Perspectives de l’industrie tunisienne à l’heure des

Perspectives de l’industrie tunisienne à l’heure des chaînes de

valeur mondiales

Milan Italy | 7 – 9 October 2015

Souhir TAKTAK, Présidente - Directrice Générale de la Banque de

Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME) – Tunisie.

Le mouvement de segmentation des chaînes de valeur mondiales

On assiste de plus en plus à une transformation radicale de la façon dont les biens et services sont produits, caractérisée par une parcellisation et une spécialisation qui touche toutes les phases de production sans exception : de la conception et approvisionnement en matière premières jusqu'au produit fini.

L’objectif recherché étant de parvenir à une compétitivité globalepermettant à l’entreprise de faire face à une concurrence de plus enplus rude et ce grâce à une répartition optimale des processus deproduction et ce en fonction des coûts des ressources et compétencesrequises.

EUROMED Invest Annual Conference and Academy in EXPO 2015

7 - 9 October 2015 | Milan, Italy

Le mouvement de spécialisation et de reconfiguration de la carte

mondiale de production a été accélérée par la mondialisation mais

aussi par le développement qu’ont connu les technologies

d’information et de communication ainsi que les moyens logistiques

(transport maritime, aérien et terrestre…..). Ces moyens sont le

catalyseur de ce mouvement en permettant notamment un meilleur

accès aux marchés et un renforcement des liens transfrontaliers

entre les entreprises.



L’ampleur de ce mouvement et qui a été accompagné par unphénomène sans précédent de délocalisation comme le prouve lacroissance rapide des IDE dans le monde et du volume des échangesinternationaux a suscité un vif débat sur son influence sur l’économiemondiale et particulièrement son impact sur l’économie des paysdéveloppés et ce entre partisans d’un patriotisme industriel etdéfenseurs d’une intégration économique internationale plus poussée.

Aussi, ce mouvement de segmentation des chaînes de valeurmondiales a bouleversé les fondements traditionnels de lacompétitivité qui se base de plus en plus sur l’innovation, la qualité etla réactivité et a contraint les entreprises à chercher l’accès à dessavoirs étrangers.



L’industrie Tunisienne face à la segmentation des chaînes de valeurs

mondiales

• Le mouvement d’internationalisation a permis à la Tunisie depuis le début des

années 80, grâce particulièrement à loi 72, de développer plusieurs activités

de sous-traitance comme la confection, le câblage électrique, etc… cela a été

rendu possible grâce particulièrement à une compétitivité prix.

• Grâce au lancement du programme de mise à niveau en 1996 ainsi que la

mise en œuvre de plusieurs programmes connexes et qui ont été

accompagnés par d’importantes réformes ayant touchés tous les domaines

(formation professionnelle, éducation, logistique ….), l’industrie tunisienne a

pu s’adapter progressivement à ce nouveau contexte mondial. D’ailleurs, elle

connaît une mutation importante et une spécialisation de plus en plus dans

des activités à forte valeur ajoutée et à haut contenu technologique.



l’industrie tunisienne exporte, c’est même la première industrie

exportatrice du Sud de la Méditerranée, l’industrie tunisienne innove

et vit depuis une vingtaine d’année une mutation technologique

profonde.

bon nombre de nos entreprises sont homologuées concepteur de

rang 1 par des constructeurs automobiles internationaux, ou

fournisseurs de produits finis textiles pour de grands distributeurs

européens

Nombreuses sont les unités qui sont entrain de procéder à des

remontés de filière en créant des bureaux d’études et de R&D, en

Tunisie. Je citerais à titre d’exemple SAGEM, TELNET, CIPI, ST

Microelectronics…

part des exportations industrielles à moyen et haut contenu

technologique est passée de 12% en 1995 à près de 30% en 2014.

la Tunisie est entrain de se transformer en une base pour le

développement et la production des composantes aéronautiques.



Ces résultats enregistrés par l’industrie tunisienne ont été rendus

possibles graçe :

• au développement d’une compétitivité basée particulièrement sur la

qualité, l’innovation et la réactivité.

• à la position stratégique de la Tunisie qui renforce sa réactivité et sa

spécialisation dans les circuits courts.

• à la qualité des ressources humaines dont regorge la Tunisie : un

nombre important de nos ingénieurs et gestionnaires ont été formés

dans les plus prestigieuses écoles françaises, allemandes,

canadiennes et américaines.

• à la disponibilité des infrastructures tunisiennes (TIC, ports,

aéroports, zones industrielles, …..).



Ces résultats malgré leur importance ne doivent pas masquer

certaines faiblesses qui ont été identifiées par plusieurs études

et diagnostics et notamment les indicateurs tirés du rapport

mondial sur la compétitivité (2015-2016). En effet, selon ce

rapport :

La Tunisie a été classée la 92ème en matière de l’indice global de

compétitivité parmi une liste de 140 pays

Dixème économie arabe, troisième économie du maghreb et huitième

économie africaine

.



La période post révolution et de transition démocratique et la conjoncture politique et

économique relativement instable ont aggravé les obstacles à l’intégration de la Tunisie

dans les chaînes de valeurs mondiales

S’ajoute à cette conjoncture:

• moyens limités de l’Etat pour financer les grands projets d’infrastructure

• Faible ressources en matières premières

• concurrence accrue de la part des pays voisins des 2 rives de la méditerranée

• Difficulté de financement de l’innovation dans l’entreprise (surtout la phase d’amorçage : pré production)

• Difficultés de commercialisation des produits tunisiens sur les marchés internationaux



L’ambition de la Tunisie est de construire sur les acquis et de

combler les lacunes identifiées pour pouvoir grimper dans

l’échelle de compétitivité mondiale et tirer profit du mouvement

mondial de développement des chaînes de valeur.

une stratégie industrielle articulée sur dix (10) axes

complémentaires :

Premier axe : développement de l’infrastructure qualité et ce à

travers le renforcement des capacités des laboratoires d’analyses,

d’essais et d’étalonnage existants ainsi que la création de

nouveaux laboratoires



Deuxième axe : création d’une nouvelle génération de zones

industrielles (100 zones sur une superficie totale d’environ 1.500ha)

réparties sur les gouvernorats du pays tout en tenant compte des

exigences environnementales, urbaines et technologiques. D’ailleurs,

toutes ces zones industrielles seront raccordées au réseau national

de fibres optiques.

Troisième axe : accélération de la mise en œuvre du programme

national des technopôles et pôles de compétitivité qui porte sur la

création de dix (10) pôles spécialisés dans les différents domaines :

mécatronique, agro-alimentaire, textile technique, énergies

renouvelables …. Ces pôles ont d’ores et déjà signés des conventions

de partenariat et de collaboration avec plusieurs structures similaires

implantées en Europe (France, Italie …) et en Asie (Corée du Sud).



Quatrième axe : la conception et la mise en place d’un programme

national visant le développement des clusters pour favoriser les projets

collaboratifs, le développement technologique et l’innovation. D’ores et

déjà, plus de 300 entreprises et 70 institutions de recherche et

formation travaillent en réseau.

Cinquième axe : la refonte de la modernisation du cadre règlementaire

régissant la propriété industrielle.

Sixième axe : modernisation de l’infrastructure logistique (ports, zones

logistiques portuaires, TIC) et ce en créant particulièrement un port en

eau profonde à Enfidha, tout en continuant l’effort portant sur le

développement d’un réseau autoroutier reliant les différentes régions du

pays ;



Septième axe : amélioration du climat des affaires et ce en procédant à la

simplification des procédures administratives régissant l’investissement et

la création d’entreprise. A cela s’ajoute la révision du code

d’investissement et la promulgation d’une loi régissant le partenariat

public-privé ;

Huitième axe : adaptation de l’offre de formation aux besoins des secteurs

prioritaires pour tenir compte des besoins des différents secteurs en

matière de compétences et faciliter aussi l’insertion des diplômés de

l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle dans le milieu

productif ;



Neuvième axe : conception d’une stratégie nationale pour l’innovation

qui devrait doter notre pays d’instruments adéquats pour la stratégie

et pour l’action. Dans ce cadre les concernés sont en entrain de

travailler sur ce sujet avec plusieurs partenaires comme la GIZ et le

PASRI (programme d’appui au système de recherche et innovation)

Dixième axe : renforcement des mécanismes de financement dédiés

aux PME et à l’innovation, sachant que d’ores et déjà la Tunisie

dispose de plusieurs instruments fort encourageants comme le PMN,

Le FOPRODI, le RITII la sotugar, la BFPME..



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La BFPME



Aperçu sur le rôle de la BFPME

Une banque publique créée par la volonté du législateur depuis le 1er

mars 2005

Mission: faciliter le financement de la PME en Tunisie par l’octroi de

crédits d’investissement (de 2 à 10 ans)

En cofinancement avec les banques de la place

Possibilité de financement de la totalité du crédit pour les projets

d’extensions en activité depuis trois (3) années



La BFPME finance :

Projets de création et d’extension de PME dans toute activité de

production de biens ou de services, à l’exception des activités :

de Tourisme dont la composante principale est l’hébergement

de Promotion Immobilière destinée à l’habitation

et dont le coût est compris entre 100 mille et 10 millions de dinars

(immobilisations nettes comprises dans le cas des extensions).



La BFPME intervient également :

Au niveau du renforcement des fonds propres des PME, via l’outil « prêts participatif »

Fonds suisse

QFF (Qatar Friendship Fund)

Intilak 2 (fonds budgétaire)

Au niveau de la restructuration des PME en difficulté :

Mise en œuvre du programme national d’Appui aux PME passant par des

Difficultés : Cinq mécanismes :

• Diagnostic, accompagnement et assistance

• Renforcement des fonds propres

• Crédit participatif

• Crédit bancaire d’investissement

• Garantie



Sans Garantie externe au projet

Nantissement sur les composantes du projet

Privilégier la valorisation et la viabilité intrinsèques du projet

& les compétences du promoteur et de l’équipe managériale

Couverture SOTUGAR (ou autres fonds publics de garantie)



Conclusion

la Tunisie ambitionne de

• renforcer davantage sa présence sur les chaînes de valeur mondiales

et ce en se spécialisant dans des activités technologique et à haut

contenu technologique, en leur offrant les conditions idoines requises

pour leur développement, à titre d’exemple, l’industrie aéronautique, la

mécatronique, l’industrie pharmaceutique, les composantes

automobiles, le textile technique,….

• consolider ses relations de partenariat avec tous les pays, notamment

euro-méditerranéens et ce en développant ensemble une

compétitivité globale dans le cadre d’une stratégie gagnant-gagnant

qui vise la création de valeur ajoutée et de richesse dans l’espace

méditerranéen.



aujourd’hui nous faisons tous face, en tant que pays de la région

méditerranéenne, aux mêmes défis qu’impose la concurrence

internationale. C’est en fait la pérennité de l’ensemble du système de

production Euro-Med qui est en cause, ce qui rend nécessaire une

véritable approche de co-développement basée sur une répartition

optimale des différentes phases de production.



Merci pour votre attention

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