57
Baccara Cédric Baccara Maud Collette Boris Courcier Tiphaine Driancourt Céline Thomasset Céline Van Elslande Elsa PATRIMOINE INDUSTRIEL: Le Familistère Godin à Guise Automne 2001 AR04 Responsable: M. Seitz

PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Baccara CédricBaccara MaudCollette BorisCourcier TiphaineDriancourt CélineThomasset CélineVan Elslande Elsa

PATRIMOINE INDUSTRIEL!:

Le Familistère Godinà Guise

Automne 2001AR04

Responsable!: M. Seitz

Page 2: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 1

Sommaire

PageIntroduction 3

Guise 3Le Familistère 3

Partie méthodologie 5

Choix du sujet 5Recherches bibliographiques 5Entretiens 6Rédaction du rapport 6

I. Historique 7

1. Contexte, genèse du Familistère 7a) L'Utopie matérialisée 7b) Description du Familistère 8c) La vie quotidienne dans le Familistère 8

2. L'après GODIN 9a) Le Familistère de Guise de 1888 à la fin des années 1960 9b) Le Familistère de Guise à partir des années 70 10

II. Vers un projet de réhabilitation 12

1. Etat matériel des lieux 12

2. Constat social et vie au Familistère 14

3. Volonté de réhabiliter 15

III. Le projet UTOPIA 17

1. Genèse du projet UTOPIA 17

Page 3: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 2

2. Le projet UTOPIA 18a) La première phase 19b) La deuxième phase 20c) La troisième phase 20d) La visite 21

3. Impacts (voirie, hôtels, parking, impacts du point de vue politique, social) 22a) La ville 22b) La région 25

Conclusion 29

Critiques 30

Bibliographie 32

Annexes - Entretiens 35

Page 4: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 3

Introduction

GuiseGuise est une commune située dans le département de l'Aisne (02), à 90!km de

Compiègne. On y compte aujourd’hui environ 7!000 habitants.

Cette commune a totalement été ignorée pendant de nombreuses années malgré uneimplantation industrielle assez importante!: les usines GODIN (fabrication de poêle en fonte),les usines SANCERRE (mobilier de bureau métallique), LEGRAND (interrupteur), ainsiqu'une fabrique de porte-manteaux en plastique.

Sur le plan touristique, on peut se promener autour du château de Guise, sur les bordsde l'Oise, visiter le Familistère. Il existe également un parcours d'églises fortifiées auxalentours de la ville.

Le FamilistèreEn 1846, Jean-Baptiste André GODIN s’installe à Guise et avant la fin du XIXème

siècle, il devient le numéro un mondial dans la production de poêles en fonte. Mais GODINn’est pas seulement un grand industriel, il a aussi révolutionné le monde social en créant unepetite ville à côté de Guise. En effet il va mettre au point une société idéale en construisant un“Palais Social”!: le Familistère. Chaque habitant, ingénieur ou ouvrier, dispose du mêmeconfort (eau potable, toilette, vide ordures). On trouve au Familistère un théâtre, une piscine,

Page 5: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 4

un lavoir, deux écoles, une bibliothèque, et des magasins d’approvisionnement (dontl’ensemble est appelé économat).

En 1880, GODIN crée l'Association du Capital et du Travail. Petit à petit, l’usineappartient au personnel. Mais à cause de difficultés économiques, l’Association est dissouteen 1968, entraînant la vente des appartements et le rachat des bâtiments par la ville de Guise.

Aujourd’hui, le Familistère abrite environ 300 familles et est classé monumenthistorique depuis 1991.

La ville de Guise ainsi que la région picarde se penchent sur la revalorisation del’image du Familistère. Ils ont une volonté de faire connaître GODIN et son œuvre, et de faireentrer le Familistère dans le patrimoine historique et culturel de la région. Un projet UTOPIAest actuellement en place pour réhabiliter le Familistère et en faire un grand pôle visitable. Onpeut déjà visiter le Familistère et voir le début de la réhabilitation.

Nous vous proposons dans un premier temps de découvrir plus profondément le passédu Familistère afin de comprendre pourquoi il est nécessaire de le réhabiliter aujourd’hui.Puis nous verrons comment le projet UTOPIA est apparu, et ce qu’il est en détail. Enfin il nefaut pas oublier que ce projet a des impacts sur la ville de Guise, mais aussi sur l’Aisne et surtoute la région picarde.

Page 6: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 5

Méthodologie

Choix du sujetLe thème sous lequel s’est constitué le groupe est le “patrimoine industriel”. Parmi les

sites évoqués le Familistère de Guise a été retenu aux dépends du PASS de Frameries (parcscientifique installé sur un parc minier et aménagé par Jean NOUVEL), le site des Frigos àParis (ancienne entreprise frigorifique) ou bien encore la Biscuiterie Lu de Nantes. Notrechoix s’est porté sur le Familistère de Guise pour sa proximité, pour un certain intérêt grâce àune présentation d’Elsa et un début de documentation (un article de Télérama à l’occasion dela journée du patrimoine et un dépliant présentant l’ensemble).

Recherches bibliographiquesLa première source de livres traitant le sujet du Familistère provient de la BUTC. Ils

nous ont principalement permis de nous informer sur Jean-Baptiste André GODIN et sonœuvre, sur un aspect plus historique du Familistère ainsi que sur les différentes utopies qui ontvu le jour.

Cette première étape a été complétée par des recherches sur Internet nous donnant despistes. Nous avons pu obtenir une grande liste de textes divers et variés ayant été écrits sur leFamilistère (thèse ou doctorat). Malheureusement le manque de références concernant cesdocuments (manque d’informations à propos de l’académie, où les thèses ont été soutenues, etparfois même du nom des auteurs) ne nous a pas permis d'approfondir dans ce sens.

Les documents écrits que nous avons pu lire par la suite proviennent des différentsdossiers, concernant le projet de réhabilitation, que nous avons consultés à la mairie de Guise,dans la bibliothèque de l’Association GODIN, aux Archives départementales de Laon…

Ils ont été complétés par les différents prospectus ou brochures de présentation de larégion picarde, du département de l’Aisne ou de la mairie de Guise. Le POS de la communede Guise, le contrat de plan Etat-Région mis en place par la région picarde, le SchémaRégional de Développement du Tourisme et des Loisirs en Picardie, les cartes sur les zones decroissance démographique de la Picardie et les actions menées en faveur du développementtouristique, sont des documentations fournies par la région sur simple demande ou bienaccessible sur le site Internet de la région.

De nombreux documents n’apparaissent pas dans cette méthodologie car ils ont eu unapport de moindre importance pour l’élaboration de ce rapport. Ils figurent tout de même dansla bibliographie à consulter à la fin du rapport.

Page 7: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 6

EntretiensLors de la visite de Guise nous nous étions aménagés des temps pour rencontrer des

habitants du Familistère (M.!DASSONVILLE, familistèrien depuis sa naissance et ferventadmirateur et défenseur de GODIN, Mme!MARCHAND, 94 ans, familistèrienne depuis1935), ainsi qu’avec le conservateur, M.!PANY, qui est présent à Guise depuis juin 2000.

Ces entretiens ainsi que les rapports du BICFL nous ont poussés à prendre rendez-vous avec M.!PIVIN, qui a réalisé l’étude du projet de réhabilitation au BICFL.M.!BALLIGAND, Député du Département de l’Aisne, est disponible lors de permanencesmais il n’avait pas énormément de temps à nous consacrer, c’est pourquoi nous lui avonstransmis un questionnaire qu’il nous a retourné rapidement. Il en était de même pour le Mairede Guise, M.!CUVELIER, maire depuis 1977, donc à l’origine, entre autres, de laréhabilitation. Nous avons donc dû prendre un rendez-vous personnel, qui nous a beaucoupapporté pour saisir toutes les dimensions du projet.

Tous les comptes-rendus des entretiens sont disponibles en annexe, sous forme denotes.

Rédaction du rapportAprès avoir arrêté un plan relativement complet et détaillé du rapport, nous nous

sommes répartis le travail avec deux ou trois personnes par chapitre, sachant que noussommes un groupe de sept étudiants. Les derniers éléments, à savoir l’entretien avec le maire,avec M.!RAPPIN (responsable du service technique) et le questionnaire du député régionalsont récents et nous ont permis de compléter le rapport.

Au cours de l’avancement de l’étude nous avons pris conscience des impacts d’unetelle réalisation tant sur le point de vue local, au niveau des habitants du Familistère et desguisards, que régional voire même européen. En effet cette réalisation s’inscrit dans unelogique de développement économique et touristique régionale, avec la volonté d’accueillir unpublic venant d’endroits dépassant nos frontières (Benelux par exemple). Avec toutes lesinformations recueillies, nous avions l’impression que cette dimension si importante n’étaitpas perçue partout et par tous, c’est pourquoi nous avons ajouté une partie que nousintitulerons “Critiques” qui réunira les différentes critiques des étudiants participant à cetteétude.

L’outil “mail” a beaucoup été mis à contribution pour l’échange et la circulation detous les documents. Tous les comptes-rendus d’entretiens et des lectures étaient envoyés àchacun. Cela a permis que chaque participant soit au courant de la totalité de l’étude. Leprojet dans son ensemble ainsi que dans son détail était connu et maîtrisé par tous. De même,dans unsouci de cohérence et dans le but de compléter les différents regards, un travail decoordination a été mis en place. Même si les parties ont été réalisées indépendamment lesunes des autres par les étudiants, nous en avons opéré une relecture par tous et non une simplejuxtaposition des divers écrits.

Page 8: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 7

I. Historique

1. Contexte, genèse du FamilistèreLe Familistère est un ensemble de bâtiments qui se trouve dans la ville de Guise, au

Nord de l'Aisne. Il a été imaginé par Jean-Baptiste André GODIN et réalisé en plusieursétapes. Nous allons tout d'abord expliquer comment l'idée du Familistère est née, puis, nous ledécrirons avant de préciser un peu la façon dont on vivait au Familistère.

a) L'Utopie matérialisée

GODIN, le père du Familistère, est né en 1817. Fils d'artisans serruriers, il débute sacarrière en tant qu'ouvrier. Il crée très vite sa propre entreprise et devient rapidement lepremier producteur mondial de poêles en fonte. Cependant, au cours de sa formation, GODINa voyagé et a été frappé par la condition ouvrière. Il ne veut pas oublier d'où il vient et décided'expérimenter un nouveau système de gestion d'entreprise qui permettrait d'améliorer lacondition ouvrière. Pour se faire, il s'inspire des théories de l'Utopie.

L'Utopie est un courant initié en Angleterre par Thomas MORE qui rédigea en 1515L'Utopie, tableau critique de la société anglaise et européenne. MORE imagine un lieu oùserait réalisée l'organisation idéale de l'Etat. L'idée est reprise par l'américain Richard OWENqui crée en 1800 une “entreprise modèle” de 1000 salariés et par Charles FOURIER. C'est en1842 que GODIN découvre les écrits de FOURIER qui préconise une organisation socialefondée sur de petites unités sociales autonomes, les phalanstères. Ces phalanstères sont descoopératives de production et de consommation, dont les membres sont solidaires. PourGODIN, la théorie de FOURIER a deux aspects!: l'un est basé sur une meilleure répartitiondes biens, l'autre recherche l'accord de l'homme et de ses passions. GODIN ne retient quel'aspect économique et social et décide de créer ce qu'il appellera le “Palais social”.

Le “Palais social” revendique plusieurs objectifs. Conçu principalement pour lesouvriers, il doit leur procurer les «!équivalents de la richesse!»1. L'habitat préconisé estcollectif!: pour GODIN, ce type d'habitat permet de résoudre les problèmes car il instaure lesservices communautaires. GODIN dénonce également la ségrégation des cités ouvrières etcondamne les habitations industrielles très en vogue en ce XIXème siècle. Enfin, il veut faciliter

1 Jean-Luc PINOL, Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris, 1982.

Page 9: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 8

l'ascension des ouvriers par l'éducation. Pour cela, il édifie une microsociété modèle danslaquelle il associe «!le Travail, le Capital et le Talent!»2.

b) Description du Familistère

Alors que l'idée du Familistère évolue en fonction des rencontres que fait GODIN, unjardin d'agrément est tout d'abord aménagé autour de l'usine. Il est conçu pour les ouvriers etconstitue un agréable lieu de détente. Ce jardin n'est que l'annonciateur d'une œuvre bien plusimportante.

GODIN ne veut pas construire le Familistère en une étape (annexe 1!: chronologie).C'est pour cette raison qu'il choisit de réaliser trois parallélogrammes reliés par des coursives.La construction du premier parallélogramme permettra de vérifier la bonne organisation dubâtiment et éventuellement, de procéder à des réajustements pour les deux autres.

L'édifice se construit donc autour de trois cours recouvertes d'une verrière. Le projetde GODIN est très ambitieux car il veut offrir à ses ouvriers ce qui se fait de mieux pourl'époque. Il porte une attention particulière à l'éclairage et à l'hygiène. Chaque appartement(annexes 2!: sections des bâtiments du Familistère) est disposé de manière à ce que chaquepièce bénéficie d'un accès direct à la lumière. Une ventilation naturelle permet unrenouvellement d'air régulier et le rafraîchissement des pièces en été. Les verrières sont quantà elles soutenues par une imposante charpente en bois qui utilise les techniques récemmentdéveloppées par l’industrie du métal.

GODIN est minutieux et perfectionniste. Il étudie le moindre détail!: les escaliers sontconstruits de manière à faciliter la montée de chaque habitant, enfant comme adulte. C'estpour cette raison que GODIN conçoit des escaliers de formes semi circulaires (marche étroitepour les enfants côté rampe et plus large pour les adultes de l'autre côté). Les hauteurs demarches sont réduites à 16!cm ce qui est bien inférieur aux hauteurs habituelles et bien moinsfatigant.

Le Familistère n'est pas uniquement un ensemble de logements collectifs. GODINconstruit, parallèlement aux logements des “lieux de services”. Une nourricerie et unpouponnat facilitent le travail des femmes. Des économats proposent aux ouvriers desproduits d'alimentation à bas prix et complètent un ensemble de magasins (épicerie,ameublement et habillement) aménagés au rez-de-chaussée du pavillon central. Le théâtre etles écoles sont réalisés dans un souci d'éduquer les enfants ouvriers et faciliter ainsi leurélévation sociale. Le bloc bain-piscine est quant à lui construit entre l'usine et les habitationsdans un but “hygiénique”. Les ouvriers rentrent ainsi propres chez eux. Cette dispositionfacilite également le chauffage de l'eau par l'usine.

GODIN construira par la suite deux autres pavillons, afin de répondre à la demandedes ouvriers. Ces nouveaux bâtiments élèveront à plus de 700 le nombre de logements conçusdans le Familistère. Le plan général du Familistère et l'équipement dont il dispose font de cetensemble une véritable ville dans la ville de Guise (annexe 3!: plan d'ensemble).

c) La vie quotidienne dans le Familistère 2 Thierry PAQUOT , Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris,1982.

Page 10: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 9

Le Familistère est basé sur le principe de vie communautaire. Chaque habitant estappelé à donner son avis et à participer à la gestion du Familistère. En effet, la gestion se faitpar l'intermédiaire de l'Association du Capital et du Travail, créée le 16 août 1880. Au sein del'Association, il existe plusieurs catégories de membres!: les associés, les sociétaires, lesparticipants et les intéressés qui ne disposent pas des mêmes pouvoirs. La distinction se faitégalement au niveau des revenus car un associé reçoit 2 parts lors de la répartition desrevenus, un sociétaire en reçoit 1,5 alors que tous les autres en reçoivent une seule. Comme lenombre d'ouvriers dans l'usine GODIN est supérieur au nombre de logements dans le “Palaissocial”, ces logements sont attribués au mérite et à l'ancienneté. Or, les associés et lessociétaires doivent obligatoirement vivre dans le Familistère!; ce sont donc ces deux valeurs:le mérite et l'ancienneté, qui conditionnent leurs statuts.

Habiter le Familistère, c'est donc bénéficier des nombreux avantages matériels qu'ilpropose mais c'est également suivre un règlement intérieur très strict. D'ailleurs, l'édifice esttrès décrié lors de sa construction. La polémique vient de la surveillance généralisée. L'entréedans les logements se fait par la cour intérieure si bien que les voisins connaissent lesmoindres va-et-vient. Les toilettes, l'eau courante, les trappes à balayures se trouventuniquement dans des parties communes. Tous les conflits sont réglés devant le jury del'Association. Avant de partir à l'école, les élèves se rassemblent dans la cour du pavilloncentral et chantent des chants patriotiques qui célèbrent le travail et la solidarité. Les épousesnon natives du Familistère doivent d'abord être acceptées par l'Association. GODIN veut queson œuvre serve d'exemple et ne tolère pas les écarts. Mme!MARCHAND témoigne de sonarrivée au Familistère et de la difficulté à être acceptée par les familistériens!: longtemps, elleest restée l’“étrangère” malgré son admission. C'est dans ce sens que l'Association agit. Lesfêtes rythment l'année et constituent la seule ouverture au monde extérieur.

Le Familistère fonctionne donc en autarcie et ne montre à l'extérieur que son visaged'apparat. Cependant, bien que très convoitée, la vie au Familistère ne satisfait pas toujourscar le règlement y est quasiment militaire. Les familistériens n'ont pas de vie privée maissuscitent l'envie et la jalousie chez les guisards ce qui fut parfois l’origine de conflits.

2. L'après GODINLa population a évolué énormément depuis la mort de GODIN. A l’époque on ne

trouvait que des ouvriers de l’usine au Familistère. Aujourd’hui, on n’y vit que pour le faibleloyer. L’évolution s’est faite progressivement. La population, les appartements, les conditionsde vie se sont modifiés petit à petit.

On peut développer deux parties dans la vie du Familistère entre 1888 et aujourd’hui.Premièrement il y a tout le déclin progressif dans l’organisation de la vie familistérienne quise terminent par la dissolution de l’Association Capital-Travail. Ensuite, après 1970, c’est unephase descriptive qui narre la vie au Familistère avant le projet UTOPIA.

a) Le Familistère de Guise de 1888 à la fin des années 1960

De nombreux changements sont apparus depuis la mort de GODIN au Familistère.Tout d’abord, la population a évolué. La première guerre mondiale a tué de nombreuxouvriers!: en 1911, on comptait 1312 habitants au Familistère pour 1046 en 1926. La

Page 11: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 10

population du Familistère est surféminisée et diminue. De plus elle vieillit. En effet, onobserve une baisse du nombre de naissances!: 50 naissances en 1890 pour 15 en 1926. Il estintéressant de noter que la mortalité infantile est plus forte au Familistère que dans le reste dela ville jusque dans les années 1920-1925, malgré les bonnes conditions d’hygiène queGODIN avait instaurées. La cause pourrait venir de la nourricerie qui recevait des enfants quin’étaient pas en âge d’y être admis. Les nourrissons étaient plus sensibles aux maladies quipouvaient circuler à cause de leur bas âge.

Les bâtiments et appartements se sont aussi modifiés. La guerre a détruit des maisonscomme l’aile gauche qui fut reconstruite en 1924. Mais lors de cette reconstruction, il y eutune volonté de créer des appartements plus grands. Par conséquent, ils furent moinsnombreux. Par exemple l’aile gauche contient actuellement 89 logements pour 119 lors de saconstruction (1860). La nourricerie et le pouponnat furent également détruits pendant laguerre, mais non reconstruits. En effet, vu la diminution du nombre d’enfants, le servicepouvait être déplacé dans l’école.

Parallèlement à la diminution du nombre d’appartements, l’usine manquait d’ouvriersà cause des dégâts causés par la guerre. C’est pourquoi, des nouveaux associés ont étéembauchés et ont voulu s’installer au Familistère. Cependant il était impossible de les logercar les appartements étaient tous occupés. C’est pourquoi, des mansardes ont été aménagéespour pouvoir loger une partie des ouvriers. Les autres ont dû s’installer à Guise!: tous lesouvriers ne vivent donc plus au Familistère. C’est une des étapes du déclin de l’œuvre deGODIN. Dans sa conception tous les ouvriers devaient loger au Familistère.

Un autre élément important est la fin de l’Association Capital-Travail en 1968.Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les familistériens pensaient qu’ils faisaient partie del’élite. Leurs nombreux privilèges leurs permettaient de vivre aisément. Pourtant à partir de1950, une politique de bas salaire est appliquée car le partage des bénéfices n’est pluspossible!: les affaires deviennent plus délicates à cause de la concurrence. Cette modificationde salaires provoque des grèves. L’Association ne peut plus exister. En 1968, pour être pluscompétitif, GODIN S.A., une société par action, est substituée à la société du Familistère(GODIN S.A. étant une filiale du groupe Le Creuset). Mais la situation continue de sedégrader. Le rachat de l’Association entraîne la liquidation des biens de GODIN!: l’école et lethéâtre sont rachetés par la municipalité, les logements sont vendus, mis en copropriété. Enfinles associations créées par GODIN ont toutes disparues en 1970, ainsi que les grandes fêtesannuelles.

En résumé, depuis 1880, le Familistère était une “habitation unitaire”!; il y avait eneffet 3 espaces différents!: l’espace de travail (l’usine), l’espace d’habitation (le Familistère),et l’espace lié à l’éducation, aux loisirs et à la vie communautaire.

Jusqu’à la fin des années 1960, le Familistère a conservé cet esprit d’unité. Mais àpartir de 1968-1970, la cohérence entre ces éléments est brisée. En effet, on peut observer ladissolution de la société du Familistère et la division de la propriété des bâtiments. Seulel’usine conserve le même statut.

b) Le Familistère de Guise à partir des années 1970

La dissolution de l’Association a eu quelques avantages, notamment au niveau desrapports entre Guise et le Familistère. Depuis longtemps, les guisards tentaient de devenir

Page 12: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 11

familistériens pour profiter des avantages qui s’y trouvaient!: les nombreux commerces, lesbonnes conditions d’hygiène (eau courante, toilettes et vide-ordures à chaque étages), et lesbons salaires. Mais petit à petit, on retrouve ces conditions d’hygiène dans les maisons deGuise, les commerces du Familistère disparaissent et la fin de l’Association supprime les bonssalaires des ouvriers. C’est pourquoi aujourd’hui la jalousie est éteinte. Après le rachat desappartements du Familistère, de plus en plus de guisards sont devenus familistériens.

Le Familistère n’est plus une ville hors de la ville, c’est une ville dans la ville. Lapopulation est très hétérogène!: on trouve des anciens familistériens et de nouveaux habitants,des jeunes et des moins jeunes, des cadres et des ouvriers, des gens qui travaillent à l’usine,d’autres qui travaillent en ville, des français et des immigrés (appelés turcs!: habitantsd’origine marocaine, algérienne, souvent portugaise, et quelque fois turque).

Cette hétérogénéité a cependant apporté des problèmes. La bonne ambiance quiexistait au Familistère au XIXème siècle a disparu. Par exemple, en 1970 lors du rachat desappartements, les français se plaignaient de la présence des turcs. De plus, le “mur de Berlin”a été construit en 1976 pour empêcher les enfants du pavillon central de jouer avec les enfantsturcs dans la cour de l’aile droite. Cependant, ce mur était plutôt symbolique car les enfantspouvaient toujours aller dans la cour en passant par les étages.

Aujourd’hui, ces différends ont disparu, les mentalités ont évolué. Pourtant leshabitants ne se connaissent pas entre eux. On peut prendre pour exemple le témoignage deMme!MARCHAND qui habite le Familistère depuis 1935. Elle ne connaît toujours pas sanouvelle voisine qui est installée depuis six semaines. Elle entend le mari partir le matin, sansl’avoir jamais vu non plus.

Lors de notre visite sur place, nous avons en effet pu constater que les gens ne separlaient à peine. La vie privée est certes plus respectée qu’à l’époque, mais malgré tout, il estdommage que l’idée d’une grande famille créée par GODIN ait disparu.

En 1989, pour tenter de faire survivre le Familistère, des passionnés de l’œuvre deGODIN créent «!l’Association pour la fondation GODIN!». Le président fondateur est GuyDELABRE, universitaire, auteur avec Jean-Marie GAUTIER d'une remarquable thèse ensciences économiques “GODIN et le Familistère de Guise”.

Cette association a les objectifs de!:- sauver l'ensemble du patrimoine GODIN, notamment dans l’immobilier,- conserver et utiliser tous les bâtiments existants et même les jardins,- faire découvrir et connaître l’œuvre de GODIN,- faire de Guise et du Familistère un pôle d'attraction,- rendre compatibles les possibilités financières d'une commune et les projets de sauvetage dusite,- mettre en place des structures en harmonie avec l'environnement (architectural, industriel,sociologique…),- faire œuvre originale, à la mesure de l’œuvre de GODIN,- ne pas se cantonner à la commémoration, mais aller vers l'évocation et la création,- donner un retentissement international à la valorisation du site.

Cette volonté de faire revivre le Familistère s’est développée doucement. Aujourd’hui,le Familistère commence une longue réhabilitation. Ce projet a mûri petit à petit comme nousallons le voir dans la partie suivante.

Page 13: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 12

II. Vers un projet de réhabilitation

Quel héritage matériel et social nous laisse la société du Familistère après sadissolution!? Réponse!: un patrimoine en décrépitude qui entraîne ses habitants et son imagedans une même pente. Il faut donc renouveler à cela et sauver ce monument historique, lourdde caractères exceptionnels pour la ville et la région.

1. Etat matériel des lieuxUn constat a été fait!: le Familistère dépérit. Le jardin d'agrément, patrimoine moral et

culturel n'est pas suffisamment entretenu. Le groupe de bâtiments buanderie-bains-piscine estdélaissé. Les économats sont abandonnés en ruine à la nature. La décision est stricte, il n'y aaucun investissement à mettre dans ce lieu.

A partir de 1992, les avis commencent à changer!: une étude a été demandéeconcernant le Familistère en lui-même et ses proches environs. Une remise en état s’avèrenécessaire avec comme souci la préservation du patrimoine historique en tant que biencollectif, l’habitabilité et la sécurité pour les occupants, ainsi que la revalorisation de l’imagedu Familistère, tant pour les personnes extérieures que pour les habitants des bâtiments. Lestravaux à effectuer ont été estimés de l’ordre de 16 à 18,5 millions de francs TTC, avec desdifférences notables entre les ailes. L’aile gauche nécessite 9,5 millions de francs alors quel’aile droite ne nécessite que 3,5 millions, sachant que la charpente et la couverture seraientprise par l’assurance pour prévenir les risques d’incendie.

Il n’y a pas eu de réelle volonté d’étaler les travaux dans le temps sachant, que ceux depremière urgence recouvrent 70 à 74!% du coût total. Ces opérations s’inscrivent dans unelogique qui ne voit pas uniquement le monument historique mais qui prend en compteégalement le point de vue architectural, culturel, social et économique. Cette réflexion a étémenée afin de faire une analyse des potentialités de l’ensemble, des possibilités deréaffections éventuelles des bâtiments et de principes d’interventions sur les espacesextérieurs.

Une planification en trois étapes a été établie suivant les degrés d’urgence. En traitanten parallèle le patrimoine architectural, la fonction de l’habitat, le projet social, le projetculturel et environnemental, et l’optimisation de l’utilisation du Familistère (tableau suivantsur les degrés d’urgence).

Page 14: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 13

Opt

imis

atio

n de

l'util

isat

ion

du F

amili

stèr

e

-réf

lexi

on p

réal

able

.E

tude

s te

chni

ques

éven

tuel

les

et c

hoix

des

optio

ns

-réa

lisat

ion

éven

tuel

lede

s tr

avau

x su

r le

slo

caux

col

lect

ifs

Pro

jet c

ultu

rel e

ten

viro

nnem

ent

-cho

ix d

es p

arte

naire

s

-nég

ocia

tion

et m

onta

ge

-réf

ectio

n de

s bâ

timen

tsan

nexe

s

-mis

e en

pla

ce d

u pr

ojet

-am

énag

emen

t des

espa

ces.

Pro

jet s

ocia

l

-mis

e en

pla

ce d

e la

str

uctu

re d

upr

ojet

-déf

initi

on d

u pr

ogra

mm

e d'

actio

n

-mis

e en

pla

ce d

e pr

ojet

soc

ial,

conc

erta

tion

avec

les

habi

tant

s,m

ise

à di

spos

ition

des

loca

uxco

mm

un, d

émar

rage

des

act

ions

éven

tuel

lem

ent r

éser

vées

aux

seul

s ha

bita

nts

du F

amili

stèr

e

-pou

rsui

te d

u pr

ojet

soc

ial

-éla

rgis

sem

ent é

vent

uel.

Fon

ctio

n ha

bita

t

-cho

ix d

es p

arte

naire

s et

déf

. des

obje

ts e

t des

pro

cédu

res

-div

ersi

ficat

ion

de l'

offr

e ho

rsF

amili

stèr

e pe

ut ê

tre

enga

gée

-cho

ix c

once

rnan

t les

trav

aux

sur

part

ies

com

mun

es (

asce

nseu

rs)

-div

ersi

ficat

ion

de l'

offr

e da

ns e

tho

rs F

amili

stèr

e

-tra

vaux

éve

ntue

ls s

ur le

s pa

rtie

sco

mm

unes

(as

cens

eurs

, écl

aira

ge,

sous

-sol

)

-act

ion

sur

peup

lem

ent

-pou

rsui

te d

es a

ctio

ns s

ur la

dive

rsifi

catio

n de

l'of

fre

et le

peup

lem

ent

Pat

rimoi

ne A

rchi

tect

ural

-pou

r le

s 3

aile

s : c

harp

ente

s et

couv

ertu

re

-pou

r l'a

ile d

roite

: pl

anch

er,

cour

, esc

alie

r, b

éton

-pou

r l'a

ile g

auch

e : a

nten

neT

V, r

éfec

tion

cour

mos

aïqu

e

-pou

r le

s 3

aile

s : r

éfec

tion

des

cour

sive

s

-pou

r l'a

ile c

entr

ale

: réf

ectio

nde

la c

our,

rav

alem

ent d

u R

DC

-pou

r l'a

ile g

auch

e : p

lanc

hers

fers

oxy

dés

- po

ur le

s 3

aile

s : f

açad

es e

tm

enui

serie

s ex

térie

ures

Deg

réd'

urge

nce

1 2 3

Page 15: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 14

2. Constat social et vie au FamilistèreOn note un besoin réel d’habitat. La situation du marché du logement actuelle donne

au Familistère une vocation sociale. La préoccupation principale des gouvernants est deréduire la captivité et d’augmenter les possibilités de choix pour les demandeurs de logementsafin d’éviter les phénomènes de ghettos. On note un processus de dévalorisation dont leFamilistère fait l’objet. L’évolution vers la paupérisation et la précarisation implique un rôlede plus en plus marqué d’accueil de locataires défavorisés, contrairement à la véritable originede l'œuvre de GODIN. La coexistence de plus en plus difficile entre les familistériens, le plussouvent propriétaires âgés, et les nouveaux locataires (jeunes ménages ou famillesnombreuses) entraîne la perte de la cohésion sociale. C'est-à-dire la dégradation de la viesociale, l’accentuation des conflits de voisinages et des tensions internes. La dévalorisation del’image sociale du Familistère, vis-à-vis de l’extérieur, est alimentée en partie parl’augmentation du nombre de familles en difficultés (environ une vingtaine) qui entraîne descomportements de délinquance.

D’après l’entretien que nous avons eu avec M.!PIVIN, du BICFL, «!personnen’aimerait habiter dans de tels logements!». Les fenêtres donnent sur la cour intérieure, ceciétant une manière d’observer continuellement ses voisins. Cela a été démontré dans lescritiques faites sur le Familistère dès sa mise en service, notamment par les personnesextérieures qui se mariaient avec des familistériens.

«!Le Familistère, c’est la maison de verre!; regardez ces grands balcons qui courent tout le long del’édifice!; ils permettent à l’indiscret de jeter, à travers la vitre, un rapide regard dansl’appartement voisin!; partout des cloisons!; le moindre bruit est épié!; les moindres discussionsfamiliales ont pour auditeurs, sinon pour témoin 20, 30 personnes. Et comment parmi elles ne serencontreraient-ils pas des indiscrets, sinon des ambitieux, enclins peut-être à aviser de ces scènesle Conseil de surveillance, avec l’espoir d’être bien notés et de gravir plus facilement un deséchelons de ce petit Etat social.!»3

Il n’y a plus d’intimité et la liberté est de toute manière surveillée.Mme!MARCHAND, âgée de 94 ans, habite le Familistère depuis 1935. La première foisqu’elle est entrée dans le Familistère, elle a été «!suffoquée!». Elle ne s’y sentait pas chez elle.Tout le monde se voit, s’observe, et à l'époque se connaissait. Les familles de familistériens ysont implantées depuis plusieurs générations.

«!Une grande partie des familles qui habitait le Familistère étaient parents à un degré quelconque.Je ne voudrais pas employer le mot tribu… c’était un peu ça!; ça a fini par former une grandefamille!; je pense que c’était un des buts de GODIN.!»4

C'est pour cette raison qu'à son arrivée, Mme!MARCHAND fut perçue comme une“étrangère”. Avec le temps, elle a été admise dans le Familistère. «!On apprend à vivre auFamilistère lorsque l’on veut faire l’effort de s’intégrer.!» Dans l’esprit GODIN et selon lesrègles mises en place, on n’avait pas le choix.

Mais à partir du moment où plus personne ne pouvait faire appliquer ces lourdsrèglements et entretenir l’esprit de communauté, la vie au Familistère s’est vue transformée enune simple cohabitation sans réelles relation et communication avec les nouveaux arrivants.De plus, les transformations générales du mode de vie (apparition des voitures, de latélévision…) anéantirent progressivement la vie collective du Familistère. Ceci ne peut 3 Odile Martin, Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris, 1982.Critique de la presse à propos du Familistère, p.127.4 Jean-Luc Pinol, Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris, 1982.Témoignage, p.98.

Page 16: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 15

s’appliquer que dans une logique de communautés. Or de nos jours en dehors des résidencesuniversitaires, nous ne pouvons plus parler de communautés sociales, si ce n'est les ghettos oules communautés religieuses et sectaires.

L’image du Familistère implique aussi l’image sociale. La dégradation des conditionsdonne lieu à des conflits entre habitants d’âges et d’origines différents et n’ayant pasforcément choisi de vivre ensemble. Les véritables familistériens, à proprement parler, sontdes personnes d'âge mûr, qui sont installés dans les bâtiments depuis quelques générations.Dans les années prospères du Familistère, ceux-ci ont pu développer un cocon ou une bulle deprotection contre l'extérieur. Or les nouveaux arrivants n'ont pas ce réflexe de communautés.Ces différences de culture et d'éducation, au sein pourtant d'un même environnement, peuventcréer des difficultés de voisinage et de vie en commun. Il faut réduire certains de cesdéséquilibres et limiter progressivement les cohabitations les plus explosives.

M.!DASSONVILLE nous a dit que les familles qui s’installaient ne venaient pas seprésenter aux autres locataires, signaient le règlement mais ne le respectaient pas. Aujourd’huiles réactions par rapport au Familistère ne sont plus les mêmes, on ne peut plus comparer.Mme!MARCHAND ne connaît toujours pas sa nouvelle voisine qui est installée depuis sixsemaines. Elle entend le mari partir le matin, sans l’avoir jamais vu non plus.

Depuis la privation, apparue après 1968, les habitants prennent moins d’importancedans les décisions. Le Familistère perd son côté familial, communautaire et associatif. Lesgens dorénavant l'habitent comme n'importe quel autre immeuble d'habitation, sans recourirau souvenir de l'esprit originel de ce patrimoine, encore faut-il qu'ils le connaissent.

3. Volonté de réhabiliterQue faut-il faire du Familistère!? Quelle peut être la démarche sociale à engager!?

Faut-il que cet ensemble devienne une ZEP!? Cela accentuerait la dévalorisation, mais ceserait une démarche trop diffuse. Cela entraînerait une dispersion des efforts. Si l’on veutremodeler et créer des pôles d’activités pour les habitants (aménagement artistique ouculturel, équipement, lieux de rencontre…), faut-il les implanter à l'intérieur ou bien àl'extérieur du Familistère!? L’usage en serait aux habitants exclusivement ou bien à tous leshabitants de Guise, de la région ou autre!? Cela dépend des activités concernées, de l’aptitudedes personnes du Familistère, de plus en plus en difficultés à assumer directement uneconfrontation avec l’extérieur.

Aux difficultés de cohabitations s’ajoute le fait que le Familistère entre dans un projetde réhabilitation culturel. Il faut faire connaître GODIN, son œuvre. Le Familistère fait partiedu patrimoine historique et culturel de la région. Ces idées utopiques concernant la vieouvrière et l’habitat en collectivité doivent véhiculer une image plus positive de cette région,elle-même dévalorisée par le climat, la baisse des emplois… Dans cette logique, les touristessont les bienvenues pour l’apport que cela occasionne tant sur le point de vue économique quepour la revalorisation de l’image de Guise et de tout le département, l’Aisne.

Tous les jours, des bus amènent des touristes au Familistère. D’aprèsMme!MARCHAND, c’est rare qu’il y ait des jours sans visiteurs. De plus, un projet deréhabilitation de plus grande ampleur risque d’apporter de nombreux visiteurssupplémentaires. Ce n’est pas sain pour la tranquillité des habitants.

Page 17: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 16

Dès la “mort” du Familistère, les familistériens se sont rendus compte que l’on nepouvait pas le laisser aller vers une dégradation certaine en l'absence d'interventions. C’estpourquoi l’Association du Familistère s’est mise en place. Une visite est organisée avecl’explication de l'histoire du Familistère et du personnage GODIN. L’Association, c’est leregroupement d’anciens familistériens qui veulent maintenir “l’esprit GODIN” et letransmettre afin de le garder en mémoire.

La mairie s’est elle-même aperçue de la richesse de ce patrimoine. Elle a réfléchi à lafaçon de réhabiliter ce grand ensemble. Celui-ci leur aurait coûté énormément si on l’avaitlaissé dans l’état et que l’on n'avait fait que parer au plus pressé pour maintenir un minimumde conditions de sécurité. Il fallait développer les activités de formation, de recherche, d'art,de culture, de tourisme et de communication afin que ce patrimoine ne tombe pas dans l’oubli.Tous les lieux du site sont donc concernés.

La prise de conscience de la mairie et le désir des familistériens de ne pas voir leFamilistère tomber en désuétude ont poussé la réflexion vers une intention d’activitésculturelles. Le premier objectif étant la création d’un projet muséal, une sorte deréconciliation entre le Familistère et la ville de Guise.

Les pistes à explorer seraient!:-un musée, implanté dans l’économat,-un parcours d’archéologie industrielle et architectural,-des antennes, dont deux au moins concerneraient directement les copropriétés étudiées dansle cadre de ce diagnostic,-la visite d’un appartement,-l’accès au jardin.

Le but final étant tout de même l’autofinancement qui ne nécessiterait qu’uninvestissement immobilier et mobilier.

Donnons quelques exemples d’actions envisagées!:- Le traitement de l’espace situé entre le bâtiment principal et le théâtre, un lieu central

et symbolique. Ce revêtement est actuellement hétérogène avec une partie pavée, une autre enpelouse, une en terre battue et une en enrobé. D’où la volonté d’effectuer un traitement du solplus homogène, plus ordonnancé, avec une dominante de pavés sur le modèle de ceux quiexistent autour de la statue de GODIN (en particulier côté musée et théâtre). Des espacesengazonnés complèteraient la structure existante autour de la statue.- La coupure de la rue qui traverse la propriété et en détruit l’unité devrait être atténuée enremplaçant l’enrobé par des pavés en totalité ou en partie, ou au moins sur les côtés de laplace, dans le prolongement des allées longeant les bâtiments d’habitations. L'espace seraitrendu aux piétons.- Les terrains de Gisompré, à l'origine emplacement des potagers des familistériens,disparaîtraient et seraient bâtit.

Seraient prévus également la plantation d’arbres complémentaire, en particulier ducôté du théâtre!; la suppression du stationnement et le report en périphérie du site… Le toutdans une volonté d’ensemble afin d'établir des repères.

Finalement, suite à des volontés ambitieuses, les politiques locales et régionalesdécident d'offrir une nouvelle fraîcheur au Familistère. De nombreux projets de réhabilitationet de revalorisation des bâtiments sont à l'étude. Ces pistes permettent d'envisager un travailplus sérieux et de plus grande ampleur sur ce terrain, à la demande des dirigeants, que nousétudierons dans la prochaine partie.

Page 18: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 17

III. Le projet UTOPIA

1. La genèse du projet UTOPIAFace à un devoir de restauration des bâtiments du Familistère, et sous l’impulsion de

l’Association pour la Fondation GODIN (créée en 1989 par des passionnés de l'œuvre deGODIN) et de la DRAC, la mairie exprime le désir de mener une réflexion plus large, pourdéterminer dans quel cadre vont s’inscrire ces travaux de réhabilitation.

En effet, rien ne sert de restaurer si l’on ne sait pas quel usage du bâtiment va être faitdans les années qui suivent!; particulièrement quand on réalise que le bâtiment en question estune pièce si particulière de notre patrimoine national, et qu’il représente un potentiel dedéveloppement touristique important pour la ville de Guise.

En 1995, la mairie de Guise et la DMF (Direction des Musées de France) décidentdonc de charger un bureau d’ingénierie culturelle, le BICFL, de proposer un programme deréhabilitation du Familistère. Ce programme devra permettre de préciser le futur emploi dubâtiment afin de spécifier les travaux de réhabilitation à entreprendre. La future utilisation dubâtiment, fixée par la mairie, est alors d’en faire un musée consacré à GODIN et à son œuvre,grâce à l’aménagement des économats pour accueillir le musée, et la restauration desbâtiments du Familistère comme lieu de visite. En effet, au départ, seule la préservation dubâti avait été envisagée (le palais social, les économats, le théâtre, le lavoir-piscine et lepouponnat).

Comme en face de toute commande, le BICFL s’est permis de la reformuler, afin dejuger de sa pertinence. En effet en 1995, une proposition répondant au mieux à la commandeinitiale, va être présentée à la mairie. Mais une seconde solution de valorisation culturelle ettouristique du Familistère va aussi être proposée. Cette dernière veut, d’après J.L. PIVIN (duBICFL), ne pas se limiter à réhabiliter pour faire uniquement la même chose qu’auparavant!:un simple musée. Dans sa seconde proposition, J.L. PIVIN désire donc exploiter au maximumle potentiel culturel du Familistère, afin qu’il représente pour la ville un réel enjeu touristiqueet culturel.

L’histoire de ce projet s’est par la suite écrite au fur et à mesure, suivant les étapesnécessaires à la réalisation d’un tel projet, étapes qui ne sont cependant pas évidentes àdiscrétiser, étant donné qu’elles consistent en un agencement simultané d’acceptationsintermédiaires, d’études supplémentaires, de réunions et de périodes de gestation.

Après avoir répondu à la première demande et montré la possibilité, et l’intérêt de saseconde proposition, la mairie et la DMF, soutenues par la région et l’Etat, ont demandé au

Page 19: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 18

BICFL de préciser cette seconde solution, qui paraissait ambitieuse mais dont des idéesintéressantes émergeaient.

D’après J.L. PIVIN, le mieux dans un projet culturel est de présenter une premièrephase de travaux, et d’en esquisser les suivantes, pour pouvoir les retravailler, les reformuler,au regard de la réalisation de la précédente. Mais «!les politiques ont besoin d’un produitfini!» pour pouvoir prendre les décisions nécessaires.

Des études supplémentaires (financière, de faisabilité…), des précisions au niveau dela définition du projet, du phasage, des objectifs touristiques et culturels, de la mise en placefinancière du projet, ainsi que de nombreuses réunions, ont permis d’appréhender l’ampleur etles conséquences d’un tel projet afin que les politiques prennent une décision.

Pour faire accepter le projet, le bureau d’ingénierie culturelle s’est donc gardé (fortheureusement d’ailleurs) d’utiliser des simulations de visualisation, très séduisantes, mais quine dévoilent pas (bien au contraire) la globalité des problèmes inhérents au projet. En effetc’est une méthode courante dans les bureaux d’ingénierie culturelle qui permet souvent auxpolitiques de prendre plus rapidement des décisions.

Le BICFL a donc fait son travail d’une façon plutôt déontologique, en fonction de sespropres compétences, interpellant la maîtrise d’ouvrage, dès que celles-ci se trouvaientlimitées (étude d’urbanisme…). C’est à ce titre que le BICFL reste sur le projet en tant queconsultant externe.

C’est en 1996 que la volonté politique de faire UTOPIA est prise par Jean-PierreBALLIGAND, alors président du Conseil Général de l’Aisne, et aujourd’hui député del’Aisne.

Jean-Pierre BALLIGAND a alors pu défendre les différents thèmes présentés dans lerapport du Bureau d’Ingénierie Culturelle au Conseil Régional de Picardie pour inscrire leprojet au Contrat de Plan Etat-Région. En ce sens, Jean-Pierre BALLIGAND est un desprincipaux porteurs du projet au niveau de la région mais aussi de l’Europe puisqu’il acontribué à ce que ces institutions soient parties prenantes du projet.

Enfin, en novembre 2000 ont été créés les statuts d’une structure administrativechargée de la mise en route du projet!: le syndicat mixte de la Fondation GODIN, représentantà la fois la mairie de Guise et le département. Ce syndicat n’a réellement été mis en placequ’en janvier 2001 et ne sera effectif qu’une fois la première tranche du projet réalisée (mi-décembre 2001).

Jusqu’alors deux personnes employées par la mairie sont à la tête du projet!:M.!Frédéric PANY, conservateur du site et Mme Sylvie LEFEVRE, membre de l’Associationpour la Fondation GODIN. Selon leur dire à l’heure actuelle, le projet dans sa globalité n’enest qu’à l’état de pré-programmation!: les dossiers de financements européens viennent d’êtremontés et les études préalables du bâti, du ressort des monuments historiques, viennentseulement d’être commandées.

2. Le projet UTOPIALa première proposition du BICFL répondant strictement à la demande de la maîtrise

d’ouvrage consiste schématiquement à l’amélioration de ce qui est fait actuellement. Ce projet

Page 20: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 19

viserait 10 à 15 000 visiteurs par an et reste un projet “élitiste” car il ne privilégie que laclientèle naturelle du Familistère, celle des “initiés” à GODIN (architectes, urbanistes,sociologues…).

Le projet UTOPIA, tel qu’il a été présenté par le BICFL en avril 1996, et défendu parM.!BALLIGAND, se décompose quant à lui en trois phases, dont la première est à peu dechose près la réponse apportée à la demande originelle. S’il nécessite un investissementimportant de la part de la ville, du département et de la région, il a cependant comme butd’aboutir à son autofinancement au bout d’une période encore indéterminée.

a) La première phase Elle concerne principalement le bâti existant.

Celui-ci comprend tout d’abord la restauration du Pavillon Central qui seraentièrement affecté au projet touristique et culturel. En effet, on ne peut pas ne pas laisser auxvisiteurs la possibilité de visiter au moins une des cours des pavillons, afin de se rendrecompte du projet GODIN, projet de société dans lequel l’habitat communautaire joue un rôleessentiel.

Par ailleurs, la surface des économats (environ 1500!m2) ne suffit pas à abriter unprojet grand public ambitieux. De plus le pavillon central a une valeur symbolique nonseulement par sa centralité, mais aussi parce qu’il abritait les fêtes d’antan, il représentera ungrand moment de la visite. Pour cette première phase, sont prévus uniquement unerestauration suffisante de certains éléments afin de pouvoir toujours accueillir des visites(exemple!: la verrière), et l’aménagement de l’appartement de GODIN. Les autres projets deréhabilitation du bâti sont encore à l’étude et seront donc mis en place lors de la troisièmephase.

L’appartement de Godin!: sa vie, son œuvre et sa pensée!; comprenant des meubles del’époque, il représenterait ainsi le témoignage des conditions de vie d'antan.

Un accès du pavillon central, par le premier étage est créé, afin qu’il n’y ait aucunpassage de visiteurs dans le pavillon de droite où se situe l’appartement.(annexes 4!: plans du site, des phases et du bâtiment!: documents du BICFL)

Les économats quant à eux représentent un important travail de rénovation. Ils sont eneffet pressentis comme site d’accueil (comprenant le jardin ouvrier) par la commune et lecomité scientifique, et comprendront donc!:-une salle d’accueil des groupes,-une salle de conférence à l’usage des groupes de chercheurs et d’étudiants, et un centre dedocumentation spécialisé,-l’administration,-les espaces techniques nécessaires à l’entretien et au personnel,-la billetterie,-la librairie-boutique,-les toilettes,-la cafétéria,-un vestiaire comprenant des poussettes à enfant en libre accès,-une pièce de repos pour chauffeurs de cars.

Le théâtre!: son activité actuelle est gérée par l’association TMD (Théâtre, Musique etDanse) en dehors des heures d’ouverture au public. Depuis, une visite spectaculaire

Page 21: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 20

permanente et automatique mettant en scène des grands moments du rôle du théâtre au sein duFamilistère, a aussi été mise en place pour les visiteurs.

Une partie de l’usine, dans le cadre d’un partenariat à établir avec le propriétaire,présentera l’outil fondateur du projet GODIN. Ceci permettra de relier le Familistère deGODIN avec la notoriété des poêles GODIN très présents dans l’esprit du grand public. Cetespace permettra de montrer les méthodes de travail d’antan, la collection des poêles GODINde l’usine, un show-room de la fabrication actuelle et une cafétéria.

La première phase est en cours de réalisation. L’inauguration des économats ad’ailleurs été réalisée le 13 décembre 2001. La seconde phase est celle dont l’étude defaisabilité est en train de se dérouler.

b) La seconde phase (dans les rapports récents, la 1ère et la 2nde phases ont étéregroupées)

Elle élargit les objectifs de la première phase en incluant le Familistère dans un parc devisite.

Le parc de la peupleraie sera accessible par le jardin ou directement par le pont, cesera un jardin-bois thématique qui reste encore à définir.

Le jardin historique sera reconstitué comme jadis, ponctué de ses différentsmonuments et événements comme le passage du petit train remis en état pour l’occasion.

Le lavoir-piscine nécessite de lourds travaux de réhabilitation. Une proposition a étéavancée quant à sa possible future utilisation!: l’implantation d’une base d’activités de canoë-kayak. Cela représente quand même certaines contraintes!:- accès à l’eau difficile,- difficultés de parking et de manœuvre pour les remorques,- pente exiguë,- porte de garage pas suffisamment grande pour garer les remorques,- possibilités d’action restreintes et contraignantes car monument historique.

Après de nombreux épisodes à rebondissement, c’est cette dernière contrainte qui afait annuler tout récemment cette proposition. Le sort du lavoir-piscine reste donc toujoursinconnu…

Une promenade sur les rives devrait facilement être mise en place afin de relieragréablement les divers espaces de la visite.

Les abords de la route ont été pressentis d’emblée comme un problème d’urbanismequ’il est nécessaire de prendre en compte. En effet la route coupe le site en deux et détruitdonc son unité et son intimité. De plus elle posera des problèmes de sécurité dès que lafréquentation touristique sera plus importante. Une solution serait sa fermeture. Ce problèmenécessite encore des études d’urbanisme appropriées.

c) La troisième phase

Le reste du pavillon central!:

Page 22: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 21

Le rez-de-chaussée comprendra d’anciens magasins et quelques appartements, révélantl’histoire de l’aventure GODIN. Une façon de renvoyer à l’ensemble des différents espacesplus spécialisés qui parleront chaque fois d’un seul aspect de l’œuvre de GODIN et desproblématiques qu’elle soulève.

Une quinzaine d’appartements pour reconstitution (du XIXème siècle à 1960), serontanimés de façon diverses!: son, objets, parfois écran de projection.

La cour!: aucun aménagement particulier, en dehors de la verrière refaite et desquelques éléments de mobilier qu’il pouvait y avoir à l’époque. Il sera le lieu d’animationsspectaculaires ponctuelles (rôle de muséographie essentiel) pour tout public, quireprésenteront les fêtes et les auto-célébrations qui se déroulaient à l’époque dans ce lieu.

«!Par un mécanisme discret, l’ensemble de la verrière se couvre d’un vélum noir et une projectiond’images géantes tirées de la collection de photographies historiques, fait vivre les balcons et lacour. Une mise en son de l’espace transforme cette cour sévère en un lieu amène où le visiteur sepromènera dans les photos projetées et les bruits de la fête. Pendant 5 à 7 minutes, une fois toutesles heures.!»5

Une vingtaine d’appartements pour évoquer les utopies par des formes employéesvariées (projet pas encore abouti).

Il est enfin nécessaire de penser dès maintenant à un projet d’hôtellerie. En effet, siles ambitions de ce projet sont respectées, la ville de Guise ne présente pas les moyensd’hébergement nécessaires pour les différents visiteurs qui resteraient une nuit sur le site.«!Au lieu de construire un IBIS!» (J.L. PIVIN), une proposition du BICFL est de réaliser cettecapacité d’accueil hôtelier à l’intérieur du Familistère.

Plusieurs solutions seraient alors envisageable!: une petite hôtellerie dans l’espacerestant du bâtiment central, ou bien, un projet hôtelier plus ambitieux et plus à même derépondre aux besoins de groupes comme de particuliers, qui prendrait place dans une des ailesdu Familistère.

D’après le BICFL, cette dernière solution pourrait s’organiser ainsi!:*!: une quinzaine de suites de 4 à 6 personnes (60 lits),**!: une vingtaine de chambres (10 doubles lits, 10 simples),***!: cinq suites (10 lits),Studios résidentiels!: une dizaine de 50 m2,Micro pépinière (bureaux)!: 5 cellules de 50 m2.

Soient 100 lits hôteliers au total.Cela permettrait d’accueillir différents publics!:

- le tourisme d’affaire!: de l’homme d’affaire au VRP, de l’accueil de séminaire à la simpleréunion d’affaire,- la clientèle touristique stricto sensu!: le pôle «!nuit!» du développement touristique de laThiérache (** pour les groupes, *** pour les individuels),- les voyages d’études!: *.

Les avantages seraient de pouvoir créer un cadre unique d’accueil, avec des repas sousla verrière, permettant aussi d’accueillir en résidence des séjours d’artistes, de chercheurs oudes individuels par semaine et par mois. Un sentiment d’animation particulier investirait lelieu. De plus le coût de cet investissement hôtelier serait relativement réduit.

Par contre, pourraient apparaître des difficultés à marier l’accueil du public et l’accueildes clients de l’hôtel, de même que des contraintes phoniques ou de cohabitation.

5 PIVIN Jean-Loup et CHASPOUV Claudine, UTOPIA : Valorisation culturelle et touristique du FamilistèreGodin à Guise - Rapport d'orientation stratégique, Paris, Bureau d'Ingénierie Culturelle de la Fête et des Loisirs(BICFL), 15 novembre 1995.

Page 23: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 22

d) La visite La visite que représenterait ce grand projet se décomposerait de la façon suivante!:

Le bâti (1h30 minimum) à vivre en société!:- le pavillon central, pièce maîtresse de la visite afin de montrer la vie de tous les jours àtravers le temps et la hiérarchie, les fêtes, l’organisation… Le lieu où l’on vit l’Utopie.- le théâtre!: pour montrer la nature du débat. Le lieu où l’on fabrique l’Utopie.- les économats!: accueil du public. Le lieu où l’on vent l’Utopie.- le lavoir et la piscine!: Lieu de jouissance de l’Utopie.

Le lieu de promenade, dans un univers varié (1h minimum)!:- les espace verts, le kiosque (parfois avec orchestre), les monuments.- le jardin historique à visiter comme tel!: ludique, didactique, représentant la conception dumonde.- le bois!: une création (nature plus sauvage et fantaisies d’artistes). Le jardin nouveau devraavoir un thème (exemple!: modernité) permettant d’intégrer les différentes dimensions duprojet global et révélant «!l’Utopie ouverte de demain par rapport à l’Utopie fermée d’hier!»(BICFL).

L’usine (1h)!:- un espace montrant les méthodes de travail d’antan.- la collection des poêles GODIN de l’usine.- un show-room de la fabrication actuelle.- une cafétéria.

Son but est de pouvoir accueillir 100 000 visiteurs par an. Il représenterait un coûtsupérieur à 50 millions de francs. Son avantage est de pouvoir présenter plusieurs “lectures”de l’œuvre de GODIN, lui permettant de toucher des publics diversifiés.

D’après les termes utilisés par MM. PIVIN et PANY, plus qu’un projet touristique, ils’agit ici d’un «!projet de ville!». En effet, il représente un nouvel élan pour la ville,notamment par rapport à sa réconciliation avec le patrimoine GODIN. Il permet, de plus,d’intégrer l’usine GODIN dans la politique de la cité.

Le projet contribuera ainsi non seulement à la valorisation de l’image de la ville, maisaussi à celle du département et de la région, ainsi qu’à la valorisation touristique du nord del’Aisne. Ces caractéristiques espérées nous font pressentir qu’en plus de la ville, ledépartement et la région devront aussi apporter une implication forte dans le projet.

3. Les impacts

a) La ville

Un projet de cette envergure (rappelons qu’une fréquentation annuelle de 100 000visiteurs est visée à terme) a forcément des conséquences sur la vie d’une commune commeGuise et sur son environnement plus ou moins proche. Afin de veiller à son bon déroulement,il est important de penser et d’intégrer ces conséquences en amont de la réalisation du projet.Ainsi, des mesures préventives peuvent être prises et il paraît évident que de telles mesures

Page 24: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 23

sont bien souvent meilleures et moins coûteuses (sur le plan financier, bien sûr, mais aussi surle plan social et économique) que leurs équivalents curatifs. En effet, si, par exemple,l’accueil des touristes se révélait inefficace, le fait de l’améliorer ultérieurement ne pourraitrien faire contre la mauvaise publicité accumulée, ou bien si les guisards se sentaient agresséspar la forme concrète d’UTOPIA, le dialogue serait beaucoup plus difficile a posteriori, que sil’on avait essayé de les mettre en confiance dès la genèse du projet. C’est donc maintenantqu’il faut soulever ces questions et tenter d’y répondre avec le plus de discernement possible.

Nous tenterons ici de dégager, les facteurs qui constitueront selon nous les points clésde la réussite de ce projet. Nous verrons, pour chacun d’eux, dans quelle mesure ils ont étéintégrés (ou non) au projet de réhabilitation du Familistère de Guise, comment, selon nous, onpourrait améliorer la prise en compte de ces difficultés (qui, par ailleurs, constituent toutl’intérêt d’une telle opération).

L’HôtellerieLe Familistère a accueilli, a priori, environ 17 000 visiteurs au cours de l’année 2001.

Il paraît évident que si le projet connaît le succès escompté, des problèmes d’hébergement desvisiteurs pourraient se poser. Il est à noter, de plus, que le projet prévoit une visite d’unejournée complète et donc un temps de séjour de l’ordre de 2 jours dans certains cas. A lalecture du projet du BICFL, deux types de clientèles paraissent probables!:- les autocaristes!: journées organisées par les agences de voyages ou certaines associations(on pense ici notamment au groupes du troisième âge).- les individuels!: 1 à 5 personnes en voiture particulière.

L’hébergement doit donc être pris en compte dans ce projet, et ce, de manière globale,si la région et le département ont réellement la volonté de faire un circuit touristique étoffé surleur territoire (nous reviendrons sur cet aspect ultérieurement). L’entretien avecM.!CUVELIER, maire de Guise, nous a appris qu’une étude, dont les résultats devraient êtreconnus dans le courant du mois de janvier, était en cours, afin de déterminer si des structuresd’hébergement doivent être créées, à partir de quand elles deviennent nécessaires. Si desbesoins sont clairement identifiés, une des solutions qui est à l’étude, serait l’installationd’une structure hôtelière dans les bâtiments de l’aile gauche du Familistère (l’aile droite,quant à elle constituerait la partie logements sociaux du “nouveau” Familistère). Cetteadaptation, si elle est nécessaire, risque d’être difficile (changement de fonction du bâtiment,contrainte des monuments historiques et problème de rachat des appartements par le syndicatmixte) et peut-être faudrait-il penser plus précisément à d’autres solutions.

En ce qui concerne la restauration, elle connaît déjà, à petite envergure lesconséquences du tourisme sur Guise, puisque l’activité de ce secteur a augmenté récemmentavec les visites du Familistère par quelques groupes d’autocaristes. La mairie a déjà tenté desensibiliser les restaurateurs du secteur à ce phénomène (en leur demandant de rester ouvert ledimanche par exemple) avec plus ou moins de succès. Cependant, aujourd’hui, la demande estlargement satisfaite et les restaurateurs qui profitent des quelques visites semblent satisfaitspar cette activité.

Parking/voirieIci encore, il n’est pas nécessaire de montrer l’importance de cette issue dans la

réussite du projet. Une attraction culturelle visant une fréquentation annuelle de 100 000visiteurs ne peut passer à coté des questions de circulation des personnes pour arriver jusqu’ausite, à celles de leur circulation et de leur stationnement sur les abords du site.

Page 25: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 24

La ville de Guise n’est aujourd’hui desservie que par la route, il n’est pas possible dese rendre à Guise par le train. Cette contrainte peut, certes, représenter un frein au succès dusite, mais ne semble pas, a priori, constituer une impossibilité majeure à sa réalisation. Si leprojet est intéressant et original, s’il arrive à jouir d’une bonne notoriété, les infrastructuresroutières devraient être suffisantes (d’autant plus qu’elles s’améliorent et qu’elles sont une despriorités du conseil général en matière d’aménagement du territoire, même si le tronçon Saint-Quentin/Guise peut et doit certainement être amélioré). Cette question est donc à prendre encompte, mais il semble que ce ne soit pas ici qu’il y ait le plus à faire.

La question de la circulation et du stationnement des éventuels visiteurs dans Guisenous semble plus préoccupante. En effet, Guise connaît déjà, d’après ce que nous avons pu envoir lors de nos visites, quelques difficultés de stationnement et de circulation aux heures depointes (le vendredi en fin d’après-midi, par exemple, annexe 5!: photos de la circulation).Ces problèmes sont, certes mineurs aujourd’hui, mais qu’adviendra-t-il les jours de grandeaffluence, si aucune action n’est menée, dans un centre ville qui regorge de sens unique et oùles stationnements ne sont pas nombreux!?

Une étude est semble-t-il menée (annexe!: entretien avec M.!CUVELIER), par lesservices de l’équipement pour ce qui concerne la voirie et les parkings, mais M.!CUVELIERest resté simplement allusif à son sujet et cette question semble constituer la prochaine étape.Cependant, nous pensons qu’une réelle étude d’urbanisme doit être menée afin d’étudierd’une part ces questions de voiries et parking et d’autre part les questions d’aménagement desespaces urbains afin qu’ils constituent des espaces agréables de chalandage, mais aussi qu’ilspermettent le lien entre la ville et le Familistère (par l’aménagement de la grande artère qui vade la place d’arme au Familistère notamment) et permettent une véritable réappropriation duFamilistère par les guisards. Ces questions nous paraissent donc réellement essentielles etdoivent certainement être encore mieux considérées qu’elles ne le sont actuellement, même siles acteurs du projet semblent d’ores et déjà en avoir conscience.

SocialCe programme a, dans sa formulation même, une dimension sociale. En effet, un des

buts est de stopper la tendance actuelle qui fait du Familistère un “refuge social”, mais sanscontourner le problème en stoppant toute habitation à plein temps au Familistère. Cettedémarche passe actuellement par le rachat des logements qui se libèrent par le syndicat mixte,en vue de pouvoir exercer un contrôle sur le choix des locataires. Il semble en fait qu’une dessources des problèmes actuels soit le désengagement des propriétaires à ce sujet. Ils sont biensouvent des personnes totalement extérieures à Guise, pour qui ce bien immobilier nereprésente qu’une ressource financière et pour lequel il se moque de l’occupant. Or, commel’a remarqué M.!CUVELIER lors de notre entrevue, tout le monde n’est pas capable de vivreen collectivité, et c’est bien ce dont il s’agit au Familistère, étant donnée l’architectureparticulière sur ce point précis. Mais d’autres facteurs doivent certainement être pris encompte et faire l’objet d’une étude!: pour vivre convenablement, ces personnes doivent avoirla possibilité de travailler, leurs enfants d’étudier… et cet aspect du problème doit êtreconsidéré à plus grande échelle!: celle de la région (des efforts sont d’ailleurs entrepris par larégion Picardie pour améliorer l’emploi et les formations en son sein).

Les problèmes d’emplois (et ils sont bien réels dans le nord de l’Aisne, comme l’asouligné M.!PANY, conservateur du site, lors de notre entrevue) peuvent aussi constituer unfrein au succès de cette entreprise. Tout d’abord, pour former l’équipe de maîtrise d’ouvrage

Page 26: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 25

de l’opération, le syndicat mixte connaît quelques difficultés!: ils recherchent actuellementune personne pour s’occuper des dossiers administratifs et gérer la comptabilité. Cependant,M.!CUVELIER se dit confiant à ce sujet, car le projet est intéressant et qu’il donne envie des’y impliquer, comme l’ont montré les nombreuses candidatures reçues lors du recrutement deM.!PANY, même si le recrutement dans cet autre domaine s’avère pour l’instant plus délicat.Le problème du recrutement du personnel pour faire tourner le site muséal se posera lui aussi.Il faudra en effet du personnel d’accueil, d’hôtellerie, par exemple, et ce peut être unedifficulté, d’où la nécessité d’étudier cette question dès maintenant, pour éventuellementformer des personnes volontaires, mais ne possédant pas les qualifications requises.

Les problèmes d’ordre social sont donc bien une dimension à ne pas négliger. Ceprojet ne pourra connaître un véritable succès que si les guisards se sentent impliqués et prêtsà le soutenir.

Relations inter-territorialesUn tel projet, s’il veut fonctionner de manière optimale, se doit d’être intégré dans une

logique à plus grande échelle, appartenir à un circuit touristique (M.!CUVELIER fait, parexemple, référence à l’abbaye de Saint-Michel). C’est ce que nous avons tenté de montrerdans la partie de ce travail consacrée aux impacts sur la région. La mairie de Guise sembletout à fait consciente de ce phénomène et essaie actuellement de travailler dans ce sens. Maiscette tâche n’est pas sans difficulté!: on ne change pas les mentalités en un tour de baguettemagique et une tradition de “paroisse” est, parait-il, bien ancrée chez les différents acteurs dela vie politique et économique de la région. Selon nous, une telle coordination ne peut se fairequ’avec l’intervention d’un acteur indépendant et délégué par la région. Mais si cette dernières’implique sur le plan financier, elle ne semble pas vouloir s’intéresser à la mise en place duprojet, ce qui constitue selon nous un réel danger pour la réussite de celui-ci.

Pour conclure, les points développés ci-dessus doivent être approfondis comme nousl’avons souligné. Vous nous avez certainement trouvés très critiques à leur sujet dans leslignes précédentes, car il nous paraissait important d’insister de la sorte, tant leur intégrationau projet est importante. Cependant, M.!CUVELIER, maire de Guise et M.!PANY,conservateur du site ont su se montrer à la fois très intéressés et impliqués dans le projet, maisaussi conscients de ces problèmes et volontaires pour travailler à leurs résolutions. Etantdonné leur importance dans le déroulement du processus de réalisation du projet, cettemotivation et cette volonté d’implication permettent un certain optimisme quant au succès decette opération. Cependant, ce succès ne pourra être total que si tous les acteurs de ce projet,et nous pensons ici particulièrement à la région, se montre aussi volontaires et impliqués (etpas seulement sur le plan financier).

b) La région

Le tourisme en PicardieD’après une enquête menée en 1998 par l'Observatoire Régional du Tourisme de

Picardie, nous pouvons retenir de l’état actuel du tourisme en Picardie plusieurs points.

Sur le plan national, la Picardie se place environ au 20ème rang national defréquentation touristique sur les 22 régions de France métropolitaine.

La saison touristique en Picardie démarre en avril pour se terminer en septembre-octobre, le pic des emplois touristiques étant concentré de juin à août. L’activité touristiquepicarde est la conséquence de deux types de fréquentation!: une fréquentation d’une clientèle

Page 27: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 26

d’affaires de septembre à juin et une fréquentation d’une clientèle de loisirs de juin àseptembre.

L’industrie touristique dépend beaucoup des excursionnistes. Ces excursionnistes enprovenance des grands bassins de population de l'Ile de France et de la région lilloise sontmotivés par!:- la possibilité de s'oxygéner dans les forêts de la région et sur le littoral,- les attractions touristiques telles que le Parc Astérix, la Mer de Sable, les musées deChantilly et les châteaux de Pierrefonds, de Compiègne…- la possibilité de flâner dans les villes historiques!: Amiens, Beauvais, Chantilly, Compiègne,Laon, Senlis, Soissons.

La région connaît une fréquentation non négligeable de visiteurs français et étrangersen transit. Actuellement, la région Picardie est essentiellement un lieu d'excursions, depassage et de courts et moyens séjours.

Au niveau de la capacité d’accueil, la capacité d’hébergements marchands et nonmarchands est relativement faible (aux alentours de 2!% de la capacité nationale) et leursqualités sont moyennes!: faible parc hôtelier, très faible capacité d'hébergement rural, unecapacité d'hébergements marchands dominée par des campings, une large partie deshébergements non marchands est résidentielle (résidences secondaires), une fréquentationtouristique dominée par des visites aux parents et amis.

Sur le plan économique, le poids de la consommation touristique en Picardiereprésente 3!% du PIB régional (de 1996). L’activité touristique en Picardie génère un volumed’emplois équivalent aux deux tiers des emplois agricoles picards ou encore à 15!% desemplois industriels de la région, l'hébergement et la restauration représentent 58!% desemplois touristiques picards.

La connaissance de ces données conforte un certain nombre de points évoquésprécédemment (élaboration du programme par le BICFL, facteurs soulevés concernantl’impact sur la ville de Guise).

Une volonté politique régionale forteLa région picarde mise beaucoup sur le développement du tourisme et ses incidences

sur le plan économique.«!Le patrimoine architectural picard est un des atouts majeurs de la région. Riche, bien réparti surl’ensemble du territoire, il peut et doit faire l’objet à la fois d’un rattrapage au niveau de sarestauration et d’une mise en valeur destinée à le faire mieux connaître à l’intérieur et àl’extérieur de la région. Il s’agit d’une priorité forte du contrat de plan, qui prendra en comptel’ensemble du patrimoine, gothique, industriel, rural, avec une action prioritaire sur des sitesemblématiques.!»6

(annexe 6 : article 33 du contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie)Le Conseil Régional de Picardie a par ailleurs demandé la mise en place d’un Schéma

Régional de Développement du Tourisme et du Loisirs (SRDTL) où sont développés l’état dutourisme actuel de la région, les objectifs visés et les moyens mis en œuvres pour y accéder.

6 Contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie, (2000-2006). Extrait sur le thème du patrimoine.

Page 28: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 27

Ceci dénote une réelle volonté et conviction des acteurs politiques de la région.L’enjeu du développement touristique de la Picardie est défini clairement comme «!unvéritable vecteur de développement économique!»7.

Ils sont en effet convaincus que le tourisme peut devenir une activité économique trèsimportante en Picardie et fortement créatrice d’emplois et de richesses. C’est donc dans cetesprit qu’a été rédigé le SRDTL puisque «!le tourisme est une chaîne économique qu’ilconvient de mieux connaître, mieux organiser, mieux souder pour que la Picardie se doted’une véritable industrie touristique dynamique et compétitive!»8.

Le projet culturel du Familistère de GuiseLe développement d’un projet culturel autour du Familistère GODIN s’inscrit dans le

sens de la politique de développement touristique régional. Le projet bénéficie donc à ce titred’aide de la région. Les élus locaux nous ont témoigné leur conviction. Un tel projet sauraapporter un dynamisme sur le plan économique au nord de l’Aisne qui connaît un déclinimportant (dépeuplement urbain, évolution du bassin de l’emploi supérieur à -2!% entre 1990et 1999).

De plus, le développement de ce projet culturel pourrait avoir des répercussions surl’ensemble des sites touristiques du département de l’Aisne (au 4ème rang des départementspour le nombre de monuments classés). En ayant pour ambition de faire de la ville de Guise«!un haut lieu du patrimoine industriel français!» (propos de Jean-Pierre BALLIGAND), ceprojet augmentera d’une part la palette des activités touristiques du département et de larégion («!Une dimension nouvelle sera ainsi donnée au patrimoine du XIXème et XXème siècle,niche touristique encore inexploitée!», Jean-Pierre BALLIGAND). D’autre part les sitesculturels situés au nord du département (Château-fort de Guise, Circuit des églises fortifiées,Abbaye de Saint-Michel en Thiérache…) bénéficient déjà d’une mise en valeur, maissemblent souffrir d’une relative méconnaissance. L’enjeu est donc de faire du Familistère lecentre névralgique du patrimoine touristique du nord de la Picardie. Il permettrait un renvoides touristes sur les autres sites historiques notables du département.

Des liens pourront également être tissés avec les autres lieux de patrimoine industrielsitués dans un périmètre proche de Guise tels que l’écomusée de Fourmies (au sud dudépartement du Nord) ou la Filandière de Fresnoy-le-Grand (au nord de l’Aisne, localisée aunord de la ville de Saint-Quentin), l’esprit étant le même que pour le projet UTOPIA, c’est àdire garder sur le site historique une industrie encore en activité.

La présente étude ne nous permet pas d’avoir une vision précise des répercussionspossibles du projet UTOPIA sur la région, et certaines données nous manquent pour permettrede tisser les liens entre les acteurs du projet et les institutions touristiques mises en place sur larégion Picardie. Plusieurs questions nous sont suscitées et restent donc en suspend!:

Æ Même si la région encourage fortement les élus locaux à développer des projetsculturels et touristiques d’ampleur sur leur territoire (SRDTL), quelle importance accorde larégion au travail de coordination sur des projets culturels et touristiques d’ampleur!? 7 Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) - Actions identifiées en faveur dudéveloppement touristique en Picardie, Comité régional du Tourisme, Conseil Régional de Picardie, 7 décembre2000.8 Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) - Actions identifiées en faveur dudéveloppement touristique en Picardie, Comité régional du Tourisme, Conseil Régional de Picardie, 7 décembre2000.

Page 29: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 28

En effet, la région est prête à aider financièrement de telles opérations, mais ne semblepas participer au niveau organisationnel à la mise en place des projets. Nous avons remarquéque dans le cas de Guise la création d’un syndicat mixte s’est avérée une nécessité, la mairiene pouvant assumer à elle seule le développement du projet. La mise en place de ce syndicatayant été apparemment laborieuse, du temps a été perdu. Ceci n’est pas sans poser problèmepuisque les financements accordés par la région sont limités dans le temps (pour le Contrat dePlan Etat-Région les fonds sont versés pour une période de 6 ans avec nécessité de résultat).D’ailleurs des problèmes de recrutements se posent actuellement pour les postes de gestionfinancière du projet.

Æ Comment instaurer des liens solides et efficaces entre les différents sitestouristiques d’une même région si encore une fois aucune structure professionnelle n’est miseen place!?

Pour le cas de Guise il existe une structure, le syndicat mixte de Thiérache, qui appuie,encourage et coordonne les manifestations culturelles du «!pays!» (circuit des églisesfortifiées!; les Transfrontalières, festival annuel d’échange artistiques entre la Thiérachefrançaise et la Thiérache belge…). Mais plus généralement la gestion des syndicatsd’initiatives et organismes touristiques est actuellement du ressort des bénévoles ou desmairies sans réelles relations entre les villes.

Æ En désirant développer un tourisme “de masse”, car c’est bien de cela dont il s'agitdans la stratégie régionale (qui parle de «!l’industrie touristique!»), ne va-t-on pas à l’encontredu véritable but du tourisme culturel!? (Les visites rapides ou surchargées étant incompatiblesavec l’acquisition d’une véritable culture.)

Æ De manière générale, dans ce type d’opération culturelle et touristique l’opinion deshabitants est écoutée en aval du projet, une fois l’opération lancée. N’est-ce pas en quelquesorte une forme d’exclusion!? Comment impliquer les acteurs principaux de la ville et dudépartement que sont les habitants, avec leurs activités traditionnelles et quotidiennes lorsquel’on fait de leur lieu de vie un marché touristique!? Envisage-t-on de mener des actions enpartenariat avec les écoles!?9

Les opérations auprès du jeune public ont généralement un impact fort et pour résultatl’acception par la population locale des changements du lieu et des activités qui y sontmenées.

9 Exemple donné par Cristina Grande dans Synthèses d’études et extraits des actes du colloque sur laréutilisation culturelle et artistique des monuments historique en Europe, Fondation Serralvès, Portugal, p.40-41.

Page 30: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 29

Conclusion

Jean-Baptiste André GODIN n'est pas un personnage commun. Il a révolutionnél'industrie d'un point de vue social grâce aux idées des utopistes de son époque. Il créa en effetà partir de 1860 le Familistère, un “Palais Social” où ouvriers et cadres de son usine vivaientdans les conditions d'une communauté, profitant des avantages d'hygiène, de culture,d'éducation, de financement, de ravitaillement…

Aujourd'hui, pour ne pas laisser tomber en décrépitude ce bâtiment et tout ce qu'ilvéhicule, les élus et les habitants ont pris conscience de la nécessité de le réhabiliter. Uneproposition a été faite en 1992. Elle n'était pas assez précise et ne mettait pas suffisamment envaleur le caractère exceptionnel du Familistère.

La proposition aujourd'hui soutenue par le département et la région, fut commandée en1995 par la mairie de Guise à un Bureau d'Ingénierie Culturelle (le BICFL). Depuis, l'ampleurde cette proposition (100 000 visiteurs par an) nécessite des études complémentaires même sielle a été en grande partie acceptée. Ceci représente le futur travail du syndicat mixte mis enplace par la mairie et la région, qui nous apparaît comme le futur porteur du projet. En effet,de part les différences entre les nombreux acteurs, leurs rôles, et les diverses visions que l'onpeut se faire du projet, un effort important sera nécessaire pour synthétiser les besoins et lesattentes de tous autour de ce projet, ainsi que pour le coordonner jusqu'à son aboutissement.

Nous nous permettons de donner nos conseils et nos critiques, avec nos yeuxd'observateurs extérieurs.

Page 31: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 30

Critiques

Après avoir retracé la genèse d’UTOPIA, exposé les différents points du programmeproposé par le BICFL, et aperçu quelles pouvaient être les conséquences au niveau de Guise,du département et de la région, il nous paraissaient important de prendre du recul par rapport àtoutes ces données, et de révéler les points sensibles de la poursuite du projet.

Les éléments à réfléchir pour la réussite de ce projet sont :

Structure d’accueil touristique!:- l’hébergement,- la restauration.

Etudes urbanistiques!:- circulation,- stationnement.

Social!:- stratégie immobilière,- prise en considération des habitants,- gestion du projet culturel devenant projet de ville.

Relations intercommunales!:- coordination avec les sites touristiques des alentours,- implication du département et de la région.

Finalement, des interrogations émergent sur la stratégie à adopter pour “attirer” lesfuturs acteurs qui feront vivre le monument, le lieu.

Qui seront les futurs «!habitants!» du monument!?Tel qu’à été défini le programme par le Bureau d’Ingénierie (BICFL), il est intéressant

de constater que le «!Genius Loci!», identifié comme «!l’esprit GODIN!» a bien été cerné.L’auteur du rapport en question laisse cependant toute liberté au maître d’ouvrage

pour le choix des occupants. Il paraît donc important de signaler à toute fin utile que ce choixest décisif pour le bon fonctionnement du projet dans sa globalité (projet culturel, projet deville et de région).

Le choix de la transformation d’une partie du monument en complexe hôtelier est àréfléchir en terme de «!durée de séjour!» et tenir compte du facteur saisonnier.

Page 32: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 31

Si l’on décide d’y accueillir des artistes, des professionnels en voyage d’affaire, desbureaux d’entreprises, la démarche n’est pas du tout la même en terme de gestion du projet etde respect du programme. Les attentes et besoins des uns et des autres sont différents etdiscernables. Il est donc bon d’y réfléchir avant d’entreprendre les travaux de rénovation dupavillon central pressentis pour les accueillir, c’est-à-dire de mener ces réflexions dès àprésent.

Enfin, quelle place accorder aux visiteurs du musée!? Comment va se faire larencontre et la coexistence des visiteurs et des habitants!? Sachant que les élémentsprécédents!: types d’habitants, durée de séjour, activités pratiquées (activités professionnelles,de restauration, de vie commune…) sont à déterminer en prenant en compte ce problème.

D’autres questions apparaissent au niveau des investisseurs et de l’organisation de lagestion du projet!:

Quelle stratégie sera menée pour la publicité du projet, quels outils seront employés!?Par exemple, à l’UTC se monte au sein de la filière 2IC (Ingénieries des Industries

Culturelles) un projet intitulé «!territoires numériques!» (annexe 8!: territoires numériques).Ce projet établi en partenariat avec le Conseil Régional de Picardie a pour but la promotion«!intelligente!» de sites touristiques via l’utilisation du support numérique et outilshypermédia.

Jusqu'à quel point l’emprise par des acteurs extérieurs sera-t-elle tolérée (par le projetlui-même comme par les guisards)!? En effet si le projet fonctionne bien, il attirera desconvoitises!: chaîne hôtelière, de restauration… Il apparaît donc nécessaire de préciser leslimites du projet par rapport aux acteurs extérieurs!: nouveaux habitants du Familistère,chaîne hôtelière ou de restauration, magasin pour touristes, personnel de fonctionnement non-guisard…

Quelle place pour les guisards!? Quand les intégrer au processus!? Pour quel rôle!? Unrôle uniquement d’accueil (ouverture le dimanche, personnel de fonctionnement duFamilistère) ou bien de consultation en amont!? et quelle consultation!?

En effet le projet peut se trouver fortement pénaliser si les guisards ne l’acceptent pas(mauvais accueil des acteurs extérieurs, perturbation de la qualité de vie locale…). Il est doncnécessaire que les habitants soient consultés!: «!ce qui fait la vie d’un projet c’est le publiclocal!» au niveau de son accueil, de sa participation…(Jean-Marc PROVIDENCE, Printemps2001 en AP03).

Tous ces points sensibles nécessitent donc une réelle prise en considération de la partdu porteur du projet. Nous pensons d’ailleurs que le projet est plus à même de répondre à cesquestions depuis la création d’un syndicat mixte consacré uniquement au projet duFamilistère. Ainsi, les attentes de la région, du département comme de la mairie et deshabitants, pourront être centralisées et confrontées de manière rigoureuse. Un réel (et unique)porteur de projet se dessine enfin grâce au syndicat mixte. Ceci permettra en plus d’assurerune meilleure coordination du déroulement du projet, et ainsi de le faire avancerconcrètement. Au regard de notre étude, c’est ce qu’il semblait manquer à la bonnecontinuation d’UTOPIA. Pour un projet de cette taille, comprenant autant d’acteurs etd’échelles de regard, il est en effet primordial que le porteur du projet soit pleinement investidans le travail (relativement considérable) qu’il reste encore à accomplir.

Page 33: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 32

Bonne chance UTOPIA…

Page 34: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 33

Bibliographie

1. Ouvrages- AUTISSIER A.M., MAREK R., NYS P., La réutilisation culturelle et artistique desmonuments historiques en Europe, Synthèse de l’étude et extraits des actes du colloque(Château Savelli- Italie- 1998), Editions de l’ACCR, 1999.

- DELABRE Guy et GAUTIER Jean-Marie, Godin et le Familistère de Guise!: une utopiesocialiste pratiquée en pays picard, SAHVT, Centre de documentation de la Thiérache,Vervins, 1983.

- DELABRE Guy, Vers une république du travail!:Jean-Baptiste André Godin!: 1817-1888,Edition de la Villette, Paris, 2000 (première édition!: 1988).

- DE ROUX Emmanuel, (Photographie!: Georges FESSY), Patrimoine industriel, EditionScala, Paris, 2000.

- GODIN Jean-Baptiste André, La richesse au service du peuple!: le Familistère de Guise,(extraits de Solutions sociales), Bibliothèque démocratique, Paris, 1874.

- PAQUOT Thierry et autres auteurs (Alexis EPRON, Françoise LIVACHE, Odile MARTIN,Jean-Louis PANNE, Jean-Luc PINOL, René RABAUX, Jean-François REY, Jean-PierreTHOMAS), Le Familistère de Guise!: habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette,Paris, 1982.

- PETITFILS Jean-Christian, La vie quotidienne des communautés utopistes au XIXèmesiècle, Hachette, Paris, 1982.

- SNOECK, DUCAJU, ZOON, Le Familistère de Guise ou les équivalents de la richesse,Edition des Archives d'Architectures Modernes, Gand.

2. Articles- CONRAD Daniel, «!La vie rêvée des ouvriers du palais GODIN!», Télérama, n°2696,mercredi 12 septembre 2001, p.13.

- “Guise, ses hommes - Ballades dans l'histoire”, Le Point, n°30, février 1975, p.3-7.

Page 35: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 34

- “Villages ouvriers, utopies ou réalités!: Avis affichés dans un habitat collectif - Du festif auprimitif”, Archéologie industrielle en France, n°24-25, 16-17 octobre 1993, p.44-74.

Lus le vendredi 28 septembre 2001, sur le site du Courrier International!:http://www.courrierinternational.com/dossier/soc/ratp_02/ratp_03.htm

- CHOAY Françoise, “Urbanisme!: l'utopie aujourd'hui, c'est retrouver le sens du local”,Courrier International, Station Luxembourg, n°2.

- PAQUOT Thierry, “Histoire!: de 1516 à aujourd'hui, d'innombrables cités idéales!!”,Courrier International, Station Luxembourg, n°2.

3. Documents divers- Contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie, (2000-2006).

- Grande Cristina, Synthèses d’études et extraits des actes du colloque sur la réutilisationculturelle et artistique des monuments historique en Europe, Fondation Serralvès, Portugal.

- Le Musée de Guise, ex-musée GODIN.

- Les Archives départementales de Laon!:

- Cartes d'état-major au 1/100 000 et 1/50 000.

- Guise, Urbanisme, Direction départementale de l'équipement de l'Aisne, Grouped'étude et de programmation, POS de Guise, 3 fascicules et plans, Laon, 1984.

- Service départemental d'aménagement rural, Secteur rural de Guise, Laon, 1969.

- PIVIN Jean-Loup et CHASPOUV Claudine, UTOPIA!: Valorisation culturelle et touristiquedu Familistère Godin à Guise - Rapport d'orientation stratégique, Paris, Bureau d'IngénierieCulturelle de la Fête et des Loisirs (BICFL), 15 novembre 1995.

- PIVIN Jean-Loup, CHASPOUV Claudine et MULIN Amédée, UTOPIA!: Valorisationculturelle et touristique du Familistère Godin à Guise - Etude de programmation et defaisabilité - Notes de synthèse, Paris, BICFL, avril 1996.

- PIVIN Jean-Loup, CHASPOUV Claudine et MULIN Amédée, UTOPIA!: Familistère deGodin à Guise - Objectif II - Opération de préfiguration et festivités du 1er mai 2000 - Dossierde demande de subvention Feder - Mesure 4.3. du Document Unique de programmation!:“Développement du tourisme”, Paris, BICFL, 1997-1999.

- Plaquette Tout savoir sur le Conseil Régional de Picardie, édition 2000.

- Premiers résultats estimés du recensement, Mission régionale de cartographie, sourceINSEE, 1999.

Page 36: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 35

- Réhabilitation du Familistère de Guise - Diagnostic et orientation - Analyse despotentialités de l'ensemble des possibilités de réaffection éventuelle des bâtiments désaffectéset des principes d'intervention sur les espaces extérieurs, Direction départementale del'équipement de l'Aisne, Direction de l'habitat et de la construction, décembre 1992.

- Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) - Actions identifiéesen faveur du développement touristique en Picardie, Comité régional du Tourisme, ConseilRégional de Picardie, 7 décembre 2000.

4. Sites- Site de Geneviève DOUAY, professeur d'anglais au collège de Guise!:http://www.ac-reims.fr/datice/bul_acad/Hist-Geo/bul06/Guise.htm

- Site du centre historique des archives nationales!:http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/quoi.htm

- Site du conseil régional de Picardie!:http://www.cr-picardie.fr/fr/page.cfm?pageref=culture~patrimoine~musees~guise

- Site officiel du député de la 3ème circonscription de l'Aisne!: Jean-Pierre BALLIGAND!:http://www.balligand.org/html/familistere.htm

- Site officiel du Familistère!:http://perso.wanadoo.fr/familistere.godin/

Page 37: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Le Familistère Godin à Guise

Automne 2001 - AR04 - 36

Annexes

Annexe 1!: chronologieAnnexe 2!: sections des bâtiments du FamilistèreAnnexe 3!: plan d'ensembleAnnexes 4!: plans du site, des phases et du bâtiment!: documents du BICFLAnnexe 5!: photos de la circulationAnnexe 6!: article 33 du contrat de plan Etat-Région mis en place en PicardieAnnexe 7!: estimation de l'investissement!: documents du BICFLAnnexe 8!: territoires numériques

Entretiens

Entretien 1!: M.!DASSONVILLE, réalisé le 19 octobre 2001.Entretien 2!: Mme!MARCHAND, réalisé le 19 octobre 2001.Entretien 3!: M.!PIVIN, réalisé le 21 novembre 2001.Entretien 4!: M.!BALLIGAND (Correspondance établie entre le 7 et le 14 décembre

2001)Entretien 5!: M.!RAPPIN, réalisé le 7 décembre 2001.Entretien 6!: M.!CUVELIER, réalisé le 14 décembre 2001.

Page 38: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Annexe 1!: chronologie

1817!: Naissance à Esquéheries, en Thiérache, à quelques kilomètres de Guise, de Jean-Baptiste André GODIN, fils d’un artisan serrurier.1828!: GODIN quitte l’école communale pour apprendre le métier de serrurier dans l’atelierpaternel.1834!: GODIN à Paris. Conversation avec Jacques Nicolas MORET, son cousin, autour duSaint-Simonisme, du communisme de CABET, des réformes sociales.1835-37!: Tour de France. GODIN voyage avec son cousin, son aîné de 8 ans.1840!: GODIN s’installe à son compte, après avoir pris des brevets concernant la fabricationde poêles en fonte. Mariage avec Esther LEMAIRE. Naissance de Marie MORET, fille deJacques MORET, future collaboratrice, future épouse de GODIN.1841!: GODIN découvre le magnétisme.1842!: Lecture des écrits de FOURIER.1843!: Adhésion à l’École Sociétaire.1846!: Achat d’un terrain à Guise. Installation dans cette ville.1848!: Candidat malheureux à l’Assemblée Constituante!; perquisition à son domicile aprèsl’insurrection ouvrière de juin 1848.1853!: Voyage de Victor CONSIDERANT au Texas. GODIN s’initie au spiritisme. Lettre àCANTAGREL, ancien gérant de la Phalange.1854!: Constitution de la Société Européo-Américaine du Texas. Fondation de l’usineLaeken-les-Bruxelles.1855!: Mention honorable à l’Exposition Universelle.1856!: Création d’un jardin d’agrément à proximité de l’usine de Guise.1857!: Correspondance avec CALLAND et LENOIR, architectes et auteurs d’un projet dePalais des Familles.1858!: GODIN arrête un plan évolutif pour le Familistère, constitué autour d’une grande courvitrée.1859-60!: Constitution de l’aile gauche du Familistère.1862!: Ouverture de la nourricerie et du pouponnat.1863!: Première Fête de l’Enfance.1865!: Début de l’économat.1866!: Début d’un long procès avec Esther LEMAIRE, son épouse, au cours duquel GODINest accusé d’adultère.1867!: Première Fête du Travail. L’entreprise compte alors 900 employés.1869!: Construction du théâtre et des écoles.1870!: Construction de la buanderie.1871!: GODIN, devenu maire de Guise, est élu député à l’Assemblée Nationale. Publicationde Solutions sociales pendant la Commune de Paris.1877-79!: Construction de l’aile droite du Familistère.1878!: GODIN fonde le Devoir, revue des Etudes sociales.1880!: Constitution de la Société du Familistère, “Association coopérative du Capital et duTravail”.1882-83!: Le Familistère ne suffit plus pour loger les ouvriers de l’usine. Construction debâtiments annexes.1888!: Mort de GODIN.1937!: Célébration du centenaire de la mort de Charles FOURIER au Familistère de Guise.1968!: Fin de l’Association du Familistère de Guise!; Rachat par la firme Le Creuset.1980!: Célébration du centenaire de la création de l’Association coopérative du Capital et duTravail à Guise.

Page 39: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Légende!:

A- Cour intérieure pavée enciment!; les petits carrés quifigurent dans la partie ducentre sont faits pour éclairerle sous-sol!; ceux du pourtourservent à la ventilationgénérale de la cour.

B- Escaliers, allant du sous-sol au greniers.

C- Galeries de circulation etpassages d'un cour à l'autre àtous les étages communiquantavec les escaliers.

D- Groupe de logements dedeux chambres chacun,pouvant faire des logementsde quatre chambres.

a. vestibule des deuxlogements.

b. cabinet-dressoir pour lelogement de gauche c et d.

e. cabinet-dressoir pour lelogement de droite f et g.

Lits (emplacementfiguré).

Placards compris dans lelogement.

Cheminées et conduits deventilation des appartements.

E- Deux logements!: l'un detrois chambres h, i, j, l'autrede deux chambres k, l,pouvant faire ensemble unlogement de cinq chambres.

F- Deux logements!: l'un dedeux chambres m, n, l'autred'une chambre o, pouvantfaire ensemble un logementde trois pièces.

G- Logement de deux chambres, sans vestibule.

H- Fontaines placées au-dessus d'une partie faite enciment, entre des poutrelles en fer et surbaissée demanière à ce que l'eau, tombant sur le carrelage, couledans le bassin et le tuyau de descente placés sous lerobinet.

I- Cabinets d'aisance inodores, bien éclairés le jour parde grandes croisées, et la nuit par le gaz.

p. vestibule, côté des dames.q. vestibule, côté des hommes.r, s. sièges à cuvettes inodores.

t, u. cuvettes inodores, à fleur d'un aire en ciment!;ces cuvettes servent aussi de tuyaux de descente pourles eaux ménagères. Un robinet donne de l'eau àvolonté dans ces cabinets.

v. urinoir au rez-de-chaussée.

J- Cabinets et trappes aux balayures à tous les étages!;un large conduit permet aux balayures de descendredans le sous-sol, d'où elles sont enlevées, tous les jours,par des gens de service.

Page 40: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Légende!:

A- Sous-sola. fondationb. caves sous l'édificec. corridors de caved. drainage général des caves dans laquelle sont

placés les tuyaux de conduites de distribution d'eaupour tous les étages de l'édifice, et pour les réservoirsplacés dans les combles.

e. entrée particulière des caves, du rang de façadef. caves sous les coursg. sous-terrains ou galeries de ventilationh. ouvreaux de ventilationi. conduits de ventilation des appartements entre la

partie surbaissée des voûtes et le sol des appartementsdu rez-de-chaussée.

B- Cour intérieure, rez-de-chaussée et étagesj. entrées des passages, des escaliers et des

fontainesk. galeries de circulation formées autour de la cour

par le prolongement des poutrelles des planchers dechaque étage

l. portes d'entrée des logements.

C- Toiture en verre couvrant la cour et les galeriesm. chenal des gouttières à l'intérieur des bâtiments,

passant dans les planchers des greniers pour se rendreaux tuyaux de descente placés à l'extérieur

n. donjon pour la ventilation.

D- Intérieur des logementso. porte d'entrée sur le vestibulep. cabinet servant de buffet et de dressoir pour

resserrer les ustensiles de ménage, la vaisselle, etc.q. placardsr. porte ménagée dans la maçonnerie permettant de

réunir deux logementss. tuyaux de cheminée et de ventilation des

appartements.

E- Grenierst. corridors.

Page 41: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Annexe 3!: plan d'ensemble

Page 42: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Annexe 5!: photos de la circulation

Page 43: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Annexe 6!: article 33 du contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie

Article 33 du Contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie

Article 33 - PatrimoineObjectifs opérationnels!:

- Développer une politique de restauration du patrimoine des sites emblématiques,- Initier une politique de mise en valeur exemplaire visant à mettre la politique de restauration du patrimoine dans uneperspective de valorisation culturelle et touristique,- Valoriser le patrimoine (étude, conseil, diffusion, formation) dans toutes ses composantes (archéologique, historique etartistique, muséographique, linguistique, rural, industriel, littéraire, audiovisuel…),- Mettre en valeur les collections patrimoniales et inédites des musées et bibliothèques de Picardie en s’appuyant sur lesnouvelles technologies de l’information et de la communication. La poursuite de cet objectif permettra en outre deremédier aux inégalités territoriales d’accès à la culture, maîtriser la reproduction numérique, créer des emplois dans unsecteur d’activité innovant et en développement.Description de l’action!:

Restauration du patrimoineDéveloppement des programmes de restauration de certains sites emblématiques de la région!: domaine de Chantilly etcathédrales d’Amiens et de Laon. Des conventions pluriannuelles et pluripartites prendront en compte les actions devalorisation.Cette action fait appel à des crédits d’investissement. Les crédits de l’Etat seront mobilisés hors contrat de plan.

Mise en valeur du patrimoineMise en œuvre d’actions de valorisation autour des cathédrales!: sont identifiés comme projets prioritaires, ceuxd’Amiens (hors restauration), et de Noyon (restauration et/ou valorisation), ainsi que Laon, sur lequel l’Etat interviendradans le cadre d’un plan patrimoine à hauteur de 20!% dans la limite de 20!MF (FNADT). Ces projets devront présenterles caractéristiques suivantes!:- s’appuyer sur une dynamique locale clairement explicitée, notamment dans le cadre d’une stratégie de développementculturel et touristique de la cité et de son territoire (mise en réseau de l’offre, professionnalisation des prestataires,promotion…),- la ville-centre ou le pays devront être détenteurs du label ville ou pays d’art et d’histoire,- intégrer dès l’amont une logique de valorisation, celle-ci s’exprimant sous forme d’un projet global appuyé sur destravaux d’expertise,- dans la mesure où le “projet de cathédrale” comprend un volet restauration celui-ci doit avoir un caractèreemblématique et être largement explicité au public,- créer un lieu permettant d’accueillir les visiteurs et de relier le projet avec son environnement!: office du tourisme,ateliers pédagogiques, exposition permanente sur la ville, ouverture sur la création contemporaine…,- établir une convention pluriannuelle et pluripartite faisant référence aux programmes de restauration envisagés.Cette action fait appel à des crédits d’investissement et de fonctionnement.

Mise en œuvre et soutien aux projets de valorisation du patrimoine régionalIls devront répondre aux besoins de connaissance du patrimoine, de diffusion auprès des publics, de professionnalisationdes acteurs chargés du patrimoine, de son animation et de sa gestion. S’appuyant sur les expériences des initiativessoutenues dans le précédent contrat de plan, il pourra être fait appel, sur projets, aux compétences de divers opérateurs,notamment de l’agence régionale du patrimoine de Picardie (département de l’office culturel régional de Picardie) pourmettre en œuvre les actions permettant de!:- contribuer à la connaissance du patrimoine par la coordination et le soutien d’études et d’analyses sectorielles,- révéler la richesse du patrimoine régional par une très large diffusion auprès du public,- constituer un centre de ressources au service des responsables du patrimoine,- apporter aux initiatives locales une documentation et une aide à la décision technique,- être un lieu de réflexion, d’échanges et de rencontres sur les questions suscitées par la mise en valeur du patrimoine,- participer à la professionnalisation des acteurs chargés de l’animation et de la médiation du patrimoine.Cette action fait appel à des crédits de fonctionnement. La région participera au fonctionnement de l’agence régionale dupatrimoine. L’Etat interviendra en soutien aux actions menées par l’ARPP dans la mesure où elles s’inscriront dans lecadre de projets définis en liaison avec les collectivités locales en matière de valorisation du patrimoine.

Numérisation et mise en réseau des collections publiques des musées et des bibliothèques de Picardie

Page 44: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Les actions éligibles concernent les!:- 38 musées classés et contrôlés de Picardie comprenant les 2 musées nationaux,- bibliothèques municipales classées de Picardie (Amiens et Compiègne) et les bibliothèques municipales ouintercommunales regroupant au moins 10 000 habitants, dotées d’agents qualifiés et disposant de fonds anciens ourégionaux spécifiques.Cette action fait appel à des crédits d’investissement et de fonctionnement.Indicateurs physiques de suivi!:

Pour la restauration et la mise en valeur du patrimoine!:- Nombre de conventions de restauration/valorisation pluriannuelles et pluripartites,- Dynamique de développement culturel et touristique intercommunal suscitée,- Professionnalisation des acteurs du patrimoine!: nombre de formations continues organisées et nombre de journées-stagiaires,- Professionnalisation de l’accueil des individuels!: nombre et diversité des outils d’interprétation et de découverte,- Nombre d’opérations patrimoniales réalisées dans le cadre d’une coordination régionale!: échanges d’expériences,nombre d’actions communes mises en place,- Nombre d’emplois créés (directs et indirects).

Pour la numérisation!:- Nombre d’équipements initiant un programme de réinformatisation dans une logique de mise en réseau des fonds,- Nombre de projets culturels s’appuyant sur la coopération entre équipements,- Nombre et nature des nouveaux publics touchés.Modalités de financement!:

Total Etat Région

Total 88,70 32,70** 56,00

Restauration du patrimoine 35!,00 * 35,00 !

Mise en valeur du patrimoine 43,70 27,70 16,00!

Numérisation et mise en réseaudes collections publiques

10,00 5,00 5,00 !

**Ministère de la Culture!: 12,70 MF en MF FNADT!: 20 MFAutres financements attendus!:- * Etat!: intervention hors contrat de plan sur les opérations de restauration du patrimoine.- Europe (FEDER).- Départements et villes!: cofinancement des projets d’investissement et de fonctionnement dans le cadre de conventions.Modalités de mise en œuvre!:

Création d’un comité de suivi des projets de valorisation du patrimoine!:Coprésidé par l’Etat et la région, il associera les départements et les communes concernés et aura pour mission!:- d’assurer le suivi des programmes inscrits dans le cadre du CPER en veillant à l’harmonisation des programmes deconservation et de valorisation,- de suivre le résultat des études dans ce domaine.

En matière de numérisation, le comité de suivi aura le rôle suivant!:- lancer un appel à projet régional (Etat/région) précisant les critères d’éligibilité des projets et notamment les critèresd’attribution du fond soutien à la numérisation,- identifier les projets éligibles,- constituer une instance de réflexion et de proposition afin d’identifier les programmes à venir.

Page 45: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Annexe 8!: territoires numériques

TERRITOIRES NUMERIQUES

Projet du département TSH - UTC(Nicolas SALTZMAN)

Projet mené en partenariat avec la société ARTSUM (SSII spécialisée dans le traitementtemps réel de l’audio et de la vidéo sur les réseaux), l’INA, France Télécom et ESRI.

Support multimédia - Réseau Internet

Description du projet!:

Le projet Territoires Numériques a pour première application le tourisme rural enPicardie. Il s’agit de promouvoir le tourisme rural en mettant en ligne des informationsgéoréférencées permettant aux futurs touristes de consulter l’offre des gîtes ruraux etchambres d’hôtes en naviguant parmi des données hypermédia (vidéos, photos, sons, textes).Deux types de navigation sont prévus!: soit à partir d’un document broadcast qui est en mêmetemps un vrai documentaire, mais qui sert aussi de «!catalogue!» et permet d’accéderdirectement (par la vidéo cliquable) aux informations plus précises et d’autres natures!; soit àpartir de cartes dynamiques dans lesquelles on peut zoomer.

Un des principes du projet est l’économie de la production vidéo. Si le documentaireest un produit broadcast, il serait inconcevable (et sans doute inutile) de mettre en image lesgîtes et les chambre d’hôtes avec la même qualité. La seule économie possible consiste à faireproduire ces données par les propriétaires de gîtes eux-mêmes. Pour faciliter ce qu’on appelleleur contribution, ils sont guidés par un dispositif vidéo et multimédia qui assure également legéoréférencement et l’indexation à la source des données produites.

Un comité éditorial reçoit l’ensemble des contributions et les met en ligne enménageant les liens ad hoc entre toutes les ressources!: formulaires, cartes, documentaires.

Page 46: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Entretien 1!: M. DASSONVILLE, réalisé le 19 octobre 2001.

- Association Capital-Travail!: il montre un titre de participation qui représentait le capitalsalarial détenu par tous les employés de l'entreprise.Jusqu'à 600 habitants dans ce bâtiment. Maintenant 200 dont 4 ou 5 anciens.- Système actuel!: Système remplacé par ce qu'il appelle le “ramasse fric” qui y met despersonnes sans ressources qui ne respectent pas le règlement intérieur qu'ils essaient demaintenir Æ pas facile.Selon lui, si les bâtiments sont encore debout, c'est grâce au règlement. (Règlement strict!:exple!: amende pour absence de travail)- Rejet de la religion!: Pour lui, ce n'est pas une utopie car ça a existé. GODIN a amélioré leFouriérisme car il l'a rendu laïque. Haine de l'église et de la bourgeoisie. Conflits avec lescommerçants. GODIN considère que les commerçants prennent le salaire des ouvriers (café,crédit Æ majoration). GODIN a créé un élément éducatif, théâtre à la place de l'église duPhalanstère. Mutualité sociale. Concept de la sécurité sociale.- 3 types d'ouvriers!: participants, sociétaires et associés (pour la pérennité de l'entreprise).Mais à l'époque, il aurait fallu pour éviter la division et la jalousie créer un seul type d'ouvrier.La haine n'apporte rien selon GODIN et constitue le défaut du communisme.- M.!DASSONVILLE ne fait pas parti de la fondation GODIN, car il ne veut pas le fairepour les médailles.- Friction avec les personnes extérieures au Familistère!? Pour lui, c'était obligé.- Système des différents ouvriers!: si pas 3 ans de travail, il ne touchait rien. Participant!: 1part. Sociétaire!: 1,5 parts. Associé!: 2 parts. Selon lui, pas tout à fait logique, mais c'est pourla pérennité de l'entreprise. Selon lui, communiste en ville, socialiste au Familistère. Selon lui,il n'y a que des chômeurs qui habitent aujourd'hui au Familistère. Des personnes déboussoléessans repères qui gênent les autres et ne s'en rendent pas compte.- Réhabilitation!: le musée, selon lui, devrait être fait au Familistère mais a été court-circuitépar M.!DUPONT qui l'a construit dans son usine Æ “ramassis d'fric”, “on vend des T-shirts”.Il n'y aurait pas été si on ne lui avait pas demandé. Il faudrait que la ville soit prête à accueillirle tourisme Æ GODIN = “génie” qui a donné selon lui à ses ouvriers!: instruction, éducation,hygiène, travail et même richesse. GODIN Æ anti-clérical, mais pas anti-dieu.- Connaissez-vous des gens qui ont décidé de s'installer après l'ouverture!?Beaucoup de départ quand l'Association a coulé en 1968. “On ne reste pas ici quand on a été àl'école Æ que des petits emplois, sauf fonctionnaires. Au début, après 1968, pas de problèmecar des gens habitués à l'usine côtoyaient des gens du Familistère Æ maintenant c'estdifférent.”- Configuration!? Village pas facile à régler. Toujours des frictions. Au début, co-propriétaire habitant, maintenant ils sont propriétaires à moins de 50!% Æ de moins en moinsfacile pour faire valoir leur droit. Juillet/août Æ ils ne dormaient plus. Chien, mégots partout,canettes de bières. Il a donné des trucs à la fondation mais n'a pas trop confiance en lespersonnes qui s'en occupent.- Friction!? Grandes frictions, on leur (les familistériens) interdisaient les fêtes locales. Parcontre les habitants de Guise pouvaient venir aux fêtes du Familistère. Il parle de “bataillesrangées”. Sa femme a dû s'adapter. Ses enfants sont aussi attachés à Godin, mais ne veulentplus entendre parler de Guise.Pour lui, pas de réticence particulière des Guisards envers le Familistère. Il y aura toujours desgens pour raller après le “tas de briques” mais pour lui, c'est marginal.- Règles pas trop dures!? On s'y habitue. Pour sa femme, intégration difficile au Familistère.Pas le droit d'avoir d'enfants avant le mariage au Familistère. Il parle de clan, de tribu Æ pasfacile quand on vient de l'extérieur.

Page 47: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

- Esprit GODIN selon lui!? Solidarité, éducation, richesse pour tous. Tirer le peuple vers lehaut, un vrai socialiste. (Si on met 10 mauvais ensemble ça ne va pas. 1 mauvais avec 2meilleurs pourra apprendre plus Æ forme de racisme selon lui.)- Le règlement a changé!? Non, mais il n'est plus suivit. Plus du tout esprit de clanaujourd'hui. Selon eux, Familistère partagé en 2 (eux du bon côté). Familistère central appeléle pénitencier car il y a toujours les gendarmes.- Intimité!? Sa femme, ça la dérangeait que tout le monde voit chez elle. Elle ne s'y est jamaisplu. Les nouveaux locataires ne se sont jamais présentés et ils le déplorent.Il a le sentiment qu'avec le comportement des gens, il finira réactionnaire. “Les gens nepensent plus qu'au fric.”- Education!: On pouvait au Familistère être fils de balayeur et avoir une bourse pour aller enécole d'ingénieur Æ arts et métiers (très mal vu car d'habitude réservé à une élite).- Il parle de ville dans la ville, très bien organisée.- Pour lui, quand on a créé la fondation GODIN, on a commencé par inviter des gens qui ontcritiqué GODIN pendant des décennies Æ les anciens n'y ont pas été.- Vie!: Tous les nouveaux propriétaires bailleurs ne sont pas véreux, au moins 2 ou 3 leurpourrissent la vie. Pour lui, région sinistrée, pas de travail, que des petits salaires quipermettent de survivre mais pas de vivre correctement.

Page 48: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Entretien 2!: Mme!MARCHAND, réalisé le 19 octobre 2001.

• Relation inter-familistèrien

Mme Marchand, âgée de 94 ans, habite le Familistère depuis 1935. La première fois qu’elleest entrée dans le Familistère, elle a été «!suffoquée!». Elle ne s’y sentait pas chez elle. Tout lemonde se voit, s’observe. De plus, lorsque elle est arrivée, elle était perçue commel’étrangère. Avec le temps, elle a été admise dans le Familistère. C’était une grande famille,tout le monde se connaissait.Aujourd’hui , on ne peut pas comparer. Mme Marchand ne connaît toujours pas sa nouvellevoisine qui est installée depuis six semaines. Elle entend le mari partir le matin, sans l’avoirjamais vu non plus.

• Règlement du Familistère

Le Familistère, c’est le rêve de GODIN, et entre autres, il ne voulait aucun problème dans leFamilistère. S’il y en avait, ils étaient réglés à l’intérieur. Pas question d’aller à Guise pourexprimer ses problèmes.Par exemple!: Mme MARCHAND a été responsable du lavoir. Au moment d’être nommée àce titre, elle est entrée en concurrence avec une autre familistèrienne. En effet, cette dernièretrouvait injuste que Mme MARCHAND soit à ce poste alors qu’elle était depuis peu auFamilistère. L’affaire s’est alors réglée avec les membres du Conseil.Les règles étaient très précises!: on ne faisait pas n’importe quoi au Familistère, et toutfonctionnait bien.

• Relation ville-extérieur!:

Entre le Familistère et la ville, il y a bien sûr eu des conflits. Les familistèriens, en raison deleurs nombreux avantages se sentaient un peu supérieurs. C’était tellement facile, il avaienttout sous la main!: coiffeur, boucher, boulanger, vêtement, chaussures, économat…

• Argent au familistère

Quand on parle de l’avenir du Familistère, Mme MARCHAND se dit inquiète. Il y a tropd’argent qui circule en ce moment. L’argent fait tourner le tête. Elle a peur de ce que peutapporter le projet UTOPIA. Depuis la privation, apparue après 1968, les habitants prennentmoins d’importance dans les décisions. L’enjeu est beaucoup plus financier aujourd’hui qu’àl’époque. En effet, à l’époque, il n’y avait aucune circulation d’argent. Chaque familistèrienavait un petit carnet qu’il utilisait pour faire ses courses. Toutes les dépenses étaient notéessur ce carnet. Le dépôt d’argent se faisait dans un bureau spécial.

• L’avenir du Familistère

Tous les jours, il y a des bus qui apportent des touristes au Familistère. D’aprèsMme!MARCHAND c’est rare qu’il y ait des jours sans visiteurs. De plus, UTOPIA risqued’apporter des nombreux visiteurs supplémentaires. Ce n’est pas sain pour la tranquillité deshabitants.

Page 49: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Entretien 4!: M.!BALLIGAND (Correspondance établie entre le 7 et le 14 décembre 2001)

M. Jean-Pierre BALLIGAND!: député du département de l’Aisne.

«!Quel fut l’évènement déclencheur du projet de réhabilitation du Familistère de Guise!?!»

La création de la Fondation GODIN, présidée et gérée par M. Guy DELABRE.

«!Quels sont les principaux acteurs à l’origine de cette réhabilitation!?!»

Le monde associatif représenté par M. PATTE et les amoureux du Familistère, la FondationGODIN, la Ville de Guise et Jean-Pierre BALLIGAND lui-même.

«!Quels sont les enjeux d’un projet de réhabilitation du Familistère!?!»

- La valorisation d’un patrimoine architectural unique en son genre (visité par les écolesd’architecture du monde entier)- La préservation d’un habitat noble (le Palais Social) et la mise en valeur du logement en lui-même.- La Création d’un espace muséal sur le thème de l’archéologie industrielle et l’utopie sociale.- La pérennité de la fabrication du produit industriel sur place (poêle et art ménager) ou ledéveloppement d'un tourisme industriel vivant (Entreprise/Archéologie industrielle).

«!Quelles étaient les intentions d’intervention sur le site avant la proposition du projetUTOPIA!?!»

Par soucis de conservation d’un patrimoine architectural unique, seule la préservation du bâtiavait été envisagée (le palais social, les économats, le théâtre, le lavoir-piscine et lepouponnat).

«!En quoi êtes vous personnellement impliqué dans le projet de réhabilitation duFamilistère!?!»

Jean-Pierre BALLIGAND fait depuis longtemps parti des amoureux du Familistère, et dèsqu’il fut à la présidence du Conseil Général de l’Aisne, il a fait son possible pour inscrire laréhabilitation du Familistère au Contrat de Plan Etat-Région.Un chargé de Mission, en la personne de monsieur PIVIN a étudié le site et présenté sonrapport. Ce dernier n’a pas eu de difficulté pour convaincre Jean-Pierre BALLIGAND, étantdéjà convaincu d’avance.Jean-Pierre BALLIGAND a alors pu défendre les différents thèmes présentés dans le rapportdu Bureau d’Ingénierie Culturelle au Conseil Régional de Picardie pour inscrire le projet auContrat de Plan Etat-Région.En ce sens, Jean-Pierre BALLIGAND est un des principaux porteurs du projet au niveau de larégion mais aussi de l’Europe puisqu’il a contribué à ce que ces institutions soient partiesprenantes du projet.

«!Quels sont les points qui vous ont personnellement séduits dans le projet UTOPIA tel qu’ila été présenté par le BICFL!?!»

Par la mise en valeur du Familistère (mais aussi du site de Bruxelles), redonner le droit que lecontenu de l’idée d’utopie sociale de GODIN continue d’exister lui a semblé une démarcheintéressante. La réalisation d’un pôle d’artistes et l’installation de petites entreprises, les

Page 50: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

sociétés et organisations au Familistère sauront redonner vie au pavillon central avec unedimension moderne accordée avec les ambitions sociales de GODIN puisque cela respecte sesprincipes de «!capital-travail!».

«!Quelles sont les institutions qui soutiennent le projet!?!»

Le Conseil Général de l’Aisne est principal maître d’ouvrage du projet.La ville, à travers la création du Syndicat mixte est également initiatrice du projet. Mais entout état de cause, c’est le Conseil Général qui assumera la réalisation du projet à hauteur de90!% de l’activité.

«!Quels sont et seront les freins possibles au projet!?!»

C’est un projet lourd, en cela il suggère une exploitation difficile.La situation actuelle au niveau foncier du site entraîne aussi des blocages (difficultés deconciliation avec le syndicat de co-propriété du Familistère!: expliquer le programme auxguisards et leur faire comprendre la nécessité de vendre leur logement, leur proposer unesolution de re-logement dans les autres pavillons…).La rénovation de l’habitat (mise aux normes délicate) fait intervenir le CIL, l’intérêt de ceplan-projet étant aussi d’améliorer la qualité de vie au Familistère.

«!Quels sont les enjeux actuels et futurs!?!»

Au niveau de la ville, le projet en lui-même a pour ambition de faire de Guise un haut-lieu duPatrimoine Industriel Français (la France étant en retard par rapport à d’autres payseuropéens, n’ayant pas su pleinement mettre en valeur et exploiter le patrimoine du XIXème etXXème siècle).Cette ambition aura nécessairement des retombées économiques (un des partis pris étant dedynamiser la ville en développant l’hôtellerie, les structures d’accueil touristique). De ce pointde vue, UTOPIA est à la fois un projet social et économique.Au niveau du département et de la région, un tel projet augmentera la palette des activitéstouristiques. En plus de mettre en valeur le patrimoine religieux et historique ancien, ce projetdonnera une dimension nouvelle au patrimoine des XIX et XXème siècle, niche touristiqueencore inexploitée. Des liens pourront alors être tissés avec les autres lieux de patrimoineindustriel tels que l’écomusée de Fourmies ou la Filandière de Fresnoy-le-grand, le principeétant le même!: garder sur un site archéologique une industrie encore en activité.

«!En quoi résidera la réussite du projet!?!»

Ce projet fonctionnera si un vrai comité de pilotage se met en place. C’est ici du ressort duSyndicat Mixte. Celui-ci devra faire en sorte de planifier de façon systématique les actions àmener. La difficulté étant de réagir très vite!! En effet, le projet est inscrit au Plan Etat-Région, les financements sont donc limités dans le temps. Si l’activité ne se met pasrapidement en route, par manque de volonté par exemple, le risque est donc que les créditsnon utilisés soient supprimés.C’est un projet important qui demande une implication forte pour la ville, le département etl’Etat.

Page 51: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Entretien 3!: M.!PIVIN, réalisé le 21 novembre 2001.

M.!Jean-Loup PIVIN!: responsable du projet UTOPIA au BICFL.

Le BIC!?Créé en 1985-86 suite à une étude sur la faisabilité d’une ingénierie culturelle, demandée parl’Etat. Découverte que la culture avait un prix. Découverte que la problématique culturelleprovinciale est toujours liée à un problème touristique. Il faut réaliser des travaux sur uneproblématique croisée entre social, culture, loisir, politique…Les projets culturels sont des objets que l’on ne peut pas tester sur des échantillons, «!pascomme des yaourts!». Ce sont des objets uniques. Par exemple une médiathèque «!on peut enimplanter en province en respectant un schéma déjà établi, un modèle!». «!Pour ces projets-cice n’est pas possible!». Chaque lieu est différent (environnement, public, identitérégionale…). «!Pas de recette!». «!Original!».«!C’est une réflexion, non pas sur la valeur patrimoniale en soi mais sur le devenir de lavaleur patrimoniale. Il faut rationaliser les méthodes. Il faut donner des outils aux technicienset des conseils aux politiques. Ce sont des travaux non-reproductibles sauf certains éléments.C’est du domaine du savoir-faire.!»

Comment a été formulée la commande!? Comment ils l’ont reformulée!?Ils avaient plutôt un rôle d’assistance à maîtrise d’ouvrage. L’étude a été demandée par lacommune et la DMF (Direction des Musées de France). Soutenue par la région, la ville, l'Etat.Débute en 1995. Au début cela ne devait comprendre qu’un aménagement des économats. Il aproposé deux scénarios, un qui répondait à la demande et un autre plus ambitieux si la villeavait vraiment l’intention de se servir du Familistère.C’est parti du constat que cette région est un trou paumé («!trou du cul du monde!»), unerégion «!pas géniale!». Il y avait un besoin d’argent réel pour en faire quelque chose, sachantque la zone de chalandage primaire est nulle et que la seconde (c’est-à-dire à une heureenviron) est importante. Il fallait que ce soit plus conséquent que le strict minimum qu’avaitdemandé la mairie, et que tout le monde y trouve son compte, d’où plusieurs lecturespossibles.On pouvait s’attendre à un cœur de cible très rare dans l’équipement, un public “d’élite”(chercheur, étudiant, urbanistes…), venant de l’ensemble de l’Europe. C’était une expériencepresque unique vu l’état de conservation du Familistère et toute l’idée qu’il véhiculait. Ça adonné un projet intérieur-extérieur pour des gens faisant 1h30 de voiture.Mais le jardin n’était pas suffisant. Quand on fait de la route pour aller visiter quelque chose,on aime bien pouvoir se dégourdir les jambes, d’où l’intégration de la peupleraie. Réflexion!:utopies, par quoi sont-elles balancées aujourd’hui, d’où projet pour adultes infantilisés. LeFamilistère c’est une «!poubelle sociale!».Maître d’œuvre de l’époque, c’était la conservatrice qui dirigeait l’étude. Mais elle ne s’estpas intéressée plus que cela au projet. Dans le comité de pilotage, il y a très peu detechniciens, beaucoup de politiques. Dès que l’on a 20!% des collectivités locales sur unprojet, le reste suit. L’ingénierie culturelle c’est tout ce qui est préalable.

Comment le travail a-t-il été effectué!?Selon M.!PIVIN, la réflexion se fait en avançant. Il faut que l’on puisse aménager au fur et àmesure. Mais la politique actuelle est qu’il faut un produit fini, quitte à ce que, lorsqu’il estfini, il soit déjà démodé vu le temps que l’on a mis pour le mettre en place. C’est pourquoi ilprévoyait un plan de réhabilitation aussi long. En France on veut un produit fini, même si çaprend 10 ans. C’est une structure de gestion que l’on n’arrive pas à trouver.

Travail divisé en 2 tranches!:

Page 52: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

- la 1ère tranche!: les économats, le lavoir, la piscine (programmation pas faite mais basenautique acceptée), la jardin, la peupleraie.Projet très politique. Il a vu le jour car un jour M.!BALLIGAND a dit!: «!On fait UTOPIA!».- la 2ème tranche!: le palais social.

Réflexion sur l’impact!?Problème, pour nous, de l’afflux de 100!000 visiteurs par an. Une petite médiathèque dansun petit bled accueille déjà 100!000 visiteurs par an. Ce n’est pas énorme. Ce qu’il faut gérerce sont les pics. Ce sont des petits calculs bêtes et méchants!: il y a 3!ha de parkings. Si l’ondit qu’il y a 2000 à 3000 visiteurs par jour à l’instant t, comment gérer les places de parkings.D’après M.!PIVIN, il y a suffisamment de place de parkings. Comparaison, d’après luitoujours, le supermarché du coin attire pas loin, si ce n’est plus, de 100!000 clients par an. Ettous se garent. Donc ça devrait suffire. Après la régulation des flux eux-mêmes estimportante. Mais il n’y aura pas de perturbation énorme.Le problème va être de gérer le cheminement ville/hors-ville. Le Familistère est alorsconsidéré comme hors-ville. Intention de racheter les berges. Cela fait toujours une petitepromenade agréable pour retourner prendre sa voiture.Maintenant une étude d’urbanisme réelle a été demandée, ainsi qu’une étude sur l’habitatsocial, et sur l’éventuelle transformation des pavillons en hôtels.

Problème de l’hébergement!: ce serait pour du séjour court. Une étude de faisabilité hôtelièredoit être faite. Idée d’hôtellerie à thème, en réutilisant le Familistère. Il faut pouvoir réunirplusieurs standards pour valider le concept. Rêve ou pas!?En soi, Guise marche bien, il n’y a pas de problèmes d’emplois. Mais il n’y a pas demélanges. Tous les gens préfèreraient vivre dans une maison avec jardin. L’idée de GODIN,c’était de faire cohabiter ingénieurs et ouvriers, d’où l’idée de retrouver cela dans l’hôtellerie.On ne pouvait pas implanter un IBIS comme ça. Il a voulu trouver des termes plus amusants,maintenant il reste à convaincre les politiques. Aujourd’hui, c’est inconcevable d’habiter leFamilistère. C’est un habitat communautaire pas collectif. On aurait pu y mettre une résidenceuniversitaire. Une communauté. Mais on ne peut plus y mettre des logements normaux. C’estun endroit où l’on partage la richesse, pas la pauvreté. Tout est fait pour rester encommunauté. Il faut mener une réflexion sur un endroit où l’on partage, construire des valeurscollectifs.

Les habitants!: il y a un taux de rotations énorme. Il doit rester 10!% de familistériens, maisseulement 7!% doivent encore y habiter vraiment (ils sont soit en maison de retraite, soit enhôpital). Les guisards, eux, sont ravis du retournement. «!Que penser d’un maire qui met sastation d’épuration là. C’est qu’il haïssait le Familistère.!» Il faut faire une étude sociale,réfléchir sur un problème plus large, qui pousserait jusqu’à Saint-Quentin.

Page 53: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Entretien 5!: M.!RAPPIN, réalisé le 7 décembre 2001.

M.!RAPPIN!: responsable du service technique à la mairie de Guise.

La fonction de M.!RAPPIN au sein de la mairie le soumet à un droit de réserve.M.!RAPPIN travaille sur le projet UTOPIA depuis 2 ans et avoue qu’à son arrivée il se disaitque le projet ne pouvait pas tenir debout (il modère ses propos en disant que c’est aussi dû àson caractère pessimiste). Suite à une étude approfondie du projet présenté par le BICFL, il acontinué à douter. Au stade actuel, il se dit que bien malin est celui qui peut prendre parti surla faisabilité ou non du projet.

Le rôle de la mairie est limité dans le projet car depuis un an s’est mis en place un syndicatmixte financé à 10!% par la mairie et à 90!% par le département. Ce syndicat, créé le 17novembre 2000 par arrêté préfectoral, regroupe 6 personnes et a été créé parce que le projetdépassait la commune. Le syndicat mixte a eu beaucoup de mal à se mettre en place mais àl’heure actuelle, il doit avoir trouvé son allure et fonctionne plutôt bien. Un syndicat mixte semet en place pour un objet précis et est affecté à un périmètre (le périmètre du syndicat mixtedu Familistère GODIN comprend l’ensemble du Familistère et de l’usine).

Actuellement les travaux faits par la mairie concernent principalement la requalification ducentre ville (qui a d’ailleurs été commencée). En fait, par rapport au Familistère, la marie setrouve un peu dans une phase d’attente. Des études sont encore en cours. Suite à une grosseconsultation pour mener une étude sur la réhabilitation du Familistère, c’est le M.!RAPPINBICFL qui a été choisi. C’est le BICFL qui a lancé le nom UTOPIA et a proposé une solutionglobale. Cependant, tout ce qu’a fait le BICFL n’a pas été considéré comme «!parole divine!».En effet, ce projet paraissait assez irréaliste au premier abord sur bien des points et c’est pourcette raison que des études complémentaires ont été menées. Il est d’ores et déjà clair quel’infrastructure (au niveau de l’hôtellerie, du stationnement) est insuffisante. Le «!grandprojet!» UTOPIA n’en est pas encore à la phase de la réalisation. Seul le petit projet(considéré comme plus urgent et mis en place depuis bien plus longtemps que UTOPIA) esten train de se réaliser et devrait s’achever rapidement. Pour UTOPIA, seuls des débuts decollections sont en train de se constituer.

Lorsqu’on demande au service urbanisme s’il y a actuellement des projets liés de près ou deloin au Familistère, on nous propose de nous renseigner auprès du syndicat mixte. Il n’existedonc actuellement pas de réel projet d’aménagement autour d’UTOPIA mais la ville aconscience que la ville et UTOPIA ne se feront pas en parallèle et les projets de la ville nedevront pas graviter autour du Familistère mais s’harmoniser avec lui.

En ce qui concerne la prise en compte de la population, rien ne sert d’aller trop vite. Tropd’études sont encore en cours. Le département, comme la ville ont tout intérêt à ce que leprojet se fasse mais les travaux ne débuteront que demain. Or le temps du politicien, n’est pasle temps de l’habitants!: si on commence à parler d'UTOPIA à la population alors que leprojet n’est pas encore fixé, c’est sûr, il sera rejeté massivement. M.!RAPPIN reconnaît quepour l’instant, on a peu demandé l’avis des habitants mais sans doute qu’il ne faut pas le fairetrop tôt. D’autre part, si un relogement est à prévoir il faudra présenter des solutions. Or, lamairie n’a pas encore de contacts avec les organismes tels que le CIL. Dans ce domaine donc,tout est encore à prévoir.

M.!RAPPIN considère qu’il manque trop d’éléments matériels pour pouvoir juger un telprojet.

Page 54: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

En ce qui concerne l’impact sur le département, des accords sont déjà signés car il existe unsyndicat mixte de la Thiérache dont le but est le développement touristique de cette zone. Descars touristiques viennent d’ailleurs déjà visiter le Familistère.

La ville de Guise est une ville qui va bien car le taux de chômage est inférieur au taux descommunes environnantes. Au dernier recensement, la population avait augmenté, ce quiconstitue un atout important compte tenu des mauvais résultats de beaucoup de communes del’Aisne.

Page 55: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Entretien 6!: M.!CUVELIER, réalisé le 14 décembre 2001.

M.!CUVELIER!: maire de Guise.

Le personnage!:Il est aussi Vice-président du Conseil Général et d’une commission d'étude sur le tourisme. Ilest très impliqué en ce qui concerne la ville, le département, le tourisme et le patrimoine. Il estaussi passionné de GODIN. Il n’y a qu’à voir les deux bustes (un en bronze, l’autre en plâtre)de GODIN dans son bureau, encadrant une statue de Camille DESMOULINS.L’impression qu’il nous a faite, c’était qu’il s’était vraiment impliqué dans ce projet dès ledébut et qu’il y croyait. Tout à fait conscient que cela implique des choses, socialement,économiquement, sur le point de vue urbanistique, accueil…Personnage sympathique.

Dans le vif du sujet, mise en situation!:Conseil de rencontrer M.!Guy DELABRE, président de l’Association, qui a été créée poursoutenir la mairie dans ce projet. Parfait partenariat entre la ville de Guise et l’Associationdepuis environ 15 ans.L’idée d’origine!: sauver l’ensemble du patrimoine GODIN.Problèmes!: - le financement

- faire reconnaître l’œuvre et refaire vivre l’histoire.Chance!: le patrimoine est encore là et le Familistère est encore habité.2ème étape!: rénover l’ensemble du patrimoine. D’où l’étude de faisabilité confiée au BICFL

- tant sur le plan culturel que touristique- avec un dossier en main, ça permet une prise de contact avec des partenaires.

Comparaison avec l’Abbaye de Saint-Michel qui a bénéficié de beaucoup de sous et desoutien alors qu’il n’y avait pas de réel projet derrière. C’est ce qui explique que ça ne marchepas vraiment. Ce qui a été fait avec l’Abbaye, ceux qui ont donné de l’argent ne le referaitpas. D’où la nécessité d’avoir un projet solide et pour cela de faire appel à un cabinet tel quele BICFL.Il y a quelques années ils ont commencé à zéro.Ils ne sont pas encore dans une phase de publicité sur Guise.2001!: 17!000 visiteurs à priori.

Le syndicat mixte!:C’est récent, de cette année. Au départ le maître d’ ouvrage, c’était Guise.Même s’ils savaient que l’Etat et la région ne souhaiteraient pas s’investir sur le point de vuefonctionnement sur ce projet, ils leur ont demandé, mais c’est purement du financement. Parcontre dans le syndicat on retrouve le Conseil Général de l’Aisne et la mairie de Guise.Ceci permet qu’il n’y ait qu’un seul maître d’ouvrage. Les statuts ont été créés en novembre2000 et la mise en place ne s’est faite qu’en janvier 2001.La première tranche (l’économat) a été inaugurée le 13 décembre 2001. De plus, ils avaientdes problèmes quant au passage au syndicat. En fait il ont dû faire des changements pour laremise des subventions, difficultés de mise en place, donc ils ont attendu que la premièretranche soit finie pour passer au syndicat. Pour les travaux futurs de l’économat, le SyndicatMixte a délibéré pour prendre les responsabilités.Il a bien insisté sur le fait qu’avant la création de celui-ci tout reposait sur la mairie et quecelle-ci n’a pas que ça à gérer. Que maintenant ça devrait aller plus vite. Les travaux surl’économat reprendraient au printemps et qu’après, ça s’enchaînerait. Les travaux sur tout lereste se feraient sans discontinuité pendant les six prochaines années.

Page 56: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Architecte!: M.!ALGRAIN. Il est architecte en chef des monuments historiques. C’est aussipour cela que ça n’a pas été facile. Il s’agit d’un bâtiment classé, donc les travaux ne peuventêtre faits que sous l’égide d’un architecte des monuments historiques.

Accueil d’un tel projet et implication des habitants!:On a vu les rivalités qu’il y a eu au cours de l’histoire. Elles s’éteignent doucement si elles nele sont pas encore (pas encore tout à fait sûr dans sa voix et dans sa façon de formuler). Il y aun réel essai d’implication de tout le monde!: familistériens, guisards, nouveaux propriétaires(avec qui il y a des problèmes). Ils doivent être des partenaires de ce projet. Ils faut associerles familistériens.Lors des premières visites, l’arrivée des cars, ça a fait bizarre. On aurait pu penser que c’estcomme si on montrait des bêtes en cage. Mais le message est passé. Il n’y a jamais eud’accrochage majeur.Dérangement des particuliers!? Evolution dans l’état d’esprit. Prise de conscience del’importance du Familistère, du caractère exceptionnel. Mais quand on est tellement habitué àavoir cela sous les yeux, on ne se rend pas compte de sa valeur. Ça pourra gêner du monde,comme les gens du bord de mer quand ils voient déferler les touristes l’été.Il y aura toujours des gens contre, c’est évident. Il faut parler avec eux.C’est une chance pour les commerçants de s’impliquer. C’est surtout toute la partiecommerciale qui va aider à l’acceptation de ce projet. Quand les gens vont voir les retombéeséconomique, ce n’est pas négligeable.Suite à une question sur le côté social, comme quoi le Conseil Régional ne voyait que le côtééconomique et comment la mairie allait s’y prendre pour ce qui est de la dimension sociale!:le projet économique est évident. L'“Ame de GODIN” n'est pas perdue. On conserve l’ailedroite pour les logements. Pour ce qui est de l’aile gauche!: «!on va lancer une étudeéventuelle d’implantation d’hôtel!».Accès aussi sur l’ensemble de la ville de Guise.

Poursuite du projet!:Pour ce qui est de la partie culturelle, tout est presque terminé. Le BICFL a été nécessairepour lancer des pistes. Mais il reste des études à faire.Point de vue hôtellerie!: l’idée est d’utiliser l’aile gauche. Une étude va être menée poursavoir si c’est la peine, si ça vaut le coup, quand est-ce qu’il va falloir se préoccuper de faireces hôtels (sachant que peut-être ce n’est pas nécessaire avant d'atteindre les 25!000visiteurs)…!? Si ça ne se fait pas dans l’aile gauche il faut chercher d’autres endroits…Conscient qu’il faut accueillir des gens et qu’il risque d’y en avoir beaucoup.Pour ce qui est de la restructuration des logements, ce sera sûrement remis aux mains desHLM. En effet il y a actuellement des problèmes quant à l’occupation des lieux par lespropriétaires. Les principaux propriétaires louent et ne font pas attention aux personnesauxquelles ils louent. Actuellement le syndicat mixte (“mix” comme dit M. le maire)rachètent tous les logements qui se libèrent. Ils auront alors la maîtrise d’attribution deslogements. Ils vont sûrement faire appel à des organismes d’HLM. Il y en a déjà qui sontintéressés. Etude logement en janvier.Etude Urbanisme!: gros morceau.Etude de restructuration urbaine menée par le service de l’équipement pour voirie et parking.Reste assez vague. C’est pour après mais c’est pris en compte. C’est en gros, la prochaineétape après les logements.Point de vue emplois!:Essai de structuration. Avant il y avait un chargé de mission, M.!BLESON. Il est parti dans lesVosges. Actuellement on cherche à recruter quelqu’un (5 à 6 candidatures). On recherche unattaché pour s’occuper des gros dossiers administratifs et surtout un responsable comptabilité.

Page 57: PATRIMOINE INDUSTRIEL Le Familist re Godin Guisecthomasset.free.fr/docs/AR04-familistere.pdf · Lors de la visite de Guise nous nous tions am nag s des temps pour rencontrer des habitants

Difficile. Actuellement c’est quelqu’un de la ville qui s’occupe de la partie comptabilité audépend d’affaires de la ville.Pour le recrutement de M.!PANY il y a eu beaucoup de demandes.

Dans un cadre plus grand!:Pour ce qui est du SRDTL!:Dans l’Aisne, c’est un des atouts majeurs. Place importante du schéma touristique. Il ramenaittoujours au département plutôt qu’à la région. Il y a actuellement un changement de politiquetouristique du schéma général. Avant c’était par “saupoudrage”!: faire un peu plaisir à tout lemonde, pas de politique globale. Aujourd’hui, 2 ou 3 sites principaux. Des églises, deschâteaux, il y en a partout. Il y a un véritable choix politique. Il faut plus d’originalité. C’estaussi pourquoi le Familistère est un élément essentiel. Il faut faire un circuit touristique avecles églises fortifiées, l’Abbaye de Saint-Michel qui même sans projet initial est quelque chosed’important pour ce développement touristique. Il faut s’envoyer les touristes. On ne resteplus chacun dans son coin. Mentalité à faire changer. Il y a quelque chose à faire allant deGODIN à Saint-Michel en passant par les châteaux, la Thiérache…Mais problème du point de vue touristique, pour avoir une unité il faut avoir une politiquepour. Actuellement les SI (syndicat d’initiative) et OTSI (Office du Tourisme et syndicatd’initiative), ce sont des bénévoles ou des emplois jeunes… «!Si il n'y a pasprofessionnalisation du tourisme, on va droit dans le mur!». L'OTSI est porté à bout de braspar la mairie.

Promotion, pub!:Le travail de la pub se fera en 2002. Pour l’instant on ne fait pas trop de pub car on n’est pasen mesure d’accueillir plus de monde que ce qui se fait.Exemple!: si un car de personne du 3ème âge arrive et qu’il veut voir la maquette (il est assezfier de sa maquette), il faut monter au premier étage. Ce n'est pas possible pour tous. Il va yavoir des travaux en 2002, là où se trouvait la mercerie pour permettre un accueil de pleinpied (économats aussi).Rappel!: incendie en 1997 qui ravage bibliothèque, petit musée et école maternelle. Pour allerau musée il ne fallait monter que 3, 4 marches.C’est vrai, aujourd’hui l’accueil est mauvais, mais il y a quand même 17!000 visiteurs.Pour ce qui est de l’accessibilité, quand on veut voir quelque chose, on se déplace, même s’iln’y a pas de train. On est tout de même à 30 minutes de l’autoroute, 1h15 de Lille, 1h deReims. Et puis en 2003 il y aura 2 ou 3 créneaux de dépassement supplémentaires entre Guiseet Saint-Quentin. Et puis il y a tous les pays d’Europe du nord qui ne sont pas si loin que ça.Pour la promotion à proprement parler, ils feront appel à un cabinet spécialisé. Dépliants danstoute l’Europe, salons touristiques, presse nationale et internationale. Déjà France!3 vientrégulièrement, ARTE est venu, TF1 le 1er mai dernier pour la fête du travail et surtout parcequ’ils avaient mis un chapiteau avec des débats. Il faudra de l’argent mais on y réfléchit. Etpuis il y a aussi l’usine qui permet de faire de la pub. Le nouveau PDG a relancé la machine.Avec les catalogues GODIN dans le monde entier, une affiche pour les cheminées GODIN surle périphérique…Guise a totalement été ignoré pendant de nombreuses années. Il est à contre-courant du pointde vue économique. On a GODIN, les usines Sancerre avec leur mobilier de bureaumétallique (il fait sa promo), les interrupteurs LEGRAND, la fabrique de porte-manteaux enplastique, 6 milliards par mois… Baisse du taux de chômage. Véritable dynamique.Attirer des sponsors (EDF pour l’éclairage, déjà intéressé, banque…).