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RÉALITÉ DE RÊVE SUIVRE LA VOIE EN COMPAGNIE DE SAI

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RÉALITÉ DE RÊVE

SUIVRE LA VOIE EN COMPAGNIE DE SAI

TUNISHA MEHROTRATunisha Mehrotra, The dream reality

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Pour Lui…Qui vit dans mon cœur

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Quand vous M’avez dit oui,Vous avez renoncé au droit d’être comme n’importe qui d’autre.

C’est la raison pour laquelle vous vous attirez des expériences qui vous purifieront

De ce qui n’est pas en adéquation avec Qui vous êtes,Encore et toujours,

Jusqu’à ce que Je vous fasse voir que le passé n’est plus d’actualité.

Lorsque vous M’avez dit oui,Vous m’avez donné votre corps, vos pensées et vos actions

Et s’ils ne s’adaptent pas au nouveau vous,Le malaise est insupportable,

Parce que c’est le seul moyen pour l’homme d’apprendre.Il apprend rarement par de simples rappels.

Les désirs de l’homme et les écueils apparaissentPour que Je puisse accomplir Mon œuvre.

Jamais, Je ne vous laisserai tomber,Mais chaque faux pas sera de plus en plus dur à accepter

Et il sera de moins en moins facile d’y remédier.Vous finirez par vous lasser de votre sottise.

Je vous aime, et que vous en soyez parfaitement conscients ou pas,Vous M’avez dit oui !

Sri Sathya Sai Baba

SOMMAIREPrologue 5Chapitre 1 : Premiers pas 7

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Chapitre 2 : Un cocon d’amour 12

Chapitre 3 : Une réponse directe 14

Chapitre 4 : Un rêve 16Chapitre 5 : Sur la piste du guru

19Chapitre 6 : Lovée dans son Cœur 24Chapitre 7 : Examen intérieur

30Chapitre 8 : La grâce opère 34Chapitre 9 : Progression tranquille 39Chapitre 10 : Envoyer de l’amour

46Chapitre 11 : Pérégrinations magiques

51Chapitre 12 : Un cercle familial sous le charme

Chapitre 13 : Bénie au-delà de toute mesureChapitre 14 : Je te testeraiChapitre 15 : Sois heureuse dans le SoiChapitre 16 : La courbe d’apprentissageChapitre 17 : La connexion intérieureChapitre 18 : Le bourbier du samsaraChapitre 19 : Une grâce infinieChapitre 20 : La dévastationChapitre 21 : L’âme qui stagneChapitre 22 : Aider toujoursChapitre 23 : Ses manières merveilleusesChapitre 24 : Mon périple vers le SoiChapitre 25 : La valeur de la joieChapitre 26 : Rencontre avec des angesChapitre 27 : RemodeléeEpilogue

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PROLOGUECe livre est ma tentative pour chroniquer un périple que chaque âme entreprend sur Terre. C’est dans le but de faire grandir notre âme que nous naissons et nous sommes tous des pèlerins sur la voie de l’autoréalisation. Pour la majorité d’entre nous, c’est un processus inconscient. Nous entrons dans des expériences et dans des états mentaux et nous les quittons, bon gré mal gré, tout à fait inconscients que la vie tente de nous enseigner quelque chose. Néanmoins, si une âme s’efforce consciemment de découvrir un impératif plus profond de la vie, elle s’embarque pour une quête spirituelle et ainsi débute la plus grande aventure de la vie.

L’essence de la spiritualité ne se situe pas dans la gestuelle extérieure du rituel et de la piété, mais dans une conscience de la vie et de soi qui s’approfondit. Cette compréhension ne vient pas en regardant dehors. La véritable connaissance vient lorsqu’on se tourne vers l’intérieur, ce qui conduit à une expansion de conscience. En nous exhortant à nous connaître nous-mêmes, Socrate nous a donné la clé de la maîtrise, puisque tout est en nous.

Ce périple intérieur ressemble à un trek dans la nature sauvage. Il n’est pas rare de s’égarer, ni même de perdre courage. C’est ainsi que la personne qui a le plus d’importance, c’est le Maître spirituel. Un examen théorique du ‘’principe du guru’’ aboutira à une compréhension défectueuse. On ne peut pas saisir l’importance d’un guru via un simple exercice intellectuel. C’est une expérience sacrée qui est vécue dans le cœur du disciple pour lequel cette ‘’relation parfaite’’ est sublime et de nature profondément satisfaisante.

Pour la mentalité moderne, n’importe quel prédicateur de vérités spirituelles est qualifié pour être un guru, mais ce n’est pas le cas. Seule une âme autoréalisée et qui fait fonction de précepteur spirituel est un authentique guru. Naturellement, de telles âmes sont difficiles à trouver et de plus, on ne peut pas obtenir un tel guru par notre volonté propre. C’est toujours le Maître qui choisit un disciple valable en fonction de la préparation et de la maturité de cette âme à faire l’expérience de la vérité.

En outre, ce n’est pas la personnalité du guru qui est vénérée et respectée, mais plutôt l’énergie sacrée de l’autoréalisation qu’il possède en lui-même. Cette énergie opère de manière ‘’miraculeuse’’. Ainsi, les disciples de Sri Ramana Maharshi s’asseyaient simplement en sa présence dans une zone de silence doux et puissant et ils en retiraient des modifications perceptibles de la conscience. C’est un exemple de l’énergie du guru qui est à l’œuvre.

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Beaucoup se moquent de la nécessité d’un guru. Ils soutiennent que si tout est contenu à l’intérieur, alors quelle nécessité y a-t-il à se tourner vers l’extérieur ? Il est vrai que tout est contenu à l’intérieur et peut être découvert, même sans l’aide d’un Maître spirituel, mais un authentique guru connaît les écueils de la voie et est donc le guide le plus approprié pour celui ou celle qui recherche la Lumière. Un Maître éclairé a la capacité de nous conduire par-delà la douleur et la souffrance et sa grâce peut nous ouvrir les portes des mondes supérieurs.

Un Maître autoréalisé nous conduit du point A au point B avec un minimum de soucis et de dommages. La voie est semée d’embûches et si vous dérapez – comme c’est inévitable – c’’est le guru qui tend une main secourable et qui remet le disciple sur le droit chemin. En outre, la grâce que le guru transmet à ses disciples est inestimable. Elle se situe bien au-delà des transactions commerciales du monde matériel. Elle se situe bien au-delà du donnant-donnant des relations normales. Elle est tout à la fois rare, précieuse et infiniment douce.

Par où puis-je commencer à vous faire part des voies par lesquelles un Maître spirituel touche une vie ? C’est une tâche qui défie toute description, mais je vais tenter l’impossible en exposant et en mettant à nu l’intimité incroyable qui existe entre un guru et son disciple. Cet amour surnaturel est alimenté par un fervent désir de développement personnel de la part du chercheur et par le déversement de la grâce infinie du Maître.

Jamais je ne cesse de m’émerveiller par rapport à ma grande et toute bonne fortune qui m’a valu d’obtenir Sri Sathya Sai Baba comme précepteur spirituel. Mon parcours avec Sai est une histoire d’amour exquise, d’appartenance et de confiance. Sous l’égide de ses bons soins nourrissants, je m’épanouis et prospère. Tout ce que mon cœur humain recherche – la beauté, la grâce, la noblesse, le réconfort de la confiance absolue et par-dessus tout, un amour aux proportions épiques – celui-ci l’a trouvé dans son expérience de Sai.

Cette question me mystifie : pourquoi se soucie-t-il de moi ? Pourquoi me tranquillise-t-il, me guide-t-il, me réconforte-t-il, me console-t-il et me garde-t-il dans la compréhension de ses immenses attentions ? Pourquoi ? Pourquoi, je n’en n’ai aucune idée. La seule réponse, c’est que c’est un reflet de sa nature divine, parce que je n’ai rien fait pour mériter un tel amour et pourtant, il continue de le répandre régulièrement et continuellement, indépendamment de mon état ou de ma situation dans la vie. En réalité, tout ce dont j’ai besoin pour franchir la distance entre la naissance et la mort et même traverser au-delà, c’est Sai. Tout le reste n’est qu’accessoire par rapport au spectacle qui se déroule actuellement dans le domaine intérieur.

Je suis ceinte par la foi que c’est Sai qui prend soin de moi à chaque instant et pour chacune de ses actions de grâce connues de moi, il y en a

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dix dont je ne suis pas consciente et donc, il est vrai que c’est une histoire qui n’est que partiellement racontée. La totalité de l’histoire demeure dans son cœur unique…

CHAPITRE 1 : PREMIERS PASCe fut lors d’une fraîche matinée d’hiver de fin décembre que je posai pour la première fois le regard sur Sri Sathya Sai Baba. Je me souviens très bien de ce matin-là. J’étais allongée sur une chaleureuse tache de lumière solaire en train de me réchauffer les orteils, ce qui pour une fillette de quatre ans était très agréable. La vie était belle. Il y avait des papillons à poursuivre, des fleurs délicieusement parfumées à renifler et trois chouettes chiens avec lesquels gambader. Dans mes poches, j’avais gardé une poignée de cacahuètes grillées. De temps en temps, je craquais une coquille pour découvrir la cacahuète, je la plongeais dans un morceau de papier chiffonné contenant du sel et puis je la croquais et je la mastiquais avec délectation. C’était une journée tout à fait typique sans rien de spécial pour la distinguer dans ma mémoire, hormis ce moment d’excitation, quand mon père s’approcha avec un paquet sous le bras.

Tandis qu’il s’asseyait pour ouvrir le paquet, il demanda à la famille de venir plus près.

Ma mère, avec son air de détachement patient, les chiens qui remuaient vigoureusement la queue et moi, avec toute la curiosité d’un petit enfant, nous nous agglutinâmes autour de lui. Et qu’y avait-il à l’intérieur du paquet recouvert d’un papier brun ? Une photographie !

Le personnage qui était sur la photo ne ressemblait à aucun être humain que j’avais pu rencontrer dans ma courte vie. Vêtu d’une robe d’un orange vif, avec une tignasse aux mèches rebelles et un regard pétillant, cet être inhabituel m’intriguait.

‘’Qui c’est ?’’, demandai-je innocemment.

Mon père répondit de la manière la plus simple possible : ‘’C’est Dieu...la divinité incarnée.’’

Bizarrement, à cette époque, aucune pensée contradictoire ne surgit dans mon esprit. Les enfants sont naturellement ouverts et intuitifs. Leurs esprits ne sont pas encombrés par une surcouche de croyances conditionnées. Et pour moi, mon père était aussi l’autorité ultime sur tout. Il pourvoyait à mes besoins, me protégeait, me dispensait son amour et son affection et conduisait ses affaires dans le monde avec une intégrité rare. Mon cœur l’adulait comme un héros et ses opinions coloraient mes

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perceptions de la réalité. La photographie fut dûment placée dans la pièce où nous célébrions la puja et sans tambours ni trompettes, telle une goutte de rosée perlante choyant d’une feuille, Sri Sathya Sai Baba entra silencieusement dans ma vie.

Par la suite, la vie se poursuivit en grande partie comme avant, l’unique différence étant un changement perceptible chez mon père. Solide agnostique, il faisait grand cas de son ‘’esprit scientifique’’. Je l’entendais souvent dire : ‘’Dieu est la plus belle création de l’homme.’’ Selon lui, la religion et tous ses accessoires relevaient du domaine de femmes crédules et de prêtres peu scrupuleux. Homme aux intérêts éclectiques, mon père était aussi versé dans les subtilités de la physique quantique que dans les réflexions philosophiques de Thoreau. Les montagnes étaient sa passion, avec les livres. Passionné de chiens et fervent cultivateur de roses, il croyait qu’il fallait tirer le maximum de la vie où Dieu était un parfait étranger.

Avec l’avènement de Sri Sathya Sai Baba, une évolution intérieure vit le jour chez mon père. Sa foi s’enracina, non pas tant sur la base des miracles que Swami, comme nous l’appelions maintenant, accomplissait naturellement, mais par la force de ses enseignements. Ceux-ci plaisaient à la bonté innée de mon père ainsi qu’à son intelligence. Qu’un garçon qui avait étudié dans une école élémentaire de village puisse s’exprimer avec une telle autorité et avec une telle sagesse était suffisamment miraculeux pour mon père.

Avec une innocence avide, je me délectais de toutes les vibrations qui imprégnaient notre foyer, après que Swami soit entré dans nos vies. Ajoutant encore à ma fascination, il y avait les histoires colportées par Kallu Bhaiyya, un fidèle Sai qui habitait dans notre quartier. Une fois par an, il partait en pèlerinage à l’ashram de Swami, Prasanthi Nilayam, et après son retour, il nous régalait avec ses récits de miracles de Swami. Ainsi, par la grâce de Swami, les cancers étaient guéris, les tumeurs dissoutes, les paralysies dispersées et toutes sortes de maladies étaient guéries. De la vibhuti (cendre sacrée), des bonbons, des canapés tout chauds, des bijoux étincelants et des breloques en or étaient matérialisés par une rotation de la main divine de Swami. Dans le monde entier, la vibhuti se matérialisait et s’accumulait sur les photos de Swami.

Qu’un Etre qui manifesterait de tels pouvoirs existât bel et bien ne fut jamais un sujet de débat dans mon esprit. L’imagination enfantine est pleine de fantastique et de fantasmagorique. Mon monde était peuplé de fées, d’elfes et de la grande sorcière noire qui, comme chacun le sait, terrorisait les petits enfants. Naturellement, Swami était le formidable héros rutilant qui me protégeait des griffes des vilaines sorcières. Nantie d’une telle foi, un manteau de protection invisible m’entourait et me gardait forte et sans peur.

Le premier dimanche du mois, notre famille participait aux bhajans de la Balika Vidyalaya School qui était bien située à un bloc de chez nous. Ces

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matinées étaient remplies d’une aura sacrée. Un autel était érigé et décoré avec des guirlandes de fleurs fraîches, et un fauteuil était solennellement placé à côté pour Swami. Des spirales de fumée qui s’élevaient de l’encens brûlant parfumaient délicatement la pièce. On préférait un ‘’sairam’’ révérencieux prononcé les mains jointes en guise de salutation an traditionnel ‘’namasté’’. Les gens remplissaient la pièce en faisant montre d’un comportement courtois et ils arboraient tous un point de vibhuti sur le front. Chacun s’asseyait par terre et attendait dans un silence discipliné. Sur le coup d’onze heures, les festivités commençaient avec une invocation au Seigneur Ganesha et pendant l’heure qui suivait, chacun s’abandonnait à la joie de chanter à voix haute le Nom du Seigneur. Ordinairement, les bhajans étaient suivis par du Narayana seva et les pauvres étaient rituellement nourris. Conformément au protocole Sai, les sans-abri qui vivaient des vies d’une pénurie abjecte étaient considérés comme Narayana ou comme le Seigneur Lui-même. Il y avait là une précieuse leçon. Premièrement, le Seigneur réside réellement en chacun et chaque être humain est digne de ce respect, et deuxièmement, nous n’étions en aucune manière ‘’meilleurs’’ ou ‘’plus saints’’ que ces âmes, simplement parce que nous pouvions nous permettre de les nourrir, à l’occasion. Non, c’était le Seigneur qui réside à l’intérieur qui était nourri, et nous devions nous sentir honorés par cette opportunité de Le servir.

En conséquence, chaque famille ramenait chez elle des paquets cuisinés (aloo puris et halva sucré) à distribuer aux pauvres. Toutefois, pour les occasions spéciales, un halwai était commissionné pour cuisiner un festin royal. C’était ce que je préférais. Une ambiance festive prévalait, tandis que les fidèles se rassemblaient après les bhajans. Les narayanas s’asseyaient en lignes bien ordonnées avec des feuilles de bananier disposées devant eux. Puis, après brahmarpanam ou la consécration solennelle de la nourriture, le service des pauvres pouvait commencer. C’était un moment poignant. Ces âmes exprimaient rarement aucune émotion extérieure, mais leurs yeux pétillaient et brillaient à la vue de ce repas royal. Riz au safran, raïta de concombre, dum aloo, gobi mutter, lauki kofta et d’autres mets semblables, épicés et fumants, leur étaient servis sur des feuilles de bananier. Les enfants avaient la tâche plus simple de servir les puris. Ceci me causait simultanément du plaisir et de la souffrance ― de la souffrance face à un tel état d’existence si misérable, et du plaisir à la pensée de la satiété qu’une telle nourriture leur apporterait. Ces dimanches laissèrent une impression durable dans mon esprit. C’était un monde empreint de gentillesse, où la bonté prévalait.

Jusqu’alors, je suivais simplement la tendance générale de la famille et un soir, j’eus mon premier point de contact personnel avec Swami. Les bhajans de Shivaratri devaient avoir lieu chez Kallu Bhaiyya. Alors que les bhajans habituels duraient une heure, ceux-ci continueraient pendant 24 heures, non-stop. C’était les akhanda bhajans. Quand nous arrivâmes dans sa résidence, la pièce était pleine à craquer et les chants dévotionnels battaient leur plein. L’énergie dans la pièce était électrique. Les accords

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vibrants d’Om Namah Shivaya remplissaient l’atmosphère. Toute la congrégation battait des mains en mesure, accompagnée de cymbales, tambourins, dholaks et harmoniums. Même si chacun était assis dans des lignes bien ordonnées, cela me semblait un peu… endiablé.

Ma mère et moi, nous nous serrâmes dans un endroit vacant, le dos appuyé contre un mur. Ma mère ferma les yeux et commença à chanter à l’unisson. Impressionnée par l’intensité de l’ambiance, j’essayais de rester immobile et de me concentrer sur le chant qui ne put capter mon attention pendant longtemps. J’ouvris les yeux et jetai un coup d’œil furtif aux adultes autour de moi. Les yeux clos, le corps bien droit et le visage béat, ils paraissaient être dans un autre monde. Eprouvant un soupçon de culpabilité, je détournai rapidement les yeux, mais dans cette pièce obscure, il n’y avait pas grand-chose à contempler. Tout autour de moi, il y avait une masse d’adultes baignant dans leur propre félicité et absolument pas concernés par une fillette de cinq ans remuante. L’air résigné, je m’adossai de nouveau au mur et juste alors, quelque chose atterrit sur ma tête. C’était une rose. Surprise, je tendis le cou pour regarder en l’air. D’où provenait cette fleur ? Elle n’était sûrement pas tombée du ciel ! Certes, non. Juste au-dessus de moi, il y avait une photographie encadrée de Sri Sathya Sai, décorée de guirlandes. D’une manière ou d’une autre, une rose s’était désolidarisée et elle avait atterri sur ma tête.

La rose gisait à ma gauche. Avec toute la logique d’une enfant de cinq ans, j’étais désespérée. Devais-je la remettre à sa place et ainsi restaurer l’ordre dans le monde des dieux et dans le protocole pujadien1  ?, me demandais-je. Une dame qui était assise tout près de moi observait ma consternation ― et merveille des merveilles, à la place de m’enguirlander, elle me donna en fait une petite tape, avec une expression affectueuse, et puis toucha révérencieusement la rose avec son front. Je poussai un sacré ouf. Le monde n’allait pas s’écrouler et je pouvais à nouveau respirer. En outre, la fleur était maintenant enfouie dans les plis de son sari, ce qui supprimait toute preuve incriminante. Je soupirai, soulagée, et peu de temps après, nous prîmes congé.

Quelques jours plus tard, la famille discutait de cette même soirée de bhajans qui s’était poursuivie pour devenir une occasion mémorable. Les fidèles veillèrent pendant toute la nuit en chantant avec ferveur, et Swami répondit en répandant sur eux une pluie de vibhuti qui se matérialisa en abondance sur les photographies de tous les dieux et de toutes les déesses qui étaient décorées dans la pièce. Ceci défiait toute explication rationnelle. Des coulées de miel dévalaient de certaines photos en formant de petits ruisseaux. Du curcuma et du kumkum ― qui sont des symboles hautement propices ― se matérialisèrent sur l’image de la déesse Lakshmi. Et tout ceci se produisit là, sous les yeux des fidèles qui étaient présents cette nuit-là pour les bhajans.

1 C’est un néologisme que j’ai forgé pour l’occasion et qui signifie relatif à la puja, NDT.

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La nouvelle du phénomène se propagea comme une traînée de poudre et les gens affluèrent en nombre chez Kallu Bhaiyya. Certains voulaient simplement être les témoins directs du miracle, tandis que d’autres arrivaient avec leurs récipients pour emporter un peu de vibhuti ou d’amrita, comme prasad. Il est intéressant de noter que même si chacun manifesta un intérêt avide à l’égard du miracle, la plupart des gens retournèrent à leurs vies normales, une fois que les matérialisations cessèrent. Pas une seule âme ne se présenta pour en apprendre plus concernant Swami. Ceci m’amène au point discutable où des gens prétendent que les matérialisations de Swami n’étaient qu’un appât pour attirer des fidèles. Pendant toutes ces années, je n’ai pas rencontré un seul fidèle qui fut attiré par Swami, uniquement sur la base de ses matérialisations physiques. C’est toujours une histoire personnelle d’aide, de guérison ou de contact au niveau spirituel qui attire à lui les fidèles.

Que tout le parcours avec Sai consiste en miracles et en matérialisations est une idée fausse. En réalité, il consiste en une investigation intérieure stricte et une adhésion implacable à l’intégrité personnelle. C’est l’unique moyen de gagner sa grâce. Chaque fidèle qui aspire à gagner sa grâce fait l’effort continu de mener une vie de vigilance intérieure. Ce n’est pas que nous soyons des saints qui n’ont jamais trébuché. Dans ce cas-là, nous serions des swamis de plein droit avec nos propres fidèles. Il s’agit plutôt de la motivation à vivre ses enseignements et suivre les idéaux dont il a donné un aperçu. Ceci est le plus grand des miracles : la transformation du cœur qu’il inspire chez ses fidèles.

Pour en revenir à l’histoire qui nous occupe, mon père était aux anges. Il avait déposé l’une de ses propres photos de Sai chez Kallu Bhaiyya. De la vibhuti se matérialisa dessus en abondance, et pour ajouter à la joie de mon père, une fleur tomba même sur la photo. On nous dit que ceci était considéré comme un signe de ‘’reconnaissance’’ de la part de Swami. Immédiatement, mes pensées se tournèrent alors vers cette fameuse rose. Je réalisai que c’était un signe de bénédiction de la part de Sai, plutôt qu’une transgression de ma part, et je racontai timidement mon expérience. ‘’Comme c’est merveilleux !’’, fut le consensus général, et je devins soudainement la petite héroïne.

Mes actions ou mes titres spirituels continuèrent à grimper lorsque, quelques jours plus tard, ma mère eut la bénédiction de recevoir un rêve de Sai. Il faut savoir que traditionnellement avec Sai, les rêves ont une signification particulière. Personne ne peut jamais rêver de Swami, à moins qu’il le veuille, et de tels rêves sont considérés comme des visitations.

‘’Chaque fois que j’apparais dans un rêve, c’est pour communiquer quelque chose à la personne. Il ne s’agit pas d’un

simple rêve, comme on les connaît généralement. C’est une visitation authentique.’’

Sri Sathya Sai Baba

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Les rêves servent de points de contact particuliers entre Swami et ses fidèles. Ils sont fort attendus et estimés, car ils remplissent un but précis. On sait que Swami guide, guérit, console et donne son darshan à ses fidèles sur le plan onirique de la conscience.

Dans le rêve de ma mère, elle fait partie d’une immense congrégation qui est rassemblée pour le darshan de Swami. Il y a une scène, avec un tapis rouge qui descend depuis le centre de la scène. Les hommes sont assis à gauche et les femmes à droite. Ma mère est tout au bout et je me trouve avec elle, vêtue à la mode traditionnelle indienne d’un lehenga choli. Quand Swami apparaît, il descend en bas de la scène, suit le tapis rouge et vient directement vers nous. Il me regarde et me tend la main. Immédiatement, je bondis et je glisse ma main dans la sienne. Et puis sans un regard en arrière, je me dandine, main dans la main avec Swami, et c’est ici que le rêve se termine.

J’avais six ans et Swami avait déjà proclamé que je lui appartenais. Mon périple avec Sai avait commencé, à mon insu.

CHAPITRE 2 : UN COCON D’AMOURChacun d’entre nous possède un vague souvenir de sa divinité inhérente. C’est la vérité de notre être et donc, celle-ci ne peut jamais être totalement obscurcie. Dans les moments de joie exubérante, les sentiments d’exaltation, ou lorsque l’âme humaine triomphe envers et contre tout, nous avons tous ressenti notre pouvoir. Nous nous sommes sentis comme des dieux ou des déesses. Avec l’avènement de Swami dans ma vie, j’ai pris conscience d’une réalité plus vaste que celle rencontrée dans la vie quotidienne.

Les histoires de miracles de Sai étaient légions, et je les écoutais, les yeux écarquillés d’émerveillement. Voilà un Etre qui pouvait vous sauver de maladies mortelles, vous protéger contre tout type de mal, faire apparaître de la vibhuti sur des photos qui se trouvaient à des kilomètres de lui, produire des talismans composés de pierres et de métaux précieux d’un simple geste de la main, faire stopper la pluie et faire partir les nuages, communiquer dans n’importe quelle langue, qui connaissait le passé, le présent et l’avenir de tous ses fidèles, qui était manifestement en contact avec sa propre divinité et qui pouvait prodiguer de l’amour comme personne d’autre, comme je devais l’apprendre avec le temps.

Mon père fut le premier à tomber sous le charme de l’amour de Sai. Tout son être paraissait irradier une qualité d’amour et de dévotion intangible, et cette joie s’imprima dans mon esprit, comme quelque chose de lié à Sai. Le début du parcours spirituel est souvent marqué par une félicité grisante et exaltante. L’Esprit nous offre un avant-goût tentant et alléchant de la joie du Soi. Au bout d’un temps, cette offre arrive à son terme, mais à présent, la personne est ferrée et tout ce qu’elle veut, c’est

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retrouver ce sentiment sublime. Poussé par ce désire intense, elle plonge à corps perdu dans la voie, tout à fait inconsciente des tests et des épreuves qu’elle doit endurer et des démons contre lesquels elle doit lutter avant de pouvoir retrouver ce sentiment qui n’a pas de prix. En langage spirituel, cette euphorie initiale se nomme la période de la lune de miel et sans aucun doute, c’était la lune de miel de mon père ! Rien que le nom de Swami faisait apparaître un sourire rayonnant sur son visage, couplé au regard lointain de celui qui était tombé sur un précieux trésor.

Souvent, le jeudi soir, mon père écoutait des disques. Je me souviens de la voix sibilante de Swami qui résonnait au son de bhajans mélodieux. Ondulant dans sa béatitude intérieure, mon père était assis tout seul dans le salon et chantait avec Swami. Je regardais régulièrement dans la pièce, aspirant à connaître la même joie que mon père éprouvait, mais j’hésitais à entrer, de crainte d’enfreindre quelque règle tacite en m’immisçant dans cette belle communion et je l’observais seulement de loin. C’est ainsi qu’avant même que je ne découvre ma connexion à Sai, je connaissais le ravissement qu’il suscitait chez ses fidèles.

Un miracle que nous expérimentions, c’était une fragrance céleste qui nous enveloppait si souvent. Elle était caractéristique et elle descendait sur nous de nulle part, chaque fois que nous nous trouvions dans le courant de l’amour de Sai. Ceci est considéré comme un signe de la présence subtile de Swami. Une légère odeur de vibhuti, la senteur entêtante du santal, le parfum enivrant du jasmin ou parfois, la fragrance forte et douce de l’amrita flottaient autour de nous et nous faisaient renifler l’air en bouffées exagérées en inspirant profondément et en prenant plaisir à cette petite leela. Les exclamations ‘’Swami est ici ! Swami est ici’’ fusaient et constituaient de doux interludes par rapport à nos devoirs mondains, tandis que nous baignions dans l’amour de Sai.

Influencé par les enseignements de Swami, mon père ressentit intérieurement une incitation à modifier ses habitudes. A l’occasion, il appréciait son ‘’Bombay duck’’2, parfois, il fumait une cigarette et les samedis, il ne dédaignait pas un gin tonic au Cawnpore Club. En deux coups de cuillère à pot, il se résolut à cesser de fumer, de boire et de manger de la viande et le plus merveilleux là-dedans, c’est qu’il ne ressentit même pas la douleur de s’abstenir de ces trois choses, car il était si saturé de joie intérieure que celle-ci éclipsait tout sentiment de privation dont il aurait pu souffrir autrement.

Chaque matin, après son bain, mon père entreprenait maintenant de prier. Une pièce était réservée à Swami. Elle était décorée avec des images de dieux et de déesses provenant du panthéon hindou et bien sûr, avec des photos de Sai. Chaque matin, après avoir garni l’autel de fleurs fraîches et après avoir brûlé de l’encens parfumé, mon père se lançait dans son hymne favori en entonnant les versets avec une joie palpable. Il ne marmonnait jamais ses prières à la va-vite en étant distrait. Sa puja était 2 Poisson salé qui peut accompagner un curry

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courte, mais elle venait du fond du cœur. Dans ces instants de chant et de prière, il était complètement présent – mentalement, physiquement et émotionnellement. Le jeudi, le jour spécialement désigné pour la puja de Sai, ses prières étaient plus longues. Il faisait l’offrande de somptueuses guirlandes et il entonnait les 108 noms de Sai avec délice.

On pense que les sept premières années ont beaucoup d’impact sur la psyché d’une personne. Mes premières années furent imprégnées de vibrations d’amour et de dévotion. Je fus profondément influencée par l’atmosphère de notre foyer, qui était heureuse et légère. Nos journées étaient imprégnées de propos affectueux et de prières. Une fragrance apaisante se propageait à partir de l’encens que mon père brûlait religieusement. Visuellement, la vision des photos surchargées de fleurs de soucis jaunes, de fleurs de jasmin d’un blanc pur et de roses du rouge le plus profond était enchanteresse. Les accords des bhajans diffusés par le gramophone et les visites périodiques d’autres fidèles Sai stimulaient mon sentiment de bien-être. Les démons et les peurs coutumières de l’enfance étaient vaincus par la pensée réconfortante de la présence de Sai dans ma vie. En résumé, l’arrivée de Sai créa autour de moi un petit cocon de sécurité. Dieu était à sa place et tout allait bien avec le monde.

CHAPITRE 3 : UNE RÉPONSE DIRECTELa vie continua de la sorte jusqu’à l’année de mes quinze ans, quand je fus frappée par ce qui ressemblait à une tragédie. Mon père subit une grave crise cardiaque. C’était mon premier accro avec la vie réelle. La vision de mon père qui gisait impuissant sur un lit d’hôpital et qui était branché sur des machines de survie me transmit le sentiment dramatique de l’incertitude de la vie. Dans mes moments de détresse, je m’étais toujours tournée vers lui pour qu’il me réconforte et pour qu’il me rassure et à présent, il était sur le flanc et il luttait pour la vie.

Mes trois sœurs plus âgées arrivèrent à Kanpur, quand elles apprirent son hospitalisation. Les choses semblaient sombres et au fond de moi, j’avais peur. Si j’avais jamais eu besoin d’un soutien, c’était alors, et celui qui vint à mon secours, ce fut Sri Sathya Sai. Une nuit, il apparut dans mes rêves : il empruntait un escalier de l’hôpital avec moi, le même hôpital où se trouvait mon père. A l’époque, les services médicaux étaient limités à Kanpur. Il n’y avait qu’un centre cardiaque pour les patients du cœur et celui-ci était pour le moins décrépit.

Dans le rêve, je vois Swami qui m’accompagne à l’hôpital. Il semble qu’il est ici pour rendre visite à mon père. Ensemble, nous empruntons un escalier. La splendeur immaculée de Swami contraste singulièrement avec la laideur ambiante, les marches souillées de paan, les corridors non balayés et la morosité qui prévaut. Il marche, nus pieds, et je m’en veux

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terriblement, parce que ses pieds touchent le sol souillé. Cependant, il ne paraît pas du tout dérangé et il irradie un calme profond qui m’insuffle du courage. Je me sens étrangement réconfortée par sa présence toute proche. Ensemble, nous arrivons dans la chambre de mon père et c’est ici que le rêve se termine.

Le lendemain matin, j’étais remplie d’une confiance renouvelée. Je ne me sentais plus ni perdue, ni à la dérive. Je réalisai que je pouvais toujours me tourner vers Swami pour obtenir son soutien. De plus, le fait que Swami se soit rendu au chevet de mon père me communiquait le message qu’il s’occupait du problème. Je n’étais pas seule en cette période de détresse. Sai était avec moi.

Par la suite, j’allumai quotidiennement de l’encens devant les photos de Swami en le suppliant de restaurer la santé de mon père. Comme pour répondre à mes suppliques, il me bénit avec un nouveau rêve où je le vis accroupi sous la cheminée dans la chambre d’hôpital, veillant sur mon père. Cette vision réchauffa mon cœur. Le fait est que la chambre était petite et que nous devions toujours nous y serrer pour pouvoir y rester. En se calant inconfortablement sous la cheminée, Swami faisait savoir qu’il était pleinement conscient de la situation exacte. Swami aurait pu apparaitre dans mon rêve comme un être divin qui répandait sa grâce et sa lumière avec bienveillance, avec peut-être la main levée en signe d’abhaya hasta. En lieu et place, il choisit plutôt d’apparaître dans une posture attachante, bien que manquant singulièrement de dignité, simplement pour me rassurer sur le fait qu’il était toujours là dans cette pièce et donc, il occupait l’unique espace disponible ! C’était en grande partie grâce à ces visitations que je réussis à traverser cette période de désespoir glauque.

Le tournant arriva un jour, lorsque l’état de mon père devint critique. Sa tension artérielle chuta spectaculairement, son pouls était faible et il était en train de plonger. Les infirmières et les docteurs s’activèrent frénétiquement en tentant de le ranimer. A un moment donné, tout paraissait perdu et les docteurs nous avisèrent que nous étions en train de perdre la bataille. Notre moral était au plus bas et toute la famille se lança dans des appels mentaux éperdus pour obtenir l’aide de Swami. En effet, ma sœur, Shammi, avait une fois entendu dire qu’en cas d’urgence, il était utile de télégraphier mentalement trois fois sa position exacte à Swami. Puisant espoir dans cette information, elle envoya immédiatement un télégramme mental à Swami en lui donnant l’adresse exacte de l’hôpital. Apparemment, Swami l’entendit car, alors que nous priions avec ferveur à l’extérieur, un miracle était en train de se produire à l’intérieur.

En ce jour funeste où tout aurait pu être perdu, l’état de mon père s’améliora miraculeusement. Shirdi Sai Baba, la précédente incarnation de Sathya Sai, apparut devant Papa dans une vision. Mon père le vit aussi clairement que la lumière du jour et il sentit même qu’il le touchait, lorsque Baba posa affectueusement sa main sur sa poitrine pour y appliquer un onguent guérisseur. Des sentiments d’amour divin

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inondèrent alors mon père et le submergèrent. Puis, Baba leva la main en signe de bénédiction avant de sortir tranquillement par une porte fermée.

Aussi incroyable que cette histoire puisse paraître, mon père était convaincu de sa véracité et plus tard, il cuisina ma mère pour voir si elle aussi avait vu ‘’Boodhe Baba’’ dans cette chambre. Pour des sceptiques, cela pourrait sembler être une hallucination subjective, mais pour nous, croyants, il avait été répondu à nos prières. A partir de là, faisant fi de tous les avis médicaux, mon père retrouva la santé. Il continua à mener une vie pleine et vigoureuse pendant de nombreuses années supplémentaires. Même si sa santé était parfois précaire, il ne nécessita plus jamais aucune hospitalisation et il crut vivre gracieusement pour le restant de ses jours.

Cet épisode cimenta mon lien avec Swami et ce fut le point de départ d’une relation personnelle, individuelle et particulière avec lui. Jusque-là, il n’avait été qu’une image sainte sur un mur, un être vénérable qui soulevait dans mon cœur une admiration teintée d’émerveillement, mais à la suite de la crise cardiaque de mon père, Swami acquit une importance spéciale et une réalité vivante et vibrante. Il était désormais mon ami et mon confident, quelqu’un vers qui je pouvais me tourner en temps de détresse, quelqu’un qui non seulement entendait mes prières, mais qui y prêtait attention en y répondant dans mes rêves.

De surcroît, il avait restauré la santé de mon père et je sentais que je lui étais redevable pour la vie.

CHAPITRE 4 : UN RÊVELa vie retourna lentement à la normale et les choses continuèrent comme avant, mais avec une différence flagrante. J’étais maintenant profondément consciente de la mortalité de mon père. Une autre crise cardiaque et tout pourrait être terminé en l’affaire de quelques minutes. La pensée de le perdre me hantait. Je l’aimais de tout mon cœur et réciproquement, j’étais la prunelle de ses yeux. Il y avait beaucoup d’amour qui circulait entre nous et qui adoucissait énormément la vie.

Papa, comme je l’appelais, disait toujours que dans une famille, l’affection devrait s’exprimer librement. A quoi bon les quelques bons mots et tous les honneurs que l’on nous confère, une fois que nous trépassons ? C’est pendant que ceux que nous aimons sont sur Terre que nous avons l’occasion d’exprimer nos véritables sentiments et c’est ainsi qu’il nous comblait de mots gentils, de sourires spontanés et de petits signes d’affection, et il prodiguait la même affection, non seulement à la famille, mais également à nos animaux de compagnie et au personnel domestique. La crainte de le perdre se transforma en phobie dans mon esprit. Parfois, il souffrait d’une petite angine ou de tachycardie et alors, j’étais comme paralysée par la peur en attendant l’arrivée du docteur.

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Je ne pouvais pas imaginer la vie sans lui. Il était la figure emblématique masculine légendaire. Dans le nord de l’Inde, la vie était dominée par les hommes, à cette époque. Il était même rare de voir une femme qui conduisait une voiture. Par ailleurs, les affaires de mon père étaient dirigées à partir d’un vieux marché traditionnel de Kanpur et il s’inquiétait toujours de savoir qui ferait tourner son commerce après son décès. Parfois, il joua avec l’idée de le liquider, mais sans jamais pouvoir s’y résoudre. La pensée de rester inactif l’irritait et il n’avait pas non plus le cœur de démanteler quelque chose qu’il avait construit tout seul pendant plus de cinquante années. Mes sœurs aînées, elles, s’étaient déjà installées à Mumbai et c’est ainsi que Papa se résolut à me donner une formation rudimentaire pour que dans l’éventualité de son décès inopiné, je ne me retrouve pas complètement désemparée et à la rue.

En conséquence, il me donna des instructions concernant le fonctionnement quotidien du commerce. J’examinai de près les registres et les livres de compte en calculant les pertes et les profits annuels, mais sans pouvoir réellement m’imaginer à la tête des affaires. Ayant toujours le nez dans un livre et étant d’un tempérament timide, ce n’était pas ma tasse de thé. Ces travaux dirigés et forcés me hérissaient. D’autre part, la pensée que ceci était une préparation pour le jour que je redoutais provoquait dans mon esprit une résistance naturelle. Ainsi, ajoutant à ma peur de le perdre, il y avait le spectre de devoir gérer les affaires courantes d’un commerce auquel je ne pigeais réellement que dalle.

C’était maintenant le moment d’aller à l’université. J’optai pour le Sophia College, à Mumbai, et pendant trois ans, je vécus la vie assez typique d’une jeune adolescente avec le cycle habituel des fêtes, des pique-niques, des amis et des programmes académiques et en prime un premier amour et une rupture pour faire bonne mesure. En cours de route, je réussis à obtenir mon diplôme et je rentrai chez moi, nantie d’un diplôme en psychologie. J’avais tout juste 19 ans et avant de me lancer dans de nouvelles études, je décidai de passer un peu de temps auprès de mes parents.

Je rentrai chez moi pour être frappée par la foudre. Ma mère était gravement malade. Asthmatique chronique, elle avait à présent développé un diabète aigu et un problème rhumatoïde. Elle était alitée et dans une grande détresse. J’étais sous le choc. La santé de mon père avait toujours été une source de tracas, mais voir en plus ma mère dans un état désespéré détruisit mon équilibre.

Tout cela semblait trop dur à porter toute seule. Mon père était émotionnellement fragile, mes sœurs étaient loin à Mumbai. Il n’y avait personne sur qui je puisse compter pour me soutenir. A nouveau, je me tournai vers Swami et la simple action de prier sincèrement servit à me calmer. Mentalement, je contactai Swami en prenant constamment appui sur lui en ces temps difficiles et il ne me déçut pas. A nouveau, il m’apparut en rêve.

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Le rêve : je me vois moi-même dans un temple au sommet d’une montagne. Ma mère et ma tante m’accompagnent. C’est le crépuscule et la montagne est entourée de brume. Un air de mystère domine les alentours. Le temple possède un charme ancien et semble provenir d’une époque révolue. Le lieu possède une atmosphère formidable et je sens qu’il va se passer quelque chose. Nous pénétrons à l’intérieur du temple. Il y fait sombre et il faut un petit moment avant que nos yeux s’adaptent. Lentement, les contours de la déité se précisent et c’est la forme rayonnante de Sri Sathya Sai. Dans ce vibrant silence, il me regarde et le temps s’évanouit. Tout s’efface de ma conscience, hormis la réalité vivante de Swami qui se tient là, devant moi. Il lève la main et me fait signe de m’approcher. Comme en transe, je m’avance vers lui. Il prend ma main dans la sienne et s’apprête à sortir du temple. Je le suis, silencieusement. Curieusement, nous passons à travers les murs du temple et nous nous retrouvons à l’air libre. J’oublie totalement ma mère et ma tante qui m’accompagnaient jusque-là. Dehors, cela ressemble à une contrée sauvage. Le terrain est difficile et vallonné, à l’image de la vie elle-même. Doucement et dans un silence total, il me guide. Aucune parole n’est prononcée, mais nos âmes sont en communion. Nous marchons sans arrêt, sans discontinuer. Nous parcourons des montagnes et des vallées, dans un silence égal, et pendant tout ce temps, il tient bien ma main dans la sienne.

Cette image est encore tellement claire dans mon esprit – lui qui me guide patiemment sur un terrain montagneux et rocailleux, avec une foulée déterminée. Pas une fois, il ne m’a quittée et si je trébuchais, il attendait simplement là en me permettant de me ressaisir avant de recommencer à avancer. Indéniablement, ce terrain montagneux était une métaphore de la voie spirituelle : Swami me donnait un petit aperçu de comment ce serait – traître et ardu – mais je ne serais jamais seule. Il serait toujours à mes côtés.

‘’On ne s’arrête nulle part dans ce pèlerinage. Le périple est continu, de jour, comme de nuit, à travers des vallées fertiles et des déserts, les larmes et les sourires, au-delà des naissances et des morts, de la tombe et de la matrice. Rappelez-vous qu’avec

chaque pas, vous vous rapprochez de Dieu et que si vous faites un pas dans Sa direction, Dieu en fera dix vers vous.’’

Sri Sathya Sai Baba

Ce rêve me remonta le moral. Swami a solennellement déclaré que personne ne rêve de lui, à moins qu’il ne le veuille. Un rêve de Sai est toujours une visitation directe. C’est un sentiment indescriptible que de le voir dans un rêve. Celui-ci recèle une immédiateté et une clarté qui lui confèrent un sentiment de réalité tangible. Ces visitations ne peuvent pas être confondues avec le méli-mélo normal des rêves habituels. Linéaire, avec une progression thématique et un riche contenu symbolique, un rêve de Sai est toujours un don que l’on chérit. C’est une réponse directe de Sai. Ici, vous ne recevez pas des conseils et une aide en lisant ses

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enseignements ou de quelqu’un d’autre ; non, c’est Sai lui-même qui vient à votre aide, et ceci fait en sorte qu’un fidèle se sente singulièrement béni.

Je retournai à mes devoirs le cœur plus léger. La morosité qui imprégnait nos journées parut s’évaporer. Ma mère se rétablit en temps voulu avec une intervention médicale appropriée. Il ne s’agissait pas d’un rétablissement miraculeux, comme pour mon père, mais il s’agissait néanmoins d’un rétablissement complet. Elle récupéra l’usage de ses membres et elle put de nouveau bouger. Sa maladie avait été extrêmement éprouvante, mais elle ressemblait maintenant à un mauvais rêve. Un calme tranquille s’installa dans mon cœur et je commençai à me fondre dans le sentiment bienvenu d’être rentrée chez moi.

CHAPITRE 5 : SUR LA PISTE DU GURUUne fois que ma mère retrouva la santé, je me recentrai sur moi-même. Initialement, j’avais prévu de faire un petit break à Kanpur avant de retourner à Mumbai pour y poursuivre de nouvelles études. Cependant, l’épisode de la maladie de ma mère m’affecta profondément. Il me laissa avec une angoisse persistante par rapport au fait que mes parents prenaient de l’âge et impulsivement, je décidai de prendre une année sabbatique et de la passer auprès d’eux à Kanpur. Quoique mon intention était louable, la traduire dans la réalité s’avéra quelque peu difficile. Les trois années précédentes, j’avais vécu dans un foyer d’étudiants à Mumbai et j’étais accoutumée à une vie bien remplie avec des sorties, des amis, la famille et les études et maintenant, je me retrouvais dans un vide. Il n’y

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avait réellement rien à faire ! Je ne savais pas comment passer mon temps dans une petite ville provinciale qui avait très peu à offrir.

Chaque journée me semblait longue, tandis que je cherchais à m’occuper et à me divertir. Je me plongeais dans des classiques littéraires, je consommais des litres de thé et je présentais un visage heureux et souriant à mes parents, mais je m’ennuyais comme un rat mort ! Toutefois, même ainsi, il y avait deux grâces salvatrices – un jardin magnifique et l’habitude quotidienne d’écrire un journal. Le jardin avait un attrait indescriptible. L’odeur prononcée de l’herbe, le galbe gracieux d’un laurier-rose, l’odeur enivrante des fleurs de citronnier, le ciel bleu lumineux, les massifs de roses et de chrysanthèmes…il y avait là vraiment de quoi se réjouir. Je me sentais toujours rafraîchie et exaltée après avoir passé du temps dans la nature. Je m’asseyais parfois toute seule avec une tasse de thé fraîchement infusé et je me détendais simplement dans l’instant présent. Sans même le réaliser, j’apprenais à apprivoiser la solitude, puisque c’est dans la quiétude que la connexion spirituelle devient une réalité. Ralentir est essentiel avant de pouvoir expérimenter les joies sublimes de l’Esprit. L’esprit truffé de préoccupations matérielles et mondaines est incapable de s’aventurer dans le royaume de la Félicité intérieure, d’où la nécessité du silence, de la solitude et de la méditation qui aboutissent tous à une immobilité intérieure. Dans cet état, la joie s’éveille et toute l’expérience de la vie s’affine.

Ma seconde grâce salvatrice, c’était mon journal intime. Enfant, mon père m’avait encouragée à en tenir un. C’était de petits albums dans lesquels je gribouillais mes pensées vagabondes et l’un ou l’autre poème enfantin. C’était plus un jeu créatif qu’un outil de découverte de soi, tandis que maintenant, en consignant religieusement dans mon journal intime mes espoirs et mes peurs, mon ennui et ma solitude, mon inaction et mon inertie, j’étais tombée sur un nouvel ami. Tous les soirs, baignant dans la lumière de ma lampe et dans une musique de fond, j’entreprenais de déverser mon cœur dans mon journal intime, ce qui s’avéra thérapeutique. Je contactai mon noyau le plus profond et je fus confrontée à tous les démons et à tous les anges qui cohabitaient en moi. J’appris comment être totalement honnête avec moi-même. Ceci fit office et fonction d’un fabuleux tremplin pour ma quête spirituelle qui s’ensuivrait bientôt.

Mon père avait une imposante bibliothèque. A l’époque, les livres étaient notre fenêtre sur le monde. La télévision n’était pas encore rentrée dans nos livings avec toute l’effronterie, toute l’impudence et tout le sans-gêne d’aujourd’hui. Les ordinateurs en étaient à leurs débuts et l’Internet était au mieux encore un mystère non révélé. Par conséquent, l’ouverture au monde s’effectuait par les voyages ou par la lecture. Avec le temps énorme dont je disposais, je gravitais naturellement autour de la bibliothèque. Pour quelque étrange raison, mon regard se posa sur un livre écrit par le grand saint, Sri Aurobindo, intitulé ‘’La vie divine’’. Ce qui m’attira vers ce livre, je suis dans l’incapacité de le dire. Il y avait plein d’autres livres qui étaient plus adaptés à mon âge et à mon tempérament.

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J’avais alors 19 ans et mon régime de lecture habituel incluait des livres d’auteurs, comme Georgette Heyer, P. G. Wodehouse, Gerald Durrell, Jane Austen et d’autres du même acabit. J’optai néanmoins pour ce tome écrit par un grand saint. A ce jour, il m’est difficile de dire ce que j’ai lu. C’était truffé de sagesse ésotérique et je ne pouvais pas y comprendre grand-chose, mais il n’en reste pas moins qu’à un certain niveau, cela nourrit mon âme. Je le lus avec un grand intérêt et en retirant beaucoup de plaisir de ces nouveaux termes et idées abstraites.

Remarquant ma prédilection pour la littérature spirituelle, mon père recommanda ‘’Autobiographie d’un yogi’’ de Sri Paramahansa Yogananda – un joyau intemporel. Inutile de dire que je fus enchantée. Ce livre fut une révélation. Il me fit comprendre le lien intime qui existe entre un guru et son shishya (disciple). Par la suite, pendant environ un mois, j’arborai un air vague et lointain sur mon visage. Mon cœur languissait après ce même sentiment d’amour et d’appartenance que Paramahansa Yogananda avait expérimenté dans sa sublime lignée de gurus : Sri Yukteshwar Maharaj, Lahiri Mahasaya et le légendaire et vénérable Babaji. Je fus tout particulièrement captivée par les histoires de supervision personnelle, par la protection, par l’amour et par l’attention tendre que tous ces grands êtres répandirent sur Paramahansa Yogananda et je décidai que je voulais moi aussi un guru. Tout comme n’importe quelle autre jeune fille de 19 ans voulait un super petit-ami, mon cœur convoitait un guru, un Maître spirituel qui me prendrait sous son aile et qui me modèlerait pour que je devienne un être divin.

Mais comment trouve-t-on un guru ? Bonne question ! D’après ce que j’avais compris, trouver un guru impliquait généralement une longue quête dans les Himalayas ou une recherche ardue dans d’autres lieux saints comme celui-là et même alors, il n’y avait aucune garantie que cette recherche aboutisse. En tant que benjamine d’une famille indienne, l’idée de me lancer dans un tel périple me paraissait grotesque, même à moi.

Pour aggraver mon dilemme, à l’époque, toute activité spirituelle s’entreprenait dans le plus grand secret. Dans les cercles prétendument civilisés, on ne discutait pas de spiritualité. Tant de choses ont changé depuis. De nos jours, presque tout le monde connaît un aspect ou l’autre du monde occulte. Des termes, comme ‘’reiki’’, ‘’tai chi’’, ‘’aura’’ et ‘’chakra’’ sont repris dans le langage courant. Les gens professent ouvertement leur foi en Dieu et dans l’Esprit. Les librairies débordent de livres qui concernent les sujets spirituels, mais à l’époque, on vous considérait comme un peu maboul, si vous vous lanciez dans une quête spirituelle. Quant à demander un authentique guru, autant demander la lune ! Le terme ‘’guru’’ lui-même avait acquis des connotations douteuses en raison des charlatans qui paradaient, déguisés en saints hommes. Nul ne croyait qu’aucun bien ne puisse advenir de suivre les notions fantaisistes et farfelues d’une quête intérieure, mais en dépit de tout cela, mon désir persistait.

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Le résultat fut que je devins obnubilée par l’idée de découvrir un guru et il est intéressant de noter que je connus quelques faux départs. Je commençai par croiser des âmes revêtues d’ocre dans les lieux les plus improbables. Un soir, j’arpentais une des promenades les plus populaires de Mumbai en ressassant mon désir d’avoir un guru, quand j’aperçus un ‘’sadhu’’ qui se promenait avec quelques disciples. Quelle vision saisissante que cet homme grand et majestueux, revêtu d’une robe couleur safran et qui marchait d’un pas ferme et décidé ! Il paraissait si sûr de lui, si résolu. Mes yeux s’illuminèrent. Oh ! Était-ce donc lui ? Était-ce mon guru ? Mais ce n’était que les chimères de mon imagination. Malgré mon désir ardent de me trouver un guru, j’étais toujours ancrée dans la vie profane et tous les saints personnages faisaient lever en moi une grande timidité. Leur monde m’était largement inconnu. Comment fallait-il m’approcher de cet être ? Devais-je tomber à ses pieds et lui demander de me prendre comme disciple ? Et par ailleurs, quelles étaient ses qualifications ? Comment pouvais-je être certaine de la crédibilité, de la fiabilité et du sérieux de cette personne qui déambulait sur le front de mer avec un tel aplomb et une telle assurance ? Alors que j’en étais toujours à réfléchir à ces questions cruciales, le ‘’sadhu’’ et ses disciples s’étaient déjà éloignés de plus d’un kilomètre et ils disparaissaient dans le lointain. Ce n’était manifestement pas le guru qui m’était destiné.

La rencontre suivante fut plus intrigante. Chaque été, nous nous rendons dans une petite maison de campagne que mon père avait achetée, il y a une bonne cinquantaine d’années, dans la station de montagne de Mussoorie. Pour nous autres, adorateurs de la nature, ceci n’est rien de moins qu’un genre de pèlerinage annuel. Tout près de notre maison, il y a un petit temple perché au sommet d’une montagne. Je gravissais souvent un sentier escarpé pour passer une soirée solitaire et tranquille dans ce sanctuaire recouvert pas les brumes.

Un jour, en gravissant le sentier, j’aperçus comme un éclair orangé devant la façade en marbre blanc du temple et je me frottai les yeux, pensant que j’avais la berlue. En effet, il n’y avait rien, là, Bonté divine ! Voilà que j’hallucine, maintenant, songeai-je, mi-amusée, mi-déçue. Après un tournant, le temple réapparut devant moi et j’eus soudain une vision extraordinaire : bien détaché par rapport à l’arrière-plan en marbre blanc se tenait un grand personnage, robuste et vêtu d’ocre. C’était un moine. Je remarquai son assurance calme et sereine. Il paraissait à l’aise avec lui-même et le cadre environnant. Son visage reflétait une certaine lumière et sa robe flottait et claquait dans le vent. Pendant une minute, mon rythme cardiaque s’accéléra avec une urgence folle. Était-ce mon guru ? Prenant un air tranquille, je grimpai jusqu’au sanctuaire pour le saluer, les mains jointes et la tête inclinée, puis je me tournai pour de nouveau contempler cette sidérante apparition, là, devant moi. Le regard amusé et doux du moine se posa sur moi et celui-ci me salua dans un anglais impeccable : ‘’Bonsoir, jeune demoiselle !’’

J’avalai de travers et marmonnai une réponse incohérente. Mon mental tournait à du 100 à l’heure, comme à l’accoutumée. Comment un sadhu

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de l’ancienne tradition pouvait-il bien s’exprimer avec un accent aussi moderne et comment étais-je supposée m’adresser à lui ? ‘’Monsieur’’ ? N’était-ce pas trop occidental ? Ou ‘’Guruji’’ ? N’était-ce pas trop personnel ? ‘’Baba’’ ?... ‘’Swami’’ ?... Quoi ?

Percevant ma confusion, il se présenta lui-même : ‘’Je suis Swami Sadananda, de Rishikesh, et j’enseigne le yoga à l’académie.’’

Je me détendis alors un peu et je risquai un autre regard en direction de ce personnage imposant. Et maintenant ? Qu’étais-je censée faire ? Je ne pouvais pas vraiment lui serrer fermement la pince et lui dire : ‘’Enchantée ! Je m’appelle Tunisha Mehrotra et je viens de Kanpur et je suis à la recherche de mon guru !’’ Et me prosterner à ses pieds dans une gestuelle spectaculaire d’auto-abandon serait par trop exagéré. En outre, je n’étais même pas du tout sûre qu’il s’agissait bien là de mon guru. Comment savoir ? Tout cela était trop déconcertant, aussi restai-je plantée là et je murmurai timidement : ‘’Je m’appelle Tunisha.’’

Je ne dus pas davantage me creuser les méninges, puisqu’il s’excusa en disant : ‘’Je dois prendre congé de vous, Tunisha, car je donne cours dans dix minutes.’’ Sur ce, il tourna les talons et il descendit le sentier, tandis que je regardais bouche bée sa silhouette qui disparaissait.

‘’Vraiment’’, me dis-je, ‘’trouver un guru n’est pas si facile.’’

Même si je n’avais pas réussi dans ces deux tentatives, ma volonté était solide et ferme. Je voulais trouver mon guru. L’ironie par rapport à tout cela, c’est qu’il était là, depuis toujours, mais je ne l’avais pas encore reconnu ! Il est en vérité inutile de partir consciemment en quête de son Maître spirituel et c’est une folie de penser que nous choisissons nos Maîtres. Ce n’est pas ainsi. C’est écrit dans les astres et lorsque l’étudiant est prêt, le Maître apparaît.

Mon désir était sincère et peu de temps après, l’univers se mit au diapason et l’identité de mon guru me fut révélée dans un rêve.

Le rêve : Je me trouve à Green Dew, notre maison de Kanpur. Toute la maisonnée bourdonne d’activité, puisque Swami est attendu pour une visite. Après son arrivée, il entre dans la chambre de mes parents et il entame une conversation profonde avec eux. J’attends dans une pièce contiguë. Au bout d’un moment, il entre dans cette pièce et je me précipite vers lui, en espérant pouvoir arracher quelques minutes en sa compagnie. Nous nous retrouvons face à face et je me sens comme ensorcelée par lui. Pendant longtemps, nous continuons à nous regarder et nos âmes fusionnent dans un silence sacré. Un souvenir diffus surgit d’un autre temps et la reconnaissance se fait jour. Dans un sursaut, je lâche : ‘’Baba, TU es mon guru !’’ Très doucement, il répond : ‘’Non, Je suis plus que cela.’’ Je le regarde, un peu confuse, car je sais maintenant sans l’ombre d’un doute qu’il est mon Maître spirituel. Avec beaucoup d’amour qui irradie de son regard, Sri Sathya Sai résout mon dilemme : ‘’Je suis ton

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Sadguru !’ (Alors que le guru est considéré comme celui qui dirige une âme au cours d’une seule vie, le statut d’un Sadguru est encore plus élevé. Un Sadguru veille au progrès spirituel de son pupille, vie après vie, et conduit son disciple jusqu’à la réalisation du Soi). Je me prosterne à ses pieds en signe de respect et il me bénit en posant sa main sur ma tête, me laissant ainsi réaliser que Swami était mon Maître spirituel depuis des vies entières…

Je ne réalisais guère à quel point j’étais bénie, ni la magnitude de la déclaration ‘’Je suis ton Sadguru !’’ La relation guru-shishya est inestimable. Une fois qu’un lien est forgé entre un guru et un disciple, il ne peut plus jamais être brisé. Il est vôtre et vous êtes sien, sans équivoque. Il sera toujours là pour vous, à vous soutenir de ses énergies, quoi qu’il advienne. Vous pouvez bien vous fourvoyer, tomber dans l’erreur ou vous égarer, mais la compassion et la responsabilité du guru sont si grandes qu’il vous remettra sur le droit chemin. Il n’y a aucune certitude dans les relations humaines. Nous sommes inconstants, capricieux, volages, instables, changeants, imprévisibles, versatiles et fantasques dans nos amours, mais l’amour d’un authentique guru ne vous fera jamais défaut. Oui, le guru vous testera certainement et il pourrait bien sembler qu’il vous a lâché, trahi ou laissé sans soutien, mais passez simplement ce cap difficile et en fin de compte, vous trouverez que votre guru vous attend à bras ouverts pour vous entourer de nouveau de son amour. En réalité, le saint poète, Kabir Das, exalte le statut du guru comme étant plus élevé encore que celui de Dieu, puisque c’est le guru qui nous conduit face à face avec le Dieu/Soi qui est en nous.

‘’Une fois que vous avez trouvé un guru, abandonnez-lui tout, même le désir d’obtenir la Libération, car il vous connaît mieux

que vous ne vous connaissez vous-même. Il vous guidera pour le mieux. Votre devoir est de lui obéir et de réprimer toute tendance

à vous éloigner de lui.’’

Sri Sathya Sai Baba

CHAPITRE 6 : LOVÉE DANS SON CŒUR

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A partir de là, j’entrepris mon périple spirituel avec zèle, implication et détermination. Cela m’apparaissait comme une belle aventure. Encouragée par les récits de Sri Paramahansa Yogananda, j’incorporai un régime de méditation journalière dans ma routine. Sur le coup de 19 heures, je me rendais dans la pièce réservée à la puja. Après avoir allumé des lampes à huile et brûlé de l’encens, je m’installais sur mon tapis pour une demi-heure de méditation. Initialement, tout l’intérêt de cet exercice m’éludait. Les moustiques me harcelaient, l’assise immobile s’avérait compliquée et au lieu de devenir calme, mon esprit tournait généralement en surrégime.

‘’Essayez de méditer, de devenir tranquille et de vous détendre, continuez à essayer. Chaque brique que l’on ajoute à un temple

constitué de briques permet d’achever la construction du temple. Donc, n’arrêtez pas d’essayer et puis soudain, un jour, vous

transcenderez les royaumes inférieurs de votre esprit pour entrer dans la contemplation...’’

Sri Sathya Sai Baba

Je persévérai donc dans mes efforts. Inopinément, une amie du Sri Lanka m’envoya par la poste trois livres sur l’art de la méditation bouddhiste et ils s’avérèrent inestimables. On ne trouvait pas aisément de tels livres. Il fallait se les procurer dans des magasins spécialisés en livres occultes et malheureusement, Kanpur ne pouvait se targuer d’avoir aucune librairie de ce type. Toutefois, le fait est que le divin n’est pas sujet aux limitations ni aux frontières et qu’il peut vous venir en aide de n’importe quelle manière, si tel est son vœu, et il était passé à l’action en m’apportant à domicile ces précieuses ressources.

Je dévorai chacun des livres avec un délice croissant. Non seulement, ils expliquaient des techniques de méditation efficaces, mais ils regorgeaient également d’une profonde sagesse. Tout l’intérêt de la méditation ne réside pas dans la durée pendant laquelle on peut demeurer assis sur sa natte, ni dans la vitesse à laquelle on peut se vider l’esprit. Le bénéfice réel se situe dans l’état d’esprit dans lequel entre le pratiquant au terme de sa méditation ! Il a maintenant autour de lui un champ d’énergie protectrice que la négativité et les vibrations inférieures ne peuvent franchir et c’est ainsi que le sadhaka parcourt sa journée, rempli d’une énergie tranquille, allègre et dynamique qui le garde autonome et centré en lui-même.

Il y avait encore une erreur fondamentale que je commettais. J’avais tendance à m’avachir pendant la méditation, ce qui peut s’avérer préjudiciable. Au fur et à mesure que le sadhaka devient expert en dhyana, les énergies latentes qui sont présentes dans le corps commencent à s’élever et si la colonne vertébrale n’est pas droite, cela gêne la circulation correcte de ces énergies.

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‘’La posture correcte pour méditer consistera à aligner dans une belle ligne droite le sommet de la tête et la base de la colonne

vertébrale. Dans cette posture, l’énergie peut s’élever facilement dans la colonne. S’asseoir cinq minutes dans la posture correcte permet à l’énergie de circuler, tandis que s’asseoir pendant des

années d’une manière avachie n’engendre aucun bénéfice. Néanmoins, une fois que vous atteignez la Conscience suprême,

votre posture ou votre activité importe peu. Vous demeurez dans cet état de conscience en permanence.’’

Sri Sathya Sai Baba

Toujours attentif aux besoins de ses fidèles, Swami m’apparut en rêve et me dit : ‘’Garde ton dos droit pendant la méditation !’’ J’étais sidérée, car des milliers de kilomètres me séparaient de la forme physique de Sai. Comment diable savait-il que j’étais en train de méditer ? Venir à notre aide en période de besoin et dispenser sa sagesse spirituelle, c’est une chose, mais être également conscient de mes pensées les plus secrètes et de mes actions quotidiennes, c’est encore tout autre chose !

Lentement, mes efforts maladroits portèrent leurs fruits et un beau jour, je glissai réellement dans l’espace du non-mental. Chaque fois que cela arrivait, j’en ressortais rafraîchie, comme si un bain avait récuré toutes les craintes et tous les tracas qui me turlupinaient en laissant mon esprit parfaitement net. Ces jours-là, les trente minutes prévues se prolongeaient souvent jusqu’à trois quarts d’heure ou plus, et il semblait que cinq minutes à peine s’étaient écoulées. Le temps est relatif. Ce fut ma première expérience de cette vérité. Il peut se traîner insupportablement, lorsqu’on est enfermé dans une classe ennuyeuse à l’école et puis voler et planer sur un lieu de méditation !

Il y avait toute une armée de livres sur la spiritualité qui m’aidaient dans mon périple. Ainsi, la bibliothèque de mon père débordait de littérature spirituelle : des interprétations modernes d’anciens textes indiens, la Bhagavad Gita, les Upanishads, et de superbes réalisations d’Iskcon sur papier glacé. J’ai le souvenir que j’examinais avec un intérêt avide les illustrations captivantes du Seigneur Krishna, lorsque j’étais encore enfant. A présent, le texte en rapport m’intéressait tout autant. En ce qui concerne les livres sur Swami, il y en avait des tas. Convaincu de sa divinité, mon père lisait tous les livres concernant Swami sur lesquels il pouvait mettre la main. A présent, c’était à mon tour d’en faire autant. Ces livres étaient une précieuse source d’information. Chaque auteur avait son histoire particulière à raconter et sa manière spécifique de se relier à Swami, différente des autres. Il était intéressant de recueillir cette information. Baba encourageait chaque fidèle à être fidèle à lui-même et à suivre sa voie en fonction de cela.

‘’Il y a un mode de vie et une voie pour progresser qui sont distincts pour chaque chercheur et différents des chemins suivis par d’autres. Un guru authentique sait ce qui vous convient le

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mieux. Cela ne signifie pas que le guru est partial, qu’il a des partis pris ou des préjugés. Cela signifie seulement qu’il est

bienveillant et compréhensif et qu’il n’insiste pas pour que tous les hommes portent la même camisole de force.’’

Sri Sathya Sai BabaDonc, il ne fallait pas enfiler la jaquette du rituel ou de la piété extérieure pour être considéré comme un fidèle de Sai. Il n’y avait aucun formulaire à remplir, ni aucune organisation officielle à rejoindre. Une connexion de cœur à cœur était ce qui était essentiellement requis. Une fois que cet enthousiasme initial se manifestait, Swami prenait les rênes et présidait au chemin de chaque fidèle suivant son tempérament. Les âmes très intelligentes étaient encouragées à suivre la voie de la connaissance, ou jnana. Les âmes fort dynamiques étaient guidées sur la voie de l’action, le karma yoga, où le travail est adoration. Accompli avec sincérité, celui-ci est considéré comme une puja. Et celles qui étaient plutôt émotives, comme moi, étaient naturellement attirées par la bhakti, la voie de l’amour et de la dévotion qui convenait admirablement à ma sensibilité.

La raison pour laquelle ces chemins variés existent, ainsi que les nombreux dieux du panthéon hindou, c’est parce que la nature humaine est variable. Il n’y a pas deux personnes qui sont pareilles et donc il y a une grande latitude pour que chacun puisse trouver une voie qui s’accorde avec lui. Les personnes qui étaient profondément établies dans la vie matérielle étaient encouragées à s’assurer qu’aucun devoir terrestre ne soit négligé et il était demandé à certaines âmes qui étaient prêtes et mûres de poursuivre leur chemin dans la solitude.

Je m’imaginais bien être sur la voie, maintenant que je méditais ‘’presque’’, que je participais régulièrement à des bhajans, que je lisais des livres ésotériques de Sri Aurobindo et de Paul Brunton et que je faisais des efforts sincères pour me modeler raisonnablement en fidèle. Cependant, même ainsi, j’entretenais encore toute une série de doutes et de questions, et Swami trouvait toujours le moyen de les éclaircir et de les clarifier. Il me suffisait juste de les lui exprimer mentalement et la réponse suivait : ou je rencontrais précisément la bonne personne, ou je trouvais justement le bon livre, ou il apparaissait carrément dans un rêve pour résoudre mon dilemme. C’était quasiment comme si j’avais une ligne directe et personnelle qui reliait mes pensées et mes prières à Swami et le plus merveilleux, c’est que non seulement Swami ‘’entendait’’ mes prières, mais qu’il y répondait aussi.

Alors que ma vie intérieure paraissait être sur la bonne voie, ma vie extérieure était elle en proie à des frictions. Mes amis et ma famille ne pouvaient comprendre cette attirance intense et soudaine pour la vie intérieure et je pouvais sentir leur désapprobation subtile à l’égard de mes penchants spirituels qui paraissaient si peu naturels pour quelqu’un d’aussi jeune. Même s’ils n’avaient pas verbalisé leur désapprobation, mon sixième sens savait qu’un conflit couvait. Mes parents paraissaient particulièrement préoccupés et Swami accorde aux parents un statut quasiment divin, ceux-ci méritant notre adoration, pas moins. Dans le

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strict respect de cet avertissement, je faisais généralement preuve d’un maximum de souplesse avec mes parents, mais ceux-ci firent objection à mes poursuites spirituelles. Selon eux, j’étais trop jeune pour me consacrer à un mode de vie spirituel. En outre, toutes les heures que je passais à des investigations abstraites de vérités spirituelles ressemblaient à un méga gaspillage de temps, quasiment à une couverture pour l’inaction et l’oisiveté. Deux citations percutantes de Swami m’étaient régulièrement lancées à la tête : ‘’Le travail est adoration’’ et ‘’Les mains qui aident sont plus saintes que les lèvres qui prient.’’ Manipuler un rosaire derrière des portes closes n’allait pas aider le monde.

‘’Il y en a qui raillent les aspirants spirituels et qui les traitent de visionnaires oisifs qui cherchent quelque chose d’intangible, qu’on ne peut soupeser et dont on ne peut estimer la valeur…Vous ne voyez pas votre respiration et vous ne pouvez pas non plus la peser, mais la respiration est le support même de la vie.

L’invisible est la base du visible. Si vous êtes pris dans les rets du visible, vous ne pouvez pas connaitre l’importance de l’invisible.’’

Sri Sathya Sai Baba

En vérité, tout ce que je voulais, c’était qu’on me laisse seule pour pouvoir continuer paisiblement mon chemin, mais mes méthodes ne trouvaient pas grâce aux yeux de ceux qui m’aimaient. Ils voulaient que je sorte dans le monde, que je me construise une vie normale, comme les autres filles de mon âge qui suivaient des cours de cuisine, qui apprenaient la danse classique ou qui poursuivaient des intérêts comme la musique et l’art. C’est comme cela que cela devait aller. Une vie convenable et solide cadrant bien avec les conventions sociales et pas cette recherche intérieure hermétique qui ne laissait rien transparaître avec ses beaux concepts d’amour et de vérité. Honnêtement ? Sois réaliste et vis ta vie !

Néanmoins, Swami était plus ‘’réel’’ pour moi que n’importe quel autre être. Il imprégnait ma conscience, jour et nuit. Il dissipait mes doutes de manière ingénieuse. Il me donnait régulièrement son darshan dans mes rêves, en plus de ses directives. Il veillait sur moi d’une manière remarquable. Je me sentais incroyablement attirée vers lui et même si je ne pouvais expliquer cela à quelqu’un d’autre, j’en étais certaine, c’était ma vie ! Swami, les dieux, les déesses, les anges et les devas peuplaient mon monde d’une présence divine. Pourquoi renoncerais-je à cette expérience céleste pour me confronter à la laideur du monde prétendument réel ? Pourquoi ?

Un jour, les choses en arrivèrent à un point critique. Il y eut quelques vifs échanges et mes parents tapèrent du poing sur la table. Il était temps que je sorte de mon cocon et que je m’atèle à faire quelque chose de ‘’constructif’’. Je n’allais sûrement pas passer toute ma vie entière à tourner un rosaire derrière des portes closes !

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J’étais dans l’embarras, puisque je faisais des efforts sincères pour suivre les enseignements de Swami – y compris respecter les souhaits de ses parents et les miens avaient clairement manifesté le souhait que je rogne sur mes pratiques spirituelles. Maintenant, que devais-je faire ? Leur obéir et négliger ma pulsion intérieure vers l’Esprit ou ignorer leurs souhaits ? Il s’agissait de mon premier dilemme spirituel et j’étais complètement perdue.

Comme d’habitude, je me réfugiai dans la pièce réservée à la puja et je vidai mon cœur à Swami. Je ne pouvais pas supporter l’idée de me détourner de ce monde merveilleux que j’avais fortuitement découvert. Je fondis en larmes. Au bout d’un moment, mes sanglots se calmèrent et je profitais de l’apaisement qui suit des larmes cathartiques, lorsque mon regard se posa sur un livre de poche contenant des enseignements de Swami. Je fis spontanément et mentalement appel à Swami pour qu’il me réponde et j’ouvris le livre au hasard et mon regard se posa sur un paragraphe qui disait en substance que, même si nous devons toujours prêter attention aux souhaits de nos parents, il existe bien une exception. Si quelqu’un veut poursuivre une voie spirituelle, même contre le vœu de ses parents, cette personne peut légitimement le faire. La raison en est que notre dharma ultime consiste à réaliser notre divinité et on peut assurément rejeter toute entrave à cet égard. ‘’Ouf !’’, m’exclamai-je. Était-ce de la magie ? Pendant un moment, je restai là assise, sidérée et émerveillée. Puis, je levai les yeux vers la photo de Swami et je lui adressai mes remerciements sincères pour cette réponse opportune.

J’avais aussi pris l’habitude d’écrire des lettres à Swami. C’est un autre moyen merveilleux par lequel Sai se connecte à ses fidèles. Il y a quelque secret là-dedans que je n’ai pas encore compris. L’expérience commune des fidèles du monde entier, c’est que non seulement, ils se sentent débarrassés d’un poids après avoir écrit à Swami, mais que leurs problèmes sont automatiquement résolus ! La seule chose qui est requise, c’est que votre cœur soit connecté au sien, lorsque vous écrivez et alors, l’aide suivra ! J’ai personnellement expérimenté la vérité de cette affirmation à plusieurs reprises et en diverses occasions. Je conserve maintenant un cahier dans lequel je consigne toutes les lettres que je lui écris et quand je le feuillette par la suite, je suis toujours émerveillée de voir comment il a adéquatement remédié à chacun de mes problèmes, du plus anodin au plus grave.

Néanmoins, à l’époque, je lui envoyais encore des lettres par la poste, bien scellées et correctement affranchies. Je lui envoyais très souvent des lettres, certaines pour obtenir des conseils, certaines implorant son aide, et d’autres étaient purement des lettres d’amour. Un jour, il s’avéra que je lus quelque chose concernant les piles de lettres qui lui étaient envoyées et qu’il ouvrait personnellement chacune d’entre elles. Je me sentis mortifiée.

Il endossait tous les problèmes du monde et voilà que l’enquiquinais avec mes préoccupations mesquines et mes soucis sans importance. Je résolus

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de diminuer le nombre de lettres que je lui écrivais, mais intérieurement, je passais par une période compliquée. J’aspirais à lui écrire et à soulager mon cœur, mais je ne pouvais plus m’amener à l’ennuyer encore et les choses demeurèrent en suspens.

Ce qui m’apparaissait alors tellement important est maintenant si insignifiant que je puis difficilement me rappeler ce qui me chagrinait tellement. Depuis la sage perspective de Swami, cela devait être d’autant plus anodin, mais sa sollicitude est telle que Swami se hâta de venir à moi dans un rêve et me donna comme directive d’écrire.

Dans le rêve, j’attends dans les lignes du darshan dans un lieu que je reconnaîtrai ultérieurement comme étant Whitefield. Je suis installée au premier rang. Il sort et il y a le silence chargé d’espoir habituel. Swami se rend directement vers moi et mon cœur se met à battre la chamade. Je peux difficilement croire la chance que j’ai. Il se penche par-dessus la balustrade et me dit de la plus douce des manières : ‘’Ne te fais pas de soucis, écris ! Je reçois de nombreux problèmes, mais dès que tu écriras les tiens, je commencerai également à m’en occuper !’’ Je le regarde, bouche bée. Était-il réel ? Un tel être pouvait-il exister ? Quelqu’un qui est prêt à prendre sur lui tous nos soucis, tous nos tracas, à nous guider, à nous protéger et à veiller sur nous ? Cette pensée me remplit d’émerveillement et je m’incline pour toucher ses pieds.

Le lendemain, j’écrivis une très longue lettre en retirant un grand réconfort de cette simple action. Tout ce qui m’embarrassait se dissipa dans cette sollicitude exprimée par Swami et je réalisai la vérité d’une parole de Swami Kriyananda : ‘’Plus anodin est le besoin auquel Dieu répond et plus grande est la preuve de son amour, dans un certain sens.’’

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CHAPITRE 7 : EXAMEN INTÉRIEURComme cette relation que je partageais avec Swami était fascinante ! Voilà quelqu’un que je n’avais jamais vu de près. Je ne l’avais vu qu’une fois sur le plan physique, quand j’avais 8 ans, lorsque ma famille visita Prasanthi Nilayam, son ashram dans le sud de l’Inde. Je n’avais plus que quelques vagues souvenirs de cette époque – d’avoir foulé ce sable légendaire, des repas incroyablement épicés de l’Andhra, des volontaires strictes et de quelques images fugaces de la forme de Swami qui passait. A présent, plus ou moins onze ans plus tard, il m’apparaissait, plus grand que la vie, dans mon monde intérieur. Il m’aidait, me guidait, me réconfortait, me consolait, m’enseignait et déversait sur moi un flot d’amour.

Si j’avais un problème, tout ce que j’avais à faire, c’était m’encourir vers lui et alors, les problèmes se réglaient d’eux-mêmes ; si j’avais une question spirituelle, tout ce que j’avais à faire, c’était la lui poser et la réponse m’était donnée ; et si j’avais un dilemme matériel, tout ce que j’avais à faire, c’était prier sincèrement et des conseils m’étaient donnés.

‘’Vous ne devez pas Me craindre – n’hésitez pas ! Demandez avec amour et de plein droit – demandez légitimement et Je donnerai.’’

Sri Sathya Sai Baba

C’était des moments enchanteurs. Dès lors, je m’imaginai que la vie serait une affaire sereine, avec des anges qui jouaient de la harpe, comme musique de fond, puisque Swami était toujours là et que rien ne pouvait m’arriver. J’avais raison et j’avais tort. Rien ne pouvait m’arriver de l’extérieur, puisque j’étais toujours protégée, mais qu’en était-il des démons qui étaient tapis à l’intérieur de moi ? Que devais-je faire, quand ils se mirent à m’attaquer ? Ce fut alors le clash retentissant de cymbales et des sirènes stridentes lançant leurs cris de guerre. Ce fut une bataille contre l’ego, car chaque chercheur qui recherche réellement Dieu doit marcher sur le fil du rasoir. Il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir. L’objectif ultime est de réaliser Dieu, ce qui exige la pureté intérieure et elle ne peut s’acquérir sans brûler du feu de l’austérité spirituelle. Mais

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j’étais encore une novice avec des étoiles plein les yeux. Swami avait acquis un statut de rock star dans ma vie.

Je baignais dans la douceur de Sai. Tout n’était que divine sollicitude et aide immédiate avec moult sourires et petites tapes amicales. Je n’avais pas encore fait l’expérience de son mécontentement. Par ailleurs, j’avais l’âge de me marier et si je n’y avais jamais beaucoup réfléchi, ce n’était manifestement pas le cas de ma famille. L’idée de me marier ne me séduisait guère. Où trouver le temps pour des questions si mondaines ? Ma vie était totalement différente. Celle-ci consistait à me rapprocher du divin, en connaissances anciennes et en vérités ésotériques qui n’étaient pas dévoilées à tout le monde. De plus, avec maintenant Swami qui remplissait chaque secteur de ma vie, où pourrais-je y caser un mari ? Quand bien même cette idée me paraissait invraisemblable dans mon esprit, je devais endurer les sermons occasionnels de membres de la famille bien intentionnés. A cette époque, j’étais d’une nature calme et réservée et je ne pouvais pas dire ce que je pensais. J’étais également la plus jeune de la famille et ainsi, je me soumettais paisiblement à ces sermons.

Un jour, je perdis patience et pour aggraver les choses, je perdis patience à l’égard de ma mère. J’évacuai sur elle toute la colère que j’avais refoulée, en partie parce que j’en avais plein le dos et en partie parce qu’elle était une cible facile. Je n’aurais pas osé parler ainsi à quelqu’un d’autre et mon cœur timoré se soulagea en dirigeant sur elle toute son ire.

Eh bien, le soulagement fut bref ! La même nuit, Swami m’apparut dans un rêve glaçant :

Dans ce rêve, je suis assise à Prasanthi, dans les rangs du darshan. L’arati du soir est en cours. Assises devant moi, il y a trois dames qui chuchotent de manière virulente. Elles baignent dans une énergie négative. Après l’arati, Swami sort et tandis qu’il passe devant nous, ces dames se jettent conjointement sur lui et insistent fortement pour avoir une entrevue. Leurs manières sont irrespectueuses à l’extrême. Je suis horrifiée par cette violation flagrante du protocole de l’ashram. Swami se tourne vers elles et son visage paraît sévère. Je prends peur. Je ne l’ai jamais vu ainsi auparavant et je l’entends dire sèchement : ‘’Comment pourriez-vous bien obtenir une entrevue, si vous vous conduisez de la sorte ?’’

Maintenant, obtenir une entrevue était le rêve de chaque fidèle. Il s’agissait d’une audience personnelle avec Swami. Deux fois par jour, Swami sélectionnait personnellement quelques personnes parmi les milliers qui étaient présentes dans l’ashram. Ces âmes chanceuses bénéficiaient ensuite de l’opportunité de pouvoir entrer dans la salle d’entrevue, de s’asseoir en présence de Swami et de converser avec lui sur des sujets personnels et spirituels et franchement, pour moi, cette

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chance d’être reçue en entrevue avait plus d’attrait que le Koh-i Nor3 ! J’étais prête à tout pour mériter cette précieuse chance de pouvoir m’asseoir dans la présence immédiate de mon Seigneur et si pour cela je devais me mordre les lèvres pour contenir ma colère et mon irritation, alors qu’il en soit ainsi !

Dans la scène suivante du rêve, une étrangère me conduit dans une cantine où l’on me sert un repas. Bizarrement, la nourriture est non-végétarienne et je sens que je ne devrais pas avaler ce repas. De cette partie du rêve, je saisis que faire étalage de qualités animales, comme la colère, était pire qu’ingérer de la chair animale. Il était complètement vain et inutile de m’abstenir de viande et de me sentir comme une ‘’sainte n’y touche’’, si j’étais encline à me fâcher toute rouge et à entrer dans une colère noire !

Le lendemain matin, je me réveillai en me sentant sérieusement perturbée. Il était clair et manifeste que Baba n’était pas heureux de mon comportement. Son mécontentement ne cessait de me revenir à l’esprit. Je souffrais, et comment !Peut-être n’était-ce pas si catastrophique de s’emporter contre sa mère, mais encourir le mécontentement de Swami constituait en soi un tourment particulier, parce que si votre Rédempteur se détourne de vous, alors vers qui vous tournerez-vous ?

Ce rêve me laissa à bout de nerfs. Le ton cinglant de Swami me fit suffoquer et je cherchais ma respiration. Je pris la résolution de m’amender et j’espérais quelque signe de pardon, comme un rêve, la valse d’une fleur, une soudaine bouffée d’air parfumé de vibhuti, quelque chose ― n’importe quoi, en fait ― mais il n’y avait rien ! Alors que j’étais sur le point de craquer, il m’apparut enfin au cours d’un rêve fugace. Aucune parole ne fut prononcée, mais il était là, ce qui m’apporta une certaine consolation.

Par la suite, je me fis un devoir d’exercer ma vigilance par rapport à mes humeurs. Je fis même la paix avec le fait que si je voulais bénéficier des avantages d’avoir un guru – qui se traduisaient par son amour affectueux, ses conseils empressés et son réconfort certain – alors, je devais être prête à payer le prix de l’introspection et de la transformation personnelle. Cependant, même ainsi, je pouvais occasionnellement m’exprimer d’une manière très tranchante – non plus en me fâchant toute rouge et en entrant dans une colère noire, mais en donnant mon avis sur un ton vif. Je croyais que tant que je ne succombais pas à de vilaines sautes d’humeur, je tapais dans le mille, mais j’avais tort.

Comme à l’accoutumée, il revint dans le pays de mes rêves en me poussant gentiment à corriger mes fautes.

3 Le Koh-i Nor (en persan, ‘’montagne de lumière’’) est un diamant de 105,602 carats (21,61 g), actuellement monté sur la couronne de la famille royale britannique, exposée avec les joyaux de la Couronne britannique à la Tour de Londres.

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Dans le rêve, je me vois en compagnie de Swami et de deux autres personnes. Il s’entretient avec ces deux personnes en m’ignorant complètement. Pour ma part, je suis heureuse de faire partie de ce petit groupe très sélect et je suis ravie de pouvoir contempler Swami de si près. Tout à coup, il fixe son regard sur moi ― un regard d’une compassion infinie ― et en arrière-fond, j’entends une voix céleste qui murmure : ’’Même un seul de ses regards, du coin de l’œil, déverse un océan de miséricorde...’’ Swami se tourne vers moi et me dit doucement, avec une patience infinie : ‘’Si je te dis Gandhi, que comprends-tu ?’’ ‘’Baba, c’était une grande âme, mais ce n’est pas mon guru’’, dis-je. ‘’Toi seul, tu peux être mon guru.’’ Fin du rêve.

Il était temps de décoder ce rêve. Dans mon esprit, le Mahatma Gandhi est synonyme de non-violence. Maintenant, dit Swami, la violence est triple : en pensées, en paroles et en actes. Je sentis que dans ce rêve, il faisait allusion à ma façon de m’exprimer parfois grossière et impatiente, car Swami soulignait toujours le fait que si on ne peut pas toujours obliger quelqu’un, on peut très certainement parler avec obligeance !

Un jour, je dus de nouveau faire face à son ire, après m’être laissée aller, une demi-heure durant, à des bavardages insignifiants, à la manière des jeunes filles. Sans y penser, je fis quelques commentaires peu charitables à l’égard d’une amie commune. La nuit même, j’eus un rêve confondant dans lequel il apparut et en se tournant pour me regarder, ses yeux lançaient des éclairs ! Il leva l’index, en guise de réprimande et d’avertissement et les dents serrées, il dit : ‘’NE JAMAIS CRITIQUER !’’ Je me recroquevillai sous l’assaut de son regard et je pris ces paroles à cœur, à un point tel que je passai à l’autre extrémité en m’abstenant généralement d’exprimer le moindre avis, quel qu’il soit.

‘’L’énergie que nous gaspillons à juger les autres est précisément celle dont nous avons besoin pour nous montrer à la hauteur de

nos propres idéaux.’’

Sri Sathya Sai Baba

Quelques années plus tard, un garçon d’une vingtaine d’années faisait chez nous office d’employé de maison et jeune arriviste, son attitude me dérangeait. Néanmoins, je ne disais rien, ne voulant pas prononcer des paroles peu charitables, de crainte de de nouveau encourir l’ire de Swami.

Cette fois, Swami m’apparut en rêve et me dit exactement l’inverse : ‘’Tu DOIS émettre des critiques !’’

Dans ce cas-ci, Swami m’incitait à faire usage de mon discernement. Parler à la légère de quelqu’un dans l’optique de le rabaisser et corriger quelqu’un dans l’optique d’’instaurer une discipline sont deux choses complètement différentes.

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C’est la beauté d‘être avec Swami. Il n’y a pas de règles fixes et immuables. De son point de vue privilégié, il a parfaitement conscience que nous nous situons tous en des points différents de notre voyage. La même taille unique ne peut pas convenir à tout le monde. Il encourage donc chacun à établir une connexion intérieure avec le divin et à gagner la grâce du Seigneur, car alors, comme le dit Swami, le Seigneur Krishna nous donnera à chacun notre Gita personnelle conçue pour satisfaire nos propres besoins.4

CHAPITRE 8 : LA GRÂCE OPÈREMa vie à Kanpur était émaillée par la visite de parents. Les petites villes accordent beaucoup d’importance à la communauté. Notre famille comportait deux extensions : Om bhaiyya, un cousin adorable, ainsi qu’une tante, Acchi bua, ainsi dénommée en raison de sa bonté infaillible. Tous les deux étaient des docteurs, ce qui pour moi était synonyme de Providence divine, car enfant, j’étais de constitution fragile et je souffris de toutes sortes de maux. Om bhaiyya était une présence constante dans ma vie, qui tantôt examinait le fond de ma gorge, tantôt tâtait mon foie ou palpait mon ventre afin de diagnostiquer ma dernière maladie. Quelle que fût la gravité du problème, ses manières avenantes et son affabilité parvenaient à la réduire de moitié, tandis que le reste était pris en charge par la streptomycine, l’antibiotique préféré de l’époque et si j’avais besoin d’une horrible piqûre ou d’un échantillon sanguin pour un examen, Om bhaiyya faisait personnellement le nécessaire, m’épargnant ainsi le monde de préparateurs et d’infirmiers indifférents. Acchi bua planait elle aussi autour de moi, tel un ange de miséricorde qui me réconfortait et me prodiguait ses remèdes. Et donc, même si je dus passer par une flopée de maladies – telle que la varicelle, l’amygdalite, la typhoïde, la diphtérie, la diarrhée, la jaunisse et que sais-je encore – jamais je ne me sentis

4 On peut parfaitement le prendre au pied de la lettre, cf. Jack Hawley, La Bhagavad Gita revisitée pour les Occidentaux et La Bhagavad Gita pour les enfants, de Radio Sai Global Harmony. On peut encore ajouter L’Uddhava Gita, ultime enseignement de Krishna, de Swami Ambikananda Saraswati, dans le même ordre d’idées, NDT.

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handicapée par une mauvaise santé. Il y avait toujours une aide à portée de main et je n’avais jamais mis le pied dans une clinique.

A l’âge de quinze ans, deux glandes inquiétantes apparurent sur mon cou. Celles-ci enflèrent à une vitesse alarmante et projetèrent un voile de sinistrose sur mon entourage. Inconsciente des implications, j’appréciais plutôt toute cette attention et ce souci. Tout le monde se préoccupait brusquement de moi ! Néanmoins, parfois, lorsque mon père avait l’air particulièrement tracassé ou si ma mère semblait profondément perdue dans ses pensées, mon cœur se serrait. Personne ne mentionna jamais le mot tant redouté. Personne ne se serait même jamais permis de le penser et pourtant, il planait au-dessus de nous sous la forme d’une malignité fantôme. Pour la première fois, je fus priée d’aller consulter un spécialiste et d’éprouver toute la peur et toute l’angoisse qui accompagnent cette démarche.

Pendant que ma famille et moi faisions le pied de grue à la clinique, une autre tante chérie, Shirley Ta, se hâta de se rendre à Prasanthi Nilayam. Elle avait emporté une photo de moi dans l’espoir que Swami pourrait la bénir. Un jour, elle était assise pendant le darshan et elle tenait en main la photo, quand Swami s’avança directement vers elle et après avoir touché la photo, il exerça une vive pression sur celle-ci, à plusieurs reprises. Ma tante eut alors l’impression qu’une grâce particulière avait été transmise et peu de temps après et comme par magie, les glandes commencèrent à se résorber, diminuant visiblement de volume. Tout le monde poussa un soupir de soulagement et toutes les nouvelles analyses furent annulées. A nouveau, la grâce de Swami nous avait sauvés.

Toutefois, les glandes réapparurent six ans plus tard et cette fois, je dus me coltiner la tournée des médecins, des examens et des biopsies. Mes parents étaient maintenant plus âgés et il n’était guère approprié de les emmener voir chaque médecin auquel je rendais visite. Je me retrouvais parfois toute seule et remplie d’appréhension dans la salle d’attente d’un médecin, sans personne vers qui me tourner. Non, ce n’est pas exact…Aucun être humain vers qui me tourner. Dans le domaine du divin, il ne manquait pas d’êtres sur qui m’appuyer. Swami, tout orange et lumineux, était toujours là et il me montrait toujours son soutien, d’une façon ou d’une autre. Soit il m’apparaissait en rêve ― et la seule vision de cette petite figure en robe orange comblait mon cœur d’un amour immense ― ou sur une photographie, dans un lieu très improbable ― le bureau d’un docteur, un calendrier mural ou un autocollant sur le parebrise d’une voiture depuis laquelle il me regardait. Mon moral remontait alors en flèche face à ce signe qui me touchait. C’est une chose que j’ai remarquée toute ma vie durant : il fait toujours connaître sa présence, d’une manière ou d’une autre.

Après cette série de biopsies pénibles, Dieu merci, on m’affirma que je n’avais pas le cancer, mais à la place, on me diagnostiqua la tuberculose ! Le moindre de deux maux, somme toute, nous nous sentîmes presque soulagés. La perception joue vraiment un rôle majeur dans nos réalités.

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D’ordinaire, je réagissais violemment contre tous les médicaments allopathiques. Un simple analgésique pouvait déclencher chez moi une réaction et on me demandait maintenant d’ingérer des sels dangereux qui étaient réputés pour provoquer des réactions contraires. Vraiment, me lamentai-je, comme si la fièvre, la faiblesse et de terribles maux de dos ne suffisaient pas, je devais maintenant, en plus, subir des nausées et recracher mes entrailles. Je songeai alors à un patient cancéreux qui était horrifié par les effets secondaires de la chimio et qui avait alors prié Swami afin de recevoir une injection de grâce supplémentaire et il semblerait que Swami y ait consenti. Même en endurant une chimiothérapie sévère, il ne souffrit d’aucun effet secondaire débilitant. Prenant une page du livre qu’il avait écrit, je rédigeai immédiatement une longue lettre sincère destinée à Swami, lui décrivant mes peurs et le priant de me protéger contre les effets secondaires éventuels de mon traitement et je me fis aussi quotidiennement un devoir d’avaler une pincée de vibhuti dissoute dans de l’eau avant d’ingurgiter n’importe quel médicament. Inutile d’ajouter que je traversai toute une année de traitements intensifs sans plus aucun inconfort. Le divin docteur avait encore une fois opéré sa magie !

A présent, la conviction que Swami pouvait vraiment tout faire était fermement enracinée dans mon esprit. J’avais fait l’expérience de beaucoup trop d’exemples de sa grâce pour mettre en doute sa divinité. Pendant cette époque d’enfance spirituelle, j’exigeais que sa grâce me soit accordée, conformément à ma volonté et à mes caprices. C’était une litanie constante de ‘’Swami, s’il te plaît, fais ceci, regarde un peu à cela, pourrais-tu t’occuper de ceci ou faire en sorte que j’obtienne cela ?’’, etc.

Pendant tout un temps, il me laissa mes illusions, mais quand Om bhaiyya tomba brutalement malade, les choses prirent une tournure différente. Souffrant d’une maladie du foie, il luttait maintenant désespérément pour sa vie dans un hôpital. Quant à moi, je priais frénétiquement en suppliant que sa vie soit épargnée. J’effectuais des visualisations spéciales que j’utilisai pour son bénéfice. J’imaginai que son lit d’hôpital était entouré par les dieux du panthéon hindou – Hanuman Ji, Sri Rama et Sita, Radha et Krishna, Devi Mâ, Shankara et Parvati, Shirdi Sai et Sathya Sai – tous déployés autour de son lit et diffusant des rayons de lumière blanche sur Om bhaiyya. Dans mon cœur, il ne faisait aucun doute qu’il se rétablirait. Vous savez, Swami pouvait tout faire ! Il suffisait juste de demander et peut-être de faire les efforts appropriés et de prier. Et c’était ce que j’étais en train de faire assidûment.

L’état d’Om Bhaiyya ne cessait de se détériorer et l’intensité de mes prières ne cessait de croître. J’avais entendu parler du Mahamrityunjaya mantra ― qui était censé être d’une telle puissance qu’il pouvait même écarter la mort, et le Gayatri mantra était une autre arme dans mon arsenal spirituel. Swami souligne toujours l’importance de chanter la Gayatri, car non seulement la répétition de la Gayatri aiguise nos facultés de discernement, mais elle agit aussi comme un désinfectant journalier

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qui empêche l’accumulation du karma et de plus, elle agit comme un bouclier qui protège le chanteur de tout mal.

Entre-temps, l’opportunité de visiter l’ashram de Swami à Whitefield se présenta. Le timing était parfait. Je pourrais y prier pour Om bhaiyya et peut-être même remettre une lettre à Swami. Je me demandais également comment ce serait de voir Swami en personne, car c’était difficile à imaginer. Sur le plan intérieur, personne n’était plus proche de moi. Swami n’était jamais plus loin qu’une pensée, mais même ainsi, que donnerait cette équation sur le plan de la réalité physique ? L’inaccessibilité de Swami sur le plan de la forme était bien connue et rien qu’un simple aperçu ou un simple coup d’œil de tout près était déjà considéré comme une aubaine. Il serait difficile de concilier ma proximité intérieure avec cette distance extérieure. Néanmoins, j’étais très excitée par la perspective de voir Swami pour la première fois depuis autant d’années, mais le destin en décida autrement. Le matin même où je devais prendre l’avion, nous reçûmes un coup de téléphone de Kanpur. Om bhaiyya venait de mourir. La nouvelle m’atterra. J’étais sous le choc.

On me priait maintenant de changer mes plans et de me rendre à Kanpur, plutôt qu’à Whitefield. Pendant ce temps-là, la mousson était arrivée et les rails du chemin de fer étaient sous eau à Mumbai. Beaucoup de trains étaient annulés. Comme je voyageais toute seule, ma famille manifesta une certaine inquiétude, mais je sentis qu’il me fallait simplement être présente pour les cérémonies rituelles en signe de respect pour Om bhaiyya. Beaucoup de cordes sensibles étaient nouées à tous ces moments de mon enfance où son visage souriant et son affabilité avaient atténué la douleur d’une piqûre ou l’affliction d’une maladie.

Même le jour du trajet, il plut considérablement pendant la journée et ma sœur, Veenu, téléphona pour dire que je devrais peut-être reconsidérer mes plans, puisque je voyageais ‘’seule’’.

Instinctivement, je lui répondis : ‘’Ne te fais pas de souci ! Je ne voyage pas toute seule, Swami est avec moi.’’ Je n’avais aucun doute par rapport au fait qu’il veillerait à ce que je puisse arriver sans encombre. Quand j’arrivai à la gare de Kurla, la nuit était tombée. Il y avait des flaques d’eau profondes sur le quai et le brouhaha général qui caractérise une gare indienne. L’air était humide et désagréablement lourd. Dans leurs échoppes, les vendeurs de thé vaquaient allégrement à leurs affaires. Des gamins des rues et des chiens errants traînaient, sans but, et une foule de passagers couraient dans l’urgence le long du quai. Dans un tel cadre, la seule chose à laquelle vous ne vous attendez pas, c’est à la fragrance de la vibhuti et de l’amrita ! Ainsi, dès que je parvins sur le quai, je fus assaillie par de fortes rafales de fragrance divine et j’inspirai cette délicieuse odeur avec un sentiment d’émerveillement croissant. Sai…mon Sai était avec moi ! Vraiment, je n’étais pas seule. C’était le signe sans équivoque de la présence subtile de Swami, cette fragrance céleste qui m’escortait sur un quai de gare obscur, sale et malodorant. Je me souris profondément à moi-même, tandis que des sentiments d’amour et de

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sécurité me réchauffaient le cœur. Mon train fut l’un des tout derniers à partir, cette nuit-là, avant que les pluies ne fouettent de nouveau la ville et ne bloquent le trafic ferroviaire.

Le décès d’Om bhaiyya fut probablement le premier obstacle que je dus franchir sur la voie. Il n’avait pas été répondu à l’une de mes prières, comme je l’avais espéré, et ceci me fit examiner plus profondément les mécanismes de la foi et de notre conception de Dieu. Après tout, pourquoi s’attendre à ce que Dieu exauce tous nos souhaits ? Existe-t-Il simplement pour veiller au fonctionnement lisse et bien huilé de nos vies humaines ? Nous est-il redevable de cela ? Il existe certainement indépendamment, de son propre chef, et toutes les faveurs qu’Il accorde sont sa grâce, ainsi répandue. N’est-il pas très naïf de notre part d’espérer que Dieu règle d’un coup de baguette magique tout ce qui ne va pas chez nous par rapport à nos systèmes, à nos convictions et à notre psyché collective, sans le moindre effort de notre part ?

Il y avait encore tellement de choses à apprendre et à comprendre. J’étais jeune et spirituellement immature. On ne peut pas interférer avec le libre arbitre d’une autre âme, simplement pour satisfaire un agenda personnel. L’âme d’Om bhaiyya avait décidé de poursuivre son voyage et aucune somme de prières ou de supplications n’allait rien y changer, mais alors, qu’en était-il de toutes ces prières ? Etaient-elles vaines et futiles ? Etait-ce des efforts en pure perte ? Absolument pas ! Juste avant qu’Om bhaiyya ne rende son dernier souffle, il appela sa sœur à son chevet et son visage était rayonnant.

Les yeux brillants, il lui chuchota : ‘’Pata hai, sab aaye the – Hanuman Ji, Bhagavan Rama, Sita Ji, Radha, Krishna, Devi Mâ, Shankara, Parvati, aur Sai…ashirwaad dene !’’

Les dieux l’avaient béni d’une vision merveilleuse ! Reproduisant ma visualisation secrète, ils s’étaient déployés autour de son lit, les mains levées en signe de bénédiction en répandant sur lui leur amour et leur lumière. Pour quelqu’un qui s’apprêtait à rejoindre l’autre monde, cela doit avoir été une vision incroyablement réconfortante et pour moi, c’était une pensée incroyablement réconfortante. Les dieux ne m’avaient pas fait faux bond. Leur magie avait opéré ― même si c’était d’une manière différente que celle que j’avais imaginée et cette réponse généreuse me fit réaliser qu’aucune prière ne reste jamais sans réponse. Le divin répond à chaque appel à l’aide et nous contacte invariablement, nous, mortels, mais aveuglés par nos préoccupations matérielles et mondaines, ces encouragements et ces gestes passent inaperçus.

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CHAPITRE 9 : PROGRESSION TRANQUILLEJe m’engageai ensuite dans une période d’intense recherche spirituelle. Mon cœur était douloureux et le seul réconfort qu’il trouvait, c’était dans le refuge de Sai. La pensée de perdre des êtres chers me hantait. La vie et tous ses drames, ses hauts et ses bas, me paraissaient être un jeu futile dont l’issue inéluctable était un trou noir appelé la mort. J’étais insatisfaite et je brûlais de trouver une signification plus profonde au temps qui nous était imparti sur la Terre. Le mysticisme était comme un phare qui projetait de l’espoir et je m’y précipitai avec une urgence effrénée. Je retirais la plus grande force et la plus grande consolation de Swami. Il imprégnait ma vie d’un éclat orangé et sans même le réaliser, mes jours baignaient en Sai.

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Ma première pensée dès mon réveil était pour Sai et la nuit, mon esprit se fixait de nouveau sur lui. Mes journées étaient généreusement parsemées de littérature, de bhajans et d’activités Sai et je n’en n’avais tout simplement jamais assez de lui ! C’était comme être amoureuse. Les livres sur Swami étaient mes biens les plus chers et mettre la main sur un nouveau livre était le nec plus ultra. Chaque auteur avait son histoire personnelle et il était intéressant et éclairant de voir apparaître différentes facettes de Swami qui fusionnaient en un tout. A l’époque, en dehors des rêves, les livres étaient l’unique point de contact et la moindre bribe glanée dans ces précieuses ressources ajoutait à ma compréhension. Mon esprit était constamment rempli de pensées de Sai et mes journées passaient en une nuée d’abstraction. Le monde, en tant que champ contextuel, cessait d’exister, et même si je vivais dans le monde, je n’étais plus du monde.

A cette époque, mon mode de vie était en parfaite adéquation avec la vie de l’ashram. Ma journée débutait à 5h30 avec une demi-heure de méditation durant la période propice de brahmamuhurta. Cette période qui précède l’aube est considérée comme étant particulièrement propice pour accéder aux énergies divines. Le folklore raconte que les dieux descendent sur la Terre pendant la période de brahmamuhurta pour y répandre leur grâce sur les terriens. Néanmoins, se réveiller tôt n’était pas un choix personnel et c’est quelque chose que je trouve pénible, même aujourd’hui. On peut sans problème diviser les êtres humains entre les ‘’oiseaux de jour’’ et les ‘’oiseaux de nuit’’. Les oiseaux de jour sautent du nid avec le sourire à la fine pointe de l’aube, alors que les oiseaux de nuit ont tendance à veiller tard la nuit et je suis un oiseau de nuit ! Mes cycles circadiens paraissent s’accorder pour veiller tard et m’éveiller tard. Me lever tôt est un aspect de la vie spirituelle que je n’ai jamais su maîtriser, en dépit de pressions, de sermons et d’instructions répétées de la part de Swami. Toutefois, il me faut bien admettre que si je fais l’effort de me lever tôt, la journée a une teneur différente. L’esprit semble frais, alerte et dynamique. Alors, mon côté volontaire persévère quand même et j’oscille entre des périodes pendant lesquelles je m’éveille tôt et des périodes durant lesquelles je vais dormir tard.

Même à cette époque, quelle que fût l’importance de mon désir de connexion spirituelle, je ne me serais jamais investie dans cette idée de m’éveiller durant la période de brahmamuhurta et ce fut Swami, comme à l’accoutumée, qui m’incita gentiment à le faire. Un matin, alors que j’étais dans cet état semi-conscient entre le sommeil et la veille, j’entendis clairement une voix parler dans mon oreille et elle ordonna : ‘’Mange du ragi et réveille-toi pendant brahmamuhurta !’’

Interloquée, j’ouvris les yeux pour voir qui avait parlé, mais il n’y avait personne. J’avais entendu des histoires sur la façon dont Swami parle à ses fidèles par l’entremise de la ‘’voix intérieure’’ et qu’il guide et qu’il oriente ainsi leurs vies. C’était donc là une expérience directe, personnellement vécue, qui me parut plutôt bonne ! Le manteau d’une pseudo sainteté vint comme m’engoncer et j’en retirai une certaine

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gloriole. C’est que j’entendais maintenant la ‘’voix intérieure’’ et que je faisais de fameux progrès ! Cependant, le fait est avec Swami que, malgré ses millions de fidèles, il parvient toujours, d’une manière ou d’une autre, à ne rien louper et il sera toujours parfaitement conscient d’une mauvaise pensée, d’une parole médisante ou d’un incident de parcours et depuis cette pensée insidieuse de pureté personnelle exagérée, je n’entendis plus que rarement la voix intérieure. Je réalisai vite qu’entendre la voix intérieure n’était pas le signe de ma pureté, ni de mon progrès, mais qu’elle était plutôt le reflet de la grâce de Swami qu’il confère à qui il veut.

Ce nouveau développement me laissa toute en émoi et toute excitée et j’instaurai immédiatement le réveil durant la période de brahmamuhurta. Chaque nuit, je mettais l’alarme à 5h30. En mettant l’alarme à 5h30, je ne parvenais à me réveiller qu’à grand peine et à l’arraché, mais les retombées de cet effort minime furent immenses. Il est beaucoup plus facile de se connecter intérieurement à cette heure limpide et ma demi-heure de méditation filait en un clin d’œil. Ces petits matins avaient comme un parfum d’ambroisie. Je me souviens encore comment je rentrais sur la pointe des pieds dans la pièce où l’on célébrait la puja, puis j’allumais une petite lampe pour voir ses photos s’animer dans la lumière tremblotante avant de plonger ensuite dans un profond et vibrant silence pour méditer, puis de me sentir transportée vers un royaume céleste de tranquillité et de paix.

Ensuite, je retournais généralement et directement dans mon lit pour un petit somme post-méditatif ! C’était partiellement de la paresse et partiellement de l’avidité, car c’était alors que je recevais le plus grand nombre de rêves et de visitations. Peut-être mes prières matinales ouvraient-elles mes canaux et que Swami récompensait mes maigres efforts par de généreuses doses de grâce. Ce furent des jours exaltants. Chaque matin était comme une nouvelle aventure riche en possibilités et ma vie était somptueusement parsemée de fleurs détachées, de fragrances célestes, de visions, de rêves et d’amour divin. L’énergie de Sai me comblait et me laissait toute exubérante de félicité. Des sourires jouaient constamment aux coins de mes lèvres et des rires jaillissaient à la moindre excuse. J’étais en état d’ivresse légère.

En dépit de toute cette grâce, je restais néanmoins sujette et encline à mes manières paresseuses. Ainsi, certains matins, je coupais l’alarme, je me retournais et je me rendormais sans aucune pensée pour la méditation. Ces jours-là, Swami adoptait des tactiques ingénieuses pour me faire bouger. Un matin, il joua de la flûte de Krishna dans mon oreille. Comme envoûtée, je basculai dans l’état de veille et à moitié en transe, je me rendis dans la pièce où l’on célébrait la puja.

Une autre fois, il m’apparut en rêve et il dit : ‘’Je t’attends, tu sais !’’ Me sentant coupable, je dégringolai en bas du lit pour aller atterrir plus loin sur mon tapis.

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Et une troisième fois, plutôt que de me cajoler, je sentis réellement une petite tape qui m’incita à bouger. C’est ainsi qu’il veillait à ce que je ne manque pas ma méditation matinale.

Il me fallut longtemps pour réellement comprendre pourquoi Swami insistait tellement pour que je prie à cette heure limpide. Il y a là une certaine magie. Cela vous fortifie et remplit vos cellules d’énergie divine. Vous traversez la journée avec un sourire sur votre visage. Il y a un sentiment d’aisance intérieure et les frustrations sont remarquablement absentes. On ne doit pas peiner pour maintenir une note positive. Ceci se fait sans effort. Le cœur ne grince pas, l’esprit est souple et l’attitude à l’égard de la vie est plus douce. Dans l’ensemble, ceci rend les journées beaucoup plus heureuses que celles où l’on est aux prises avec des états intérieurs contraires.

Tandis que la période de brahmamuhurta était maintenant plus ou moins sous contrôle, il me restait encore à mettre en œuvre la deuxième partie du message. Oui, j’étais prête à manger du ragi5…si seulement je savais ce que c’était ! Il s’agit d’un millet populaire dans le sud de l’Inde et qui est très riche en nutriments, particulièrement en calcium. Néanmoins, dans la ville nordique de Kanpur, personne ne savait ce qu’était le ragi. Quelques jours plus tard, en dévorant de délicieuses bhakris avec ma sœur, Veenu, je découvris que l’on pouvait facilement trouver du ragi à Mumbai et que celui-ci était localement connu sous le nom de nachni. Le seul problème qui restait maintenant, c’était de le manger, en fait ! Quand on le cuisait, cela devenait une masse épaisse et glutineuse et il fallait des pouvoirs divins pour l’avaler ! C’était le repas typique de Swami. Une dame âgée de l’ashram fit observer pertinemment : ‘’Il n’y a que Swami qui peut manger du ragi ! Il est Dieu, il peut tout faire !’’

La vie était alors unidimensionnelle, Sai étant le principal centre d’intérêt. Rien d’autre ne pouvait retenir mon attention pendant longtemps. Tout me paraissait superficiel, si je comparais avec la vie intérieure riche que je vivais. Chaque aube nouvelle se pointait, porteuse de nouveauté et de fraîcheur, avec quelque chose à apprendre ― quelque sagesse à acquérir, quelque compréhension à glaner, ou simplement des moments bienheureux passés à ressasser la pensée de Sai. Il s’agissait effectivement d’une pensée irrésistible que je pouvais ressasser indéfiniment. Techniquement, ceci s’appelle namasmarana ou la récitation d’un saint Nom, comme discipline spirituelle. Swami insiste beaucoup là-dessus, puisque c’est la sadhana qui est prescrite pour le Kali Yuga. Dans cet Âge de Fer, nous nous sommes tellement éloignés d’un mode de vie spirituel que les dieux ne demandent pas que nous endurions des pénitences harassantes, ni de rudes austérités. Simplement réciter le saint Nom suffit pour obtenir la grâce divine. L’avantage d’être né dans le Kali Yuga est précisément celui-ci : la Réalisation divine devient beaucoup plus facile et elle est à la portée de tout le monde, car qu’y a-t-il de plus simple que d’adopter le Nom ? Néanmoins, les distractions de maya dans le Kali 5 Egalement appelé ‘’éleusine’’.

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Yuga sont pléthoriques et même la récitation du Nom devient une charge. Les films, les amis, les livres, les portables, les sorties, les clubs, la télévision, Internet…Il y a tant d’autres choses à faire ! Qui a donc le temps de pratiquer namasmarana ? Malgré tout, mon désir de plaire à Swami était intense et j’étais prête à tout pour gagner son amour et donc, matin, midi et soir, je restais assise avec un japamala à réciter sincèrement Sairam, Sairam, Sairam…Ce qui débuta comme une tâche contraignante se mua rapidement en une occupation réjouissante.

Une autre pratique que Swami recommande vivement, c’est le likhita japa ou écrire le Nom choisi de manière répétitive, comme sadhana. Naturellement, je me lançai aussi dans ce mode de prière en remplissant proprement cahier après cahier de mon Nom préféré, Sairam ! Cela s’avéra être un excellent terrain de formation pour concentrer et tranquilliser l’esprit. Si un certain jour, mon esprit était trop capricieux à contrôler par la récitation mentale, alors il était beaucoup plus simple de le contenir à l’aide du likhita japa. M’engager consciemment à écrire le Nom servait à stabiliser mon terrain intérieur et toute agitation s’estompait assez rapidement.

Au fil du temps, je réalisai que la répétition consciente du Nom n’était plus nécessaire, car celle-ci était devenue un courant souterrain qui imprégnait ma conscience. Toutes ces années de psalmodie avaient porté leurs fruits et je me surprenais souvent à réciter intérieurement ‘’Sairam, Sairam, Sairam…’’, même sans psalmodier consciemment à l’aide d’un japamala. Certaines nuits, même durant mon sommeil, j’étais consciente du namasmarana qui se poursuivait dans un courant ininterrompu. Il avait pénétré mon subconscient. Un des plus grands bénéfices qui me revint en résultat de namasmarana fut qu’au fil des ans, je trouvai de plus en plus aisé de contrôler mes pensées. L’esprit a tendance à sombrer dans les pensées erronées. Il oscille facilement entre les préférences et les aversions. Les jugements colorent nos perceptions et parfois, un torrent de pensées turbulentes, indisciplinées et rebelles balaye et emporte tout équilibre et nous laisse nous débattre dans le désespoir. Je découvris que le moyen le plus facile pour court-circuiter les pensées négatives était de changer de focus et de commencer à réciter le Nom. L’esprit a immédiatement quelque chose à faire et ne se préoccupe plus de condamner ou de louer, d’apprécier ou de détester, de juger ou de soupeser. Il est heureux de glisser dans un courant stable de namasmarana…Sairam, Sairam, Sairam, Sairam… et tout le reste se dissipe dans l’oubli.

Mon esprit était déjà captivé par la forme de Sai et maintenant, je savourais son Nom sur ma langue et entre les deux, j’existais, bienheureuse, dans un océan deFélicité.

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CHAPITRE 10 : ENVOYER DE L’AMOURDurant pratiquement toutes mes années de croissance, il y avait un cuisinier qui était à notre service à la maison et il régnait entre nous un équilibre fragile. Enfant, je n’appréciais pas sa manière de chagriner les autres membres du personnel qui se situaient plus bas dans la hiérarchie. Parfois, il s’en prenait même à ma cousine et à moi en nous embêtant au milieu de nos jeux d’enfants et pendant mon adolescence, je me mis à haïr cet homme.

J’étais en train de devenir une jeune femme et malheureusement, la première personne qui remarqua ce changement, ce fut notre cuisinier. J’étais encore une enfant, lorsqu’il se mit à envahir mon espace personnel et à porter atteinte à ma vie privée. Tout d’abord décontenancée et puis mortifiée, j’ignorais comment faire face à un tel développement. Je ne me sentais plus en sécurité dans ma propre maison…un endroit plein de coins et de recoins construit à l’époque coloniale. Cet ancien petit paradis de confort et de convivialité familiale était maintenant troublé par une menace, puisque cet homme pouvait rôder n’importe où avec ses gestes suggestifs et ses regards lubriques. J’entrepris alors de me retirer dans la sécurité de ma chambre pendant des périodes de plus en plus longues afin d’éviter les rencontres fortuites et accidentelles avec mon harceleur.

Maintenant, pourquoi ne pas avoir mis mes parents au courant de cette situation malheureuse ? Bonne question ! D’abord, je n’étais pas suffisamment proche d’eux que pour leur confier quelque chose de cette nature. Ils étaient comme des grands-parents affectueux, concernés à distance, mais guère impliqués activement dans ma vie, ceci étant dû à la grande différence d’âge qui existait entre nous. Deuxièmement, mon père avait un tempérament plutôt volatil et explosif. Il perdait rarement son sang-froid, mais que Dieu protège celui qui devait être la cible de sa colère ! Si mon père avait appris la vérité, il n’aurait pas épargné cet homme. Je pense même qu’il aurait pu sortir son révolver pour le tuer ! Quant à mes sœurs, elles étaient comme des fées et des marraines qui descendaient pendant les vacances en apportant leurs cadeaux et leur amour, et pendant quelques jours, la vie frémissait d’enthousiasme et de rires, et puis elles s’en retournaient dans leurs mondes enchantés, avec très peu de contact entre nous.

Comme d’habitude, je me tournai vers Swami afin qu’Il m’aide, mais son conseil me laissa pantoise et le souffle coupé ! Lorsque je lui demandai comment faire face à la situation, il me répondit : ‘’Envoie-lui de l’amour !’’

J’étais abasourdie et sous le choc. Qu’est-ce que Swami était en train de raconter ? Comprenait-il seulement l’horreur que je ressentais à l’entour de cet homme ? Et Swami voulait que je lui envoie de l’amour ? C’était hors de question ! En outre, comment envoyait-on de l’amour ? Non ! Je n’étais pas à la hauteur de la tâche et je pensais que c’était pousser le

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bouchon de l’amour et du pardon un peu trop loin. Je ne pouvais franchement pas en trouver dans mon cœur. Je ne pouvais entretenir aucune émotion charitable à l’égard d’un homme que je méprisais et encore moins lui envoyer de l’amour !

Les choses continuèrent ainsi pendant quelques années. Même s’il ne m’infligea jamais aucun dommage corporel, mon psychisme était marqué. En grandissant, je devins plus forte en moi-même, j’érigeai des barrières psychologiques et physiques et je faisais toujours attention à ne jamais être prise dans une situation où je me trouverais seule. Maintenant, il restait généralement à sa place sans prendre réellement des libertés, mais même ainsi, sa seule présence dans la maison me gênait aux entournures. Je n’arrivais pas à me détendre complètement dans ma propre maison. J’étais toujours sur le qui-vive et soucieuse d’éviter le moindre contact fortuit et accidentel. Je souhaitais parfois qu’il s’en aille, de tout mon cœur, mais cela faisait plus de vingt ans qu’il était notre employé et il paraissait vissé à son poste.

Un jour que je feuilletais mon journal intime, je retombai sur le message que Swami m’avait donné : ‘’Envoie-lui de l’amour !’’ Eh bien, j’étais à présent un peu plus âgée et plus sage et les premiers sentiments d’extrême négativité s’étaient quelque peu calmés et ainsi, je décidai d’essayer. Chaque soir, je m’asseyais dans la pièce réservée à la puja devant la photo de Swami et je tentais malhabilement d’envoyer de l’amour. Je n’avais aucun modèle pour apprendre et c’était juste une affaire bancale de m’asseoir là et de me soutenir à moi-même et à Swami qu’OK, j’envoyais de l’amour !

Eh bien, l’intention est ce qui meut le monde. L’amour fait réellement tourner le monde. Nous ne comprenons pas les pouvoirs de ce mot unique – amour – mais j’en fis par moi-même l’expérience via cet épisode curieux. Quelques semaines après avoir entrepris cet effort journalier, un beau jour, le cuisinier alla trouver mes parents pour leur signaler qu’il quittait son emploi. Comme cela et sans crier gare ! Il n’y avait eu aucun incident extérieur pour précipiter cette action. Aucune lettre, ni aucun désaccord avec ses employeurs, ni aucune altercation avec d’autres membres du personnel. Peut-être qu’à un niveau profond, son âme avait senti un changement dans mon attitude. Je ne comprenais pas le mécanisme, mais j’étais ravie et folle de joie et c’est le moins que l’on puisse écrire. Ma famille paraissait affectée par cette tournure brutale et inopinée des événements, car où allions-nous trouver un remplaçant ? C’était un cuisinier tellement efficace, si bien versé dans les préférences et les aversions de tous les membres de la famille, ainsi qu’un homme à tout faire dans toute la maison, par-dessus le marché et maintenant, il voulait partir sans aucune raison apparente. C’était réellement ennuyeux !!!

Secrètement, j’exultais ! Ce fut une sorte de libération. Je pouvais maintenant me déplacer tout autour de la maison sans plus ressentir aucune crainte et la délivrance de ne plus être confrontée à son énergie qui me rendait mal à l’aise était jubilatoire. Je pouvais difficilement croire

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la chance qui était la mienne, mais dans le tréfonds de mon cœur, je savais qu’il n’était nullement question de chance. Swami opérait de l’une de ses manières mystérieuses et subtiles. Lorsque je me suis tournée vers lui pour obtenir son aide, il aurait pu facilement me dire : ‘’Parles-en à tes parents.’’ Cela aurait été une approche plus raisonnable,, mais clairement pas la plus bénéfique. Les drames qui se jouent dans nos vies ont souvent une origine karmique. Je vivais dans une zone obscure avec cette personne et cela impliquait ‘’quelque chose’’ d’inachevé entre nous.

Même si nous n’avons pas beaucoup de contrôle par rapport à la façon dont nos vies se déroulent, nous pouvons tout de même contrôler comment nous choisissons de réagir. Généralement, nous réagissons aveuglément à partir d’une posture de rage et de blâme, mais en lieu et place, si nous répondons avec amour et compréhension, le cercle vicieux du karma est brisé et nos malheurs cessent. Seul l’amour est suffisamment puissant pour briser les liens contraignants du karma, étant l’énergie la plus élevée de l’univers. Ceci fut la démonstration pratique de sa puissance incroyable dans ma vie. En lui envoyant de l’amour, mon âme communiqua à son âme que le jeu était terminé. Si j’avais continué à le haïr, une puissante énergie émotionnelle se serait de nouveau accumulée entre nous, avec moi qui voudrait me venger dans ma prochaine vie, et puis lui qui voudrait me rendre la pareille dans la vie suivante, etc., etc., et nous serions ainsi enchaînés dans un cycle de représailles sans fin. L’amour a brisé ce cycle. Ne nourrissant plus aucun désir de me venger de lui, il n’y avait plus aucune raison pour qu’il continue de demeurer dans ma vie, aussi était-il parti et j’étais libre.

Plus tard, au fil de mes explorations spirituelles, je lus de nombreux livres qui expliquaient avec moult détails la pratique d’envoyer de l’amour. J’appris même une méditation profitable où vous imaginez vos ennemis assis devant vous et où vous leur envoyez de la lumière rose. Le rose, c’est la couleur de l’amour et donc, cela équivaut à leur envoyer de l’amour et neutralise ainsi l’énergie négative.

‘’Vous pensez être Dieu, vous êtes Dieu. Vous pensez être poussière, vous êtes poussière. On devient ce que l’on pense. On récolte ce que l’on sème. Le développement spirituel ne pousse pas à partir des semences des plaisirs terrestres. Chaque action

qui prend la forme du mal ou de la haine constitue une perte, mais toute pensée ou tout acte de haine ou de représailles qui est contrôlé tournera en votre faveur. Nous ne perdons rien en nous contrôlant et gagnons infiniment plus que nous ne le suspectons.

Chaque fois que nous neutralisons de la haine ou de la colère, c’est de la bonne énergie qui s’accumule en notre faveur et cette

énergie se transmute en puissances supérieures.’’

Sri Sathya Sai Baba

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CHAPITRE 11 : PÉRÉGRINATIONS MAGIQUESOn pense que le darshan, c’est-à-dire la vision d’un saint, confère beaucoup de mérites, car la simple contemplation d’un saint peut engendrer une modification subtile de la conscience. Le guru confère la grâce de trois manières : par le darshan (ou la vision d’un saint) ; par sparshan (ou le toucher), d’où la pratique courante de toucher les pieds du guru ; et par sambhashan, via laquelle le guru prodigue de l’énergie par les paroles qu’il prononce. Si sparshan et sambhashan sont relativement compliqués à obtenir, le darshan s’obtient très facilement.

Des fidèles du monde entier visitaient en masse l’ashram de Swami pour obtenir la précieuse vision de leur Seigneur et plus souvent qu’à leur tour, ils rentraient chez eux sans aucune interaction directe avec Swami et s’ils avaient la chance de recevoir un regard ou un sourire, ils se sentaient supérieurement bénis. Le plus merveilleux dans tout cela, c’est que sans aucun contact évident, chaque fidèle s’en retournait comblé et généralement avec une petite histoire quant à la façon dont Swami lui était venu en aide d’une manière particulière et individuelle.

Ma sœur, Shammi, et moi, nous avions pris l’habitude délicieuse de filer à Puttaparthi, au pied levé. C’était des jours d’exultation sauvage et j’existais d’escapade en escapade. Je m’interrogeais souvent par rapport à ce désir intense de darshan. Était-il approprié ou pas ? Devais-je tenter de réfréner ce désir ou me fondre dans cette aspiration unique ? En réalité, toutes ces questions étaient futiles, puisque personne ne mettait jamais le pied à Prasanthi Nilayam, si ce n’était pas la volonté de Swami. Si vous n’étiez pas appelé, vous pouviez bien remuer le ciel et la terre, mais vous n’arriveriez pas à Prasanthi, et à l’inverse, si vous étiez appelé, vous pouviez vous retrouver à l’ashram, comme par magie.

Le darshan était parfois la dernière chose que j’avais en tête et cependant, je me retrouverais à l’ashram sans le moindre effort de ma part. Tout se mettait simplement en place. En d’autres temps, en dépit de mes meilleurs efforts, j’échouai lamentablement à avoir un darshan et en d’autres occasions, il me prévint de ne pas venir à l’ashram via un message direct ou un rêve.

Les voies de Sai sont impénétrables. Avec le temps, j’appris à me soumettre tranquillement à sa volonté. Il s’agit non seulement d’un signe de lâcher-prise ou de renoncement, un préalable indispensable dans la relation guru/sishya, mais c’est également toujours la manière de procéder la plus sage, car au vu du déroulement des événements, je le

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remercie chaque fois ultérieurement, chaque fois qu’il m’empêche de m’aventurer dans un plan d’action désiré. Depuis sa position privilégiée, il peut voir l’avenir et donc fournir de précieux conseils. Bien entendu, il revient toujours au fidèle de choisir de suivre ou non ces indications.

Le darshan nous portait aux nues. C’était des jours remplis d’une joie pure et sans mélange. Rien n’avait de l’importance, hormis arriver à Puttaparthi et à nouveau expérimenter la félicité du darshan. C’était ma lune de miel et heureusement pour moi, elle coïncidait parfaitement avec la dévotion grandissante de Shammi. Ainsi, j’avais une compagne volontaire avec laquelle organiser ces escapades magiques. Globalement, il n’y avait aucun souci pressant dans ma vie à l’époque. Les tests et les tribulations du périple spirituel n’avaient pas encore montré leurs redoutables crocs.

Nos journées à Puttaparthi étaient pareilles à des pique-niques. Comblées d’une joie intérieure, nous riions et nous faisions joyeusement la navette. L’unique objectif de ces excursions était de savourer des yeux notre Sai et nous baigner dans son aura rayonnante et dans son amour, et il se montrait fort généreux et gracieux. Ses sourires et ses regards ne manquaient pas et nous étions sous le charme de son exquise beauté. Une telle interaction était remarquable, si l’on considère que nous n’étions que deux jeunes filles insignifiantes dans les rangs. Néanmoins, nous nous retrouvâmes toujours à la bonne place au bon moment et donc, dans le champ de vision direct de notre Sai.

Tous ceux qui ont jamais visité Puttaparthi ont connaissance des grandes foules qui se rassemblaient quotidiennement pour le darshan et donc, la proximité physique semblait être un rêve inaccessible, particulièrement pour nous deux qui n’avions rien du tout pour nous recommander, si ce n’est notre dévotion intense. En dépit de cela, chaque darshan s’avéra être mémorable, que ce soit grâce à un regard ou à un sourire qui nous était adressé. Je crois que ceci était dû à une bénédiction directe du Seigneur Ganesha qui écarte tous les obstacles. Tous les matins, nous priions Ganesha avec ferveur, en l’implorant de bien vouloir écarter tous les obstacles et de nous bénir par l’entremise d’une interaction intérieure et extérieure douce et affectueuse. C’était une prière prononcée avec le plus grand soin. En effet, j’avais déjà pu constater que les fidèles qui jouissaient d’une grâce énorme sur le plan intérieur étaient souvent éloignés de la forme, alors que les fidèles qui étaient proches de Swami au niveau de la forme semblaient ignorer toutes les voies par l’entremise desquelles Swami contactaient ses fidèles sur le plan intérieur.

Eh bien, je n’avais pas l’intention de louper quelque chose et je voulais les deux ! Nous harcelâmes quasiment le Seigneur Ganesha en effectuant parikrama6 après parikrama, en usant nos talons et en priant de tout notre cœur et c’est ainsi que voyage après voyage, nous pûmes baigner dans l’attention subtile et immensément douce de notre Bien-Aimé. Ce fut une période enchantée. 6 Circumambulation via laquelle le fidèle manifeste sa vénération d'un temple ou d'une divinité.

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A côté de cela, le dialogue intérieur avec Sai battait son plein. Swami nous invite à entretenir un dialogue intérieur avec lui dans notre cœur et à communiquer avec lui, comme avec un vieil ami.

‘’Qui est-ce que vous louez ? Si vous voulez gagner l’amitié d’une personne, quand celle-ci vient vous rendre visite, vous vous répandez en formalités pour qu’elle se sente bien disposée à votre égard. Vous vous montrez très respectueux et vous la

traitez avec beaucoup de politesses, mais c’est fort différent, quand vous recevez un vieil ami. Il n’y a pas besoin de vous

perdre dans des expressions rhétoriques, ni de verser dans des attitudes stéréotypées. Chaque parole que vous adressez à votre ami témoigne de votre proximité et de votre amour et c’est ainsi

que vous devriez vous adresser à Dieu. Il est votre ami le plus proche et le plus intime. Ne vous livrez-pas à des expressions

serviles et considérez le Seigneur comme votre meilleur Ami. Vous Lui procurerez une joie immense, si vous Le considérez comme

Celui qui est le plus proche de vous et qui vous est le plus cher et si vous permettez à vos sentiments d’amour et de ferveur de

s’écouler librement plutôt que de vous tourner vers Lui en utilisant des expressions pompeuses et affectées.’’

Sri Sathya Sai Baba

Et c’est ainsi qu’en dépit des milliers de personnes présentes, il nous semblait toujours que le darshan n’était destiné qu’à notre seule bénéfice, comme si une ligne directe et personnelle nous reliait à Swami et qu’elle lui transmettait tous nos espoirs innocents et chaque mesure qu’il prenait était une réponse à cet égard ! Cette lîla innocente se jouait sur le fond infini de sa divinité et cette lîla nous comblait.

J’ai fidèlement gardé une trace écrite de nos darshans et voici donc quelques extraits tirés de mon journal intime :

Septembre 1994.

C’est début septembre que Shammi et moi, nous partîmes à Whitefield à bord de l’Udyan Express. Nous étions survoltées et tout ce qui était relié de près ou de loin à Swami nous procurait des frissons. Oui, il s’agissait bien d’une folie, dans un certain sens, mais d’une folie bienvenue !

Après être arrivées à Whitefield, nous prîmes rapidement une douche avant de faire la file pour notre premier darshan…et quelle déception ce fût ! Pour commencer, je n’appréciais pas du tout le toit en fibre de verre qui couvrait maintenant la zone ou l’on s’asseyait. Il ne fait aucun doute que celui-ci avait été monté pour le plus grand confort des fidèles et pour les protéger contre les éléments, mais les darshans en plein air me manquaient avec les jeux de lumière qui touchaient Swami. Qui plus est, depuis l’endroit où nous étions assises, ce n’était qu’une petite tache et il

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nous donna un darshan qui dura à peine deux minutes ou du moins, c’est ce qui me semblait ! Inutile de dire que nous sortîmes de là en nous sentant découragées.

Malgré notre déconvenue, nous fûmes promptes à remarquer un buzz d’excitation qui faisait le tour de l’ashram. Il y avait une forte rumeur selon laquelle Swami partirait à Prasanthi Nilayam le lendemain. ‘’Aimez mon incertitude !’’ est l’une des expressions favorites de Swami – et celle-ci n’est jamais plus applicable qu’à ses projets de déplacement ! Personne n’était jamais absolument certain qu’il partirait réellement le lendemain, car il pouvait très bien changer d’avis. Pour ajouter à ce mélange d’intrigue, d’hypothèses et de conjectures, on pouvait compter en plus sur l’espièglerie et sur les facéties de Swami. Apparemment, il partit une fois ostensiblement pour Puttaparthi avec tout son entourage et tout Whitefield se mit bientôt en branle dans un grand exode de masse, mais quelques heures plus tard, Swami retourna cocassement à Whitefield au bout de ce qui fut sans doute une longue balade.

A l’extérieur de l’ashram, il régnait une activité frénétique, puisque tout le monde essayait d’organiser son transfert vers Puttaparthi par le biais de n’importe quel moyen de transport – autocar, autobus, voiture, taxi…Lorsque nous arrivâmes au service des réservations, il n’y avait plus une seule place, quel que soit le moyen de transport, mais au bout de quelques prières fiévreuses, nous réussîmes quand même à nous trouver un taxi.

Le lendemain matin, nous fîmes à nouveau les lignes pour le darshan et Shammi et moi, nous fûmes séparées dans la ruée et la bousculade pour les places. Je me retrouvai au premier rang, flanquée par deux étrangères. Tandis que je m’apprêtais à m’asseoir, pleine de bonne volonté et remplie de joie, une de ces ‘’dames’’ me saisit par un bras et me repoussa en disant : ‘’Non, non ! Vous ne pouvez pas vous asseoir ici !’’ Son ton était tellement belliqueux que je me tournai vers elle et que je lui répondis sèchement : ‘’Ne poussez pas, s’il vous plaît ! Je m’en vais.’’ Je m’éloignai vivement alors vers une autre section près d’une aile, même si je devais renoncer à une place au premier rang. Après un tel échange virulent, j’étais certaine que Swami ne viendrait pas par-là, puisque cette petite zone d’énergie négative ne manquerait pas de le rebuter.

Alors que je m’asseyais à ma nouvelle place, je vis du mouvement parmi ses étudiants et j’en déduisis correctement que notre Seigneur approchait…

Et donc, il apparut en entrant par le centre du hall, radieux sous la lumière du soleil qui tombait si admirablement sur lui. Le monde cessa de tourner. J’étais captivée par cette vision splendide de Sai qui circulait si gentiment parmi nous en répandant son amour et sa lumière sur tout le monde. Il déambulait lentement entre les rangs disciplinés des fidèles – jetant un coup d’œil par-ci, un regard amusé par-là, prononçant quelques paroles gentilles ou distribuant une tape amicale. Il s’approchait maintenant de

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notre section et je retins mon souffle, anticipant délicieusement. Allait-il encore se rapprocher ? Mon cœur battait la chamade. Oui…il se rapprochait…de plus en plus près…et il s’arrêta à quelques pas et lança des friandises offertes par une dame toute proche.

Je sentis un bonbon qui me percuta. Tout autour de moi, les femmes tendaient la main pour tenter de grappiller leur prasad et moi aussi, je regardai par terre pour m’emparer du bonbon qui gisait sur le sol. Quelle idiote ! J’aurais dû garder les yeux sur lui et pas sur un stupide bonbon. C’était une excellente opportunité pour établir un contact visuel – cette merveilleuse connexion via laquelle un maximum d’énergie est transférée du guru au fidèle. Chaque fois que j’ai eu la chance de tenir son regard, même brièvement, j’ai ressenti une profonde satisfaction qui dépasse de loin toutes les autres interactions. J’avais manqué cette chance, cette fois-ci, mais j’avais également appris ma leçon. A l’avenir, quoi qu’il en soit, je garderais les yeux fixés sur le seul objectif de ma vie.

Le point suivant à l’agenda, c’était d’attendre nos amies, Shanti et Mme Damani qui arriveraient ce matin-là et donc, nous prîmes notre petit-déjeuner, puis nous jetâmes un coup d’œil dans la librairie et nous flânâmes dans les environs et pendant ce temps-là, une migration massive s’opérait. Il y avait un flux continu de gens qui quittaient Whitefield en voiture, en bus, en camionnette, en scooter et à vélo, et il régnait partout une activité frénétique avec les vendeurs qui fermaient leurs magasins, les restaurateurs qui tiraient leurs volets et les fidèles qui réglaient leurs notes et quittaient leurs hôtels.

Shanti et Mme Damani arrivèrent et furent mises au courant de la situation. Elles allèrent se rafraîchir, tandis que Shammi et moi, nous trimballâmes nos bagages jusqu’au taxi qui attendait. Nous désirions partir le plus vite possible afin de ne pas rater le darshan de l’après-midi à Puttaparthi. C’est alors que je remarquai une certaine agitation près du portail de l’ashram. Curieuses comme nous l’étions, nous allâmes rapidement jusque-là pour voir ce qu’il en était. Nous avions de la chance ! Swami allait partir pour Puttaparthi et sa voiture passerait bientôt !

Très excitées par l’idée d’un darshan supplémentaire, nous nous rangeâmes au bord de la route en compagnie d’une foule hétéroclite de gens. Il y avait des mendiants et des gamins, des conducteurs de car, des vendeurs, des fidèles posés, d’un blanc immaculés, un groupe d’étrangers hauts en couleur et même quelques chiens errants, et tous attendaient pour apercevoir leur bien-aimé Baba. Peu de temps après, la voiture de Swami franchit le portail. Il était assis à l’intérieur et il semblait ignorer l’excitation sauvage dans nos cœurs. Un homme lança une noix de coco sur la route en guise d’offrande. Celle-ci se brisa en deux et la foule s’écria alors avec jubilation ‘’Sai Baba ki jai !’’ Emportée par l’énergie exultante de la foule, je levai moi aussi un bras au ciel en signe de victoire et je laissai échapper un très sonore et très vibrant, mais guère distingué ‘’Jai !’’

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Pour finir, nous aussi nous nous mîmes en route, ravies à la perspective de suivre Swami jusqu’à Puttaparthi, à l’image de centaines de fidèles qui l’avaient fait des centaines de fois auparavant. Cela attestait que nous étions des dévotes authentiques et loyales ! Dans la voiture, nous chantions des bhajans à tue-tête. Notre amour pour Swami nous reliait tous d’une manière spéciale. Nous faisions partie de la même mission et nous n’avions qu’un seul objectif : Swami ! Un sentiment d’unité imprégnait le groupe et nous nous entendions comme larrons en foire.

La route qui conduisait à Puttaparthi était brûlante et poussiéreuse et nos voix furent rapidement enrouées. En arrivant aux alentours de Puttaparthi, nous étions bonnes pour une surprise. Des bannières de bienvenue bordaient les rues et il y avait un cœur énorme avec le message ‘’Bienvenue chez Toi, Swami, Tu nous as manqué !’’ qui claquait au vent, car c’était au bout d’une absence de quatre longs mois que Swami avait remis le pied à Puttaparthi et la liesse des étudiants et des résidents était irrépressible. Les rues étaient joyeusement décorées avec des banderoles et des pancartes. Sur une pancarte en forme de cœur, on pouvait lire : ‘’LA VOIE DU CŒUR !’’ et une autre implorait Mère Sai de ne plus jamais abandonner ainsi ses enfants.

Notre taxi s’arrêta juste à l’extérieur des grilles de l’ashram. Shammi entra dans un café-restaurant pour prendre une boisson fraîche et elle buta contre un fidèle Sai de Mumbai. Etant donné que nous n’avions pas de logement, ce gentleman déjà âgé nous escorta gentiment jusqu’à son hôtel qu’il recommanda comme un endroit convenable où séjourner. Nous nous rafraîchîmes rapidement, avant de nous diriger vers l’ashram pour le darshan de l’après-midi.

Une fois entrée, je m’agenouillai devant l’imposante statue du Seigneur Ganesha à l’entrée de l’ashram. Je souhaitais obtenir son aide pour me rapprocher de Swami. Ganesha se montra très coopératif. Il jouait un rôle capital dans nos excursions à Puttaparthi. Tous les matins, nous priions Ganesha pour qu’Il enlève tous les obstacles sur notre chemin vers Swami et miraculeusement, nous obtenions toujours des darshans rapprochés de notre Sai, peu importe le numéro de la file que nous tirions au sort !

A 16 heures, des accords musicaux résonnèrent et Sai apparut. Tout Prasanthi Nilayam était là pour l’accueillir. Swami semblait lui aussi heureux d’être de retour. Il donna un long darshan en consacrant énormément de temps sur place afin que chacun puisse se délecter à sa vue jusqu’à satiété.

Le lendemain matin fut mémorable. Je participais pour la première fois à la célébration d’une fête à Puttaparthi. Je me levai tôt, je pris mon bain avant de me rendre auprès du Seigneur Ganesha. C’était le premier jour consacré aux célébrations de Ganesha Chaturti. Je m’inclinai devant lui et je le priai de bien vouloir m’apporter son aide pour recevoir l’amour de mon Seigneur Sai : ‘’Puissiez-vous nous bénir d’une tendre et affectueuse interaction avec notre Seigneur Sai sur les plans intérieur et extérieur.’’

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C’était le mantra sincère que je psalmodiais continuellement. Mon cœur aspirait à une proximité sur les plans intérieur et extérieur. C’est avec cette idée en tête que je formulais mes prières. Mon cœur ne voulait jamais un avantage matériel, mais toujours une ‘’interaction’’, ces quelques rares moments bénis dans le temps où de l’énergie concentrée et ciblée circulait entre notre Sai et nous ! En effet, rien ne me paraissait plus précieux qu’un regard, un coup d’œil, un sourire, une parole affectueuse ou la reconnaissance de mon existence, tous remplis d’un pouvoir particulier vibrant et délicieux. En réalité, le contact le plus anodin avec Swami pouvait transformer un moment mondain en instant magique. Nous étions continuellement suspendues à chacune de ses paroles, à chacun de ses regards, à chacun de ses gestes et nous vivions en état d’alerte pour capter la moindre indication qui nous serait destinée.

Ce matin-là, le temple était festonné de fleurs. Il y avait une foule énorme et notre file ne fut que l’avant-dernière à pouvoir entrer dans l’enceinte du temple, mais c’était son dessein et même si nous étions assises au loin, nous jouissions d’une excellente vue sur le fauteuil de Swami. Un fauteuil pivotant avait été disposé sur la véranda et Swami resta assis dans ce fauteuil pendant toute la durée du programme. Ses étudiants chantèrent des bhajans de leurs voix vibrantes, ce qui couplé à la vision de Swami qui pivotait allégrement sur son siège me submergea et je versai rapidement des larmes de joie.

Ce soir-là, Swami prononça un discours dans le Poornachandra Hall et quand je sortis après son discours, je vis que tout le monde se précipitait vers le mandir. Apparemment, Swami donnait un darshan supplémentaire et effectivement, il était bien là, s’approchant de nouveau du mandir où ses étudiants l’attendaient patiemment. Après avoir passé un peu de temps auprès d’eux, il se retira pour la nuit, mais le petit extra n’était pas encore terminé, puisqu’il sortit encore sur son balcon pendant quelques minutes pour offrir à ses enfants un petit plaisir supplémentaire.

Le lendemain matin, nous étions de nouveau en bout de file et un coin particulier devint notre place durant tout ce voyage. A maintes reprises, nous nous retrouvâmes reléguées à cet endroit, mais le bon côté de l’histoire, c’est que Swami venait quasiment toujours jusqu’à nous. Et donc, nous étions à nouveau là, à notre ‘’poste’’, quand Swami arriva ce matin-là, frais comme une rose. Nos cœurs battaient la chamade. Allait-il venir par ici ou suivrait-il son itinéraire habituel ? Il sembla d’abord suivre son itinéraire habituel, mais... Aaaahh ! Qu’en était-il, maintenant ? Il avait changé d’avis et il venait vers nous ! Oh, quelle félicité ! Une matinée merveilleuse et un darshan rapproché ! Pendant longtemps, il regarda dans la direction opposée, puis il tourna lentement la tête et il me lança un regard profond et perçant.

Les regards de Swami étaient une sorte de nourriture. Ils rassérénaient l’âme. Ils véhiculaient un étrange réconfort. Ils maintenaient notre énergie et notre moral au zénith. Nous l’ignorions alors, mais ce n’était qu’un moyen de répandre sa grâce. Ultérieurement, je lus dans des livres sacrés

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que l’un des moyens les plus efficaces pour conférer la grâce se fait par l’entremise du regard du guru, cet instant silencieux de contact visuel où rien n’est dit, mais où beaucoup est transmis.

Cet après-mdi-là, je reçus un darshan spectaculaire. Dès l’instant où je fis la file à l’extérieur du mandir, la fragrance du chandan me submergea. Des bouffées d’air parfumé assaillirent mes narines. Elles étaient fortes et tenaces et elles persistèrent durant tout l’après-midi. J’étais assise au troisième rang, ce jour-là. Swami arriva avec un sourire qui jouait sur ses lèvres. Quand il invita des gens à l’intérieur pour une entrevue, je me glissai lentement jusqu’au deuxième rang et juste devant moi, il y avait une petite ouverture. Je demandai à la dame à ma gauche de bien vouloir faire un petit peu de place pour que je puisse me faufiler jusqu’au premier rang, mais elle refusa sèchement en arguant du fait qu’elle était âgée et qu’elle ne saurait pas rester assise dans une position inconfortable. J’acceptai son argument comme étant légitime et je me résignai à m’asseoir où j’étais.

Remarquant alors ma mine déconfite, la dame à ma droite me dit très gentiment : ‘’Oh, mais venez ici ! Je vais faire un peu de place pour vous’’ et elle se poussa promptement sur le côté afin d’élargir cette petite ouverture.

Je me faufilai alors en jubilant jusqu’au premier rang. Quelqu’un qui vous fait de la place au premier rang tant convoité, ce n’est pas une occurrence normale, loin de là ! Mais quand il veut quelque chose, qui peut l’en empêcher ? Lorsque Swami sortit de la salle d’entrevue, il se dirigea vers la véranda et me fit face, tout en conversant avec quelques étudiants qui étaient assis là. Une ou deux fois, il regarda dans ma direction, mais j’osai difficilement croire que c’était moi qu’il regardait. Ensuite, il s’éloigna, matérialisa de la vibhuti pour deux personnes, accorda plusieurs padnamaskars, puis il revint sur la véranda et il me fit à nouveau face et cette fois-ci, il me fixa tellement et si longtemps qu’il n’y avait pas d’erreur ! Son regard capta mon regard pendant ce qui me parut être une éternité. Je pouvais ressentir l’énergie qui m’embrasait. Son regard était perçant, fixe et intense. Au bout d’un moment, je me sentis aveuglée par l’intensité de ce regard et même la forme de Swami se brouilla.

Alors même que j’avais l’impression que j’allais craquer, il détourna son regard et je pus me détendre. Toutefois, je tremblais alors, mon cœur tambourinait et ma tête était douloureuse. Pendant longtemps ensuite, je ne pus m’amener à parler, tandis que j’essayais d’assimiler cette énergie et l’importance de ce regard soutenu. On aurait dit que Swami m’avait transmis de l’énergie survoltée par l’entremise de son regard et je tanguais sous l’impact.

Un par un, les jours et les darshans passèrent et nous arrivâmes rapidement à notre dernier darshan. Ce matin-là, nous brisâmes une noix de coco devant Ganesha et nous priâmes pour recevoir ses bénédictions. Même si nous avions hérité d’un numéro horrible dans les lignes du

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darshan, je savais bien tout au fond de moi que Ganesha nous garantirait le meilleur des darshans. Nous étions la dernière file à entrer et nous nous retrouvâmes dans un coin. Alors, je m’approchai d’une sevadal et je lui demandai de bien vouloir nous donner une autre place, puisque nous partions ce soir-là. C’était une dame aimable qui nous plaça au troisième rang, juste à côté de l’entrée.

Nous attendîmes que Swami la fasse, son entrée, mais l’attente fut longue, car ses étudiants présentaient un programme spécial dans le Poornachandra Hall. Des accords musicaux filtraient et on pouvait ressentir une poussée de fièvre dévotionnelle au ton de leur voix. Lorsque Swami fit son apparition, sa divinité était manifestement évidente. Il paraissait flotter sur un nuage avec un regard béatifique et transcendant. Il ne prit aucune lettre, il ne parla à personne et il n’alla même pas jusqu’à la partie des hommes.

‘’Je n’ai pas du tout envie de vous parler, puisque je ne désire que vous communiquer ma joie et entrer en communion avec votre

joie. Cette satisfaction mutuelle est la chose essentielle. Parler et écouter sont secondaires.’’

Sri Sathya Sai Baba

Chargé comme il était de vibrations d’amour, il ne désirait pas communiquer sur le plan terrestre. Quant à moi, le voir dans cet état de pure beauté constituait une bénédiction suffisante. Tout mon amour contenu et tout mon désir trouvèrent un exutoire dans des larmes béatifiques qui jaillirent de mes yeux face à cette vision de l’amour divin en marche…

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