litchis ou de charbon de bois ; radeaux de bambous poussés à la perche ; pirogues de pêche courtes et frêles, à la proue relevée lorsqu’elles doivent affronter les vagues des embouchures ; grosses pirogues de transport, maniées par des pagayeurs aux muscles d’acier ; bateaux-brousse surchargés de passagers… Dernières venues, les vedettes rapides transportant les touristes semblent insolites dans ce paysage de silence et de lenteur.

    Fin de journée sur le canal des Pangalanes, entre Mananjary et Manakara.

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  • Geysers miniatures

    Les entrailles de la Terre sont encore chaudes dans la région du lac Itasy, où les dernières manifestations volcaniques remontent à huit mille ans seulement. Non loin d’Analavory, sur la rivière Mazy, un ensemble de petits geysers et d’émergences thermales témoigne de ce passé récent.Ne prenez pas la route de l’Itasy dans l’espoir d’assister à des jaillissements fumants dignes de Yellowstone : les éruptions liquides y sont fort modestes et irrégulières au gré des saisons. Les concrétions minérales qui se sont formées autour des bouches thermales composent toutefois un décor étonnant, aux teintes ocre et jaunes.Entre lacs de cratères, cônes stromboliens et champs basaltiques, cette partie des Hautes Terres malgaches, à l’ouest de Tananarive, mérite le détour pour goûter à une ambiance inédite… ou à la chair délicieuse des poissons d’eau douce qui font aussi la notoriété de l’endroit.

    Geyser d’Andranomandraotra, dans la région volcanique de l’Itasy.

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