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revue a usage pedagogique

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LÉONIE STENECK

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / RUBRIQUE / 3

EDITOPar Carole Sertimoun

PARCEQUE, le magazine qui dessine : une folle équipe de rédacteurs et d’illustrateurs bénévoles qui ne vous veulent que du bien.

Direction de la rédaction : Carole Sertimoun

Adjoints à la rédaction : Julie Ramage, Guillaume Pascal

Adjointe à l’illustration : Coline Poulette

Maquette : Saria Chemali

Relecteurs : Ludovic Labati, Flore Engelvin, Tristan François, Gaëlle Boucly, Matthieu Chiama.

Rédacteurs : Diane Aberdam, Tiphaine Bacquet, Caroline Bléteau, Angéla Bonnaud, Clémentine Brissi, Flore Engelvin, Lily Hook, Romain Jammes, Aymeric Jégou, Kazo, Marina Ledrein, Shirley Niclais, Guillaume Pascal, Atrus Princeps, Julie Ramage, Carole Sertimoun, Thomas Simoni.

Illustrateurs : Diane Aberdam, Sarah Black, Marion Blanchard, Angéla Bonnaud, Patricia Erbelding, Nathalie Eyraud, Faustine Ferrer, Lisa Graignic, Marius Guiet, Pole Ka, Marina Ledrein, Iris Legendre, Claire Lupiac, Outi Munter, Coline Poulette, Cibee Rakotoarisoa, Léonie Steneck, Emilia Stepien, et les Nobles du 33.

Couverture : Linecé Madu

Illustration Edito : Leonie Steneck

La Pin-Up/Le Pin-up : Vivi Lablonde

Gestion du site parceque.org : Vincent Desdoigts

PARCEQUE est une association à but non lucratif ayant pour vocation de promouvoir le dessin et l’écriture libres et sensibles par la diffusion nationale bimestrielle d’un magazine participatif et avant-gardiste auprès d’une large population.ISSN 2258-0301

Pour nous écrire : [email protected] vous abonner, faire un don : www.parceque.org

Pour nous écrire pour de vrai : ASSOCIATION PARCEQUE19-21 rue Emile Zola92600 Asnières sur Seine

Un numéro spécial « Cartes » ? Quelle drôle d’idée ! Pourquoi, comment ? Façon Dada, ils ont ouvert le dictionnaire. Et en pointant au hasard au fil des pages, combien de pays, combien de régions dessinées sous nos yeux ébahis ? On n’imagine pas la place des cartes dans le dictionnaire... Alors va pour les cartes, et voilà que l’on parle de tarot, de géo, de valet, de joker. Un numéro tout en nuances, sur un sujet finalement très tendance dans l’art contemporain, comme vous le découvrirez à travers notre partenariat fraîchement soudé avec le collectif Alter-Ego, qui n’a pas fini de nous coller aux Baskets.L’union fait la force, et j’en profite pour rebondir, la bouche en coeur : encore une année passée à tes côtés, lecteur. Toi qui croit en nous, encore et toujours, et ne nous laisse pas sur le carreau. Quand il reçoit tes mots doux par voie mél ou postale, PARCEQUE pique un fard. Qu’est-ce qu’on dit ? MERCI !

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4 / SOMMAIRE / PARCEQUE#13

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PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / SOMMAIRE / 5

PARCEQU’ELLE FAIT NOTRE COUV6 Linecé Madu

PARCEQU’IL SE PASSE DES CHOSES8 les News de la rédaction

26 PIN-UP

48 FAUROSCOPE

50 PARCEQU’ILS LE FONT

10 Abreuve nos sillons14 Carte à puce16 Jeux de cartes, mes amours18 Autopsie en valise22 Rome à la carte24 Recette : un goulash pour la France29 La BD 33 Joker 34 Zones blanches : entre mythe et réel36 1000 cartes blanches40 La chronique Alterego42 Maternité(s) ou la cartographie sauvage44 Sur la route de Memphis46 Grattes sur tableS (de mixage)

SOMMAIRE

Cartes sur table

6 / PARCEQU’ELLE FAIT NOTRE COUV / PARCEQUE#13

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / PARCEQU’ELLE FAIT NOTRE COUV / 7

Linecé Madu est une jeune illustratrice et graphiste freelance. Diplômée de l’ESAG Penninghen en 2008, elle vit et travaille à Paris.

Pour elle, l’image est une histoire qui se découvre et se redécouvre. À mi-chemin entre graphisme et illustration, chacune est pensée comme une affiche. Amoureuse du trait, de la lettre, le travail de typographie à la main s’immisce souvent dans ses compositions. Il en est parfois même le centre, comme dans la série Le mot en T qui rassemble des pensées, des mots dessinés, traitées comme des images.

En 2009, elle figure parmi les dix premiers du concours Jeunes Talents organisé tous les ans par le Festival International de la BD d’Angoulême. Pour l’occasion, elle imagine des personnages oniriques, dystopiques, qu’elle anime encore aujourd’hui dans la série La mécanique des corps. Linecé invente un univers particulier, presque angoissant et nous laisse libres de son interprétation. Ses illustrations ne donnent pas les réponses, pas plus qu’elles ne donnent les questions.

Pour la couverture de PARCEQUE, elle livre sa version du Tricheur à l’as de carreau de Georges de La Tour, un grand classique de l’Histoire de l’Art.

Entre jeux de cartes et jeux de dupes, à vous d’interpréter les signes.

www.linecemadu.com

Elle fait notre couv :Linecé Madu

8 / LES NEWS / PARCEQUE#13

MINE D’OR, par JulieCourez : vous avez jusqu’au 27 Janvier. Le service des cartes et estampes de la BNF a encore frappé, exhumant de ses poussiéreuses collections une impressionnante série de cartes portulan, ces cartes marines enluminées, souvent rehaussées d’or, inspirées des livres d’instructions nautiques. Conditions de navigation, découvertes de l’Afrique, des Amériques, du Pacifique, rivalités entre les puissances maritimes, vous voyagerez sous les craquements et le tangage des navires (si si, ils ont aussi prévu la bande-son).

SOYONS GAYS, C’EST MOINS TRISTE, par ClémentineDimanche 16 Décembre s’est tenue la première manifestation pour l’égalité. Oui, il est bien triste qu’encore et peut-être, surtout, au 21ème siècle il faille encore se battre et se mobiliser pour que les êtres-humains, hétéros, homos, bi, trans, black, blanc, beurre, pro choucroute ou encore fans de Lara Fabian soient égaux. Nous étions 150 000 selon les organisateurs et 60 000 d’après la police... Ensembles et libres et nous marchions au nom de quoi ? Pas d’une idéologie, d’un dogme ou d’une idée préconçue. Non ! Nous marchions au nom de l’Amour. Cette chose essentielle qui devrait tous nous unir, au lieu de nous diviser.Rendez-vous le 27 Janvier pour la prochaine manifestation pour l’égalité.

SUS AUX PARISIENNES EN PANTALON, par AymericFemmes, vous qui vous travestissez en hommes pour fouler le pavé parisien, contrevenez à l’Ordonnance du 16 Brumaire An IX (7 novembre 1800). En ces temps instables, le préfet de police, « persuadé qu’aucune d’elles ne quitte les habits de son sexe que pour cause de santé », craignait la dissimulation d’armes plus qu’une dérive morale. Ni Putes Ni Soumises demande son abrogation après moult tentatives avortées depuis 1887. Bonne nouvelle pour des centaines de milliers de parisiennes hors-la-loi.

VIS MA NUIT, par CaroleAprès le passage du marchand de sable, vos nuits se révèlent rocambolesques ? Un crocodile qui vole par la fenêtre, des défis absurdes, des désirs inavoués ou incompréhensibles ? On ne dira pas que c’est copié de Vie de Merde, mais c’est pas loin, sauf que c’est complètement fou. Et puis comme on n’est pas morts, on peut bien continuer à rêver un peu... vismanuit.tumblr

Les News

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / LES NEWS / 9

THE DUKE IS DEAD, par RomainVous n’allez pas me croire. Il y a quelques semaines, la copine de mon colloc’ offre à ce dernier un CD de Dave Brubeck. On est des grands fans donc on l’a écouté en boucle et en boucle... Quelques jours plus tard, le jazz-man est mort. On culpabilise un peu, et depuis, on l’a remplacé par Johnny ! Allumez le feu !

LES CONTES DÉFAITS, par Guillaume« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. » Vraiment ? Dix ans après, que sont devenus les personnages qui ont bercé notre enfance ? Blanche-Neige est-elle atteinte d’anosognosie ? La Belle au bois dormant est-elle heureuse en ménage ? Les princes sont-ils à la hauteur de leurs promesses ? Les 7 nains pratiquent-ils le bondage ? Les réponses à chacune de ces questions (mais bien d’autres, plus intéressantes), Cendrillon les trouvera au cours d’un road-trip débridé en bus, dans des lieux où une princesse ne devrait pas mettre les pantoufles. À la comédie Nation (Paris) jusqu’au 16 fevrier.

OUF ! CA VA MIEUX, par Coline3000 ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour élucider la mort de Ramses III. C’est aujourd’hui un fait certain : il a été égorgé ! Derrière tout ça, une de ses femmes souhaitant caser son fils au pouvoir. Pour la première fois, l’autopsie numérique a révélé une blessure grave à la gorge, juste en-dessous du larynx, jusque-là passée inaperçue. « L’étendue et la profondeur de la plaie indiquent qu’elle a provoqué la mort immédiate de Ramsès III », estiment les chercheurs. Merci qui ? Merci Albert ! Spécialiste des momies, l’Allemand Albert Zink, rendu célèbre pour avoir percé les secrets d’Ötzi, « l’homme des glaces » découvert en 1991 dans les Alpes est à l’origine de cette révélation. On va pouvoir dormir tranquille.

LE POINT SUR LE SAPIN, par KazoDes milliers de bébêtes seraient planquées dans nos sapins de Noël. Une étude scientifique norvégienne sérieuse a révélé, en effet, qu’hibernent au chaud des insectes, acariens et autres araignées microscopiques dans les arbres de Noël. Cette étude prétend que l’on peut trouver jusqu’à 25 000 bestioles dans un sapin. La lumière des guirlandes et la chaleur ont tendance à les réveiller même si on ne s’en aperçoit pas. Ces petits êtres grouillants ont eux aussi le droit de faire la fête ! Ca fout les boules non ?

de la rédactionILLUSTRATIONS : SARAH BLACK

10 / ABREUVE NOS SILLONS / PARCEQUE#13

1993. Une école élémentaire bretonne, dans une ville moyenne, chef-lieu de département néanmoins. Les bâtiments datent d’avant la seconde guerre mondiale. Peu de constructions impactées ici, à l’époque. Nous ne sommes ni à Brest ni au Havre. Aux murs, des cartes. On pourrait jurer qu’elles ont été fixées alors que la peinture était encore humide, et ont jauni avec l’ensemble.

LignesC’est la France. Administrative, elle porte encore ses segmentations révolutionnaires. Des lieux enfuis, des panneaux de béton désuets, couverts de lierre, fissurés, mentionnent encore ces appellations que l’on n’enseigne plus. Oise, Seine et Oise. Des langues oubliées. Des notions lointaines.

Avant les départements de la jeune Ile de France qui n’a que trente ans, Paris est entouré de cercles concentriques. La Seine. La Seine-et-Oise. C’est tout. Deux cercles qui disent plus que tout autre signe qu’au-delà du périphérique s’étendent des terres autres. Paris donne le rythme de la France, la mesure est battue ici, et s’étend comme des coups frappés au sol. Les frontières comme des ondes.Paris et le désert français. Titre marquant. Quand on vient du désert. Même le néant se gouverne, s’administre. Province. Tous des berbères. Des mecs qui cherchent l’oasis, et vont la rejoindre, comme tant d’autres, en espérant que l’eau soit bien désaltérante. Que la source ne se tarisse pas.

Le désert s’est étendu. Les cercles concentriques qui le scandent se sont morcelés. Par la grâce arbitraire du découpage administratif de 1968 – appelons cela truchement – ils ont dressé des pans de territoire les uns contre les autres. La Seine hier. Hauts-de-

Abreuve nos sillonsTEXTE : AYMERIC JÉGOU // ILLUSTRATIONS : EMILIA STEPIEN

Seine et Seine-Saint-Denis, notamment, aujourd’hui. Une différence du simple au double sur le nombre d’emplois par hectare. Un rapport de un à vingt sur cette même variable entre petite et grande couronne. Concentriques. Quid des environs si La Défense s’était finalement appelée Plaine Saint Denis suite à un tombé de dés alternatif. Le cortège de silhouettes voutées au petit attaché-case noir aurait transhumé suivant d’autres trajectoires.

De quel peuple Gaulois sont-ils les descendants. Carnutes ou Eburons ? Ce que la France fait pour être une depuis deux-mille ans sans jamais y parvenir. La Gaule n’est qu’un concept géographique appliqué à l’Histoire. Ses contemporains ne l’ont jamais perçue ainsi. Les Osismes étaient-ils aussi arriérés et carencés que les finistériens d’avant-drôle-de-guerre ? Voir la Gaule revient à projeter ses sentiments humains sur un chat opportuniste se frottant sur une jambe de pantalon.

La Gaule est apparue en tant que province de l’Empire Romain. Un Etat né du joug providentiel d’un régime totalitaire. Questions sensibles, aujourd’hui, ô combien. Sensibleries, crispations. Derrière la bannière tricolore qui palpite au vent, le malaise. Sous l’hexagone, les mecs en casque à corne et peaux de bête comme dans Astérix. On adore.

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / ABREUVE NOS SILLONS / 11

12 / JOKER / PARCEQUE#13

ChairLa France est aussi en 3D. Les reliefs montagneux s’affirment, on en apprend les aspérités. Ici ne sont que vieilles montagnes. Usées. Sentiment d’appartenance flou, brouillé déjà. Dans les Alpes, ils ont de la jeune montagne. Non érodée. De la montagne de compétition.

La France en relief est de chair, de pierre et de neige. Elle est dessinée. On en retrouve la saveur dans les dictionnaires que l’on glisse dans nos mains. Pesanteur du papier savant, réminiscence du grimoire. On recherche les pages glacées pleines de dessins. La texture du papier est attirante. Valorisante. Les illustrations sont favorisées par les concepteurs, on est en cours élémentaire. Et elle est là. Encore plus verte, blanche et de pierre qu’aux murs où l’on se faufilerait dans les gorges avachies du Massif Central. Elle tient dans une petite main, une main de nos âges, une main normale. Elle est palpable.

La France en relief n’est pas figée. Elle coule, c’est un liquide en circuit fermé. Les monts armoricains sont vieux et noirs. Comme une forêt. Les jeunes Alpes sont fièrement dressées, contondantes.

Des lames hérissées. Le reste, c’est de l’eau. On ne la voit pas, il n’y a pas de bleu. On la devine, on l’entend. Ici, c’est la France qui circule et se reforme sans cesse.

Sang1993. Maastricht est frais, très frais dans les esprits, et avec lui le surnaturel débat télévisé Séguin-Mitterrand. À l’école primaire, il n’y a pas encore ces noms, sauf peut-être le second qui à l’époque est le Premier. Le seul pour ceux qui sont nés après la vague rose. Celui que l’on singe en imitant la grenouille du Bébête Show. Celui qui n’a pas encore de fille cachée. Qui n’a pas encore avoué qu’il « croit aux forces de l’esprit, et qu’il ne [nous] abandonnera pas ». Maastricht c’est le diable entre les dents serrées de Le Pen. Ça finit comme strict. On ne sait pas très bien ce que c’est. En toile de fond bleue de ces discussions, il y a souvent le drapeau de l’Europe. Douze étoiles pour symboliser la perfection. Il y aura bientôt plus de pays que d’étoiles, mais le drapeau restera. Sa Marseillaise est l’Hymne à la joie. On l’a écoutée. C’est apaisant, cela file, parle aux sentiments. Peut-être pas au cœur. C’est au programme de l’année, et apparemment c’est bien. Maastricht

ne figure pas sur le grand planisphère du fond de la classe. L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, si. C’est un ogre, qui prend beaucoup de place, et permet d’étendre de tout son long le déroulé de son acronyme. Un ogre fascinant. Dans James Bond, ce sont les méchants. Il y a le machiavélique général Gogol qui copine avec « M » à la chute du rideau de fer. L’approche de la retraite, sans doute.

C’est loin. C’est abscons. La France est déjà grande. Paris est loin. C’est un monstre. La banlieue n’existe pas. Il n’y a qu’une Ville-capitale, une et indivisible. Le Nord-Finistère, déjà, on n’y va pas souvent.

Sur la carte des perceptions, les Etats-Unis sont tout près. Ils nous ressemblent. L’Afrique est aussi éloignée que la Chine. Le Japon, un peu moins. L’Ile de la Réunion, c’est juste à côté. Ce sont nos voisins. Les allemands sont nos amis. Ma grand-mère dit « les boches ». Une belle photo vue dans un livre. En 1984, à Verdun, la grenouille du Bébête Show tient la main d’un grand bonhomme triste. Au revoir Maginot. La ligne s’estompe, et on a envie de pleurer.

PARCEQUE#12 / NOVEMBRE-DECEMBRE 2012 / CACHEZ CE VERRE QUE JE NE SAURAIS BOIRE / 13

OUTI MUNTER

14 / CARTE à PUCE / PARCEQUE#13

TEXTE : GUILLAUME PASCAL // ILLUSTRATION : MARIUS GUIET

Carte à puce

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / CARTE A PUCE / 15

Plutôt que de se pavaner dans sa marinière fabriquée en France, une montre à 700 euros au poignet, notre ministre du redressement productif aurait pu poser avec uniquement une carte à puce, ce qui aurait donné un tout autre cachet à la fameuse photo. Car c’est un fait trop souvent ignoré : la carte à puce est une invention française.

Tout le monde porte sur lui une foule de cartes à puce : carte SIM, carte bancaire, carte Vitale, badge d’accès, passe Navigo et autres titres de transport. Plus de six milliards sont fabriquées chaque année dans le monde, mais il y a seulement trente ans le grand public n’en avait pas encore vu la couleur. Dès les années 60, des Allemands et des Américains firent des avancées importantes mais le premier brevet de carte à puce est déposé en 1974 par Roland Moreno, permettant raisonnablement de considérer cette invention comme française, contrairement à celle du cinéma qui relève plus du chauvinisme que de la réalité historique. Les frères Skladanowsky ont organisé à Berlin une projection publique deux mois avant celle des Lumière, mais on continue un siècle plus tard d’attribuer tout le mérite à nos compatriotes.

Pour la carte à puce, bien qu’il y ait eu contestation par une société allemande – encore eux ! – les principales innovations et l’essor commercial ont eu lieu en France. Après une première expérience réussie en 1983 avec la Télécarte, qui vit les études informatiques supplanter le pied-de-biche pour braquer les cabines téléphoniques, les banques commencèrent à s’intéresser aux puces. Les bandes magnétiques qui équipaient alors les cartes bancaires étaient en effet relativement faciles à lire, et pire, à écrire.

Comme toute innovation, les débuts furent difficiles et certaines agences bancaires conseillaient même à leurs clients de scotcher les contacts de la carte pour que seule la piste magnétique soit lue. Cependant, après 1992 toutes les cartes bancaires émises en France sont équipées de puces, rendant leur utilisation systématique. Mais dès la frontière franchie, le Français retrouve l’antique sabot et doit signer ses tickets de paiement au lieu de taper un code. Rechignant à faire appel à la société française ayant le monopole sur cette invention, les banques étrangères attendront la tombée

des brevets dans le domaine public pour la déployer, et en 2013 les pompes à essence américaines demandent encore une information aussi peu sécurisée que le code postal du client pour autoriser les paiements.

Dans le même temps, alors que certains déplorent déjà de pouvoir être pistés avec leur téléphone portable et leur carte bancaire, les inquiétudes sur la vie privée se renforcent avec l’arrivée des pièces d’identité à lecture sans contact, qui pourraient être lues à l’insu de leurs porteurs. Mais avec la miniaturisation des circuits et des antennes, la puce s’affranchit de la carte et on peut maintenant directement la porter sous la peau, ce qui est même obligatoire si on est un militaire australien ou un chat français qui souhaite voyager à l’étranger. En première ligne pour lutter contre ce qu’ils considèrent comme une atteinte aux libertés individuelles : la NRA, les fondus de la gâchette américains, qui craignent à terme que les armes à feu ne puissent fonctionner que dans la main dûment pucée de leurs propriétaires.

Alors que ces applications innovantes cherchent leur public, la paternité de la carte à puce est toujours contestée, quarante ans après. Bien que le brevet ait été déposé par Roland Moreno en 1974, Daniel Vesque, un ingénieur de France Télécom, prétend l’avoir inventée un an plus tôt. Visiblement distrait, ce n’est qu’en 1994 qu’il entreprend les démarches judiciaires pour récupérer ce qu’il estime être son dû. Jusqu’à présent, aucun jugement ne lui a été favorable, mais la bataille s’est déplacée sur Wikipédia, où l’article « carte à puce » a été modifié quarante fois par les deux protagonistes. Leur dispute s’est à présent un peu calmée, sans doute depuis la mort de Moreno en avril dernier, et la légitimité de l’inventeur de la carte à puce intéresse de toute façon moins le grand public que celle du président de l’UMP.

16 / JEUX DE CARTES MES AMOURS / PARCEQUE#13

TEXTE : FLORE ENGELVIN // ILLUSTRATION : FAUSTINE FERRER

Jeux de cartes, mes amours

1. Le jeu de baratinage : Petits meurtres et faits divers (Asmodée)Ah, j’ai transpiré pendant ma première partie. Ce jeu de rôle prend la forme d’une enquête au cours de laquelle des suspects devront se défendre en plaçant subtilement des mots imposés par leur carte. Le vrai coupable devra quant à lui baratiner l’inspecteur et l’accabler de mots loufoques pour faire oublier qu’il n’avait pas les mêmes mots à placer que les autres. Très enivrant, mais un conseil, ne jouez pas avec un commercial.

La joueuse sentimentale que je suis vous parlerait bien de grands classiques tels que le Time’s up - vous y êtes déjà accro -, les Loups-Garous de Thiercelieux - votre meilleur souvenir de colo -, ou le Jungle speed - votre dernière fracture du doigt. Afin de pimenter vos soirées avec un peu de nouveauté, laissez-moi vous présenter quelques petits nouveaux : préparez-vous à rencontrer votre prochaine addiction.

2. Le jeu du Far-West : Bang ! (Asmodée)Certains aspects de ce jeu rappellent le Loup garou. Encore un jeu de rôle au cours duquel vous devrez chercher à vous séparer de vos ennemis, mais cette fois-ci aux yeux de tous. Shérif, hors-la-loi ou renégat, qui survivra au carnage ?

3. Le jeu loufoque : Pit (Repos production)À mes yeux, il entre dans la catégorie des jeux improbables. Il s’apparente à un jeu de sept familles où tout le monde joue en même temps. Attention aux oreilles, car le but étant de se faire remarquer, les participants auront tendance à crier le nombre de cartes qu’ils souhaitent échanger aux autres joueurs. Pour le rendre plus drôle, je vous conseille de crier un « Meuh » par carte échangée, c’est encore plus ridicule.

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / JEUX DE CARTES MES AMOURS/ 17

À vous de jouer !

6. Le killer tout prêt : Bluff Party (Asmodée)En début de partie, vous aurez 3 défis à réaliser sans que vos camarades ne s’en rendent compte. Le but du jeu est de démasquer les missions de vos adversaires. Un jeu d’origine canadienne qui met une bonne ambiance en début de soirée et rend suspicieux tout le monde.

7. Le jeu de coopération : Hanabi (Asmodée)Mon coup de cœur de l’année. Dans Hanabi, pas d’adversaire. Mieux, dans Hanabi on joue avec les cartes à l’envers : vous voyez les cartes de vos camarades mais ne connaissez pas les vôtres. Ainsi, à vous d’élaborer des stratégies pour poser les bonnes cartes et créer le plus grand feu d’artifice possible. Idéal pour les mauvais perdants.

5. Le jeu de langage in english : Sky my husband ! (Asmodée)Certes, ce jeu nécessite d’avoir un minimum de connaissances en anglais pour pouvoir se débrouiller. Mais si vous n’étiez pas fâché avec votre prof d’anglais au collège vous devriez apprécier. Il faut ici retrouver des mots ou expressions anglaises traduites littéralement en français. Un délice d’absurdités !

4. Le jeu de rapidité pour enfant : Halli Galli (Amigo)C’est un peu le jungle speed des enfants, pour sa rapidité mais sans les coups. Ici, il ne s’agit plus de surveiller les cartes identiques mais le nombre de fruits présents sur la table. Dès que cinq fruits sont identiques, il faut être le plus rapide à sonner la cloche. Étrangement, les enfants sont généralement beaucoup plus rapides à ce jeu que les adultes.

18 / AUTOPSIE EN VALISE / PARCEQUE#13

TEXTE : LILY HOOK // ILLUSTRATION : LÉONIE STENECK

Autopsie en valise

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / AUTOPSIE EN VALISE / 19

Avec mille précautions je l’ai ouverte et j’ai découvert, stupéfaite, les possessions d’une personne sans nom ni visage. Chaque objet, chaque vêtement se trouvait dans un sac plastique plutôt vieux, relativement décoloré. L’odeur était celle d’une pièce longtemps fermée, à l’abandon. Tout ressemblait exactement à ce que je recréais dans les autres valises du projet, à savoir reconstituer par les possessions matérielles l’identité d’un être absent. Cette fois pourtant, je n’avais pas recomposé ce portrait, il était là, il avait même des caractéristiques très précises. Dans la valise se trouvaient un vieux pull, une casserole, une ampoule, une blouse de travail (Chocofrance), des livres pour trouver un emploi, maîtriser l’informatique, la programmation, un portefeuille vide, un guide des Jeunes à Paris avec un dossier spécial « CV et lettre de motivation », d’autres choses encore mais surtout, des cartes. Deux cartes de France Michelin datées de 1996 et 1997, une troisième, plus ancienne, Bison Futé, 1990.

Ces objets désuets et abandonnés semblent raconter la venue à Paris d’un jeune homme, probablement au début des années 90. Il a déjà travaillé ou travaille encore dans une chocolaterie, il n’a peut-être pas de diplôme,

il veut changer de vie, d’itinéraire. Les cartes routières sont pleines de promesses mais rien n’y est tracé, peut-être ont-elles servi à préparer un départ, un changement ? Pourtant, leur présence et leur date me donnent la désagréable impression d’être l’indice du décès de leur propriétaire. Comme les dates sur une pierre tombale, 1996-1997 : disparition.

Disparition du propriétaire, du nom, du visage, de ce qui fait identité. Qu’est-ce qui nous définit si notre corps disparaît ? Que reste-t-il de curieux, singulier, propre à soi ou insolite qui puisse permettre de nous reconnaître en notre absence ? Y a-t-il donc des équations, tel objet plus tel vêtement plus tel livre font telle personne, ou bien telle photographie, tel médicament, telles lettres disent quelqu’un d’autre ? Ici les cartes ne désignent aucun trajet, aucune mouvance, aussi c’est cette immobilité qui me laisse penser qu’elles n’ont peut-être pas eu le temps de servir. Elles sont obsolètes parce que trop anciennes, mais encore intactes, prometteuses pour ainsi dire... Ce qui me bouleverse dans ces portraits sans visage c’est justement le tragique qui semble émaner de ces possessions restées là. La suppression du corps et des informations ne laissent que

des indices sur ceux qui ont investi ces valises. Parfois il faut reconstituer ce qu’il manque pour que la valise ait l’air d’appartenir à quelqu’un, plutôt un personnage qu’une personne, une caricature qu’un portrait, un cliché qui nous est familier.

Ces valises forment le jeu de piste d’une grande enquête. Le parcours s’effectue sans ordre particulier, à mesure de leur découverte. Pas besoin donc de trajet prédéfini, il faut fouiller, trier, reconnaître pour deviner à qui elles appartiennent et ce qui les lie les unes aux autres. Parfois, une photographie ou une lettre, d’autres fois un vêtement ou un bijou, l’essentiel c’est que ces personnages retrouvent une histoire, une romance et une dignité malgré le mauvais goût qui alimente nos préjugés. Nous reconnaissons bien malgré nous les portraits en valise de protagonistes évanescents, fuyants mais dont pourtant les objets disent tellement de leur vie, de leur disparition ou bien de leur névroses, tellement qu’il faut donc réécrire pour chacun le souvenir qui nous reste.

The Suitcase Autopsy, work in progress -installations.

Cela fait six ans que je traîne des valises dans mon sillage. De préférence anciennes, abîmées, éventrées, leurs secrets m’inspirent des fictions désincarnées qui aimeraient assez s’exposer un de ces jours. D’habitude, je les trouve presque vides, sans indice particulier me permettant de retrouver l’identité du propriétaire. Un jour, un ami a trouvé une valise de taille moyenne, en cuir orange avec de grosses sangles dans la rue et a pensé à moi. Il me l’a ramenée, elle était lourde, il a dit ne pas avoir osé l’ouvrir.

20 / CARTE GéO / PARCEQUE#13

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / CARTE GéO / 21

22 / ROME A LA CARTE / PARCEQUE#13

Parcourant les caractères ronds de cette carte que m’a tendue une hôtesse au charme indubitable, la profusion me prend littéralement au ventre ! Et comme il faut commencer par ce qu’on connait le mieux, parlons pizza. Sous mes yeux, le plus international des plats italiens module à volonté et en listes impressionnantes ses saveurs et ses ingrédients. Reine incontestée, je sais l’avoir croisée à tous les moments de la journée et vue défiler sur tous les modes de dégustation : parée de couleurs criardes dans les catalogues des petites trattorias romaines ou frondeuse et rebelle sur les guichets de vente à emporter. Son royaume comme le mien était ainsi un petit coin d’herbe ou un rebord de fontaine comme il s’en trouve souvent au détour d’une rue. Aux saveurs de la tomate et du fromage se mêlaient alors le temps de quelques bouchées toute la vie de la capitale italienne : l’incroyable circulation, les vendeurs ambulants, les romains pressés qui se faufilent parmi les touristes un peu hagards de chaleur et les chats (affamés et pas fous).

Mais si la Rome gastronomique du déjeuner est une guide à la peau fine et croustillante, éclaboussée de soleil, celle du dîner, imprimée sur un feuillet blanc délicatement liseré, m’inspire une symphonie de douceurs et de découvertes, imprimée sur papier vélin. Oubliées les pizzas vendues à la part et les cartes plastifiées, les assiettes que l’on me présente sont d’une autre envergure ! Le support sur lequel repose le plat patiemment choisi est souvent dépassé par l’ampleur de sa tâche, et ce qui éclate devant mes yeux, c’est l’Italie en miniature et en relief : sur un fond écarlate se détache, tels les Apennins, la garniture qui semble rayonner du centre vers l’extérieur, parfaitement homogène, magistralement orchestrée. Ceci n’est pas qu’une assiette, c’est un peu une nouvelle Sixtine, éphémère et juste pour mon palet !

Mille autres invitations se lisent cependant encore à chaque ligne du billet ! Et même si pouvoir endurer un repas traditionnel italien avec ses deux plats en plus de l’entrée, du fromage, du dessert et du café n’est pas donné à tous les estomacs, il serait dommage de renoncer, dans l’ordre de présentation, au sacro-saint antipasto, mélange de légumes et de charcuterie ou de poisson, qui ouvre le repas par un véritable bouquet de saveurs typiquement italiennes. Pourrait suivre un plat de pâtes fraîches, préparé dans le pays qui en a sûrement vu naître la recette. Il existe d’ailleurs tellement de variations qu’il faudrait un numéro entier de ce magazine pour toutes les énumérer ! Et quand bien même, par un étrange hasard et un bien triste sort, je n’aimerais pas les pâtes, les déclinaisons tout aussi impressionnantes en matière de risotto éveillent encore en moi d’autres rêveries.

À l’épilogue de ma lecture se trouve le dilemme final : quid de la farandole de desserts qui s’expose insolemment ? Devrais-je choisir, contre la raison même, une tentante part de tiramisu ou, par excès de prudence, regretter une fois l’addition payée de ne pas m’être laissé tenter ? En Rome, encore une fois, les cartes semblent se fondre et se substituer les unes aux autres dans une troublante continuité. En effet, me laissant guider par la douceur du soir et les notes de musique qui flottent parfois dans les rues et qui semblent s’élever des toits eux-mêmes, mes pas me guideront forcément vers l’échoppe éclairée d’un glacier qui ne sera que trop ravi de rafraîchir mes papilles d’un sorbet aussi délicat que léger ou bien au contraire de satisfaire ma gourmandise avec, encore une fois, un très grand choix de crèmes glacées, artisanales pour la plupart. Et si je passe aux abords de la fontaine de Trévi, peut-être rendrai-je visite à Valentino, sa petite boutique à droite de la place me proposant, à la carte, les meilleurs granités de toute la ville.

TEXTE : TIPHAINE BACQUET // ILLUSTRATION : OUTI MUNTER

Rome à la carte

Si j’avais été une artiste du XIXème siècle, j’aurais peut-être vu, dans les scintillements et les reflets des enseignes des restaurants romains, se dessiner le chemin initiatique menant aux richesses d’un pays qui a vu naître autant de grands sculpteurs que de peintres admirables. J’aurais rêvé à De Vinci ou Michel-Ange et tracé mon chemin de dévotion jusqu’à la chapelle Sixtine. Oui mais voilà, enfant de l’ère internet et des guides multicolores, je ne veux pas seulement voir Rome, je veux la dévorer toute entière !

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / ROME A LA CARTE / 23

VIVI LABLONDE

VIVI LABLONDE

UN GOULASH POUR LA FRANCE

Ingrédients (pour 65 436 552 personnes) :

• 8 189 tonnes d’oignons, soit la production de la Russie en 24 heures, ou de la Chine en 4 heures.

• 49 millions de gousses d’ail, ce qui ne fait jamais qu’un champ de 4 hectares.

• 16 360 tonnes de bœuf, soit 45 500 têtes de bétail si on prenait toute la viande, mais en réalité il en faudra plutôt un demi-million, ce qui laissera pas mal de faux-filets à mettre au congélateur pour plus tard.

• 1 000 tonnes de paprika environ, dont 250 de fort (qui est introuvable). Si vous n’obtenez pas de prix de gros sur les pots Ducros de 40 grammes, prévoyez une dépense de 63 millions d’euros soit le coût de construction du stade Yves-du-Manoir à Montpellier.

• 16,4 millions de cuillères à café de cumin, ce qui fait beaucoup d’argenterie, mais rien ne vous empêche de les prendre en plastique ou mieux, d’utiliser plusieurs fois la même cuillère.

• 16,4 millions de cuillères à café d’origan, mais vous irez plus vite avec une louche.

Rasez la Corrèze pour vous dégager un plan de travail. Chauffez 500m³ d’huile à feu doux puis faites émincer les oignons et écraser l’ail par des immigrés clandestins. Mettez-les dans l’huile (les oignons, pas les clandestins) jusqu’à ce qu’ils prennent une belle couleur dorée.

Faites ensuite revenir les bœufs coupés en millions de cubes de 5 cm, ajoutez les oignons, saupoudrez de paprika avec une pelleteuse, puis mouillez avec du bouillon à l’aide d’un Canadair.

Mélangez bien, ajoutez le cumin et l’origan, puis faites mijoter pendant au moins trois heures en incendiant une raffinerie par exemple. Évitez de faire fondre un réacteur nucléaire, votre plat risquerait d’attacher.

Servez le long de l’A10 (prévoyez plusieurs rangées et surtout coupez la circulation) et éclipsez-vous avant qu’on ne tire au sort qui fera la plonge.

Il fait froid, la France grelote, la France a faim : préparez-lui le plat national hongrois pour lui rappeler le temps de son ancien président, quand la chaleur et l’opulence régnaient dans chaque foyer.

TEXTE : GUILLAUME PASCAL // ILLUSTRATION : CIBEE RAKOTOARISOA

PARCEQUE#11 / SEPTEMBRE-OTOBRE 2012 / JOKER / 33

On peut y revoir encore nos traumatismes mineurs, causés par le sourire figé de ces pantins plats. Que venaient-ils donc foutre sur nos belles cartes, à déranger le calme des chiffres ? Ah c’était bien facile de ne pas l’aimer ce joker, souvent exclu d’ailleurs, de nos jeux plein de règles. Sympathique artiste hors des maths, il intrigue encore nos enfances (c’est bien le plus important). Mais avec le temps, le joker grandit avec vous. Il devient encore plus étrange ; on comprend qu’il serait un peu fou. Il s’acoquine avec du sombre, il n’est pas si festif et ses couleurs se ternissent.

Que veut dire le joker ? Coincé dans l’austère, il n’a pas bien sa place ; il doit véhiculer subtilement ses mystères à lui. Avec l’âge, on comprend bien que le joker est un concept. Avec Batman, on comprend même la métaphore. Il suffit d’un méchant taré avide de rire et de désordre pour bien faire le lien... Le joker comme un symbole, incarne l’échappatoire dansant d’une pirouette, il est la fuite par le rire. Et la fuite c’est pas toujours très beau. Rappelons-nous, quand on se posait nos premières questions, celles de la découverte de l’autre, on s’empressait de le dire, « Joker ! ». On préfère parfois ne pas répondre à certaines choses, et ça s’apprend. On avait toujours droit à un joker dans nos « Action ou Vérité »

tardifs. Parce qu’il est une base, la possibilité indulgente de pouvoir esquiver dans les règles, le joker offre une sortie. En devenant encore plus mûrs, on s’empresse d’écarter le jeu de tout cela, puis on se complaît à y voir tout ce qu’on aime. La fuite vieillit, le joker s’immisce dans les conversations ; le clown de la carte fait la foire pour le public adulte...

La carte, image immuable, se garde au fond de la poche et ressort lorsqu’on veut dissimuler. On veut dissimuler souvent, avec la vie qu’on mène, savoir se faire un peu glissant devient nécessaire... « Tu couches souvent avec des filles comme ça ? » Ah, joker. Tout est si facilement intime, tout est si direct et faussement chaud, avec les autres qui tentent toujours de vous coller plus loin dans votre for leurs rustres godasses. Les voyeurs sont partout, sous leurs manteaux d’altruistes, d’amis grotesques, d’étoiles du soir... Quelle plaie... Alors joker, on fait une blague suivie de rires conventionnels, ou on répond, habité, par une autre question. Cabrioles. On va pas répondre à tout, alors heureusement qu’il nous est resté, à tous et au moins un peu, une part de ce joker qui danse dans ses couleurs, pour passer son tour.

TEXTE : THOMAS SIMONI // ILLUSTRATION : POLE KA

Joker

Le joker. Qu’est-ce qu’un joker ? On se rappelle bien du personnage, un arlequin, un bouffon, avec les couleurs pour la joie, la bonne vieille carte...

34 / ZONES BLANCHES / PARCEQUE#13

En ces temps de cartographie effrénée, la Bibliothèque Nationale et tout un tas d’artistes travaillant dans leur coin se retrouvent tout à coup

sur la même longueur d’onde : les cartes anciennes sortent de leurs sombres réserves et se placent sur le devant de la scène. Patricia

Erbelding et Eleonora Andreis opèrent justement selon cette méthode chère à mon coeur : ne pas écrire, dessiner, élaborer quoique ce soit

avant d’avoir passé des mois dans une salle obscure des archives nationales... Et savoir discerner, dans toute iconographie ancienne, un

lien fort avec la situation politique contemporaine.

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / ZONES BLANCHES / 35

Se buscan hombres para viaje arriesgado poco sueldo frio extremo largo meses de oscuridad total peligro constante regreso a salvo dudoso honor y reconocimiento en caso de exito : « Cherchons des hommes pour un voyage risqué/ Solde peu élevée/ Froid extrême/ Longs mois d’obscurité/ Danger constant/ Retour incertain/ Honneur et reconnaissance en cas de réussite. »

Cette annonce, parue en 1911, permit de recruter les hommes de Ernest Shackleton pour l’expédition Endurance, sensée permettre la traversée du continent de la mer de Weddell à la mer de Ross via le pôle. Le navire se trouva emprisonné plusieurs mois dans les glaces et lentement écrasé par leur pression ; les hommes furent contraints de débarquer. La série d’exploits qui s’ensuivit, dont un sauvetage sans perte humaine, permettra d’asseoir le mythe de Shackleton. Les hommes d’Endurance s’étaient perdus dans une de ces « zones blanches » dont le cerveau humain ne peut envisager la formule : une zone dont on ne peut admettre qu’elle soit vide.

Ces zones blanches, ainsi que le mythe de Shackleton, constituent le fil conducteur d’un projet éponyme mené par la plasticienne Patricia Erbelding, en collaboration avec Eleonora Andreis, chercheuse et écrivain. Depuis un an et demi, ces dernières travaillent à l’élaboration d’un livre d’artiste mettant en parallèle les zones inconnues des cartes portulan, ces cartes maritimes anciennes, avec les nouvelles « zones blanches » contemporaines : l’Area 51 ou 25 au Nevada, Basra en Irak, Ramstein en Allemagne, AZF à Toulouse. Ces nouvelles zones ne sont plus à découvrir ; elles sont interdites.Les cartes anciennes montraient des zones peuplées de monstres fabuleux : représentant non pas les territoires, mais l’écart existant entre deux frontières du monde connu, elles

révélaient non une zone vide, mais une zone qui, parce qu’elle n’était pas encore découverte ou explorée, était investie d’une charge mythologique extraordinaire. Dans les animaux fantastiques de ces cartes, Patricia Erbelding voit un bestiaire, qu’elle réinvestit afin de travailler sur la peur, sur la représentation fantasmée des zones blanches ; le Rhinocéros de Dürer, dit-elle, fut représenté avec une petite corne sur le dos. La raison en est bien simple : après la première description de Pline, au Ier siècle, le rhinocéros disparut des représentations pendant douze siècles moment où le Portugal, ayant colonisé une partie de l’Inde, en ramena un spécimen. Désireux d’offrir l’animal au Pape Léon X, le roi du Portugal, Manuel Ie, le lui envoya en 1515 ; le navire coula au large des côtes italiennes, emportant le rhinocéros avec lui. Dürer n’avait donc jamais vu de rhinocéros quand il créa cette image, et il faudra attendre 1577 pour revoir un spécimen indien en Europe... Cette façon de traiter le bestiaire dans les cartes anciennes, entre fantastique et réalité, illustre les croyances attachées aux zones blanches. Les Romains avaient une expression toute trouvée pour désigner ces dernières : HIC SUNT LEONES : « Here are monsters ».

Comme le souligne Eleonora, cette démarche est aussi politique : « L’Homme fait la carte et la carte fait le territoire, elle est faite pour conquérir ». À l’époque des grandes explorations, certaines données géographiques furent verrouillées par les administrations, qui éditaient des modèles de cartes types ; enjeu de savoir, les zones blanches étaient au coeur d’un réseau de conquêtes et d’influences mondiales. Aujourd’hui, la dimension politique de ces zones a glissé, d’une culture de la conquête à une culture de l’interdit ; ces zones qu’on essayait jadis de remplir (de monstres, de symboles, de

représentations dessinées) sont à présent masquées, floutées sur les cartes. « Qui sont-elles, ces zones blanches disparues de la carte ? Bases militaires secrètes, DMZ, installations stratégiques, no-man’s land, friches industrielles, prisons haute sécurité, sites classés Seveso, pays entier comme la Corée du Nord ou simples terrains vagues ? Phénomènes complexes qui échappent à la représentation, elles deviennent lieux de projection de toutes les utopies profanes. Un terrain fécond pour une cosmogonie nouvelle dont le panthéon se peuple de divinités extraterrestres. Mais à l’entrée de cette géographie sacralisée par le mystère, ce sont les barbelés qui tracent les limites du territoire. Un monde clandestin se cache à l’intérieur, qui accueille le reflux d’humaines vérités, parfois toxiques et mal digérées. » (Eleonora Andreis, Zones Blanches) Dans le Nevada, la zone 51 fut l’objet d’une véritable création mythologique : la zone étant strictement interdite de visite mais aussi de représentation, les photographies aériennes étant prohibées on imagina la présence d’extraterrestres, signalés sur les panneaux d’entrée et, aujourd’hui, par des pistes d’atterrissage dédiées dans les villes alentours. On découvrit finalement le pot aux roses : la zone cachait une base militaire. Mais la mythologie, enracinée, perdure toujours.

Zones Blanches constitue, en soi, une entreprise d’exploration : face au blanc de la page, le chercheur et l’artiste peuvent se perdre ; le blanc circule, du papier à la représentation cartographique, de la métaphore de l’inconnu/ de l’interdit aux glaces polaires qui conservèrent et, finalement, brisèrent le vaisseau de Shackleton ; car les glaces, en définitive, sont « notre trésor, notre mémoire collective » ; the blankest of the blank spaces... Le plus vierge des espaces vierges.

TEXTE : JULIE RAMAGE // ILLUSTRATION : PATRICIA ERBELDING

« Zones blanches » entre mythe et réel

36 /1000 CARTES BLANCHES / PARCEQUE#13

En Amérique, à la fin des années 90, 1KBWC (1000 Blank White Cards) se répand de bouche à oreilles, selon des règles imaginées par Phoenix. Ce jeu est, à l’image de ce qu’imaginait Phoenix, un jeu qui se crée au fur et à mesure, dont les règles ne cessent d’évoluer et où l’imagination, la créativité et l’humour sont le point d’orgue. En effet, les joueurs n’ont besoin que de cartes ou de bouts de papiers blancs - une centaine suffit, malgré le millier annoncé dans le titre - et de stylos, feutres, crayons, etc., plus on en a de différents, mieux c’est. Mais abordons un peu les règles du jeu, qui se déroule en trois étapes :

Etape 1 : La Création

Chaque joueur prend un nombre de cartes défini à l’avance, et peut les rédiger lui-même. Le nombre de cartes dépend du total et du nombre de joueurs, mais entre un quart et une moitié du total de cartes blanches est généralement distribué équitablement aux joueurs. Ceux-ci doivent à présent placer trois ou quatre éléments sur leurs cartes : le titre, le dessin, l’explication et, parfois, la citation. Les thèmes des cartes sont soit laissés au hasard total (ce qui promet beaucoup d’hilarité mais peu de cohérence) ou selon un thème, si vaste ou précis soit-il.

Par exemple, une partie avec pour thème « La Cape et l’Epée » pourrait être remplie de références aux films et comédies : composons une carte ensemble : pour titre, UN LONG NEZ. Le dessin, suivant les capacités de l’illustrateur mais les plus belles cartes ne sont pas forcément les plus drôles-, figurerait un nez, mais peut être détaché

de tout visage, monté sur un Cyrano ou sur un bonhomme-bâton, tant qu’on le reconnait ; il est bien sûr conseillé d’y adjoindre des détails. L’explication présente l’effet de la carte, qui peut s’étendre selon l’imagination du créateur : gagner ou perdre des points, changer le déroulement du jeu, ponctuellement ou à long terme (modifier l’ordre des joueurs, perdre une carte...), ou des gages et autres actions qui n’influent pas directement sur le jeu (sauter à cloche-pied, chuchoter pendant 10 minutes...). En général, ces raisons sont motivées par la citation : Si notre nez a pour explication « Le joueur vole une carte à celui qui a le plus long nez, ou à qui il veut s’il a le plus long », on peut citer « Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! ».

Les cartes peuvent bien sûr interagir entre elles, et certaines s’activer en fonction de la présence des autres. Six règles sont cependant immuables pour la création : 1) Le montant de points qu’une carte peut attribuer se limite à ±1000 points. 2) Une carte ne peut pas dire « untel gagne » ou « untel perd ». 3) Une carte ne peut pas donner de tour supplémentaire et ne peut pas faire passer plus d’un tour. 4) Une carte ne peut pas permettre de prendre plus d’une carte d’une main adverse. 5) Une carte ne peut pas permettre de piocher plus de 2 cartes. 6) Une carte ne peut pas définir de limites à la création de cartes. Par ailleurs, deux cartes strictement identiques ne peuvent être faites, et il est convenu qu’un maximum de trois cartes semblables est autorisé.

1000 cartes blanchesTEXTE : ATRUS PRINCEPS // ILLUSTRATIONS : MARION BLANCHARD

Dans un bar, alors qu’il prenait son café, Nathan McQuillen Phoenix observe une jeune fille écrire sur ce qu’il prend pour des cartes à jouer. Le nom de la boîte d’où elle tire ses cartes ? Les mille cartes blanches.

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / 1000 CARTES BLANCHES / 37

38 / 1000 CARTES BLANCHES / PARCEQUE#13

Une fois les cartes créées, on les expose à l’approbation des joueurs, puis les cartes dessinées et les vierges sont mélangées : Le jeu peut commencer.

Etape 2 : Le jeuChaque joueur reçoit entre 3 et 5 cartes, le reste constitue la pioche. Lors d’un tour, à moins que des cartes ne contredisent ces règles, chaque joueur pioche une carte et en joue une. S’il joue une carte remplie, il en applique les effets, s’il joue une carte blanche, il la dessine en suivant les règles de création, la soumet aux joueurs et applique ses effets. Si la carte est refusée, il perd son tour et sa carte. On compte trois types de cartes : celles qui s’appliquent à tout le monde, qui tiennent lieu de règles, et que l’on place au centre de la place, celles qui ne s’appliquent qu’à un personnage, qu’elles soient bénéfiques ou nuisibles, que l’on place devant le personnage, et celles dont l’effet est immédiat, que l’on met à la défausse sitôt l’effet appliqué. Les cartes, si elles sont acceptées, ont toujours l’aval sur les règles précédentes et le jeu se termine quand un joueur remplit les conditions demandées par une carte ou quand la pioche est vidée. On compte alors les points et le plus haut score l’emporte. Mais la vraie victoire n’est pas là.

Etape 3 : L’épilogueAvant de ranger le jeu ou de recommencer une partie, toutes les cartes remplies sont soumises à examen : faut-il les garder ? Car si l’on commence avec 1000 cartes blanches, les plus drôles, rigolotes ou incongrues, bref, les préférées des joueurs restent et enrichissent le jeu au fur et à mesure, remplaçant chaque fois les cartes blanches de la pioche. Il faut toujours garder au moins un tiers de cartes blanches, mais la vraie victoire dans ce jeu est de retrouver, dans une partie ultérieure, une carte que l’on a créée dans les toutes premières et qui a réussi à chaque fois à jouer son rôle, par son humour et son imagination. De nombreux jeux ont vu le jour qui reprennent ce principe de règles mouvantes, en raidissant généralement les règles, comme Dvorac, la série des Fluxx, et d’autres, et le jeu Nomic, antérieur à 1KBWC, et d’autres sont sans doute nés de concepts trouvés en jouant aux cartes blanches, mais Le Jeu des Mille Cartes Blanches doit tout à Phoenix et son imagination, enflammée par cette boîte de 1000 cartes de révisions vierges utilisées par une étudiante comme antisèche dans un café américain.

LISA

GRA

IGNI

C

40 / ALTEREGO / PARCEQUE#13

Il nous fallait donc nous présenter...Au-delà du raccord un peu facile avec le thème du numéro, nous avons choisi de vous parler de nous à travers l’histoire de notre carte de visite. On a trouvé ça pertinent parce que la construction d’un collectif, c’est un peu pareil : ça se décide, ça se dessine, et ça s’imprime. Quand on est comme nous une dizaine d’artistes et de jeunes professionnels de la com et la prod, aux univers et aux médiums très différents du dessin à l’installation en passant par la photo et la performance, ce n’est pas toujours évident de se retrouver derrière une image-bout-de-carton qui incarnera notre identité commune, ce grâce à quoi on pourra nous passer un coup de fil, à l’occasion, si le directeur du MOMA veut nous consacrer une expo rien qu’à nous (par exemple). C’est à ça que ça sert, en fait, ce genre de carte. Imaginez un collectif qui vivote, qui n’a pas encore d’image fédératrice, mais qui a déjà une imprimante. Elle se trouve chez Julie Ramage, jeune photographe qui s’amuse avec des techniques alternatives – oui, vous avez compris le parce que du nom. Cette Julie est justement la fondatrice et la présidente du collectif. Avec quelques individus tout aussi talentueux qu’elle (jetons-nous des fleurs), Julie l’ambitieuse a

décidé de créer une structure qui permette à chacun d’organiser des expos et de faire fructifier son travail.Quand tout ce beau monde commence à « œuvrer », les contacts se font de plus en plus nombreux. Arrive alors un moment où il est nécessaire de pouvoir laisser cette petite image-bout-de-carton aux gens intéressants croisés çà et là. Il faut donc la créer, cette image fédératrice. Heureusement, au sein du collectif, il y a Sandra Ghosn, une dessinatrice à l’univers loufoque, parfaite pour devenir la graphiste officielle de la bande. Deux logos plus tard, la bouche béante imaginée par Sandra hurle notre nom. On la tient l’image !Oui mais voilà, derrière, il y a ce trivial bout de carton. Et c’est peut-être ça, tout compte fait, le plus compliqué à gérer. Parce que n’imaginez pas que tout se passe bien. Non. Même les meilleurs font parfois des trucs barbants et si aussi peu glamours que de gérer les dysfonctionnements d’une imprimante pas prévue pour ce papier épais et presque rugueux choisi avec amour et dévotion pour nos cartes de visite... Fichtre.Passons ces désagréables détails des mul- tiples galères d’impression et autres ateliers découpages maison pour poser cette question qu’on aurait presque oubliée :

qu’y-a-t-il d’écrit sur le fameux bout de carton ? En trois lignes et un graphisme percutant, il faut convaincre. Convaincre de nous rappeler. Sur notre carte de visite, on trouve le nom du collectif dessiné à la sauce Sandra, le numéro de Mme la présidente, et deux ou trois autres petites choses fondamentales comme une adresse mail où nous joindre et une référence web à consulter. Mais il fallait le marquer ce nouveau départ, s’offrir un nouveau grain de folie. Un dos de carte blanc, c’est trop sobre. On a choisi du noir. Un ultime caprice et l’Alter-carte est prête, dupliquée en 250 exemplaires. On doit néanmoins avouer quelque chose : blasés par les travaux manuels rébarbatifs et chronophages, on a fini par déléguer tout ça à une grande entreprise d’impression de cartes par internet (oui, celle-là). Vous trouvez que ça revient à vendre son âme ? Tant pis.C’est tout ça, la vie d’un collectif : des artistes, du talent, des idées en pagaille, des cartes de visites, un QG avec une imprimante, des partenariats avec de chouettes magazines qui dessinent et de nombreux rendez-vous auxquels on ne manquera pas de vous inviter.Affaire à suivre, parce que c’est parti pour durer.

TEXTE : SHIRLEY NICLAIS // ILLUSTRATION : SANDRA GHOSN

La chronique Alterego

Lecteurs perspicaces, vous l’aurez compris: ce nouveau numéro marque les débuts d’un partenariat entre le magazine Parce que et le collectif Alterego. Désormais, tous les deux mois, vous aurez droit à une petite chronique bien de chez nous, avec nos artistes et nos actus, et le tout illustré par nos soins.

Pour plus d’informations sur le collectif Alterego, venez visiter notre site internet : http://alteregocollectif.com

Alors Iris, le titre de ton expo est Contagion. On comprend vite qu’il s’agit de la contagion au sein du cercle familial. Peux-tu nous en dire plus sur ce titre ?Cette question de la contagion et de l’hérédité c’est ce qui rattache tous mes travaux. La notion de la généalogie et de la mémoire, auxquelles on ne peut échapper.

Dans ta série de dessins sur la peau, tu combines l’aquarelle et les crayons de couleur. Comment choisis-tu ton outil ?J’avais commencé à utiliser l’aquarelle et les crayons de couleur en représentant des blessures et des maladies de peau, à partir de photos médicales. Il faut faire attention avec un sujet aussi dur à ce que la technique ne soit pas trop lourde. J’ai donc privilégié des formats modestes, des couleurs douces et un trait léger. J’ai continué à utiliser cette technique pour représenter la peau de mon père, parce qu’elle permet aussi d’être très minutieux.

Tu redessines à l’identique ces surfaces de peau ou tu modifies légèrement l’image ?C’est à l’identique. Chaque grain de beauté, chaque poil est existant. Je n’en invente pas, puisque le sujet c’est de chercher des indices sur cette peau, de l’observer au maximum. Il ne s’agit pas de l’inventer.

En quelques mots, comment pourrais-tu définir ta pratique du dessin ? Quelle place occupe le dessin pour toi ?Le dessin est central dans ma pratique. Je lui trouve une capacité d’émotion particulière, je suis attirée par sa fragilité et surtout sa simplicité. On a tous dessiné dans notre enfance, c’est un fondamental. Le dessin est une pratique simple, modeste, pas chère. C’est ce côté un peu pauvre qui m’intéresse et qui correspond à mon sujet, la famille, que je choisis naturellement de traiter avec des matériaux à disposition chez moi, des crayons et du papier.

Pour cette première participation au magazine Parce que et pour bien démarrer cette nouvelle année, le collectif Alterego est heureux d’acceuillir Iris Legendre dans son agenda entièrement consacré à son exposition Contagion qui commencera dans seulement quelques jours. J’ai eu le plaisir de lui poser quelques questions lors de son diplôme aux Beaux-Arts sur son travail passionnant. N’attendez plus, tous à vos agendas!

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / ALTEREGO / 41

TEXTE : MARINA LEDREIN // ILLUSTRATION : IRIS LEGENDRE

L’agenda Alterego

42 / ZONE LIBRE / PARCEQUE#13

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / MATERNITé(S) OU LA CARTOGRAPHIE SUAVAGE / 43

Maternité(s) ou laCartographie SauvageParce que Alterego, c'est aussi des projets, et parce que justement, on en avait un tout chaud sous le bras, un qui parle de cartes et de maternité. Parce que Alterego, c'est aussi des thématiques collectives dans lesquelles tous nos chercheurs, artistes, auteurs, peuvent s'en donner à coeur joie... Coulisses d'un Altercollectif.

TEXTE : JULIE RAMAGE // ILLUSTRATIONS : MARINA LEDREIN

« Le corps de ma mère a pourtant été si souvent exploré, touché, caressé, embrassé, mordu. Il m’apparait aujourd’hui comme un territoire inconnu, une vaste étendue dont la profondeur serait restée insondable. » (Marina Ledrein). Dans le cadre du projet Women Theology, Marina Ledrein développe, en compagnie de Julie Ramage, un travail centré autour du corps de la mère. Comment exprimer le corps de la mère sans le montrer ? Comment exprimer toute la dimension de la maternité sans qu’elle soit nécessairement celle d’un accouchement physique – comment exprimer toute la dimension organique d’une maternité spirituelle, soumise à un contexte social complexe ? Le travail de l’une et de l’autre, s’articulant, vacille entre un corps présent et un corps absent. Marina Ledrein et Julie Ramage dressent le portrait de la figure de la mère au travers de deux approches issues des techniques d’investigations scientifiques : l’archéologie, et la cartographie marine.

La cartographie marine, c’est la cartographie d’un contact : « Une carte de son contact tel qu’il me revient, si doux et toujours caché dans les pliures de l’enfance. Il s’agit d’explorer ce qui fait qu’elle est mère, comme une vaste étendue bleue ; explorer comme pour la première fois un territoire si proche et si lointain, si connu et si inconnu qu’il s’inscrit dans un paradoxe pur. » Reprenant l’iconographie

des premières cartes marines, lesquelles remirent en cause, il y a des siècles, l’image du monde, Marina Ledrein travaille la carte et le corps pour créer un lieu de mémoire maternelle, la mise à plat d’un mystère, point par point : « Si la représentation du réel devient centrale, les profondeurs et l’étendue du territoire exploré bloquent le processus de rationalisation au profit d’une exploration entre réel et fiction. »

Julie Ramage, quant à elle, mène un projet de recherche archéologique dans les lieux où, enfant, elle a passé du temps – bac à sable, jardins d’enfant, terrains anciens. Les objets découverts sont systématiquement photographiés et étiquetés, menant ainsi à une reconstitution archéologique du corps maternel. La technique photographique utilisée : le collodion humide inventée en 1851, consiste en une plaque de métal que l’on recouvre d’une émulsion liquide, le collodion, avant de la plonger dans un bain de nitrate d’argent qui la rend sensible à la lumière. Utilisé en chirurgie pour créer une seconde peau qui protège les blessures, le collodion aide à la cicatrisation, cette dernière caractéristique étant, pour Julie Ramage, la définition même de la femme, capable de résister à la plus grande mise en danger du corps – l’extraction d’un autre être présent à l’intérieur d’elle-même. Par ailleurs, le nitrate d’argent sert, encore aujourd’hui, à cautériser le cordon ombilical

à la naissance, introduisant une circularité de la blessure, de la cicatrisation, de la féminité, de la naissance, de la reconstitution du corps de la mère.

Par Julie Ramage et Marina Ledreinwww.julieramage.com www.marinaledrein.com

44 / SUR LA ROUTE DE MEMPHIS / PARCEQUE#13

Tout commençait lorsque la préparation des bagages arrivait à son terme ; « On a bien la carte ?? » se révélait alors être la question principale, essentielle même, condition sine qua non au maintien des vacances. Et alors, quand tout était fin prêt, que ma sœur et moi étions confortablement installées à l’arrière de la voiture et que l’heure du départ pointait le bout de son nez, arrivait le moment tant attendu du « dépliage » de la carte. J’ai toujours pensé qu’une carte routière entièrement dépliée par le passager pendant que le conducteur est au volant, et qui soit dit en passant lui obstrue partiellement la vue, présente un risque extrême de danger. Mais visiblement, cette pensée n’a jamais interpelé mes parents. Et finalement je m’en moquais, car j’étais en sécurité. Mes parents, ma petite sœur, et surtout, notre guide, notre Graal : notre carte routière.

Ces cartes d’enfance comme je les appelle, restent donc inextricablement liées à notre très chère et regrettée Renault 19. Il y a même un peu de magie dans tout ça. Cartes déchirées, mouillées, portant les marques de nos si nombreux pique-niques, souvent perdues (mais toujours retrouvées)... quoiqu’il soit arrivé à ces pauvres cartes maltraitées, nous arrivions toujours à bon port. Je me rappelle aussi ma mère tentant sans relâche de nous intéresser, ma sœur et moi, aux diverses routes que nous prenions. Pour elle, il était en effet indispensable que nous sachions où nous étions et où nous allions. Ma petite sœur a sans doute été plus sensible sur ce sujet puisque toute jeune, elle savait déjà parfaitement lire les cartes. Quant à moi, l’intérêt que je leur portais relevait d’une sorte d’admiration ; ces tracés, ces couleurs, ces noms de villes me faisaient penser à un gigantesque poème. Un gigantesque poème illisible serait plus juste, car la lecture, à proprement parler, de ces cartes, était une toute autre histoire ! Malgré mon émerveillement devant l’impressionnante facilité avec laquelle mes parents nous guidaient, je ne voyais pas de quelle façon lire ces petites lignes

pour aller d’un point A à un point B… Ma famille dispose d’un sens très développé de la débrouillardise, certainement accentué par cette si fastidieuse lecture ; quand je pense que nous avons fait des milliers de kilomètres, en France, à l’étranger, en suivant seulement ces innombrables petits tracés qui partent en tout sens pour toujours arriver à destination sans (trop) se perdre… Je suis tout simplement épatée. J’aimais être transportée, mon esprit s’envolait au fur et à mesure des kilomètres, j’étais entourée, bercée par les paroles apaisantes de mes parents, en sécurité. Je pense ainsi que mon incapacité à me repérer dans l’espace aujourd’hui puise sa source ici-même : je n’aime pas m’investir, encore moins prendre de décision sur les chemins à prendre, je préfère me laisser guider, cela me rassure et me rappelle certainement ces tendres moments passés dans notre voiture.

J’ai classé depuis longtemps ces souvenirs de cartes d’enfance dans un passé bienveillant et lointain, sans penser que celui-ci n’était peut-être pas tout à fait enfoui… Récemment, lors d’un déjeuner chez mes parents, mon père a brusquement surgi dans la cuisine en brandissant tel un trophée une carte routière. Mais attention, pas n’importe laquelle ! Une carte plastifiée, dont le but premier était d’être indéchirable ! Ma petite sœur et moi lui avons demandé l’utilité de cette énième carte alors qu’il venait d’investir dans un GPS. Sa réponse, bien qu’inaudible, ne permis pas le doute ; son regard était illuminé de cette inépuisable tendresse envers ces objets et c’est alors que j’ai compris. L’aspect pratique des cartes routières n’était que secondaire pour mes parents ; ces objets respiraient et respirent encore pour eux un doux mélange de nostalgie et d’affection. Et force est de constater que pour moi aussi, ces cartes vont bien au-delà de souvenirs d’enfance : ce sont de véritables objets d’amour familial.

Sur la route de MemphisTEXTE : CAROLINE BLÉTEAU // ILLUSTRATION : CLAIRE LUPIAC

Mon enfance me revient souvent en mémoire. À cette époque, j’étais persuadée que si l’on ne savait pas lire une carte routière, on n’allait nulle-part. C’est en tout cas ce que m’ont fait croire mes parents pendant des années. Y a t-il un lien aujourd’hui entre ces souvenirs de cartes routières et le fait que je suis incapable de me repérer dans l’espace ? Peut-être cela mériterait-il que je consulte …

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER / SUR LA ROUTE DE MEMPHIS / 45

46 / CHRONIQUE CONCERT / PARCEQUE#13

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / GRATTES SUR TABLES / 47

« Des concerts de quoi dites vous ?- De punk.- ... De quoi ?! »

Et non ! Le punk n’est pas mort.

Certains petits groupes le clament haut et fort depuis son existence. Petits, certes, mais aussi bruyants, tapageurs, avec des cris qui résonnent jusqu’au fond des entrailles, qui sortent des tripes, et avec des accords cinglants et sanglants.Un punk, ça ne veux pas de pub, c’est là, un point c’est tout ! ... Et personne n’a le pouvoir de les ignorer pour autant.Toute cette ambiance, on l’a encore brutalement ressentie, ce samedi 24 novembre, au bar/restaurant « Les Combustibles «, grâce aux brillantes prestations des deux groupes 2 Sisters et Pragmatiks.Une énergie sans faille qui fait battre le coeur à 1000 à l’heure (rythme soutenu par les batteurs), de nombreuses interactions avec le public, des bonds hors de scène pour relancer des pogos qui s’essoufflent dans un élan infernal. Les heures passent comme des minutes. Une chose reste sûre ! On pourra dire à nos petits enfants qu’on a connu la « période punk ».

TEXTE & ILLUSTRATION : DIANE ABERDAM

FAUROSCOPEPAR ATRUS PRINCEPS, ILLUSTRATIONS DE COLINE POULETTE

Bélier (21mars – 20 avril)

Divination : Sachez faire feu de tout bois dans vos conquêtes amoureuses : La couette est d’autant plus chaude et

accueillante à deux.

Conseil : Les soucis pécuniers vous poursuivent. Choisissez d’en rire :

« pécunier » se prête tellement bien aux contrepèteries.

Taureau (21 avril – 21 mai)

Divination : Natifs du deuxième décan… Nan mais pourquoi c’est toujours les deuxième ou premier décans, et jamais le troisième ?

Pour la peine, je boude.

Conseil : Après avoir fait le tour du monde, vous cherchez un nouveau défi ? Refaites-le pour de vrai, sans considérer

la rotation naturelle de la Terre.

Gémeaux (22 mai – 21 juin)

Divination : Des profits sont dans l’air, mais ce n’est pas une raison

pour refuser d’aérer votre chambre, ouvrez grand !

Conseil : Décidez-vous. Si vous êtes lion ascendant gémeau, « les quatre » n’est pas une option. Si vous êtes un

vrai gémeau, mes condoléances.

Balance (23 septembre – 22 octobre)

Divination : Avec l’hiver, vos allergies au pollen se calmeront enfin.

L’air de rien, ça change la vie.

Conseil : Profitez de l’hiver pour boire de la soupe, du thé et des

vins chauds. De toute façon, toute nourriture solide est désormais interdite, vu l’état de vos dents.

Scorpion (23 octobre – 22 novembre)

Divination : Un faux pas, et vous nagerez en eaux troubles. En même temps, tout le monde vous le disait,

de vider la piscine avant l’hiver !

Conseil : Préparez votre meilleur profil pour votre rendez-vous, ce soir. Et ne vous trompez pas de coté, vous

draguez un borgne.

Sagittaire(23 novembre – 21 décembre)

Divination : Vous perdrez la tête pour une chevelure de feu. Prévoir une minerve et un extincteur, donc.

Conseil : Après les fêtes, il faut savoir récupérer sa ligne sans se priver.

À vous l’honneur, donc, mais prenez garde aux kilos en trop.

Cancer (22 juin – 22 juillet)

Divination : Malgré des augures positifs, en fait d’amour et d’eau

fraîche, ce sera juste l’eau fraîche… Faites-vous un diabolo…

Conseil : Diversifiez vos loisirs : avec plus de cordes à votre arc,

vous pourrez vous mettre à la harpe, comme vous l’avez toujours rêvé.

Lion (23 juillet – 23 août)

Divination : Vous serez contraint à des choix difficiles. Slip ou caleçon ?

culotte ou string ? et pourquoi pas les quatre ?

Conseil : Il est temps de repartir en conquête, mais gardez un œil sur le passé : dans le feu de l’action,

ne perdez pas pied…

Vierge (24 août – 22 septembre)

Divination : Le travail vous laissera peu de répit, mais pensez quand

même à vos amis. Je dis bien pensez, vous n’aurez guère le temps de faire

plus.

Conseil : La famille devient complexe à comprendre, prenez-la au second degré, ne restez pas terre-à-terre,

les racines c’est important !

Capricorne (22 décembre – 20 janvier)

Divination : Les relations se tendent autour de vous. Il faudrait apprendre

à faire profil bas pour ne pas se retrouver sur le carreau.

Conseil : Vengez-vous de tous ceux qui ont prétexté la fin du monde pour ignorer votre anniversaire : envoyez-

les six pieds sous terre ou pire, dévoilez-leur la fin de Sixième Sens.

Verseau (21 janvier – 18 février)

Divination : Vous ne réussirez pas à vous sortir un air de la tête : au

choix, nous proposons les musiques de Tétris, La Soupe au chou, Le grand

blond avec une chaussure noire ou Loituma polka.

Conseil : Verseau. Verse-eau. Lancelot. Lance l’eau. Du Lac, en

plus. Tout y conspire : organisez une bataille d’eau (et invitez-moi) !

Poissons (19 février – 20 mars)

Divination : Le Valet de pique s’appelle Hogier. Ça craint du boudin, non ? Votre anniversaire arrive, par

contre : ça vous consolera.

Conseil : Passer l’été les pieds dans l’eau était une bonne idée. L’automne, c’était étrange mais agréable. L’hiver, ça aide à la circulation. Mais sortez-les un peu, ou ils vont se palmer !

Aujourd’hui, on change de format et, au lieu de lire les astres, Parceque vous propose de lire votre avenir dans les cartes ! Mais bon, pour douze signes, ça fait complexe, alors vous n’aurez que deux cartes chacun : votre ascendant vous offre aussi son conseil. C’est déjà pas mal. Sisi.

50 / PARCEQU’ILS LE FONT / PARCEQUE#13

RÉDACTEURS

TIPHAINE BACQUET est une littéraire qui aime le ciné, la poésie, les voyages et les vaches. Et lorsque tombe le crachin breton, elle se sent l’âme d’un poète maudit. Oui, elle est très romantique aussi.

CAROLINE BLÉTEAU : Une pincée de lettres, un zeste d’arts, quelques gouttes de curiosité, voici la recette magique de Caroline, qu’elle met aussi bien à profit dans sa compagnie de théâtre/arts de rue que dans la vie !collectifalterego.com

CLÉMENTINE BRISSI, c’est « comme un photographe mais avec une frange, de l’humour, un cerveau et un compte twitter » (c’est pas elle qui le dit). Mais c’est aussi une fille qui a toujours secrètement rêvé d’avoir une moustache (ça c’est elle qui le dit). Elle est la secrétaire de l’association PARCEQUE.clementineb.carbonmade.com

FLORE ENGELVIN est instit’ et a décidé de renverser les rôles pour PARCEQUE, en tolérant que la chef lui gribouille ses copies d’articles en rouge. Manifestement, elle s’en remet plutôt bien.

ROMAIN JAMMES est diplômé d’un M2 de Sciences Politiques à la Sorbonne. Banlieusard de coeur, d’âme, et de tête. Musicien à l’occasion, amoureux des mots et militant du Front de Gauche !romain-jammes.fr

AYMERIC JÉGOU L’héritier du minitel rose, c’est lui ! Après un cursus de sciences humaines, le « vrai travail » a repris ses droits. Rencontre et voyance par sms n’ont aucun secret pour cet expert télématique mondialement reconnu. Bibliophile, passionné par l’art et l’automobile (associés si possible), il ne déteste pas écrire autre chose que des textos…collectifalterego.com

KAZO alias Fred né sur les terres

viticoles les plus belles du monde, navigue depuis longtemps dans l’univers des bibliothèques. Parfois mytho, il sait bien jouer du pipeau ! Il adore la cuisine italienne, les films noirs américains, la brit music... Il a tendance à se passionner pour des sujets aussi envoûtants que les techniques de recherche documentaire ou le radicalisme à l’aube du XXeme siècle.

LUDOVIC LABATI - notre relecteur - c’est un oeil acéré, pour veiller à ce que l’orthographe et la syntaxe restent à la hauteur du contenu de votre journal préféré. C’est aussi deux jambes qui ont couvert pas mal de kilomètres sur les chemins de grande randonnée, en France et au Liban. Et c’est, surtout et avant tout, l‘heureux papa d’un grand garçon de 11 ans...

SHIRLEY NICLAIS a compris très jeune qu’elle ne pourrait jamais devenir mannequin. Du coup, elle s’est jetée à corps perdu dans les études, jusqu’au doctorat en arts qu’elle poursuit actuellement. Comme ça ne lui suffisait toujours pas, elle a décidé de faire l’artiste et n’a toujours pas choisi si elle préférait le théâtre ou les arts plastiques. Elle est aussi obsédée par les marionnettes et autres créatures mortes, et ça aussi c’est un problème. collectifalterego.com

GUILLAUME PASCAL travaille un peu pour la télé, écrit un peu un blog et des pièces, est un peu comédien, aime faire des lasagnes, n’aime pas le sport, culpabilise quand il fait trop la grasse mat, est capable de passer trois jours d’affilée à ne globalement rien faire, est mauvais perdant, trie ses déchets, aime les voyages, nage très mal, ne bronze pas, aime les chats mais pas s’en occuper, a plein de livres en retard, a peur de sa gardienne et trouve souvent que les choses sont trop chères. cequejenpense.com

ATRUS PRINCEPS, Littéraire absurdoué holothurique préposé aux idées à la

con. Amateur de Gainsbourg, de JDR, de citron, de poulpes et de rousses. Dans le désordre. Et les phrases nominales.

JULIE RAMAGE appartient à cette classe éteinte : les doctorants en histoire de l’art. Avide de mains sales et de masques à gaz, elle est spécialisée dans les techniques photo du XIXe, celles qui en mettent partout et qui saccagent le garage, et elle aime écrire, aussi, et elle s’est acheté de grosses lunettes pour se sentir légitime devant ses petits étudiants.collectifalterego.com

CAROLE SERTIMOUN consacre 39h par semaine à nettoyer la poussière sur des flacons de parfum, et le reste de son temps à rêver d’un avenir meilleur, surtout pour son magazine. Elle aime les gens et aussi beaucoup les chats. Mais elle mange du cheval, parce que c’est délicieux, surtout en aller-retour.

THOMAS SIMONI a le goût du travail bien fait et a une belle écriture. Ca lui sert beaucoup pour draguer, parce que les filles craquent pour les garçons qui écrivent bien. De toute façon il vaut mieux le lire que l’écouter.

ILLUSTRATEURS

DIANE ABERDAM est une fonceuse, il faut que tout soit fait vite, vite, vite !... Même si on se brûle un peu, qu’on se coince les doigts, qu’on s’en met partout... Quand elle n’est pas aux beaux-arts occupée à sculpter ou à dessiner, elle fait de la musique énergique ou va sauter et se défouler dans des concerts de rock.www.diane-aberdam.com

SARAK BLACK n’est pas frappa-dingue. Cette hypokâkâgneuse recyclée en art utilise ses crayons comme des armes de (con)construction massive pour créer des univers chelous sad core. Il paraît qu’elle a beaucoup trop de cheveux, mais elle est contente car ça lui permet de dissimuler les micro trolls

multicolores qui lui arrosent ses idées fofolles et lui écrabouillent ses tares héritées du collège, (appareil dentaire = sale bouille). C’est aussi une ciné-sérievore qui adore lire et écouter du vieux son avec ses zamizarbis.

MARION BLANCHARD a les yeux plus grands que le ventre, ou en tout cas, l’hyperactivité plus étendue que le temps mis à sa disposition... quand elle ne court pas partout, elle dessine ou chante, reconstitue ou danse. Elle s’arrête un peu pour manger et boire et elle se dit qu’elle dormira bien assez quand elle sera morte. Mais elle espère avoir bien le temps avant, histoire d’accomplir tout un tas de truc bizarres et fous.

NATHALIE EYRAUD est graphiste et illustratrice depuis 2 ans. Petite fille, elle trouvait les princesses ennuyantes et préférait inventer des histoires d’éboueurs ou de gangsters... Depuis 6 ans elle dessine sur son blog des BD humouristiques sur les gens qu’elle rencontre ou croise dans la rue. Elle adore les caricaturer et leur rajouter plein de défauts mais n’aimerait pas qu’on la dessine de cette manière.nathalieeyraud.com

FAUSTINE FERRER est une rêveuse, elle nous transmet des images depuis son sommeil : dessins colorés où les arcs-en-ciel sont des passerelles qui mènent vers quelques autres mondes... Tout comme le lapin blanc qu’elle suit dans le court mètrage « Alice », qu’elle a réalisé en 2010 et dans lequel elle interprète une Alice poursuivant un lapin blanc qu’elle a cousu elle-même... Ses films d’animation mettent en scène des poupées et sont comme des videoclips de sa musique ou de celle d’autres musiciens...www.faustine-ferrer.e-monsite.com

LIZA GRAIGNIC est un papillon illustratrice volant dans l’air froid… amoureuse de la nature depuis sa plus tendre enfance. Outre se griller la rétine à fixer ses feuilles, elle aime

parcequ’ils le font ...

PARCEQUE#13 / JANVIER-FéVRIER 2013 / PARCEQU’ILS LE FONT / 51

regarder les couchers de soleil, un brin d’herbe entre les lèvres en observant autour d’elle les remous de la mer bretonne.http://lillustrelili.blogspot.fr

MARIUS GUIET est diplômé en illustration de l’école Massana à Barcelone grâce à une version illustrée du manuel de civilité pour les petites filles de l’auteur Pierre LOUYS, ce qui fait que désormais il est très bien élevé. De retour en France, il devient illustrateur freelance pour les autres, et bénévole pour nous. Il fait partie depuis septembre du cabinet Pate-pelue, un atelier d’illustrateurs situé à Saint Denis.www.facebook.com/pages/Marius-G-illustration/191167987655049

LILY HOOK, plasticienne et photographe, s’intéresse aux oeuvres faites de hasard, aux objets trouvés dans la rue, aux vêtements déjà usés et aux livres déjà lus. Mettre en scène et mettre en mots sont deux phases indissociables d’un travail plastique protéiforme dans lequel elle explore les limites de l’intime, d’un corps social pudique et d’un corps physique érotique.collectifalterego.com

POLE KA dessine des corps avec la précision d’une chirurgienne, les dissèque, les écorche et avec une main sûre nous dévoile ses images acérées. Elle a laissé ses personnages imaginaires, sortis tout droit d’un cabinet de curiosités, envahir peu à peu les murs de la ville. Visions oniriques où se mélangent, l’animal, le végétal, personnages hybrides, science et religion, l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Jérôme Bosch et Lucas Cranach, les collages surréalistes de Max Ernst et les enluminures du Moyen-Age.poleka.fr

VIVI LABLONDE : Après avoir été graphiste un peu partout, Vivi a finalement cédé à l’appel du crayon. Elle dessine pour les enfants et les

adultes mais pas les mêmes choses, hein… avec une prédilection pour les personnages. Elle aime l’Islande, les USA, le Nutella, le vin de Porto, les fraises des bois, Modigliani, Eric Rohmer, Depeche Mode. Et la mer.www.vivilablonde.blogspot.fr

MARINA LEDREIN vit et travaille entre Paris et Prague et a donc développé une classe incomparable. Passionnée de dessin, de cinéma d’animation et d’arts plastiques en général, elle aime bien s’amuser à mixer tout ça pour créer des projets d’installation vidéos qui fascinent son public. Elle a un petit côté dark aussi, mais on l’aime bien quand même. marinaledrein.com collectifalterego.com

CLAIRE LUPIAC est tombée dans le dessin toute petite. Il y a d’abord eu les sirènes, puis les licornes, les princesses et les monstres aussi, l’overdose de rose et de doré, les paillettes. En fait, elle n’a jamais arrêté ni vraiment grandi. Aujourd’hui, elle fait du graphisme et des études pour rester les pieds sur terre, mais quand elle sera grande elle sera illustratrice, na !caliroune.com

OUTI MUNTER est illustratrice et dessinatrice au parcours linguistico-fructueux-expérimental qui l’a amenée de Helsinki à Paris. Elle aime à peu près tout (et aussi a peur d’à peu près tout mais essaie de rester très courageuse et dessine des femmes et des fois même des lapins). Tout particulièrement elle aime sa couette et les gens et pense qu’elle serait une despote assez gentille et très juste.www.outimunter.net

COLINE POULETTE est rousse et fait de la boxe. Elle respire la fraîcheur de sa génération, mais elle porte souvent des bottes en peau de vache, du coup je ne suis pas sûre qu’on puisse lui faire confiance à 100%. La BD bloguerie est sa grande passion, et elle est vice-présidente de l’association

PARCEQUE.

CIBEE RAKOTOARISOA aspire au bonheur, dessine des personnages au gré de ses envies, et profite, non de non ! La vie est trop courte.graphictchiz.blogspot.fr

LEONIE STENECK sort de l’École des Beaux arts de Tarbes et vit à Toulouse. La peinture, le dessin et le design graphique c’est son dada. Elle aime la profusion, le coloré, recherche une justesse, un équilibre, des dessins à la limite du kitch, du rose, du vert, du blanc, des pointes de doré. Elle cherche un monde merveilleux, un peu de fraîcheur qui fait du bien.www.leoniesteneck.blogspot.fr

EMILIA STEPIEN est une jeune fille venue d’une très lointaine taïga pour devenir une illustratrice diplômée à Paris. Quand elle s’arrête de dessiner et à part boire de la vodka et chanter, elle aime bien illustrer pour PARCEQUE qui, par hasard est tombé sous son nez un jour de janvier et lui a donné envie de participer à cette aventure des jeunes gens motivés. Sinon, elle apprécie le son de la batterie, les voyages et le cinéma.emiliastepien.blogspot.com

et enfin, LES NOBLES DU 33 pour les portraits des membres, ne savent pas dessiner, et c’est pour ça qu’on les aime.

LES AUTRES

SARIA CHÉMALI aimerait être quelqu’un de plus souple mais elle profite de sa « rigidité » pour faire des mises en page au carré. Passionnée de livres (et non de littérature) parceque les livres c’est joli, doux, que ca sent bon et qu’il n’y a pas toujours besoin de les lire pour les aimer. Quand on ouvre PARCEQUE, il y a plusieurs manières de l’apprécier : certains vont le sentir, d’autres l’admirer, ou encore le dévorer. Saria, elle fait les trois.www.sariachemali.com

VINCENT DESDOIGTS n’est ni illustrateur, ni rédacteur, mais comme il fabrique notre site, il faut bien quand même lui trouver une petite place, à cet artiste de l’html ! il aime les pandas et déteste la ratatouille. vdesdoigts.com

GAËLLE LAROCHE est débusqueuse de fautes et d’erreurs d’orthographe, de coquilles et de petits oublis en tout genre.

MATTHIEU CHIAMA est ingénieur en pixels de couleurs, entiché d’art et de culture, particulièrement numérique. Un musicien magicien sportif qui aime combiner ses passions à l’infini.matthieuchiama.wordpress.com