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LE THEME DE LA CHAUVE-SOURIS FRUGIVORE DANS L'ART ARAWAK DES PETITES ANTILLES Henri Petitjean Roget Parmi les centaines d'adornos retrouvés aux Petites Antilles, certaines représen- tations sont identifiables. Parfois, le traitement de la forme est si réaliste que l'on peut reconnaître sans ambiguïté des têtes de tortue ou de lamentin (Planche 7) ou avec moins de certitude de manicou (Sarigue) (Planche 3, M 73). Bouvent, l'idenfication est suggérée par la présence d'un trait anatomique caractéristique; ainsi, dans le cas d'un visage humain, c'est le nez (Planche 8). Il reste toutefois un très grand nombre d'adornos qui ne paraissent pas représenter une espèce d'êtres connus. L'adorno M 32 (Planche 3) est l'un de ceux-là. Sur M 36 (Plan- che 3) on remarque ce qui parait être deux oreilles de chaque côté d'un visage. La bouche est indiquée, mais les yeux ne sont pas figurés. M 43 pourrait être un visage humain, car les yeux, la bouche et le nez se trouvent en position anatomique. Quant à M 62, il repré- sente un visage stylisé. On ne peut cependant affirmer que M 62 et M 43 sont des repré- sentations anthropomorphes. L'idenfication avec certitude de ces adornos encore ambigus pose un problème. Par une étude approfondie de l'art arawak (1975), j'ai montré qu'il utilise les super-positions de thèmes et l'adjonction à des modelages réalistes d'éléments étrangers à la figuration elle-même (voir planche 8 visage humain avec de petites cornes). D'une façon systématique, il procède au choix d'une partie, pas toujours la même, pour figurer l'ensemble Par hasard, j'ai trouvé une amulette de coquillage sur le site de Petite Rivière Salée à la Désirade où des vestiges Arawak et Suazey sont mélangés en surface. Elle a été la clé du problème et m'a permis de mettre en évidence le thème de la chauve-souris dans les dé- cors incisés ou gravés, les modelages et les peintures. Cette amulette (Planche 44) taillée dans la lèvre d'un casque est en partie cassée. Elle est percée de part en part, dans le sens de la longueur, d'un trou de suspension biconique. Chacun des yeux est indiqué par un creux conique. Mais le plus frappant est le nez de forme triangulaire, tourné vers le haut, dont les narines, indiquées par deux petits points, sont séparées par une très légère incision verticale. Sur le dos, une découpe obtenue par usure du coquillage détache un relief sur lequel trois lignes incisées figurent des ailes, prolongées en dessous par deux tirets. Le Professeur Baron de l'Université de Montréal, lors d'une mission à la Martinique en vue d'étudier les chiroptères de l'île, m'a affirmé que cette amulette représente une chauve souris frugivore, un Artibeus jamaicencis jamaicencis, ou un Ardops annectus. Cette identi- fication a été rendue possible par la présence d'un élément anatomique caractéristique des Phyllosmidae, le nez tourné vers le haut (Planche 45, tête de Artibeus). Cette pièce posait le problème de son unicité car les sociétés primitives innovent rare- ment; elles préfèrent l'unité au changement et les mêmes thèmes se répètent. Il paraissait donc plausible de retrouver certains motifs utilisés dans le cas de l'amulette, répétés sur d'autres thèmes décoratifs. Ces motifs, objets de répétition, dans la logique du processus mis en évidence pour les figurations de grenouilles, devaient être liés au caractère susceptibli de signifier la chauve-souris frugivore, j'ai donc cherché à les déceler sur l'amulette. (Planche 44 chauve-souris). Abstraction faite de la tête, les ailes repliées le long du corps auraient aussi bien suggéré un oiseau. Par contre, sans le nez qui remonte et offre ses narines, l'identification aurait été hasardeuse. En réexaminant l'ensemble des adornos de mon fichier (environ 400), j'ai constaté que la plupart possédaient un nez haut placé: ceux-ci pouvaient donc représenter 182

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LE THEME DE LA CHAUVE-SOURIS FRUGIVORE DANS L'ART ARAWAK DES PETITES ANTILLES

Henri Petitjean Roget

Parmi les centaines d'adornos retrouvés aux Petites Antilles, certaines représen­tations sont identifiables. Parfois, le traitement de la forme est si réaliste que l'on peut reconnaître sans ambiguïté des têtes de tortue ou de lamentin (Planche 7) ou avec moins de certitude de manicou (Sarigue) (Planche 3, M 73). Bouvent, l'idenfication est suggérée par la présence d'un trait anatomique caractéristique; ainsi, dans le cas d'un visage humain, c 'est le nez (Planche 8).

Il res te toutefois un t rès grand nombre d'adornos qui ne paraissent pas représenter une espèce d 'êtres connus. L'adorno M 32 (Planche 3) est l'un de ceux-là. Sur M 36 (Plan­che 3) on remarque ce qui parait être deux oreilles de chaque côté d'un visage. La bouche est indiquée, mais les yeux ne sont pas figurés. M 43 pourrait être un visage humain, car les yeux, la bouche et le nez se trouvent en position anatomique. Quant à M 62, il repré­sente un visage stylisé. On ne peut cependant affirmer que M 62 et M 43 sont des repré­sentations anthropomorphes. L'idenfication avec certitude de ces adornos encore ambigus pose un problème. Par une étude approfondie de l 'ar t arawak (1975), j ' a i montré qu'il utilise les super-positions de thèmes et l'adjonction à des modelages réalistes d'éléments étrangers à la figuration elle-même (voir planche 8 visage humain avec de petites cornes). D'une façon systématique, il procède au choix d'une partie, pas toujours la même, pour figurer l'ensemble

Par hasard, j ' a i trouvé une amulette de coquillage sur le site de Petite Rivière Salée à la Désirade où des vestiges Arawak et Suazey sont mélangés en surface. Elle a été la clé du problème et m'a permis de mettre en évidence le thème de la chauve-souris dans les dé­cors incisés ou gravés, les modelages et les peintures. Cette amulette (Planche 44) taillée dans la lèvre d'un casque est en partie cassée. Elle est percée de part en part , dans le sens de la longueur, d'un trou de suspension biconique. Chacun des yeux est indiqué par un creux conique. Mais le plus frappant est le nez de forme triangulaire, tourné vers le haut, dont les narines, indiquées par deux petits points, sont séparées par une t r è s légère incision verticale. Sur le dos, une découpe obtenue par usure du coquillage détache un relief sur lequel trois lignes incisées figurent des ailes, prolongées en dessous par deux t i re t s .

Le Professeur Baron de l'Université de Montréal, lors d'une mission à la Martinique en vue d'étudier les chiroptères de l ' î le, m'a affirmé que cette amulette représente une chauve souris frugivore, un Artibeus jamaicencis jamaicencis, ou un Ardops annectus. Cette identi­fication a été rendue possible par la présence d'un élément anatomique caractéristique des Phyllosmidae, le nez tourné vers le haut (Planche 45, tête de Artibeus).

Cette pièce posait le problème de son unicité car les sociétés primitives innovent rare­ment; elles préfèrent l'unité au changement et les mêmes thèmes se répètent. Il paraissait donc plausible de retrouver certains motifs utilisés dans le cas de l 'amulette, répétés sur d 'autres thèmes décoratifs. Ces motifs, objets de répétition, dans la logique du processus mis en évidence pour les figurations de grenouilles, devaient être liés au caractère susceptibli de signifier la chauve-souris frugivore, j ' a i donc cherché à les déceler sur l 'amulette. (Planche 44 chauve-souris).

Abstraction faite de la tête, les ailes repliées le long du corps auraient aussi bien suggéré un oiseau. Par contre, sans le nez qui remonte et offre ses narines, l'identification aurait été hasardeuse. En réexaminant l 'ensemble des adornos de mon fichier (environ 400), j ' a i constaté que la plupart possédaient un nez haut placé: ceux-ci pouvaient donc représenter

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des c h a u v e - s o u r i s . Mais dans l es d é c o r s au t r a i t que j ' a i é tudiés , aucun déta i l n ' é t a i t s u s ­ceptible de suggére r un nez t r i a n g u l a i r e . Les a i l e s dans ce qu ' e l l e s ont de commun avec ce l les des o iseaux, ne sembla ien t pas avoi r été r e t enues comme é lément sa i l lant pour r e ­p r é s e n t e r l e s c h a u v e - s o u r i s . Une étude plus poussée de c e r t a i n s adornos m ' a p e r m i s d ' en ­t revo i r une au t r e pos s ib i l i t é . L ' o rgan i sa t i on de l ' a i l e d 'une c h a u v e - s o u r i s , t e l l e qu 'e l l e a p ­para î t l o r s q u ' e l l e e s t développée (Planche 45 fig. 1) m o n t r e que le p r e m i e r doigt se dé tache au -des sus de l ' a i l e , ce qui const i tue un é lément qui la différencie de cel le des o i seaux . Un aut re t r a i t c a r a c t é r i s t i q u e des c h a u v e - s o u r i s es t const i tué pa r l e u r s g r andes o r e i l l e s (P lan­che 45).

T r o i s t r a i t s p a r a i s s e n t donc pouvoir Être r e t enus c o m m e suscep t ib les de r e p r é s e n ­t e r la c h a u v e - s o u r i s f rugivore : le nez en l ' a i r , l e s g randes o r e i l l e s , le pouce de l ' a i l e . L 'adorno N 34, Adorat ion Ha (PI. 45) a des o r e i l l e s t r è s déve loppées . De la m ê m e époque ma i s du site de Vivé H 115 (PI. 46) possède aus s i de g randes o r e i l l e s . Ce c a r a c t è r e , g r a n ­des o r e i l l e s , peu t - i l à lui tout seul p e r m e t t r e de conclure à une r e p r é s e n t a t i o n de chauve-sour i s? Cela p a r a î t encore h a s a r d e u x à ce stade de no t re é tude. L ' ident i f icat ion se j u s t i ­fierait beaucoup mieux si on pouvait t r ouve r sur une m ê m e p i èce , la conjonction d 'au mo ins deux des c a r a c t è r e s m i s en évidence, c ' e s t - à - d i r e , le nez en l ' a i r , l e s g randes o r e i l l e s et le pouce.

C 'es t ce que nous avons pu r e l e v e r sur l ' adorno N 82 Adorat ion I I (PI. 47). Ce lu i - c i es t un hochet . A l ' i n t é r i e u r l a i s s é c reux , quelques pe t i t e s p ienes ont été p l a c é e s . L e s ad-orno-hochet sont t r è s r a r e s puisque sur l ' ensemble des adornos des P e t i t e s Anti l les que je connais , j ' e n ai r e l e v é sept (six de la Mar t in ique , un de la Guadeloupe).

Sur le dos de l ' adorno en t i è r emen t peint en rouge , une zone r ec t angu la i r e non peinte a été vo lon ta i rement aménagée . Cet adorno p r é s e n t e à la fois deux g randes o r e i l l e s de cha ­que cote de la t ê te et un nez en l ' a i r . Le cumul de c e s deux c a r a c t è r e s m e p e r m e t donc de le cons idé re r comme une r e p r é s e n t a t i o n de c h a u v e - s o u r i s f rug ivore . Mais on peut a u s s i r e l e ­ve r un t r o i s i è m e t r a i t c a r a c t é r i s t i q u e . On sai t que les a i l e s r e p l i é e s des c h a u v e - s o u r i s v ien­nent na tu re l l emen t r ecouv i r une p a r t i e de la tê te et q u ' a l o r s , le p r e m i e r doigt se t rouve sur le sommet de l ' o r e i l l e . On peut se demande r si ce t te p a r t i c u l a r i t é n ' a pas é té r e m a r q u é e pa r l es amér ind iens des P e t i t e s Ant i l les et u t i l i sée pour f igurer des c h a u v e - s o u r i s .

L ' adorno GUA 260 (Folle anse I I Mar ie -Ga lan te ) (PI. 46) a le nez haut p lacé et l 'on r e m a r q u e que de chaque côté de la t ê t e , à l ' emp lacemen t des o r e i l l e s se t rouve mode lé , un petit boudin d ' a rg i l e t e r m i n é à chaque e x t r é m i t é pa r une papule ponctuée . On p o u r r a i t y vo i r une r e p r é s e n t a t i o n des a i l e s r e p l i é e s . M 57, Adorat ion I (PI. 46) a aus s i un nez haut p l acé , tourné v e r s le sommet de la t ê t e , et de chaque côté de la tê te en t r e deux papu les , une l igne inc isée des s ine un c r o c h e t . Il s 'agi t des a i l e s r e p l i é e s sur l e s o r e i l l e s c a r on peut r e c o n ­s t r u i r e le p r o c e s s u s de la f igurat ion.

En cons idé ran t à nouveau la charpen te de l ' a i le d 'une c h a u v e - s o u r i s (PI. 45 f ig . l ) , on constate que l ' a r t i cu l a t ion en t r e l ' h u m é r u s d 'une p a r t et le r ad ius cubitus de l ' a u t r e es t sen ­s iblement s i tuée au niveau du b a s de l ' o r e i l l e . De m ê m e , le p r e m i e r doigt (mis en évidence pa r un c e r c l e qui l ' e n t o u r e , fig. 1, PI 45) es t n o r m a l e m e n t situé au niveau de l ' o re i l l e . Or l es amér ind i ens u t i l i sa i en t t r è s souvent des paoules pour indiquer l ' e m p l a c e m e n t des os sa i l lants ou l e s a r t i cu l a t ions des m e m b r e s . La P lanche 1 m o n t r e quelques adornos où l e s a r t i cu la t ions sont m a r q u é e s p a r d e s paou l e s . (M 68 Vivé I, H 209 Pe t i t e R iv i è r e Salée I I , H 222 Grande Anse du L o r r a i n I I , H 208 Diamant I I I c a r a ï b e ) .

Ma i s r evenons à N 82 (Planche 47), l e s r e l i e f s f igurés de chaque côté de la te te a p ­p a r a i s s e n t dès l o r s c o m m e la r e p r é s e n t a t i o n des a i l e s r e p l i é e s sur l e s o r e i l l e s dont l e s deux papu les , l iune à m i - h a u t e u r , l ' a u t r e en des sous de l ' o r e i l l e indiquent l e s a r t i cu la t ions

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selon le p r o c e s s u s explici té sur la fig. 2 (PI. 45). Au d e s s u s de l ' a i l e - o r e i l l e , l e s qua t re t r a i t s i nc i s é s r e p r é s e n t e n t le pouce, la répét i t ion peut s e r v i r à comble r l ' e s p a c e vide ou à soul igner l ' i m p o r t a n c e du p r e m i e r doigt. L 'ova le i nc i s é , m a r q u é d 'un t r a i t i nc i sé v e r t i ­ca l , évoque le pavi l lon de l ' o r e i l l e . L ' e n s e m b l e (N 82 P L 47) pa r f a i t emen t cohéren t , es t la f igurat ion d 'une tê te de c h a u v e - s o u r i s f rugivore , aux a i l e s r e p l i é e s sur l e s o r e i l l e s . P a r analogie , on peut p e n s e r que le c roche t tourné v e r s le haut sur l ' ado rno M 57 (PI . 46 es t l ' évoca t ion du pouce de l ' a i l e .

En examinant la p lupar t des adornos des P e t i t e s Ant i l l e s , qui r e p r é s e n t e n t des t ê ­t e s de c h a u v e - s o u r i s , on p o u r r a i t r e m a r q u e r que deux mot i fs é l é m e n t a i r e s ont été r e t enus pour f igurer l ' an imal : le nez tourné v e r s le haut , f iguré p a r une papule haut p l acée sur l ' a ­dorno; l e s g randes o r e i l l e s sur l e sque l l es sont r a b a t t u e s l e s a i l e s , ce qui se t r adu i t sur les mode lages pa r deux re l i e f s géné ra l emen t t e r m i n é s p a r une papule à chaque e x t r é m i t é , p la ­cé s sur l es cô tés de la t ê t e . Un t r o i s i è m e motif é l é m e n t a i r e , le p r e m i e r doigt de l ' a i l e , évoqué pa r un c roche t tourné v e r s le haut se r e t rouve souvent i nc i sé sur un re l ie f de chaque côté de la t ê t e . On peut r a i sonnab lement s ' a t t endre à r e t r o u v e r selon l e s t echn iques du t r a i t l 'un ou l ' a u t r e de ces mot i fs é l é m e n t a i r e s pour évoquer la c h a u v e - s o u r i s . C ' e s t ce que nous a l lons rap idement examine r .

Le d é c o r d e K 339 PL 48 (Vivé I) es t r e m a r q u a b l e c a r de chaque côté du t r a p è z e aux angles cochés se t rouve un c roche t . Tous deux sont t ou rnés dans le m ê m e s e n s . Celui de d ro i t e n ' e s t donc pas symét r ique de ce lu i de gauche . Il y a eu répé t i t ion p a r t r a n s l a t i o n du m ê m e motif en c roche t . On peut a l o r s pense r qu ' i l n ' appa r t i en t pas au m ê m e ensemble que le t r a p è z e aux angles cochés qui, je l ' a i m o n t r é dans un t r ava i l r écen t (1975) r e p r é s e n t e une t ê te de grenoui l le . La bouche es t évoquée pa r le t r a i t hor izonta l dans l ' a r c de c e r c l e et les yeux pa r l e s angles cochés . Quelquefois, dans l e s d é c o r s de v a s e on t rouve des c roche t s l i b r e s . C 'es t ce que mon t r e la P lanche 49 (A44 Diamant I I , C 230 Vivé I et C 231 Vivé I); la p r é s e n c e de ce s c r o c h e t s , motif é l é m e n t a i r e , suffit à m o n t r e r que le t h è m e de la chauve-sou r i s es t évoqué c a r on l e s t rouve souvent dans l e s d é c o r s c o m p l e r s , pe in t s , g r a v é s ou i n c i s é s , encadran t des v i s a g e s qui ont deux yeux, un nez et quelquefois une bouche . C 'es t ce qu ' i l l u s t r e la P lanche 51 (détai ls de v a s e s , K 334 Diamant I I , K 321 Diamant I I , H 301 Diamant I I ) . L e s dé ta i l s d'un décor complet sont des t ê t e s de c h a u v e - s o u r i s où l ' é l émen t d ' identif icat ion es t la volute de chaque côte de la t ê t e . Ces t r o i s v i s a g e s pe in t s en "blanc sur rouge" démont ren t auss i qu ' i l faut l i r e le t r a i t rouge pour vo i r la r e p r é s e n t a t i o n . De même, pour l es d é c o r s pe in ts en "Blanc et r ouge" , c ' e s t le t r a i t c r u qu ' i l faut l i r e pour c o n s e r v e r la cohérence de la f igurat ion.

Pour i l l u s t r e r des r e p r é s e n t a t i o n s de v i s a g e s de c h a u v e - s o u r i s en inc i s ion et g r a ­v u r e , nous avons A 197 Vivé I (PI. 52) et A 194 Vive I (PI . 52). Sur A 194, à la b a s e de la f igurat ion se t rouve deux pe t i t s c r o c h e t s , qui évoquent l e s p i e d s . L e s exemples pou r r a i en t ê t r e mul t ip l i és pour d é m o n t r e r que le thème de la c h a u v e - s o u r i s f rugivore et ce lu i de la g renoui l le , sont l e s plus impor t an t s de l ' a r t a rawak des Ant i l l e s .

P o u r r e p r e n d r e quelques uns des é l émen t s m i s en évidence dans ce t te communica ­t ion, ce qui va nous p e r m e t t r e de conc lu re , on peut d i r e qu 'avec la technique du mode lage , l 'un des mot i fs é l é m e n t a i r e s r e t enus pour f igurer la thème de la c h a u v e - s o u r i s e s t le nez . Dans l e s d é c o r s , pe in ts ou inc i sé s ou g r a v é s , le motif é l é m e n t a i r e es t le pouce de l ' a i l e f iguré pa r des volu tes ou des c r o c h e t s , qui peuvent ê t r e l i b r e s , d i s loqués des a u t r e s t h è m e s , ou p l a c é s de chaque côté d 'une zone ce rnée qui évoque le v i s a g e . Dans ce d e r n i e r c a s , i l s sont toujours r e t o u r n é s v e r s le sommet du v i s a g e .

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Pis . 7, 3, 8, 44, 45, and 46 (Order they are referred to in text).

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l~i-i : )

. 47, 1, 48, 49, 51, and 52 (Order they a r e r e f e r r e d to in tex t ) .