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Revue de presse hebdomadaire
Période couverte : du 1er au 14 mars 2014
Sommaire : Articles sur les VMF
→ Extension de Roland-Garros sur les serres d’Auteuil…………………………………………………………..…..p.2
G8 Patrimoine……………………………………………………….….…..p.6 Patrimoine………………………………………………………….………..p.8 Culture – Tourisme………………………………………………………..p.36 Architecture contemporaine – urbanisme……………….……………..p.49 Développement durable – Énergies renouvelables……...…………....p.53 Médias……………………………………………………..………………..p.61 Mécénat – Partenariats…………………………..………………………..p.67
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Samaritaine et Serres d’Auteuil : dernières nouvelle des prétoires
1. Les immeubles de la Samaritaine sur la rue de Rivoli en cours de démolition Photo : Didier Rykner
24/2/14 - Patrimoine - Paris, Samaritaine et Serres d’Auteuil - Le temps de la justice n’est décidément pas celui des démolisseurs. On se souvient du titre de notre article consacré à la décision stupéfiante (pour parler par euphémisme) de la juge des référés du Tribunal administratif de Paris qui avait conclu, le 8 juillet dernier, à l’irrecevabilité de la contestation par les associations des deux permis de construire concernant la Samaritaine. L’affaire passait en audience aujourd’hui devant le Conseil d’État. Et le rapporteur, expliquant notamment que la jurisprudence était constante, a démontré en quelques minutes que « le juge des référés a commis une erreur manifeste ». Notre analyse était donc bonne mais, malheureusement, notre conclusion, à savoir que cela revenait à donner le champ libre aux démolisseurs, était également juste. Les travaux ont commencé en décembre (voir ici) et se sont fortement accélérés ces derniers jours, comme par hasard. Désormais, toutes les maisons des XVIIe et XVIIIe siècles ont été détruites, et celles du XIXe, qui bordent la rue de Rivoli, sont largement démolies (ill. 1 et 2).
24 FÉVRIER 2014
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2. Les immeubles de la Samaritaine en cours de démolition (coin de la rue de la Monnaie et de la rue Baillet) Photo : Didier Rykner
L’affaire est mise en délibéré et le jugement - qui ne fait aucun doute tant la démonstration du rapporteur était cinglante - devrait être rendu d’ici quinze jours, ce qui ouvrira la voie à une nouvelle audience en référé devant le tribunal administratif. Si le jugement devait cette fois annuler les permis de construire, cela aurait cependant pour effet de bloquer un chantier qui n’aurait jamais dû être autorisé par le ministère de la Culture et la Mairie de Paris, et d’empêcher, au moins pour plusieurs années, la construction de l’immeuble en verre dépoli qui doit s’inscrire comme une verrue au milieu des immeubles en pierre, à proximité immédiate du Louvre.
Pour les Serres d’Auteuil, les derniers jugements du tribunal administratif ont en revanche été désastreux. On se rappelle que la première convention d’occupation du domaine public conclue entre la Mairie de Paris et la Fédération Française de Tennis avait été annulée. Hélas, la seconde, qui présentaient des caractéristiques assez proches de la première, a pourtant été jugée conforme puisque la demande des associations a été rejetée par le tribunal administratif. Dans le même jugement, publié le 20 février, le tribunal a également rejeté le recours en annulation du permis de construire du centre national d’entraînement sur le stade Hébert (considérant que les deux chantiers sont indépendants), et le recours en annulation de la « révision simplifiée du PLU afin d’étendre, de rénover et de moderniser les stades Roland-Garros ».
C’est une bataille de perdue donc, mais les associations de protection du patrimoine restent plus que jamais mobilisées et font bien sûr appel de ces jugements. Dans un communiqué, elles « s’inquiètent de voir les intérêts d’une compétition sportive professionnelle durant une quinzaine de jours prendre le pas sur l’intérêt public et les espaces verts parisiens pourtant sanctuarisés par le législateur ». Il est effectivement incroyable de constater la manière dont, toutes tendances politiques confondues (à l’exception cependant des écologistes), les responsables politiques s’évertuent à vouloir détruire le jardin des Serres d’Auteuil dont nous rappelons qu’il est entièrement protégé au titre des monuments historiques.
Didier Rykner, lundi 24 février 2014
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Les candidates ne se montrent pas loquaces en matière de patrimoine. EXTRAIT DE LA SUITE DE LA CONFERENCE DE PRESSE DE LA SPPEF PATRIMOINE, LE GRAND OUBLIÉ DE LA CAMPAGNE MUNICIPALE À PARIS ? Comme on pouvait le craindre, la campagne pour les élections municipales de Paris tourne à l’affrontement aussi médiatique que stérile entre les deux principales candidates. Il est question, presque quotidiennement, de sujets plus ou moins importants, plus ou moins sérieux, plus ou moins dans l’air du temps… Mais dès qu’il s’agit de patrimoine, les propos se font pour le moins rapides, les projets plus vagues. Les candidats ont peut-être oublié qu’ils ambitionnaient de diriger « la plus belle ville du monde » ?
Densification urbaine, destructions du patrimoine bâti, hypercentralisation des équipements, grignotage des espaces verts, traitement des espaces publics, agressions architecturo-commerciales, abus et dérogations en matière de droit d’urbanisme, rôle de la Commission du Vieux Paris… les sujets ne manquent pas ! Association nationale reconnue d’utilité publique, la SPPEF se propose de briser ce silence par la voix de son Président, Alexandre Gady, en faisant un état des lieux et des propositions avant qu’une discussion ne s’engage avec vous. Les choix patrimoniaux étant irréversibles, cette question doit être replacée au premier plan de la campagne municipale à Paris, sans esprit partisan.
14 MARS 2014
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136 sites du patrimoine mondial de l’UNESCO potentiellement menacés par le réchauffement climatique POTSDAM (ALLEMAGNE) [06.03.14] – Deux climatologues ont étudié l’impact du réchauffement climatique sur le patrimoine culturel mondial. Leurs recherches aboutissent sur une menace de submersion qui toucherait 136 sites classés par l’UNESCO sur 700.
Si les changements climatiques alertent la communauté scientifique pour son impact sur l’environnement et les populations, l’étude des climatologues Ben Marzeion, de l’Université d’Innsbruck, et Anders Levermann, du Potsdam Institute for Climate Impact Research, alerte également des conséquences de la montée du niveau de la mer et des océans sur les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO comme le rapporte le Postdam Institute. L’augmentation du niveau de la mer et des océans est due à la fonte des glaciers du Groenland et de l’Antarctique, principalement. Cette fonte est accélérée par la présence d’un taux de dioxyde de carbone de plus en plus important dans l’atmosphère. La glace qui normalement fond en été et se consolide en hiver se détériore désormais aussi durant les saisons froides. Or, la glace renvoie une partie des rayons du soleil, alors que l’eau absorbe l’énergie solaire. Par conséquent, une quantité supérieure de CO2 est dégagée, entraînant un réchauffement de la surface de la terre (boucle de rétroaction positive). Le dioxyde de carbone est par ailleurs capable de se stocker dans l’atmosphère durant un certain temps. Ces observations ont conduit les climatologues à envisager l’étude du réchauffement climatique sur une période longue afin d’en appréhender d’impact pour le patrimoine mondial. Les deux scientifiques analysent l’impact de l’augmentation de la température pour chaque degré sur les sites du patrimoine mondial. Les climatologues considèrent les différents taux de l'élévation du niveau de la mer selon les régions. Il en ressort que, dans le cas où la température n’augmente que d’un degré Celsius, 40 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO seront menacés de submersion. Avec une augmentation de la température de trois degrés, environ un cinquième du patrimoine culturel mondial sera affecté à long terme. « 136 sites seront en dessous du niveau de la mer dans le long terme, si aucune mesure de protection n’est prise », précise Ben Marzeion, ajoutant que « le fait que les marées et tempêtes pourraient affecter ces sites beaucoup plus
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tôt n'a pas encore été pris en compte. » Parmi les sites du patrimoine mondial touchés les climatologues citent les centres-‐villes historiques de Bruges, de Naples, d’Istanbul et de Saint-‐Pétersbourg et un certain nombre de sites en Inde et en Chine. Marion Le Bec Légende photo
La Cathédrale Saint-‐Sauveur dans le centre historique de Saint-‐Pétersbourg, Russie -‐ © Photo Dionysos -‐ 2007 -‐ Licence CC BY-‐SA 3.0
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Les sites du patrimoine de l’humanité seront-ils bientôt sous l’eau ?
L'élévation du niveau de la mer ne menace pas uniquement les régions côtières, l’agriculture et les habitants du littoral, mais également un cinquième du patrimoine mondial dont, parmi les plus célèbres monuments, la Statue de la Liberté à New York (Etats-Unis), l'opéra de Sydney (Australie), la Tour de Londres (Angleterre) ou encore le site archéologique de Pompéi (Italie).
Ce sont les conclusions d'une étude, publiée mardi 4 mars dans la revue Environmental Research Letters, qui a calculé combien de sites historiques de l'Unesco seraient touchés après 2 000 ans de montée des eaux.
Pour modéliser l'élévation du niveau des mers, les climatologues Ben Marzeion, de l'Institut de météorologie et de géophysique de l'université d'Innsbruck (Autriche), et Anders Levermann du Potsdam Institute for Climate Impact Research (Allemagne) se sont appuyés sur le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié en septembre. Ce dernier a en effet étudié la physique des océans pour chaque degré de réchauffement maintenu pendant 2 000 ans. "C'est la période que mettent les océans profonds, les glaciers de montagne et les calottes glacières du Groenland et de l'Antarctique à réagir complètement à un niveau de réchauffement donné", explique Valérie Masson-Delmotte, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement.
D'ici 2 000 ans, le GIEC estime ainsi que les océans s'élèveront de 2,3 mètres si le réchauffement se maintient à 1°C supplémentaire par rapport à l'ère pré-industrielle – ce qui est quasiment le niveau actuel, de 0,85°C –, de 10 mètres pour 2°C supplémentaires (en raison de la déglaciation du Groenland) et de 15 mètres pour + 4°C – l'incertitude principale résidant dans l'ampleur et la rapidité de la fonte de l'Antarctique.
Ben Marzeion et Anders Levermann ont alors utilisé ces modèles physiques, qu'ils ont croisé avec les données de latitude, de longitude et d'altitude des sites référencés par l'Unesco afin de calculer, pour chaque degré de réchauffement, quel pourcentage de terres, d'habitants et de patrimoine serait en-dessous du niveau de la mer dans chaque pays.
6 MARS 2014
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Résultat : une augmentation de la température d’à peine 1°C maintenue pendant 2 000 ans menacerait 40 des 720 sites culturels inscrits sur la liste de l'Unesco, ainsi que 0,7 % des terres mondiales. En cas de hausse de la température de 3°C, ce nombre s’élèverait à 136 sites (soit 19 % de la liste) et 1,1 % des terres.
En Europe, les sites concernés par des réchauffements compris entre 1 et 3°C seraient donc la Tour de Londres et Pompéi, mais aussi la tour de Pise, Venise et Naples en Italie, Hambourg, Lübeck et Brême en Allemagne, l'abbaye et le palais de Westminster en Grande-Bretagne, Bruges en Belgique et Saint-Pétersbourg en Russie. En France, la liste du patrimoine menacé est également longue : le Mont-Saint-Michel, le Havre, le port de la Lune à Bordeaux, les arènes d'Arles et la cité médiévale de Saint-Emilion.
"De manière quasi-certaine, nous allons voir les premières conséquences de la montée des eaux sur ces sites au cours du XXIe siècle, assure Ben Marzeion au Guardian, d'autant que l'étude ne tient pas compte des tempêtes et des marées d’équinoxe qui peuvent davantage détériorer les monuments. Généralement, quand les gens parlent du changement climatique, il s'agit des conséquences économiques ou environnementales Nous voulions également analyser les implications culturelles."
"Dans le débat sur le changement climatique, on accorde beaucoup d'importance aux conséquences de très court terme. Cette étude est intéressante dans la mesure où elle permet de donner une valeur à la perte irréversible de patrimoine à long terme, en termes de vestiges historiques qui ont disparu et de zones qui ne sont plus habitables, estime Valérie Masson-Delmotte. Malgré sa marge d'erreur importante, ce rapport s'avère réaliste par rapport aux calculs de réchauffement et aux niveaux géologiques d'élévation du niveau des mers."
Les conséquences ne seraient évidemment pas seulement désastreuses pour les monuments historiques. En cas de hausse de 3°C, entre 3 et 12 pays dans le monde perdraient plus de la moitié de leur surface actuelle. De 25 à 36 pays perdraient un dixième de leur territoire, notamment des Etats insulaires de l’Océan Pacifique et des Caraïbes. Et 7 % de la population mondiale vit aujourd'hui dans une région qui se situera sous le niveau de la mer d'ici 2 000 ans.
Audrey Garric
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Blog de Benoit de Sagazan – Le Pèlerin http://blog.pelerin.info/patrimoine-en-blog
Comment une association défend le patrimoine de Rennes contre les projets de démolition RENNES
Vu sur Youtube cette vidéo très intéressante qui montre à quoi sert une association de de défense du patrimoine dans une grande ville. Édifiant ! contre ceux qu désirent démolir sans réfléchir :
Rencontre avec Michel Coignard, président de l’association Les Amis du Patrimoine Rennais :
Retrouvez ces actions sur le site de l’association : http://www.amispatrimoinerennais.org/
7 MARS 2014
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La Cour administrative d’appel de Nantes donne tort à la Fondation du Patrimoine NANTES [10.03.14] – La Cour administrative d’appel de Nantes a confirmé un jugement rendu en décembre 2012 qui annulait le retrait d’un label, attribué par la Fondation du Patrimoine, à un immeuble privé.
Un label initialement attribué en 2001 par la Fondation du Patrimoine à un immeuble privé, avait été retiré par elle-‐même en 2009, en raison de l’absence de justificatifs produits par les propriétaires du bien. Un jugement du Tribunal administratif de Nantes, rendu en décembre 2012 annulait ce retrait. La Fondation du Patrimoine avait alors interjeté appel auprès de la Cour administrative de Nantes. La décision rendue le 20 février 2014 confirme le jugement du tribunal et déboute ainsi la Fondation. La Fondation basait sa décision de retrait du label sur une exigence de production des factures du bénéficiaire, comme préalable au versement de la subvention promise. Le titre accordé par la fondation permet au propriétaire privé détenteur d'un bien immobilier, présentant un intérêt patrimonial et non protégé au titre des monuments historiques, de bénéficier de déductions fiscales pour des travaux de sauvegarde ou de restauration. Dans le cas de propriétaires imposables, le label permet la déduction fiscale du montant des travaux (sous certaines conditions) et l’attribution d’une subvention à hauteur minimum de 1% du montant des travaux labellisés. Dans le cas de propriétaires non-‐imposables, la fondation accorde une subvention pour financer les travaux de restauration. La production de documents justificatifs semblait donc nécessaire pour l’organisme à l’octroi de droits. La Fondation du Patrimoine s’appuyait notamment sur une décision rendue par le tribunal d’instance de Cholet en 2006 qui envisageait cette exigence comme ni abusive, ni injustifiée mais au contraire, indissociable de la validité de l’attribution du label. Requérante devant la cour de Nantes, la Fondation du Patrimoine demandait l’annulation de la décision du tribunal notamment en raison de l’aval obtenu du juge judiciaire en 2008, qui donnait autorité de la chose jugée à la décision de retrait du label prise en 2009. Par ailleurs, la notification de réclamation des pièces justificatives auprès des propriétaires respectait le principe du contradictoire. Son argumentaire se fondait principalement sur le fait que la subvention accordée était attachée à l’octroi du label et que, de ce fait, la défaillance des propriétaires dans la production de justificatifs permettant cette subvention, entraînait indubitablement le retrait de ce label. La partie défenderesse -‐ à savoir les propriétaires du bien immobilier ayant reçu le label en 2001 -‐ avait été reconnue dans son bon droit en 2012 par le tribunal administratif de Nantes. Face à la Fondation du Patrimoine, elle se défendait en appel de ce que l’affaire portée devant le juge judiciaire n’avait ni la même cause, ni le même objet puisque saisi d’une demande en paiement de subvention. En l’espèce, le juge judiciaire n’avait nullement validé la décision de retrait de label prise par la fondation, postérieure d’une année au jugement alors rendu. En outre, les notifications faites
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par l’organisme ne mentionnaient pas un éventuel retrait du label. Les propriétaires n’ayant pu se défendre de cette menace, le principe du contradictoire n’a pas été respecté par la fondation. Les défendeurs ont également fait prévaloir en appel que l’octroi du label est une décision individuelle créatrice de droit, ce qui implique que son retrait est enfermé dans un délai de 4 mois. De plus, aucun texte ne prévoit le retrait de ce label accordé par la fondation. S’agissant de l’autorité de chose jugée de la décision du juge judiciaire dont se prévalait la Fondation du Patrimoine, la CAA de Nantes considère qu’en « l’absence d’identité d’objet avec la procédure en cours concernant le retrait du label », cette autorité « ne peut être retenue ». Le juge administratif retient par ailleurs que la Fondation a été créée par une loi du 2 juillet 1996, dont le statut est codifié à l’article L.143-‐1 du code du patrimoine et en fait « une personne morale de droit privé à but non-‐lucratif, soumise au règles relatives aux fondations reconnues d’utilité publique ». Le juge note également que son conseil d’administration est notamment composé de personnalités désignées par l’Etat et siège en la présence d’un commissaire du gouvernement. Du fait de la mission et de son statut, la Cour en conclu donc que la Fondation du Patrimoine est « investie d’une mission de service public et dotée de prérogatives de puissance publique ». Par conséquent, « elle constitue un organisme chargé de la gestion d’un service public administratif ». Au regard de la loi de 1979 relative à la motivation des décisions administratives et de 2000, relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations, le juge estime que la décision administrative individuelle défavorable retirant une décision créatrice de droit aurait dû être motivée, mais cette motivation n’aurait même dû intervenir qu'après que la personne intéressée ait été mise à même de présenter des observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande, des observations orales. Or, la fondation n’a jamais notifié aux propriétaires l’éventualité d’un retrait de label. Le tribunal administratif avait donc à juste titre considéré en 2012 que les dispositions de la loi de 2000 avaient été méconnues et que la décision de retrait avait été prise « au terme d’une procédure irrégulière », ce qui légitime son annulation. La Fondation du Patrimoine a donc été déboutée de sa demande par la CAA de Nantes. La décision de retrait annulée, les propriétaires sont replacés dans la situation juridique dont il bénéficiait avant 2009. Marion Le Bec
Place de l'Edit de Nantes, Cour administrative d'appel. -‐ © Photo Jibi44 -‐ 2013 -‐ Licence CC BY-‐SA 3.0
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Site internet de l’AJP : www.journalistes-patrimoine.org
Quand les cloches de la cathédrale du Mans sont de retour. PATRIMOINE RELIGIEUX MAIS AUSSI INDUSTRIEL
A L’OCCASION DES PROCHAINES JOURNÉES MANS’ART, ZOOM SUR :
LES CLOCHES DE LA CATHÉDRALE
La cathédrale Saint-Julien du Mans va retrouver sa voix, son identité sonore, grâce à la restauration de son carillon. Ce travail met en œuvre des savoir-faire d’exception, que nous aurons l’occasion de découvrir lors des Journées Mans’Art.
Pourquoi les cloches de la cathédrale seront-elles déposées dans le bas-côté de la nef ?
Les cloches seront descendues - lourde besogne dont la précision exigera pas moins d’une semaine de manutention pour en assurer la descente sans risque de casse - et installées dans le bas-côté nord de la nef comme élément majeur, à la fois technique et artistique, et en même temps chargé de toute la poésie des vibrantes sonorités qui tous les jours rythment notre existence. Leur présentation dans la cathédrale, en coïncidence avec les Journées Mans’art, ne peut être fortuite et révèle une volonté forte du Ministère de la Culture et de ses services, d’en assurer une présentation, mettant en exergue le savoir-faire de l’entreprise * et la compétence de l’architecte.
Quel âge ont ces cloches, où ont-elles été fabriquées et quelles sont leurs caractéristiques ?
La refonte générale des cloches a pour origine la rupture du bourdon qui, le 21 mai "se brisa d’un seul coup", rappelle l’abbé Pichon en 1876. Dans le même temps on s’aperçut que le beffroi, structure de charpente portant les cloches, était impropre à assumer les efforts de sa fonction. Aussi fut-il refait en 1858 par M. Bollée. Le reste des cloches sont toutes datées des années 1811-1821 : bourdon de 6,7 t., 1 cloche de 2,5t., 1 de 1,7t., 1 de 1,23 t et une 6ème de 0,7 t. Il convient de rajouter une septième cloche, le timbre de l’horloge, fondue en 1609 sous l’égide de Mgr de Beaumanoir, avec la cloche donnée à la fin du XVe siècle par le cardinal Philippe de Luxembourg.
Les cloches actuelles ont été fondues au Mans par les ateliers Bollée.
En quoi la restauration des cloches et du carillon constitue-t-elle un événement important pour l’identité de la cathédrale ?
Une cathédrale est par essence un édifice cultuel, avant que d’être un monument culturel. Aussi les services du Ministère de la Culture, et au premier plan la DRAC et le STAP, se doivent-ils d’être attentifs à conjuguer, dans leurs missions d’entretien et de restauration, impératifs de conservation et de restauration d’une part, et demandes formelles en relations avec le culte, exprimées par le clergé affectataire d’autre part.
*C’est l’entreprise Bodet de Trémentines dans le Maine et Loire qui a en charge cette restauration.
Toutes les informations pour les Journées Mans’Art sont sur www.lesjourneesmansart.com
4 MARS 2014
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Les cloches et le bourdon ; une refonte générale prête pour les Journées Mans’ Art LA CATHEDRALE SAINT-JULIEN DU MANS VA RETROUVER SA "VOIX" !
A L’OCCASION DES PROCHAINES JOURNEES MANS’ART, ZOOM SUR :
Les cloches de la cathédrale
Données recueillies par Anne-Marie Gresser, vice-présidente de l’Association « Les Journées Mans’Art, auprès de Nicolas Gautier, Architecte des Bâtiments de France de la Sarthe.
La cathédrale Saint-Julien du Mans va retrouver sa voix, son identité sonore, grâce à la restauration de son carillon. Ce travail met en œuvre des savoir-faire d’exception, que nous aurons l’occasion de découvrir lors des Journées Mans’Art.
Pourquoi les cloches de la cathédrale seront-elles déposées dans le bas-côté de la nef ?
Les cloches seront descendues - lourde besogne dont la précision exigera pas moins d’une semaine de manutention pour en assurer la descente sans risque de casse - et installées dans le bas-côté nord de la nef comme élément majeur, à la fois technique et artistique, et en même temps chargé de toute la poésie des vibrantes sonorités qui tous les jours rythment notre existence. Leur présentation dans la cathédrale, en coïncidence avec les Journées Mans’art, ne peut être fortuite et révèle une volonté forte du Ministère de la
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Culture et de ses services, d’en assurer une présentation, mettant en exergue le savoir-faire de l’entreprise * et la compétence de l’architecte.
Quel âge ont ces cloches, où ont-elles été fabriquées et quelles sont leurs caractéristiques ?
La refonte générale des cloches a pour origine la rupture du bourdon qui, le 21 mai "se brisa d’un seul coup", rappelle l’abbé Pichon en 1876. Dans le même temps on s’aperçut que le beffroi, structure de charpente portant les cloches, était impropre à assumer les efforts de sa fonction. Aussi fut-il refait en 1858 par M. Bollée. Le reste des cloches sont toutes datées des années 1811-1821 : bourdon de 6,7 t., 1 cloche de 2,5t., 1 de 1,7t., 1 de 1,23 t et une 6ème de 0,7 t. Il convient de rajouter une septième cloche, le timbre de l’horloge, fondue en 1609 sous l’égide de Mgr de Beaumanoir, avec la cloche donnée à la fin du XVe siècle par le cardinal Philippe de Luxembourg. Les cloches actuelles ont été fondues au Mans par les ateliers Bollée.
En quoi la restauration des cloches et du carillon constitue-t-elle un événement important pour l’identité de la cathédrale ?
Une cathédrale est par essence un édifice cultuel, avant que d’être un monument culturel. Aussi les services du Ministère de la Culture, et au premier plan la DRAC et le STAP, se doivent-ils d’être attentifs à conjuguer, dans leurs missions d’entretien et de restauration, impératifs de conservation et de restauration d’une part, et demandes formelles en relations avec le culte, exprimées par le clergé affectataire d’autre part.
*C’est l’entreprise Bodet de Trémentines dans le Maine et Loire qui a en charge cette restauration.
Toutes les informations pour les Journées Mans’Art sont sur
www.lesjourneesmansart.com
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Encore un site emblématique reconverti LE CLASSEMENT DE L’USINE BERCHON DANS LES PYRENEES Demandé conjointement par la Municipalité et la Communauté de communes du Pays de Nay, le classement va permettre d’enclencher la reconversion de ce site emblématique du passé industriel de la ville. L’entreprise a été créée par Désiré Berchon en 1868, qui a inventé un métier à tisser les bérets : le métier Berchon.
En trente ans, l’entreprise passera d’une trentaine d’ouvriers à plus de trois cent, grâce au développement de la bonneterie et du tissu des Pyrénées. Depuis plusieurs années, des études sont menées sur le patrimoine industriel de la plaine de Nay. Cette dynamique a abouti, dans un premier temps, à l’ouverture du Musée de l’Industrie au sein de la Maison Carrée, première étape d’un « musée à ciel ouvert » qui comprendra plusieurs établissements et points de visite du territoire. La découverte de ce patrimoine industriel permettra de comprendre comment le territoire qui entoure Nay a pu être à la fois considéré comme le jardin du Béarn et son « Petit Manchester ». Autant de thématiques qui seront développées le long des chemins de randonnées, au coeur de la ville et peut-être un jour à l’intérieur même des usines Berchon où l’installation d’un centre d’interprétation du patrimoine fait partie des projets à l’étude.
12 MARS 2014
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En plein Paris, l'église Sainte-Rita résiste à la démolition
o Par Delphine de Mallevoüe L'édifice, dédié au rite catholique gallican, doit être rasé pour céder la place à des logements sociaux et des parkings.
L'église gallicane Sainte Rita est menacée de destruction pour construire des logements sociaux, à Paris dans le 15e.. Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro Riverains et passants sont sonnés. L'œil rond et la bouche bée, ils se pressent devant les avis légaux de démolition et les banderoles de contestation mises à la hâte sur les grilles du parvis. Leur église, en plein Paris, va être rasée d'un jour à l'autre. Bientôt deux ans que l'édifice voué à Sainte-Rita, patronne des causes désespérées, attend un miracle pour repousser les mâchoires des pelleteuses qui auront aussi la tâche d'y reconstruire un immeuble de logements sociaux et deux parkings.
Quoique dédiée au culte catholique gallican, où les messes sont célébrées en latin selon le rite de Saint-Pie V, cette paroisse du XVe arrondissement de Paris est très fréquentée et très populaire, notamment en raison de sa bénédiction annuelle des animaux qui attire foules et médias de toutes contrées. 300 baptêmes par an, 200 mariages, 70 enterrements, 18.000 à 20.000 ouailles comptées sur les registres, 250 paroissiens à la messe dominicale, 900 personnes le premier dimanche de novembre pour le célèbre rassemblement animalier. Des chiens, des chats mais encore des zèbres, des cochons, des lamas, des tortues, un chameau venant de Bourges chaque année, un collet pèlerinant avec sa maîtresse depuis le Jura en taxi - «parce qu'il est malade en train» - et autres rats, oiseaux et poissons, détaille amusé Mgr Dominique Philippe, archevêque catholique gallican de Paris et maître des lieux. Chinois, Américains et Japonais convertis s'y pressent aussi pour se marier depuis que la paroisse a fait l'objet d'un reportage diffusé hors frontières.
«C'est honteux, quel abus!, s'indigne Georgette, une riveraine qui n'est pas paroissienne. «C'est pas vrai?, s'écrie Lionel incrédule en passant devant les avis de démolition. Mais il y a des gens qui prient ici!» «Hallucinant!, se révolte la comédienne Danik Patisson, grande fidèle de la paroisse. Une chaleur très spéciale se dégage dans ce lieu, Rita est une sainte précieuse qui console et sauve de nombreux cœurs venus l'implorer.»
28 FÉVRIER 2014
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Un défilé continu devant l'église
Depuis l'affichage des panneaux de démolition mardi, c'est un défilé continu devant l'église. François, qui vient de l'Oise chaque dimanche pour la messe «avec femme et chien», organise la résistance en distribuant tracts et appels à la mobilisation. Président de l'association de défense de Sainte-Rita, il a créé une page Facebook qui multiplie les «like», et lance des manifestations sur le marché du quartier pour tenter d'interpeller les consciences, à la veille de l'échéance électorale des municipales. Au cabinet du maire du XVe, Philippe Goujon (UMP), «on reçoit beaucoup de courriers inquiets sur le devenir de l'église». Après avoir émis deux avis défavorables au permis de construire, l'élu, «opposé à la destruction», vient de demander au conservateur général du patrimoine à la Drac Île-de-France de protéger l'édifice avec le label «patrimoine du XXe siècle».
Bernard, dans le quartier depuis 48 ans, ne décolère pas: «Ce n'est pas ma religion mais je défends le patrimoine et je ne peux accepter la vague scandaleuse de démolition des monuments publics qui déferle en France ces dernières années: églises, théâtres, cinémas… jusqu'où ira-t-on à la fin?» Édifice néogothique de 1900, Sainte-Rita n'est pas classée et ne pourra l'être, selon les experts du patrimoine. Ceux de la commission du Vieux Paris, sous la tutelle de la mairie de Paris, l'avaient jugée sans intérêt architectural lors de la décision de la Ville, en 2011, d'autoriser sa démolition.
«Le fruit de l'appel aux dons a été si maigre qu'on aurait seulement pu acheter une porte, et encore, chez Ikea…»
Mgr Philippe
Les ennuis de Sainte-Rita ont commencé il y a deux ans lorsque le propriétaire, la mystérieuse association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, a, sans courrier préalable d'information, assigné les occupants en justice devant le TGI de Paris pour les faire expulser. Avant de vendre l'église - toujours sans en aviser les occupants, selon leur avocat Me Jean-Marc Fédida - à un promoteur immobilier nantais, en novembre 2013. «Impossible de la racheter, il fallait 3,3 millions d'euros! explique Mgr Philippe. Le fruit de l'appel aux dons a été si maigre qu'«on aurait seulement pu acheter une porte, et encore, chez Ikea…», plaisante l'archevêque, pourtant très inquiet aujourd'hui de se retrouver à la rue.
Dans la nef, la pancarte «Cherchons un local à transformer en église sur Paris ou banlieue proche» n'a rien donné non plus, seulement «des propositions hors de prix» pour les locataires qui payaient 1000 modiques euros par mois depuis 1988. Les requérants demandant l'expulsion ont été déboutés l'année dernière. Mais une nouvelle assignation a été délivrée en décembre, cette fois par le promoteur. Décision le 11 mars prochain. Une procédure est par ailleurs en cours depuis août devant le tribunal administratif de Paris, sur requête de l'association de défense de Sainte-Rita, pour s'opposer au permis de démolir. En outre, elle pourrait saisir la justice au nom du principe fondamental de la liberté cultuelle, via un référé-liberté, car pour suivre ce rite particulier les fidèles devraient désormais se rendre à… Bordeaux. Une lettre à Manuel Valls, ministre de l'Intérieur et des Cultes, est en préparation.
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L'église Sainte Rita dans le 15e arrondissement sera-t-elle rasée ? L'église Sainte-Rita de rite gallican bien connue pour sa bénédiction annuelle d'animaux devrait être démolie pour céder la place à des logements sociaux et des parkings.
• Par Isabelle Audin
© Fernando Malverne Les paroissiens, réunis pour la grand-‐messe dominicale, ne décolèrent pas. "Une honte", "un scandale", "on gardera notre église, ici on croit au miracle", entend-‐on dans la nef qui accueille une centaine de fidèles, certains avec leur animal de compagnie. L'église est l'une des rares en France à accepter que les animaux assistent aux offices. Cela fait déjà deux ans que l'église Sainte Rita, patronne des causes désespérées, est l'objet d'une fervente bataille entre promoteurs immobiliers et ses fidèles. L'église Sainte-‐Rita de rite gallican devrait être démolie. Faute de moyens pour l'entretenir, l'association culturelle suisse, l’Église apostilique de Suisse, propriétaire des murs l'a vendue. Elle laissera place à une trentaine de logements sociaux. L’Église gallicane de Paris souhaitait racheter l'édifice mais il lui aurait fallu récolter plus de 3 millions d'euros. Et le miracle ne s'est pas produit, pas de généreux donateurs en vue. Pourtant, cette paroisse située dans le 15e arrondissement est très populaire. Les messes sont très fréquentées en raison de sa particularité : la bénédiction annuelle d'animaux qui attire jusqu'à 900 fidèles, mais aussi beaucoup de curieux du monde entier. Les riverains et les fidèles sont consternés. L'église de style néogothique a été jugée sans intérêt architectural et patrimonial par la Commission du Vieux Paris chargée de donner son avis sur le patrimoine et l'urbanisme de la capitale lors des demandes de permis de démolition. Depuis l'affichage des panneaux de démolition mardi dernier, c'est un défilé continu devant l'église. "Sauvons la paroisse. Oui à la liberté religieuse": des banderoles ont été déployées sur les grilles de l'édifice, dans le XVe arrondissement de la capitale, en riposte aux avis de démolition affichés à la hâte en début de semaine.
2 MARS 2014
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Les ennuis débutent il y a deux ans. Le propriétaire de l'époque, l'association culturelle des Chapelles catholiques et apostoliques, entame une procédure d'expulsion des occupants avant de vendre le lieu à un promoteur. Mgr Dominique Philippe, archevêque catholique gallican de Paris, qui officie depuis 29 ans dans cette paroisse garde espoir. "J'ai béni des zèbres, des dromadaires, des lamas, des tortues et même un bébé tigre", s'amuse l'archevêque qui a repris en 1988 l'édifice, alors fermé depuis douze ans."Un couple vient exprès de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) tous les dimanches. Des Chinois, des Américains, des Japonais veulent absolument se marier chez nous", raconte-‐t-‐il. Durant l'office, il interpelle les fidèles sur la menace qui pèse. "Dieu veut que nous gardions notre église et que nous ne soyons pas des errants", lance-‐t-‐il, levant les mains au ciel. Le tribunal administratif de Paris doit se prononcer le 11 mars sur la requête de l'association de défense de Sainte-‐Rita qui a attaqué les permis de démolir et de construire. "Nous allons écrire à Manuel Valls (ministre de l'Intérieur et des Cultes), puis éventuellement déposer un référé-liberté au nom du principe de la liberté religieuse", assure François Lusinchi, président de l'association. "Si ce lieu ferme, les paroissiens qui veulent suivre le culte catholique gallican devront aller à Bordeaux ou en Belgique", déplore-‐t-‐il. Le maire du XVe arrondissement, Philippe Goujon (UMP), a saisi la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) pour qu'elle attribue au bâtiment le label: "Patrimoine culturel du XXe siècle". "Détruire une église, c'est un acte d'une violence inouïe", estime l'édile. En attendant, une manifestation de soutien qui rassemblera fidèles et animaux est prévue le 15 mars sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Reportage de Fernando Malverne, Nedim Loncarevic et Mohamed Chekkoumi
Voir la vidéo EGLISE STE RITA MENACEE DE DESTRUCTION PARIS 15EME A Paris, deux autres églises sont menacées de destruction :
L'église Saint-‐Joseph-‐des-‐Artisans (Xe) et la chapelle de l'hôpital Saint-‐Vincent-‐de-‐Paul (XIVe).
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Paris : promise à la démolition, « l'église des animaux » espère un « miracle » Rendue célèbre par la bénédiction annuelle d'animaux, l'église Sainte-Rita (Paris XVe) doit être prochainement détruite pour laisser place à une vingtaine de logements neufs. Mardi 11 mars prochain, le tribunal administratif de Paris se prononcera sur la requête d'une association de défense de l'église. S'il ne se fait guère d'illusions sur l'avenir de Sainte-Rita, monseigneur Dominique Philippe, archevêque catholique gallican, espère malgré tout « un miracle » qui permettrait de sauver son église. En attendant, il cherche tout de même un nouveau local. Voir la vidéo
10 MARS 2014
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Sainte-Rita, l'église des animaux, sera démolie et ses fidèles expulsés
Sur la façade ensoleillée de la petite église catholique gallicane Sainte-‐Rita – un peu défraîchie depuis sa construction en 1900 – dans le 15e arrondissement parisien, la bannière fièrement tendue « Non à la démolition de la paroisse Sainte-‐Rita » semble défier la pancarte de permis de démolition qui jonche le parvis. Pourtant, ni Sainte-‐Rita, patronne des causes désespérées, ni la mobilisation active des fidèles n'auront pu empêcher la décision du tribunal administratif de Paris qui a rejeté, mardi 11 mars, le recours déposé par l'association de défense de Sainte-‐Rita contre la démolition et, par conséquent, l'expulsion des paroissiens. En lieu et place de l'église seront construits une vingtaine de logements sociaux et des parkings. Les occupants ont six mois, à compter de la notification du jugement, pour quitter les lieux.
Un drame pour les nombreux fidèles qui parcourent des centaines de kilomètres, chaque dimanche, accompagnés de leur chiens, chats, oiseaux, lapins ou furets pour se rendre à Sainte-Rita : la paroisse est l'une des rares, en France, à permettre la présence des animaux de compagnie durant l'office.
Mais elle est encore plus célèbre pour sa bénédiction de tous les animaux, chaque premier dimanche de novembre lors de la messe de Saint-François d'Assise, patron des bêtes, qui attire presque un millier de fidèles. Lamas, dromadaires, zèbres, perroquets, singes et même tigres y ont été bénis par Mgr Dominique Philippe, archevêque catholique gallican de Paris qui officie depuis vingt-neuf ans à Sainte-Rita, hors de l'autorité du Vatican. Le religieux a repris l'édifice en 1988, alors que celui-ci était fermé depuis douze ans.
« C'ÉTAIT LE BON TEMPS »
Dans sa longue robe écrue, l'homme sourit en se remémorant le passage de François Hollande et de Ségolène Royal, il y a de ça « presque dix ans, lorsqu'ils étaient encore ensemble », pour une messe des chats. « Ils disaient adorer les chats et venaient voir s'ils pouvaient en adopter », s'amuse Mgr Philippe. « C'était le bon temps ».
Car les ennuis ont commencé il y a deux ans lorsque le propriétaire de l'époque, l'association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, a entamé une procédure d'expulsion des occupants – demandant à la
11 MARS 2014
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justice de résilier le bail accordé à la communauté qui occupe l'église –, avant de vendre le lieu à un promoteur immobilier nantais, Loceane. Le bâtiment, non classé, est jugé sans intérêt patrimonial ou architectural par la commission du Vieux Paris, qui rend des avis sur le patrimoine et l'urbanisme de la capitale. Le permis de démolir est alors délivré.
« Nous nous interrogeons sur la recevabilité de la demande [d'expulsion] de l'association », a réagi lors de l'audience Me Jean-Marc Fedida, avocat de Sainte-Rita. « Nous demandons à ce que toute la clarté soit faite sur les conditions dans lesquelles elle continue à se prétendre propriétaire d'un bien immobilier pour lequel un promoteur a déposé et obtenu un permis de construire », a-t-il ajouté.
ENJEU DES MUNICIPALES
Le maire du 15e arrondissement, Philippe Goujon (UMP), candidat à sa propre succession aux municipales de mars, s'est toujours positionné contre la démolition, au nom de la protection du patrimoine culturel du quartier. « Cette église néogothique est un marqueur de l'identité du quartier, je ne comprends pas qu'on puisse vouloir y construire des logements sociaux à la place », déclare au Monde celui qui tâcle la politique « bétonneuse » de Mme Hidalgo dans le 15e. L'édile dit n'avoir reçu aucune réponse du maire de Paris, qu'il avait saisi sur le cas de Sainte-Rita. Il s'est ensuite adressé à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) pour qu'elle attribue au bâtiment le label: « Patrimoine culturel du XXe siècle ».
A l'occasion des municipales de mars, les autres candidats dans le 15e arrondissement se sont aussi prononcés sur la question. Le numéro deux sur la liste d'Anne Hidalgo, Claude Dargent, s'est déclaré, selon Paris Tribune, « favorable au principe d'une opération de logements sur cette parcelle là (…) Sainte Rita est une église qui relève d'un culte qui n'est pas l'église catholique (…) qui n'entre [donc] pas dans la loi de 1905 ».
APPEL À BILL GATES OU AU QATAR
L'enjeu électoral semble dépasser Mgr Dominique Philippe. Le religieux a toujours été conscient qu'il n'avait pas les moyens de réunir les 3,3 millions d'euros nécessaires au rachat des lieux. Résigné plutôt qu'irascible, il préfère préparer la suite et espère trouver les fonds pour acheter un local abordable sur Paris. « Rien d'accessible pour l'instant », déplore-t-il. De quoi commencer à sérieusement s'inquiéter pour le devenir des trente mariages prévus d'ici l'été. « Des américains, des japonais, des chinois veulent se marier chez nous. Que va-t-on faire ? », s'interroge-t-il. Sans compter la célèbre messe des motards, chaque été.
Mais la décision du tribunal n'arrêtera sûrement pas François Lusinchi, président de l'Association Paroisse Sainte-Rita qui, quelques heures avant son rendu, croyait encore en la possibilité de racheter la paroisse grâce à un large appel au don sur Internet. « Quelques personnes anonymes ont déjà envoyé des chèques de 500€ après avoir entendu parler de notre situation », s'étonne presque Mgr Dominique Philippe.
Si les dons ne suffisent pas, François Lusinchi assure qu'il fera appel à d'autres généreux donateurs : « Je me suis renseigné pour faire appel à la fondation de Bill Gates ou pour demander de l'aide au Qatar : ils ont racheté le PSG, ils peuvent bien racheter une église à 3 millions ». Pour ce paroissien qui parcourt 15 kilomètres chaque dimanche avec Venus, son caniche, pour assister à l'office, démolir Sainte-Rita et y établir un immeuble à la place reviendrait à « tuer toute l'âme du village qu'est la rue François-Bonvin », qui perdrait ainsi « son cachet ».
« Nous n'allons pas nous laisser faire et allons faire appel de la décision qui porte atteinte à notre liberté religieuse », a-t-il ensuite déclaré. Une manifestation de soutien qui rassemblera fidèles et animaux est prévue le 15 mars sur le parvis de l'Hôtel de ville.
• Camille Bordenet Journaliste au Monde
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Un meuble royal pour Versailles o Par Claire Bommelaer
La Fondation Edmond Safra a fait don au château de Versailles de cette commode en laque noire, bronze doré et marbre, ayant appartenu à Louis XV. Crédits photo : CHRISTIAN MILET/Château de Versailles La Fondation Safra a fait don au château d'une commode de Louis XV. Unique au monde, elle est estimée à 40 millions d'euros.
On n'imagine pas à quel point l'arrivée d'un meuble royal est une fête à Versailles. Il y a dix jours, il y avait foule pour assister à l'ouverture d'une lourde caisse venant d'Italie. À l'intérieur, une commode ayant appartenu à Louis XV, objet rare en marbre et en laque du Japon, estimée à plusieurs dizaines de millions d'euros. Un «meuble unique au monde», selon le conservateur en chef au château, Gérard Mabille.
La commode a fait son entrée à Versailles grâce à un don de la Fondation Edmond Safra. De fait, la direction du château n'aurait jamais pu l'acquérir avec ses propres deniers, alors qu'elle s'est lancée dans une lente politique de remeublement pour ses 1200 pièces. Le don, qualifié de «fabuleux» par Catherine Pégard, est donc une aubaine. À peine retiré de sa gangue de protection, le meuble a d'ailleurs été posé dans les appartements de Mesdames, au rez-de-chaussée. «Il permet de nourrir un peu plus le témoignage de la vie de cour à Versailles au XVIIIe siècle», explique Gérard Mabille.
Comme souvent pour les pièces de mobilier d'appartenance royale, la commode a une trajectoire mouvementée. C'est Antoine-Robert Gaudreaus, ébéniste du garde-meuble de la Couronne, qui la créa en 1744 pour la chambre de Louis XV au château de Choisy-le-Roi. Il utilisa, luxe suprême, des pans d'un ancien paravent en laque noir, lui-même cadeau du roi de Siam à Louis XIV. Cette curiosité, mélange de vernis noir, de bronze doré et de marbre fut ensuite transportée à Saint-Cloud. Elle y orna la chambre de Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, puis celle de Marie-Antoinette.
Dispersée lors des ventes révolutionnaires, la commode disparut ensuite pendant près de deux cents ans, avant de réapparaître en 1987 à Venise. C'est là que la Fondation Oswald et Josa Finney, du nom de riches Anglais d'Alexandrie, la vendit à Edmond J. Safra, un grand banquier.
28 FÉVRIER 2014
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«L'affaire de la commode»
Mais les époux Safra eurent toutes les peines du monde à faire sortir leur bien d'Italie - le pays l'ayant classé abusivement «Trésor national». Lily Safra, femme du monde, s'en ouvrit un jour à Jean-Jacques Aillagon, alors président de Versailles. Ce dernier se rendit jusqu'à l'Élysée pour plaider la cause de cette œuvre française stockée depuis trente ans dans un entrepôt près de Venise. Ironie de l'histoire: c'est Catherine Pégard, alors conseillère de Nicolas Sarkozy, qui l'aida sur «l'affaire de la commode», devenue une sorte d'enjeu diplomatique et culturel.
«Tous les gouvernements successifs ont été mobilisés sur cette histoire», affirme aujourd'hui la présidente de Versailles. Est-ce le fait que la fondation ait clamé haut et fort son intention de faire don du meuble au château, plutôt que de le vendre, si elle parvenait à le récupérer? En tout cas, l'Italie finit par céder, sous les huées des spécialistes italiens du patrimoine. Et le prestigieux objet a donc fini par revenir en France. Émue, Lily Safra affirma, en ouvrant la caisse, qu'elle n'avait pas vu sa commode depuis dix-huit ans.
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Le XVIIIe siècle retrouve son lustre au Louvre Fermées depuis 2005, les salles des objets d’arts du Musée du Louvre s’apprêtent à rouvrir en juin et offrir aux visiteurs salons reconstitués et « period rooms ».
PARIS -‐ C’est un nouveau parcours de près de 2 100 m2 et 35 salles que le Musée du Louvre s’apprête à rouvrir au public le 6 juin prochain, après la fermeture en 2005 des salles XVIIIe siècle du département des Objets d’arts. « Le projet est né de la nécessité de rénover des salles anciennes, qui ne répondaient plus aux normes de sécurité et dont la scénographie, astucieuse dans les années 1960, était dépassée », explique Jannic Durand, nouveau directeur du département des Objets d’arts du musée, après en avoir été directeur adjoint. « Le projet essaie de répondre au caractère double des collections : des chefs-‐d’œuvre somptuaires issus des collections royales et des collections d’amateurs du XIXe et XXe siècle. » L’ancienne muséographie était l’œuvre de Pierre Verlet, conservateur au musée de 1945 à 1972. Cette partie du département n’ayant pas bénéficié des travaux du Grand Louvre, le projet trouve donc ici son aboutissement après un chantier commencé fin 2011 et un budget de 26 millions d’euros provenant essentiellement des fonds du Louvre Atlanta (à hauteur de 6,5 millions d’euros) et du mécénat. Pour le financer, le musée a créé le Cercle Cressent rassemblant collectionneurs et amateurs d’art, sous l’égide de Maryvonne Pinault. Le circuit s’étend sur le premier étage de l’aile nord de la Cour carrée et se divise en trois grandes séquences chronologiques, de la fin du règne de Louis XIV au classicisme du style Louis XVI. « Il s’agit d’évoquer l’évolution du style et du goût, avec l’ambition de replacer des boiseries longtemps remisées dans les réserves », commente Jacques Garcia, décorateur en charge de la scénographie. Reconstitution de décors historiques La visite commence avec la restitution du Petit Salon de l’hôtel Le Bas de Montargis, constitué dans les toutes premières années du XVIIIe par un grand financier et vendu par l’État à la fin du XIXe. La totalité des lambris subsistants est ici restituée dans les proportions de la salle originelle : le trumeau de cheminée était resté dans les réserves du Louvre depuis 1898, date de la vente de l’édifice. Il a fallu restaurer l’existant et restituer les parties manquantes : parquets, corniches, plafonds, cheminées, meubles d’étoffe… L’artisanat d’art a été fortement sollicité sur le chantier. Trois pièces de l’hôtel de Villemaré (également nommé hôtel Dangé) sont ainsi restituées, dont un petit salon dont les accents bleus ont été redécouverts lors de la restauration. Une magnifique coupole peinte sur toile, exécutée en 1775 dans un pavillon du Palais Bourbon pour le Prince de Condé a été restaurée, après avoir été conservée en morceaux depuis 1846 : on y découvre un décor en trompe-‐l’œil figurant Vénus et sa suite, illustration parfaite des décors de « folies » caractéristique de la période. La réinstallation du décor de la chambre de parade du duc de Chevreuse qui ornait l’hôtel de Luynes a été rendue possible grâce à un mécénat de 3 millions d’euros de la Société des amis du Louvre, qui jusqu’alors, n’avait participé qu’à des acquisitions. Pour présenter les objets, pièces d’orfèvrerie, meubles et porcelaines, Jacques Garcia a conçu dans la salle du Triomphe de Marie de Médicis de grandes vitrines, choisissant une présentation monumentale d’œuvres d’exception.
28 FÉVRIER 2014
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Les period rooms reconstituées bénéficieront de prêts d’autres départements du musée, dont des panneaux peints de Jean-‐Baptiste Oudry, des portraits de la famille royale ou encore des vestiges déposés par le département des Antiquités grecques pour évoquer le goût de la fin du XVIIIe pour les antiques. Une galerie d’orfèvrerie présentera une table de 5 mètres de long dressée avec le service du roi Georges III d’Angleterre réalisée en argent par Robert-‐Joseph Auguste en 1778-‐1780 : en 2011 le musée a fait l’acquisition de deux terrines pour 3 millions d’euros afin de parfaire l’ensemble et offrir une médiation cohérente sur les usages de la table. Si le vaste projet a permis la restauration des pièces d’orfèvrerie, il reste encore des « dossiers » à ouvrir, notamment un grand chantier des collections dans les tapisseries, et des études de restauration à mener sur le mobilier de l’ébéniste Cressent, dont la marqueterie raffinée pose des problèmes techniques complexes. Francine Guillou Légende photo
Jean Henri Riesener, Secrétaire à cylindre, 1784, bâti de chêne et de sapin, placage de sycomore, d'amarante et de bois de rose, marqueterie de bois polychromes, bronze doré, Musée du Louvre, Paris. © Photo : RMN/Martine Beck-‐Coppola
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À Versailles, inauguration du salon de l’Abondance restauré Signature : Laura La Fata
Plafond du salon d’Abondance, peint par René-Antoine Houasse en 1683 (©Didier Saulnier et Christian Milet).
Lundi 10 mars, après plus d’une année de restauration, le château de Versailles a inauguré le salon de l’Abondance, l’une des six pièces du Grand Appartement du Roi.
Il doit son appellation au plafond, peint en trompe-l'oeil par René-Antoine Houasse à la fin du XVIIe siècle, qui représente les trois divinités de la Magnanimité, de la Magnificence et du Génie de l'art autour d'une corne d'abondance emplie de médailles, allégories de la puissance bienfaitrice et des richesses du monarque. Le salon, qui, à l'origine, formait l'antichambre du cabinet des Médailles de Louis XIV, pièce renfermant les objets les plus précieux des collections royales, a été restauré par une équipe de seize personnes, avec l'aide du Centre de recherche et de restauration des musées de France. L'intervention, dont un constat d'état en 2011 a révélé la nécessité, visait à remettre en état le décor peint du plafond, mais aussi les stucs dorés, les marbres et le parquet du salon. L'opération s'est accompagnée d'un travail de réaménagement, avec notamment douze petites sculptures en marbre et en bronze issues des collections de Louis XIV. La restauration d'une autre pièce, la salle du Grand Couvert du Roi est prévue pour 2015. Pour Catherine Pégard, présidente de l'Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, il s'agit d'« un fil qui se déroule désormais, de salon en salon, où les conservateurs du château de Versailles, relèvent le défi de faire revivre la vie de cour à travers restaurations et remeublement ».
12 MARS 2014
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Le Musée de la marine n'en finit pas de balloter La Rochelle | Par Frédéric Zabalza (La Rochelle, correspondant)
C'est, depuis plus d'une décennie, le sujet polémique préféré de l'opposition rochelaise. Les divisions au sein de la majorité, de plus en plus affirmées à l'approche des élections municipales, lui ont chipé ce monopole.
Mais le réaménagement du Musée maritime de La Rochelle, l'un des derniers grands chantiers mené par le maire socialiste Maxime Bono, qui cédera son siège après trois mandats, continue de faire des vagues.
UN ÉCRIN QUI METTRAIT EN VALEUR LA FLOTTE PATRIMONIALE
De l'avis de tous, le passé maritime de la ville mérite pourtant un écrin qui mettrait en valeur la flotte patrimoniale réunissant le Manuel-Joël, dernier chalutier en bois rochelais, le remorqueur Saint-Gilles, ou encore le ketch légendaire de Bernard Moitessier, Joshua, autour de la grande frégate météorologique France 1, fleuron qui domine le bassin des Chalutiers, en face de l'Aquarium de La Rochelle.
Pour l'instant, le Musée maritime créé en 1988 se résume aux bateaux, sans espace à terre. L'ancienne halle à marée construite en 1956, où les chalutiers venaient dans le temps décharger leur pêche, a donc été choisie pour abriter un espace de plus de 10 000 m2. En 2003, la muséographie a été confiée à Emmanuel de Fontainieu, directeur du Centre international de la mer, au scénographe Philippe Délis et à l'architecte Eric Cordier.
Le fruit de leur réflexion avait de l'allure et de l'ambition, trop au goût de la droite locale, qui y voyait « un projet pharaonique », estimé à plus de 14 millions d'euros. La suite ne lui a pas donné tort : plombé par des difficultés financières, Philippe Délis a quitté la galère en cours de route et la mairie a dû réduire la voilure, allant même jusqu'à reprendre une partie de la halle à marée pour y créer… des studios de cinéma et de télévision.
5 MARS 2014
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UN NOUVEAU CHANTIER DE 9,5 MILLIONS D'EUROS
En 2010, l'architecte Patrick Bouchain, avec Patrick Schnepp, directeur du musée depuis sa création, reprend le projet. Celui-ci prévoit désormais de nouveaux espaces à terre dans la halle à marée et autour du slipway, la grande rampe qui servait à hisser les navires, classé aux Monuments historiques. Un site qui accueillera le centre d'interprétation chargé de raconter l'histoire maritime rochelaise.
Un nouveau chantier de 9,5 millions d'euros est lancé, dont les premiers éléments ont pris forme en février, telle que la Galerie des pavillons, sept cabanes surmontées de grands spis colorés, que les élus eux-mêmes comparent souvent à des « chips ».
Pour autant, la houle a repris de plus belle au sein du conseil municipal, où l'opposition continue de tirer à boulets rouges sur ce projet, dont elle dénonce « le coût exorbitant » et la démesure, à l'image du sémaphore de 32 mètres qui surplombera l'ensemble.
DÉPENSES SUPPLÉMENTAIRES ENGAGÉES DANS CE PROJET
En décembre 2013, elle a trouvé un allié des plus inattendus, en la personne de Jean-François Fountaine, qui brigue la succession de M. Bono à la mairie.
Exclu du Parti socialiste pour ne pas avoir respecté le résultat des primaires désignant Anne-Laure Jaumouillié comme candidate officielle du PS, celui qui avait fait campagne contre Ségolène Royal lors des législatives de 2012 a critiqué les dépenses supplémentaires engagées dans ce projet.
Ce qui n'a pas manqué d'entraîner une riposte du maire, Maxime Bono, entre stupéfaction et rire jaune : « Vous voulez peut-être que je vous rafraîchisse la mémoire ? » Une référence à la première version avortée du projet, dessinée par Emmanuel de Fontainieu, un proche de Jean-François Fountaine et qui figure d'ailleurs sur sa liste. « Jamais il n'a ouvert la bouche sur le sujet. Il se réveille à trois mois des élections », relève Dominique Morvant, candidate de l'UMP aux municipales.
Maxime Bono, lui, veut croire que son successeur mènera le chantier à son terme, tel qu'il a été déterminé par l'équipe municipale.
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L’UNESCO dit « oui aux voyages, non au trafic » des biens culturels PARIS [10.03.14] – L’UNESCO lance sa première campagne de sensibilisation au trafic illicite des biens culturels dans le tourisme, en partenariat avec l’Organisation Mondiale du Tourisme (UNWTO) et le Bureau International de lutte contre les drogues et le crime (UNODC).
C’est lors du Salon Mondial du tourisme de Berlin (ITB Berlin), que l’UNESCO a annoncé le lancement de sa campagne visant à prévenir des dommages causés au patrimoine lors de séjours touristiques. Cette initiative tend à endiguer un trafic illicite estimé à 7 milliards de dollars par an. D’envergure internationale, la campagne, lancée par l’UNESCO, l’Organisation Mondiale du Tourisme et le Bureau International de lutte contre les drogues et le crime, s’appuie sur différents réseaux afin de diffuser prospectus ou vidéo clips. Les hôtels Mariott ont d’ores et déjà annoncé leur participation. La société Sabre Holdings (Lastminute.com) a également fait part de son soutien pour communiquer les supports utilisés pour la campagne. Les vidéo-‐clips seront par ailleurs diffusés dans les aéroports. La sensibilisation doit permettre un effet direct pour un tourisme plus responsable mais également un effet indirect sur le marché illicite des biens culturels en donnant plus de visibilité au phénomène. LeJournaldesArts.fr
Irina Bokova, Directrice générale de l'UNESCO -‐ © Photo Rama -‐ 2012 -‐ Licence CC BY-‐SA 2.0
10 MARS 2014
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A Paris, l'appétit foncier de la Fondation Cartier a du mal à passer Par Jean-Jacques Larrochelle
La question du maintien de la Fondation Cartier dans ses murs du boulevard Raspail nourrit, depuis quelques mois, la chronique électorale dans le 14e arrondissement de Paris. L'institution culturelle privée, qui organise expositions et événements dans son palais de verre, voudrait s'étendre sur une partie du site de l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul mitoyen, mais se heurte aux desiderata de la Mairie de Paris.
La parcelle en question permettrait à la Fondation d'installer une nouvelle salle d'exposition, un café, une boutique, un espace d'accueil et un parking. Et d'accroître la superficie de son Theatrum botanicum, imaginé par l'artiste autrichien Lothar Baumgarten : un jardin sauvage, « sans mauvaises herbes », dit son jardinier.
La Ville, qui négocie l'acquisition de l'emprise totale de 3,4 hectares avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), actuelle propriétaire des lieux, imposerait que puisse être traversé l'espace extérieur de 6 000 m2 que la Fondation souhaite investir.
LIEUX D'EXPOSITION D'ART CONTEMPORAIN LES PLUS PRISÉS DE LA CAPITALE
Devenue une sorte d'enclave infranchissable, l'extension empêcherait la création d'une liaison traversante entre le boulevard Denfert-Rochereau et la rue Boissonade, telle que prévue dans la révision du plan local d'urbanisme (PLU). « Cette fameuse parcelle, si elle était totalement privatisée, poserait un problème de circulation pour les futurs habitants du périmètre, reconnaît-on à la Mairie de Paris. Mais rien n'est encore tranché. »
6 MARS 2014
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La Fondation Cartier compte parmi les lieux d'exposition d'art contemporain les plus prisés de la capitale. Loin des 14 hectares du domaine du Montcel à Jouy-en-Josas (Yvelines) qu'elle occupait jusqu'en 1993, elle ne cache pas se sentir à l'étroit dans ses 5 000 m2 du boulevard Raspail.
Déjà, en 2011, son départ vers l'île Seguin, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) avait été évoqué. Sans suite. Le projet d'installation d'un pôle des arts plastiques et visuels, le R4, sur le site des anciennes usines Renault rend désormais caduque cette hypothèse.
Le 6 février au soir, dans les locaux de l'Ecole spéciale d'architecture (ESA), sise face à la Fondation, trois des principales candidates à l'élection dans le 14e arrondissement, Célia Blauel (EE-LV), Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP-MoDem-UDI) et Carine Petit (PS), ont répondu à l'invitation lancée par l'Association du quartier Saint-Vincent-de-Paul (AQSVP14). Les réunions publiques étant interdites en période de campagne électorale, étaient seulement présents ses 200 adhérents.
« ACCORDER À CARTIER LES 6 000 M2 QU'ELLE RÉCLAME »
Créée en juin 2013, l'AQSVP14 veut être impliquée dans la concertation avant la transformation de l'ancien hôpital où des projets d'écoquartier sont notamment dans les cartons. Outre la perspective, pour ne pas dire le spectre, de logements sociaux jusqu'à présent quasi inexistants dans cette partie du 14e, le sort de la Fondation Cartier, a, bien évidemment, alimenté une bonne part des débats avec les candidates.
Si Célia Blauel a reconnu, a minima, que la fondation « sera dans la boucle » de son projet d'aménagement de Saint-Vincent-de-Paul, Nathalie Kosciusko-Morizet et surtout Carine Petit sont allées beaucoup plus loin. La première a indiqué qu'elle prévoyait « d'accorder à Cartier les 6 000 m2 qu'elle réclame », et est allée jusqu'à imaginer « des passerelles » qui permettraient de franchir, sans les fouler, les espaces privés du joaillier…
Après avoir clamé qu'elle était, « une fan de la Fondation », la candidate socialiste s'est, quant à elle, engagée « solennellement sur son maintien et son développement sur son site actuel ». Et répondra « à toutes ses exigences, jusqu'à une certaine limite tenable », mais n'en dira pas d'avantage.
Pour le vice-président de l'AQSVP14, François Schlumberger, « la fondation est localement un plus, au plan culturel, esthétique, mais aussi au niveau de la vie, tout simplement ». Sans parler « des visiteurs venus du monde entier qui donnent à notre quartier un petit air de vacances. »
« DONNER UN ACCÈS PUBLIC AUX ESPACES EXTÉRIEURS »
Très au fait de la vie locale de cette partie plutôt privilégiée du centre de Paris à un jet de pierre des grands cafés de Montparnasse, l'AQSVP14 craint que la Fondation ne quitte son siège du boulevard Raspail en cas de désaccord.
Dès le mois d'octobre 2013, elle s'inquiétait lorsque, dans une réunion ouverte, le maire (PS) du 14e, Pascal Cherki et son premier adjoint, chargé de l'urbanisme, Jean-Paul Millet, évoquaient en termes prudents le projet d'extension de la Fondation : salué officiellement par la Mairie, et certes « en cours d'élaboration par l'architecte Jean Nouvel , mais selon des modalités et à des conditions qui encore en débat ».
Le mois de décembre suivant, la crainte de l'association s'est transformée en inquiétude, sinon en frayeur. Selon elle, la Fondation Cartier envisagerait de quitter les rives du boulevard Raspail, faute de pouvoir s'étendre dans des conditions convenables. La Mairie de Paris voudrait lui imposer, dit-elle, « des exigences difficiles à accepter par un propriétaire privé ».
Soit « donner un accès public aux espaces extérieurs, et financer par le prix d'achat du terrain, des milliers de mètres carrés de logements sociaux en sus des surfaces ». Pour l'instant, la Fondation refuse de communiquer sur le sujet.
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Château de Flers, Mont-Saint-Michel, château fort de Malbrouck... Sous la bannière indignée
du "paysage en péril", les antiéoliens montent au créneau sans imaginer un instant
que les machines à vent font elles aussi partie du patrimoine de l'humanité !
Enquête sur des activistes qui ne voient pas plus lom que le bout de leur jardin. PAR C A R O L E RAP
• L'été dernier, le château de Mal-brouck, monument historique duXV siecle appartenant au departe-ment de la Moselle s'm-vite au 13 h de TFT Eluslocaux et habitants s'alar-ment du démarrage d'unchantier de constructionde sept éoliennes à i kmdc la maîs en Allemagne,]uste de l'autre côte de la frontièreNon seulement les turbines vont
de pierre maîs elles seront éga-lement visibles par les visiteursdepuis le château lui-même Le
pres iden t du Consei lLes éoliennes géneral, Patrick Weiten,
Causent s'empare de l'affaire IIlin trouble manifeste son desaccordanormal de auprès du développeurVoisinage. allemand VSE ainsi qu'au
pres dei elus du Land dela Sarre Sans resultat II déposealors plainte auprès de la Commis-
être en covisibilite dvec les tours sion europeenne dans l'espnjr que
Chateau celle cl saisisse la Cour de justice dedc Malbrouck l'Union europeenneduXVsiede Quelques semaines plus tard aen Moselle l'autre bout de la France, c'est la
decision du tribunal de grandeinstance de Montpellier qui faitcouler beau coup d'encre Le 17 sep-tembre 2013, le TGI condamne laCompagnie du Vent « a démonteret à enlever dans un délai de quatremois » dix eoliennes a proximite deMonchel-bur-Canche dans le Pas-de-Calais, construites en 2006
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et 2007 dont certaines 3 3 3 kmd une propriete privee le chateaude Flers Ce jugement fonde surla « violation du droit de proprietecontraire a I article 544 du codecivil » précise que les eol iennes« sont directement la cause des nuisances d ordre esthétique auditif etvisuel les plus importantes subies parles epoux Wallecan proprietaires duchateau de Flers et leur causent untrouble anormal de voisinage » Lafiliale du groupe GDF Suez eslegalement condamnée a verser a titrede dommages ct intérêts la sommede 37 500 euros aux demandeursun couple qui a acquis en 1993 cechateau du XVII e siecle et dont ilcomptait faire « une residence hôtehère de luxe »Le ii novembre I Agence FrancePresse s appuie en partie sur cesdeux exemples pour lancer unedépêche commençant par « Unebataille sans précèdent pour la protection des paysages menaces parI avancée des parcs eoliens a lieu atravers la France des monuments etsites classes premiere destinationtouristique mondiale » L art iclecite également Richard Vamopoulos president de Tourcom deuxieme reseau français d'agencesdc vo)ages En tant que membredu collectif Pulse ( Pour un l i ttoral sans eolienne ) il exprimeson inquiétude de voir le tourismebaisser a cause d un projet offshoreau large des plages du Débarquement en Normandie II fait egalemen! allusion a « des etudes d impact selon lesquelles le nombre devisiteurs étrangers pourrait baisser dejo % a 50 % dans des sites abîmes »Le 12 novembre les propos de ladirectrice generale de I Unescosont repris en boucle par de nombreux medias enligne La dépêcheAFP a I origine de cette in formation affiche dcs les premiereslignes « L Unesco souhaite qu unequilibre soit trouve entre le devc
loppement des parcs eoliens et la protection du patrimoine » Au paragraphe suivant I AFP rappelle que« I Unesco voyant menace le MontSaint Michel a récemment exigeI etablissement d une zone d excluiion de 20 km autour de ce site classe
Les spcc allâtes du
pacage avancent
I idée qu il ne s agit
pasd un problème
esthetique maîs
à un problème
à acceptabilité de
la modification au
paysage en fonction
del Ht lite de sa
destination de sa
valeur soc ale
au patrimoine mondial depeihantmême sur place une mission ce quia i onstitue une premiere »
J U G E E I R R E C E V A B L E PAR LA
COMMISSION E U R O P E E N N E
Mont Saint Michel plages duD é b a r q u e m e n t c h a t e a u duXV siecle classe monument his
torique autant de lieux svmboliques qui frappent les espritsUne condamnation a demolir deseoliennes la aussi le symbole estfort De même que le risque devoir le tourisme chuter de 50 %Maîs qu en est il dans les faits 'Début novembre la plaintedéposée par le conseil general
UN DÉBAT SUBJECTIFLa defense du paysage > « C est un debat complètement subjectif II nyfl rten de scientifique a opposer Sauf a faire prendre conscience quûvaune utilite a installer des eolienne* », estime Manon Lellry du SER «Lepaysage est une vraie question Des machines hautes qu on voit de loince doit etre un projet de territoire » reconnaît Sonia Lioret de FEE Lesmembres de FEE ont ainsi élabore en 2013 une charte ethique danslaquelle figurent des « engagements de qualite paysagère » qui visent a« developper des projets intégrant les dimensions paysagères et architecturalesdu patrimoine en prenant notamment en compte les sites emblématiques »Ainsi que des engagements de concertation « avec I ensemble des acteurslocaux concernes par [nos] projet!, » « Des élus utilisent les projets eoliensde façon touristique la communaute de communes du pays de Saint-Seine en Bourgogne a réalise un logo avec une eolienne et un parcours derandonnées a pied ou a vélo au sein du parc eolien » relate Sonia LioretLes professionnels rappellent le sondage Ipsos réalise en France fin 2012pour le SER, selon lequel 83 % des personnes interrogées disent avoir« une bonne image » de I energie eolienne De plus, 68 % « accepteraient] installation d'eohennes dans leur commune » et 45 % I accepteraientmême « dans le champ de vision de leur domicile (a environ 500 m) » Maîspour Richard Vamopoulos president de Tourcom « tant que les gens neles ont pas vues, us ne se rendent pas compte »
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de Moselle au sujet du château deMalbrouck est jugée irrecevable parla Commission européenne. Selonle président du département cetteplainte s'appuyait en particulier surle fait que « le droit français imposedes règles à la fois pour la protectiondes édifices classes et pour la protec-tionfaunistique etfloristique dans unezone Natura 2000 ». Des élémentsnon retenus par la Commission, quin'a donc pas saisi la Courde justice européenne. Finjanvier, deux éoliennessurplombent déjà le châ-teau. Les visiteurs en sont-ils mécontents ? Fermédepuis mi-décembre, l'édifice nerouvre que mi-avril. « On n'aura plusla même perception de cet édifice histo-rique et culturel. Est-ce que cela aurades conséquences sur la fréquentationtouristique ? Je vous dirai ça l'annéeprochaine mais c'est mon sentiment.Ou alors les gens viendront beaucoupplus pour voir comment on sait mal-traiter un monument », lâche PatrickWeiten.À Flers, dans le Pas-de-Calais, leséoliennes incriminées ne sont pasencore près d'être démolies. LaCompagnie du Vent a fait appel etce dernier est suspensif. La nou-velle décision pourrait tomber « aumieux fin 2014 et plus normalement en2015 », selon Me Gilles Gassenbach,avocat de l'entreprise montpellié-
raine. D'autre part, une transactionfinancière reste toujours possible,à l'image de celle que la Compa-gnie du Vent avait conclue avec unriverain des éoliennes de Néviandans l'Aude, après que le même TGIde Montpellier l'eut condamnée àdémolir 4 turbines sur 21. En atten-dant, Me Philippe Bodereau, avocatdu couple Wallecan, se félicite dela décision. « Le TGI m'a suivi sur le
problème essentiel, la déna-« J'achète turation du paysage. J'achète
Un paysage un paysage et on le dénature.et OH le Parce qu'au nom de l'écologie
dénature. » on a le droit défaire tout ceque l'on veut ? Mais quelle
écologie ? Celle de la finance ? », s'en-flamme-t-il. Face à lui, Me Gassen-bach affûte ses arguments. Sur laforme, il entend remettre en causela compétence du TGI pour la démo-lition, décision qu'il estime releverdu tribunal administratif. S'il étaitsuivi en ce sens, aucun recours neserait possible puisque ceux-ci sontlimites à deux mois après l'obtentiondu permis dc construire. Sur le fond,l'avocat martèle que « le juge judi-ciaire n'a pas à donner son avis sur lecaractère esthétique ou non d'un parcéolien dans un paysage. C'est de l'excèsde pouvoir. » II réfute également lepréjudice auditif, « aucune mesureacoustique n'a été réalisée » ; ainsi quele préjudice lié au flash lumineux :« Dans le dossier aucun élément ne dit
que cela porte atteinte à la santé. » Lacour d'appel tranchera.Concernant les plages du Débar-quement et les « études d'impact »sur la chute du tourisme, RichardVainopoulos se montre moins caté-gorique que dans les propos reprispar l'AFP le u novembre. « No», il nes'agit pas d'études mais de discussionsavec mes correspondants. Tourcom estreprésenté dans So pays. » Ses agentsde voyage ont constaté une baisse dutourisme dans le Maçonnais maisil n'a « pas de chiffrage ». Et s'il a lesentiment que « la plage d'OmahaBeach va certainement perdre dumonde » à cause du projet offshorede Courseulles-sur-Mer (Calvados),c'est suite aux « contacts de [leurs]agents avec fleurs] clients locaux,canadiens, américains, qui viennentchaque année pour les commémora-tions sur les plages ». ll a donc pré-féré « réagir avant », en rejoignantIc collectif Pulse et en « participantfinancièrement », via son groupe, auxfrais d'avocat.
L U N E S C O V E U T U N " É Q U I L I B R E "Coïncidence troublante en termesde calendrier, la directrice généralede l'Unesco est interrogée par desjournalistes sur l'éolien le lendemainmême de la dépêche AFP : "Unebataille sans précédent pour la pro-tection des paysages, menacés parl'avancée des parcs éoliens". L'évé-
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nement du 12 novembre n'a pour-tant pas de lien direct avec ce sujetII s'agit d'une conférence de presse àl'issue de la réélection d'Irma Bokovaà la tête de F Unesco pour un nouveaumandat Maîs les medias profitent del'occasion pour rappeler la positionde l'Unesco au sujet du Mont-Samt-Michel Et pour questionner IrinaBokova sur ce thème Elle déclarealors • « Nous savons tres bien qu'il y abeaucoup dépressions surlepatrimoine[ .} On parle d'énergie renouvelablecomment équilibrer ces deux défis ? »Elle évoque également un « debat tresvif au sein du Comite du patrimoinemondial » de l'agence onusienne surl'impact des eoliennes A partir deces citations, des journaux vont titrer"Eoliennes et patrimoine l'Unescoveut 'un equilibre'" « Le Mont-SaintMichel fait l'objet d'une action très fortedes opposants pour grossir le trait, alorsque sur une vingtaine de projets, unpermis de construire obtenu en 2007pour seulement trois eoliennes a 22 kmdu site a finalement ete retire par leprefet en 2012 Et un permis pour quatreeoliennes a 26 km a été annule par letribunal administratif de Rennes enaoût 201} », relativise Marion Lettry,déléguée generale adjointe du Syndi-cat des energies renouvelables
UNE ÉMOTION NON FEINTE
II n'empêche Ces cas particulierssuscitent l'émotion Une émotionnon feinte pour les personnesdirectement concernées. Maîs cesexemples reflètent-ils une montee en
puissance des contestations fondéessur la defense des paysages fran-çais 3 Ou n'en sont-ils qu'un « miroirdéformant », comme le pense SoniaLioret, déléguée generale de FranceEnergie Eolienne, pour qui les mou-vements antiéohens seraient seule-ment « le fait d'une minorité [ ], bienorganisée », avec « un vrai pouvoir carune vraie exposition mediatique » 5
Seule certitude, le taux de recoursest eleve en aon, 42 % des permisde construire de parcs eoliens et desdecisions de creation deZones de developpementde l'eohen (les ZOE étaientencore en vigueur) étaientcontestés devant le tribunaladministratif Maîs en l'ab-sence d analyse typologiquede ces recours, difficile dedire quels sont les motifsjuridiques les plus utili-sés par les antiéohens « Je ne pensepas qu'il y ait une prédominance desfondements lies au paysage Les oppo-sants utilisent tous les arguments pourattaquer un projet », estime ManonLettry « Même si l'argument principalest celui de l'atteinte au paysage, ce n'estpas celui qui fait forcement moucheau tribunal car il est encore tres peuadmis en jurisprudence Le paysageest une notion trop vague », expliqueMe Tom Schneider, avocat au barreaude MontpellierEn effet, quand un paysage ou unedifice n'est pas protege par la loi(celle de 1913 relative aux monu-ments historiques et celle de 1930
« On paiedes avocats.
PlUSJBlirSSont devetlUSdes ViftUOSeS
dans leCombat
intégrée dans le code de l'environ-nement prévoient chacune deuxniveaux de protection selon que lessites sont inscrits ou classes), « ontombe dans des généralités, il n'y a pasde disposition particulière », confirmeAlexandre Gady, président de laSociete pour la protection des pay-sages et de l'esthétique de la France(SPPEF) C'est pourquoi cette assodation, active contre l'eohen depuis2001, intente des proces lorsque lesturbines concernent des sites protè-
ges Maîs dans le cas dessites inscrits, niveau pourlequel l'architecte des Bâti-ments de France émet unavis "simple", donc noncontraignant, AlexandreGady estime la tâche « tresdifficile » « Cela demandeune très forte mobilisation,de l'argent, un tres grand pro-
fessionnalisme , ce n'est pas un combatqu'on gagne sur le terrain judiciaireII faut discuter avec les gens, faire toutun travail de sensibilisation » Et sefédérer La SPPEF fait ainsi partiedu groupe informel GS Patrimoine,qui réunit des associations commeVieilles Maisons Françaises ou Rem-parts « On est tous contre l'eohen, ontravaille en tir groupé On joue aussiavec les deux fédérations [Vent deColere et Federation EnvironnementDurable, NDLR] et les associations decitoyens qui se créent au niveau localOn paie des avocats Plusieurs sontdevenus des virtuoses dans le combatantieolien » •
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La vallée du Goyen (Finistère) menacée par les éoliennes ? Les riverains de la vallée du Goyen, les propriétaires du moulin Kerguerhent en tête, multiplient les démarches pour protéger leur vallée du projet d’implantation de trois éoliennes industrielles à Pouldergat. Une pétition est en ligne « Non aux 3 éoliennes industrielles dans la vallée du Goyen » et une enquête publique environnementale est en cours (jusqu’au 20 mars) pour la modification du PLU.
Le Moulin de Kerguerhent
Bâtisse du début du 18ème siècle enceint d’une rivière et d’un bief, le Moulin Kerguerhent a porté des générations de meuniers de 1702 à 1970. Situé au cœur de la vallée verdoyante du Goyen (Finistère), à la lisière des trois Pays de Douarnenez, du Pays bigouden et du Cap Sizun, le Moulin Kerguerhent est composé de quatre bâtisses dont la grange, restaurée de manière traditionnelle et écologique en matériaux naturels, s’est muée en gîte d’étape et de séjours en 2005 labellisé « Rando-‐Accueil » et « Pêche en Finistère » . En 2007, les propriétaires sont lauréats du challenge « Environnement durable » mis en place par la région Bretagne.
Ce « petit havre de paix » est très prisé des randonneurs du GR 34 sentier côtier et du GR 34G traversant la vallée par le Moulin : le « Cap sur la pointe du Raz » et le « Tour du Cap », créées en collaboration avec la FFRP (Fédération Française de Randonnée Pédestre), les acteurs du tourisme et les hébergeurs de la région. Chaque
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année, le moulin ouvre ses portes à tous les visiteurs lors des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins, qui auront lieu cette année les 14 et 15 juin 2014 (Toutes les informations sur les Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins ici).
Un projet menaçant
Depuis 2012, un projet d’implantation de trois éoliennes industrielles de 99,5 mètres de haut (au bout des pâles) par la Compagnie du Vent préoccupe les propriétaires du Moulin Kerguerhent ainsi que les riverains. Prévues à seulement 520 mètres du Moulin, au lieu-‐dit Kerourien, tous craignent des pollutions visuelles et sonores nuisant au calme caractéristique du site : « Nous craignons que l’activité de développement d’un tourisme responsable dans lequel nous sommes engagés depuis 2005 ne subisse les conséquences estimées par nous et nos voisins préjudiciables, de l’implantation de ces engins. » s’inquiètent Armelle et Wilfrid Garrec, propriétaires du moulin.
Les Voisins de la vallée du Goyen : « préserver le bien commun, la nature et le patrimoine, la qualité de vie dans cette vallée, pour nous et les générations à venir »
Les voisins de Kerourien ont créé le collectif des « Voisins de la vallée du Goyen » pour informer la population. Le collectif a déposé un recours gracieux auprès de la préfecture en 2012 pour obtenir le retrait du permis de construire déposé en 2010. Le recours est refusé en juin 2012 mais le dossier est présenté devant le tribunal administratif de Rennes : l’objectif est désormais d’annuler le permis de construire en date du 31 janvier 2012. Par ailleurs, le collectif appelle à participer à l’ « enquête publique environnementale de la modification numéro 1 du PLU » en mairie de Pouldegart du 17 février au 20 mars 2014.
Afin de sensibiliser et de mobiliser les habitants contre ce projet, le collectif a également mis en ligne une pétition qui a déjà recueilli environ 500 signatures : « Non aux 3 éoliennes dans la vallée du Goyen ».
En savoir plus :
• Signez la pétition « Non aux 3 éoliennes industrielles dans la vallée du Goyen » • Consultez le site du Moulin Kerguerhent • Participez à l’enquête publique environnementale de la modification numéro 1 du PLU en envoyant
vos commentaires et signature à : [email protected] en précisant : » enquête publique environnementale de la modification numéro 1 du PLU «
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Puisieux-et-Clanlieu (02) : 170 personnes rassemblées au château contre les éoliennes Près de 200 personnes ont répondu à l'appel de l'association Thiérache à contre-‐vent qui lutte contre les compagnies éoliennes et les nuisances causées par les aérogénérateurs.
Par Gontran Giraudeau
© France 3 Picardie / Benoît Henrion
L'Aisne compte près de cent éoliennes sur un total d'environ 500 en Picardie. Voir la vidéo
170 personnes à Puisieux-‐et-‐Clanlieu contre les éoliennes Intervenants : Valérie Bernardeau, propriétaire du château de Puisieux-‐et-‐Clanlieu ; Bernard Datin, client ; Bertrand De Miramon, délégué Picardie Fédération Environnement Durable / reportage : Thibaut Rysman, Benoît Henrion et Sébastien Le Fur
8 MARS 2014
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Dans les entrailles du musée virtuel de Google Art en 3D, œuvres en gigapixel exposées… Avec son « Lab » de 340 m 2 installé dans son hôtel particulier, au cœur de Paris, Google entend innover. Beaucoup de musées ont accepté de collaborer. Mais cet instrument de lobbying suscite aussi l’inquiétude du Louvre à la rue de Valois.
L’inauguration du « Lab » de l’Institut culturel de Google s’est tenue le 10 décembre 2013 à Paris, en l’absence d’Aurélie Filippetti -‐ SIPA
Comme un air de Mountain View. Passée la cour pavée de l’hôtel particulier de Google, rue de Londres, à Paris, l’Institut culturel de Google propose une batterie de « mugs » à l’effigie du groupe, des fruits et des sodas. Une tonalité américaine vite dissipée par les panneaux lambrissés du « lobby », où défilent en boucle sur des écrans incrustés des sculptures de Canova et des estampes de Hokusai. Vocation officielle du lieu : accélérer la numérisation des contenus culturels, avec l’assentiment des partenaires, et proposer un nouveau rapport aux œuvres, via l’écran. Entre les lignes, une deuxième fonction se dessine : se légitimer auprès d’un secteur culturel souvent hostile à Google. « Nous avons choisi Paris. Un carrefour culturel où nous recevons nos partenaires du monde entier. Une dizaine par semaine » , s’enthousiasme Laurent Gaveau, directeur de l’Institut culturel de Google. Conservateurs, directeurs de musées, responsables Web, étudiants triés sur le volet : le « Lab », comme on l’appelle ici, est un pôle de connexion. Fermé au public. « Nous sommes un espace de R&D. Nos 25 ingénieurs rencontrent les acteurs de la culture. Nous voulons développer une nouvelle expérience d’immersion dans la culture », argumente Laurent Gaveau. Démonstration autour de 48 écrans disposés au mur d’une grande pièce obscurcie. « La Moisson » de Bruegel l’Ancien (1565), tableau exposé au Metropolitan Museum of Art de New York, est ici reproduit en ultra-haute définition. « Nous l’avons photographié au musée la nuit, pour éviter toute vibration, à l’aide d’une caméra maison », précise Laurent Gaveau. La résolution dépasse le milliard de pixels (gigapixel). Avec un tel zoom, un détail de 2 cm2 occupe l’intégralité des 65 m2 du mur digital ! « On affiche en plein écran des moines se baignant dans le ruisseau, une partie de toile imperceptible à l’œil nu », commente Laurent Gaveau. Plus facile que transporter sa loupe de poche au Met… La touche picturale, les carnations, la minutie de la composition se dévoilent. Voilà pour la culture « patrimoniale ». Google ne s’en contente pas. A l’étage du « Lab », un atelier de création. Un buste en résine, façon figurine de « Star Wars », sort de la planche d’impression en 3D. A côté, un laser affine la découpe. Deux outils qui donnent le ton de « l’art digital » que la firme promeut. « Les nouvelles technologies sont un moyen et une matière. On peut concilier art et téléphonie mobile, créer avec l’écran », résume Laurent Gaveau, qui s’apprête à recevoir ses six premiers « artistes en résidence ». Critère de cette première promotion : être né après… 1989.
Le cadre feutré et intimiste du « Lab » est la tête de pont du « Google Art Project » , né en 2011. Un an plus tôt, en septembre 2010, après une réunion à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy, Eric Schmidt, le patron de Google, s’était engagé à créer un « Institut culturel européen » à Paris. Un geste aux allures de concession face aux accusations – déjà – de dumping fiscal de Google… Depuis, près de 400 établissements culturels, dont 93 musées internationaux, ont dit oui. Du Art Institute de Chicago à l’Israel Museum de Jérusalem, en passant par le musée du quai Branly. Le principe : Google Art Project propose une visite virtuelle des musées partenaires, grâce à sa technologie « Street view » – un brin saccadée au moment de la navigation… Google offre un accès gratuit et instantané à 57.000 œuvres en haute résolution, la plupart des clichés étant fournis par les établissements eux-mêmes.4' MARS44''4
4 MARS 2014
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Compléter et enrichir les visites
Le « plus » de Google ? Pour chaque musée, la firme photographie gracieusement une œuvre phare en gigapixel. Surtout, Google offre la puissance de son réseau, plus d’un milliard et demi d’utilisateurs dans le monde. « Depuis que nous avons rejoint le Google Art Project, en mai 2013, nous avons doublé notre trafic, avec 12.000 visiteurs par mois. Les internautes passent, en moyenne, 3 minutes sur notre site, contre 8 minutes sur le site de Google… » , nuance Hélène Fogel, chef de projet Web au musée d’art moderne du Havre. L’ambiguïté est là. Sur son site « Cultural Institute » – l’adresse URL du site français de Google est écrite en anglais – il faut glisser vers l’onglet du bas pour se voir proposer de rejoindre le site Internet du musée. La comparaison est peu flatteuse. Google est bien plus avancé que ses contributeurs dans la scénographie… « Le Cirque » de Georges Seurat (1890) apparaît en gigapixel sur le site Google. On zoome à loisir sur l’écuyère dressée sur sa monture. Ce qu’on ne parvient plus à faire sur le site Internet du musée d’Orsay, qui abrite pourtant l’œuvre du peintre néo-impressionniste…
Le virtuel risque-t-il de cannibaliser le réel ? Le château de Versailles, première institution à rejoindre Google, en 2009 récuse l’attaque. « Notre site a accueilli 8,5 millions d’internautes en 2012. Cela n’a pas empêché 7,5 millions de visiteurs de faire le déplacement », soutient Catherine Pégard, directrice de l’établissement. « Google Art Project ne remplace pas l’émotion devant une œuvre physique. Il complète, prépare, enrichit la visite », plaide Laurent Gaveau. Un point de vue partagé par de nombreux établissements culturels français partenaires, passées en un an de 6 à 20… Qu’ils soient privés ou publics, Google valorise ses interlocuteurs. « La tour Eiffel nous a demandé de faire évoluer nos visites virtuelles, en accordant plus de place à l’image, moins au texte. Nous construisons les parcours ensemble. Mais nous ne sommes pas conservateurs. Les musées ont la responsabilité du contenu éditorial » , détaille Laurent Gaveau. Dans le contrat, c’est l’institution mère qui pose ses conditions. « Aucune exclusivité n’est donnée à Google. Si demain nous voulons organiser une visite virtuelle avec Amazon ou Yahoo, rien ne nous en empêche », soutenait fin janvier dans le « Journal des Arts » Alain Lombard, administrateur du musée d’Orsay.
Le ministère de la Culture se montre beaucoup plus circonspect. L’absence d’Aurélie Filippetti lors de l’ inauguration du « Lab » , le 10 décembre 2013, est dans toutes les mémoires. « La ministre ne voulait pas servir de caution. Google souhaitait qu’elle fasse son discours en soirée. Dans les journaux télévisés de 20 heures, on aurait vu la ministre déambulant dans les allées, sans entendre ses propos… », précise aujourd’hui son cabinet. A l’époque c’est Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Economie numérique qui, au pied levé, avait été chargée de porter la fermeté du gouvernement en appelant « Google, comme les grands acteurs de l’Internet », à « respecter strictement les lois de notre pays »… L’incident est-il clos ? La relance, le 4 février, de la polémique sur le demi-milliard d’euros que réclamerait le fisc à Google France n’est pas de nature à arrondir les angles.
Sur le fond, le projet culturel du géant américain ne convainc toujours pas, rue de Valois. Le volet pédagogique, d’abord. « Il y a un risque de constituer un YouTube des musées, avec des produits d’appel en tête de gondole. La scénographie est plate. L’approche consumériste, pas scientifique. Cela explique sans doute les réticences du Louvre, qui n’a pas rejoint le projet. Il n’y a que 8 musées publics dans le Google Art Projet », relève une conseillère d’Aurélie Filippetti. La question des données personnelles, ensuite. « Pour constituer votre musée virtuel personnel, vous devez avoir un compte Gmail. C’est un environnement fermé. Le site de Google est un outil de captation de trafic. » Ce que dément Google. « Nous n’enregistrons pas les données des internautes. Elles sont traitées sur une plate-forme à part du moteur de recherche », assure Laurent Gaveau. Mais l’amende de 150.000 euros infligée à Google par la CNIL , le 8 janvier, pour « refus de rendre conforme au droit français sa politique de confidentialité de données sur Internet », entretient le doute sur les agissements réels de la multinationale, en l’espèce.
Quelques inquiétudes
Autre point de litige : la question des droits d’auteurs. Pour son Google Art Project, Google a résolu le problème en exposant sur Internet uniquement les œuvres tombées dans le domaine public. Soit 70 ans après la mort de l’auteur, dans l’Union européenne. Exit donc du site Google les tableaux de Matisse, Picasso et autres Nicolas de Staël… Beaucoup d’ayants droit restent sur leurs gardes. Le projet « Google Book » , en 2004, avait suscité une levée de boucliers des professionnels de l’édition, avant de se régler devant les prétoires, puis à l’amiable. L’Adami, qui gère les droits des artistes-interprètes, se gausse du Google Art Project. « Google fait du mécénat, à l’américaine. Des dons, ni plus ni moins. Hors accords avec certains artistes célèbres, il faut en moyenne 100.000 clics pour qu’un de nos adhérents gagne 100 euros sur YouTube. C’est dérisoire », persifle Bruno Boutleux, directeur général de l’Adami. D’autres ont pactisé. La SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) a tenu en janvier sa 2e édition de « l’Académie SACD-YouTube ». Dix jeunes artistes se sont partagé 100.000 euros, une bourse destinée à la « création et la formation ». « Au contraire d’Apple, qu’on n’arrive jamais à attraper, Google cherche le contact. Il ne fuit pas », note Pascal Rogard, directeur général de la SACD.
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Quid, enfin, de la monétisation de son audience culturelle ? Le Google Art Project compte près de 12 millions de « followers », selon le moteur de recherche. Les Etats-Unis, la France et la Chine fournissent les premiers contingents d’internautes. Une manne potentielle… Mais le directeur du « Lab » jure la main sur le cœur que le projet n’a aucune finalité commerciale. Pas de vente de produits dérivés en vue, donc. Le contrat avec les établissements culturels ne le prévoit pas. Reste que l’idée ne déplairait pas forcément.« Pourquoi pas, si Google nous renvoie un client numérique pertinent ? Cela peut-être une bonne affaire », glisse Roei Amit, directeur chargé du numérique à la Réunion des musées nationaux (RMN), qui regroupe 34 musées. Le catalogue de l’établissement public rattaché au ministère de la Culture contient 700.000 images. Autant de cartes postales en quête d’acheteurs… « Resterait à s’entendre sur l’éventuel partage du revenu », ajoute Roeit Amit. Un point sur lequel Google a su prouver qu’il se montrait coriace.
VIDEO : Dans les coulisses de l’Institut culturel de Google inShare2 Écrit par Geoffrey MARAIN-‐JORIS Journaliste [email protected]
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Charente: les salles d'attente des médecins se mettent à la télé par Kevin ESTRADE
Une quinzaine de praticiens du pays angoumois viennent de se doter de Proxitélé, une télé qui propose aux patients des reportages inédits sur le patrimoine local.
Dans la salle d’attente test du service ophtalmologie de la clinique Saint-Joseph, Ludovic Blanc et Dara Ó Baoill présentent Proxitélé.. PHOTO/Photo Renaud Joubert
Fini les revues périmées dans les salles d’attente! Désormais la télévision s’immisce dans ces lieux où le temps paraît souvent trop long. Proxitélé - autrement dit télévision de proximité - vient d’arriver chez une quinzaine de médecins du pays angoumois. Le but: mettre le temps d’attente à profit en installant des télévisions sur lesquelles seront diffusés des reportages inédits et faits maison sur des sujets locaux.
A l’origine du projet, Dara Ó Baoill, 44 ans. Irlandais de naissance et Charentais de coeur, il a travaillé de nombreuses années pour la télévision irlandaise et a même réalisé des jeux télévisés. Depuis toujours attiré par la France, il saute le pas fin décembre 1999 et s’installe en Dordogne.
Des reportages courts sur le patrimoine local
En 2005, il déménage en Charente et s’installe à Trois-Palis. Il ouvre une franchise Cartridge World à Angoulême mais l’audiovisuel lui manque. Il tombe alors amoureux du patrimoine charentais et cherche un moyen de le mettre en valeur. C’est là que l’idée de Proxitélé émerge. Le déclic lui vient en discutant avec des amis: "De nombreuses personnes m’ont dit que si il y avait un écran avec des sujets locaux dans les salles d’attente, ce serait bien". Il va donc marier sa passion de l’audiovisuel avec son amour de la Charente. Proxitélé est née.
Dara Ó Baoill s’associe avec Ludovic Blanc, un informaticien de 50 ans. Ensemble, ils mettent en place la structure de Proxitélé. Leurs reportages sont plutôt courts, entre 3 et 6 minutes. De la fête médiévale de Dignac à la Coupe d’Europe des montgolfières de Mainfonds, ils brossent plusieurs pans du patrimoine local. L’ambition des deux entrepreneurs est "de rendre les Charentais fiers de leur patrimoine et d’en faire pourquoi pas, des ambassadeurs à l’extérieur".
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Une heure de programmes inédits par mois
Inutile d’attendre de tomber malade pour visionner leurs reportages puisqu’ils sont aussi disponibles en replay sur Facebook et sur Youtube. Chaque mois, Ludovic et Dara comptent réaliser environ une quinzaine de reportages, de quoi avoir environ une heure d’inédits par mois. Quant au choix des sujets, Proxitélé donne aux téléspectateurs et aux internautes la possibilité de proposer des idées via son site internet.
L’installation de l’écran de télévision ainsi que la mise à disposition des programmes sont gratuites. Le modèle économique se base sur un système de parrainages des vidéos par des entreprises. Sans être considéré comme de la publicité à proprement parler, il a l’avantage d’être autorisé par l’ordre des médecins contrairement à la publicité classique. Le Château de Mercerie à Magnac-Lavalette fait partie des joyaux architecturaux plébiscités par Proxitélé.
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Mesures d’urgence et appel aux dons pour la sauvegarde du Château des Rohan à Pontivy PONTIVY (MORBIHAN) [03.03.14] – Suite aux intempéries qui ont fortement touché la Bretagne en début d’année 2014, une partie des remparts du Château des Rohan, à Pontivy, s’est effondrée. Des mesures d’urgence sont actuellement mises en place, alors qu’une expertise vient d’être lancée pour connaître l’étendue des travaux à mener pour la sauvegarde de ce patrimoine.
Le 7 février 2014, une partie du parement extérieur de la courtine sud du Château des Rohan s’est effondrée, entraînant dans sa chute une pièce de stockage. Les fortes pluies ayant considérablement fragilisé la structure du bâtiment, des mesures d’urgence ont été prises immédiatement. Il reste maintenant à dresser un bilan des dommages afin de lancer un chantier de restauration qui s’annonce déjà considérable.
La ville de Pontivy dispose du Château en raison de la signature d’un bail emphytéotique en 1953 (date de son classement aux monuments historiques) avec la famille de Rohan, toujours propriétaire des lieux, ce contrat de bail obligeant la collectivité à assurer l’entretien et la préservation du site. Lors du conseil municipal extraordinaire qui s’est tenu le 27 février au soir, une élue a proposé au maire de la ville, Henri Le Dorze, de demander à Josselin de Rohan la cession du château dont il est propriétaire pour 1 euro symbolique. Le maire a précisé que cette question ne serait pas de son ressort au vu de l’imminence du changement de municipalité. La question n’est pour le moment pas de savoir à qui reviendra le patrimoine dans quelques dizaines d’années mais bien de le préserver au moins jusque-‐là. S’agissant de préservation, la question était de savoir comment évaluer l’ampleur des dégâts et donc des travaux à venir. Depuis 2009, le monopole des architectes en chef des monuments historiques sur les travaux de restauration des immeubles classés a été remplacé par une obligation de passer
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des contrats de marché public. La maîtrise d'œuvre des travaux de restauration sur les immeubles classés n'appartenant pas à l'Etat est alors assurée soit par un architecte en chef des monuments historiques, soit par un architecte ressortissant d'un Etat membre de l'Union européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen, établi dans l'un de ces Etats et présentant les conditions requises inscrites à l’article R621-‐28 du Code du Patrimoine. Toutefois, l’article 35 du code des Marchés Publics prévoit un contournement de l’appel d’offre, en cas « d’urgence impérieuse », qui permet alors de nommer directement la personne compétente pour effectuer cette mission. L’urgence reconnue en l’espèce, Marie-‐Suzanne de Ponthaud fut désignée afin de procéder à une étude préalable à la réalisation des travaux de restauration. Cette expertise devrait être rendue en juin, ce qui permettra d’évaluer l’ampleur des travaux et de lancer une souscription. Pour le moment, les travaux sont évalués entre 2 et 3 millions d’euros, pour une durée de deux ans. Fondé sur des fossés secs et non des douves, l’humidité de ces dernières semaines ont entraîné la mobilité des sols et la fragilisation des bâtiments. Aussi, après l’effondrement de la courtine sud du château, les mesures d’urgence ont été difficiles à mettre en œuvre. Le 11 février, une pièce de stockage s’est à son tour effondrée, ne restant en suspension que son plafond en béton. Les entreprises chargées de procéder aux mesures d’urgence ont ainsi du désolidariser la charpente du reste du château afin d’éviter qu’elle n’entraîne d’autres parties du bâtiment dans sa chute. Les 4 entreprises locales qui sont intervenues ont alors installé une bâche sur l’espace fragilisé, des tôles sur les sols et ont ceinturé le bâtiment d’un câble d’acier. Des fissuromètres ont par ailleurs été installés dans le but de veiller à l’évolution de la situation et anticiper les travaux de restauration. Pour financer ce chantier, la mairie de Pontivy a d’ores et déjà fait appel à la Fondation du Patrimoine qui s’est engagée à amorcer une campagne d’appel aux dons, en collaboration avec une association locale, les Amis de Pontivy. Même si des soutiens sont annoncés par les collectivités locales et la DRAC, aucun montant n’est pour l’heure annoncé et il est certain que la municipalité aura la majeure partie des travaux à sa charge. Des initiatives sont envisagées à l’exemple du mécénat de compétence ou du produit-‐partage qui implique les commerçants et leurs clients dans le financement des travaux. Anne Bocquet, médiatrice du patrimoine, précise que l’idée lancée, dès le premier week-‐end après l’effondrement, d’organiser une collecte de fonds a suscité l’engouement des habitants. Des associations se sont déjà manifestées pour proposer une aide bénévole tandis que l’Union des villes d’art et d’histoire de Bretagne a également envisagé de servir d’intermédiaire pour mettre en contact la commune avec des collectivités ayant subi des dommages quasi-‐similaires. Certains historiens proposent aussi leur expertise. Le Château de Pontivy a été construit au tournant du XVIe siècle par Jean II de Rohan. Bâti en schiste et en granit provenant des carrières proches de Pontivy, il fait partie des derniers châteaux forts construits en Bretagne. Marion Le Bec
Légendes photos
Château des Rohan de Pontivy -‐ © Photo Chatsam -‐ 2009 -‐ Licence CC BY-‐SA 3.0 Château des Rohan de Pontivy, vue des parties endommagées suite aux intempéries de février 2014 -‐ © Photo Onylain18 -‐ 2014 -‐ Licence CC BY-‐SA 3.0
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