ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun• Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée •

Mali • Mauritanie • Niger • Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • République Centrafricaine • Togo www.rocare.org/ www.ernwaca.org

Programme 2010 des subventions

Pour la recherche en Education

Pays : Mali

1er Draft de rapport d’étude

Influence des travaux domestiques sur le

maintien des filles à l’école : cas des villages de la

commune rurale de N’Gouraba

Parain scientifique :

Dr Cheick Oumar FOMBA, Directeur de Recherche Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée (ISFRA)

Université de Bamako

Chercheurs :

KAREMBE Youssouf

NAPARE Magninè DIARRA

DOLO Bra-Amba

GUINDO Abdoulaye

Recherche financée par le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE)

avec le soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas

Décembre 2010

ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun• Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée •

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SOMMAIRE

INTRODUCTION ................................................................................................................ 2

RESUME............................................................................................................................ 1

I. CONTEXTE ................................................................................................................. 3

II. OBJECTIF DE L’ETUDE................................................................................................. 4

VI. REVUE DE LA LITTERATURE ........................................................................................ 5

VII. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ........................................................................... 7

VIII. PRESENTATION, ANALYSES ET DISCUSSIONS DES RESULTATS...................................... 9

IX. RECOMMANDATION................................................................................................ 27

CONCLUSION .................................................................................................................. 29

XI. BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................... 30

XII. ANNEXES................................................................................................................. 31

1

RESUME

Dans le cadre de son programme 2010 de subvention de recherche au profit des jeunes chercheurs de ses pays membres, le ROCARE a retenu deux projets au Mali. Le présent document est le rapport d’étude soumis par des chercheurs maliens sur « l’influence des travaux domestiques sur le maintien des filles à l’école : cas des villages de la commune rurale de N’Gouraba ». Après la validation des outils et démarches à suivre, suite aux formalités de correction avec le parrain scientifique, la phase de collecte des données s’est déroulée dans la semaine du 18 au 24 juillet 2010. L’équipe de collecte des données était composée des quatre chercheurs et de trois enquêteurs formés à cette fin. L’enquête a concerné 180 filles en majorité élèves à travers un questionnaire standardisé et 20 personnes ayant toutes une responsabilité dans l’éducation des enfants ou dans la gestion de l’école. Ces 20 personnes étaient : les mères des filles, des directeurs d’école, des enseignants, des membres des associations des parents d’élèves, les membres des Comités de Gestion Scolaire, les élus locaux et les notables.

Des résultats obtenus, l’on retient les points suivants :

- Toutes les filles rencontrées mènent, à la demande de leurs parents, surtout les mères, des travaux domestiques en dépit de leur statut d’élève.

- Dans les réponses des filles, on note que malgré les nombreuses tâches domestiques qu’elles effectuent, leurs résultats scolaires ne sont pas en deçà de ceux des garçons. Leur taux de promotion en classe supérieure dépasse largement la moyenne ; le taux de redoublement et d’abandon chez les filles rencontrées s’est avéré très faible dans les écoles ayant fait l’objet d’enquête. Cette situation ne permet pas de soutenir l’hypothèse selon laquelle les travaux domestiques constituent une cause du problème de maintien des filles à l’école. Cependant, des problèmes d’abandon dans les moments transitoires entre deux cycles d’études ont été soulignés et observés. Ceci a permis de maintenir sinon de confirmer les statistiques nationales selon lesquelles les taux d’abandon sont élevés, particulièrement dans la région de Koulikoro, notre milieu d’étude. Cette situation a été confortée par les mécanismes interactifs qui interviennent dans la problématique du maintien des filles à l’école. Comme pour infirmer l’hypothèse selon laquelle les travaux domestiques influencent négativement le maintien des filles à l’école, beaucoup d’autres facteurs agissant sur la scolarité des filles ont été observés : le mariage forcé et/ou précoce, l’effritement du contrôle social et de l’autorité parentale, la pauvreté entre autres.

2

INTRODUCTION

Lorsqu’un parent inscrit son enfant à l’école, il l’engage dans une longue dynamique éducative. Comme tout processus, des difficultés de différents ordres peuvent survenir. En effet, tout ne se passe pas comme souhaité. Dans différents systèmes éducatifs, les difficultés inhérentes à la progression dans les cycles d’enseignement constituent une source de préoccupations majeures aussi bien pour les planificateurs que pour les parents d’élèves. Il est en effet important de connaître le nombre d’élèves inscrits qui terminent effectivement un cycle d’enseignement donné et obtiennent un diplôme d’enseignement dans la limite de temps officiellement imparti. Cela permet, d’une part, d’évaluer la pertinence des objectifs pédagogiques, des programmes et des méthodes d’enseignement et d’autre part, d’examiner les relations entre toute une série de facteurs internes et externes liés à la fréquentation et aux performances ou résultats scolaires. Une série d’indicateurs permet d’analyser la performance des élèves à l’intérieur d’un niveau d’étude donné. Au terme d’une année scolaire, un élève peut avoir trois possibilités : la première est d’être promu à l’année d’étude suivante, la deuxième, redoubler la même année d’étude et la troisième possibilité, sortir du système. Cette dernière possibilité fait l’objet de préoccupation au Mali. D’après l’annuaire statistique 2007-2008 de l’enseignement fondamental, le taux national d’achèvement du premier cycle est de 54% pour l’ensemble dont 44,8% chez les filles. Cela revient à comprendre que sur une cohorte de filles inscrites, près de 46% abandonnent les études en cours de chemins ; pendant ce temps le taux national de redoublement était de 18,80% et 13,4% en 2008-2009. C’est pourquoi, la réduction du taux de redoublement et d’abandon constitue un des objectifs du système éducatif du Mali12.

De fait, la compréhension des facteurs de maintien des filles à l’école nous amène à nous interroger : pourquoi tant d’enfants en général et de filles en particulier sont victimes d’une telle déperdition ?

Nous partons du postulat que plusieurs facteurs dont les travaux domestiques pourraient expliquer les taux élevés de redoublement et d’abandon.

De façon générale au Mali, les filles commencent dès la petite enfance à travailler à côté de leurs mamans : pilage de céréales, recherches d’eau, balayage de la cour, recherche de bois de chauffe, cuisine. Une fois inscrites à l’école, pourraient-elles consacrer le temps nécessaire aux études au dépend des travaux domestiques, ou les deux sont-ils compatibles à une scolarité réussie des filles ?

La présente étude vise à identifier les influences des travaux domestiques des filles sur les activités scolaires des filles dans les villages de la commune rurale de N’Gouraba, région administrative de Koulikoro au Mali.

L’objectif de comprendre le lien entre les travaux domestiques et la déperdition scolaire des filles, est également une préoccupation du Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Éducation.

Pour ce faire, nous avons adopté une double approche consistant à utiliser le questionnaire et le guide d’entretien comme outils de collecte de données. Les données quantitatives recueillies ont été analysées à l’aide du logiciel SPSS et celles qualitatives ont fait l’objet d’une analyse de contenu.

Le présent rapport s’articule autour de six (6) chapitres.

1 CPS, MEALN Mali.

2 Le rapport du forum national sur l’éducation (2008)

3

I. CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE

1.1. Contexte

Le contexte dans lequel intervient cette étude se caractérise, entre autres, par la poursuite des mesures et stratégies d’atteinte des objectifs de l’EPT (Jomtien 1990, Dakar 2000). Outre Jomtien et Dakar, l’éducation des filles a été la préoccupation de plusieurs institutions panafricaines, régionales ou sous-régionales. Elle constitue également une préoccupation de l’Etat malien. La participation du Mali à la conférence panafricaine sur l’éducation des filles tenue à Ouagadougou en 1993, la réunion des Ministres chargés de l’éducation de base de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, « perspectives de Ségou », tenue à Ségou du 28 au 31 Mars 1995, en sont des exemples. La mise en place, avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) pour l’atteinte des objectifs de l’Education Pour Tous, la création de la Cellule de Scolarisation des Filles, la Commission thématique sur la scolarisation des jeunes filles, les études sur le genre et l’éducation constituent d’autres exemples de volonté politique.

Un autre aspect politique important qui détermine les secteurs comme l’éducation est celui de la décentralisation. En s’y engageant, le Mali espère trouver une réponse adéquate aux défis de l’éducation auxquels il est confronté depuis son indépendance à travers une responsabilisation des collectivités territoriales. On peut également citer la mise en œuvre des stratégies et programmes de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement et le Cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté, qui mettent un accent particulier sur l’éducation. Pour illustration, 562,487 milliards de FCFA seront investis en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, scolarisation de 100% dans l’enseignement de base en 2012, dans le cadre de la mise en œuvre du PISE II.

La tenue d’un Forum National sur l’éducation, les 30 et 31 octobre et les 1er et 2 novembre 2008 dont les recommandations sont en cours de mise en œuvre est une action récente qui s’inscrit dans cette dynamique.

Malgré ces engagements et la volonté politique, les filles restent à la traîne en matière d’éducation qui est, pourtant reconnue comme un droit dans tous les pays. Il faut rappeler que la majorité des pays du monde a reconnu à tous les enfants, garçons et filles, le droit à l’éducation. (Préambule de la DUDH du 10 décembre 1948). Plusieurs instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux ont accompagné la DUDH dans l’énoncé de ce droit fondamental (les articles 28 et 29 de la Convention relative aux Droits de l'Enfant, l’article 11 de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, paragraphes 3 et 6 du préambule et les articles 17 et 18 de la Constitution malienne du 25 février 1992). En adoptant ces instruments juridiques nationaux et internationaux, le Mali fait partie des pays qui reconnaissent aux enfants, le droit à l’éducation. La visée principale est de permettre aux filles de jouir pleinement de ce droit.

Etant un pays où les femmes sont majoritaires, la maximisation de l’égalité de chance entre fille et garçon dans le domaine de l’éducation est une des conditions pour un développement harmonieux. Cependant, les statistiques montrent que la région de Koulikoro (zone de notre étude) comme d’autres du Mali, se caractérise par une inégalité entre fille et garçon dans le maintien à l’école.

L’écart entre les garçons et les filles en matière d’éducation reste alors un défi à relever pour atteindre les objectifs de la scolarisation universelle. En effet, le maintien des filles a fait l’objet de plusieurs recherches qui ont identifié les travaux domestiques comme étant des causes de cette disparité (cf. C. O. Fomba, M. Coumaré, étude diagnostique des obstacles liés à la scolarisation des filles dans les localités de Banamba, Kati, Kangaba et Kita ; Plan 2006). La relation entre travaux domestiques des filles et leur maintien à l’école n’a pas été suffisamment développée, alors qu’une investigation s’y rapportant pourrait aider à mieux comprendre les problèmes liés au maintien des filles à l’école. Les multiples sollicitations des filles dans les

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activités ménagères pourraient avoir une incidence sur leur maintien à l’école. Dans la problématique nous aborderons les relations entre travaux domestiques et maintien des filles à l’école.

1.2. Problématique : Les travaux domestiques qui font que très tôt, la fille assiste régulièrement sa mère dans toutes les activités ménagères, sont une composante de la socialisation de la fille. Toutefois, ils pourraient constituer des facteurs entravant le maintien des filles à l’école. Ce phénomène est plus manifeste dans le milieu rural qu’urbain. Il doit en tant que tel requérir une importance de la part des parents et de la communauté. C’est pourquoi, compte tenu de l’écart considérable entre filles et garçons en termes de scolarisation et de maintien dans la région de Koulikoro, nous décidons de faire une étude dans la commune rurale de N’Gouraba pour observer s’il existe un lien entre les travaux domestiques et le maintien des filles à l’école. Cette étude fait référence aux tâches et aux rôles des garçons et filles dans les activités familiales. Des stéréotypes discriminatoires, des préjugés socioculturels sont souvent des bases explicatives concernant la non-scolarisation et la déperdition des filles.

Les charges domestiques de la fille: Les tâches domestiques telles que la corvée d’eau, de bois, la lessive et la préparation des aliments et la garde d’enfants, sont réservées à la femme ; et la petite fille est tenue d’aider sa mère à les accomplir. Ces activités qui se déroulent de façon séquentielle pendant toute la journée, ne permettent pas souvent à la fille de consacrer son temps, son énergie et son attention à l’école et aux études. Cela se traduit par des retards fréquents, des absences aux cours, qui débouchent sur les mauvaises notes, les redoublements puis les abandons. Par contre, le garçon est libre de toute contrainte domestique, et peut consacrer tout son temps à l’école. Aussi, la féminisation des travaux domestiques constitue un stéréotype discriminatoire qui empêche la fille de mener des activités de loisirs et des jeux allant dans le sens du développement de son intelligence et de son épanouissement personnel autant que le garçon.

Comment les charges domestiques constituent-elles des obstacles au maintien de la fille à

l’école ?

La fille, une future épouse dans une autre famille Puisque la fille rejoindra son futur époux dans une autre famille, sa scolarisation ne constitue pas une préoccupation principale par rapport à celle du garçon. Au cas où, tous les deux sont inscrits à l’école : la fille ne bénéficiera pas des soutiens matériels et moraux dont elle a besoin pour étudier dans les mêmes conditions que son frère. Cette situation peut être une cause de redoublement, et de renvoi pour mauvais résultats scolaires. Pour certains parents, la fille a plutôt intérêt à savoir s’occuper du foyer que de “perdre son temps’’ à l’école. C’est pourquoi, son temps est consacré à l’apprentissage des tâches ménagères telles que la cuisine, le balayage, les corvées d’eau, de pilage, la recherche de l’énergie domestique, la garde d’enfants. Aussi, certains parents encouragent leurs filles à aller faire des travaux domestiques en ville pour constituer leurs trousseaux de mariage et pour renforcer l’économie familiale. En quoi les représentations que les populations ont des filles comme une future épouse ont une incidence sur leur maintien à l’école ?

III. OBJECTIF DE L’ETUDE

3.1. Objectif Général Cette étude vise une compréhension des relations de cause à effet entre les travaux domestiques que font les filles et leur maintien à l’école.

5

3.2. Objectifs spécifiques :

- Identifier les causes de l’abandon scolaire des filles dans la commune de N’Gouraba;

- Décrire les mécanismes d’interaction entre les travaux domestiques, les performances et les abandons scolaires des filles dans la commune de N’Gouraba ;

- Proposer des pistes d’action pour une amélioration du niveau de maintien des filles à l’école.

IV. HYPOTHÈSE

Dans un milieu rural comme à N’Gouraba, les filles scolarisées ne sont pas dispensées des travaux domestiques les jours de classe.

La dépense de temps et d’énergie que fait une fille dans les activités domestiques entraine proportionnellement chez celle-ci une contre performance scolaire.

V. REVUE DE LA LITTERATURE

Connu depuis l’antiquité3, le fait de faire travailler les enfants a dû prendre diverses formes au fil du temps. Aussi, les connaissances et les perceptions s’y rapportant ont- elles été évolutives. Les conventions 138 (1973) et 182 (1999) de l’OIT consacrent les positions selon lesquelles les « pires formes » sont à distinguer des « formes légères ou acceptables » du travail des enfants et les préoccupations du monde, parce que les conséquences sont nombreuses. De nombreuses conséquences de soumission des enfants aux travaux domestiques ou autres, celles sur l’éducation, l’une des plus importantes fait l’objet d'attention de plusieurs sensibilités : institutions internationales, pouvoirs politiques, chercheurs… Mais en même temps, le niveau de connaissance et surtout de perception du lien entre les travaux des enfants et l’éducation semble des plus controversés (OIT, 2004)4.

Souffrant d’une divergence souvent très prononcée de point de vue (Niang, 2009) le travail des enfants peut être défini comme la participation de personnes mineures à des activités à finalité économique s’apparentant plus ou moins fortement à l’exercice d’une profession par un adulte; l’âge5 de l’enfant est comparé à la pénibilité de la tâche qu’il exerce.

Du point de vue de la théorie économique, toutes les activités autres que l'école et le loisir devraient être considérées comme travail (Fouedjio, 2008). Mais, du point de vue politique, il existe différentes formes plus ou moins acceptables du travail des enfants. Ainsi, l’OIT fait référence à des travaux susceptibles de nuire à la santé et au développement physique, mental, moral ou social des enfants et de compromettre leur éducation en les privant de toute scolarisation, en les contraignant à abandonner prématurément l’école, ou en les obligeant à cumuler des

3 http://fr.wikipedia.org/wiki/chronologie_du_travail_des_enfants.

4 Dans son manuel à l’usage des étudiants de 2004, à la page 111, l’OIT écrivait : « Alors que la contribution de

l’éducation au développement d’un individu et au bien-être de la société ne peut être remise en cause, son intérêt

dans la lutte contre le travail des enfants paraît moins évident. Comment sont reliées ces deux composantes ? Le

travail des enfants affecte-t-il l’assiduité scolaire ?... »

5 Cet âge ne devrait pas être inférieur à celui de l’achèvement de la scolarité obligatoire

6

activités scolaire et professionnelle, cette dernière étant trop longue et lourde pour eux. (OIT, 2004).

Dans cette logique, l’université d’Oxford (2006) a soumis des apprenants de la 3ème et 4ème6 de neuf pays de l’Amérique latine à des tests en mathématiques et en langue et a trouvé que les enfants qui travaillent à un écart type au dessus de la moyenne ont des scores moyens qui sont de 16% de moins en mathématiques et 11% de moins en langues, conformément aux estimations de l'incidence négative du travail des enfants sur les rendements de la scolarité.

En ayant comme base, une enquête nationale faite par la DNSI7 sur le travail des enfants, l’UNESCO (2010) avance que le travail empêche non seulement la scolarisation des enfants mais empêche aussi le maintien de ceux déjà scolarisés tout en estimant que l’espérance de vie scolaire pour un enfant de 7 ans est de 1,3 an au Mali. Beaucoup d’autres travaux scientifiques, de politiques et d’intervention s’inscrivent dans cette logique qui forme finalement ce qu’il est convenu d’appeler le camp des abolitionnistes du travail des enfants (OIT, 2009).

Si la thématique du travail des enfants est si richement traitée, il n’en demeure pas moins que les conceptions absolument négativistes du phénomène font de plus en plus l’objet de questionnement, surtout en ce qui concerne l’Afrique, suscitant du coup l’envie de nouvelles expéditions.

Pour le CETRI (2009), les discours politiques sur la problématique du travail des enfants de façon générale contiennent assez d’émotion qui, même si elle semble légitime, masquerait toutefois la complexité du phénomène ; parmi les initiatives prises au nom de « l'intérêt supérieur de l'enfant », un clivage persiste. D’un côté, de nombreuses institutions internationales sont mobilisées sur cette question en mettant leurs efforts sur le respect des « droits de l’enfants », tandis que d’un autre côté, des organisations sociales du Sud luttent, elles, pour les « droits des enfants travailleurs ». Juste une nuance de vocabulaire ou des approches radicalement opposée ?

Le Professeur Jean-Pierre Lachaud, dans une étude mettant en relation le travail des enfants et la pauvreté au Burkina Faso argumentait ‘’qu’un avenir sans travail des enfants comme l’un des impératifs les plus urgents de notre époque’’ peut, à priori, sembler inopportun. (Lachaud, 2009), une position que le CODESRIA (2010) relançait pour son institut sur l’enfance et la jeunesse. Si en Afrique, faire travailler les enfants n’est pas forcément une mauvaise chose et que la scolarisation des enfants est une nécessité universelle, l’on est en droit de s’interroger sur la compatibilité des deux ? Par exemple, sur un taux national de redoublement de 18,8% et un taux d’achèvement de l’enseignement primaire de 54% (Ministère de l’Education du Mali, 2008) quelle est la part d’influence négative du travail des enfants ? En ce qui concerne les enfants qui cumulent activités scolaires et travail, quel est le poids exclusif de ce travail sur leur maintien à l’école ? Si le travail des enfants en général et les travaux domestiques en particulier réduisaient l’espérance de vie scolaire à l’école primaire n’ont-t-ils pas des avantages quelconques sur la vie de l’élève ? (CODESRIA, 2010).

Diallo K. (2001), dans sa thèse de Doctorat, s’est intéressé, en plus des travaux domestiques, à

6 Le document que nous avons consulté ne le précise pas mais nous avons estimé qu’il faut comprendre

cette appellation de 3ème

et 4ème

au sens de la CITE de l’UNESCO de 1997.

7 DNSI : Direction nationale de la statistique et de l’informatique (au Mali). Cette institution qui a effectué

une enquête nationale sur le travail des enfants (ENTE) en 2005 à la demande de l’IPEC-BIT au Mali. Les

résultats de cette étude rendue publics à l’issue du conseil des ministres du 11 avril 2007 ont révélé

qu'environ 2 enfants sur 3, âgés de 5 à 17 ans, ont déclaré avoir travaillé gratuitement ou contre

rémunération.

7

l’influence d’autres facteurs familiaux sur le problème scolaire des filles. La différence avec son étude est le focus que nous mettons spécifiquement sur l’abandon des filles (une question de leur maintien). En outre, s’intéresser en même temps à un ensemble de facteurs comporterait pour nous le risque de ne pas pourvoir être pointu sur l’ampleur de l’influence qu’exerce un phénomène sur la scolarité des filles.

L’étude diagnostique des obstacles liés à la scolarisation des filles dans les localités de Banamba, Kati, Kangaba et Kita, faite en 2006 par Fomba C. O. et Coumaré, M. s’est intéressée elle aussi à un ensemble d’obstacles qui freinent la scolarisation des filles. D’une inspiration capitale tout comme la précédente, l’étude dégage moins les responsabilités spécifiques des travaux domestiques sur les indicateurs étudiés. Toutefois, l’item des travaux domestiques est revenu dans les réponses de presque tous les enquêtés, comme exerçant une influence importante sur la scolarisation des filles. Mais la question du maintien des filles a été moins abordée.

Céline Vandermeersch (2001), en étudiant les motivations de la pratique des enfants confiés au Sénégal s’est intéressé à la scolarisation de ceux-ci en termes d’inégalité entre filles et garçons. Cependant, l’étude fait moins ressortir les influences de ces travaux domestiques sur la scolarisation des filles.

Marie Eliou (1972) dans un article intitulé « scolarisation et promotion féminine en Afrique », in Tiers-monde, Tome 13 n°49, Education et Développement, analyse la situation de la scolarisation des filles en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Haute Volta ( actuel Burkina Faso) en s’intéressant à l’accès des filles aux différents ordres d’enseignements, les coûts, la qualité de l’enseignement et les écarts qui existent entre fille et garçon, mais elle n’aborde pas le lien du faible niveau d’accès des filles avec les travaux domestiques, encore moins la problématique du maintien.

VI. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

6.1. Site de l’étude La présente étude a été réalisée dans quatre villages de la commune rurale de N’Gouraba, cercle de Kati, région administrative de Koulikoro. Chacun des villages dispose d’au moins une école de premier cycle de l’enseignement fondamental. Il s’agit de : N’Gouraba, Bini, Souni et Nioko situés à environ quatre-vingt kilomètres au sud-ouest de Bamako.

• N’Gouraba, chef-lieu de commune, avec une population estimée à 632 habitants, abrite une école publique avec un cycle complet de l’enseignement fondamental, le premier et le second cycle.

• Nioko, avec une population de plus de 2 594 habitants est le village le plus gros. Il est constitué de plusieurs hameaux de culture. Le village dispose d’un premier cycle de l’enseignement fondamental.

• Bini, avec une population moyenne de 724 habitants, dispose d’une école communautaire de six classes, appliquant la méthode pédagogique dite du curriculum au Mali.

• Et le village de Souni, avec 166 habitants dispose aussi d’une école communautaire. Il est donc à noter que les considérations qui ont présidé au choix de ces villages restent largement méthodologiques. Elles sont surtout basées sur le nombre des habitants de la commune. Ainsi comme par échantillonnage, Nioko, Bini et Souni ont été retenus comme étant respectivement le village le plus gros, le village moyen et le plus petits en termes de populations. N’Gouraba, dernièrement intégré l’a été pour sa particularité de disposer d’un second cycle fondamental et aussi d’être le chef-lieu de commune ; naturellement, ils abritent tous les quatre des écoles.

Tableau 1 : répartition des écoles par site, types et cycle de l’enseignement fondamental Villages Ecoles

8

Type Cycle du fondamental N’Gouraba Publique 1er cycle 2ème cycle Nioko Publique 1er cycle - Bini Communautaire 1er cycle - Souni Communautaire 1er cycle -

6.2. Populations cibles La population d’étude était composée d’élèves (en situation de scolarité et déscolarisées) pour le questionnaire et des parents, des enseignants, de l’administration scolaire (les directeurs d’école), des membres des Associations de Parents d’Elèves (APE) ou des Comités de Gestion Scolaire (CGS), des élus locaux et des notabilités en ce qui concerne l’entretien.

6.3. Echantillonnage Il part de la considération qu’un échantillon de 200 personnes dont 180 filles et 20 autres acteurs de l’école nous semblait raisonnable pour cette étude (au regard de nos ressources techniques, financières et en temps, en relation avec la portée de l’étude). Le nombre de personnes ciblées dans les quatre villages selon les outils à utiliser tient compte du poids démographique du village, la taille des personnes à toucher en totalité étant de 200 personnes. Les tableaux suivant résument la situation des filles enquêtées (par questionnaire) et des acteurs de l’école avec lesquelles des entretiens ont eu lieu à l’aide d’un guide :

Tableau 2 : les filles enquêtées par village et par situation scolaire Villages Fréquentant l’école Déscolarisées Total % N’Gouraba 47 4 51 28,33 Nioko 70 0 70 38,89 Bini 32 0 32 17,78 Souni 27 0 27 15 Total 176 4 180 100 Pourcentage (%) 97,77 2,23 100 100

Tableau 3 : les entretiens par village et par groupe-cibles

Villages Groupe-cibles N’Gouraba Nioko Bini Souni

Total %

Individuels 3 1 1 5 26,32 Mères Collectifs 2 2 10,53 Individuels 1 1 2 10,53 Enseignants Collectifs 2 2 10,53

Directeurs Individuels 1 1 1 3 15,79 Individuels 2 1 3 15,79 CGS* Collectifs 0 0 Individuels 0 0 APE** Collectifs 1 1 5,26 Individuels 0 0 Notables Collectifs 1 1 5,26 Individuels 0 0 Elus locaux Collectifs 1 1 5.26

Total 11 0 6 3 20 100 Pourcentage (%) 55 0 30 15 100 100

* CGS : Comité de Gestion scolaire ** APE : Association des Parents d’élèves

6.4. Méthode de collecte des données

9

La présente étude combine l’approche qualitative et l’approche quantitative.

6.4.1. L’approche qualitative L’approche qualitative dont le tableau N° 3 (ci-avant) donne la situation a été conduite à l’aide d’un guide d’entretien. Au total, treize (13) entretiens individuels, soient 68% et 6 entretiens collectifs dont deux dyades, une triade et trois (3) groupes de discussion dirigés (focus-groups de 5 et de 6 personnes), soient 32% ont été réalisés. Ils ont été particulièrement approfondis au niveau des enseignants et des directeurs avec souvent des statistiques scolaires à l’appui.

Parmi les quatorze points qu’il abordait, l’entretien mettait un focus sur cinq, à savoir : les activités menées par jours, les activités menées aux heures de cours, les représentations des parents sur les filles à propos des travaux domestiques et leurs rapports à l’école, le redoublement et l’abandon.

6.4.2. L’approche quantitative L’approche quantitative à consisté à administrer un questionnaire standardisé aux filles. La plupart d’entre elles fréquentaient encore l’école : 176 filles, soient 97% contre 4 filles déscolarisées, soient 3%. Le questionnaire était bâti autour des principaux points suivants : le recensement des activités domestiques régulièrement menées, les moments d’exécution de ces activités, le temps accordé aux activités scolaires, le caractère obligatoire ou libre de ces activités par rapport aux activités de l’école.

Pour toutes les deux approches, les outils ont été finalisés à la suite des observations du parrain scientifique et d’une mission d’une journée dans le village de N’Gouraba.

6.5. Méthode d’analyse Les données quantitatives du questionnaire ont été analysées avec le logiciel SPSS 12.0. Quant aux données qualitatives provenant des entretiens individuels et collectifs, ils ont obéi à la méthode d’analyse de contenu. Chacun des chercheurs a produit un rapport de mission dans lequel les entretiens effectués ont été transcrit dans Word. Les données transcrites ont ensuite fait l’objet d’analyse de contenu portant sur quelques points principaux dont le chapitre suivant de présentation des résultats va parler.

VII. PRESENTATION, ANALYSES ET DISCUSSIONS DES RESULTATS

7.1. Présentation et discussion des résultats du questionnaire

Tableau 4 : les filles enquêtées par village/école Nom du village Fréquence Pour cent Bini 32,00 17,78 N'Gouraba 51,00 28,33 Nioko 70,00 38,89 Souni 27,00 15,00 Total 180,00 100,00

Dans les quatre villages, 180 fiches du questionnaire ont été remplies auprès des filles dont 70 filles à Nioko, soit un pourcentage de 38,89 points.

Tableau 5 : les filles enquêtées par classe Classe du répondant Fréquence Pour cent 1ère Année 10,00 5,56 2ème Année 21,00 11,67

10

3ème Année 10,00 5,56 4ème Année 21,00 11,67 5ème Année 38,00 21,11 6ème Année 36,00 20,00 7ème Année 10,00 5,56 8ème Année 12,00 6,67 9ème Année 18,00 10,00 Déscolarisée 4,00 2,22 Total 180,00 100,00

Le questionnaire a été soumis aux filles de chacune des neuf classes consécutives de l’enseignement fondamental. Toutefois, les filles du premier cycle (de la 1ère à la 6ème) sont plus nombreuses avec un pourcentage de 36 puis de 38 points respectivement pour la sixième et la cinquième année.

Tableau 6: Recherche de l'eau comme activité régulière Les horaires Effectifs Pourcentage

7 - 8 H 168,00 93,33 16 - 17 H 6,00 3,33

Total 174,00 96,67 Système manquant 6,00 3,33

Total 180,00 100,00 Ce tableau informe que 93,33% des filles affirment rechercher de l’eau chaque matin entre 7 heures et 8 heures. Cette période de la journée est importante dans la réalisation des activités pédagogiques, car elle coïncide avec l’heure d’ouverture des classes. Logiquement, l’on pourrait penser que constitue une situation défavorable pour leur performance scolaire. Mais, les résultats des filles en termes de taux de promotion en classes supérieures, de rangs occupés, de taux de redoublement et d’abandon ne permet pas de le confirmer. Autrement, la situation qui se présente est que les filles travaillent à la maison sans que cela ait des incidences négatives directes sur leurs résultats scolaires.

Tableau 7: Recherche d’eau comme activités obligatoire selon les écoles/villages Recherche d'eau comme activité obligatoire Villages

6 - 7 H Total

Effectif 28,00 28,00 Bini

Pourcentage 100,00 100,00 Effectif 47,00 47,00

N'Gouraba Pourcentage 100,00 100,00 Effectif 55,00 55,00

Nioko Pourcentage 100,00 100,00 Effectif 9,00 9,00

Souni Pourcentage 100,00 100,00 Effectif 139,00 139,00

Total Pourcentage 100,00 100,00

Le tableau 9 s’inscrit dans la même logique que le précédent. A la même heure de la journée (7h-8h), toutes les filles sont non seulement régulièrement occupées à la recherche de l’eau mais aussi de façon obligatoire. Les conclusions restent identiques à celles du tableau précédent.

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Tableau 8 : Nettoyage et balayage comme activité régulière Horaires Fréquence Pour cent 13 - 14 H 171,00 95,00 18 - 19 H 3,00 1,67 Total 174,00 96,67 Système manquant 6,00 3,33 Total 180,00 100,00

Dans ce tableau, il ressort que 95% des filles travaillent chaque jour au balayage des lieux entre 13 h et 14 h, c’est-à-dire quelque temps avant d’aller aux cours de l’après-midi. Même si ce n’est pas exactement à l’heure des cours, être occupé à ce moment pourrait déranger les préparatifs pour l’école. Mais le constat reste le même, à savoir que les résultats des filles ne sont pas mauvais pour autant. D’où la possibilité de remise en cause de l’exercice systématique d’influences négatives des travaux domestiques sur les résultats scolaires des filles et par ricochet sur leur maintien à l’école.

Tableau 9 : Pilage de céréales comme activité régulière Horaires Fréquence Pour cent 14 - 15 H 3,00 1,67 18 - 19 H 171,00 95,00 Total 174,00 96,67 Système manquant 6,00 3,33 Total 180,00 100,00

Toujours dans le cadre des indicateurs des nombres, des types et de la régularité des activités domestiques menées par les filles, le tableau N° 11 nous montre que 95% des filles pilent régulièrement le mil ou d’autres céréales après les classes de l’après-midi, entre 18 heures et 19 heures.

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Tableau 10: Préparation des aliments comme activité régulière Horaire Fréquence Pour cent 18 - 19 H 174,00 96,67 Système manquant 6,00 3,33 Total 180,00 100,00

Entre 18 heures et 19 heures, 96% des filles déclarent être régulièrement occupées aux activités culinaires, ce qui rejoint le contenu du tableau précédent où 95% font du pilage de céréales, une sous-activité culinaire.

Tableau 11 : Performance des filles enquêtées Le présent tableau (N° 11) informe sur les taux de promotion pour une classe supérieure, de redoublement et d’abandon, tous des indicateurs de performance scolaire ou de rendement scolaire interne. Ainsi, parmi les filles interrogées, plus de 92% affirment être des passantes, contre seulement 2% de redoublantes et 5,56% qui ont été déscolarisées.

Tableau 12 : Situation scolaire pour la rentrée 2010-2011 selon les villages/écoles Situation scolaire pour la rentrée prochaine Villages Passants Redoublants

Total

Effectif 26,00 6,00 32,00 Bini

Pourcentage 81,25 18,75 100,00 Effectif 43,00 7,00 50,00

N'Gouraba Pourcentage 86,00 14,00 100,00 Effectif 61,00 7,00 68,00

Nioko Pourcentage 89,71 10,29 100,00 Effectif 24,00 3,00 27,00

Souni Pourcentage 88,89 11,11 100,00 Effectif 154,00 23,00 177,00 Total

Pourcentage 87,01 12,99 100,00 A travers ce tableau N° 12, nous comprenons que pour la rentrée prochaine, les taux de promotion en classe supérieure dépassent les 80% dans toutes les écoles contre une situation de redoublement dont le taux le plus élevé est de 18,75%.

Résultat scolaire Fréquence Pour cent Passante 166,00 92,22 Redoublante 4,00 2,22 Déscolarisée 10,00 5,56 Total 180,00 100,00

13

Tableau 13 : Les classes d’abandon selon les écoles/villages

Classe d’abandon Villages 2ème Année 7ème Année

Total

Effectif 1,00 4,00 5,00 N'Gouraba

Pourcentage 20,00 80,00 100,00 Effectif 3,00 2,00 5,00

Nioko Pourcentage 60,00 40,00 100,00 Effectif 0,00 2,00 2,00

Souni Pourcentage 0,00 100,00 100,00 Effectif 4,00 8,00 12,00

Total Pourcentage 33,33 66,67 100,00

L’intérêt de ce tableau a été d’informer sur les classes où les cas d’abandon sont plus accentués. Ainsi, pour les quatre villages/écoles, le taux d’abandon est de 66,67% en 7ème année au second cycle contre 33,33% en 2ème année au premier cycle, soit une différence du simple au double. L’on pourrait entrevoir dans ce cas le scénario que l’abandon est plus accentué dans les classes supérieures (ici le second cycle fondamental) que dans les petites classes (ici le premier cycle). Cette analyse pourrait d’autant plus être pertinente qu’au moment des entretiens certains parents d’élèves et enseignants avaient déjà signalé que plus les filles avançaient dans les études, surtout quand elles devaient les poursuivre dans d’autres villages, plus elles s’exposaient à l’abandon augmentaient la question d’accentuation de l’abandon une fois. Tableau 14 : Réponses des enquêtées à la question « partez-vous en retard à l’école ? »

Partez-vous à l’école en retard ? Villages Oui Non

Total

Effectif 0,00 32,00 32,00 Bini

Pourcentage du village 0,00 100,00 100,00 Effectif 5,00 46,00 51,00

N'Gouraba Pourcentage du village 9,80 90,20 100,00 Effectif 8,00 62,00 70,00

Nioko Pourcentage du village 11,43 88,57 100,00 Effectif 1,00 26,00 27,00

Souni Pourcentage du village 3,70 96,30 100,00 Effectif 14,00 166,00 180,00

Total Pourcentage du village 7,78 92,22 100,00

A la question de savoir s’il leur arrivaient de partir souvent en retard à l’école, 92,22% répondent non. Il est important de remarquer que cette réponse est en contradiction avec la multitude de plaintes que nous avons enregistrées chez les enseignants quant à la venue de beaucoup de filles longtemps après la rentrée des classes.

14

Tableau 15: Les enquêtées selon qui les parents contrôlent leur scolarité Les parents contrôlent-ils vos travaux à l’école ? Total Villages

Oui Pourcentage Effectif 32,00 32,00 Pourcentage du village 100,00 100,00 Bini Pourcentage du total 17,78 17,78 Effectif 51,00 51,00 Pourcentage du village 100,00 100,00 N'Gouraba Pourcentage du total 28,33 28,33 Effectif 70,00 70,00 Pourcentage du village 100,00 100,00 Nioko Pourcentage du total 38,89 38,89 Effectif 27,00 27,00 Pourcentage du village 100,00 100,00 Souni Pourcentage du total 15,00 15,00 Effectif 180,00 180,00 Pourcentage du village 100,00 100,00 Total Pourcentage du total 100,00 100,00

A la question de savoir si leurs parents contrôlaient leurs activités scolaires, la totalité des filles enquêtées des quatre villages répondent oui. Ces réponses sont également en contradiction avec les idées enregistrées au cours des entretiens que nous avons eus, selon lesquelles les filles jouissent d’une trop grande liberté et que l’autorité parentale s’affaiblit.

Tableau 16 : les filles qui affirment ne pas s’absenter aux cours au profit d’un travail domestique

Villages Vous arrive –t-il de vous absenter à des cours à cause d’une activité domestique ? Non

Total

Effectif 32,00 32,00 Pourcentage 100,00 100,00

Bini

% du total 17,78 17,78 Effectif 51,00 51,00 Pourcentage 100,00 100,00 N'Gouraba % du total 28,33 28,33 Effectif 70,00 70,00 Pourcentage 100,00 100,00 Nioko % du total 38,89 38,89 Effectif 27,00 27,00 Pourcentage 100,00 100,00 Souni % du total 15,00 15,00 Effectif 180,00 180,00 Pourcentage 100,00 100,00 Total % du total 100,00 100,00

A la question du tableau N° 20, les non l’emportent sur les oui qui constituent la réponse de toutes les 180 filles interrogées. Là aussi un constat de contradiction s’impose au regard des déclarations de beaucoup d’enseignants qui affirmaient au cours de nos entretiens qu’il arrive aux filles d’être absentes systématiquement à un cours à force d’être trop en retard et d’attendre une bonne fois le cours prochain après la pause de la recréation.

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Tableau 17: Les filles qui ont la latitude de suspendre une activité domestique entamée lorsqu’il

est l’heure d’aller à l’école

Interruption d'une activité pour aller à l'école par les parents

Villages

Oui

Total

Effectif 32,00 32,00 Pourcentage du village/école 100,00 100,00 Bini % du total 17,78 17,78 Effectif 51,00 51,00 Pourcentage du village/école 100,00 100,00 N'Gouraba % du total 28,33 28,33 Effectif 70,00 70,00 Pourcentage du village/école 100,00 100,00 Nioko % du total 38,89 38,89 Effectif 27,00 27,00 Pourcentage du village/école 100,00 100,00 Souni % du total 15,00 15,00 Effectif 180,00 180,00 Pourcentage du village/école 100,00 100,00 Total % du total 100,00 100,00

Ces taux sont également en contradiction avec la position de certains interviewés. Les filles affirment toutes qu’il leur est permis d’arrêter un travail domestique entamé lorsqu’il est l’heure d’aller à l’école. Néanmoins cela traduit la position d’une minorité des parents qui pense que le temps où l’on pensait que les travaux domestiques priment sur l’éducation scolaire dans la vie des filles est révolu.

16

7.2. Performance des filles par rapport aux garçons selon les statistiques

Tableau 18 : Synthèse des statistiques scolaires obtenues à Bini (école communautaire de 6 classes) et N’Gouraba second cycle

Effectifs des classes Passage, Redoublement et Abandon (performances)

Passage Redoublement Abandon Villages Classes

Filles Garçons Total Total Filles Total Filles Total Filles

Bini 5ème 7 13 20 14 3 6 4 0 0 Bini 4ème 8 11 19 18 7 1 1 0 0 Bini 3ème 15 27 42 28 13 14 2 0 0 N'Gouraba 8ème 18 30 48 30 14 9 3 9 1 N'Gouraba 7ème 23 45 68 33 15 22 5 10 3 N'Gouraba 9ème 20 33 53 48 17 5 3 0 0 Total 6 91 159 250 171 69 57 18 19 4 Pourcentage 36,4 63,6 100 68,4 75,82 22,8 19,78 7,6 4,40

Tableau 19 : les rangs, cas d’abandon et raison d’abandons par école

Autres indicateurs de performance des filles par rapport aux garçons : classement par moyenne annuelle

Villages Classes Les 1ers

Les derniers

Les 5 premiers

les 5 derniers

Les 10 premiers

Les 10 derniers

Raisons d'abandon

Bini 5ème - - - - 2 - pas aband Bini 4ème - - - - 6 - pas aband Bini 3ème Garçon - - - 4 - pas aband N'Gouraba 8ème Garçon Fille 1 1 5 - mariage N'Gouraba 7ème Garçon Garçon 2 1 7 - mariage N'Gouraba 9ème Garçon - 3 - 7 - Pas aband Total 6 0 1 6 2 31 - - Pourcentage 0 1,40 9,84 2,19 34,07 - -

- Le tableau ci-dessus donne des informations statistiques provenant de 2 des 4

villages/écoles concernés par l’étude. Les classes concernées sont : les 3ème, 4ème et 5ème années du premier cycle de l’enseignement fondamental de l’école communautaire du village de Bini et les 7ème, 8ème et 9ème années du second de l’enseignement fondamental du village de N’Gouraba.

- Désagrégées en termes de sexe, les données portent sur les effectifs de base des classes et sur les indicateurs de performances, notamment ceux de promotion, de redoublement, d’abandon/exclusion et de position des filles dans les rangs ; les raisons d’abandons ont été également observées. Ainsi:

o Sur le plan des effectifs (accès), les filles représentent 36,4% faisant un écart de 13,6 points vers la parité avec les garçons.

o Mais, avec un taux global de passage 68,4% (Garçons + Filles), les filles, elles enregistrent un taux de passage en classe supérieure de 75,82%. Cela revient à comprendre que les garçons, avec un taux inférieur au taux global (68,4) devraient se retrouver avec 64,15%, soit 11,67 fois moins de performance que les filles. Ceci semble en contradiction avec la

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déclaration de certains enseignants pour qui les filles travaillent toujours moins que les filles dans leurs classes (propos d’un enseignant à Bini).

o Au niveau du redoublement qui est un important indicateur du maintien, le taux global est de 22,8% contre 19,78% chez les filles. Les garçons, au nombre de 39 redoublants sur une effectif total de 159 se retrouveraient avec un taux de redoublement de 24,53%, encore une performance de moins que les filles, l’écart entre les deux étant de 4,75 points.

- En termes d’abandon, les statistiques obtenues au niveau de Bini ne signalent aucun cas dans trois classes au moins sur six. Au second cycle de N’Gouraba, quatre cas sont observables dont un en huitième et trois en septième. On constate au total quatre cas d’abandon dans les six classes des deux écoles sur un effectif de quatre vingt onze (91) filles, soit un pourcentage d’environ quatre (4) points.

- Dans les performances de position en termes de rang, les filles sont peu présentes dans les premiers rangs. Elles représentent 1,40% dans les derniers rangs, 9,84% dans les cinq premiers, 2,19% dans les cinq derniers, 43,07% dans les dix premiers.

- Quant aux abandons, les raisons de tous les quatre (4) cas signalés restent plus tôt liées au phénomène du mariage précoce et/ou forcé.

Ces indicateurs restent assez évocateurs dans le problème du maintien. Il est à remarquer qu’au moins dans les cycles d’étude existant dans leurs villages d’origine, les filles n’enregistrent pas de résultats scolaires internes qu’on pourrait qualifier de mauvais quand bien même elles sont toutes occupées aux travaux domestiques. Cela semble se confirmer par la faiblesse relative de redoublement et surtout des cas d’abandon. Mieux, ces quelques cas semblent s’expliquer par d’autres facteurs que les travaux domestiques. D’autres facteurs qui sont ressortis des entretiens sont les mariages précoces/forcés et les insuffisances d’autorités parentales, qui ont été fréquemment signalés comme causes d’abandon. Cette autre situation milite en faveur d’un argument que les travaux domestiques n’exerceraient pas nécessairement une influence négative sur le maintien des filles à l’école.

Mais le problème de maintien doit être analysé au-delà d’un simple constat que les filles redoublent et abandonnent moins les études dans leurs localités. Il faudrait souligner que les écoles concernées par l’étude sont essentiellement constituées de premier cycle de l’enseignement fondamental dont la durée normale d’études n’est que de six ans. On pourrait considérer qu’au bout de six ans seulement d’études, l’indicateur de maintien des filles à l’école n’est pas suffisamment éprouvé ; les filles étant d’un âge assez jeune. Cela est d’autant plus notable qu’à l’école de N’Gouraba au second cycle, les problèmes de maintien des filles ont été soulignés avec plus de préoccupations. Les filles n’étant pas plus jeunes à ce niveau, les mariages précoces et/ou forcés, le manque d’autorité des parents, la distraction et le libertinage des filles, l’exode rural, tous au détriment des études constituent autant de problèmes qui déterminent la poursuite des études par les filles. En clair, la conclusion qui se dessine est que les filles sont réellement occupées aux travaux domestiques et que le second cycle fondamental commence réellement à souffrir du problème de maintien, problème dont la cause est difficilement attribuable aux travaux domestiques.

7.3. Présentation et discussion des résultats des entretiens Les réponses obtenues par suite d’entretien devront être soumises à un exercice d’analyse de contenus. Les tableaux suivants donnent d’abord (après suivra l’analyse) une synthèse des items dont les discussions ont été particulièrement informatives au regard des hypothèses et des objectifs retenus pour l’étude ; ils sont organisés par village et par groupe-cible pour chaque item:

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Tableau 20 : synthèses des données qualitatives obtenues par village, groupe-cibles et principaux items

Principaux items

Villages Groupe-cibles

Nombres et types d’activités menées par les filles

Les activités qui se déroulent aux heures de cours

Représentations des parents sur les filles à propos de travaux domestiques par rapport aux études

Rendement/performance scolaire des filles (moyenne, redoublement, abandon)

Les mères des filles

Pilage de mil, activités de vaisselle, nettoyage des chambres et de la cour, garde des enfants… « Nos filles nous aident à faire tout ce qu’une femme fait comme tâche domestique ».

A chaque moment de la journée, la fille a une activité domestique à mener, la journée est entièrement pleine.

« Chez nous ici il n’y a pas de travaux obligatoires ou libres parce qu’une femme est une femme et la fille doit apprendre à côté de sa maman ».

De façon générale nos filles n’ont pas de bon rendement scolaire, à cause souvent des travaux domestiques. Cela les incite à l’exode vers Bamako d’où beaucoup refusent de revenir. Aussi, elles sont mal encadrées, elles échappent aux autorités des parents et sont trop intéressées par les garçons, sources de beaucoup de grossesses de surprise.

N’G

ouraba

Enseignants et Directeurs d’école

Pilage du mil, cuisine, lessive, vaisselle, nettoyage, garde d’enfants, commissions des plus grands, recherche d’eau.

Préparation des aliments et la corvée d’eau surtout mais il n’y a pas un emploi du temps standard en la matière. « …Une maman aurait demandé à sa fille revenue des cours de 17h après 4 km de marche des services de vaisselle, provoquant ainsi la chute de celle-ci, ce qui lui coûta la mort ».

Le problème est aussi que pour ces parents, les travaux domestiques priment sur l’école car beaucoup disent à leur fille, tant que tu ne fini pas telle activité, tu n’iras nulle part

Dans l’ensemble, les filles ont un rendement interne acceptable, elles concurrencent souvent les garçons, malgré leurs multiples occupations domestiques. Ce qui les défavorise surtout, ce sont les mariages précoces et forcés, la faiblesse des convictions pour l’utilité des études, l'insuffisance d’autorité parentale. Ces phénomènes ont pour corollaire les grossesses « forcées », les contraintes à l’exode… toutes choses qui rompent les études.

CGS et APE - - - - N’

Go

ur

Notables Laver les ustensiles, la L’emploi du temps de « C’est apparemment nombreux Quelques temps après, les filles

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corvée d’eau, piler le mil, balayer et préparer les aliments.

filles est organisé par les mamans qui en gèrent à leur convenance, la journée de la femme est normalement pleine.

comme activités, surtout au regard de ce que font les garçons mais en réalité, ce sont pour la plupart, des activités qui rentrent dans le cadre de la cuisine, activité que toute femme doit maîtriser et faire ».

abandonnent les études, même les garçons aussi. Le problème est général chez nous ici car les études sont actuellement peu rentables, le chômage est là. C’est pourquoi, le mariage est une bonne alternative pour les filles.

Elus locaux Les filles font toutes les activités que leurs mamans font ici

Souvent on voit des filles occupées à des travaux domestiques aux heures des cours, les enseignants nous interpellent beaucoup par rapport au retard et au chômage des filles

Les filles doivent travailler mais le temps de les occuper aux travaux domestiques ou champêtres au détriment de l’école est révolu.

La baisse de performance est une réalité chez nous mais elle concerne fille aussi bien que garçon. Notre population a besoin de sensibilisation pour les études scolaires.

Les mères des filles

pilage de mil, vaisselle, cuisine, balayage, lessive

Ces travaux peuvent être demandés n’importe quand par les mamans

La fille doit apprendre à travailler pour son foyer, mais actuellement c’est bon aussi de lui faire étudier ; les deux peuvent aller ensemble à condition de ne pas exagérer comme le font certaines mamans

Les filles mais aussi les garçons sont confrontés aux mêmes défis de poursuite des études, la cause majeure est la pauvreté

Enseignants et Directeurs d’école

Piler le mil, vaisselle, lessives, cuisine, recherche des noix de karité pendant l’hivernage,

Toutes les périodes

Les pilages et les lavages d’ustensiles, les mamans pensent que c’est obligatoire de les faire avant de partir à l’école

- Le retard est un problème général qui affecte la performance scolaire des filles surtout, ce qui le défavorise par rapport aux garçons.

Bini

CGS et APE

pilage du mil, recherche d’eau, vaisselle, lessive, cuisine (pour certaines). Elles sont un peu nombreuses pour pouvoir bien étudier.

Ces activités se font souvent aux heurs de cours, le problème de retard est une preuve

C’est imprudent de se consacrer seulement aux activités scolaires. Car, chez nous ici, il y a plusieurs facteurs qui interviennent dans la scolarité de la fille : les grossesses par exemple. Si une fille perd les études de cette manière sans avoir appris à faire les travaux domestiques, elle

A mon avis, s’il y a un problème qui perturbe le maintien des filles, c’est beaucoup plus le problème financier que les travaux domestiques. Pour nous, il n’y a pas d’incompatibilité entre les travaux domestiques et l’école, les deux sont complémentaires

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a tout perdu. Or, dans ce cas, si jamais, elle ne parvient pas à continuer les études, elle doit se marier à un paysan qui aura besoin qu’elle fasse des travaux ménagers. Si jamais elle n’a pas appris à les faire, c’est là la mauvaise femme.

Notables - - - -

Elus locaux - - - -

Les mères des filles

Recherche d’eau, pilage de mil Lessive, vaisselle, cuisine.

Il y a toujours quelque chose à faire. Mais nous avons demandé aux mamans de libérer les filles aux moments des cours et cela est respecté.

Nos parents croyaient qu’une fille n’avait pas à étudier, je suis victime de cela et je regrette beaucoup. Aujourd’hui, les gens commencent à comprendre que les filles doivent étudier autant que les garçons.

D’après ce que les enseignants nous disent, les filles sont intelligentes, seulement le manque de motivation pour la scolarisation des filles dont je venais de parler continue ses effets au point que beaucoup de parents ne suivent pas leurs filles. Puisqu’elles sont jeunes, abandonnée à elle-même, elles sont distraites. Mais le problème majeur de l’éducation scolaire des enfants chez nous ici est la pauvreté. L’école étant communautaire, beaucoup n’arrivent pas à payer correctement les frais de scolarité des enfants, cela est valable pour les garçons aussi. Cela déscolarise beaucoup d’enfant avant d’arriver même à N’Gouraba

Souni

Enseignants et Directeurs d’école

Beaucoup de travaux, cela dépend de ce que veut le parent : lessive, vaisselle, recherche d’eau, cuisine, pilage de mil, garde d’enfant

Les parents peuvent solliciter les services des filles à n’importe quel moment. Chez, tous les parents ont cédé à notre sensibilisation comme

La population commence à comprendre que l’éducation des filles est utile ; elle commence à avoir de l’engouement pour l’éducation des filles, d’autres le trouvent meilleure à celle des

Les travaux domestiques ne constituent pas un problème dans l’éducation scolaire des filles à Souni. Les filles travaillent aussi bien que les garçons. Seulement, les difficultés financières à payer les

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quoi, l’école prime sur tout autre travail à demander à l’enfant

garçons mêmes : dans la contrée, les écoles communautaires sont plus nombreuses que les écoles publiques.

scolarités découragent certains parents dans la scolarité des enfants.

CGS et APE

Lessive, vaisselle, pilage de mil, cuisine, recherche d’eau.

A chaque moment de la journée, il y a quelque chose à faire. Chez nous ici, s’il est l’heure d’aller à l’école, nous avons demandé aux mamans de libérer les filles et cela est respecté

Nos parents croyaient qu’une fille n’avait pas à étudier, je suis victime de cela et je regrette beaucoup. Aujourd’hui, les gens commencent à comprendre que les filles doivent étudier autant que les garçons.

Ce que nos enseignants nous disent c’est de ne pas trop occuper les filles dans les tâches domestiques ; beaucoup de femmes respectent cela et les filles se débrouillent à l’école tout comme les garçons.

23

23

La lecture de ce tableau permet de comprendre que les activités que les filles mènent en dépit de leur fréquentation scolaire sont nombreuses. Presque chaque interviewé cite au moins quatre activités à effectuer au cours de la journée en plus des activités scolaires. Egalement, beaucoup de ces activités qui ne s’inscrivent pas dans un emploi de temps très strict constituent des devoirs (une obligation) pour les filles ; leur statut de scolaire étant peu considéré. « Nos filles nous aident à faire tout ce qu’une femme fait comme tâche domestique », disait une femme à N’Gouraba. Pour certains, les enseignants surtout, les empiètements sur les moments de classe ne constituent pas une préoccupation aux yeux de beaucoup de parents. A plusieurs reprises et partout presque, les enseignants ont décrié le non-respect des heures de rentrée des classes : problème de retard. « A certaines période de l’année scolaire, nous sommes obligés d’attendre les élèves, à 8 h encore il peut arriver qu’il n’y ait aucun élève dans la cour de l’école ; la montée des couleurs se fait avec une poignée d’élèves. Dans le pire des cas, beaucoup d’élèves, surtout les filles préfèrent chômer les cours du matin, rentrer à 10h avec les autres après les pauses (recréation) à force d’être trop en retard » : propos du Directeur et deux enseignants à N’Gouraba.

Quant aux représentations des parents, la distinction entre les filles qui vont à l’école et celles non scolarisées n’est pas grande, voire absente. Toutes les filles doivent effectuer tous les travaux domestiques, ceci dans une perspective d’apprentissage.

La multiplicité des activités que mènent les filles, surtout au regard de l’emploi de temps des garçons est normale pour beaucoup de parents qui pensent que ce sont en fait des tâches qui s’intègrent dans l’activité globale de la cuisine, une activité obligatoire pour toute épouse ou future épouse. Il est aussi très largement admis que les activités domestiques sont plus complémentaires qu’elles ne nuisent à la scolarité. « Il est hasardeux de laisser la fille en marge des activités domestiques au nom d’une certaine éducation scolaire aux issues aujourd’hui incertaines et en faveur de laquelle militent beaucoup de facteurs. C’est imprudent de se consacrer seulement aux activités scolaires. Car, chez nous ici, il y a plusieurs facteurs qui interviennent dans la scolarité de la fille : les grossesses par exemple. Si une fille perd les études de cette manière sans avoir appris à faire les travaux domestiques, elle a tout perdu. Or, dans ce cas, si jamais, elle ne parvient pas à continuer les études, elle doit se marier à un paysan qui aura besoin qu’elle fasse des travaux ménagers. Si jamais elle n’a pas appris à les faire, c’est là la mauvaise femme » : propos d’un notable, président de l’APE de Bini.

Par rapport à la question de rendement interne/performance scolaire évoquant le problème central du maintien, certains interviewés, notamment dans le groupe des enseignants, estiment que les résultats des filles sont plutôt acceptables en dépit de la situation d’occupations aux travaux domestiques auxquels elles sont soumises et qui semble les défavoriser comparativement aux garçons. Ils pensent que ces résultats pourraient être meilleurs si les filles n’étaient pas astreintes aux travaux domestiques. Selon eux, les retards, les absences aux cours, imputables aux travaux domestiques ne sont pas de nature à favoriser la réalisation d’une bonne performance scolaire.

Cependant, pour la plupart des parents, les mamans surtout, les résultats scolaires des filles sont plutôt mitigées, voire insatisfaisants. En le disant, leur regard est porté sur le prolongement des études : une fois que les filles, même pas toutes mais certaines, arrivent à la fin du cycle de formation qui existe dans leurs villages d’origine (par exemple, les six classes à Bini), les filles interrompent les études. C’est là aussi que se trouve véritablement posé, le problème de maintien à l’école. Car l’idée est que celui-ci (le maintien) a pour finalité l’acquisition de compétences et de connaissances utiles à améliorer la vie de leurs porteurs et celle de leur

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communauté. Dans ce sens, même si les rendements internes sont pour la plupart jugés acceptables par certains, ils n’arrivent pas à maintenir les filles jusqu’au stade où leurs acquisitions scolaires leur soient utiles à améliorer leur conditions de vie future. Dans ce cas, la question se pose de savoir : qu’est-ce qui constitue la cause de cette interruption ? Est-ce parce que les filles exercent des travaux domestiques ?

Les parents, et beaucoup d’autres acteurs de l’éducation semblent voir d’autres facteurs qui militent en faveur de cette interruption. Le mariage précoce et/ou forcé, l’insuffisance de contrôle social, surtout parental conduisant à une liberté exagérée des filles, plus « intéressées par les garçons » sont fréquemment évoqués comme causes de l’interruption, donc du problème de maintien.

Dans l’ensemble, les filles ont un rendement interne acceptable, elles concurrencent souvent les garçons, malgré leurs multiples occupations domestiques. Ce qui les défavorise surtout, ce sont les mariages précoces et forcés, la faiblesse des convictions pour l’utilité des études, l'insuffisance d’autorité parentale. Ces phénomènes ont pour corollaire les grossesses « forcées », les contraintes à l’exode… toutes choses qui rompent les études : propos des enseignants de N’Gouraba.

7.3. Analyses des résultats Au Mali, la déperdition scolaire constitue un problème majeur de rendement scolaire interne. Ce problème plus prononcé en ce qui concerne les filles. L’annuaire statistique (2007-2008)8 de l’enseignement fondamental signale un taux national d’achèvement du premier cycle de 54% contre 44,8% chez les filles. A Koulikoro, région administrative dont relève la commune de la présente étude et précisément dans le Centre d’Animation Pédagogique de Baguinéda9, ce taux est de 57,5% contre 45,9% pour les filles. L’étude s’est donné comme objectif d’identifier les causes des abandons scolaires qui posent le problème du maintien des filles dans le cursus scolaire au niveau de la commune de N’Gouraba. Pour ce faire, la recherche a tenté de vérifier l’hypothèse selon laquelle les travaux domestiques provoquent l’abandon des études chez les filles. Puisqu’il apparait alors que les filles inscrites à l’école sont régulièrement occupées par les travaux domestiques il importe de comprendre les relations réelles existant entre ces deux variables, à savoir : les travaux domestiques et l’abandon scolaire des filles.

Dans cette optique, les résultats obtenus sur le terrain pourraient indiquer les éléments d’analyse suivants :

- Les résultats, aussi bien des entretiens que des questionnaires, établissent que les filles mènent toutes des travaux domestiques en dépit de leur inscription à l’école. Du tableau N° 8 au tableau N° 12, nous trouvons la confirmation de cette situation.

- Mais, lorsqu’on observe les résultats scolaires des filles à travers les réponses qu’elles mêmes ont données, les témoignages des enseignants, et les statistiques scolaires obtenues dans certaines écoles, elles sont performantes à l’école, à l’école de leurs localités de résidence, faudrait-il ajouter. Le tableau N° 14 signale que parmi les filles

8 MEN (2008), annuaire national 2007-2008 des statistiques de l’enseignement fondamental, PP. 84 - 89

9 Le village de Baguinéda abrite le Centre d’Animation Pédagogique (CAP) dont relèvent les écoles de la

commune rurale de N’Gouraba.

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interrogées, plus de 92% affirment être des passantes, contre seulement 2% de redoublantes et 5,56% qui ont été déscolarisées.

La première conclusion qui pourrait être tirée à l’aide des deux informations ci-avant est la remise en cause d’une hypothèse d’exercice d’influences négatives des travaux domestiques sur le maintien des filles à l’école. Une des raisons de cette conclusion c’est qu’ici, l’on ne voit pas un grand problème de maintien des filles. Elles passent toutes presqu’en classes supérieures, elles redoublent moins, elles n’abandonnent presque pas.

Cependant, l’analyse pourrait être poussée au risque de s’exposer à une banalité. Dans les entretiens, les parents ainsi bien que les enseignants ont souligné deux faits qui semblent importants :

- Si les filles sont performantes au regard de leurs taux de promotion, de redoublement et d’abandon, au moment de passer d’une école d’un village vers une autre école d’un autre village pour fait de changement de cycle de formation10 (par exemple, du premier vers le second cycle fondamental), les abandons sont nombreux.

- Le deuxième fait c’est que beaucoup de parents ont affirmé ne pas être satisfaits du rendement scolaire de leurs filles qu’ils ne sont pas capables de mesurer de façon statistique, mais sur la base de ce qu’ils observent comme comportement moral et de capacité de résolution de problèmes pratiques dans la vie quotidienne. En rapport avec cet état de fait, beaucoup de mères ainsi bien que d’enseignants et quelques notables ont déploré un manque d’intérêt des études de la part des filles, au profit d’aventures libertaires avec les jeunes garçons, évoquant ainsi un problème général d’effritement de l’autorité parentale.

A la suite de ces deux informations, le doute de l’existence du phénomène de déperdition, notamment d’abandon scolaire chez les filles tend à s’affaiblir. L’on peut d’autant plus réfléchir de cette façon que le maintien doit avoir un sens et une finalité. Ce sens réside dans le fait que bien vrai que le taux d’achèvement par exemple du premier cycle de l’enseignement soit un indicateur universel de l’éducation, ne pas abandonner les études à ce niveau ne signifierait pas l’inexistence de problème de maintien. Ce qui serait idéal, dans une perspective utilitaire de l’éducation scolaire est que la fille puisse continuer ses études au-delà du premier cycle de l’enseignement fondamental pour au moins arriver au secondaire, voir plus loin et acquérir des connaissances, des conduites et des compétences certifiées pour que l’on soit apaisé par rapport au problème du maintien.

Maintenant que l’on puisse retenir que toutes les filles inscrites à l’école sont contraintes aux travaux domestiques, et ce à la faveur même des observations que nous avons faites sur le terrain et le problème qu’il convient de reposer la question de relation avec d’autres variables telles que le mariage précoce (voulu ou forcé) et l’exode rural. Les résultats de l’enquête montrent que les filles arrivent à combiner travaux domestiques et école au niveau du 1er et deuxième cycle de l’enseignement fondamental, mais n’arrivent pas à se maintenir après pour des raisons qu’il doit falloir chercher à connaitre.

Si non, comment se fait-il alors que toutes les filles exercent des travaux domestiques mais que leurs résultats scolaires jusqu’à un certain niveau ne subit d’effet négatif du moins en

10Il faudrait noter que la commune d’étude compte 13 écoles dont 4 publiques et 9 communautaires. Seule

l’école de N’Gouraba a les deux cycles du fondamental, d’où la nécessité d’aller achever le cycle fondamental

dans un autre village pour les élèves des 12 autres écoles.

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apparence, au regard des statistiques ? Les filles ont-elles été sincères en donnant leurs résultats scolaires ? L’on pourrait répondre par l’affirmative à ce niveau car, les statistiques obtenues au niveau des administrations scolaires le confirment. Ou alors, bénéficient-elles, de la part des enseignants, d’un traitement discriminatoire qui leur est favorable dans les processus docimologiques ? Autant de questions de ce genre pourraient survenir.

L’autre dimension importante des questionnements est de chercher la signification que pourrait avoir, par rapport à notre hypothèse principale (les travaux domestiques ont une influence négative sur le maintien des filles à l’école) la situation d’après laquelle les filles travaillent à la maison et qu’elles aient de bons résultats scolaires, ne serait-ce qu’à un certain niveau ?

La réponse décisive serait celle de la vérification de l’hypothèse posée : les travaux domestiques n’ont pas forcément d’incidences négatives sur le maintien des filles à l’école. D’où l’hypothèse infirmée.

Cette infirmation est d’autant plus soutenable que certains faits sont insistants et significatifs dans les résultats. Dans beaucoup d’entretiens, l’on comprend que pour les populations de la zone, le problème de maintien existe. Cependant, il ne leur semble pas imputable aux travaux domestiques. Il serait plutôt causé par les mariages précoces et/ou forcé, l’effritement de l’autorité des parents qui accepte un certain désordre dans la vie sexuelle des filles, le manque d’intérêt pour les études de la part des filles :

L’hypothèse des mariages précoces et/ou forcés. Nous n’avons pas rencontré un nombre significatif de filles dans ce cas. Cela, loin d’affaiblir l’hypothèse, s’explique plutôt par le jeune-âge des filles que nous avons trouvées sur place pour l’administration des questionnaires. Le constat est également que les filles qui sont dans ce cas ne restent plus sur place dans leur village, soit par le fait de rejoindre leur époux ou par le fait de s’enfuir en ville comme pour refuser la nouvelle situation. Dans tous les cas, les études sont abandonnées. Elles sont d’autant plus abandonnées que les partisans de ces mariages précoces et/ou forcés ont également comme stratégie de précipiter une grossesse physiquement ou socialement invalidante sur les filles qui si elles étaient restées sur place, auraient obtenu une dernière chance de continuer les études, bien que mariées.

L’hypothèse des difficultés économiques, financières : la majorité des écoles de la commune sont des écoles communautaires. Ce sont les parents d’élèves qui ont la charge de leur école ; les enseignants, les fournitures et bien d’autres frais divers sont payés par eux alors que les investigations sur les activités économiques de la localité évoquent une certaine pauvreté. La gratuité de l’enseignement primaire n’est pas tellement une réalité dans la plupart de ces localités. Dans un tel contexte, prendre longtemps en charge les études des enfants est difficile, toute chose qui tente à la déscolarisation comme l’affirme avoir fait un parent à Bini.

L’hypothèse du manque de contrôle social et d’autorité parentale : les enseignants qui doivent parachever le travail d’éducation entamé en famille ont tous presque déploré un délaissement général dans l’éducation morale des enfants, celles des filles particulièrement. Ils semblent responsabiliser les parents dans les attitudes de désintérêt des élèves quant à l’éducation scolaire. L’exemple d’un cours de soir initié par les enseignants, appuyés par une ONG partenaire (Plan Mali) à travers l’éclairage de l’école mais complètement boudé par les élèves sous le regard passif des parents a été pris comme une illustration. Les enfants jouissent d’une extrême liberté au point de nuire à leur bonne scolarité et les filles sont particulièrement fragiles aux différentes conséquences de cet excès de liberté. Pour certains élèves d’ailleurs, le statut de scolaire est un bon alibi pour se dérober de l’autorité parentale, et mieux mettre leur liberté au service de leurs passions, surtout sexuelle. Comme dans un cercle vicieux, cela amènent certains parents à adopter une attitude indifférente vis-à-vis de l’école qui pour eux semble une

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voie de dégénération morale surtout des filles. De même, les mères réitèrent cette opinion des enseignants et le font avec un air passif qui a l’air de conforter l’hypothèse en question.

Nous avons trouvé l’entretien ci-dessous d’une illustration assez complète de l’analyse que nous venons de proposer : Les filles font tout ce que leurs mamans font : cuisine, lessive, vaisselle, recherche d’eau, recherche de bois. Pour nous, il n’y a pas d’incompatibilité entre les travaux domestiques et l’école, les deux sont complémentaires et c’est imprudent de se consacrer seulement aux activités scolaires. Car, chez nous ici, il y a plusieurs facteurs qui interviennent dans la scolarité de la fille : les grossesses par exemple. Si une fille perd les études de cette manière sans avoir appris à faire les travaux domestiques, elle a tout perdu. Or, dans ce cas, si jamais, elle ne parvient pas à continuer les études, elle doit se marier à un paysan qui aura besoin qu’elle fasse des travaux domestiques. Si jamais elle n’a pas appris à les faire, c’est là la mauvaise femme. De façon générale, il y a eu depuis près de 10 ans, un engouement pour la scolarisation des enfants, et nous on ne distinguait pas trop le sexe pour cela. La preuve, ce sont des écoles communautaires : sur les 13 écoles de la commune, 9 sont des écoles communautaires contre 4 publiques. Les populations elles-mêmes prennent ces écoles en charge. A mon avis, s’il y a un problème qui perturbe le maintien des filles, c’est beaucoup plus le problème financier que les travaux domestiques. Car, moi par exemple, j’ai déscolarisé cette année, 5 de mes enfants dont 2 filles. Je ne pouvais plus continuer à payer pour eux, je suis vieux alors que je n’ai pas d’appui. Une autre explication de mon attitude, c’est que, les enfants eux-mêmes qui doivent travailler, générer des revenus pour qu’on finance leurs études refusent de travailler sous prétexte qu’ils sont à l’école. Ce n’était pas la bonne solution mais c’est celle qui est à ma portée. L’école n’empêche pas le travail. De façon générale, nous sommes conscients de la nécessité de scolariser les filles et pour moi d’ailleurs, scolariser une fille est aujourd’hui plus rentable que scolariser un garçon. Quand la fille arrive à réussir, elle aide ses parents mais quant au garçon, il ne pensera qu’à lui-même, sa propre famille ou sa belle famille. Il oublie ses propres parents qui ont souffert pour lui. C’est cela une motivation pour moi de scolarisation et de maintien ou non des enfants en général. Quant aux pratiques, les mamans demandent aux filles de travailler, souvent pendant les moments où il y a cours. Mais de façon générale, ce qui existe ici comme principe : fille ou garçon, élève ou pas, doivent tous travailler, cela n’a rien de mauvais et en ce qui concerne les élèves, travailler, une fois qu’il est l’heure d’aller à l’école, laisser et aller à l’école est le principe. De retour de l’école, les filles doivent continuer. Si les filles ont des mauvaises performances à l’école, je ne pense pas que cela soit dû aux travaux qu’elles font à l’école, certaines filles s’amusent à l’école et à la maison, elles se disent toujours élèves et refusent de travailler également. En conclusion, l’école nous a été apportée, elle ne nous appartient pas ; il ne faut pas qu’en sa faveur, nous laissions tomber tout, nous pensons que la complémentarité est la meilleure chose que nous devrions rechercher. Surtout, aujourd’hui, il faut faire attention, les études ne sont pas payantes pour tout le monde (bi kalan nafa dôgôyara). Entretien avec un notable, président de l’Association des Parents d’Elèves de Bini

VIII. RECOMMANDATION

En janvier 2010, le Programme de développement des réseaux pour l'éducation en Afrique de l'Ouest "PRODERE-AO" a organisé un séminaire, à Ouagadougou avec pour finalité de mettre à la disposition des acteurs de l'éducation, un guide qui puisse permettre de lutter efficacement contre la déperdition scolaire. L'objectif visé était d'améliorer les conditions d'études et

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permettre aux élèves de poursuivre leurs études jusqu'au bout. Et ce, en réunissant les conditions qui puissent favoriser leur maintien à l'école.

Selon David Lopez, responsable de la Ligue internationale de l'enseignement et vice-président de Solidarité laïque, le maintien des enfants à l'école et particulièrement des filles a besoin d’expérimenter de bonnes pratiques dans les pays concernés.

Cette étude adopte la même logique. En attendant, beaucoup de situations doivent être éclairées à l’aide d’études et de recherches pointus. Ceci nous semble d’autant plus pertinent que les problèmes ont certes des caractéristiques communes mais se spécifient d’une localité à une autre, d’une nation à une autre, plusieurs facteurs étant liés à cela. C’est pourquoi, pour le cas du Mali, nous suggérons des études pointues, entièrement débarrassées de tendances politiques ou de préjugés sociaux. Ainsi, les hypothèses de la pauvreté, de l’effritement des autorités parentales et de la dépravation des mœurs, de mariages inopportuns peuvent être testées. Ceci nous semble la base de toute intervention de recherche de solutions au problème de maintien sur le terrain scolaire.

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CONCLUSION

Beaucoup de facteurs restent liés à l’éducation des filles. La question des travaux domestiques en rapport avec leur éducation reste complexe. En général on distingue le travail « acceptable » (léger, s’intégrant dans l’éducation de l’enfant et dans la vie familiale, que la scolarisation doit prolonger) et le travail « inacceptable » (qui prend trop de temps aux enfants encore jeunes, trop dangereux, etc.), une position rendue universelle par l’Organisation Internationale du Travail (OIT).

Un autre aspect de complexité qui rend difficile la compréhension claire des relations entre travaux domestiques et scolarité des filles est que la valeur attribuée à l'éducation par rapport à l'apprentissage ou au travail n'est pas la même selon les cultures : la « culture de l'école » ne semble toujours pas acquise dans de nombreux pays en développement où les parents ne sont pas allés à l'école. Faire travailler les enfants, loin d'être vu comme un problème, y est valorisé car il permet souvent l'apprentissage tandis que le système éducatif ne mène pas forcément à un bon emploi ; cette conception est souvent celle des populations que nous avons rencontrées. La perception qu'en ont les filles est aussi variable. Il y a celles qui souffrent de leur condition mais d'autres qui sont fières d'aider leur famille ou d'apprendre un savoir-faire.

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V. BIBLIOGRAPHIE

1. Céline V. (2001) Inégalité dans l’accès à la scolarisation des garçons et des filles confiés de 6 à 14 ans au Sénégal, CEPED, Paris

2. CETRI (2009) Alternative Sud, n°1, P 175 3. CODESRIA (2010), La place du travail chez les enfants africains, papier d’appel à

candidature pour la session 2010 de l’institut sur l’enfance et la jeunesse 4. Diallo K. (2001) L’influence des facteurs familiaux, scolaires et individuels sur

l’abandon scolaire des filles en milieu rural, de la région de Ségou – Mali. 5. Eliou Marie (1972) dans un article intitulé « scolarisation et promotion féminines en

Afrique », in Tiers-monde, Tome 13 n°49.Education et Développement. 6. Fomba, C. O. et Coumaré, M. (2006) Etude diagnostique des obstacles liés à la

Scolarisation des filles dans les localités de Banamba, Kati, Kangaba et Kita. 7. Fouedjio F. (2008). Travail des enfants de 5-14 ans et rendement scolaire au Cameroun,

Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée, Yaoundé 8. http://fr.wikipedia.org 9. Lachaud, J-P. (2009), Le travail des enfants et la pauvreté en Afrique : un réexamen

appliqué au Burkina Faso, Université Montesquieu– Bordeaux IV, France, P 1 10. Mali (1992) Constitution malienne. 11. Mali (1998) Programme décennal de développement de l’éducation. 12. Marcoux, R. (1994) Le travail ou l’école, L’activité des enfants et les caractéristiques

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l’enseignement fondamental 14. Niang G. A. (2009). Scolarisation et travail des enfants au Sénégal, Université Cheick

Anta Diop, Dakar, P 15 15. OIT (2004 a). Addressing the Exploitation of Children in Scavenging (Waste Picking):

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16. OIT (2004 b). Le travail des enfants: un manuel à l’usage des étudiants, Genève, p.111 17. OIT (2009) Combating child labor through education: a resource kit for policy makers

and practitioner, p.4 18. Organisation des Nations Unies (1948) Déclaration universelle des droits de l’homme,

Paris. 19. Organisation des Nations Unies (1989) Convention relative aux Droits de l'Enfant. 20. Oxford University Press (2006), the World Bank Economic Review, N° 20, P 31- 54 21. Présidence du Mali (2007), Programme de Développement Economique et Social. 22. UNESCO (2010), Paper commissioned for the EFA Global Monitoring Report 2010,

reaching the marginalized, p.15

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VI. ANNEXES

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX FILLES Village : …………………………………… Abrite une école : Oui /__/ Non /__/ Activité économique de la localité :………………………………………………………………………………………………………………… Activité économique dominante des femmes de la localité :………………………………………………………………………………………… Date de l’enquête…….………………………… Nom de l’enquêteur………………………………………………………………………………… Ecole fréquentée…………………………… Classe ……………… Passante …………………Redoublante …………………Déscolarisée ……… Age de l’enquêtée……………………………………………………………………………………………………………………………………… Profession de la mère…………………………………………………………………………………………………………………………………… Activités secondaires de la mère………………………………………………………………………………………………………………………… Profession du père………………………………………………………………………………………………………………………………………

Activités domestiques régulières : quelles sont tes activités domestiques régulières ?

Activités/besoins obligatoires

Activités domestiques

Heures Réveil, manger, coucher, dormir

Recherche d’eau

Nettoyage/ balayage

Vaisselle

Pilage de

céréale

Préparation des

aliments

Garde d’enfant

s

Garde de la

maison

Autres à

préciser

4h 5h 6h 7h 8h 9h

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10h 11h 12h 13h 14h 15h 16h 17h 18h 19h 20h 21h 22h 23h 24h

Activités domestiques régulières : Quand exécutes-tu les activités suivantes ?

Activités/besoins obligatoires

Activités domestiques

Heures Réveil, manger, coucher, dormir

Recherche d’eau

Nettoyage/ Balayage

Vaisselle

Pilage de céréale

Préparation des aliments

Garde d’enfants

Garde de la maison

Autres à préciser

4h 5h 6h 7h 8h 9h 10h 11h

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12h 13h 14h 15h 16h 17h 18h 19h 20h 21h 22h 23h 24h

Activités scolaires et divertissement

Activités scolaires principales (selon l’emploi de temps des

écoles) Activités scolaires secondaires Causerie/Divertissement Heures

Cours en classe Obligatoires Libres Loisir 4h 5h 6h 7h 8h 9h 10h 11h 12h 13h 14h 15h 16h

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17h 18h 19h 20h 21h 22h 23h 24h

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Activités moins régulières

Autres activités moins régulières

Heures Recherche bois de chauffage

Aller à la foire Activités collectives

Autres à préciser

4h 5h 6h 7h 8h 9h 10h 11h 12h 13h 14h 15h 16h 17h 18h 19h 20h 21h 22h 23h 24h

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Les activités obligatoirement exécutées Cochez les activités obligatoires

1. Recherche d’eau 2. Recherche de bois de chauffage 3. Nettoyage/balayage 4. Garde d’enfants 5. Vaisselle 6. Pilage de céréale 7. Préparation des aliments 8. Autres à précise

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Les activités librement exécutée Quelles les activités que vous n’êtes pas obligées de faire ?

1. Recherche d’eau 2. Recherche de bois de chauffage 3. Nettoyage/balayage 4. Garde d’enfants 5. Vaisselle 6. Pilage de céréale 7. Préparation des aliments 8. Autres à précis.

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Les activités qui se déroulent aux heures des cours Quelles sont les activités que vous menez pendant les jours où vous n’avez pas cours? 1…………………………………………………………………………………………………… 2 …………………………………………………………………………………………………… 3…………………………………………………………………………………………………… 4…………………………………………………………………………………………………… Les représentations sur les travaux domestiques par rapport à l’école Pensez-vous que vous devez seconder votre mère dans les travaux domestiques? Oui /__/ Non /__/ Quand vous êtes absente ou empêchée (malade), votre mère se sent-elle débordée par les travaux ? Oui /__/ Non /__/ Est-ce que vos parents vous parlent de l’école ? Oui /__/ Non /__/ Est-ce que les parents regrettent que vous soyez inscrites à l’école ? Oui /__/ Non /__/ Pensez-vous que rester à la maison et faire les travaux domestiques vous préparent mieux au mariage ? oui /__/ non /__/ Est-ce que les filles qui fréquentent l’école sont mieux valorisées que leurs homologues non scolarisées?................................................................................................................................................................................................................................................................................................... L’encouragement des parents Est ce que votre mère vous demande de laisser une activité domestique parce qu’il est l’heure d’aller à l’école ? Oui /__/ Non /__/ Avez-vous l’habitude de chômer parce que votre maman vous oblige à finir un travail ? Oui non Quelle attitude votre père adopte- t-il face à cette situation (par rapport à l’obligation de finir le travail au détriment de l’école)?..................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................... Est-ce que vos parents contrôlent votre travail à l’école ?......................................................................................................................................... Le temps consacré à l’école et aux études Partez-vous le plus souvent en retard à l’école ? Oui /__/ Non /__/ Est-ce que vous partez à l’école tous les jours ouvrables ? Oui /__/ Non /__/ Vous sentez-vous fatiguée étant en classe ? Oui /__/ Non /__/ Vous arrive-t-il de dormir souvent ? Oui /__/ Non /__/ Avez-vous le temps d’apprendre vos leçons à la maison ? Oui /__/ Non /__/ La performance scolaire Combien de fois avez-vous redoublé ? …………….. Dans quelle classe avez-vous abandonné ? (si déscolarisée) ....................................................................... ....................................................................... Quelle moyenne avez-vous obtenu (Vérifier avec les enseignants)?............................................................……………………………………………………………………………………………………………… Etes-vous passante ou redoublante (vérifier avec les enseignants) ? …………………………………………………………………………………………………

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GUIDE D’ENTRETIEN (Adressé aux enseignants, aux parents d’élèves, à l’administration scolaire, aux CGS, aux élus locaux, aux notabilités)

Sous thèmes 1. Le nombre et les types d’activités menés par jour 2. Le volume des activités 3. Le temps accordé aux activités 4. Les activités obligatoirement exécutées 5. Les activités librement exécutées 6. Les activités qui se déroulent aux heures des cours 7. La période d’exécution des tâches 8. Le temps consacré à l’école et aux études 9. Les représentations des parents sur la fille à propos des travaux domestiques par rapport à l’école 10. L’encouragement des filles pour les études 11. L’assiduité des filles 12. Le rendement scolaire des filles 13. Le redoublement 14. L’abandon (causes).