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Paris s’amuse: un souffle de modernité. Paris connaît au XXème siècle un renouveau dans le domaine du divertissement. La capitale française voit se multiplier, les cinémas, salles de concert et autres discothèques. Les divertissements de l’époque ressemblent déjà à ceux d’aujourd’hui. Les théâtres et opéras: Le Théâtre des Champs-Élysées est une salle de spectacle dans le 8 ème arrondissement de Paris (15 Avenue Montaigne). Le bâtiment fut construit en 1913 et possède de très beaux plafonds et décors. Il se compose de trois salles de spectacles, une grande salle à l’italienne pour l’opéra, et deux autres dédiées au théâtre. L’Opéra - Bastille est inauguré en 1989, il est situé sur la Place de la Bastille à Paris. Il s’agit du deuxième opéra parisien avec l’Opéra Garnier. C’est le Président François Mitterrand qui décide sa construction afin de décharger l’Opéra Garnier. L’Opéra-Bastille sera selon son souhait « moderne et populaire. » Les cinémas : Le Grand Rex est une salle de cinéma parisienne située dans le 2 ème arrondissement au nº1 du Boulevard Poissonnière. Il date de 1932 et peut accueillir plus de 2700 personnes. C’est Jacques Haïk, alors propriétaire de l’Olympia, qui décide de sa création. Il s’agit d’une réplique du célèbre Radio City Music Hall de New York. Aujourd’hui, il accueille de nombreux one-man shows, concerts et autres spectacles en plus du cinéma. Les cinémas Gaumont, chaîne de production et de distribution de 1895. Le Gaumont-Palace fut le premier cinéma de la chaîne à Paris. Construit en 1899 et investi en 1911, il se situait au nº1 de la rue Caulaincourt. Il est détruit en 1973 suite à sa fermeture. Il pouvait accueillir près de 6000 spectateurs et fut « un des plus grands cinémas de son époque ». De nos jours, les cinémas Gaumont sont partout en France et accueillent chaque jour de nombreux spectateurs. Les salles de concerts : La Cigale est une salle de spectacles construite en 1887 sur le Boulevard de Rochechouart dans le quartier de Pigalle. Elle se spécialise tout d’abord dans la revue et possède même pendant une époque un cabaret au sous-sol. Après être devenue une salle de cinéma dans les années 40, elle restera une salle de concerts et spectacles et accueille notamment chaque année le Festival des Inrockuptibles. La Salle Gaveau est une salle de concerts classiques (tout comme la salle Pleyel) située dans le 8 ème arrondissement. Construite dans les années 1906-1907, elle peut accueillir jusqu’à un millier de spectateurs. Son occupation est principalement la musique de chambre et elle appartient à la célèbre maison de pianos française du même nom.

Paris s’amuse: un souffle de modernité.flebachibacparis.e-monsite.com/medias/files/paris-samuse... · 2013. 3. 24. · Le do ument 1 est un extrait d’Une Jeunesse de Modiano

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  • Paris s’amuse: un souffle de modernité.

    Paris connaît au XXème siècle un renouveau dans le domaine du divertissement. La

    capitale française voit se multiplier, les cinémas, salles de concert et autres discothèques. Les

    divertissements de l’époque ressemblent déjà à ceux d’aujourd’hui.

    Les théâtres et opéras:

    Le Théâtre des Champs-Élysées est une salle de spectacle dans le 8ème arrondissement de Paris

    (15 Avenue Montaigne). Le bâtiment fut construit en 1913 et possède de très beaux plafonds

    et décors. Il se compose de trois salles de spectacles, une grande salle à l’italienne pour

    l’opéra, et deux autres dédiées au théâtre.

    L’Opéra - Bastille est inauguré en 1989, il est situé sur la Place de la Bastille à Paris. Il s’agit du

    deuxième opéra parisien avec l’Opéra Garnier. C’est le Président François Mitterrand qui

    décide sa construction afin de décharger l’Opéra Garnier. L’Opéra-Bastille sera selon son

    souhait « moderne et populaire. »

    Les cinémas :

    Le Grand Rex est une salle de cinéma parisienne située dans le 2ème arrondissement au nº1 du

    Boulevard Poissonnière. Il date de 1932 et peut accueillir plus de 2700 personnes. C’est

    Jacques Haïk, alors propriétaire de l’Olympia, qui décide de sa création. Il s’agit d’une réplique

    du célèbre Radio City Music Hall de New York. Aujourd’hui, il accueille de nombreux one-man

    shows, concerts et autres spectacles en plus du cinéma.

    Les cinémas Gaumont, chaîne de production et de distribution de 1895. Le Gaumont-Palace fut

    le premier cinéma de la chaîne à Paris. Construit en 1899 et investi en 1911, il se situait au nº1

    de la rue Caulaincourt. Il est détruit en 1973 suite à sa fermeture. Il pouvait accueillir près de

    6000 spectateurs et fut « un des plus grands cinémas de son époque ». De nos jours, les

    cinémas Gaumont sont partout en France et accueillent chaque jour de nombreux spectateurs.

    Les salles de concerts :

    La Cigale est une salle de spectacles construite en 1887 sur le Boulevard de Rochechouart dans

    le quartier de Pigalle. Elle se spécialise tout d’abord dans la revue et possède même pendant

    une époque un cabaret au sous-sol. Après être devenue une salle de cinéma dans les années

    40, elle restera une salle de concerts et spectacles et accueille notamment chaque année le

    Festival des Inrockuptibles.

    La Salle Gaveau est une salle de concerts classiques (tout comme la salle Pleyel) située dans le

    8ème arrondissement. Construite dans les années 1906-1907, elle peut accueillir jusqu’à un

    millier de spectateurs. Son occupation est principalement la musique de chambre et elle

    appartient à la célèbre maison de pianos française du même nom.

  • Les discothèques :

    Le Bus Palladium est une discothèque parisienne située au 6 rue Fontaine dans le quartier de

    Pigalle. Elle est fondée en 1965 par James Arch. Il pensait d’abord à créer un service de bus

    pour que les jeunes parisiens se rendent dans les discothèques parisiennes, d’où le nom de Bus

    Palladium, et créa par la suite sa propre discothèque. On y retrouve tous les jeunes chanteurs

    de l’époque et quelques grands groupes comme les Beatles ou Téléphone.

    Document 1 : Patrick Modiano, Une jeunesse, extrait pp. 28-29, 1981.

    Document 2 : Christopher Thompson, Bande-annonce de Bus Palladium, mars 2010.

    Document 3 : Photos du Paris d’avant (source : internet).

    Document 4 : Patrick Modiano, Une jeunesse, extrait pp. 82-84, 1981.

    Document 5 : Patrick Modiano, Une jeunesse, extrait pp. 179-182, 1981.

  • Le document 1 est un extrait d’Une Jeunesse de Modiano qui raconte la rencontre de Georges Bellune et d’Odile au Bus Palladium, une discothèque très à la mode à l’époque. Dans l'escalier, les vibrations des batteries et des guitares électriques accablaient1 toujours Georges Bellune. Il s'assit sur la banquette de cuir du premier étage, le buste raide, cherchant à rassembler ses forces avant de franchir le seuil du Palladium. La demi-obscurité était trouée, au fond, à gauche, par la zone laiteuse de l'estrade où s'agitait un groupe de musiciens de rock'n'roll. Le chanteur hurlait, d'une voix encore mal assurée, un succès américain. Autour de l'estrade, se pressaient des garçons et des filles dont la plupart n'avaient pas encore vingt ans. Le batteur de l'orchestre, avec ses cheveux blonds frisés et ses grosses joues, parut à Bellune un enfant de troupe précocement vieilli. Il se fraya un passage jusqu'au bar et commanda un alcool. Après le troisième verre, il était moins sensible au bruit. Chaque fois qu'il venait au Palladium, il y restait une heure tandis que les orchestres et les chanteurs se succédaient sur l'estrade - adolescents de la banlieue ou jeunes employés du quartier. Et leur rêve était si fort, si violent leur désir d'échapper par la musique à ce qu'il pressentait de leur vie, que Bellune percevait souvent les stridences2 des guitares et les voix qui s'éraillaient3 comme des appels au secours. Il avait plus de cinquante ans et travaillait dans une maison de disques. On le chargeait de se rendre deux ou trois fois par semaine au Palladium et de repérer certains groupes de musiciens amateurs. Bellune leur fixait rendez-vous à la maison de disques et ils y passaient une audition. A cet instant-là, il n'était rien d'autre qu'un employé des douanes qui choisit, dans une foule d'émigrants massés devant un bateau, deux ou trois personnes, et les pousse sur la passerelle d'embarquement. Il consulta sa montre et décida qu'il avait suffisamment fait acte de présence. Cette fois-ci, il ne se sentait même pas le courage de porter son attention sur un chanteur ou un groupe de musiciens. Marcher jusqu'à l'estrade en jouant des coudes lui semblait un acte surhumain. Non. Pas ce soir. C'est alors qu'il remarqua sa présence. Il ne l'avait pas vue jusque-là parce qu'il lui tournait le dos. Une fille aux cheveux châtains, à la peau très pâle, les yeux clairs. Vingt ans à peine. Elle était assise au bar mais elle regardait vers le fond, hypnotisée. Un remous4 s'enflait, il y avait une bousculade, des applaudissements, des cris. Quelqu'un montait sur le podium : Vince Taylor. Pourquoi ne se mêlait-elle pas aux autres ? Son regard, fixé vers la seule zone lumineuse du Palladium, évoqua dans l'esprit de Bellune l'image d'un papillon hésitant qu'attiré la lampe. Sur le podium, Vince Taylor attendait que les applaudissements et les cris s'éteignent. Il régla le micro et commença à chanter.

    Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Faire céder sous le poids d’une charge physique ou morale, de manière à anéantir toute possibilité ou

    volonté de réaction.

    2. Caractère d’un son, d’un bruit strident (aigu, insupportable).

    3. Rendre la voix rauque ou voilée.

    4. Mouvement, turbulence.

    Remplissez le tableau suivant :

    Affirmation Citation du texte

    Le Palladium est une salle de concerts.

    Le groupe sur scène chante en anglais.

  • Les jeunes qui viennent chanter poursuivent un rêve.

    Bellune est un « chercheur de talents ».

    Il y a beaucoup d’animation dans la salle.

    Odile semble différente des autres jeunes.

  • Le document 2 est la bande-annonce du film Bus Palladium de Christopher Thompson sorti en France le 17 mars 2010. L’histoire se situe dans les années 80, cinq jeunes décident de former le groupe Lust afin de percer dans le monde du rock. http://www.youtube.com/watch?v=0DvUx84BD3Q

    Répondez au QCM suivant :

    1) Comment s’appelle le groupe ?

    A. Lost

    B. Lust

    C. List

    2) Combien de chansons doivent-ils écrire pour faire un album?

    A. Au moins 20

    B. Au moins 50

    C. Au moins 30

    3) Comment s’appelle leur premier tube ?

    A. C’est tout jeune

    B. Que tu le veuilles ou non C. Histoire d’un succès

    4) Où habitent-ils ?

    A. A Toronto

    B. A Paris

    C. A Lyon

    5) Dans quelle salle se produisent-ils ?

    A. Au Bus Palladium

    B. A la Place Pigalle

    C. Dans une boutique de disques

    6) Pourquoi les deux amis vont-ils se disputer ?

    A. A cause de la gloire B. A cause de l’argent

    C. A cause d’une fille

    En quoi retrouve-t-on dans cette bande-annonce, l’ambiance du Bus Palladium comme la

    décrit Modiano dans l’extrait précédent ? Justifiez votre réponse.

    http://www.youtube.com/watch?v=0DvUx84BD3Q

  • Le document 3 est un ensemble de photos de l’époque qui représente les différents

    monuments de divertissement auparavant cités. (source : Site Paris Avant)

    Commentez les changements apparus entre les époques. Que vous semble la nouvelle façade

    de la Cigale ? Pourquoi pensez-vous que l’Opéra Garnier est-il resté intact ? Retrouvez-vous la

    même ambiance entre le Bus Palladium de 1966 et celui de 2010 ?

    La Cigale

    L’Opéra Garnier

    Le Bus Palladium

  • Le document 4 est un extrait d’Une Jeunesse de Modiano, lorsque Louis et Odile vont au cabaret d’Auteuil, accompagnés de Bejardy et Brossier. Odile passe une audition et chante La chanson des rues. On lui laissait à peine le temps de chanter entre un numéro de Caucasiens lanceurs de poignards et un fantaisiste imitant les sifflements de tous les oiseaux. Vietti - l'homme aux ongles manucurés - était là le premier soir. Il avait parlé d'elle au directeur de ce restaurant-cabaret d'Auteuil, puis l'avait ramenée porte Champerret vers une heure du matin en lui déclarant qu'il lui ferait bientôt enregistrer un disque, mais qu'il était nécessaire qu'elle se « rodât1 » un peu. Sur scène, elle portait une jupe très large de satin et un boléro incrusté de jais, costume que lui avait prêté la direction. Brossier avait parlé d'Odile à Bejardy, puisque celui-ci, un matin, au garage, interrogea Louis au sujet de sa « fiancée ». Et quand il sut qu'Odile chantait dans un cabaret, il parut amusé et décida qu'il fallait absolument aller l'écouter. Il retint une table de trois couverts pour lui, Brossier et Louis. Bejardy avait connu cet établissement jadis2. Selon lui, le décor n'avait pas changé. C'étaient les mêmes tentures3 de velours sombre et, sur chacun des murs, les mêmes tableaux dans le goût du XVIIIe siècle : portraits ou scènes galantes4. - Tu m'as emmené ici, un soir, avec Hélène et ta maman..., lui dit Brossier. - Tu crois ? Nous fréquentions plutôt cette boîte du temps de l'avenue Alphand... - Mais non... c'était avec Hélène et ta maman... Je ne devais pas être beaucoup plus âgé que vous, Louis.... Louis ne les écoutait pas. Il guettait avec anxiété l'apparition d'Odile. Jusque-là, elle avait refusé qu'il vînt, de peur que sa présence lui donnât le trac5. Mais Louis lui avait expliqué que ce soir il ne pouvait pas faire autrement que d'accompagner ceux qu'il appelait ses « patrons »… - Ce n'est plus la même clientèle, constata Bejardy en promenant autour de lui un regard froid. Il consultait la carte. Blinis et caviar. Du Krug6. Quelques pirochkis7 en attendant. Il ne demandait l'avis ni de Brossier, ni de Louis. Les cheveux noirs ondulés, le front haut, le buste droit, il émanait de lui une paisible autorité. - Non... plus du tout la même clientèle... A la table la plus proche de la leur, des Indonésiens, avant de commencer à dîner, hochaient cérémonieusement leurs têtes. - Est-ce qu'au moins on la paie bien dans cette boîte, votre fiancée ? demanda Bejardy. - Je crois. Louis, incapable d'avaler la moindre bouchée, vidait nerveusement une coupe de Champagne. - Allons... il faut manger, dit Bejardy en lui servant un blini. - Louis est inquiet pour sa fiancée, dit Brossier. - Voyons, voyons... je suis sûr qu'elle est épatante... Les danseurs du Caucase saluaient au son d'une musique saccadée et la lumière baissait. Il ne restait plus qu'un faisceau bleu pâle qui éclairait le milieu de la scène. Silence. Un violon. Elle apparut dans le faisceau bleu pâle, un peu raide à cause du boléro et de la longue robe de satin. - Votre fiancée ? demanda Bejardy. - Oui, oui... Elle chantait. Louis savait la chanson par cœur et craignait qu'elle oubliât une parole ou qu'elle s'interrompît brusquement. Il enfonçait ses ongles dans les paumes de ses mains et fermait les yeux. Mais la voix restait pure, Odile ne paraissait pas souffrir du trac et sa raideur avait du charme, surtout à la fin, quand elle interpréta un vieux succès, La Chanson des rues :

  • On y parle de tristesse, De rêves et d'amours déçus, Et du regret que vous laissent Les années qui ne sont plus... Elle salua d'une timide inclinaison du buste. Les quelques applaudissements mous des Indonésiens étaient étouffés par les « Bravo ! Bravo ! » de Bejardy. Brossier agita le bras et lui fit signe de venir s'asseoir à leur table. Elle prit place à côté de Louis.

    Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Acquérir de l’expérience dans un domaine.

    2. Autrefois, dans un passé plus ou moins lointain.

    3. Ensemble de tissus servant à la décoration d’une salle.

    4. Tableaux représentants des scènes de la campagne, des bals et réunions ludiques organisés en plein air

    par l’aristocratie du 18ème

    siècle.

    5. Angoisse, sentiment d’appréhension, de doute.

    6. Marque de Champagne.

    7. Petits friands russes avec de la viande à l’intérieur.

    Répondez aux questions suivantes :

    1) Quels sont les différents termes utilisés par l’auteur pour définir le lieu ?

    2) Quelles représentations peut-on y voir ? Y-a-t-il une adéquation avec le type de lieu ?

    3) Comment le local est-il décrit ? Quel est le type de décoration ?

    4) Pourquoi Bejardy dit qu’il ne s’agit plus « de la même clientèle »? Justifiez votre réponse.

    5) Que fait Odile ? Comment se passe sa prestation ?

    Ce lieu vous semble-t-il du même genre que le Bus Palladium ? Pourquoi ?

  • Le document 5 est un extrait du roman Une Jeunesse de Modiano. Le passage cité se trouve vers la fin du livre lorsque les personnages principaux Odile et Louis rencontrent Bauer, un ancien créateur d’affiches de cabarets.

    Il remplit une flûte à Champagne jusqu'à ras bords et la poussa devant le chien soupçonneux. Puis il sortit d'un des tiroirs du buffet un grand album relié de cuir vert.

    - Tenez... Ce sont des souvenirs du temps où j'habitais dans l'atelier... Là où vous vivez maintenant...

    Louis avait ouvert l'album et Bauer restait debout, derrière lui, Odile et le chien. Sur chacune des deux premières pages, une photo protégée par une feuille de plastique. Deux hommes aux traits réguliers, l'un brun et l'autre blond. Les photos dataient d'une trentaine d'années.

    - Pierre Meyer et Van Duren... Deux artistes de music-hall, dit Bauer. Les deux hommes que j'ai le plus admirés de ma vie...

    - Pourquoi ? demanda Odile.

    - Parce qu'ils étaient beaux, dit Bauer d'un ton sans réplique. Ils se sont suicidés tous les deux... Alain Gerbault aussi, si l'on veut...

    Louis tournait les pages de l'album. Des couvertures de programmes de divers music-halls signées « Bauer » d'une grande écriture hachurée.

    - Vous avez peut-être connu ma mère ? demanda Louis. Elle travaillait au Tabarin...

    - Ta maman ? Non, mon grand... Je n'ai connu personne au Tabarin... J'ai surtout travaillé pour la Miss...

    Aux pages suivantes, étaient collées des photos de jeunes gens avec leurs noms et des dates de plus en plus proches. Les générations se succédaient. Et parmi tous ces jeunes gens aussi éclatants les uns que les autres, un homme d'âge mûr, à la bonne grosse

    bouille1, aux lèvres sinueuses2 et aux yeux plissés :

    - Lui, c'est Tonton, du Liberty's...

    Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Visage aux joues rebondies, gros.

    2. Qui présente des courbes, une ligne ondulée.

    Voici quelques éléments sur les personnages cités (en gras ici) et les lieux :

    Le Tabarin : Le Bal Tabarin était un cabaret parisien situé 36 rue Victor-Massé dans le 9ème

    arrondissement au pied de Montmartre. Il est fondé en 1904 par le compositeur et chef

    d’orchestre Auguste Bosc. En 1915 il accueille les danseuses de French Cancan du Moulin

    Rouge puis sera équipé de machineries et de grands décors. Fréquenté par des officiers

    allemands pendant la 2nde guerre mondiale, l’établissement sera fermé en 1953 et remplacé

    par un supermarché et un immeuble en 1966.

    La Miss : Jeanne Bourgeois dite la Mistinguett était une chanteuse et actrice française (1875- 1956). Elle fera de la revue au Moulin Rouge et du théâtre et cinéma muet. Elle aura une longue histoire d’amour avec Maurice Chevalier, d’où leur surnom « les danseurs obsédants » des Folies Bergère. Elle fut tout un symbole de l’époque des cabarets et music-halls. Tonton : Gaston Baheux dit « Tonton » était un patron de cabarets parisiens né en 1897 et mort en 1966. Sa personnalité lui vaut rapidement le surnom de « Tonton de Montmartre ». Il entretient une amitié importante avec Colette à partir de 1942.

  • Le Liberty’s : Il s’agit d’un cabaret très renommé après la 1ère guerre mondiale appartenant à Tonton. Il était situé Place Blanche et devient rapidement « Chez Tonton », de part la grande personnalité de son propriétaire. Le Tout-Paris fréquente l’établissement, de Mistinguett à Édith Piaf en passant par Jackie et Gilbert Bécaud. Il fermera en 1956. Quels sont les différents éléments qu’annonce ici l’auteur ? Si on met en relation, le Bus Palladium avec les éléments ici présents, on retrouve une date clé, laquelle ? Recherchez des informations sur cette année et son importance pour l’auteur. (Vous pourrez vous aider des liens présents sur le blog). Remplacez les mots supprimés par des synonymes.

    Il remplit une _________ à Champagne jusqu'à ras bords et la poussa devant le chien soupçonneux. Puis il sortit d'un des tiroirs du _________ un grand album relié de cuir vert.

    - Tenez... Ce sont des souvenirs du temps où j'habitais dans l'atelier... Là où vous vivez maintenant...

    Louis avait ouvert ___________ et Bauer restait debout, derrière lui, Odile et le

    chien. Sur chacune des deux premières pages, une photo protégée par une feuille de plastique. Deux hommes aux traits ____________, l'un brun et l'autre blond. Les photos dataient d'une trentaine d'années.

    - Pierre Meyer et Van Duren... Deux artistes de music-hall, dit Bauer. Les deux hommes que j'ai le plus admirés de ma vie...

    - Pourquoi ? demanda Odile.

    - Parce qu'ils étaient beaux, dit Bauer d'un ton ______________. Ils se sont suicidés tous les deux... Alain Gerbault aussi, si l'on veut...

    Louis tournait les pages de l'album. Des ________________ de programmes de divers music-halls signées « Bauer » d'une grande écriture hachurée.

    Pour aller plus loin :

    Serge Gainsbourg, Qui est in? Qui est out ?, 1966.

    http://www.youtube.com/watch?v=sieGXAP2dCg

    Michel Delpech, Inventaire 66, 1966.

    http://www.youtube.com/watch?v=ony63nRh8Zg

    Les Élucubrations d’Antoine, 1966.

    http://www.youtube.com/watch?v=b5FEOvjOVvQ

    http://www.youtube.com/watch?v=sieGXAP2dCghttp://www.youtube.com/watch?v=ony63nRh8Zghttp://www.youtube.com/watch?v=b5FEOvjOVvQ

  • Activité type Bachibac : Choisissez un des deux sujets présentés ci-dessous et développez votre réponse en environ 300 mots.

    Essai : Sujet A. Expliquez comment l’auteur s’implique dans son roman à travers des lieux populaires symboliques. Sujet B. En quoi les lieux évoqués dans Une Jeunesse donnent une vision de Paris à la fois passée et moderne ?

  • Correction : Document 1 : Remplissez le tableau suivant :

    Affirmation Citation du texte

    Le Palladium est une salle de concerts. Chaque fois qu'il venait au Palladium, il y restait une heure tandis que les orchestres et les chanteurs se succédaient sur l'estrade.

    Le groupe sur scène chante en anglais. Le chanteur hurlait, d'une voix encore mal assurée, un succès américain.

    Les jeunes qui viennent chanter poursuivent un rêve.

    Et leur rêve était si fort, si violent leur désir d'échapper par la musique à ce qu'il pressentait de leur vie.

    Bellune est un « chercheur de talents ». On le chargeait de se rendre deux ou trois fois par semaine au Palladium et de repérer certains groupes de musiciens amateurs.

    Il y a beaucoup d’animation dans la salle. Un remous s'enflait, il y avait une bousculade, des applaudissements, des cris.

    Odile semble différente des autres jeunes. Elle était assise au bar mais elle regardait vers le fond, hypnotisée.

    Document 2 : Répondez au QCM suivant :

    1) Comment s’appelle le groupe ?

    A. Lost

    B. Lust

    C. List

    2) Combien de chansons doivent-ils écrire pour faire un album?

    A. Au moins 20

    B. Au moins 50

    C. Au moins 30

    3) Comment s’appelle leur premier tube ?

    A. C’est tout jeune

    B. Que tu le veuilles ou non C. Histoire d’un succès

    4) Où habitent-ils ?

    A. A Toronto

    B. A Paris

    C. A Lyon

    5) Dans quelle salle se produisent-ils ?

    A. Au Bus Palladium

    B. A la Place Pigalle

    C. Dans une boutique de disques

  • 6) Pourquoi les deux amis vont-ils se disputer ?

    A. A cause de la gloire B. A cause de l’argent

    C. A cause d’une fille

    En quoi retrouve-t-on dans cette bande-annonce, l’ambiance du Bus Palladium comme la

    décrit Modiano dans l’extrait précédent ? Justifiez votre réponse.

    Éléments : - le rock « un groupe de musiciens de rock'n'roll. » , -les groupes de jeunes «

    Autour de l'estrade, se pressaient des garçons et des filles dont la plupart n'avaient pas encore

    vingt ans. », -les nouveaux talents « On le chargeait de se rendre deux ou trois fois par semaine

    au Palladium et de repérer certains groupes de musiciens amateurs. », -le rêve « Et leur rêve

    était si fort, si violent leur désir d'échapper par la musique à ce qu'il pressentait de leur vie. »

    Document 3 : Commentez les changements apparus entre les époques. Que vous semble la nouvelle façade

    de la Cigale ? Pourquoi pensez-vous que l’Opéra Garnier est-il resté intact ? Retrouvez-vous la

    même ambiance entre le Bus Palladium de 1966 et celui de 2010 ?

    Changements : - la façade de la Cigale est beaucoup plus moderne, son arcade a disparu, le

    mur blanc avec le panneau rouge est bien plus sobre que l’ancienne devanture, - l’Opéra

    Garnier n’a pas changé ou presque pas, du fait de son statut de monument symbolique, de

    plus les salles de concert ont tendance à connaître des événements tragiques (incendie,

    démolition…) que les monuments plus importants comme les opéras…, -le Bus Palladium a

    modifié son intérieur en ajoutant des tables afin d’augmenter la consommation et de

    rentabiliser le local, l’ambiance semble la même entre 1966 et 2010, beaucoup de jeunes,

    heureux ,insouciants…

    Document 4 : Répondez aux questions suivantes :

    1) Quels sont les différents termes utilisés par l’auteur pour définir le lieu ?

    Termes utilisés : « restaurant-cabaret », « cabaret », « cette boîte »

    2) Quelles représentations peut-on y voir ? Y-a-t-il une adéquation avec le type de lieu ?

    On peut y voir des chanteurs et des spectacles de danse « danseurs du Caucase ». C’est tout à

    fait typique de voir ce genre de représentations dans un cabaret (cf. petite histoire des

    cabarets)

    3) Comment le local est-il décrit ? Quel est le type de décoration ?

    Le local n’a pas connu de changement depuis sa construction. On peut donc penser à une

    décoration ancienne, assez kitsch, avec des tapisseries sur les murs et un décor surchargé

    « Selon lui, le décor n'avait pas changé. C'étaient les mêmes tentures de velours sombre et, sur

  • chacun des murs, les mêmes tableaux dans le goût du XVIIIe siècle : portraits ou scènes

    galantes. »

    4) Pourquoi Bejardy dit qu’il ne s’agit plus « de la même clientèle »? Justifiez votre réponse.

    Autrefois, la clientèle des cabarets était composée de jeunes gens nobles, d’artistes et des

    différentes classes de la société parisienne. Maintenant, il s’agit surtout de touristes en visite à

    Paris, d’hommes d’affaire et on y vient plus pour passer le temps que pour se divertir. « A la

    table la plus proche de la leur, des Indonésiens, avant de commencer à dîner, hochaient

    cérémonieusement leurs têtes. Les quelques applaudissements mous des Indonésiens. »

    5) Que fait Odile ? Comment se passe sa prestation ?

    Odile est sur scène et elle chante plusieurs chansons dont « la Chanson des rues ». Elle n’est

    pas stressée et c’est Louis qui semble plus anxieux qu’elle. La prestation se passe bien. « Mais

    la voix restait pure, Odile ne paraissait pas souffrir du trac et sa raideur avait du charme,

    surtout à la fin, quand elle interpréta un vieux succès, La Chanson des rues. »

    Ce lieu vous semble-t-il du même genre que le Bus Palladium ? Pourquoi ? Ce lieu est assez différent du Bus Palladium car il est plus traditionnel et on y voit des représentations de chants et de danses comme autrefois dans les cabarets, alors qu’au Bus Palladium on chante du rock et la clientèle est très jeune.

    Document 5 : Quels sont les différents éléments qu’annonce ici l’auteur ? Si on met en relation, le Bus Palladium avec les éléments ici présents, on retrouve une date clé, laquelle ? Éléments : -les artistes des cabarets et music-halls, la Miss (Mistinguett), -le Tabarin, -le Liberty’s… La date clé serait 1966. En effet le Bus Palladium ouvre en 1965-66, le Liberty’s ferme en 1956 et Tonton son propriétaire meurt en 1966, le Bal Tabarin disparaît pour toujours en 1966… Recherchez des informations sur cette année et son importance pour l’auteur. (Vous pourrez vous aider des liens présents sur le blog). Informations : -la jeunesse de Modiano et l’époque qui revient toujours dans ses romans, -la chanson de Gainsbourg Qui est-in ? Qui est-out ? qui parle du Bus Palladium, -la chanson de Michel Delpech Inventaire 66 qui dit « Un Tabarin en moins, un Palladium en bus »… Sites : liens sur le blog dans la partie « sites et sources » : paris s’amuse : un souffle de modernité. Remplacez les mots supprimés par des synonymes.

    Il remplit une flûte/coupe à Champagne jusqu'à ras bords et la poussa devant le chien soupçonneux. Puis il sortit d'un des tiroirs du buffet/meuble un grand album relié de cuir vert.

    - Tenez... Ce sont des souvenirs du temps où j'habitais dans l'atelier... Là où vous

    vivez maintenant...

    Louis avait ouvert l'album/livre de photos et Bauer restait debout, derrière lui, Odile et le chien. Sur chacune des deux premières pages, une photo protégée par une feuille de

  • plastique. Deux hommes aux traits réguliers/communs, l'un brun et l'autre blond. Les

    photos dataient d'une trentaine d'années.

    - Pierre Meyer et Van Duren... Deux artistes de music-hall, dit Bauer. Les deux hommes que j'ai le plus admirés de ma vie...

    - Pourquoi ? demanda Odile.

    - Parce qu'ils étaient beaux, dit Bauer d'un ton sans réplique/sec. Ils se sont suicidés tous les deux... Alain Gerbault aussi, si l'on veut...

    Louis tournait les pages de l'album. Des couvertures/affiches de programmes de

    divers music-halls signées « Bauer » d'une grande écriture hachurée.

  • Activité type Bachibac : Choisissez un des deux sujets présentés ci-dessous et développez votre réponse en environ 300 mots.

    Essai : Sujet A. Expliquez comment l’auteur s’implique dans son roman à travers des lieux populaires symboliques.

    I. Les lieux de la jeunesse -Modiano dépeint les lieux de sa jeunesse, il a vécu une jeunesse parisienne particulière (articles sur l’auteur/liens) = récit autobiographique en partie -l’auteur s’identifie à ses personnages (Louis/Odile par rapport à leurs expériences dans la vie parisienne, livrés à eux-mêmes comme Modiano…) -les lieux décrits sont les lieux typiques de la jeunesse, les boîtes de nuits/discothèques, les salles de concerts, l’année 66 (grands tubes et chanteurs de l’époque)

    II. Les lieux du souvenir -Modiano décrit aussi des lieux populaires de l’époque de ses parents, de l’époque de sa

    naissance (1945, l’après-guerre/ les histoires de Bellune et de Brossier…)

    -biographie personnelle de l’auteur, sa relation avec son père/il a vécu chez sa mère mais était

    toujours seul (article des Inrockuptibles, biographie de l’auteur, sites…) = Louis/Odile livrés à

    eux-mêmes dans Paris et dans les lieux où ils rencontrent des personnes plus âgés qui

    apportent d’autres souvenirs

    -plusieurs souvenirs, qui sont de l’auteur (à travers les personnages de Louis et Odile), des

    connaissances de l’auteur (à travers les personnages de Brossier, Bellune et Bauer par

    exemple…) = plusieurs lieux de souvenir à plusieurs époques

    Sujet B. En quoi les lieux évoqués dans Une Jeunesse donnent une vision de Paris à la fois passée et moderne ?

    I. Vision passée -plusieurs lieux qui ont changé avec le temps mais qui restent passés (le cabaret où Odile

    chante/décor/clientèle…, l’Olympia…)

    -certains lieux ont disparu (le Bal Tabarin, le Vélodrome d’Hiver, le Liberty’s…) mais ils restent

    présents dans les mémoires

    II. Vision moderne -plusieurs lieux ont changé avec le temps vers un élan de modernité (le Palladium, la Cigale…)

    -de nouveaux lieux sont apparus (les nombreuses discothèques parisiennes, Le Duplex, le

    Rex…) afin de renouveler l’image de Paris et d’attirer de nouveaux touristes

    III. Paris entre passé et modernité -même si Paris a évolué, la ville reste attachée au passé (histoire de Paris, les monuments qui

    ont fait son histoire Arc-de-Triomphe, Tour Eiffel… et qui font aujourd’hui sa gloire,

    touristes/renommée internationale…)

    -dans le roman l’auteur nous présente une ville de Paris actuelle mais avec des monuments

    passés qui laisse planer une certaine ambigüité (on peut se promener aujourd’hui dans le Paris

    de Modiano rues/indications… cependant l’ambiance est celle du passé et des souvenirs/

    l’après-guerre, les anciens cabarets, les personnages de Bellune et Vietti…)