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    Les forêts occupent aujourd’hui une part importante du terri-toire pyrénéen. Elles se caractérisent par la diversité des essen-ces, la palette très diversifiée des milieux naturels, des modes degestions et des structures foncières. Fruits d’une relation origi-

    nale entre l’homme et la nature, elles abritent un patrimoinebiologique unique en France. Des solutions doivent être encou-ragées pour maintenir une exploitation de bois de qualité, favo-riser un tourisme respectueux de l’environnement, tout en don-nant à ces espaces d’altitude une vocation biologique affirmée.

    Du Néolithique (– particulièrement vers – 4000 ans avant JC) audébut de l’ère historique (Ve siècle avant JC), la surface des foretspyrénéennes n’a cessé de régresser  en raison de la création des

     pâturages. Malgré certains infléchissements (à l’époque romaine etmédiévale), ces travaux de défrichements ont continué entre le 16e

    et le 19e siècle en raison d’une importante poussée démographique.Ce n’est qu’au début du 20e siècle, où s’amorce, puis s’accélère la

    régression des activités pastorales, que l’on assiste à une reconquêtede la végétation. Des forêts se sont développées spontanément surdes espaces agricoles abandonnés. Quel que soit leur état présent,elles peuvent redevenir une forêt vraiment naturelle si on leur laissele temps d’évoluer librement.

    La montagne pyrénéenne est boisée aujourd’hui à plus de 40%de sa superficie. C’est la diversité des sols et de la roche sous-

     jacente, l’étagement des groupements végétaux, les différencesd’exposition en soulane (versant sud), ou en ombret (versant nord),un relief très morcelé, des précipitations variables d’un versant àl’autre, les difficultés de pénétration, l’intervention de l’homme etdes animaux, génèrent une très grande variété d’espèces animales et

    végétales, adaptées morphologiquement et génétiquement à l’alti-tude. A l’étage collinéen (400-850 m) l’arbre le plus caractéristiqueest le chêne de sessile (Quercus sessiliflora), ou chêne rouvre. Cer-taines stations sèches dans des terrains secs calcaires exposés au sudsont occupés par des peuplements de chênes verts (falaises d’Ore).On peut évoquer aussi le châtaigner, introduit il y a quelques mil-liers d’années. L’étage montagnard (entre 700 et 1700 m), est oc-cupé par le hêtre ( Fagus sylvatica), sous forme de peuplementsd’une apparente uniformité, mais il est souvent associé au sapin.L’étage subalpin (1700-2200 m) est colonisé par des pinèdes d’alti-tude : pin à crochets ( Pinus uncinata) et pin sylvestre ( Pinus silves-tris), des landes et prairies subalpines colonisées par le sorbier desoiseleurs (Sorbus aucuparia) et de bouleaux ( Betula verrucosa).

    Richesses naturelles richesses culturelles

    A cette diversité d’essences, s’ajoute la variété desstructures foncières : communales et domaniales,

    ainsi que la variété des structures forestières. Lasylviculture  désigne l’ensemble des techniques detraitement de la forêt qui permettent de mettre enœuvre la gestion choisie. Pour atteindre ce but, lesforestiers réalisent un aménagement forestier qui précise pour chaque forêt, les volumes récoltables,l’état des peuplements, leur qualité, les objectifs àatteindre (choix des essences, structure des

     peuplements) et définit parcelle par parcelle desactions à entreprendre (coupes, volumes à récolter,surface, travaux, équipements). Les peuplements

     peuvent etre composés de taillis simples  (arbresrejettant des tiges par la souche qui sont coupées

    entre 20 et 40 ans) ou de futaies  (arbres issus dudéveloppement des graines par semis naturel ouartificiel pouvant atteindre un âge compris entre 70et 200 ans) ; celles-ci peuvent etre composéesd’arbres du meme âge ou d’âges différents sur unemême parcelle (futaie régulière ouirrégulière). Dans les Pyrénées, la techniqueemployée dans les forêts de montagne estgénéralement la futaie jardinée  : arbres d’âgesdifférents dans une même parcelle, ou larégénération est continue de la jeune pousse à l’arbreadulte. Dans une parcelle, les arbres à exploiter sontchoisis de façon à réaliser des trouées de taille

    variable dont la surface ne représente jamais plus de10% à 20% de la surface exploitable de la parcelle.Entre ces trouées, les arbres dépérissants sontcoupés. Les coupes reviennent tous les 15 à 17 ans

     pour une même parcelle.

    Evolution du bocage de la vallée d’Oueil (1920-2002)

    D’après la « Grande Flore illustrée des Pyrénées » de M. Saule

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    Au Moyen-Âge, les féodaux s’approprient les biens forestiers, tout en laissant à leurs usagers les plus larges libertés pour en jouir comme espace de fourniture (baies, châtaignes, chasse du petit gibier…). Avec le développement de l’agriculture, la fo-ret a joué un rôle plus important encore, notamment pour les troupeaux. Dans tous les départements pyrénéens (jusque dans laseconde moitié du XXe siècle), les paysans emmenaient le bétail pâturer en forêt ; les animaux domestiques (chevaux, mulets,

    chèvres, porcs) se nourrissaient ainsi de feuilles, de fruits et de racines. Les densités d’animaux ont pu, dans certains cas com- promettre la régénération naturelle de la forêt. Conscients de ce problème, nos ancêtres avaient réglementé ces pratiques pourne pas se priver d’une importante source de bois de chauffage. L’abandon progressif du pâturage en forêt, à la suite de la dé-

     prise agricole, a entraîné au cours du XXe siècle, la fermeture de certains sous-bois par le rhododendron ( Rhododendron fer-ruginum) ou la régénération massive du hêtre. Dans le même temps, la modification de certaines pratiques pastorales a aboutià un surpâturage de certains secteurs où se concentre le bétail.

    La forêt : un espace longtemps pâturé

    Les écobuagesDepuis environ 6000 ans, la pratique de la mise à feu pour l’entretiendes pâturages hors de la période de végétation (ou écobuage) estétroitement liée à la pratique de l’élevage dans les Pyrénées. Sonintérêt est de permettre l’accélération du phénomène d’extraction de lamatière minérale en brûlant l’humus pour rendre les substances

    minérales directement assimilables par les plantes. Il constitue aussi unfacteur d’ouverture du milieu pour éviter l’envahissement par lesligneux lorsque l’intensité et la périodicité du feu sont faibles. Avec ledéclin du pastoralisme et l’accumulation de combustible (broussailles,fougeraies…), certains feux non maîtrisés ont provoqués de véritablesincendies et la dégradation de vieilles forêts. Entre le 30 janvier et le02 février 2002, plusieurs foyers attisés par un vent très fort orienté S/0ont embrasé la montagne luchonnaise. Tous ces incendies auront mobi-

    lisé 130 pompiers et 4 canadairs dans le sud du département de la Haute-Garonne, menaçant plusieurs quartiers de granges etdétruisant plusieurs centaines d’hectares de hêtraie et de pinèdes. C’est pour remédier à de tels inconvénients qu’un encadre-ment des écobuages et une déclaration en mairie sont mis en place sous l’égide de l’Etat.

    Estive de Campsaure (Haute vallée de la Pique).C’est en défrichant la forêt primitive pour créer lesestives que l’élevage transhumant a façonné le visagedes Pyrénées.

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    Les sociétés pastorales traditionnelles avaient tou- jours privilégié l’élevage au détriment de la forêt.Sous l’impulsion d’une volonté extérieure aux val-lées, les forestiers sont entrés en scène, en cherchant

    à rationaliser l’exploitation de la forêt et de la renta- biliser, en transformant la forêt primitive (déjà mo-difiée par les défrichements), en forêt de production.On sait aujourd’hui que l’exploitation n’est pasindispensable pour la assurer la pérennité desforêts. Il s’agit en effet d’un écosystème qui se ré-génère tout seul. En revanche, les modes de gestionet les traitements sylvicoles peuvent avoir des effetsimportants sur la répartition de certaines essences,espèces ou habitats.Sous Louis XIV, les beaux fûts de sapins pyrénéensétaient très recherchés pour la confection des matsdes navires de guerre. Il ne subsistait vers 1680 dans

    la vallée d’Oueil que 100 hectares de forets alorsque cette même vallée renferme aujourd’hui plus de700 hectares de bois, dont une sapinière de 530 hec-tares d’un seul tenant.La montée en puissance de la sidérurgie (activité desforges dans les Pyrénées associée à la production duminerai de fer) culmine au XVIIIe siècle. Le hêtreest alors employé comme combustible pour leshauts-fourneaux élaborant le métal dans les fonds devallée. Cette exploitation intensive a provoqué uneconversion de certaines forêts en taillis de hêtre pourla production du charbon de bois. Elle a provoquéégalement l’élimination du sapin moins intéressant,

    d’une grande partie des piémonts de la Haute-Garonne et d’une grande partie des forêtsariégeoises.

    Dans la société rurale, le sapin, hêtre, chêne, châtai-gner, pin, buis, frêne, sureau, noisetier, etc… étaientutilisés sur place comme bois d’œuvre  pour lescharpentes, en menuiserie, pour la fabrication desoutils et des ustensiles. Cet équilibre production –auto – consommation locale a survécu jusqu’au mi-lieu du 20e siècle.Après la seconde guerre mondiale, la demande de

     bois de construction et le progrès technique ont en-

    traîné un développement de l’exploitation forestièredans les Pyrénées et une augmentation considérablede volume vendu et commercialisé à l’extérieur desvallées. Le bois d’industrie occupe une place crois-sante avec la production de bois de trituration pourl’usine de pâte à papier de Saint-Gaudens.

    Le bois constitue très certainement l’un des matériaux les plus intéressants mis à la disposition de l’homme. Il est re-nouvelable, il est recyclable, il est valorisable thermique-ment, il est aussi biodégradable. Il permet aussi, par sonutilisation, d’économiser des ressources fossiles. C’est

    donc bien un matériau d’avenir si l’on sait utiliser cette pré-cieuse ressource. Des politiques volontaristes doivent aboutir avec le sou-

    tien des consommateurs, à mettre en place une sylvi-culture répondant au maintien des équilibres écologi-ques.

    La transformation du bois doit se faire en limitant aumaximum les risques de pollution, notamment dans lesusines de pâte à papier (rejets dans l’air, l’eau, les sols).

    Le recyclage des produits issus du bois (palettes, boisde coffrage) est une nécessité pour la forêt. Il est toutaussi facile de se limiter dans sa consommation de pa-

     pier, en réutilisant les feuilles partiellement utilisées, enutilisant du papier recyclé. Un geste simple peut aussiconsister à porter son papier dans une déchèterie char-gée du ramassage du papier et de son recyclage par uneentreprise spécialisée.

    Les produits à base de bois reconstitué (panneaux, boismoulés….) doivent faire l’objet de bilans poussés visantà évaluer la dépense énergétique pour le bois compresséou chauffé, ainsi que l’impact des colles sur la santé.

    L’économie du bois peut aussi venir de l’utilisation dematériels plus performants comme les chaudières à boisindividuelles ou alimentant les réseaux de chaleur.

    L’importance du bois pour le monde rural

    Le saviez-vous ?Le taux français de récupération de fibres de celluloseet leur recyclage est l’un des plus faibles du monde,36% en 1994, contre 56% en Autriche ou 51% en Al-lemagne.Une tonne de papier de bonne qualité équivaut à 5,3m3 de bois, soit un arbre de 8 mètres de haut et de 40cms de diamètre, soit 100 cahiers grand format de200 pages.

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    Un territoire à partager

    Le débardage à cheval

    Débarder : action de sortir des troncs d’arbres de la forêt pour les stocker en bordure de route où ilspourront être regroupés sur un camion.

    Autrefois, les bêtes utilisées en agriculture étaient employées pour les travaux forestiers l’hiver. La politique d’aména-gement d’un réseau de routes et pistes forestières, menée à partir des années 60 par la filière bois a entraîné l’abandon

     progressif du débardage par sentiers avec des animaux de trait, puis l’abandon du câble avec l’apparition des tracteursforestiers (140 CV). Pourquoi parler de débardage à cheval en ce début de 21e siècle alors que le tracteur permet d’em-

     porter des charges beaucoup plus importantes ? Parce que, dans certains cas le cheval a un meilleur impact.

    La forêt de montagne, milieu hétérogène pose des problèmes lors de l’exploitation. La prédominance de la pente, leszones humides ou inaccessibles, l’absence de chemins suffisamment porteurs, la densité des sous-bois, les forêts de

     petite taille sont autant de situations qui ont montré l’intérêt du débardage à cheval.Dans les bois d’éclaircie, l’écartement étroit des lignes ne permet pas le passage des gros tracteurs. Ainsi, on est ame-né à supprimer un certain nombre d’arbres qui auraient pu être des arbres d’avenir, pour ouvrir des layons. Le cheval

     permet de circuler à l’intérieur sans ouvrir de layon, de faire une éclaircie seulement sélective et de donc de conserverces arbres d’avenir potentiels. De plus, les tracteurs peuvent causer des blessures aux arbres encore sur pied et dimi-nuer leur valeur. Le cheval, lui, en occasionne beaucoup moins car il s’arrête plus rapidement.Au niveau du sol, le cheval occasionne beaucoup moins de dégâts lors de son passage que le tracteur. Il est adapté auxterrains humides et évite la formation d’ornières et de zones de compactage.Pour les parcelles de petite taille ou les futaies jardinées, le débardage à cheval est plus rentable que le déplacement detracteurs. Un cheval peut tirer des pièces de 1 m 3 maximum, mais l’utilisation en couple permet de doubler la charge.Cette technique nécessite des sentiers pour débusquer sur de longues distances. Ce rendement indicatif en moyennemontagne est de 10 à 15 m 3/jour dans de bonnes conditions avec un prix au m 3 légèrement supérieur à celui d’unengin (80 à 90 F/m 3 pour le cheval contre 65 à 80 pour un engin en zone de montagne).

    Dans les forets de montagne ou la protection prime, le cheval a une image porteuse auprès du public et permet d’entre-tenir le site de façon écologique, sans altérer le sol des sous-bois et des chemins.Enfin, le débardage à cheval s’intègre dans le développement rural et permet la sauvegarde de notre cheptel de che-vaux de traits menacé de disparition.

    Tracteur forestier

     Le débardage par câble

    Une expérience menée en Haute Garonne(luchonnais) pendant 7 ans, a prouvé l’in-térêt de cette technique. D’une part, elle aévité la création de nouvelles routes enzone sensible. D’autre part, il s’agit d’unaménagement réversible. Une fois l’ex-

     ploitation terminée et le câble enlevé, lemilieu a retrouvé son aspect initial et lafaune a été préservée. Les coûts se situentdans une fourchette de 200 à 300 f/m3. Lecâble est donc moins coûteux que l’héli-coptère dont le coût de débardage est de300 à 500 F/tonne pour du résineux.

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    Que dit la loi ?

    La loi 91-2 du 03/01/1991 prévoit l’interdiction de la circulation motorisée hors des voies du domaine public routier del’Etat, du département, des communes, des chemins ruraux et des voies privées, ouverts à la circulation. La voirie si-tuée en forêt domaniale (domaine privé de l’Etat) est fermée à la circulation publique et son usage est strictement ré-glementé. Les voies situées en forêt communale (domaine privé des communes) font généralement l’objet d’arrêtés

    municipaux réglementant leur usage. Sur les accès réglementés, la circulation est réservée aux missions de service pu- blic (pompiers, police…), mais aussi aux véhicules utilisés à des fins professionnelle de recherche, d’exploitation oud’entretien des espaces naturels. Hélas, on assiste trop souvent à un allongement de la liste des « Ayants-droits ».

    Sanctions

    La circulation sans autorisation sur un accès réglementé constitue une infraction à l’article L.141 du Code forestier etdemeure passible d’une amende de 900 francs (ce qui correspond à une infraction de classe 4). Toutes les infractionsaux dispositions de la loi de 1991 sont passibles d’une amende prévue pour les contrevenants de la 5 e classe (entre2500 F et 5000 F et jusqu’à 10.000 F en cas de récidive).L’utilisation des motoneiges en dehors des terrains habités constitue un réel danger pour la faune de montagne, parti-culièrement fragile en période hivernale. Ce sont aussi des engins bruyants qui perturbent l’équilibre forestier. L’article3 de la loi n°91-2 du 3 janvier 91, interdit l’utilisation des motoneiges à des fins de loisir dans tous les espaces naturels

    ou sur les voies et chemins, en dehors des terrains spécialement aménagés à cet effet (pistes de ski…) et soumis à auto-risation. L’usage légal de ces engins est réservé à l’exploitation des pistes de ski ou à des missions de secours, de sécu-rité civile ou de police.

    En un demi siècle, l’équipement de la montagne (routes, pis-tes…) a augmenté. Première conséquence : depuis plusieursdécennies la fréquentation de la montagne par les véhicules à

    moteur augmente. Les impacts sur le milieu montagnard occa-sionnés par celui-ci proviennent essentiellement de l’augmentationde la fréquentation qu’entraînent ces dessertes dans des massifsforestiers non accessibles auparavant : dérangement de la faune sauvage, dépôts d’ordures. Les zones fragiles, comme les pâturages sont particulière-

    ment vulnérables aux passages répétés de véhicules qui peuvent entraîner des départs d’érosion, favorisant le ruis-sellement, autant de phénomènes difficiles à maîtriser.

    Le bruit des véhicules à moteur constitue une gène majeure pour les autres utilisateurs du milieu. Ils peuvent nuire auxactivités d’élevage en entraînant la dispersion du bétail. Ilstroublent le silence de la montagne que recherchent la plu-

     part des randonneurs. Le passage de véhicules à moteur représente aussi un dan-

    ger pour la végétation, notamment pour les jeunes plants etceux de petite taille.

    L’Etat et les communes ont cherché à limiter le trafic et à lut-ter contre la fréquentation abusive des espaces d’altitude.Celaa conduit par exemple à choisir le débardage forestier par câble,qui est un équipement réversible, plutôt que par route, tout en évi-tant de desservir certaines parties de forêt (zones refuges de lafaune, lisières, couloirs d’avalanches…). Cela signifie aussi une

    fermeture correcte et efficace des dessertes existantes (en réservantleur accès aux seuls utilisateurs professionnels), le respect des rè-glements locaux d’utilisation de cette voirie, l’absence d’utilisationet d’ouverture de pistes pour l’exploitation durant les périodessensibles pour la faune.

    Une voirie forestière à maîtriser

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    Que pouvons-nous faire ?

    Nos comportements devront évoluer. Une plus grande quiétude des massifs montagneux passe par des changementsd’habitude et une plus grande responsabilité dans l’utilisation des véhicules motorisés. Politiques nationales et règlementslocaux d’une part, gestes quotidiens d’autre part doivent se conjuguer si l’on veut confier à nos descendants une montagnehabitable où l’homme a su vivre pleinement tout en conservant la qualité des sites et la richesse du patrimoine pyrénéen.

    Circuler à pied durant ses loisirs (cueillette, chasse…) est une pratique très saine… Vous êtes dans un cadre privi-légié ; c’est l’occasion de goûter au silence et à la magie de la montagne.

    Respecter la réglementation des dessertes engage notre esprit civique. La fréquentation de la propriété d’une collectivité ou d’un particulier est une tolérance, non un droit. Respectez les ac-

    tivités des professionnels qui travaillent sur le site . Ne lâchez pas votre chien au milieu des troupeaux.  Ne circulez pas en véhicule à moteur sans l’autorisation du gestionnaire de la voirie, prenez contact pour cela avec la

    commune concernée ou avec un responsable de l’Office National des Forêts. Le panneau BO signifie que la circulation est interdite sans autorisation. Respectez les modalités prévus par le règle-

    ment de la desserte et qui figure sur la signalétique. Si vous êtes professionnel autorisé à circuler sur ces pistes, merci de refermer les barrières derrière vous. Merci d’avance de ne circuler à grande vitesse sur ces pistes. Vous n’êtes pas sur une voie rapide…

    S’informer c’est facile ! Se renseigner sur les arrêtés locaux ou nationaux auprès de la police municipale, de l’ONF necoûte rien et peut être très instructif.

    Collaborer est important ! N’hésitez pas à signaler au propriétaire toute dégradation de la signalétique. Que faire si vous constatez la présence de véhicules « hors piste » non professionnels (trial, 4X4, motoneige…) ?

    Prenez contact avec la gendarmerie la plus proche ou le gestionnaire de la voirie. Une enquête rapide peut être me-

    née…

     Le rôle du maire

    Le maire à une responsabilité particulière dans l’encadrement des loisirs motorisés : Appliquer la réglementationEn qualité d’officier de police judiciaire, il lui est demandé d’apporter un soin particu-lier au respect des dispositions de la loi, à veiller à éviter toute circulation abusive, endehors des chemins voiries, interdire l’accès de certaines voies.« Le maire peut, par arrêté motivé, interdire l’accès de certaines voies ou de certai-

    nes portions de voies ou de certains secteurs de la commune aux véhicules dont lacirculation sur ces voies ou dans ces secteurs est de nature à compromettre, soit latranquillité publique, soit la protection des espèces animales ou végétales, soit la pro-tection des espaces naturels, des paysages ou des sites, ou leur mise en valeur à des

     fins esthétiques, écologiques, agricoles, forestières ou touristiques. »

    (Article 1 de la loi du 3 janvier 1991 relative à la circulation des véhicules terres-tres dans les espaces naturels)

    Jouer un rôle d’arbitre à l’égard des conflits éventuelsEn interdisant par arrêté motivé pour des motifs tenant à la protection du milieu natu-rel, certaines voies ou autoriser l’installation d’un terrain, ou encore participer à l’éla- boration d’un plan départemental des itinéraires de randonnée.

     Le rôle des gestionnaires forestiers

    Les agents de l’Office National des Forêts, de l’Office National de la Chasse et de laFaune Sauvage sont habilités pour la surveillance des accès et la verbalisation descontrevenants. une surveillance particulière de certaines routes et pistes doit être demise dans les secteurs les plus sensibles ; le déblocage de financements nécessaires pour aider les maires qui le souhaitent, à installer une signalétique ou des dispositifsdégradés. Enfin, la pose de blocs sur une distance suffisante permettant de masquercertaines routes ou pistes provisoires doit être systématique pour la tranquillité desmassifs.

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     La foret de montagne est un rempart contre l’érosion

    La montagne pyrénéenne est une montagne encaissée où peuvent se produire de multiples risquesnaturels : crues torrentielles, glissements de terrain, chutes de blocs, avalanches. La forêt d’altitude préserveles pentes de l’érosion, elle stabilise les sols. Certaines forêts sont dites de « protection » ; la fonction priori-

    taire de ces forêts sera alors la lutte contre les risques naturels, ce qui nécessite un certain nombre de précau-tions, notamment pour le débardage.Peuvent être classées en forêts de protection pour cause d’utilité publique :« les forêts dont la conservation est nécessaire au maintien des terres sur les montagnes et sur les

     pentes, à la défense contre les avalanches, les érosions et les envahissements des eaux et des sables ; les bois

    et forêts, quels que soient leurs propriétés, situés à la périphérie des grandes agglomérations ainsi que dansles zones où leur maintien s’impose, soit pour des raisons écologique, soit pour le bien de la population ».

    Article L.411-1 du Code Forestier qui résulte de la loi du 28 avril 1922 et de l’article 28 de laloi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature.

    L’ensemble des actions de Restauration des terrains de montagne, financées par le Ministère del’Agriculture, sont confiées à l’ONF par convention et réalisées par les services départementaux spécialisésqui sont en charge de la gestion des risques dans le département par exemple pour l’élaboration des Plans deProtection Contre les Risques Naturels Prévisibles (P.P.R). Pour limiter l’érosion, on a souvent recours à des

    ouvrages de génie civil : râteliers, filets, mais aussi à des plantations.L’ouverture de routes accessibles aux grumiers (dont la largeur est progressivement passée de 3,5 à 5 m)ou de pistes (ouvertes à 3,5 m) présente de nombreux inconvénients dans les terrains pentus : déversement denombreux déblais abîmant certains arbres à demi-déracinnés. On assiste parfois à des phénomènes deravinement, d’érosion, d’éboulements et de glisse-ments de terrain. A ces impacts se rajoutent d’autresdégradations ponctuelles : abandon de bidons, souchesarrachées, branchages non brûlés et entassés dans lesous-bois. Les impacts sur les sols sont dus au tasse-ment (chenilles, pneus des engins, traînage de grumeset à l’érosion en raison de l’absence d’écoulement deseaux, du détournement des ruisseaux et du dessèche-

    ment).

    Glissements de terrain suite à la construc-

    tion d’une route forestière en vallée de Barousse .

    Certains aménagements réalisés sur des terrains sen-

    sibles ont accéléré l’érosion.

    Un rôle important pour la préservation de la ressource en eau

    Par leur feuillage et leur réseau de racines, les forets possèdent une grande surface d’interception des eaux de pluie et permettent une meilleure infiltration de l’eau en profondeur par rapport aux autres formations végéta-les. La forêt d’altitude bloque ainsi les écoulements, elle stabilise les sols, elle met en réserve l’eau de fontedes neiges ou de pluie avant de la restituer lentement par ses sources, comme un éponge. Ce faisant, elle joueun rôle sans précédent dans la prévention des inondations et la sécheresse. En montagne, les structures irrégu-lières sont les plus perméables au vent et à la neige. La couche neigeuse formée est hétérogène (différentesépaisseurs se forment). En jouant ainsi un rôle de palissade, en modifiant la structure du manteau neigeux, eninterceptant la neige dans les arbres, la forêt de montagne joue un rôle prépondérant contre les avalanches.

    Un élément essentiel de notre territoire

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     Refuge de la biodiversité

    La forêt représente un réservoir d’espèces végétales (et degènes) dont l’humanité future aura peut-être faire besoin.C’est ainsi que certaines écorces présentes dans les forets

     pyrénéennes sont utilisées pour l’élaboration de produits pharmaceutiques. L’if (Taxus baccata), malgré la toxicitéqu’il contient est recherché pour ses effets anticoagulants,de tranquillisant et de cardiotonique. Le taxol contenudans l’écorce et le feuillage, synthétisé pour la premièrefois en 1994, entre dans la composition d’un médicamentutilisé contre le cancer. L’écorce du tilleul est occasion-nellement recherchée pour l’élaboration d’anti-inflammatoires. Le saule fournit une écorce dont on tirel’acide salicylique, nécessaire à l’élaboration de l’aspi-rine.

    Photo : If

     Des mosaïques de milieux

    Les forets de montagne sont composées d’une mosaïque de mi-lieux qui ne sont pas tous forestiers : estives, falaises, futaies, bo-cage… Ces entités ne sont en aucun cas indépendantes. Leurs in-terfaces constituent des zones de transition ou écotones  où se

     jouent de multiples interactions. Ainsi, dans les lisières de forets

    sont constituées d’essences arborées tout comme d’arbustes et de plantes herbacées et recèlent donc une diversité d’espèces plusimportante. Une autre caractéristique de ces milieux est la pré-sence de corridors biologiques entre plusieurs milieux distincts(agricoles, forestiers, aquatiques). Ces continuums de végétationlimitent de ce fait le fractionnement des populations animales ain-si que les échanges entre différentes populations. Les oiseaux, parexemple, peuvent aller d’une foret à l’autre en traversant les zo-nes agricoles par les haies. A l’étage montagnard, le paysage es-sentiellement agricole, est composé de parcelles de dimensionmodeste, bordées de haies arbustives, de vieux arbres frênes et de

     prairies pâturées. Ce paysage agricole de qualité constitue unezone de transition entre la plaine et l’ensemble des milieux fores-

    tiers montagnards. C’est l’imbrication de ces deux milieux quidonne à l’ensemble son grand intérêt écologique. Les haies du bocage montagnard jouent un rôle hydraulique essentiel en rete-nant l’eau pour la restituer ensuite. Elles servent de refuge à denombreuses espèces qui y trouvent gîte, alimentation, lieu de ni-dification. L’intérêt écologique augmente avec la présence devieux arbres à cavités, pour la plupart des frênes élevés ( Fraxinusexcelsior ) qui abritent des rapaces nocturnes et des chauves-sourisarboricoles. La tradition pastorale a ainsi survécu jusqu’à nos

     jours, en maintenant des milieux ouverts jusqu’aux marges del’étage subalpin.

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     Les cycles forestiers

    Les pâturages qui s’enfrichent sont progressivement colonisés par unevégétation arbustive (lande à rhododendron, raisin d’ours, genévrier).Puis ces buissons cèdent la place à des arbres tels que le bouleau, lesorbier… C’est le stade pré-bois qui précède l’apparition de la forêt. Laforet connait ainsi des cycles. Dans un premier temps, les arbres pionniers dépérissent et meurent, fournissant ainsi du bois mortnécessaire à certains champignons, plantes et animaux et des trouées dechablis. Pendant le premier siècle, les arbres croissent et la quantité dematière végétale et animale augmente (phase de croissance). La phase

    suivante correspond au ralentissement de la phase de croissance rapide,la majorité des arbres continuent de se développer (augmentation de lataille et du diamètre), et le peuplement se ferme (phase de maturité).L’exploitation de la forêt selon les techniques habituelles des forestiersse fait à ce moment là car ensuite le bois perd de ses qualités. Dansquelques cas, l’exploitation ne peut se faire, les forestiers disent alorsque la forêt « vieillit » ; en fait, elle poursuit son évolution naturelle, cequi est bien différent. Elle présente alors l’aspect d’une juxtaposition devieilles futaies, de stades jeunes prenant leur essor sur d’anciens chabliset de stades intermédiaires. Lorsque les arbres les plus vieux arrivent près de leur âge limite, divers phénomènes interviennent. Il y a d’abordune accentuation des phénomènes parasitaires apparus dès lagermination des arbres ; il y a ensuite un ralentissement de la croissanceet un dépérissement avant de mourir (phase de déclin). En tombant au

    sol, ils permettent d’ouvrir à nouveau de peuplement, favorisé parl’intensité lumineuse (phase de régénération), assurant la pérennité ducycle.

    Les liens entre les différents organismes vivants et leurs milieux se sont organisés dans une chaîne de vie que l’on appelle« écosystème ». Dans un écosystème, chacun a son rôle, sa fonction et vit en interdépendance avec les autres éléments.Jamais figé, cet univers vivant évolue au gré de facteurs physiques : eau, et air, sol, énergie solaire et climat… et encore

     plus récemment sous l’influence des activités humaines.

    La forêt de montagne : communauté de vie

     Le mélange d’essences

    A l’étage montagnard, le hêtre s’associe au sapin pour former uneforet somptueuse. Ce mélange d’essences permet de diversifier lessources de nourriture et les habitats potentiels, donc de contribuer àla diversité du milieu ; C’est sur la diversité d’essences, des hau-teurs et des classes d’âges que repose la capacité de la forêt à résis-ter aux agressions, aux risques sanitaires et climatiques. Les risques

    de chute dus aux coups de vent et de dépérissements dus aux atta-ques parasitaires sont atténués. En comparaison avec les massifsreboisés selon une sylviculture monospécifique de résineux(Périgord, Limousin) le massif pyrénéen a été relativement épargné

     par l’ouragan du 27 décembre 1999.

    Les peuplements monispécifiques de feuillus (hetre) ou de résineux(épicéa) dégradent le sol en uniformisant les apports et les exporta-tions, avec souvent pour conséquence une acidification du sol.Conserver un certain degré de mélange permet de pallier ces effetsnégatifs.

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    Une foret stratifiée

    Au stade de maturité la forêt a fait son plein de végétaux et d’ani-maux ; sa structure peut très bien se décrire selon une stratificationaérienne verticale et souterraine.Une hêtraie naturelle est un écosystème caractérisé par la hauteur desarbres, la polarisation de la croissance vers le haut, la densité desfûts, stratifié, est bien utilisé par les animaux et végétaux qui y vi-vent, profitant du couvert thermique et des microclimats particuliers.Pour comprendre la vie des forêts à feuilles caduques il faut distin-guer la phase défeuillée de la phase feuillée (printemps, été, début del’automne). A la fin de l’hiver, ce sont des plantes à bulbes, rhizomesou tubercules qui fleurissent (anémones sylvies, scilles fausses jacin-thes, ail aux ours), dans les zones les moins riches en fûts.Lorsque la forêt est feuillée, on comprend bien que puisse régnerdans la forêt selon la hauteur au-dessus du sol et la topographie (la

     pente et l’exposition) toute une série de microclimats caractérisés parune hygrométrie (humidité), une température, un ensoleillement dif-férents. Chacun offre aux êtres vivants des conditions de vie pouvantsatisfaire une large marge de possibilités.La variété des êtres vivants s’ordonne selon des réseaux alimentai-res ; chacun joue un rôle particulier dans cet ensemble : synthèse dela matière organique pour les végétaux verts (chlorophylliens),consommation, décomposition par bactéries et champignons. Pourcela sont nées diverses adaptations curieuses.Citons l’habitude des pics à capturer des larves d’insectes dans le

     bois, la « déformation » du bec croisé permettant l’extraction desgraines de conifères, les griffes des petits mammifères permettant ungrimper facile, la robustesse du museau du sanglier permettant lefouissage.

     La régénération naturelle

    La régénération naturelle des peuplements est l’une des carac-téristiques importantes des écosystèmes forestiers naturels.Elle permet de pérenniser les forets et leur diversité structu-rale, en essences et classes d’age, de constituer une réserve

     permanente de semences d’espèces variées, graines dont la

    germination s’effectue lorsque les conditions de température,de lumière, d’humidité… sont favorables à l’essence considé-rée. La régénération naturelle permet par ailleurs de limiter letravail du sol et de faire l’économie de plants ou de semences.Elle peut être favorisée par des opérations simples et peu coû-teuses pour les forestiers.

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     Les « artigues »

    Ces clairières utilisées pour la fauche, irriguées par une source, et qui ont été créées au XIIe siècle ont pour nom

    les artigues dans les Pyrénées. Elles contribuent à diversifier le milieu et le paysage. Elles jouent également unrôle important dans l’apport de nourriture pour de nombreuses espèces. A ce titre, elles doivent être maintenueset préservées, notamment en encourageant les pratiques pastorales.

     Les milieux humides en foret

    Grottes, rochers et éboulis

    Toute cavité, quelle que soit sa taille, est un habitat potentiel pour des espèces souterraines : chauve-souris, etmeme certains oiseaux. Il s’agit d’un écosystème à forte inertie qui ne change que très lentement, sur des pas detemps de l’ordre du millénaire . Les habitats souterrains se composent d’une mosaïque d’habitats indépendantsqui, dans les Pyrénées renferment chacun des espèces endémiques à répartition très restreinte. La grande vulné-rabilité de ces espèces provient de la faible superficie du territoire qu’elles occupent. Leur protection est à assu-rer, vis à vis des pollutions diffuses, lors des tracés de routes forestières. Les tilaies de ravins sur éboulis sont

    également des milieux remarquables qui ne doivent pas être traversés par des dessertes routières.

    Milieux remarquables

     Les lisières supérieures de la forêt 

    Les lisières supérieures des forêts ne sont pas naturelles et sontdavantage dues à l’intervention de l’homme (défrichements,

    écobuages), qu’à des contraintes d’élimination altitudinales.Lorsqu’elles se caractérisent par un étagement progressif de lavégétation elles se caractérisent par une diversification desconditions du milieu. Elles contribuent fortement à augmenterla diversité biologique, tout en assurant la stabilité des peuple-ments forestiers face aux perturbations : vent, …. Ces milieuxtrès riches doivent être épargnés par les exploitations et les tra-cés de desserte, car elles abritent souvent des espèces sensiblesau dérangement.

    Les sources tuffeuses, abritent des peuplements végétaux particulièrementrares liées à cette formation rocheuse particulière. Les tourbières de penteont de multiples intérêts. De nombreuses espèces d’animaux ou de végé-taux au statut rare ou protégé sont inféodées à ce milieux. La tourbe est lerésultat de la décomposition de végétaux, les sphaignes, qui s’accumule, àraison de quelques millimètres par an, durant des milliers d’années, empri-sonnant de nombreux fossiles végétaux et animaux. La palynologie, en étu-diant les pollens présents sous forme fossile dans les tourbières, a pu retra-

    cer 40.000 ans d’évolution climatique et d’histoire de nos forets. Par leurintérêt éducatif, paysager et écologique, les tourbières doivent être préser-vées des piétinements et des aménagements, d’autant qu’elles constituentdes réserves d’eau non négligeables. Les torrents forestiers  constituentégalement des milieux d’un grand intérêt. Ils abritent en particulier le des-man des Pyrénées (Galemys pyrenaicus). Cette espèce emblématique desPyrénées est inféodée aux eaux de bonne qualité. Surnommé, rat trompette,rat trompe, rat à museau de cochon, proche parent de la taupe par ses pattesfouisseuses, de la musaraigne par sa dentition d’insectivore, il est tout seulau monde dans son genre avec un unique cousin beaucoup plus gros quel’on rencontre en Ukraine. Pattes palmées, fourrure imperméable, il plongesans relâche en fermant ses narines à l’aide de curieux petits clapets. Satrompe extrêmement mobile et hypersensible lui permet d’attraper et d’ex-

    traire la moindre larve de trichoptère de son fourreau. Le desman des Pyré-nées occupe une aire de répartition pyrénéo-ibérique couvrant l'ensembledes Pyrénées et le quart nord-est de la péninsule ibérique.

    Sphaigne

    Droséra rotundifolia

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     Importance de l’arbre

    En raison de ses caractéristiques morphologiques, l’arbre joue un rôle symbolique sacré, présent dans quasiment toutesles religions. Axe vertical qui relie le monde souterrain, le monde terrestre, le ciel, sa forme en fait le symbole de l’unité

    du cosmos. Par le déploiement des fruits, il incarne la puissance du vivant et la fécondité de la nature. Il n’est pas surpre-nant qu’il ait pu être associé à l’image de la féminité. Par ses métamorphoses, il symbolise le mouvement cyclique dutemps. Tout se transforme, tout passe, l’arbre demeure. Le contraste entre la linéarité de la vie humaine et la boucle tou-

     jours recommencée de la vie végétale ne peuvent que frapper l’imagination. Si l’on considère l’écart entre une graine etl’ampleur de la formation de l’arbre, on ne peut que s’émerveiller par ce processus de croissance. L’arbre nous montrequ’il existe d’autres échelle de temps que celui que mesurent nos horloges. Fréquenté par des insectes qui rongent le bois,servant de loge ou d’abri aux oiseaux durant sa vie, le vieil arbre vénérable reste un formidable réceptacle d’êtres vivants,même après sa mort. Fendu, crevassé, taraudé, attaqué par une foule de commensaux et de parasites, l’arbre même à terrerecèle une quantité d’habitats originaux. Dans le tronc, les pics n’ont pas attendu son trépas pour s’y installer. L’arbre estaussi un formidable stock de matières organiques. Les insectes coléoptères xylophages (mangeurs de bois) s’y taillent la

     part du lion.

    Quelques arbres vénérables

    les hêtres tétards

    L’homme a élaboré de curieuses pratiques de tailles qui nousont légué de très vieux arbres cavernicoles qui servent d’abri àdes chauves-souris et à des rapaces nocturnes que l’on trouveencore dans le luchonnais : les hêtres tétards. Lorsque le bétailallait paître en forêt, il fallait en même temps permettre l’ali-mentation des animaux tout en permettant à la forêt de se régé-nérer et continuer de fournir du bois de chauffage. On a doncimaginé la formation d’un taillis hors d’atteinte des herbivores.On coupait les troncs à 2 mètres du sol ; l’arbre ainsi coupé entétard produisait des pousses hors de portée des chèvres. Les

     pousses devenues grosses branches étaient exploitées pour le bois de chauffage tandis que le feuillage était distribué au bé-tail.

     L’orme de montagne

    L’orme de montagne est également appelé ulmus montana withet ulmus scabra Mill. Cette espèce est assez commune dansl’est de la France, les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central.On le trouve dans les étages collinéens et montagnards, entre600 et 1300 mètres d’altitude. C’est une essence principale-ment forestière qui affectionne les stations fraîches (fond de

    vallée, foret humide). Victime d’une maladie (la graphiose) denombreux ormes périssent aujourd’hui. Afin de mieux préser-ver cet élément de la diversité génétique et paysagère, unconservatoire in situ s’est mis en place dans la région Midi-Pyrénées.

     Le pin à crochets

    On est souvent frappé par la longévité de cet arbre très vivace, que l’on peut rencontrer jusqu’à2700 mètres d’altitude. C’est ainsi que les pins d’Espingo ont plus de 300 ans Sa forme ner-veuse, heurtée, ses aiguilles présentant de curieux petits crochets. (qui lui ont donné son nom),la nature incorruptible de son bois, la bonne odeur qu’il exhale, sa solide constitution qui lui

     permet de braver la chaleur de l’été et les frimas de l’hiver, en font un être vivant exceptionnel.

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    Par la complexité de son relief, l’étendue encore importante de son couvert forestier, sa moindre pénétration parles activités industrielles, la montagne pyrénéenne abrite encore des espèces remarquables par leur rareté, et quine trouvent plus de place ailleurs. Une richesse qui rime aussi avec fragilité. La faune sauvage de montagne

     présente des particularités génétiques puisque les populations sont restées isolées jusqu’à présent et constituent

    des noyaux de peuplements relictuels. Si pour certaines espèces, la situation tend à s’améliorer, les espècesessentiellement forestières comme le Grand-tétras sont aujourd’hui menacées et doivent être mieux préservées

     par les populations locales.

    Les derniers refuges de la faune pyrénéenne

    Un riche patrimoine entomologique

    La rosalie des AlpesLes litières et les feuilles mortes de hêtre en fermentation abritent touteune faune d’invertébrés, dont certains coléoptères. Une série d’insectes sesuccèdent tout au long du cycle de dépérissement du hêtre. Les arbresmorts, les souches couchées au sol par la tempête pourrissent lentement et

    sont aussi une réserve importante d’insectes, dont la magnifique rosaliedes Alpes ( Rosalia alpina), un coléoptère dont le corps bleu cendré tâchéde noir est caractéristique de ces milieux. Les larves se nourrissent de boismort, principalement de hêtre. Au début du cycle qui durera deux à troisans les œufs sont pondus dans les blessures des arbres ou les anfractuositésdu bois. La larve construit une loge nymphale près de la surface du tronc.Les adultes volent de juillet à août, on peut en observer près du bois fraî-chement abattu.

    Le lucane cerf-volantDans les vieilles chênaies de l’étage montagnard on trouve le lucane cerf-volant ( Lucanus cervus), un coléoptère de couleur noire, facilement recon-naissable avec ses grandes mandibules brun rougeâtres qui rappellent des

     bois de cerf. Les larves se développent dans le système racinaire des arbreset progressent ensuite pour construire une coque nymphale dans le sol. La

     période de vol des adultes s’étend de juillet à août et il n’est pas rare d’en-tendre leur vol lourd et bruyant dans les lieux habités.

     Le pic noir et le pic à dos blanc

    Le pic noir est un perforateur à percussion. Martelant, tambourinant sur les arbres en quête de proies, lanature l’a ingénieusement doté dans l’anatomie de sa tête d’un dispositif liquide permettant d’amortir lescoups. Cette astucieuse structure est facilitée par des pattes courbes et trapues portant chacune deux doigtsen avant et deux en arrière prolongés par des ongles acérés permettant des prises efficaces.De la taille d’une corneille, le pic noir est le plus grand pic pyrénéen. Grâce à son bec puissant, il creuse lestroncs, déchiquette les souches à la recherche d’insectes xylophages. La langue, très longue et prolongée par une astucieux dispositif de muscles et de ligaments est enduite d’une substance permettant l’englue-ment des insectes surpris au creux de leur alvéole ligneuse. Cette particularité est spécialement intéressantelorsque l’animal fouille dans une fourmilière à la recherche de couvain mais aussi quand il écaille les diver-ses couches rouge-brunâtre des troncs tombés à terre. Certains endroits de la forêt sont régulièrement visi-tés et l’on peut voir alors le sol jonché d’éclats devenant bientôt de la sciure se mélangeant à l’humus fores-tier. On localise le pic noir par son cri lancinant ou à la calotte roue du haut du crâne du mâle. On peut l’ob-server lorsque, en alternance avec la femelle, il creuse au printemps la cavité qui va abriter la couvée. Pro-fonde de cinquante centimètres, elle est renouvelée chaque année et abrite trois à cinq œufs qui seront cou-vés surtout par le mâle.Le Pic à dos blanc (sous-espèce Lilfordi) se différencie du Pic noir et du Pic épeiche par ses rayures hori-zontales sur le dos. C’est une véritable espèce relique réfugiée dans les Pyrénées au recul des glaciers duquaternaire. La Haute-Garonne compte un petit noyau sur quelques forêts de montagne. Sa discrétion, dafaible densité et sa rareté en font une espèce dont le statut est mal connu.

    Dans les Pyrénées centrales, le pic noir et le pic à dos blanc sont les habitants caractéristiques des hêtraies,hêtraies sapinières de l’étage montagnard, mais on peut également observer le premier dans les sapinièresâgées de l’étage subalpin que dans les forêts des coteaux de Gascogne. Leur présence indique une vieilleforêt peu exploitée par l’homme. Il vit dans des territoires très grands et les densités de cette espèce sont dece fait assez faibles.

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    Territorial, discret, mais toujours vulnérable

    Le Grand-tétras est un oiseau extrêmement territorial, qui reste fidèle en général à son lieu de vie durant toute savie. Ermite immobile en hiver, il investit les résineux qui lui offrent un abri face aux prédateurs et une précieusesource d’alimentation. Il consomme alors jusqu’à 90% d’aiguilles de pin ou de sapin qu’il cisaille avec son puissant bec sécateur.Sa survie dépend alors étroitement de l’économie de ses déplacements pour limiter au maximum ses dépensesénergétiques et affronter les rigueurs de l’hiver.Avec le réchauffement printanier et le rallongement des journées, il quitte peu à peu l’engourdissement de cette viearboricole pour effectuer de vastes déplacements dont les traces au sol sont largement visibles sur les dernières nei-ges. Les silhouettes éternelles des vieux arbres centenaires deviennent alors le théâtre d’une intense effervescencequi culmine au moment des parades nuptiales que les pyrénéens nomment « le chant ». Les mâles dominants (c’est àdire mûrs sexuellement et socialement) deviennent alors de plus en plus exclusifs et se fixent sur de petits territoiressymboliques dont ils défendent le statut de propriétaire, en se livrant, parfois au prix d’âpres combats, au rituel im-muable des parades amoureuses : attitudes stéréotypées entrecoupées de sauts bruyants, déploiement de la queue en

    une roue parfaite, et une strophe très caractéristique par une série de claquements de bec, puis un coup de bouchon,et un cisaillement qui évoque l’aiguisage d’une faux.Enivré d’hormones au moment du « chant », le coq deviendrait alors moins vigilant, ce qui le rend plus vul-nérable envers les prédateurs, les photographes indélicats, et les braconniers.Quant aux femelles, elles sont toutes aussi exclusives et parcourent l’aire de chant en caquetant. Trois jours aprèsl’accouplement, elles pondent 5 à 6 œufs à même le sol, en choisissant un secteur à l’abri des prédateurs. Les jeunes« non maillés » quittent leur mère au bout de trois mois. Au mois d’octobre, les tétras se rassemblent, à la recherchede fruits d’automne (mûres, raisin d’ours, sorbes, cynhorodons, myrtilles) et se perchent de plus en plus fréquem-ment.Les milieux forestiers très diversifiés, les clairières relativement fermées, riches en clairières, myrtilles et eninsectes offrent aux compagnies d’importantes ressources alimentaires et un couvert anti-prédation jusqu’àl’entrée de l’hiver.On sait toutefois que l’espèce se reproduit mal. Une poule mature dès la première année peut pondre jusqu’à 7 ou 8œufs. Toutefois, ces potentialités reproductrices sont rarement exprimées. 60 à 80% des femelles ne se reproduisent pas, soit par manque de zones ou de conditions favorables, soit par disparition complète de leurs pontes. A cela

    s’ajoute un taux de mortalité très élevé des poussins durant la première semaine suivant l’éclosion. Victimes de la pluie, du froid lors de la dispersion des compagnies, ils sont aussi victimes des prédateurs et des dérangements.80% des jeunes auront disparu à la fin de leur première année. Cette mortalité est néanmoins compensée parla grande longévité des adultes, ce qui nécessite une attention toute particulière pour maintenir le stock des

    reproducteurs.

     Le Grand-tétras.

    Présentation

    A l’étage subalpin (entre 1700 et 2100 m), on trouve encore dans les Pyrénées une

    vieille forêt silencieuse. Le sapin y est associé au pin à crochets, au pin sylvestre, audessous de la ceinture de sorbiers et de bouleaux au tronc courbé sous le poids de laneige. Dans ces milieux très riches, pour la plupart inaccessibles, la forêt humide cèdela place à une forêt plus aérée par de nombreuses clairières, entrecoupées de couloirsd’avalanches et de trouées de chablis avec une végétation très riche en fruits(myrtilles, framboises…), graminées et insectes. Une topographie heurtée a parfois piégé les écoulements pour former des tourbières à l’odeur acide. Il règne dans cer-tains secteurs une ambiance qui peut rappeler la Taïga, la forêt résineuse de la RussieOrientale. L’autour des palombes, la martre, le lièvre, le renard y cohabitent avec uneforte densité de cerfs. C’est aussi l’un des derniers refuge du Grand coq de bruyère ouGrand-tétras.On peut apercevoir un instant sa livrée sombre variant du gris, au marron, au brunfoncé quand il plonge à grand bruit d’un vol lourd et puissant au bas de la forêt. Un bec clair, les caroncules rouge érectiles au dessus des yeux accentuent la fière allurede notre plus gros galliforme d’Europe (avec le Tétras-Lyre, la Gélinotte et le Lago- pède alpin). L’espèce se caractérise par un très fort dymorphisme sexuel. La femelle,nettement plus petite que le mâle, diffère du coq par la couleur de son plumage où semêlent du brun, différents tons de roux, quelques pointes de blanc et de noir, parfaite-ment mimétiques dans la pénombre des sous-bois. Mais la présence des tétras se si-gnale le plus souvent par les déjections en forme de mégots au pied des sapins.La population pyrénéenne de tétras constitue un véritable patrimoine génétique puis-qu’elle abrite une sous-population relique, Tetrao urogallus aquitanicus, originaire dunord de l’Europe et de la Russie Orientale, qui a colonisé les montagnes d’EuropeMoyenne il y a environ 11.000 ans, avant de se réfugier en altitude à la fin des glacia-tions. Si le coq a encore le statut de gibier dans les Pyrénées (un privilège rare enFrance et en Europe), la femelle est intégralement protégée par la loi.

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    Les prédateurs sont-ils la cause d’une telle régression ?

    Le renard, la martre et même l’autour des palombes sont des prédateurs naturels duGrand-tétras. Des études de l’Office National de la Chasse tendent à démontrer : Que les prélèvements concernent surtout les jeunes (dans 70% des cas) ; Que le Grand-tétras est relativement bien adapté à ses prédateurs naturels qui ne sespécialisent sur lui que dans des cas où l’habitat se dégrade et n’offre plus autant deremises de sécurité (structure forestière inadaptée, pénétration humaine, oiseaux per- pétuellement dérangés et décantonnés) ; L’introduction de sangliers nourris artificiellement par agrainage est particulière-ment néfaste pour les œufs et les poussins, comme pour la structure des sols.

    L’évolution du territoire montagnard

    Bien que les fluctuations climatiques soient en cause, l’intensification des activi-tés humaines semble être la cause principale du déclin observé.Dans les forêts de la haute chaîne, très découpées, d’une grande diversité écologiquenaturelle, d’accès difficile, modérément exploitées par l’homme, et qui présentent unriche potentiel alimentaire, les densités de tétras observées sont plus importantes.Dans les vastes étendues forestières du piémont nord pyrénéen (entre 1000 et 1600m), plus homogènes, mieux desservies par la voirie forestière, où une sylvicultureintensive s’est développée, les effectifs de Grand-tétras sont en régression beaucoup plus marquée. Il se pose plusieurs types de problèmes :

    - l’altération des habitats occasionnés par des facteurs tels que la sylviculture, lesopérations de gyrobroyage trop systématiques, l’ouverture d’un réseau de voirie syl-vo-pastorale, l’urbanisation, la création de stations de ski, les collisions avec les li-gnes de câbles, etc.- les dérangements provoqués par l’augmentation de la fréquentation du territoiremontagnard à des périodes cruciales pour le cycle biologique de l’espèce : motonei-ges, raquettes à neige, ski de fond.- La persistance de pratiques de braconnage, (le jugement du Tribunal de Grande

    Instance de Saint-Gaudens du 06/06/02, a mis en évidence l’existence de véritablescircuits de commercialisation et de taxidermie encore extrêmement dommageables pour le Grand-tétras).

    Une espèce fortement menacée à terme

    Dans les années 90, on estimait que la population pyrénéenne de Grand-tétras s’élevait environ à 3700 individus, contre moins de1000 dans les autres massifs français : Vosges, Jura, Alpes françaises.Dix ans plus tard, les Pyrénées abritent encore la population de tétras la plus importante de France, mais celle-ci décroît de manièreextrêmement préoccupante, alors que les noyaux des Vosges et du Jura sont au plus bas et que le noyau alpestre s’est probablement

    éteint en 2001.De trop nombreux échecs de la reproduction ont marqué la décennie 90, avec deux années de relative bonne reproduction endouze ans.La position à la fois méridionale et très soumise aux influences océaniques du noyau pyrénéen, des étés de plus en plus pluvieux,une plus grande imprévisibilité du climat montagnard font apparaître des conditions qui n’existaient pas jusqu’alors.L’année 2002 a été catastrophique, avec un taux de reproduction de 0,1 jeune par poule. Indicateur de la qualité du milieu monta-gnard, le Grand-tétras est donc aussi un efficace indicateur climatique.Des étés plus froids néfastes à la natalité, des hivers moins froids entraînant une circulation plus intense des prédateurs, une fré-quentation humaine accrue, constituent autant de facteurs limitants pour les nichées, et affaiblissent la dynamique des populations.

    Tous les clignotants sont au rouge dans les Pyrénées

    Des données irréfutables de l’Observatoire des Galliformes de Montagne (O.G.M), montrent à l’évidence des signes de régressionrapide, obtenues après plus de 20 ans de comptage des coqs chanteurs sur les places de chant du Grand-tétras. L’étude de la ten-

    dance des effectifs sur un ensemble de places de chant d’intérêt particulier révèle qu’en Haute-Garonne, 2 places de chant sur les 4étudiées sont en diminution (Luchon 1) (Oo), 1 est en augmentation (Luchon 2), 1 présente une tendance non significative (Boutx).L’étude du succès de la reproduction du grand-tétras sur un réseau de sites de référence démontre que la décennie 1990-2000 secaractérise par une succession d’années de mauvaise reproduction. Seule l’année 2001 est considérée comme une année que l’on peut qualifier de bonne pour la reproduction. Pour cette année 2002, l’indice de reproduction est au plus bas (0,1 jeune par poule),compte tenu des conditions climatiques désastreuses de cet été.

    Evolution d’une lande à genévrieraprès une opération de girobroyage :

    perte des fonctions de refuge,d’alimentation et de couvert anti-

    prédation.

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    Alors, que faire ?

    Tous les pyrénéens ont une responsabilité très importante dans la conserva-tion de cet oiseau, fleuron du patrimoine local, dont les effectifs connaissent uneffondrement récent, et dont la disparition constituerait un appauvrissement biolo-gique et culturel.

    Mieux prévenir les dérangements

    Des études tendent à montrer que l’espèce résiste mieux au dérangement estival

    qu’au dérangement hivernal. Il convient donc de modifier certains tracés de pistesde ski, de chemins de randonnée, en fermant les routes forestières, en veillant aux pratiques de chasse photographique, en limitant le déneigement et en surveillantles pratiques de motoneiges et de la raquette à neige dans les secteurs proches deszones d’hivernage. Après la mi-juillet, un travail de sensibilisation particulier doitêtre mené auprès des randonneurs, cueilleurs de champignons qui tendent à quitterles sentiers.

    Randonneurs à raquettes à neige ou à ski de fond :

    merci de vous soucier du Grand-tétras !

    Les pratiques de randonnée sont généralement moins perturbantes pour la faune

    de montagne que la circulation automobile. Elles nécessitent tout de même quel-ques précautions pour être pratiquées sans dommage pour les animaux en particu-lier en hiver.

    Respectez la tranquillité de la faune, en état de survie en hiver. Toute dé- pense d’énergie inutile peut lui être fatale ; les animaux affaiblis peuvent être plus facilement victimes des prédateurs… Evitez de traverser ou de longer les lisières supérieures de la forêt (les 20mètres de lisière correspondent à la bordure vitale pour de nombreuses espè-ces) ; Evitez de suivre les traces d’animaux ; vous risquez de les déranger ; Votre groupe est de taille raisonnable, évitez de parler trop fort, apprenezà écouter le silence de la montagne ; Laissez votre chien à la maison où confiez-le à des amis pour que sa pré-sence ne perturbe pas la faune ; Rapportez vos détritus, y compris les restes biodégradables qui restent sur place durant de longs mois ;

    80% des coqs de bruyère prélevés ont été tués à moins de 500 mètres

    d’une route carrossableL’équipement des routes forestières augmente les sources de dérangements dues àla pression touristique (véhicules tout terrain, promeneurs et leurs chiens, cueil-leurs, vélos tout terrain, ski de fond, photographes, etc), aux travaux forestiers(circulation des forestiers, martelages, coupes et débardage), à la pression dechasse, sans parler du braconnage… Une étude de l’Office National de la Chasseet de la Faune Sauvage établit sur la base de témoignages de chasseurs, que sur200 coqs prélevés durant 7 ans, 80% ont été pris à moins de 500 m (en lignedroite), d’un point accessible en voiture, alors que parmi 254 points tirés au hasardsur ces forêts seulement 32% sont à moins de 500 mètres d’un accès carrossable(Source ONCFS).

     Pour l’arrêt des prélèvements

    Beaucoup de populations sont en train de disparaître, sans doute par accumulationde divers facteurs qui ne permettent plus un prélèvement comme par le passé.L’Office National des Forêts a suspendu par mesure de précaution, la chasse auGrand-tétras sur les 3500 hectares de Forêt Domaniale de Haute-Garonne. Dansles autres forêts publiques ou non publiques, les détenteurs des droits de chassetendent de plus en plus à suspendre la chasse au tétras par règlement intérieur, ousuite à une décision Préfectorale.. Les associations de protection de la nature de-

    mandent depuis plusieurs années un moratoire pour tous les galliformes de monta-gne. En Haute-Garonne, il convient de suspendre par précaution la chasse auGrand-tétras au moins sur plusieurs années, afin d’étudier massif par massif, quel-les populations seraient encore en mesure de supporter un plan de gestion et envi-sager une restauration là où le Grand-tétras est rare ou a disparu.

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     L’ours brun

    La population d’ours dans les Pyrénées n’a cessé de décroîtredurant le XXe siècle, au point de disparaître des Pyrénées centra-les et orientales, probablement en 1991, avec la mort du dernierindividu. La population d’ours dans les Pyrénées comprend treize plantigrades à ce jour. Elle est en recul dans les Pyrénées Oc-cidentales où il n’y a plus qu’une seule femelle pour 4 à 5 mâles. Dans les Pyrénées centrales et orientales, 2 femelles, 4 mâles etun ourson (né en 2002), issus de la réintroduction sont recensés. Considérant l’état des populations, les chances de maintenirdurablement une population d’ours dépend de nouveaux renforcements, de la réussite des mesures prises en faveur del’acceptation sociale. L’ours se nourrit pour 75% de végétaux très divers : myrtille, fruits et graines de feuillus divers ( glands,faines,…). Pour cohabiter de façon durable avec les activités humaines, l’ours a besoin d’une forêt diversifiée qui lui offre desressources alimentaires en quantité suffisante, d’un couvert thermique suffisant et de zones refuges au sein de son habitat.

    En application de la directive interministérielle du 28 mars 1994, il convient maintenir les règles de gestion sur l’ensem-ble de la zone fréquentée par les ours et de les compléter par une série d’actions :

    gérer les forêts par massif pour mieux coordonner les activités humaines (activités forestières et de loisir), et éviter de programmer les exploitations au coup par coup.

    L’intégration de plans de circulation par massif, dans le souci d’éviter de compartimenter l’habitat de l’ours et du grandtétras, dans le cadre des schémas de mobilisation des bois (pour des raisons de précision mais aussi d’analyse globale, la bonne taille du massif est de l’ordre de 5000 hectares).

    Privilégier une sylviculture maintenant une structure irrégulière, la mixité des peuplements et des classes d’âges, conser-vant des arbres âgés, des arbres morts

    éviter la création de nouvelles routes et laisser en repos les sites vitaux pour l’ours tels les sites de tanière, les zones dereproduction, les corridors avec passage obligé, etc…. Les propriétaires des bois doivent être indemnisés pour cela par lacollectivité.

    concentrer les chantiers forestiers dans le temps en n’autorisant les exploitations que du 15 juin au 31 octobre et du 1 er 

     janvier au 15 mars condamner les pistes de débardage après utilisation. réserver l’usage des routes et pistes existantes aux seuls usagers professionnels.

    La gestion des forêts devant s’inscrire sur le long terme, les dérogations ne doivent pas être accordées car elles

    risquent, à terme, de devenir systématiques.

    L’application de ces mesures nécessite une certaine souplesse, et doit intégrer l’interruption de chantiers en cas de fe-melle suitée moyennant une indemnisation des exploitants forestiers.

    Les modes de débardage les moins perturbants doivent absolument être favorisés : débardage par câble et par hélicoptèreen particulier, compte tenu de l’existence de subventions spécifiques du Conseil Régional de Midi-Pyrénées

    La pratique de l’affouage en régie doit être généralisée pour les coupes prévues en secteur sensible. De même des datesde réalisation doivent être définies pour les coupes d’affouage en zone de présence de l’ours et du grand tétras. De même,des dates de réalisation doivent être définies pour les coupes d’affouage en zone de présence d’ours en accord avec lesimpératifs vitaux de l’espèce, comme pour les coupes destinées à la vente.

    conserver les clairières, les zones humides, les arbres à fruits.

    Pierreretournéepar l’ours

     Les fortes densités de cervidés

    Les forets des massifs de la Haute-Garonne servent de refuge pour les grands animaux quiy trouvent à la fois une remise de sécurité, un couvert thermique important et une impor-tante source de nourriture. Il s’agit d’une espèce cynégétique introduite à partir de 1955 en plusieurs lieux de la chaîne et qui donne lieu à une intense pression de chasse. Le cerf pos-sède une grande puissance musculaire qu’il utilise lors de combats dissuasifs à la saisondes amours. L’animal s’est donc bien acclimaté dans les Pyrénées centrales. Certains can-tons sont bien connus des amateurs d’écoute de brame. Les forestiers sont moins heureuxdu développement de l’animal car les dégâts qu’il inflige aux forets vont à l’encontre de larégénération espérée par les producteurs. En conséquence, la politique a consisté à durcir

    les plans de chasse, dans le but d’obtenir des populations au nombre d’individus en adé-quation avec l’objectif sylvicole voulu. Sa présence est toutefois parfaitement compatibleavec d’autres espèces comme le grand tétras, si les forêts sont suffisamment diversifiéesavec de vastes milieux ouverts où s’alimentent les cervidés. S’il est vrai que l’on note loca-lement des destructions importantes de ligneux bas (framboises), les cervidés tendent à sesubstituer aux ongulés domestiques sur les parcelles pastorales en friche, dans leur rôled’entretien et d’ouverture du milieu.

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    Que faut-il penser des fortes densités de cervides ?

    Les forets des massifs de la Haute-Garonne servent de refuge pour les grands animaux qui y trouvent à la foisune remise de sécurité, un couvert thermique important et une importante source de nourriture. Sur les 7000hectares du massif de GAR CAGIRE, le nombre de cerfs bramants dans le secteur CAGIRE a été relevé par laFédération de Chasse. Il augmente de 45 en 1980 à 232 en 1992. Ce nombre indicatif est resté stable depuis(240 en 1997). Il s’agit d’une espèce cynégétique introduite à partir de 1955 en plusieurs lieux de la chaine etqui donne lieu à une intense pression de chasse. Le cerf possède une grande puissance musculaire qu’il utiliselors de combats dissuasifs à la saison des amours. L’animal s’est donc bien acclimaté dans les Pyrénées centra-les. Certains cantons sont bien connus des amateurs d’écoute de brame. Les forestiers sont moins heureux dudéveloppement de l’animal car les dégats qu’il inflige aux forets vont à l’encontre de la régénération espérée

     par les producteurs. En conséquence, la politique a consisté à durcir les plans de chasse, dans le but d’obtenirdes populations au nombre d’individus en adéquation avec l’objectif sylvicole voulu. Des études de l’Office

     National de la Chasse et de la Faune Sauvage ont montré que les densités actuelles de cervidés sont tout à faitcompatibles avec d’autres espèces comme le grand tétras, si les forêts sont suffisamment diversifiées avec devastes milieux ouverts où s’alimentent les cervidés. S’il est vrai que l’on note localement des destructions im-

     portantes de ligneux bas (framboises), les cervidés tendent à se substituer aux ongulés domestiques sur les par-celles pastorales en friche, dans leur rôle d’entretien et d’ouverture du milieu.