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PATRIMOINE NATUREL DE BOURGOGNE N°6 - ANNÉE 1998 - ISSN 1240-1609 LES PLANS D’EAU LES PLANS D’EAU EN BOURGOGNE EN BOURGOGNE

PATRIMOINENATURELDEBOURGOGNE N°6-ANNÉE1998 … · 2016. 7. 28. · la Loire, “losnes” pour la Saône et “mortes” pour le Doubs. Cynégétique: se dit d’une gestion visant

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PATRIMOINE NATUREL DE BOURGOGNE

N°6 - ANNÉE 1998 - ISSN 1240-1609

LES PLANS D’EAULES PLANS D’EAU

EN BOURGOGNEEN BOURGOGNE

Page 2: PATRIMOINENATURELDEBOURGOGNE N°6-ANNÉE1998 … · 2016. 7. 28. · la Loire, “losnes” pour la Saône et “mortes” pour le Doubs. Cynégétique: se dit d’une gestion visant

GLOSSAIRE DES TERMESTECHNIQUES EMPLOYÉS

Aquaculture (secteur aquacole) : élevage des ani-maux et plantes aquatiques.Assec : période pendant laquelle l’étang reste à secaprès la pêche et est parfois cultivé. Mise en assec :action d’assécher un étang, d’évacuer son eau.Atterrissement : comblement progressif d’un pland’eau par l’accumulation de dépôts d’origine végétaleou sédimentaire.Batillage : sucession de vagues contre les berges cau-sée par le vent ou les bateaux.Bras-mort : ancien bras que le cours d’eau n’emprunteplus, isolé par des dépôts et qui devient un plan d’eauou un marais. Noms locaux : “boires”, “ganches” pourla Loire, “losnes” pour la Saône et “mortes” pour leDoubs.Cynégétique : se dit d’une gestion visant à entretenirou gérer un milieu ou une espèce dans un objectif dechasse.Délaissés : synonyme de bras-mort.Dystrophe : se dit d’un milieu déséquilibré, parexemple par l’absence d’un élément nutritif essentiel.Ecosystème : ensemble constitué d’un milieu de vie(biotope) et de communautés vivantes (biocénose).Eutrophe : se dit d’un milieu très riche en substancesnutritives.Eutrophisation : enrichissement naturel ou provoquéd’un milieu en substances nutritives qui entraîne géné-ralement la pullulation de quelques espèces de plantesou d’algues qui consomment beaucoup d’oxygène ense décomposant au détriment de la biocénose initiale.Faucardage : action qui consiste à faucher les végétauxaquatiques émergés d’un étang ou d’un cours d’eau.Gagnage : lieu d’alimentation des animaux (s’emploiesouvent pour les oiseaux d’eau).Halieutique : relatif à la pêche.“Fleur d’eau” : prolifération d’algues planctoniques ensurface du fait de l’eutrophisation et de la chaleur.Hélophyte : plante qui croît dans la vase et dontl’appareil végétatif est aérien et dressé (ex : le roseau).Herbier : agglomération d’un grand nombre de plantesou d’algues.Hydrophyte : synonyme de plante aquatique. Plantequi croît dans l’eau, fixée au fond (nénuphar), flottant àla surface de l’eau (lentille d’eau) ou nageant entredeux eaux (élodée).Lit majeur : partie d’une vallée envahie par les eauxen période de crue, souvent limitée par les terrassessupérieures. Lit mineur : partie de la vallée occupéepar le cours d’eau toute l’année, limitée par les berges.Marnage : amplitude de la variation du niveau del’eau.Mésotrophe : se dit d’un milieu moyennement richeen substances nutritives.Moraines : débris arrachés à la montagne et déposéspar un ancien glacier.Oligotrophe : se dit d’un milieu très pauvre en sub-stances nutritives.Palustre : lié aux marais.Pisciculture : élevage intensif des poissons (en bas-sins) ou extensif (étang).Plancton : organismes de petites tailles (planctonvégétal ou animal) qui flottent dans l’eau.Queue (d’un étang) : partie située en amont d’un pland’eau où le niveau d’eau est le plus faible et permet ledéveloppement d’herbiers.Remise : lieu où les canards se mettent à l’abri.Spores : semences des fougères, mousses, champi-gnons et certaines bactéries qui permettent leur dissé-mination et leur résistance aux conditions défavorables.

ORIENTATIONBIBLIOGRAPHIQUE

PETERSON, MOUNTFORT, HOLLOM et GEROUDET,Guide des oiseaux de France et d’Europe, éd.Delachaux et Niestlé, 534 p.

D’AGUILAR, DOMMANGET et PRECHAC, Guide deslibellules d’Europe et d’Afrique du Nord, éd.Delachaux et Niestlé, 350 p.

MATZ et WEBER, Guide des amphibiens et rep-tiles d’Europe, éd. Delachaux et Niestlé, 300 p.

MUUS et DAHLSTRÔM, Guide des poissons d’eaudouce et pêche, éd. Delachaux et Niestlé, 224 p.

BUGNON, GOUX & LOISEAU, Nouvelle flore deBourgogne, éd. hors série du Bulletin scientifique deBourgogne, t. II, 811 p.

PARIS et MAHIEU, Les écrevisses en Morvan,Cahiers Scientifiques du Parc Naturel Régional duMorvan, 68 p.

CONNAÎTRE ET PROTÉGÉER LA NATURE (C.P.N.),À la rencontre des amphibiens, Dossier techniquede la Gazette des terriers, 40 p.

M.CLEMENT-GRANDCOURT, Un étang ? Pourquoifaire ? CRDP d’Amiens, 196 p.

H.WILKE, Une mare naturelle dans votre jardin,éd. Terre Vivante.

SOCIÉTÉ NATIONALE DE PROTECTION DE LANATURE, « Spécial mares », Le Courrier de la natu-re, n°161, janvier 1997.

C.P.N., À la découverte de la mare, Dossier tech-nique de la Gazette des terriers.

C.P.N., Créer une mare, Dossier technique de laGazette des terriers, 68 p.

C.P.N., Gérer une mare, Dossier technique de laGazette des terriers, 40 p.

Ph.A

.Chiffaut(extraitdespa

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)

Photo de couverture :Alain Chiffaut

Cartouche :Grenouille verteDessin Pierre Besson

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SOMMAIRE

Avant propos de Monsieur Jean-Pierre SoissonPrésident du Conseil régional de Bourgogne p. 2

�� LOCALISATION DES PLANS D’EAU p. 4par Alain ChiffautDirecteur du Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons.

�� DÉFINITION DES PLANS D’EAU p. 6par Bernard FrochotProfesseur d’écologie à l’Université de Bourgogne.

�� LA VÉGÉTATION DES PLANS D’EAU p. 10par Jean Claude FelzinesDocteur-ès-sciences,Professeur agrégé de Sciences Naturelles à Nevers.

�� LES OISEAUX DES PLANS D’EAU p. 16par Jean RochéDocteur-ès-sciences,Ingénieur écologue.

�� LES OISEAUX DES PLANS D’EAU p. 20(schéma)

�� L’EXPLOITATION DES ÉTANGS p. 22par Michel CouturierPisciculteur professionnel.

�� LES BATRACIENS p. 26par Michel JolyProfesseur à l’Université de Lyon.

�� LES AMÉNAGEMENTS ÉCOLOGIQUES p. 28par Alain ChiffautDirecteur du Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons.

�� LES LIBELLULES p. 32par Pierre Baccot.

PATRIMOINE NATUREL DEBOURGOGNEN°6 - ANNÉE 1998

ISSN 1240-1609

revue publ iée par le :CONSERVATOIREDES SITES NATURELSBOURGUIGNONS

B.P. 110 - 21803 Quétigny cedexTél.: 03 80 71 95 55

Auteurs :Pierre Baccot,Alain Chiffaut,

Michel Couturier,Jean-Claude Felzines,

Bernard Frochot,Michel Joly, Jean Roché.

d'après les communications desRencontres Régionales sur le Patrimoine

Naturel - Dijon - Octobre 1997.

Mise en page :François Cordier

Dessins :Patryck Vaucoulon sauf :

12 (Pierre Michelet),16 et 22 (Pierre Besson).

Crédit photos:Alain Chiffaut sauf

9H et 19B (Serge Delmas),9B et 19B (Didier Hermant),

24H et 29H (Bernard Hyvernat),25 et 31 à 33 (Pierre Baccot),

17H (Régis Desbrosses),13HD, 16, 17B, 18, 19, 22

(Jean Roché), 26H (Pierre Joly),28 (Marie-Christine Vogt Le Car),

11B (Patryck Vaucoulon).

Maquette :Alain Chiffaut

Flashage et photogravure : InterligneImpression : SEMCO

Reproduction autoriséeen citant la source

Dépôt légal : 4ème trimestre 1998

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Depuis plusieurs années, le Conseil régional deBourgogne soutient les programmes d’action duConservatoire des Sites Naturels Bourguignons.

Les Rencontres Régionales sur le PPaattrriimmooiinnee NNaattuurreell ddeeBBoouurrggooggnnee constituent un évènement annuel majeurpuisqu’il permet à l’ensemble des partenaires, élus, tech-niciens, amateurs éclairés et bénévoles d’échanger leurspoints de vue sur des thèmes importants pour laBourgogne.

LL’’eeaauu ssoouurrccee ddee vviiee : voilà un sujet de préoccupationdes Bourguignons, compte tenu de l’obligation moralede transmettre aux générations futures un patrimoineconservé pour lequel la recherche d’équilibre entre utili-sation raisonnée de la ressource et contraintes écono-miques doit être permanente.

La journée consacrée aux plans d’eau en Bourgogne apermis de mettre en perspective ces milieux semi-natu-rels qui présentent des richesses paysagères, végétales etanimales souvent inégalées.

MMiillllee nneeuuff cceenntt qquuaattrree vviinnggtt ddiixx hhuuiitt, année du 9èmecentenaire de la fondation de l’Abbaye de Citeaux, nousrappelle que les moines ont été parmi les premiers àcréer des étangs. Plus récemment, creusés pour lesbesoins des canaux, l’extraction de granulats ou le loisir,les plans d’eau continuent d’offrir des situations favo-rables pour l’accueil d’une faune et d’une flore extrême-ment variées.

Leur utilisation pour le loisir, la pêche, la chasse, l’orni-thologie, le tourisme peut conduire parfois à un parta-ge difficile de ces espaces au regard de l’intérêt de labiodiversité et de la protection dela ressource en eau.

Voilà posé, me semble-t-il, le cadre des réflexions àconduire sur ce thème.

Jean Pierre SoissonPrésident du Conseil régional de Bourgogne

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LOCALISATION DES PLANS D’EAU EN BOURGOGNE

LaLoire

LaNi

èvre

L 'Allier

L 'Yon ne

L'Oua nneLe Loing

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L'Arm ançon

La Cure

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L'Yonne

Le Do ubs

Nevers

Auxerre

Châlon

Mâcon

Dijon

600 à 800 m

500 à 600 m

300 à 500 m

200 à 300 m

< 200 m

> 800 m

Nord

Régions d'étangs

Principaux réservoirsSecteurs de gravières

Canaux

Yonne~900 étangs1 réservoir

Côte-d’Or>100 étangs7 réservoirs

Saône& Loire

>5000 étangs8 réservoirs

Nièvre~2500 étangs9 réservoirs

Les indications chiffrées ne comprennent pas les gravières, mares et brasmorts. Aucune statistique n’est disponible sauf pour les étangs déclarés suiteà la loi Pêche ; les autres sont estimés à partir des photos aériennes. Lesétangs situés sur la carte sont ceux présents sur la carte IGN au 1/250000.

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 19984

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Les actifs moines cistercienscommencent à tirer profitdes terres humides du Val

de Saône dès le XIIème siècle.Au siècle suivant, toutes lesrégions humides sont équipéesd’étangs qui fournissent, avec lepoisson, des protéines difficiles àproduire sur ces sols ingrats. Ilsse multiplient partout pour tirerprofit de l’énergie hydraulique(moulins, forges).A la fin du XVIIIème siècle, leurnombre décroît à mesure que denouvelles formes d’énergie appa-raissent, que la viande bovineconcurrence la production pisci-cole, que la médecine découvrel’origine du paludisme et que lestechniques agricoles permettentl’exploitation des sols humides.C’est ainsi que des régionscomme le Châtillonnais ontperdu presque tous leurs étangs.Aujourd’hui, on estime à plus de8000 les étangs en Bourgogne.25 réservoirs ont été créés pourl’alimentation des canaux, la pro-duction d’eau potable, la régula-tion des débits de l’Yonne et dela Cure. De nombreuses gra-vières ont été creusées dans lesvallées de l’Yonne, des Tilles, dela Saône et de la Loire. Les plansd’eau font donc encore partie dupaysage bourguignon, notam-ment en Bresse, une des princi-pales régions d’étangs de France,où la tradition reste vivace.Les plans d’eau en Bourgognesont répartis en fonction desbesoins humains modernes(régulation hydraulique, eaupotable, loisirs, granulats...), del’imperméabilité du sol (Bresse,Puisaye, Morvan, Auxois, Bazois,Charollais), des régions d’élevage(mares). Quant aux bras mortsdes grands cours d’eau, seulsplans d’eau naturels dans notrerégion, ils se perpétuent dans lesvallées de la Loire et du Doubsqui bénéficient encore d’unerelative liberté de divagation.

� Alain CHIFFAUT

LOCALISATION DES PLANS D’EAU EN BOURGOGNE

SOLOGNE

BRENNEDOMBES

CHAMPAGNE HUMIDE

BORDURE DES VOSGES

LORRAINE

BRESSE

FOREZ

BOURBONNAIS

LANDES

GRAND LIEU

CAMARGUELANGUEDOC

Un étang de Bresse

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998 5

Pour la Bourgogne,seule la Bresse faitpartie des grandes

régions de pisciculture

D’après «

Les é

tangs d

e Bresse» de Jean Roché

Grandes régions de pisciculture :

Etangs créés par l’homme

Plans d’eau naturels(souvent d’eau saumâtre).

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DÉFINITION DESDÉFINITION DES

PLANS D’EAUPLANS D’EAU

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Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998

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Trois typesde plan d’eau

Les scientifiques s’accordentpour reconnaître trois types,définis selon des critères mor-phologiques, principalement ladimension et la profondeur.Le lac est un plan d’eau profondet souvent de grande superficie.La zone d’eau profonde, dite«pélagique» est plus importanteque la zone «littorale». Il s’ensuitque la végétation aquatique, àl’exception du phytoplancton,n’occupe qu’une faible surface,limitée en bordure. Il existe unedifférence de température et delumière entre le fond et lescouches superficielles, ce quioffre des conditions de vie diffé-rentes, bien stratifiées.L’étang est un plan d’eau defaible profondeur. La zone «péla-gique» est absente ou trèsréduite ; la zone «littorale» domi-ne en surface et la végétationaquatique (roseaux, nénu-phars…) peut se développer. Lamare est une petite dépressionremplie d’eau, toute l’annéeou temporairement( a s s è c h emen testival).

Il est possible de faire une nou-velle distinction parmi ces plansd’eau selon leur mode d’alimen-tation. Ils peuvent être forméspar l’accumulation des eaux deruissellement dans une dépres-sion, ou bien par la mise à nude l’eau souterraine (nappephréatique).Ces différents types ont une ori-gine naturelle, mais, actuelle-ment, ce sont les plans d’eaucréés par l’homme qui domi-nent. Ces derniers peuvent deve-nir très proches des modèlesnaturels.

Les plans d’eaud’origine naturelle

Les causes naturelles sont àrechercher dans les processusliés à l’histoire géologique et àl’hydrographie. Les glaciers ontcreusé des cuvettes parfoistrès profondes (lacde creuse-ment)

ou déposé des moraines qui for-ment des lacs de barrage. Cestypes de lacs sont fréquents enmontagne et certains sont trèsvieux. L’érosion des fleuves,autrefois plus libres, provoquedes abandons de méandres quise trouvent isolés dans le litmajeur (bras morts). Des proces-sus biologiques peuvent aussiintervenir, créateurs de plansd’eau de dimensions souventplus modestes : ce sont surtoutla croissance végétale, lors-qu’elle crée des obstacles àl’écoulement des eaux, et lescastors, lorsqu’ils contruisent desbarrages (voir figures page 8).La Bourgogne est restée enmarge des grands épisodes gla-ciaires et reste dépourvuede lacs naturels.

DÉFINITION

Les lacs d’originenaturelle sont absentsde Bourgogne. Ils sontprésents en montagnelà où les glaciers ontmarqué le paysage.

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Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998

Les seuls plans d’eau naturels deBourgogne sont les bras mortsdes cours d’eau et certainesmares. Les bras morts sont sur-tout visibles dans les grandesvallées de la Loire (les «boires»,les «ganches»), de la Saône (les«losnes») et du Doubs (les«mortes») ; ils sont apparentés autype «étang à alimentation phréa-tique». Les mares issues dedélaissés de petites rivières oude l’accumulation d’eau sur unterrain imperméable dans lestourbières ou les prairieshumides peuvent être considé-rées comme naturelles. On peutsupposer qu’il y a eu aussi, dansle passé, des étangs de barragedûs aux castors.

DÉFINITION

8

Les délaissés de cours d’eau sont les seuls plans d’eau naturels de Bourgogne.

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Nappe phréatique

Digue et déversoir

Berges abruptes

Nappe phréatique

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Nappe phréatique

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Berges abruptes

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Nappe phréatique

Nappe phréatique

Digue et déversoir

Berges abruptes

Nappe phréatiqueFleuve

Nappe phréatiqueFleuve

Nappe phréatique

Lac de barrage formé par éboulement, par les castors...

PLANS D’EAU D’ORIGINE NATURELLE PLANS D’EAU D’ORIGINE ARTIFICIELLE

Lac profond formé par le creusement des glaciers.

Bras mort de cours d’eau.

Etang de pisciculture.

Carrière creusée dans la nappe alluviale.

Réservoir pour les canaux, la production électrique...

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Les réservoirs (ou «retenues»)Construits pour contenir tempo-rairement de grands volumes, cesplans d’eau sont apparus plusrécemment, d’abord pour alimen-ter les canaux navigables, puispour stocker de l’eau de consom-mation, fournir de l’électricité,régulariser les débits des rivièressujettes aux crues. Même s’ils serapprochent des lacs naturels parleur grande dimension et leurprofondeur, les réservoirs consti-tuent un type particulier par

l’importance et l’irrégularité desvariations de leur niveau (marna-ge). Les organismes aquatiquessupportent assez mal ces condi-tions, sauf certaines espècesinféodées aux eaux fluctuantesqui profitent des vasières décou-vertes en fin d’été, en particulierdivers oiseaux migrateurs qui fontétape pour se nourrir et desplantes qui croissent et fructifienten quelques mois.

Les carrières en eau(sablières, gravières ...)Ces plans d’eau apparaissentlorsque l’exploitation a lieu dansle lit majeur des cours d’eau pouren extraire du sable ou du gra-vier, et quand elle est suffisam-ment profonde pour atteindre leniveau de la nappe phréatique. Ilsse sont surtout développés depuisquelques dizaines d’années etsont très nombreux dans certainesvallées (Yonne, Loire, Saône,Doubs). La nature sableuse du

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DÉFINITION

Les sablières creusées dans les lits majeursdes cours d’eau mettent au jour la nappephréatique. Le plan d’eau ainsi constitué estgénéralement pauvre, sauf si desaménagements sont prévus (Les Maillys, 21).

Les réservoirs sont des plans d’eau de grande taille créés pour alimenter les canaux, fournir del’eau potable, produire de l’électricité. Les premiers sont les plus intéressants car leur niveaubaisse en automne, ce qui découvre des vasières attractives pour les oiseaux.

Les plans d’eaucréés par l’homme

On peut les classer en quatreprincipales catégories selon leursfonctions.

Les étangsà digues artificiellesCes plans d’eau sont construits enbarrant par une digue une petitedépression sur sol imperméable.Conçus autrefois surtout pour lapisciculture (mais aussi pourd’autres usages tels que le fonc-tionnement des moulins et desforges, le lavage du minerai, leflottage du bois dans le Morvan),leur alimentation est assurée parde l’eau de surface, le plus sou-vent un petit ruisseau, un fossé,ou la dérivation d’un cours d’eau.Ils se distinguent des étangs natu-rels principalement par la natureartificielle de la digue et par sesouvrages de déversoir et devidange qui permettent decontrôler le niveau de l’eau et deles vider périodiquement. Lesétangs naturels et artificielsconservent cependant des simili-tudes : une faible profondeur (cequi favorise le développement dela végétation aquatique), une ali-mentation par des eaux de surfa-ce, une surperficie petite àmoyenne, un niveau d’eau relati-vement stable.

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DÉFINITION

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substrat et leur mode d’alimenta-tion les rapprochent des brasmorts fluviaux, mais ils sont plusprofonds. Ils se distinguent desétangs à digue artificielle parl’impossibilité de vidanger, empê-chant l’homme de maîtriser leurévolution naturelle au fil desannées. A noter un marnage dûaux variations de la nappe, leplus souvent faible et saisonnier(niveau le plus bas en fin d’été).Les principales caractéristiquesdes gravières en eau sont : unealimentation phréatique, desdimensions petites à moyennes,une morphologie artificielle,dépendant des modalités d’extrac-tion et de réaménagement, unevidange impossible.

Les maresLes mares peuvent être aussicréées par l’homme, pour le bétail(mares-abreuvoirs) ou lors depetites extractions d’argile, fré-quentes autrefois. Elles sont sou-vent aussi riches que les maresnaturelles, sauf quand elles sonttrop piétinées par les animaux.

Intérêts pour la floreet la faune

Qu’ils soient d’origine naturelleou artificielle, tous les plans d’eausont soumis, en tant qu’écosys-tèmes, à quelques règles de fonc-tionnement fondamentales. Enparticulier, leurs peuplements flo-ristiques et faunistiques dépen-dent de plusieurs facteurs essen-tiels.

Qualité de l’eauLa capacité de production dematière vivante dépend des quali-tés physico-chimiques de l’eau(richesse en éléments minéraux,acidité, température, oxygène…),lesquelles sont liées à la naturegéologique du substrat, auxapports provenant du bassin ver-sant, à la profondeur du pland’eau. En Bourgogne, on observetrois qualités principales : lesplans d’eau peu productifs (dits«oligotrophes» ou «dystrophes») surles terrains acides du Morvan oude la Puisaye ; les plans d’eauoffrant des conditions moyennes(«mésotrophes») comme beau-coup de carrières en eau ; lesplans d’eau très productifs

(«eutrophes»), par exemple lesétangs du Val de Saône sur dessols argilo-limoneux.

MorphologieLa richesse en espèces végétalesou animales est très dépendante àla fois de la superficie en eau, dela longueur des rives (qui dépendde la forme du plan d’eau), de lapente des berges. Ces caractéris-tiques déterminent l’étendue desceintures végétales de bordure oude pleine eau, la capacitéd’accueil pour les poissons, lesoiseaux, les batraciens, beaucoupd’invertébrés... Les étangs de pisciculture présen-tent souvent ces conditions, sur-tout s’ils sont assez grands et deforme sinueuse. Les retenues ontune grande superficie mais lesrives sont peu variées ; seule la«queue» est intéressante. Pour lesgravières, tout dépend des réamé-nagements de berges effectuésaprès l’exploitation.

ÂgeL’observation des plans d’eauneufs montre que les communau-tés vivantes qui s’y développentévoluent très rapidement au coursdes années qui suivent la mise eneau. En général, on assiste à l’arri-vée rapide d’espèces pionnières,par exemple des algues vertes oudes massettes, des insectes, desoiseaux, des batraciens. Aprèsquelques années, le nombred’espèces s’accroît jusqu’à unmaximum. Puis, avec l’atterrisse-ment des rives et l’envasement,des espèces souvent plus com-munes dominent telles le Roseau,les saules, la Foulque, le Grèbehuppé,... Cette succession écolo-gique peut conduire au remplace-ment d’un étang peu profond parun marais puis une forêt d’aulnes,ou d’une mare acide par unetourbière puis une forêt de bou-leaux.En situation naturelle, il faut sou-vent une catastrophe pour rajeu-nir le plan d’eau et relancer le

Une mare creusée par un exploitant pourl’abreuvement de son bétail. Depuis sonabandon, elle a été colonisée par unevégétation très riche à base de Trèfle d’eau.

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duire : faible profondeur, sol sou-vent riche et limoneux, alimenta-tion de surface, niveaux d’eaucontrôlables permettent de main-tenir un optimum biologique. Lesétangs de régions acides ou lesétangs aménagés pour les loisirs,les retenues présentent un intérêtmoindre. Les carrières en eausont en général des milieux fai-blement productifs, du fait de leuralimentation en eau phréatique.Leur intérêt est presque nul pourun bassin profond aux bergesabruptes, plus important pour unbassin peu profond dont la formeet la pente des berges sontvariées, permettant l’implantationd’une végétation de zone «littora-le». Il faut pourtant se garder degénéraliser car des plans d’eaupeu riches peuvent remplir cer-taines fonctions utiles pour lafaune, comme l’hivernage descanards sur les grands réservoirs.

� Bernard FROCHOT

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DÉFINITION

En fait, pour leur majeure partie,les plans d’eau sont d’origine arti-ficielle mais ils restent largementnaturels dans leur fonctionne-ment, même si la gestion de cer-tains d’entre eux introduit desinterventions peu naturelles(assec des étangs, vidange desréservoirs ...). La situation estcependant contrastée. Les étangsde pisciculture sont les plusriches, cela n’a rien d’étonnantpuisqu’ils sont conçus pour pro-

processus, comme une forte cruequi recreuse ou déplace les brasmorts d’un fleuve. Pour les plansd’eau artificiels, la mise en assec,surtout si elle est prolongée etbien conduite, est un procédéclassiquement employé par lespisciculteurs. Les étangs, facile-ment vidangeables, offrent doncdes possibilités de gestion de laproductivité biologique supé-rieures à celles des plans d’eaudont la vidange est peu fréquente(réservoirs) ou impossible (car-rières en eau).

ConclusionsLes seuls plans d’eau naturels deBourgogne sont les bras mortsdes grandes vallées et quelquesmares. Ils sont en phase devieillissement pour le Val deSaône, un peu moins en Val deLoire et dans la basse vallée duDoubs où la dynamique fluvialeest encore marquée. Mais lesextractions en lit mineur des der-nières décennies ont abaissé laligne d’eau et beaucoup sont ensituation perchée et déconnectée.

Les étangs situés sur un substrat géologiquefavorable sont très productifs en végétation ettrès riches en faune.

D’autres sont moins riches en raison d’un sol trop acide ou d’une situation

ombragée en forêt.

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LA VÉGÉTATIONLA VÉGÉTATION

DES PLANS D’EAUDES PLANS D’EAU

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Littorelle... qui constituent lesceintures externes, souventdominées par l’une de cesespèces.Les plantes aquatiques (ou«hydrophytes») sont représentéespar plusieurs types biologiquesqui se répartissent en ceinturesinternes et se superposent enstrates dans l’eau :- Des espèces flottant librementà la surface (Lentille d’eau, Petit-nénuphar) ou sous la surface(Utriculaire, algues filamen-teuses) ;- Des espèces enracinées ets’étalant à la surface : Nénupharblanc sur fond vaseux ouPotamot nageant sur fondsableux ;- Des espèces fixées sur le fondet restant immergées : Élodée duCanada, Naïade, algues chara-cées.

Les influencesécologiques ethumaines

La composition végétale de cesceintures varie selon les condi-tions du milieu, surtout la richesseen nutriments, la configuration duplan d’eau et le mode de gestiondu plan d’eau.

LA VÉGÉTATION

Le Trèfle d’eau (Menianthes trifoliata)est une plante rare de nos plansd’eau.

Le roseau (Phragmites australis) estla plante la plus commune des rives.

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Les plantes colonisent sponta-nément et rapidement lesplans d’eau créés par

l’homme, avec l’aide du vent etdes oiseaux qui disséminent leursgraines ou leurs spores à partirdes biotopes aquatiques voisins :mares, fossés, autres étangs, brasmorts et berges des cours d’eaulents. Les espèces se développentlà où les conditions du plan d’eaucorrespondent à leurs exigencesécologiques. Elles entrent encompétition pour occuper vertica-lement et horizontalement levolume aquatique.

Une structurecommune

Tous les plans d’eau peuventêtre colonisés par des végétauxappartenant à deux grandescatégories : les plantes amphi-bies et les plantes aquatiquesqui s’organisent en ceinturesconcentriques selon un gradientde la terre ferme à la pleine eau.La catégorie des plantes amphi-bies (les «hélophytes») comprenddes plantes qui se dressent horsde l’eau et qui supportent unealternance annuelle d’émersionet d’immersion : le Phragmite,les massettes, les laîches, la

Richesse nutritiveSur le Morvan, les plantes crois-sent sur un substrat sableux etdans une eau acide : les hydro-phytes sont rares (utriculaires,certains potamots) et les hélo-phytes sont composées dePotentille des marais, de Prêle flu-viatile et de laîches. Dans lesrégions à substrat argilo-limoneuxplus riche, les hélophytes formentdes ceintures de haute taille :phragmites, massettes, Scirpelacustre, Glycérie aquatique tandisque les hydrophytes occupentsouvent tout l’espace aqueux :nénuphars, Renoncule aquatique,Châtaigne d’eau, Lentille d’eau,Cératophylle, ou Myriophylle.

Forme du plan d’eauUne pente douce et une profon-deur maximum de quelquesmètres sont optimaux pour ledéveloppement des végétaux. Leshélophytes ne peuvent s’installersur des berges trop abruptescomme celles des gravières oudes bassins creusés ; de même leshydrophytes enracinées ne crois-sent pas dans les réservoirs tropprofonds.

Activités humainesLes modes de gestion créent oumodifient les conditions écolo-

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Cette curieuse fougère aquatique(Marsilea quadrifolia) est protégéesur le territoire national.

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giques. Le piétinement des marespar les troupeaux ou des bergesd’étangs de loisirs par l’hommeélimine certaines espèces au pro-fit d’autres.Si le bassin versant est très culti-vé, les plans d’eau sont enrichisen fertilisants. En situation d’excé-dents, certaines espèces peuventrecouvrir complètement le pland’eau comme le Rorippe amphi-bie, l’Oenanthe aquatique ou lesalgues filamenteuses. Cette végé-tation peut étouffer les hydro-phytes et menacer la vie despoissons en occultant la lumièreet en consommant l’oxygène lorsde leur décomposition. Le contrô-

le du niveaud’eau (dates

et fré-

quences des vidanges), les fuitesdes ouvrages peuvent entraînerdes changements dans les cein-tures végétales. Un cas remar-quable est observé sur les plansd’eau dont le niveau s’abaisse for-tement en été (étangs à faible ali-mentation, réservoirs de canaux).Sur le fond, découvert pendantun ou deux mois, se développentdes espèces à durée de vie très

brève. Une végétation pionnière

émerge de la vase, avec

la Limoselle, l’Élatine, le Souchet,qui laisse rapidement la place àune prairie à bidens, persicaire etchénopodes. Cette végétation estcapable d’attendre plusieursdizaines d’années, à l’état degraines, que la vase soit à nou-veau découverte.

De l’étang au marais

Au fil des années, le développe-ment souvent luxuriant des végé-taux produit de la matière orga-nique qui se dépose au fond duplan d’eau et forme de la vase.Celle-ci s’épaissit et la partieaquatique perd de sa profondeur.Les espèces vivant totalementimmergées disparaîssent au profitdes espèces à feuilles nageantes.Les ceintures externes amphibiesgagnent vers le centre et les rose-lières, suivies des saulaies, com-blent l’étang. Par exemple, l’étangFouget à Ratenelle (Bresse)n’avait conservé que deux hec-tares d’eau libre sur seize ; lereste était occupé par une

LA VÉGÉTATION

Le «jonc fleuri» (Butomus umbellatus) serencontre sur les bords de mares ou de brasmorts.

Saule

Prêle desmarais

Iris desmarais

Phragmite

Laiches

Aulne

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typhaie, un radeau de Trèfled’eau, de gros touradons delaîches et un début de boisementpar le Saule et l’Aulne.L’homme peut freiner ou empê-cher cette dynamique végétalepar des interventions mécaniques(faucardage), le pâturage (endésuétude), l’épandage de chauxet surtout par l’emploi préventifde la mise en assec. Celle-ci per-met une minéralisation de la vaseau contact de l’air : elle diminueen volume et le substrat s’enrichit.

Une richessenaturelle

Les plans d’eau, par leur variétéet leur dispersion, contribuent àla biodiversité régionale. On yrecense 18 espèces protégées auxniveaux national et régional, cequi représente 12% des espècesprotégées sur l’ensemble de laBourgogne. De plus, si l’on consi-dère les types de groupements

végétaux d’intérêt européen,nombre de plans d’eau

bourguignonsméritent uneprotection :ceux quipossèdentd e sg r ève s

sablon-neuses à végétation de littorelles(étangs oligotrophes de Puisayeet du Morvan) ; ceux dont le fondest colonisé par des characées ;ceux qui renferment des groupe-ments à potamots et à petit-nénu-phar (étangs riches de Bresse etdu Val de Saône) ; ceux qui pré-sentent des groupements annuelssur vase et sable après l’abaisse-ment du niveau ou l’assèchementen été (mares temporaires desgrandes vallées de la Loire et dela Saône, certains réservoirs).

� Jean-Claude FELZINES

15

LA VÉGÉTATION

Les espèces protégées présentes dans lesplans d’eau bourguignons :Fougère à quatre feuilles Marsilea quadrifoliaPilulaire Pilularia globuliferaPlantain d’eau à feuilles de graminée Alisma gramineumLindernie couchée Lindernia procumbensLysimache en thyrse Lysimachia thyrsifloraSisymbre couché Sisymbrium supinumGrande douve Ranunculus linguaFlûteau étoilé Damasonium alismaFlûteau fausse-renoncule Baldellia ranunculoidesFlûteau nageant Luronium natansAloès d’eau Stratiotes aloidesElatine à six étamines Elatine hexandraJonc fleuri Butomus umbellatusHottonie des marais Hottonia palustrisLittorelle à une fleur Littorella unifloraMyriophylle à fleurs alternes Myriophyllum alternifoliumPetit-nénuphar Nymphoides peltataScirpe flottant Scirpus fluitans

Plantaind’eau

Massette

Salicaire

Sagittaired’eau

RubanierChâtaigne

d’eau Nympheablanc

Myriophylle

Nymphéablanc

Morène des grenouilles

Faux nénuphar

Nénuphar jaune

LES NÉN

UPH

ARS

EN BOURG

OGNE

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LES O ISEAUXLES O ISEAUX

DES PLANS D’EAUDES PLANS D’EAU

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LES OISEAUX

nourriture, des sites de nidifica-tion et des abris pour échapperaux prédateurs. Par exemple, lesrâles nichent sous un couvert devégétation, les grèbes sur la végé-tation flottante, certains hérons(Butors, Héron pourpré) dans laroselière. Les canards exigent enhiver de grandes surfaces d’eaulibre pour le repos (les «remises»).Au contraire, la Foulque et laPoule d’eau, oiseaux les pluscommuns, se contentent de peutout au long de l’année.Les exigences des différentesespèces sont donc très diverses etvarient de surcroît au fil del’année. C’est pourquoi les plansd’eau répondent rarement àl’ensemble des besoins d’uneespèce.

Les principauxfacteurs déterminants

L’exploitation des plans d'eau parles oiseaux dépend à la fois descaractéristiques morphologiqueset biologiques de ceux-ci, maisaussi de leurs modalités de ges-tion.Une superficie importante permetaux espèces à vaste territoire(Busard des roseaux, Héron pour-pré...) de s'installer. Une étude aainsi révélé qu'en Bresse, plus lesétangs sont grands, plus lenombre d'espèces nicheusesqu'ils abritent est élevé. Un étang

de 20 ha possède environ 15espèces tandis qu’un étang de 10ha une dizaine seulement.Les ressources alimentaires condi-tionnent aussi la richesse desétangs. Ceux dont les eaux sontacides ont une production biolo-gique faible (Morvan, Puisaye) etne voient nicher qu'un petitnombre d'espèces aquatiques : 4ou 5 espèces, pour une superficiede dix ha par exemple, soit 2 à 3fois moins qu’en Bresse. Les gra-vières alimentées par des eauxsouterraines pauvres et froidessont également peu attractives.Les plus productifs sont les étangsdes régions argilo-limoneuse (Valde Saône, Bresse).La profondeur et la pente desberges sont déterminantes du faitd’une meilleure productivité bio-

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Les plans d'eau bourguignonssont tous d'origine humaine.Ils sont donc «nouveaux»

pour la faune qui les a colonisésà partir de leur milieu d'origine :bras morts, cours d'eau lents,marais, plaines inondables. Cettecolonisation est le fruit de proces-sus essentiellement naturels. Lescommunautés d’oiseaux aqua-tiques (râles, fauvettes aquatiques,hérons, canards ...) sont, en effet,peu transformées par des intro-ductions d’espèces (lâchers deCanard colvert pour la chasse oude Cygne tuberculé pour l’agré-ment) contrairement à celles despoissons fortement influencéespar les besoins de l’exploitationpiscicole. En revanche, les carac-téristiques propres aux diversplans d'eau rencontrés enBourgogne ont une grandeinfluence sur les peuplementsd'oiseaux.

Des besoins àsatisfaire

Pour satisfaire les besoins vitauxdes oiseaux comme la croissance,la reproduction, le repos, la mue,et pour certains la migration, lesplans d’eau doivent fournir de la

La poule d’eau.

Le Grèbe huppé occupe les grandsplans d’eau et niche sur des radeauxde plantes aquatiques.

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Le Bihoreau gris utilise occasionnellementles plans d’eau. Il niche dans des

bosquets et se rencontre plussouvent au bord des

cours d’eau.

Le Fuligule milouin passe l’hiver en grandnombre sur nos plus grands plans d’eau. Ils’agit d’un canard plongeur : il peut exploiterles ressources alimentaires dans des niveauxplus profonds que les canards de surface(colvert, sarcelle,…)

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Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998

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logique des eaux peu profondes.Les rives en pente douce, facile-ment accessibles, offrent ainsi degrandes possibilités d’alimentationà de multiples échassiers, canardsde surface, râles… Colonisées parla végétation, elles acquièrent ungrand intérêt pour la nidification.C’est le cas de la partie amont desétangs piscicoles (la «queue«). De même, la richesse des gra-vières aménagées pour lesoiseaux avec des rives plates(exemple à Quincey, près deNuits-St-Georges) est comparableà celle des étangs voisins et 3 à 4fois supérieure à celle de sablièresà berges abruptes et à contourgéométrique.La sinuosité des rives est un atoutsupplémentaire pour les oiseauxcar elle accroît la longueur de lazone d’alimentation et de nidifica-tion.L’environnement des plans d’eauest également un facteur impor-tant par la mise à disposition de

biotopes complémentaires deceux offerts par l’étang propre-ment dit : prairies et autresmilieux aquatiques pour l’alimen-tation (canards), petits bois pourla nidification (hérons, Milannoir). Les étangs en région degrandes cultures ou enclavés dansla forêt sont de ce fait moinsriches. Le mode d’exploitation du pland’eau, spécialement la gestion du

niveau d’eau, s’ajoute auxcontraintes exercées par les fac-teurs naturels. Dans les étangs, leniveau d’eau maintenu constant etla possibilité de vidange permet-tent une stabilité des communau-tés vivantes. Le niveau d'eau tropvariable des réservoirs limite lacroissance de la végétation aqua-tique utile pour la nidification desoiseaux. La fréquentation par letourisme (baignade, canotage)cause des dérangements en pério-de de reproduction de mêmequ’une forte pression de chasseen période d’hivernage. L’aména-gement des berges pour la pêchede loisir ou une intensification dela production piscicole réduisentgénéralement la capacité d’accueilde la faune.

Des capacitésd’accueil différentes

Les bras morts des grands coursd’eau (Saône, Loire, Doubs) satis-font l’essentiel des besoins desoiseaux d’eau.

LES OISEAUX

La Poule d’eau est un oiseau discret qui serencontre sur les rives boisées des rivières,

les petits plans d’eau encombrés devégétation ou les roselières d’étangs. Elle

évite les eaux profondes et ne s’aventure pasau milieu des plans d’eau.

Le Martin-pêcheur est un hôte des rivières etdes bras morts, notamment ceux qui offrentdes berges abruptes pour y creuser son nid-galerie. Il fréquente les plans d’eau surtoutpour pêcher sa nourriture.

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Les étangs riches en végétationsont surtout des sites de nidifica-tion et d'alimentation. Ils offrentdes caches variées pour échapperaux prédateurs ou muer tran-quillement. Les réservoirs assurent quant àeux deux fonctions d'autant plusintéressantes qu'ils se trouvent surle grand axe migratoire Rhin-Rhône : à l'automne, leursvasières découvertes par le basniveau des eaux offrent une nour-riture indispensable aux petitséchassiers en transit vers le sud,tandis qu'en hiver, période deremplissage de la retenue, lagrande étendue d’eau sert deremise pour les canards, grèbes etfoulques. En outre, lors des hiversrudes, ils sont les seuls à échap-per au gel et à conserver unecapacité d’accueil pour lesoiseaux d’eau, jouant ainsi un rôlede refuge.Les gravières peuvent, dans unecertaine mesure, nourrir lesoiseaux piscivores (grèbes) etceux qui pâturent les herbiers defond (canards plongeurs etFoulque). Elles permettent, enoutre, la nidification d’oiseaux derivière quand elles présentent desplages de graviers (Petit gravelot)ou des berges hautes et friables

(Martin-pêcheur, Hirondelle derivage). Les plus profondes jouenten hiver la même fonction deremise à canards que les réser-voirs.De tous les plans d’eau bourgui-gnons, les étangs piscicolesexploités en mode extensif (lamajorité) et situés sur des sub-strats non acides sont ceux quipossèdent la plus grande richesseornithologique. Leur forte valeurpatrimoniale, comparable à celle

19Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998

LES OISEAUX

Fonctions des différents types de plans d’eau

des bras morts de rivières,témoigne de l’équilibre trouvéentre une activité économique, lapisciculture, et la conservation dela nature. Dans le contexte actuelde dégradation des zoneshumides, l'avenir des peuple-ments d'oiseaux d'eau, et de lavie aquatique dans son ensemble,dépend donc de ce mode de ges-tion et de son avenir.

� Jean ROCHÉ

Les limicoles (ici, des chevaliers cul-blanc)sont attirés lors de leur migration d’automnepar les vasières découvertes par le marnagenaturel (sécheresse) ou artificiel (prélèvementd’eau pour maintenir le niveau des canaux).

Alimentation

Reproduction

Bras-morts Etangs Réservoirs Gravières

REFUGE : fonction d’accueil des oiseaux aquatiques lors des grands froids (les plans d’eau doivent être degrandes surfaces).

Refuge

Bonne

Les espèces protégées présentes dans les plans d’eau bourguignons :

Les plans d'eau contribuent beaucoup à lavaleur du patrimoine naturel bourguignon.Les étangs piscicoles accueillent en particu-lier 6 espèces nicheuses menacées enEurope (Blongios nain, Busard desroseaux, Bihoreau gris, Héron pourpré,Martin-pêcheur, Milan noir), plus 4 espècesmenacées en France (Locustelles tachetée etLuscinoïde, Phragmite des joncs et Râled’eau).

Médiocre

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Sites de nidification et d’alimentation des oiseaux d’eausur un étang de pisciculture

Héroncendré

Héronpourpré

Canardcolvert

Foulquemacroule

Rousserole

Autres étangs

Eau libre

Queue d’étang

Forêts

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Sites de nidification et d’alimentation des oiseaux d’eausur un étang de pisciculture

Les différentes espèces d’oiseaux d’eau fréquentent lesétangs pour tout ou partie de leurs besoins. Il leur faut

souvent d’autres milieux naturels à proximité poursatisfaire leurs exigences écologiques, par

exemple les espèces à grand territoirecomme les hérons.

Grèbehuppé

Râled’eau

Martinpêcheur

LÉGENDE

L’oiseau nichedans le milieu

L’oiseau s’alimen-te dans le milieu

L’oiseau niche ets’alimente dans lemilieu

Eau libre

Terres agricoles

Ruisseau

Berges

21Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998

Rive boisée

Queue d’étang

Eau libre

Ruisseau

Rive boisée

Berges

Autres étangs

Terres agricoles

Forêts

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L’EXPLOITATIONL’EXPLOITATION

DES ÉTANGSDES ÉTANGS

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EXPLOITATION

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La carpe, le poisson le plus exploitédans les étangs.

Après la vidange de l’étang, lepoisson est récolté dans la partie laplus creuse : la pêcherie.

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Un étang artificielreprend vite unfonctionnement deplan d’eau naturel etl’exploitant pisciculteurdoit composer ou luttercontre son évolution.Ici, un faucardage demassettes dans unétang peu profond dela plaine de Saône.

La création de nos étangsbourguignons remonte à prèsde sept siècles. Le plus sou-

vent, les moines conçurent et réa-lisèrent ces plans d’eau pour pro-duire du poisson frais afin defournir un complément en pro-téines animales. Leur nombreatteint son maximum auXVIIIème siècle : plus de 1200dans le seul arrondissement deLouhans, alors qu’aujourd’hui, ilen reste 300 dans toute la Bressebourguignonne. Leur régressioncommença vers les années 1850,car on leur attribua l’origine de lafièvre des marais (paludisme).Beaucoup aussi furent asséchés etremis en culture.La plupart des étangs ont doncété créés pour la pisciculture etcette activité joue encore un rôleimportant dans leur existence.

La pisciculture

La Bourgogne n’est pas connuecomme une grande région de pis-ciculture car la plupart de nosétangs sont exploités d’unemanière extensive, c’est-à-direque le poisson se nourrit surtoutdu zooplancton du milieu.Suivant les régions, les productivi-tés naturelles peuvent varier de100 Kg/ha/an (cas du Morvan :eau acide) à 300 Kg/ha/an (val-lées de la Saône et de laVingeanne).

Dans le meilleur des cas le rende-ment atteint 500Kg/Ha/an, avecdes apports de chaux et de sco-ries, une alimentation supplémen-taire à base de céréales (blé,orge).Nous sommes donc très loind’une production maîtrisée dutype bassin qui dépasse 1000kg/ha/an avec une alimentationartificielle à base de granulés.Dans notre région, beaucoupd’étangs ne sont pas exploités pardes professionnels mais par despersonnes exerçant d’autres acti-vités (agriculture, restauration…)ou sont utilisés pour la pêche deloisir. Moins de dix exploitationsvivent exclusivement de la pêcheen étangs sur la Bourgogne, sur-tout en Saône-et-Loire et un enCôte-d’Or. Pour que l’exploitationsoit viable, il faut plus de 100 haen eau.

Un exemple :le Val de Saôneen Côte-d’Or

La production est basée sur despoissons offrant des débouchéscommerciaux. Le premier est laCarpe qui représente la moitié de

la récolte ; une partie est venduepour consommation, surtout dansl’Est de la France et enAllemagne ; l’autre partie est ven-due pour empoissonner lesétangs de loisir où les «carpistes»recherchent les gros individus. Ensecond lieu, vient le Gardon (20 à30 % de la production) dont ledébouché principal est l’empois-sonnement des plans d’eau, sur-tout les gravières, puis la friture etle vif. La Tanche (5 à 10 %) estcommercialisée vers les pays del’Est. En moindre proportion, sontproduits le Brochet, le Black-Bass,la Perche et le Sandre. Le Silure etl’Esturgeon sont de productionplus récente ; les écrevisses et lesgrenouilles assurent un complé-ment. L’exploitant trouve doncses débouchés principaux dans laconsommation en France etEurope de l’Est et dans la deman-de pour la pêche de loisir. La gestion menée exige plusieurstypes d’étangs. Certains sont utili-sés en monoculture de carpespour la production de «feuilles»(carpeaux d’un an) car les jeunessont très sensibles à la concurren-ce alimentaire et à la prédation.Ceux-ci sont ensuite introduitsdans les étangs en polyculture

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(avec plusieurs espèces). Aprèsun an, ils sont à nouveau et pourla dernière fois mis en chargedans des étangs en polyculture.C’est donc au bout de trois ansque la Carpe est commercialisée.Cette gestion nécessite la vidangeannuelle de tous les étangs et, parconséquent, beaucoup de maind’oeuvre.Une autre gestion consiste à nevider que tous les deux à troisans des étangs en polyculturemais les rendements, s’ils sontaussi bons, subissent des aléasqui peuvent être graves, et lesproduits sont moins bien calibréspour la vente. Ce mode deconduite des étangs est choisi parceux qui ne peuvent consacrerbeaucoup de temps et ne recher-chent pas la rentabilité piscicole(communes, particuliers, associa-tions de chasse).

Pisciculture etpatrimoine naturel

Le secteur aquacole est déficitaireen France et certaines régionscomme la Brenne ont vouluaccroître considérablement le ren-dement de leurs étangs. Une sti-mulation du phyto-plancton parl’emploi d’engrais liquides dimi-nue la transparence de l’eau ; demême, la population très impor-tante de carpes, qui fouille lavase, trouble l’eau. Si bien quel’herbe privée de lumière régresse

et la communauté scientifiques’est plainte de cette lente dégra-dation des étangs de la Brenne.La pisciculture intensive et la pro-tection de l’environnement sontdonc incompatibles. EnBourgogne, la situation est diffé-rente et le mode de conduiteextensif des étangs leur permetde maintenir un grand intérêtpour le patrimoine naturel (flore,oiseaux, insectes). La végétationde bordure, composée de masset-te, roseaux, joncs, laîches..., estplus ou moins large en fonctiondu degré de la pente (le roseau abesoin d’1 mètre de hauteur d’eauenviron). Ces grandes roselières, àcondition d’être ouvertes, ne sontpas préjudiciables pour le poissonet le pisciculteur extensif lesconserve. Des canaux, créés parfaucardage, permettent le passagedu poisson. Cette végétation etces aménagements sont égale-ment profitables à de nombreuxoiseaux (refuge, nidification). Aumilieu du plan d’eau, les pota-mots, les nénuphars, les herbiersaquatiques, qui ne sont pas enva-hissants en général, jouent unrôle important sur le plan piscico-le (support pour les oeufs, cachepour les alevins...).

Une cohabitationparfois difficile

Le pisciculteur travaille dans unmilieu naturel et il connaît plu-sieurs types de problèmes d’origi-ne biologique qui viennent par-fois compromettre la rentabilitéde son exploitation. La végétation aquatique est cellequi connaît le plus de variationset, d’une année à l’autre, desespèces différentes peuventdominer. Certaines plantes sedéveloppent dans des proportionstelles qu’elles deviennent indési-rables pour le pisciculteur,comme par exemple la Châtaigned’eau Trapa natans. Ses vastestapis empêchent la lumière de

pénétrer et l’oxygène chute enprofondeur, ce qui fait baisser laproduction piscicole. L’Élodée ducanada Elodea canadensis et laGrande naïade Najas major sontaussi très gênantes. On assiste detemps en temps à des explosionsmomentanées de certainesplantes, comme le Cresson jauneRorripa amphibia ou la Carotted’eau Oenanthe aquatica.Le ragondin, animal sud-améri-cain introduit, pose de réels pro-blèmes. Les plantes, comme laMassette, constamment coupéesfinissent par diparaître. Avec leRat musqué, également d’origineaméricaine, il cause des dégâtsimportants aux digues et auxberges.Le pisciculteur est souvent trèstolérant vis à vis des oiseaux pis-civores. Le Grèbe huppé, leHéron cendré, dont les popula-tions sont raisonnables, sontacceptés. En période hivernale, leColvert peut être, lui aussi, pisci-vore.Par contre, les dégâts occasionnéspar le Cormoran sur les poissonssont considérables et les pertesannuelles représentent plusieurscentaines de milliers de francs paran pour une exploitation, encomptant les animaux capturés etles blessés qui meurent de mala-die. Récemment, le statut de pro-tection de cet oiseau a été assou-pli et des tirs sont autorisés, maiscette mesure est insuffisante pourles plans d’eau productifs enpoissons. Il faut s’acheminer vers

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EXPLOITATION

Les étangs des régions siliceuses (Morvan,Puisaye) sont peu productifs.

Dans certains étangs, les poissons sontnourris pour forcer la production naturelle.

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un système d’indemnisation desdégâts.Les Cygnes tuberculés ont prolifè-ré ces dernières années et peu-vent commencer à poser des pro-blèmes.

Les méthodes de lutte

L’exploitant en extensif doit doncpallier à certains de ces pro-blèmes sans nuire à la qualité dumilieu qui fait vivre ses poissons.Parmi les mesures qui peuventmodifier la flore des étangs, lepisciculteur peut changer lesconditions chimiques de l’eauavec un apport de calcaire quidéfavorise certaines plantes enva-hissantes. Le traitement chimiqueest parfois employé avec des pro-duits sélectifs. Il peut faucarderdeux à trois fois mais le travail estlong et, parfois, inefficace. L’utili-sation de carpes chinoises, quisont herbivores, est intéressanteaprès un premier faucardage ;mais elle est permise uniquementdans les «eaux closes», c’est-à-diredans les étangs ne communiquantpas avec les rivières.L’assec d’une année complète estégalement une technique intéres-sante. Elle n’est pas utilisée régu-lièrement en Bourgogne, contrai-rement aux Dombes. Elle permetà la vase de se minéraliser et,après la remise en eau, on consta-te une diminution des plantesenvahissantes (Élodée, parexemple) et une améliorationconsidérable de la production pis-cicole. Les alevins se développenttrès bien et les oiseaux d’eaucomprennent très vite la richesseen nourriture d’un tel étang. Enoutre, l’assec prolongé est le seulmoyen non chimique de luttecontre le Poisson-chat. Cette tech-nique doit être bien menée, sinonon peut assister à l’installationd’une végétation difficile à contrô-

ler. Pour le Ragondin, il faut pié-ger avec des personnes agréées ;à noter que les hivers rigoureuxleur sont fatals.

L’avenir de laprofession

L’activité piscicole peut contribuerau maintien du patrimoine naturelde la plupart de nos étangs bour-guignons à condition qu’elle resterentable. Chaque année, desétangs sont abandonnés et trans-formés en culture ou en peuple-raie. La profession connaît desproblèmes qui doivent être prisen compte par les pouvoirspublics. Ses rapports avec l’agri-culture sont encore trop souventconflictuels. Les étangs situésdans un bassin versant à majoritéagricole recueillent beaucoup defertilisants et de produits phyto-sanitaires. Des quantités impor-tantes d’azote et de phosphore«verdissent» l’eau, en provoquantle développement des algues spi-rogyres, dès le mois d’avril. Cette eutrophisation entraîne larégression des herbiers, néces-saires aux poissons, et une baissede l’oxygène qui provoque de lamortalité. Par ailleurs, certainsétangs ont été contraints de bais-

ser leur niveau d’eau afin de per-mettre un meilleur drainage desterrains agricoles en amont.Certaines mesures administrativescontenues dans la loi sur la pêcheet la loi sur l’eau ne sont pasadaptées à la profession, comme,par exemple, les autorisations devidanges. Les professionnels sesont regroupés afin de défendreleurs intérêts et proposer dessolutions. Conscients d’être desacteurs essentiels pour la conser-vation des zones humides, ilssouhaitent être entendus.

�Michel COUTURIER

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EXPLOITATION

La gestion cynégétiqueTrès souvent, la gestion des étangs estun compromis entre l’objectif piscicoleet cynégétique. Cette dernière activité est un complé-ment de revenu appréciable d’autantplus que le pisciculteur aura su conser-ver un milieu aquatique favorable. Ace titre, on peut considérer que les pis-ciculteurs extensifs et les chasseursjouent un rôle en faveur des étangs. Eneffet, les intérêts cynégétiques et écolo-giques convergent très souvent car lachasse permet le maintien et l’entretiende la végétation aquatique ; elle évitesouvent l’abandon des étangs peu pro-ductifs ou, au contraire, l’intensificationpar enlèvement de la végétation.Certains étangs, où règne une activitécynégétique modérée, sont parmi lesplus intéressants sur le plan faunistique.

Lors des pêches d’étang, le poisson est triéselon les espèces et la taille. Les petits sujets

servent pour le ré-empoissonnement.

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Grenouilles, rainettes, crapauds et autres tritons...sur les plans d’eau de Bourgogne

La Salamandre tachetée, leTriton alpestre, le Sonneur à

ventre jaune, la Grenouille rous-se, la Grenouille agile et le

Crapaud commun résident habi-tuellement en forêt. Il doiventaccomplir de véritables migra-tionspour accéder aux sites dereproduction (mares et étangs),sauf leSonneur qui passe la plus

grande partie de l’année ensous-bois dans les ornières ou

les flaques.

Si le Triton alpestre et le Tritonpalmé sont de petite taille, le

Triton crêté peut atteindre 17cm. La destruction des mares

et l’intensification agricole fontdisparaître de nombreuses

populations.

Crapaud commun

Triton crêté

Triton palmé

Triton alpestre

Les amphibiens forestiers

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Grenouilles, rainettes, crapauds et autres tritons...sur les plans d’eau de Bourgogne

La Rainette présente l’originalité d’être le seul amphibien à habiter dans les arbres etles arbustes. Elle passe de longues heures à se baigner de soleil, posée sur une feuille.Pour cette raison, son habitat de prédilection est plus la haie ou la lisière que l’intérieur

des forêts. Pour la reproduction, elle marque une préférence pour des zonesaquatiques où les poissons sont rares.

Toutes les grenouilles vertesse ressemblent. Cependant, desétudes de génétique ont mon-tré qu’il existe dans nosrégions deux espèces, la gre-nouille rieuse et la grenouillede Lessona, qui peuvents’hybrider et donnent alors unedescendance viable et fertile.La reproduction de cet hybriderepose sur des phénomènesgénétiques complexes qui fontla joie des chercheurs qui sedemandent s’il n’est pas uneespèce en train d’apparaître.Dans certaines conditions, lespopulations de l’hybride sontisolées et plus nombreuses quecelles de ses parents.

Rainette arboricole

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LES AMÉNAGEMENTSLES AMÉNAGEMENTS

ÉCOLOGIQUESÉCOLOGIQUES

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La connaissance des facteursécologiques qui favorisent larichesse animale et végétale

est utile pour guider la gestion etles aménagements des plansd’eau. Les pisciculteurs en modeextensif, les collectivités ou lesassociations qui gèrent des étangsde loisirs, les exploitants agricolesdevant leurs mares ou les brasmorts servant d’abreuvoirs, lessociétés d’extraction de granulats,tous les propriétaires peuventappliquer des règles de gestionsimples ou effectuer des travauxd’amélioration lors de la créationou d’une réfection.

Travaux

La forme générale d’un plan d’eauneuf, doit se rapprocher le pluspossible du modèle étang : assezgrand, peu profond, vidangeable.Une attention particulière doit êtreportée à la forme des rives. Ellesdoivent être profilées en pentedouce avec une hauteur d’eaucroissant régulièrement, de façonà favoriser l’installation de différentes ceintures de végéta-tion. Si possible, son contour serasinueux pour créer des anses(effet d’abri) ; des presqu’îlesseront aménagées, de préférenceperpendiculaires au sens du ventdominant (remise des canards,baisse du batillage). Accessoi-rement, la diversité peut êtreaccrue en conservant ou en créantdes hauts fonds, sur lesquels s’ins-tallera une végétation immergée,et des îlots, que l’on évitera deplanter avec des essences exo-tiques.

Quelques règlesde gestion

Le réglage des niveaux d’eau,quand il est possible, est détermi-nant. En général, il ne doit pastrop varier, mais de légères varia-tions sont intéressantes : le niveaubas à l’automne favorise lesplantes de vase et les échassiersmigrateurs, le niveau haut au prin-temps augmente la surface d’eaupour les canards. Ce marnages’effectue normalement avec l’éva-poration estivale et les pluies deprintemps, mais le gestionnairedoit réparer toute fuite, régler labonde de l’ouvrage de vidange sibesoin, nettoyer les grilles desdéversoirs.

Quand une végétation dense deroseaux est en place, l’uniformisa-tion et l’envasement constituentune menace pour la diversité bio-logique et le gestionnaire. Il fautréaliser des assecs réguliers, tousles 2 à 3 ans pour réduire le volu-me de vase et, si besoin un labourou un décapage pour arracher lestiges souterraines (rhyzomes). Ilest possible de réaliser des cou-loirs ouverts sur l’étang et des clai-rières dans les roselières en pleineeau (utiles pour le repos, la muedes canards, l’alimentation). Letravail sera fait régulièrement parbateau-faucardeur au printemps,en s’efforçant de sortir les plantes

LES AMÉNAGEMENTS

Plan de réaménagement d’un pland’eau complètement envahi par laroselière.

Un étang peut acquérir une bonnecapacité d’accueil de la faune et dela flore, moyennant une gestion etdes aménagements appropriés.

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Des mises en assec bien conduites permettent d’éviter l’envasement et l’évolution inéluctablevers le marais puis la forêt.

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coupées (leur décompositionconsomme de l’oxygène) ; il peutêtre également effectué lors desassecs par broyage.Toute introduction d’espèce estdéconseillée (même illégale pourcertaines) et notamment lesespèces non autochtones de pois-sons, d’écrevisses, de batraciens,de tortues aquatiques commecelle de Floride.Les populations de rat musqué etde ragondin doivent être limités ;originaires d’Amérique, ces ron-geurs ne sont pas adaptés à nosplans d’eau dont ils peuventmenacer l’étanchéité et, parfois,supprimer toute végétation. L’artificialisation doit être évitée :l’alimentation intensive descanards et des poissons, l’intro-duction de canards d’élevage,l’usage de phytocides, un déran-

gement trop fréquent.Les gestionnaires de plans d’eauréservés à la chasse et à la pisci-culture peuvent adopter toutes lesrègles de gestion proposées : legibier et le poisson seront abon-dants là où l’écosystème aqua-tique est le plus équilibré. Pour lesplans d’eau de loisirs, un zonagepermettant la cohabitation desactivités de pêche et de loisirsavec la protection du milieu natu-rel est tout à fait possible si la sur-face le permet. Plusieurs expé-riences montrent que ce zonagefonctionne, il est apprécié desusagers qui ne se gênent pasmutuellement, et la partie préser-vée offre un cadre naturel recher-ché, comme par exemple à l’étangde Marcenay (21).

� Alain CHIFFAUT

Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons - Patrimoine Naturel de Bourgogne - n° 6 - 1998

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LES AMÉNAGEMENTS

La création de mares dans un pré pourle bétail ou dans un jardin pour l’agré-ment est source de diversification deszones humides. Dans un pré, ellesseront creusées là où la nappe souterrai-ne est facile à atteindre (vallées). Dansun jardin, il faut rendre étanche le ter-rain au moyen d’argile pure ou d’unebâche plastique épaisse et recouvertede terre. La proximité des arbres n’est pas recom-mandée car les racines peuvent percerle fond, l’ombre limite la productionvégétale et la chute des feuilles dansl’eau contribue à l’envasement.La forme de la mare respectera lesrecommandations de ce chapitre notam-ment pour les rives en pente douce. Laprofondeur doit être de 80 cm minimumpour éviter les effets du gel sur les pois-sons, les grenouilles et autres formes devie qui hivernent dans la vase.Dans les mares-abreuvoirs, il faut éviterle piétinement et les excréments des ani-maux ; pour cela, il suffit d’installer uneclôture autour de la mare en ménageantun accès suffisant ou de mettre à la dis-position du bétail une pompe à clapet.

Une fois ces conditions réunies, la floreet la petite faune colonisent spontané-ment et rapidement les mares de pré.Pour les mares de jardin, il faut aider lanature en apportant de l’eau d’unemare ou d’un étang voisins pour «ense-mencer» en plancton animal et végétal,nourriture des insectes qui ne tarderontpas à arriver. Quant aux plantes, il estfacile de détacher des portions de tigessouterraines de plantes communes (mas-settes, Phragmite, Rubanier, Iris jaune,

nénuphars) que l’on plante dans lacouche de terre, en les lestant si besoin,avant leur enracinement. Le prélèvementde plantes protégées est strictementinterdit (voir liste page 15).Dans une petite mare, la colonisationvégétale et l’envasement consécutif peu-vent être rapides. Il faut désenvaserrégulièrement et, en cas de besoin, arra-cher les nouvelles pousses, récolter lesalgues, introduire des poissons herbi-vores pour l’entretien.

Créer une mare

Une mare de jardin

Les gravières bien réaménagées selonles principes énumérés ci-dessus peu-vent jouer un rôle pour la biodiversité.Par exemple, sur une superficie detrente hectares de gravière réaména-gée à Quincey (21), une douzained’espèces peuvent nicher, soit unerichesse comparable à celle desétangs de Bresse de même taille etquatre fois supérieure à celle des gra-vières habituelles, à berges abruptes età contour géométrique. Par contre, laproductivité (nombre d’individus) esttoujours moindre car le milieu estmoins nourrissant.

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Eau libre Eau libre

Digue avec

déversoirRoselières

SaulaiesPeupliers

100 m

N

Digue avec déversoir

Après les travaux

Je me suis porté acquéreur de l'étang deVillers Rotin en 1988. Etant attiré par lavie aquatique et la protection des

milieux naturels, j’ai souhaité améliorer à lafois les potentialités halieutiques et écolo-giques de ma propriété. Avec l’aide duConservatoire des Sites NaturelsBourguignons, j’ai commencé parobserver longuement la conformitédu terrain, les animaux présents surle site ainsi que leurs déplace-ments en fonction, par exemple,de la météo. Je pense en effetque cette étape est obligatoireà une bonne compréhensiondu milieu que l'on veutaménager. La propriété com-prenait un étang d'environ 20ha (cuvette bordée d'unedouble rangée de peupliers, debois, de cultures, et de raresprairies). Ayant décidé de tra-vailler surtout sur le développe-ment de l'avifaune et des insectes,il m'a semblé que les facteurslimitants étaient principalement laprésence de la haute barrière for-mée par les peupliers et l'absen-ce de berges en pente douce.Progressivement, sur le côté lemieux situé, j'ai coupé les peu-pliers et remodelé les bergesabruptes afin de retrouver uneffet de lisière et permettre larecolonisation des rives parune roselière.Le milieu aquatique,certes très intéressant parlui-même, ne peut être dis-socié des milieux environnants.Pour attirer de nouvelles espèces,j'ai donc remis en prairie la partie cultu-re, limité la prolifération des robiniers faux-acacia,créé quelques points d'eau annexes. Cette partie périphériqued’environ 15 ha est entretenue par des chevaux Konik Polski.Quelques années après ces travaux, je constate une augmentationdu nombre et du temps de présence sur le site de plusieursespèces telles que le Canard colvert et le fuligule milouin, ainsique l’apparition du discret Râle d’eau et du Héron pourpré.Mais il faut encore attendre pour laisser au sitele temps de retrouver son équilibre naturel d’antan.

� Pierre BACCOT

Un exemple : l’étang de Villers-Rotin

Eau libre Eau libre

Digue avec

déversoirRoselières

SaulaiesPeupliers

100 m

N

Digue avec déversoir

Avant les travaux

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Une vie de libel lulede la mue à la mort ...

Muede l’Aeschneprintanière

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Accouplementde Sympetrumrouge-sang.

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Une vie de libel lulede la mue à la mort ...

Dernier combat del’Anax empereur

dans la toile d’uneépeire fasciée.

Femelle de Sympetrumrouge-sang en train de

pondre en vol.

L’Orthetumréchauffant ses ailesfatiguées à l’aurorede sa vie.

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Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 4LE BOCAGE

EN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 5LES TOURBIÈRESEN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 1LES MILIEUX NATURELS

DE BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 2LA LOIRE ET L’ALLIER EN BOURGOGNE

Patrimoine Naturel de Bourgogne n° 3LES PELOUSES CALCAIRES

EN BOURGOGNE