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comment des démons le forcè-rent à lire à voix haute, l'arra-chant ainsi à l'entendement inté-rieur et à la spiritualité : les bonslecteurs comprennent mieux untexte quand ils le lisent dans leurtête que lorsqu'ils le lisent àhaute voix (alors que c'est

l’inverse pour les lecteurs débu-tants). Mais quel est le proces-sus cognitif qui permet de fairerésonner ainsi dans notre tête

des sonorités virtuelles ? Com-ment se met-il en place ? Etpourquoi est-il si efficace ? Lesréponses, qui commencent enfin

à être connues, s'avèrent terri-blement instructives ! Pour com-prendre, il faut d'abord se trans-porter en 2001. A cette époque,alors qu'elles étudient des en-fants de différents âges, Su-zanne Prior et Katherine Welling,

chercheurs en psychologie àl'université de Frédéricton (Ca-nada), démontrent ce que l'onsupposait déjà : la lecture silen-cieuse ne se développe qu'aprèsla lecture à haute voix. Plus pré-cisément, elles ont repris la théo-rie du sociologue soviétique Lev

Semenovitch Vygotsky mort en1934, selon lequel "tout actecognitif a d'abord une fonctionsociale avant d'être intériorisé". 

Dans ces travaux, Vygotsky dé-montrait en effet que les enfantsapprennent à parler pour entreren contact avec les autres avant

d'intérioriser ce langage et de separler à eux-mêmes.

UNE « FORME SONORE DESMOTS"Pour les deux psychologues, lalecture silencieuse relève dumême processus : on lit d'abordà haute voix pour les autres(pour l'institutrice, par exemple),avant de lire en silence pour soi-même, ce passage à la lecturesilencieuse ne se faisant

qu'après avoir acquis les auto-matismes de la lecture oralisée.Sauf que ce passage est un pro-cessus plus complexe que prévu.A l'origine, Suzanne Prior et Ka-therine Welling pensaient eneffet simplement démontrer troischoses : que les enfants de 7ans comprennent mieux en lisantà voix haute, que ceux de 8 sonten période de transition et que

ceux de 9 comprennent mieuxquand ils lisent dans leur tête.Or, leurs résultats vont leur ré-server une surprise : les enfantsde 9 ans présentent des scoresde lecture inférieurs en lecturesilencieuse ! Autrement dit, ladifficulté d'apprentissage de

cette technique de lecture auraitété jusqu'ici sous-estimée :"Trois ou quatre années de lec- ture ne constituent pas un tempssuffisant d'exposition à la lecturepour que l'intériorisation ait lieu" ,concluent les deux psycholo-gues. Ce qui est en accord avecla théorie de Vygotsky, pour qui"l’internalisation apparaît seule- ment après de nombreuses op- portunités d'apprentissage". L'imagerie cérébrale a permis de

comprendre pourquoi cet ap-prentissage est si difficile; CathyPriée, de l'Institut de neurologiede Londres, a en effet montré en2000 que l'activité cérébralediffère entre lecture silencieuseet lecture à haute voix, alors queles zones activées sont à peuprès les mêmes lorsqu'on lit àhaute voix et lorsqu'on entendquelqu'un nous lire un texte (voirimages, p. 1). En clair, la lecturesilencieuse n'est nullement une

simple copie dans notre tête dela lecture à haute voix. Il sepasse quelque chose de particu-lier dans le cerveau. Une sortede transformation de notre per-ception. Et d'après SuzannePrior et Katherine Welling, c'est justement cette transformationde notre perception qu'exploitentles bons lecteurs. Il suffit d'ail-leurs de s'observer lire en si-lence pour se rendre compte quela lecture devient partielle, pré-

dictive et donc plus rapide, qu'en

La lecture silencieuse produit quelque chose de« particulier » dans le cerveau. 

Ces tests, mis au point parJohannes Ziegler, doivent êtreréalisés en silence et le plusrapidement possible pour met-tre en valeur toute l'impor-tance de la lecture silencieuse.

1- Quelles sont les couleursdes lettres suivantes ?

ABCD, ABCD, ABCD, ABCD 

ABCD, ABCD, ABCD, ABCD VERT, ROUGE, JAUNE, BLEU 

JAUNE, ROSE, JAUNE, ROUGE 

Testez votre petite voix intérieure

3- Les mots suivants sont-ils desmots français ?Hasard, exul, lecture, guène, mus- tre, voix, silance, paine.

4- Combien de fois la lettre « c »apparaît-elle dans ce texte ?Phèdre, héroïne grecque, offrit soncœur à son beau-fils Hippolyte.Contrariée qu'il ait décliné son offre,elle se tue et accuse dans un cour- rier le scélérat d'avoir tenté de lacorrompre. La scène où Théséedécouvre la lettre de sa . compagnea conduit un scientifique à démon- trer que la lecture muette existaitdès l'Antiquité.

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fait on ne lit plus tous les mots,qu'on en anticipe certains... Enquoi consiste exactement cettetransformation de la perception?Pour Johannes Ziegler, jeunechercheur en psychologie cogni-tive à l'université de Provence,qui travaille sur le sujet de- puisdix ans, la clé tient en trois mots :l'accès à la "forme sonore des

mots". C'est, en tout cas, cequ'ont démontré les surprenan-tes expériences qu'il a menéesces dernières années.

MÊME LES IDÉOGRAMMES...Des exemples ? Lors d'un test,des sujets devaient regarder desmots s'affichant sur un écran etdire s'ils étaient français, leurtemps de réponse étant chrono-métré (test 1). Eh bien, statisti-quement, ils ont mis plus de

temps et fait plus d'erreurs sur lemot "balaine" que sur le mot"baloine". Aucun des deuxn'existe en français, mais, ins-tinctivement, les sujets ont en-

tendu le son d'un mot qui existe("baleine"), ce qui a retardé leurréponse. Pour le jeune chercheurd'origine allemande, voilà quimontre que "l'information phono- logique influence la lecture defaçon automatique et quasi irré- pressible" . Et ce, même quandcela joue contre nous... Autretest : Johannes Ziegler a présen-

té un "mot amorce" pendant unlaps de temps d'environ 50 milli-secondes, c'est-à-dire trop brefpour pouvoir être identifié, puisun "mot cible", que le sujet devaitlire. Résultat : il a observé que lalecture du mot cible est facilitéesi le mot amorce perçu de ma-nière subliminale présente unesonorité proche du mot cible :par exemple, "frèze" et "fraise"."Alors que les amorces et lescibles ne partagent que la forme

phonologique et pas la formeorthographique, nous trouvonsdes effets defacilitation dus aupartage phonolo- 

gique" , conclut-il.Au final, l'ingénieuse batterie detests que le psychologue aconcoctée indique que le lecteurexpert entend dans sa tête defaçon irrépressible la "petite mu-sique des mots" (voir les tests).En lisant en silence, on traduiraitdonc instinctivement les gra-phèmes en phonèmes : les let-

tres couchées sur le papier de-viennent un bruit virtuel, celuiproduit si elles avaient été lues àvoix haute. Et c'est par l'analysede cette musique virtuelle que lesens est attribué aux mots ! C'estdonc bien par le son, fut-il virtuel,que la forme prend sens... Une"forme sonore des mots" qu'à sagrande surprise, Johannes Zie-gler a également démontréeavec des Chinois : eux aussi yont accès alors que leur écriture

est basée sur la reconnaissancede signes plutôt que sur des

peine) et la phonologie vous a ber-né!Enfin, dans le test n°4. si vous avezcompté moins de quinze "c", vousavez sans doute omis les lettressilencieuses des mots "grecque","scélérat", "scène" et "scientifique".Même en lecture silencieuse, leslettres que l'on voit mais que l'on

n'entend pas sont plus difficilementrepérables. 

Longtemps, la tradition attribua l'invention de la lecturesans son à saint Ambroise, évêque de Milan, au IVesiècle, qui sus- citait l'étonnement de saint Augustin ;"Quand il lisait, ses yeux parcouraient la page [...] maissa voix restait silencieuse et sa langue immobile" , note lethéologien chrétien dans ses Confessions. Mais on saitmaintenant qu'elle était déjà pratiquée dans le mondeantique. Dés 1968, Bernard Knox démontra que lesGrecs, qui ont tant sacralisé la parole, ont bel et bien uséde la lecture silencieuse. Pour cet éminent hellénisteaméricain, la preuve réside dans Hippolyte , écrit en 428av. J.-C. par Euripide, et dans Les Cavaliers d'Aristo-phane, datant de 424. Dans le premier texte, Théséetrouve une lettre près du corps sans vie de son épouse.Là. le chœur intervient pour chanter l'inquiétude de Thé-sée, puis s'interrompt pour lui demander le contenu de lalettre. Or, Thésée répond, non en la lisant à haute voix.mais en résumant son contenu. Preuve qu'il l'a lue ensilence pendant le chant du choeur. En observant certai-nes fresques de Pompéi, Guglielmo Cavallo, professeurromain de paléographie, a montré qu'il en était de mêmepour la civilisation romaine antique : les femmes ont

aussi pratiqué la lecture silencieuse dans l'intimité de lasphère privée.

Ci-contre :  Certaines fresques de Pompéi témoignent que lalecture silencieuse a été pratiquée par les femmes dans lacivilisation romaine antique. 

Résultats et analyse des petits testsDans le test n°1, vous avez sûrement mis plus de t emps à énoncer les cou-leurs des lettres formant des mots car vous ne pouvez par vous empêcher defaire résonner automatiquement votre petite voix intérieure, même si c'est icitotalement inutile. Votre cerveau est alors confronté à deux informations contra-dictoires et met plus de temps à répondre. Idem pour la grenouille et l'abeille dutest no 2 où la lecture du mot incrusté est inutile, mais irrépressible et contre-productive. Dans te test n°3, vous avez sûrement r epéré sans problème lesmots "exul" et "mustre" comme non français, mais sans doute plus difficilement

les mots "guène", "silance" et "paine": en les lisant dans votre tête, vous avezentendu votre petite voix vous tire le son de mots qui existent (gaine, silence, 

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sons. Confrontés à un idéo-gramme représentant une mai-son (et non le son "maison"), ilsont activé la signification du ca-ractère en passant par l'informa-tion phonologique. Voilà de quoilargement réhabiliter notre petitevoix intérieure si longtemps lais-

sée de côté par la science. Car"tous ces résultats indiquent quecette petite voix n'est pas unépiphénomène, mais joue un rôlecentral dans la lecture experte ",

souligne aujourd'hui JohannesZiegler.

UN FONDEMENT DE LA DY-

SLEXIEUne réhabilitation qui n'est passans conséquence quand elleinvite à voir sous un nouvel anglecertaines difficultés rencontréeslors de l'apprentissage de lalecture. Difficultés qui, selonJohannes Ziegler, pourraient justement être liées à un troublede cette petite voix intérieure :"Compte tenu de l'utilisation au- tomatique de cette petite voix, ilapparaît évident que ceux qui ne

savent ou ne peuvent pasl’utiliser sont défavorisés pour lalecture." Au passage, cela expli-querait pourquoi les sourds onttant de mal à apprendre à lire.En effet, si la lecture était seule-ment liée à l'œil, eux qui présen-tent des facilités pour certainestâches visuelles devraient êtrefavorisés, ce qui n'est pas le cas.Un paradoxe qui disparaît si la

clé de la lecture est dans leson... Les récentes découvertessur la voix intérieure confirmentainsi ce que les spécialistes de lasurdité subodoraient déjà. Asavoir qu' "il est difficilementenvisageable de se passer de laphonologie dans l'apprentissage

de la lecture et de traiter les motscomme des images" , expliqueLaurence Paire-Ficout, cher-cheuse en psychologie cognitive,qui a longtemps travaillé au labo-

ratoire "perception, cognition ethandicap" de Lyon. A tel pointque pour apprendre à lire auxsourds, elle conseille d'utiliser

des indices de substitution àl'audition. Par exemple, des indi-ces visuels comme la lecturelabiale, des gestes codés ouencore des indices perceptifs telsque les vibrations ou le souffleque provoque la prononciationde certains sons.De quoi permettre aux sourdsd'accéder malgré tout à cettefameuse "forme sonore desmots". Idem pour les dyslexi-ques. Si les causes de ce trouble

font encore débat, la plupart deschercheurs s'accordent à direqu'il se caractérise par des défi-cits phonologiques. Ainsi, pourdéterminer si un enfant en diffi-culté scolaire est dyslexique, onlui demande, notamment, de liredes mots nouveaux afin de l'obli-ger à utiliser la correspondanceentre graphèmes et phonèmes.

L'APPRENTISSAGE EN QUES-TIONUn exercice dans lequel les dy-slexiques rencontrent de grossesdifficultés, "y compris par rapportà des enfants plus jeunes qu'euxmais de même niveau de lecture,ce qui suggère que la dyslexie

correspondu une déviance déve- loppementale, et non à un simpleretard d'apprentissage" , souligneLiliane Sprenger-Charolles, psy-cholinguiste à l'université RenéDescartes de Paris et spécialistede la dyslexie. Ses conclusionsfont alors parfaitement écho auxtravaux de Johannes Ziegler: "Siles dyslexiques ont des difficultésdans cet exercice, c'est proba- blement parce qu'ils n'ont pasaccès automatiquement à la

petite musique des mots."  Pourl'anecdote, on comprend dès lorsbien mieux l'habitude qu'avaitGustave Flaubert - dyslexiquenotoire - de lire à voix haute sestextes, ou plutôt de les hurlerdans une pièce qu'il appelait son"gueuloir" afin de juger de leurqualité ; En effet, d'après LilianeSprenger-Charolles, "il est pro- bable que le grand écrivainéprouvait ce besoin parce que,comme la plupart des dyslexi- 

ques, il n'avait pas accès trèsrapidement et automatiquementà la forme sonore des mots..."  Toutes ces révélations ne sontpas purement formelles. Carelles jettent aujourd'hui un éclai-rage inédit sur un sujet sensibles'il en est : les méthodes d'ap-prentissage de la lecture. De fait,elles semblent apporter de l'eauau moulin du National ReadingPanel : partant du constat que69% des Américains de la classe

équivalant à notre CM1 ne pos-sèdent pas une bonne maîtrisede la lecture, cette commission,commanditée par le Parlement,avait conclu en 2000 que le re-cours au décodage syllabe parsyllabe dans les premières éta-pes de l'apprentissage est lacondition sine qua non  pour ac-céder à une lecture fluide. Or,cette bonne vieille méthode a étébannie en France dans les an-nées 70, sous prétexte que les

< Le "gueuloir" de Gustave Flau-bert- sa dyslexie, l'empêchait d'ac-céder facilement à la forme sonoredes mots.

Sans le B.A.BA, l'apprentissage scolaire ne peutpas garantir une lecture fluide 

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enfants ne comprenaient pas cequ'ils lisaient... Depuis, métho-des globale, semi-globale oumixte se sont succédé, tandisque le niveau des élèves ne ces-sait de baisser. De là à rendreces méthodes d'apprentissageresponsables de la dysorthogra-

phie généralisée, il n'y a qu'unpas, que franchissent aujourd'huibon nombre d'instituteurs encolère (voir 'Trois questionsà..."). A l'heure où le ministre del'Éducation nationale, FrançoisFillon, souhaite faire de la maî-trise de la langue française un

des acquis indispensables dufameux "socle commun deconnaissances", le "BABA" va-t-ilalors retrouver le chemin del'école ? Notre petite voix inté-rieure a tout l'air de le susurrer...

Trois questions à MARC LE BRIS, INSTITUTEUR, MEMBRE DU COLLECTIF « SAUVONS LESLETTRES » ET AUTEUR DE "ET VOS ENFANTS NE SAURONT PAS LIRE... NI COMPTER" (ÉD.STOCK).

Qu’apportent ces recherches à votre travail d'enseignant ? L’importance de cette petitevoix démontre à quel point le son, et donc le décodage syllabique, est essentiel dans lalecture. On ne peut pas assimiler les mots à des images...

Les méthodes d'apprentissage actuelles sont-elles en accord avec ce que démon-trent ces recherches? Non. Si la méthode globale a été abandonnée, celles qui l'ont rem-placée en sont issues. Ainsi, au lieu d'apprendre aux enfants que "B" et "A" font "BA". ils doivent déduire de l'observationd'un mot quel son il produit. De plus, alors que les recherches montrent que le passage à la lecture silencieuse est progres-sif. la loi de 1989 nous interdit de faire lire les enfants à voix haute, il ne faut pas chercher plus loin l'explication de la baissedu niveau des élèves en lecture...

La nouvelle loi d'orientation sur l'école va-t-elle résoudre ce problème ? Bien qu'elle incite à utiliser des "méthodesefficaces", elle n'abroge pas celle de 1989. Et que peut faire la loi face à ce lobby d'associations périscolaires et de syndi-cats qui a inventé les "sciences de l'éducation" à partir de dogmes?

Pour un musicien, l'ouïe apparaîtcomme le sens le plus important. Etpourtant, dès l'âge de 27 ans, Bee-thoven ressent les premiers signesd'une surdité qui ne fera qu'augmen-ter, le rendant totalement sourd à lafin de sa vie. Comment un musicienaussi grandiose a-t-il alors pu conti-nuer à composer avec un tel handi-cap ? Eh bien, grâce à sa petite voixintérieure qui lui chantait sa musiquedans sa tête. Les musiciens expéri-mentés développent en effet lemême type d'automatismes face àune partition que les lecteurs ex-perts.Mieux: même si Beethoven a beau-

coup souffert de sa surdité, certainsde ses biographes s'accordent à

dire, qu'elle a été bénéfique à sontravail de compositeur! Ne pouvantplus diriger un orchestre ou jouer lui-même d'un instrument, il se consa-cra à la seule composition, en écou-tant la musique dans sa tête.Pour Ryan Huxtable, professeur enpharmacologie à l'université d'Arizo-na, "cette amélioration [de ses symp-tômes] notée par Beethoven lui-même pourrait aussi s'expliquer parune sensibilité moindre aux acou- phènes(dont il souffrait également)pendant une activité intellectuelleintense telle que la compositiond'une œuvre". 

En résumé : faites lire vos enfants ou vosélèves à haute voix !

Pas pour les stresser, les vexer, leshumilier, mais pour les entraîner !

(pf)

Beethoven aurait compensé sa surdité par une sorte de "petite musiqueintérieure".