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du compositeur polonais Sta- nislaw Moniuszko (1819-1872) et aborde la musique de ballet. Elle évoque un condensé de valses straussiennes, bien tour- nées et divertissantes, quoique limitées (Naxos 8. 573610, ***). Terminons ce panorama or- chestral en compagnie d'un inconnu, le Chilien Enrique Soro (1884-1954), que présen- tent José Luis Dominguez et l'Orquestra Sinf6nica de Chile. Les pièces teintées de folklore (Danzas [antâsticas, TresAires chilenos) sont aimables. Le lyrisme de l'Andante appas- sionato fait sourire et on admire la Sinfonia romântica (1922), joliment disparate, pleine de vie et passionnée. Une sym- pathique découverte (Naxos 8.573505, ***). MUSIQUE DE CHAMBRE ~. , no piano no problem Phihppc Villefeaoca, r:;olm Manon Louis, brp « No piano, no problem '», annoncent sans ambages le violoniste Philippe Villafranca et la harpiste Manon Louis. On avancerait même que l'as- sociation entre les cordes des deux instruments semble plus naturelle et qu'elle ne bride jamais la polyphonie. Aussi le clavier est vite oublié dans la Suite populaire espagnole de Falla et les tangos de Piaz- zolla. Et ce curieux duo donne . à la Méditation de Thaïs une singulière ferveur. Mais ce sont surtout les Trois Fantaisies de Florentine Mulsant (2013), dédiées aux interprètes, et Night Time (1998) de Sebas- tian Currier qui font le prix de ce disque original. La science de la couleur, du récit, des contrastes et une utilisation habile des possibilités de deux instruments suscitent un inté- rêt permanent. La virtuosité et la musicalité des deux artis- tes profitent d'une prisé dé son splendide (Animato Records ACD 6155, ****). Plus fort que Messiaen! La Symphonie des oiseaux ne consigne pas sur des portées le chant de ces siffleurs ailés, mais elle les fait entendre. Roi- telet à triple bandeau, serin des Canaries et pluvier doré, avec la complicité des chanteurs d'oiseaux Jean Boucault et Johnny Rasse, se glissent ainsi sur des pages de Mozart, Schumann, Saint-Saëns et Stravinsky, que tournent amoureusement la violoniste Geneviève Laurenceau et la pianiste Shani Diluka. Une jolie volière (Mirare MIR327, ***). Si le duo entre la flûtiste Joce- lyn Aubrun, soliste de l'Or- chestre de Lyon, et la pianiste Aline Piboule se montre plus traditionnel, il affiche un pro- gramme original de cinq sona- tes et sonatines composées en 1943. Parmi les raretés se déga- gent l'intéressante sonate de Leo Smit, dont Virginie Reibel et Romain Descharmes nous ont déjà laissé une interpréta- tion de choix chez Saphir, et la sonatine de Claude Arrieu, à la grâce magnifiquement res- tituée. Les musiciennes se sur- passent dans la première partie de la sonatine de Dutilleux, mais elles ne parviennent pas à imposer une version person- nelle et incontestable de la célè- bre sonate de Prokofiev, à la discographie déjà très riche (Artalinna ATL-A013 ***). Est également riche celle des trios avec piano de Beetho- ven. Le jeune Trio Leos offre les trois de l'Opus 1, assortis de Désinstallation de Chris- tophe Hache. Malgré un jeu clair et animé, cette version manque d'inventivité (Klarthe Records CD + DVD,K021,2014, **). C'est un commentaire simi- laire qu'appelle le nouveau disque du Quatuor Voce dont on avait pourtant apprécié les Mozart, Beethoven et Schu- bert. Il manque en effet de variété de couleurs et d'expres- sions dans le Quatuor n01 de Bartok, d'ironie dans les Cinq Pièces de Schulhoff, d'énergie et d'unité interprètes dans le Quatuor n02 « Lettres inti- mes» de .Janâcek. Dommage (Alpha 268, **). Si le Camerata Quartet et Marta Kordykiewicz (violon- celle) ne bouleversent pas la discographie du Quintette à cordesD. 956 de Schubert, ils l'enrichissent. Certes, le pre- mier violon tire un peu la cou- verture à lui (façon Quatuor Amadeus, si vous voyez), mais il ne bride pas la sonorité, ni l'investissement des autres membres de cette belle for- mation polonaise d'une éner- gie marquante (Dux, 1189, ***). PIANO Disciple de Yakov Zak, Mikhail Voskresensky et Tatyana Krav- chenko, la pianiste russe Nata- lia Trull offre une intégrale des sonates de Prokofiev. Son jeu se montre précis et affûté, mais distant, insuffisamment varié et coloré. L'interprète aurait pu davantage souligner l'iden- tité de chacune de ces œuvres. Yakov Kasman (PhaiaMusic), Matti Raekallio (Ondine) et Boris Berman (Chandos) res- tent préférables (Sorel 3 CD CD007/8/9, ***). Le récital du jeune pianiste américain Andrew Tyson, révélé par son Premier Prix au Concours Géza Anda à Zurich, ne convainc pas davantage. Une sonorité pâteuse et un manque d'idées desservent les Sonates n03 et n"10 de Scria- bine. Un style inutilement ana- lytique, sans projection sonore, fait pâlir les Miroirs de Ravel. Une déception (Alpha 277, **). Les curieux trouveront davan- tage de satisfaction en suivant Giorgio Koukl dans l'intégrale de l' œuvre pour piano de la compositrice tchèque Vitezs- lava Kapralova (1915-1940). Malgré une prise de son quel- conque, ils apprécieront la fraîcheur de l'écriture, influen- cée à la fois par l'impression- nisme français, le classicisme de l'entre-deux-guerres avec Martinu et quelques réminis- cences du romantisme de Scriabine. Intéressant (Grand Piano GP708, ***). Ils pourront aussi découvrir le Britannique Francis Shaw (né en 1942) qui dirige ses Concertos pour piano n01 et n02 à la tête de l'Orchestre national Slovaque, et accom- pagne Martin Jones. Le pre- mier, de 1988, est empreint d'un lyrisme frayant, sans y entrer avec l'atonalité. Le second, postérieur de vingt- cinq ans, se montre plus per- sonnel et émotionnelle ment engagé, tout comme l'est le pianiste. On navigue entre Bart6k et Gershwin, avec d'admirables moments de poésie. À découvrir (Lyrita SRCD 356, ***). Et ils réserveront un bon accueil au volume 6 de l'antho- logie de pièces pour la main gauche qu'entreprend Maxime Zecchini. S'il n'est pas certain qu'ils découvrent une face cachée de l'Allegretto de la Symphonie n07 de Beethoven, ils s'abandonneront sans doute aux sortilèges de la Danse macabre de Saint-Saëns et de la Méditation de Thaïs (Ad Vitam Records AV 161115, ***).• S .F., P. G" X. d. G. et Ph. v. www.classica.frICLASSICA/avriI2017.119

Phihppc Villefeaoca, Manon Louis,

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Page 1: Phihppc Villefeaoca, Manon Louis,

du compositeur polonais Sta-nislaw Moniuszko (1819-1872)et aborde la musique de ballet.Elle évoque un condensé devalses straussiennes, bien tour-nées et divertissantes, quoiquelimitées (Naxos 8. 573610, ***).Terminons ce panorama or-chestral en compagnie d'uninconnu, le Chilien EnriqueSoro (1884-1954),que présen-tent José Luis Dominguez etl'Orquestra Sinf6nica de Chile.Les pièces teintées de folklore(Danzas [antâsticas, TresAireschilenos) sont aimables. Lelyrisme de l'Andante appas-sionato fait sourire et on admirela Sinfonia romântica (1922),joliment disparate, pleine devie et passionnée. Une sym-pathique découverte (Naxos8.573505, ***).

MUSIQUEDE CHAMBRE

~.,nopianonoproblemPhihppc Villefeaoca, r:;olmManon Louis, brp

« No piano, no problem '»,annoncent sans ambages levioloniste Philippe Villafrancaet la harpiste Manon Louis.On avancerait même que l'as-sociation entre les cordes desdeux instruments semble plusnaturelle et qu'elle ne bridejamais la polyphonie. Aussile clavier est vite oublié dansla Suite populaire espagnole deFalla et les tangos de Piaz-zolla. Et ce curieux duo donne

. à la Méditation de Thaïs unesingulière ferveur. Mais ce sontsurtout les Trois Fantaisies deFlorentine Mulsant (2013),dédiées aux interprètes, etNight Time (1998) de Sebas-tian Currier qui font le prixde ce disque original. La science

de la couleur, du récit, descontrastes et une utilisationhabile des possibilités de deuxinstruments suscitent un inté-rêt permanent. La virtuositéet la musicalité des deux artis-tes profitent d'une prisé déson splendide (Animato RecordsACD 6155, ****).Plus fort que Messiaen! LaSymphonie des oiseaux neconsigne pas sur des portéesle chant de ces siffleurs ailés,mais elle les fait entendre. Roi-telet à triple bandeau, serin desCanaries et pluvier doré, avecla complicité des chanteursd'oiseaux Jean Boucault etJohnny Rasse, se glissent ainsisur des pages de Mozart,Schumann, Saint-Saëns etStravinsky, que tournentamoureusement la violonisteGeneviève Laurenceau et lapianiste Shani Diluka. Une jolievolière (Mirare MIR327, ***).Si le duo entre la flûtiste Joce-lyn Aubrun, soliste de l'Or-chestre de Lyon, et la pianisteAline Piboule se montre plustraditionnel, il affiche un pro-gramme original de cinq sona-tes et sonatines composées en1943.Parmi les raretés se déga-gent l'intéressante sonate deLeo Smit, dont Virginie Reibelet Romain Descharmes nousont déjà laissé une interpréta-tion de choix chez Saphir, etla sonatine de Claude Arrieu,à la grâce magnifiquement res-tituée. Les musiciennes se sur-passent dans la première partiede la sonatine de Dutilleux,mais elles ne parviennent pasà imposer une version person-nelle et incontestable de la célè-bre sonate de Prokofiev, à ladiscographie déjà très riche(Artalinna ATL-A013 ***).Est également riche celle destrios avec piano de Beetho-ven. Le jeune Trio Leos offreles trois de l'Opus 1, assortisde Désinstallation de Chris-tophe Hache. Malgré un jeuclair et animé, cette versionmanque d'inventivité (KlartheRecords CD+ DVD, K 021, 2014, **).

C'est un commentaire simi-laire qu'appelle le nouveaudisque du Quatuor Voce donton avait pourtant apprécié lesMozart, Beethoven et Schu-bert. Il manque en effet devariété de couleurs et d'expres-sions dans le Quatuor n01 deBartok, d'ironie dans les CinqPiècesde Schulhoff, d'énergieet d'unité interprètes dansle Quatuor n02 « Lettres inti-mes» de .Janâcek. Dommage(Alpha 268, **).Si le Camerata Quartet etMarta Kordykiewicz (violon-celle) ne bouleversent pas ladiscographie du Quintette àcordesD. 956de Schubert, ilsl'enrichissent. Certes, le pre-mier violon tire un peu la cou-verture à lui (façon QuatuorAmadeus, si vous voyez), maisil ne bride pas la sonorité, nil'investissement des autresmembres de cette belle for-mation polonaise d'une éner-gie marquante (Dux, 1189,***).

PIANO

Disciple de Yakov Zak, MikhailVoskresensky et Tatyana Krav-chenko, la pianiste russe Nata-lia Trull offre une intégrale dessonates de Prokofiev. Son jeuse montre précis et affûté, maisdistant, insuffisamment variéet coloré. L'interprète auraitpu davantage souligner l'iden-tité de chacune de ces œuvres.Yakov Kasman (PhaiaMusic),Matti Raekallio (Ondine) etBoris Berman (Chandos) res-tent préférables (Sorel 3 CDCD007/8/9, ***).Le récital du jeune pianisteaméricain Andrew Tyson,

révélé par son Premier Prix auConcours Géza Anda à Zurich,ne convainc pas davantage.Une sonorité pâteuse et unmanque d'idées desservent lesSonates n03 et n"10 de Scria-bine.Un style inutilement ana-lytique, sans projection sonore,fait pâlir les Miroirs de Ravel.Une déception (Alpha 277, **).Les curieux trouveront davan-tage de satisfaction en suivantGiorgio Koukl dans l'intégralede l' œuvre pour piano de lacompositrice tchèque Vitezs-lava Kapralova (1915-1940).Malgré une prise de son quel-conque, ils apprécieront lafraîcheur de l'écriture, influen-cée à la fois par l'impression-nisme français, le classicismede l'entre-deux-guerres avecMartinu et quelques réminis-cences du romantisme deScriabine. Intéressant (GrandPiano GP708, ***).Ils pourront aussi découvrirle Britannique Francis Shaw(né en 1942) qui dirige sesConcertos pour piano n01 etn02 à la tête de l'Orchestrenational Slovaque, et accom-pagne Martin Jones. Le pre-mier, de 1988, est empreintd'un lyrisme frayant, sans yentrer avec l'atonalité. Lesecond, postérieur de vingt-cinq ans, se montre plus per-sonnel et émotionnelle mentengagé, tout comme l'est lepianiste. On navigue entreBart6k et Gershwin, avecd'admirables moments depoésie. À découvrir (Lyrita SRCD356, ***).Et ils réserveront un bonaccueil au volume 6 de l'antho-logie de pièces pour la maingauche qu'entreprend MaximeZecchini. S'il n'est pas certainqu'ils découvrent une facecachée de l'Allegretto de laSymphonie n07de Beethoven,ils s'abandonneront sans douteaux sortilèges de la Dansemacabre de Saint-Saëns et dela Méditation de Thaïs (Ad VitamRecords AV 161115,***).•

S .F., P. G" X. d. G. et Ph. v.

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