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2007 • numéro 6 • ISSN 1993-8616 PATRIMOINE MONDIAL : L’EMPREINTE DE L’HOMME

Patrimoine mondial : l’emPreinte de l’hommeunesdoc.unesco.org/images/0018/001894/189455f.pdf · Parmi les vingt-deux nouveaux sites, ... mondial s’enrichit d’un des plus beaux

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2007 • numéro 6 • ISSN 1993-8616

Patrimoine mondial : l’emPreinte de l’homme

2007 - N° 6Sommaire

Patrimoine mondial : l’emPreinte de l’hommeSix mille années séparent l’opéra de Sidney de twyfelfontein. Ces deux sites tout juste inscrits sur la liste du patrimoine mondial ajoutent à son extraordinaire richesse, dont le Courrier de l’UneSCo veut se faire l’écho. Parmi les vingt-deux nouveaux sites, le Courrier en a choisi cinq qui reflètent la diversité du patrimoine culturel au fil des âges.

L’Opéra de Sydney

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la grande dame et leS ChaiSeS en PlaStiqUeÀ la frontière entre Orient et Occident, l’île de Corfou est cette anse qui semble se propulser

de la mer Ionienne vers l’Adriatique, non loin de l’Italie. Les petites ruelles de la vieille ville de Corfou, tout juste inscrite sur la Liste du patrimoine mondial, respirent le passé et pétillent de vie… L’artiste grecque Katerina Zacharopoulou nous y promène. 6

« C » Comme CommUnaUté : interview de tUmU te heUheU

C’est un site de la Nouvelle-Zélande, le parc Tongariro, qui fut le premier paysage culturel inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1993. Les paysages culturels dont les aspects immatériels sont aussi importants que les aspects matériels ont changé la physionomie du patrimoine mondial. 3

graveS gravUreSAvec Twyfelfontein, la Liste du patrimoine mondial s’enrichit d’un des plus beaux sites de gravures préhistoriques. Un saisissant

chaos de rochers sur lesquels les habitants de la vallée ont choisi d’exprimer leur vision du monde. 4

ParadiS et enfer de Shah Jehanoyau de l’architecture moghole, le Fort rouge de Delhi a été construit dans un

style unique – le shahjahani – par le cinquième empereur mog-hol de l’Inde, Shah Jehan. Ce nouveau site du patrimoine mon-dial, devenu au fil du temps un haut lieu historique et symbole de l’indépendance indienne, a été pour son bâtisseur un paradis sur terre… puis un enfer. 8

leS diaoloU de KaiPingKaiping, ville-comté située dans la prov-ince du Guangdong (Chine), abrite 1800 tours fortifiées d’un style architectural

unique -dont une vingtaine viennent d’être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial- mêlant des apports occidentaux aux éléments traditionnels chinois : les diaolou. 10

le PeUPle à l’UniverSité – l’UniverSité aU PeUPleOctavio Paz, Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et d’autres célébrités ont

laissé leur empreinte dans le campus universitaire de Mexico. S’étalant sur sept millions de mètres carré, ce vivier intellectuel est aussi, de par son architecture, un exemple unique du modernisme du 20e siècle. 12

Les campagnes internationaLes de sauvegarde du patrimoine mondiaL Les campagnes internationales de sauvegarde du patrimoine, lancées par l’UNESCO à partir les années 1960, servent souvent de tremplin pour l’inscription des sites sur la Liste du patrimoine mondial. 15

L’aube de L’humanité Alors que Twyfelfontein, site archéologique en Namibie, vient d’être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, le Courrier de l’UNESCO fait un voyage dans le temps à la découverte de sites qui témoignent des premières apparitions de l’art aux quatre coins du monde. 14

3Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

C’est un site de la nouvelle-Zélande, le parc tongariro, qui fut le premier paysage culturel inscrit sur la liste du patrimoine mondial en 1993. les paysages culturels dont les aspects immatériels sont aussi importants que les aspects matériels ont changé la physionomie du patrimoine mondial.

les pays du Pacifique, particulière-ment au regard de la préparation des listes de candidatures qui sont exigées pour une inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Il était aussi évident que les liens s’étaient renforcés entre les différentes délé-gations des îles du Pacifique et les experts techniques qui travaillent dans la région.

Quel rôle les communautés doivent-elles jouer dans la protection du patrimoine ? Les communautés font partie in-

tégrante de la protection du patri-moine matériel et immatériel. Cela est particulièrement vrai pour le Pacifique, étant donné l’importance accordée aux valeurs immatérielles, sa culture unique et sa particularité consistant à gérer et contrôler la majorité des terres et des ressourc-es par le droit coutumier. Lors de notre dernière réunion

en février dernier, il a été décidé d’ajouter ce que l’on appelle le « Cinquième C » aux objectifs stratégiques définis dans le Plan d’action du Pacifique 2009. Ce « C » signifie « Communauté ». Sans l’implication et l’engagement de la communauté, la protection du patrimoine est vouée à l’échec. Nous pensons également que la protection du patrimoine devrait regrouper les besoins des commu-nautés, car les personnes doivent être au cœur des préoccupations de conservation. Concrètement, cela veut dire que

les communautés concernées doi-vent être activement impliquées dans l’identification, la gestion et la conservation des tous les sites du patrimoine mondial.

Quel est votre principal objectif en tant que Président du Comité du patrimoine mondial ? Mon principal objectif est de pro-

mouvoir la protection du patrimoine naturel et culturel mondial, qu’il soit

Tumu Te Heuheu, chef suprême de la tribu Tuwharetoa et Prési-dent du Comité du patrimoine mondial répond aux questions de Jasmina Šopova. Il souligne le rôle des communautés dans la préservation du patrimoine de l’humanité. La distinction entre patrimoine matériel et immatériel s’applique-t-elle aux cultures du Pacifique ? Patrimoine matériel et immatériel

sont souvent indissociables dans le Pacifique, où les terres sont gé-néralement des propriétés gérées par le droit coutumier. Rennell Est en est un exemple : il s’agit d’un site unique du patrimoine mondial, dans le sens où il constitue une propriété sous gestion coutumière. Dans les cultures du Pacifique,

« l’indigénité » est inhérente au patrimoine. Le patrimoine définit l’identité culturelle et il est insépara-ble du bien-être social, économique et environnemental. Il peut être considéré de façon holistique, ce qui revient à dire que « l’indigénité » inclut la vie dans sa totalité, avec ses aspects à la fois matériels et

immatériels, et se traduit au travers des traditions culturelles.

Vous venez de lancer le Plan d’action du Pacifique 2009. De quoi s’agit-il ? Le Plan d’action - Pacifique 2009

a été conçu lors d’un atelier de tra-vail sur le patrimoine à Tongariro en 2004. Il détermine les objectifs stratégiques et les priorités pour les nations des îles du Pacifique et se structure autour de « qua-tre C » esquissés par le Comité du patrimoine mondial, à savoir : Crédibilité, Conservation, Capaci-tés et Communication. Il souligne également le besoin que les fonds nécessaires soient identifiés et mis à disposition en coopération avec les partenaires et les États qui ont élaboré des plans nationaux pour sa mise en œuvre. Lors de l’atelier du patrimoine

mondial des îles du Pacifique, organisé à Tongariro, en février 2007, il était très encourageant de noter les progrès faits dans le Pacifique depuis la mise sur pied du Plan d’action. On voyait bien qu’un énorme travail a été fait par

« C » Comme Communauté

interview de tUmU te heUheU

Tumu te Heuheu, Président de la 31e session du Comité du patrimoine mondial

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4Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

matériel ou immatériel. Particulière-ment dans ces parties du monde où les sites nécessitant une protection

sont sous-représenté sur la Liste du patrimoine mondial. Le Pacifique est une des régions

qui comptent le plus grand nombre de peuples indigènes au sein des populations nationales, alors que la densité de sa population est une des plus faibles au monde. Il est sous-représenté dans le système du patrimoine mondial, et ma fonc-tion actuelle m’offre l’opportunité de révéler au monde et promouvoir cette diversité unique du patrimoine

naturel et culturel du Pacifique. À la conférence de Christchurch

(ndlr. 31e session du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenue en Nouvelle-Zélande, du 23 juin au 2 juillet), un appel à la création d’un fond pour le Pacifique a été lancé. La communauté internatio-nale est appelée à y contribuer. Cela aidera entre autre la progres-sion de la mise-en-œuvre de la Convention du patrimoine mondial dans le Pacifique. n

Parc national de Tongariro, Nouvelle Zélande

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avec twyfelfontein, la liste du patrimoine mondial s’enrichit d’un des plus beaux sites de gravures préhistoriques. Un saisissant chaos de rochers sur lesquels les habitants de la vallée ont choisi d’exprimer leur vision du monde.

Graves Gravures

Girafe, antilopes et lion tacheté à quatre orteils : l’un des plus célè-bres pétroglyphes de Twyfelfontein

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CC’est dans une vallée isolée et semi-désertique du nord-ouest de la Namibie que se cache la collec-tion de gravures rupestres sans doute la plus spectaculaire de toute l’Afrique australe, et en tout cas l’une des plus riches du monde. Ce célèbre complexe de pétroglyphes porte le nom de « Twyfelfontein »; la fontaine indécise, en afrikaans. Une erreur de diagnostic, sans doute, car le ruisseau certes modeste qui parcourt la vallée n’a rien d’aléatoire : /Ui-//Ais (source jaillissante), nom que lui donnent les Damaras (ndlr. peuple du centre et du sud de la Namibie) lui convient mieux. En la

traversant en voiture, on est saisi par la majesté de cette cuvette sablonneuse aux rives asséchées. Plus surprenantes encore sont les collines qui l’entourent, chaos de rocs énormes prêts à dévaler la pente. C’est sur ces rochers que les habitants préhistoriques de la vallée ont choisi de laisser une trace de leur vision du monde. On sait, d’après les fouilles effec-

tuées par le Dr. Eric Wendt, un pi-onnier de l’archéologie namibienne, qu’avant l’arrivée des Européens, deux peuples ont habité durable-ment la vallée. Les vestiges décou-verts dans les grottes, typiques de

la fin de l’âge de pierre, il y a 6000 à 2000 ans, indiquent que les pre-miers occupants étaient des chas-seurs-cueilleurs. Ils sont à l’origine de la plupart des gravures et proba-blement de la totalité des peintures qui représentent généralement des animaux et des humains. Puis, il y a 2000 à 2500 ans, un second peu-ple s’est installé dans la vallée : les Khoekhoen, éleveurs de moutons et de chèvres qui connaissent la poterie. Les pétroglyphes réalisés par les pasteurs sont impossibles à confondre avec ceux des chas-seurs-cueilleurs : les formes géo-métriques sont omniprésentes chez ces premiers, avec, à Twyfelfontein, des cercles tachetés, et de longues rangées de points superposées. On connaît mieux les produc-

tions – gravures ou peintures – des chasseurs-cueilleurs d’Afrique aus-trale, que les énigmatiques figures géométriques des pasteurs. La dis-tinction n’a d’ailleurs été établie que récemment par Sven Ouzman et Benjamin Smith, deux spécialistes d’Afrique du Sud. Elle représente une véritable percée pour la com-préhension des peuples d’Afrique australe et des différentes tradi-tions d’art rupestre de la région.

5Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

On a tenté à plusieurs reprises d’estimer le nombre des gravures et des peintures de Twyfelfontein, mais il est difficile, voire impossible, de parvenir à un chiffre exact. Ernst Scherz, auteur d’une documenta-tion impressionnante et inégalée sur l’art rupestre namibien, parle d’environ 2500 pétroglyphes, mais les estimations récentes dépassent les 5000 représentations.

La chasse : un dialogueLes images peintes et gravées dans la roche de l’Afrique aus-trale, en tout cas celles que nous pouvons attribuer aux chasseurs-cueilleurs, révèlent un univers dans lequel les humains sont en dialogue permanent avec des non-humains.

ces scènes de chasse universell-es et le détail de leur équipement traduisaient une quête acharnée de nourriture. Quelle naïveté ! Mainten-ant que nous avons mis les décou-vertes bout à bout, c’est un nouveau sens qui apparaît : la chasse n’est ni plus ni moins qu’un dialogue en-tre deux espèces d’êtres sensibles, entre humains et non-humains. Pour les chasseurs-cueilleurs, la chasse n’est pas seulement oeu-vre alimentaire, elle est un mode de communication avec le monde, visant à faciliter la circulation de la force surnaturelle. Le chassé fournit nourriture et subsistance, tandis que le chasseur veille à ce que lui-même et son clan accueil-lent respectueusement ce don. Les

naissance implicite que l’animal est un parent doué de moralité et de sensibilité. »

Un univers déroutantLes gravures, surtout celles de Twyfelfontein, comptent très peu de représentations humaines, alors que les animaux et leurs empreintes abondent. Mais il ne s’agit nullement de descriptions réalistes. On relève souvent des caractéristiques qui n’ont rien à voir avec notre façon de penser nos relations avec le monde animal. Car, ici et là, surgissent des traits qu’on pourrait qualifier d’« ir-réels » : des rhinocéros pourvus de cornes démesurées, des emprein-tes de lions exhibant plus de quatre orteils, des girafes au cou parfois interminable. Ces détails hors du commun mettent l’accent sur le rôle actif que les animaux étaient sup-posés exercer dans le contrôle de la force surnaturelle. Les gravures rupestres de Twyfel-

fontein ont levé le voile sur une conception du monde plus péné-trante qu’il n’y paraissait chez ces chasseurs-cueilleurs. Aujourd’hui, elles sont aussi révélatrices d’une autre relation : celle du touriste à ce lointain passé. En dépit du fait regrettable mais inévitable que le tourisme aggrave les méfaits d’une érosion qui, inexorablement, ronge le patrimoine culturel de l’Afrique australe, l’art rupestre de la vallée de Twyfelfontein nous ouvre une porte sur les différents peuples qui ont confectionné cet irremplaçable trésor.

Thomas A. Dowson, archéologue sud-africain,

a longtemps travaillé sur le site de la vallée de Twyfelfontein

et dans la région environnante.

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Des étudiants de l’université de Namibie recopient des gravures.

La vallée de Twyfelfontein au coucher du soleil.

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Elles montre aussi leur effort pour canaliser le flux de forces surna-turels qui circulent entre les dif-férents éléments constitutifs de cet univers. Ce flux constant entre les animaux, les autres êtres animés et inanimés et les hommes était d’une importance fondamentale pour la reproduction du monde dans lequel vivaient les chasseurs-cueilleurs. Qu’ils aient été chasseurs, cueil-

leurs ou chamanes, ces gens, manifestement très sensibles, s’employaient dans leur activi-tés quotidiennes à renouveler le monde. Ces activités – chasse, cueillette, accouplement et transe –sont omniprésentes dans les pétro-glyphes. La chasse surtout, thème récurrent dans tout l’art rupestre de l’Afrique australe et à Twyfelfontein en particulier. Nous avons longtemps pensé que

comportements dits « d’évitement » associés à la chasse sont abondamment documentés chez les chasseurs-cueilleurs d’Afrique australe. Pour l’anthropologue ca-nadien Mathias Guenther, qui mène depuis plusieurs décennies des recherches ethnographiques chez les San, autre peuple de la région, ces actes indiquent que « chaque épisode de chasse suscite un sen-timent de sympathie et la recon-

6Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

C avec sa propre ville natale, Con-stantinople. Le contraste entre Ori-ent et Occident était tel que j’avais le sentiment d’arriver d’un lieu indé-finissable dans une ville d’Europe. J’avais le sentiment que l’île que j’apercevais depuis le bateau, tan-dis qu’il se rapprochait lentement du port, était rêvée, qu’elle était la destination choisie par une fée qui m’aurait envoyée là pour me faire découvrir des secrets. J’allais com-prendre plus tard que ce fantasme si enfantin et si vrai était provoqué par deux choses : les toits des mai-sons et l’incroyable paysage ro-mantique qui s’étendait tout autour. Avec ses citadins et leurs manières

à l’italienne, avec ses villageois qui avaient tous l’air d’intendants de grands propriétaires terriens, avec l’atmosphère de la vie noc-turne des années soixante domi-née par la figure d’Aristote Onas-sis, « l’homme le plus riche du monde », Corfou s’ouvrait à moi, en effet, comme un livre de contes de fées.

La Grande dame et Les Chaises en pLastique

Corfou est depuis longtemps une destination privilégiée de toutes sortes de visiteurs. De la société cosmopolite des années 1960 aux touristes en voyages organisés, des poètes et universitaires aux Grecs venant du fin fond du pays, tous ceux qui ont désiré se rendre dans cette île avaient de bonnes raisons d’y aller. Il est vrai qu’un lieu comme celui-ci, habité, gouverné ou décrit par des personnalités hors pair – Dionysos Solomos, Jean Capo d’Istria ou Lawrence Durrell – a une aura qui dépasse ses beautés na-turelles, encore que ces dernières jouent leur rôle dans sa réputation. Ici, comme ailleurs, chacun se

forme sa propre image du lieu, pour ne pas dire qu’il la dessine. Pour ma part, j’ai gardé de Corfou la pre-mière impression presque défini-tive dont j’ai été imprégnée quand, encore enfant, je suis arrivée avec mes parents dans cette île d’où ma mère était originaire et dont mon père était tombé amoureux au point d’abandonner en partie les liens

Mais il y avait surtout ses ruelles qui respiraient l’Histoire. Une His-toire aux racines européennes, avec ses seigneurs et aristocrates, hommes de lettres, peintres et mu-siciens, avec ses combats pour l’indépendance, ses avant-gardes et précurseurs, ses forteresses et palais, ses coutumes locales et étrangères, ses maisons pay-sannes et demeures seigneuriales qui racontent la diversité des hom-mes.

Découverte de soiCorfou n’est pas, du moins pour moi, une île de vacances. Law-rence Durrell, qui y a vécu, a dit : « Dans d’autres pays on peut dé-couvrir des paysages, des cou-tumes et des traditions. La Grèce a quelque chose de plus dur à offrir – la découverte de soi. » Corfou est certes la Grèce, mais aussi un pont méditerranéen de l’Orient vers l’Occident. Outre la découverte de soi, elle réveille chez l’homme quelque chose de profondément humain, une sorte de mélancolie, de nostalgie in-définissable, quelque chose de pesant, comme un amour définitif et sans espoir, comme un paysage intérieur poignant. Chacun de nous a son paradis à

soi. Et l’île du tourisme de masse ou de la vie insouciante, de la mer turquoise et des grands hôtels, l’île des brochures des agences de voyages n’en est pas un. Le vrai paradis c’est le sourire de cette Corfiote assise l’après-midi sur la marche de sa maison à Aghios Markos, avec son foulard blanc sur la tête, qui fait comme

à la frontière entre orient et occident, l’île de Corfou est cette anse qui semble se propulser de la mer ionienne vers l’adriatique, non loin de l’italie. les petites ruelles de la vieille ville de Corfou, tout juste inscrite sur la liste du patrimoine mondial, respirent le passé et pétillent de vie… l’artiste grecque Katerina Zacharopoulou nous y promène.

Vue de Corfou depuis le vieux fort.

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7Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

si elle ne savait pas qu’à deux pas de son paisible village, des milliers de motos vrombissent à Ypsos, en route vers les innom-brables tavernes, restaurants, cafés, bars et boîtes de nuit con-centrés au bord de la mer. Le vrai paradis c’est la ville en octobre quand tu flânes dans les ruelles et que tu découvres la librairie « O Plous » (La Traversée), avant qu’une averse soudaine ne te pousse dans le café Liston. Le vrai paradis ce sont les odeurs dont tu n’es pas

Corfou

Colonisée par les Corinthiens vers 734 avant J.-C., Corfou fut tour à tour conquise par les romains, les Byzantins, les vénitiens, les français et les Britanniques. Cette île pittoresque,

dont la vieille ville du même nom vient d’être ajoutée à la liste du patrimoine mondial, veille sur les vestiges de son tumultueux passé

La plus septentrionale des îles Ionien- nes, Corfou, à un jet de pierre de l’Albanie, est aussi l’île grecque la plus proche de l’Italie. Cette position stra-tégique entre Orient et Occident fit de cette petite île pittoresque l’enjeu des batailles et des conquêtes méditer-ranéennes tout au long de l’histoire. Colonisée par les Corinthiens vers 734 av. J.-C., elle tomba successivement aux mains des Romains, des Byzantins, des Vénitiens, des Français et des Britan-niques. Quatre siècles durant, ses for-tifications protégèrent les intérêts com-merciaux et maritimes de la République de Venise contre la puissance ottomane. Rattachée à la Grèce en 1864, Cor-

fou n’en veille pas moins jalousement sur les témoignages de son passé tu-multueux et cosmopolite, de l’Antiquité à nos jours. La vieille ville s’étire entre ses deux forts, au milieu de la côte orientale de l’île. La glorieuse citadelle vénitienne, qui accueille des concerts et autres évé-nements culturels, témoigne de l’âpreté des sièges subis par l’île. Ouvrages médiévaux exceptionnels édifiés par les meilleurs architectes et ingénieurs de la Sérénissime, rénovés par les Britan-niques, le Vieux fort et le Fort neuf ont été choisis pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial. La vieille ville ceinte de fortifications et

son dédale de ruelles colorées n’ont pas

été oubliés. Modelée par l’architecture it-alienne, elle s’enorgueillit aussi d’églises de tradition orthodoxe (dont l’une ren-ferme le corps embaumé de Saint Spyri-don), tandis que sa vaste esplanade abrite un terrain de cricket, très « british ». Par sa structure et par sa forme, ai-nsi que par son mode de vie, ses arts et ses lettres, Corfou offre un exemple exceptionnel de fusion entre les civili-sations occidentale et orientale. La re-connaissance apportée par l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité de ce joyau méditerranéen, conservé quasi intact jusqu’à ce jour, contribuera à entretenir cette formidable vitalité.

Le vieux fort à côté du port

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sûr de connaître l’origine : odeurs mêlées de mer et de cyprès, de terre mouillée et de jasmin, de vielle maison fermée et d’herbe humide.

Une aristocrate cosmopoliteIl y a dans le monde nombre de villes bouleversantes truffées de chefs-d’œuvre de l’architecture, entourées de paysages époustou-flants, de plages exotiques... Corfou n’est pas la seule. Mais en même temps elle est unique. Il suffit d’y

aller une fois à Pâques pour le com-prendre. Elle est tout simplement spectaculaire en ces jours de deuil transformés en jours de fête. Des orchestres foisonnent dans la ville, de beaux jeunes gens, générale-ment blonds, jouent de la musique, des feux de Bengale lancés depuis la Citadelle complètent le décor. Les Corfiotes sont très fiers de

leur île et, avouons-le, ils ont un sentiment de supériorité à l’égard des Grecs des autres régions. Les Crétois aussi, me direz-vous, les

8Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

habitants des Cyclades aussi. Mais pour d’autres raisons. C’est une question qui concerne l’Histoire et elle est loin de mon propos. Ce que je voudrais dire ici, c’est qu’il me semble que les Corfiotes, pour

être les héritiers d’une grande ci-vilisation, sont à la fois anciens et modernes ; ils sont Grecs mais aussi un peu Italiens ; ils se préoc-cupent de leur patrimoine, mais en même temps le détruisent. Comme

partout en Grèce, mais à Corfou le contraste prend parfois des propor-tions excessives. Est-ce possible de faire coexister passé, nature et mondialisation sans dégâts ? Corfou est une aristocrate cos-

mopolite qui souffre des chaises en plastique. Le fast-food ne lui sied pas plus que les motos et les comportements vulgaires. Il faut la traiter comme une grande dame d’autrefois, avec respect... Mais, on le sait, de nos jours, un peu partout dans le monde, les grandes dames vivent des moments difficiles. n

Katerina Zacharopoulou, artiste grecque, réalise et présente sur la chaîne de télévision nationale ET1

l’émission « Le temps des images » consacrée aux arts plastiques.

Des orchestres foisonnent à Corfou pendant les fêtes.

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Joyau de l’architecture moghole, le fort rouge de delhi a été construit dans un style unique – le shahjahani – par le cinquième empereur moghol de l’inde, Shah Jehan. Ce nouveau site du patrimoine mondial, devenu au fil du temps un haut lieu historique et symbole de l’indépendance indienne, a été pour son bâtisseur un paradis sur terre… puis un enfer..

paradis et enfer de shah Jehan

Le Fort Rouge de Shahjahanabad (Old Delhi)

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rle «S’il y a un paradis sur terre, il est bien ici et nulle part ailleurs », lit-on, à l’entrée de Qala-a-Mubrak’a. Ce couplet du poète persan Amir Khusrau résume bien l’intention des architectes de Shah Jehan : concevoir une citadelle à l’image du paradis décrit dans le Coran. Elle n’est pas sans rappeler Ispahan en Iran. Shah Jehan est cet amoureux qui,

en mémoire de son épouse favorite, sa « lumière du palais », Mumtaz Ma-hal, morte en 1631, avait employé 20 000 ouvriers pour construire le célèbre Taj Mahal à Agra, mausolée inscrit sur la Liste du patrimoine mon-dial en 1983. Il est aussi ce grand empereur qui a porté à son apogée

9Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

l’empire moghol, fondé au 16e siècle par Bâbur, « le léopard », un descen-dant du redoutable chef de guerre Tamerlan à qui nous devons depuis le 14e siècle les merveilles d’un autre site du patrimoine mondial, Samar-kand, aujourd’hui en Ouzbékistan. Shah Jehan restera sans doute con-

nu comme le plus grand amateur des arts et bâtisseur de la dynastie. Le Qala-a-Mubrak’a qu’il nous a légué, connu sous le nom de Fort rouge, est une citadelle qui a servi à la fois de résidence impériale et de complexe administratif.

La nouvelle capitale rougeC’était quand il avait décidé de trans-férer sa capitale d’Agra à Delhi, en 1638, que l’empereur a ordonné la construction de son « paradis sur terre » sur les rives de la rivière Yamuna, tout comme le Taj Mahal. Aujourd’hui on l’appelle Old Delhi. À l’époque la cité portait le nom de son empereur : Shahjahanabad. Le Fort rouge, dont la construction a

commencé en 1639 et s’est achevée

vraisemblablement en 1648, aurait abrité quelque 3 000 personnes. Il s’agit de la première citadelle mog-hole conçue sur un modèle de grille octogonale, ce qui deviendra par la suite une des caractéristiques de l’architecture de cette dynastie. Con-struite en briques plaquées de grès ou de marbre rouge, elle marie har-monieusement des éléments perses, timourides et hindous, tout en se ba-sant sur des prototypes islamiques. Ce style unique qui se caractérise par ailleurs par des compositions géométriques complexes porte aussi le nom de l’empereur : le shahjahani. Reliées au nord à Salimgarh, un

ancien fort construit par Islam Shah Sur en 1546, les murailles du Fort rouge font plus de deux kilomètres de long. Leur hauteur varie entre 16 mètres côté rivière et 36 mètres côté ville. Deux portes donnaient accès à la citadelle : celle de Delhi et celle de Lahori. La première était réservée aux soldats et serviteurs de la cour. La seconde, orientée vers la ville de La-hore et donnant sur le Chatta Chowk (marché du palais), était destinée aux

“... toutes ces constructions, qui jouent le fragile et l’éphémère, ont une rigidité absolue et représentent ce que les hommes savent créer de plus durable, en même temps que de plus ruineusement beau. ...”

Pierre Loti, L’Inde sans les Anglais”,1903.

visiteurs et à l’empereur lui-même. Une large artère nord–sud longe le marché. Elle délimitait la frontière en-tre le camp militaire, à l’ouest, et la palais, à l’est.

Trône du paon et bassin à lotusLorsque le puissant et inconsolable Shah Jehan se rendait en audience publique dans le salon destiné à cet effet, le Diwan-i-Am, il passait à côté du pavillon du tambour (naubat khana ou naqqarkhana), un bâtiment rectangulaire à trois étages, réservé aux musiciens. C’est dans ce salon que l’attendait son trône, incrusté de pierres semi-précieuses, aussi beau et aussi majestueux que le trône de Salmon, pour ne pas dire sa copie. Mais un autre trône, plus somptueux

encore, l’attendait au milieu du Di-wan-i-Khas, son salon d’audiences privées où il rencontrait ses minis-tres et notables. Plus de 100 rubis et autant d’émeraudes ajoutaient à la splendeur des deux figures de paon qui se dressaient derrière ce siège royal, sans compter les diamants, saphirs et autres perles rares. Ce fameux Trône du paon a été remporté comme butin de guerre en Iran, par Nadir Shah. C’était en 1739, tout juste un siècle après le début de la construction du Fort rouge, quand le « Napoléon perse » avait mis Delhi à feu et à sang. Les affaires de l’État terminées,

Shah Jehan se retirait dans le Khas Mahal, son pavillon privé contenant des chambres, des salles de prières et une tour d’où l’empereur avait l’habitude de s’adresser au public. Le Khas Mahal faisait partie d’une suite de pavillons royaux en marbre blanc donnant sur la Yamuna, reliés entre eux par un canal dont les eaux ruis-selantes lui valurent le nom de Nahr-i-Behisht, le ruisseau du paradis. Pour se détendre, Shah Jehan

se réfugiait dans un de ses ham-mams, équipés de conduits d’eau froide et chaude, dont les fonds dé-corés de motifs floraux lui donnaient l’impression d’être dans un jardin. Et à l’extrémité sud de cette rangée de pièces privées, l’attendait le paradis des paradis : les zenanas, autrement dit, le quartier des femmes, constitué

Les murailles du Fort rouge font plus de deux kilomètres de long.

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de pavillons à un seul étage reliés, eux aussi, par des canaux et bassins. Ses femmes et maîtresses habitaient le pavillon Rang Mahal (palais des cou-leurs), au plafond incrusté de motifs en or et en argent qui se reflétaient dans l’eau et le marbre blanc du su-perbe bassin à lotus, un des motifs favoris de l’architecture moghole.

Symbole du pouvoir Shah Jehan aura passé moins de vingt ans au paradis terrestre et dix ans en enfer… sans changer de lieu. Tombé malade en 1657, il a été des-titué et incarcéré dans le fort jusqu’à sa mort en 1666, par son propre fils Aurangzeb. Nous devons à ce dernier la Moti

Masjid (mosquée de perles) qu’il a

construite en 1659 pour son usage personnel, à l’ouest des hammams de son père. Toute en marbre blanc, elle est décorée, au sol de la salle de prière, d’un rectangle de marbre noir en guise de tapis de prière. Au nord de la mosquée se déploie le somptueux Hayat Bakhsh Bagh, le jardin qui donne vie, dont les différ-entes parcelles quadrangulaire sont, elles aussi, reliées par des canaux. Il ne reste pas beaucoup de ces

jardins paradisiaques. Depuis sa construction, le fort a connu de nom-breuses modifications, mais ce sont surtout les Anglais qui ont consi-dérablement changé sa structure. En 1857, quand la Couronne britan-nique a pris les commandes du Raj, elle en a fait le quartier général de son armée, la British Indian Army. Ré-

sultat : édifices démolis, bâtiments militaires construits dans le style co-lonial et une bonne partie des jardins mogohls transformés en jardins an-glais ! En 1947, après l’indépendance de

l’Inde, l’armée indienne a pris posses-sion du Fort rouge et en a fait le sym-bole de la défaite du pouvoir colonial britannique en Inde. Pour preuve : la célébration de la première fête de l’indépendance s’y est déroulée, le 15 août 1947. Et depuis, chaque année, le Premier ministre prononce son discours à l’occasion du jour de l’indépendance dans ce haut lieu de l’histoire indienne. n

Appasamy Murugaiyan, linguiste indien

Kaiping, ville-comté située dans la province du guangdong (Chine), abrite 1800 tours fortifiées d’un style architectural unique -dont une vingtaine viennent d’être inscrits sur la liste du patrimoine mondial- mêlant des apports occidentaux aux éléments traditionnels chinois : les diaolou.

Les diaoLou de KaipinG

Tours fortifiées dans le village de Zili (Kaiping)

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nar une nuit de décembre 1922, une colonne de plus de deux cents brigands avance dans l’obscurité. Ils viennent de prendre en otage les 23 élèves et le directeur du collège du bourg de Chikan, et les condu-isent vers leur repaire. Leur chemin passe près du village de Yingcun où se dresse le Hongyi Lou, un diaolou que des émigrés chinois revenus des États-Unis ont construit pour proté-ger leurs familles. Ils y ont déposé leurs armes et l’ont équipé d’un gé-nérateur électrique, d’un projecteur et d’une sirène d’alarme qu’ils ont rapportés d’outre-mer. Dès que le soleil se couche, des

hommes montent la garde au som-met de cette tour fortifiée où dorment les habitants du village. Cette nuit-là, ils aperçoivent d’étranges ombres

11Le courrier de l’UNESCO 2007 N°6

furtives. Aussitôt ils allument le pro-jecteur, mettent en branle la sirène d’alarme… Les brigands pétrifiés sont pris au piège de ces engins in-connus. Du haut du diaolou, les gar-diens ouvrent le feu. C’est la panique. Quelques brigands sont blessés, les autres prennent leurs jambes à leur cou. Certains otages en profi-tent pour s’enfuir. Les villageois font prisonniers 12 brigands. Ils sauvent 17 élèves et le directeur de l’école. L’affaire fait grand bruit. Désormais chaque bourg voudrait avoir son di-aolou.

Gardiens séculairesAujourd’hui, une vingtaine de di-aolous de la sous-préfecture de Kai-ping sont inscrits sur la Liste du pat-rimoine mondial. À deux heures de route de Canton, chef-lieu de la province de Guangdong, et à quatre heures de bateau de Hong Kong, Kaiping est reculé dans la province : ses diaolous se dressent à l’arrière des villages, dans de verts bosquets de bambous ou de bananiers ; certains surgis-sent au détour des rizières, au sommet d’une petite butte. Ils revêtent des formes variées : donjons coiffés de créneaux et percés de meurtrières, bef-frois richement ornés, tours délicatement ouvragées. Quelques-uns sont en pierres, certains en pisé, d’autres en briques, comme le Yinglong Lou, le plus ancien des di-aolous encore debout depuis le 16e siècle. Mais la plupart, construits dans les années 1920-1930, sont en béton armé et comptent quatre à cinq étages. Une de leurs particulari-tés : la fusion des éléments architec-turaux chinois et occidentaux. Les diaolous servaient à la défense

des villageois en période de troubles. Ils se sont multipliés notamment à la fin de la dynastie Qing (1644-1911), lorsque d’innombrables guerres lo-cales ravageaient la Chine – rap-pelons-nous seulement la sanglante rébellion des Taiping (1851-1864) – et pendant la période dite des Sei-

gneurs de la Guerre, ces militaires avides de pouvoir qui ont mis le pays à feu et à sang entre 1916 et 1926.

Double-Bonheur et feuilles d’acantheMais l’insécurité seule n’explique pas la prolifération des diaolous. Ce sont les émigrés qui en ont fourni les moy-ens financiers. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, Kaiping était l’un des foyers de l’émigration chinoise. Nombre de ses habitants travaillaient comme coolies (ndlr. nom donné aux émigrés économiques Chinois) dans les plantations et les mines d’Asie du Sud-Est, participaient à la ruée vers l’or en Californie et à la construction du chemin de fer sur le continent améric-ain, ouvraient des blanchisseries, des restaurants, des boutiques. De retour au pays, ils ont introduit

cette extraordinaire architecture com-posite des diaolous, qui marie, par ex-emple, des motifs de bon augure chi-nois – tel le symbole Double-Bonheur – à des feuilles d’acanthe ou à des colonnades antiques occidentales. Ils ont aussi importé dans la région

le ciment et l’acier qui se sont avérés déterminants pour la naissance de ce style architectural insolite, le béton armé permettant la construction en porte-à-faux et facilitant l’édification

de dômes et d’autres formes arron-dies. C’était une grande nouveauté. Pour l’anecdote, on trouve dans la littérature chinoise de l’époque le terme de « wok à l’envers » signifiant « coupole ».

Une question de prestige Les diaolous représentaient des ou-vrages de prestige symbolisant la prospérité et la puissance de leurs propriétaires qui, par conséquent, ne lésinaient pas sur les moyens. Cer-tains appartenaient à une seule fa-mille et servaient parfois d’habitation. D’autres étaient financés par un vil-lage ou plusieurs familles ; chacune y disposait alors d’une petite pièce où entreposer ses biens les plus précieux et se réfugier en cas de danger. D’autres encore étaient des

tours de guet érigées dans des endroits stratégiques aux abords des villages. C’est le cas du « Phare du Clan des Fang », près du village de Zili. Les diaolous financés col-lectivement étaient souvent nommés d’après le village ou le chef du lignage ; d’autres l’étaient en fonction de l’utilité dévolue au bâtiment. Une fois le nom choisi, on faisait appel à des artistes renommés pour calligraphier les caractères, sculptés ensuite en creux ou moulés en plein, puis disposés en haut de la façade principale du diaolou. L’inscription du Ruishi Lou, un diaolou sur neuf niveaux dans le village de Jinji-angli, est l’œuvre d’un abbé et célèbre calligraphe du Temple des Six Banians de Canton. La plupart des diaolous sont

aujourd’hui à l’abandon, mais ils n’offrent pas un spectacle de dé-solation. Au contraire : à la tombée de la nuit, leurs sombres silhouettes se dressent au-dessus des maisons et continuent de veiller sur les villages de Kaiping.

Patricia Batto, sinologue française,

prépare actuellement un ouvrage sur la région de Kaiping

Quand la coupole est apparue dans l’architecture locale, on l’a appelée « wok à l’envers »

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Territoire privilégié de l’historien dC’est sur une mer de lave volca-nique que se dresse la Ciudad Uni-versitaria de l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM). Plus de 150 000 étudiants, professeurs et employés travaillent et, pour certains, vivent dans cette partie sud de la vallée de Mexico, que le volcan Xitle (« petit nombril » en langue náhuatl), désormais éteint, a enseveli il y a 2 400 ans. Autrefois éloigné de la ville, ce

campus universitaire y est dé-sormais rattaché. L’explosion dé-mographique a fait que ses « habi-tants », surnommés « Pumas », ont fini par partager leur oasis de sci-ence, d’art et de sport avec les 20 millions de personnes vivant dans la capitale mexicaine. « L’architecture de la Ciudad Universitaria fait que même ceux qui n’ont pas étudié à l’Université s’identifient à elle, car c’est un espace très mexicain », af-firme Lourdes Cruz González Fran-co, chercheuse et coordinatrice

des archives des architectes mexi-cains. « Il n’y a pas de choc entre la Ciudad Universitaria et la grande ville », insiste-t-elle. Au contraire, elles s’intègrent parfaitement l’une à l’autre dans un échange fluide». La CU, comme on l’appelle com-

munément, est pour quelque chose dans l’importante croissance urba-ine que Mexico a connu au cours de la deuxième moitié du 20e siècle : depuis le début de sa con-struction, des avenues sont nées, d’autres ont été agrandies, comme par exemple, l’avenue Insurgentes, l’une des plus emblématiques de la ville de Mexico.

Un espace fonctionnelLa Ciudad Universitaria a été con-çue dans les années 1940 pour rassembler dans un seul et même espace les différentes écoles et facultés de l’UNAM, jusqu’alors dis-persées dans la capitale. Le chan-tier a démarré en 1949 sur sept

millions de mètres carré pour une durée de trois ans. « Mario Pani, Enrique del Moral et Mario Lazo ont opté pour une architecture mod-erne utilisant des volumes cubiques et des prismes de verre. Cette vi-sion fonctionnelle et rationnelle de l’espace propose une nouvelle lec-ture d’un lieu que la lave volcanique du Xitle avait rendu inhospitalier », explique Lourdes Cruz. Bien que cet ensemble ait été

conçu il y a plus 60 ans pour une population de quelque 25.000 per-sonnes, la Ciudad Universitaria n’a rien perdu aujourd’hui de son car-actère fonctionnel, même s’il a fallu rajouter dans les années 1970 deux nouvelles cités – l’une pour la re-cherche scientifique et l’autre pour la recherche en sciences humaines –, ainsi qu’un centre culturel et plu-sieurs campus multidisciplinaires.

Un espace de beautéLe site qui vient d’être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial

octavio Paz, diego rivera, david alfaro Siqueiros et d’autres célébrités ont laissé leur empreinte dans le campus universitaire de mexico. S’étalant sur sept millions de mètres carré, ce vivier intellectuel est aussi, de par son architecture, un exemple unique du modernisme du 20e siècle.

Le peupLe à L’université l’Université aU peUple

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Façade du Rectorat décorée par David Alfaro Siqueiros

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correspond au campus central de l’ UNAM. Il représente un ex-emple unique du modernisme du 20e siècle dans le domaine de l’architecture, l’ingénierie, l’aménagement du territoire et les arts. Un modernisme qui, en outre, s’inspire largement des traditions mexicaines. Ce campus comprend des édifices extraordinaires, les plus marquants étant la Tour du Rectorat, la Bibliothèque centrale et le stade olympique universitaire qui a accueilli les Jeux olympiques de 1968 et la coupe du monde de football de 1986. Vu du ciel, ce stade ouvert res-

semble à un volcan surgissant de la terre. À l’instar d’autres édi-fices de la CU, il a été construit en pierres provenant de la lave du Xitle. Le célèbre peintre muraliste mexicain Diego Rivera (1886-1957) a décoré sa façade d’une mosaïque multicolore en haut-relief symbolisant la patrie, la paix, l’université et le sport. « Ce chef d’œuvre de l’art mural de Rivera devait retracer l’histoire du sport dans le monde préhispanique et contemporain et se prolonger tout au long de l’enceinte du stade, mais elle est restée inachevée », raconte Lourdes Cruz. Autre bâtiment symbolique, le

Rectorat, avec ses armoiries représentant un oiseau bicéphale (aigle mexicain et condor andin) et son apophtegme : « Par ma race parlera l’esprit », est une preuve supplémentaire qu’au Mex-

ique, l’art et l’architecture ne font qu’un. Les façades de cette haute tour, qui sert de point de repère aux étudiants, sont décorées de trois peintures murales d’un autre Mexicain célèbre, David Alfaro Siqueiros (1896-1974), aux titres éloquents :« Le peuple à l’Univer- sité– l’Université au peuple »,« Les dates de l’histoire du Mexi- que » et « Nouvel emblème univer-sitaire ». C’est au peintre et architecte Juan

O’Gorman (1905-1982), né d’un père Irlandais et d’une mère Mexi-caine, que nous devons les 4 000 mètres carrés de fresques recou-vrant les façades de la Bibliothèque centrale. Grâce à l’intervention de l’artiste, les façades de cet édifice de dix étages, ornées de pierres multicolores provenant de différentes régions du pays, ra-content l’histoire du Mexique de l’époque préhispanique à l’époque contemporaine et mettent en relief la sempiternelle dualité entre la vie et la mort.

Un espace d’engagement Avec quelque 18 facultés, 6 écoles nationales et 28 instituts de re-cherche, la CU offre de fabuleux espaces d’études. Mais elle offre aussi des espaces de détente. Ses plates-formes et escaliers à ciel ou-vert, rappelant ceux de villes préhis-paniques comme Teotihuacan (au nord de la ville de Mexico) ou Monte Albán (Oaxaca, au sud du

pays), regorgent d’étudiants venus se reposer ou répéter des pièces de théâtre en profitant du décor et de l’acoustique. « Nous avons une sensation de liberté », dit Zully Gón-gora, étudiante en dramaturgie qui, avec un groupe de camarades, pré-pare une pièce de théâtre devant un mur de pierre volcanique garni de symboles préhispaniques. Et Luis Alberto García, diplômé de

la faculté de sciences politiques de l’UNAM, d’ajouter : « nous les Pu-mas, sommes fiers de la CU, non seulement pour son architecture mais aussi parce que de grands penseurs de notre pays sont pas-sés par ses amphithéâtres », puis de citer, parmi d’autres, trois prix Nobel mexicains : Alfonso García Robles (Paix, 1982), Octavio Paz (Littérature, 1990) et Mario Molina (Chimie, 1995). Vivier intellectuel, la CU s’est re-

trouvée au cœur des événements lors des protestations estudian-

La Bibliothèque centrale de la CU a été décorée par Juan O’Gorman.

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La CU est un chef-œuvre d’architecture, d’ingénierie, d’aménagement du territoire et d’art

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tines qui ont débouché au triste-ment célèbre massacre de Tlatelol-co, survenu en dehors de ses murs 10 jours avant le début des Jeux Olympiques de 1968. Ses étudi-ants ont aussi organisé régulière-ment d’importantes grèves – 1968, 1987, 1999 – visant principalement à défendre le caractère public et gratuit de l’éducation garanti par la Constitution mexicaine. Jusqu’à présent, ils ont réussi.

Gerardo Tena, journaliste mexicain

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en savoir pLus sur Le patrimoine

Peintures rupestres, Tassili, en Algérie

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l’aube de l’humanité

alors que twyfelfontein, site archéologique en namibie, vient d’être inscrit sur la liste du patrimoine mondial, le Courrier de l’UNESCO fait un voyage dans le temps à la découverte de sites qui témoignent des premières apparitions de l’art aux quatre coins du monde.

Basse vallée de l’aouache (ethiopie) En 1974, des scientifiques ont mis au

jour en Afrique orientale un squelette de sexe féminin remarquablement complet. L’équipe de chercheurs de l’Institute of Human Rights l’a surnom-mé Lucy, en référence à la chanson des Beatles et ont estimé qu’elle a vécu il y a plus de trois millions d’années. Lucy est un hominidé, ancêtre de l’humain. De petite taille, elle possédait de longs bras et de courtes jambes qui lui per-mettaient de marcher en position ver-ticale, ce qui constituait une étape im-portante dans l’évolution de l’humanité. Ce site est inscrit sur la liste du Patri-moine mondial depuis 1980.

Site des premiers hommes de Sangiran (indonésie) Inscrite sur la liste en 1996, cette

région riche en fossiles de l’île de Java a été habitée sans interruption depuis 1,5 million d’années. Eugène Dubois, anatomiste néerlandais, y a découvert en en 1891 les restes de l’homme de Java, l’un des premiers spécimens d’Homo erectus. Dans les années 30, l’anthropologue GHR von Koenigswald a trouvé d’autres fossiles, notamment celui de San-giran 2, qui pourrait remonter à 1,6 million d’années.

Site archéologique d’atapuerca (espagne) Ces grottes constituent un exemple

exceptionnel d’occupation humaine

permanente depuis près d’un mil-lion d’années, quand les premiers Européens s’y installèrent, laissant derrière eux dessins, outils de pierre et autres vestiges de leur civilisa-tion. Ce site unique fournit témoigne également de l’évolution de l’espèce humaine en provenance du conti-nent africain. Il a été inscrit sur la Liste en 2000.

Parc national de Kakadu (australie) Ce site, inscrit sur la Liste depuis

1981, renferme une grande variété d’écosystèmes de marécages et de régions boisées, qui abritent de nom-breuses espèces rares. Des dessins rupestres attestent de traditions cul-turelles qui datent de plus de 50 000 ans, ce qui en fait la plus ancienne implantation humaine connue sur ce continent. Son paysage culturel offre un aperçu unique sur les relations que les êtres humains entretenaient avec leur environnement.

Parc national de Serra da Capivara (Brésil) Ces montagnes, découvertes dans

les années 1960, renferment des centaines de grottes, ornées de peintures rupestres par les com-munautés qui les ont occupées. Certaines remontent à 25 000 ans. Elles fournissent un témoignage ex-ceptionnel sur leurs techniques de chasse, danses et autres rituels. Cer-tains des vestiges archéologiques

les plus anciens du continent améri-cain y sont préservés, ainsi que des espèces uniques de faune et de flore. Ce site est inscrit sur la Liste depuis 1991.

tassili n’ajjer (algérie) Dès 7000 av. J.-C. , lorsque le Sa-

hara était un lieu fertile et recou-vert de végétation, les Touaregs ont représenté, de génération en généra-tion, les animaux qui les entouraient. Aujourd’hui, des milliers de ces pein-tures et gravures rupestres, disper-sées sur une zone de 80 000 km2, constituent l’un des musées en plein air les plus remarquables au monde. Ce parc national a été inscrit sur la Liste en 1982 et est également clas-sé comme Réserve de biosphère de l’UNESCO depuis 1986.

le précipice à bisons head-Smashed-in (Canada) Au pied des Montagnes Roche-

uses, sous un promontoire qui surplombe la vallée de 18 mètres, se trouvent les vestiges de milliers de squelettes de bisons, d’armes et d’outils. Il y a six mille ans, les populations indigènes des plaines nord-américaines pratiquaient une technique de chasse consistant à pourchasser les bisons vers le précipice pour ensuite dépecer les carcasses dans des campe-ments en contrebas. Le site a été ajouté à la Liste en 1981.

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les campagnes internationales de sauvegarde du patrimoine mondial

Vue du Grand Monastère de Paharpur, Bangladesh.

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O alors que twyfelfontein, site archéologique en namibie, vient d’être inscrit sur la liste du patrimoine mondial, le Courrier de l’UNESCO fait un voyage dans le temps à la découverte de sites qui témoignent des premières apparitions de l’art aux quatre coins du monde.

les monuments de nubie (egypte et Soudan) La construction d’un barrage mena-

çait de submerger les monuments et les temples de l’ancienne Nubie, vieux de 3000 ans, lorsque l’UNESCO lança cette campagne en 1960. Pendant une vingtaine d’années, 22 monuments et complexes architec-turaux furent minutieusement démon-tés pierre par pierre et rassemblés sur d’autres sites : un incroyable défi technologique qui a nécessité 40 missions techniques des cinq con-tinents. Les Monuments de Nubie furent inscrits sur la Liste en 1979.

la ville de venise (italie) L’UNESCO a commencé cette

campagne en 1966, un an après les inondations qui ont dévasté la ville. L’Organisation a assuré une expertise technique et une aide fi-nancière. La synergie internationale engendrée par ce projet a été une importante source d’inspiration lors de l’élaboration de la Convention du patrimoine mondial de 1972. Ve-nise et sa lagune ont été inscrites sur la Liste en 1987. Pour plus d’informations.

moenjodaro (Pakistan) Lorsque la campagne fut lancée

en 1974, les ruines de cette im-mense ville, entièrement construite

avec des briques non cuites en 3000 avant J.C, étaient menacées par les crues de l’Indus et par une forte salinité. Moenjodaro fut ins-crite sur la Liste en 1980. La cam-pagne s’acheva en 1997, établis-sant un plan directeur afin d’assurer la pérennité de ce travail de conser-vation.

l’île de gorée (Sénégal) Cette île qui abritait le plus grand

centre de commerce d’esclave de la côte africaine, figurait déjà sur la liste en 1978, lorsque l’UNESCO a lancé sa campagne en 1980. Cette dernière visait à protéger le patrimoine architectural de l’île mais aussi à trans-former ce lieu de triste mémoire en sanctuaire de la réconciliation.

tyr et de ses environs (liban) Menacée par la guerre et l’urba-

nisation cette ancienne ville phénici-enne assiégée dans le temps par Al-exandre et Nabuchodonosor, a été inscrite sur la Liste en 1984. Une « alerte patrimoine » a attiré l’attention internationale en 1987, suivie d’une campagne de sauvegarde en 1998.

la ville de hué (vietnam) Capitale du Vietnam unifié en 1802,

Hué était un centre politique, cul-turel et religieux sous la dynastie des

Nguyen, jusqu’en 1945. Ses palais, mausolées et pagodes du 19e siè-cle ont été ravagés par la guerre, les moussons et la végétation. La cam-pagne de sauvegarde, lancée an 1981, a conduit à l’inscription des monuments de Hué sur la Liste en 1993. Pour plus d’informations.

les monuments historiques de Paharpur et Bagerhat (Bangladesh) Deux trésors culturels du Ban-

gladesh – le grand monastère de Parharpur (780 après J.C.) et la ville-mosquée de Bagerhat (13e s.) gravement menacés par les mous-sons, les inondations, la végétation tropicale et la salinité du sol ont fait l’objet d’une. campagne de sau-vegarde lancée en 1985, alors que Bagerhat devenait un site du patri-moine mondial.

missions jésuites des guaranis (argentine, Brésil, Paraguay) À partir de 1609, la Compagnie

de Jésus a commencé à mettre en place des missions dans plu-sieurs colonies sud-américaines qui devaient servir de modèles pour l’assimilation sociale, culturelle, poli-tique et économique des popula-tions indigène. Un certain nombre de ces missions ont été inscrites sur la Liste entre 1983 et 1993. La campagne pour leur restauration a été lancée en 1988.

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