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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de l ASSOCIATION GUILLAUME BUDB PLATON OEUVRES COMPLÈTES TOME V i re PARTIE ION - MÉNEXÈNE EUTHYDEME TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAU Louis MÉRIDIER Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. PARIS SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES » BOULEVARD RASPAIL

Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCEpubliée sous le patronage de lASSOCIATION GUILLAUME BUDB

PLATONOEUVRES COMPLÈTES

TOME V — ire PARTIE

ION - MÉNEXÈNE — EUTHYDEME

TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT

PAU

Louis MÉRIDIERProfesseur à la Faculté des Lettres

de l'Université de Paris.

PARISSOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES »

95, BOULEVARD RASPAIL

ig3iTous droits réservés.

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Conformément aux statuts de l'Association Guillaume

Budé, ce volume a été soumis à l'approbation de la

commission technique, qui a chargé M. Emile Chambryd'en Jaire la revision et d'en surveiller la correction en

collaboration avec M. Louis Méridier.

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v.5"'

AVERTISSEMENT

Le texte de ces trois dialogues se fonde sur une colla-

tion intégrale des manuscrits T et W (Ion, Ménexène,

Euthydèmè), F Qon> Mènexené) et B (Euthydème). J'ai

utilisé pour ce dernier la reproduction en phototypie

établie par de Vries; pour les trois autres, les photogra-

phies qui sont la propriété de l'Association Guillaume

Budé. M. A. Diès a bien voulu lire les Notices et medonner sur quelques points de YEuthydème de précieuses

indications;M. É. Chambry a revu les Notices et la

traduction des trois dialogues, et je dois à sa recension

attentive nombre d'observations excellentes. Je leur en

exprime ma sincère gratitude.

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ION

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NOTICE

T . . L Ion met aux prises Socrate avec unLes rhapsodes. . ,

 

*, , .

rhapsode. iSous n avons pas a rechercher

ici l'étymologie de ce nom, fort discutée déjà par les gram-mairiens anciens 1

, ni à retracer l'histoire de ceux qui le

portaient2

. Peut-être à l'origine ne les distinguait-on pas des

aèdes, c'est-à-dire des poètes épiques qui déclamaient leurs

propres œuvres 3. Mais au ve

siècle, et avant cette époque, le

mot ne désignait plus que ceux qui allaient récitant des

poèmes dont ils n'étaient pas les auteurs 4. Leur industrie

i. Eustathe, ad IL, p. 6 (cf. schol. Pindare, Ném. II, 2) rapporte

trois explications différentes : la première partie du mot venait,

selon les uns, de la baguette (pa68o;) que les récitants tenaient à la

main;suivant les autres, de pàrcTeiv (coudre, assembler), parce que les

rhapsodes réunissaient en un tout des chants isolés ; d'autres enfin

entendaient c&r.xz'.v au sens de composer : interprétation assez vrai-

semblable, si les rhapsodes se confondaient primitivement avec les

aèdes. Les textes relatifs à ce débat ont été réunis par S. F. Dresig

(fiommentatio critica de rhapsodis, § II et suiv., Leipzig, s. d.).

2. S. F. Dresig, o. /., § X et suiv.;G. G. Nitzsch, Platonis dialogus

Ion, Lipsiae, 1822, p. 4 et suiv.

3. Platon lui-même, parlant d'Homère et d'Hésiode, qui réci-

taient leurs poèmes, se sert du mot pa<J'to8eiv, Rép., 600 d. Dans Ion,l'aède Phémios est appelé caytoôoç (533 c), peut-être, il est vrai,

par plaisanterie. Voir Dresig, 0. I. M. V. Bérard (Introduction

à l'Odyssée, vol. III, p. 446) incline à retrouver les premiers

rhapsodes dans les Homérides de Ghios, qui, pendant la premièremoitié du vti e

siècle, cousirent (pa^Tôv È7:étov àotBot, Pindare

Ném. II, 1) et amalgamèrent en un seul les poèmes de l'Odvssée.

Après eux le nom resta à leurs disciples et successeurs dans le métier.

4.

Rynaethosde Ghios aurait le

premierfait œuvre de

rhapsode

à

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8 ION

s'était répandue à travers tout le monde grec; dans les fêtes

locales, comme dans les grandes solennités religieuses de

caractère panhellénique, avaient lieu des concours de rhap-sodes. Ils existaient anciennement à Sicyone, où ils furent

supprimés par Glisthène !

; plus tard, Sparte, la Crète, les

colonies doriennes de Libye en instituèrent à leur tour 2.

Enfin ces concours devaient être particulièrement nombreux

et brillants dans les cités ioniennes d'Asie-Mineure quiavaient été le berceau de la poésie épique.

Les récitations rhapsodiques étaient en usage à Athènes

avant le vi

e

siècle, s'il est vrai qu'elles furent réglementéespar Solon, qui leur imposa un ordre suivi 3

. Hipparque, fils

de Pisistrate, décida, dit-on, que les poèmes homériquesseraient récités d'un bout à l'autre aux grandes Panathénées 4

.

L'activité des rhapsodes n'était pas limitée à Homère :

Socrate félicite son interlocuteur de vivre dans la compagniede « beaucoup de bons poètes

5». Mais, comme il l'indique

aussitôt lui-même, les poèmes homériques étaient leur prin-

cipale étude. Ils allaient de ville en ville, s'exhibant dans

les fêtes et les concours. Ion d'Éphèse vient d'Épidaure, où

il a remporté le prix aux Meyxkcc 'AocXameia, et il s'apprête

à concourir aux grandes Panathénées. En dehors de ces

occasions solennelles, on avait souvent à Athènes l'occasion

d'entendre les rhapsodes, s'il faut appliquer à leurs récitations

Syracuse, vers l'olympiade 69 (?). Voir schol. Pind. Ném. II, 1;

cf. Eustathe, ad II., p. 6.

1. Hérodote, V, 67.

2. Maxime de Tyr, XXIII, 5. — Des inscriptions béotiennes,

d'Orchomène et de Thespies, mentionnent les rhapsodes vainqueursau concours des Chariteisia et à la fête des Muses, aux 11e et Ier siècles

avant J.-G.

3. Diogène de Laërte, I, 2, 57.

4. Pseudo-Platon, Hipparque, 228 b. L'indication est d'ailleurs

suspecte, car la même phrase attribue à Hipparque le mérite d'avoir

le premier introduit à Athènes les poèmes d'Homère. Lycurgue,C. Léocrate, 102, rappelle qu'une Joi des ancêtres réserve à ces seuls

poèmes l'honneur d'une récitation régulière aux grandes Panathénées.

5. Ion, 53o b. Ghamaeléon, cité par Athénée, XIV, 620, 12,

disait dans son livre sur Stésichore que les rhapsodes, outre les

poèmes d'Homère, « chantaient » encore ceux d'Hésiode, Archi-

loque, Mimnerme,et

Phocylide.

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NOTICE 9

proprement dites ce propos de Nicératos, dans le Banquet de

Xénophon : « Je les entends presque tous les jours1

. »

Le débit des rhapsodes n'était pas accompagné de lyre. Les

mots dont se serventles anciens pour le désigner (onzccyyik'kEiv ,

Xsyetv) montrent, d'autre part, qu'il n'avait rien d'un chant.

Le rhapsode récitait, ou déclamait; le terme depa<];a>oYa,

comme celui de aBeiv, très souvent employé pour les poèmes

épiques, ne doit pas faire illusion 2. Mais son art se rap-

prochait par la mimique de celui des acteurs 3. Platon nomme

souvent côte à côte pa^coSoi et u7to>cpiTai4

. Les rhapsodes

apparaissaientsur

unetribune

(ou scène, (37ju,a,535

e),vêtus

de costumes somptueux aux couleurs vives 5,une couronne

d'or en tête (535 d). Et leur jeu expressif, par lequel ils

croyaient s'identifier aux héros dont ils contaient les aven-

tures, faisait oublier au public qu'ils travaillaient pour un

salaire (535 e). Transportés dans un monde merveilleux, les

auditeurs étaient agités des mêmes émotions, diverses et

profondes, qu'en écoutant les auteurs dramatiques (535 e).

Ion commentateur Mais YIon ne touche qu'accessoirementd'Homère.

(535 b-e) à ce qui est la fonction essen-

tielle du rhapsode : la récitation des poèmes homériques.Ion se flatte aussi de commenter Homère, et de s'en acquitteravec plus d'abondance et d'éclat que personne. Cette tâche

d'exégète lui semble faire partie de son art; il avoue que

c'est elle qui lui a coûté le plus de peine (535 c-d). Et c'estsur elle que s'engage la discussion dont est fait le dialogue.

Ion ne s'explique pas sur les occasions qui s'offrent à lui

de dire tant de belles choses sur Homère. Ces commentaires

accompagnent-ils ses récitations? Est-ce dans les fêtes, dans

les concours de rhapsodes qu'il les développe? On songerait

plutôt à des sortes d'iTzioeilztq, analogues à celles que don-

i. 3, 6.

a. Voir Nitzsch, o. I., p. 6. Dans Ion (536 b) l'expression cpôevÇrjTat

[xéXoç, bizarre à première vue, s'explique par la comparaison queSocrate a dans

l'esprit, et qu'il développe ensuite, avec les xopu6av-

TUÔVTEÇ.

3. Eustathe, o. L, u-ezptvovxo BpajAaTr/.ioxspov.

A- Ion, 532 d, etc. Cf. Aristote, Poétique, 26, 1^62 a.

5. Ion, 537 d. De couleur pourpre, quand ils récitaient l'Odyssée ;

rouge, quandils récitaient

Ylliade, d'aprèsEustathe.

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co ION

naient les sophistes. Mais le mot S'.aXeyssôai (53a b) montre

qu'il s'agit, non de séances publiques, mais de conversations

privées1

. C'est dans des cercles d'amateurs qu'Ion déploie sa

virtuosité d'exégète, pareil à ces sophistes dont parle avec

mépris Isocrate 2, qui s'assemblent au Lycée pour s'entretenir

d'Homère et d'Hésiode, réciter leurs vers et faire assaut— sans

originalité d'ailleurs — de propos ingénieux sur ces poètes.

De quelle nature sont les commentaires d'Ion? Un passagefort intéressant du Banquet de Xénophon, sur lequel nous

aurons à revenir, parle des iwovoiott (sens cachés) que certains

s'attachaientà

découvrir chez Homère

3. Il

s'agit de l'inter-

prétation allégorique, fondée par Anaxagore et développée

après lui par Métrodore de Lampsaque et Stésimbrote de

Thasos : Métrodore est nommé par Diogène de Laërte 4;Xéno-

phon mentionne Stésimbrote avec Anaximandre, au mêmeendroit du Banquet. Or Ion déclare que ni Métrodore, ni

Stésimbrote, ni Glaucon 5,ni personne n'a jamais pu expri-

mer sur Homère autant de belles pensées que lui. De ce rap-

prochement on est tenté d'induire qu'Ion pratique lui-mêmesur Homère l'exégèse allégorique. Mais ce genre d'activité,

réservé aux philosophes, peut-il être attribué à un rhapsode?Schleiermacher 6 avait déjà signalé l'invraisemblance d'une

telle supposition. F. Dûmmler 7 et après lui F. Stàhlin 8 ont

soutenu, il est vrai, que derrière Ion c'est Antisthène qui est

visé. Antisthène, qui tenait les poètes pour les interprètes de

la sagesse divine et leur demandait des leçons, professait pour

i. Voir l'ensemble delà phrase : oxav uiv xt; 7rspcaXXou tou îîoiyj-

tou ôtaléyri-at... è7îei8àv os ttç JCtpt 'OuTJpou avyjaOr;...

2. Panalhénaïque, 236 c-e.

3. 3, 5 et suiv.

4- II, 3, 7.

5. On a voulu reconnaître dans ce personnage Glaucon de Téos,

dont parle Aristote (Rhét., III, i § 3). A. ttostagni (La Poetica di

Aristotele, Torino, 1927, p. 112, note) pense qu'il faut plutôt l'iden-

tifier avec le Glaucon mentionné par la Poétique (25, i/J6i b 1),

c'est-à-dire avec Glaucon de Rhégion, auteur d'un des plus anciens

traités de critique poétique, ÏIboi Ttov àp/attov Tcot^roiv xa\ aouaixtov.

6. Platons Werke, dritte Auflage I, 1, p. 3og.

7. Antisthenica, p. 3o et suiv.

8. Die Stellung der Poésie in der platonischen Philosophie, 1901,

p. 26 et suiv.

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NOTICE ii

Homère une admiration particulière. Il lui avait consacré de

nombreux écrits 1

,et s'efforçait, en l'expliquant à sa mode,

de retrouver chez lui les principes de sa propre morale 2.

L'auteur de Ylon, comme celui du Banquet, attaquerait à

mots couverts un ouvrage d'Antisthène, dont Ion repré-

senterait la doctrine en donnant Homère pour la source de

toute science. Bref, Ylon marque, nous dit-on, une phasede la polémique de Platon contre Antisthène.

Si séduisante que puisse paraître cette hypothèse, et si

intéressantes que soient les conclusions à en tirer, elle soulève

de graves objections

3.

Bornons-nousà

indiquerla

plusdirecte. Quand Socrate, dans le Banquet de Xénophon, parle

d'u7covotat, il fait évidemment allusion à l'interprétation allé-

gorique : on n'en peut douter, puisqu'il emploie le mot

propre. Mais nulle part dans Ylon il n'est question d'ÔTrdvoiac.

Pour qualifier ses trouvailles d'exégète, le rhapsode se sert

du mot o-.âvotat, qui a une tout autre valeur 4. Lui-même il

laisse entendre ce qu'il veut désigner par là. Son commen-taire doit être une paraphrase élogieuse

3, par où il s'attache

à faire ressortir les beautés d'Homère 6. Ainsi paraît com-

prendre Socrate, qui appelle Ion '0(xr,pou siratv£rr,ç (536 d

et 5/ia b fin), bien que l'expression ait en plusieurs endroits

chez Platon un sens fort étendu 7.

Mais si les commentaires du rhapsodeLe véritable objet >j •

. * 1 n   •

du dialoaue se reduisent a une paraphrase élogieusesans portée philosophique, est-il vrai-

semblable que l'auteur de Ylon ait consacré tout un dialogueà un si mince objet? Scbleiermacher 8 observe que les rhap-

i. Diogène de Laërte, VI, 9, i5-i8.

2. Peut-être, notamment, dans les traités Ilepl èçT)yr)-côJv et Uzoi'

0(17) pOU.

3. W. Janell, Quaestiones Platonicae, 1901, p. 328, note 10.

4. ld.

5. On peut songer aussi à des amplifications comme celle dont se

vante Hippias (Hipp. maj., 286 a et suiv.). Cf. Janell, /., p. 328.

6. Eu x£/.dau.r,xa xôv "Oja^cov (53o d).

7.Cf. Protag., 3og a

; Rép., X, 606 e etc. Voir Nitzsch, o. L,

p. 9, et U. von Wilamowitz-MoellendorfT, Platon, zweiter Band, z\v.

Àuflage, Berlin, 1920, p. l\i, note 2.

8. 0. t.,

p.

181.

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i2 ION

sodés formaient une classe assez inférieure, sans contact avec

l'élite de la population, et incapable en conséquence d'exercer

une influence sensible sur la partie de la jeunesse à laquelles'intéresse Platon. Peut-être répondra-t-on que les poèmes

homériques tenaient dans l'éducation une place des plus

importantes et que leur interprète, dont les récitations sou-

levaient d'enthousiasme, aux grandes fêtes, la cité tout entière,

pouvait être écouté, quand il parlait d'Homère, avec une

déférence attentive. Mais en fait nous voyons par les Mémo-

rables* que les rhapsodes étaient considérés comme des sots,

et l'attitude prêtée à Ion par l'auteur du dialogue s'accordeassez avec ce jugement sévère. Ce rhapsode d'Éphèse, vain-

queur aux fêtes d'Épidaure et qui s'apprête à concourir aux

Panathénées, est abordé par Socrate comme un personnagebien connu des Athéniens. Il peut avoir joui auprès d'eux

d'une grande renommée 2,mais par sa virtuosité d'acteur,

non par ses talents d'exégète.

Quand on examine de près le dialogue, on croit

aper-cevoir la solution du problème. En apparence, l'objet du

débat est de savoir si les commentaires du rhapsode sont

dirigés par une t(yyt\. L'argumentation de Socrate a poureffet de prouver qu'Ion, commentateur d'Homère n'est pas,

quoi qu'il en pense, en possession d'un art. Elle comprenddeux parties. La première se fonde sur cet aveu d'Ion queson habileté ne concerne qu'Homère. Or Homère traite

en général les mêmes sujets que les autres poètes. Qu'ille fasse mieux, c'est possible ;

mais la possession d'un art

permet de parler avec une égale compétence de tous ceux

qui, plus ou moins bien, le pratiquent. Si donc Ion ne

sait parler que d'Homère, c'est qu'il ne possède pas de

xéyyr\ (53 1 a-533 c). Devant la résistance du rhapsode,Socrate entreprend une seconde démonstration. La poésie

homériquetouche à toutes sortes d'arts : ceux du cocher, du

médecin, du pêcheur, du devin. Chacun a son domaine

propre, où la compétence appartient au spécialiste. Queldomaine assigner à l'art du rhapsode ? Il n'y en a pas : il

n'existe pas de pa-WBtxr, tê/vt).Cette deuxième conclusion

confirme et complète la première. Annoncée presque dès le

i. IV, 2, io 7:avu 7jXi0:ouç. Cf. Banquet, 3, 6.

2. Wilamowitz, o. i., p. fo.

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NOTICE i3

début, la discussion est résumée à la fin, de la façon la plus

nette, par une conclusion qui s'adresse à Ion et parait ne

viser que lui.

En réalité, la critique du rhapsode tombe aussi sur les

poètesdont il est l'interprète, et les conclusions formulées

par Socrate les atteignent également. On n'en saurait douter

pour la première démonstration : de même qu'Ion ne sait

bien parler que sur Homère, le poète— Socrate le déclare

expressément— ne peut exceller que dans un seul genre

(534 c)â

. Quant à la seconde, son application aux poètes

n'est

que suggérée,mais ce

queSocrate enlève à

Ion,ne le

refuse-t-il pas du même coup à Homère ? Si parmi les arts

auxquels touche la poésie homérique, il n'en est point qui

appartienne en propre au rhapsode, la même conclusion vaut

aussi pour le poète : toute l'argumentation de Socrate (53g d-

54o c) lui est exactement applicable.

On est donc conduit à se demander si en réalité la discus-

sion, tout en ayant l'air de porter essentiellement sur le rhap-

sode et ses commentaires, ne vise pas surtout la poésie 2 . Ce

soupçon se confirme quand on observe que le débat se déve-

loppe autour d'un morceau central qui est évidemment la

pièce capitale de l'ouvrage. La forme dialoguée y fait place

à deux longs discours de Socrate (533 c-535 a;535 e-536 d).

Le changement de procédé, cet exposé didactique, l'espèce

de solennité avec laquelle est introduit le premier discours,

l'élévation soudaine du ton, tout montre qu'il faut chercherici la véritable pensée de l'auteur et la clef de son dessein.

Dans le reste de l'ouvrage la discussion n'aboutit qu'à des

conclusions négatives. Mais elles ne peuvent suffire. Si ce n'est

pas un art, une xe/vr,, qui dicte au rhapsode tant de belles

choses sur Homère, alors qu'il ne trouve rien à dire sur les

autres poètes, qu'est-ce donc qui le fait parler ? Socrate va le

révéler. Le rhapsode, interprète du poète, est un anneau de

la chaîne qui part de la Muse pour aboutir aux auditeurs et

qui est parcourue par l'inspiration divine. C'est cette inspi-ration qui anime le rhapsode ;

il la tient du poète, directe-

ment rattaché à la Muse, et la communique lui-même à ceux

i. Schleiermacher, o. L, p. 3n; Stallbaum, Prolegomena ad

Ionem, 1857, p. 338.

a.

Déjà

vupar

Schleiermacher, 0. I.,

p.

181.

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i4 ION

qui l'écoutent !

. Pour expliquer le cas d'Ion, Socrate est donc

remonté aux poètes, et c'est à eux qu'il s'arrête en dévelop-

pant la célèbre comparaison avec la pierre magnétique. Les

bons poètes ne peuvent créer que sous le coup d'une posses-

sion divine, et quand le délire sacré leur a ôté la raison. Si

leurs compositions étaient l'effet de l'art, ils sauraient abor-

der avec le même succès tous les genres. Or ils ne réussissent

qu'en un seul, celui où ils sont poussés par la Muse. Et aux

plus médiocres, comme Tynnichos de Ghalcis, le dieu se plaît

à inspirer parfois des œuvres incomparables.

Ainsi la ts'/vtj, c'est-à-dire la possession d'un ensemble derègles reposant sur une connaissance scientifique (èirMmfjjir,),

est refusée aux poètes. Ce que Socrate leur attribue, c'est un

don divin (ôsia aoîpa, 534 bc), une sorte d'enthousiasme et

de délire qu'ils tiennent du dieu et qui les met en branle. Ce

mystérieux privilège, la divinité le leur accorde à sa guise ;

non seulement ils n'en sont pas maîtres, mais ils n'en ont

point conscience; bien plus, il suppose une perte momentanée

de la faculté raisonnante.

_. . . L'auteur du dialogue n'a pas inventéPlaton et la poésie. .. ,° , . •

9 T >j'cette conception de la poésie \ L idée

que le poète n'est que le porte-parole de la Muse apparaît

aux premiers vers de Ylliade et de YOdyssée. On la retrouve

chez Hésiode et chez Pindare. Parmi les philosophes, autant

qu'on en peut juger, Démocrite est le premier qui l'ait

admise. Mais Platon l'a reprise pour l'approfondir et en tirer

hardiment les conséquences qu'elle lui semblait impliquer.Il est impossible de ne pas voir dans YIon l'illustration d'un

1 . Du dieu, figuré par l'aimant, dépend le poète (premier anneau) ;

du poète, le rhapsode (second anneau). F. Stâhlin (o. /., p. 3i)

compare à cette hiérarchie celle que la République (596 sq.) établit

entre l'Idée, l'objet sensible, et l'imitateur. De même que le peintre

(ou le poète), c'est-à-dire l'imitateur, est éloigné de trois degrés de la

nature et de la réalité (Rép. , 697 e), les rhapsodes, « interprètes

d'interprètes » (Ion, 535 a), sont, de trois degrés, éloignés du

divin. Il n'y a d'ailleurs point à en conclure que la théorie des Idées

soit déjà en germe dans YIon.

a. Sur les vues de Platon touchant la poésie, voir Fr. Stâhlin,

o. I. ; W. Chase Greene, Plato's view of poetry {Harvard Studies, I,

29, 1918) ;

G.Colin,

Platon et la

poésie (REG, 1918, p.1 et

suiv.).

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NOTICE i5

passage de YApologie (22 a-c). Socrate, ne pouvant s'expliquerl'oracle de Delphes qui le désignait comme le plus savant des

hommes, est allé interrogera Athènes ceux qui passaient pour

posséder quelque savoir. Après les hommes d'État, il a

consulté les poètes. Or il ne lui a pas fallu longtemps pourconstater que « leurs créations sont dues non pas au savoir

<jo<p''a),mais à un don naturel, à une inspiration divine

(ç,-jnv.

Ttvt xal Ivôooc.a^ovTs:) analogue à celle des prophètes et des

devins. Ceux-là en effet disent, eux aussi, beaucoup de belles

choses, mais sans rien connaître à ce qu'ils disent ».

iMême théorie dans le Phèdre (2^5 a). Platon y distinguediverses sortes de délire (aav:'ai) envoyées aux hommes par les

dieux. La première est celle qui inspire la Pythie de Delpheset les prêtresses de Dodone

;dans les cas de grandes calamités

produites par des malédictions anciennes, la seconde a révélé

les purifications et les rites d'initiation propres à y mettre

fin. « Une troisième sorte de possession et de délire est celle

qui

vient des Muses.

Lorsqu'elle s'empare

d'une âme encore

tendre et neuve, qu'elle la transporte, en lui inspirant des

compositions lyriques et toutes les autres formes de poésie,

et pare de ses charmes d'innombrables exploits des anciens,

elle instruit les générations suivantes. Mais celui qui, sans

ce délire des Muses, approche des portes de la poésie, per-suadé apparemment que l'art suffira à faire de lui un poète,

celui-là n'aboutit lui-même à aucun résultat, et son œuvre

poétique, celle de l'homme de sang-froid, est éclipsée parcelle des poètes en proie au délire ». Écoutons enfin l'Athénien

des Lois (719 c):« C'est un vieux propos, que nous n'avons

cessé de tenir nous-mêmes et universellement admis, que le

poète, quand il s'assied sur le trépied des Muses, n'est plusmaître de sa raison ».

L'expression (6sta ixoTpa) employée pour définir ce délire

sacréapparaît

ailleurs chezPlaton,

notamment dans le

Ménon, où elle s'oppose au mot science(stc.cttjjjlt,).

Les grandshommes d'État, qui ont gouverné les cités sans l'aide du

savoir, sont comparables aux prophètes, aux devins et aux

poètes. Gomme eux, on peut les appeler divins et inspirés (Oeiou;

eTvac xa\ èvôoua'.âÇsiv), car ils doivent au dieu qui les possèdela faculté de dire ou de faire avec succès beaucoup de grandeschoses sans rien savoir de ce dont ils parlent. La vertu n'est

ni un don de nature, ni l'effet d'un enseignement, mais chez

V. 1. — 2

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16 ION

ceux qui la possèdent elle se produit par un privilège divin

(Ôstx [xoipa, 99 e), sans que la raison entre en jeu (99 c-e).

Cette sorte d'inspiration qui dirige les hommes d'État se

confond avec l'opinion vraie (sùSoçia, 99 b).

Il y aurait à rechercher s'il n'entre pas quelque ironie dans

cette conception du délire divin attribué aux poètes1

. On

pourrait aussi se demander quelle valeur Platon entend lui

assigner2

. Il conviendrait de faire intervenir ici la chrono-

logie, pour déterminer dans quelle mesure les idées du philo-

sophe ont pu évoluer sur ce point. H. Raeder 3 observe que

dans le Ménon il reconnaît à l'opinion vraie une utilité pra-

tique égale à celle de la science. A cet égard le Ménon

marquerait un changement dans sa manière de voir. Demême dans le Phèdre, suivant H. Raeder, Platon place très

haut l'inspiration poétique, qui met l'homme en relation

directe avec le divin;

il a cessé d'attribuer à la science une

valeur exclusive. Sans entrer dans un examen qui serait ici

hors du sujet, il suffira de noter que, même dans le Phèdre,le poète n'occupe dans la hiérarchie des âmes que le sixième

rang, juste au-dessus de l'artisan ou du laboureur (248 e).

Il semble, en tout cas, que l'auteur de l'Ion n'ait pour

l'inspiration poétique, comparée à la science, qu'une estime

assez médiocre*. C'est l'impression qu'on éprouve devant

l'insistance qu'il met à dépouiller le poète de tout savoir et

même de toute faculté

personnelle, pourne lui laisser

quel'enthousiasme, force divine sans doute 5,mais qui lui vient

du dehors, et dont il n'a ni le contrôle, ni la conscience,—

étrangère à la raison et incompatible avec elle. Si haut quesoit ce privilège, Socrate fait ressortir d'ailleurs combien il

est limité et précaire. Le poète ne peut produire avec succès

que dans le genre où il plaît à la Muse de l'engager. Hors

1. H. Raeder, Platons philosophische Entwickelung , p. 91, se pro-nonce nettement pour l'affirmative en ce qui concerne Ion, selon lui

raillerie mordante contre les poètes ;sur la difficulté du problème,

voir Fr. Stâhlin, 0. L, p. 1 et suiv.

2. Voir W. Chase Greene, 0. L, p. 1 sq.

3. Cf. Wilamowitz, 0. I., p. 43.

4- G. Colin,oJ.,p.7;cf. St. G. Stock, The Ion oj P lato, 1909, p. vin.

5. Suivant Nitzsch, 0. L, Prolegomena, p. 19, Platon, tout en

gardant les formules traditionnelles, s'attaquerait à la vieille croyancequi attribuait à une impulsion divine des états naturels.

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NOTICE 17

d'état de comprendre les belles choses qui sortent de sa

bouche, il est incapable de juger ceux qui parlent des

matières mêmes dont il

s'occupe

1.

Même si Platon doit être pris au sérieux quand il attribue

au poète une inspiration divine, il n'est pas sûr qu'il faille

voir autre chose qu'une concession de politesse, et au fond

une pure ironie, dans l'application qu'il en fait au rhapsode.Admettons qu'il lui reconnaisse, au moins dans une certaine

mesure, la Ôsia fxotpa, lorsqu'il est le porte-parole du poètedont il récite les vers. Mais cette inspiration s'étend-elle aux

commentaires d'Ion sur Homère 2 ?

Quoi qu'il en soit, ce sont bien les poètes que vise à travers

le rhapsode Fauteur du dialogue. La théorie de l'inspiration

divine qui, par une chaîne ininterrompue, va de la Muse

aux auditeurs, lui permet de remonter par le rhapsode

jusqu'au poète. L'Ion prend place à côté des ouvrages où

Platon passe en revue, l'un après l'autre, quelques-uns de

ceux que juge sommairement YApologie: les hommes d'État

dans le premier Alcibiade, les devins dans YEuthyphron.Dans Ylon, c'est le tour des poètes. Mais le philosophe n'a

pas voulu s'en prendre directement à eux. 11 s'est servi d'un

détour, et c'est un simple rhapsode qu'il a mis en scène 3.

Cependant l'authenticité de Ylon a été

dudialoaue souvent contestée chez les modernes.Au 111esiècle après J.-C. elle ne faisait

pas de doute pour Athénée 4: il reproche à Platon d'y

« insulter tous les poètes », jugement sommaire et excessif

sans doute, mais qui paraît attester que l'auteur ne s'est pas

mépris sur le véritable objet de l'ouvrage. Mais au xixesiècle,

la critique s'est montrée plus défiante. Goethe s a manifesté

sa

surprise

de trouver dans Ylon un Platon et un Socrate si

peu conformes à l'idée qu'on peut prendre d'eux dans les

autres dialogues. Il estimait d'ailleurs, par une vue assez

surprenante, que le traité n'a rien à faire avec la poésie.

1. Cf. Rép., 601 c et sq.

2. Wilamowitz, 0. /., p. 45.

3. H. Raeder, o. /., p. 91.

4- Banquet des sophistes, XI, n4.5. Voir Wilamowitz, 0. L, p. 3a.

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18 ION

Schleiermacher a soumis Ylon à un examen sévère l. Il insiste

sur les contradictions qu'il croit découvrir dans la suite des

idées, sur les incohérences du plan, sur la suffisance gros-

sière et l'impolitesse de Socrate. Contre l'attribution à Platon

il fait valoir enfin des raisons tirées de la langue. Ce quisemble le choquer surtout, c'est l'obscurité même du dessein

poursuivi par l'auteur. Que l'objet du dialogue soit de tour-

ner en dérision un rhapsode, nul ne saurait l'admettre. S'il

vise les poètes, comment expliquer que la thèse ne soit pas

présentée plus clairement? Schleiermacher croit retrouver

dans Ylon le développement de la thèse déjà soutenue dans le

Phèdre 2 sur les poètes, mais avec moins de netteté et de

force. Frappé pourtant de l'accent incontestablement plato-

nicien de certaines parties, il suppose que YIon est l'œuvre

d'un disciple de Platon qui a travaillé, sans toujours bien

comprendre, sur une ébauche du maître, ou peut-être une

exquisse hâtive de Platon lui-même, qui n'a pu y mettre

la dernière main. S'il hésitait encore à tenir Ylonpour

apocryphe, Bekker a été moins timide, et dans l'appendice

ajouté à son étude Schleiermacher s'est rangé à l'avis de

Bekker.

Le jugement de Goethe, les objections de Schleiermacher

ont longtemps pesé sur la critique. Ast 3 et Zeller 4 se sont

prononcés contre l'authenticité. G. Ritter 3les a suivis, en

alléguant des raisons de stylistique: l'usage qui est fait dans

Ylon des formules de réponse. L'authenticité, soutenue parK. Fr. Hermann 6

,G. G. Nitzsch 7

,Stallbaum 8

,F. Dûmm-

ler 9,F. Stàhlin 10

,Ed. Meyer

11, Gomperz

12,a trouvé plus

i. O. L, p. 181 sq.

a. Voir plus haut.

3. Platons Leben und Schriften, 1816, p. 468 sq.4. Die Philosophie der Griechen 3

, 1875, II, 1, p. 4*8.

5. Untersuchungen ûber Plato, 1888, p. i5 sq.

6. Geschichte und System der platon. Philosophie, i83q, p. 435-439-

7. O. L, Prolegomena.

8. Prolegomena ad Ionem, 1857, p. 34i.

9. Antisthenica, 1882, p. 27 sq.

10. O. L, p. 3osq.

11. Forschungenzur alten

Geschichte, II, p, 174 sq.12. Lts penseurs de la Grèce, trad. A. Reymond, II, p. 299, note 1.

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NOTICE 19

récemment des défenseurs dans W. Janell   et H. Raeder 2.

Enfin Wilamowitz, après l'avoir longtemps niée 3,l'admet

dans l'étude qu'il a consacrée à Y Ion 4et où il examine les

divers problèmes posés par le dialogue. Il reconnaît qu'elle

est aujourd'hui généralement acceptée. Mais aux réserves dont

il enveloppe son adhésion on peut encore mesurer l'impres-

sion profonde qu'avaient faite sur lui les critiques de

Schleiermacher.

En essayant de dégager le sens de YIon, nous avons indi-

qué par avance quelques-unes des difficultés auxquelles se

heurte l'interprétation du dialogue, et comment elles nousparaissent se résoudre. Écartons Jes objections tirées de la

langue et du style : celles de Schleiermacher, d'ailleurs peu

nombreuses, portent à faux * ou se réduisent à des apprécia-tions arbitraires 6

;et l'on peut en dire autant de celles de

C. Ritter 7. Que le fond du dialogue soit platonicien, c'est ce

que reconnaissent Schleiermacher et Zeller, et ce qui ressort

des rapprochements indiqués plus haut. Les critiques quitouchent au plan et à la conduite du dialogue, les reproches

d'obscurité, d'incohérence, ou de faiblesse dialectique faits à

l'auteur sont plus sérieux. Mais, même justifiés, que prouve-raient-ils en soi contre l'authenticité 8

? Tout ce qu'on en pour-rait conclure, c'est que Platon n'a pas fait montre ici de la

même sûreté ni du même art qu'ailleurs, fait explicable si

YIon est une œuvre de début 9. Sur tous ces

points,d'ailleurs,

il y aurait bien des réserves à faire. Qu'un interlocuteur tel

qu'Ion soit traité par Socrate avec une liberté assez cavalière,

1. Quaestiones platonicae, p. 324 sq.

2. O. L, p. 90 sq.

3. Arisloteles und Athen, i8g3, p, 188, note 4; Hermès, 1909,

p. 458 sq.

4- Platon, zweiter Band, zw. Auflage, 1920, p. 32 sq.5. Ainsi quand il déclare, p. 3n, que l'emploi transitif de ôp 4

uto

(534 c) est insolite en prose : on en trouve d'autres exemples chez

Platon lui-même, dans le Phèdre, la République et les Lois.

6. Par ex., lorsqu'il écrit(même endroit) que XffWMK (534 c) ne

convient pas pour des poètes lyriques.

7. W. Janell, o. /., p. 336.

8. Certains ont reproché au Phèdre — dont l'authenticité est hors

de doute — une composition peu rigoureuse.9. Wilamowitz, 0. L, p. 43 sq. Voir injra.

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ao ION

on ne saurait s'en étonner. Mais n'y reconnaît-on pas encore,

sous une forme un peu appuyée, l'ironie habituelle à Socrate *?

La fin du dialogue est un délicieux persiflage où tout porte

la marque de Platon. Il n'est pas juste de taxer d'incohérenceet de grossièreté l'attitude de Socrate demandant à Ion un

exemple de son savoir-faire, puis refusant de l'entendre, et

pour finir, lui reprochant de n'avoir pas voulu montrer ses

talents 2. Avant d'écouter le rhapsode, Socrate a voulu savoir

si ses commentaires ont une valeur scientifique et sur quels

objets porte sa prétendue te/vt,. De la discussion il résulte

qu'Ion est incapable de répondre, parce que la te/vt) dont il

se pare lui fait défaut : il ne possède aucune compétence

spéciale. Socrate n'a donc pas tort de conclure qu'il lui a fait

une promesse de hâbleur. Qu'il entre d'ailleurs une part de

sophisme3 dans les raisonnements et les conclusions de

Socrate, on peut l'accorder. Il est permis notamment de pro-

tester, avec Goethe et Wilamowitz 4,contre une théorie qui

dans la définition de l'œuvrepoétique

ne tient

pas comptede la forme, et qui reconnaît aux seuls gens de métier :

cochers, pêcheurs, médecins, etc., le pouvoir et le droit de

juger si Homère parle bien ou mal des xé/vat qu'ils repré-sentent 3

. Mais il y a parfois du sophiste chez Platon 6,et

d'autres dialogues, d'une portée bien supérieure à lion, nous

laissent une impression analogue.Pour ce qui est de la conduite de l'ouvrage, nous croyons

avoir montré que le reproche d'incohérence est peu justifié.

Les deux démonstrations de Socrate sont inséparables l'une

de l'autre : elles se pénètrent et se ramènent à l'unité 7. Dans

la première partie, l'exemple de la divination objecté au

i. Est-il légitime de soutenir avec Wilamowitz (p. 45) queSocrate est ici tout différent de ce qu'il apparaît ailleurs, notamment

dans YApologie

? Il

faut,au

reste,tenir

comptedes conditions

parti-culières de chaque dialogue et des différences de ton qui en résultent.

a. Schleiermacher, o. Z.,p. 3og, 3i2.

3. Wilamowitz y insiste, non sans excès, p. 44-45.

4. O. L, p. 44-45.

5. Cf. Rép., 598 c.

6. G. Colin, 0. L, p. 3i.

7. Ainsi s'explique à la fin du dialogue, dans la conclusion qui le

résume,le

rappelde la ôeia

fxoïpa

définie

parSocrate dans la

pre-mière partie.

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NOTICE 21

rhapsode est-il un emprunt maladroit à l'argumentation de

la seconde ?* Nous ne le croyons pas. Il tend à prouver qu'Ion,

s'il parlait d'Homère d'après une xé/^vr,, saurait également

parler d'Hésiode. L'argument est à sa place dans la démons-tration. Dans la seconde, l'exemple prendrait un autre sens :

il servirait à montrer que, sur chaque xeyvrj particulière, le

rhapsode est dépourvu de la compétence propre au spécialiste.

Par deux voies différentes Platon s'achemine à la mêmeconclusion : Ion ne possède pas de

xÉyvr,.

Quant aux contradictions, où sont-elles? Il est vrai que la

itoiTiTtxr, te/vy) paraît présentée tourà

tour comme une et

multiple, ce que Schleiermacher 2

juge inacceptable. Mais le

raisonnement est celui-ci. S'il existe une Tzovr\Tixri xe/vr], elle

doit permettre à qui la possède de parler de tous les poètes

avec une égale compétence. Ion en est incapable ;cette xéy vr]

lui fait donc défaut. D'ailleurs l'œuvre poétique— celle

d'Homère, dont s'occupe Ion — se résout en éléments quirelèvent de

xéyvai

diverses. Il ne

peut

être

question

d'une

TcotTjX'.xr, xé/vr).Le rhapsode possède-t-il du moins une de

ces xéyvai, qui le mettrait en état de porter un jugement sur

telle ou telle partie d'Homère ? Non : il estimpossible de trouver

dans l'œuvre homérique rien qui se rattache à unepa<]>u)0ix7j

Tf'vVTj3

.

Enfin, si le véritable but de YIon ne s'aperçoit pas au pre-

mier coup d'œil, c'est sans doute que l'auteur avait ses rai-

sons pour ne pas mettre en scène un poète. C'est à dessein

qu'il a pris un rhapsode, mais son intention apparaît claire-

ment lorsqu'on étudie la composition même, et qu'on

replace YIon dans l'ensemble de l'œuvre de Platon.

Wilamowitz, après Goethe, signale ce qu'il y a d'« aristo-

phanesque » dans le ton du dialogue. La conclusion de

i. Gomme le

prétend Schleiermacher,o. L,

p. 309.2. O. /., p. 182.

3. L'idée, exposée dans Ylon, que le poète ne peut produire avec

succès que dans un seul genre n'est pas en contradiction, quoi qu'endise Schleiermacher (0. L, p. 3 11), avec l'endroit du Banquet

(223 d) où Socrate oblige Agathon et Aristophane d'admettre que le

poète capable de composer des tragédies d'après une xéy vtj doit être

aussi en état d'écrire des comédies. Comme nul n'a pu le faire

(Rép., III, 395 a), il

n'yaqu'une conclusion à en tirer: la tÉ/vt) fait

défaut aux poètes (voir H. Raeder, 0. L, p. 167).

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2 2 ION

l'entretien est en effet d'un tour qui confine à la bouffonnerie.

Mais si l'on peut ici, comme souvent ailleurs, parler de

« comédie », il serait excessif de comparer aux charges

d'Aristophane la railleuse et spirituelle fantaisie de Platon.Le ton est tout différent, et la plaisanterie, dans sa vivacité,

garde le plus souvent une charmante légèreté de touche. La

figure d'Ion n'est pas, à proprement parler, une caricature.

Les rhapsodes, selon l'opinion commune1

,ne brillaient point

par l'intelligence, et Ion ne fait pas exception à la règle. Infa-

tué de son talent, il ne cherche qu'une occasion de l'étaler;

c'est lui

qui, parune

mépriseamusante, donne à l'entretien,

pour son malheur, une direction inattendue. En le félicitant

de bien comprendre la pensée d'Homère, Socrate veut dire

seulement que le rhapsode, pour faire justement ressortir les

nuances du texte qu'il récite, doit en avoir d'abord pénétré le

sens. C'est ce que signifient les mots tov pa^wBov epjjt.r)véa 8eï

totj itotyjTOu tt^ç Biavotaç Ytyveaôai toTç àxououfft (5o3 c).

Ion s'imagine à tort que Socrate fait allusion à ses commen-taires des poèmes homériques. Il ne se montre pas davan-

tage capable de suivre le raisonnement de l'adversaire. La

pensée qu'il participe, comme le poète, à une Oela. jxoïpa flatte

sa vanité; l'explication

de Socrate lui semble lumineuse;

cette révélation l'éclairé brusquement sur lui-même et sur

l'effet qu'il produit (535 c). Néanmoins il tient à posséderune xiyy-(\ : c'est un avantage dont il ne consent pas à être

dépouillé. Même quand Socrate lui a fait admettre que les

divers sujets traités par Homère relèvent de zi/yon spéciales,

étrangères au rhapsode, il n'en persiste pas moins à soutenir

que tous sont de son ressort. Il demeure effaré, lorsqueSocrate lui fait voir qu'il

n'a rien compris à la démonstration

ou qu'il Ta oubliée (539 e-54o a). Finalement, perdant pied,il se raccroche, au hasard, à cette affirmation qu'il connaît

mieux que personne le langage convenable à un chefd'armée : il n'y a pas de différence déclare-t-il, entre

<yTpaTY,yixoç et pa^wob; àyaôd; (54o e). Et l'entretien le laisse

dans l'état d'ahurissement où le mettraient les tours d'un

prestidigitateur. Préfère-t-il passer pour Qsïoç ou pouraBixoç?11 aime mieux être divin : a c'est bien plus beau » .

i. Voir supra, p. 12.

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NOTICE a3

La date du A quelle époque l'entretien est-il censé

dialogue. avoir lieu ? On apprend (54 i c) qu'Éphèseest sous le pouvoir civil et militaire d Athènes. Or la patrie

du rhapsode, qui, entrée dans la première confédération

maritime, restait encore fidèle à la cause athénienne en [\nl\x

,

s'en détacha quelques années plus tard. Avant l'expédition de

Sicile, elle tomba, semble-il, aux mains du satrape Tissa-

pherne2

,et dès lors prit ouvertement parti contre Athènes.

Mais on la voit, en 3q4, se séparer de Sparte pour conclure

avec Rhodes, Samos, Gnide et lasos, une ligne défensive favo-

rable à Athènes 3; puis de nouveau, en 391/390, se rapprocher

de Sparte; en 388/387 elle est à ses côtés 4. D'après cette

première indication, on rapportera la date svpposée de

l'entretien soit aux années qui ont précédé 4ï5, soit à la

période qui va de 394 à 387 ou, plus exactement, à 391.C'est à cette dernière qu'il faut s' arrêter. Socrate mentionne 5

en effet trois étrangers : Apollodore de Cyzique, Phanosthène

d'Andros et Héraclide de GJazomène, qui se sont vu confier

par Athènes des commandements militaires et d'autres

charges. Le même fait est rapporté d'Apollodore et d'Héraclide

par Élien 6,d'Héraclide et de Phanosthène par Athénée 1

.

D'ailleurs ces deux écrivains n'ajoutent rien à l'indication de

Platon, qu'ils se bornent visiblement à reproduire. Wila-

mowitz, après Bergk, a d'abord 8 voulu reconnaître dans

Apollodorele

personnage dece

nom dont parlePausanias 9

,

un chef de mercenaires qui avait sa tombe au Céramique.

Or, cet Apollodore étant contemporain de Philippe, l'identi-

fication, si elle était exacte, démontrerait que Ylon n'est pas

authentique. Mais dans son ouvrage sur Platon, paru en

192010

,Wilamowitz renonce à ce rapprochement : Pausanias,

1. Thucydide, IV, 5o.

2. Bûrchner dans Pauly-Wissowa, 5 2 , p. 2790.3. Cf. Pausanias, VI, 3, 6.

A. B. Keil, Die Rechnungen iiber den Epidaurischen Tholosbau (Mitt.

des kaiserl. deutsch. arch. Inst. Athen. Abtheil. XX, 1895, p. 76).

5. 54 i cd.

6. Histoire variée, XIV, 5.

7. XI, n4.8. Aristoteles und Athen, I, p. 188, 4.

9 Ii 29, 7-

10, Vol. II, p. 33.

Page 24: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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24 ION

qui qualifie Apollodore d'Athénien, ne dit nullement qu'il

fût étranger d'origine, et il a pu exister bien d'autres hommesde ce nom. Phanosthène est nommé par Xénophon

1 comme

ayant été envoyé contre Andros à la place de Gonon, dansl'hiver de 4o6/4o5. Ed. Meyer

2 voit en lui un des Andriens

dont parle Andocide 3,à qui Athènes, manquant d'hommes,

avait accordé le droit de cité. Le discours d'Andocide est de

399, mais, si Phanosthène était chargé par les Athéniens, en

4o6/4o5, d'un commandement militaire, c'est sans doute

qu'à cette date il avait déjà acquis le titre de citoyen.

La mention d'Héraclide fournit un renseignement plusprécis. L' 'AÔ^vatwv roXiTeia* nous apprend que ce personnagefit élever à deux oboles l'indemnité des ecclésiastes athéniens.

La mesure doit être placée en 393 au plus tard 3: Héraclide

avait donc, à ce moment-là, reçu le droit de cité, peut-être

depuis plusieurs années, vers le début du ive

siècle6

. En

rapprochant cette indication de celle que fournit la mention

d'Éphèse,

on est amené à conclure

que

la date supposée de

l'entretien se place entre 394 et 3917

.

Au reste, la question est d'intérêt secondaire. Ce qui

importe davantage, c'est de déterminer la date réelle de l'ou-

vrage. On a vu 8 comment Schleiermacher la plaçait sans

hésiter après celle du Phèdre. Mais il considérait ce dernier

dialogue comme une œuvre de jeunesse9

; or, cette conceptionest généralement abandonnée aujourd'hui. Si l'on admettait

l'antériorité du Phèdre, il faudrait assigner à Ylon une date

assez basse. Ainsi fait St. G. Stock 10, qui le met, dans l'ordre

des temps, après la République, c'est-à-dire, si l'on adopte la

chronologie proposée par H. Raeder, après 38o. C'est aussi

une œuvre de la pleine maturité, contemporaine du Théétète

1.

Helléniques,I,

5, 18-19.2. Forschungen, II, p. 174.

3. Sur les mystères, 1^9.

4. XLI, 3.

5. Kahrstedt dans Pauly-Wissowa, p. 4 57-8.6. Mais pas avant 4o3 ;

cf. Dittenberger, Sylloge I 3 ,]n8.

7. Notons l'anachronisme : Socrate est mort en 399.8. Supra, p. 18.

9. Il le datait de 4o6.

10. The Ion ofPlato, 1909, p. x-xi.

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NOTICE a5

et d'une partie de la République, que F. Dûmmler 1

,suivi

par F. Stâhlin 2, propose de voir dans Ylon.

Ulonprésente

avec deuxpassages

duBanquet

de Xéno-

phon des ressemblances indéniables 3: « Mon père, dit

Nicératos, soucieux de faire de moi un honnête homme,m'a contraint d'apprendre tous les vers d'Homère. Et

aujourd'hui je serais en état de réciter en entier Ylliade et

Y Odyssée.—

Ignores-tu, dit Antisthène, que tous les rhap-

sodes, eux aussi, savent ces vers? — Comment pourrais-je

l'ignorer, réplique Nicératos, moi qui les entends presque

chaque jour? — Connais-tu donc une engeance plus sotte

que les rhapsodes?— Non par Zeus! dit Nicératos, je ne

crois pas.— Il est clair en effet, dit Socrate, qu'ils ne savent

pas les sens allégoriques. Mais toi, tu as donné beaucoup

d'argent à Stésimbrote, Anaximandre, et plus d'un autre, de

sorte que rien ne t'a échappé des endroits qui ont de la

valeur 4. » Et plus loin : « Vous savez sans doute, dit Nicé-

ratos, qu'Homère, le plus savant des hommes, a traité dansses poèmes de presque toutes les choses humaines. Celui de

vous qui voudra acquérir les talents du bon intendant, de

l'orateur ou du général, qu'il m'entoure donc de ses préve-nances ! Car toutes ces sciences m'appartiennent.

— Connais-

tu aussi l'art de régner?... dit Antisthène. — Oui, par Zeus!

répond Nicératos, et je sais aussi qu'un conducteur de char

doittourner près de la borne (ici les trois vers de Ylliade,

XXIII, 335-7). ^n o^e, je sais encore autre chose... Car

Homère dit quelque part : « Par-dessus, de l'oignon, condi-

ment du breuvage »(//., XI, 63o)

5.

On s'est demandé depuis longtemps de quelle nature est

le rapport entre les deux ouvrages. Dùmmler 6 refuse d'ad-

mettre que Platon ait pu viser Nicératos;

il pense que Platon

et

Xénophon

se réfèrent

indépendammentà un même traité

d'Antisthène. D'après Ast, l'auteur de Ylon (faussementattribué à Platon) s'est inspiré à la fois du Banquet de Xéno-

1. O. l.y p. 62. Sur ce point, d'ailleurs, Dûmmler n'est pas affir-

matif.

2. O. I, p. 32.

3. Wilamowitz, 0. /., p. 3£.

4- Banquet, 3, 5-6;cf. Ion, 53o c d.

5. Banquet, 3, 6-7 ; cf. Ion, 537 a D '> 538 c.

6. O. L, p. 3o.

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26 ION

phon et de l'endroit des Mémorables rappelé plus haut 1

,sans

parler du Phèdre qu'il aurait maladroitement utilisé 2. On

ignore la date du Banquet, antérieur au Banquet de Platon,

selon les uns, composé après lui, suivant les autres 3. De

toute façon, Xénophon n'a pas dû commencer à écrire avant

son établissement à Scillonte, qu'il faut fixer autour de 387.Si ÏJon

s'inspirait du Banquet, il conviendrait donc d'en

placer la composition après cette date, peut-être même sen-

siblement plus bas 4. Mais ici toutes les vraisemblancesdésignent

Xénophon comme l'imitateur 5. Dans YIon, la citation de

YIliade relative au conducteur de char est tout à fait à sa

place; dans le Banquet (où elle se réduit à trois vers), son

apparition est inattendue. La remarque est encore plus vraie

de la seconde citation de Nicératos (sur l'oignon). Quand on

passe de Ylon au Banquet, on a nettement l'impression que

Xénophon se souvenait de Platon. La manière, assez incohé-

rente, dont les idées s'associent dans la bouche de Nicératos,

les

mots mêmes dontil

se sert pourles

introduire semblenten être la preuve.De l'incontestable rapport qui unit Ylon et le Banquet de

Xénophon, il n'y a donc rien à tirer pour la date du

premier. Les allusions à Héraclide de Glazomène et à

la situation d'Éphèse montrent que Ylon n'est pas antérieur à

3g4. Convient-il de le faire descendre beaucoup plus bas? Les

deux ou trois particularités de langue invoquées par St. G.

Stock pour placer Ylon après la République n'ont rien de décisif.

Un examen plus étendu des formules de réponse, de l'hiatus,

de l'emploi des adverbes ïÔgtzeo et xaôx7rec, conduit au contraire

W. Janell 6 à ranger Ylon parmi les écrits de jeunesse, non

1. P. 12.

2. Ce qui n'empêchait pas Ast de proposer pour Ylon la date de

4o6 ou 4o5.3. Voir l'édition du Banquet de Platon par Hug , Leipzig, 1876,

p. xxin et sq. La seconde hypothèse me semble la plus probable (cf.

VV. Janell, o. t., p. 328). Dans la Notice de son édition du Banquet,

If. Robin, après un examen approfondi de la question, renonce à

conclure.

4- Suivant Ad. Roquette, De Xenophontis vita, Progr. Rônigsberg,

1884, le Banquet doit être de 38o environ.

5.

Wilamowitz,o. t.,

p.35. W. Janell l'avait

déjàtrès bien montré.

6. O. L, p 333 sq.

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NOTICE 27

loin de YHippias mineur. Cette date expliquerait notamment

le ton dogmatique prêté à Socrate. Les deux dialogues

offrent d'ailleurs d'autres analogies. Comme Ion, Hippias cite

et commente la poésie homérique. Et Socrate, ne pouvant

interroger Homère lui-même, demande au sophiste de

lui répondre à la fois en son nom et au nom du poète. La

ressemblance avec Ylon est manifeste 1

, quoique dans YHip-

pias les citations d'Homère ne fournissent qu'un point de

départ.

Pour attribuer Ylon à la jeunesse de Platon on a souvent

allégué aussi les imperfections de la forme et du plan 2 .

Wilamowitz, vivement frappé de ces défauts, croit y trouver

un argument si fort qu'il n'hésite pas à considérer Ion commele premier en date des dialogues platoniciens

3. On peut

reconnaître en effet, dans les parties dialoguées, une raideur

un peu gauche, et une certaine monotonie dans l'emploi des

formules. Mais y a-t-il chez Platon beaucoup de pages plus

exquises que le discours de Socrate où se trouve la compa-raison de la pierre magnétique? C'est dans le texte qu'il faut

lire le développement sur les poètes (533 e sq.). Il se déroule

avec la souplesse nonchalante de la phrase parlée, et voici

surgir une à une, pour peindre le délire et la nature divine du

poète, de magnifiques ou charmantes images : les bacchantes

qui puisent aux fleuves le miel et le lait, les jardins et les

vallons des Muses, et les abeilles

qui ybutinent en

voltigeant,« car le poète est chose légère, ailée, sacrée... ». Quant aux

critiques faites à la composition, nous avons essayé de montrer

qu'elles sont peu justifiées.

Ce n'est pas sur ces motifs que nous nous fondons pourvoir dans Ylon une œuvre de jeunesse. Mais, en dehors des

raisons de style alléguées par Janell, des analogies signalées

plus haut entre Ylon et YHippias mineur, le sujet même du

dialogue, les idées qu'on y trouve exposées nous invitent à

le mettre aux côtés de YApologie et de YHippias. Stallbaum

note justement'*

que l'auteur y apparaît tout pénétré encore

1. H. Raeder, o. L, p. g4-

2. W. Janell, 0. L, p. 327.

3. O. L, p. 36 sq.

A. O. /., p. 339-4o.

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a8 ION

de l'enseignement socratique, tandis que rien n'y annonce

la théorie des Formes. Enfin l'allusion très précise faite à la

situation d'Éphèse paraît bien indiquer que le dialogue n'a

pas été composé après 391, et qu'on doit en fixer la date dansles trois ou quatre années qui précèdent

4. Ulon se range natu-

rellement, nous l'avons dit 2,dans le groupe des ouvrages qui

illustrent d'exemples particuliers l'enquête rapportée parSocrate dans YApologie. Faut-il en induire 3

que VIon,

comme le premier Alcibiade, le Lâches, YEuthyphron, a suivi

YApologie} Sur ce point l'argumentation de H. Raeder 4

n'emporte pas la conviction, et il est sage de ne pas conclure.

1. B. Keil, 0. L, s'arrête à 3g4-3, mais ses calculs fondés sur la

date des Panathénées semblent ici fort hasardeux.

a. P. 17.

3. H. Raeder, o. I, p. 91.

l\. Si VApologie avait été écrite après ces dialogues, on compren-drait mal, dit H. Raeder, qu'elle ne suive pas plus exactement, dans

le récit de l'enquête entreprise par Socrate, les exemples déjà traités.

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CONSPECTUS SIGLORUM

T=Cod. Venetus app. class. 4, cod. i (sub fin. xi

uel init. XII saec.)

W= Cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr. 7 (fortasse

saec. xn).

F = Cod. Vindobonensis 55, suppl. phil. gr. 39 (saec.xiv).

Raro memorantur etiam S= Cod. Venetus 189 (saec.

xiv) et E = Cod. Venetus i84- (saec. xv).

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ION

[ou sur l'Iliade, genre probatoire.]

SOCRATE, ION

530 a Socrate. — A Ion salut ! D'où viens-Préambule. ju aujourd'hui dans notre pays ? Est-cePrésentation i i .

• A ,^ • , *r J

^„ ««»,c«»,»,o„« de cnez to, > d Lphese ?du personnage r .

d'jon . Ion. — Nullement, Socrate, mais d'Epi-daure. Je viens des fêtes d'Asclépios '.

Socrate. — Serait-ce qu'ils organisent aussi un concours

de rhapsodes en l'honneur du dieu, les gens d'Épidaure?Ion. — Parfaitement, et même de tous les autres arts des

Muses.

Socrate. — Et alors, prenais-tu quelque part au concours ?

Et comment as-tu concouru ?

b Ion. — Les premiers prix ont été pour nous, Socrate.

Socrate. — A la bonne heure ! Tâchons donc d'être vain-

queurs aussi aux Panathénées.

Ion. — Mais il en sera ainsi, s'il plaît à Dieu.

Socrate. — Ma parole, je vous ai plus d'une fois, Ion,

envié votre art, à vous autres rhapsodes ! Vous êtes tenus parvotre art d'être

toujours parés

sur votre

personne,

et de vous

montrer aussi beaux que possible; en même temps, c'est

pour vous une nécessité de vivre dans la compagnie d'une

foule de bons poètes, surtout dans celle d'Homère, le meilleur et

le plus divin de tous, et de connaître à fond sa pensée et non

c seulement ses vers : sort enviable ! Car on ne saurait être

i. Les MeydcXa *AaxXa7cieta se célébraient tous les quatre ans.

Lafête, qui

durait au moins trois

jours,se

plaçaitentre la fin d'avril

et le début de juillet (Defrasse et Lechat, Épidaure, p. a33).

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IÛN

[t] Tztpi 'IXiaôoç*

retpaaxixd;.]

ZOKPATHZ ION

ZO. T6v "lava ^atpEtv. ri68ev Ta vOv r^îv etuSeSt)- 530 a

jirjKac; ; f\oîkoSev êE,

3

E<J>Éaou ;

IQN. OuSa^ôç, o Z6Kpax£ç, aXX' è£ 'EmSaùpou ek xéov

'AaKXr|TiLE(<*>v.

ZO. Mcùv <al paipcpSov àyova xi8éaaiv xcp 8ecù ol

'EmSaûpioi ;

IftN. ï~ldvu yE, Kal xfjç aXXrjç yE u.ouaiKfy;.

ZO. "H o\3v; ^y<3v££ou tl f\\iîv I

Ka^ **$<» ** ^ycovCao ;

ION. Ta TrpcûTa tcûv aSXcov ^vEyK(i^£0a, a ZÔKpaxEÇ. b

ZO. E3 XÉyEiç* ayE hi] ottoùç Kal Ta riava8f)vaLa vik/j-

oo^ev.

ION. 'AXX5

tarai xaOxa, èàv 8e6c; èeéXp.

Zft. Kal ^f|v TToXXàKLÇ yE è^f)Xcoaa u^iaçxoùç paiJjcûSoûç,

cû "Icov, xf^ç TÉ^vriç' x6 yàp ajia u.èv x6 a6ùu.a KEKoa^f^aSat

àsl TipÉTTOv uu.6ùv EÎvat xrj xé^vrj Kal oç KaXXtaxoiç tyaL-

V£c8ai, ajjia Se àvayKaîov EÎvai Iv te aXXoiç Ttoir)xaîç Sia-

xpîÔELV TioXXoîç Kal àya8oîç KalSi*)

Kal [làXiaxa ève

Ou.f]pcp,

xcp àpCaxcp Kal SEioxàxcp xcov Ttoirjxcûv, Kal xf)v xoûxou Sia-

voiav £K^av8àvELV, u.f)u.6vov xà

etït), £r|Xcox6v àaxiv. Ou C

530 a 7 Stt*K ye TWf:

SXXtj; xe F||

8 xi f)ptv TW:

xe f,jxtv F||

b 2 v.xr'aou.£v T : -uwpiv WF |j 7 x<xÀà:5Xgu; corr. Paris. 181 2.

V. 1. — 3

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530 c ION 3o

rhapsode si l'on ne comprenait ce que dit le poète. Le rhap-

sode, en effet, doit être l'interprète de la pensée du poète

auprès des auditeurs. Or, s'en acquitter comme il faut est

impossible, si l'on ne sait ce que Yeut dire le poète. Toutcela est bien digne d'envie.

Ion. — Tu as raison, Socrate. En ce quiIon commentateur » -   .• j .

d'Ho reme concerne

>c est *a partie de mon art

qui m'a donné le plus de peine, et je

crois être de tous les hommes celui qui dit les plus belles

choses sur Homère. Ni Métrodore de Lampsaque, ni Stésim-

d brote de Thasos, ni Glaucon l, ni aucun de ceux qui ont

jamais existé n'a su exprimer sur Homère autant de belles

pensées que moi.

Socrate. — A la bonne heure, Ion ! Évidemment tu ne

refuseras pas de me montrer ton talent.

Ion. — Ma foi ! Socrate, il vaut la peine d'entendre

comme j'ai su parer Homère avec art. Je crois mériter des

Homérides2

une couronne d'or.

Socrate. — Eh bien, je prendrai le

531 a Pourquoi temps de t'écouter une autre fois. Au-e a en on

iourcl'hui je ne te demande qu'unene s applique-t-ilJ

,J

,*

qu'à Homère ? réponse : est-ce sur Homère seulement

que tu es habile ? Ou l'es-tu aussi sur

Hésiode et Archiloque?

Ion.

— Point du tout; sur Homère seulement. Gela meparaît suffisant.

Socrate. — Y a-t-il des sujets sur lesquels Homère et

Hésiode disent tous deux les mêmes choses ?

Ion. — C'est mon avis, et même il y en a beaucoup.Socrate. — Sur ces sujets-là, saurais-tu mieux expliquer

ce que dit Homère que ce que dit Hésiode ?

Ion. — Aussi bien l'un que l'autre, Socrate, du moins surles sujets où ils disent les mêmes choses,

b Socrate. — Et ceux où ils ne disent pas les mêmeschoses ? Voilà, par exemple, l'art divinatoire : il en est ques-

tion à la fois chez Homère et chez Hésiode.

i. Sur Métrodore, Stésimbrote et Glaucon, voir la Notice, p. 10.

2. Famille de Ghios (cf. p. 7, note 3) dont les membres préten-

daient descendre d'Homère (Strabon, XIV, 645). Pindare, Ném. Il,

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3o IQN 530 a

yàp av yÉvotT6 ttote pau\><ùS6q, Et*\ii\ aovzLr) xà Xeyo^Eva

utt6 toû TUOtrjToO. T6v yàp (SaLpaSèv Épu.Tjv£a SeÎ toO

TioLrjToO Tfjç Siavotaç yCyvEaSaL toîçàKoûouaL' toOto 8è

kccXcoç ttoleÎvljli*) yLyvebaKovTa 8 tl XÉyEL ô ttoliit^c; àSuva-

tov. TaOxa oSv TràvTa a£ia ^rjXoOaSai.

ION.3

AXr|8fj XÉyEtç, & Z&KpaTEÇ* elioI yoOv toOto

ttXeÎotov Ipyov TiapÉaxEV Tfjç TÉxvrjç, Kal oÎLiaL «kXXtaTa

àvSpccmcûv XéyELV TTEpl 'Ou-T^pou, â>q oÛte MrjTpéScopoç ô

Aa^ipaicrjvôc;

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ZxT^aC^BpoToç

ô Odcaioç oute rXaÛKoov d

ol^te aXXoç ouSeIç tûv ttoùttote yEvo(iÉvûûv la^Ev eItteîv oôtcû

TioXXàç Kal KaXàç StavoCaç TTEpte

Ou.f]pou 8aaç èycù.

ZO. Eu XÉyEiç, S "loov SfjXov yàp Stl ou <f>8ovf)aEu; liol

ETuSEÎ^ai.

ION. Kalu.fjv S^lov àKoOaai, S Za>KpaT£Ç, â>ç e5 keko-

a^trjKa t6v "Ou.r]pov ôScjte oÎLiaL unee

Ou.rjpL8ûv &£ioç

EÎvat xpuaco ax£(|>àva> aTE^avoSfjvat.

ZO. KalLifjv âyà etl TTOLfjaou.au a^oXi^v àKpoSaSat' aou,

vOv Se liol xoaovSE àTioKpLvaf TTÔTEpov TTEpl 'Ou-T^pou li6vov 531 a

Selvoç eTf^

Kal TTEple

Hat68ou Kal 'Ap^iXô^ou ;

ION. OuSaLiôç, àXXà TTEple

Ou.f)pou u.6vov* LKavov yàp

LLOL SOKEÎ EÎvai.

ZO. "'Eqtl Se TTEpl bxou "Ou-rjpoç te Kale

Ha(o8oç xauxà

XéyETov ;

ION. Oîu.ai lycoys Kal -noXXa.

ZO. riôxEpov o\5v TTEpl toutov KaXXtov av t^rjyfjaaLo fi

''Olltjpoc; XéyEi f\fi

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HaCo8oç ;

ION. 'OtlotcDÇ Sv TTEpC yE toûtcdv, £> ZdûKpaTEÇ, TTEpl CÙV

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ZO. T( Se Sv TTÉpi uif]xauxà XsyouaLV ;

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Kfjç XéyEi tl °Ou.r|p6ç te Kal 'HaCoSoç.

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Wlb ION 3i

Ion. — Parfaitement.

Socrate. — Et alors ? Les points sur lesquels s'accordent

et ceux sur lesquels diffèrent ces deux poètes touchant l'art

divinatoire, est-ce toi qui saurais le mieux les expliquer,ou un devin, un bon devin ?

Ion. — Un devin.

Socrate. — Mais supposons que tu fusses devin : si tu

étais en état d'expliquer les endroits où ils s'accordent, ne

saurais-tu Das aussi expliquer ceux où ils diffèrent ?

Ion. — Évidemment,

c Socrate. — Comment donc se peut-il que tu sois habilesur Homère, mais non sur Hésiode ni sur les autres poètes?Homère traite- t-il d'autres sujets que l'ensemble des autres

poètes ? N'est-ce pas sur la guerre qu'il discourt le plus sou-

vent, sur les rapports mutuels d'hommes bons et méchants,

profanes et gens de métier, sur les relations que les dieux

ont entre eux et avec les hommes, sur les phénomènescélestes et le monde de l'Hadès  

, sur les

générationsdes dieux

d et des héros ? N'est-ce pas sur ces sujets que porte la poésie

d'Homère ?

Ion. — Tu dis vrai, Socrate.

Socrate. — Et les autres poètes? Ne traitent-ils pas ces

mêmes sujets?

Ion. — Oui, Socrate, mais ils n'ont pas fait œuvre de

poètes de la même façon qu'Homère.Socrate. — Gomment cela? Plus mal?Ion. — Beaucoup plus mal.

Socrate. — Et Homère a fait mieux ?

Ion. — Bien mieux, par Zeus !

Socrate. — Voyons donc, chère tête d'Ion. Lorsque plu-sieurs personnes parlent de nombres, et que l'une d'elles en

parle excellemment, quelqu'un reconnaîtra sans doute celle

qui parle bien ?

e Ion. — Oui.

début, fait d'eux des aèdes ou des rhapsodes ;Platon parle des

poèmes dont ils sont dépositaires (Phèdre, a52 bc; Rép., 699 e, etc.).

Mais ce nom désignait aussi, en général, les amateurs de poésie

homérique.1 . La

poésie homériquedécrit souvent le lever et le coucher du

soleil, les phénomènes de l'atmosphère (IL, III, 10 sq. Notos et le

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3i IÛN 531b

ION. l~làvu yE.

ZO. T( o3v;

boa te ôjioCcùç Kal Sera Sioupopoç TtEpl

jiavTiKf]ç XéyETovtoù

TïoiTjxà toùtoù, TtoTEpovoù KaXXiov âv

E^rjyf]aaio I]tqv u.àvT£Gùv tiç tcùv àyaSSv ;

ION. TgùV (idcVTEOV.

ZO. Et Se au î)a8a ^avTiç, ouk, EÏTtEp TtEpl tôv ô^o£coç

XEyojiÉvcov oîoç t' f^aGa E^rjyrjaaaSaL, Kal TtEpl tcùv Sia(f>6-

poç XEyou.Évoùv f]Tt£aTco av ê£r|yEÎo8ai ;

ION.Af^Xov

on.

ZO. Ti ot5v TTOTE TtEpl fclEV 'O^fjpOU SeIVÙÇ EÎ, TtEpl SE C

HatoSou oû, ouSè tcùv àXXcov TtoirjTOùv ; f\ "O^rjpoc; TtEpl

SXXoûv tlvôv XéyEt f} oovTiEp aûu.TtavT£ç ol aXXot TtoirjTaC ;

OU TtEpl TtoXÉU.OU TE Ta TtoXXà 8tEXf]Xu8£V Kal TtEpl ÔU.lXlGÙV

Ttp6ç àXXf)Xouç àvSpQTtov àyaSov te Kal KaKOùv Kal îSicùtoùv

<al 8rju.ioupyGùv, Kal TtEpl 8eûv TtpSç àXXfjXouc; Kal Ttp6ç

àv8pamouç ôu.iXoûvtgùv, ûoç 6u.iXo0ai, Kal TtEpl tqv oupavtov

Tta8r|(iàTCûv Kal TtEpl tqv ev "AiSou, Kal yEVÉaEiç Kal 8eoùv

Kal fjpoboùv ;ou TaOTà eoti TtEpl ov °Ou.r)poç Tf)v TtoCrjaiv d

TtETT0(T]K£V ;

ION. 'AXT]8fj XÉyELÇ, S ZoKpaTEÇ.

ZO. T( Se;

ot aXXoi TToujTaC ou TtEpl tcùv auTov

toùtûùv;

ION. NaC, àXX', S ZoùKpaTEÇ, ou)( ôjaoéûùç TtETtotfjKaai

Kal "Ourjpoç.

ZO. TCu.f]v ;

kAkiov;

ION. rioXu yE.

ZO. "O^Tjpoc; 8è Su-eivov;

ION. "Au.£lVOV U.ÉVTOLVI*]

ACa.

ZO. OukoOv, cù<J)(Xr) KE<|>aXf| "Iûùv, STav TtEpl àpiS^ioO

noXXcùv XEyovTûùV eTç tiç apiaTa Xéyrj, yvoaETai 8f]Ttou tiç

t6v eu XéyovTa ;

ION. <Pr)\iLe

C 4 îïoXÉtAOu ys F.

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531 e ION 3a

Socrate. — Est-ce le même qui reconnaîtra aussi celles

qui parlent mal, ou est-ce un autre?

Ios. — Le même, évidemment.

Socrate. — Celui qui possède la science des nombres,c'est celui-là ?

Ion. — Oui.

Socrate. — Et lorsque plusieurs personnes parlent des

aliments qui sont bons pour la santé, el que l'une d'elles

en parle excellemment, est-ce un tel qui reconnaîtra l'excel-

lence de celle qui parle le mieux, et tel autre l'infériorité de

celle qui parle moins bien, ou est-ce le même ?

Ion. — Le même, évidemment : c'est clair.

Socrate. — Qui est-ce ? Quel est son nom ?

Ion. — Le médecin.

Socrate. — Nous disons donc, en résumé, que le mêmereconnaîtra toujours, entre plusieurs personnes parlant des

532 a mêmes sujets, qui en parle bien et qui mal ; ou, s'il ne recon-

naîtpas qui parle mal,

évidemment il ne reconnaîtrapas

davantage qui parle bien, du moins sur le même sujet.

Ion. — C'est cela.

Socrate. — Ainsi le même homme s'entend à reconnaître

également l'un et l'autre ?

Ion. — Oui.

Socrate. — Et ainsi, suivant toi, Homère et les autres

poètes, notamment Hésiode et Archiloquel

, parlent des mêmes

choses, mais non de la même façon, — j'entends l'un bien,

et les autres moins bien?

Ion. — Etj'ai

raison de le dire.

Socrate. — Donc, si tu reconnais celui qui parle bien, tu

b saurais reconnaître aussi l'infériorité de ceux qui parlentmoins bien.

Ion. — Apparemment.Socrate. — Donc, excellent ami, en disant qu'Ion est égale-

ment habile sur Homère et sur les autres poètes, nous ne

nous tromperons pas ;car il est le premier à convenir que le

brouillard; IV, 75 sq. étoile filante, etc.); les astres (IL, V, 5 sq.

Sinus; cf. XIII, 26 sq. etc.; XXII, 317 sq. Hespéros, etc.).

— Le

pays des morts est décrit dans la Nékyia (Od., XI).

1. Cf.53

1 a et 53 1 d. Les anciens n'hésitaientpas

à mettre à

côté d'Homère Archiloque, le maître de la satire.

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3 3 IÛN 531 e

ZO. riéxEpov ouv o auxoç BcmEp ical toùç KaKÔç XÉyov-

Taç, f) aXXoç ;

ION.eO aux6ç SfjTiou.

ZO. OukoOv o xn,v àpi8uT)TiKn,v xÉ)(v^v exCDV °$T°Ç

èariv;

ION. Nat.

ZO. TC Ss

;bxav ttoXXôv XEyovxov TTEpl uyiEivoov oitCcûv

o-noîà Iotlv, eÎç Ttç apiara XÉyr] , TtéXEpOV IrEpoç UEV TIÇ

tov apiaxa XÉyovxa yvaxiETai Sti apiaxa XéyEt, ixEpoç Se

x6v kAkiov bxi k&kiov, f\Ô auxoç ;

ION. AfijXov 8f)7iou,ô auxôç.

ZO. TLq oCxoç ;x£ ovoua aôxcp ;

ION. 'Iaxp6ç.

ZO. OukoOv ev K£<|>aXa(cp XéyouEV ôç o aôxàç yvaxTExai

ÔLEL, TTEpl XOÙV aUTCùV TToXXSv Xey6vXCDV, OCJXIÇ TE eO XÉyEl

Kal oaxiç KaKCùç-

f\Et

un, yvoaExai xov KaKÔç Xéyovxa, 532 a

SfjXov 8xi ouôè xov eS, TiEp£ yE toO auxoO.

ION. OuXCOÇ.

ZO. OukoOv ô auxoç yiyvExai Seivoç TtEpl àucpoxépoav ;

ION. Nat.

ZO. OôkoGv au<pt\<;

Kal °Oun,pov Kal xoùç SXXouç Ttoin,-

xàç, ev oîç <alc

Ha£o8oç Kal 'Apy^(Xo\6c; eoxiv, TTEpt yE xov

auxûv XÉyEiv, àXX1

oû)( ôuotoç, àXXà xèv uèv eQ yE, xoùç 5e

XEÎpov ;

ION. Kal àXîiofjXÉYo.

ZO. OukoOv, EÏTTEp xèv eO XéyovTa yiyvcboKELq, Kal xoùç

XEÎpov XÉyovxaç yiyvoaKoiç Sv 8xi yslpov XÉyouaiv. b

ION. "Eolkév yE.

ZO. OukoOv, o ftÉXxiaxE, ôuoCoç xov "lova XÉyOVTEÇ

TTEpl 'OuTJpOU TE SeIVÔV EÎvai Kal TTEpl XOV &XXoV TTOUTXÔV

oux au.apxrja6u.E0a, £TTEiof| yE aux6ç ouoXoyEÎ x6v auxèv

6 1 1 ô aùxo; F : aùrdç TW ||i5 Xéyo|Aev <xtç Wf :

XeyrfjxevoçF Xeytofiev

o')? T|J

ô TW : om. F||

532 a 8 eu ye TWF : eu prima manu S.

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532 b ION 33

même homme sera juge compétent de tous ceux qui parlent

des mêmes choses, et, d'autre part, que les poètes traitent

presque tous les mêmes sujets.-

Ion. — Alors, Socrate, comment expliquer ce qui m'ar-rive ? Quand on s'entretient de quelque autre poète, je n'y

c fais pas attention, et je suis impuissant à énoncer rien quivaille

; je sommeille, tout bonnement. Mais fait-on mention

d'Homère? aussitôt me voilà éveillé, l'esprit attentif, et les

idées me viennent en foule.

T . . . ,,

T

Socrate. — Il n'est

pasdifficile de le

Le talent d'Ion . . vn'est pas l'effet deviner, mon camarade

; pour tout le

d'un art. monde il est clair que tu es incapablePremière de parler d'Homère en vertu d'un art

démonstration.et dW gcience .

s[ VaH^ donnait le

moyen, tu serais en état de parler aussi de tous les autres

poètes sans exception. Car il existe, je suppose, un art de la

poésie en général. N'est-ce pas?Ion. — Oui.

d Socrate. — Quand on prend un autre art, n'importe

lequel, dans son ensemble, le même genre d'enquête s'ap-

plique-t-il à tous les arts sans exception? Ce que j'entends

par là, désires-tu, Ion, l'apprendre de moi ?

Ion. — Oui, par Zeus ! Socrate, je ne demande pas

mieux;car

j'ai plaisir à vous entendre, vous autres savants.

Socrate. — Que ne dis-tu vrai, Ion! Mais les savants, c'est

vous, j'imagine ;ce sont les rhapsodes et les acteurs 1

,et ceux

dont vous chantez les poèmes ; moi, je me borne à dire la

6 vérité, comme il est naturel à un profane. Par exemple, pourla question que je te posais tout à l'heure, considère combien

il est simple, vulgaire et à la portée du premier venu de

reconnaître, comme je le disais, que l'enquête est la même

quand on prend un art dans son ensemble. Prenons unexemple : y a-t-il un art de la peinture en général ?

Ion. — Oui.

Socrate. — Une foule de peintres existent et ont existé,

bons et médiocres ?

i. Le nomd'i>r.oxç,>.-7.

!

.,habituellement réservé aux acteurs tra-

giques et comiques, est justement appliqué aux rhapsodes (Cf.

535 b sq., 536 a).

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33 IÛN 532 b

IcreaSai. KpiT^v Ikocvôv TràvTcov Saoi av TtEpl tôv auxov

XÉycoai, toùç 8è TïoirjTàc; oyjE.Sbv a-navTaç Ta aÔTà tioieîv.

ION. Tt ouv ttote t6 aÏTiov, SZwKpaTEç,

Sti

âyo,

bxav

jiév tiç TtEpl aXXou tou ttou-|ToO 8iaXÉyr|Tai, oÛte Tïpoaéx<û

t6v voOv àSuvaxû te Kal ôtloOv (Tu^6aXÉa8at X6you aÉjiov, C

àXX' aTE^vôç vuCTxà^o, ETTEuSàv Se tiç TTspi 'O^pou u.vr|-

a9rj, eôGuç te Eyp/jyopa Kal TtpoaÉ^o tov voOv Kal Eunopcà

b tl Xéyco ;

ZQ. Oô xoXettôv toOto yE ElKaaai, S IxaipE, àXXà TiavTl

SfjXov 6tl te)(vt] <ai ETTLaxrj^T] TiEpl 'Ofcxrjpou XéyEtv àSova-

toç eÎ* eI yàp TÉ^vrj oîoç te î^a8a, Kal TtEpl toov ccXXcûv

TTOirjTcov aTidcvTcov XéyELV oîoç t' àv fjcrSa* TrourjTiKf) yàp ttoû

eotiv t6 8Xov. "H o{(;

ION. Nat.

ZO. OukoOv ETtEiSàv Xdôrj tuç <al aXXrjv TÉ)(vr)v t^vti- d

voOv bXrjv, ô auToç TpoTtoç xf^ç aKÉipsoç eo-ti TiEpi aTtaaoûv

toùv te)(vcov; ttcoç toOto XÉyco, 8éel xi u.ou aKoOaat, S "Icov;

ION. Nal u.à tov Aia, S ZoKpaxEc;, lycoyE* ^alpo yàp

aKoûov àu.ov tcùv ao<f>ôv.

ZO. BouXolu.r)v av oz àXr)8fj XéyEtv, S "Icov àXXà aocpol

\XÉV TtOÛ EOTE UU.EÎÇ OL paVJKoSol Kai ÛTtOKpiTal <al Sv Û^EIÇ

SSete xà Ttoifj^aTa, âyà» Se ouSev àXXof\ TàXT]8fj Xéyco,

oTov eIk6ç tSicoTrjv avSpamov. 'EtueI Kal TtEpl toutou oS vCv e

f]p6^r|v ce, SÉaaaicbç <}>aOXov Kal ÎSicdtik6v ecjti Kal TtavT6ç

àvSpàç yvéùvai 8 IXEyov, t^v aÔTfjv EÎvai aKÉipiv, ETtEiSàv

tlç SXrjv té^vi^v Xà6fl. Aà6cou.EV yàp t<ù Xôycù* ypacfuKf)

yàp tIç eœtl TÉ)(vr| t6 bXov;

ION. Nal.

ZO. OukoOv Kalypa(|>f]ç TtoXXol Kal EÎal Kal yEyôvaaiv

àyaBol Kal (|>aOXoi ;

b 7 Up#l% TF : -youat W ||c 8 àrcavxtov Xéysiv TF : om. W

||

d 2 lot: TW : estai F|| 7 &KOxptTac WF : oi unoxpnai T ||

8 Ta TW :

om. FII TaXT)Grj codd. :

vjrfir

SchanzsùteX^

uel ~ksùisÀrJ

H. Ri-

chardsi|e 6 vat TF : om. W.

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533 c ION 35

Socrate. — Je le vois, Ion, et même jeExplication m'en vais te faire connaître ce que cela

dL'inspiration. signifie, selon moi. Ce don de bien par-

ler sur Homère est chez toi, non pas unart, comme je le disais tout à l'heure, mais une force divine.

Elle te met en branle, comme il arrive pour la pierre qu'Eu-

ripide a nommée magnétique, et qu'on appelle communé-ment d'Héraclée 1

. Cette pierre n'attire pas seulement les

anneaux de fer eux-mêmes ;elle communique aux anneaux

une force qui leur donne le même pouvoir qu'a la pierre,

ecelui d'attirer

d'autres anneaux, desorte

qu'onvoit

parfoisune très longue chaîne d'anneaux de fer suspendus les uns

aux autres. Et pour tous, c'est de cette pierre-là que dépendleur force. De même aussi la Muse fait des inspirés par elle-

• même, et par le moyen de ces inspirés d'autres éprouventl'enthousiasme : il se forme une chaîne. Car tous les poètes

épiques, les bons poètes, ce n'est point par un effet de l'art,

mais pour être

inspirés par

un dieu et possédés qu'ilsdébi-

tent tous ces beaux poèmes. Il en est de même des bons

poètes lyriques : comme les gens en proie au délire des Gory-534 a bantes n'ont pas leur raison quand ils dansent, ainsi les poètes

lyriques n'ont pas leur raison quand ils composent ces beaux

vers;dès qu'ils ont mis le pied dans l'harmonie et la cadence,

ils sont pris de transports bachiques, et sous le coup de cette

possession, pareils aux bacchantes qui puisent aux fleuves du

miel et du lait 2lorsqu'elles sont possédées, mais non quand

elles ont leur raison, c'est ce que fait aussi l'âme des poètes

lyriques, comme ils le disent eux-mêmes. Car ils nous disent,

n'est-ce pas ? les poètes, que c'est à des sources de miel, dans

sans accompagnement vocal (xt6àp*.atç).—

Orphée, fils de Cal-

liope, Thrace lui aussi, représente ici le chant accompagné de lyre

(xt6apw8(a).

— Phémios est l'aède

que l'Odyssée

montre chantant

à contre-cœur devant les prétendants.

i. Aimant naturel (ou pierre d'aimant), appelé Ma-p^Tiç Xfôo; par

Euripide (iNauck, fr. 571, Œneus). MctYVT)Tt£ se rapporte-t-il à la pres-

qu'île thessalienne de Magnésie ? L'autre nom (pierre d'Héraclée)

indiquerait plutôt une ville d'Asie Mineure. L'expression, AuSixô;

Xt'0oç, dont se sert Sophocle (A. G. Pearson, fr. 800), peut faire

penser à Magnésie de PHermos, en Lydie. Mais il y avait en Carie,

au sud de Magnésie du Méandre, une ville du nom d'Héraclée.

a. Euripide, Bacchantes, 708-711.

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35 IÛN 533 d

S u.01 Sokeî toOto EÎvai. "Egtl yàp toOto te^vt^ u.èv ouk d

8v Tiapà aol TiEple

Ou.f]pou eC XéyEiv, S vOv8f) IXEyov,

8Eia Se 8uvau.iç f)ce kiveî,

woriEp

evxfj

Xl8a>f\v EuptTïlSrjc;

u.èv MocyvfJTiv ov<5u.aaEV, ot Se ttoXXoI 'HpaKXsCav. Kal yàp

auxrj f\ Xl8oç ou u.<5vov auxoùç toùç SccktuXIouç ay£i xoùç

aiSr|poOç, àXXà Kai 8uvau.iv EVTlSrjai toîç SaKxuXlou; q<jte

SûvaaSai xauxèv touto ttoleîv Zntp f) X£8oç, aXXouç ayEiv

SaKxuXtouç, ôax' evCote Spu.a86ç u.aKp6ç Tiavu ai8r)poov [Kal] e

SaKTuXtcov e£ àXXfjXov fjpTrjTai* -nfiai 8è toûtoiç l£ ekeCvtjç

Tf^ç X(8ouf) 8uvau.iç àvr)pxr|Tai. Oôxo Se Kal

f\MoOaa

EvSÉOUÇ U.ÈV TTOIEÎ aUTT), Slà Se TOÙV EVSÉCOV TOÛTCÙV aXXcOV

EV0ouaia£6vTCùV opu.a8ôç E^apx&Tai. nàvTEÇ yàp oX te tgûv

ettqv TTOLT]Tal ot àya8ol ouk ek TÉ)(vr|ç àXX' IvSeoi Bvteç Kal

KaxE)(6u.£voi nàvTa xaOxa Ta KaXà Xéyouai Ttoir|u.aTa, Kal

ol u-eXottoloI ol àyaSol ôbaaÙTCdç- SoTtEp ol Kopu6avTicovT£Ç

ouk Eu.<j>povEÇ Svteç ôpxoOvTai, ouT© Kal ol u-eXottoioI oûk 534- a

fu.<|>povEÇ Bvteç xà KaXà(JLÉXrj TaOxaTToioOaLV, àXX' ETtEiSàv

Eu.6ôaiv EÎç t^jv àpg.ov(av Kal eiç xèv pu8u.6v, Kal |5aK)(Euouai

Kal KaTE)(6u.EVOi, oansp al (SaK^ai àpùovTai ek tqv TTOTa-

u-cov u.éXl Kal yàXa KaTE)(6u.£vai, £u.c|>pov£ç Se oSoai oô, Kal

tôv u-eXottoicùvf\ ifu^ toOto èpyà^ETaL, bn£p aÔTol

XÉyouai. AÉyouai yàp StjtiouSev TTpôç rju.aç ol *noiT}Tal 8ti

Testimon. : 533 d 1 è'aTi yàp touto — 534 d 4 oGÉyyeTat 7:pôç

T,;j.a;Stobaeus Ed., II, 5, 3 (sed 534 b 6 stoç 8' av — C 6 6eta 8uva-

[x£i omis.).

d 1 tï/ vr, WF (sed nusquam fere 1 subscripto uel adscripto utitur

F)Stob. :

-wg

TD

2 fo TWF : av Stob.||

5àysi

WF Stob. : om. T||

7 8uvaa8ac TW Stob. : au 8uvaa6a: F||e 1 [xaxpôç ravu TWF : îzavu

uaxpo; Stob.|| atô^ptov Jacobs : -Brjptov TW -o^pi'cuv F Stob.

||xa\

secl. Jacobs||

2ripxr\xtxi

TWF :iTpsTOt Stob.

|| 4 (asvTF Stob. : om.

W d aÙTTi F Stob. : auTr TW||

à'XXcov TWF: -Xo; Stob.||5 ot tê om.

Stob. y 7 xaXà TF : -xà W||8

fxeXoTiO'.otTWf : uvsv XotTcot F Stob.

||

534 a 1 xaî TW StoL. :jxsv

xxt F||

3 xaî pax/suoucri TW : pax-

yejouci F Stob.||

4 aï pàx/_ai om. Stob.j| àpùovTat WF Stob. :

-tovx« TIIa 5 ouaat ou TWF : ouaai F ou Stob.

||

7 ^poç

TF Stob. :

*ap' W.

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36 IÛN 534 b

àno Kprjvôv u.£XippÙT<ov ek Mouaôv KfjTicov tivûv koù vancov b

SpETtO^LEVOl Ta ^ÉXt) T^ÎV (|>ÉpOUaiV QOTtEp at u.ÉXcTTat, <al

auTol oÎjtcû ttet6^evoi" Kal àXr)8fj XEyouai* koO<|>ov yàp

Xpf)^<XTTOlT}Tf)Ç EGTIV Kal TITrjv6v Kal lEp6v, Kal OU TTpOTEpOV

oî6ç te TtoLEÎv Ttplv av IvSeoç te yÉvrjTai Kal £K<|>pCDV Kal ô

voOç u.r)KÉTi ev auTQ Evrj* ëcûç S' âv toutI e^t) t6 KT^fcia,

àSûvaTOç Ttaç ttolelv avSpcoTtoç eotlv Kal XP^HcpSEiv. °Ate

oQv ou té^vt] ttoioOvteç [Kal] TtoXXà XÉyOVTEÇ Kal KaXà TtEpl

tcov Ttpay^idTcov, QortEp au TtEple

Ou.f)pou, àXXà 8s£a u.oCpa, c

toCto |i<5vov oîoç te EKaaroç ttoleîv KaXoç k<p3o

f\ MoOaa

auTÔv op^rjaEv, é ^èv SiSupà^Bouç, ô Se EyKOjiLa, ô 8è

ÛTtop^rjjiaTa, Ô 8'ettt], ô S' làu.6ouç* Ta S' aXXa

<J>aOXoc;

aÛTâv EKaaToç èaTiv. Ou yàp TÉ)(vr| TaOTa Xéyouaiv, àXXà

0E(a 8uvàu.Ei, èn£(, el TtEpl evôç TÉ^vr) koXcùç ^TitaTavTo

XÉyEtv, Kav TtEpl tôv ctXXoov aTtàvTOV 8ià TaOTa 8è ô 8e6ç

è^aipoujiEvoç toutcov t&v voGv toutolç ^pfJTai ÛTtrjpÉTaiç

KalToîç xprjau.cpSoîç Kal toIç u.àvT£ai toiç 8ECotç,tva ^eîç d

ol aKoùovTEÇ eISûûjiev oti oô)( oStol Etatv ol TaOTa Xéyov-

teç oûtcù TtoXXoO a£ia, oîç voOç \ii\ TtàpsaTiv, àXX* ô Seôç

auToç èaTiv ô XÉyov, 8ià toutcov Se <J>8Éyy£Tai Ttpôç t^Sç.

MéyiaTov 8è T£Kfcif)piov tco Xoycp Tuvvl^oç ô XaXKiSEÛç, 8ç

aXXo u.èv o&8èv Tt&TtoTE ETto(r|a£ TtoCrjfcia Btou tiç av à£iûb-

oeiev u.vr|a8f)vai, t6v 8è Ttatûva 8v tkxvteç SSouai, oyEÙôv

ti TtàvTcov ^ieXoûv KàXXlOTOV, octe^vôç, ÔTtsp auTÔç XéyEt,

« £Ï5pr|u.à tl Moiaav ». 'Ev toutcû yàp 8f)u.aXiaTa

^iote

Sokel ô 8eôç EvSE(^aa8au ^fcûv, tva\ii\ 8iara£co^£v, Sti ouk

àvSpamivà ecjtiv Ta KaXà TaOTa TtoiifjiiaTa ou8è àvSpoTtcov,

àXXà 8EÎa Kal 8ecùv, ol 8s TtOLrjTal ouSèv àXX' f\ £pu.rjvf]c;

b I h. TWF :

7Jh Stob.

||3 îîeToaevot TWf : -Tw.uevo- F Stob.

||

5 evGeo's -s TWf : Ivôeo; F Stob.||6 iv aùtû

{jl7)x^xi f Stob.||8 ^cUi

Hoenebeek Hissink : xaî ~oXXà TW '.s xaî r.oXXx F|jc 2 zaXw; WF :

-Xôç T||6 tXrxç F pro Et

|| 7 àrtdÊvTcov TW : ràvr- F Stob.||d 3 xà

oCxco Stob.i|àXX' ô TF : àXXà 6 Stob. àXXàW

||4 aûxo; sartv TWF :

Itt'.v aj-:6; Stob.|| 7 T:x'.à>va W : ->.ova TF

||6 1 êGpT)u.a ti Stepha-

nus : sOp^aa-c.

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534 e ION 3 7

dieux, et que les poètes ne sont autre chose que les interprètes

des dieux, étant possédés chacun par celui dont il subit l'in-

fluence. C'est pour le démontrer que la Divinité a fait exprès

535 a de chanter le plus beau poème lyrique par la bouche du poètele plus médiocre. Ne crois-tu pas que j'ai raison, Ion?

Ion. — Si, par Zeus ! je le crois. Tes paroles me touchent

à l'âme, Socrate, et je pense que c'est par un privilège divin

que les bons poètes sont ainsi auprès de nous les interprètes

des dieux.

Socrate. — Vous autres rhapsodes, à votre tour, vous

interprétezles œuvres des

poètes?

Ion. — Cela est encore vrai.

Socrate. — Vous êtes donc des interprètes d'inter-

prètes ?

Ion. — Absolument,

b Socrate. — Or cà, Ion, dis-moi encore, et réponds sans

feinte à ma question. Quand tu récites comme il faut des

vers épiques, et que tu fais sur les spectateurs l'impressionla plus profonde, soit que tu chantes Ulysse sautant sur le

seuil, se découvrant aux prétendants et répandant les flèches

à ses pieds1

,ou Achille s'élançant sur Hector 2

, ou un des

endroits pathétiques sur Andromaque3

,Hécube 4 ou Priam 3

,

as-tu alors ta raison ? n'es-tu pas hors de toi, et ton âme

c transportée d'enthousiasme ne croit-elle pas assister aux évé-

nements dont tu parles, soit à Ithaque, soit à Troie, ou par-

tout où la scène se passe ?

Ion. — La preuve frappante que tu me donnes là, Socrate !

Je vais te parler sans feinte. Pour moi, quand je débite quel-

que passage pathétique, mes yeux s'emplissent de larmes;

si

c'est un endroit effrayant ou étrange, d'effroi mes cheveux

se lèvent tout droits et mon cœur se met à battre,

d Socrate. — Eh bien, Ion, devons-nous le dire alors maître

de sa raison, cet homme qui, paré d'un costume aux teintesvariées et de couronnes d'or, se met à pleurer dans les sacri-

i. Odyssée, XXII, début. Socrate rappelle un peu inexactement

les faits. C'est seulement au v. 35 que le héros se fait reconnaître,

après avoir percé d'un trait Antinoos.

2. Iliade, XXII, 3i2 sq.

3. Il, VI, 37o-5o2 ;XXII. 437-5i5 ; XXIV, 7 23-746.

4. XXII, 79-89 ; XXII, 4o5 Sq. ; 43o-436; XXIV, 74 7-76o.

5. XXII, 33-78 ; XXII, 408-428; XXIV, 160-717.

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37 IÛN 534 e

EUJIV TÛOV 8ECÛV, KaTE^LlEVOl è£ OTOU &V EKaCTOÇ KaTE-

XrjTai. TaOTa ev8eikvûlj.evoç ô Seôç e^ettIttiSeç 8ià toO

<pauXoTaTou ttoltjtoO xô KàXXicruov liéXoç fjaEV f^où Sokcù 535 a

aot aXrj8f] XéyEiv, S "lov;

ION. N al Lia tôv ACa, ELioiyE- otctei yap tu6c; liou toÎç

Xoyouç Tf]ç i^uxfjç, £ Za>KpaT£ç, Kal lioi SoKOÛai8£Ca Liotpa

f]Liîv napà tôv 8eôv tocGtoc ol àya8ol noinral Ep(ir)VEt3£Lv.

ZO. OukoOv ûlieîç au ol paipcpSol ià tôv noujTÔv ép^rj—

VEtJETE;

ION. Kal toGto àXrçSèç XÉyEiç.

ZO. OûkoOv êpLir|vÉQV Épu.rjvf}ç ylyvEaSE;

ION. riavTànaal yE.

ZO. "E^e Sr)u.ol tô8e eÎtté, o ^lov, Kal

li?) ànoKptiipr)b

8 tl av aEEpcù^iaf 8xav e3 EÎnrjc; Inr) Kal£KnXf]£fl<; LiàXiGTa

toùç 8ecdu.évouç, f^tôv 'OSuaaéa oxav ettI tôv ouSôv £(|>aX-

X6lievov àSrjç, £K<f>avfj yiyv6Li£vov toiç ^vrjaTfjpat Kal ek-

)(É0VTa TOÙÇ ÔLaTOÙÇ TTpÔ TÔV TloScùV, f\ 'A^tXXÉa ETll TÔV

"EKTopa ôp(icovTa, r\Kal tôv TtEpl 'Av8pou.à)(r|v eXeivôv ti

?\ TTEple

EKd6rjv f\ TtEpl nplaLiov, t6te TtéTEpov EU.<f>pCOV Et

f\ e£cù aauToO ytyvEi Kal napà toîç npàyLiaaiv oÏETal aou C

EÎvai1^ tyvxt) otç XÉyEtç Ev8ouaià£ouaa, f\

ev 'ISàKrj ouauv

r\ev Tpo(a f| oncoç av Kal Ta Inr) Ixfl ;

ION.C

Oç EVapyÉÇ LIOl TOOTO, Ô ZtoKpaTEÇ, TÔ TEKLjrfjpiOV

eIiteç* ou yàp <je ànoKpuipàLiEVoc; èpô. 'Eyco yàp §Tav EXEI-

VÔV TL XÉyCO, SaKpUCOV ELm'lLinXaVTai LIOU OL Ô(|>8aXLlOL* 8Tav

te (foÔEpôv f\ ôelvôv, ôp8al at Tpl^EÇ laTavTai unô <{>66ou

Kalf\ KapSla nr)8&.

ZO. Tl ouv; <|>ôliev, cù "Icov, ELKppova EÎvat tôte toOtov d

tôv av8pcoTTov, 8ç ocv KEKoaLir|LL£voç èa8fJTi noiKlXr| Kal

Xpuaoîai aT£<j>àvoLc; KXàr) t' ev Sualatç Kal iopTaîç, LirjSèv

535 a 3 yap 7vw; [xouT : ydp 7:toç llou W ydp uou TzGiç, F

|jb I

potTW : zaï

;j.otF

j|3 où86v WFt: 65- T

||c 2 ouatv TWF : -aa S

il3 o^w; TF : rûç W

||6 txou codd. (etiam

W)||d 1 tote toStov

WF : to'jtov -cote T toutov recc.||

3 ^puaotat F : -aotç TW.

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535 d ION 38

fices et les fêtes, sans avoir rien perdu de ces parures, ou éprouvede l'effroi devant plus de vingt mille personnes bien disposées

pour lui, quoique nul ne le dépouille ni ne lui fasse tort ?

Ion. — Non, par Zeus ! point du tout, Socrate, pour dire la

vérité.

Socrate. — Sais-tu que sur la plupart des spectateursvous produisez aussi les mêmes effets ?

e Ion. — Je le sais fort bien. Je les vois chaque fois, du

haut de mon estrade, qui pleurent, jettent des regards

menaçants et restent, comme moi, saisis à mes paroles.

C'est que je suis bien obligé d'avoir l'œil sur eux: si je les fais

pleurer, je rirai, moi, en recevant l'argent, tandis que, si je

les fais rire, c'est moi qui pleurerai en perdant mon salaire.

Socrate. — Sais-tu que ce spectateur est le dernier des

anneaux dont je parlais, qui par la vertu de la pierred'Héraclée tirent l'un de l'autre leur force d'attraction?

536 a Celui du milieu, c'est toi, le rhapsode et l'acteur;le premier,

c'est le

poète

enpersonne.

Et la Divinité, à travers tous ces

intermédiaires, attire où il lui plaît l'âme des humains, en

faisant passer cette force de l'un à l'autre. A elle, comme à

cette pierre-là, est suspendue une chaîne immense de cho-

reutes et de maîtres de chœur et de sous-maîtres, oblique-ment rattachés aux anneaux qui dépendent de la Muse. Tel

poète se rattache à une Muse, tel autre à une autre;nous

exprimons la chose en disant : il est possédé, ce qui revient

b au même, car il est tenu. A ces premiers anneaux —les

poètes— d'autres se trouvent rattachés à leur tour, ceux-ci à

l'un, ceux-là à l'autre, et éprouvent l'enthousiasme; les uns,

c'est à Orphée1

,les autres à Musée 2

;mais la plupart, c'est

Homère qui les possède et lestient.Tu es de ceux-là, Ion : tu

es possédé par Homère. Quand on chante quelque passage d'un

autre poète, tu t'endors et ne trouves rien à dire;mais vient-

i. Orphée représente pour Platon (cf. 535 c) l'art citharodique .

En outre on mettait sous son nom toute une littérature mystique

(hymnes, discours sacrés, chants de purification) se rattachant aux rites

de l'orphisme.

2. A ce Thrace légendaire, fils ou disciple d'Orphée, et premier

prêtre des mystères d'Eleusis, suivant la tradition, on attribuait

divers poèmes religieux (Remèdes, Initiations, hymnes) et des Recueils

d'oracles. Pausanias (I, 22, 7) rejette toute cette production comme

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38 IQN 535 d

ànoXoûXEKcbçToÛTCûv, f\ <J>o6f}Toci ttXéov f\ev 8iau.uploic;àv8pci>-

ttoiç laTrjKcbç cpiXicuc;, u.r)8Evoc; àTroSûovToc; \lt\&è àSiKoOv-

toç;

IHN. Ou u.à t&v Ala, ou Ttàvu, S> ZcbKpaTEç, &ç yc

T<xÀr)8èç £ipfja8ai.

ZO. OTa8a ouv Sti Kal tôv 0EaTÔv toùç ttoXXoùc; TauTa

TaOxa uu-elc; Epyࣣcr8E ;

\C1N. Kal u.àXa KaXôç 0Î80C KaSopô yàp EKàaTOTE e

auToùç cxvcdBev and xoO [}f)u.aTO(; kXcxovtocç te Kal Seivovèu.6XÉ7T0VTac; Kal auv8au.6o0vTaç tolç Xeyolievoic;. Aeî yàp

lie Kai ac|>6Sp' auToîç tSv voOv TtpoaÉ)(ELV coç làv lièv

<Xàovxa<; auToùç KaBlacû, aôxèç y£Xàaou.ai àpyupiov Xau.-

6àvcùv, làv Se yeXôvtccc;, auTSç KXaucxou.aL àpyupiov

oittoXXûç.

ZO.Oîa8a o8v 8tl

outôçecttlv 6

8EaTf)<;tôv SaKTuXlcûv

o laxaxoc;, ôv èycû IXEyov uttS Tf)ç 'HpaKXELcoTLSoç Xt8ou

à-n' àXXi^Xcûv Tfjv 8ovau.iv Xau.6àvEiv;

6 8è llécxoç au 6

pavpcpS6ç <al uttokplttjc;, ô 8è TtpÔToç auTÔç ôTToir|T/)<;' ô 536 a

Se 8e6ç Stà TtàvTcov toûtcûv eXkel t^jv ijJU)(f)vSttol av |iou-

Xnxat tcov àvSpcûTtov, àvaKpELiavvùc; 15, àXXfjXcov xf]v Suva-

luv. KalcoaTTEp

ekxfjç

Xt8ou£KELvr|c; ôp^aSôç 7ràu.TToXuc;

E^rjpxnTai xopEUTcov te Kal StSacKocXcùV Kal ÛTTo8i.8aaKàXcûV,

ek TtXaylou èc^r)pTr|LAÉvcûv tôv if\ç Moûanç £KKpEu.au.évcûv

SaKTuXlov. Kal ô lièv tôv TTOLrjTÔv e£ aXXnç Moûcxnc;, Ô

Se e£ aXXnç E^rjpTnTai— 6voli<&£oliev Se auTO KaTÉ)(£Tai,

t6 Se ecjtl TtapaTtXr)auov E)(£TaL yàp— ek 8è toutcov tôv b

TtpCOTCÙV SaKTuXfcOV,TÔV

TtOtnTÔV,aXXoL

è£SXXoU aC

^pTT]-U.ÉVOL Etal Kal Ev8ouaià£ouaiv, oî

ljlèv èE, 'Opcpécoç, ot 8è ek

Mouaalou' ol Se TtoXXol eE,c

OLii£

|pou KaTÉ)(ovTal te Kal

I^ovTat. *Clv crû, ô ^Icùv, eîç eT Kal KaTÉ)(Ei è£e

OLi1]pou, Kal

ETTElSàv U.ÉV TLÇ CtXXoU TOU TÏOLr|ToO cx8r|, KaSEÛSEiç te Kal

d 4 oooTJ-rai T : -6eÎT<xi WF||

5 ftXfotç TWf : çiXoiç F|| 9 Taùxà

xauTa TF:

Ta roiauxa W||

536 b 2 au Tipr^aévoi TF: àv7jp-cr]u.£vot

WH 5 ô TWF : om. FII

6 à§7) — 7 îrotTjTO'j om. F in marg. add.

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536 b ION 39

on à faire entendre un air de ce poète ? aussitôt te voilà éveillé,

ton âme entre en danse et les idées te viennent en foule. Car

c ce n'est point par l'effet d'un art ni d'une science que tu tiens

sur Homère les discours que tu tiens ; c'est en vertu d'un

privilège divin et d'une possession divine. Les gens en proieau délire des Gorybantes ne saisissent qu'un air avec promp-titude, celui du dieu qui les possède, et pour se conformer

à cet air-là, trouvent sans peine gestes et paroles, sans se

soucier des autres. Toi, Ion, tu es comme eux : est-ce

d'Homère qu'on fait mention ? tu n'es pas en peine ;mais

d s'il s'agit des autres, tu restes court. Tu me demandes la causede cette facilité que tu as pour Homère, mais non pour les

autres : c'est que tu ne dois pas à un art, mais à un privilège

divin ton habileté à louer Homère.

Ios. — Tu parles bien, Socrate; je serais surpris, pourtant,

si tu parlais assez bien pour me persuader que c'est sous le

coup d'une possession et d'un délire que je fais l'éloge

d'Homère.Toi-même, je pense,

tu ne le croiraispas,

si tu m'en-

tendais parler d'Homère.

Socrate. — Ma foi ï je ne demandeSeconde . ., . *,

démonstration. Pas mie.

ux<Iue te l entendre

; pas avant,

e Chaque art toutefois, que tu n'aies répondu à ceci :

a son domaine parmi les sujets que traite Homère,propre.

qUej est ceiu j ^ont tu par ies bien? Car

ce n'est évidemment pas de tous.

Ion. — Sache-le, Socrate : de tous sans exception.

Socrate. — Ce n'est évidemment pas de ceux qu'il t'arrive

d'ignorer et que traite Homère.

Ion. — Et de quelle nature sont-ils, ces sujets que traite

Homère et que j'ignore?

537 a Socrate. — Des arts, en particulier, Homère ne parle-t-il

pas en maint endroit et longuement ? Par exemple, de l'art

du cocher; si je me rappelle les vers, je te les citerai.

Ion. — Mais moi, je vais les dire. Moi, je me les rap-

pelle.

Socrate. — Récite-moi donc ce que dit Nestor à son fils

Antiloque, quand il lui conseille de prendre garde au

étant l'œuvre d'Onomacrite, et ne reconnaît comme authentique

qu'un Hymne à Démêler.

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39 IQN 536 b

à-nopetç 8 TiXéyflç, ETTEiSàv Se toutou toO ttoit^tou <Ç>9éy^r|-

Tal tiç fciÉXoç, euBùç Eyprjyopaç Kai ôp)(EÎTal aouf\ tyvyi)

Kai EUTTopeîc; S ti Xéyriç- ou yàp té^vt] ouS' ETuarr)u.r| TtEpl C

c

Oujf)pou XéyEtç S. XÉyEiç, àXXà BeUx poipa «xi KaTOKCùXfl,

cSaTtEp oî KopuôavTtcovTEÇ EKslvou u.6vou ataBavovTai toO

HÉXouçô£écùç 8 avf\toO 8eo0 e£ otou av KaTÉ)(G>VTai, Kai

ELÇ EKEIVO T6 U-ÉXoÇ Kai aXT|U.(XTCÛV KaiprjU-OtTCOV EunopoOai,

tcùv Se aXXov ou <|>povTl£ouaiv outcù Kai au, S "Icov, TTEpi

U.ÈV£

Ou.r)pOU OTaV TIÇ U.VT)a8f], EÔTTOpEÎÇ, TTEpl 8ÈTCÙV &XX<OV

àTtopEÎç' toutou S' egtI t6 aiTLOv, o u.' èpcùT&ç, Si' 8 tl au d

TTEpl ^lèv

C

Ou.T]pOU EÙTTOpEÎÇ, TTEpl SE TWV &XXcOV OÔ, &TI OÔ

TÉ^vrj, àXXà BeIoc u.olpae

0^f)pou SeivSç eX ènaLvÉTriç.

ION. ZÙ U.ÈV EU XÉyELÇ, <3 ZcbKpaTEÇ* 8aUU.à£oL£U U.EV-

Tav £Î oOtcùç e3 elttoiç, oaTE u.e àvaTTEÎaai <&ç èyà) KaTE-

^ojievoç Kai u.aiv<5u.Evoc; "O^rjpov ETTaivô. Oîu.ai Se ouS3

av

aol S6£,aiu.i, eÏ u.ou àKoûaaiç XÉyovToç TTEple

Ou.T]pou.

ZO. Kaio.f]v

eBéXcû yE aKoOaai, ou u.evtoi npéTEpov

nplv av u.oi àTTOKplvr| t68e* ov "O^rjpoç XsyEi TTEpl t'ivoç eu e

XÉyEtc; ;ou yàp SrjTrou TTEpl aTràvTcov y£.

ION. ES ïa8i, S ZoKpaTEç, TTEpl oôSevôç 8tou oû\

ZO. Oô SrjTTOu Kai TTEpl toûtqv uv au u-Èv Tuy^àvEtç

ouk eîSgùç, °Ou.T]poç Se XÉyEi.

ION. Kai TaCTa ttoÎoc èaTiv S 0u.r|poc; u.èv XÉyEi, èycû

Se ouk oîSa;

ZO. Ou Kai TtEpl te)(vcov u.évtoi XÉyEi TroXXa)(oO °Ou.r)poç 537a

Kai TioXXà;

oîov Kai TTEpl f}vio)(Elaç— èàv u.vrja8S Ta

ettt], èycù aoi <|>pàacû.

ION. 'AXX3

èyà EpS-

âyà yàp u.Éu.vr|u.ai.

ZO. EIttè Sfju.01 ci XÉyEt NéaTop 'AvtlX6)(9 tcù ûel,

d 4 crû[xèv eu TWF : lu txsv eu F eu

fjùvS

||5 s! outwç F : outwç

e! TW|| 7 xspi TW : ti xepl F ||

e iXe'yet

TW : eu Xéyet F ||2 Xeyeiç

Gornarius:-yei ||

537 a i r:oAÀa/ou o^.r]po; TW :o^r\po<; izoXkcLyov F

jj2

rjv.o/ei'aç TF exyjvioy'aç.

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537 a ION 4o

tournant, dans la course de chevaux en l'honneur de

Patrocle '.

Ion. —Toi-même, penche-toi sur le char bien poli,

b à gauche, doucement; puis, le cheval de droite,

excite-le de l'aiguillon et de la voix; rends-lui la main.

Que le cheval de gauche rase si bien la borne

qu'on croie la voir touchée au bord par le moyeude la roue ! Mais garde-loi de heurter la pierre !

c Socrate. — Il suffit. Si ces vers d'Homère, Ion, sont justes

ou non, qui peut le mieux en juger, le médecin ou le cocher?

Ion. — Le cocher, évidemment.

Socrate. — Parce que c'est son art, ou pour une autre

raison ?

Ion. — Non; parce que c'est son art.

Socrate. — Chacun des arts a-t-il donc reçu du dieu la

faculté de connaître un certain ouvrage? Car, n'est-ce pas?

ce que nous connaissons par l'art du pilote, nous ne le connaî-

trons pas aussi par l'art du médecin.

Ion. — Assurément non.

Socrate. — Ni par l'art du menuisier ce que nous connais-

sons par celui du médecin.

Ion. — Non certes.

d Socrate. — En est-il donc ainsi de tous les arts ? Ce que

nous connaissons par l'un, nous ne le connaîtrons point parl'autre? Mais avant de me répondre là-dessus, dis-moi :

accordes-tu que de deux arts, l'un diffère de l'autre ?

Ion. — Oui.

Socrate. — Pour moi, c'est en me fondant sur ce que

t. La course de chevaux en l'honneur de Patrocle était peut-être le

nom de cette partie de l'Iliade. Platon, non plus qu'Arisiote, ne

connaît d'autres divisions des poèmes homériques que celles qui sont

marquées par le nom des épisodes essentiels (Atxat, Hipp. min.,

364 e; Crat., 4a8 c; 'AXxfvOti ar.oko^o'., Rép.. X, 6i4b; Têf/o-ja/'a,

Ion, 54o b). La division de l'Iliade et de l'Odyssée en vingt-quatre

chants a été l'œuvre des critiques alexandrins, peut-être de Zénodote

(voir les observations de V. Bérard dans son Introduction à l'Odyssée,

tome III, p. ia5 et suiv.).— Le passage cité ici est tiré de l'Iliade-

XXIII, 335-34o : jeux célébrés par les Achéens après les funérailles

de Patrocle.

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4o IQN 537 a

Tiapatvcov EuXa6r|8f)vai nepl Trjv Kau/nr|v èv tt] ItittoSpolia

Trj Ini naTpéjcXo.

ION. KXiv8fjvai 8é, $r|ai, «xl (xôtoç eu^éot© èvl 8l<|>pcp

f)K

s

In' àpiaTEpà toîlv cVràp tov Se^lôv Itotov b

KÉvaat ô^oicXf|aa<;, eT£cu té ol fjvla yzpolv.

'Ev vùaarj Se toi ïttttoç àpiaTEpoç EyxpifcupSTjTCD,

cbç Sv tolTT.X/)u.vr) y£ 8o<£aa£Tcu aicpov licÉaBou

kûkXou ttoitjtolo- XlBou S' àXéaaBai ETtaupEÎv.

ZO. 'ApKEÎ. TaOxa Sf), S "lov, t<x£Ttr|

eite ôpBâç XÉyEi C

"Ou-ripoç eîte(ji/j, TtorEpoç Sv yvolr) Sjielvov, laTpôç f] fjvto-

x°ç ;

ION.c

Hvloxoç Sr^Ttou.

ZO. riàTEpOV 8XL TÉ)(VrjV TOCÛTrjV E)(£L f]KOT &XXo Tl

J

ION. Oûk, àXX' oTiTÉxvrjv.

ZO. OukoOv licdtaTT] tôv TE)(voàv ànoSÉSoTat TL vrtb toG

8eo0 Ipyov ota te eÎvcu ytyvebaicEiv ;ou yàp tïou a KUÔEpvrj-

Tticf] yiyvûoaico u.ev, yvoaôjiEBa «xllaTpiicfl.

ION. Ou SfJTct.

ZO. OuSe ys alaTpLKfj,

tccOtoc ical tektovikt].

ION. OuSfyca.

ZO. OukoOv oÎjtoû <al Kaxà Ttaacov tov te^vôv, S xf|d

IxÉpa té^vt] yiyv&aico^Ev, ou yvoa6^E8a tt] ETÉpoç ;t6Se

8É U.OL Ttp6TEpOV TOUTOU aTlÔKptVCU.' TT)V ^£V iTÉpaV <J)T^|Ç

EÎvai Ttva TÉxvrjv, tt^v S' ETÉpav ;

ION. Nat.

ZO. *Apa ôSonEp èyw TEK^oup6u.Evoc;, ôtocvf\

u.èv ETÉpcov

Testimon. : 537 a 8 /AivÔTJvat— b 5 èrcaupeiv //., XXIII, 335-

34o.

a 8 aù-6; Ôs xXivôrjva: libri Homericijj èoÇscrcoj TWF : èuîrXe'xTto S

cum libris Homericis (sùÇéaTou Xen., Conv., IV, 6, qui mox hri

Si'cppou scrips.) ||b 2 ts TW (et libri Homerici) : 8s F

||4 *v F (et

libri Homerici) suprascr. W : u.rtTW

|jc i àpxst 7aura 8rj TW : àpxst

5tj -zctu-a F ||8 tîo-j TW : Sfaou F || d i zat xatà TW : xai Ta F.

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6i IQN 537 d

TTpay^àTCùv fj ETUOTf)Lir|, f\8

S

éxépcov, ouxa kcxXco Tf|Vlièv

aXXrjv, Trjv Se aXXrjv TÉ)(vr|v, oôto <ai au;

ION. Nat. e

ZQ. El yap ttou tôv aÛTÛv TTpayLiàTCùv EmaTf]LAr| Etr)

tiç, tI av t^jv (ièv eTÉpav cfxxÎLiEV EÎvai, Trjv 8S

IxÉpav,

StnSte ye xauxàEÏr) EiSévai an' à^icjJOTÉpcov ; <SarT£p âyà te

YiyvûbcrKQ oti tiévte eIctIv oCtoi ol SocktuXoi, Kal crû, cSanEp

èyco, TTEpl toûtcov xauTà yiyvobcjKEiç* Kal eï gte âyo èpoi-

Ljirjv

e!Tf] auTrj TÉ^vr] yiyvcbaKOLjLEv Trj àpi.8^r)TiKr]

là ocutù

èyco te <al oùf) aXXrj, <J>alr)c;

av SfjTtou Trj aôxrj.

ION. Nal.

ZO. "O Tolvuv apxt IlaeXXov Epf]aEa8al a£, vuvl eltté, ei 538 a

Kaxà Traacov tcov te)(vcûv oôtcû aoi SokeÎ, Trj lièv auTrj

TÉ)(vr|Ta auTà àvayKatov EÎvai yiyvcoaKEiv, Trj

S5

ETÉpoc \xi]

TaauTa,

àXX'EÏTTEp aXXrj ecjt'iv, àvayKaîov

Kal

ETEpayiyvcbaKEiv.

ION. OÏÏTCOLJlOt SoKEL, CÛ ZcOKpaTEÇ.

ZO. OukoCv 8aTtç àv\xr\ I^rj TivàTÉ^vrjv, TaÙTrjç Tfjç

T£^vr)c; Ta XsyoLiEva fj TtpaTT<5LA£va KaXcoç yiyvcoaKEiv ou)(

oî6ç ts

serrai;

ION.s

AXr]8fj XÉyEiç.b

ZO. FI6TEpov o3v TtEpl tcov ettcov cov eÎtteç, ecte KaXcoç

XéyEt "OLirjpoç eïteljlt],

<tù kcxXXiov yvcoaEi fj rjvlo^oç ;

ION.c

HvloXoc;.

ZO. 'Pai|;cùS6ç yàp tiou eÎ, àXX' ou)( rjvlo^oç.

ION. Nat.

ZO. eH Sepai|»cpSiKr| té^vt] ETÉpa

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;

ION. Nal.

ZO. El apa ETÉpa, TTEpl ÉTÉpcov Kal Emarf^r) TtpayLjià-

TCOV ECTTLV.

ION. Nal.

e 4 £ft«J"•£ TW :

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Trjtjurj -payuaTcov WF:

7w&ay;jiâ-:tov xaî bctanjpT] T (/.ai Tcpayitàr£-iaTr[(i.r, signis addit. transpos. TF).

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4 2 IÛN 538 b

ZO. Tl Se8r),

ôrav "Ojirjpoç XÉyrj 6ç TETpOLiÉvQ tû

Ma)(àovLe

EKaujf)8ri f} Néaxopoç naXXaKri KUKEÛva ttlelv

SlSoùql;Kal

XéyELttqç outgûç — C

oïvcp TTpa^vELQ, <J>r|aiv,ettI S' aïyELOv Kvfj Tupôv

kv^cjtl ^<xXkeIt]* Trapà Se <p6^uov TtoTcp SlJjov

taOTa eïte ôpGooç XéyEL "O^ripoç eltelli*), nÔTEpov taxptKÎ]c;

eotl SLayvoùvaL koXôç f} ^aipûîSiKfjc; ;

lON.'IaTpK^ç.

Zft. Tt Se, barav Xéyfl "O^poç —rj

Se LioXu68atvrj IréXt] eç fiuaaSv ÏKavEv, d

fjte koit' àypaûXoLO fSoôç KÉpaç E^^E^auta

Ip^Exau o^aTrjaL liet' t)(8ûaL Tif]^a <|>Épouaor

TaOTa TioTEpov <f>cù(jLEv àXtEUTLKfjç eTvcu TÉ^vrjç llolXÀov

Kpivat f\ pa^cpStKfjc;, &xxa XéyEL Kal elte koX&ç eltelit) ;

ION. AfjXoV Sr),& ZûùKpaTEÇ, &TL àXLEUTLKfjÇ.

ZO. ZKÉcpaL Srj,aoO IpoLiévou, el IpoLé lie* «

'EttelSt*)

TOLVUV, S ZÔKpaTEÇ, TOUTCOV TÔV TE)(VQV Iv 'O^pO EUpl- 6

(7KELÇ S TtpOCXÏC

)KEL EKaaTrj 8LaKpLV£LV, L0L LLOL E^EUpE Kal Ta

TOO LlàvTECùC; TE Kai LLaVTLKfjÇ, TTOÎà EOTLV S TTpoa/jKEL aUTÔ

OÏcp t' ELVaL SiayLyVOùaKELV, ELTE EU EÏTE KaKCDÇ TTETTOLr)TaL »

— (JKÉLJ;aL <5>ç paSlaç te tcal àXrjGfj lyco aoi àTtoKpLvoOLiaL.

floXXa^oO llèv yàp Kai iv 'OSuacEla XéyEL, otov Kal S. o

tqv MEXaLLTToSLScov XéyEL laocvtlç Ttpôç toùç LLvrçarfjpac;,

©eokÀullevoç —

Testim.: 538 C 2 o?vo> — C 3 yalxiir^ IL, XI, 639-64o. jj538 d

iJj

K—

d3

3îWa//., XXIV, 80-82.'

b 12 orj TWf : om. Fj|i3 rcisîv F (cf. Plat. Rempubl. 4o6 a, -fj ôoûar;

^isïvde ecdem Iliadis loco) : 7c:vsiv TWjjC 3 xyîjaTt F : xvrjorei W

et ex xvrfoTT] fecit TJ|~asà ... ctyov

: bel ô*' à'Xçtta Xeuxà îcaXuve libri

Homerici|| 4 prius bixz fF : ifcsp W |j 7 8s WF : Ôat T

||d 1 Puaaôv

a

(uel [feSaaov)TF (et libri Homerici) : -uôuiv W et in marg. T

||

ixavsv : opouaev libri Homerici[|

2 ètx[i£(xaj:a: -6eSauïa libri Home-

ricijj3 uet' : in' libri Homerici

{J

-^jia

TWf:xrjpa

F et libri Home-rici

Ile 6 a ô WFt : 6 T

II 7 u.£Àaaj:o8'.owv T2W : -teoSfttov F -no5wv Tf .

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539 a ION 43

539 a Infortunés ! quel mal vous arrive ? La nuit

vous couvre, de la tête et de la face aux pieds,

et une plainte éclate et vos joues sont en larmes;

de fantômes le porche est plein, la cour est pleine ;

ils s'en vont vers VÉrèbe et Vombre ; le soleil

b a disparu du ciel, sous la brume sinistre1

,

et maintes fois dans YIliade; par exemple, au combat du

mur. Là encore, il dit 2:

Un oiseau vint sur eux, qui tentaient le passage,un aigle de haut vol, à gauche, arrêtant Vost.

c Aux serres il portait un serpent rouge, énorme,

vivant et palpitant, et belliqueux encore :

il piqua son vainqueur près du col, à la gorge,en retournant la tête ; et Vautre, de douleur,

le rejeta à terre, au milieu de la foule,

d et puis, avec un cri, s*envola dans le vent.

Ces endroits, et ceux du mêmegenre,

c'est au devin,

dirai-je, qu'il appartient de les examiner et de les juger.Ion. — Et tu auras raison, Socrate.

Socrate. — Toi aussi, Ion, tu as raison de le dire. Allons!

à ton tour: je t'ai choisi dans l'Odyssée et dans YIliade des

endroits qui, par leur nature, appartiennent au devin, au

e médecin et au pêcheur. Cite-m'en de même, puisqu'aussibien tu es plus versé que moi dans les œuvres d'Homère,

qui appartiennent au rhapsode, Ion, et à l'art du rhapsode,

225-256. Revenant à Ithaque et passant par Pylos, Télémaque est

abordé par Théoclymène, un devin qui vient d'Argos, d'où il a été

exilé pour un meurtre. Il accepte de le prendre avec lui et le ramène

à Ithaque.

i. Odyssée, XX, 35i-357- Parmi les prétendants attablés, qui

viennent d'entendre les paroles de Télémaque, Pallas, égarant leur

raison, suscite un rire inextinguible. En même temps leurs yeux

s'emplissent de larmes. C'est alors que Théoclymène prophétise leur

mort prochaine et leur descente dans l'Hadès. Mais en l'écoutant

ils se mettent à rire.

2. Iliade, XII, 200-207. Les Troyens,qui ont repoussé les Achéens

jusqu'au rempart du camp, s'apprêtent à le franchir, conduits par

Polydamas et Hector. A la vue du présage, ils sont saisis de crainte

Polydamas l'interprète et conseille à Hector la retraite.

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43 IÛN 539 a

Saïuovioi, tl KaKov t65e nàa^ETe ;vuktI

fcièvuuécdv 539 a

EtXoaTai KscfxxXat te TipéacoTtà te vép8E te yuîa,

otucùyf) 8è SÉSrjE, SESàicpuvTai 8è TtapEial*

eIScûXcùv tettXéov Ttp68upov, TtXElrj 8è Kal aoXfj

ieuévov Ep£66a8E frnà £écbov f^ÉXioç 8è

oôpavoO E£)aTT6XcoX£, KaKT) S' ImSÉSpouEv à^Xuç- b

noXXaxoO Se Kal lv 'IXiàSi, otov Kal ettI TEL^o^a^ta* XéyEi

yàp Kal evtccvjSoc —

opviç yap atyiv ETTfjXSETïEprjaÉuEvai uEuaôaiv,

atExèc; ûiJuTt£Tr|c;,en' àpiaTEpà Xaov èÉpycov,

<J>0Lvr)£VTa SpdtKovTa cpÉpoav 5vo)(£aai TiÉXcopov, C

£co6v, IV àanalpovTcr Kal oûtto XrjGETo xâpur)Ç.

K6\\)E yàp aÔTèv i^ovra iccrrà axf]6oç -napà ÔEipfjv

18vco8eIç ÔTitaco, ô 8' à*n6 e8ev tjke ^auS^E

àXyrjaaç ôSûvrjai, uéao 8' èvl KaôBaX3 ôuiXar

aôx8ç 8è KXay^aç ttéteto *nvoif]ç àvéuoio. d

TauTa<|>f]acù

Kal xà touxOt<x tcû uoivtei TrpoafjKEiv Kal oko-

TTEÎV Kal KpiVElV.

ION. 'AXrjSfj yE au XÉyov, & Z&KpaTEÇ.

ZO. Kal où yE, S "lov, àXr)8f) TaOxa XÉyEiç. "I8i8f] Kal

au èuol, ôùanEp èyôb aol EÉjÉXE^a Kal !£ 'OSuaaEiaç Kal !£,

'IXiàSoç ÔTtoîa toO ^àvTEcbc; soti Kal ÔTioîa xoO taTpoO Kal

Ônoîa xoO aXiÉoç, outcd Kal où èuol ekXe^ov, ETisiSf) Kal e

£UTT£lp6TEpOÇ eÎ euoO tcove

Ouf]pou, OTioîa toO/5ai|;cù8oG

èaTtv, o "Icov, Kalxf]c;TÉxvr|c; Tfjç jSaibcpSiKfjç, a tS pa^cpSô

Testitn. : 539 a 1 8at<j.dv<.o: — b 1

à/Xuç Od., XX,53

1-537I!

539 b 4 opvtç y<xp — d 1àvé[j.oio //., XII, 200-207.

539 a 1 Saitxdvioi : à SetXoi libri Homerici|| 0[Aê'cov

TF :6;j.6jv

WIl

2 yuta: yoîîva libri Homerici||3 8c'8t)î W : 8è 875 (ïSeôâxpuvtat) F :

SéSrjai T post -apsta: in libris Homericis hic uersus af^a-c: 8'

Ippa-8arai toi/oi xaXai Te

jj.£ad8|j.ai ||b 2 prius xat TWf : om. F

||c 4

07:tacu WF : -aaco T||

5 £vc xa66aX' f (iv- xépGal' F): svxâu6aX' Wèyxa66aX' T (sed prius X puncto del.) ||

d 1 rateTO libri Homerici :

-Kiia.zo

W (suprascr kr.a) F ut uidetur: sjtsto T (f ?) || 5 ye TF

:

om. W.

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539 e ION 44

et qu'il convienne au rhapsode et d'examiner et de juger, de

préférence aux autres hommes.

Ion. — Je le déclare, Socrate: tous sans exception.Socrate. — Ce n'est pas toi, Ion, qui dis : tous sans

exception. As-tu si peu de mémoire ? Pourtant le défaut de

mémoire siérait mal à un rhapsode de profession.

Ion. — En quoi donc manqué-je de mémoire?540 a Socrate. — Ne te souviens-tu pas d'avoir dit 1

que l'art du

rhapsode diffère de celui du cocher ?

Ion. — Je m'en souviens.

Socrate. — Puisqu'il en diffère, tu convenais donc aussi

que ses connaissances seront différentes ?

Ion. — Oui.

Socrate. — Ce n'est donc pas à tout que s'étendront,

d'après toi, les connaissances de l'art rhapsodique ni celles

du rhapsode.Ion. — Si, sauf peut-être aux cas de ce genre

2,

b Socrate. — Par « cas de ce genre » tu veux dire:

sauf ce

qui appartient aux autres arts, à peu près3

. Mais alors, quellesorte de choses connaîtra le tien, puisqu'il ne connaît pastout?

Ion. — Selon moi, le langage qui convient à un hommecomme à une femme, à un esclave comme à un homme

libre, à un subalterne comme à un chef.

Socrate. — Veux-tu dire

quele

langageconvenable à

qui gouverne en mer un vaisseau battu par la tempête,le rhapsode le connaîtra mieux que le pilote ?

Ion. — Non, celui-là, ce sera le pilote,

c Socrate. — Mais le langage convenable à qui gouverne un

malade, le rhapsode le connaîtra-t-il mieux que le médecin ?

Ion. — Celui-là non plus.

Socrate. — Veux-tu dire celui qui convient à un esclave ?

Ion. — Oui.

Socrate. — Par exemple, d'après toi, le langage que doit

i. 538 b.

2. Les cas spéciaux dont on a parlé (l'artdu cocher, celui du

médecin etc., voir 53g de). Pour Ion ils sont peu importants.

3. IIXr]V xi twv àXXôSv xe/vtov aye8ov xt commente -à xo'.auxa. Mot

à mot : « Tu dis :

(sauf)les cas de ce

genre,c'est-à-dire : sauf ce

quiconcerne à peu près les autres arts (autres que celui du rhapsode) ».

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\

H IÛN 539 e

TrpoorjKEi Kal aK0Tt£Îo8ai Kai SiaKplvEiv Ttapà xoùç aXXouç

àvSpcbTtouç.

ION.

3

Eyà> ^Év c|)r|^i, o ZcbKpaxEÇ, Snavxa.ZO. Ou au ye <f>fjç,

S "Icov, aTtavxa*fj ouxcùç £TtiÀf)au.G>v

et;Kaixoi ouk av TtpÉrcot y£ £mXr)<Tu.ova EÎvai £ai|ja>5ôv

&v8pa.

ION. Tt Ôè 5^) ETTLXav8àvoiiai ;

ZO. Ou ^Éu-vrjaai ôti l(|>T]CT8a xfjv pav^oSiK^v xé^vt^v 540 a

ETÉpaveÎvcu

xfjç ^vio)(L<fjç ;

ION. MÉ^vrj^aL.

ZO. OukoCv Kal ETÉpav oQaav IxEpa yvociEaSai a>u.o-

X6yEiç ;

ION. Nal.

ZO. Ouk Spa Ttàvxa y£ yva>a£xai f) paipcpSiKT^ Kaxà xèv

aôvX6yov

ouoè ôpai^cpSàç.

ION. nXrjv yE ïacùç Ta xoiaOxa, S ZoKpaxEç.

ZO. Ta xoiaOxa 8è XÉyEiç TtXfjv Ta xcùv aXXov te^vôv b

<j)(e86v ti* àXXà TtoîaSf| yvcbaETai, ettelSt] oô)( &TtavTa

;

ION. °A TtpÉTTEi, oîu.ai lycoyE, àvSpi eItielv Kai ÔTroîa

yuvaiKt, Kat ônoîa SoûXo Kal ônoîa èXEuSÉpcp, Kai ôiroîa

àp^o^ÉvcpKal ônoîa

ap^ovTi.ZO. *Apa ônoîa ap^ovxt, XÉyEiç, èv SaXaTTrj ^Ei^a^o-

u.Évou TtXotou TtpÉTtEL EiTtEÎv,

ô paijJCùSoç yvobaETai KaXXiov

f*|ô Ku6Epvr)Tr|ç ;

ION. Oôk, àXXà ô Ku6Epvf)TTjç to0t<5 yE.

ZO. 'AXX* ÔTTOÎa ap)(OVTl KàjlVOVTOÇ TtpÉTtEl EÎTIEÎV, ô c

paipcpôôç yvdùaExaL

KaXXiovf\

ô

laxpoç;

ION. OuSè xoOxo.

ZO. 'AXX' ota SouXcp TtpÉTtEi, XÉysiç ;

ION. Nai.

ZO. Otov fiouKéXcp XÉyEtç SoùXco a TtpÉTtEl EiTtEÎv àypiai-

6 7 cpVjçBaiter :

sçrjç ||axavxa TWf : où îiavra F

||5-40 b 2 ayeodv

Tt rhapsodo trib.

W||

g àXXà ô W:

aXXo F àXXà xoù ô T et in marg.ilC i xàu.vovToç F : -ti TWf.

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540 c ION 45

tenir un esclave   bouvier pour apaiser ses génisses effarou-

chées, c'est le rhapsode qui le connaîtra, et non le bouvier ?

Ion. — Certes non.

Socrate. — Est-ce le genre de propos qu'il est convenable

à une fileuse de tenir sur le travail de la laine ?

Ion. — Non.

d Socrate. — Est-ce le genre de propos qu'il convient à un

général de profession de tenir à des soldats pour les exhorter ?

Ion. — Oui, voilà le genre de choses que connaîtra le

rhapsode.

Socrate. —j Quoi

! l'art du rhapsode est celui du gé-néral ?

Ion. — En tout cas je saurais, pour ma part, ce qu'un

général doit dire.

Socrate. — C'est peut-être que tu as aussi les talents d'un

général, Ion. Et en effet, si tu te trouvais unir les talents du

cavalier à ceux du joueur de cithare 2, tu connaîtrais les che-

e vaux qui sont bonnes ou mauvaises montures. Mais si je te

demandais, moi : « En vertu de quel art, Ion, connais-tu les

chevaux qui sont bonnes montures? Est-ce en qualité de

cavalier, ou de joueur de cithare? », que me répondrais-tu ?

Ion. — En qualité de cavalier, dirais-je.

Socrate. — Si. donc tu savais aussi discerner ceux qui

jouent bien de la cithare, tu conviendrais que tu les discernes

enqualité

de cithariste et non de cavalier.

Ion. — Oui.

Socrate. — Puisque tu connais l'art militaire, est-ce en

qualité d'habile général que tu le connais, ou de bon rhap-sode?

Ion. — Je n'y vois aucune différence.

541 a Socrate. — Comment? aucune différence, dis-tu? L'art

du rhapsode et celui du général ne font-ils qu'un, d'après toi,

ou sont-ce deux arts ?

Ion. — Un seul art, à mon avis.

Socrate. — A ce compte-là, quiconque est bon rhapsodese trouve être aussi bon général?

i. Socrate va reprendre, l'un après l'autre, les exemples énumérés

plus haut par Ion : après celai qui commande, l'esclave, la femme, etc.

a. Socrate ne veut

pas

dire

qu'Ion

a les talents du joueur de

cithare. Les rhapsodes déclamaient sans s'accompagner d'un instru-

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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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45'

IÛN 540 c

vouacov fiocov TTapau.u8ouLi£vcû, 6j5aipcp8&c; yvcôoETai àXX'

oô)( ô (5ouk6Xoç ;

ION. Ou 8f|Ta.

ZO. 'AXA.' ota yuvaiKl TTpÉTTovTà ècmv eitteîv tocXoc-

aioupyco TiEpl àplcov èpyaalaç;

ION. Otf.

ZO. 'AXX' ota àvSpl TipÉTiEi eltteîv yv&aETai axp axTjycp d

orpaTicùTaiçTTapcuvoOvTi ;

ION. Nat, Ta xoiaOTa yvcoaETai ô£ai|icûS6c;.

ZO. Ti 8é; f| poupcpSucf) té^vï] aTpaTTjyiKf) laxiv ;

ION. rvolrjv yoOv av èycb ota OTpaTTjyèv mpETTEi eItteîv.

ZO. "\aa>q yàp eÎ Kal axpaTriyiKéc;, S *Icùv. Kal yàp eI

ETÛy^avEÇ tTT7TLK8c; &v &Lia Kal KiBapuruicéç, lyvcoç av

Yttttouç eu <al KaKÔç lTTTra£ou.Évouc;- àXX' eï a' lyà ^p6^irjve

a rioTÉpa 8f] TÉ)(vrj,u> "Icov, yiyvcoaKEiç toùç e3 iTTTTa£o-

liévouç ïttttouc; ; 7\ Itttteùç eÎ f) f\ KiSapiaxrjc; ;» xi av lioi

àTTEKptvoo;

ION. *Hi Itttteuc;, lycoy9

av.

ZO. OukoCv el <al toùç sS Ki8apl£ovTaç StEytyvcoaKEc;,

cÔLjLoX6y£ic; av, fj Ki8apiaTf)ç Et, TaÙTr| SiaytyvcoaKEiv, àXX

OUX f] tTTTTEUC;.

ION. Nat.

ZO. 'E-rtEiSf] Se Ta axpaTLQTiKà yiyvcûaKEic;, TrdTEpov fj

axpaTrjyLKàc; eÎ yiyvcbaKEiç f\ fj paipcoSèç àya86ç ;

ION. OùSèv ELioiyE Sokei SiacpépEiv.

ZO. riôç ;oûSèv XÉyEiç SiacpépEiv ;

li'uxv XéyEiç tÉ)(vt)v541a

EÎvai xf]v pa^coSiKfjv Kal Tfjv aTpaTrjyiKfiv t^8uo

;

ION. M la ELHuyE SokeÎ.

ZO. "Oaxiç apaàya8èc;^avj;cj)86ç laTiv, oCtoç Kal àya86ç

aTpaxrjyèç Tuy^àvEt cov;

d 3 vat recc. : vrj || 4 8è WF : Sat T||

5 av Sydenham :à'p'W

fe' T oui. F|| èyaS TW : lywye F

||6 £ F : om. TW

||e i ^ooutjv TW

(sed 7)- in ras. Tftp- primum W) :

èpot'(xr)vF

||4 Mttxpivfti F : -vou TW

|| io Ta TF:

om. W || ia IjWtyi TW:

tjiol F.

V. i - 5

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541 a ION 46

Ion. — Tout juste, Socrate.

Socrate. — Par conséquent, quiconque se trouve être bon

général est aussi bon rhapsode ?

Ion. — La réciproque ne me semble pas juste.Socrate. — Mais il te semble que tout bon rhapsode est

b aussi bon général ?

Ion. — Parfaitement.

Socrate. — Tu es, toi, le meilleur rhapsode de la Grèce?

Ion. — Oui, Socrate, et de beaucoup.Socrate. — Et général, Ion, es-tu aussi le meilleur de la

Grèce ?

Ion. — N'en doute pas, Socrate;et cela, parce que je l'ai

appris dans Homère.

Socrate. — Alors, au nom des dieux, Ion, pourquoi donc,

étant le meilleur des Grecs à la fois comme général et comme

rhapsode, circules-tu par la Grèce en faisant le rhapsode, au

lieu de commander des armées ? Crois-tu que les Grecs aient

c grand besoin d'un rhapsode orné d'une couronne d'or, et nul

besoin d'un général ?

Ion. — C'est que notre cité, Socrate, est gouvernée parvous 1

,et sous votre commandement militaire

; elle n'a

point besoin de général. Quant à la vôtre et à Lacédémone,ce n'est pas moi qu'elles iraient choisir pour général. A vous

seuls vous croyez vous suffire.

Socrate. — Excellent Ion, ne connais-tu pas Apollodore

de Cyzique 2 ?

Ion. — Quel Apollodore?Socrate. — Celui que les Athéniens ont souvent choisi

d pour général, bien qu'étranger. De même Phano3thène

d'Andros et Héraclès de Clazomène;

ce sont des étrangers,

mais notre ville, les ayant vus faire la preuve de leur

mérite, les élève aux commandements militaires et aux autres

charges. Et Ion d'Éphèse, n'ira-t-elle donc pas le choisir pour

ment, et plus haut (533 b) l'art du cithariste est expressément

distingué de celui du rhapsode. C'est simplement un exemple queSocrate imagine pour faire comprendre sa pensée (voir un peu plus

loin : « si donc tu savais aussi discerner ceux qui jouent bien de la

cithare », et noter dans les deux cas l'emploi de l'irréel).

i. Voir la Notice, p. 23.

2. Sur Apollodore de Cyzique, Phanosthène d'Andros et Héra-

clide de Clazomène, voir la Notice, p. 23-2/1.

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46 IQN 541 a

ION. MàAiaTct, o ZobKpaTEÇ.

ZO. OùkoOv Kal Scttlç àya86ç oncpaTriyôç Tuy)(àv£i ^v»

àya8èç Kal paipcpSéç èaxiv.ION. Ouk au u.01 Sokeî toOto.

ZO. 'AXA' ekeivo yfjv SokeÎ aoi, banc; yE àya86ç

patpcoSdç, <al aTpaTrjyèc; àya88ç EÎvai;

b

ION. ["làvu yE.

ZO. OùkoOv au tcûv 'EXXt^vqv apiaxoç paipaSbç eÎ;

ION. rioXu yE, S ZaxpaTEc;.ZO. *H Kal aTpaTr|y6ç, S *lcov, tôv 'EXXfjvcav apiaroç

*;ION. Eu ïa8i, a> ZoKpaTEç- Kal xaCToc yE ek tôv

e

O(if)-

pou ^ia8cbv.

ZO. TiSrj ttot

3

ouv Tipoç tcùv 8ecùv, o "Icov, àu.<|>6TEpa

Spiaxoç2>v tSv

e

EXXf)vov,Kal

aTpaTTjyôçKal

jSaipoSàç,

£ai|;a>8£Îc; u.èv TUEpiuàv toiç "EXXrjai, arpaTrjyEÎc; 8' oô; ^

£ai|iG>SoO \xkv SokeÎ aoi xpuaû aaEcjxxvo EaTE<J>avci>jiÉvouc

TioXXi1

) XPe'

La e^vai T0ÎÇ "EXXt^œl, oTpaxriYoO 8è ouSEu/ia;

ION.eH

fcièv yàp fj^iETÉpa, S ZÔKpaTEç, tt6Xlç âp^Exai

ûtïo ûu.ôv Kal aTpaxriYELTau Kal ouSèv SEÎxat aTpaxTjyoO, f\

8èû^iETÉpa

Kalf\

AaKE8aiu.ovlcûv ouk av^e

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oipam)-y6v auTol yàp oïecxSe ÎKavol EÎvai.

ZO. *0 (SÉXxLaTE "Icov, 'AnoXXéScopov ou yiyvc&aKEiç tov

Ku£ikt]v6v ;

ION. rioiov toOtov;

ZO. °Ovs

A8r|vaîoL TioXXaKiç éauTcov aTpaTrjyov fjpr|VTai

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HpaKXEl8r)v

 

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yÉvouç 8tu a£iot X6you zlat, Kal eIç aTpaTrjylac; Kal eIç xàç

àXXaç àpxàç ayEi* ^IcovaS' apa t8v 'Etpéaiov ou)( alp/jaETai

aTpaTrjyov Kal Tiu^aEi, làv SoKfj aE,ioç X6you EÎvat;xl 8é

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4 7 IÙN 541 d

oûk3

A8r|vaîoi. ^iév eote ol 'Ecf>Éaioi ib àpyalov, Kalf\

"Ec^caoç oûSsuiac; eXocttcûv tt6Xecûç ;àXXà yàp où, a "Icov, e

et ^èv àXrjSfj XÉyEtç eoç TÉ^vr)Kal

EmaTf)^r| oîéç te eÎ

0^ir|pov ETtacvELV, àSiKEÎç, baiiq è\xoï ù-no(r^6\i£voq qç

TtoXXà <ai KaXà TtEpie

Ojir)pou ETïloTaaai Kal <|)àaKcov !m-

5ei£,eiv, E^aTraxac; jieKal TtoXXoO Selç ETuSEÎ^ai, oç yE oôSè

otto eotI TaOTa TTEpl Sv Seivôç eÎ eSéXeiç eltielv, TràXai

l^oO XLTtapoOvToç, àXXà aTE^vcoç ûSarrEp ô npOTEÙç TtavTo-

8«tt6ç ylyvEi ciTpEcpô^EvoçSvco Kal

k<xtco, ecûçteXeutcôv

Si-a^uyov ^e aTpaTT)yôç àvE(J)àvrjç, 'îvajif) EmSEt£riç cbç 542 a

Seivôç eÎ Tf]v TtEple

0^if)pou crocjuav . Et jièv oSv te^vlk6c;

<Sv, ÔTtEp vOvSf] IXEyov, TTEpl

e

0^f|pou uttoo)(6|jievo<; etuSei-

£eiv E^aTTaTaç J1E, ccSikoç El' Et SE ^T) TE^VIKÔÇ EÎ, àXXà

Se'ux ^olpa KaTE)(o^£voç kE, 'O^irjpou ji.r|Sèv EtSàç TToXXà Kal

KaXàXÉyEiç TTEpl

toCttoitjtoO, ûjottep àyà

eÎttovTTEpl aoO,

ouSèv àSiKEtç.e

EXoO o8v TréTEpa (SoùXei vo^l^EaBai ^tt6

f^cov aSiKoç àvf)p EÎvaif\ BeÎoç.

ION. rioXu 5ua<|>ÉpEt, S ZcùKpaTEÇ' ttoXù yàp koXXlov t6 b

8elov vo|il^Ea9aL.

ZO. ToOto tolvuv t6 KaXXiov î)TTàp)(Ei croi Ttap' rj^îv, a

"Iqv,

8elov EÎvac Kal\if] te^vik6v TTEpl 'O^irjpou ETïaivÉTrjv.

6 5 8eîç recc. : 8si a' TW 8' (*t< F ||6 JciXat TW : *ottà F

i aaSxpaTêç TW : awxpaTê; 0êioç F ||3 Tjtxtv TF :

-{jlûvW.

542 b

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MÉNEXÈNE

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NOTICE

Socrate apprend de Ménexène que le

®.s

,

u^e uConseil s'apprête à désigner l'orateur

chargé de faire l'éloge des soldats morts.

Il manifeste son admiration pour ces sortes de discours, dont

le prestige met en valeur tous les membres de la cité. Au

reste, la tâche de l'orateur n'offre enpareil

cas rien de difficile.

Lui-même, il saurait s'en acquitter.Il a pour maître d'élo-

quence Aspasie, et la veille il a recueilli de sa bouche une

oraison funèbre de sa composition. Sur la prière de Ménexène,il récite ce discours d'un bout à l'autre. Ménexène se déclare

émerveillé, et proteste de sa reconnaissance. Socrate s'engage,

à condition que Ménexène soit discret, à lui rapporter nombre

de discours du même genre faits par Aspasie.

L'interlocuteur de Socrate est nomméLe

Ménexène6 ** daDS le Phédon (59 b

) Parmi les disciPles

qui assistèrent aux derniers moments du

Maître. Il est mis en scène dans le Lysis, sous les traits d'un

adolescent. Fils de Démophon, il sort d'une famille qui a

toujours donné des hommes d'État à Athènes 1. Dans notre

dialogue, il est évidemment plus âgé que dans le Lysis, puis-

qu'il peut croire son éducation achevée, et qu'il se prépare à

débuter dans la vie politique2

.

i. Ménexène, 234 a b.

2. Id. — Il a donc atteint dix-huit ans, l'âge de l'éphébie, où le

jeune Athénien était inscrit sur le registre de son dème, et entrait en

possession de la plupart de ses droits civils. L'intention qu'il manifeste

d'aborder la vie politique semble même indiquer qu'il est tout prèsde la vingtième année.

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52 MÉNEXÈNE

Le Lysis le représente comme un grand disputeur (IptaT'.xo:,

211 b). Il se montre ici sous un jour différent. Socrate lui

demande s'il s'imagine être parvenu au terme de l'éducation

(-aiosucriç) et à celui de la haute culture (cp'.Xoco^:'a) qui, pour les

jeunes Athéniens de famille riche, faisait suite à l'éducation

proprement dite. Cette question moqueuse est une allusion

à l'état d'esprit de ceux qui, comme le Galliclès du Gorgias

(484 c sq.), voyaient dans la philosophie un divertissement

bon pour la jeunesse, mais indigne de l'âge mûr, et jugeaient

nécessaire, quand ils étaient devenus des hommes, de l'aban-

donnerpour

l'actionpolitique

l. Ménexène

répondavec

respectqu'il a l'ambition d'exercer des charges dans la cité, mais

qu'il se réglera sur les conseils de son maître. Il est clair,

cependant, qu'il partage l'engouement général pour les

discours funèbres. L'improvisation, en pareille matière, lui

paraît exiger des dons exceptionnels. Aussi semble-t-il choquédes plaisanteries que Socrate dirige contre les orateurs. Il

doute que son maître soit capable de ce qu'il regarde comme

un tour de force. Il est impatient d'ouïr le discours qu'onlui annonce

;à la fin, il ne cache pas son admiration pour le

morceau d éloquence qu'il vient d'entendre, et il prie Socrate

de lui en rapporter d'autres.

Le Ménexène se présente donc sous la

La fête des forme d'un dialogue encadrant un long

Epitaphia. _..r •? ,

, ,

discours, un epitapnios logos, prononce

par Socrate. L'usage de ces oraisons funèbres était ancien à

Athènes 2. Les dépouilles des soldats morts recevaient une

sépulture commune dans le cimetière du Céramique3

. Chaqueannée, les funérailles étaient célébrées dans une cérémonie

publique (Epitaphidf , qui, après la construction du Théseion,

fut rattachée aux fêtes consacrées à la légende de Thésée et

au culte des bienfaiteurs de l'État. Du 5 au 7 pyanepsion

1. Cf. Wendland, Die Tendenz des Platonischen Menexenus (Hermès,

1890, p. 171); H. Raeder, Platons philosophische Entwickelung ,

p. 126.

2. La loi qui l'institua remontait peut-être à la première guerre

médique.3. Même avant les guerres médiques, suivant Pausanias (I, 29, 5).

4- Instituée ou réorganisée par Solon (Diogène de Laërte, Sol., 8).

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NOTICE 53

(octobre), avait lieu l'exposition des restes, rassemblés dans

dix cercueils (un par tribu), auxquels s'ajoutait un lit vide,

pour les morts dont la dépouille n'avait pu être recueillie *.

Le 7 était le jour du convoi funèbre. Au moment de l'inhu-

mation, un orateur, désigné par l'Assemblée sur la proposition

du Conseil, prenait la parole pour prononcer le discours

d'usage2

. Ensuite venaient, sous la surveillance du polé-

marque, des jeux funèbres 3: exercices gymniques et équestres,

concours artistiques, courses d'éphèbes en armes, lampado-dromies exécutées par les éphèbes.

Malgré son peu d'étendue, le MénexèneP™le

è

MênettoS°8e

est un deS dialoSues de Platon<lm ont

fait couler le plus d'encre. Il a suscité

toute une littérature exégétique. Quel rapport faut-il établir

entre le discours de Socrate et la partie dialoguée qui l'en-

toure? Ce discours doit-il être pris au sérieux? Est-ce au

contraire une œuvre defantaisie,

uneparodie,

une satire?

Platon veut-il montrer aux rhéteurs de son temps ce que doit

être l'oraison funèbre, ou bien ce qu'elle ne doit pas être ?

L'ironie, si elle existe, est-elle dirigée contre la rhétorique

contemporaine, ou contre le public athénien? Le sérieux ne

s'y mêle-t-il pas dans une certaine mesure au plaisant?Autant de questions auxquelles ont été faites les réponses les

plus diverses, sans parler du problème de l'authenticité, dont

la solution dépend en partie de l'interprétation que l'on

donne du discours lui-même. Un examen attentif de l'ou-

vrage, étudié dans son contenu et dans sa forme, permet,

croyons-nous, de se prononcer sur les points essentiels,

Il ne saurait y avoir de doute sur le sens

du début général du préambule dialogué qui sert

d'introduction au discours (2SI1 a-236 d).

Socrate y persifle ouvertement les faiseurs d'oraisons funèbres,

et Ménexène n'a pas de peine à le comprendre : « Tu te

moques toujours des orateurs », lui répond-il (235 c). Sur

quoi porte la raillerie? D'abord surl'objet même de ces

1 Thucydide, II, 34, 3.

2.Id., II, 34, 6; Démosthène, Cour., 320.

3. Platon, Ménexène, 294 b; Lysias, II, 80 etc.

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54 MÉNEXENE

éloges : pour les obtenir il n'est pas besoin d'en être digne;indifférents à la vérité, ils glorifient en chacun les qualités

qui lui sont étrangères comme celles qui lui appartiennent

(234 c-235 a). Ils n'ont pas le caractère de spontanéité quiconviendrait à des discours dictés par l'émotion, sous le coupd'événements particuliers : préparés de longue main, ils ne

peuvent guère offrir que des lieux communs applicables à

toutes les circonstances (234 c, 235 d). La séduction qu'ils

exercent ne vient donc pas de leur vérité, ni de leur justesse :

elle réside dans les flatteries qu'ils développent, et dans

l'éclat d'une formepompeusement

ornée(235 a).

Mais la critique tombe aussi sur le public. Il se laisse

prendre à ces éloges magnifiques, qui ne glorifient pas seu-

lement les morts, mais célèbrent de toutes les manières la

cité tout entière, les ancêtres et les vivants (235 a).C'est une

sorte de charme et d'ensorcellement 1

qui flatte délicieuse-

ment les oreilles de l'auditeur, le grandissant à ses propres

yeux et lui donnant l'illusion d'appartenir à un monde

héroïque- Socrate lui-même, à ce qu'il prétend, ne se recon-

naît plus, quand il a entendu ces orateurs. Il se croit devenu

un autre homme, transporté dans les Iles des Bienheureux;et il lui faut trois ou quatre jours pour revenir au sentiment

de la réalité (235 a-c).

Il n'y a donc pas à se méprendre sur l'admiration qu'il

manifeste pour « l'habileté »   des orateurs. Même choisis au

dernier moment, ils n'ont pas le mérite de l'improvisation,

puisque leurs discours sont tout préparés d'avance. Et d'ail-

leurs, il est facile d'obtenir l'applaudissement, quand on

parle devant ceux-là même dont on fait l'éloge (235 d).

N'importe qui en serait capable ;et l'on ne saurait s'étonner

que Socrate lui-même se sentit en état de prendre la parole,

s'il était choisi (235 e).

Que pouvons-nous attendre du discours qu'il va produireà l'appui de ses allégations? Une oraison funèbre comme

pourrait en composer le premier venu en se réglant sur les

procédés de l'école : le défilé des lieux communs habituels,

des éloges étendus à l'ensemble de la cité, aux aïeux et aux

vivants comme aux morts; un parti pris de glorification,

1. roTTCtuouaiv (235 a), zr,XoJusvo; (235 b).

2. 'Avoptov JOfwv (234 c); ôéçio: (235 c).

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NOTICE 55

sans aucun souci de vérité ni de mesure; enfin, l'emploi

systématique de tous les ornements de style en usage dans

cette sorte d'éloquence. Que le discours ne doive pas être pris

au sérieux et ne soit qu'une parodie, Socrate prend soin denous en avertir : il craint que Ménexène ne se moque de lui

en le voyant, malgré son âge, se livrer encore à la plaisan-

terie1

. Il en rougit lui-même, comme il rougirait de danser

en simple tunique, et il ne cède à la prière de son interlo-

cuteur que parce qu'ilssont seuls 2

.

Le discours qu'il débite répond-il auxde Socrate

intentions marquées dans le préam-bule?

Le plan, fort net, peut se résumer ainsi 3:

Exorde (2 36 d-236 e ^apa{xj8ou;x£voç). Justification du

discours; indication du plan à suivre : éloge (1-aivscreTai)

des morts; conseils(Trapaivécexat)

aux vivants, comprenantune exhortation

(7capax£>i£uoaevo;)aux fils et aux

pèresdes

défunts, puis des consolations (7rapa[xu9ouu.svoç) données aux

parents.I. Éloge (237 a-246 a toioûtouç àvopa;). Exorde (237 a-237 b

à-rcscpYjVavTo) : il faut se régler sur l'ordre de la nature,

célébrer d'abord la bonne naissance (tuytvttov) des morts;

puis leur nourriture et leur éducation (tooo^v te xa\ -atostav) ;

enfin leurs exploits (tï)v twv Ipywv 7rpa;tv).

1 . La bonne naissance (237 b xfj? B'£Ûy£V£''aç-237 d vou-'Çec).

Comprend deux points :

a. L'Attique est aimée des dieux(Oeo^'.atjç).

Preuve : la

querelle des divinités qui s'en sont disputé la possession.

b. Seule elle n'a voulu enfanter que l'homme, le plusnoble des êtres vivants.

2. La nourriture et Véducation (2$$ q uiya 8È-230, acppovrr

<7£(o;). Comprend trois points :

a. La nourriture. Preuve de Yautochtonie des Athéniens :

seul en ces temps lointains, leur pays a produit le blé

1. a36 c.

2. 236 d; cf. Berndt, De ironia Menexeni Platonis, Munster, 1881,

p. a4 ; Wendland, 0. L, p. 180; Th. Gomperz, Les penseurs grecs,

II, p. 465.3. Voir Berndt, 0. /., p. 45.

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56 MÉNEXÈNE

et l'orge— nourriture appropriée à l'homme — et l'oli-

vier.

b. L'éducation. Il a donné aux Athéniens les dieux pourmaîtres et

pouréducateurs.

c. Le régime politique (-jroXixeta).Sous le nom de démo-

cratie, ce régime est le gouvernement des meilleurs (àpur-

Toxpaxca).

3. Les exploits (239 a ô'Gsv Stj-246 a).

Exorde (jusqu'à twv 'EXX/jvwv, 23g b). Énoncé des deux

points à traiter : élevés dans la liberté, les Athéniens se sont

fait un devoir de défendre la liberté des Grecs contre les

Grecs et contre les Barbares.

a. Luttes soutenues contre Eumolpe et les Amazones;

contre les Thébains pour les Argiens, et contre les Argiens

pour les Héraclides. L'orateur passe rapidement sur ces hauts

faits, souvent célébrés, pour en venir à d'autres, qui n'ont

pas encore été glorifiés comme il convient (239 b-23g c tûv

Trpa^àvTwv).

b. Guerres mèdiques (23g c itni 8s tûut<*)v-24i e èir'.êovXsucov

<pôopa).

D'abord, résumé des conquêtes perses : Cyrus, Cambyse,Darius (jusqu'à 240 a

7] LUpsoiv àpy-/))-

x. Marathon (2^0 a-24o e u.a8Tjxai tg5v MapaOwvt yevo-

fxevot).

6. Salamine et Artémision (a4o e-24i c xoeï 'AO^vaiwv).

y. Platées (241 c-24ï d lia tojç "EXXTjvaç).0. Autres campagnes contre les Perses (241 d-24i e r^ twv

'EXXyjvmv ÈTciêouXeusiv;p8opa).

c. Guerres soutenues contre les Grecs (241 e-246 a).

a. Guerre de Béotie (241 e-242 c tcoûtoie-réô-rjcrav).

£. Guerre d'Archidamos (242 c-242 d vixàWxec; î8(a).

y. Expédition de Sicile et fin de la guerre (242 d-243 d

xat

7)Tnrj67]a£v).ô. Guerre civile (243 e-244 b wv t* éTCaQojxsv).

s. Guerre de Gorinthe (244 b-246 a).

II. Conseils(-irapaiveortç, 246 a-249 c à7toXo^upà[xevot àrce-s).

Exorde (2*46 a-246 c sXeyov oè xios). L'orateur va trans-

mettre aux fils et aux parents les recommandations dont il a

été chargé par les morts.

a. Exhortation (TîapxxsXsusi;, 246 d-247 c Taux* etpVj<T$»)

des morts à leurs fils.

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NOTICE 5 7

b. Consolations (zapauuô*'a, 2^7 c-248 d) données par les

morts à leurs parents.c. Exhortation et consolations (248 d-249 c). L'orateur les

adresse à son tour auxfils

et aux parents des morts. Suitune brève formule de congé.

Dans la première partie se succèdent

tous les thèmes traditionnels de Yencô-

mion. L'éloge de l'autochtonie est un lieu commun déjàancien 1

. On le trouve chez Hérodote (VII, 161), Aristo-

phane (Guêpes,V, 1076),

Euripide

2, Isocrate 3

. De même la

comparaison de la patrie avec une mère 4. La querelle

d'Athèna et de Poséidon, que la légende attique localisait sur

l'Acropole, à l'endroit où s'élevait l'Érechtheion 5,était figu-

rée sur le fronton ouest du Parthénon. Non moins célèbre

était la légende de Triptolème, fils de Géléos, qui avait reçu

de Déméter, parvenue à Eleusis, le premier grain de blé. La

glorification du régime démocratique, qualifié d'aristocratie,

apparaît dans le Panathénaïque d'Isocrate ( i3 1;cf. Arèop., 20).

Les succès remportés sur les Amazones, la protection accor-

dée aux Argiens contre les Thébains dans la guerre des Sept

chefs, et aux Héraclides contre Eurysthée, sont rappelés parHérodote (IX, 27), Xénophon

6, Isocrate 7

. La mention du

secours donné aux Héraclides est, suivant Aristote 8,un des

thèmes obligés de l'éloge d'Athènes. Il en va de même du

souvenir des guerres médiques9

.

Si l'on compare avec l'oraison du Mènexène les èiriTaçtoi

Xoyot conservés, on y retrouve partout10 la même division

1. Wendland, 0. L, p. 186-187.2. Médée, 8a5 sq. ; Ion, 267, 58g-5go ; fragm. 36a (Erechthéè),

v. 7 sq. cité par Lycurgue, C. Léocr., 100.

3. Panègyr., 24, 63; Panalh., 124.

4- Isocrate, Panégyr., 25; Archid., 108 ; Platon, Rép., 470 d

Lycurgue, C. Léocr., 21, 47, 85.

5. Sous le sanctuaire d'Ërechthée, une citerne enfermait les eaux

qu'avait fait jaillir le trident de Poséidon.

6. Hellén., VI, 5, 46 sq.

7. Panégyr., 70; Archid., 42; Aréop., 75; Panath., 168-171.8. Rhét., II, 22, i3 96a.

9. Ibid.; cf. Isocrate, Panégyr., 71 sq.

10. Il faut, naturellement, laisser de côté le fragment de Gorgias

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58 MÉNEXÈNE

essentielle en éloge et en consolation. On la relève dans le

discours prêté par Thucydide à Périclès(il, 35 sq.), qui l'au-

rait prononcé pendant l'hiver de 43i/43o; dans l'oraison

funèbre attribuée à Lysias (II) ;dans Vêpitaphios transmis

sous le nom de Démosthène, qui n'est pas l'œuvre du grandorateur l et paraît inspiré du Ménexène

; enfin, dans la seule

oraison funèbre certainement authentique que nous possé-

dions : celle qui fut composée par Hypéride en 323 pour les

morts de la guerre Lamiaque. Bien plus, nous retrouvons

dans ces discours la plupart des thèmes traités dans le

Ménexène. Celui de Tautochtonie est esquissé dans le dis-

cours de Périclès

(Thuc,II,

36);

il

figurechez

Lysias (II,

17), dans Vêpitaphios du Pseudo-Démosthène (LX, 4) et chez

Hypéride (8). Le Pseudo-Démosthène (5) rappelle que

l'Attique a produit la première les fruits nécessaires à la nour-

riture de l'homme. L'éloge des ancêtres n'est pas oublié dans

Thucydide (II, 36) ;les victoires remportées sur les Ama-

zones, la défense des Argiens contre les Thébains, et celle des

Héraclides sont célébrées par Lysias (3- 16) et par le Pseudo-

Démosthène (8). L'éloge de la constitution athénienne est

développé par Thucydide (II, 37) et par Lysias (17-19); le

Pseudo-Démosthène (26-26) l'indique en passant. La glorifi-

cation des guerres médiques a sa place dans le discours de

Lysias (20-47), et se trouve brièvement évoquée chez le

Pseudo-Démosthène (10-12), comme chez Hypéride (35-4o).

Le thème de Yéducation est ébauché dans le Pseudo-Démos-

thène (16 sq.), et mentionné par Hypéride (8-9). Cette idée

qu'Athènes a toujours été le champion de la liberté et de la

justice et n'a cessé de se dévouer pour la Grèce, revient à

plusieurs reprises dans le Ménexène;c'est encore un lieu com-

mun, que l'on note déjà dans le discours de Périclès (Thuc,II, l\o), et qui reparaît dans le Pseudo-Démosthène (16-2/i)

comme chez Hypéride (4-5)-

cité par Planude, et dont le style est si caractéristique. Il n'apprendrien sur la disposition du discours dont il faisait partie, orai-

son funèbre réellement prononcée à Athènes, suivant Philostrate

(Vies des Soph., I, 9,5), ou, plus probablement, simple exercice

d'école.

1 . Nous n'avons pas l'oraison funèbre qu'il fut chargé de pronon-cer après Chéronée (338).

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NOTICE 59

Que le plan suivi dans le Mènexène repro-Le plan du discours duise un ordre traditionnel, c'est ce

et les I e/vai ,,

pTTopixa-.clue montrent, a autre part, les traites

de rhétorique, par exemple le YLec\

àmSctxttxôv de Ménandre *. Lïêpitaphios comprend deux par-ties essentielles : Véloge et la consolation. Dans l'énumération

des thèmes qui doivent former l'éloge, figurent en particu-

lier la glorification de la race, de Véducation, et des actes 2.

Mais nulle part ce plan n'est observé aussi scrupuleusement,ni développé de façon aussi complète que dans le Mènexène.

Ailleurs certains thèmes sont omis, ou sommairement énon-

cés : ici, ils sont tous traités l'un après l'autre, et l'orateur,

l'œil fixé sur la tradition, s'attache visiblement, en fidèle

disciple des rhéteurs, à n'en négliger aucun.

_,,_ )lllll De même, la méthode suivie dans YèloqeL'éloge d'Athènes. , .,, , ,,

9

du Menexene montre que 1 auteur se

conforme à une convention établie, en faisant servir à la glo-

rification d'Athènes tout ce

quilui est fourni

parla

légendeet par l'histoire. Systématiquement, il efface les ombres de ce

brillant tableau. Quand il parle (241 e) de l'expédition contre

l'Egypte, il se garde bien 3 de rappeler le désastre qui la ter-r

mina*. Lorsqu'il fait voir (242 a) Athènes engagée malgré

elle, après les guerres médiques, dans une lutte contre les

autres États grecs, il oublie les conflits déjà provoqués parl'extension de la puissance athénienne 5

. Dans la période qui

1. Rhetores graeci (éd. Spengel), vol. III, p. 4i8 sq.

>.. Hypéride nous donne la preuve que ce plan traditionnel s'im-

posait, en quelque sorte, aux orateurs de discours funèbres : il s'excuse

de passer rapidement sur le motif de Yautochtonie et sur celui de

Yéducation.

3. Wendland, o. /., p. 189.

'4. Thucydide, I, io4, 109, 110. En 455, les Athéniens restés en

Egypte furent attaqués par les troupes de Mégabyze, chassés de Mem-phis, et finalement faits prisonniers, après avoir été bloqués dix-huit

mois dans file !e Prosopitis. Au printemps de (\b(x, cinquantetrières athéniennes et alliées, ayant abordé à la bouche Mendésienne,furent anéanties pour la plupart.

5. En 45g, Athènes, alliée contre Sparte avec Argos et Mégare,avait débarqué en Argolide des troupes qui furent battues par les

Corinthiens et les Epidauriens. En 458, elle défit une flotte péloponné

tienne et assiégea Égine (Thucydide, I, io5).

'V. 1. - 6

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60 MÉNEXÈNE

va de 4Ô7 à 43 1, il jette un voile sur les échecs subis par la

cité 1. Évoquant la guerre d'Archidamos (242 c), il passe

*ous silence le soulèvement des villes de Thrace et de Ghalci-

dique, et la prise d'Amphipolis par Brasidas. S'il fait allu-

sion, un peu plus loin (2A4 b-c),aux désastreuses conditionsde la paix de 4o4, il est muet, quand il la mentionne (243 d),

sur l'humiliation infligée à Athènes 2. Pas un mot ne rappelle

les excès commis par les Trente (243 e) : mesures de bannis-

sement, spoliations, massacres.

Ces omis sions volontaires peuvent trouver leur excuse, en

dehors des habitudes imposées par la tradition, dans les lois

mêmes de Yéloge.Mais voici

quiest

plus grave. D'un boutà

l'autre de cet exposé historique, on sentie parti pris de tour-

ner à la gloire d'Athènes toutes les démarches de sa politique.

Tout y est dominé par cette idée — lieu commun, on l'a vu,

de l'oraison funèbre — qu'elle n'a jamais eu d'autre loi quel'amour de la liberté et le généreux appui donné aux faibles

3.

L'accusation portée par Darius contre Athènes et Ërétrie est

qualifiée de prétexte (240 aTrc&cpacj'.Çdjxsvo;)

4. Toute la gloire

des guerres médiques est réservée à Athènes. L'orateur ne

parle point des Thermopyles ;il laisse entendre que les Athé-

niens ont remporté à eux seuls les victoires d'Artémision et de

Sala mine 3. La bataille de Platées est donnée (241 c) comme

un triomphe commun aux Athéniens et aux Lacédémoniens 6.

1. Vaine expédition entreprise contre Pharsale, en 454* de concert

avec la Béotie et la

Phocide, pourrétablir Oreste, roi de Thessalie

(Thucyd., I, m); désastre essuyé en 44o par Tolmidès près de

Goronée (Thucyd., I, n3); soulèvement de l'Eubée en 446; mas-

sacre de la plupart des Athéniens résidant à Mégare et ravage de la

plaine de Thria par les Péloponnésiens (fd. I, n4)-2. Il se borne à dire: « La tranquillité étant revenue, et la paix

faite avec les autres ».

3. Cf. Thucydide, II, 4o.

4.

Vingt

trières athéniennes et

cinq

vaisseaux d'Erétrie avaient

cependant participé à l'expédition contre Sardes, à la prise et à l'in-

cendie de la ville (Hérodote, V, 99-103).

5. Suivant Hérodote (VIII, 1, 2) la flotte grecque d'Artémision,

forte de 271 vaisseaux, ne comptait que 127 navires athéniens; à

Salamine, les Grecs avaient réuni 198 vaisseaux auprès des 180 bâti-

ments fournis par Athènes (îd., VIII, 44-48).

6. En fait Athènes n'avait mis en ligne que 8 000 hommes sur les

38 700 hoplites (Hérodote, IX, 28, 29) qui formaient le gros de

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NOTICE 61

Au combat de Tanagra, les Athéniens, suivant l'orateur,

défendaient contre Lacédémone la liberté béotienne (242 a-b) ;

en réalité, Athènes soutenait ses propres intérêts, en luttant

contre la prépondérance thébaine, appuyée par Sparte. La

générosité des Athéniens est glorifiée dans l'affaire de Sphac-térie (242 c): ils épargnent, nous dit-on, les prisonniers Spar-

tiates, les rendent et concluent la paix. Nous savons au

contraire par Thucydide (IV, 4i) qu'ils gardaient les captifs

comme otages, se réservant de les mettre à mort si les Lacé-

démoniens envahissaient TAttique, et qu'ils les rendirent,

non pas avant la paix de Nicias, mais après la conclusion du

traité et en vertu des conventions (V, 18). C'est aussi pourdéfendre la liberté des Léontins qu'Athènes, à en croire l'ora-

teur (2^2 e), entreprit l'expédition de Sicile : Thucydide lui

prête des motifs moins désintéressés *. La fin malheureuse de la

guerre est attribuée aux dissensions d'Athènes (243 d) ;il n'est

question ni de la défection des alliés, ni d'Mgos Potamoi.

L'orateur (244 b-c) montre Athènes résolue, après 4o4,

à ne plus intervenir pour la défense des Grecs menacés dansleur liberté, parce qu'ils avaient payé d'ingratitude son

dévouement : il paraît oublier qu'à cette date la ville était

devenue la vassale de Lacédémone, et qu'en cette qualité elle

dut, en 399, aider Sparte à écraser Élis. Plus loin (244 d) il

fait voir Argiens, Béotiens et Corinthiens implorant l'aide

d'Athènes, qui consent encore, malgré son juste ressenti-

ment,à intervenir

pourles sauver de la servitude : nous

savons, au contraire, que le soulèvement contre Sparte fut

soudoyé par l'or de Tithraustès;les Athéniens, impatients de

l'armée, et l'ensemble des troupes grecques, où plus de vingt cités,

en dehors d'Athènes et de Lacédémone, étaient représentées par vingt-

cinq mille hoplites, obéissait aux ordres du Spartiate Pausanias.

1. En 4^6, elle veut empêcher les Péloponnésiens de tirer des

approvisionnements de la Sicile, et soumettre l'île à sa domination(Thucyd., III, 86); en 4i5, le secours donné à Égeste contre Séli-

monte n'est qu'un prétexte (id., VI, 6).—

L'exposé du Ménexène

brouille la suite des faits. D'après Thucydide (III, 86-1 o5) Athènes

envoie en 426 vingt vaisseaux aux Léontins, en guerre avec Syracuse,

qui ont fait valoir d'anciens traités;

entre 4a6 et 4*4 se placent

l'expédition contre les îles d'Éole, la prise de Myles, la soumission

de Messine, la descente opérée à Himère. Mais ces événements sont

antérieurs à la paix de Nicias.

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6a MÈNEXÈNE

secouer le joug, acceptèrent, comme les autres, les largesses

du Barbare 1. Ce n'est pas eux qui prirent l'initiative de la

guerre : ils se contentèrent, en 395, de s'allier aux Thébains

par un traité purement défensif.Il

n'est pas exact de pré-tendre (245 a) qu'Athènes délivra alors les cités grecques de

l'asservissement 2. Quand le Mènexène affirme (244 d) que le

Grand Roi ne put trouver de salut en dehors d'elle, il donne

à entendre que l'aide athénienne fut désintéressée : l'alléga-

tion ne résiste pas à l'examen 3. L'exposé des circonstances où

fut conclu le traité dit d'Antalcidas offre le même caractère

de partialité et d'inexactitude*. Le Mènexène est loin de la

1. Xénophon, HelL, III, 5.

2. Son rôle dans la guerre de Corinthe ne fut pas de premier

plan; elle semble avoir eu peu de part, en 3o,5, à la victoire

d'Haliarte, où elle n'était représentée que par un détachement;elle

se fit battre avec ses alliés au combat de Corinthe (Xénophon, HelL,

IV, 2), où les six cents cavaliers envoyés par elle furent durement

éprouvés : la bataille de Coronée, en 3()4. fut un succès pour Agé-silas (id., IV, 3), et, malgré des avantages de détail, les Athéniens ne

purent empêcher la guerre de se poursuivre longtemps,3. La haine naturelle d'Athènes contre les Barbares (2^5 d) no

l'empêcha pas d'accueillir l'or perse; en rappelant (2^5 ab) que la

cité releva ses murs et sa flotte, l'auteur néglige de dire que ce fut

avec les subsides reçus de Pharnabaze par Conon (Xénophon, HelL,

IV, 8). C'est son profit qu'elle trouvait à soutenir Pharnabaze dans

sa lutte contre Lacédémone.

!\. Wendland, 0. L, p. 191. — L'initiative de lapais vint en

réalité de Lacédémone, et non du Grand Roi. Il y eut deux moments

dans les négociations. Celles qu'Antalcidas avait engagées avec Tiri-

bazeen 392 échouèrent. Mais cène fut pas seulement par l'intervention

des Athéniens (Xénophon, HelL, IV, 8); et, d'autre part, l'opposi-

tion d'Athènes se fondait beaucoup moins sur le désir de soustraire les

Grecs d'Asie au joug de la Perse que sur la crainte égoïste de

perdre Lemnos, Imbros et Scyros. Dans la suite, les Athéniens ne se

trouvèrent pas isolés, comme le prétend le Mènexène : leur alliance

avec Thèbes et Argos tenait toujours ;mais Conon avait été empri-

sonné par Tiribaze; Téleutias s'était emparé de 10 trières athéniennes;

enfin Antalcidas, ayant négocié une alliance avec le Grand Roi et

défait dans l'Hellespont une escadre athénienne (38;) grâce aux

renforts fournis par la Perse et par Syracuse, tenait la mer avec

plus de quatre-vingts vaisseaux, empêchant la flotte du Pont de

regagner Athènes (Xénophon, HelL, V, 1). Craignant une issue

malheureuse de la guerre, harcelés par les corsaires d'Egine, et las

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NOTICE o3

vérité en laissant entendre qu'Athènes refusa, seule, de sous-

crire à des conditions déshonorantes.

La valeur et les succès d'Athènes sont grossis à dessein '.

Admettons que la sanglante bataille de Tanagra, livrée enjuillet 457, ait été indécise (242 a)

2. Mais le Ménexène parle

(2^0 a b) de cinq cent mille hommes envoyés sous les ordres

de Datis contre Athènes et Érétrie; Nepos n'en indique que

deux cent dix mille 3. Pour faire sentir la force irrésistible

de l'adversaire, le Ménexène montre Érétrie soumise en trois

jours : l'attaque en avait duré six, d'après Hérodote, et, par

trahison, réussi le

septième

4. Au dire de

Thucydide

5 la vic-

toire d'QEnophytes (septembre 457) fut gagnée par les Athé-

niens soixante-deux jours après le combat de Tanagra ;le

Ménexène dit (242 b) Tp(tl) v^uepa6

. Le succès remporté aux

Arginuses, en juillet 4o6, est justement célébré par l'auteur

(243 c).Mais les Athéniens avaient l'avantage du nombre :

ils opposaient plus de cent cinquante vaisseaux aux cent

vingt navires de Callicratidas 7. Le Ménexène n'a garde de le

dire;bien plus il réduit à soixante bâtiments le renfort de

cent dix vaisseaux envoyé par Athènes 8.

de la lutte, les Athéniens répondirent avec empressement à l'appel

de Tiribaze. Avec leurs alliés et leurs anciens ennemis, ils accep-tèrent la paix dictée par le Grand Roi, et qui lui livrait les Grecs

d'Asie;comme les autres ils s'engagèrent à l'observer. — Suivant

Diodore de Sicile (XIV, 110), ils se résignèrent à la paix, bien

qu'indignés de l'abandon des Grecs d'Asie, parce qu'ils étaient

incapables de soutenir la guerre. Mais cette indication sommaire ne

tient pas compte des phases successives de la négociation.

1. Wendland, 0. /., p. i83;cf. Shawyer, The MenexenasoJ Plalo,

1906, p. xisq.

2. D'après Thucydide (I, 108) ce fut une victoire pour les Lacé-

démoniens et leurs alliés; selon Diodore de Sicile (XI, 80) le résultat

fut incertain et les deux partis s'attribuèrent la victoire.

3. Milt., 4- Par contre le Ménexène ne mentionne que 3oo navires

au lieu de 600 (Hérodote, VI, gi) ou 5oo (Nepos).

4- VI, 94.

5. I, 108.

6. On a proposé d'entendre : après deux jours de lutte, interpréta-

tion assurément possible, mais que rend peu vraisemblable la ten-

dance générale de l'éloge.

7. Xénophon, HelL, I, 6, 16, etc.

8. Id., 1,6, 2$.

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64 MÉNEXÈNE

Omissions délibérées, partialité des interprétations, gros-sissements systématiques ne sont pas les seuls défauts à rele-

ver dans l'exposé historique du Ménexène. On peut y signalerdes altérations manifestes et des

mensonges grossiers

l. A

Marathon, dit l'orateur (240 c), personne ne secourut les

Athéniens : cependant, nul n'ignorait à Athènes qu'un mil-

lier de Platéens 2 avaient pris part à la lutte et contribué à

la victoire. Il n'est pas vrai que pendant la guerre d'Archi-

damos tous les Grecs fussent ligués contre Athènes (242 c) :

en face des Péloponnésiens elle avait ses alliés, énumérés par

Thucydide (II, 9). L'orateur attribue le désastre de Sicile à

l'impossibilité où se trouvait Athènes d'envoyer des renforts

au corps expéditionnaire (242 c-243 a) : or, elle fit partir dix

vaisseaux avec Eurymédon dans l'hiver de 4 1 4/4 1 3 3, et, l'an-

née suivante, une armée et une flotte sous le commandementde Démosthène. Gomment le Ménexène peut-il affirmer (2 43 d)

que les Athéniens gagnèrent non seulement la bataille des Argi-

nuses, mais le reste de la guerre du Péloponnèse, quand l'épou-

vantable désastre d'JEgos Potamoi fit tomber plus de centsoixante- dix trières athéniennes aux mains de l'ennemi*, et

réduisit la ville à capituler après quatre mois de siège ? En

vérité, ce sont bien là les éloges dont se moque Socrate au début

du dialogue, en disant (234 c) qu'ils célèbrent également rx

Trpotfovra xat xxp.TJ.

On n'est pas moins surpris d'entendre dire

que les guerres médiques n'ont pas encore été célébrées digne-

ment par la poésie et que le sujet est encore vierge (239 c),

après les élégies composées par Simonide à la gloire de Mara-

thon, de Salamine et de Platées, les éloges prodigués par Pin-

dare à Athènes pour son rôle dans les guerres médiques,

après les Phéniciennes de Phrynichos et les Perses d'Eschyle5

.

Platon s'est chargé lui-même d'indiquerCe

^efeTèloglt

1186la ValeUF ^U

"Û attribue à certains de ces

éloges. La dispute des Divinités, où le

Ménexène voit la preuve que l'Attique est particulièrement

1. Wendland, o. L, p. i83.

2. Nepos, Milt., 5;

cf. Hérodote, VI, 108.

3. Thucydide, VI, 16.

l\. Xénophon, Hell., II, 1, 20 et 28.

5. Lysias se borne à dire du sujet qu'il va traiter que la poésie et

l'éloquence n'en ont pas encore épuisé la richesse (Epit., 1, 2).

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NOTICE 65

aimée des dieux, est expressément traitée, dans le Critias*, de

légende déraisonnable. Le philosophe n'attache aucune im-

portance à la noblesse de l'origine, exaltée dans le Mènexène;

il est indifférent aux exploits des ancêtres2

.

Quand l'orateur,

reprenant un lieu commun de l'oraison funèbre, définit la

démocratie athénienne comme une aristocratie, l'éloge peutsembler sincère. Mais qu'on y regarde de près : « les chargessont données à ceux qui paraissent (80'çaacv) être les meilleurs

(238 d) ;c'est celui qui passe (§6;aç) pour habile et honnête

qui a l'autorité et le commandement ». Si l'on se rappelle

l'opposition fondamentale que Platonétablit

entre l'opinion(ou Yapparence) et la réalité, on n'apercevra plus dans ce

jugement flatteur qu'un sarcasme, dirigé contre une forme de

gouvernement pour laquelle le philosophe aristocrate n'éprou-vait que dédain 3

. L'anecdote sur le procédé employé à Éré-

trie par l'armée de Datis pour ne laisser échapper aucun

ennemi (240 a b) est rapportée dans les Lois (698 d) avec un

sourire, comme un racontar au moins suspect4

. Et l'on

peutse demander si ce n'est point par ironie que l'auteur du

Mènexène insiste sur d'autres parties de son éloge. La glori-

fication des victoires remportées dans les guerres médiques est-

elle entièrement sincère? Le doute est permis, quand on voit

l'Athénien des Lois (707 c d) mentionner dédaigneusementArtémision et Salamine, en opposant au salut matériel des

individus, assuré par ces triomphes, l'amélioration des âmes

comme un avantage beaucoup plus précieux5 . Les accents qu e

trouve le Mènexène pour célébrer la réconciliation des partis

après la chute des Trente (243 e, 244 a b) ont une beauté

émouvante, et il n'est pas douteux que Platon ne souhaite

dans la cité l'union des cœurs. Mais le neveu de Gharmide,

le cousin de Gritias est-il tout à fait sincère quand il cite en

exemple la manière dont cette réconciliation s'est opérée ? Ne

1. 109 b. Cf. Berndt, o. t., p. 10 sq.

2. Théétete, 173 d, 174 d, 157 b. Cf. Wendland, o. t., p. 179.3. M. Hoffmann, Zur Erklarung Platonischer Dialoge (Zeitschr.

f. d. Gymnasialw., LIX, 1905, p. 33o) ;Th. Gomperz, Les penseurs

de la Grèce, II, p. 465 ;H. Raeder, 0. /., p. 126; F. Blass, Die

altische Beredsamkeit, I, p. 468; Wendland, 0. /., p. 187.

4.

Wendland, 0,L,

p.188.

5. Blass, 0. L, p. 469.

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NOTICE 67

souci que plus haut de l'ordre chronologique. Les hauts faits

des guerres médiques sont introduits par la formule : "Egti

8e to'Jtwv wv Xsyto Trpwxa (289 c). L'orateur insiste sur la

succession des rois perses: ô uiv Ttpwro; Kupoç..., ô oï 60;...,

rpiTo: £s Aapctoç (289 de).

11 ne manque pas de faire obser-

ver que pour Marathon, Salamine et Artémision, Platées,

l'ordre des temps est aussi l'ordre d'importance. Noter

(240 d) xà àpuTTSta, rà Bsoxspaïa ; plus loin (241 c) Tpixov Ôè

Aeyto. Quand il en vient aux luttes soutenues plus tard

contre les Perses, il n'oublie pas de dire ustà Ss touto (241 d).

Le passage aux guerres livrées contre les cités grecques estfortement marqué par une formule qui résume le dévelop-

pement précédent, et annonce l'objet du suivant (241 e-

242 a). Notons ^exà 8s touto (242 a), plus loin pcrà oè tocut*

(242 c).La guerre de Sicile est annoncée avec plus de préci-

sion encore par rpfcoç osKtfXtfftOç (242 d). Plus loin, aîrà oè

TxuTa etc. (243 d) appuie sur le rétablissement de la paix et

introduit la mention de la

guerre

civile. Avec (xsTa os tocut<x

(244 b) s'ouvre la période où Athènes se replie sur elle-

même et s'isole. A la fin de l'éloge, tous les exploits célébrés

sont résumés une dernière fois, dans une phrase où l'orateur

s'excuse d'avoir dû omettre la plupart et les plus glorieux des

hauts faits (246 a).

Certains critiques ont porté sur cette ordonnance accusée

un jugement favorable l. Même s'il était fondé, serait-il juste

d'attribuer à la composition du discours un caractère propre-ment «

platonicien », et d'en conclure que l'auteur a voulu

donner un modèle à l'oraison funèbre, en montrant tout ce

que le genre pouvait gagner à une disposition claire et rigou-reuse 2

? A cet égard, nous dit-on, le Ménexène rappelle le

premier discours de Socrate dans le Phèdre •. Il est vrai que,dans le Phèdre, Socrate reproche à Lysias le désordre de la

1. Blass, o. /., p. ^69» en fait ressortir la rigueur logique ;il loue

l'habileté avec laquelle s'enchaînent les différentes parties, et compareici l'art de Platon à celui d'Isocrate. — un rapprochement d'où il yaurait précisément à tirer des conclusions fort instructives sur les

véritables intentions de Platon.

2. C'est l'avis de A. Croiset, Sur le Ménexène de Platon (Mélanges

Pcrrot,p. 59 sq.).

3. A. Croiset, o. L, p. 60.

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68 MÉNEXÈNE

composition, en faisant voir que le discours doit ressembler

à un organisme vivant, où les diverses parties sont propor-tionnées entre elles et avec l'ensemble (26/i b

c). Mais, en

reprenant YEroticos de Lysias,il

veut d'ailleurs montrerqu'aux yeux du philosophe cet essai pèche par la base, faute

d'une définition préalable de l'objet à traiter 1

,et c'est à éta-

blir cette définition qu'il s'applique. Le cas est différent

dans le Mènexène, où l'auteur ne se préoccupe que de dis-

tinguer les points à développer, sans aucun souci de donner

une définition philosophique, et, loin de fuir les redites,

blâmées

par

Socrate chez

Lysias, paraît

au contraire les

rechercher.

Il est plus légitime, croyons-nous, de relever ce qu'a de

laborieux 2 — tranchons le mot : de pédantesque— une dispo-

sition annoncée et poursuivie jusqu'au bout avec une infa-

tigable insistance. Ces distinctions complaisamment établies,

et reprises sans fin, sentent la manière de l'école et les procé-dés de la rhétorique. Beaucoup plus qu'au premier discours de

Socrate dans le Phèdre, elles font songer au discours d'Aga-thon dans le Banquet

3. Ici et là, c'est la même méthode de

division et de subdivision appliquée avec une fastidieuse

monotonie 4,

les mêmes reprises des points déjà traités avant

1. Phèdre, 287 c sq.

2. Wendland, 0. I,, p. i83.

3. Dès le début, Agathon indique les deux points à traiter (194 e) :

I. Manière dont il faut louer l'Amour ;II. Eloge de l'Amour.— I. Pour

le louer, il convient de montrer sa nature, puis ses bienfaits. A. Nature

de l'amour : il est le plus heureux, parce qu'il est le plus beau et le

meilleur, a. Il est le plus beau: i° comme étant le plus jeune:

preuves : il fuit la vieillesse et recherche la jeunesse; 2 étant jeune,il est aussi délicat

; preuve : il établit son séjour dans les âmes

douces; 3° en outre, il est souple; preuve : sa grâce. 6. Il est le meil-

leur; en effet: i° il est juste; preuve: on se met volontairement à

son service;

2 tempérant ; preuve : l'amour est supérieur aux plai-

sirs;3° habile; preuve: il rend poète qui lui plaît, etc.. Conclusion:

étant le plus beau et le meilleur, il ne peut manquer de procureraux autres les mêmes avantages. En effet, il nous inspire la sociabi-

lité, nous enseigne la douceur, etc.. — Cf. Wendland, 0. t..

p. i83.

4- iq4 e, 7i:pà>Tov uiv... lîrei-ca; 195 a 7cpwxov... e^etxa; 193 a

7cpo)xov... j 196 d xai TrpwTa uiv...; 195 a

<prju.t oyv..., 195 b kXkd

<pT)U.l...

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NOTICE 69

de passer à la suite 1

,le même scrupule affecté de ne rien

avancer sans preuve2

.

II y aurait d'ailleurs des réserves à faire sur l'enchaîne-

ment interne des thèmes qui forment l'éloge du Ménexène3

.

L'effort de l'orateur pour les rattacher l'un à l'autre et les

tirer d'un même motif fondamental trahit cette recherche du

tour de force et ce goût du paradoxe qui caractérisent la

rhétorique sophistique. Il s'agit de montrer que les ancêtres

(et la conclusion s'applique aux morts qui sont l'occasion du

discours) se sont conduits en gens de cœur (287 a). Or ils ont

été tels

parce qu'ilsavaient

pour pèresdes

gensde cœur :

bref, leur valeur est un effet de l'sùysve'.a. Cette ejyÊveta

résulte elle-même de l'autochtonie (237 h) : c'est donc à

l'autochtonie qu'est ramenée en définitive toute cette partie

de l'éloge.— D'autre part, l'égalité politique (îcrovouia), prin-

cipe de la démocratie athénienne, a £our cause l'égalité de

naissance(7) ££ ïcsou yevectç, (aoyov'a, 238 d e 4

), qui est

un résultat de l'autochtonie. Or l'égalité politique pro-duit l'esprit de liberté, et c'est pour la liberté que les

Athéniens ont combattu contre les Grecs et contre les Bar-

bares (239 a b). De sorte que l'autochtonie a encore été

le principe de ces luttes glorieuses. C'est elle, enfin, qui

explique la disposition des Athéniens à secourir les Grecs et à

repousser les Barbares, car elle a assuré l'unité et la puretéde leur race (245 c d).

Le style proprement dit offre tous les

artifices habituels du discours d'apparat,toutes les recherches savantes !

qu'avait cataloguées et fixées

1. 195 c véo; tiiv oùv ecrct, Trpoç Bè t<£ veto ouzaloç ; 196 a vetoxaxoç

jxèv 8t] ècrct xat àrcaXaSTaTOç, %p6ç 81 toutoi; O'ypoç... ; 196 c mai u.èv

oùv xaXXouç tou 6sou xat rauô' txavà xat sxt 7uoXXà Xet^etat, iztpl 8s

ctpsxr^... ; 196c

npoç,8è

T7J Stxatoa-jvr)... 7zs.pl f/.sv

ouvStxatoauvrjç

xat

aco<ppoauv7]ç xat àvôpetaç tou ôeou etp^tat, rapt 8e aoçta; Xeuiexat...

2. 195 a btj-éya

8è Têxtxrjptov... ; ig5d xaXw oùv Soxst u.otTex|XYjptco,

id., xS> aû~û 8)] xaîyjxet; y prjatotxsGa Texu.ï]ptto... ; 196 a

(J-éya xex|xrjptov.

3. Berndt, o. L, p. £8.

4. L'orateur joue (2 38 e) sur le sens de àvtofjtaXot : de ce que les

autres cités sont composées d'éléments de diverse origine, il conclut à

Yinégalité des droits.

5. Berndt, 0. L,p.

26sq.,

en a fait une étude détaillée; cf. Stall-

baum, Praefatio ad Menexenum, p. 9 ; Blass., o. L, p. ^7 1 •

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7o MÉNEXÈNE

l'enseignement des rhéteurs. On y voit défiler les ayyt [xx~x

chers à la prose d'art depuis Gorgias : les isocôla, les parisa,

les antithèses 1

,les homoeoteleuta 2

,les paréchèses \ les

paronomases

4;en outre

l'hyperbole

5,

la redondance 6, et

l'oxymoron7

. Si l'emploi n'en est pas poussé, comme dans

le fragment de Gorgias, jusqu'au ridicule, il est néan-

moins assez étendu pour qu'on puisse tirer du Ménexène

une étude complète des procédés de la rhétorique contem-

poraine. Il suffit, pour en prendre une idée, de relire

l'exorde du discours. Denys d'Halicarnasse a blâmé ces

« ornements superflus8 » qui cachent mal la banalité de

l'idée ; il reproche à Platon d'être descendu aux figures de

déclamateur mises à la mode par Gorgias (25, Ta ôcarçixà

xà TopyUix) ;il signale dédaigneusement les redondances

(26), l'emploi de l'antithèse et de la parisosis (25), se deman-

dant si c'est Platon que l'on entend, ou bien Licymnios et

Agathon9

.

Un autre genre d'ornements recommandé par les écoles de

rhéteurs pour ces sortes de discours, ce sont les mots et les

locutions empruntés au langage de la poésie. Le Ménexène n'a

1 . a36 d xo-.V7j [xàvuîwô xrjç roXscoç — i8ca 8c 6:cô xwv otxet'wv

;a36 e

epycov su 7rpa^8évTtov—

Xo'yw xaXwç prjôévTi ;238 c xaXrj uiv àyaOwv,

7]8' IvavTt'a xaxwv.

2. 236 e xoù; ixcv TexsXeuTïixoTaç îxavwç bcatvfasTett, xotç 8è ^ôîatv

sùtjLevwç XttpatvfotTSt, etc..3. Ex. 24o d ttôcv 7zXt]0oç xat Tcaç 7:Xouxo;.

4. Ex. 237b où8s... [AeToix.ouvTaî..., àXX' otxouvxaç.

5. 246 a -oXXà[xèv

Ta sîprjaéva xat xaXa, 7:0X08' ïxi xktim xat xaX-

Xta> ix a7:6kznz6<xzva.(s'il

en est ainsi, pourquoi avoir commis la mala-

dresse de ne pas retenir les exploits les plus glorieux ?) ;2 46 b

îroXXat fàp av guipât xat vjxtsç Ott£ txavat yévotvTO ;w xà navra

ueXXovTt Tispa^vîtv.

6.26e 7zapx Twv àxoysâvTtov (relevé par Denys) n'est là que pourdonner un pendant à toiç TîpaÇaat ;

23 7 d ayovo; xat xa&apâ ;23 7 e

uo'vï] xat7:puiTr) ;

238 a xdXXtata xat àptaxa, etc.

7. 23g c tov 81 ouxe ^otrjxrfç 7ito Sdcjav à£tav kiz 'âÇtotç Xa6wv

8. Usât xr\c Xêxtîxtjç A rçaoaôs vouç 8etvoTT]Toç, 25.

9. La ressemblance que nous avons signalée, pour la composition,

entre le discours du Ménexène et celui dWgathon dans le Banquet se

retrouve en effet dans l'emploi des ayrjtxaxa.

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NOTICE 71

pas manqué d'y recourir 1. On note même au passage des

trimètres iambiques2

.

Ces conclusions, relatives au contenu de3

d^fuscourfW

déloge, à la composition et austyle, sont-

elles applicables à la seconde partie du

discours? Remarquons d'abord le caractère traditionnel de

certains motifs de la consolation. La sollicitude de la cité pourles fils des citoyens tués à l'ennemi (248 d sq.) est mention-

née chez Thucydide (II, 46), Lysias (71-76) et Hypéride

(4 1-42).

Pour consoler les

parentsdes morts, le Ménexène

leur rappelle que leur vœu n'était point d'avoir des enfants

immortels, mais vertueux et glorieux : souhait qui a été

exaucé; comparer Lysias, 77-79. L'allusion à la conscience

que les morts gardent dans l'Hadès (248 b) reparaît dans Hypé-ride (43) sous une forme plus affirmative. La mention des

jeux funèbres organisés par la cité (249 b) figure dans ïépi-

taphios de Lysias (80). Enfin la formule de congé qui clôt

le discours du Ménexène est analogue à celle qui termine

l'oraison funèbre de Périclès (Thuc, II, 46), et se retrouve

chez le Pseudo-Démosthène (37).

Denys d'Halicarnasse, si sévère pour l'éloge du Ménexène,

manifeste au contraire une grande admiration pour la seconde

partie du discours, qu'il reproduit en entier. De nos jours,

on a signalé le caractère profondément platonicien de cette

consolation. La prosopopée dés soldats morts rappelle la

fameuse prosopopée des Lois dans le Criton z. Dans cette idée

que rien n'a de valeur sans la vertu et que, séparée d'elle,

toute science n'est que Travojpyia (246 e), on reconnaît une

thèse chère à Platon. La République (387 d) déclare, commele Ménexène (247 d), que l'homme doit faire dépendre son

bonheur de lui-même et non des biens qui lui viennent du

1. 236 d Trjv et[xap;j.£V7jv ruopstav ; 287 b Ï7:y)X'j; (appliqué àr\

Yt'vïj'.ç) ; 237 e m)yac TfMffj{ : le lait (blâmé par Denys, 28) ;238 a

rcovtov à.pb>yrt (l'huile) ; a45 djjuao; Ivtfcïjxi Tfj

TCoXst (souvenir de

Sophocle, El.. i3 r 1;ef. Stallbaum, 0. I., p. 10).

2. 238 e xaXr] fj-Èv àyaOfliv, f,0' lvav~:a zaxrov (signalé par Kaibel;

cf. Trendelenburg, 0. L, p. i5, note); 2^5 d xaôocpôv to [xïao; êvcé-

Trjxs T7) r.oket (Trendelenburg, id., 25).

3. A. Croiset, 0. L, p. 61.

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7 2 MÉNEXÈNE

dehors 1. Faut-il donc admettre que l'auteur du Mènexène a

pris ici son sujet au sérieux, et qu'au lieu d'une parodie il

nous offre, à la fin de son oraison funèbre, un modèle d'élo-

quence platonicienne? En ce

cas,on

comprendraitmal

qu'il eût juxtaposé dans le même discours deux parties si

différentes par le ton et par l'intention.

11 est vrai que les railleries formulées dans le préambule

dialogué ne visent que Y éloge. On ne saurait en être surpris.

La nature même de la consolation ne prêtait pas aux défauts

que Platon relevait dans Yéloge traditionnel. Lui-mêmen'aurait pu sans inconvenance traiter avec légèreté ce graveet douloureux sujet. Mais qu'il ait voulu y parler en son

nom, qu'il sysoitpleinementabandonnéà l'émotion du citoyen

et à la méditation du philosophe, c'est ce qu'il est permis de

mettre en doute. Cette déclaration qu'il n'est pas de vraie

science sans justice et sans vertu répond ailleurs à une

conception platonicienne2

;est-elle ici autre chose qu'une

banalité ? Gorgias reconnaît lui-même (Gorgias, A07 b) que

l'orateur doit user de la rhétorique avec justice 3 : reste à

s'entendre sur le sens et l'application du principe. Dans les

consolations aux parents, dans les conseils adressés aux fils

des morts, on attendrait de Platon l'affirmation que l'âme est

immortelle : or la consolation se borne à faire allusion à

l'autre monde (246 d), et à évoquer l'accueil que les fils

recevront de leurs pères au séjour des morts, dans des termes

vagues qui ne sortent pas du lieu commun (2/17 c). Et, plusloin, le sentiment que les morts peuvent avoir des vivants

est donné comme une simple hypothèse (248 b). Hypéride,sur ce point, est plus aflûrmatif que Platon.

La richesse des idées dans la TcapauuOîa est plus apparente

que réelle. Le conseil donné aux parents de supporter leur

deuil avec mesure revient à quatre reprises* ;de même

l'exhortation adressée aux fils depratiquer

à leur tour la

vertu 3. Plus loin, l'orateur rappelle sous trois formes diffé-

1. Berndt, 0. I., p. 55; Blass, o. /., p. 469, note 2.

2. A. Croiset, o. L, p. 61.

3. Berndt, o. t., p. 11.

4. 2^7 c wç paaxa ©speiv tt)v Çjtxoopav ; 247 à yipov-zz àvBpsiws

Ta; <j-ja?opa; ; 248 a otta Àu^ouasvo; âyav ; 248 c (Sapscoç çspovTe?.

Cf. Berndt., o. L, p. 55.

5. 246 d. Pour qui déshonore les siens il ne vaut pas la peine de

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NOTICE 73

rentes que la cité donne une armure aux orphelins de guerre,

quand ils sont arrivés à l'âge d'homme 1. C'est assurément

une haute et belle idée que Platon énonce en rappelant que

chacun doit faire dépendre son bonheur de lui-même et nonde la fortune 2

. Mais elle est rattachée au développement parun lien fort artificiel, à l'aide d'un raisonnement qui sent le

sophisme3

. Il y a de même une subtilité paradoxale dans

l'expression de cette pensée (2^7 a) : « Sachez que, si nous

vous sommes supérieurs en vertu, cette victoire fait notre

honte, comme la défaite, si nous vous sommes inférieurs, fait

notre bonheur. »

Quant au style, il offre dans la consolation la mêmerecherche que dans l'éloge, et l'emploi des mêmes figures

4.

Denys d'Halicarnasse, en dépit de son jugement favorable,

en fait lui-même la remarque3

.

vivre; 246 e il faut donc pratiquer la vertu

;sans elle tout n'est que

honte et vice; 2^7 a les fils doivent surpasser leurs pères sous peine

de les déshonorer; 2^7 a b il n'est rien de plus honteux que d'être

honoré non pour soi, mais pour la gloire de ses ancêtres. Cf. Berndt,

o. /., p. 55.

1. 2^9 a ravc-TcXia xoajxr/jaaa ;id. opyava T7Jç jcaxft&aç àpsT^ç

à-.o'oucja; 294 b oizkoiz xîxojur a£'vov. Ajouter 2^9 a

cl-otA^ltiv.exi xà

afixsp* aÙToiv et 249 b tivai k~i ttjV rcxTpwav ÊatCav.

2. 247 e-248 a. Gicéron a traduit cet endroit dans les Tusculanes,

5, 12.

3. L'orateur part de la maxime courante, « Rien de trop », qui

implique le conseil d'éviter l'excès dans la douleur comme dans la

joie. Mais il croit devoir justifier le dicton populaire par une explica-

tion philosophique qu'il fait venir de loin, et qui répond à une idée

toute différente. L'homme ne doit pas s'affliger de la perte des biens

extérieurs : ni les combattants de la perte de leur vie, ni les parentsde celle de leurs fils.

4. Berndt, o. l Jt p. 11.

5. O. /., 26. Parison et homoeoteleuton : 248 d tou; uiv ra.o£JovT£;

xoaa:'(o;, toj; 81 vr.porpoçouv-rsç à;{'x>ç (cité par Denys) ; 246 d out'

iizi yr^j où'6' fao yf)? ; redondance, allitération et paréchèse : 247 a xoù

Kp&tov x.aî Ga-caTOv xal 8tà 7:<xvtÔç raaav ^àvTto; Tsooôuuiav 7ce:pacr9s

(cité par Denys) ;cf. 248 d -cpeçovre;

— xal tpézovTeç ; 249 c rcàsav

-àvciov ~apx ~av7a tov yjsdvov èniuiXs'.av; oxymoron : 247 d ÔoÇouat

-w 3vnj jeu de mots: 246 e offre... izpir.ovta. couverai iXX'

àucpsxij, mu è^tçaviaTcpov 7:0161 xôv I/ovxa xai Ixtpai'vei xr(v

o^iXiav

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7 4 MÉNEXÈNE

Nous pouvons répondre maintenant à la

Le sensquestion du début. Le préambule dialo-

du Ménexène. ^. . jF , • ,, .

gue annonçait un pastiche de 1 oraison

funèbre traditionnelle, et notamment de l'éloge en voguedans cette forme d'éloquence. Socrate laissait clairement

entendre que ce discours serait un badinage, et que, loin de

vouloir donner aux rhéteurs une leçon et un modèle, il par-lerait comme n'importe lequel d'entre eux. h'épitaphios du

Ménexène répond à cette promesse. C'est un exercice d'école,

où Platon a scrupuleuseaient suivi le plan habituel et repro-duit la méthode et le ton des éloges, en présentant les faits

sous le jour le plus favorable à Athènes, sans égard à la

vérité historique, et en les enjolivant avec les figures et les

raffinements de style enseignés par la rhétorique du temps.Dans le Gorgias, Socrate demande à Galliclès (52 1 a) :

« Quelle est donc la sorte de soins que tu m'invites à pren-dre à l'égard des Athéniens ? Explique-toi : est-ce celle quiconsiste à lutter contre eux pour les rendre meilleurs, commefait

un médecin, ou bien celle qui me donnerait envers euxune attitude de serviteur et de flatteur ?1 » Plus loin (52 i d) :

« Je ne cherche jamais à plaire par mon langage, j'aitou-

jours en vue le bien et non l'agréable, je ne puis consentir

à faire toutes ces jolies choses que tu me conseilles 2». Et

enfin (527 c) : a Toute flatterie envers soi-même ou envers

les autres... doit être évitée 3 ». Comment pourrait-il pren-dre au sérieux ou

approuver

un élogequi

n'est

qu'unelongue xoIolyMz ?4 L'intention railleuse de l'auteur est

encore soulignée par l'impossibilité sur laquelle repose le

1. TraJ. A. Croiset.

2. Id.

3. Id.

4. Berndt, 0. /., p. ix. Voir dans le Banquet, la critique que fait

Socrate des éloges qui viennent d'être prononcés sur l'Amour (198 d):

« Pour moi, dans ma simplicité, je croyais qu'il fallait dire la vérité

sur chaque objet d'éloge, et la prendre pour fondement, en choisis-

sant dans la vérité même les plus belles choses pour leur donner la

disposition la plus convenable. Et j'étais très fier à la pensée que

j'aliaisbien parler, connaissant la vraie manière de faire n'importe

quel éloge. Mais il paraît que ce n'était pas la bonne façon ; qu'il

fallait, au contraire, attribuer au sujet les qualités les plus grandes et

es plus belles, vraies ou non,la

faussetéétant sans

importance.»

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NOTICE 75

Ménexène: Socrate, mort en 399, y fait évoquer par Aspasieles événements de 387. Platon a pris ailleurs ' des libertés

avec la chronologie ;mais aucun dialogue n'en oflre d'exemple

aussi frappant quecette

anachronisme grossier et voulu.Nous nous refusons donc à voir dans le Ménexène une

tentative pour réformer l'oraison funèbre, « en y introdui-

sant toute la dose de philosophie et de vérité que comporteun genre de composition destiné au grand public » 2

. Nous

ne croyons pas davantage que Platon, traitant la mêmematière que les rhéteurs, avec les mêmes ornements, ait voulu,

par

unedisposition plus rigoureuse,

montrer ce

qui

faisait

défaut dans leurs discours et prêtait à la critique3

;ni qu'il

ait cherché à battre la rhétorique avec ses propres armes 4.

D'ailleurs il serait peut-être excessif de vouloir trouver ici une

caricature de Yèpitaphios traditionnel 5. Sans doute est-ce

affaire de goût et d'impression. Mais lesjugements si opposés

qu'on a portés sur le sens et le ton de l'ouvrage semblent bien

prouver que la parodie n'y a pas été — au moins partout—

poussée à la charge. En fait, les procédés de l'école sont exac-

tement appliqués dans le Ménexène, avec une sûreté de

main qui peut faire illusion : il faut y regarder de près pourdécouvrir cà et là dans le pastiche la pointe d'exagération quidécèle l'ironie du dessein.

On a cru parfois trouver dans le Ménexène un mélange de

plaisant et de sérieux. En voulant railler les rhéteurs, Platon

a été dominé, nous dit-on, par son sujet, et entraîné, commemalgré lui, au pathétique

6. Cette opinion pourrait se soute-

nir en effet pour quelques endroits du discours, notamment

pour la seconde partie. Nous avons vu cependant que,même dans les passages où la nature du sujet lui imposaitun ton plus grave, Platon n'a cessé de reproduire les procé-dés de l'école. C'est ailleurs qu'il faut chercher l'intention

sérieuse de l'ouvrage. En imitant fidèlement l'esprit et laméthode de Yèpitaphios traditionnel, Platon s'est moqué delà

1. Par exemple, dans l'Ion et dans le Banquet.2. A Croiset, 0. I., p. 60.

3. Stallbaum, 0. L, p. 10.

l\. Wendland, 0. L, p. 180; Wilamowitz, 0. /., p. ibi-

5. Trendelenburg, 0. /., p. 6.

6. Th. Gomperz, 0. L, p. 465.

V. i._ 7

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76 MENEXÈNE

rhétorique. Mais sous cette forme railleuse, il a dénoncé les

dangers d'une éloquence qui, au lieu de poursuivre et d'éclai-

rer les âmes, ne songe qu'à les empoisonner par la flatterie.

La critique n'atteint pas seulement les rhéteurs : elle frappe

aussi le public athénien, qui leur prête une oreille complai-

sante, et se laisse bercer par des éloges mensongers1

. Il se

persuade, à les entendre, que l'histoire d'Athènes n'a été

qu'une suite de hauts faits, et que leur cité s'arroge juste-

ment la gloire d'exploits communs à d'autres États grecs ;

il s'imagine que ladémocratie est vraiment le gouvernement des

meilleurs, et qu'Athènes s'est toujours montrée dans le monde

le champion désintéressé de la liberté et du droit ; il prend à son

compte les services rendus par les ancêtres, sans voir l'abîme

qui sépare des combattants de Marathon les hommes coupablesd'avoir signé la paix honteuse d'Antalcidas 2

.

Contre l'intention satirique du Menexène on a fait valoir,

il est vrai, l'opinion des anciens, qui paraissent avoir pris le

discours au sérieux. Hermogène le considère comme le plus

beaudes

panégyriques

3.

Denys d'Halicarnasse, quien criti-

que impitoyablement le début, semble en approuver la fin

sans réserve 4, et, s'il reproche à Platon l'emploi des procédés

de la rhétorique, c'est sans y soupçonner une raillerie 5. Il

faut admettre enfin que les Athéniens eux-mêmes s'étaient

entièrement mépris sur l'esprit du Menexène, s'il faut en

croire Gicéron : il rapporte6

que Yépitaphios de Platon était

tous les ans débité à Athènes. Mais le jugement du rhéteur

Hermogène n'a rien de surprenant : il prouve que le discours

du Menexène répondait parfaitement, pour l'ordonnance et le

style, à l'enseignement de l'école. Denys s'est mépris sur

l'objet de l'ouvrage7

,en isolant l'oraison funèbre du dialo-

!.. Voir 235 a sq. Cf. plus haut.

2. Trendelenburg, p. 6 sq. ; Wilamowitz, o. L, p. i36. Hoelter-

mann,Platos

Polemik im Menon, Euthydemos und Menexenos (Z. /.Gymnasialwesen, 1909, 2-3, p. 81 sq.) semble d'ailleurs aller trop

loin en considérant la condamnation de la politique athénienne commele principal objet du Ménexene.

3. Ils pt c8ewv, 4o3.

4. O. L, 3o.

5. A. Croiset, 0. L, p. 59.

G. Orator, 44-

7. Stallbaum,0.

L, p.12.

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NOTICE 77

gue qui l'encadre et en éclaire le dessein. 11 en a étudié la

forme sans prendre toujours garde au fond;et lui-même

nous donne la mesure de son inintelligence quand il soutient

(23) queles

élogesde l'Amour dans le

Banquetsont le

plussouvent indignes de Socrate : pas plus dans le Ménexène quedans le Banquet il n'a flairé la parodie. Si le témoignage de

Cicéron est exact, il faut en conclure que le public athénien,

toujours heureux de s'entendre louer, ne regardait pas de

très près à la valeur ni au sens de l'éloge : le Ménexène lui-

même ne dit pas autre chose (a35 d)1

. L'intention de l'au-

teur n'était plus comprise ;le nom de Platon ajoutait à

l'éclat du discours, et sans doute ses admirateurs eux-mêmes

se réjouissaient-ils de le voir passé maître dans l'art oratoire 2.

Mais cet endroit de YOrator est suspect. Bake, Kayser,0. Jahn y ont reconnu une interpolation

3, peut-être amenée

par le passage du Ménexène (249 b) où sont rappelées les fêtes

funèbres célébrées annuellement à Athènes.

Replacé dans l'ensemble de l'œuvre de Platon, et rappro-

ché du Gorgias, le Ménexène manifeste clairement sa signifi-

cation : il est un épisode de la lutte engagée par son auteur

contre la rhétorique, et comme le « drame satyrique » quifait suite à la « tragédie » du Gorgias*. Pour attaquer la

rhétorique, pour faire voir la banalité pompeuse, le vide, les

exagérations menteuses et le danger d'un genre faux parexcellence — celui de Yéloge funèbre —

,Platon a eu recours

au pastiche: le Gorgias et le Banquet, sans parler du Phèdre,

montrent assez l'art merveilleux qu'il savait déployer dans cet

exercice.

L'authenticité du Ménexène, contestée ou

du Ménexèneniée Par Ast

'Suckow

> Schaarschmidt,

Susemihl, Steinhart et Zeller 5,

n'est

plus guère mise en doute aujourd'hui. Elle est démontrée

par les preuves internes, si l'on admet contre Schleiermacher

que le discours prononcé par Socrate s'accorde avec les rail-

leries du dialogue au ^lieu de s'y opposer par son caractère.

1. Cf. Berndt, 0. /., p. 57; Wendland, o. I., p. 175-6.

2. Berndt, o. /., p. 57 ;cf. Hoffmann, 0. /., p. 333.

3. Cf. Berndt, o. L, p. ix.

4. Dùmmler, Akademika, p. 26.

5. Cf. Blass, 0. /., p. 463, note 5.

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78 MÊNEXÈNE

Elle est expressément confirmée par le témoignage d'Aris-

tote 1.

Reste à savoir si le Mênexène est dirigé

1 m!T e^ène ? contre un orateur déterminé. Pourquoile discours est-il présenté comme l'œuvre

d'Aspasie (236 a sq.)? La fiction ne peut tromper personne,et le jeune Mênexène donne à entendre qu'il n'en est pas

dupe2

. Cette affirmation fantaisiste se rapporte peut-être à

quelque invention bouffonne de l'ancienne comédie, quin'avait point épargné Aspasie, et attribuait à ses leçons l'élo-

quence de Périclès3

.

Platon a pu y prendre l'idée plaisantede mettre sous le nom de cette courtisane célèbre son propre

discours, composé, dit- il, avec des rognures de l'oraison funè-

bre "de Périclès (236 b). D'autre part, Socrate prétend avoir

lui-même Aspasie pour maître d'éloquence (a35 e, 236 ab).

C'est d'elle qu'il a recueilli ce discours, et il a failli recevoir

des coups parce qu'il manquait de mémoire. Il va sans dire

quec'est encore là une

plaisanterie.Socrate

fréquentaitchez

Aspasie*, dont il est possible que la comédie, par une autre

imagination saugrenue, ait fait de lui le disciple5

. L'hypo-thèse prendrait de la vraisemblance, si Gonnos, que Socrate

désigne comme son maître de cithare, devait être identifié

avec le musicien Connas, tourné en dérision par les comi-

ques6

.

i. RheL, I i367 b (allusion à Ménex., 235 d); III, i4i5 b (id.).

Comme l'observe Gomperz, o. /., p. 465, Aristote met toujours sous

le nom de Socrate les citations qu'il fait de Platon. Supposer qu'il a

ici en vue un propos oral de Socrate, et non le Mênexènet est une

hypothèse arbitraire et insoutenable.

2. 2^9 e ootiç aoi ô eiroîv iaziv cwtov, et plus haut 2^9 d.

3. Plutarque, Périclès, 24, la qualifie de aoçr, xat tzomxixt,, et

explique ainsi l'ascendant qu'elle exerçait sur Périclès. Une scholie

du Ménexhne conte sérieusement qu'après avoir formé Périclès à

l'éloquence, elle fit de Lysiclès, le marchand de bétail, un habile

orateur, comme le rapporte Eschine le socratique.

4- Plutarque, Périclès, 24 ; Athénée, XIII, 58g.

5. Athénée, V, 219 : « Aspasie enseigna savamment l'éloquence à

Socrate ». Cf. Hôltermann, o. /., p. 98.

6. Voir Aristophane, Cav., 584- Wilamowitz 0. I., p. 139, admet

sans hésiter cette identification, assurément tentante. Trendelenburg,o. /., objecte que Connas, d'après le scholiaste d'Aristophane, était un

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NOTICE 79

Mais Platon paraît avoir eu un autre motif, quand il prêteà Aspasie l'oraison funèbre du Mênexène. En associant son

nom à celui de Connos, le vieux cithariste qui enseignait la

musique aux enfants 

, Socrate veut indiquer que ses préten-dus maîtres sont de valeur également médiocre 2

. Et pour se

faire mieux entendre, il les place ironiquement l'un et l'autre

au-dessus d'un musicien célèbre, Lampros, et d'un orateur

réputé, Antiphon (236 a).Par là il montre le peu de cas

qu'il faut faire du discours annoncé. Mais ce dédain ne tombe

pas seulement sur l'oraison funèbre du Mênexène. Il atteint

du mêmecoup

celle dePériclès,

elle aussi

composée,suivant

Socrate, par Aspasie (a36 b), qui a rassemblé les restes inu-

tilisés pour en former le présent discours. L'une et l'autre

n'ont pas plus de valeur aux yeux du philosophe que s'ils

étaient réellement l'œuvre d'une femme 3. Rappelons que, si

Périclès est nommé avec éloge dans le Phèdre (269 e), le Gor-

giasse montre pour lui fort dur : il lui reproche, comme aux

autres orateurs athéniens, d'avoir perdu la cité, en lui offrant

des douceurs pour la flatter, au lieu de lui inspirer la moralité

et la justice (5o3 c sq.).

Platon a-t-il donc voulu donner dans le Mênexène une

parodie de l'éloquence de Périclès, ou plus exactement de

l'oraison funèbre rapportée par Thucydide4

? C'était l'avis

de Denys d'Halicarnasse 5. La comparaison des deux discours

fait apparaître en effet quelques ressemblances 6,assez caracté-

joueur de flûte, plusieurs fois vainqueur dans les jeux, et non un

eithariste.

1. Voir Eulhydeme , 272 c, 295 d.

2. Wilamowitz, 0. /., p. i^o.

3. Suivant Berndt, 0. /., p. IV, Platon veut faire comprendre, parla mention d'Aspasie et de Périclès, que son discours imite l'ancienne

école derhétorique,

dont la manière se retrouve aussi bien dans

l'oraison funèbre de Thucydide que dans celle du Mênexène.

l\. 11 n'y a pas de raison, en effet, pour supposer qu'il vise un

autre discours de Périclès, ou une autre forme du même discours. Il

serait invraisemblable que Platon ignorât, comme le supposait Grote,

l'ouvrage de Thucydide. Certains rapprochements permettent mêmed'affirmer le contraire. Cf. Gomperz, 0. L, p. 466, note 1.

5. O. L, a3: « Platon, à mon avis, imite Thucydide» (dans le

discours du Mênexène").

6. Enumérées par Berndt, 0. L. p. 3. Comparer notamment

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NOTICE 81

sions intéressantes qu'il y aurait à en tirer pour les relations

de Platon et de Lysias, en rapprochant du Phèdre le Ménexène.

A. Croiset estime que le Ménexène répond très probablement,

comme le premier discours de Socrate dans le Phèdre, à undiscours de Lysias, dont Platon combattait l'école 1

. Mais

peut-on tenir pour certaine l'authenticité de YÊpitaphiosV Onfait valoir qu'Aristote le cite avec éloge, d'ailleurs sans en

indiquer l'auteur, et que le Pseudo-Plutarque n'hésite pas à

l'attribuer à Lysias; enfin, qu'Isocrate l'a imité 2. Cependant,

après avoir été souvent contestée, en particulier par Valcke-

naer et

Sauppe

3,

l'authenticité n'est

plus guère

admise

aujourd'hui*, depuis le vigoureux plaidoyer de Blass 5.

A supposer d'ailleurs que Platon ait connu le discours de

Lysias, et l'ait eu en mémoire quand il écrivait le Ménexène,

rien ne prouve avec certitude qu'il l'ait particulièrement visé.

Il convient en cette matière d'être circonspect, et de ne pas

attacher une signification trop précise à certaines analogies,

même frappantes. N'oublions pas que Platon s'attaquait ici à

un genre d'éloquence dont le plan et la méthode, le contenu

et la forme avaient été fixés par une tradition déjà longue.

Rien d'étonnant, par suite, si toutes les productions de cette

sorte — discours réellement prononcés, comme celui d'Hypé-

ride, ou simples exercices d'école— offrent entre elles un air

de famille et même des ressemblances littérales, qui risquent

d'être trompeuses6

. Cette conclusion nous semble applicable

i. O. L, p. 62. Hôltermann, 0. L, p. 98, est, sur ce point, d'un

avis analogue ;il croit que Platon exagère à dessein les défauts de la

rhétorique de Lysias, mais qu'il cherche à améliorer le contenu du dis-

cours critiqué, par des emprunts faits à l'oraison funèbre de Périclès.

2. M. Bizos, o. L, p. 45. Sans se prononcer nettement en faveur de

l'authenticité, M. Bizos fait valoir les raisons qui la rendent soutenable.

3. Berndt, o. L, p. 6.

4- Wilamowitz (o. /., p. 127, note 1) estime scandaleux qu'on

puisse encore la défendre. Toutefois M. Bizos a très bien montré queles arguments de Blass ne sont pas décisifs. Cf. Hoffman, o. L, p. 32g.

5. O. /., I, p. 436 sq.

6. Voir M. Erdmann, PseudoLysiae oratio funebris, 188 1, p. 6;

Hoffmann, p. 328-32Q. Trendelenburg, qui croit pourtant que Pla-

ton a eu sous le yeux le discours de Lysias, juge le Ménexène dirigé

contre Yépitaphios en général (0. I. , p. 9). Wendland, o. /., p. 181,

tout en considérant le Ménexène comme imité de Gorgias, faitremar-

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8a MÉNEXÈNE

à une autre hypothèse : celle qui tient le Mènexène pourdirectement imité de Gorgias

1. Il est beaucoup plus probable

que Platon, sans s'interdire des allusions ou des réminiscences

particulières, a surtout cherché à reproduire, pour donner àsa critique toute la portée possible, l'esprit et les procédés de

Yépilaphios en général2

.

Le Mènexène n'est pas antérieur à 387,

Afénelène" puisqu'il y est parlé de la paix d'Antal-

cidas 3. Il ne doit pas avoir été écrit

longtemps après, car il ne fait aucune allusion aux événements

qui suivirent 4. Il faut donc en placer la date vers 386 3

.

quer que la manière de Gorgias était alors devenue dominante. Cf.

Raeder, 0. L, p. 127.

1. A en croire Dûmmler (0. /., p. 2^) Platon a en vue Yépila-

phios prononcé par Gorgias en 3g 1. D'après Berndt, c'est aussi

Gorgias qu'il faut chercher derrière le nom d'Aspasie, et c'est lui

quePlaton a

imité,sans

songerd'ailleurs à un discours déterminé

(0. /.. p. i5 sq.). Quand il prétend avoir failli recevoir des coups

d'Aspasie, Socrate, dit-il, fait allusion aux procédés en usage dans

l'école de Gorgias (p. 23). Platon feint d'avoir abandonné la philo-

sophie pour l'enseignement du célèbre sophiste.

2. On ne sait quel sens attribuer à la mention d'Archinos et de

Dion (234 b). Archinos est l'homme d'Etat qui, aux côtés de Thra-

sybule, lutta contre les Trente en 4o3, et après le rétablissement de

la démocratie, contribua

énergiquementà la réconciliation des

par-tis. Mais, après cette date, sa carrière ne nous est plus connue. On

ignore tout de Dion, qu'il faut peut-être identifier avec l'Athénien de

ce nom, député avec Gonon auprès de Tiribaze en 392 (Xénophon,Hell., IV, 8, i3). L'affirmation de Denys d'Halicarnasse (o. L, a3)

que Platon donne son discours (wç 81 aùxo'ç <pr,atv)comme imité d'Ar-

chinos et de Dion, est fantaisiste. Toutefois x\.rchinos avait composéune oraison funèbre, et Krùger a supposé que le Mènexène est dirigé

contre elle. Hôlterman pense (o. I., p. 98)que

Platon vise un épita-

phios écrit par L)sias pour Archinos ou Dion, en 387.3. Il est donc impossible de le tenir avec Dûmmler (0. i., p. 21)

comme composé peu après 3g 1 ou 3go.

4. Raeder, o. /., p. 125. Raeder tire aussi cette conclusion (p. 66)du caractère des anachronismes qui se relèvent dans le dialogue-

Wendland (0. /.. p. 192) place le Ménexhne entre 387 (ou 385) et 38o.

5. En 386 suivant Wilamowitz (o. /., p. 127); de même Sha-

wyer, o. I., p. vi; vers 387, d'après Hôltermann (o. /., p. 10 1) et

Hoffmann, p. 3a8;en 387 ou 386, selon Trendelenburg (0, L, p. 6).

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CONSPECTUS S1GLORUM

T= cod. Venetus app. class. 4, cod. i (sub fin. xi

uel init. xu saec).

W= cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr. 7 (for-

tasse saec. xu).

F= cod. Vindobonensis 55, suppl. phil. gr. 3g (saec.

xiv).

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MÉNEXÈNE[ou Oraison funèbre, genre moral.]

SOGRATE MÉNEXÈNE

„«. __. _, Socrate. — D'où vient Ménexène? De

234 a Préambule. „ -

1 agora ?

Ménexène. — De l'agora, Socrate, et de la salle du

Conseil  .

Socrate. — Qu'as-tu à faire au juste avec la salle du

Conseil ? Évidemment tu te crois parvenu au terme de

l'éducation et de la haute culture; et, persuadé que tu en es

désormais capable, tu songes à te tourner vers les occupations

supérieures; tu entreprends, homme admirable, de nous

gouverner, nous tes aînés, malgré ton âge, pour que votre

b maison ne cesse de donner en toute occasion un gardien2 à

nos intérêts?

Ménexène. — Avec ta permission et ton conseil, Socrate,

exercer le pouvoir sera mon ambition; autrement, non.

Mais si je suis allé aujourd'hui à la salle du Conseil, c'était

sur la nouvelle que les Conseillers s'apprêtaient à choisir

l'orateur du discours funèbre; car ils vont, tu le sais, orga-niser des funérailles.

Socrate. — Parfaitement. Mais qui a-t-on choisi?

Ménexène. — Personne; on a remis l'affaire à demain. Je

crois pourtant que le choix se portera sur Archinos ou Dion.

i. L'agora (du Céramique), s'étendait au N.-O. de l'Acropole.

La salle du Conseil, et la Tholos où les prytanes prenaient leurs

repas, faisaient partie du Métrôon, sanctuaire élevé à la Mère des

dieux, au sud de l'Agora.

a. Le texte grec dit :

un épimélète. Au sens propre, les épimélètes

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MENESEN02[^ è7rtxa<ptoç- 7)61x05.]

ZHKPATHZ MENEZENOZ

ZO. 'E£ àyopSç f)tu68ev Mevééjevoç ;

234 a

M EN.3

E£ àyopâç, S ZoicpctTEÇ, <al àrcè toO |5ouXeu-

TTjpiou.ZQ. Tt uàXiaTa coi Tipèç (SouXeuT^ptov ; f\ Sf^Xa 8^|

8tl

ttcuSeijctecoç Kal<J>iXoao<t>lac; ettI téXel f)y£Î eÎvou, Kal êbç

Ikocvcûç JjSrj excov £7TL Tat12

'

1^ êmvoÉtç TpÉTiEaBca, Kal

ap)(Eiv t^qv, o Sau^àaiE, ETiL^ELpetç tôv 7rpEa6uTÉpov

ttjXlkoOtoç &v,1tva uf) £(cXi*nr| ûfcioûv fjoticia &eI tivcc

fjfciôvb

èm^EXrjTfjv TtapE^o^iÉvr);

MEN. 3

Eàv au y£, & ZoicpaTEç, e^ç <al au^6ouXE0r|q

Sp^ElV, TTpoSu^fjaO^aL" EL 8èLl/),

oft. NOv LlÉVTOlà(|)LK6LJirjV

•npôç t6 (ÎouXeut^plov ttu86lievoc; Stif\ ftouXf) lieXXel atpEÎ-

a8ai 8cmç EpEÎ etïItoÎc; àTro8avo0aiv xcupàç yàp oîa8' 8tl

UÉXXouai TTOLELV.

ZO. riàvu y£* àXXà Tiva eIlXovto;

MEN. OuSéva, àXXà àvEÔàXovTO eIç tt^v aupiov. Oîuoci

pÉvxoLs

Ap)(îvov f)Atcova alpEBrjcrEaSai.

234 a 2 IÇ TW : xat ig F(sed «cal punctis del. f) ||xal secl. H. Ri-

chards|| 4 coi F: au TW

|]5 7:ai8e'j<Jêeo; TWf : cuvéïtcoç, ut uidet.,

uol. F||b i ÉxXttg TF : -Xeferj W || 7 îioteîv TW : -rfaetv F || 9 àvs-

oâXXovxo T (sed alterum X puncto del.).

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234 c MÉNEXÈÏSE 84

c Socrate. — Ma foi! Ménexène, il paraît

VoraïsVn funèbre. ? avoir bien des avantages à m™rir à la

guerre. On obtient une belle et magni-

fique sépulture, mêmesi

l'on a fini ses jours dans la pau-vreté; et des éloges, même si l'on est sans valeur, vous sont

donnés en outre par de doctes personnages, qui louent non

pas à l'aventure, mais*dans des discours préparés de longuemain. Leurs louanges sont si belles qu'à citer sur chacun les

235 a qualités qui lui appartiennent et celles qui lui sont étrangères,avec la parure d'un magnifique langage, ils ensorcellent nos

âmes. Ils célèbrent la cité de toutes les manières;les morts de

la guerre, tous les ancêtres qui nous ont précédés, et nous-

même encore vivants, nous sommes glorifiés par eux   de telle

sorte que, pour ma part, Ménexène, je me sens, devant leurs

éloges, les dispositions les plus nobles; chaque fois, je reste là

b sous le charme 2 à les écouter, me figurant instantanément

être devenu plus grand, plus noble et plus beau. Et, suivant

mon habitude, je suis toujours accompagné d'étrangers, qui

écoutent le discours avec moi; à leurs yeux j'acquiers sur-le-

champ plus de dignité. Car ils me paraissent éprouver ces

mêmes impressions envers moi comme envers le reste de la

cité; ils la jugent plus admirable qu'auparavant, à la parole

persuasive de l'orateur. Et moi, je conserve cette dignité plus

c de trois jours3

: les paroles et le ton * de l'orateur pénètrentdans mon oreille avec une telle résonance 5

que c'est à peine

si le quatrième ou le cinquième jour je reviens à moi et

prends conscience de l'endroit où je suis; jusque-là, peu s'en

se distinguent des magistrats ordinaires (apyovcsç) en ce qu'ils

n'agissent que d'après les instructions données par le peuple (ambas-

sadeurs, pylagores, commissaires des travaux de fortification). Mais ici,

comme souvent chez Platon, le mot est pris dans un sens général.

1. Sur tout ce persiflage, qui ne peut laisser de doute sur le sens

du discours

quiva

suivre,voir la Notice,

p.53

sq.2. Kr,Aou;jLsvoç, au sens propre : charmé comme par un chant

merveilleux. Cf. Protag., 3i5 ab : Protagoras traîne à sa suite des

étrangers hors de toutes les villes qu'il traverse, « les charmant par

sa voix comme un autre Orphée ».

3. îïXeud, leçon des mss., est exceptionnel en pareil cas pour ttXsov.

4- 'O Xôyoç : les mots;ô çOdy-fo; : le son de la voix.

5. "EvauXoç se dit d'un langage qui frappe les oreilles comme les

sons de la flûte, et aussi d'une chose dont le souvenir est encore ré-

cent. Cf. Eschine, C. Ctésiphon, 62; Platon, Criton, 54 d; Lois, 678 b.

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84 MENESENOS 234 c

ZO. Kal ^fjv,S Mevé£eve, TtoXXa)(f] kivSuveùei kocXôv C

EÎvai t6 ev ttoXéjico omo8vf|aKEiv. Kai yàp Tacpfjç KaXf^ç te

Kal ^EyocXoTipETtoOc; xuyxavEi, Kal làv TtévTjç tiç Sv teXeu-

Tï*|ar|,Kal ETraivou au etu)(ev, Kal èàv cpaOXoçfl, utt

3

àvSpSv

aOC|)COVTE Kal OVK ElKf} ETtaiVotivTCÙV, àXXà ek TtoXXoO XP°~

vou Xoyouç TiapEaKEuaajiÉvcûv, oî o3tqç koXôç ETtaivoOaiv

cSqte Kal Ta Ttpoa6vTa Kal Ta ^f) TtEpl EKaaTou XÉyovTEÇ, 235 a

KàXXtaTa ttcùc; tolç ôvà^aamoïKiXXovTEc;, yorjTEÙouCTiv f\\i<ùv

T<kç ipu^aç, Kal Tf|v tt6Xlv EyKCù^ua£ovTEc; KaTà TcàvTaç

Tpànouç Kal toùç TETsXEUTrjKÔTaç èv tô tioXé^cû Kal toùç

•npoyovouc; f\\x&v anavTac; toùç E^npoaBEv Kal auToùç r|^aç

toùç etl £covTaç ETtaivoGvTEc;, oot' lycoyE, S Mevé£,eve,

yEvvalooç Ttàvu SiaTidEfciai ETTaivou^Evoç -utt' aÛTcov, Kal

ekocotote EarrjKa àKpooù^iEvoç Kal KrjXoù^EVoç, fjyoû^Evoç èv b

tû Ttapaxpfj^a ^ieI^cùv Kal y£wai6T£poç Kal KaXXtov yEyo-

vsvai. Kal otaSf)

Ta TtoXXà àsl{jiet' e^oO £évoi tiveç

ETtovTat Kal £uvaKpoôvTai npoç oOç lyo aE^véTEpoç ev t&

Ttapa)(pî](Jia ylyvo^ai* Kal yàp ekôîvoi TaÔTa TaOTa SoKoOal

£i<H TtàaxELV Kal Ttpôç e^lè Kal Ttpôç Tf)v aXXrjv Tt6Xtv, 8au-

^aaicoTÉpav auTf)v fjyEÎaSai. EÎvai ^ TcpéTEpov, ûtt6 toO

XéyovToç àvaTTEi86^i£voi. Kal yoi aSTrj f\ a£[j.v6Tr|ç Ttapa-

^level f}^Épaç ttXeicor\ TpEtç" oïStcûç IvauXoç ô Xoyoç TE Kal C

ô <f>86yyoç Ttapà toO XÉyovToç èvSÙETai eiç Ta Sxo, &aT£

fcioyic; T£TapTr| f) TtÉ^TtTr| rjfciÉpa àva^niv^aKo^aL è^auToO

Kal ala8àvo^ai oCyf]ç eI^il, tecoç Se ot^iat jiovov ouk ev

Tesiim. : 234 C i xaîej.r,v— 6 7îapeaxeyas;jiévwv Stob., Ed., IV,

g, i5 j| 235 b 8 xai [xoi — ci xoetç Priscian., Instit., XVIII, 270

(cap. XXVI).

C 2 xa<pr|; xaXrj; ts xai TF : xaX^ç xa<pfjçxe xal W xaçrjç xe xaX9)ç

xaï Slob.||235 a 3 xrjv tcôàiv TW : xôv xda

(

uov F|| l\ xpo7:ouç TW :

xoù; xpd-ou; F||xa! xoù; TW : om. F (suprascr. f) ||

(3 èxcaivouvxeç

secl. Gobet||

uktx' TF : à; W|| 7 xai TW : xai y' F

||b 1 êffXTjxa

TW yp. f : èÇsa- F || aîcopojusvoç Valckenaer pro àxpooSasvoç ||2

[xeiÇtov

TW : xaî asî^tov F ||6 (xoi

om. W||C 1 7:Xeîa>

7]codd. : 7ïXet'co Pris-

cianus jcXsîov Hirschig 7tXeïv Gobet.

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235 c MÉNEXÈNE 85

faut que je ne croie habiter les îles des Bienheureux  

;tant

nos orateurs sont habiles !

Ménexène. — Tu ne perds aucune occasion, Socrate, de

plaisanter les orateurs. Mais aujourd'hui, à mon avis, le

personnage désigné aura fort peu de matière;c'est tout sou-

dainement que le choix 2 a été décidé, si bien que l'orateur

sera probablement réduit à une espèce d'improvisation.

d. .

Socrate. — Comment cela, mon bon?aci 1 u

Chacun de ces gens-là a des discours

tout prêts,et d'ailleurs

l'improvisationelle-même, en pareille matière, n'a rien de difficile. S'il

s'agissait de louer des Athéniens devant des gens du Pélopon-

nèse, ou des Péloponnésiens devant des gens d'Athènes, il

faudrait un bon orateur pour persuader l'auditoire et obtenir

du renom. Mais quand on entre en lice devant ceux-là

mêmes dont on fait l'éloge, il n'est point malaisé de passer

pour

un bon orateur.

Ménexène. — Tu ne le crois pas, Socrate ?

Socrate. — Certes non, par Zeus !

e Ménexène. — Te croirais-tu capable de prendre toi-même

la parole, s'il le fallait et que tu fusses choisi par le Conseil?

Socrate. — Moi aussi, bien sûr, Ménexène, il ne serait

point surprenant que je fusse en état de parler. J'ai la chance

d'avoir pour maître une femme des plus distinguées dans

l'art oratoire. Entre beaucoup de bons orateurs qu'elle a

formés, il y en a même un qui est le premier de la Grèce,

Périclès, fils de Xanthippe.Ménexène. — Qui est-ce ? A coup sûr, c'est Aspasie que

tu veux dire ?

Socrate. — C'est elle, en effet; ajouteAspasie, Connos, fils de Métrobios : voilà mes

236a d'éloquence. deux maîtres, l'un de musique, l'autre

d'éloquence. Qu'un homme ainsi dressé

soit habile à la parole, rien d'étonnant. Mais n'importe qui,

même avec une éducation inférieure à la mienne, formé à

i. Sur les îles des Bienheureux, voir Gorgias, 523 b sq.

a. Le choix lui-même n'a pas encore été fait (cf. 234 b), mais la

décision de choisir a été prise. Le Conseil proposait un orateur à

l'Assemblée, qui l'élisait par un vote à mains levées.

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85 MENESENOS 235 c

paLK&pav v^golç oIkeîv oStcoç T)fcrtv °^

pf)'l0PEÇ Ss^tot

eIctiv .

M EN.3

AeI aÙTUpooTTal^etç, o Z&KpaxEÇ, toùç p^Topaç.

NOv u.évtoi ofyai lyà) t6v alpESÉvxa ou Tiavu Eunopr|aEiV

è£ ÛTîoyùou yàp Travrànaaiv ^ aïpEaiç yÉyovEv, ôcxte taoç

àvayKaa8r)a£xaL ô Aéycûv ooTTEp auToa^ESià^Eiv.

ZQ. I168EV, oyaSÉ ;EÎalv EKàcrToiç toutcùv X6yoi napE- d

OKEuaafciÉvoi, KalSl\xcl

ouSe auToaxESia^Eiv Ta y£ ToiaOxa

XaXETu6v. Etfcièv yàp Séoi 'ASrçvalouç ev flEXoTrow^aioiç

eu XéyEiv f\ riEXoTrow^atouç ev 'ASrjvaioiç, àya8o0 av

^fjTopoç SÉOL toG TTEiaOVTOÇ Kal EuSoKip/iaovTOÇ* STav 8É

xiç ev toutouç àycovl£r)Tai ouoTtEp Kai ETtatVEÎ, ou8èv U-Éya

SOKEÎV EU XÉyElV.

M EN. Ouk oïei, a> ZobKpaTEç ;

ZQ. Ou U.ÉVTOL\xol

Ata.

M EN. *H oïei oîoç t' âv £Îvaiau*uôç eItteÎv, eI Séol Kal e

eXoit<5 as.f\ liouXf) ;

ZO. Kal èpol jiév yE, oo Mevé^eve, oûSèv BaujiaaTÔv otcp

t' EÎvat eItteîv, Sxuy)(àvEi. SiSàaKaXoçoCaa ou Ttàvu cpaûXrj

TiEpl pr|Topuc^c;, àXX' î^TTEp Kal aXXouç ttoXXoùç Kal âyaSoùç

nE7iotr|KE j5f)Topaç, Iva 8è Kal Sia^Épovxa tqv 'EXXfjvov,

riEpiKXéa t6v Zav8lTTT[ou.

M EN. Tlç auTT] ; f) SfjXov Stl 'Aorraalav XÉyEiç ;

T.C1. AÉyo yàp, Kal K6vvov yE t6v Mn,Tpo6lou- oStol yàp

fcioiSuo Etalv SiSàcjKaXoi, ô u.èv jiouaucfjç, f]

8è £r|TopiKf]<;. 236 a

OStco (ièv ouv Tp£<f><5^Evov avSpa ouSèv 0auu.aaT&v Seiv&v

EÎvat XÉyEtv àXXà Kal 8cmç Iu.o0 kocklov £TraiS£u9r|, u.ouai-

Testim. : d 3 cf. Aristot., Rhel., III, i£, i4i5 b 3o;

cf. I, 9,i36 7 b 8 H 5 oxav U — 7 Xéyeiv Stob. Ed., III, i4, 26.

d 1 rcoôev — 2 aÙT0<r/^8ia£etv om. F in ima pag. add. f||5 Séot tou

TWf : Uoito FIImt2 oxav R F

||e 1 ol'et TWf : o?gt av F

|]3 |^v ye

6au(xaaxdv, w Mevs'Çsve, ojSev ôaut^aaTov F||4 <*ot

post

ei7reiv add. F

Il236 a i ô TW : ^ F (primit. ô uel 01) || îj

T : ô W oi F.

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236 a MÉNEXÈNE 86

la musique par Lampros, et à l'éloquence par Antiphon de

Rhamnonte 1

,serait pourtant capable, lui aussi, en louant

des Athéniens à Athènes, d'acquérir du renom.

Ménexène. — Et qu'aurais-tu à dire, s'il te fallait parler?Socrate. — De mon propre fonds, je ne tirerais probable-

b ment rien. Mais, pas plus tard qu'hier, j'écoutais Aspasiefaire toute une oraison funèbre sur le même sujet. Elle avait

appris, comme tu le dis toi-même, que les Athéniens allaient

choisir l'orateur. Là-dessus, elle développa sur-le-champdevant moi une partie de ce qu'il fallait dire; quant au reste,

elle y avait déjà réfléchi, au moment, je suppose, où elle

composait l'oraison funèbre prononcée par Périclès, et c'était

des rognures de ce discours qu'elle soudait ensemble.

Ménexène. — Te rappellerais-tu ce que disait Aspasie?Socrate. — Autrement, je serais bien coupable; j'ap-

c prenais de sa bouche, et j'aifailli recevoir des coups parce

que j'oubliais.

Ménexène. —Qu'attends-tu

doncpour l'exposer?Socrate. — Prends garde que mon maître ne se fâche

contre moi, si je divulgue son discours!

Ménexène. — Ne crains rien, Socrate, et parle. Tu meferas le plus grand plaisir, que ce soit d'Aspasie ou de tout

autre que tu veuilles rapporter les propos. Parle seulement.

Socrate. — Mais peut-être vas-tu rire de moi, si je te

parais, vieux comme je suis, m'adonner encore au badi-

nage.Ménexène. — Point du tout, Socrate. Parle, de toute

façon.

Socrate. — Eh bien, assurément il me faut te complaire ;

au point que si tu m'invitais à quitter mon manteau pourdanser 2

, je serais presque disposé à te faire ce plaisir, puis-

qu'aussi bien nous sommes seuls. Écoute donc. Commençant

son discours par les morts eux-mêmes, elle s'exprimait, si jene me trompe, de la manière suivante :

i. Sur Gonnos, voir la Notice, p. 78-79.—

Lampros, musicien

célèbre, fut le maître de Sophocle.—

Anliphon (48o environ-^n),maître de rhétorique et logographe, est représenté par Thucydide

(VIII, 68) comme le premier orateur de son temps.

2. La danse était une partie de la gymnastique. Socrate, suivant

Xénophon, Banquet, II, 19, s'y exerçait chez lui pour entretenir la

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86 MENEEENOS 236 a

<f)v pèv ÔTiè Aàtorpou TraiSEuBslq, pT]TopiKf|V 8è tin' 'Avti-

<f>ûvToqxoO 'Pa^vouaiou, olicùç Kav oStoç oÎ6ç t'zXt\ 'AStj-

valouç ye *v 'ASi^valoLç ènaivoûv eôSokllleîv.

M EN. Kal xl av e^oiç elttelv, eI Séol cte XéyEiv ;

ZO. Auxôç fcièv Ttap' E^iauToO ïacoç oôSév, 'Aanaalaç 8è

Kal x^Ç T]Kpo<*>Lir|v TTEpaivo\3ar)ç ETUTduJnov Xéyov TtEpl b

aÔTÔv toijtcov. "Hkouoe yàp anEp au XÉyEiç, bxt l^éXXolev

'ASrjvaîoL alpEÎaÔaL t6v EpoOvxa' ETiEtTa xà \xkv ek toC

Trapaxprjua lloi Sl/jel,oîa Séol XéyELV, xà 8è Ttp6TEpov

EGKELiLiÉvr), 8teLjIol

Sokel ouvet'lSel t6v èmTdupiov Xôyov 8v

nEpiicXfjç eÎttev, TiEpiXElLiLiaT' aTTa ê£ ekslvou auyKoXXoùaa.

M EN. *H Kal tivT]Liov£iJCJoaç &v fi IXeyev f\'Aonaota

;

ZO. ElLif)

àSLKÔ Ye* £Liàv8av6v yé tol Ttap' aÙTTjc;, Kal

ôXlyou TTXriyàç IXa6ov oTL£TTEXav8av($LLiiv. c

M EN. Tt oSv oô 8Lf]X8Eç ;

ZO. 'AXX' ortoç Ljif) LjLol xaXETiavEÎ f} SLSàaKaXoç, &v

E^EvéyKCù aÔTfjç tôv X6yov.

M EN. MrjSaLjicoc;,S ZooKpaTEÇ, àXX' eltté, Kal Ttàvu llol

^apLEL, eïte 'AaTcaalaç (SoûXel AéyELv eïte ôtouoOv àXXà

Lj^VOV ELTTE.

Zfï. 'AXX' laaq ljiou KaxayEXàaEi, av aoi Bà^a Tip£a6tiTr|<;

&V ETL Ttal^ELV.

M EN. OôSaLjicoç, S ZoKpaTEÇ, àXX' elttè TravTl ipÔTia.

ZO. 'AXXà llévtol aol yE Sel xaplc^£a8ai 7ujte k&v oXlyou,

elljie keXeûolç à-noSùvTa op)(T]aaa8aL, )(ap«-CJaCLjir|v av, ettelSt^ d

ys Lji6vco la^iÉv. 'AXX' cikoue. "EXsyE yàp, cbç èy&LmL, àp£a-

llevt] XsyELv àîi' auTcov tôv teSveoûtcùv oÔToal.

a 4 7cat8eu6ei* secl. Gobet||5 ouxw; primit. W pro ouxoç

||6 ye F :

te TWj|b 5 ôoxei T : èBoxetWF

||6 7î£ptX£ttx{xax

,

àxxaTf: izepikdp-

«xaxa xauxa WF(yp. xauxa in marg. T) || auyxoXXwaa TWf : xoawaa F||

7 fjLVT)aoveuaa[i; TF : -aaç W ||C i oxc codd. : oxe coni. Schleiermacher

||3 yaXeTcaveï Tf : -;:avr) W -bouvet F

||8 xaxayeXaaet T: -ar} W

-astç "FII

av TW: èàv F\\n àXXà TW : àXX' etF|| di ys coni. Stall-

baum pro coaxejjd i xsXeuoi; recc. : -sic TW -r,$ F || )(aptaatp.ev

av

secl. Schanz.

V. i. — 8

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236 d MÉNEXÈNE 87

« En ce qui concerne les actes !,ceux-ci

Le discours ont recu ies égards qui leur étaient dus,

ES

o ^e e*">

aPr^s les avoir obtenus, ils font le

voyage fatal, accompagnés à la tombepar le cortège public de la cité, et par le cortège privé de

leurs proches. En ce qui regarde la parole, l'hommage qu'il

reste à leur accorder, la loi nous prescrit de le rendre à ces

e hommes, et c'est un devoir 2. Les belles actions, en effet, grâce

à un beau discours, valent à leurs auteurs le souvenir et

l'hommage de l'auditoire. Il faut donc un discours capable de

fournir aux morts uneglorification suffisante,

et aux vivants

des recommandations bienveillantes, en exhortant descen-

dants et frères à imiter la vertu de ces hommes, et aux

pères, aux mères, aux ascendants plus lointains, s'il en reste

237 a encore, en donnant à ceux-là des consolations. Quel discours

découvrir qui ait ce caractère? Par où commencer dignement

l'éloge de braves, qui, vivants, faisaient par leur vertu la joie

des leurs, et qui ont acheté de leur mort le salut des vivants ?

Je crois nécessaire de suivre l'ordre de la nature, qui a fait

d'eux des gens de cœur, en réglant sur lui mon éloge. Gens

de cœur, ils le furent, parce qu'ils avaient pour pères des gensde cœur. Célébrons donc d'abord leur bonne naissance; en

second lieu, la nourriture et l'éducation qu'ils ont reçues.

b Faisons voir ensuite l'accomplissement de leurs exploits, en

montrant que son éclat fut digne de ces avantages.

« Cette bonne naissance a eu pour pre-L éloge : mier fondement l'origine de leurs an-

glonfication u . r ,,° , . ,

de VAttique cetres, qui, au heu d être des immigreset de faire de leurs descendants des

métèques dans le pays où ils seraient eux-mêmes venus du

souplesse de son corps : « Ne savez-vous pas, dit-il, que tout à

l'heure, au point du jour, Charmide que voici m'a surpris en train

de danser ? »

1. Comparer Thucydide, II, 35, 46, où epyw (les funérailles elles-

mêmes) est opposé comme ici à Xdyo> (l'oraison funèbre).

2. C'est-à-dire : une obligation morale, un devoir de piété, par

opposition au devoir légal (comparer 2 3g d : Btxatov /.a!/p*]'). Denys

d'Halicarnasse remarque avec raison que ce petit mot(y^piÇ),

mis à la

fin de la phrase, en brise le rythme, mais il ne voit pas que c'est une

maladresse voulue par Platon.

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87 MENESENOS 236 d

"Epycp uèv ^jJttvoXBe f^ouai-v Ta Ttpoar|KovTa a<f>laiv

aÔTOÎç, £v tuxovteç TtopEÛovTai ti^v £Ï.uapLiÉVT]V TtopEtav,

7ipoTie^cf)8ÉVTeç Koivf] fcièvûtt6 xfjç tt6Xecû<;, tSla Se ûtt8 tSv

oikeIcov X6y9 Se 8f)t6v Xeittouevov kôgliov 8 te vàLjioç

TtpoaTocTTEL àTtoSoOvai toîç àvSpàaiv Kal XPT- "Epywv Y^P e

e3 Trpa)(8ÉvTCùv X6ya> «xXSç prjBÉvTt uvr)Lir) Kal K6auoç toÎç

Tipà^aat YlyvETaL napà tqv àKouaàvTGùV Sel8f) toioùtou

tivoç X6you Bcjtiç toùç uèv teteXeutt] KÔTaç iKavâç ETtaivé-

OETai, toîç Se £»aiv euuevcûç TTapatvÉaETai, EKy6voiç lièv

Kal à5£Xc|50ÎÇ LULlEÎaBaiTl'jV

TCùvSe àpETl^V TTOCpaKEXEUOLlEVOÇ,

TtaTÉpaç 8è <al LjtrjTÉpaç Kalsï tiveç tcov SvcûSev £TtTïpoY<5-

vov XElTTOVTat, toûtouç Se TtapaLiuSoÙLiEvoc;. Tlç oQv av 237 a

fjuîv toioOtoç X6yoç cpavEiT] ; f\tt68ev av ôpBcoç àp£a£fci£8a

avSpaç àyaSoùç ETtaivoGvTEc;, ot £&vtéç te toùç éauTcov

Tjôc^paivov Si' àpETrjv, Kal Tf|V teXeut^v ocvtI Tfjç TGÙV

£&vtcùv ocoTT]pta<; rjXXà£avTo ;SokeÎ lioi xp^vaL KaTà

(pùaiv, ôùcrriEp àyaSol EyévovTo, out© Kal ETtaivEtv aÔTouç.

'AyaSol Se eyevovto Sià t6 <f>0vai l£ àyaS&v. Tf)v £uy£-

VEtaV oCv TtpCOTOV aUTCOV EyKCÛLlia£cOLJL£V, SEÙTEpOV 8è TpOCf>f|V

te Kal TraiSslav etù Se toûtoiç Tfjv tcùv Epyov npâcÇiv b

ettl8el£,cùli£V, oçKaXfjv Kal à£lav toùtovàTt£c|)t

t

jvavTo.

Tf|Ç S' EÔyEVElaÇ TTpÛTOV ÛTT^p£,E TOÎCjSefjTOV TTpOyévCÛV

YÉvectiç ouk ETtrjXuç oSaa, ouSè toùç EKyovouç toutouç

Testim. : 236 d 4 "Epyto f^v— 5 rcopeiav Dion. Halic, De admir.

ui in Dem., il\ ;De comparai, uerb., V, 116 (ia5) j| "Ep-fto uiv —

7 oîxeuov Longin., De sublim., 28||6 rcpoTWu.yôsvces

—7 oixeicov Dion.

Halic, De admir. ui in Dem., il\|] 7 Àdyw Se — e 1

/^prjDion.

Halic, De admir. ui in Dem., a4 || e 1 "Epycov — 3 àxouaàvx'ov Dion.

Halic, De admir. ui in Dem., 26;De comp. uerb., V, 49 (53) ||

3 ô*et

— 5 TMcpaivéasTcci Dion. Halic, De admir. ui in Dem., 26||237 b 1 èrcl

8à — 2 <x7:£çpr]vavTO Dion. Halic, De admir. ui in Dem., 27 ||3 T^ç 8*

— C 2 u7îo5eÇau.£vr)ç Dion. Halic, De admir. ui in Dem., 27.

d 4 spya F (a> suprascr. f) |j6 8è sxacy-coç Longinus || 7 otxetcov

codd. : 7cpo<jT)xdvTO)V Longinus ||237 a 2

y]TWf : om. F

|| 4 e&ppaivov

codd.i|

5 Soxei ouv[aoi

F|| 7 8è TW : 8é ye F ||

8ê7/cw{xtai:o(xev F ||

XYjv ante -cpocprfvadd. H. Richards

||b 4 àxydvou; TWf : èy- F.

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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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237 b MÉNEXÈNE 88

dehors, étaient des autochtones 1

,habitant et vivant vrai-

ment dans leur patrie, nourris, non comme les autres, parc une marâtre, mais par la terre maternelle qu'ils habitaient,

et qui ont permis à leurs fils de reposer morts, aujourd'hui,dans les lieux familiers de celle qui les mit au monde, les

nourrit et leur offrit son sein. Rien n'est donc plus juste quede rendre un premier hommage à leur mère elle-même : il

se trouve en même temps que c'est aussi un hommage rendu

à leur bonne naissance.

« Notre pays mérite les louanges de tous les hommes et

non pas seulement les nôtres, pour bien des raisons diverses,dont la première et la plus grande est qu'il a la chance d'être

aimé des dieux. Notre affirmation est attestée par la querelleet le jugement des divinités qui se disputèrent pour lui 2

. Ce

d pays qui a obtenu l'éloge des dieux, comment n'aurait-il pas

justement celui de l'humanité tout entière? Un second éloge

lui serait encore dû : au temps lointain où toute la terre

produisaitet faisait croître des êtres de toute sorte, bêtes et

plantes, la nôtre s'est montrée vierge et pure de bêtes sau-

vages; et parmi les êtres vivants elle a choisi pour elle et

mis au monde l'homme, qui par l'intelligence s'élève au-

dessus des autres, et reconnaît seul une justice et des dieux.

Une preuve bien forte vient appuyer la thèse que cette terre

e a enfanté les ancêtres de ces morts, qui furent aussi les

nôtres. Tout être qui enfante porte en soi la nourriture

appropriée à son enfant, et c'est par où la véritable mère se

distingue clairement de celle qui ne l'est pas : celle-ci en

prend frauduleusement le nom, si elle n'a pas en elle la

source qui doit nourrir l'enfant. Or, celle qui est à la fois

i. La prétention à l'autochtonie, lieu commun de l'éloquence

attique, s'accorde pourtant mal avec les traditions athéniennes elles-

mêmes. Lesgrandes

familles d'Athènes se reconnaissaient une

origine étrangère : les Alcméonides descendaient de Pyliens quiétaient venus de Messénie en Attique. Les Athéniens se glorifiaient

d'avoir de tout temps donné asile aux opprimés et aux proscrits

(Xénophon, Helléniques, VI, 5, £5). Les premiers habitants du paysétaient les « Pélasges », qui parlaient une langue non hellénique.

Plus tard, le pays fut envahi par une population achéenne qui imposasa langue aux indigènes.

2. Voir la Notice,p. 67.

Les dieux avaient donnégain

de cause à

Athéna, sur le témoignage de Cécrops.

Page 115: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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SS MENESENOS 237 b

àTio<f>r|va^Évr| jiETotKoOvTaç evxf] X^P? c&À°8ev o<pS>v

f\KÔvzcùv, àXX' aux6)(8ovaç Kal t$ Svti ev TiaTpiSi oÎKoOvTaç

Kal£covTaç, Kal TpEcjjouÉvouç oùx utt8 ^rjTpuiaçâç otaXXoi,

àXX' ûti6 ^ir|Tp6ç Tfjç x<kpaÇ ^vfj ôkouv, Kal vOv KEÎaSai c

TeXEUTrjaavxaç ev olkeloiç tôtioiçt^c; TEKOiiaTjç Kal 8pE^à-

or\q Kal ÔTroSE^auÉvriç. AïKaidTaTov8f) Koa^aai TtpoTov

t^jv ^irjTÉpa aÔTrjv outq yàp o-uu.6ai.vEi &u.a Kalfj

tqvSe

EuyÉvEia Koau.ouu.Evrj.

"EaxL Se à£,ta f\ x^P 01 Ka^ UTT0 TràvTcov àv8p<imcov ê-nai-

VEÎaSai, ou jiovov ûcj)' t)uoùv, TtoXXaxfl uev KalaXXrj, npoTov

Se Kal uÉyiarov oti TuyxàvEi ouaa 8Eo<J)LXf)ç. MapTupEÎ 8è

f)ucov tô X6yep t)tcùv àu(jna6r|Tr)aàvTCi>v TtEpl aÙTfjç 8eûv

Ipiç te Kal Kplatç- f\v Sf)8eoI £Tt/|V£aav, ttoùç oux ûtt' d

àv8pamcùv y£ £uuTiàvT<3v SiKala ETiaivEÎaSai; SsÙTEpoç Se

ETtaivoç SiKalcùç âv auT^ç EÏr| 8ti ev ekeivcû t£> XP^v<? ev

cof)Tiaaa

yf|«xveSiSou Kal

e<J>ue £&a TtavToSaTià, Srjpla te

Kal ftoTà, ev toùtcofj f^uETÉpa Srjplov uèv àyplcov ocyovoç

Kal Ka8apà ècfxxvr), ê£,EXÉ£aTo 8è tôv £ocûv Kal lyÉWT]aEV

av8pamov, 8 auvÉaEi te ÛTtEpÉxEL tSv aXXov Kal SIkt^v Kal

8eoùç uovov voui£ei. Maya Se TEKufjptov touto tô X6y9oti tjSe etekev

f\ yfj toùç tcovSé te Kal fjuETEpouç Ttpoy6- e

vouç. flav yàp to tekôvTpo(J>fjv exel ETUTrjSEiav o av

tékt], S Kal yuvrj ôl^Xrj TEKoOaà te àXr|8c3c; Kaluf),

àXX'

ÛTio6aXXouÉvr), ààvufj Ixrj Ttr)yàç ipo(p?\q t&

yevvgùuévcj).aO

8f]Kal

fj fjuETÉpa yf]te Kal uf^Trjp Uav&v TEKurjpiov

TtapÉxETat oc àvSpcùTTOuç YEVvrjaa^Évrj* u6vrj yàp ev tS

Teslim. : c 8 Maprjpeî 8s — d 2 è^aivetaOac Dion. Halic, De admir.ui in Dem., 28

||d 6 èÇeXe'^aTo 8è — 8 vopXei Dion. Halic, De

admir. ui in Dem., 28||d 8 \iiya oè — e 1 ^poydvou; Priscian., Instit.,

XVIII, 289 (XXIX) H 6jjlovt) yàp

— 238 a 1 xapTcdv Dion. Halic,De admir. ui in Dem., 28.

b 7 xaî Tf : om. WF||

oi F Dionysius : om. TW (fortasse aXXot)

|JC 9 aÙTÎi; F Dionysius : -rr)v TW ||

d i 8è Dionysius pro ôr) ||

4 naaa TW : fixa- F||

loue F :I<pu TW || 7 TW : oç F

||e 1 oxt

F: tî TW II 4 0::o6aXou.£vr) Ast|| yevoixévtp Stephanus pro yevvcouivoj.

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237 e MÉNEXÈNE 89

notre terre et notre mère fournit là une preuve décisive

qu'elle a donné le jour à des hommes : seule en ce temps-là,et la première, elle a porté une nourriture faite pour l'homme,

238 a le fruit du blé et de l'orge1

, qui procure au genre humain le

plus beau et le meilleur des aliments, montrant ainsi qu'elleavait vraiment elle-même donné le jour à cet être. Or c'est

pour la terre plus encore que pour la femme qu'il convient

d'accepter pareilles preuves; car ce n'est pas la terre qui a

imité la femme dans la conception et l'enfantement, mais

la femme qui a imité la terre. Et ce fruit-là, loin de se le

réserverjalousement,

elle l'a distribué aux autres. Plustard,

c'est l'huile, renfort contre les fatigues, qu'elle a fait naître

b et produit pour ses fils; et, après les avoir nourris et élevés

jusqu'à la jeunesse, pour leur donner des chefs et des édu-

cateurs, elle a introduit les dieux chez elle. Leurs nomsdoivent être passés sous silence 2 en un pareil moment [car

nous les connaissons] ;ce sont eux qui ont organisé notre

vie en vue de l'existence quotidienne, nous formant aux

arts avant les autres hommes, et, pour la défense du terri-

toire, nous enseignant l'acquisition et l'usage des armes.

« Avec cette naissance et cette éduca-

dtmocratique.lion

'les ancêtres de ces mor

.

ts viva|

ent

sous le régime politique qu'ils avaient

organisé pour leur usage, et qu'il convient de rappeler briè-

c vement. C'est en effet le régime politique qui forme les

hommes : de braves gens, s'il est bon, des méchants, s'il est

le contraire. Que nos devanciers ont été nourris sous un

bon gouvernement, il importe de le montrer : c'est à lui

qu'ils ont dû leur vertu, comme les hommes d'aujourd'huidont font partie les morts ici présents. Car c'était alors le

même régime que de nos jours, le gouvernement de l'élite,

qui nous régit aujourd'hui, et qui toujours, depuis cette

époque lointaine, s'est maintenu la plupart du temps. Celui-

ci ci l'appelle démocratie, celui-là de tel autre nom qu'il lui

1. Sur la richesse du pays en céréales, les jugements des auteurs

anciens sont contradictoires. Le blé était surtout cultivé dans la

plaine d'Eleusis; ailleurs dominait la culture de l'orge. Dans l'en-

semble, la production était inférieure aux besoins de la population.

2. LesOlympiens

ne doiventpas

être nommés dans une cérémo-

nie funèbre (ê^ tû Tonp8s)/'Iap.ev yàp est une glose qui fausse le sens.

Page 117: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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89 MENEEENOS 237 e

t6te Kal TTpcÔTr| Tpocpn.v àv8poTiEtav fjveyicsv t6v tûv m>pSv

Kal KpiSôv KapT[6v, cpKaXXiaxa Kai apicnra Tpé^exai to 238a

àvGpoTTEiov yévoç, qç tco Bvti toOto t6 £ôov auTf) yEWTj-

aa^Évr|. MaXXov Se ônèp yfjçfi, yuvauc&c; TTpoan,KEi Sé^caSai

xotaOTa TEK^rjpLa* où yàp yfj yuvaÎKa mptyLiyrcu Kut^act Kal

y£vvn aEi, àXXà yuvn, yfjv. Toutou Se toO KapnoO oôk

ê<|)86vr|CTEv,àXX' evehiev Kal toÎç aXXoiç. Meta 8è toOto

èXatou yÉvEaiv, tt<5vcùv àpcoyi^v, àvfjKEV toîç EKyovoiç'

SpEipa^Évrç Se ical aô^fjaaaa TCpoç fj6rjv ap^ovTac; Kal b

SiSaaKaXouç auTov 8eoùç £T^r|YàYETo• 5>v Ta ^ièv ôvo^iaxa

TTpÉTtEL EV TCD TOIÛSe Ifiv[ ÏQfclEV yap ]

0*t t6v (iloV

f\\xS>vKaTEaKEÙaaav Trp6ç te Tf)v Ka8

s

f\\xkp<xv SlaiTav,

TE^vaç TipcoTouç TiaiSEuaà^EVoi, Kal Ttpèç xfjv îjTTÈp xf\ç

X&paLc; <|>vjXaKf)v otiXcùv KTfjalv te Kal ^pî]aiv SiSa^a^EVoi.

rEvvrjSÉVTEc; Se KalTtai8Eu8ÉVT£ç oOToçotTCùvSETtpéyovot

Ôkouv TtoXiTElav KaTaaKEuaaà^Evoi, îjq ôpSôc; e^ei 8ià |5pa-

)^écùv ETtL^vrja8î^vau. rioXiTEia yàp Tpocpfj àvSpcimcov larlv, C

KaXf) \xkv àyaGcov, f\Se IvavTia KaKÛv.

e

Clç o5v ev KaXfj

ttoXiteIol ETpdcf)r|aav ol Ttpéa8EV ^(jlcov, àvayKaîov SrjXcoaat,

Si' fjv 8f]KaKEÎvot àyaSol Kal ot vOv Eiaiv, Sv otSs Tuy^à-

vouaiv Bvteç ot TET£X£UTrjK6T£ç. 'H yàp avii] TtoXiTEia Kal

t<5te t\v Kal vOv, àpiaTOKpaxla, ev f\ vOv te TToXiTEu6^E8a

Kal t8v aEl y^pàvov èE, ekelvou cùç Ta TioXXà. KoXeÎ 8è ô

yèv auTf]v Srj^oKpaTiav, Ô Se aXXo, cpav Xa^PÎl»

zoti Seif\

d

Testim. : 238 a i tu xaXXictTa — 2 yevoç Dion. Halic, De admir.

m in Dem., a9 ||5 toutou 8è — 6 aXXo-ç Dion. Halic, De admir. ui

in Dem., 29 || 6 Métoc ôé — 7 èx^ovoiç Dion. Halic, De admir. ui in

Dem., 29 ;cf. Clem. Alex., Paedag., II, 210 (Potter) ||

C 1 IIoXiTeta

— 2 xaxwv Stob., Flor., /»3, 86;

Dion. Halic, De admir. ui in

Dem., 26.

e 7 tots TW : to'tê xoctpw Fjl238 a 2 aùrr^ F : auTT) TW || 4 tex-

firjptaTF : Te TexfXTjpta

Wi|6 touto TW : tocutoc F

||b 3

l'ap.6v yapsecl. Wilamowitz

j|C 1 àvaTpocpr) Stob. pro Tpoor) ||

2 xaXy]... xaxwv

codd. : xaXrj (jlèv àyaôwy, exrj xaXrj 8è xaxûv Stob. xalr\ (xèv àyaÔ7j

àya6wv, [xt] xaXrj ôè xaxôiv Dionysius || d 1 Stallbaum pro w.

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238 d MÉNEXÈNE 90

plaît ;mais c'est en réalité le gouvernement de l'élite avec

l'approbation de la foule. Des rois, nous en avons toujours1

:

tantôt ils ont tenu ce titre de leur naissance, et tantôt de

l'élection ; mais le pouvoir dans la cité appartient pour la

plus grande part à la foule; charges et autorité sont données

par elle à ceux qui chaque fois ont paru être les meilleurs.

Ni l'infirmité, ni la pauvreté, ni l'obscurité de la naissance

ne sont pour personne une cause d'exclusion, non plus queles avantages contraires un titre d'honneur, comme c'est le

cas dans d'autre villes. Il n'est qu'une règle : l'homme

réputé capableou honnête a l'autorité et les

charges ;

et la

e cause de ce régime politique est chez nous l'égalité de nais-

sance. Les autres cités sont constituées par des populationsde toute provenance, et formées d'éléments inégaux, d'où

résulte chez elles l'inégalité des gouvernements, tyrannies et

oligarchies ;les gens y vivent, un petit nombre en regardant

le reste comme des esclaves, la plupart en tenant les autres

239a pour des maîtres. Nous et les nôtres, tous frères nés d'une

même mère, nous ne nous croyons pas les esclaves ni les

maîtres les uns des autres, mais l'égalité d'origine, établie

par la nature, nous oblige à rechercher l'égalité politique

établie par la loi, et à ne céder le pas les uns aux autres qu'aunom d'un seul droit, la réputation de vertu et de sagesse.

« Voilà pourquoi les pères de ces morts,Exploits d'Athènes.

^sont aussi |es

nôtres,et ces morts

La puissance ' , ..,

noxco eux-mêmes, nourris dans une entièreJJcl Se.

liberté et doués d'une bonne naissance,

ont fait briller aux yeux de tous les hommes, en particulier

comme en public, tant de nobles actions, se croyant tenus

b de combattre, dans l'intérêt de la liberté, contre les Grecs

pour la défense des Grecs et contre les Barbares pour la

défense delà Grèce entière. Eumolpe, les Amazones, d'autres

encore avant eux, avaient envahi le territoire : comment ils

se défendirent, et comment ils défendirent les Argiens contre

Thèbes et les Héraclides contre Argos, le temps me manque

pour le raconter dignement, et d'ailleurs les poètes ont déjà

chanté magnifiquement en vers et signalé leur valeur à tout

1. Le titre de roi était porté par un des archontes, dont les fonc-

tions étaient surtout religieuses. Mais(SacriXi);

se rapporte peut-être

ici à l'ensemble des archontes.

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90 MENEEENOS 238 d

àX^BEta ^et' EÛSo^laç nXi^ouq; àpiaTOKpaTia. BacriXf^c; \xkv

yàp àclfj^ûv staiv oStol Se toté \xkv ek yÉvouc;, totè Se

atpETot- lyKpaTÈc; 5è Tfjç tt6Xecoç Ta TioXXà t6 TtXf]8oç, xàç

Se àp^àç 8t8coai «xl KpàToçToîç <xeI 86^aatv àplaToiç eÎvoci,

ical ovïte àaSEVEta oÔtettevIoc oAt* àyvcùata naTÉpcov àTTEXfj-

XaTai ouSeIç ouSe toîç èvavTloiç TETt(ir|Tai, ûSorcEp ev aXXaiç

ttôXeolv, àXXà eÎç 8poç, ô 86£,aç ao<f>6c; f) àya96ç EÎvat icpa-

tel ical ap)(£i. Alxla Se ^îv Tfjç ttoXiteIoic; TaÛTrjÇ f\ !£, O

taou yÉVEatç. At \ikv yàp aXXai tu6Xei<; ek TtavToSaTTûàv

KaTEaKEuaa^.£vauàv8p(A)7TCov Etal Kal àvco^àXcov, waie aÙTÛv

àv&^iaXoi Kal al TtoXiTEÎai, TupavviSEÇ te «xl ôXiyapxiar

oIkoOctiv ouv evloi ^èv SouXouç, ol 8è 8eoti6t<xc; àXXrjXouç

votu£ovT£Ç" ^elç 8è Kal ol f^ÉTEpoi, piSç ^r|Tpè<; TtàvTEç 239a

àSEXcpol (Jjûvteç, oôk à^ioO^EV SoOXol oôSè SEonÔTai aXXl*]-

Xov EÎvai, àXX'f\ laoyovla TJH&ç A KaTa $àaiv taovofciiav

àvay«x££i ^tjteîv Kaxàv<Sjjlov,

Kal ^.tjSevI aXXcp ûtteIkelv

aXXi^Xoiç f) àpExfjç 8ô£r| Kal c^pov^aEûaç.

"C^ev8f]

Iv Ttàarj IXsuSEpla TESpay^Évoi ol tcdvSé te

TtaTÉpEÇ Kal fj^ÉTEpoi Kal auTol outoi, Kal koXôç (J)uvtec;,

TioXXà8f)

Kal KaXà Ipya <xTT£<{>f|vavTo elç Ttdvxaç àvSpamouç

Kal tSia Kal Srj^ioala, ol6^evol Selv frnèp Tfjç èXEuSEpiaç Kal b

°EXXr)cav ÛTtèp 'EXX/jvcov ^tà^EaSai Kal (iap6apoiç ÔTtèp

àTtàvTCùv t&ve

EXXf)vov. Eù^6Xttou \xèv o8v Kal 'A^a^6va>v

ETTiaTpaTEUaàvTCÛV ETTL TT]V xobpav KalTÔV etl npoTÉpov cbç

^ûvavxo, Kal ôbç fjjjiuvav 'ApyEioiç Ttpèç KaS^iEiouç Kal

'HpaKXEiSaiç Ttpèç 'Apyslouç, o te ^povoç (5pa)(ùç àÇloç

8Lrjy/)aaa8aL, Ttour)Tai te aÔTÔvfj8r) KaXcoç Tfjv àpET^v ev

jiouCTiKfj û^vfjaavTEÇ sic TtavTaç ^E^lrjvtiKaaiv èàv 08v

d 5 xpa-coç TW : tô xpàxo; F ||e 1 r^ly TW :

r,p.ïvectt F

||2 y^ve-

atç TF : YÉvvr,-W ||5 iXX^Xouç etiam T sed àXXrj in ras.

||239 a 2 où 8c

TW : ojÔ' au F y 3 taoYovia tf : îaoYwvîa TF iaoy W (extrema pars

pagin. abscissa) |ja 6 rwvSe xe F : twvSs TW

|| 7 o\ ante 7){x£xepot F

Ilb 5 apnpUatt WF :

-yetoiT

||6 Ppa^ùç TW : Ppa^ùç c5<jts F

|| 7 r^yj

xaXûç TWf :r\ oixaitoç F tjBttj txavâîç Venet. 189.

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239 c MÉNEXÈNE 91

c le monde;si donc nous entreprenions à notre tour de glorifier

en simple prose les mêmes sujets, peut-être paraîtrions-nous

n'occuper que le second rang. C'est pourquoi je me propose

de laisser de côté ces exploits, puisqu'aussi bien ils ont déjàleur récompense ;

mais ceux dont un poète n'a pas encore

tiré un renom digne d'un si digne sujet, et qui offrent une

matière encore vierge1

,voilà ceux que je crois devoir rappe-

ler, en en faisant l'éloge et en leur servant d'entremetteur

auprès d'autres, pour qu'ils les mettent dans des chants et les

autres genres de poèmes avec l'éclat convenable aux hommes

quiles ont

accomplis. Des exploits dont je parlevoici les

àpremiers. Les Perses, maîtres de l'Asie et en train d'asservir

l'Europe, furent arrêtés par les fils de cette terre, par nos

pères, qu'il est juste et nécessaire de mentionner d'abord

pour louer leur valeur. Il faut la voir, si l'on veut en faire

dignement l'éloge, en se transportant par la parole au tempsoù l'Asie entière était pour la troisième fois asservie à un

roi. Le premier, Cyrus, après avoir affranchi les Perses, avait

dans sa superbe asservi à la fois ses propres concitoyens et

G leurs maîtres, les Mèdes, et mis sous son autorité le reste de

l'Asie jusqu'à l'Egypte2

;son fils avait mis sous la sienne

l'Egypte et la Libye aussi loin qu'il pouvait les envahir 3;le

troisième, Darius, étendit sur terre jusqu'aux Scythes les

bornes de son empire4

;ses vaisseaux le rendaient maître de

240 a la mer et des îles, si bien que nul n'osait lui tenir tête. Et

les volontés de tout le genre humain se trouvaient réduites

en servitude, tant l'empire perse avait courbé sous l'escla-

vage de peuples grands et belliqueux !

Or Darius nous accusa, nous et les Ëré-

triens, de machinations contre Sardes.

Sous ce prétexte, il envoya cinq cent mille hommes sur des

transports et des navires de guerre, et trois cents vaisseaux

1. Elvat Èv jxvrja-£ta se dit d'une femme qu'on recherche en ma-

riage, donc qui est libre, et, par analogie, d'un sujet qui n'a pas

encore été traité. L'image est prolongée par 7:pO(Jt.va$fiEVOv.

2. Voir Hérodote, I, 127, 9 : Cyrus délivre les Perses et asservit

es Mèdes ; I, 75-83, 162-200 : conquêtes de Cyrus en Asie.

3. Hérodote, III, i-i3 : conquête de la Libye par Gambyse.

4. Hérodote, III, i44; i5i-i5g; IV.

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9i MENEEEN02 239 c

fjfclEÎÇ £TU)(EipCO^EV Ta aÔTa X6yo \\)l\5> KOCTfclEÎV, T<St)('av c

SEÙTEpot <j>aivol(j£8a. TcxOtccfcièv

ouv Sià TaOTa SokeÎ^iot

tav, ETiEiSf] Kal e.\zi t^v à£lav Sv Se oÔte TtoiT]Tr)ÇTto

86£av à£lav en' à£ioiç XaB&v e^ei eti té eqtiv evfcivr|-

axEta, toùtov Trépi fcioiSokeÎ )(pfjvai èmiivria8f|vai ETtai-

voOvtoc te Kal Ttpo^vcb^EVov aXXoiç èç ^>8aç te Kal Tf)v

&XXr)v TrolTjau; aÔTa BEÎvai *rrp£TT6vTCoç tcûv npa^àvTcov.

"Ecjtlv Se toùtoùv qv Xéycù TtpcoTa- riÉpaaç fjyouyÉvouç Tfjç d

'Aoiaç Kal SouXou^évouç if\v Eup<£mT}v Ia)(ov ol TfjaSE Tfjç

X&paç EKyovot, yovfjç Se fjyiÉTEpoi, Sv Kal SUaiov Kalyj>ï\

•npÔTov ^E^vr^iÉvouç ETtaivÉaai aÔTÔv ii\v àpsTl^v. AelBf\

aÔT^v ISelv, eI ^iéXXei tiç KaXoç ETraiVELV, ev ekeIvo t$

XP<5v(p yEvô^Evov X<5ycp,Ste naaa

fcièv f\'Aata ISoùXeue

TptTO f\Br\ fraaiXEÎ, uv ôfcièv TtpoToç KOpoç èXEuBEpwaaç

népaaç toùç aÛToO TtoXiTaç t$ a^ToO <{>pov^maTi a^ia Kal

to£ç 8Ean6Taç Mn.Souç èSouXcbaaTo Kal Tfjç aXXrjçs

Aataç e

^É)(pl. Aîy^TTTOU T^p^EV, ô 8è û8ç AtyÙTlTOU te Kal AiBtirjç

8cTOV otév T*fjv ETILÔaLVELV, TpLTOÇ 8È AapEÎOÇ TtE^fj fclèv

H£XP L ZkuBcov t^jv apxfjv ôptaaTo, vaual 8è tÎ]ç te BaXaT-

Trjç EKpaTEL Kal tgùv v^acov, ôSaTE nrjSè à^toOv àvT'maXov 240a

auTcp ^ir|8Éva EÎvai- al Se yvcofiaL SESouXco^Évai àTràvTov

àvBpQTtcov f^aav oÎStcû TtoXXà Kal jaEyàXa Kal ^ià)(L^a yÉvrj

KaTaSESouXco^iÉvrj r\v îfj \lepoG>\f àpx1!-

AlTLaaàjiEvoç Se AapEÎoç r)fciaçte Kal 'EpETpuxç, Zàp-

Seqiv ETnBouXEOaai Ttpocf)aaL^6^EVoç, Tté^ijjaç jiupiàSaç fcièv

TtEVTl£

)KovTa ev te TtXoloiç Kal vaualv, vaOç 8è TpiaKoalaç,

Testim.:

239 C 3 oiv 8è — 4 £"X.£t Dion. Halic, De admir. ui in

Dem., 26.

C 2(xot

âav WF : iavjjloc

T (sed lineolis transpos.) ||3 div 8s ...

l\ àÇtav om. F (add. f in marg.) j|^ {xvTjaxeta TW : àtxvTjaxta F ||

d l\ xpû-zov TW : xat 7rpwTov Fj|6 Xdyco TW : èv Xdyw F

||e 2 utôç

codd.d e 3 otov om. F (suprascr. F uel f ) |j rjv om. F (suprascr. f)

IlèntSaiveLV TF : -6rjvat W || 4 aiptaxo primit. F ||

240 a 3 twv àvOpoS-ttwv F H 5 ts TW : U F

II ip&xpiiaç codd. hic et 8||

6 wpoçaaiÇd-

[xsvoç secl. Gobet.

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240 a MÉNEXÈNE 92

sous le commandement de Datis 1,avec l'ordre de ramener

b les Érétriens et les Athéniens, s'il voulait garder sa propre tête.

Datis, ayant fait voile vers Érétrie contre des hommes qui

étaient alors en Grèce parmi les plus réputés dans l'art de la

guerre, et se trouvaient en nombre, les soumit en trois jours,

et fouilla tout leur pays, pour n'en laisser échapper aucun,

de la manière suivante : arrivés aux frontières d'Érétrie, ses

soldats firent la chaîne d'une mer à l'autre en se tenant parla main, et traversèrent ainsi tout le territoire pour pouvoir

c dire au Grand Roi que nul ne leur avait échappé2

. C'est dans

ce mêmedessein

que d'Érétrieil

débarquèrentàMarathon,

croyant bien facile de ramener aussi les Athéniens, après les

avoir ployés sous le même joug que les gens d'Erétrie. De ces

entreprises l'une était déjà exécutée et l'autre en voie de

s'accomplir sans qu'aucun des Grecs 3 fût venu au secours

d'Érétrie ni d'Athènes 4,à l'exception des Lacédémoniens

(encore ceux-ci arrivèrent-ils le lendemain de la bataille3

) ;

tous les autres, frappés de crainte, se tenaient cois, heureux

d de leur sécurité présente. Qu'on se transporte à ce moment-là : on pourra connaître ce qu'étaient les vaillants qui reçu-

rent à Marathon le choc des forces barbares, châtièrent leur

insolence et dressèrent, les premiers, un trophée sur les Bar-

bares : ils ouvrirent la voie aux autres, en leur enseignant quela puissance perse n'était pas invincible et qu'il n'est nombre

ni richesse qui ne le cède à la valeur. Pour moi, je le déclare,

c ces hommes-là furent les pères, non seulement de nos per-

sonnes, mais de notre liberté et de celle de tous les habitants

qui peuplent ce continent. Car c'est les yeux fixés sur cette

i. Dans l'été de A91, une flotte quitta Samos avec un corps de

débarquement ;elle était sous les ordres d'Artapherne, neveu de

Darius, et de l'amiral mède Datis. Les Perses se dirigèrent vers

Naxos et pillèrent la ville, que ses habitants avaient abandonnée;

toutes les Cyclades furent soumises. En Eubée l'ennemi, avant d'at-

taquer Erétrie, fit le siège de Garystos.

2. Voir la Notice, p. 65.

3. Hérodote, VI, 100. Sur la prière des Érétriens, Athènes leur

envoya quatre mille hommes. Mais ceux-ci, devant l'incertitude et le

danger de la situation, se retirèrent à Oropos.

4. Inexact. Un renfort de mille Platéens soutenait les Athéniens à

Marathon. Voir la Notice, p. 64.

5. La fête des Carneia les avait empêchés de partir à temps

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92 MENESENOS 240 a

A&xiv 8è &pxovtoc, eÎtiev fJKEiv ayovTa 'EpETpifiç Kal

'AB^valouç, et ftoùXoito Tfjv EauToOK£<|>aXf)v I)(£iv ô Se b

TrXEuaaç ecç 'EpÉTpiav in' avSpaç ot a&v t6tee

EXXf)va>v

Iv toÎç eàSoKL^cûTaTOL îjaav Ta TTpôç t6v ttôXe^ov Kal oôk

ôXlyoi, toùtouç E)(£ipcùaaTo ^ev ev Tptalv ^Épaiç, 8ir|pEU-

vfjaaTO 8è aôxcov Ttfiaav Tfjv )(Cùpav, ïva ^tjSeIc; àTrocpuyoi,

toioutcû TpéTtco* ênl Ta 8pia eX86vteç Tfjç 'EpETpuc^ç ot

crrpaTicoTai auxoO, ek 8aXaTTT}<; eiç SàXaxTav SiaaxàvTEç,

auvàipavTEç xàç ^Etpaç 8if)X8ov omaaav xfjv )(6pav, tv'

E^OLEV TCÛ (iaatXEÎ ElTtEÎV bxi OuSeIç CTC{>Sç àTTOTTE(|)EUYûl)ÇC

eUt]. Tfj 8'au-rfl

Siavola KaTTjyàyovTo eE, 'EpETplaç eIç

MapaSôva, coç etol^ôv ocpioiv 8v Kal 'ASrjvatouç IvTft

auxfj xatJTT] àvàyKr| £Eu£avxaç 'EpETpiEOaiv ayEiv. Toùtcov

8È T6ÙV U.EV Ttpa)(6£VTCÛV, TCOV S' £TTL)(EipOUJiÉVCÛV OuV

'EpETpiEOatv IBol^GrjaEv 'EXXrjvcov ouSeIç o^te 'ASrjvaloLc;

TtXf)v AaKESai^iovlcov — oCxoi 8è tt] uaTEpala tî^ç ^à^rjc;

à<J>lKOVTO ot 8' aXXot TTaVTEÇ EKTTETlXT]YJJlÉVOl, àyaTTCùVTEÇ

xf|v ev tco napovTL acoTriptav, ^a\)x^av *1Y0V - '^-v tout*? 8f|d

av tlç yevo^evoç yvotï] oÎol apa ETÙyxavov ovteç Tf)v àpe-*

Tf]v ot MapaScovi Se^oc^evoi ttjv tcûv ftap6àpav Sûva^uv Kal

KoXaaà(i£voL tt^v ÛTi£pr|c|>aviav Kal Tipéûxoi aTi^cravTEÇ Tp6-

Tiaia xcov f5ap6àpcûv, rjyE^ovEÇ Kal SiSàaKaXoi xoîç aXXoiç

y£v6u.Evoi oti oôk a^axoç Etrj i*j ïlEpacov Sùva^uc;, àXXà tt&v

•nXfjBoç Kal ttSc; tïXoOtoç àpETfl ûtte'ikei. 'Eycb ^ièv oSv

ekeIvouç toùç avSpaç cf>rj^Llou ^6vov tôv aco^iàxcùv tôv •

^u.ETÉpcùv TTaxÉpaç sîvai, àXXà Kal tÎ]ç IXEuGEptaç Tfjç te

fj^ETÉpaÇ Kal ^U^TtàVTCOV TQV EV Tf]8E Tfj ^TTElpCO" Etç

ekelvo yàp t6 Ipyov àTro6XÉipavT£c; Kal Tàç ûaxépaç ^axac;

Testim. : 240 d 6 àXXà — 7 fcffett Stob., Ed., III, 1, 82;

cf. Aristid., Or. 45 (uol. II, n3 Dind.).

b 3 6Ù8oxi[xt6Taxot Hirschig : eùSoxiuito-càToiç TW : fiàXccrca eùSoxt-

[xwxâ-cotç Fy c 3 'AG^vcn'oiç W ||

8 àyaTrwvTeç xaî F||d 4 <>Mi ^î

àcn'aç post u^eprjçaviav add. F.

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240 e MÉNEXÈNE 93

grande œuvre que, les batailles livrées plus tard, les Grecs

osèrent les risquer pour leur salut, à l'école des hommes de

Marathon.

Le premier prix, c'est donc à ceux-là quer mision

notre discours doit l'attribuer;

le se-«., et oalamme.

1 . . . ...

241a cond, aux vainqueurs des batailles

navales de Salamine et d'Artémision. De ces hommes on

aurait bien des exploits à conter, et les assauts qu'ils sou-

tinrent sur terre et sur mer, et la défense qu'ils y oppo-sèrent

;mais ce qui, chez eux aussi, me paraît être le plus

beau titre de gloire, je le rappellerai en disant qu'ils ont para-chevé l'œuvre de Marathon. Ceux de Marathon s'étaient

bornés à faire voir aux Grecs que sur terre il était possibleb avec une poignée d'hommes de repousser une foule de Bar-

bares;

mais avec des navires, on ne savait encore;

les

Perses passaient pour être invincibles sur mer par le nombre,la richesse, la science et la vigueur. Voici donc ce qu'il

faut louer dans les hommes qui combattirent alors sur mer:

c'est d'avoir dissipé cette seconde crainte des Grecs, et mis

fin à l'effroi que leur inspirait la multitude des vaisseaux et

des hommes. Il en résulte donc que les uns et les autres,

c soldats de Marathon et marins de Salamine, firent l'édu-

cation des autres Grecs : sur terre et sur mer, ils leur

apprirent et les habituèrent à ne pas redouter les Barbares.

« Le troisième, pour le nombre et la

valeur  ,des exploits qui assurèrent le

salut de la Grèce fut, je le déclare, celui de Platées, communcette fois aux Lacédémoniens et aux Athéniens. Le péril le

plus grand et le plus redoutable, à eux tous ils le

repoussèrent, et c'est cette vaillance qui aujourd'hui leur vaut

nos éloges comme elle leur vaudra dans l'avenir ceux de la

d postérité. Mais ensuite, bien des cités grecques restaient

encore aux côtés du Barbare, et l'on annonçait que le

Grand Roi lui-même méditait une nouvelle entreprise contre

i. À Platées, la disproportion du nombre était moins marquée

qu'à Marathon et Salamine entre les Grecs et les Barbares; par

suite, le mérite des Grecs fut moins grand. Suivant Hérodote, IX,

3o, 3a, il y avait à Platées cent dix mille Grecs contre l'armée

ennemie, forte de trois cent cinquante mille hommes.

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93 MENE3EN0S 240 e

ETé-X^rjcav SuxkivSuveùeiv ot "EXXrjVEÇ ÛTtèp Tfjç acoT^plac;,

jiaSrjxal tcov Mapa8covi yEvé^EVoi.

Ta (ièv ouv àpiOTEÎa Tcp X6yco ekeIvoiç àvaSsTÉov, Ta 8è

SEUTEpEta tolç TTEpl EaXa^ûva Kal kn 'ApTEfcualco vau^ia- 241 a

Caecal <al viKfjaaat. Kal yàp toùtcov tcov àvSpcov TtoXXà

jièvav tlç £X0L 8ieX8eîv, Kal ota èmôvTa ÔTtéjjiELvav Kaxà

te yf^v Ka^ KaTà 8aXaTTav, Kal côç f^ùvavTo TaOTa* S 8é

\ioiSokeî Kal ekeivcov KàXXicrrov EÎvat, toutou ^vrja8l

£

|-

ao^ai, 8ti to eE^ç Ipyov tolç Mapa8covi 8iETTpà£avTo. Ot

\xiv yàp Mapa8covi tocjoOtov ^6vov ETtÉ8Ei£av Toîç"EXXrjatv

8ti KaTà yfjv oî6v te à^njvEaSai toùç (iapôdpouç oXlyoïç b

ttoXXouç, vaual 8è etlf^v aSrçXov Kal 86E,av eî^ov riÉpaai

ajia)(ot sîvai KaTà 8àXaTTav Kal tiX^Sei Kal ttXo\3tco Kal

TÉ)(VT] Kalj5cî>^fl-

toOto8f) a£,iov ETTaivEÎv tcov àvSpcov TÔV

tote vau^ia^aàvTcov, 8ti t8v e^6jievov <J>66ov SiÉXuaav

tcov 'EXXfjvcov Kal ÈTtauaav cpoôoujiÉvouc; TrXf}8oç vecov

te Kal àvSpcov. 'Ytt3

à^cf)OTÉpcov 8f] E,u^6aLvEi, TCOV te

MapaSôvL ^a^Eaa^Évcov Kal tcov ev ZaXajjLtvt vau^a^rj- c

advTcov, TtaiSEuSf^vai toùç aXXouç "EXXrjvaç, ûtiS jièv tôv

KaTà yf]v, îmS Se tcov KaTà SàXaTTav fcia86vTac; Kal e8ut-

8ÉvTaç ^f) <|>o6EÎcr8ai toùç (iapôàpouç.

TptTov 8è Xsyco to ev nXaTataîç Ipyov Kal àpiSfcicp Kal

àpETp yEvéaSaiT^ç 'EXXrjVLKÎjc; a(ùir\pi<xq, koivSvfjSr|

toOto

AaKESai^ovlcov te Kal 'A8rjvatcov. T8 jièv ouv ^ÉyiaTov Kal

XaXsTtcoTaTov oStol TtàvTEÇ fjfciuvav,Kal 8ià TaÙTrjv Tf)v

àpETT^V vOv TEUCJ)' f)U.COV £yKCÙU.là£oVTai Kal ELÇ TOV ETIElTa

Xpôvov xJTio tcov (îaTEpov fciETà 8è toOto TtoXXal yèv tt6Xelç d

tôve

EXXf)vcov etl fjcrav LiETà toO frapBàpou, auTÔç 8è

f^yyÉXXETo fiaaiXEÙç SiavoEÎarSai. côç E7iL)(£Lp/jacov TtàXiv Inl

241 a 2 xat viX7[aaai secl. Gobet||

/.ai yàp TW : xau yàp oo5è Fj|

4 ye W pro xe||xaxà OaXaTxav TF : 6aXaxTav W

||b I à[xuvea0at T :

-vaaGa-. WF[j

2 vaucrî 8è — Tzipsai om. F (in marg. add. f ) ||C 3 yîjv

TW : Trjv yrjv F ||c 8 7]tjLuvav TW :

7)|j.JvavT0 F rfvuaav Gottleber||

d 3 TjyysXAsTO WF :

rjyyéXc-coT

TjyaXXe-co suprascr. f|| ^aaiXeùç TW :

ô paaiXebç F.

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241 d MÉNEXÈiNE94

la Grèce. Nous avons donc le devoir de rappeler aussi ceux

qui complétèrent les exploits de leurs prédécesseurs, et ache-

vèrent l'œuvre de salut en purgeant et en débarrassant la

mer de toute la

gentbarbare. C'étaient les combattants sur

e mer de l'Eurymédon1

,les soldats qui firent campagne contre

Cypre2

,ceux qui cinglèrent vers l'Egypte et vers bien d'autres

contrées. Il faut rappeler leur souvenir, et leur savoir gréd'avoir obligé le Grand Roi, pris de peur, à se préoccuper de

son propre salut, au lieu de machiner la ruine de la

Grèce.

« C'est ainsi

quenotre cité tout entière

contniTGrèce.vint à bout de cette Suerre '

soute™e242 a contre les Barbares pour son propre

salut et pour celui des autres peuples de même langue.Mais la paix une fois faite, alors que notre cité était dans sa

gloire, elle essuya le sort que les hommes se plaisent à infli-

ger au succès : d'abord la rivalité; puis, à la suite de la

rivalité, l'envie;et c'est ainsi que notre cité fut malgré elle

mise en guerre avec la Grèce. Là-dessus, les hostilités ayant

éclaté, ils en vinrent aux mains à Tanagra3 avec les Lacédé-

b moniens, en combattant pour la liberté des Béotiens. La

lutte resta incertaine, mais l'acte suivant fut décisif;

l'ennemi se retira et partit, abandonnant ceux qu'il secou-

rait;

les nôtres, vainqueurs au bout de trois jours à Œno-

phytes, ramenèrent d'exil, conformément à la justice, les

bannis injustement chassés. Ceux-là furent les premiers,

après les guerres médiques, à défendre contre des Grecs la

liberté grecque ;ils se conduisirent en hommes de cœur, et

c après avoir affranchi ceux qu'ils secouraient, ils furent, les

premiers, déposés dans ce monument avec les honneurs

publics.

« Plus tard, la guerre étant devenue

j nx?uerr6x générale, quand tous les Grecs mar-du Péloponnèse. &.

,

' \ ,.

cherent contre notre pays et le rava-

gèrent, payant indignement à notre cité leur dette de

i. En 470 (ou 466). Les Athéniens et leurs alliés s'emparèrent de la

flotte ennemie et anéantirent une escadre de secours (Thuc, I, 100).

2. En 4^9» les Athéniens et leurs alliés battirent devant Salamine

(de Chypre) une escadre phénicienne et cilicienne (Thuc. , I, 112).

3. En juillet 457. Voir la Notice, p. 63, et note 2.

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94 MENEÏENOS 241 d

toùç "EXXrçvaç. AUatovôf|

Kai toùtcùv ^Sç àTri^vT)a8fjvat,

ot toîç tôv TtpoxÉpcov Ipyoïç téXoç Tfjç aa>Tr|plaç ETiéGEaav

àvaKaBrjpà^Evoi Kal è^sXàaavTEÇ tt&v t6 3àp6apov ek xf^ç

SaXaTTrjç. *Haav Se oCtol ot te en' Eôpu^ÉSovu vau^a)(/j-

aavTEç <al ot eÎç Kvmpov arpaTEÛoavTEç Kal ot eÎç Aïyu- e

TtTov TtX£v>aavTEÇ Kal aXXoaE TtoXXa^6aE, ov xpf) ^E^ivfjaSai

Kal X*pw auToîç EtSÉvai, 8ti ftaaiXÉa ETiolrçaav SEiaavxa

TfjéauxoO acûTT^pla x6v voOv Tipoa£X£«.v, àXXà

^if) xfjxôv

'EXXt'jvcûv ettl6ouXe\jelv c|>8op&.

Kal outoç fcièv 8f] Tràor) xfj tt6Xei SitjvtX/jStjô tt6Xejio<;

ÔTièp lauTCùv te Kal tôv aXXcovô^io(|>(*)vcùv Tip&ç toùç Bap- 242

ôàpouç- £tpf|VT]ç Se yEvoii£vr|Ç Kal xfjç tt6Xecûç ti^cù^évtiç

t]X8ev ETt'aÔTrjv, o 8f) <|>iXeîek tqv àv9pcaTTCov toîç eC TipaT-

xouai TipoonlTiTELv , TtpÛTov ^èv £f^Xoç, ànô frfjXou Se

(pSovoç' S Kal Trjv§E xfjv iréXtv ctKOuaav ev ttoXé^o toîç

"EXXïjai KaTÉaTrjaEV. Meta 8è toOto yEVo^iÉvou ttoXe^ou

cruvÉôaXov ^lèv ev Tavàypa TUTtèp Tfjç Bouotg&v èXEuSEplaç

AaKESai^ovloiç ^a^iiEVoi, à^c{Hcx6T]TT]al^ou 8è Tfjç t^X^Ç b

yEvofciEvrjç, SiÉKpivE t& uaTEpov Ipyov ot pèv yàp $x0VT0

àmovTEÇ, KaTaXmovTEÇ [Boicùtoùç] oîç è6of)8ouv, oi 8S

rjjAETEpOl Tp'lTfl ^épa EV OlVO<j>UTOlÇ viKrjaavTEÇ TOÙÇ

àSiKCùç <j>£t3yovTaç SiKaloç KaT^yayov. Ovtoi 8f) TTpôxoi

jiExà t6v riEpaiKov ttoXe^ov, "EXXtjqlv fj8r) ûnèp t^ç eXeu-

TEplaç (iorjBoOvTEÇ Ttpèç "EXX^vaç, ctvSpEç àyaSol y£v6-

^ievol Kal èXEuSEpobaavTEc; oîç â6of)8ouv, ev tôSe tô ^v/j- c

\KXtl Tltir|8ÉVT£Ç ÛTlè Tf)Ç TToXeGÏÇ TTp&TOl £TÉ8T]aav.

MExà 8è xaOxa TtoXXoO ttoXé^ou yEVOjiÉvou, Kal TtàvTCùv

tcove

EXX/)vcov ETtLaTpaTEuaàvTOV Kal te^ôvtcov Tfjv x<*>P<*v

Kal àvaE,lav \àpiv ektiv6vtg>vif\ tïoXei, viK/)CTavTEÇ aÔTOùç

Testim. : 242 a aecprjvrjç

Se— 5 ç0o'voç Stob., Ed., III, 38, kg-

d 6 àvaxaÔTjoàaEvot T ||e 6 r:âa7) codd. : jcS( uelîiaç x&ari Stallbaum

||242 a 7 auvéSaXov ixèv T : <juve6aXo[X£v F auv^6aXXov (xèv Wf ||

b 2

yào TF : om. W|j3 xaxaX'.7cdvTe; WF : -Xet'rovtsç T(ec suprascr. W)

jj potwToùç secl. Bekker.

V. ,. 9

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242 c MÉNEXÊNE o5

reconnaissance, les nôtres les vainquirent en un combat

naval et capturèrent leurs chefs, les Lacédémoniens, à Sphac-térie. Ils pouvaient les mettre à mort : ils les épargnèrent,

d les rendirent et firent la paix, estimant que contre des frèresde race la guerre doit s'arrêter à la victoire, et ne pas sacri-

fier au ressentiment particulier d'une cité l'intérêt de la

communauté grecque, tandis que contre les Barbares elle

doit être poursuivie jusqu'à leur destruction. Ils sont donc

dignes d'éloge, les hommes qui reposent ici après avoir sou-

tenu cette guerre: à qui pouvait prétendre que, dans la

guerre précédentecontre les

Barbares,d'autres étaient

supé-rieurs aux Athéniens, ils firent voir la fausseté de cette

e contestation. Ils montrèrent alors, en triomphant par les

armes de la Grèce soulevée contre eux, en s'emparant des

chefs du reste de la Grèce, que ceux avec qui ils avaient jadis

vaincu les Barbares par leurs forces communes, ils savaient

les vaincre par leurs propres forces.

Une troisième guerre éclata après cette

CXP J

d^Sicïe P**** guerre imprévue et terrible, où

périrent bien des braves qui reposentici

; beaucoup d'entre eux tombèrent dans les parages de la

Sicile, après avoir élevé une foule de trophées, pour défendre

243 a la liberté des Léontins qu'ils étaient allés secourir, fidèles

aux serments prêtés, en cinglant vers ces contrées lointaines;

mais comme, paralysée par la longueur de la traversée, la

cité ne pouvait leur venir en aide, ils durent pour cette rai-

son renoncer à la lutte et connaître les revers. Mais leurs

adversaires, même après les avoir combattus, ont plus d'éloges

pour leur modération et leur valeur que pour les autres

leurs propres amis. Beaucoup moururent aussi dans les

batailles navales de l'Hellespont *, après avoir, en un seul

b jour2

, capturé tous les vaisseaux ennemis, et triomphé debeaucoup d'autres. Mais

j'ai rappelé le caractère terrible et

imprévu de cette guerre : je veux dire que les autres Grecs en

vinrent à un tel degré de jalousie contre la cité qu'il osèrent

négocier avec leur pire ennemi, le Grand Roi;celui qu'ils

i . Victoires athéniennes de Cynossèma et d*Abydos, à la fin de lx 1 1;

de Gyzique, en 4io.

a. A Gyzique.

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95 MENESENOS 242 c

vaujia^ta ol fj^iEXEpoi Kal Xa66vxEÇ aûxûv xoùç fjyEfciévac;

AaKE8aiu.oviouc; ev xfj Z<|>ayla, âfj&v aôxoîç8ux<|>8EÎpai. e<|>eI-

aavTO Kai à*nÉ8oaav ical

Elpf)VT)V ETroufjoavxo, f)youu.£void

Ttpfcç ^ièv x6 ôji6<|>uXov fciÉ)(pi vIktjç Selv ttoXe^eîv, Kal\ii\

hi ôpyf)v tSiav ttôXeqç xo koivov xSve

EXXf)va>v SioXXuvai

npbç 8è xoùç (Sapôàpouç ^É^pt 8iacJ)8opa<;. Touxouç 8f)

a£,iov ETtaivÉaat xoùç avSpaç, ot xoOxov xov tioXe^lov

noXE^aavxEÇ èv8à8£ KEÎvxai, ôxi ETtÉSEi^av, eï xiç Spa

fî^Eaô^TELtoÇ EV XÛ TipOTÉpCÙ TIoXÉ^CÛ X$ TCpOÇ XOUÇ

ftapôàpouç aXXoi xivèç eTev àu.Etvouç 'ASrjvalov, 8xi oôk

àXï]8f] à^i<|)ia6T|T0ΣV oSxoi yàp IvxaOSa eSei^oiv, axaaux- e

CTàcnrjc; xf^çe

EXXà8oç TtEpiyEvé^Evot x$ TtoXÉ^iw, xoùç

TipOEOXOùXaÇ XCDV SXXoOV 'EXXfjVOV )(EtpG>oà(JlEVOl, ^le8

9

Sv

x6xe xoùç ftapôapouç evIkqv Koivf], xoùxouç vikôvxeç tSla.

Tplxoç 8è tt6Xeu.oç fcisxà xaùxrjv xfjv Etpfjvrçv àvÉXm-

ax6ç te Kal 8eiv6ç lyÉVETO, ev Ç noXXol Kal àyaSol xeXeu-

xf|aavxEÇ ev8<x8e KEÎvxai, noXXolfcièv àu.<|>l

EiKEXtav tcXeî-

o*ca xpÔTtaia axfjaavxEÇ ÙTtèp xf^ç AeovxIvqv èXEuBEplaç, 243 a

oîç |5orj8oOvx£ç Bià xoùç SpKouç ETtXEuaav eIç ekeLvouç

xoùç x6tiouç, 8ià 8è (ifJKoç toO tiXoO eîç ànoplav xfjç

tt6Xecùç Kaxaaxàarjç Kal ou Suva^ÉVTjç aùxoîç ûtitjpe-

xelv, xoûxcp àTi£m6vxEÇ èSuaxux^aav Sv ot è^8pol Kal

TxpoonoXEu.f)aavxEc; tiXelo ETiaivov I^ouat aco(J>poaùvr)ç Kal

àpExfjç f)x«v aXXov ol

<J>lXot*TtoXXol 8

s

ev xaîç vau^ay^laiç

xaîç Ka8'e

EXXfjanovxov, u.i6t ^ièv i^u.Épa Ttàaaç xàç xûv

ttoXe^Ioùv eXovxeç vaOç, TtoXXàç Se Kal aXXaç vtK^aavxEç* b

8 8S

eÎtiov 8eiv6v Kal àvEXmaxov xoO ttoXe^ou ycvÉa8at,

x68e XÉyo x6 eIç xoaoOxov <f>iXovudaç 1X8 s ivTrpfcç xfjv

Ti6Xtv xoùç SXXouç "EXXrjvaç <SaxE xoXpfjaai xép evJHoxq

C 7 Aaxe8aikuovfou; secl. Gobet

|Jd 6 èjcfôetÇav TW : è^eSet'ÇavTO F

|| 7 ^{xÇcOotjtsi T :Ttfj.fi-

WF||243 a 3 xô pîxoç F ||

4 8uva|jiév7]<; aÙTOtç

W : ouvafjivoiç aÙT^ç T 8uva{iév7jç aùrr^q F ||5 TOtixto TW : touto F

|j

6TîooarcoXepjaavTe;

TW :

r.ço-

Fj|

7

8'

èv TW : 81 F||8

jAta

TW :

xac {liaF (sed punctis del. f) }|

b 3 «ptXovetxia; codd.

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243 b MÉNEXÈNE 96

avaient chassé en commun avec nous, par une démarche

séparée ils le ramenèrent, lui Barbare, contre des Grecs 1

,et

coalisèrent contre la cité tous les Grecs et les Barbares. C'est

c alors qu'on vit briller l'énergie et la valeur de la cité. Pen-dant qu'ils la croyaient entièrement défaite, et que sa flotte

restait bloquée à Mytilène, les nôtres, avec un renfort de

soixante vaisseaux où ils s'embarquèrent eux-mêmes, mon-

trèrent, de l'aveu de tous, une vaillance accomplie ;ils vain-

quirent leurs ennemis 2, délivrèrent leurs amis

; mais, vic-

times d'un sort immérité, leurs corps ne purent être recueillis

en mer pour reposer ici. Ils ont droit à un souvenir et und éloge éternels : c'est par leur valeur que nous gagnâmes non

seulement cette bataille navale, mais le reste de la guerre.Grâce à eux, notre cité acquit cette réputation qu'elle

ne saurait jamais être défaite, même par l'univers entier:

réputation méritée, car ce sont nos propres divisions, non les

armes d'autrui, qui triomphèrent de nous. Invaincus, nous

le restonsaujourd'hui

encore devant ces ennemis : c'est

nous-mêmes qui avons remporté sur nous la victoire; c'est

par nous-mêmes que nous avons été vaincus.

e . ., Quand ensuite le calme eut été rétabli,La guerre civile. \ , t .. * ,

et la paix faite avec les autres, la

guerre civile fut conduite chez nous de telle sorte que, si le

destin condamnait l'humanité aux dissensions, nul ne sou-

haiterait voir sa propre cité subir autrement cette épreuve.Du côté du Pirée comme de la ville, quel empressementfraternel mirent nos concitoyens à se mêler entre eux, et

contre toute attente, avec les autres Grecs 3; quelle modéra-

tion à terminer la guerre contre ceux d'Eleusis ! Et tout

244 a cela n'eut d'autre cause que la parenté réelle, qui pro-

duit, non point en paroles mais en fait, une amitié solide,

1. En/112, les Lacédémoniens et leurs alliés conclurent avec le

Grand Roi un traité qui fut renouvelé en 4i2/4u, puis une troi-

sième fois dans le même hiver (Thucydide, "VIII, 18; 36-37 ; 07-59).

a. Aux Àrginuses (juillet 4o6).

3. On interprète souvent : contre l'attente des autres Grecs;mais

~xz èX-iôa peut-il se construire ainsi avec le datif? Mieux vaut

faire dépendre xat ... toiç aXXot; "EXXrçat de auvéjxs'.Çav: allusion au

revirementqui

se

produisitalors

parmiles anciens ennemis d'Athènes

;

Mégare et Thèbes accueillirent les citoyens proscrits par les Trente.

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96 MENEZENOS 243 b

ETUKr)puK£Uaaa8ai (SaaiÀEÎ, ov koivt] êEjÉÔaXov u.e8'fjfciSv,

tSla toOtov nàXiv ETtayEaSai, fiàp6apov è<p* "EXXrjvaç, Kal

ÉjuvaSpoîaat ettI xrjv TtoXtv Tiàvxac; "EXXrjvàç te «xl (iap-

ôàpouç. Ou S^ Kal EKcJxxvfiç lyÉvETo f\ Tfjç tiôXecûç P&\lt\ te C

Kal àpETr|. OIou.evcùv yàp ïjSr) aÔTfjv KaTaTtETtoXE^f]a6at Kal

àTiEiXrniu.Évcav êv MuTiXfjvr) tcov veûûv, (iorjBrjaavxEç â£f|-

Kovxa vauatv, aôxol eu.6<xvteç eIç t<xç vaOç, Kal avSpEÇ

yEvo^tEvoL ôu.oXoyou^Évco<; apujxoi, viKrjaavTEÇ jjlèv toùç

TtoXEfcitouç, Xuaà^LEvoL 8è toùç <J>iXlouç, àvafjlou tu^tjç

t\>x6vteç, ouk àvatpESÉVTEÇ Iv xfjç SaXaTTTjç KEÎVTat

evGocSe. *Ovxpi*)

&eI ^EU.vfJCT8al te Kal ETtaivEÎvxfj \xkv

yàp ekeIvcov àpETfj èviKfjaa^Ev oô (i6vov t?)v t6te vaupa- d

^lav, àXXà Kal xèv &XXov ttôXejiov S6E,av yàp Si' aÛToùç

f\ tï6Xlc; eo^ev \xf\ttot' av KaTaTToX£fcir|8f]vai jinS' ûtt&

TiàvTOv àv8pama>v — Kal àXT]8f} I8o£ev — TflSe f)u.£-

TÉpa aùxûv Sia<f>op8l EKpaTrjSrçfciEv, oty utt6 tqv aXXcov

àf|TTr|Toi yàp eti Kal vOv ÛTt<5 yE ekeIvqv equ.év, ^eÎç; Se

aùxol T^aç aÔTOùc; Kal lviKi£

|crau.EV Kal fJTTnfjS^^EV.

Meta Se TaOxa fjcTu^taç yEvofciÉvrjç Kal EÎp^vriç Ttpoç e

toùç aXXouç, ô oIkeloç f)u.îv tt6Xeu.o<; oStqç etioXe^St]

ôaxE, eïttep Etu.apfciÉvov EÏr| àvSpamoiç cTaaiàaai, \xt\av

aXXcoç EÔ'ÉjaaSai ^TjSÉva tcôXiv sauToO voafjaai. "Ek te yàp

toO riELpaLÛç Kal toO aoTEOç obç àcru-Éveoç Kal oIkeIoûç

àXX^Xoiç auvÉ^iEL^av ol noXiTai Kal nap' èXTilSa toîç aXXoiç

"EXXi^ai, t<Sv te TtpSç toùç 'EXeuoîvi tt6Xe^ov oç jiETplcoç

18evto* Kal toùtcûv àTcàvTov oôSèv aXX' aÏTiovf) fj

tS 6vtl 244 a

£uyyÉvEia, quXiav (iÉBaiov Kal ô^6<puXov ou Xoyo àXX' Ipy©

Testim. : 243 C 5 vtxïJaavTSÇ—

7 Tuyov-sç Dion. Halic, De admir.

ui in Dem., 26.

b 5 Sv codd. : xal ov uel ôv ô*s Teufiel|[C 2 7}0Y, aùxrjv TW : aÙTTjv

^8t! FD 3 pttofcfoi W H d 4 te TW : om. F

|| 7 ^^07)^ TWfIXu-TÎ- F D e 1 rcpôç xoùç àXXouç om. F(suprascr. f) ||

3 u.T]8èv primit.F pro [xt]

av||5 îietpatâîs F : -swç TW

||àaTewç F : -eoç TWf ||

6 auve-

pu|av codd. jl 244 a 1 rj f4 recc. :f, F tj TW || 2 pé6atov TW

: (3e6atav F.

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244 a MÉNEXÈNE 97

fondée sur la communauté de race. Il faut encore se sou-

venir de ceux qui dans cette guerre moururent victimes les

uns des autres, et les réconcilier comme nous le pouvons,

par des prières et des sacrifices, dans les cérémonies de cegenre, en invoquant leurs maîtres ^puisque nous aussi nous

nous sommes réconciliés. Car ce n'est point la méchanceté ni

la haine qui leur fit porter la main les uns sur les autres,

b mais le malheur des temps. Nous-mêmes, nous en sommes

témoins, nous les vivants : de même race qu'eux, nous nous

pardonnons mutuellement ce que nous avons fait et ce quenous avons souffert.

« Quand ensuite la paix se fut entière-Nouvelles ment rétablie chez nous, notre cité se tint

d'Athènes tranquille. Si elle pardonnait aux Bar-

bares de lui avoir pleinement rendu le

mal qu'elle leur avait fait amplement, elle s'indignait contre

les Grecs au souvenir de la reconnaissance dont ils avaient payé

c tant de bons offices, de concert avec les Barbares, en lui enlevantla flotte2 qui jadis les avait sauvés, et en abattant les murailles

que nous avions sacrifiées 3

pour empêcher la chute des leurs.

Résolue à ne plus défendre les Grecs de la servitude, ni

contre eux-mêmes ni contre les Barbares, c'est dans ces dis-

positions qu'elle vivait. Devant cet état d'esprit, les Lacédé-

moniens nous crurent abattus, nous, les soutiens de la

liberté, et, s'attribuant désormaisle

rôle de réduireles

d autres en esclavage, ils agirent en conséquence.

« A quoi bon m'étendre davantage? Ils

et Le Grand-Roi ne concernent pas un lointain passé ni

d'autres hommes que nous, les événe-

ments qui suivirent et dont je pourrais parler. Nous-mêmes,nous savons quel saisissement d'effroi fit recourir à notre

cité les premiers des Grecs, Argiens, Béotiens et Corinthiens.

Fait merveilleux entre tous : le Grand Roi lui-même en vint

à ce point de détresse que, par un revirement de la situation,

il ne trouva son salut nulle part ailleurs qu'en cette ville

e dont il poursuivait l'anéantissement avec tant d'ardeur. Et

1. Les dieux infernaux.

2. Elle fut livrée à Lysandre et brûlée, sauf douxe vaisseaux.

3. En se réfugiant sur les vaisseaux, avant Salamine.

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97 MENEEENOS 244 a

Ttap£)(ou£vr|. Xpr) Se Kal tcûv èv toûtcû t& tïoXéuoù teXeu-

TrjaàvTGùv ôtt' àXXf^Xov uvEiav e^elv Kal SiaXXàTTEiv auaoùç

S 8uvàu£8a, Eu^aîç Kal Suataiç, èv xoîç toioiqSe, toîç

KpaToOcnv auxôv eôxouévouç, ETtEiSf) Kal ^ueÎç 8ur|XXàYUE8a.

Ou yàp KaKta àXXf^Xcùv f)i|;avTOoùS* I^Spa, àXXà SuaruxW-

MàpxupEç 8è t^ueiç auTot Ictuev toutov oi £qvteç- ot b

auTol yàp Svteç ekeIvoiç yévEi <juyyv<î>ur|V àXXf|Xoic; I^o^iev

QV x' ETTOirjCTaUEV WV x' ETta8oUEV.

Met» Se toOto TiavTEXcàç Etp^vrjç f]uîv yEvouévr|<;, rjau-

^tav ^ysv t) nôXiç, toîç uèv (iapôapou; auyyiyv&aKouaa,

Stl Tia86vT£Ç utt' auxfjç KaKcoç tKavôç oùk evSeqç f\^-

vavTO, tolç Se "EXXrjcrtv àyavaKToOaa, uEuvrjuÉvr) &ç eu

Tta86vT£ç ûtt' auTf}ç olav X^P LV omÉSoaav, Koivco<jàu.Evoi C

toîç 3ap6àpoiç, xàç te vaOç TtEptEX6^£voiat ttot' ekeIvouç

laoaav, Kal teI^t] Ka8£X<SvTEÇ àvS3

ov rjuEÎç xàKEtvcûv

EKQXùaauEv TtEaEÎv Siavoouuévr) 8è r) tt6Xic; u.f) av eti

àuÛvai uf)T£ "EXXrjai Ttp&ç àXXf^Xcùv 8ouXouu.evolç u.f)TE ûttô

3ap6àpoûv, ootcdç $kei.eHuov ouv ev ToiaÛTrj Siavola

Svxcov fjyr|cràu.EVoi AaKESatuôvioi toùç uev xfjç IXEudEptaç

ImKoupouç TtETtTOKÉvat fjuâç, a<|>ÉT£pov SefjSrj Ipyov EÎvat

KaTaSouXo0a8ai toùç aXXouç, TaGV Eirpaxtov. d

Kal urjKÙVEiv uèv il Seî ; oô yàp TtàXai ouS' ett' aXXov

àv8pa>7Tov y£yov<5Ta XÉyoïu9

av là u.ETa TaOTa* aôxol yàp

Ïcjuev ôbç EKTTETrXrjyuEvoi àcpiKovTo eIç )(Pe^av T^^ ti6Xe©ç

TÔV TEC

EXXf)VCÙV OÎ TtpOùTOL, 'ApyELOL Kal BoiotoI Kal

Koplv8toL, Kal t6 y£ 8Ei6TaTov TtàvTCùv, t6 Kal fiacriXEa eÎç

toOto à*noptaç àcpucEaSai cScte Tt£pujTf)vai auTÔ u.r)8au6-

8ev aXXo8£v Tr)V acùTrjptav yEvéaSai àXX9

fj ek TaÙTrjç Tf]ç

tt6Xecoç, fjv TtpoSuucùç àTT<£>XXu. Kal8rj

Kal eï tlc; |}oûXoito e

a 5 a) TW : (i>ç F|| eù-^aiç te xat F

|| 7 xaxiav F||b 1 ot ante aùxot

om. T sed supra uers. add.|| 4 7:avTeXouç recc.

|]5 pap6dtpotç om. F

(in marg. add. f) ||6 txaxwç secl. Bekker

|| 7 oa' Gobet pro wç ||

C 8 èstxoupotç ut uidet. F|] ^aàç secl. Gobet

||d 2 0Ù8' èV (itXXojv

Dobree : oùSè xaXatâiv F oùhï tcoXXwv TWf||

4 èxTcenXTjyjxivoiTW :

Tzzizkr\yy.ivoi F.

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244 e MÉNEXÈNE 98

précisément, si l'on voulait élever contre notre cité un grief

légitime4,on ne pourrait avec raison lui faire qu'un reproche,

celui d'être en toute circonstance trop pitoyable et de se

mettre au service du faible. C'est ainsi qu'en ce temps-là,elle ne put tenir bon ni garder jusqu'au bout sa résolution

245 a de ne secourir contre l'asservissement aucun de ceux qui lui

avaient fait tort; elle se laissa fléchir et leur vint en aide. En

personne, elle secourut les Grecs, et les arracha à la servi-

tude, leur assurant une liberté qu'ils conservèrent jusqu'au

jour où ils recommencèrent à s'asservir eux-mêmes. Quantau Grand Roi, elle n'osa le défendre elle-même,

par respectpour les trophées de Marathon, de Salamine et de Platées

;

mais, en permettant seulement aux bannis et aux volontaires

d'aller à son secours, elle le sauva, de l'aveu unanime 2.

Après s'être construit des murs et une flotte, elle accepta la

b guerre, quand elle y fut contrainte, et combattit les Lacédé-

moniens pour la défense de Paros 3.

« Mais le Grand Roi eut peur de notre cité, quand il vit

les Lacédémoniens renoncer à la guerre maritime. Désireux

de faire défection, il réclamait les Grecs du continent '*

que lui

avait précédemment livrés Lacédémone 5,comme condition de

son alliance avec nous et les autres alliés, s'attendant à un

c refus qui servirait de prétexte à sa défection. Les autres alliés

le déçurent : Corinthiens, Argiens, Béotiens et le reste des

alliés consentirent à cet abandon;

ils convinrent et jurèrent»

s'il était prêt à leur donner de l'argent, de livrer les Grecs ducontinent

; seuls, nous n'osâmes ni les livrer ni prêter ser-

ment. Voilàcomme la générosité et l'indépendance de notre ville

1 . L'orateur paraît sentir la faiblesse de sa thèse;

il essaie de

justifier pourAthènes ce rapprochement avec la Perse dont il faisait

plus haut un grief à Sparte.

2. Sur l'exactitude historique de tout cet exposé, voir la Notice,

p. 62.

3.* La leçon des mss., IIap:a>v, a paru suspecte à nombre de cri-

tiques, et les corrections les plus diverses ont été proposées. Il semble

pourtant que le texte puisse être conservé. L'orateur paraît faire allu-

sion aux efforts de Conon (en 304/30,3) pour chasser des Cyclades les

harmostes lacédémoniens (Xénophon, Helléniques, IV, 8). C'est vers

cette époque que Pasinos s'empara de Paros (Isocrate, Éginét., 18).

4. D'Asie Mineure.

5. Par l'accord de £12 (Thucydide, VIII, 18).

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98 MENE3EN02 244 e

Tfi,<; ttôXeoç KaTriyopfjaai SiKauaç, toOts

av ^6vov Xéycov

èpBaq av KaTT|yopoî &Ç &EL ^av ^iXoiKTlp^ov eaxt Kal toO

fJTTovoç BEpaTitç. Kal8f]

Kal Iv tû t<5te xpàvcp ou)( ota te

EyÉvETo KapTEpf]aai oûSè Sux^uXa^ai S eSéSokto aôtfj, t6

u^Sev l SouXouu.évcù 3or)8EÎv xôv crcpaç àSLKrjaàvTcov, àXXà 245 a

EK<xu.<f>8r|Kal £6or)8r|CTEv, Kal toùç ^ièv "EXXrjvaç auTT)

(SoriSrjaaaa àTtEXuaaTo SouXeIccç. &a*t' IXEuSÉpouç EÎvai

jié)(pL oS TràXtv aôxol aÛToùç KaTESouX&aavTO, (SaaiXEi 8è

auTf) ^jlèvouk £T6Xu.r)a£v 3or)8n,aai, ata^uvo^ÉVT] Ta Tp6-

Ttaia xà te Mapa8ovL Kal ZaXa^îvL Kal nXaTaïaîç, (J>uyà-

Saç Se Kal eSeXovtou; èàaaaa ^6vov |iorj8f|aau ou.oXoyou-

u.Évcdç laoaEv. TEt^LGa^iÉvT] Se Kal vauTtr|Yr|aau.Évr|,ekSe-

£au.Évr) t6v tt6Xeu.ov, ETtEiSf) f}vayKàa8r| ttoXeu.eîv, ÛTtèp b

riapiOV ETtoXÉUEl AaKESaïu-ovloiç.

<J>o6t)8eIc; Se ISaaiXEÙç Tf)v tt<5Xiv, etielS^ écSpa AaKESai-

u.ovlouç t& KaTà 8àXaTTav ttoXé^o àTTayopEuovTaç, àno-

aTf^vat fiouXéfciEvoc; è^rjTEi toùç "EXXrjvaç toùç ev tt|

t^TtEtpc), oucnTEp xrpéTEpov AaKE8aiu.6vioi aÙTcp lÊjÉSoaav, eI

uéXXoi auu.u.a)(,

ni

aEiv rj^îv te Kal toîç aXXotç auu.u.àxoiç,

fjyoùpEvoç oùk iQzki)0£.iv ,Iv' aÙTcp -np6<paaiq Eirj xf\q àno-

aTàaECoç. Kal tcov u.èv SXXcùv au^^ià^ov êipEÙoSr]' f^8ÉXr|- c

aav yàp aux^ EKSuSévat Kal £uvé8evto Kal <5Su.oaav Koplv-

8iot Kal 'ApyEÎOL Kal BolûûtoI Kal ot aXXou auu.u.a)(oi, EÎ

fclÉXXoi Xpfj^aTa TtapÉ^ELV, EK8<*)aELV TOÙÇ EVTf] ^TTElpO

"EXXrjvaç* u.6voi Se t^eÎç ouk EToXu.fjaau.Ev oûte EKSoGvai

oûte ôu.6aai. OOtcoBf\

tol t6 yE tî]ç ttoXecoç yEvvaîov Kal

Testim. :

245 a 8 xe'.ytaaue'vT]

— b i îtoXetxov Dion. Halic, Deadmir. ui in Dem., 26.

6 5 tw F pro xôli245 a 1 açàç TW : acpà; aùxoùç F

||2 aùxr\ F :

aÛT7] TW II4 auxoù; W : aùxoùç F aùxoïç T ||

5 aùxrj F : auxT) TW |j

6 xe TW : x' èv F||

xat... xaî TW : xa- èv ... xai Iv F||

b 1 falp

Waptw codd. suspectum hune locum alii aliter correx.||

l\ t:ûv F

pro t$ i|5 èÇTjxet T : ÏUr WF || 7 fxéXXoi recc. : -et TWF

||

8 ^v F pro ?v' (sed corr. f) ||c 1 i«^tMi] TW : oùx è^eyaÔY] F

|j

2 IxB'.Sdvai TWf : èv- F II3 ol F : om. TW (fortasse aXÀot, cf. 287 b 4).

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245 c MÉNEXÈNE 99

sont solides et de bon aloi et s'unissent à la haine naturelle du

d Barbare, parce que nous sommes purement Grecs et sans

mélange de Barbares. On ne voit point de Pélops, de Cad-

mos, d'Égyptos, de Danaos ni tant d'autres, Barbares denature, Grecs par la loi, partager notre vie; nous sommes

Grecs authentiques, sans alliage de sang barbare, d'où la

haine sans mélange pour la gent étrangère qui est infuse à

notre cité. Mais, quoi qu'il en soit, nous retombâmes dans

e notre isolement, pour refuser de commettre un acte honteux

et sacrilège en livrant des Grecs à des Barbares. Revenus à la

même situation

qui

avait

auparavant

entraîné notre défaite,

nous pûmes, grâce aux dieux, terminer la guerre mieux

qu'alors : nous gardions notre flotte, nos murs et nos proprescolonies à l'issue des hostilités, tant les ennemis eux-mêmes

étaient heureux d'en avoir fini ! Pourtant nous perdîmesencore des braves dans cette guerre, victimes à Corinthe des

difficultés du terrain et de la trahison à Léchaeon *. C'étaient

246 a aussi des braves, ceux qui délivrèrent le Grand Roi et chas-

sèrent de la mer les Lacédémoniens : je les rappelle à votre

souvenir;à vous d'unir vos louanges aux miennes et de glo-

rifier de tels héros.

« Voilà les exploits des hommes quionseï s

reposent ici, et des autres qui sont tom-aux vivants. r

»># • ,

bes pour la défense de notre cite. INom-

breux et glorieux sont ceux dont j'ai parlé ; plus nombreux

b encore et plus glorieux ceux qui restent encore : bien des

jours et des nuits ne suffiraient pas à en achever rémunéra-

tion. En souvenir d'eux, chacun doit faire passer à leurs des-

cendants, comme à la guerre, l'ordre de ne pas déserter le

poste des ancêtres 2et de ne pas battre en retraite en cédant à

la lâcheté. Pour ma part, ô fils de braves, je vous fais

1. Voir Xénophon, Helléniques, IV, 4, 7 sq. ;Diodore de Sicile,

XIV, 86. En 3g3, les partisans de Sparte furent massacrés à Corinthe,

ou expulsés de la ville par les Argiens. Tandis que les Athéniens et

les Béotiens venaient soutenir les Argiens, les bannis se réfugièrent

auprès du Lacédémonien Praxitas, campé à Sicyone, et l'introduisi-

rent pendant la nuit à Léchaeon, port de Corinthe. Le lendemain,

l'assaut des Béotiens, des Corinthiens, des Argiens, et des Athéniens

commandés par Iphicrate, fut victorieusement repoussé par Praxitas.

a. Renoncer au rôle traditionnel d'Athènes, qui a toujours sou-

tenu la liberté et défendu la Grèce contre les Barbares, est assimilé

Page 137: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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99 MENEEEN02 245 c

èXE\i8epov (5é6oci<5v te ical ôyiÉç èaTtv ical<J>ûctei ^iao6àp-

6apov, Sià t6 elXiKptvôç etvai "EXXtjveç ical à^uyEÎc; fiap- d

Bàpov. Oô yàp riéXoTTEç ouSè KàS^ioi oôSè AiyxmTol te ical

Aavaol oôSè &XX01 TtoXXol <|>ùa£i ^èv |5àp6apoi ovteç, vôjkû

8e "EXXtjveç, ctuvoikoOchv f^îv, àXXs

aôxol "EXXrjVEÇ, oô

^Ei£o6ap6apoi oIkoO^ev, 89ev icaSapàv t6 \LÏaoq EVTÉTrjKE

Tfltt6Xel Tfjç àXXoTptaç <j>tja£oc;. "O^ioç 5' oSv e^iov&Gtjhev

TiaXiv Sià t6^f]

eGéXelv ala^p6v ical àv<5aiov Ipyov èpyà- e

aaa8at "EXXrjvaç 3ap6àpoiç IkSovteç. 'EXSôvteç ouv eIç

TaÔTà è£ Sv ical to Ttp6xEpov icaTETToX£^if)8r)tiEV, aùv Beco

âpsivov fjt6te è8É^E8a t6v ttôXe^iov ical yàp vaOç ical

TC^XTÎ £XOVTe<> K<x^ T<^Ç TÎ^ETÉpac; aÔTÔv àTTOLKiaç otTîrjXXà-

yrj^Ev toO ttoXe^ou, oQtcùç àyaTtT]TSç àTtrjXXàTrovTO ical ol

•noÀÉfcuoi.. 'AvSpSv (iévtol àyaSéùv ical ev to\3tç> tû TtoXÉ^a>

£OTEpfj8rj^Ev, tôv te lv Kopiv8ç> xprjaa^Évcûv 8ua)(G)p(a Kal

ev AE^alo TTpoSoala* àyaSol Se ical ot (SaaiXÉa eXeu6epg>- 246 a

aavTEÇ Kal èic6aX6vTEÇ ek Tfjç SaXaTrrjç AaKESai^iovCouç'

£vèy<i> ^èv ûfciaç àva^nivfja<o, ô^aç Se TipETtEt ÉjuvETtai-

veîv te Kal Koa^iEÎv toioùtouç avSpaç.

Kal Ta \ikv 8f) Ipya TaOTa tSv àvSpov tôv evSocSe kel^ié-

vov Kal tôv aXXcov Saoi tinèp Tfjç tt6Xeg>ç TETsXEUTf)Kaai,

TCoXXà jièv Ta EÎpT]jiÉva Kal KaXà, ttoXù 8 s eti tiXeIo koI

koXXIcû Ta ÛTtoXELTté^Eva' noXXal yàp av fj^iÉpai Kal vûkteç b

oô)^ iKaval yÉvoivTO iQ xà TtàvTa ^ÉXXovTiTtEpalvEiv. To*3tqv

oSv xpf) ^e^vt]hevouç toîç toùtcov EKyévou; TiavTs

SvSpa

napaKsXEUEaSai, &çmzp ev ttoXé^cù, ^if)XeItcelv Tf)v Ta£iv

Tfjv tSv TTpoyévoûv ^r|8' eIç toôttIctcû àva)(cùp£/

iv EÏKovTaç

Testim. : 245 d 2 où yàp — 5 cuxou[iev Longin., De sublim., a3||

5 «f. Soph., EL, i3ii \ùgo<; xs yàp îraXcuôv èvxëxTjxê' {jloi.

d 1 sXXïjveç etiam F||

2 aiytaxiot F Jjt\ aùxoî ëXXir)v£ç codd. et Lon-

ginus : aÙToéXXT]ve; Gobet[|

e 2 iXXTjVaç F : -veç TWj|3 xauxa codd.

y 6 oGtcuç ... 7 r.oXépwi secl. Hermann]|Post ouxwç add. wax' Madvig

Il 7 7:oXejxot F pro -oXéfA'.ot ||246 a 1 Xe^afo) F : -)(«"? T -/etp W ||

a 2 Ix6aXdvxeç F :- SàXXovxeç TW||

b 4 warcep TWf': -xs P||b 5

fytovxaç xàxeT F pro eixovxaç xax7j.

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246 b MÉNEXÈNE ioo

aujourd'hui passer le mot d'ordre, et à l'avenir, partout où

je rencontrerai l'un de vous, je le lui remettrai en mémoire,

je vous exhorterai à l'ambition d'être aussi accomplis que

possible. Pour le moment, j'ai le devoir de dire ce que les

pères nous recommandaient de rapporter à ceux qu'ils lais-

saient, en cas de malheur 1

, quand ils allaient affronter le

danger. Je citerai ce que j'ai entendu de leur propre bouche,

et le genre de propos qu'ils aimeraient vous tenir aujourd'hui,s'ils en avaient le pouvoir, en me fondant sur ce qu'ils

disaient alors. Qu'on s'imagine donc ouïr de leur proprebouche le discours

que je rapporterai.Voici comme ils

par-laient :

« Enfants, que vos pères soient desExhortation

t Draves à elle seule la cérémonie pré-des morts . , ,., , S

à leurs fils.a sen*e en es* *a preuve; libres de vivre

« sans honneur, nous préférons mourir

« avec honneur avant de vous précipiter, vous et votre pos-«

térité,dans

l'opprobre,avant de déshonorer nos

pèreset

« toute la race de nos ancêtres, persuadés qu'il n'est pas de

« vie possible pour qui déshonore les siens, et qu'un tel être

« n'a point d'amis ni parmi les hommes ni parmi les dieux,

« ni sur terre ni sous terre après sa mort 2. Vous devez donc,

« en souvenir de nos paroles, quel que soit l'objet de votre

« effort, y travailler conformément à la vertu, certains que« sans elle

3 toute richesse et toute activité ne sont que honte

« et vice. Car l'argent ne donne point de lustre 4 à qui lepos-« sède en lâche : c'est pour autrui qu'un tel homme est riche,

« et non pour lui-même;beauté et vigueur physiques chez

au délit de XucoxctÇlou (abandon de poste commis par un soldat en

campagne), que les lois athéniennes frappaient d'atimie partielle. La

même image se retrouve dans l'Apologie, 28 d sq., appliquée par

Socrate au crimequ'il

eût commis en abandonnant la tâche

que

la

Divinité lui avait assignée.

1 . Littéralement : s'il leur arrivait quelque chose. Euphémisme connu .

2. TeXeuT^uavTi est une redondance, probablement amenée pourla symétrie avec ata^uvovxt ;

voir plus haut TtXtvxSv ... aî<r/JJvai.

3. Litt. : sans cela (privées de cela). Toutou se rapporte à oprt%,ou plutôt à àaxsîv iw:' àpexf)?, l'effort appuyé sur la vertu.

4- L'emploi de xàXXoç au sens figuré (considération) a paru suspect

ici à Trendelenburg (op. cit., p. 27, note), qui conjecture xXéo;.

Mais cette acception de xoXXo; n'est pas rare, notamment chez Platon.

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îoo MENEEENOS 246 b

KotKT]. 'Eycb uèv oSv Kal aôxoç, o naîSsç àvSpcov àya8©v,

vOv te TtapaK£X£Uou.ai Kal Iv tco XoiTtcp xpévcp, Ôtiou &V TCO

èvTUYxdvco ôucùv, Kal àvau.vf)aa> Kal SiaKEXEttaouai npoSu- C

UEÎaGai EÎvai coç àptarouç- ev 8è t$ nap6vTi 8i<ai6ç eIui

eltielv a ot TtotTÉpEÇ fjutv ETtÉaKTjTtTov àTTayyÉXXEiv TOÎÇ

Xeittouévoiç, eî ti TTàaxoLEV, f)vl<a kivSuveùeiv I^eXXov.

<Ppaaco Se ûu.îv & te aÔTQV fJKouaa IkeIvqv Kal ota vOv

rjSÉCOÇ CIV EITIOIEV UUÎV Xa66vTEÇ Suva^UV, T£KUmp<5^EV0Ç è£

cov t6te IXEyov. 'AXXà vou.I£eiv yy>i]auTÔv olkotjelv eke'i-

vcov fi av àTTaYyéXXa>- IXsyov 8è tcxSe*

*C1 TtaîSEç, ôtl uév eote Ttonrépcûv àyaSôv, auTfc ^r)vu£i d

to vOv TtapoV f)^iv 8è è£8v £f^v \xi\ koXûç, koXqç alpou^ESa

^SXXov teXeutSv, Ttplv u^iSc; te Kal toùç ETtEiTa eIç ôveiSt]

icaTaaT^aai Kal nplv tooç fj^iETÉpouç TtaTÉpaç Kal TtSv t6

7Tp<5a8£v yévoç ata)(0vai, f)yoùu£voi tco toùç aÛToO ala^u-

vovtl àôlcoTOv EÎvai, Kal tco toioutco oÔte Tivà àvBpcoTicov

oute 8ecov cptXov EÎvai oûV ETtl yf^ç oÔ8' uneyf^c; teXeut/j-

aavTi. Xpf) ouv u-Euvri^Évouç tcov fjUETÉpcov X<Sycov, ecxv ti

Kal aXXo àaKf]TE, àaKEÎv uet' àpETÎjç, EÎSÔTaç 8ti toutou e

XEiTt6u.Eva TtàvTa Kal KTrjuaTa Kal ETtLTT]8EU^aTa cdayjpà

Kal KaKà. Oûte yàp ttXoOtoç KaXXoç cpÉpsi tS> kektî] u.evo

uet' àvavSplaç — aXXcp yàp 8 toioOtoç ttXouteî Kal oô^

lauTcp— oûte acouaToç kcxXXoç Kal lax^ç SeiXô Kal KaKco

Testim. : 246 C 2 èv 8s — 247 C 3 i>noU&-cau Stob., Flor., IV,

10, 3iII

5 cppaato— 248 e 2 kna.f^iX'kui Dion. Halic, De admir. ui in

Dem., 3o d d 1rQ ^aîSeç — àyaGwv Demetr., De eloc, III, 3ig

(Spengel) || 2 aipoJusôa — 247 b8 euô*o£twv cf. Iambl., Adhort. adphilos., 266.

7 7:apa-/.eXeuo[Aai secl. Schanz||

C 2 àct F pro èv (sed corr. f) ||

3 f,u.Tv T Stob. : u- WF|| xoiç àet Xeizoïjis'voiç F Stob.

||4 x'.vôuveustv

TW : -aeiv F Stob.|| ||

d 5 atcr/uvovTi TW Stob.(1

in tt ex emend.

T) : -vavTt F Iamblichus|j 7 yrj; codd. et Stobaeus : y^v Iarablichus

||

e 2 ^avxa codd. et Stobaeus : ârcavcoc Iamblichus||

4 [xrj |xex'F

||

ivôpst'aç, ut uidet., W (sed extrema pars pag. abscissa) |]5 atoutatoç

x:ÀXo; codd. et Iamblichus : xaXXo; awfj.a-oç Dion. Stob.

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246 e MÉNEXÈNE 01

a un lâche et un méchant font l'effet, non d'une parure« convenable, mais d'une inconvenance

;elles mettent mieux

« en vue leur possesseur et font voir ainsi sa lâcheté ; enfin,

247 a « toute science, séparée de la justice et des autres vertus,« apparaît comme une rouerie, non comme un talent 1

. Ainsi

« donc, au début, à la fin, et toute votre vie, mettez toujours« tout votre effort à nous surpasser le plus possible en

« gloire, nous et nos ancêtres! Sinon 2,sachez-le : si nous

« l'emportons sur vous en vertu, cette victoire fait notre

« déshonneur, tandis que la défaite, si nous sommes vaincus,

«

nous apportele bonheur.

Or,le

meilleur moyen d'assurerb « notre défaite et votre victoire, c'est de vous préparer à ne

« pas mésuser du renom de vos ancêtres et à ne pas le dila-

tepider, convaincus que pour un homme qui s'attribue quel-

ce que valeur 3 rien n'est plus honteux que de se parer d'un

« honneur dû non à ses propres mérites, mais au renom de

« ses ancêtres. Les honneurs des parents sont pour les fils un<c beau et magnifique trésor*

;mais faire usage d'un trésor de

« richesses et d'honneurs, sans le transmettre à ses descen-

« dants, faute d'acquérir personnellement des biens et des

« titres de gloire, c'est une honte et une lâcheté. Si vous

c « faites cet effort, c'est en amis retrouvant des amis que vous

« viendrez nous rejoindre, quand vous conduira 5ici le destin

« attaché à votre condition 6;mais si vous vous êtes montrés

i.

Cicéron,De

ojfîc,I,

19:« Scientia,

quaeest remota a

justifia, calliditas potius quam sapientia est appellanda ».

2. Gobet, suivi par Schanz, s'est fondé sur la paraphrase de Jam-

blique pour supposer une lacune après e'. 8è(jlt{ (voir l'apparat cri-

tique). Mais il faut bien convenir que le texte, pris en soi, ne la fait

point soupçonner. Et 8èu.tj

est une formule toute faite, qui équivaut

ici à : et ôà arj G-epSaXsiaôe r)p.aç (si vous ne vous appliquez pas à nous

surpasser). Après quoi l'idée est reprise par avk

uiv ... àpe-cà), pouramener l'antithèse, avec une liberté dont on trouverait en grec bien

d'autres exemples.3. Litt. qui croit être quelque chose. Litote connue.

l\. Le sujet de la phrase est la proposition elvattiffc&Ç yov&ov,

comme s'il y avait tô elvac, etc., ôrjcraupôç étant attribut.

5. Ko[xtÇo> est le mot propre pour les convois funèbres.

6. L'expression f, TCpoarpcouaa [xoîpa n'est pas très claire. On peut

entendre : le destin convenable à vos mérites (cf. Platon, Phédon, n3 e,

où la même expression est employée pour le sort des criminels dans

l'autre monde), ou, en général, le sort réservé aux hommes, la mort.

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ioi MENESENOS 246 e

£,uvoikoOvt<x TrpÉTiovTa {JxxIvetou, àXX3

à*np£Ttf), Kal èmcjja-

véaTepov ttoieî t6v I^ovxa Kal EK<J>atv£i xfjv SEiXlav Ttôtaa

xe ETtLaT^T] )(Cùpi£oLi£vr| 8iKaioat3vr)ç Kal xf\q &XXr|ç àpExf^c; 247 a

•navoupyla, oô ao<f>la Cabrerai. *Ov EVEKa Kal TipÛTov Kal

ftcrraTov Kal 8ià rtavrôç Txâaav TTàvTCûÇ TtpoBu^lav Tt£Lpâa8E

I)(elv ottoùç u.àXiaTa liev ÛTTEp6aXEÎa8£ Kait^laôiç

Kal toùç

•npéoQsv EUKXEla* eI 8èufj,

lote â>ç fl^v, &v ^èv vikcouev

ûu.Sç àpETrj, f| vIktj aî(7)(\jvT]v c|)ÉpEL, f} SÈfjxTa, làv f^TTO)^E8a,

EuSaiLiovlav. MàXiaxa 8' àv viKa>LA£8a Kai ûlaeîç vtK&rjXE,

el TiapaaK£uaaaia8£ xf] xûùv Ttpoyovov 86£,rj Lifj Raxa^p^aé- b

lievolLArjS' àvaX&aovTEç aôxf]v, yv6vxEÇ 8xt àvSpl oIolaévo

tl EÎvai ouk eqtlv aïo^iov oôSèvfj napé^ELV iauxov xi(i<i>-

ljlevov\xt\

Bi éauxfcv, àXXà 8ià 86£av TtpoyôvQv. EÎvai Ljièv

yàp xiuàç yovÉQV ÊKyovoLc; kocXôç 8rjaaupoç Kai fciEyaXo-

Tip£7\i]Ç' xpf]a8aL Se Kal xprjLjtdxcov Kal tlliqv Srjaaupcp, Kal

(âf) xoîç EKy6voiç TuapaSiSôvat, ataxpèv Kal avavSpov,

ànopia tSlov auxoO KxrjU-àxov te Kal eu8o£i65v. Kal èàv

laèv xaOxaêmxrjSEÙarjXE, cf»lXoLTtapà c|>tXouç f\\Làç àc^l^EaSE, C

bxav ûliSç f[ npoafjKouaa Liotpa KOLuarj- àu.£Xr|aavxac; 8è ûu.6c<;

Testim. : 246 e 7 rcaaà T£ _ 247 a 2 çouvetai Stob., Ffor., II, 3i,

37 ; cf. Gic, De offic, I, 19, 63 || 247 a 2 <5v evsxa — 4 syjtv Dion.IJalic, Z)e admir. ui inDem., 26

Ijb 4 sq. cf. Pseudo-Plutarch., De

nob., 2;

cf. Galen., Protrept., VII, 7.

247 a 3 -jdTspov Stob. pro ustoctovj|5 et 8s

[xr[,Fars codd. et Dion.

Stob. : lacunam post txrj suspicatus, ex Iamblicho ita fere supplendamo-coç e'.ç ïaov Y.axao^oixf l'are yàp censuit Gobet

|| rj{xtvTW Stob. :

0- FII

làv F pro avJJ

6 r) vunj aîcryuvTjv çe'pecWF Dion. Stob. :

a?a^uvr)v cpépetT

(tj v'xt] antecpepei add. t) || 7 vixwaeôa TWF Dion.

Stob. : ^rccou.sôa in marg. T supra et 7:<xpa add. f|| v'.zojT)Te Wf et

ex emend. ï: -xare F Stob. -xôîvteç T||b 1 rcapaa/euàsacaôe Tf :

-aaaÔs W -aesôe F Stob.|| xaTayp7)aou.evoc ... àvaXtoaovTsç TW : xaxa-

yprjaafxevoi ... àvaXioaavxeç F Stob.||

3 oùôèv 7] JMtpfyttvWF Dion. :

r] rapeyav T (sed rjza ex où) Iamblichus : îcap^yscv Stobaei SMA

||

4 Kpoydvtuv TF Dion. Iambl. Stob. :

-tiptov W (sed suprascr. yov)

et in marg. yp. T ||5 xaXô; TF Dion. Iambl. Stob. : om. W

||

G yprjaÔat TF Dion. Iambl. : xaxay prj<70a'.W

||8 auTOuW

||C 2 f)U.aç

primit F.

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247 c MÉNEXÈNE 102

« négligents et vils, nul ne vous fera bon accueil. Que ce

« soit là notre exhortation à nos fils !

« Quant à nos pères, si nous les avonsConsolation . » * •* * , ,

„„„ ™„«„+„ « encore, et a nos mères, il faut lesaux parents.'

a encourager sans cesse à supporter de

« leur mieux le malheur, si d'aventure il vient à les attein-

« dre, au lieu de gémir avec eux;

car ils n'auront pasd « besoin qu'on excite leur douleur : à lui seul y suffira

« l'événement. Tâchons, au contraire, de guérir et d'adou-

« cir leur

peine,

en leur

rappelant queleurs

principaux

sou-

« haits ont été exaucés par les dieux. Ce n'est pas l'immorta-

« lité qu'ilssouhaitaient à leurs fils, mais la vertu et la

« gloire : or ils ont obtenu ces biens, les plus grands de tous;

« quant à tout voir, dans le cours de son existence, réussir

« à son gré, c'est chose malaisée pour un mortel. En suppor-« tant bravement leurs malheurs, ils passeront pour être vrai-

ce ment pères de braves, et pareils eux-mêmes à leurs fils;s'ils

C a se laissent abattre, on les soupçonnera de ne pas être nos

«pères, ou bien ce sont nos panégyristes qui sembleront

« mentir !. Ni l'un ni l'autre ne doit se produire ;

mais c'est à

« eux surtout d'être nos panégyristes par leur conduite, et

« de faire voir aux yeux de tous, en se montrant des hom-* mes, qu'ils ont vraiment donné le jour à des hommes.

a Le dicton Rien de trop2 a une vieille réputation de justesse :

« c'est qu'en eflet il est juste3

.

L'homme qui fait dépendre de« lui-même toutes les conditions capables de conduire au

248 a « bonheur ou dans son voisinage, sans les suspendre à d'autres

« dont les succès ou les revers condamneraient sa propre for-

« tune à flotter à l'aventure, celui-là s'est préparé la vie la

« meilleure; voilà l'homme sage,voilà l'homme brave et sensé;

«qu'il acquière richesses et enfants ou les voie disparaître, c'est

1. S'ils supportent convenablement leur infortune, ils prouveront

qu'ils sont vraiment les pères de braves. Sinon, l'on pourra penser

ou bien qu'ils ne sont pas nos pères (si nous sommes regardés commedes braves), ou bien que nous ne sommes pas des braves (s'ils sont

regardés comme nos pères). Le raisonnement a une allure sophistique.

2. Maxime attribuée à un des sept sages ;elle était inscrite sur les

murs du temple d'Apollon à Delphes, avec la maxime Connais-toi.

Voir Protagoras, 343 a b.

3. Sur l'ensemble du raisonnement, voir la Notice, p. 73, et note 3.

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io2 MENESEN02 247 c

Kal KaKiaSÉvxac; ouSslç eulievôç ÛTtoSÉÉJExai. Totç liev oSv

•natal xaOx' Elpf^aSoû.

riarÉpaç Se rJLiâv, oîç Etal, ical Ltrjxépac; AeI ^prj Ttapa-

uu8£ta8at gî>ç £8axa <j>ÉpEtv xfjv cruu<|>opàv, èàv apa £,uu6fi

yEvÉaSat, ical uf| £uvo8upEa8at— ou yàp t°û Xunfjaovxoç

Tïpoa8ef)aovxai- Uavr] yàp taxai icalf) yEvouÉvrj xù^T] xoOxo d

TCopl^ELV— àXX

s

toLtÉvouç <ai npauvovxaç àvaLiiuvr)aKEtv

auxoùç oxt Sv rj^ovxo xà uÉytaxa auxotç ot 8eoI ETtfjKooi

yEyévaatv. Ou yàp â8avàxou<;ac|>tatTTaî8ac;r)u'xovxo yEVÉaBat,

àXX3

àya8oùç Kal eukXeeÎç, qv exu^ov, tisytaxcùv àyaSôv

ovxcov Ttàvxa Se ou £<&Stov 8vnxcp àvSpl Kaxà voOv êv x2>

éauxoO(îlcp EKÔalvEiv. Kal <J>Épovx£<; lièv àvSpEtaç xàç

auucpopàc; Secouai xô ovxt àvSpEtcov TtalSov TtaxÉpEÇ EÎvat

<al auxol xotoOxot, ûtielkovxeç 5è uTtotylav napÉE,ouatv f) uf| q

f^uÉXEpot EÎvatf) f)ttâv xoùç ETtatvoOvxaç Kaxaip£u8£a8af

XP 1^ Se ouSÉxspa xouxcov, àXXs ekeCvouç ttàXtaxa fjuGv ETtat-

véxaç EÎvat Epya>, TtapÉ^ovxaç aûxoùç <|>atvoLtÉvouç x£> ovxl

TtaxÉpaç ovxaç avSpaç àvSpSv.

riàXat yàp Si1

]x6 urjSèv ayav XsyoLiEvov KaXoç Sokeî

XÉy£a8at* xô yàp 6vxt eS XéyExat. "Ox© yàp àvSpl sic

éaux&v àvrjpxrjxat nàvxa xà TtpSç EuSatttovlav tpépovxa f}

èyyùç xoùxou, Kal tif) ev aXXotç àvSp&Tiotc; atopEtxat l£ ov 248 a

f)eu"

f^ KaKcàç Ttpac^àvxcov TcXavâa8at fjvàyKaaxat Kal xà

ekelvou, xoûxcp aptaxa TtapEaKEuaaxat £f]v, oCx6ç êaxtv ô

a&cppov Kal oSxoç ô àvSpEÎoç Kal <J>p6vmoç- oSxoç ytyvo-

ljlevcov xpr|uàx©v Kal TtalScov Kal SiacpSstpoLiÉvcùV ttàXtaxa

Testim.:

247 d 7 çspovreç — 8 clvai Dion. Halic, De admir. uiin Dem., 26

||e 6 naXat — 248 b l\ rcapdvTc cf. Iambl., Adhort. ad

philos., 268 y 248 a sq. cf. Gic, Tusc, V, 12.

C 3 &£trcu Stob. pro urcoSsÇsTac |jc 5 eut F Dion. Stob. : si TW

||

6 wçF Dion. Stob. : toç ^prj TW ||d 1 è<m F pro laxat

||2 ^opiÇeiv

F Dion. : -^eaÔat TW j|3

eù'x.ovxoW Dion. : -xat TF

||e 1 r

;om. F

Il 4 cw-coùs F y 5 ovxa; TWf : om. F||248 a 1 toutou TWf lambli-

chus : -tojv FII alcupeïTat TW (fj super eî W) Iambl. et suprascr. f :

6sto- F y àÇ tl>v om. F suprascr. f|j

2 fjvayxaa0ai F (corr. f).

V. 1. — 10

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248 a MÉNEXÈNE io3

a lui qui obéira pleinement au proverbe : il ne montrera ni

«joie ni douleur excessives, parce qu'il ne se fie qu'à lui-

b « même *. Voilà comme nous prétendons, comme nous vou-

« Ions trouver aussi les nôtres, et comme ils sont, nous le« déclarons

;voilà comme nous nous montrons nous-mêmes

« aujourd'hui, sans révolte ni crainte excessives s'il nous faut

« mourir maintenant. Nous demandons donc à nos pères et

« à nos mères de passer dans ces mêmes dispositions le reste

« de leur vie, et de savoir que ce ne sont pas leurs plaintes ni

« leurs gémissements qui nous seront le plus agréables, mais

c «

que,s'il reste aux morts

quelquesentiment des vivants 2

,

« ils trouveraient le plus sûr moyen de nous déplaire en se

« maltraitant eux-mêmes et en se laissant accabler par leurs

« malheurs, tandis qu'ils ne sauraient mieux nous complaire« qu'en les supportant d'un cœur léger et avec mesure. Car

« notre vie va avoir la plus belle fin qui soit pour des humains,« de sorte qu'il convient de la glorifier plutôt que d'en gémir ;

« et quant à nos femmes et à nos enfants, s'ils prennent« soin d'eux, les nourrissent et tournent de ce côté-là leur

« pensée, ils auront le meilleur moyen d'oublier leur infor-

« tune et de mener une vie plus belle, plus droite et plus

d « conforme à nos désirs.

« Voilà le message qu'il suffit d'adresser de notre part à

« nos proches ; quant à la cité, nous l'inviterions à prendre« soin de nos pères et de nos fils, en élevant décemment les

« uns, et en nourrissant dignement la vieillesse des autres,« si nous ne savions que, même sans cette invitation, elle y« veillera comme il faut. »

« Tel est, fils et parents des morts, le

Exhortationsmessage dont ils nous ont chargé et que

et consolations .°

. i i_ 1•

de l'orateur. Je vous raPPorte avec tout le bon vouloir

dont je suis capable. A mon tour, jedemande en leur nom, aux fils d'imiter leurs pères, aux

i. De cette doctrine, stoïcienne avant la lettre, rapprocher RépubL,

389 de: « Celui qui a l'âme bien faite se suffit pleinement à lui-

même pour bien vivre...; il ne s'effraie nullement de perdre un

fils ou un frère, ou des richesses, ou tout autre objet de ce genre...

Bien loin de se lamenter, il supporte avec la plus grande égalité

d'âme un coup semblable. »

a. Sur cette idée, voir Lois, 927 a.

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io3 MENESENOS 248 a

•neLaETaixfj Ttapoiuta* oute yàp %*Lpcùv oÛte Xuttouuevoç

ayav cf>avf)a£Tai Sià xè aÛT& TtETtoiSÉvai. Toioutouç Se

fi,u£Îç y£ &£,io0^ev KalTooç rjuETÉpouç EÎvai Kal fiouX6uE8a b

Kal cf>auÉv, kou fjuâç aÔTOùç vOv TrapÉ^ojiEv toioutouç, oôk

àyavaKToOvTaç ouSè <J>o6oujiévouç ayav eI Seî teXeutSv ev

tco TtocpévTi. AsduESaSf)

ical TraxÉpcDv Kal jirjTÉpov rfj aÔTf]

tco3tt] Siavota xpouévouç t6v ettiXoittov (îtov SiàyEiv, Kal

EiSÉvat 8tl oô 8prjvo0vxEÇ ouSè SXoc|>up6u.£voi ^p&c; f\\fiv

uaXiaTa ^aptoOvxaL, àXX' eï xiç sari toÎç TETEXEUTrjKÔaiv

aïa8r|aLc; tcov £g>vtcûv, outcùç à^àptaTOL eÎev av uàXiara, c

éauToùç te kcxkoOvtec; <al (JapÉcoç cjjspovTEÇ Taç au^icpopàc;'

koùc|>coç Se Kal UETplcoç uàXicn:' av xapC^otvTO. Ta p.èv yàp

^(lÉTEpa teXeut^v fjSrj e£,ei fJTtEp KaXXCaTrj yiyvETai àv8p<*>-

tiolç, cocjte TtpÉTiEi. auTa u&XXov kooueîvf) SprjvEiv* yuvai-

kcov Se tcov rjuETÉpcov Kal TtaCScov EmusXoûuEvoi Kal TpÉ-

(Jjovtec; Kal IvTaOSa tov voOv TpÉrrovTEç Tr]ç te tu^çuàXiaT

s

av eÎev evXf)8rj

Kal £cdev koXXiov Kal ôp86T£pov

Kal ^îv Tcpoac|>LXÉaTEpov. d

TaOTa8f)

tKavà toÎç fj^ETÉpoiç Ttap3

fjucov àyyéXXELV

Trj Se tiôXei TiapEKEXEUôuEB' &v otîcùç tJuâv Kal TtaTÉpcov Kal

uécov ETtnisXr|aovTaL, toùç uèv TiaiSEiJovTEc; kocjuIcoç, toùç

Se yrjpoTpocfïoOvTEc; à^Cccç* vOv Se ïouev (Sti Kal làv yf)

n,UEÎÇ TtapaKEXEUCO^EBa, iKavôç ETUUEX/jaETai.

TaOTa oQv, S TtaîSEÇ Kal yovf]c; tcov TEXEUTr)aàvTcov,

ekeîvoL te ETtÉaKT)TtTOV fju.îv àTtayyÉXXEiv, Kal iycb coç Suva- e

Testim. : 248 d 4 foùç jièv— 5 à£(io; Dion. Halic, De admir.

ui in Dem., 26.

a 7 aùxcot W y KeicoiOevat TF Iambl. : îkttovô- WJ|b 1 ye TW :

om. F (suprascr. f) Iambl.|)

slvat post àÇtoufxsv add. F||

elvat post

yjjjLexepou;om. F (suprascr. f) ||

6 ôpïjvouvceç TF : Oappouvxeç primit.

W sed corr.||C 1 à^apicrcot ys av F (eTev suprascr. f) || 4 fjÇet F pro

eÇeii|d 3 TzapexsXeudjxtQ' av Laurent. VII, 85 : 7tapaxeXeudjAe8' av F

7îapaxsXeuo:;A60'

av TWf 7;apaxeXeudjj.e0a Dion.j|4 iTCifAsX^Gumai W

H ^aiosuovxaç F|]5 làv primit. om. F. sed suprascr. ||

e 1 &pv WFpro t)[aïv.

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248 e MÉNEXÈNE io4

autres de se rassurer sur eux-mêmes, certains que les parti-

culiers s'uniront à l'État pour prendre soin de votre vieillesse,

et que notre sollicitude se manifestera partout où chacun de

nous rencontrera quelque parent des morts. Quant à la cité,

vous-mêmes vous connaissez sans doute sa sollicitude : aprèsavoir établi des lois pour les enfants l

et les parents des morts

tombés à la guerre, elle veille sur eux, et, plus que les autres

249 a citoyens, elle a chargé la magistrature la plus haute f de pro-

téger contre l'injustice les pères et les mères de ces morts; pour

les enfants, elle-même contribue à leur éducation;désireuse

de leur dissimuler autantque possible

leur condition d'or-

phelins, elle-même prend auprès d'eux le rôle du père quandils sont encore enfants, et, lorsqu'ils deviennent des hommes

faits, elle les envoie en possession de leurs biens, après les

avoir parés d'une armure complète; elle leur montre et leur

rappelle la conduite de leur père, en leur donnant les instru-

ments de la vaillance paternelle, et leur permet en mêmeb temps, à titre d'heureux présage, d'aller pour la première fois

au foyer paternel pour y exercer l'autorité jointe à la force,

avec les armes dont ils sont revêtus 3. Aux morts eux-mêmes

elle ne cesse jamais de rendre hommage: chaque année, c'est

elle qui organise pour tous en public les cérémonies qu'il est

d'usage de célébrer pour chacun en particulier ;elle y ajoute

des jeux gymniques et hippiques, des concours musicaux de

toute nature. Bref, à l'égard des morts, elle prend le rôle de

C l'héritier et du fils ; envers les fils, celui du père ; envers les

parents, celui du tuteur, sans cesser, dans tout le cours du

temps, de prodiguer à tous toutes les formes de sollicitude.

Ces pensées doivent vous faire supporter votre malheur avec

plus de calme;

c'est ainsi que vous pourrez le mieux être

i. Périclès (Thuc. II, 46) rappelle aussi la loi athénienne d'après

laquelleles enfants des soldats morts étaient élevés aux frais de

l'Etat. On la faisait remonter à Solon.

2. Pris à la lettre, ce mot viserait l'archonte proprement dit, qui

donnait son nom à l'année. En fait, c'est le polémarque qui était

chargé de veiller à l'entretien et à l'éducation des orphelins de guerre.

3. Eschine évoque cette cérémonie dans le Contre Ctésiphon, i54-

Aux grandes Dionysies, avant le concours tragique, les fils des

citoyens morts à l'ennemi étaient présentés au peuple, dans le

théâtre, revêtus d'une armured'hoplite

Le héraut proclamait que,

leurs pères étant morts à la guerre en gens de cœur, le peuple avait

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io4 MENESENOS 248 e

jiai Tipo8u(iéT(XTa àTraYyÉXXco• Kal aÔTàç SÉo^iai ÔTtèp ekeI-

vûv, tov uèv ^L^EtaBai toùç auTÛv, tûv 8è 8appEÎv ÔTièp

aÛTcov, ôç f)^Sv <al t&la Kal 8r|fcioaia yrjpoTpo(|>r|a6vTCûv

v\xaLç Kal ETtL^LEXrjaojiÉvcûv, Bttou av iKaaxoç EKàcrra èvTuy-

X<ivr| ôtcooOv tcov ekelvov. Tfjç Se ttôXegjç ïote ttou Kal

auxol t^v ETiifciÉÀEiav, oti vé^iouç Sejiévt] TTEpl TOUÇ TttV EV

tS ttoXéuco TEXEUTrjaàvTov TtaîSàç te Kal yevv^|xopot<; èm-

^EXEtTat, Kal 8ia<J>Ep6vTo<; tqv aXXcov ttoXltcûv TcpoarÉ-

TaKTat(^uXoctteiv àpxfj fjnEp ^EyiaTrj ecxtIv, ottqç

av oî 249 a

TOUTCÙV^lf]

àSlKÔVTai TiaTÉpEC; TE Kal JlT^TÉpEÇ* TOÙÇ 8È

TTaîSaç auvEKTpÉ<|)£L aôxf|, *npo8u^ou^ÉVT| 8xi ^aXiaT* aSrj-

Xov aÔToîç Tfjv 5p<J>avlav yEvéaSat, lv TtaTpôç a)(f)|iaT-

KaTaaTSaa auTOÎç auTf) eti te Ttaialv oSaiv, Kal ETtEiSàv

Etç àvSpoç téXoç ïcoaiv, à-noTiÉ^TTEi ettI Tacr<|>ÉTEp'

aÔTov

TiavoTiXlaKoauf]aacra, evSeikvu^évt)

Kalàva^i^vflaKouaa

Ta toO TtaTpoç ETTLT^Ssti^aTa opyava t?\ç TtaTp&aç àpET^ç

SiSoOaa, Kal a^a oÎcùvoO X°CPIV apXECT^aL ^vat etiI Tfjv b

TtaTpcSav éaTtav ap^ovTa ^ets

taxàoçoTtXoiç KEKo<r^r|tiÉvov.

Autoùç 8è toùç TEXEUTrjaavTaç Tt^coaa ouSétïote ekXeIttei,

KaB' EKaaTov IviauTov aÔTr) Ta vo^K^o^Eva TtoioOaa Koivfj

Ttaatv

aTTEp

ISla

EKàarcp y'iyvETai, Ttpôç8è

toïjtolç àycovaçyu^iviKoùç Kal tTTTUKoùc; TiSEtaa Kal ^ouaiKrjÇ Tiàcrrjc;,

Kal

aTE)(vco<; TÛv jièv T£XEUTT|aàvTCùv ev KXr)pov6^iou Kal ÛSOÇ

polpa Ka8EOTT]Kuîa, tôv 8e ûéqv ev TtaTpéç, yovécov 8è tôv C

toùtcûv ev ETtiTpéTtou, Tt&aav TtàvTcov Ttapà nàvTa tov XP°~

vov ETruiÉXEiav TToiou^Évr). *flv XP 1

^] svSu^ou^iévouç Ttpao-

TEpov<J>épEiv

Tfjv £u(i<J>opàvtoîç te

yàp TEXEUTr)aaaiKal

Testim. : 248 e 2 xat auTÔ; — 3 û-îp auxwv Dion. Halic, De

admir. ui in Dem., 26.

e 3 aùxwv ... 4 a-J-wv WF||249 a 1 àp/fi recc. :

-ynrTWF

|(5 super

xaTaaxaaa F (X£Ta scrips. f|| clvxt, F : aû-^ W aunr) T j|

y.al TF om.

Wy 6 Tawç F pro Vioa-v (t'ojatv add. f in marg.) ||

b 2 àplfovxa TF :

-£av:a W H 4 aÙTrj F : aûxT) TW ||5 fôt'a éxaaTcu Marcianus 89 :

îô:a s/.âaxu) tôia T zy.iz~.hi io'.-x tSta

W ixâar(o 18 ta F|j 7 uîeoç codd.

«Ici uîstov F : utwv TW il tûv toûtcov F : xat twv -ojxwv TW.

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249 c MÉNEXÈNE io5

chers aux morts et aux vivants, et faciliter les soins que vous

donnerez et recevrez. Et maintenant, unissez-vous à tous les

autres pour donner aux morts les lamentations d'usage avant

de vous retirer ! »

d „ . Tu as là, Ménexène, le discours d'Aspa-Conclusion. . , ..;. .

rsie de Muet.

Ménexène. — Par Zeus! Socrate, Aspasie est bien heu-

reuse, d'après toi, si elle peut, elle une simple femme,

composer de pareils discours !

Socrate. —Si tu ne le crois pas, suis-moi, et tu l'enten-

dras elle-même.

Ménexène. — Plus d'une fois, Socrate, j'ai rencontré

Aspasie, et je sais ce qu'elle vaut.

Socrate. — Eh bien, ne l'admires-tu pas? Et ne lui sais-

tu pas gré aujourd'hui de son discours ?

Ménexène. — Si, Socrate; je suis même, pour ma part,

e fort reconnaissant de ce discours à Aspasie ou à celui qui te

l'a débité, quel qu'il soit. Et fort reconnaissant, en outre, à

celui qui l'a reproduit.

Socrate. — Voilà qui va bien. Mais garde-toi de me

dénoncer, si tu veux que je te rapporte encore beaucoup de

beaux discours politiques tenus par elle.

Ménexène. — Rassure-toi, je ne te dénoncerai pas, pourvu

quetu me les

rapportes.Socrate. — C'est entendu.

élevé leurs fils jusqu'à la jeunesse, et que maintenant, après le*

avoir armés, il les laissait libres de s'occuper de leurs affaires.

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io5 MENESENOS 249 c

toîç £âaiv oOtcdç av TtpoocpiXÉaTaToi eÎte <ai £fiaroi

BEpaneûsiv te Kal 8Epa*nEi&Ea8at. NOv 8èfjSrj û^eu; te Kal

Ot aXXoi TTOCVTEÇ KOlvfj K<XTà TOVV<5fclOV TOÙÇ T£T£X£UTT]K<5Tac;

àTtoXcxpupàfciEVoi ôctilte.

OCt6çgol 6 X6yoç, & Mevé^eve, 'AarcaaLac; Tf^ç MiX^alaç d

IcttIv.

M EN. Ni*) Alo, S Z<£>KpaTEÇ, fciaKaplav yE XÉyEiç t^v

'Acmaalav, eI yuvfj oSaa toioùtouç Xéyouç ota ts

ect.

auvTiBÉvat.

ZO. 3

AXX' eI^f) maTEÙEiç, ockoXo^Sel

^iet' e^ioO, Kal

àKotioEi aÔTfjç XEyoïiarjç.

M EN . rioXXdcKLc;, & Z6KpaT£Ç, èyà EVT£Ti&xr|Ka 'Aortaota,

Kal o*8a oïa ecxtIv.

ZO. Tt oSv;ouk ayaaai auTfjv icai vOv X^P 1*' ^Xeu» T0^

X6you aÔTrj ;

M EN. KalTtoXXi!

|v y£, âZaxpaTEç, lyà X^P^ ^X° toutou

TOO X6y0U EKEIVTJ f)EKEtVG) 8aTlÇ (TOI Ô EtTtdûV ECTTIV aÔT6v 6

Kal Ttp6ç y£ aXXrjv TroXXfjv \àpi\> Ëyay tÔ eIti6vti.

ZO. ES av ex°l' &XXS

Sttcoç jjlou ^f) KaTEpEÎç, ïva Kal

aC8lç aoi ttoXXoùç Kal KaXoùçXcSyouç Ttapa

auTÎ^ç ttoXitikoùç

àTxayyÉXXcù.

M EN. 0àpp£i, otô KaTEpco- ^6vov àTràyyEXXE.

Zft. 'AXXà TaOT' laTat.

Testim. : 249 d 6 'AXX' —(iex' èjAoO Schol. Aristoph., Plut., u.

8a3.

C 5 el'Tjie codd. || 6 xau àXXot W|| d 2 êaTt(v) TF

: om. W ||

e 2 rcpo; ye F : ^po Te TWj| àXXrjv tîoXXïjv Heindorf: à'XXtov tcoXX&v

Il3 xatepeîç T : xaTepfjç W xaTspfjç f xapxepsis F ||

4 tîoXctcxoÙç secl.

GobetD 6 où xaTspâî TW (xa in ras. W) : oùx àvTepw F.

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NOTICE

h'Eulhydème s'ouvre par une conversa-

*„ r«a 2G

„ tion entre Critonet Socrate (27 1 a-272 dYde 1 ouvrage. /A • i ,

La veille, au Lycée, Criton s est trouve

présent à un entretien de Socrate avec deux étrangers, mais

la foule des auditeurs ne lui a pas permis d'entendre. Quelsétaient ces deux inconnus ? Sur

quoi

a

porté

la discussion ?

En réponse, Socrate indique à Criton tout ce qu'il sait lui-

même d'Euthydème et de Dionysodore, puis il rapportel'entretien.

Ce long récit (272 d-3o4 b) est la partie capitale de l'ou-

vrage. D'abord (272 d-275 c) Socrate raconte comment, se

trouvant au Lycée, et sur le point de partir, il a été entouré

par les deux sophistes suivis de leurs disciples, et par Glinias

accompagné de ses adorateurs. Euthydème et Dionysodore se

disent capables d'inculquer la vertu mieux et plus rapidement

que tout autre. Émerveillé, mais encore incrédule, Socrate

les invite à faire la preuve de ce savoir. Il leur désigne Glinias,

à qui ses amis s'intéressent particulièrement : qu'ils lui per-suadent d'aimer la science et de cultiver la vertu !

Un premier entretien d'Euthydème et Dionysodore avec

Glinias (2700-2770) ne donne aucun résultat, sinon deréduire le jeune homme au silence par des raisonnements

contradictoires. Socrate intervient alors. Il essaie de rassurer

Clinias en lui expliquant qu'il ne s'agit là que d'une sorte

de prélude à l'initiation. Et, se tournant vers les sophistes,il

renouvelle sa demande. Mais il va, cette fois, leur indiquerlui-même comment il conçoit cette exhortation à la vertu

(277C-278 e).C'est donc lui qui se substitue aux deux sophistes. Interro-

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no EUTHYDÈME

géant à son tour Clinias, il l'amène à reconnaître que tous

les hommes désirent être heureux, donc avoir beaucoup de

biens (matériels: richesse, beauté, naissance, crédit, honneurs,

et moraux : tempérance, justice, courage). Il faut y ajouterla sagesse. Y joindre PcÛtuyCoc* c'est-à-dire la réussite, le don

de toucher le but, est inutile, car cette qualité est impliquéedans la sosi'oc. Mais les biens ne sont tels que si l'on sait en

faire usage ;unis à l'ignorance, ils sont pires que les maux.

Pour acquérir du prix, ils doivent être dirigés par la science

(e7rKmrju.Tr,), qui procure à la fois la réussite (ej-ruy (a) et le bon

emploi des choses (cùirpayi'a). Bref, le seul bien véritable estla raison (©govijgi;) et la sagesse ou savoir (soçca). Il faut

donc s'efforcer d'être aussi sage que possible. Or la sagesse

s'enseigne ;d'où la nécessité de rechercher la sagesse (cpiXoco-

?eTv).^

Arrivé à cette conclusion, Socrate s'arrête pour laisser la

place aux sophistes. Il les prie de faire un exposé sur le même

sujet,ou,

partant

des résultats

acquis,de

poursuivrela recher-

che en montrant quelle science on doit acquérir pour être

heureux (278 e-282 e).

Les sophistes rentrent alors en scène. Cette fois la discus-

sion est beaucoup plus longue. Clinias n'v paraît plus : elle

met aux prises Euthydème et Dionysodore, qui parlent tour

à tour, avec Socrate et un amant de Clinias, le jeune Ctésippe.

Elle ne donne d'ailleurs pas plus de résultat que la première,les deux sophistes usant du même système, qui consiste,

quelle que soit la réponse de l'adversaire, à lui prouver qu'il

a tort. Mais Clinias s'était borné à répondre : Ctésippe pro-teste et se fâche. Socrate intervient pour le calmer, et la dis-

cussion recommence entre Dionysodore et Ctésippe. Nouvelle

intervention de Socrate : si Dionysodore a raison, l'enseigne-

ment des deux sophistes se trouve par là même sans objet.

Dionysodore lui reproche de bavarder hors de la question,mais Socrate, se fondant sur les raisonnements mêmes de

l'adversaire, revient à sa conclusion. Ctésippe s'emporte contre

les sophistes, et de nouveau Socrate l'apaise : Euthydème et

Dionysodore, dit-il, continuent à plaisanter. Il les engage à

parler sérieusement, et lui-même, pour les y décider, va

reprendre son entretien avec Clinias au point où il l'avait

laissé (283 a-288 d).Second entretien de Socrate et de Clinias. Le premier avait

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NOTICE mabouti à cette conclusion qu'il faut rechercher la sagesse (oule savoir) : oiXoco^rj-reov. Or, la ziloGoylz est l'acquisition

d'une science. D'après ce qui a été dit, la science doit être

utile, donc capable à la fois de produire (iroteïv) et d'utiliser ce

qu'elle produit.Différents arts sont passés en revue, mais

aucun ne répond aux conditions demandées. Par exemple,l'art de fabriquer des lyres (Xucotto'.ixt,)

est distinct de l'art de

s'en servir;de même l'art de faire des discours. S'arrêtera-t-on

à celui du général (tj GTpa-nrjvixTJ te/vt)) ? Mais Glinias observe

que cet art, qui rentre dans celui de la chasse(ÔYjpguTixTj), ne

satisfait pas non plus aux conditions requises. Le général qui a

pris une ville ou une armée la remet aux hommes d'État,

pour qu'ils tirent parti de sa capture : il ne sait lui-même uti-

liser ce qu'il a produit.

Ici le récit de Socrate est interrompu par Criton. Est-ce

bien Glinias qui a développé de pareilles considérations ? En

ce cas, il fait preuve d'une maturité d'esprit qui rend inutile

la tâche de ses éducateurs.

Socrate avoue que l'enquête n'a pas abouti. Glinias et lui

ont cru découvrir l'art qu'il cherchaient dans la politique ou

art royal ((JaaiXtxr, ~tyy*\)-Mais cet art, que produit-il ? Ce

doit être un bien, s'il est utile;comme on l'a vu, ce bien ne

peut être qu'une science, et cette science doit rendre les hom-

mes sages et bons. Mais quelle est-elle ? En quoi rendra-t-elle

les hommes bons et utiles ? Dans sa détresse, Socrate invoqueles deux étrangers et les appelle à l'aide (288 d-2o3 a).

Troisième entrée en scène des sophistes. Une nouvelle dis-

cussion s'engage, plus étendue encore que la seconde. Euthy-dème et Dionysodore la conduisent à tour de rôle contre

Socrate et Ctésippe. Elle n'aboutit pas plus que les précé-dentes. Les sophistes déploient leur virtuosité, mais Ctésippeet Socrate, passant à l'attaque, empruntent à leurs adver-

saires leurs propres procédés pour les battre (293 a-3o3 a).

Socrate prend alors la parole pour dégager du débat une

conclusion d'ensemble. La méthode de discussion employée

par les deux sophistes ne peut avoir de valeur que pour eux

et leurs disciples ;ils se réfutent eux-mêmes, et le premier

venu peut en quelques instants s'approprier leur science,

comme l'a prouvé l'exemple de Ctésippe. Qu'ils se bornent

donc à discuter entre eux et avec leurs élèves!

(3o3 b-3o4 b).

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iia EUTHYDÈME

Le récit est terminé. Un entretien de Socrate avec Griton yfait suite. Socrate a manifesté au début (272 b et suiv.)

l'intention de se mettre à l'école des deux sophistes, et il a

engagé Griton à suivre son exemple. A la fin de la discus-sion, il a prié lui-même Euthydème et Dionysodore de l'ad-

mettre parmi leurs disciples (3o£ b). Il revient encore à la

charge auprès de Griton. Mais celui-ci se montre peu disposéà accepter l'invitation. Au sortir de l'entretien de Socrate

avec les sophistes, il a rencontré un auditeur qui lui a mani-

festé son mépris pour ces sortes de disputes et pour ceux qui

s'y prêtent.Griton désirerait

pousserà la

philosophieson fils

Critobule, mais les éducateurs qui l'enseignent lui semblent

extravagants. Socrate lui conseille de considérer dans la phi-

losophie, non les individus qui s'y adonnent, mais l'objet

même de leur recherche (3o4 b-3o7 c)-

h'Euthydèmeestune comédie,une des plus

Va

dThith

m

dème

GsPirituelles et des Plus mordantes qu'ait

Les personnages, composées Platon. Et c'est sa valeurdra-

matique qu'il convient d'abord de mettre

en lumière. Chacun des personnages y a sa physionomie pro-

pre, dessinée avec autant de vie que de finesse.

Griton, le vieil ami de Socrate, du

même dème et du même âge que le phi-

losophe, est un digne bourgeois, grave et scrupuleux,consciencieusement appliqué à ses obligations. 11 possède des

domaines : sa principale occupation est de les faire valoir

(291 e) et de s'adonner aux affaires (3o4 c). Mais il a, malgréson état et son âge, le goût des entretiens philosophiques

(3o4c), et il est toujours prêta s'instruire. Surtout, il songe à

l'éducation de ses fils. Il sent bien qu'il ne s'est pas acquitté de

tous ses devoirs envers eux en leur donnantpour

mère une

femme de bonne famille, et en travaillant à leur fortune :

il doit encore en faire des hommes, et tous ses entretiens

avec Socrate le confirment dans cette idée (3o6 d et suiv.).

Il serait donc enclin à suivre ses avis, en dirigeant vers la

philosophie son fils Gritobule, qui est en âge d'aborder cette

étude. Mais si la philosophie lui paraît être une belle chose,

il fait peu de cas des éducateurs qui prétendent l'enseigner,

et il confie ses perplexités à Socrate. Car Socrate est son

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NOTICE u3

guide : c'est à lui qu'il s'en remet, pour les choses del'esprit,

avec une confiance entière qu'on sent faite d'affection et de

respect. Docile à ses conseils, il se déclare prêt à devenir,

bien qu'il ait passé l'âge, son condisciple à l'école des

sophistes. Il est pourtant choqué de voir Socrate condescen-

dre à discuter avec d'aussi pauvres esprits qu'Euthydème et

Dionysodore ;comme l'auditeur dont il rapporte les propos,

il blâme une telle complaisance. Ce reproche n'est qu'uneffet de l'estime exceptionnelle qu'il a pour son ami. Et lui-

même il s'en excuse d'avance : n'y a-t-il pas quelque ridi-

cule à vouloir faire la

leçonà Socrate

(3o4 d)?

. Glinias est un de ces jeunes aristocrates

athéniens que l'on rencontre souvent

parmi les auditeurs du philosophe. Fils d'Axiochos (271 b,

270 a),il est cousin d'Alcibiade, dont un frère, appelé aussi

Glinias, se trouve mentionné dans le Protagoras (32oa).Platon le représente ici comme un tout jeune homme, un

adolescent (fxstp^xiov, 271 b etc.; veav:<jxoç, 275 a), qui

traîne à sa suite un nombreux cortège d'admirateurs

(273 a). Il est un des familiers de Socrate, car, en l'aper-

cevant, il vient avec empressement s'asseoir à sa droite

(273 b). Et Socrate exprime l'affectueuse sollicitude dont ce

charmant adolescent est entouré par ses amis, qui désirent

le voir devenir un homme accompli (275 a).

En dépit de son âge, il a déjà quelque habitude de la discus-sion et de la méthode dialectique (275 a). Pourtant, sa timi-

dité est extrême: dès la première question d'Euthydème, il perdcontenance (275 a). En revanche, quand il est encouragé par

Socrate, avec le secours de ce guide bienveillant dont la

parole éclaire un à un tous les problèmes soulevés, sans

chercher à déconcerter son inexpérience, il fait preuve de

justesse d'esprit. A coup sûr,il est encore

jeuneet

naïf,comme l'observe son interlocuteur;

il s'étonne d'entendre

dire à Socrate que laaocpta implique l'eûro^i'a

eten estune forme

(279 d). Mais il n'hésite pas à affirmer que lacroc

ta peut

s'enseigner, et Socrate le félicite d'être si bien entré dans sa

doctrine (282 c).Dans le second entretien, il a déjà réalisé

des progrès surprenants. Il ne se borne plus à acquiescer; il

prend délibérément parti ;il invoque l'expérience pour sou-

tenir que les faiseurs de discours sont incapables d'utiliser

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n4 EUTHYDÊME

leurs propres productions (289 d). Bien plus, il n'hésite pasà se prononcer contre le Maître. A Socrate exprimant l'opi-

nion que l'art du général est capable plus que tout autre

d'assurer le bonheur, il oppose, avec une singulière assu-rance, une démonstration devant laquelle Socrate éprouveune surprise mêlée d'admiration, et qui arrache à Criton uncri d'émerveillement. Se peut-il qu'un si jeune homme ait

tenu de pareils propos ? Il faut admettre en ce cas que la

méthode socratique, employée comme moyen d'éducation,

réalise des miracles. Mais Criton reste incrédule, et il laisse

entendre

que

l'être «

supérieur

»

par qui

a été tenu ce

langage n'est autre que Socrate lui-même (291 a).

. Moins séduisant que Glinias, Ctésippefait avec lui un contraste marqué. On le

retrouve dans le Lysis, où il est donné comme originaire du

dème de Paeania (2o3 a; cf. Euthyd., 273 a) et cousin de

Ménexène (206 d). Mais il joue dans le Lysis un rôle beau-

coup plus effacé que dans YEathydème. II est nommé ici

veavicxoç (273 a), et il faut se le représenter, lui aussi, commeun très jeune homme, toutefois un peu plus âgé probable-ment que Glinias. L'auteur fait son portrait en deux mots :

« une excellente nature, malgré une violence emportée quiest un effet de la jeunesse » (273 a). Amant de Glinias, il

tranche sur ses autres adorateurs par la fougue du sentiment.

Au début de l'entretien,il

s'est trouvé éloigné de Glinias, dontla vue lui est masquée par Euthydème. Il change de place pours'asseoir en face du groupe qui entoure le bien-aimé (27/4 c).

Quand Dionysodore déclare que vouloir transformer Glinias

d'ignorant en savant revient à désirer sa mort, Ctésippe éclate

avec indignation contre un pareil sacrilège (283 e). Le désir

de briller aux yeux de Glinias surexcite son esprit au cours de

la discussion, et,

lorsqu'il

réussit à

prendre Dionysodore

au

piège de sa dialectique, tout fier d'avoir remporté un pareil

succès devant son bien-aimé, il en paraît « dix fois plus

grand » (3oo d).

Mais Ctésippe ne songe pas seulement à ses intérêts amou-

reux;

il aime la discussion pour elle-même (3cXr,xooç, 274 c),

il s'y jette avec ardeur, et y déploie l'insolence batailleuse

qui le caractérise. Il n'intervient pas dans le premier entre-

tien des sophistes avec Clinias, mais plus loin le sophisme de

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NOTICE n5

Dionysodore relatif à son bien-aimé lui arrache, on l'a vu,

une protestation indignée. Dès lors il part en guerre contre

les étrangers, et particulièrement Dionysodore. Inhabile, au

début,à découvrir le

pointfaible dans les raisonnements de

l'adversaire, et trop courroucé pour garder son sang-froid, il

riposte par des sarcasmes insultants. Il faut que Socrate s'in-

terpose pour l'apaiser.Il se radoucit aussitôt

;il a pour

Dionysodore des paroles conciliantes. Mais quelques instants

après, dans un débat qui met aux prises Socrate et les sophis-

tes, il ne peut se retenir d'éclater encore;

il accuse Euthy-dème et Dionysodore de battre la campagne.

Quand les sophistes, appelés à l'aide par Socrate, engagentla troisième discussion, Ctésippe, qui commence à voir clair

dans leur jeu, se met à les attaquer sur leur propre terrain.

Comme ils prétendent tout savoir, il les accable impitoyable-ment des questions les plus incongrues. Il ne fait encore, à

vrai dire, que reprendre et pousser à bout les objections de

Socrate. Mais un peu plus loin il se sent assez fort pour

prendre l'offensive, et retourner contre ses adversaires leurs

propres raisonnements, afin d'en dégager l'absurdité. Se

sentant maître de la situation, il ne se fâche plus et se borne

à rire, quitte à lâcher parfois une insolence. Il ne proteste

plus contre les sophismes : il leur tient tête, en en prenanthardiment le contre-pied, ou en inventant des arguties à

l'exemple de l'adversaire. Enfin il réussit à faire tomber

Dionysodore dans une réponse imprudente. C'en est fait :

l'adversaire est à terre, et Ctésippe pousse un cri de triomphe.Socrate lui-même le remarque : à l'école des sophistes, il a

appris le secret de les vaincre. Désormais Ctésippe n'inter-

vient plus, sinon tout à fait à la fin du débat, pour saluer

d'un bravo ! ironique l'inepte subtilité de Dionysodore, et

annoncer aussitôt après que, devant ces jouteurs « invin-

cibles»,

il ne lui reste

qu'à quitterla

place.

Les deux sophistes offrent, dans l'en-

Euthydèmesemble, le même caractère. Pratiquant le

et Dionysodore. . . ., . .^

.

même art, ils se complaisent aux mêmes

arguties, avec une assurance tranchante et un sentiment de

leur supériorité qui les rendent ridicules l'un et l'autre.

Chacun d'eux garde néanmoins sa physionomie propre.

Euthydème, qui donne son nom au dialogue, est plus jeune

V. i. — ii

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n6 EUTHYDÈME

que son frère (283 a). C'est pourtant lui qui a le principalrôle. Socrate lui-même le fait ressortir quand il le compareà l'hydre, et Dionysodore au crabe de la légende (297 c).

C'est

Euthydème quise

charged'annoncer

queson frère et

lui ont délaissé les arts dont ils faisaient autrefois profession,

pour enseigner la vertu mieux que personne. C'est lui quiouvre le premier entretien avec Glinias. Quand Socrate, à la

fin de son second dialogue avec le jeune homme, appelle les

sophistes à l'aide, c'est Euthydème qui prend la parole « sur

un ton plein de superbe ». Plus fin ou moins imprudent queson frère, il conserve dans le débat une tenue dédaigneuseet garde son sang-froid. Il lui arrive sans doute, reprenantun reproche de Dionysodore (287 b), de traiter Socrate de

radoteur et de s'impatienter de ses distinctions (295 b et

suiv.). Mais il ne se laisse pas emporter par la discussion, et

il blâme son frère de gâter le raisonnement par une mala-

dresse dont il fait voir aussitôt la conséquence (297 a).

Dionysodore est comme la caricature d'Euthydème. Il est

toujours prêt à renchérir sur les subtilités de son frère, et à

charger l'interlocuteur. Dans le premier entretien avec Clinias,

il s'empresse de donner la réplique à Euthydème, en s'em-

parant aussitôt de la thèse opposée pour mieux abasourdir le

jeune homme. Pris à partie par Ctésippe, il se plaint d'être

injurié; il se fâche à son tour. La passion et le désir de

confondre à tout prix l'adversaire l'entraînent à des écarts de

raisonnement qui lui attirent, avec une dure observationde son frère, l'humiliation de se voir battu par Ctésippe,

pourtant un novice. Quelques-uns des sophismes les plus

absurdes, notamment celui qui termine l'entretien, ont été

mis dans sa bouche par l'auteur du dialogue. Dionysodorefait l'effet d'une sorte de mécanique, qui exécute avec un

automatisme devenu presque instinctif certains mouvements,sans l'intelligence

qui

serait nécessaire

pour

en arrêter ou en

modifier le jeu suivant les circonstances.

Au-dessus de ses jeunes amis, et au-

dessus des deux sophistes, Socrate do-

mine tout le dialogue. On retrouve en lui dans YEuthy-dème ses qualités habituelles de raison lucide, souple et ferme,

de sérénité souriante et de malicieuse bonhomie. Il veille

avec sollicitude sur Clinias, l'encourage à répondre quand il

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NOTICE 117

le voit embarrassé, et s'empresse de le rassurer pour l'em-

pêcher de perdre entièrement contenance. Il le guide patiem-ment dans leur commune enquête, lui montre le chemin

parcouru, lui signale les difficultés, et le félicite quand il a

obtenu de lui une réponse judicieuse et personnelle. Entre

Gtésippe et Dionysodore il joue le rôle de conciliateur, et, en

plaisantant le jeune homme tandis qu'il s'offre lui-même

comme sujet d'expérience, il le ramène au calme. Feignantd'admettre comme prouvées les connaissances dont se tar-

guent les deux sophistes, il professe pour eux une admiration

sans bornes. Il se dit émerveillé de leur savoir encyclopédique,et désireux de suivre leurs leçons, surtout quand il apprend

qu'ils se flattent d'enseigner la vertu avec une telle supériorité

sur tous les maîtres. Il ne tarit pas d'éloges en entendant

cette déclaration. Il invoque comme des divinités Euthydèmeel Dionysodore au début de l'entretien : plus loin, arrêté

dans sa recherche, il implore leur assistance comme celle des

Dioscures.

Quandils ont étourdi Clinias de leurs

sophismes,il affecte devant une pareille habileté une stupeur profonde ;

il se sent rempli de trouble à une question de Dionysodore,et reste frappé d'effroi devant son argumentation. Modeste-

ment il s'excuse de prêter à rire en essayant, lui profane,de montrer la voie à des maîtres, par un entretien pénibleet diffus. Gomme un beau joueur qui rend des points à

l'adversaire, il feint de ne voir, dans le dialogue des sophistes

avec Clinias, puis dans leur discussion avec Ctésippe, qu'un

badinage préliminaire.Mais l'urbanité du ton et la railleuse hyperbole des éloges

ne l'empêchent pas de marquer nettement les défauts et

la vanité de la méthode employée par les sophistes. Aucune

de ces faiblesses n'échappe à sa clairvoyance ;il les signale au

fur et à mesure, suivant une sorte de crescendo qui aboutit

au jugement de la fin, résumé et conclusion de tout le débat

(3o3c-3o4 b). Quand on les isole de leur enveloppe, ces

critiques frappent par leur rigueur impitoyable : de toute la

virtuosité des deux sophistes on s'aperçoit qu'il ne reste rien.

Qu'on relise la condamnation finale : elle a beau multiplierles expressions les plus flatteuses

;ces formules d'admiration

ne servent qu'à relever d'une cinglante ironie la dureté de la

sentence. Il y a là comme une âpreté vengeresse qui sur-

prendrait dans la bouche de Socrate, si nous ne savions qu'il

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NOTICE 119

à l'oreille de Socrate, avec un large sourire sur le visage, pourl'avertir que l'interlocuteur sera confondu, quoi qu'il fasse

(275 e). La même mimique reparaît plus loin : un chucho-

tement de Dionysodore annonce à Socrate un nouveau tour

d'Euthydème. Devant ce sourire et cette satisfaction, on croit

déjà voir et entendre le bon père des Provinciales, faisant

admirer l'inépuisable ingéniosité des casuistes. Malgré son

âge, Dionysodore se met pourtant à rougir, comme unécolier pris en faute (297 a), lorsque son frère le répri-

mande sur sa maladresse. Mais il a recouvré son assurance

quand, s'apprêtant à réfuter Socrate, il fait une pause par

pure feinte, comme s'il s'absorbait dans la contemplation de

quelque problème (3o2 b). Pour donner une idée de la rapi-

dité étourdissante avec laquelle les deux frères multiplientleurs sophismes, Platon les compare à des joueurs qui se

renvoient la balle (277 b).

Clinias a la tenue qui convient à son âge et à sa timidité.

A la première question d'Euthydème, il rougit, pris de court,et tourne les yeux vers Socrate (275 d). Mais il se met à rire,

à la suite de Ctésippe, devant le triomphe de son adorateur

(3oo d). La véhémence de Ctésippe se manifeste à tout instant

dans ses attitudes. Au début de l'entretien, il saute sur ses pieds,

pour venir s'installer en face de son bien-aimé. On a vu

comment son indignation éclate contre Dionysodore et les

injures qu'il

lui

jette

à la face

(284 e).

Plus loin, il accusera les

sophistes de divaguer (288 b).Il se met à rire (288 e) en

déclarant qu'il bat son chien, faute de pouvoir frapper les

sophistes et leur père, et quand, redoublant d'efforts, il a fini

par abattre l'adversaire, il célèbre son triomphe, suivant sa

coutume, par de grands éclats de rire (3oo d).

L'Euthydème est une comédie, avec son décor et ses acteurs.

Elle a même un chœur : les disciples des deux sophistes qui,assistant à l'entretien, accueillent chaque victoire de leurs

maîtres par des manifestations d'enthousiasme. Après la pre-mière partie du dialogue entre Clinias et les sophistes, ils

font entendre leurs rires et leurs acclamations (276 b), comme

un chœur au signal de l'instructeur. Ils recommencent uninstant après (276 d). Le ridicule sophisme de Dionysodore

qui termine l'entretien est accueilli par des rires, des applau-

dissements et des cris de joie tels que les admirateurs des

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iao EUTHYDÈME

sophistes en perdent presque le souffle (3o3 b). A ce chœur

bruyant s'opposent les amis de Clinias, Socrate à leur tête;

ils se bornent à manifester par leur silence l'espèce de saisis-

sement que leur causent les étranges raisonnements del'adversaire (276 d).

_ .A . Si l'on considère le morceau central deLa composition. „ , . , ,. , , .. , c

l œuvre, c est-a-dire le récit de socrate,

en laissant de côté le dialogue avec Griton qui le prépared'abord et le commente ensuite, cette comédie se déroule en

cinq

actes ouépisodes

'

,

après

une narration

qui

sert de

préam-bule (272C-275 c). Le premier est l'entretien des sophistes et

de Clinias (270 c-277 c).Il est suivi d'une intervention de

Socrate, qui en fajt le résumé et la critique, et prépare le

second acte. Ce deuxième épisode est fait d'un dialogue entre

Socrate et Clinias (278 e-282 e). Socrate a montré aux

étrangers le genre d'exposition qu'il demandait. Il leur cède

maintenant la place, et c'est le troisième acte : discussion

d'Euthydème et Dionysodore avec Socrate et Ctésippe (283 a-

288 d). Il s'achève par l'explication que Socrate donne à

Ctésippe de la méthode des deux sophistes, et par l'annonce

d'un nouvel entretien entre Socrate et Clinias. Cet entretien,

suite du premier, forme le quatrième acte, et s'achève

sur un appel de Socrate aux sophistes (288 d-2o3 a). Euthy-dème et Dionysodore rentrent en scène, et la longue

discussion où prennent part, comme précédemment, les

sophistes, Socrate et Ctésippe, est le cinquième et dernier

épisode.

Bonitz remarque avec raison que l'œuvre de Platon n'offre

pas de dialogue où la composition soit plus nettement mar-

quée que dans YEuthydème. On peut ajouter que cette compo-

position témoigne d'un art supérieur. Comme dans une piècede théâtre

bien construite,les

épisodes successifs s'y fontvaloir l'un l'autre, et la progression continue de l'intérêt yest frappante. Au premier entretien des sophistes avec Clinias

s'oppose le premier entretien de Socrate avec son jeune ami;

avec la discussion qui forme le troisième épisode contraste le

second dialogue de Socrate et de Clinias. Ainsi une alter-

nance régulière est observée d'un bout à l'autre, soulignant

1. H. Bonitz, o. L, p. io5.

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NOTICE 121

non seulement la marche de l'action, mais aussi et surtout la

signification philosophique de l'œuvre. A la fin du premieracte, Socrate prend la parole pour expliquer à Glinias qu'il

ne s agit que d'une sorte de prélude à l'initiation véri-

table. Il donne à Ctésippe un avertissement analogue à la

fin du troisième acte : les sophistes plaisantent ;ils n'ont pas

encore abordé sérieusement le sujet. La symétrie des deux

endroits saute aux yeux. Elle met fortement en relief les

étapes successives de l'entretien, ou, pour mieux dire, elle

fait ressortir que la discussion n'avance pas. Ces deux inter-

ventions aboutissent à une conclusion du même genre. Socrateclôt la première en priant les sophistes de montrer à Clinias

comment il faut s'attacher au savoir et à la vertu. Il réitère

cette invitation au terme de son entretien avec le jeunehomme. Il y revient enfin après la sortie de Ctésippe, pour

reprendre avec Clinias l'enquête interrompue.Ce rythme se fait sentir à l'intérieur même de certains

épisodes. Ainsi dans le second. Une première passe entreDionysodore et Ctésippe est suivie d'un éclat de Ctésippe,

qui proteste avec violence. Un instant arrêtée, la discussion

reprend entre Euthydème et Ctésippe, puis entre Dionysodoreet Ctésippe. Nouvelle sortie du jeune homme : Socrate doit

intervenir pour le rappeler au calme. Cette fois, c'est contre

Socrate que se tourne Dionysodore. Mais de nouveau Ctésippeéclate contre l'adversaire, et il faut encore

queSocrate

s'empresse de l'apaiser.

Ces balancements symétriques, ces arrêts, ces reprises, ces

contrastes, dessinent vigoureusement les articulations du dia-

logue. Un coup d'œil sur la suite des épisodes suffit à montrer

comment la progression de l'intérêt y a été ménagée. Quandl'entretien commence, on sait quel est le buta atteindre : les

sophistes sont invités à faire preuve de leur savoir en exhor-

tant Clinias à la vertu. Ils acceptent ;ils prennent la parole.

Allons-nous entendre l'exhortation promise? Non. Les deux

sophistes, jouant sur les mots et soutenant tour à tour des

thèses opposées, réduisent Clinias au silence. Le résultat est

entièrement négatif. Mais Socrate rassure Clinias : ce premier

engagement n'était qu'un jeu. Pour orienter plus sûrement

l'entretien, il va montrer la voie aux sophistes. Le thème

posé au début, il le développe à sa manière. Et quand il

s'arrête, le problème a pris la forme la plus précise. Au

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132 EUTHYDÈME

moment où les deux sophistes rentrent en scène, l'attente de

l'auditeur se trouve donc redoublée. Que vont-ils dire ? Pour-

ront-ils se dérober encore? Quel tour va prendre le débat?

Le premier entretien avec Glinias n'avait été qu'une escar-

mouche;

le second se développe avec ampleur : au lieu de

Glinias, c'est Socrate lui-même qui y prend part avec Cté-

sippe. Il est aussi plus dramatique : Ctésippe n'observe pasl'attitude passive de Clinias : il s'emporte, dispute, proteste ;

à deux reprises, Socrate doit l'inviter au calme; Dionysodorelui-même se plaint d'être injurié ;

il reproche à Socrate de

sortir du sujet et de radoter. Mais quand ce troisième acte

prend fin, on s'aperçoit que la question n'a pas encore été

traitée par les sophistes : le résultat est encore négatif. Faut-

il donc renoncer à l'exposition promise ? De nouveau, Socrate

nous rassure : Euthydème et Dionysodore n'ont pas encore

voulu parler sérieusement; pour les y décider, il va reprendre

sa recherche avec Clinias. Or, l'enquête aboutit à une impasse.

Socrate,dans son

embarras, invoquele secours des

sophistes:

la question qu'il n'a pu résoudre, il leur demande de l'éclair-

cir. L'examen poursuivi a déblayé le terrain et nettement

dégagé le problème, qui se pose désormais sous cette forme :

quelle est la science qui, satisfaisant aux conditions recon-

nues nécessaires, doit assurer aux hommes le bonheur? Onvoit comment l'attente de l'auditoire est ranimée. Mis au

pied du mur, les sophistes vont-ils une troisième fois s'esqui-

ver? La discussion recommence, et prend un développement

qu'elle n'avait pas atteint encore. Socrate y joue un rôle de

plus en plus important. Ctésippe et lui ne se contentent plus

de présenter des objections : pour confondre l'adversaire, ils

lui empruntent ironiquement ses procédés. C'est qu'ils ont

renoncé à rien tirer d'eux. La discussion s'achève encore sans

résultat positif; mais désormais la cause est entendue, et il

ne reste plus à Socrate qu'à dégager la conclusion de tout le

débat.

Le récit de Socrate s'encadre, on l'a vu, dans une conver-

sation avec Criton. Mais Griton l'interrompt à la fin du qua-trième épisode : un dialogue s'engage entre lui et Socrate.

Cet intermède, dont la valeur dramatique est évidente, met

en lumière l'art de la composition. Il unit plus intimement

le récit avec le dialogue qui l'entoure, etil

établit une sorte

d'équilibre entre le début et la fin de l'ouvrage. En outre,

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ISOTIGE ia3

cette pause arrête l'attention sur les étonnants progrès queClinias, paralysé d'abord par les sophistes, a réalisés grâce à

la méthode de Socrate;

elle fait ressortir la difficulté de la

recherche, et prépare avec une espèce de solennité la discus-

sion finale. En montrant l'importance du problème à résou-

dre, elle accuse l'impuissance des sophistes, et nous achemine

vers la conclusion.

Les deux sophistes mis en scène sont

llB..l •

eJ** originaires de Chios, à ce que croit So-

éris tiques. J , . ; \ .

crate.

Apres

avoir

émigré

a Inurium,ils ont été bannis de cette ville, et depuis de nombreuses

années ils vivent en Grèce. Au moment de l'entretien, ils

sont de passage à Athènes, mais ils y ont déjà fait un séjour

(273 e) l'année d'avant ou la précédente (272 b;

cf. 287 c).

Jusqu'alors ils se piquaient des connaissances les plus variées :

experts à toutes les formes de la lutte, notamment à l'hoplo-

machie, ils se vantaient d'en enseigner le secret moyennantsalaire. Leur habileté s'étendait à tout l'art de la guerre, à

la tactique, à la stratégie ; bref, à tout ce que doit savoir unchef d'armée. En outre ils excellaient aux luttes judiciaires :

ils savaient parler eux-mêmes devant un tribunal, et enseignerl'art de composer des discours appropriés à un auditoire de

juges. Ce savoir si divers les apparentait à Hippiasd'Élis. Car

l'activité d'Hippias embrassait toutes les choses de l'esprit ;il

parlait avec la même facilité sur l'astronomie, l'arithmétique,la géométrie, les syllabes, les rythmes, les modes et la mné-

motechnie;

il discourait sur les généalogies des héros, la fon-

dation des cités et l'antiquité en général ;il composait de

magnifiques exhortations, des épopées, des tragédies et des

dithyrambes1

. Et, comme les sophistes de YEuthydème, il pra-

tiquait avec virtuosité les arts manuels : orfèvre, ciseleur, ver-

rier, cordonnier, tisserand,il

avait fabriqué lui-même sonanneau, son cachet, son strigile, sa fiole à huile et ses

vêtements 2. Mais aujourd'hui Euthydème et Dionysodore

tiennent pour accessoires leurs talents de naguère ;la science

qu'ils professent est Yérislique (272 b) : ils excellent à réfuter,

qu'il s'agisse de vérité ou d'erreur. L'objet de leur étude est

1. Hippias majeur, a85 bsq. (cf. Hipp. min., 367 e sq.) ;

286 a b ;

Hipp. min., 368 c d.2. Hippias min., 368 b c.

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ia4 EUTHYDÈME

la vertu: ils se flattent de l'enseigner mieux et plus rapi-

dement que personne.C'est sous ce double aspect de maîtres d'éristique et de profes-

seurs de vertu qu'ils apparaissent dans YEuthydème. A vrai

dire, il est impossible d'entrevoir l'idée qu'ils se font de la

vertu et leur manière de l'enseigner ;leur méthode se borne

à réfuter l'interlocuteur, quelle que soit sa réponse. Vaine-

ment Socrate leur propose un thème à développer, et tente

de les y ramener; chaque fois, tout en acceptant, ils s'échap-

pent, pour se retrancher dans un système de discussion dont

les résultats ne peuvent être que négatifs.

Les sophismes qu'ils soutiennent sont auRécapitulation nombre de vingt-deux

»: deux dans leur

et nature • .

des sophismes.entretien avec Glinias

;six dans la pre-

mière discussion avec Socrate et Gté-

sippe ; quatorze dans le débat final. Bonitz 2 croit y découvrir

un plan déterminé : il y distingue quatre groupes pour la

forme et deux pour le fond. Horn paraît voir plus juste en

les rangeant en trois catégories, qui correspondent aux trois

entretiens où ils apparaissent.Les deux sophismes du premier entretien portent sur la

même question ;une étroite parenté rattache entre eux ceux

du second;aucun ordre ne se découvre dans ceux du troi-

sième : ils se réduisent à des arguties de plus en plus misé-

rables, pour aboutir à la risible question de Dionysodore, quien marque la fin et le couronnement. C'est par elle qu'on

peut commencer l'énumération, car le sophisme s'y présentesous la forme la plus grossière : confusion du sujet et de Vat-

tribut (3o3 a), dans une phrase où il n'y a en fait ni l'un ni

l'autre. On mettra dans le même groupe les sophismes qui

précèdent. Quatre d'entre eux s'appuient sur une amphibolo-

gie purement accidentelle, due à une particularité de syn-taxe : locution à double sens, actifet passif (3oo a) ; phrase où,

grammaticalement, le sujetpeut être prispour l'objet (3oo b)3

;

de même 3oo b et 3oi c d.

Un genre de sophisme d'une qualité plus fine est celui qui

i. F. Horn, Platonstudien, p. i£5 sq.— Bonitz n'en comptait

que vingt et un.

2.

O. L, p. 108et

suiv.3. Sophisme ^ac' àjxçptSoXiav, Aristote, Desoph. et., IV, 4»

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ia6 EUTHYDÈME

exprimée. Ainsi, dans ce sophisme qu'il est impossible dédire

faux (284 a) et dans celui qui y fait suite sunroietv (284 bc).

On peut y joindre celui qui a trait à Yimpossibilité de contre-

dire, àvuÀéYetv (285 e et suiv.).

Mentionnons, pour finir, le rapprochement établi arbitrai-

rement entre deux attributs df

un même objet pour en tirer un

troisième (298 e): ce chien est à toi (coi) ;or il est père; il

est donc ton père'

.

Platon a pris soin d'indiquer lui-même, çà et là, le genrede supercherie que recouvrent certains de ces sophismes.

Socrate explique à Clinias que les éristiques jouent sur le

double sens de fxavôavs'.v (278 a). Il dénonce l'extension abusive

donnée par Euthydème au sens delitiomij puov (293 c) ;

il tente

de conserver leur valeur limitée aux mots àeî et rcàvra (296a b), plus loin, à

itax-^p (289 a).11 fait comprendre la

méthode des sophistes, en la leur empruntant pour la

retourner contre eux : quand le mot sxepoç, entendu par

Dionysodore au sens de différent de soi-même, est repris

par lui au sens de différent d'autre chose, il ne manque

pas d'avertir qu'il essaie d'imiter l'habileté de l'adversaire

3oi b). De même Gtésippe découvre le sophisme fondé sur

le sens de t* ovxa (284 a et 284 c).Il montre à Diony-

sodore, par son propre exemple, qu'il est possible de contre-

dire (285 e).Il se charge, comme Socrate, de ruiner l'ar-

gumentationde

l'adversaire,soit en

passantde l'idée

généraleà ses applications positives, soit en poussant le raisonne-

ment à l'absurde, comme lorsqu'il contraint les sophistes à

soutenir cette énormité que leur père est 'le père de toute la

création (298 c). Ailleurs, leurs procédés sont repris par lui

et tournés en caricature (299 e). Socrate et lui dégagent de

l'argumentation des sophistes des contradictions qui la détrui-

sent : tel le dilemme où Socrate enferme Dionysodore (287

e). Gtésippe lui-même réussit à tirer de Dionysodore deux

propositions contradictoires (3oo c d).

Les défauts et le vide de l'éristique

surTérâuque.sont marqués Par Socrate avec une pré-cision et une force qui ne laissent rien à

désirer. Après le premier entretien des sophistes avec Clinias,

1. Aristote, 0. /,, XXIV, 2 et [\.

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128 EUTHYDÈME

désigner expressément. Elle ne donne pas davantage le droit

de supposer 

que l'auteur de YEuthydème, en lui faisant

enseigner l'éristique, lui ait prêté une physionomie fantai-

siste.

Les Mégariques.Si

>.Par le caractère varié de leurs con-

naissances, Euthydème et Dionysodore

rappelaient autrefois Hippias, en tant qu'éristiques, et tels

que Platon les présente, ils se rapprochent desÉléates 2 et des

Mégariques. On peut admettre qu'Euthydème était un so-

phiste influent 3, et auteur de l'ouvrage auquel Platon a

emprunté les thèses paradoxales de son dialogue*. Il est

probable néanmoins qu'un certain nombre de ces sophismesont été imaginés par Platon, ou qu'ils étaient alors d'un

emploi courant parmi les éristiques3

. Au reste, tout en les

visant personnellement, Platon paraît attaquer sous leur

nom d'autres adversaires. Il lui arrive de signaler que le

sophisme sur l'impossibilité de contredire était déjà fort utilisé

dansl'entourage

deProtagoras,

et

plusanciennement encore

(286 c). Mais, à en juger par le dialogue qui porte son nom,

Protagoras avait une manière tout à fait différente de celle

des deux éristiques : il procédait par discours suivis. Euthy-dème et Dionysodore se séparent profondément de cette

ancienne génération de sophistes. Leur méthode qui, sou-

sodore n'est autre que Lysias. Lysias avait un frère du nom d'Euthy-

dème; il s'était avec lui rendu à Thurium, et, après avoir enseigné

quelque temps la rhétorique, il avait pris le métier de logographe

(cf. Euthyd., 272 a).— Mais la famille de Lysias était originaire de

Syracuse, non de Chios;à l'époque où se place l'entretien de YEu-

thydème (avant 4o4, voir p. i3q), Je qualificatif de vieillard, donné à

Dionysodore, ne convient pas à Lysias, né vers 44o.

i . Gomme l'a fait Welcker.

2. A l'exemple de Parménide, ils soutiennent que le non-être

(-6 {xtj ov, xx ut, ovtcz) ne peut jamais être objet de pensée, ni de

parole, ni d'action (284 b, 286 a; cf. Soph., 287 b-238 d).

3. U. von Wilamowïtz-Moellendorff, Platon, II, p. i55. Mais il

serait téméraire d'en faire avec Winckelmann (Proleg.. p. xxvi) une

certitude.

4- Wilamowitz, id.

5. Dans le traité rappelé plus haut, Aristote ne nomme qu'unefois Euthydème et à propos d'un sophisme qui ne figure pas dans le

dialogue de Platon (cf. Bonitz, 0. /., p. i34).

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NOTICE 129

mettant l'adversaire à un interrogatoire continuel et un

système de raisonnement rapide, réfute au fur et à mesure

chacune de ses réponses, est une caricature de la dialectiquede Socrate. Son défaut est

d'ergotersur le sens des mots

en se gardant de les définir, et de se borner à la surface

des choses, sans aucun souci de l'objet même de la discus-

sion. Au lieu de n'être qu'un moyen, elle semble trouver

sa fin en elle-même. Platon reproduit vraisemblablement

ici les stériles habitudes en usage dans certaines écoles

socratiques ;mêlant la dialectique des Éléates à celle de

Socrate, elles offrent comme une image dégénérée du socra-

tisme 1.

Deux ou trois sophismes sur lesquelsPlaton insiste particulièrement étaient,

on le sait, soutenus par Antisthène, dont la doctrine pré-sentait de grandes analogies avec celle des Mégariques. Gomme

Protagoras, il niait la possibilité de contredire 2. Selon lui

il

n'y

avait

pour chaquechose

qu'unefaçon d'en

parler;

si

l'on tenait un autre langage, c'est qu'on parlait d'un autre

objet : d'où résultait à la fois l'impossibilité de parler faux

et de contredire 3

(cf. Euthyd., 286 a et suiv.). Il se peutaussi qu'un passage du dialogue (3oo e-3oi a) soit une allu-

sion à la théorie des Formes. Pour riposter aux attaquesd'Antisthène contre cette doctrine, Platon prêterait à Diony-sodore un inepte sarcasme qui serait la caricature des objec-tions d'Antisthène*. Mais il n'est pas absolument certain

1. Cf. Th. Gomperz, Les penseurs de la Grèce, trad. Raymond, II,

p. 567 ;H. Raeder, Platons philosophische Entwickelung , p. 69.

2. Diogène de Laërte, IX, 53: il avait écrit un traité IIspi xou

u.r(sTvai àvTiÀe'ysiv (id., III, 35).

3. H. Raeder, 0. L, p. i4i-2, pense que suivant Protagoras (Diog.

Laërte, IX, 4i) il était possible de soutenir sur le même sujet deuxthèses opposées, doctrine inconciliable avec la théorie d'Àntisthène.

Celle-ci aurait été faussement attribuée aussi à Protagoras par Dio-

gène de Laërte. Et Platon, nommant Protagoras, mais songeant à

Antisthène, les aurait ironiquement renvoyés dos à dos : s'il n'y a

rien de faux, comme le dit Antisthène, il n'y a rien de vrai, commel'affirme Protagoras. C'est la négation de tout enseignement, et celui

des deux sophistes se détruit lui-même.

k. Zeller, II, \'+ p. 296, A2 ; Bonitz, 0. /., p. i36.

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i3o EUTHYDÈME

que la théorie proprement dite des Formes soit soulevée dans

cet endroit du dialogue'

.

Si ces

rapprochementssont fondés, on

deVEuti^dème.^erPKlPw mieux le contenu et le ton

de YEuthydème. Ce ne sont pas seule-

ment deux éristiques de passage que Platon aurait voulu

combattre. A travers eux il attaquerait des écoles rivales de

la sienne et des adversaires personnels. Il accuserait avec

force l'abîme qui le sépare de certains Socratiques et l'irré-

ductible opposition qu'il discerne entre son enseignement et

le leur. Bref, YEuthydème marquerait un épisode de la polé-

mique soutenue par Platon contre ses rivaux. Malgré l'incer-

titude qui peut subsister sur le sens de certaines attaques,

il est impossible, à la lecture de l'ouvrage, de ne pas être

frappé de la vigueur et de l'âpreté de la critique. L'Euthy-dème n'est pas seulement, comme le Protagoras, une spiri-

tuelle comédie : c'est une violente satire, menée sans ména-

gement ; elle respire une animositéqui serait incompréhensiblesi l'auteur ne ripostait à des ennemis qu'il a résolu d'abattre 2

.

Les thèses attribuées aux sophistes de YEuthydème sont

condamnées en bloc par Platon : il est clair qu'à ses yeuxaucune ne mérite la discussion. Plus tard, il changera d'avis,

il s'apercevra que ces propositions paradoxales touchent à des

problèmes difficiles, qui demandent un examen approfondi3

.

Dans le Théétèteil

reprendrala

définition du savoir; il

discutera la question déjà effleurée dans YEuthydème : peut-

i. Cette idée que dans toute belle chose il y a de la beauté se

retrouve dans YHippùis majeur, 289 d; Gorgias, £97 e ; cf. Euthy-

phron, 6 d; Ménon, 72 c; elle n'exprime peut-être encore qu'une

conception socratique (Wilamowitz, 0. /.. p. i58).

2. Wilamowitz, o. /., p. 167, traite de roman l'hypothèse d'une

attaque dirigée contre Antisthène : il allègue que rien n'empêchaitPlaton de mettre en scène son adversaire. Mais Platon a pu avoir ses

raisons, que nous ignorons. On trouve chez lui maintes allusions à

cette polémique, expressément attestée par Diogène de Laërte (III, 35)et généralement admise aujourd'hui. Les deux sophistes de YEuthydèmen'ont abordé que dans leur vieillesse l'étude de l'éristique. Ne serait-ce

pas une allusion à Antisthène, si c'est bien lui que vise le Sophiste

(25 1 b tc5v Yepovxtov xoiç o^t^aBici) ? Cf. Gomperz, o. /., p. 568.

3. Raeder, 0. I., p. i£3.

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NOTICE i3i

on ne pas savoir ce qu'on sait1? Il y reviendra dans le Cratyle

(385 b) et surtout dans le Sophiste (236 e-246 a), où il

examinera de nouveau cette proposition : « il n'est pas

possible de parler faux ». Dans ce dernier dialogue, la

cinquième définition du sophiste : athlète en discours, dont

la spécialité est l'éristique (a3i e), s'applique avec une sur-

prenante exactitude à Euthydème et Dionysodore. N'est-ce

pas à eux que songe Platon, quand il parle de ces contradic-

teurs de métier, doués en apparence d'un savoir universel,

capables sur tout sujet d'en remontrer à tout le monde, et

habiles à rendre vrai le faux? Mais cette fois, allant au fonddes choses, il prouve, en démontrant contre Parménide

l'existence du non-être, que le discours peut être faux. Et,

opposant entre elles les deux méthodes d'éducation, il fait

voir que la maïeutique de Socrate n'a rien de commun avec

les procédés sophistiques.

Pour ruiner l'éristique, VEuihydème ne

^ille^u^^ ^

Se bome paS à en dénoncer la virtu <>sité

socratique puérile et la stérilité. En face de cette

méthode qu'il ridiculise et condamne,Socrate expose la sienne. Si les trois discussions menées parles sophistes restent sans effet, il en est tout autrement des

deux entretiens de Socrate avec Glinias. S'emparant du

thèmeque

les deuxéristiques

ne veulent ni nepeuvent

traiter, Socrate montre les résultats féconds obtenus par la

véritable dialectique,— la sienne 2

. Il établit que la zozi*

est le seul vrai bien, et que laznloaoyiz,

ou recherche du

savoir, est la condition nécessaire du bonheur. Plus loin, il

est vrai, le dialogue s'engage dans une impasse : quelle sorte

du savoir faut-il acquérir? Après avoir montré que cette

science doit non seulement produire, mais enseigner le

moyen d'utiliser à propos ce qu'elle produit, Socrate, arrivé

à l'art « royal », se déclare incapable de pousser plus loin son

enquête. D'où vient qu'il proclame ici son embarras? Doit-

on croire que Platon, quand il écrivait YEuthydème, n'avait

1. Théêt., 1 63-i 66.

2. Gomperz, o. I., p. 5og, insiste avec raison sur le contraste

« profond et calculé » que la méthode de Socrate offre ici avec celledes deux éristiques.

V. 1. — 12

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i3a EUTHYDÊME

pas encore découvert la clef du problème? Mais il serait

étrange qu'il mît cet aveu dans la bouche de Socrate en

présence de ses adversaires. Il semble évident au contraire

que, s'il feint de s'arrêter devant une difficulté dont il signale

l'importance, c'est parce qu'il croit en avoir déjà suggérétout au moins la solution. Et son intention paraît claire : en

invoquant, pour résoudre une question limitée et précise,

l'aide des deux éristiques qui se sont jusqu'alors dérobés à

son appel, Socrate veut leur ôter tout moyen de lui échapperencore. Or ce troisième débat n'aboutit pas plus que les pré-

cédents : le

problèmen'est même

pasabordé

parles

sophistes. Dès lors la preuve est faite de leur impuissancetotale. Socrate a maintenant le droit de conclure que l'éris-

tique est une méthode vide, purement négative, et d'y

opposer avantageusement la sienne 1. Elles n'ont entre elles

rien de commun, et le discrédit qui doit frapper la première,il serait contraire à la justice de le faire retomber sur la

seconde. Si elles s'abritent l'une et l'autre sous le nom de

cptXoffocpta,c'est à la faveur d'une équivoque, qui désormais

ne saurait tromper personne. LacpiXococpta

est enseignée parSocrate : que Griton ne se laisse pas troubler par les contre-

façons qui lui sont offertes !

Le sens général de YEuihydème est donc parfaitement net.

Le problème posé au début, rappelé à la fin, est celui de

l'éducation : c'est l'éducation de Glinias qui préoccupe les

amis du jeune homme; le thème proposé aux sophistes

consiste à montrer comment il doit aimer la science et

cultiver la vertu. C'est aussi l'éducation de ses fils qui cause

les perplexités de Griton. Or deux méthodes sont en présence,

qui s'attribuent également une valeur éducative. Mais l'une,

comme le montre la discussion, est entièrement vaine;l'autre

prouve son efficacité, puisque la dialectique de Socrate réussit

en peu de temps à dégager la valeur exceptionnelle de la<Toota et les conditions qu'elle doit remplir. Les étonnants

progrès réalisés par Glinias attestent la fécondité de la

méthode.

i . En dépit de l'obstacle qu'il s'est donné l'air de ne pouvoir sur-

monter, son entretien avec Clinias a d'ailleurs dégagé des conclusions

importantes et déblayé utilement le terrain, en montrant que la tévvi)

(3a<r.Xtx7; ne répond pas aux conditions requises.

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NOTICE i33

Que Platon crût nécessaire de séparerer

jC^ e

ïr

cette méthode de celle des éristiques, enanonyme de Criton. ... . 7

»

dissipant une contusion possible ou

réelle, c'est ce que prouve, outre le trouble de Criton, la

conversation qu'il rapporte à Socrate. L'inconnu qui a com-

menté devant lui l'entretien enveloppe dans les mêmes sar-

casmes Socrate, les sophistes et la philosophie elle-même

(3o4 e).Ici Platon a certainement en vue un adversaire déter-

miné, non pas un groupe1

,mais un individu; la preuve en

est que Criton prétend rapporter presque littéralement ses

paroles. Divers noms ont été mis en avant2

, mais depuis

Spengel3 on admet ordinairement qu'il s'agit d'Isocrate 4

.

On sait qu'Isocrate est nommé à la fin du Phèdre, dans des

termes où les uns ont voulu voir un éloge sincère, les autres,

au contraire, une ironie dédaigneuse et une critique. Nous

n'avons pas à examiner ici cette question délicate, ni le lien

qui peut être établi entre YEuthydème et le Phèdre. De

quelque façon qu'on interprètele

passagedu

Phèdre,il n'est

pas nécessaire d'y recourir pour expliquer celui de YEuthy-dème. Les relations de Platon et d'Isocrate ont pu d'ailleurs

varier selon les époques, au cours de deux carrières quifurent longues

5.

Comment nous est présenté l'inconnu de YEuthydème?C'est un homme qui se croit d'une sagesse accomplie, et qui

s'imagine en avoir la réputation auprès du public, un de

1. Gomme le pensait Stallbaum (Disputatio de Euthydemo Platonis,

p. £7)1 qui jugeait l'attaque dirigée contre les logographes en général.

2. Thrasymaque, par Winckelmann (Proleg., p. xxxiv et sq.) ;

peut-être visé en effet, mais à un autre endroit (290 a) ; Polycrate,

par Fr. Hermann;Théodore de Byzance, par Sauppe.

3. L. Spengel, Isokrates und Platon (Abhandl. der philosoph.-

philologischen Classe der kônigl. bayer. Akad. der Wissenschafteri) ,

Munich, i853, VII, 1, p. -y29 suiv.

4. Cependant la thèse de Spengel a été combattue par B. de

Hagen, Num simultas intercesserit Isocrati cum Platone, Diss. Iena,

1906, et plus récemment par IL von Wilamowitz-Moellendorff, Pla-

ton, II, p. 107 sq.

5. Th.Gomperz, o. L, p. 566, le fait justement remarquer. L. Spen-

gel admet une évolution dans ces rapports, mais ce qu'il dit de la

date du Phèdre etl'interprétation qu'il donne de

«l'éloge

»d'Isocrate

sont sujets à caution.

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i3/i EUTHYDÊME

ceux dont l'habileté s'exerce sur les discours destinés aux

tribunaux. Non qu'il soit lui-même un orateur : il ne semble

pas s'être jamais présenté devant un tribunal, mais il com-

pose des discours à l'usage d'autrui1

. Il fait partie de ces

gens qui, tenant le milieu entre le philosophe et l'homme

d'État, prennent de la philosophie et de la politique juste le

nécessaire, et recueillent les fruits de leur sagesse à l'abri des

luttes et des périls. Inférieurs au politique comme au philo-

sophe, placés dans la réalité au troisième rang, ils cherchent

à occuper le premier devant l'opinion. Se font-ils battre

dans la discussion ? c'est auxéristiques qu'ils

attribuent leur

échec.

Quiconque lit ce portrait sans préven-tion songe aussitôt à Isocrate. La pré-

somptueuse vanité d'Isocrate était célèbre de son temps ; elle

s'étale abondamment dans ses discours. Au début de l'Echangeil se compare à Phidias, Zeuxis, Parrhasios 4

. Il s'écrie dans

le Panégyrique (43 c) : « Si je ne parle avec l'éclat quiconvient à mon sujet, à ma propre renommée, au temps que

j'ai consacré à ce discours, et à ma vie tout entière, je

demande à n'obtenir aucune indulgence, mais la risée et le

mépris... ». Lui-même nous apprend que la faiblesse de sa

voix et sa timidité ne lui ont jamais permis de prendre la

parole en public3

. Il a commencé par être logographe : cinq4

parmi les discours qui nous restent de lui sont des plaidoyers

i. Ce détail prouve que Platon ne songe pas ici à Lysias. Wilamo-

witz estime que le lecteur athénien ne pouvait appliquer qu'à Lysias

ce portrait de logographe : Lysias s'était montré l'adversaire des phi-

losophes; il attaquait leur arrogance dans un discours contre Eschine

le Socratique (Athénée, XIII, 611) et traitait Platon de sophiste

comme Eschine (Aristide,c

Yxep

'ojv T£TTai

otov,5i7(3n).

Mais il avait

plaidé pour son propre compte contre Eratosthène en 4o3, et il serait

invraisemblable que Platon eût perdu le souvenir de ce procès reten-

tissant. Wilamowitz reconnaît d'ailleurs que la suite du portrait ne

peut se rapporter à Lysias, et que Platon n'a pas eu l'intention de le

viser.

•2. 3io b.

3. Panath., 234 c d; Phil., 98 c, etc.

[\. En laissant de côté le discours IIpôç EùOuvouv, apocryphe selon

Drerup (Jsocratis opéra omnia, vol. I, ch. iv).

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NOTICE i35

judiciaires écrits pour des clients 1. La position qu'il a prise

le range « à la limite » du philosophe et du politique.Son

but est avant tout de composer des œuvres utiles, faites

pour l'instruction de l'auditoire, pleines de hautes idées

morales et de considérations politiques. L'éloquence, telle

qu'il l'entend, est la méthode d'éducation par excellence.

Elle est même une philosophie, et la seule digne de porter ce

nom, car elle a un objet pratique2

. La phrase de Socratesur

ces gens qui, « à l'abri des périls et des luttes, recueillent

les fruits de leur sagesse », trouve son commentaire dans le

discours sur l'Échange, notamment § i5i, où Isocrate parle

de son goût « pour la tranquillité et une vie sans tracas »,

existence qu'il jugeait « plus agréable que celle des gensremuants ». Avec l'ironique xapzoucôai tt,v (rocpiav

de YEu-

thydème on comparera la déclaration d' Isocrate (id. § io,5) :

aTToÀéXauxa xoZ 7cp<xYu,a7oç: on sait qu'il avait tiré beau-

coup d'argent de son enseignement (id. § i58). A plu-

sieurs reprises il a attaqué les éristiques : il parle dédai-

gneusement, au début de l'Hélène, de « ceux qui passentleur temps à des disputes (toiç Ttspl tocç spiBocç Biarpiêoucv)sans intérêt, bonnes seulement à causer des difficultés à

ceux qui les approchent » (208 b). Leur unique souci est de

s'enrichir aux dépens de la jeunesse (209 b). Dans le

discours Contre les sophistes, il s'écrie (291 b) : « Quin'aurait de la

haineet

du mépris pour ceux qui passentle

1. B. de Hagen, o. /., objecte, p. 19, qu'Isocrate ne fut logographe

que dans ses premières années, et dans la suite se défendit toujoursde l'être. Il proteste en efTet dans VÉchange, a, contre certains

sophistes qui calomnient ses occupations, en prétendant qu'il écrit

pour les tribunaux. Mais sa protestation montre précisément que jus-

qu'à la fin de sa carrière (lors du discours sur 1 Échange, en 354, il a

quatre-vingt-deux ans), ses adversaires le poursuivaient de cette

appellation.

2 . Il est vrai que l'inconnu de YEuthydeme parle avec mépris de la

philosophie (3o4 e-3o5 a) et Hagen (o. L, p. 21) en conclut que ce

ne peut être Isocrate, qui décore du nom de philosophie son propre

enseignement. Mais laçi/.osoç-'a raillée par l'inconnu est l'éristique

des sophistes et la dialectique de Socrate : elle n'a rien à voir avec la

conception isocratique, et le blâme porté contre la première, « ce que

certains appellent la philosophie » (Échange, 270), ne tombe pointsur la seconde.

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i36 EUTHYDÈME

temps aux disputes? Ils font semblant de chercher la vérité,

mais tout aussitôt ils essaient de mentir... Ils en sont

venus à ce degré d'impudence qu'ils tentent de persuader

aux jeunes gens qu'ils sauront en les fréquentant ce qu'ilconvient de faire, et grâce à cette science trouveront le

bonheur... », etc.

Il est vrai que la phrase présentée par Platon comme une

citation presque littérale (3o4 c)' ne se retrouve pas dans

l'œuvre d'Isocrate. Mais elle pouvait se lire soit dans un écrit

aujourd'hui perdu2

,soit dans un passage disparu d'un des

écrits conservés, notamment à la fin du discours Contre les

sophistes*, que l'on s'accorde généralement à tenir pourmutilé*. Il se peut encore que Platon reproduise une décla-

ration orale de son adversaire.

Que le portrait de l'inconnu paisse s'appliquer à Isocrate,

ce n'est sans doute pas une preuve que ce dernier y soit

effectivement visé. Cette identification est pourtant la plusvraisemblable de toutes celles

qui

ont été

proposées

: elle ne

soulève aucune des objections qu'on peut faire aux autres, et

en dehors de YEuthydème elle paraît confirmée par de nom-breux indices.

Si nous manquons de témoignages sur

.

Platoj,les rapports personnels de Platon et

d'Isocrate % il est certain qu'entre leurs

doctrines existait une opposition fondamentale:

leurs écrits

i . Il est douteux que les mots toiç ovouaai dont se sert Platon

(3o4 e) s'appliquent au style, comme l'a soutenu P. Shorey (Class.

Philology, 1922, p. 261-2), au lieu d'annoncer une citation littérale.

Isocrate se sert à plusieurs reprises du mot Xqperv (cf. Euthyd., 3o4

e Xr,pouv-ca>v) pour des discoureurs qu'il méprise; p. ex. Panath.,

235 a.

2.

Denysd'Halicarnasse attribuait à Isocrate 25 discours, Céci-

lius 28, et il ne nous en reste que 21 (Pseudo-Plutarque, 838 d).

3. Raeder, o, t., p. i45 ; hypothèse déjà avancée par Dummler,Kleine Schriften, I, 128.

4. Wilamowitz le conteste pourtant. 0. /., p. 112, après Hagcn;et Ritter (Platon, sein Leben, seine Schriften, seine Lehre, I, p. 21 3 et

suiv.) rejette l'hypothèse avec un dédain ironique.

5. Le seul que nous trouvions chez les anciens est fourni par Dio-

gène

de Laërte : il affirme (III, 8)que

les deux hommes étaient unis

d'amitié; Praxiphane, ajoute-t-il, a consigné l'entretien sur les

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NOTICE i39

Sur la date où est censé avoir lieu Ten-

de VEufhydème.*retien

:l'Euthydème ne fournit que des

indications vagues. Les deux sophistes,

aujourd'hui des vieillards, ont été expulsés de Thurium depuisde longues années (271 c). Peut-être avaient-ils pris part à la

colonisation de 443. Schleiermacher rattachait leur bannisse-

ment aux mesures de représailles dont le parti athénien de

Thurium eut à souffrir en 4i3 et qui ramenèrent à Athènes

Lysias et son frère. La chose n'est pas impossible, mais on

n'aperçoit pas de relation nécessaire entre ces deux ordres de

faits.

D'autre partil

est question de Protagoras (286 c) dansdes termes qui paraissent impliquer qu'il n'existait plus à

cette époque (êypwvTo). Si l'on pouvait avec certitude fixer la

mort de Protagoras en An» il en résulterait que l'entretien

se passe après cette date. Socrate est déjà ucesêÛTepoç (272 a),

et les enfants qui prennent avec lui les leçons de Gonnos se

moquent, en le voyant, de leur maître de cithare qu'ils appel-lent

YfisovToStBacxaXoç (272 c).

Ces indications neprouvent

pourtant pas que l'entretien se place dans les dernières années

de Socrate. Il est sûrement antérieur à 4o4, puisqu'Alcibiadevit encore (275 b). Nous savons trop peu de chose sur Cli-

nias pour tirer parti du renseignement que Platon nous

donne sur son âge en l'appelant f/ftpdxtov*. Mais Wilamo-

witz 2fait remarquer que Critobule sort à peine de l'adoles-

cence (271 b), tandis qu'au moment du procès de Socrate

il a déjà une fortune personnelle, puisqu'il s'offre à payerl'amende avec son père

3. L'entretien serait donc antérieur

de plusieurs années à 399 ; peut-être se place-t-il vers 4oo.

Il serait d'ailleurs beaucoup plus intéressant de déterminer

avec exactitude l'époque où fut écrit YEuthydème. Frappé du

grand nombre de problèmes auxquels touche le dialogue,Horn 4

le considère comme une sorte de programme, anté-

rieur à la maturité philosophique de Platon. Il le place avanele Gorgias et même avant le Protagoras, après le Lysis et lt

Charmide, mais dans le même groupe que ces deux derniers

1. 271 hetpassim.2. O. L, p. i54.

3. Platon,Apologie,

38 b.

h. O. I, p. 181.

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i4o EUÏHYDÈME

dialogues *. Au contraire, suivant Raeder 2, YEuthydème sup-

pose déjà YEuthyphron et même le Gorgias. Gomperz va

plus loin encore : il observe que YEuthydème subordonne à la

sciencephilosophique par excellence,

c'est-à-dire la dialecti-

que, les disciplines spéciales, et il conclut que ce dialogue,

déjà fort éloigné du Protagoras et du Gorgias, est très voisin

des ouvrages dialectiques d'époque postérieure3

.

L'examen des critères stylistiques conduit à ranger YEu-

thydème bien après le Protagoras, plus tard que le Gorgias,

dans le même groupe que le Ménon et le Cratyle4

. On arrive

à la même conclusion quand on étudie les idées, l'objet mêmedu dialogue, et la polémique à laquelle il se rattache. L'an-

tériorité du Protagoras semble prouvée par un détail signifi-

catif: Platon y établit que la vertu est une science et peut

s'enseigner ; or, YEuthydème admet sans discussion, commeune vérité déjà démontrée, que la socpîa s'enseigne (282 c).

L'enquête relative à l'art de régner (ou politique) aboutit

dans YEuthydème à une difficulté qui n'est pas résolue:

quelle science cet art doit-il procurer aux hommes ? C'est qu'ens'adressant à la politique, Socrate n'a pas pris la bonne voie :

non plus que la rhétorique, la politique n'est cette sagesse

suprême qui, pouvant à la fois produire et utiliser ce qu'elle

produit, transforme en bien des réalités indifférentes. Déjà la

solution a été indiquée dans le Gorgias, où Socrate expose

que le véritable orateur politique doit se proposer de faire

naître la justice dans l'âme de ses concitoyens (5o4 d-e), et

par suite en avoir lui-même la science (5o8 c). Or, cette

science, la philosophie seule la donne;Socrate croit être un

des rares Athéniens, sinon le seul, qui cultive le véritable art

politique (52 1 d). L'embarras manifesté dans YEuthydème avec

tant d'insistance nous paraît être la preuve5

,non pas, comme

le pense Horn 6, que ce dialogue est antérieur au Gorgias,

mais tout au contrairequ'il

l'a suivi. Laquestion est,

aux

yeux de Platon, d'importance capitale. 11 y a déjà fait une

1. Id., p. i8i-i83.

2. O. I, p. i46.

3. O. L, p. 566, note.

(x. G. Ritter, 0. /., p. a5£.

5. Voir supra, p. i3a.

6. O. I, p. 181.

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i4î EUTHYDÈME

nues dans le discours Contre les Sophistes et dans l'Hélène,

cette conclusion ne paraîtra pas invraisemblable. Le discours

Contre les Sophistes date des environs de 390, et YHélène doit

être un peu antérieure au Busiris, composé autour de 385 *.

En 391 ou 390, Isocrate avait écrit YÉginétique, et quelquesannées plus tard Platon pouvait encore, sans trop d'inexac-

titude, lui donner malicieusement ce titre de logographe queses ennemis s'obstinaient à lui appliquer en 354, au temps du

discours sur YÉchange.

1. Drerup, Isocratis opéra omnia, vol. I, ch. iv.

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CONSPECTUS SIGLORUM .

B=rcod. Bodleianus uel Glarkianus 39 (anno 895

post I. G. nat.).

T= cod. Venetus append. class. 4, cod. 1 (sub fin.

xi uel init. xn saec).

W = cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr. 7 (for-

tasse saec. xn).

Il = Oxyrhynchus Pap., 1908, p. 192, 881 (sub fin.

saec. 11 post I. G. nat.). Gontinet 3oi e-3o2 c (frag-

mentum grauiter mutilatum).

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EUTHYDEME[ou l'éristique, genre réfuta

tif.]

SOCRATE GRITON

271 a Griton. — Avec qui, Socrate, causais-tuPréambule. h\er au Lycée

l ? Ma foi, une telle fouleEuthydème » •*

et Dionysodore.vous entourait que, pour ma part, j ai

eu beau m'approcher pour écouter; je

n'ai pu rien entendre distinctement. En me penchant au-dessus des autres, j'ai pourtant réussi à voir, et ton interlo-

cuteur m'a paru être un étranger. Qui était-ce ?

Socrate. — Lequel veux-tu dire, Griton? Il y en avait non

pas un, mais deux.

Criton. — Celui dont je parle était assis à ta droite, le

b troisième en partant de toi. Entre vous était le jeune fils

d'Axiochos

2. Il

m'a paru, Socrate, avoir beaucoup grandi, etêtre presque du même âge que notre Critobule. Mais l'un

est fluet, l'autre bien développé et de fort bonne mine 3.

Socrate. — Euthydème, Griton, est celui dont tu veux

parler. Le personnage assis auprès de moi à ma gaucheétait son frère, Dionysodore. Lui aussi, il prend part aux

entretiens.

i. Un des principaux gymnases d'Athènes, à l'est et à quelquedistance de la ville, sur la rive droite de l'Ilissos. Socrate aimait à y

causer, voir Euthyphron, i a.

2. La généalogie de Glinias sera indiquée avec plus de précision

275 a.

3. Suivant Stallbaum, Wells et Schanz, ixeivo; vise Glinias, oZxoç

désignant Critobule;Heindorf et Gifford, au contraire, rapportent

èxeivoç à Critobule, et ouxo; à Clinias. Il est difficile de se prononcer ;

Xénophon, qui, dansle Banque t (IV, 10), parle de la beauté de Critobule,

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EY0YAHMO2[r] IptaTixd;

àva-cpeTruxd;.]

KPITON ZOKPATHZ

KP. Tlç fjv,go Z&KpaTEç, S X^ç ^v AukeIç SiEXéyou ;

271 a

f\ ttoXùç ûfciaç o)(Xoç TiEptELaT^Kei, ôScxt' EycoyE (SouXo^evoç

àkoùelv TtpoaEXBwv ouSèv otàç i3

?\aKoOaai aa<f>Éç

#

ÔTiEp-

KÛ^aç (jlévtol KaTEîSov, «xi ^ot ISo^ev EÎvau £,évo<; TlÇ,

co SleXeyou. Tiç î]v ;

EH. n6x£pov <ai EpcùxSç, S Kplxcûv ;oô yàp eÎç, àXXà

Sûo fjaxr|v.

KP. °Ov \xèv lyà> XÉyo), ek 8e£iSç xplxoç ànd aoO Ka6^-

oto* Iv ^éckû 8'ûfcicov

xos

A£k$xou ^LELpdcKiov fjv. Kal fcuxXab

TloXÛ, S ZcûKpaTEÇ, ETïiSeScùICEVOCI\JlOI ISo^ev, <al toO

f\\LZ-

TÉpOU OU TloXu TL Tf)V ^XlKUXV Sia<f>ÉpElV KptTOÔOuXoU. 'AXX3

Ikeivoç u-ÈvaicXr|<|)p6c;, ou-toç 8è npo(J)Epf]ç Kai KaX6ç <al

àyaSoç xfjv Si|uv.

ZQ. EuSuSrj^ioç o3t6ç ecttlv, & Kp'iTcov, Sv IpcùT&ç, ô 8è

nap' ê^è KaBrj^Evoc; e£ àpiaTEpaç ocSeXc^oc; toutou, Aiovu-

aoScopoç" ^eté^ei Se <ai oGtoç tSv X<5ycov.

Testim. : 271 a i xlç— 5 7)v (coax'

— xaTtiSov om. et àXXa jxot Çévoç

tiç cpaive-cat elva: scrips.) Demetrius, De elocut., Rhet. gr.., IX, 97).

271 a 2rj

in ras. B (^ Demetr.) : g TW ||3 rjv T j|

4 xatgï-

8ov TW : -fôov B H 6 xfopev Hermann : ôjio't-||

b 2 èmôeStoxévai

bt : -Se87)X(oxévai BTW ||3 ôiaçépet apographa ||

4 axXrjçpôç TW :

axkrflpoç B II6 6 8e rcap' ètxà TW : 0; ô*è

7ï<xp£p.£V£ B||

8 [xexeî^s

Heindorf.

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271b EUTHYDÊME i44

Griton. — L'un et l'autre me sont inconnus, Socrate.

c Encore de nouveaux sophistes, je suppose. De quel pays? Et

en quoi consiste leur savoir ?

Socrate. — Leurfamille, je crois,

estoriginaire de quel-

que part par là, de Chios, mais ils avaient émigré à Thurium l.

Or ils ont été bannis de cette ville, et voilà bien des années

qu'ils vivent dans nos régions. Quant à leur savoir, pour

répondre à ta question, il est merveilleux, Griton. Ces deux

hommes sont tout bonnement universels, et j'ignorais jus-

qu'ici ce qu'étaient les professionnels du pancrace2

. L'un et

l'autre pratiquent à souhait toutes les formes de lutte, mais nonà la manière des deux frères Acarnaniens, ces champions du

d pancrace. Ceux-là ne se sont montrés capables que de lutter

avec leur corps ;il en est autrement de ceux-ci 3

. En premierlieu, ils excellent, par la vigueur physique et l'escrime, à

triompher de tous les adversaires; car ils ont eux-mêmes une

science consommée du combat en armes, et le pouvoir de la

272a communiquer à tout autre moyennant salaire; ensuite,

s'agit-il de luttes judiciaires? ils sont de première force pourles soutenir, et enseigner à autrui le secret de parler et de

composer des discours appropriés aux tribunaux. Aupara-vant leur habileté n'allait pas au-delà

;mais maintenant ils

ont mis le couronnement à l'art du pancrace. Le seul genrede lutte qu'il n'eussent pas encore essayé, ils l'ont aujour-d'hui pratiqué à fond, si bien que pas un ne serait en état

de lever même le poing sur eux, tant ils sont devenusb

experts à lutter en paroles, et à réfuter chaque propos, aussi

bien le faux que le vrai. Pour moi, Griton, j'ail'intention

de me remettre aux mains de ces deux hommes;car il leur

faudrait peu de temps, affirment-ils, pour rendre n'importe

qui habile à ces mêmes exercices.

mentiqnne un peu plus loin (IV, 12) celle de Glinias. La première

interprétation nous paraît être cependant la plus probable.

1. Thurium avait élé fondé en 443, sur l'emplacement de la ville

détruite de Sybaris, par une colonie panhellénique ;Périclès avait

invité tous les Grecs à s'y joindre aux colons athéniens.

2. Le pancrace était une combinaison du pugilat et delà lutte.

Contrairement aux lutteurs, les pancratiastes poursuivaient le combat

à terre, et il leur était permis de frapper des poings et des pieds.

Dans Théocrite, XXIV, i4, ils sont appelés Kàu,jxa/oi.

3. Les deux sophistes sont des pancratiastes dans toute la force du

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i44 EY0YAHMOS 271b

KP. OuôéxEpov ytyvcûaKQ, S ZoùKpaTEÇ. Katvoi TtVEÇ ocC

ourot, ôbç lotKE, ao<J>tarai' noÔaTioi

;Kal t'iç ^ aocpia ; c

ZO. OCtch t6fcièv yÉvoç, ^*» ^Y?^ ^

evteOBev tïoSév

Etatv Ik Xlou, aTi^icrjaav 8è le; ©ouplouç, <J>£vyovTE<; Se ekeî-

8ev tt<5XX'fjSrj ett^ Ttspl toùoSe toùç t6ttouç 8taTp't6ouatv.

Se au EpcûTfiç xr]v aoeptav aûxotv, Sau^aata, o KplTQV

nàaaocjîot aTE^vcoç tgj y£, °^'fj^

1! ^P^ T0^ ° Tl e^ev °t

TtayKpaTtaaTai. Toùtcù yap èaTov Ko^tSfj Tra(ji^idt)^co,oô

ica8' S Tw'AKapvfivE ly£V£a8r|v

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TtayKpaTtaaTà àSEXcfx»'IkeIvco uèv yàp tû aô^iaxt u,6vov oïcù te n<x)(Ea8at, toùto d

Se TtpcoTov ^èv tû acbjiaTt SEtvoTaTco laTÔv Kalfctaxïl

Ttàv-

tcov KpaTEtv— ev frnXotç yàp aÔTûb te ao<p<à Ttàvu (îà^EaSat

Kal aXXov, oç av StScp [ua86v, oïco te Tcotf^aat— ETtEtTa 272 a

t^)v ev toîç StKaaTrjpiotc; ^a^rjv KpaTtaTco ical àycoviaaaSat

Kal aXXov StSà£,at XéyEtv te Kat

auyypacpEaSatX6youç dlovq

stç Ta StKaaTfjpta. Ilpô toOjjlèv

ouv TaCTa ôstvo rjaTrjv

u,6vov, vOv Se TÉXoq lmT£8r)KaTov TtayKpaTtaaTtKrj TÉ^vrj.

"H yàp tJv XotTtf} auToîv\xcL\r) âpyoç, TaÙT^v vOv l£,£lpya-

a8ov, dSaTE \xr)& âv ëva auTotç otév ts

EÎvat\ir\6

3

àvT&par

outq SEtvô y£y6vaTov ev toîç Xôyotç a^d^EaSal te Kal !£,£-

Xéy)(£tv t6 a£l X£you.Evov, ô^oIcdç làv teiJjeOSoc;

làv te b

àXrjSÈç r\,

3

EyG> ^lèv ouv, S Kp'tTcov, Iv vep e^cû toîv àvSpoîv

TtapaSoOvat l^auTév Kal yàp c[>aTov Iv èXiycp y^pàvep Trotf^aat

âv Kal aXXov ôvTtvoOv Ta auTa TaOTa S£tv6v.

Testim.:

271 C 7toÛtoj — 8

-ay/pa-ctaerrà Pollux, 3, i5o.

b 9 xaivoi T'.V3; au ouTot, oj; eg'.xs, aoçicrai : W : ^ooa7:oi. xaî n»';

fj 009'Ja : B scilicet haec verba alteri personae tribuentes|jc 5 Oauaa-

ata BW : -a:a: T (sed accentus supra t deletus) j|6 r.d<3<30O0'. T : ^ava-

BWt H Toi Y£ BW : &< £YWY£ TII

8 T - Heusde : oti||8 xa'ô'àGifford :

xatTa BW (sed post xa erasam esse litteratn in B monuit Giffordj|

àxacvave iyvdnOr^ BW : à/.apvxvs T ||d 2

[xày7]^avTtov anonymus  

(xayjj ^-àv:ojv B

[xoty 7;

r- jc^vtcuv èaTt

TW||

272 a 5 u.ovco

Wij

69[

•yàpÏTt Xoi?;rj aÙTOtv r

(v vp. T

|J 7 jitjôÈv eva W.

V. 1. - i3

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272 b EUTHYDÈME i45

Griton. — Eh quoi ! Socrate, à ton âge? Ne crains-tu pasd'être déjà trop vieux ?

Socrate. — Nullement, Griton. J'ai, pour me rassurer,

un indice et un encouragement suffisants. Eux-mêmes étaient

pour ainsi dire des vieillards, quand ils se sont mis à cette

science qui fait mon envie, l'éristique ;l'année dernière ou

c la précédente, ils n'étaient pas encore savants. Ma seule

crainte, à'moi, est de couvrir encore de honte ces deux étran-

gers, comme Gonnos 1

,fils de Métrobios, le cithariste qui

même aujourd'hui me donne des leçons de cithare. A cette

vue les

enfants,mes

condisciples,se

moquentde

moi,et

Connos, ils l'appellent un maître pour vieux. J'aurais peurde faire le même affront aux deux étrangers ;

et eux, pris

sans doute de la même crainte, refuseraient peut-être de

m'accepter. Mais moi, Griton, j'en ai déjà décidé d'autres,

d de vieilles gens, à devenir là-bas mes condisciples, et je

tâcherai d'en décider encore à me suivre ici. Toi-même, pour-

quoi ne pas te mettre à l'école avec moi ? Tes fils nous ser-

viront à les amorcer; pour les avoir, je suis sûr qu'ils nous

prendront, nous aussi, comme élèves.

Griton.— Rien ne s'y oppose, Socrate, si c'est ton avis.

Mais d'abord, explique-moi en quoi consiste le savoir de

ces deux hommes; que je sache ce que nous apprendrons.

Socrate. — Tu vas l'entendre. Car je

Lerécit

de Socrate.•

j-

• » •

t\iL'auditoire. ne saurais dire 9°* Je n aie ï*3

.

ete

attentif à leurs propos ;mon attention

était parfaite, comme le sont mes souvenirs, et je vais essayer

de te conter tout en détail depuis le commencement. Une dieu a voulu que je fusse par hasard assis à l'endroit où tu

m'as vu. J'étais dans le vestiaire 2, seul, et déjà je songeais à

me lever. Mais au moment où je me levais, se produisit cet

avertissement divin3

qui m'est habituel. Je me rassis donc,

terme : au sens propre, par leur vigueur et leur agilité ;au figuré,

parce qu'ils savent le secret de triompher dans les luttes judiciaires.

IlavTiuv xpatsfc joue sur l'étymologie du mot pancrace; u-i/r^

comme le montre la suite (èv cfaXotç), désigne Yhoplomachie, ou

combat en armes (voir Lâches, 182 b).

1. Cf. Ménexene, a35 e sq. (voir la Notice p. 78).

2. Endroit où se déshabillaient les gymnastes; comp. Lysis, 206 e.

3. Il est plusieurs fois question chez Platon de cette voix inté-

I

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i45 ET0YAHMOS 272 b

KP. Ti 8al, © ZcbKpaTEÇ ;ou

c|>o6£Î Tf)v ^XiKtav, fcif) fjôrj

TtpEa6ÙTEpo<; ?\q ;

ZO. "HKiaxà ye,£

KpixcoviKavôv

TEK^fjpiov !)(©Kal

Ttapa^uStov toOu.f) cj>o6£Uj8ai. Auto yàp toùtco, ôbç ettoç

eIttelv, yépovTE ovte ^p^dca8î]v Taùxrjç xfjç ao<f>la<; fjç

lycoys eth.8uu.co, xfjç EpiariK^c;* TtÉpuaiv f^ TipoTtÉpuaiv ouSetico

fjarr|v ootyà. 'AXX' èy© ev u.6vov c|>o6o0u.ai, u.f)a3 SvelSoç C

TOÎV C^EVOIV TTEplàlJjCù, ÔSaTIEp K6vVCO TCO MT]Tpo6'lOU , T$

KiSapiaTrj, 8c;

eu.e 8i8<xcjkei etl Kal vOvKi6apt&Eiv opcovTEÇ

oCv ol natSEÇ olau(jicj)OLTr)Tat u.ol eu.oO te KaTayEX©ai Kai

t6v KcSvvov «xXoOai yEpovToSiSaaKaXov. Mf| ouv Kal toîv

E,évoiv tiç Tauxôv toOto èvEiS'ioT]"ot 8' aut6 toOto ïacoç

<J>o6oùu.evoi Tà)(a u.e ouk av eSéXoiev TupûaSÉ^aaSai. 'Eycb

8S

,S Kp'lTCOV, EKEÎCJE U.EV aXXoUÇ TtÉTTELKa CJUU.U.a8T]Tàç ^01

<|>oiTav TipEo6uTac;,

£VTa08a 8é

yE ETÉpouç TTEipàaou.ai

tteI- d

8elv. Kal crû tI ou ouu.c|>oit$c; ; coç 8è SéXsap auToîç e£o u.ev

toùç aoùç ôeÎç* ec|héu.evoi yàp ekeIvcùv oÎS' Sti Kal ^u.aç

TtaiSEÙaouaiv.

KP. 'AXXSouSèv kcoXûei, S ZcoKpaTEÇ, êàv yE aol Sokî].

npéùTov Se u.ol Si^y^aai xf]v aocpiav toîv àvSpoîv tiç eotiv,

tva eiSco o ti Kal

u.a8rjaou.E8a.ZO. Oûk av cf»8àvoL<; àKoucov côç ouk âv E^OL^lyE eItteîv

8ti ou TipoaEÎ^ov t6v voOv aÛTOÎv, àXXà Ttàvu Kal TrpoaEÎ^ov

Kal u.Éu.vr|u.ai, Kal aot Tt£ipàc7ou.ai eE, àp)(fjç aTtavTa Sirjyr)-

aaa8ai. Kaxà 8e6v yàp TLva etu)(ov Ka8f)u.£voç IvTaOSa, e

ouTtEp au u.e eÎSeç, ev tco àTToSuTT]ptcp u.6voç, Kalfj8r)

ev v&

eÎ)(ov àvaaxfjvat" àviaTau.Évou 8é u.ou èyÉVETo t6 Eta>86ç

ot^ieîov t6 8aiu.6viov. riàXiv ouv ÊKa8E£6u.T]v, Kal ôXlycp

Testim. : 272 e ôXiyip— 273 a i toutw Priscianus, Inst., XVIII, a45.

b 5 8at T: 8s BW|| 7 e/w BW : -ywv T

||10 îcépua:v B :

rcjfpuaiv

8s TW H ci auB:aÙTÔ?TW||4 ^ W : pu BT

|| 8(xouW ||d a t{

oùcrjti.cpotTaç ; o>ç Winckelmann : xi (xt TW) 7îou aujjiçoiTa tawç ||

sÇotxevB :

"eÇ-

W âÇ-T||

3ufcig

codd.||

5Sox^ TW

: -xei

B||

ea

eTSeç

W et primit. T : t8- BT(|3 8s

jxou TW : 8'è(xou B.

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273 a EUTHYDÈME i46

273 a et peu après entrèrent ces deux hommes, Euthydème et Dio-

nysodore, et d'autres avec eux, de nombreux disciples, à ce

qu'il me parut. Une fois entrés, ils se mirent l'un et l'autre à

aller et venir dans le promenoir'

couvert. Ils n'avaient pasencore achevé deux ou trois tours quand je vois entrer Glinias,

que tu trouves bien grandi, et avec raison. Derrière lui

venaient ses amants, et, dans leur foule, Gtésippe, un tout

jeune homme de Paeania 2,une très belle et bonne nature,

b sauf une insolence qui est l'effet de la jeunesse3

. M'apercevantde l'entrée assis tout seul, Glinias vint droit à moi et s'assit à

madroite,

comme tu le dis;à sa

vue, Dionysodoreet

Euthy-dème commencèrent par s'arrêter, et ils causaient entre eux,

jetant des regards répétés dans notre direction — je les obser-

vais avec la plus grande attention. Puis ils vinrent s'asseoir,

l'un, Euthydème, auprès du jeune garçon, l'autre auprès de

moi, à gauche. Le reste de l'assistance prit place au hasard.

c Je les saluai tous deux, comme ne les

Euthydème avant pas vus depuis longtemps, et celaet Dionysodore --. .

r,. . nr F r-r •

1 j

enseignent la vertu. fait > Je dls a Glmms : « Glinias, les deux

hommes que voici, Euthydème et Diony-

sodore, sont savants, non dans les petites choses, mais dans les

grandes. Tout ce qui concerne la guerre, ils le connaissent ;

tout ce que doit savoir le futur général, la tactique, le com-

mandement des armées, toutes les formes de combat qu'il

faut apprendre à pratiquer sous les armes. Ils peuvent encoredonner le moyen de se défendre soi-même devant les tribu-

naux, si l'on est victime d'une injustice.»

d . Ces paroles m'attirèrent leur mépris ;ils se mirent à rire

tous deux en se regardant, et Euthydème répondit : « Ces

rieure qui se fait entendre à Socrate. Lui-même s'en explique dans

YApologie (3i d) ;il dit de cette manifestation divine (ôeto'v

-£ xo]

Ôatjxdvtov) : « C'est quelque chose qui a commencé pour moi dès monenfance, une voix qui se fait entendre, et qui se produit toujours

pour me détourner de ce que je vais faire, jamais pour m'y pousser. »

Gomp. Phèdre, il\i b c.

i. Piste couverte, attenant à la palestre, sorte de hangar en bois

qui servait d'abri aux causeurs.

2. Dème de l'Attique, à l'est d'Athènes.

3. Aristote, Rhétorique, II, a 1878 b : « Les jeunes gens et les

riches sont portés à l'insolence. »

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i46 ET6TAHM0S 273 a

fJaTEpov Etasp)(£a8ov toùtcû, 8 ts

Eu8u8r)noç Kal ô Aiovu- 273 a

coScopoq, <al &XX01 ^aSrjxal au.a aS TtoXXol è^iol SokeÎv

EÎaEX86vT£ 8èTTEpLETtaxEiTrjv

ev tôKaxaaTÉY» Spo^ACû.

Kal

OUTUCD TOUTCÙ Su'f) TpELÇ SpOfclOUÇ TTEplEXrjXuS^TE fj(7TT]V,

Kal EÎaÉpXETai KXEivlaç, Sv oùcpflc;

ttoXù èrnSEScoKEvai,

àXr)8f^ XÉycov otucjSev 8è aÔToO Ipaaxal Ttàvu ttoXXoI

te SXXoi Kal KTnfjaiTTTToc;, VEavlaKoç tiç riaiaviEÙç, fciàXa

KaX6ç te Kaya86ç Tf)v <f>ùaiv,Scrov

pf) ûSpLor^c; [8è]8ià t6

véoç EÎvat. 'IScàv ouv^ie

ô KXEtvtaç omoif\q

Eta68ou u.6vov b

KaS^EVOV, SvTlKpUÇ td)V Ttap£Ka8É^ETO EK Se^ICXÇ, &<TTTEp

Kal au<$>f\q.

'ISovte 8è aÛT&v o te Aiovua68opoçKal ô Eu8û-

8t]^ioç TtpÔTov u.èv ETuaTavTE 8LEXEyÉa8r|v àXXi^Xoiv, aXXrjv

Kal aXXrjv à-no6XÉTrovTE eiç t^Sç — Kal yàp Ttàvu oùtoîv

•npoaEÎxov tov voOv— ETTEi/ua lovteô \ièv napà t6 U.£ipàKlOV

èKaBÉ^ETo, o Eu8ù8r)u.oc;, o 8è Ttap' auTov k\iè ev

àpiaTEpÇ,oi 8* aXXot ôbç EKaaToç ETtjyy^avEV.

s

HoTia^6^T]v ouv auTco ccte 8ià xp6vou leopaRdùc;* ^etA 8è c

toOto eÎttov Trpfcç t6v KXEiviav *C1 KXEivla, tcûSe {iévtol

Tûb avSpE aocjjcb, EùSuSt^oç te Kal AiovuaoSopoç, ou Ta

au.iKpà, àXXà Ta u.£yàXa* Ta yàp TtEpl t6v tioXeu-ov TiàvTa

£TTiCTTaa8ov, baa 8el tôv u.ÉXXovTa aTpaTr)yôv laEaSat, Taç

te Tà£,ELq Kal Taç fjyE^ovlaç tûûv aTpaTO-néScov Kal baa ev

ottXoiç u.àxEa8at SiSaKTÉov otco te Se Kal noifjaai SuvaTov

EÎvai aÙT6v aÛTcp |iorj8Etv ev toîç StKaaTrjploiç, av tiç

aÛTèv àStKn.

EIttgjv o3v TaOTaKaTEc^povl'iSriv un' ai&Toîv EyEXaaàTrjv d

ouvau.<|>cù (iXÉ^avTE e!ç àXXfjXouç, Kal ô EûSûSt^oç etnev

273 a 2 atxa au B : âjxa TW âjxa aùxoîv Schanz||

ôo/eiv B

(v add. b?) : -xsi TW||

3 «csXedvTeç B||8 8> secl. Winckelmann

oaovjxtj MpcoTiff 66piaxrjç <5à Baiter

||b 3 tSdvxs T : -t£? BW

[j

5 CL7zo%kiizovzs. T : -tsç BWj|

ocÙtoîv Tzpoczïyov BW : îcpoaefyov

etutotv T|| 7 6 tùWorjftos

TW : cùôtôr^oç B|| ipi BW :

jxeT

||ev

àpia-cepa BW : s£ «piaxipa; T ||C 5 <j-paTryôv B : àyaOèv aTpaxrjyôv

TW ||d 2 pX4<fcvt* T : -T£? BW

r

|| àXXr;Xou; BW : -Xou; T.

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273 d EUTHYDÈME i4 7

choses-là, Socrate, ne sont plus l'objet de notre étude; nous

les tenons pour accessoires. »

Et moi, tout surpris : ce Ce doit être, dis-je, une bien belle

occupation que la vôtre, si des sujets de cette importance sontaccessoires pour vous. Au nom des dieux, dites-moi quelle est

cette belle chose. »

« La vertu, Socrate, répondit-il. Nous nous croyons capa-

bles de l'inculquer mieux que personne et plus rapidement. »

e « Zeus ! m'écriai-je, que dites-vous là ! Où avez-vous fait

cette heureuse trouvaille ? Pour ma part, j'en restais sur vous

à l'idée

que j'exprimaistout à l'heure:

jeme

figurais qu'unobjet aussi important que le combat en armes occupait votre

habileté, et voilà ce que je disais de vous; car, lors de votre

premier séjour *, c'était, je m'en souviens, de quoi vous faisiez

profession2

. Si aujourd'hui vous possédez vraiment la science

dont vous parlez, soyez-moi propices3

,

—je m'adresse à vous

274 a absolument comme à des divinités, pour vous demander

pardon de mes propos passés. Voyez pourtant l'un et l'autre,

Euthydème et Dionysodore, si vous dites vrai;

la grandeurde votre promesse rend bien naturelle la défiance. »

« N'en doute pas, Socrate, dirent-ils ensemble : il en est

ainsi. »

« Alors je vous félicite de cette acquisition, bien plus quele Grand Roi de son empire. Mais dites-moi seulement : avez-

vous l'intention de montrer votre savoir? Quelle décision

avez-vous prise ? »

« C'est justement l'objet de notre présence, Socrate.

b Nous voulons le montrer et l'enseigner à qui désire l'ap-

prendre. »

« Ce sera le désir de tous ceux qui ne le possèdent pas—

je vous le garantis—

,de moi d'abord, puis de Glinias que

vous voyez et, en outre, de Gtésippe que voici, et de toutes

1 . L'entretien a lieu lors du second séjour que font les sophistes à

Athènes. Ils y étaient déjà venus un an ou deux auparavant (272 b).

2. 'ErcaYYéXXesOai est le terme consacré pour désigner ce que les

sophistes s'engageaient à enseigner (cf. plus bas eTzàyY'EXu.a). Gomp.Protagoras, 3 19 a : « A ce qu'il me semble, dit Socrate, tu veux

parler de la politique et tu promets de former de bons citoyens.—

C'est cela même, répond Protagoras ;voilà l'engagement que je

prends » (xô sTcàYYsXjxa s^ayY&Xo^ai).3. Formule de prière aux dieux, particulièrement pour s'excuser

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274 b EUTHYDÈME i48

ces autres personnes, dis-je en lui 1

désignant les amants de

Clinias. » Déjà en effet ils faisaient cercle autour de nous.

Car Ctésippe s'était trouvé assis loin de Clinias, et, me sem-

bla-t-il, comme Euthydème, en causant avec moi, se trouvaitC penché en avant, avec Clinias entre nous, il masquait la vue

à Ctésippe. Désireux de contempler son bien-aimé, et en

même temps curieux d'entendre, Ctésippe avait donc sauté

sur ses pieds, et le premier s'était approché juste en face de

nous;les autres, en le voyant, firent de même et nous entou-

rèrent, les amants de Clinias avec les disciples d'Euthydèmeet de

Dionysodore.

C'est eux

que je désignai

à

Euthy-dème, en lui disant que tous étaient prêts à s'instruire.

d Ctésippe m'approuva avec le plus grand empressement, les

autres aussi, et tous ensemble invitèrent les deux frères à

exhiber 2la valeur de leur savoir.

Je repris alors : « Euthydème et Diony-Invitation

sodore, jevous en prie instamment

;

aux sophistes. d'

une manifre ou d'une autre faites-

leur ce plaisir, et, pour l'amour de moi,

montrez-nous votre savoir-faire. Nous en découvrir la plus

grande part ne serait évidemment pas une petite affaire,

mais répondez-moi sur ce point: celui qui est déjà convaincu

de la nécessité de prendre vos leçons est-il le seul dont vous

e pourriez faire un homme de bien ? ou en est-il de même

pour qui n'en est pas encore persuadé, faute de croire engénéral que cet objet, la vertu 3

, peut s'apprendre, ou quevous l'enseignez tous deux? Voyons, un homme ainsi fait, le

même art se charge-t-il de le persuader que la vertu s'en-

seigne, et que vous êtes les maîtres les plus capables de l'en

instruire, ou est-ce un autre art ? »

« C'est ce même art, Socrate »> répondit Dionysodore.

d'une faute. Socrate affecte de traiter comme des dieux ces hommessupérieurs ; 20,3 a, il les invoquera comme les Dioscures.

i . A Euthydème ;voir plus bas.

2. 'Et:!û*sixvu<j6ou : donner une conférence, prononcer un dis-

cours d'apparat (h:io*ei£tç). Cf. Hipp. maj. 286 b, Lâches, i83 b.

3. L'expression t6 Tzparfaa X7jv àps-riv a paru suspecte ;la première

impression est que ttjv ipexrjv est une glose destinée à expliquer -0

-payu-a. On peut néanmoins défendre le texte en s'appuyant sur

Protagoras, 327 a : toutou tou ^pa-ftiaTo;, tt^ àpsTij;, cet objet, je

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i48 ET0YAHMOS 274 b

Seikvùç auxS toùç Ipaaxàc; toùç KXeivIou - ot Se Exuy^avov

fjLiaç fjSrj TTEpuaTocLiEVot.eO yàp KT^aiTmoç etu^e rtépp©

k<x8e£6^evoç toO KXeivIou — kixlioI Sokeîv ôç £TÛy)(av£v ô

Eu8uSrjLioç elioI SiaXEydLiEvoç npovEVEUKûbç eIç to TTp6a8£V,

EV LIEGCÙ OVTOÇ f)LUDV TOG KXEIVIOU ETTEaKÔTEL TCÛ Kx^atTITTO C

Trjç 8Éaç — fiouX6{ji£v6ç te ouv 8Eaaaa8ai ô KT^amnoç Ta

TtaiSiKa Kal aLia <JnXr)Kooç Sv àvaTtr)8f]aaç TipoùTOÇTTpoCTÉaTT]

^LIÎV EV TCO KOCTaVTlKpti* OUTCOÇ o3v Kai OL ttXXot EKEtVOV

ISévTEÇ TxspLÉaTrjaav fjLiaç, ot te toO KXelvIou Ipacrral Kai

ol toO Eu8uSr)Liou te Kal AtovuaoSopou ETaipot. Toùtouç 5f)

âycb Seikvùç IXEyov tô Eu8u8f)Licp otl ttocvteç etoilioi eÎev

u.av8àv£iv b te ouv Kt^cltitioç or>vÉ<j>r|LiâXa TtpoSÙLicac; d

Kal ot aXXou, Kal ekéXeuov auTcà Koivf] TtàvTEÇ £m$Ei£ao8ai

tt]v SùvaLiiv tt^ç aocjuac;.

EÎttov oSv EyoV *0 Eu8ù8r|LiE Kal Atovua6ScopE, Ttàvu

lièv ouv TtavTl TpoTicp Kal toùtouç )(aplaaa8ov Kal elioO

IvsKa ETTi8£i£,aTov. Ta u.èv oQv TtXEÎaTa SfjXov otl ouk

ÔXlyOV IpyoV ETuSsi^ai- t68e SE LIOl EÏTIETOV, TtÔTEpOV TTETtEl-

au.Évov fjSrj oç ^pf) Ttap' ulicûv luxv8ocve:iv SùvaiaS' av àya-

8ôv Tioif]aat avSpa li6vov, t\Kal ekeîvov t6v

li/jttcùttettel- e

aLiévov Sià t6Lif)

oÎEa8at oXoç t6 TipctyLia Tf)v àpETfjv

Lia8r|T6v EÎvaif] Lif) acf>d> EÎvai aÙTÎ^ç SiSaoxàXcD ; <J>ÉpE, Kal

t6v outqç E)(ovTa Tfjç aÙTfjç TÉ^vrjç Ipyov TiEÎaai a>ç Kal

StSaKTov ^ àpETf] Kal outol ulielç laTÈ Ttap' Sv av KaXXtaTà

tiç aÙT& LiaSot, fj aXXrjç ;

TaÙTT]Ç lièv ouv, £<{)r|, Tfjç auTfjç, ô EdùKpaTEÇ, ô Aiovu-

crôScopoç.

b 5 aùtco'. W : a-jTw (sic) B aùxtî) (primit. auTw) T |j Ipto-càç Wpro spacj-à; || Toùç B : ~ouTW

ji 7 xauot oozstv w; Badham : hxol ôoxeiv

(Îjç IIC 1 £/-£ax.orî'. prim. T

||d 2 aura» Bt : -710 TW

||6 lict$ciÇaTOV

BW et primit. T : -£ad)ov T || 7 Ipyov àîciSsiÇat B : Ipyov âxr^eiçai

ifî)av (av in ras.) T e-V) av à—tSsîÇa: ëpyovW || sorspov TW : 7:poT- B

H 8 8uvaa6' T

j|e 5 wv TW : £> B

||6 aÙTÔ TW : aÙTÔ* ; B

||à'XXr1? b :

àTAtOÇ W àÀÀr,)Ç BT

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274 e EUTHYDÈME 1A9

« Ainsi, Dionysodore, repris-je, c'est vous quiètes aujour-275 a d'hui plus capables que personne de porter à la philosophie et

à la pratique de la vertu? »

« Du moins le

croyons-nous,Socrate. »

« Réservez donc pour une autre fois, dis-je, le soin de nous

montrer le reste, et bornez-vous précisément à cette démons-

tration : ce jeune homme que voici, persuadez-le qu'il faut

aimer la science * et cultiver la vertu : vous nous ferez plaisir,

à moi et à toute cette assistance. Tel est en effet le cas de ce

garçon: moi-même et toutes les personnes présentes, nous

souhaitons le voir devenir un homme accompli. Il a pour

père Axiochos, fils d'Alcibiade l'ancien, et il est cousin ger-b main de l'Alcibiade aujourd'hui vivant

;son nom est Glinias.

Or il est jeune; nous avons donc pour lui les craintes qu'ins-

pire naturellement la jeunesse; nous tremblons qu'on ne

nous prévienne en tournant son esprit vers d'autres soins et

qu'on ne le gâte. Ainsi, vous êtes arrivés on ne peut plus à

propos. Si cela vous est égal, mettez ce garçon à l'épreuve et

engagez un entretien devant nous. »

Telles furent à peu près mes propres paroles, et Euthydème,avec un mélange de bravoure et d'assurance : « Gela nous est

c égal, Socrate, dit-il, pourvu que le jeune homme consente à

répondre. »

« Mais certainement, dis-je,il en a déjà l'habitude

;sou-

vent ces gens-ci viennent lui poser mainte question et causer

avec lui ; aussi est-il suffisamment enhardi à répondre. »

Ce qui suivit, Criton, comment t'en faire

petite affaire que de pouvoir reprendred'un bout à l'autre l'exposé d'un savoir prodigieux. Aussi,

pour ma part, à l'exemple des poètes, ai-je besoin, en com-

dmençant

monrécit, d'invoquer

les Muses et Mémoire 2.

Quoiqu'il en soit, voici à peu près, si je ne me trompe, comment

veux dire la vertu, bien que le cas ne soit pas absolument identique.

1. «friXoaoselv (cf. çiÀocrocpiav plus haut) est pris dans son sens

exact et étymologique : aimer, rechercher la sagesse (le savoir). Cf.

282 d, et surtout 288 d:f, cpiXoaoo-'a XTrJa:; i^iaxrJaT,;.

2 . Au début des Travaux, Hésiode invoque les Muses;au commen-

cement de la Théogonie, c'est elles qu'il veut chanter d'abord.

Page 201: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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Ug EY0YAHMOS 274 e

'Ylieîç &P«, î\\tS* àycb, co AiovuaoSoape, tcov vOv àv8pco-

ttcov KaXXiaT' âv TrpoTpÉipaiTE sic; c|>iXoaoc{>lavKal àpETfjç 275 a

em^éXEiav ;

Olo^eSà y£ 8f),S ZcbKpaTEÇ.

Tcov (ièv xoivuv aXXcov t?)V etti8elE,iv t}liîv, £<|>r)V, EiaaOBic;

ànoBEaSov, toCto 8s

ocjt6 IrnSEl^aaSov xouxovl t6v VEavl-

okov TtEiaaxov cûç xpf) <j>lXocjoc|>£ÎvKal àpETf]Ç£TULi£XEÎa8ai.,

Kal 5(apt.EÎa8ov elioI te Kal toutoictI naaiv. Zu^6É6rjKEV yap

Tt toloOtov tcû LiEipaKicp toûto" Iy6 te Kal oïSe ndvTEc;

TuyxavofciEV etuSulioOvteç cûç frÉXTiaTov auTov y£VÉa8ai.

"Eqti Se oCtoç 'A£t.6)(ou l^èv vbç toOs

AXki6ux8ou toO

naXaioO, auTavEijuoç Se toO vOv Svtoç 'AXkiÔkxSou" Svo^a b

5' auTcp KXEiviaç. "Eari Se véoç- c|>o6oÛLi£8a Sf) TiEpl auTcp,

oîov eIkoç TUEpl vécu, jjl/j tlç <pQ?\ rjLiaç èïï aXXo tl èmTf]-

SEUiia TpÉipaç t^v Stàvotav Kal Siac|>8£Lpr|. Zcf>cbo3v î^ketov

elç KàXXuaTov àXX' eI(irj

tl Sta<|)ÉpEu ûlllv, XàÔETov TtEÎpav

toO jiEtpaKtou Kal StaXÉ)(8r)Tov èvavTlovtJllcov.

EItï6vtoç oSv elioO a\s.B6v tl aÛTa TaOTa ô Eu8û8rjLio<;

&Lia àvSpElcoç te Kal 8appaXécoc;, 'AXX' ouôèv Stacj)£pEL,

co ZcoKpaTEÇ, Ecf>T],làv llovov e8eXti à7TOKplvEa8aL ô vsavi- C

ctkoç.

'AXXà l^èv Si'), Ic|>r|v èy<*>,touto" yE Kal EÏ8taTai* Saijià yàp

auTco oIlSe TtpoatévTEc; noXXà IpcoTcoaCv te Kal SiaXéyovTai,

ûScjte etuelkcùç 8appEÎ t6 àTTOKplvaaSaL.

Ta5f]

LiETà TaOTa, o KptTcov, ticûç av KaXcoç aot §LT]yr|-

aa'tLir|v ;ou yàp aLUKpèv to Ipyov SuvaaSaL àvaXaÔEÎv

StE^L^VTa aocjuav aLif))(avov bor\v ôaTD

lycoyE, KaSdmEp ol

TiotrjTal, SÉOLiai àpy^ô^Evoç tt^ç SiriyrjaEcoç Moûaaç te Kal d

Mvr)LiT]v ETtLKaXEÎaSaL. "Hpc^aTO 5* oSv evSévSe tio8èv ô

275 a i -poTpÉ-}a'.T£ Aid. :

-cfxxf ||io uîôç codd.

||b a auTcp

—3 veto BW : ajTou — véou T

|| l\ Tpe^aç B : tps^a; aùioO TW (primit.

atùvov W) || oiacp6ei'p7)B : -6ap7J TW ||

C i àxo/piveaGat B : -vaaOa*.

TW||

5 Oapps! BW :' Oappei T j| x7coxp:vaa6at BW : -veaôa: T||d i

tt}ç codd. : yp. -ocrriaSe T ||2 [t-rf'W* B :

[avt){xotjV7jv TW.

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275 d EUTHYDÈME i5o

débuta Euthydème : « Dis-moi, Clinias, quels sont les indi-

vidus qui apprennent, ceux qui savent ou ceux qui ignorent? »

Le jeune homme, à cette question difficile, se mit à rougir,

et, pris de court,il

me regardait. Et moi, comprenant sondésarroi : « Courage ! Clinias, lui dis-je, réponds bravement

e dans l'un ou l'autre sens, selon ton opinion. Car peut-êtreest-il en train de te rendre le plus grand service. »

Cependant Dionysodore, se penchant un peu à mon oreille,

avec un large sourire sur le visage: « Ma foi ! Socrale, dit-il,

je t'en préviens : que ce garçon réponde d'une façon ou de

l'autre, il sera réfuté. »

Tandis qu'il parlait, Clinias se trouva donner sa réponse,si bien que je ne pus même pas engager notre jeune homme

276 a à prendre garde. Il répondit donc : « Ceux qui savent ' sont

ceux qui apprennent. »

Alors Euthydème : « Y a-t-il ou non, dit-il, des gens quetu nommes maîtres ? » Il en convint. « Les maîtres sont-ils

maîtres de ceux qui apprennent, comme le cithariste et le

grammatiste 2 ont été, n'est-ce pas? tes maîtres et ceux des

autres enfants, tandis que vous étiez leurs élèves ? » Il

approuva. « N'est-il pas vrai que, quand vous appreniez,vous ne saviez pas encore ce que vous appreniez?

— Non.

b — Étiez-vous donc savants, lorsque vous ne le saviez pas ?

— Non certes, dit-il. — Par conséquent, si vous n'étiez pas

savants, vous étiez ignorants ? — Parfaitement. — Alors,

puisque vous appreniez ce que vous ne saviez pas, vous étiez

ignorants quand vous appreniez. » Le jeune homme fit un

signe d'assentiment. « Ce sont donc les ignorants qui appren-

nent, Clinias, et non les savants, comme tu le crois. »

A ces mots, comme dans un chœur au signal de l'instruc-

teur, ce furent à la fois des applaudissements et des rires

c dans le cortège de Dionysodore et d'Euthydème. Et, sans

Mv7) txrj , leur mère, est habituellement appelée Mnémosyne. Dans le

Phèdre, 287 a, Socrate invoque les Muses en commençant son

discours.

1. Eoso; a deux sens : savant et intelligent ;de même

à;j.aôr[ç:

ignorant et sot. Clinias répond : « Ce sont les intelligents qui

apprennent». Aussitôt Euthydème lui réplique : « Ce sont les igno-

rants. » Mais Dionysodore, reprenant aooo; au sens d'intelligent,

montrera que ce sont les intelligents qui apprennent.

2. Maître d'école, qui enseignait à lire et à écrire.

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i5o EY0YAHMO2 275 d

Eu8uSr)u.oc;, êbç EySu.ar *Q KXEivta, noTEpot état tSv

àvBpwTrcov ol u.av8àvovT£<;, olaocf>ol f)

ot à^aSsLÇ ;

Kal t6 ^EipaKiov, &te

^EydXou3vtoç toO EpcoTf]u.aTOc;,

fjpuBptaaÉv te Kai oaropfjaaç e6Xettev eiç à\xs' Kal lyo yvoùç

aôxèv TE8opu6rju.Évov, OàppEi, fjv 8S

£y<i>,© KXEivfa, Kai

àTTÔKpivai àvSpEtcùÇ énéTEpà aot (J>aiV£Tai#

ïaoç ydp toi e

<*><|>£Àeî Tf]v u.£ylaTr|v âxpEXlav.

Kal ev toûto ô AiovuadScopoç TtpoaKÛ^aç u.ot au.iKp8v

Ttp6ç x6 oSç, ttocvu u.£t8idaa<; t£> TipoacbTTcp, Kal n^|v, £<f>r|,

col, S EoKpaTEç, •npoXÉyco Sti ôttotep' av otTioKplvTiTai to

^EipocKiov, E^EXEy^BrjaETat.

Kal auxoO u.£Ta£jù TaOxa XéyovToç ô KXEivlaç Itu)(£v

aTTOKpivd^iEvoç, cSaxE ouSè TtapaKEXEÛo-aaSal £ioi E^syÉVETo

EuXa6r)8fjvai t£> u.EipaKicp, àXX' àTTEKplvaTo oti ol aocpol 276 a

eTev ol ^avSdvovTEÇ.

Kal ô Eu8u8r)u.oc;, KaXEÎç SÉTivaç, £$r), SiSaaKdXouç, ¥\

oH;

— e

Ou.oX6yEi.— OukoOv tqv u.av8avdvTcav ol 8i8d-

OKaXoi SiSdaKaXol EÎacv, ôûartEp o KiSapiaT^ç Kal ô ypau.^a-

tiqt^ç SiSdaKaXoi Stjttou rjaav aoO Kal tôv ocXXcov TtalScov,

ûu.eiç 8è ^LaB^xal ;

—EuvÉcpr).

— *AXXo tl oQv, f|v(Ka

E^avBàvETE, oûticù r|TUtaTaa8£ TaOxa a êu.av8dv£T£;

—Ouk

E<J>rj.— "Ap' ouv ao<f>ol vjte, 8te xaOxa ouk r|TTiaTaa8E ;b

— Ou SfJTa, T)8' 8ç.

— OukoOv elu.f] crocpot, àu.a8£Îç ;

—riàvu yE.

— c

Yu.eîç apa u.av8dvovTEÇ S ouk r|TuaTaa8£,

à^aBstc; ovteç âu.av8dv£T£. — 'Ettéveucte t6 ^EipàKiov.—

Ol àu.a8£iç apa LJtavBàvouaLV, o KXEivla, àXX' ou)( olao<f>ol,

ôbç au OLEL.

TaCT' ouv EL-névToc; auToO, ûScmEp ÛTt6 SiSaaKdXou X°P^Ç

àTT00T)u.t£

jvavT0(;, au.a àv£8opu6r|adv te Kal êyÉXaaav ol ett6-

u-evol ekeîvol u.£xà toO ÂiovuaoScùpou te Kal Eu8u8r)u.ou" c

Kal Ttplv àvaTTVEOaat KaXcoç te Kal eu to u.£ipaKtov, ekSe-

d 6 ISUnv B : toX^ev W IvéeXe-kv T|Je 2 wceXrji W || iô<psXetavW

||276 a 6 cou B

|| 7 SXXo xi TW : àXX' oxt B||b 3

7jni'aTaa0eTW : èr.- B||

5 [AavGàvouaiv TW : aoyoi ixav6avouatv B.

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276 c EUTHYDÈME i5i

laisser au jeune garçon le temps de reprendre bien et dûment

haleine, Dionysodore saisit la balle à son tour  : o Et toutes

les fois, Clinias, dit-il, que le grammatiste vous récitait 2,

quels sont les enfants qui apprenaient la récitation, les

savants ou les ignorants ?» — Les savants, dit Clinias. —Alors ce sont les savants qui apprennent, et non les igno-

rants, et tout à l'heure tu n'as pas bien répondu à Euthydème. »

d Là-dessus, les rires et les applaudissements redoublèrent

parmi les admirateurs 3 de nos deux personnages, charmés de

leur savoir;nous autres, nous restions muets de saisissement.

Nousvoyant frappés

destupeur, Euthydème, pour

accroître

encore notre admiration, ne voulait pas lâcher le jeunehomme

;il continua l'interrogatoire, faisant, à la manière

des bons danseurs, tourner deux fois4

ses questions sur le

même sujet : « Les élèves, dit-il, apprennent-ils donc ce qu'ils

savent ou ce qu'ils ignorent ? »

Et derechef Dionysodore me chuchota doucement : « Voilà

e encore, Socrate, un nouveau tour semblable au précédent. »

a O Zeus ! répondis-je, le précédent, ma parole ! nous avait

déjà fait voir une bien jolie chose. »

« Toutes nos questions, Socrate, sont du même genre, dit-il;

on ne peut s'en tirer. »

« Aussi, repris-je, me semblez-vousêtreen grande considé-

ration auprès de vos disciples. »

Cependant Clinias répondit à Euthydème que les disciples

apprennent ce qu'ils ne savent pas ; et l'autre lui demanda,277 a avec les mêmes procédés qu'auparavant : « Eh bien, ne

sais-tu pas les lettres ? — Oui, dit-il. — Toutes sans excep-tion ? » — Il le reconnut. — « Quand on récite n'importe

quoi, n'est-ce pas des lettres que l'on récite? » Il en convint.

« On récite donc une partie de ce que tu sais, dit l'autre, s'il

i. Littéralement: il prit la suite (d'Euthydème), comme au jeu

de la balle;

cf. 277 b.

a. Le sens propre de à-o?-o\i.cLZ'Xtiv paraît être : débiter de mémoire.

3. Appliqué aux disciples des sophistes, oi ïpctaxai n'a pas ici la

même nuance que quand il désigne les amants de Clinias : il souligne

avec une exagération moqueuse l'admiration des élèves pour leurs

maîtres. Cf. Protagoras, 317 d.

4- Allusion, comme le montre le contexte, à une figure de danse,

sens confirmé par Hésychius, s. v. Ôt^Xr]. On ne sait d'ailleurs au

juste en quoi consistait cette figure.

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277a EUTHYDÈME i5a

est vrai que tu les saches toutes? » Il en convint encore.

« Eh bien, dit l'autre, n'apprends-tu pas, toi, ce qu'onrécite, et est-ce celui qui ne sait pas les lettres qui apprend? »

— « Non, dit-il, c'est moi qui apprendsJ

.

»—« Tu apprends

b donc, dit-il, ce que tu sais, s'il est vrai que tu saches toutes les

lettres? » 11 le reconnut. « Tu n'as donc pas bien répondu »,

dit l'autre.

Euthydème n'avait pas achevé que Dionysodore, rattrapantla parole comme une balle, prenait encore le jeune garçon

pour cible : « Euthydème, dit-il, te trompe, Clinias. Dis-moi

en effet.

Apprendre,n'est-ce

pas acquérirle savoir de ce

qu'onapprend ? » Clinias le reconnut. « Et savoir, dit l'autre, n'est-

ce pas posséder déjà un savoir ? » Il le lui accorda, « Par

c conséquent, ne pas savoir, c'est ne pas encore posséder de

savoir? » Il en convint. « Ceux qui font une acquisition

quelconque sont-ils ceux qui possèdent déjà, ou ceux qui ne

possèdent pas .*>— Ceux qui ne possèdent pas.

— Tu es

donc d'accord pour ranger ceux qui ne savent pas au nombre

de ces derniers, je veux dire de ceux qui ne possèdent

pas ? » Il fit un signe d'assentiment. « C'est donc parmi ceux

qui acquièrent que se rangent ceux qui apprennent, et non

parmi ceux qui possèdent? » 11 approuva, a Alors, dit-il, ce

sont ceux qui ne savent pas qui apprennent, Clinias, et non

ceux qui savent. »

d

Denouveau

Euthydème, pourterrasser

nterventionj jeune homme, le provoquait comme

de Socrate. J. .,

  l,

^a un troisième corps a corps

2. Et moi,

voyant notre garçon en train de couler, je voulus lui donner

du répit, de peur qu'il ne perdit courage. Pour le rassurer,

je lui dis : « Ne t'étonne pas, Clinias, si ces façons d'argu-

i. Clinias prend le mot txavôavstv au sens habituel (apprendre) ;

Euthydème (comme l'expliquera Socrale 278 a), au sens plus rare de

comprendre. A Clinias disant : « On apprend ce qu'on ne sait pas »,

Euthydème réplique : « On comprend ce que l'on sait. » Sur quoi,

Dionysodore, rendant à ;j.av8àvstv sa valeur habituelle, va démon-

trer : « Ce sont ceux qui ne savent pas qui apprennent, et non ceux

qui savent déjà. »

a. La discussion est assimilée à une lui te véritable (7taXr ), où,

pour être proclamé vainqueur, l'athlète devait avoir terrassé -(/.a-a-

6aXXe:v) trois fois l'adversaire.

Page 207: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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i5a ETOTAHMOS 277 a

OôkoOv Sv tl au èntaroioaL, £<|>r), àTtoaroLiaTLc^EL, EÏnep

•navTa ETitaTaoai;

— Kal toOto â>u.oX6y£i.— Tl o8v

; f^

8' 8ç,

apa

au

(oô)u.av8àv£LÇ Stt av

àTtoaTOLmTLt^fltlç, ô

Se\iî) EmaTau.Evoc; ypà^LmTa |iav8av£L ; — Otfic, àXX

s

, fjS'

oç, u.av8àva>. — OôkoOv fi ETTlaraaaL, ê<f>r|, ^avSàvELc;,

EtîTEp ye caravTa t<x ypàu.LiaTa ETTtaxaaai. — e

nLjLoX6yr|- b

a£v. — Ouk apa ÔpScoç oVrrEKpCvcû, £<f>r).

Kal outtcù a(|>6Spa tl TauTa EÏp^To t$ Eu8u8r)Lup, Kal ô

ALovuaoScopoç &cm£p acpaîpav EKSE^au-Evoç t6v Xoyov TtàXiv

èaTo^à^ETo toO u.ELpaKlou, Kal eÎttev 'E^anaT® oe Eô8ù-

Stjljloç,o KXelvUx. Eltxè yàp ljlol,

t6 jjiavBàvELv ouk Emar/j-

ljutjvIgtI Xa^iôàvELv toutou oC av tiç u.av8àvrj ;

— c

0^ioX6-

yEt ô KXsLvlaç. — T6 S' ETttaTaaGai, f]8' bç, aXXo tl

f)

e)(elv ETtiaTr|u.r|v fj8r)eotlv

;

—ZuvécJ^.

— T6 apa jif)

ETtiaTaaBat ll^ttcù e)(elv ETtiaTfjLi^v êartv;

— e

Ou.oX6yEL C

aÔTÔ. — flÔTEpov ouv EÎaiv ol XaLiBàvovTEÇ ôtloOv ol

e)(ovt£<; f|8r| f)ot &v

Lif] I)(oatv ;

— Ol avlj^.— OûkoOv

cbu.oX6yr|Kaç EÎvaL toutcùv Kal toùç u.f) âmaTau.Évouc;, tSv

u.fj e)(6vtqv ;

— KaTÉvsuaE. — Tôv Xau.6av6vT<av ap' Etalv

ot u.av8àvovTEç, àXX' ou tcûv ky^àvzav ;

—ZuvÉcprj.

— Oi

LifjETiLaTàu-EVOL apa, £<f>r|, u.av8àvouaLV, S KXELvia, àXX'

OU)( OL ETTLaTOCLlEVOL.

*Etl8f)

etcI t6 TptTov KaTa6aXc5v êSan"£p nàXaiau.a <Spu.a d

ô Eu8û8t]U.oç t6v vEavtaKov Kal èyà yvoùç [5aTiTL£6^£vov

t6 LjiELpaKLOv, ftouXéfciEvoç àva*naOaaL aÔTo, \xr\ fjfcûv ànoSEL-

XiaaELE, TtapaLjLu8oùu.£voç eÎtiov *0 KXELvta, u.f) 8aùu.a^E

a 6 7:avTa

BTW: raina

apogr.Goislin. i55

|| 7au où

apogr.Cois-

lin. : au|| 9 p.avQàva> T : -vet B -vsi W

j| I^tj BW : efôwç T r\8'

oç Routhi|b 1 ypa^aaTa BW (oûyypau.u.a primit. W pro au ypati-

Ltaxa) : ypâ;xij.aTà t' Tj|

3 xavîtaeî'pTiTo

BW :eî'prjto

xaura T|

Tautaei'pr,TO

BW :el'pYjTO Tavha T

|| 9 auveçï]— Ci saxiv om. W

jj

C 1 èa-iv T: lyjtv B||

2 7CO"C£pov BT : -Têpot W ||3

y]oV av

[X7j

ty^toaiv ;01 av

lltjBadham :

y]oï àv at] ;

0? avlly) lywatv d r xaTa-

oaXûv Heindorf : -6aXà>v secl. Badham (etiam xôv veaviay.ov secl.

Gobet).

V. 1. — 14

Page 208: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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277 d EUTHYDÈME i53

menter te semblent insolites. Peut-être ne vois-tu pas ce queles deux étrangers sont en train de faire autour de toi. Ils

font exactement comme dans l'initiation des Gorybantes,

quandon

organisela cérémonie de l'intronisation 1 autour du

futur initié. On procède alors à des rondes et à des jeux,comme tu dois le savoir si tu as reçu l'initiation. En ce

e moment ces deux hommes ne font que mener une ronde

autour de toi, et comme danser en se jouant, pour t'initier

ensuite. Dis-toi donc que tu entends en ce moment la pre-mière partie des mystères sophistiques. Tout d'abord, commedit Prodicos, il faut apprendre le juste emploi des mots 2

: c'est

précisément ce que te montrent les deux étrangers ;ils te font

voir que tu ignorais le sens du mot apprendre. Les gens l'ap-

pliquent à qui, ne possédant d'abord aucune connaissance

278 a sur un objet, acquiert ensuite cette connaissance;ils emploient

aussi ce même mot quand, déjà pourvu de la connaissance,

il s'en sert pour examiner le même objet, soit dans la prati-

que, soit dans la théorie. C'est ce qu'on nomme, il est vrai,

comprendre plutôt que apprendre ; mais parfois aussi on dit

apprendre*. Or, tu n'as pas su voir, comme ils le prouvent,

que le même mot était appliqué à des cas opposés, à l'homme

qui sait comme à celui qui ignore. De même, à peu près,

b dans la seconde question, quand ils te demandaient si les gens

apprennent ce qu'ils savent ou ce qu'ils ignorent. Ces notions-

là, vois-tu, ne sont qu'un jeu ;voilà pourquoi j'affirme qu'ils

jouent avec toi. Je dis bien:

un jeu, parce qu'on aurait beauacquérir nombre de notions de ce genre, ou même toutes, on

ne saurait pas davantage quelle est la nature des objets ;on

serait seulement en état de badiner avec les gens, en utilisant

les divers sens des mots pour leur donner des crocs-en-jambeet les renverser, comme ceux qui s'amusent à vous retirer

i. La Ôpovwatç précédait l'initiation proprement dite : autour

du néophyte assis sur le lit sacré, les Corybantes, prêtres de la déesse

phrygienne Gybèle, dansaient en chantant et en frappant sur leurs

tambourins (cf. Aristophane, Nuées, a54 ; Guêpes, 119).

2. Prodicos de Céos attachait une importance capitale à la justesse

des mots;il pratiquait, pour y parvenir, l'exacte distinction des syno-

nymes (ôtaipsai; Ôvouloctwv). Voir Charmide, i63 d, et surtout Pro-

tagoras, 337 a-c>ou Platon a plaisamment parodié sa manière.

3. On trouve en effet chez les écrivains attiques uavôavetv au sens

de comprendre ; Platon lui-même en offre plusieurs exemples.

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i53 EY©YAHMOS 277 d

eÏ col <f>a(vovxai àf)8£iç ol Xôyot.m\o(ùç yàp ouk ata8àv£i

OÎOV TTOIEÎXOV X& £ÉVQ TTEpl OE' TTOIEÎXOV SE XaÛXOV OTTEp

ot evxfj xeXext] xcov Kopu6àvxa>v, 8xav xfjv 8p6va>criv

TToiôaiv TTEpl toOtov ov av ^ÉXXooai xeXeîv. Kai yàp ekeî

y^opEia. xtç laxi kocI TraiSià, el apa Kal teteXegoci* Kal vOv

toijxcù oôSèv aXXof) )(opEi!)£TOv TTEpl aè <ai otov Ôp)(EÎa8ov e

TTal£ovx£, eoç fciExàtoOto xeXoOvxe. NOv ouv và^uaov xà

TtpCOTa XQV LEpCÙV ÂKOÙELV TCÙV aocJuaxiKéùv. ripooTov yàp,

&c; q>r)oi ïlpôBiKoq, TTEpl ovo^àxov op86xr)xoç u.a8£Îv SeÎ*

S Si1

)Kal !v5ELKv\ja86v aoi tù £évcù, otl ouk f)Srja8a t6

^av8dcv£tv otl ol oivSpcùTTOL KaXoOai ljlèv ettIxq xoiSSe, bxav

xiç e£ ap)(f]ç urjSEuiav e^cùv ETTioxf]u.r|v TTEpl TipàyLiaTéç

xivoç ETTELTa uaxEpov auxoO Xay.6àvr| xf)v £Tuaxf)UT|V, 278 a

KaXoOai Se xauxov toOto Kal ettei8<xv e^cùv fjSr) xi*)v ettioxt]-

Lirjv xauxrj xfj ETuaxr]uT) xaûx&v xoOxo Ttpayua ETUCTKOTTrj

f) Trpaxx6LiEVOv f\ XEyôuEvov. MaXXov lièv aiôxS auviévai

KaXoOauvf\ u.av8àv£iv, laxu S

3

oxe Kal (JiavSàveiv aè Se xoOxo,

ebç oSxol EvSElKvuvxai, SiaXéXrjSEV, xauxèv ovo^a ett* àv8pdb-

ttoiç Evavxlcùç I^ouaiv ke'luevov, ettI x§ xe eIS6xl Kal ettI

xû\ir\' TTapaTTXrjatov Se xoûxcp Kal xô ev xcù SEUXÉpcp èpoax/)-

u.axi, Ivcp r\pâ>TCùv ge *n<5xEpa ^av8àvouaiv ol av8pamoi S b

ETTiaxavxaLf\

a^t]. TaOxa Sf]

xôv ^aSrjfciàxcov Traiàià eoxlv

— oib kolL 4>r|^t âyco aot xoùxouç npooTiaC^Eiv— TtaiSiàv

Se Xéyco Sià xaOxa 8xi, eI Kal noXXà xiç f)Kal Ttàvxa xà

xoiaOxa ^à8oi, xà yèv Ttpày^axa oôSèv av uaXXov eISe^

Ttfj exel j Tipoona^ELV Se oî6ç x3

âvEÏrj xoîç àvSpcimoiç Sià

xf|v xcov Ôvo^iàxcov 8ta<J>opàv ûttoqkeXI^cûv Kal àvaxpÉTTCûv,

ûSaTTEp ol xà aKoX\S8pia xcov ^ieXXovxcùv Ka8i£f)aEa8ai ûtto-

Testim. : 278 b 8tocjîtçp

— ci àvaTETpajxtxsvov Etym. Magn., s. v.

axoXuGpiov.

d 5 àr[0etç T yp. W : àXrJOetç BW ||8 Tcoicoatv (uel -crt)

codd. :

7C0twvTai in marg. T|| 9 ^opei'oc

tW in marg. :-rjyia

BT (cf. Leg.,

654 c) D e 2 7:at'Çovt£ TW : -tsç B||278 a 2 tocutô BW

||6 xautô

codd. D 7 km tw xe TW : taxe B || b 1 rcoTepov W.

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278 c EUTHYDÈME i54

c les tabourets au moment où vous allez vous asseoir, puisrient de vous voir culbuter à la renverse. Dis-toi donc bien

que tout cela n'a été qu'un jeu de leur part. Mais il est

clair

qu'ensuiteils te montreront eux-mêmes le côté

sérieux, et je me chargerai de leur ouvrir la route, pour

qu'ils s'acquittent de leur promesse envers moi. Ils s'en-

gagaient à donner une leçon de l'art d'exhorter 1

;en fait,

j'imagine, ils ont cru devoir jouer d'abord avec toi. Eh

d bien, Euthydème et Dionysodore, arrêtez-là le jeu— cela

suffit sans doute — et faites voir la suite : exhortez ce

garçon, en lui montrant comment il faut s'attacher au savoir

et à la vertu. Mais auparavant, je veux vous indiquer la façon

dont je conçois la chose et sous quelle forme je désire l'en-

tendre. Si jevous parais le faire en profane

2 et de manière

risible, ne vous moquez pas de moi : c'est mon empresse-ment à entendre votre savoir qui me donnera l'audace d'im-

e proviser devant vous. Souffrez donc de m'écouter sans rire,

vous et vos disciples; et toi, fils d'Axiochos, réponds-moi.

Est-il vrai que, nous autres hommes,

de Socrate nous désirions tous être heureux 3? Mais

et de Clinias. n'est-ce pas une de ces questions ridi-

La nature cules que je redoutais à l'instant 4? Car il

et les conditions ^ absurde n>est-ce pas? de poser desdu bonheur. t .

..,X .

*

questions pareilles. Qui, en ellet, ne

désire être heureux ?

— Tout le monde le désire, répon-279 a dit Clinias. — Bien, repris-je; mais maintenant, puisque

nous désirons être heureux, comment l'être? Sera-ce en

ayant beaucoup de biens ? Mais voilà-t-il pas une ques-tion encore plus naïve que la première ? Car c'est là

aussi, n'est-ce pas? une chose évidente. » Il en convint.

« Voyons donc. Quelle sorte de choses se trouvent être pour

i. Voir plus haut. Les deux sophistes se sont flattés de savoir

enseigner la vertu mieux et plus rapidement que personne (a -3 d).

Plus loin ils ont déclaré qu'ils étaient venus montrer leur savoir

(274 b èîziSc^ovTê). Ils ont répété leur affirmation 2~5 a.

2. Socrate prend ici son personnage habituel d'ignorant.

3. Socrate va jouer sur la signification de eu xpdErcftV : avoir du

succès, être heureux (sens habituel), et bien faire, agir comme il faut.

4. Voir plus haut (278 d) : « Si je vous parais le faire... de ma-

nière risible. »

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i54 EVeYAHMOS 278 c

ottûvxeç ya.ipovai Kal yEXoaiv, ETtEiSàv ïSaaiv uttxiov àva- c

TETpa(i(iévov. TaOxa ^ièv o8v coi Ttapà xoùxov v6jii^e

nouSiàv YEYovEvai* t6 Se fciExà xauxa Sf^Xov 8xi xoùxq ye

aot auxcb xà anouSaîa evSeC^eqSov, Kal lyà> û<J>r)yr)(JOfciai

aùxoîv tva u.01 o ûttéoxovuo aTtoScoaiv. 'E(|>àxr|v yàp etuSeI-

£aa8ai xfjv TtpoxpETtxiKfjv aocjnav vOv 8éfcioi

Sokeî Seîv

4>T]8r)xr|v TtpoxEpov TiaîaaL npoç aé. TaOxa u.èv ouv, S

Eu8ùSt]u.é xe Kal AiovuaoScopE, TtETtataBo xe û^lv, Kal d

ïacoc; ticavcoç êxEL' T° ^E ^ t

lET« TaOxa £Tu8ElE,axov

TTpoxpÉTiovxE x6 u.EipaKiov otioùc; ^P^l <7o<t>'L«Ç te <al àpEXÎ^Ç

EnmEXT]8T]vaL. ripdxEpov 8' èyob ac|>cpv EvS£l£,ou.ai otov auxo

ÛTtoXau.6àvco Kal oïou auxoO etuSu^iq aKoOaai.3

Eàv oQv

BôEyO uuâv ISicdxikSç xe Kal yEXoicoç auxô ttolelv, \xi] fciou

KaxayEX&XE- ûttô TtpoSu^ilaç yàp T°Û «KoOaai xfjç ûu.Exspaç

cocplaç xoX^irjao àTrauxoa)(£Si.àaai èvavxlov ûu.ûùv. 'Ava-

C)(Ea6ov ouv àyEXaoxl <xkouovxeç auxol xe Kal ol u.a8rjxal e

û^icov où Se u.01, o Ttaîs

A^l6)(ou, àTtoKpivai.

*Apà ys TtàvxEç av8pamoi frouX6u.E8a e\5 TtpàxxEiv ; fj

xoOxo u.èv Epoxr|u.a »v vOvSi] è<{>o6ouu.r|v iv xcov KaxayEXà-

axcov; àvorjxov yàp SrjTtou Kal x6 êpcox&v xà xoiaOxa* xtç

yàp ou froûXExai eS TtpàxxEiv ;

— OûSslç Saxiç otte, e<J>tj

é KXELvlaç. — EÎev, ?jv 8a

âyo- x8Sf) fciExà xoOxo, ettelS^ 279 a

(SouX6u.£8a eu TtpàxxEiv, ttcoç Sv eS Ttpàxxoiu.Ev ; Sep*âv eI

fjjiîvTioXXà Kàya8à eYtj ; fj

xoOxo IkeIvou exl Eur|8éaxEpov ;

SfjXov yàp Ttou Kal xoOxo oxi oîjxûûç £XEL -—

Zuvé<J>rj.—

<l>Ép£ 8fj, àya8à Se nota apaxcov ovxcùv xuyxàvEi rjuÂv ovxa;

Testim. :

278 6 3 rcavTeç — 282 d i ©iXoaoa>£tv Iamblichus,Adhortat. ad philos., p. 64 et sq. (Kiessling).

C k auxw TW : sine accentu B|| Èv8e:'£ea6ov B : -£aa0ov W -Çacaôov

T||

5 i-ooà)7iv W : -owasiv BT||

s;::oeîcjaaOa*. codd. : È7:t5stÇea6at

Stephanus iTziZd^aciio.: av Heindorf||6 8eîv tor)6rjTYjv 7:pdrepov T : Seîv

wrjôr^Tjv r.ço-.epov 8eiv BW|| 7 saurai T : -atÇa: (sic) B rcaïÇai Wt ||

d 1 7:e7:aia6u> TW : -^auaÔto B|j8 à^auTo^sotâaat W : hn aùxô

<r/jSiâaat B aùirocr/eô'.àcjaiT

|| àvacr/eaOov TW : -7ys6ov B ||e 6 ^ou-

Xexat B : îîo-JÀeTat àv0pfÔ7:o>v TW.

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279 a EUTHYDÈME i5&

nous des biens dans la réalité? Mais n'est-il pas vrai que cette

question encore paraît être sans difficulté, et qu'il n'est nul-

lement besoin d'un esprit profond pour y trouver aisément

réponse?

Le premier venu nousdirait

quela

richesseest

unbien. N'est-ce pas? — Parfaitement, dit-il. — De mêmeb aussi la santé, la beauté 1 et la possession suffisante des autres

avantages physiques? » Il fut de cet avis. « Mais la naissance,

le pouvoir, les honneurs que l'on reçoit dans son pays sont

évidemment des biens. » Il le reconnut. « Quel bien nous

reste-t-il donc encore? Que dirons-nous de la tempérance, de

la justice et du courage ? Au nom de Zeus, Glinias, crois-tu

que nous aurons raison de les tenir pour des biens, ou de ne

pas le faire? Peut-être, en effet, nous le contestera-t-on.Toi,c qu'en penses-tu ? — Ce sont des biens, dit Clinias. — Bon,

repris-je ;etle savoir, quelle place lui ferons-nous dans le chœur ?

Le rangerons-nous parmi les biens ? qu'en dis-tu ? — Parmi

les biens.— Demande-toi donc si nous n'omettons pas quelquebien important.

— Nous n'en oublions aucun, il me sem-

ble », répondit Clinias. Et moi, rappelant mes souvenirs, je lui

dis : ce Si, par Zeus ! nous risquons d'avoir omis le plus granddes biens. — Lequel veux-tu dire? — La réussite, Clinias:

tous les esprits, même les plus médiocres, reconnaissent en

elle le plus grand des biens.— Tu as raison », dit-il. Et moi,

me ravisant encore une fois, j'ajoutai : « Nous avons bien

d failli faire rire de nous ces étrangers, toi, fils d'Axiochos, et

moi-même. — Qu'est-ce à dire ?

— Après avoir rangé la

réussite dans la série précédente, nous recommencions à l'ins-

tant à parler du même objet.— Que veux-tu donc dire ? —

Il est assurément ridicule, quand un point a été depuis long-

temps mis sur le tapis, de l'y remettre encore, et de dire deux

fois les mêmes choses. — Qu'entends-tu par là? dit-il. — La

sagesse, dis-je, est à coup sûr une réussite 2;un enfant le com-

prendrait.» Il s'en montra

surpris,tant il est encore

jeuneet naïf. Et moi, voyant sa surprise : « Ignores-tu, lui dis-je,e

Clinias, que pour se tirer d'affaire dans le jeu de la flûte, ce

i. Une chanson de table attribuée à Simonide de Céos ou à Epi-charme célébrait comme le premier des biens la santé, comme le

second la beauté, comme le troisième la richesse « acquise sans

fraude ». Voir Gorgias, 45 1 e, et Philebe, f\8 d.

2. La aocpi'a (sagesse ou savoir) a été reconnue un bien (279 c). Or

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i55 ET0TAHMOS 279 a

f|ou xocÀett&v ouSe aEu.voO àvSpôç; nàvu TtouSè toOto Iolkev

EÎvat EÛnopELV ; ttSç yàp &vf\\xiv

ecttol Stl t6 ttXouteîv

àya86v r\ yàp ;

— nàvuy', £<|>r|.

— OukoOv Kal t8 uytai-

velv Kal to kocX6v EÎvat Kal TaXXa koliol t6 aÛLta tKavcoç b

TtapEaK£uàa8at ;

— Zuve86kel. — 'AXXàttf]v EuyévEtai te

ical SuvàttEtç Kal Ttttal lvTfl

âauToO SfjXà eotiv àya8à

5vxa. — c

0^oX6yEt.— Tl ouv, ec|>t]v,

etl tjlûv XEtTtETatTÔv

àyaBcov ;tl apa ecttIv to CTcocppovà te EÎvat Kal 8'ticatov Kal

àvSpEtov ; TtÔTEpov Ttpèç Atoç, co KXstvla, f)y£t ctû, làv TaOTa

TtBcottEv côç àya8à, op8coç r|tiSç Brjastv, f^làv tir) ; Ïctcoç yàp

av Ttç TJtûv àtKjncr6r)Tf)aEt£V aol Se ttcoç SokeÎ;— 3

Aya8à,

IcJ>r|o KXEtvtaç. — EÎev,t]v Eycô* Tf]v Se aocj>tav ttoO )(opo0 C

Ta^ottEv ;ev toîç àyaSoîç, r\ ttcoç XéyEtç ;

— 'Ev toîç

àya8otç.— 'Ev8utto0

8f| ljl^jTt TtapaXEtTicou.EV tcov àya8cov,

S Tt Kal a£tov Xôyou.— 'AXXà ttot SokoOuev, scf>rj, ouSév, ô

KXEtvtaç. — Kal lycb àvattvrjCjSElç eÎttov STt Nal ttà A ta

KtvSuvEuotiEv yE tô ttéytcjTov tcov àya8cov TïapaXtTtEtv.— Ti

toOto; r\

S' oç. — Tf]v EUTU^tav, S KXEtv'ta" o nàvTEÇ cf>aal,

Kal ot Ttdvu cpauXot, ttâytcrrov tcov àyaScov EÎvat. — 'AXrjSfj

XÉystç, ecJjt].— Kal lycb au TtàXtv u.ETavor)<raç eÎttov §Tt

'OX'tyou KaTayéXaoTot èyEv6tiE8a ûtto tcov E,évcov lyco te d

Kal au, co iiaî sAè\t6)(ou. — Tl 8/|, £<t>r|, toOto ; — "ÛTt

EUTU^iav iv toîç EtmpocjSEv 8Étt£Vot vOv&î\ aC8tç TTEpl toO

auToO IXÉyottEv.— Tt oSv 8^ toOto

;— KaTayÉXaaTov

8r)Ttou, S TtàXat TtpoKEtTat, toOto TtàXtv TtpoTtBÉvat Kal Sic

TauTà XéyEtv.— nûç, £cj>rj,

toOto XéyEtç ;

— eHCTo<f>'ta

SrjTtou, ?)v S' àyco, EUTU^'ta ecttIv toOto 8è kcxv Ttatç yvo'tT].

— Kal oç IBaûuaCTEv oStcoç ETt véoç te Kal £ur|6T]ç IcttL.

Kàyco yvoùç auTÔv 8auLtà£ovTa, *Apa ouk oîa8a, £<f>r|v,

co KXEtv'ta, bTt TtEpl auXrju-àTcov EUTtpay'tav ot auXrjTal e

279 a 7 <è*6fêv» B : euosiv TW|| yàp av TW : yàp B

||b 3 ôtjV

av ut uidet. W|| 7 yrpi'.v W pro Or^aeiv ||

C 9 Mtl iyù> au — d 2ï<pr\

om. Wi|d A Xc'yoasv W ||

6 xzu~k BW : Taîrca T||8 ojtcoç B (prim.

outo;).

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280 c EUTHYDÈME i57

(jui est nécessaire à chacun pour son travail, mais sans en

faire usage, réussiraient-ils grâce à cette acquisition, parce

qu'ils posséderaient tout ce que doit posséder l'artisan? Par

exemple,un

charpentier,s'il s'était

procurétous les outils et

le bois nécessaires, mais sans se mettre à construire, pourrait-il

d tirer quelque profit de cette acquisition ?— Nullement, dit-il.

— Et si un homme, ayant acquis la richesse et tous les biens

dont nous parlions à l'instant, ne s'en servait point, serait-il

heureux par l'acquisition de ces biens?— Évidemment non,

Socrate. — Il faut en conséquence, semble-t-il, dis-je,non seu-

lement posséder les biens de ce genre pour être heureux, mais

aussi en faire usage ;sans quoi

* leur possession n'est d'aucune

e utilité. — Tu dis vrai. — Suflit-il donc, Clinias, pour faire

le bonheur, de la possession de ces biens et de leur utilisation ?

— C'est mon avis. — 2 Si l'on en fait, dis-je,un bon usage,

ou même un mauvais ? — Un bon usage.— Tu as raison,

répondis-je. Car il y a plus d'inconvénient 3,selon moi, à mal

user d'une chose quelconque qu'à la laisser de côté;l'un

est mauvais, tandis que l'autre n'est ni mauvais ni bon ;

281a n'est-pas notre avis? » Il l'accorda. « Eh bien, dans le tra-

vail et l'emploi du bois, ce qui en détermine le bon usage,

est-ce autre chose que la science du charpentier ? — Évidem-

ment non, dit-il. — Mais sans doute aussi dans le travail des

meubles, c'est une science qui en détermine le bon usage*. »

Il approuva. « Et pour l'emploi des biens dont nous parlions

au début, dis-je, la richesse, la santé et la beauté? l'usagecorrect de toutes les choses de ce genre, est-ce aussi une

b science qui y présidait3 et qui en dirigeait la pratique, ou

est-ce autre chose? — Une science, dit-il. — Ainsi, ce n'est

1. Mot à mot : car (autrement).2. Après ~oTcpov, sous entendre : touto butvov rccôç xo ej8aîaova

7:oiTja<xt T'.va : cela suffit-il pour rendre heureux ?

3. ©âxecov: l'autre est un euphémisme connu pour xo xaxôv (le

mal); cf. Phédon, n4 e. De même oî Ékspot (les autres) signifie

parfois les ennemis. On trouve àÀXo; employé avec la même valeur.

l\. Avec tô opOcoc, sous entendre gpja&u.5. Il paraît inutile de corriger le texte, bien que 7)yeîa9at

en ce

sens (commander à, diriger) se construise régulièrement avec le géni-

tif. L'accusatif, en effet, se rencontre quelquefois en poésie et en

prose attique. Pour l'idée, comparer Charmide, 172 a-d, et Ménon,

97 b sq-

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i57 EY0TAHMOS 280 c

oti kektt|u.£voieΣV TtàvTa a Set KEKTf]a8ai t8v ST)u.ioupy6v ;

otov téktcùv, eX TToepeaKEuacT^évoç EÏrjtoc te opyava aTtavTa

<al E,ùXa iKavà, TEKTalvoiro ôè ur), faB' o tu oc^eXoÎt' av

ànè Tfjç kt^gecûç ; — OuSau.oç, M.cpr\. — Tt Se, el tic; kekttj- d

Liévoç EÏr| ttXo0t<Sv te Kai fi vOv8?) IXÉyou.EV TiàvTa xà

àyaBà, XP$T0 ^E otuToîç fcir), ap' av EÔ8aiu.ovoî 8ià Tfiv

toutcùv KTfjatv tôv àyaBôv ;

— Ou SfJTa, o ZdùKpaTsç.—

AeÎ apa, Ecf>r|v, <5>ç eoikev, iaf]iiévov K£KTf]a8ai Ta ToiaOTa

àyaBà t6v uéXXovTa £ÛSai.u.ova ECT£o8ai, àXXà Kai xpf)a8ai

auToîç-

â>q ouSèv B^eXoc; Tfjç KTrjaEcoc; ytyvETaL. — 'AXr)8^

XéyEiç.— *Ap

s

oQv, cù KXeivIoc, fjSrjtoOto ÎKavov Tipôç to e

EÙSat^iova Ttoifjcral Tiva, t<5 te KEKTf^aBai TayaBà Kai t6

Xpf|a8ai auToîç ;

—"Eu-oiyE SokeÎ. — rioTEpov, f\v

8S

lyob,

làv ôpBcoç )(pf]Tat tlç f\Kai làv

jifj ;

— s

Eàv 8p8cùç.—

KaXoç y£, fjvS' lycb, XÉyEiç. nXéov yàp txou oîuai SdcTEpév

laTiv, làv tiç )(pf)Tai ôtcùoOv u.f) ôpBcoç TtpàyuaTi f) làv e&"

to u.èv yàp KaKov, t8 8è oute KaKov oute àya86v. *H ou)(

outo (|>au.Év ;

—EuvE)(ûûpEi.

— Tt oOv;Iv

Trj èpyaaia te 281 a

Kai yj>f\oEi tt] TtEpl Ta ÉjùXa u.Sv aXXo tl laTiv to aTtEpya-

£ôu.evov SpScoç xpfjoBai f) lmaTr)u.ri f|tektoviki1

) ;

— Ou

SfJTa, EC})T].'AXXà

U.TJVtïou Kai £V Tfj TTEpi Ta OKEÛT]

Ipyaala to ôpBcoç lmaTf)u.T] laTiv f\ àTTEpya£ouÉvr). —Zdvéc^t).

— *Ap3

ouv, ?jv 8' lyc*>, Kai TTEpi Tf]v xpstav

Sv !XÉyou.£v t8 TtpcùTov tcov àyaB&v, ttXoûtou te Kai SyiElaç

Kai KàXXouç, to ôpBôç iioLai toÎç toioùtoiç XP rlcr a «- èm-

aT^iiT] rjv fjyouu.£vr| Kai KaTopBoOaa tt]v Ttpa^iv, f[aXXo Tt

;b

—'EmaT/ju-r), fj

8' 8ç.— Ou uôvov apa EÔTU^iav, àXXà

Testim. : 280 e i àp'—

7 àyaOov Stobaeus, Floril., io3, 29.

C 7 oxt TW : ot B d d 2 eXeyov W pro ÉXéyotjiev jj3 xr]v xouxtov xôiv

àyaôwv xx^atv Iambl.||

5 ôei Iambl. : 8siv|| 70)?:^ Iambl.

||e 1 ^Stj

-coîjxo îxavov T Stobaeus : 8tj touxco xaXXi'w BrjSrj xouxcu xaXXta> W

Il4 rj

xaî :rjStob.

||5 ye Stob. : 8è

||rcXiov Iambl. Stob. (cf. 297 d) :

TcXeiovII

6 ôxtoo'jv|i.r ôpGw; -payjxaxa :

jjltj opôwç oxojouv ^pay^axc

Iambl. Stob. ||' 281 b 1 rjv : f( Badham rjv tj Gifford.

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281 b EUTHYDÈME i58

pas seulement la réussite, mais le bon usage, semble-t-il,

que procure la science dans toute acquisition et forme d'acti-

vité. » 11 en convint. « A.u nom de Zeus, dis-je, les autres

biens sont-ils dequelque

utilité sans raison etsagesse? Unbomme trouverait-il profit à posséder et à faire beaucoup de

choses, sans la raison ? iN'en aurait-il pas plutôt à se contenter

de peu*? Réfléchis à ceci : n'est-il pas vrai qu'agissant moins,

c il commettrait moins de fautes; que faisant moins de fautes,

il éprouverait moins d'échecs 2;et qu'avec moins d'échecs il

serait moins malheureux ? — Parfaitement, dit-il. — Eh

bien, dans quels cas agira-t-on le moins ? en étant pauvre ou

riche ? — Pauvre, dit-il. — Faible ou vigoureux ? — Faible.

— Honoré ou sans honneurs ? — Sans honneurs. — Est-ce

en étant brave et tempérant3

qu'on agira le moins, ou en

étant lâche? — Lâche. — De même aussi en étant paresseux

plutôt que laborieux? » Il en convint. « Et lent plutôt que

prompt, avec une vue et une ouïe affaiblies plutôt qu'avecdes yeux perçants et une oreille fine? » Sur tous les points

d de ce genre nous tombâmes d'accord, « En somme, Clinias,

luidis-je, pour l'ensemble des biens que nous reconnaissions

au début, la question, semble-t-il, n'est pas de savoir com-

ment ils sont des biens par eux-mêmes, mais la réalité parait

être celle-ci : dirigés par l'ignorance, ils sont des maux pires

que leurs contraires, et d'autant pires qu'ils sont plus capablesde servir leur mauvais guide ;

conduits par la raison et le

savoir, ils prennent plus de prix ; mais, par eux-mêmes, nie les uns ni les autres n'ont aucune valeur. — Selon toute

apparence, il semble bien en être comme tu dis. — Querésulte-t-il donc de notre entretien ? N'est-ce pas que, dans

l'ensemble, il n'y a rien de bon ni de mauvais, sauf ces deux

choses : la sagesse, qui est un bien, et l'ignorance, qui est un

mal ? » Il en convint.

I. Nouv e/ujv donné par nos mss., mais non par Jamblique,

paraît être une glose qui fausse le sens. Ce que Socrate considère ici,

c'est seulement le cas de l'homme qui n'a pas de raison (vouv }xtj

lytov) : il y a profit pour lui à posséder et à faire peu de choses.

a. Il y a quelque sophisme dans l'argumentation de Socrate. Kaxwç

-pa-retv est pris au double sens de mal faire et échouer (cf. 278 e et

la note).

3. Badham, suivi par Gifford, a retranché xat loSçpwv, qui est en

effet assez inattendu, puisque l'opposition porte sur la bravoure et la

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i58 EY0TAHMOS 281b

Kal euTipaytav, aç eolkev, f\lmaTi£

|^T] Tiapèyei ev Tiàar\

Kxfjaet te <al TTpàÉjei.—

'QlioXôyel.— *Ap

s

ouv o Ttpoc;

Al6ç, f^vS' lyco, 5<J>eX<5ç

tl tSv aXXcov KTrjLiàTeùv clveu

(^povl'iaEcoç Kal aocpiaç ; Spàys av ovaixo avSpamoç TioXXà

KEKTrjLiÉvoç Kal TtoXXà TtpàTTOûv voOvtif) e)(cûv, f)

LiaXXov

ôXlya [voOv e)(oùv] ;oûSe 8è aKànEL' ouk èXaTTO TTpàxTcov

èXàTTO av l^ajiapTavoi, eXocttco Se aLiapTavcùv Fjttov av C

KaKÔç TTpàxTOi, fJTTov Se KaKcoç TTpdrrrcùV &8Xloç Îjttov av

eïtj ;

— nàvu y', ecjjt].—

riÔTEpov 08 v av u.SXXov êXaTTo

tlç TTpaTTot tîévt^ç ôvfi, ttXoùcjloç ; — riÉvriç, I<J>rj

.

riÔTEpov Se àa8£vf)ç f) !axup<$ç ;

—'AaGEvrjç.

—ïldTEpov

8è evtllloç f] octllloç :— "Atllioç.

—ïlôiEpov Se àvSpEÎoç

ôv Kal oâxppcùv eXccttcù av irpàxToi î] SelX($ç ;

— AelX6ç.

— OukoOv Kal àpyôç ^taXXov f\ EpydcTrjç;—

ZuvE^opEL.—

Kal ftpaSùç llôcXXovfj Ta^ùc;, Kal ap.6Xù Ôpâu Kal ockoùcûv

ll&XXovf\ ô£,u ; — nàvTa là ToiaOTa E,uv£)(CDpoOu.£v aXX/|- d

Xoiç. — 'Ev KE^aXalcp S', £<f>r)v,où KXEivla, klvSuveuel

CTULmavTa a to TtpcùTov £<J>aLi£V àya8à EÎvat, ou TtEpl toutou

ô X6yoç auToîç EÎvat ottcdç aÛTa y£ Ka8' aÛTa tte<|>ukev

àyaSà, àXX* qç eolkev coS' £Xel' e^v lièv auTQV rjyfJTaL

à^a8la, lle'l£cù KaKa EÎvat tcov IvavTLCùv, oacp SuvaTcoTEpa

ÛTtr|p£T£Lv tô3 rjyou^Évcû KaKâ 8vtl, èàv Se q>p6vr\oLc; te Kal

crocfua, u.eL£cù àyaSà, aÙTa Se Ka89

aÛTà ouSÉTspa auTÔv

ouSev&ç a£,ua EÎvai. — <Êalv£Tat, £cf>r|, coç eolkev, oôtcùç, e

êbç au XÉyEtq.— Tl ouv

f\\xlvauLiôalvEt ek tSv Etpr|u.Évov ;

aXXo tlf\

tcov u.èv ocXXcûv ouSèv 8v oôte àyaSôv oute KaK6v,

toutolv Se Suoîv 5vtolvf\

lièv aocpla àya86v, f)Se àu.a8ia

KaK<5v ; —eQLioX<5yEi.

b 3 r.apiyu B : -apsyet xoiç àv0pw7:o'.ç TW Iambl.||

6 av ovacco

BW : ovivout' av T (prius i in ras.) || 7 rj jxaXXov :{j.aXXov t\

Iambl.

I|8 ôÀiya Iambl. : ôXîyà vouv e^wv ||

c 3 7:avu W pro 7:âvu ye ||ouv

av TW : ouv B|| 7 xai aoSipptov del. Badham

|| Tcpàxtot TbW : -01$ B

j|d 1 Çuve-^wpouu-sv TW : Çuve^topouv ev B

||2 y.ivouveuct BW : -etç T

H 4 7:£çuxsv BT yp. W : yéyovev W ||5 àyaôà BW : àyaOà eTvat T

Iambl. H 7)yf;Tat BW: -eïiat T (sed r

( supra scrips.).

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282 a EUTHYDÈME i5 9

282 a « Eh bien, dis-je, examinons mainte-

s'enseianenant le reste. Puisque nous aspirons tous

au bonheur, et que, nous l'avons vu, il

vient de l'usage, et l'usage correct que nous faisons deschoses

; que, d'autre part, la rectitude et la réussite, c'est la

science qui les procure, tout homme doit donc, semble-t-il,

se mettre en mesure par tous les moyens d'être aussi savant

que possible ;n'est-ce pas ? — Oui, dit-il. — Se dire que

c'est là, bien plutôt que des richesses, ce qu'il faut évidem-

b ment recueillir d'un père, de tuteurs, et d'amis,— en parti-

culier de ceuxqui

se donnentpour

des

amants,

— d'étran-

gers et de concitoyens, en les priant et les suppliant de com-

muniquer leur sagesse, voilà, Glinias, qui n'a rien de

honteux;

il n'y a rien d'indigne à se faire, dans ce dessein, le

serviteur et l'esclave d'un amant et du premier venu, en

étant prêt à remplir n'importe quel service honorable pardésir d'être savant. N'est-ce pas, dis-je, ton avis? — Tu me

c parais avoir tout à fait raison, répondit-il.— Oui, Glinias,

dis-je, à condition que la sagesse s'enseigne1

,et ne vienne pas

aux gens par l'effet du hasard. Car c'est un point que nous

n'avons pas encore examiné, et sur lequel nous ne sommes

pas encore tombés d'accord, toi et moi. — Mais à mon avis,

Socrate, dit-il, c'est une chose qui s'enseigne.» Charmé de

cette réponse, je repris : « Tu as raison, le meilleur des

hommes ! et tu as bien fait de m'épargner sur ce point même

une longue recherche, pour examiner si, oui ou non, la

sagesse s'enseigne. Eh bien, puisqu'à ton avis elle peut s'en-

seigner, et que seule dans la réalité elle donne à l'homme

d bonheur et réussite, ne conviendras-tu pas qu'il est nécessaire

de rechercher la sagesse2

, et n'as-tu pas toi-même l'intention de

le faire?— Parfaitement, Socrate, dit-il, autant que possible.»

J'eus plaisir à l'entendre : « Je vous ai montré par un

exemple, dis-je, Dionysodoreset Euthydème, de quelle sorte

couardise. Mais le Gorgias (5o7 b) a établi que la<T(o<ppoajvr] implique

l'avBpsta.

i. La question de savoir si la vertu s'enseigne a été déjà Iraitée

ailleurs, et résolue par l'affirmative. Dans Je Protagoras, Socrate

montre que la vertu est science, donc peut être enseignée. La dis-

cussion est reprise dans le Ménon.

2. Le sens propre de tptXoaoçetv (rechercher le savoir) est ici bien

mis en lumière (cf. 275 a et la note).

Page 221: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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i59 EIWAHMOS 282 a

"Etl toIvuv, e<î>r)v,t6 Xolti&v tmaKEipco^EBa. 'EttelS^ 282 a

EÔSoCLfclOVEÇ ^ÎÈVEÎvat TTpoBu |IO\!)^£8a TTàVTEÇ, E^dvrj^EV SE

toioOtou Y LYv<^tieV0L £K T0^ XP^a^a'

L Te T0^^ Trpay^aaiv Kal

ôpBcùç xpfjaBai, Tfjv Se ôp66TT]Ta Kal EÙTU^lav EmaTfjfcJiT} f\

•napÉxouaa, SeÎ 8f), coç eoikev, ek TtavTôç Tpénou OTtavTa

avSpa toOto TtapaaKEuat^EaBai, otïcoç coç aocJxaTaxoç laxat*

fjoù

;

—Nat, ê<f>r|.

— Kal napà TcaTpôç ys 8f)Tiou toOto

o16^evov SeÎv TtapaXa^6avEiv ttoXù (jlSXXov f\ xp^aTa, Kal

Tiap' ETTLTp^TiQV Kal cplXov xôv te aXXcov Kal tcûv cf>aaK6v- b

tcûv IpaaTÔv EÎvau, Kal £évcùv Kal ttoXitcûv, 8e6^levov Kal

ÎKETEOovTa aocf»laç ^ETaSiSôvai, ouSèv ala^p^v, & KXeiv'ux,

ouSè vEjiEarjTOv EVEKa toutou ÛTTrjpETEÎv Kal SouXeuelv Kal

Epaaxfj Kal Tiavxl àvBpcîmcp, otioOv IBÉXovTa ÛTtr)p£T£Îv tcov

KaXcov ÔTtrjpETrj^àTcov, TTpoBu^oO^iEvov ao<J)8v Y^véaBaf f\oô

Sokeî aot, I<|)T]V èyco, oïStcùç;— riàvu

^iev oSv s3 \ioi Sokeîç

XÉy£LV,rj S'bç.— Et ectti y£, & KXEivla, fjv8' èyco, i] ao<J)la c

8t8aKT6v, àXXà\ir)

om5 TaÔTojiaTou TTapaylyvETai toîç àvBpcb-

ttolç* toOto yàp f|(Jiîvetl aaKETTTov Kal oiJttcù Sico^oXoyr)-

^iévov è^iol te Kal aol. — 'AXX' I^oryE, ec}>t],où ZcùKpaTEÇ,

SiSaKTÔv EÎvaL Sokei. — Kal àycb ^oBeIç eTttov *H KaXcoç

XÉyELÇ, où apioTE àvSpcùv, Kal eQ ETtolrjaaç àTtaXXà£,aç \jle

OK.k\\)E(ÙÇ TtoXXfjÇ TÏEpl TOIJTOU aUToG, Tt6T£pOV 8l8aKTC>Vfj

OU

SiSaKTèvr| aotjjla. NOv o3v

etielSi'jaot Kal SiSaKxbv Sokeî

Kal u.6vov tcùv Svtcùv Eu8aly.ova Kal eutu^ ttoieîv t8v

avBpcoTtov, aXXo tlf\ cj>air)<;

av àvayKaîov EÎvaicf)iXoao(f)ELV

d

Kal auTèç ev vcù e)(eiç auTÔTtOLEÎv;

— ïlàvufcièv oQv, E<^rj,

& ZûùKpaxEc;, ôbç oîév te ^îàXtaxa.

Kàycb xaOTaaa^Evoç aKotiaaç, T8 \lzv £fci<Sv, £cf>r|v, Ttapà-

SEiy^ia, S> AtovuaéScopÉ te Kal EuBûSï^ie, oïcûv etilBujioû tcùv

282 a i èzeiOTj TW : euetÔT) ôà B|| 4 ^

'èaxiv

r\Iambl.

||5 a^avca :

îcàvta Iambl.||b 6 ^po6ujj.oj[j.£vov TbW :

-[aevoç B |jc 3 olgy.zxïov BW :

waxe^xéov T (sed g ex corr.) ||

d l\ aaasvoç W||5 otcav — xtov 7:po-

TptlCTixSv Xdywv Routh : oiov — xtov7ipo-cpe7i-:txô5v Xoywv BTW olov

—-cov TcpoTpeîCTixôv Xoyov ex emend. Angelic. G i, 3.

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282 d EUTHYDÈME 160

sont les discours d'exhortation que je désire. Peut-être le

mien est-il d'un profane!

, pénible et prolixe. Que l'un de

vous deux, à votre choix, nous fasse, en le traitant avec

art, uneleçon

2 sur le mêmesujet.

Si vousn'y

consentezpas,e prenez la suite, au point où je me suis arrêté

;montrez à ce

garçon s'il doit acquérir n'importe quelle science, ou s'il en

est une qu'il doit recueillir pour vivre heureux et en hommede bien, et quelle est cette science. Gomme je le disais en

commençant3

,il est pour nous de grande importance que ce

jeune homme-là soit sage et honnête, a

283 a Tel fut mon langage, Criton. Quant àRentrée en scène m • n •*

• •» ** «

des sophistes.ce

<ÏU1 allait suivre, jy prêtais une

extrême attention 4; je guettais la manière

dont ils engageraient l'entretien, et par où ils commenceraient

pour inviter notre jeune homme à s'exercer au savoir et à la

vertu. Ce fut l'aîné, Dionysodore, qui le premier prit la

parole; nous tous, nous tournions les yeux vers lui, nous

attendant tout aussitôt à des propos merveilleux. C'est

b précisément ce qui nous advint : admirable, Criton, fut le

discours que notre homme entama. Il vaut la peine que tu

voies, en l'écoutant, comment il était fait pour exhorter à la

vertu.

« Dites-moi, Socrate et vous autres, dit-il, qui vous pré-

tendez impatients de voir ce jeune homme sage, plaisantez-

vous en tenant ce propos, ou en avez-vous vraiment le désir,et parlez-vous sérieusement ? »

Il me vint alors l'idée qu'ils avaient cru à une plai-

santerie, quand nous les exhortions précédemment3 à s'entre-

tenir avec le jeune homme, et qu'ils y avaient répondu parune plaisanterie, au lieu de parler sérieusement. Cette idée

i. Socrate s'en était déjà excusé avant de commencer son entretien

avec Clinias(voir 278 e, iSitoTixto;). Il va sans dire que cette modestien'est qu'une forme de l'ironie socratique. La dialectique de Socrate

ne se flatte pas d'atteindre rapidement le but; au contraire, elle

chemine pas à pas, et les longueurs sont inséparables de sa méthode.

2. Sur le sens particulier de ir.'àv.AVJvzi (ou èw8e''y.vua8a'.), cf..

274 d et la note.

3. Voir 275 a.

4. Comparer 272 d.

5. Voir 275 b.

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160 EY0TAHMOS 282 d

TipoTpenTLKÔv Xoycov eÎvou, toioOtov, ISlcùtlkov tacoç Kal

liôXlç 8tà jJiaKpoûv Xeyôlievov a<f>&v Se onéTEpoç fioùXETai,

Taôxèv toOto TÉ^vr) TupàxTov Em8Ei£aTCù t^luv. Et SeLif)

toOto frouXsaSov, S8ev àyà oittéXlttov, t& s^ç EmSElE,aTOV e

tco ^EtpaicLQ, TTÔTEpov Tiaaav ETtLaTr)^T]v Sel aÔTÔv KT&aSai,

f)IcrxL tlç Lita

fjvSel X<x86vtoc EuSaLLxovEÎv te Kal àyaSov

avSpa EÎvaL, Kal t'lç aîJxr)' <SonEp IXEyov àp^éLiEvoç, TtEpl

TtoXXoO t^luv Tuy^àvEL 8v t6v8e tôv VEavlaKovao<J><5v te

kcxI àya86v yEvéaSaL.

'Eyà> lièv oSv TaOxa eÎttov, o Kpi.T©v tcû Se LiExà toOto 283 a

èaoLLÉvcp Ttàvu a(|>68pa TrpoaEÎ)(ov t&v voOv, Kal etiectk6ttouv

Ttva ttotè Tp6*nov cu|;olvto toO X<5you Kal ott68ev ap£,0LVT0

TiapaKEXEUdLLEVOL T& VEavlaKCO OOtyloLV TE Kal àpEXfjV àaKELV.eO ouv TtpEaBÛTEpoç aÛTÔv, b ALOVua6Sopoç, TtpOTEpOÇ ?]p)(E

toO Xoyou, Kal ^lielç TtàvTsç; eSXéttoliev Ttpèç aÔTèv êbç

aÔTLKa LiàXa aKouaéLiEvoL 8auu.aaiouç TLvàç X<5youç. "OnEpouv Kal auvÉ6rj tjluv SauLiaaTSv yàp TLva, S Kpixcov, avfjp

b

Kaxî)p)(EV Xoyov, oS aol a£iov àKoOaaL, ôbç TrapaKEXEUdTLK&ç

o X6yoç fjv ett' àpExfjv.

Eltté laol, £<J>rç,S Z&KpaTÉç te Kal ûlieîç ol aXXoL, baoL

<paT£ etuSulielv tôvSe tov VEavlaKov ao<|>èv yEVÉaSaL, ti6te-

pOV Ttat^ETE TaOTa XÉyoVTEÇ f) <3Ç àXr]8cûÇ ETtLSujlELTE Kal

cmouSà^ETE ;

Kàyà SLEvor|8r|v 8tl à^8fjTrjv apa ^aç t6 npoTEpov

Ttal^ELV, rjvlKa ekeXeûoljiev SloXe^S^vol t^ vEavlaKo aÔT(i>,

Kal Bià TaOTa TTpoa£TtaLcraTr|v te Kal ouk EOTCouSaoaTTjv

Testim. : 283 b i 6au{xaaTÔ; — 2 àzouaat Priscianus, Inst., XVIII,225.

e i wrfXtxbv BW : -Xei7:ov T|| IrciSeiÇaTov TbW : It:e8- B

||

4 ojaxrep: ubrap yàp ex emend. Goislin. i55 wç yàp Hermann

|j283 a 2 bctOxdWjv BW : Isxotiouv T

||3 ctyoïvxo Heindorf : -aivxo

||

5 ^p^« Schanz(cf. Conv., 177 d) : rip^exo ||

b 1 avrjp Bekker :

âvT)p

BTW ô àvîjp Vatic. 1029 ||2 aol BW : au T

||6 è^eujjLSiTat W ||

l9 aj-rto TW : -tôS B ||10 7ipoa6î:aiaa-:r(

v xat W.

V. 1. — i5

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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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283 c EUTHYDÈME 161

c m'encouragea encore plus à répondre que nous étions prodi-

gieusement sérieux.

Alors Dionysodore : « Réfléchis bien, Socrale, dit-il, pourne

pasdémentir ce

quetu dis en ce moment. — C'est tout

réfléchi, répondis-je; ne craignez pas que je me.démente

jamais.— Eh bien, reprit-il, vous désirez, dites-vous, le

voir sage?— Parfaitement. — Et en ce moment, dit-il, Cli-

nias est-il sage ou non? — Pas encore, à l'en croire;mais il

d n'est pas vantard 1.— Mais vous, dit-il, vous voulez le voir

sage, et non ignorant ? » Nous l'avouâmes. « Ainsi donc, ce

qu'il n'est pas, vous voulez qu'il le devienne, et ce qu'il est

maintenant, qu'il ne le soit plus. » A ces mots, je me sentis

troublé, et je l'étais encore quand il reprit : « Puisquevous voulez, dit-il, qu'il ne soit plus ce qu'il est mainte-

nant, vous voulez apparemment sa mort 2? Ils seraient vrai-

ment précieux, les amis et amants de cette sorte, qui met-

traient au-dessus de tout l'anéantissement de leur bien-

aimé! »

e Protestation Gtésippe, à ces mots, s'indigna pour son

de Ctésippe. bien-aimé : « Étranger de Thurium,Discussion s'écria-t-il, s'il n'était trop grossier de

avec les sophistes. le dire> je dirais

.

a Maiheur sur ta tète ! »

pour oser proférer contre moi et les autres un mensongedont le seul énoncé est à mes yeux un sacrilège, en disant

que je voudrais son anéantissement ! »

« Eh quoi ! Ctésippe, répondit Euthydème, te semble-t^il

possible de mentir ? — Oui, par Zeus ! dit-il, si je ne perdsla raison. — En disant la chose dont il

s'agit, ou sans la dire ?

284 a — En la disant. — Si on la dit, on ne dit, des choses qui

sont, que celle-là même dont on parle ? — Evidemment,

répondit Ctésippe.— Mais cette chose qu'on dit fait aussi

i. Socrate ne se prononce pas personnellement sur la question, et

n'allègue que le sentiment de Clinias. Mais il laisse entendre que le

jeune homme pourrait bien être déjà aoço;. Pourtant l'invitation

qu'il a adressée aux sophistes (275 a) et qu'il a répétée à la fin de

l'entretien (282 d) suppose que Clinias a encore besoin d'être exhorté

à rechercher le savoir.

2. Le sophisme consiste à prendre d'abord oc au sens de oioç, puis

à lui rendre sa valeur habituelle. Confusion de la qualité avec l'objet

lui-même et l'existence de l'objet (voir la Notice, p. ia5).

Page 225: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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i6i EY6TAHM0E 283 C

xaOTa ouv StavorjSelç eti \iaXkov eÎttov 8ti Bau^aarSç c

<mou8à£oi^Ev.

Kal ô Aiovua68copoc;, Zkotuei yi)v, ëcj>rj,éo Z&KpaTEç,

Sttcoç \xi] I^apvoç laet S vOv XÉyEic;. — "EaKE^ai, ?\vS*

âycc* où yàp \i1)tiot I^apvoç yÉvcouai..

— Tl oQv; e^rj*

cf>aTÈ (iotiXeaSai auTÔv cto<|>6v yEvÉoBa». ;

— fldvu jièv oSv.

— NOv 8é, t\S' 8ç, KÀcivlac; noxEpov aotyàc; Icftiv

f\otf

;

—Oîkouv

<f>rjal yé ttcù* ectti 8k oôk àXa£obv. — 'YfciEÎç 8é,

£^>r), (SoûXeo-Be yEvÉaBai auT&vao<f><5v, à^aB^ 8è

^f)EÎvai ; d

—e

n^oXoyoO^EV. — OukoOv Sç yèv ouk ecxtiv, $ov\zo£e

auxov yEvÉaBaL, 8c; 8* Icrn vOv, ^irjKÉTi EÎvai. — Kal

èycb àKotiaaç £8opu6r)6r|V ô Se £iou 8opu6ou^Évou ôtto-

Xa6cov,vAXXo xt oQv, ECprj,

etteI froùXEaflE aux6v oç vOv

icrrlv ^ir|KÉTiEÎvai, (ioijXEaBE auTév, côç eoikev, aTToXcûXévai;

KaWoi TtoXXoO âv a£ioi ol toioOtoi eievcf>lXoi

te Kal àpa-

aral, oïtlveç Ta TtaiSiKa TtEpl TtavTÔc; av TtoufjaaivTO

èÉjoXcoXÉvai.

Kal ô Kt^crttttoc; àKoùaaç ^yavaKT^aÉv te ônèp tqv e

TcaiSiKcov Kal eÎtïev *0 £éve OoupiE, eIfcifj àypoiKC>T£pov,

£<|>rj, ^v eItteÎv, eÎttov aV « Zol eiç KECpaXfjv », S tl LiaBcov

liou Kal tûûv aXXcov KaTaipEÙSEï toloOtov TipSy^a, p âycb

oîuai ou8socriov EÎvai XÉyEiv, coç èyco t<5v8e (iouXol^rjv av

lÉjoXcoXÉvai.

Tl Se, Icpr),co KT^atTtTtE, ô EôBuSrj^oc;, f\

SokeÎ aoi oî6v

t* EÎvai ipEÛSEcrBai ;

—Nf] Ala, Icj>T],

eI^if) ^alvo^al y£.

—riÔTEpov XéyovTa to Tipây^ia TtEpl oS âv ô Xôyoç j|, fj ^ifj

XéyovTa ;

—AÉyovTa, £<|>tj.

— OukoOv EiTiEp XÉyEi aÔT<5, 284a

oôk aXXo XéyEi tcov Svtcovf\ ekelvo ôtcep XÉyEi; — flcoc; yàp

av; €.q>r\

ô KTf|aiTrno<;.— °Ev ^v KàKEÎv6 y' Icrrlv tôv

C 6 ?axè PojXeuôat aùxôv BT : çaxè, (îotfXeaôe aùxôy W||8 eaxt 8e

BW : laxc 8e ^v 8' lyw T|jd 6 jïouXea0e TW : -a6at B

|| 7 av âÇtoi

T\V : àvaÇ-.ot B ||e 1 xe TW : xe x<xl B

(|4 xotouxo BW

|| 7 olcîç x'

B olofi x' W y 284 a 3 av : àXXwç add. t in marg. ||xaxetvo BW :

xaxst T.

Page 226: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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284 a EUTHYDÊME 162

partie de celles qui sont, indépendamment des autres. —Parfaitement. — Celui qui la dit, reprit-il,

dit donc ce quiest? — Oui. — Mais dire ce qui est et les choses qui sont,

c'est dire la vérité 1; par conséquent Dionysodore, s'il dit ce

qui est, dit la vérité et ne profère contre toi aucun mensonge. »

b « Oui, répondit Ctésippe, mais qui parle ainsi, Euthydème,ne dit pas ce qui est. »

Alors Euthydème: « Les choses qui ne sont pas, dit-il,

n'ont point d'existence, n'est-il pas vrai ? — Elles n'en ont

point.— Les choses qui ne sont pas n'existent donc nulle

part? — Nulle part.

— Y a-t-il donc moyen d'agir à leur

égard [,envers ce qui n'est pas,] de façon qu'un individu,

quel qu'il soit, fasse ce qui n'est nulle part ? — Ce n'est pas•non avis, dit Ctésippe.

—Voyons, quand les orateurs par-

lent devant le peuple, n'agissenl-ils point ? — Bien certaine-

c ment ils agissent, dit-il. — Si donc ils agissent, ils font aussi ?

— Oui. — Ainsi donc parler, c'est à la fois agir et faire? »

Il en convint. « Parconséquent, reprit l'autre, personne

ne

dit ce qui n'est pas ;sans quoi il ferait dès lors quelque

chose. Or tu as reconnu que ce qui n'est pas, il est impos-sible à personne de le faire

;il en résulte d'après toi que per-

sonne ne ment, et que, si Dionysodore parle, c'est la vérité

et la réalité qu'il exprime2

. »

« Oui, par Zeus ! Euthydème, répliqua Ctésippe. mais la réa-

lité, il la dit d'une certaine manière, et non comme elle est. »

« Qu'entends-tu par là, Ctésippe? reprit Dionysodore. Y7

d a-t-il donc des gens qui disent les choses comme elles sont ?

— Assurément il y en a, les honnêtes gens et ceux quidisent la vérité. — Voyons, dit l'autre

;le bien n'est-il pas

bon, et le mal n'est-il pas mauvais? » Il l'accorda. « Et les

honnêtes gens, reconnais-tu qu'ils disent les choses comme

1. Ici

l'équivoque portesur to ov. La réalité de la

paroleest

prisepour la réalité de la chose exprimée.

2. Raisonnement d'Euthydème : parler c'est agir (nsâtTôtv), et

agir c'est faire (ou produire, JCOtEtv). Parler, c'est donc produire. Or

on ne peut agir sur ce qui n'est pas ;on ne peut donc le faire (ou le

produire), ni par conséquent le dire;en d'autres termes, il est

impossible de parler faux («|»£Û8îo6at). On voit où est le sophisme.

Quand on parle, on produit Yexpression d'une chose, mais il est

inexact d'en conclure

qu'on produit

la chose elle-même. Voir la

Notice, p. 126.

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i6a EY0YAHMO2 284

Svxcov, S XÉyEL, X^P^ T&q aXXeov. — flàvu ye.— OukoGv

ô ekelvo Xéycùv t6 8v, ttyr), XéyeL ;

— Nal. — 'AXXàLifjv

o

ysxo 8v

XéycùvKal xà Svxa

xàXrjSf] XÉyEL* &aizoAiovuao-

Sa>poç, EÎTTEp XÉyEL xà Svxa, XÉyEL xàXn,8f-|Kal oùSèv Kaxà

aoO LpEÛSExaL.

Nat, £cf)r|*àXX

s

6 xaOxa XÉyov, I<j>r|ô Kx^aarnoc;, S b

EùSuSt-jlle, ou xà Svxa XÉyEL.

Kai o EuBùSrjtioç, Ta Sell*?) Svxa, £<{>r|,

aXXo xlfj

oôk

EOXLV;

OÔK EOXLV. "AXXo XL o8v OÔSaLLOU XOC

yE Llf}

Svxa Svxa ectxIv; — OuSau.oO. — "Eaxiv oSv Sttooc; TtEpl

xaOxa [xà u.n, Svxa] TtpàÉJELEv av xlç xl, ôax' EKEÎva TtOLrj-

ctelev âv <al ôaxLaoOv xà LirjSaLLoO Svxa;

— Ouk ELioiyE

Sokel, ëcf>r|ô Kxi^aLTtnoc;.

— Tl oSv;oî jS/jxopEç oxav Xéyco-

CTLV EV XCOSfjLAO),

OuSÈV TtpàxXOUCTL *, flpàxXOUCTL LLEV o5v,

T\

8' 8ç. OÔKoOvELTtEp TTpaXXOUCTL,

Kal TtoioOaL;

— Nai. c

— To XéyELV apa TtpàxxELV xe Kal tioleîv ecfxlv; — 'Ollo-

X6yr|aEv.— Ouk apa xà yE (in, Svx", I<J>rj, XÉyEL oûSelç —

TtOLoî yàp avfjSrj

xl' au 8è a>LLoXoyr|Kac; x6\ii\

8vLifj

oî6v

x9

EÎvaL Lir|8Éva ttolelv — oaxs Kaxà xèv aôv X6yov oôSeIç

LpEuSfj XÉyEL, àXX' ELTTEp XÉyEL ALOVUCoSopoç, xàXn^f-j XE Kal

xà SvxaXéyEL.

Nn, Ata, E<pr\6 Kx^OLTrnoc;, o Eu8ù8t-|lle' àXXà xà Svxa

LLEV XpÔTTOV XLVà XÉyEL, OU LlÉVXOL OÇ yE E^El.

riôç XÉyELç, Ic|>r)o ALovua68opoç, S Kx/|aLTtTTE ;

eIctIv

yàp xlveç ot XÉyouaL xà Trpàyu.axa a>ç ^X£L >

— Eîalv d

LLÉvxoL, £(|)r),ot KaXol xe Kaya8ol Kal olxàXrjSf'j XÉyovxEÇ.

—Tl oSv

; f\S' oç- xàya8à ouk eC, e<|>t*j,

ex*^,

*rà 8è KaKà

KaKooc; ; — ZuvEx&psi. — Toùç Se koXouç xe Kal àyaBoùc;

ôlioXoyeu; XÉyELV â>q exel xà TtpàyLiaxa ;

—'OlloXoyq.

b 3 iÀÀ' OTt Bjj5 lariv oùv TW : eattv B

jj6 xà

-at] ovxa del. Ba-

dham|JwaT* txetva yp. Tin marg. add. W: ojç ye xXeivta BW aiay'

è/cXetv:a T wcjts y.at elvat Ilermann||

C 4 tô[xï]

ov BW : xà.{xf(

ovta

Tj|

5[xr

8éva

TW:

{xrjSè B|| xov aôv Xdyov TW

:

tov aôv B|;

d 2 ol xaXot xàyaOol W.

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284 d EUTHYDÈME i63

elles sont? — D'accord. — Alors, Gtésippe, les honnêtes

gens parlent mal du mal '

,s'ils disent les choses comme elles

sont. — Oui, par Zeus ! rien n'est plus vrai;

ils le font, en

tout cas, des malhonnêtes gens, et toi, si tu m'en crois, tu

e prendras garde d'en être, de peur que les gens de bien ne

parlent mal de toi. Car sache-le, les honnêtes gens parlentmal des malhonnêtes. — Et des grands, dit Euthydème, ils

parlent avec grandeur, et des échauffés en s'échauffant ? —Bien entendu, dit Gtésippe; des froids parleurs

2,en tout cas,

ils parlent froidement, et attribuent à leurs entretiens le

même caractère. — Toi, Ctésippe, tu insultes, dit Dionyso-

dore, tu insultes. — Ma foi non, .Dionysodore, répondit

l'autre, carj'ai

de l'amitié pour toi. Mais je te conseille en

camarade, et je cherche à te dissuader de jamais me dire si

grossièrement en face que je veux voir anéantis ceux dont je

285 a fais le plus de cas. »

Moi, les jugeant trop irrités l'un contreIntervention

l'autre, je me mis à plaisanter Cté-de Socrate. . m.* •

i• j-

sippe: « Gtésippe, lui dis-je, nous

devons, à mon avis, accepter des étrangers ce qu'ils disent,

s'il leur plaît de nous faire ce don, sans disputer sur un mot 3.

S'ils savent anéantir les gens de manière à les transformer de

vicieux et insensés en vertueux et raisonnables, qu'ils en

aienteux-mêmes

découvert tous les deux le

moyen,ou

qu'ilsb aient appris d'autrui le secret d'une destruction et d'un

anéantissement capable de mettre à mort un méchant pourle faire reparaître honnête homme, si, dis-je, ils le savent

— et évidemment ils le savent;en tout cas, ils revendi-

quaient pour eux l'art, récemment découvert, de transfor-

mer les gens de vicieux en vertueux —,faisons leur donc

cette concession : qu'ils mettent à mort ce garçon et le

rendent raisonnable, et nous tous aussi par surcroît. Mais si

i. Dionysodore joue sur la signification de xaxûç Xc'yêtv (dire du

mal de, c'est ainsi que l'entend Gtésippe) ;il prend cette locution au

sens de : parler inexactement de.

2. L'injurieuse épithète de '|u/pouç (froids, insipides), par laquelle

il riposte à celle deOspjjLOuç,

est dirigée par Gtésippe contre les deux

sophistes. Dionysodore ne s'y méprend pas.

3. Le mot èÇoXwXévat (a83 d) dont s'est servi Dionysodore. Cf.

285 a.

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i63 ET0TAHMOS 284 d

KaKÔç apa, £<f>Tj, XÉyouaiv, S KTf|aiTtTt£, ot àyaBolTa <a<d,

eï-nep &>q e^ei XÉyouaiv.— Nal uà Ata, ?\

ô° oç, a<J)68pa ye,

toùç yoOv KaKOÙç àvBpûmouc;' 5v au, èav p.01 TTElBrj, EuXa-6rja£i EÎvau, Tva uf)

a£ ot àyaBol KaKÔç Xéycoaiv.e

Oç e8 6

ia83

oti KaKÔç XÉyouaiv ot àyaBol toùç KaKouç. — Kal toùç

usyàXouç, £<pr\o EuBuSrjuoç, uEyàXcoç XÉyouai Kal toùç

BEpuoùç Bep^ioûç ;

— MàXtaxa SrjTtou, s<pr\ô KTfjaiTmoç-

toùç yoOv ipuyjïoùç ipuyj>coç Xéyouai te ical (J>aalv SiaXÉ-

yEaBai.—

Zù uév, êcj>"q6

Aiovua6Scopoç, XoiSopEÎ, o Kttj-

aiTTTTE, XoiSopEÎ. Ma Al' OUK EYûùyE, T)Ô' OÇ, O AlOVU-

aoScopE, etteI<J>lXcû aE, àXXà vouBetcû aE èbç ÉTaîpov, Kal

TT£ipco(!ai tteIBelv ur|8ÉTT0TE tvavTiov euoG oïïtcûç àypolKoç

Xéyeiv 8ti èyà toùtouç (ioùXouai E^oXoXÉvai oOç TtEpl

TrXElaTou TtoLoO^iai. 285 a

'Eyob o5v, ettelSt) fcioi

eSokouvàypicùTÉpcùÇ Ttpôç àXXfjXouç

I)(e«.v, TtpoaÉTiai£ôv te t&v KTrjaLTfnov ical eTtiov 8ti *ft

KTfjaLTTTlE, E^iol UEV SoKEÎ Yjjfjvai f^Sç TTOtpà TQV Ê^ÉVCÛV

Ss^EaBat a XÉyouaiv, èàv èBÉXcoai SiSovai, Kal\xi] ôvôfcictTi

8iacj>Ép£a8ai. Et yàp E-nlaTavTai outoç l^oXXùvai àvBpcb-

ttouç cSaT3

ek nov^pâv te <al àq>p<$vcûv xprjaTOÙç TE Kal

I(jL<})povaç TtOLEÎv,<al toOto eÏte auTo

rjûpr)KaToveite Kal

Ttap3

aXXou tou èuaBÉTrjv <|>66pov Tivà Kal oXEBpov toloOtov b

ôaiE ànoXéaavTEÇ TtovTjpov ovTa yj>r)aTÔv TiàXiv àTtoq>f)vai'

Et toOto ETtlaTaaBov — SfjXov Se 8ti ETiiaTaaBov è(J>àTr}v

yoOv tt]v TÉ^vrjv a<|>ôv EÎvaiTfjv vEcoaTl rjùprju£vr)v àyaBoùç

ttoieîv toùç àvBpamouç ek Ttovrjpoov—

au^cop^aouEv oCv

auTOÎv aÙT6" àTtoXEaàvTCùvf\\x.lv

t6^EipaKiov

Kal<|>p6viuov

TtoirjaàvTcov, Kal aTtavTaçYEfj^&ç toùç aXXouç. EtSè ûu,eîç

e 3 xaî :t)

xa\ t||5 Xéyowsi Te cpaat

W||6 Xotôopeï

—Xotôopeï

Heindorf : XoiSdpa—

Xot^dpei ||285 a 2 iYpctoTÉpw; BT : àypotxoTepwç

eut ta

W O 3 tôv x-i\an:-ov B : t<£ xxr,aÎ7:^a> T tov Bf^OtmcovW ||5 a Xéyou-

atv secl. Schanz, qui moi scrips. av (Badham) pro sàv || ôtôdvat:

[iexa in marg. T||b 4 voy&v W pro aœwv

j|5 auy/wp^aojxfv W.

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285 c EUTHYDÈME 164

c vous avez peur, vous les jeunes, qu'on fasse sur moi l'essai

comme sur un Carien lS Moi qui suis vieux, je suis prêta en

courir le risque, et je me livre à Dionysodore que voici

comme à Médée de Golchide 2 . Qu'il me mette à mort et,

s'il le veut, me fasse cuire; sinon, qu'il agisse à sa guise,

pourvu qu'il me rende vertueux ! »

Là-dessus Gtésippe : « Moi aussi, Socrate, je suis prêt à

me remettre aux mains des étrangers, même s'ils veulent

m'écorcher encore plus qu'ils ne font en ce moment, à condi-

tion que ma peau se change finalement, non pas en outre,

d comme celle de Marsyas3

,

mais en vertu. A la vérité, Diony-sodore que voici croit que je me fâche contre lui

;mais moi,

je ne me fâche pas : je le contredis sur les points où il me

paraît avoir tort avec moi. Ne va donc pas, toi, brave Diony-

sodore, donner à la contradiction le nom d'injure ;car

l'injure est autre chose. »

RepriseAlors

Dionysodore: « Yeux-tu

dire,de la discussion Gtésippe, dit-il, que la contradiction

entre Dionysodore existe ? »

eet ctésiPPe -

« Parfaitement, et j'en suis bien

convaincu. Serait-ce que toi, Dionysodore, tu ne crois pasà la possibilité de contredire?»

« Tu ne saurais pourtant prouver que tu aies jamaisentendu personne en contredire un autre. »

« Tu dis vrai; mais en ce moment je te prouve que

j'entends Gtésippe contredire Dionysodore. »

« Voudrais-tu en rendre raison ? »

« Parfaitement. »

« Voyons, dit l'autre. Y a-t-il pour chaque chose des

façons d'en parler?— Parfaitement. — Gomme elle est, ou

comme elle n'est pas ? — Gomme elle est. — En effet, Gté-

286 a sippe, situ t'en souviens, dit-il, nous avons démontré tout à

1 . Sur un être sans valeur. Expression proverbiale ;cf. Lâches, 187 b.

2. Médée avait persuadé aux filles de Pélias de mettre en pièces le

corps de leur père, promettant de lui rendre la jeunesse. Mais elle

ne prononça pas les formules magiques qui l'auraient rappelé à la

vie. Le sujet avait été traité par Euripide dans Les Péliades (455).

3. Le silène Marsyas, fier de son talent sur la flûte, osa défier

Apolloncitharède.

Ledieu l'écorcha

vif,et de sa

peaufit une outre

qu'on voyait suspendue sur la place de Célaenes, en Phrygie.

Page 231: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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i64 ETOrAHMOE 285 c

ol véol (j>o6eLa8e, cocmEp èv Kapl èv èu.ol larco ô kIvSuvoç* c

côç èyco, ETiEiSf) Kal Tipea6uTr|c; Etu.1, TtapaKivSuvEÙEiv etoi-

u.oç KalTrapa8l8cou.i

èu.auT6vAiovuaoScopcp

tout©cùonep Tfj

MrjSEta xfj K6X)(cp. 'AttoXXùtco d.e, Kal eI u.èv ftoûXETai,

ei^étco, eI S', 8 tl (îoûAETai, toOto tïoieItco" u.6vov )(pr|CXTÔV

aTTocf>rjvàTCû.

Kal ô Kxr|aLTrnoç, 'Eycb u.év, £C|>r|,Kal auTdç, co ZcoKpaTEÇ,

£Toiu.6ç eI^il TiapÉ^ELV èu.auTèv tocç Envoie;, Kalèàv fioûXcov-

xai SépEiv etl

jiâXAovf)

vOv SÉpoucuv, eï^ioi f\

SopàU.f) EIÇ

àaK&v teXeut^qei, cocrnEp f\toO Mapauou, àXX' elç àpEx/jv. d

KalxoL^ie

oÏETat Aiovu<j68copoç oûxoal )(aXETiaivEiv aÔTco'

èycb Se ou xaXETtatvco, àXX' àvTiAÉyco TTpoç xaOxa a u.oi

Sokel TTpoç \ie u.f] KaXcoç Xéyeiv. 'AXXà ai) t6 àvTlAÉYElV,

Ic|>r|,co yEvvaÎE AiovucràScopE, u.f)

kcxXei XoiSopEÎaSai* ETEpov

ydp tI eœtl t6 Xoi8opEÎa8ai.

Kal ô AiovuaôScopoç,e

Clq ovtoç, £c|>r|,toO àvTiAÉyEiv, co

Kt^CTITITTE, TTOtEL TOUÇ XÔYOUÇ J

nàvTcoç 8f)TTou, Ecj>rj,Kal acj>68pa ye*

fj au, co Aiovuaé- e

ScopE, oôk oïel EÎvai àvTiXÉyEiv ;

Oukouv crû tccv, Ic|>r|, àTioS£tE,a«.c; ttcotïote ctKoûaac; ouSevoç

àvTtXÉyoVTOÇ ETÉpOU ETÉpCO.

'AXt^Bt] XÉyEtç, ëcj>rj

• àXXà ckkoûcov u.èv vuvl aoi omoSEi-

kvuu.l àvTiAÉyovToç Ktt]<jltïttou AiovuaoScopcp.

*H KalUTc6cr)(otc;

âv toutou Xéyov ;

riaVU, E<J)T].

Ti oCv; ?\

8' Sç* Etalv ÊKaaTcp tcov ovtcov X6yoi ;

—fldvu ys.

— OukoOv coç eqtlv EKaaTovf\ coç ouk laTtv

;

—c

Clq eqtiv. — Et yàp u.Éu.vr|aai, Icpr),co KTf)aiTrnE, Kal apTi 286 a

C i ©ooeïaQe TW : -jôa: B|| xapî TW : àxap! B

||èv ante kaol del.

Cobet||

2 xai om. Wj| 9 oépeiv

—Bépouciv TW : ôepeïv

—5epou<rtv

BIId 2 xaixoc

fieTW : *al t' oTaa: B

|| 4 *o W : tw BT||5 co yevvaïe

BW : w Ty 7 ô CHovu<jo'8copo; TW : cuovuao'8topoç B

||e 1 en» TW :

10c By3 ojxouv T

H5 àxoôtov

{jlsv

vuv: Badham : àxouto aev vuv et B

àxoûcoaev vuv tl T àxouoaev vuv et W.

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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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286 a ELTHYDÈME i65

l'heure 1

que nul ne parle d'une chose comme elle n'est pas ;

ce qui n'existe point, personne ne le dit, nous l'avons vu.

—Qu'importe? répondit Gtésippe; ne nous contredisons-

nous pas moins, toi et moi? — Nous contredirions-nous,

reprit l'autre, en parlant tous deux du même objet? N'est-il

pas vrai qu'ainsi nous dirions les mêmes choses ? » Il l'accorda.

« Mais quand nous ne parlons ni l'un ni l'autre de cet objet,

b pourrions-nous alors nous contredire ? N'est-il pas vrai qu'ence cas aucun de nous ne ferait même la moindre mention de

l'objet? » Il en convint encore. « Mais quand je parle, moi,

de cet objet, et que tu tiens, toi, d'autres propos sur un autre,serait-ce alors que nous nous contredisons ? N'est-il pas vrai

que, moi, je parle de l'objet, alors que, toi, tu n'en dis abso-

lument rien? or, sans parler, comment contredire celui qui

parle? »

Discussion Là-dessus, Gtésippe se tut; mais moi,

de Socrate surpris de ce discours : « Que veux-tu

et Ctésippe dire, Dionysodore? demandai-je. Voilàc

avec les sophistes. en effet une thèse que j'ai déjà entendue

de bien des gens et bien des fois, et toujours avec surprise.

L'école de Protagoras en faisait grand usage, et de plus anciens

encore 2; pour moi, je la trouve toujours surprenante; elle

me parait à la fois ruiner les autres et se ruiner elle-même.

Mais tu m'en apprendras, je pense, la vérité mieux que per-

sonne. Parler faux est

impossible,n'est-ce

pas?

— c'est là le

sens de ta proposition, n'est-il pas vrai ? — et il faut nécessai-

rement ou bien dire vrai, si l'on parle, ou ne pas parler? »

Il l'accorda.

d « Si parler faux est impossible, est-il pourtant possible de

penser faux ? »

a Pas davantage, dit-il.

« Alors, dis-je, il n'existe absolument pas non plus d'opi-

nion fausse.

1. Allusion à a84 c : « Personne ne dit ce qui n'est pas ».

2. Protagoras disait : « L'homme est la mesure de toutes choses. »

Il en résultait que toute opinion individuelle est également vraie et

fausse, selon le point de vue où Ton se place, ce qui rend la contra-

diction impossible (Théétète, i5i e-i52 c; 171 c).— « Déplus

anciens encore » semble viser Parménide. Il soutenait que, le non-être

n'existant pas, le faux ne peut exister davantage, puisque par défini-

lion il donnerait l'être à ce qui n'en a pas (voir le Sophiste).

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i66 ET0YAHMOS 286 d

OuKE<pT\.

OuS' apa àu.a8la ouS' àu.a8£Îç av8pQnoi' f)ou xoGx' Sv

E^rjàu.a8ia,

eÏTiEp EÏrj,

xo

ipsuSEaSaixôv

Tipayu.axcûv;

J~làvu yc, e<J>tj.

'AXXà XOUXO OUK laxiv, fjv5'

lycî).

OuKE<J>T].

Aoyou £veko, cû Au>vua68cûp£, XéyELÇ t6v Xéyov, TvaSfj

&tottov XÉyrjç, f\ &q àXrjSoç Sokel aoi ouSeIç EÎvai à^iaSfjÇ

dvGpcûTTov ;

3

AXXà au, I<j>rj, IXey^ov. e

*H <al taxi toOto Kaxà t6v aov Xoyov, I^EXÉy^ot,

u.rjS£vôç i|»eu8ou.évou ;

Ouk laxiv, I<|)r|o Eu8û8r)u.oç.

OuS1

apa ekeXeuev, E<J>r)v êydb, vOv8f) AiovuaoSopoç

E^EXéy^aL ;

T6 yàp u.r)8v tiûç av xiç KEXEuaai

;où Se keXeuelç ;

"Oti, f]v8' èy», S Eu8ù8r)u.E, xà ao<J>à xaOxa Kai xà

eu l^ovxa ou nàvu xi u.av8àva>, àXXà ncLyécaq ttqç evvoô.

"iaoç u-èv ouv <J>opxiKa>x£p6v xt lpr|aou.at, aXXàauyytyvoaKE.

°Opa 8é- ei yàp ui)X£ i|/£Ù8£a8ai laxiv u.r|X£ ipEuSf] 8o£à££iv 287 a

u.f]X£ àu.a8fj EÎvai, aXXo xi ouS' lE/xu.apxàvEiv laxiv, Sxav

xlç xi Ttpàxxr] ; Tïpàxxovxa yàp ouk laxiv àu.apxàv£iv xouxou

o TtpàxxEL' ou^ oîJxq XéyEXE ;

riàvu ys

, £tyr\.

To0x6 èaxivfjôr], f]v

S' âyco, xo <j>opxucôv £poxr]U.a. Et

yàp u.f) au.apxavou.Ev ui)X£ TtpàxxovxEÇ U-^xe XÉyovxEÇ U-f|XE

Siavoouu.EVOL, ÛU.EÎÇ, co Ttpèç Au5ç, eI xaOxa oSxcoç £XEL ,

d 7 el'îcep eiTjT : eî

r.aptîr\B ci wapstri

W||e 5 sxeXeuev, ecprjv

Her-

mann : èxÉXsuov eçTj j| oiovuao'Bcopos B : ô oiovuadSwpo; TW ||6 èÀé-

ytjaiW

||xsXeuaai codd. (y.eXeuaa: : BW mutationem person. signi-

ficantes) j|où 8s xeXeueiç oxi in mare. yp« W : oùôi xeXeûetç oxi BW

om. Tj| rjv 8' èyoi

S eùeûSrjtxe BW w eGÔuS^e îjv 8' èyoST

j|8 où

K&v te TW : 7:avu xi BH 7Mix.é<dç

W : ta- BT||287 a 2 £XXo xt

Routh : àXX' oxij| 7 [A^xe Xsyovxeç urjxs îtpâxxovxe; W.

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167 ErOYAHMOS 287 a

tlvoç SiSàaKoXoi fjkete ; f\ouk apTL ec|>octe âpETfjv K^Xiarr'

Siv TTapaSoOvat àv8p<*mov tô eSeXovtl uavGàvELV;

b

EÎt', scpr),S ZdbKpaxeç, 6 ALovua68copoçuTroXa6cov, oÏJtoç

et Kpovoç coctte S xè npoTov elttouev vOv àvau.Luvf|CTK£i,

Kal eï xi TTÉpuaiv eÎttov, vOv àva^vr)CT8/)aEL, tolç 5* èv t$

Trap6vTL Xeyouévolç oà^ eE,elc; 8 tlyjtf\ ;

Kal yàp, Ecprjv âyo, ^a^ETioi elo\v Tiàvu — elk6tooç" Ttapà

ao<J>Qv yàp XéyovTaL— etteI Kal toùtq tô TEXEUTalcp nay-

X<xXettov xpr)aaa8al laxtv $ XéyEu;. Tè yàp « Ouk e^gû 8 tl

XpouaL » tl ttote XÉyEtç, où AiovuaoSoapE ; f} SfjXov otl àç

ouk£)(cù è^EXéy^aL auTÔv

;etceI eltié, tl ctol aXXo voeltoOto c

tô pfju-a, x6 ce Oùk e^o 8 tl xpf^acùuaL tolç X6yoLÇ »;

'AXX' 8 au XéyELÇ, £cf>r|,touto y

3

ou nàvu xa^Ttov XP^\~

aQai' etceI ànéKpLvaL.

nplv aè aTtoKplvaaBaL, fjv S' lyw, S Aiovua68cûpe ;

Ouk àTTOKpLvEL ; £<|>r|.

*H Kal SlKaLov;

AixaLov liévtol, E^>rj.

KaTà Tiva X6yov ; fjv 5* èyo' f) Sfi,Xov Stl Kaxà t6v8e

8tl au vOv Tidaaoc|)ô<; tlç f\\ilv àoJrîÉjaL TtEpl Xéyouç, Kal

oîaGa 8te Sel àTtoKptvaaSat Kal 8tell^ ;

Kal vCv oùS3

av d

ôtloOv ànoKpLVEL, Ste yLyvcocTKcov otl ou Seî;

AaXEÎç, Ic|>r|, àu.EX/|aaç aTtoKplvaaBaL- àXX', ayaSé, tceISou

Kal àTtoKplvou, èiTEiSf) Kal ÔLLoXoyEÎc; lie aoc}>ov EÎvaL.

ei

b 2 ô om. W|| oCtcdç îI xpôvos T : oOxtoat xsvo? B oOrcoai xevôç W

yp.

Xcvdç in marg. T||3 toats aùxô 7rpwxov âtvigLU(iv7faxCtv

W||5 Xeyo-

[XÉVOC5: Xeyouévotç Xdyocs Heindorf Xdyoc; Baiter

|| /pf)t : ypr\ BTW

||6 7:àvu, eftcOTM* interpunx. Stallbaum

|| 9 xi Heindorf: xt B 5tt

TWIIC 1 èXÉyÇat W II

xi aot BW :

t{$acn T

||voei Stallbaum : èvvoeï

D 2 yj37]ao>[xatT : -aojiat BW ||

3 àXX' B : àXXo T à'XXo W||to6to>

y' où Badham : toûtco tw BTW toùtco toc Sauppe ||6 àr:oxpcvet Hein-

dorf H d i ô"i W pro oxsd oùô' av : oùôsv Heindorf oùô' Schanz

|j2 à^oxpt'vs: TW (-vrji W) :

-xpivs'.sine accentu B -xpivct Vatic. 225,

226II3 à^Xrjaa; xou 1

1| àTïoxpcva^Oac B :

aTroxpivaaôat xal oxe (xtjTW (|

4 aosôv TW : -<pôç B.

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287 d EUTHYDÈME 168

« Eb bien, dis-je il faut obéir; j'y suis forcé, semble-t-il,

car c'est toi qui commandes. Interroge donc. »

« Est-ce en étant animés que les êtres doués de sens ont

du sens ', ou peut-on le dire aussi des inanimés ?

« Ce sont les êtres animés. »

« Connais- tu, dit-il, une phrase animée?

« Non, par Zeus ! pas moi. »

e « Pourquoi donc demandais-tu tout à l'heure quel était le

sens de ma phrase ? »

a Que veux-tu? dis-je, je me suis trompé; la faute en est à

ma paresse d'esprit. Mais me suis-je trompé, et n'ai-je paseu raison de dire que les phrases ont un sens ? Qu'en dis-tu ?

Me suis-je trompé ou non? Si je n'ai fait erreur, tu ne

pourras non plus me réfuter, avec tout ton savoir, et tu ne

sais que faire de mes paroles; et sij'ai fait erreur, en ce

288 a cas aussi tu as tort, en prétendant qu'on ne peut se tromper.Et ce n'est pas à tes discours de l'an passé que s'adresse ma

remarque.Mais, repris-je,

Dionysodore

et

Euthydème,

voilà

un raisonnement qui paraît rester au même point, et, aujour-d'hui comme autrefois, tomber lui-même après avoir abattu

l'adversaire 2. Le moyen d'éviter ce sort, votre art même ne

semble pas lavoir découvert encore, tout admirable qu'il est

d'ailleurs pour la rigueur de la discussion. »

Alors Gtésippe : « Merveilleux discours que les vôtres, gensb de Thurium ou de Ghios 3

,ou de tel lieu et de tel nom qu'il

vous plaise d'être appelés ! Peu vous importe de divaguer. »

Moi, craignant qu'on n'en vînt aux injures, je me remis à

calmer Ctésippe: « Gtésippe, repris-je, ce que je disais tout

à l'heure à Clinias 4, jeté le répète à toi-même : tu ne

comprends pas que le savoir de ces étrangers est merveil-

leux, mais qu'ils n'ont pas voulu nous donner sérieuse-

ment une leçon. A l'exemplede Protée 5

,le sophiste égyptien,

i. Dionysodore va jouer sur le double sens de voeîv : comprendre

(ou concevoir)— et signifier.

2. KaxaSaXtov — zl^tsiv : deux termes pris à la lutte;

cf. 286 c.

Tô naXcuôv vise les anciens sophistes, et notamment Protagoras.

3. Les deux appellations, en effet, conviennent également aux deux

sophistes (271 c). Gtésippe s'adresse ironiquement à eux, en employantla formule de précaution usitée pour les dieux (cf. Cratyle, 4oo e).

4. Allusion à

277

d.

5. Odyssée, IV, 454 sq. Cf. Ion, 54 1 e, et la note.

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288 c EUTHYDÈME 169

c ils nous amusent par des jongleries. A nous de faire commeMénélas : ne lâchons pas ces deux hommes qu'ils ne se

soient révélés à nous sous leur aspect sérieux ! je crois qu'ils

nous feront voir quelque merveille de leur cru, quand ils se

mettront à parler sérieusement. Demandons-leur donc, parnos exhortations et nos prières

1

,de se révéler à nous. Pour

moi, je crois bon encore 2 de les guider moi-même, en leur

indiquant sous quelle forme je les prie de m'apparaître.d Reprenant au point où je m'étais arrêté plus haut 3

, j'essaie-

rai de mon mieux de leur exposer toute la suite, pour les

appeler à nous, afin qu'ils me prennent en pitié et que,compatissant à ma contention et à mon sérieux, ils soient

sérieux à leur tour. »

. « A toi, Glinias, dis-je, de me rappeler

de l'entretienou nous en éti°ns restés alors. Si je ne

de Socrate me trompe, c'était à peu près à cet

avec Glinias. endroit : il faut rechercher le savoir,

, j.J* evu? avions-nous reconnu pour finir ; n'est-cede différents arts. . rv • j-» -i r% 1 i_ 1

pas?— Oui, dit-il. — Or la recherche

du savoir est l'acquisition d'une science;n'est-il pas vrai ?

dis-je.— Oui, dit-il. — Que peut donc bien être la science

e que nous aurions raison d'acquérir ? N'est-ce pas, d'une façon

absolue, celle qui nous sera utile ? — Parfaitement, dit-il.

— Nous serait-il donc de quelque utilité de savoir reconnaître,

en allant et venant, l'endroit de la terre où se trouve enfouiela plus grande quantité d'or ? — Peut-être, dit-il. — Mais

précédemment, repris-je, nous avons pleinement prouvé4

que nous n'aurions aucun avantage à posséder, même sans

tracas et sans fouiller la terre, tout l'or du monde. Saurions-

289 a nous même changer les rochers en or, que cette science

n'aurait donc aucune valeur;

car si nous ne savons tirer

partide

l'or, parlui-même— on l'a vu— il ne sera d'aucune

utilité. Ne t'en souviens-tu pas? »dis-je. — « Je m'en sou-

viens, dit-il, parfaitement. » — « De même aussi, semble-t-il,

les autres sciences. On ne tire aucun profit ni de celle du

financier, ni de la médecine, ni d'aucune autre qui sait seule-

1. Cf. 373 e.

3. Cf. 278 c : fin de l'entretien de Socrate avec Glinias.

3. Exact;

cf. 283 d.

4. Allusion à 380 d.

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i69 ET0TAHMOS 288 c

rjfciSç. 'H^elc; oOv xàv MevéXaov ^nicb^iESa, Kaljtn, àq>i<i>- C

^ie8a tolv àvSpoîv eqç Sv f^îv EK(f>avf]Tov à<J>

s

S aôxà arcou-

Sd^ETOv ot^ai yàp'

rL aôioîv TuàyKaXov q>av£Îa8ai, ETïEiSàv

apE,<»vTai onouSà^Eiv.3

AXXà Seco^eSoc Kal Ttapa^u8cb^£8a

<al *npoaEU)(db^E8a auxoîv £K(|>avfjvai.3

Eyoi> o3v ^ioi Sokcû

Kal aùxôc; TiaXiv à^rjY^o^Sai °"w TrpoaE\j)(o^ai aÔTw <|>avf)-

vatfcioi/

o8ev yàp xô TipOTEpov àTTÉXcnov, to e£^ç toûtoiç d

TTEipàao^oti, otïcdç Sv Sùvcùjiai, SueXSeÎv nav, otïcoç EKKaXÉ-

aco^at <al âXErjaavxÉ (ieKal

oiKTlpavTE auvTETa^évov Kalanou8à£ovTa Kal auTcb anouSàarjTov.

Zù Se, S KXEivia, E<f>rjv, àvà^vrjaov ^e tt68ev t6t3

Stie-

Xltto^ev.q

C1ç \ièv o5v EySfciai, ev8évSe tto8ev. <l>iXoao<}>Tï-

téov à^oXoyfjCTa^EV teXeutcovteç- fj yàp ;

—Nat, ?j

S3

oç.

— CH 8é yE cpiXoao<|>la KT^aiç EmaTl£

|fc^T}c;• oty oÎStcùç; E<j>rjv.

—Nal, £<t>rç.

— Tlva tiot' oCv SvKxrjaatiEvoi èmcn:r)fcir]v

ôpScoç Kxrjaai^E8a ; Sp3

oô toOto ^èv ômXoOv, fjxiç t)H&c; e

ovr)OEi;— nàvu y

3

, E<J>r].—

*Ap3

oQv av ti fj^âç ôv/jasiev,

eI ETiLaTai{jL£8a yiyvcûaKEiv TtEpuôvxEÇ ottou xfjç yfi.ç xpualov

tiXeIotov KaxopobpuKTaL ;

—"Icjcoç, ifi|.

— 'AXXà xè Ttp6-

TEpov, f]v8' âycb, xoOxo y£ E^rjXéy^a^Ev oxi ouSèv tiXéov,

ouS3

eI SveuTipay^iàxcov

Kal toOôptJXXEiv xfjv yf)v

xo tïSv

n,fcÛV XPu^ov yEVOlTO' QOXE Ou8' EÎ XOIÇ TIEXpaÇ )(PUa°*Ç

EmaTalfciESa noLELv, ouSevôç Sv à£,la f\ êm<rrf| pr] elt).Et 289 a

yàp \lt)Kal xpf^aSai Emaxrjao^sSa xâ xpuaicp, oôSèv

S<J>eXo<;

auxoO Ecpàvrj <5vfj

oô ^E^vrjaaL ; fcprjv lya).— nàvu y

3

,

£<J>rç, ^iÉ^vr|naL.— Oô8é yE, ôçeoike, Tfjç aXXrjç ettlot^^ç

oc^eXoc; ylyvETai oôSev,

ov5te

xpl^aTiaTiK^ço$xe

taxpiKfjç

C 2 èxçavrjxov TW : -çavrjxov Bjj

3 aùxàiv W pro avxoïv||6 xal :

xav Schanz|| u<p7)Yï)'aea6at Heindorf

||oi'w xpoavjyop.a.1 TW : oi w

;:poaeu^ojxai B ||aura) TW : -;w B

||d i àr.élir.ov xô B : cnzeUizovco

TW||

a rav o^tuç BT : î:àv o^coç av W èâv 7îw; t||

3 otxTt'pavTC

Burnet :--rei'pavxe

TW -Tei'povce B|| g av om. W

||e i àrcXouv B :

ÔctcXouv ôxt xauxTjV TW II2 àv xt

ïjp-açBW : f^aç av xt T

|| 7 oùô' et

TW:

ou Ô£i B H 289 a 2 xa\ xpvjo6« Heindorf:

xe/pfjoôai || 3 aùxouT : -xô BW.

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289 d EUTHYDÈME 17 r

« Tu me parais, dis-je, montrer par une preuve suffisante

que l'art des faiseurs de discours n'est pas celui qu'il faudrait

acquérir pourêtre heureux. Et

pourtant j'espérais

découvrir

e de ce côté la science que nous cherchons depuis longtemps.Car pour moi les auteurs eux-mêmes, les faiseurs de discours,

quand je suis avec eux, me paraissent, Glinias, supérieurementsavants, et, pris en soi, leur art me semble divin et sublime.

En cela d'ailleurs, rien de surprenant : il est en effet une

partie de l'art des incantations, à peine inférieur à lui 1. Celui

290 a des incantations consiste à charmer serpents2

, tarentules, scor-

pions, les autres bêtes et les maladies ;l'autre s'adresse aux

juges, aux membres de l'Assemblée, et aux autres foules pourles charmer et les apaiser. Et toi, dis-je, es-tu d'un autre avis ? »

c Non, dit-il, je partage ta manière de voir. »

« Où donc, repris-je, nous tourner encore ? vers quellesorte d'art ? »

a Pour ma part, dit-il, je n'en vois guère. »

« Eh bien, dis-je, moi, je crois avoir trouvé. »

« Lequel ? » demanda Glinias.

b « L'art du général, dis-je, me semble être par-dessus tout

celui dont l'acquisition peut assurer le bonheur. »

« Ce n'est pas mon avis. »

« Comment cela ? »dis-je.

« C'est là un art de faire la chasse aux hommes. »

« Et après ? » demandai-je.c Aucune forme de la chasse proprement dite ne va plus loin ,

dit-il, qu'à poursuivre et à capturer3

; quand les gens ont mis la

main sur l'objet de leur poursuite, ils sont incapables d'en

tirer parti : les uns, chasseurs et pêcheurs, le remettent aux

c cuisiniers;

les autres, géomètres, astronomes, calculateurs,

se livrent eux aussi à une chasse, car on ne produit point les

1 . L'expression est illogique, Platon considérant tour à tour l'art des

discours comme une partie de l'art des incantations, puis comme dis-

tinct de ce dernier, et à peine inférieur à lui. En fait ixs:vr,:, commele montre la suite, désigne l'art de charmer les bêtes malfaisantes et

les maladies, c'est-à-dire une autre partie de l'art des incantations.

aï II y avait en Grèce, au temps de Platon, des charmeurs de

serpents. Cf. Rép., 358 b.

3. Socrate a montré plus haut que la science à trouver est celle

qui réunirait à la fois le don de produire et celui d'utiliser ce qu'elle

aurait produit. Or la chasse (et par suite l'art du général, etc...) ne

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290 c EUTHYDÈME 173

figures, dans chacun de ces métiers : on se borne à découvrir

celles qui existent;et comme ils ne savent les utiliser, mais

seulement leur donner la chasse, ils les remettent, n'est-il pasvrai ? aux dialecticiens 1

, pour qu'ils tirent parti de leurs

trouvailles, du moins quand ils ne sont pas complètement

dépourvus de sens. »

t Oh S oh !

dis-je, très beau et savant Glinias, en est-il ainsi ? »

« Certainement. Et de même aussi pour les généraux ;

d quand ils ont capturé une ville ou une armée, ils la remettent

aux hommes d'État, car eux-mêmes ne savent tirer parti de

leur chasse : ils font, selon moi, comme les chasseurs decailles qui remettent leur gibier aux éleveurs. Si donc nous

demandons l'art capable d'utiliser lui-même ce qu'il aura

acquis soit par production, soit par capture, et si un art de

cette sorte doit nous procurer la félicité, c'est un autre qu'il

faut chercher, dit-il, et non celui du général. »

e Interruption Criton-

~ Que dis-

tu'

Socrate?

C

'

est

du récit. Entretien ce jeune garçon-là qui a émis pareils

de Criton et de propos ?

Socrate. Socrate. — Tu ne le crois pas, Criton ?

Criton. — Ma foi non, par Zeus ! Car je pense, moi, que,

s'il a parlé ainsi, il n'a plus besoin d'Euthydème ni d'aucune

autre créature humaine pour faire son éducation.

Socrate. — Au nom de Zeus,Ctésippe

était-il

par

hasard

l'auteur de ces discours sans que je m'en souvienne ?

291 a Criton. — Comment ? Ctésippe2

?

Socrate. — Pourtant je suis bien sur que ce n'était ni

Euthydème ni Dionysodore qui parlait ainsi. Faut-il, divin

Criton, attribuer ces propos à un être supérieur qui se trou-

vait là ? Car je les ai entendus, j'en suis sûr.

comporte aucune de cesdeux conditions

essentielles,

—pas

même la

première.1. Dans le Ménon, 75 d, le mot 8t<xXêx-:ix6; est encore appliqué à

celui qui a l'art de conduire un entretien,— la dialectique propre-

ment dite. Ici, il a déjà un sens très voisin de métaphysicien, et

désigne celui qui est capable de remonter aux principes. Cf. parti-

culièrement Rép., 533 b sq.

2. Le tour employé par Criton marque la surprise, et en même

tempsla

répugnanceà admettre une

suppositiontenue

pourinvrai-

semblable.

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291a EUTHYDÈME i 73

Griton. — Oui, par Zeus ! Socrate;c'était à mon avis

quelqu'un de supérieur1

,et de très supérieur. Mais ensuite

avez-vous encore recherché quelque autre art ? Et avez-vous

trouvé ou non celui qui faisait l'objet de votre enquête ?

b Socrate. — Gomment trouvé, bienheureux Criton ? Nous

étions tout à fait risibles;comme les bambins à la poursuite

des alouettes 2,nous nous croyions à tout instant sur le point

de saisir chacune des sciences, et elles, chaque fois, nous

échappaient. A quoi bon te conter les détails ? Nous arri-

vâmes enfin à l'art royal, et nous étions en train d'examiner

si c'était là celui qui produit le bonheur ; mais alors, commesi nous étions tombés dans un labyrinthe, au moment où nous

pensions déjà toucher au terme nous nous retrouvâmes, pourainsi dire, après avoir fait le tour 3

,au début de notre recher-

c che, et juste aussi peu avancés *

qu'en commençant notre

enquête.Griton. — Gomment cela vous arriva-t-il, Socrate ?

Socrate. — Je vais te le dire. Nous fûmes d'avis que la

politique et l'art royal ne faisaient qu'un.Criton. — Et alors ?

Socrate. — C'est à cet art, nous sembla-t-il, que celui du

général et les autres remettent la direction des ouvrages dont

ils sont eux-mêmes les artisans, comme au seul qui sache les

utiliser. Il nous parut donc être évidemment celui que nous

cherchions,et

quiest la cause de la

prospéritédans l'État

;

d bref, selon le vers d'Eschyle5

, qui seul siège à la poupe de la

cité, gouvernant tout et commandant à tout pour faire 6 toute

œuvre utile.

Griton. — Aviez-vous raison de le croire, Socrate ?

i. Oï xpstrcovsç, ce sont les dieux (Sophiste, 216 b). Mais Griton,

prenant l'expression au sens littéral, comme le montre t:oXu yê, songe

évidemment à Socrate. Dans le Théctete, i5od, Socrate parle desmerveilleux progrès réalisés par ceux qui le fréquentent.

2. Allusion au proverbe : poursuivre ce qui vole;cf. Euthyphr., k *•

3. L'accumulation des participes fait ressortir le caractère labo-

rieux de ces allées et venues répétées.

4- "laoç est construit avec oloç par analogie avec xo'.o-jtoç.

5. Au début des Sept (v. a-3), Etéocle parle de « celui qui veille

à sa tâche, à la poupe de la cité, dirigeant le gouvernail sans laisser le

sommeilendormir ses

paupières».

6. Gomme s'il y avait ûyj-.i -o'.eîv.

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173 EY0YAHMO2 291a

KP. Nocl Lia Ata, S ZaxpaTEÇ' tSv kpeittovcûv lievtoi

tlç êtiol SokeÎ, ical TToXti yE. 'AXXà LiETa toOto etl Tivà

E^rjT^aaTE téxvtjv ; Kal r|Sp£TE EKEtvrjv f) oô^ T]8pETE, fjq

EVEKa e£i-|teÎte ;

ZO. ri68Ev, o LiaKapiE, rçïîpoLiEv ;àXX' fJ^EV Ttàvu b

YeXolol* ôaTTEp Ta TiaiSla Ta toùç KopûSouç 8u£>K0VTa, àsl

&6\ls&cl EKàarrjv tôv EmaTr) liôv aôxt<a Xr)ip£a8ai, ai 8S

àsi

ÛTtE^É^Euyov. Ta Lièv o3v TtoXXà tlocv aoi XéyoïLu ;èni 8è

8f| tt]v fraaiXiKfiv IXSovteç TÉxvrjv Kal SiaaKcmoÙLiEvot

aôxf]v elaxÎTrj EÏrj f\ xf]v EÔSaiLiovlav àTt£pya£oLiÉvrj,

EVTa08a aanEp eIç Xa6ùpiv8ov ELiTtEaévxEc;, ol6lievolfjôrj

ETtl TÉXeI ELVai, 7TEpiKàLJn|»aVTEÇ TlàXLV QOTÏEp EVOtpXfî

TT^

t^riTi^aEcoç àvE<}>àvr)Li£v Svteç Kal toO ïaou 8e6liev<h BaouTiEp c

8TE t6 TtpÔTûV EC^rjToOLlEV.

KP. ricoç 8f) toOto ôlilv auvÉôr), © ZobicpaTEÇ ;

ZO. 'Eyo <|>pàaci>. "ESo^e yàp Sn, fjLiîv t] TtoXiTiKf| Kal

fj (iaaiXiKf] TÉ^vr) f\ aÔTf) EÎvai.

KP. Tl o8v8f) ;

ZO. Ta^TT) Tfj TÉ^vrj fjte aTpaTTjyiKf) Kal al aXXai

Ttapa8i86vai ap^Eiv tcûv Epycov ov auTal 8r)Luoupyoi EÎaiv,

a>ç {Jtévrj èmaTaLi£vr| xp^Qa1

- Zacpôç o3v e86kei tjlûv autr)EÎvai

fjv EL^rjToOLiEv, Kalf)

atxia toO ôp86ùç TtpaTTEiv evTfj

tï6Xel, Kal àxE^vcoç KaTà t6 Ala)(\jXou uxliôeÎov Li6vrjev

*rf)d

TTpvjLivrj KaT^a8aLTÎ]<; Tr6XECdç,TiàvTa k\. IspvSaa KalnàvTOv

ap^oucra TtàvTa ^p^atLia ttoieÎv.

KP. OukoOv kocXôç ûljlÎv e86kel, o ZdùKpaxEÇ ;

Testim. : 291 d i cf. Àesch., Septem, 1-3.

a 6 t63v xpetT-cdveov TW :-/.pgiTTOvajv

B[| 7 xtvà Heindorf : xcva

|[

b 4 UTCeÇéçs'jyovW : -<puyov BT

j|Ta — roXXà B : tocç

— 7COAXà;

TW D 6 à^epya'Cop.évr, B : îcapéyouGa -es xal àzspYa£ou.£V7] TW |

C 1 ^Tr^aêw; T (sed 'C in ras.) I|8 auTal Heindorf : «fixât

]J 9 [aovtj

f

£7ît<TTatxev7) T:

p.dvr, értaxaJxevT) BW || d I îajx6iov B (îajxoeiov W)H udvr, W :

-vr, BT ||2 w>6tpv*3 W (w in ras.) |j

4 Oatv TW :ij-

B.

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291 d EUTHYDÈME i 74

Socrate. — Tu en jugeras, Criton, si tu veux m'écouter.

Après les résultats précédents, nous recommençâmes de nou-

veau notre examen à

peu près

comme ceci : «

Voyons,

cet

art royal qui commande à tout, produit-il ou non pour nous

e quelque résultat !? — Sans aucun doute, nous dîmes-nous

l'un à l'autre. » Et toi, ne le dirais-tu pas, Criton ?

Criton. — Oui.

Socrate. — Quel résultat lui attribuerais-tu donc ? Par

exemple, si je te demandais : « La médecine, dirigeant tout

ce qui lui est soumis, quel résultat offre-t-elle ? » Ne dirais-

tu pas : la santé ?

Criton. — Oui.

Socrate. — Et votre art, l'agriculture2

, quand il dirige

292 a tout dans son domaine, quel résultat produit-il ? Ne serait-

ce pas, selon toi, la nourriture qu'il nous procure, en la

tirant de la terre ?

Criton. — Oui.

Socrate. — Et l'art royal, commandant à tout dans sondomaine, que produit-il ? Peut-être es-tu un peu embar-

rassé pour le dire ?

Criton. — Oui, par Zeus ! Socrate.

Socrate. — Nous aussi, nous l'étions, Criton. Mais tu sais

du moins que, s'il est l'art recherché par nous, il doit être utile.

Criton. — Parfaitement.

Socrate.

— Il doitdonc nous procurer quelque

bien ?

Criton. — Nécessairement, Socrate.

b Socrate. — Or le bien, nous en étions tombés d'accord,

Clinias et moi, n'esf autre chose qu'une science 3.

Criton. — Oui, c'est là ce que tu disais.

Socrate. — Donc, tous les effets qu'on pourrait attribuer

à la politique— et il y en aurait plus d'un, j'imagine,

i. Le contexte montre que -i est indéfini, et non interrogatif. Ona objecté que Platon aurait dû écrire en ce cas Ipyov Tt. Mais on

trouve, et chez Platon lui-même, d'autres cas où -'., quoique encli-

tique, est ainsi placé avant le mot (substantif ou adjectif) sur lequel

il retombe et séparé de lui par plusieurs autres mots. Ex. Banquet

174 e.

1. Il ressort de ce texte que Criton possédait et exploitait un

domaine. Plus loin Socrate parle de lui comme d'un homme

d'affaires (3o4c).3. Voir 281 d e.

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i 74 EY0YAHMO2 291 d

ZO. Zù KpivEÎç, & KptTCùv, âàv lioùXrj àicoÙEiv u.£Ta yotp

Ta I^TtpoaSEV auu.6àvTa aG8tc; jiETa taOxa ècrKOTto0u.EV

&6k Ttcoç* ^ÉpE, TtàvTcov ap^ouacc f\ (SaaiXiicf| TÉ^vr) ti fj^îv

àTtEpyà^ETai Ipyov f\oôSév

; nàvTCûç Sfjnou, f|U.£Îç Icpa^Ev e

Ttpôç àXXrjXouç. Ou ical ctù av TaOTa (palrjç, S Kpttov ;

KP. "EyoyE.

ZO. Tt o5v av<|>alrjc; aÙTf^ç Ipyov eÎvou

; ôonEp eI aè

lyeb Epa>Td>r|v, TtàvTcov ap)(ouaa fj tocxpiicf}5v apy^Ei, Tt Ipyov

napÉ^ETat; ou *rfjv ôyiEiav (av) <f>alr|c; ;

KP. "EywyE.

ZO. T18É; f) ô^iETÉpa te^vî^ f) yEopyta, ttocvtcùv ap^ouoa

ov apxeL ,TL Ipyov aTtEpyà^ETaL ;

ou xfjv Tpocpfjv âv(palrjç 292 a

ttjv ek Tf|ç yf]c; THxpkyjEiv f\[iîv ;

KP. "EycoyE.

ZQ. Tt Se; f) 3ctcriXiicf| TiàvTeùv apy^oucra Sv apxet

,

T ^

ocTtEpyà^ETai ; ïctcùç ou Ttàvu y' EunopElç.

KP. Ma t6v Ata, S ZàicpaTEç.

ZQ. Ou8è yàp fju.EÎç,o Kpircov àXXà ToaévSE y£ oîa8a,

8ti EtTiEp Eailv auTrj fjv TJfciEÎc; £r|ToOu.£v, <5><J>eXiu.ov auT^jv

Seî EÎvai.

KP. nàvu yE.

ZO. OukoOv àya86v yé tl Seîr)u.îv aÔTf]v Tiapa8i86vai ;

KP. 'AvàyKT], cù ZcbicpaTEÇ.

Zft. 'AyaBov 8é yé mou ou.oXoyfjaafciEv àXXfjXoiç èy© te ]>

ical KXELViaç ouSèv EÎvai aXXof) EmaTf)u.r|v Tivà.

KP. Nal, outoç eXeyeç.

ZO.Oûkouv xà

fcièvaXXa

Ipya,a*

c}>ai.T]

Svtiç tioXitik^ç

EÎvai — TtoXXà 8é ttou TaGV avEirj, oîov TtXouaiouç toùç

eu

d 5 (BouÀs*.B

||àxousiv BT (a> add. b) || jxexà yàp xà EU.7Cpoa6£v

aou.6àvxa r,u.iv aûxcç u.exx xaùxa è<jxo7:ouu.€v BW (aùôiç W) : xa» t«

[X6Ta xauxa o!5jj.6avxa rjaiv aùQtç yàp 6*7]x:aX'.v èaxo7:oyu.ev T

||e 4 •£

ae èyto

W: etç ae èyw B eî eyco es T |j 6 av add. Ast. j| 292 a I Ipyov

à7:epyaXexai BW : àrcepyaÇsxai T.

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292 b EUTHYDÈME i 75

comme la richesse procurée aux citoyens, la liberté et l'ab-

sence de factions — tous ces effets ne nous étaient apparusni des maux ni des biens 1

;cet art devait rendre les

genssavants, et leur communiquer la science, pour être celui quic donne profit et bonheur.

Criton. — C'est cela. A ce moment-là, du moins, telle

avait été votre conclusion, d'après le récit que tu as fait de

l'entretien.

Socrate. — L'art royal rend-il donc les hommes savants

et bons ?

Criton. — Pourquoi pas, Socrate?

Socrate. — Mais tous les hommes, et bons en tout ? Et

n'importe quelle science, celle du cordonnier, du charpentier,

et toutes les autres sans exception, est-ce lui qui les procure ?

Criton. — Ce n'est pas mon avis, Socrate.

d Socrate. — Mais enfin, quelle science ? Et quel usage en

ferons-nous? Son activité ne doit produire aucun de ces

effets qui ne sont ni mauvais ni bons, et il ne doit procurerd'autre science que la sienne propre. Faut-il donc définir la

nature de cette science et l'usage que nous en ferons ? Veux-

tu que nous disions, Criton : c'est celle qui nous permettrade rendre bons d'autres hommes ?

Criton. — Parfaitement.

Socrate. — Mais en quoi seront-ils bons, et à quoi utiles?

Dirons-nousencore

: ils rendront tels d'autres

hommes,et

e ceux-là d'autres à leur tour ? Mais en quoi sont-ils bons ?

c'est ce que nous ne voyons nulle part, puisque nous avons

fait fi des effets que l'on attribue à la politique. C'est exac-

tement, comme dit le proverbe : « Corinthos, fils de Zeus » 2,

et, je le répète, nous sommes aussi loin, ou même plus loin

encore de connaître la nature de cette science qui nous don-

nera le bonheur.

Criton. — Par Zeus ! Socrate, vous vous étiez mis, semble-

t-il, dans un grand embarras !

i. Cf. 281 e. La plupart des « biens » ne sont en soi ni bons ni

mauvais;le vrai bien est la aocpîa, qui leur donne leur valeur.

2. Locution proverbiable pour désigner un radotage sans résultat;

cf. Pindare, Ném., "VII, i54-i55. — Corinthos, héros éponyme de

Corinthe, passait pour avoir été le fondateur etle

premierroi

dela

ville.

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i 75 ET0TAHMOS 292 b

noXixaç Tiapé^ELV Kal èXEuSépouç Kal àoxaaLaoxouç —Ttàvxa xaOxa oCxe kclkcl oôxe àyaSà è<J>àvr),

eSei Secto<J>oùc;

TioiEÎv <al £Tuaxf)u.r|Ç u.Exa8i86vai, EÏTTEp elieXXev aSxr)

EÎvair| <2>c{>£Xo0aà te Kal EuSal^ovaç TtotoOaa. C

KP. "Eaxi xaOxa' xôxe yoOv otJxoç ûliÎvà>LioXoYf|8ri, ôq

au xoùç Xôyouç àTTfiyyEiXaç.

Zft. *Ap' ouvf) fiaaiXtK^ aocpoùç ttoieî xoùç àvSpcimouç

<al àya8oûç ;

KP. Tt yàp kcûXùei, o ZcoKpaxsç;

Zft. 'AXX' apa Ttàvxaç Kal Ttàvxa àya8oùç ;Kal TT&aav

£Tuax1J

)Lir)V, aKUTOTOu.ucf]v te Kal tektoviktjv Kal t<xç aXXaç

a-nàaaç, auTrj f\ TtapaSiSoOaà èaTiv;

KP. Oùk oîfciai lycoyE, a> ZcoKpaTEÇ.

ZO.3

AXXà xlvaSf] £TTiaxrnir|v ; f)

xl xpr|a6^E6a ;tov d

|j.èv yàp Ipyov ou8ev5ç 8eÎ auxfjv 8r)Luoupy8v EÎvai xôv liï^te

KaKÔvfcirjXE àya9cov, EmaTr|u.r|v 8è Ttapa8i86vai ^r|SELiiav

aXXrjv f\ auxfjv éauxrjv. AÉycùLiEv 8f)ouv xlç ttote laxiv

auxr), f|xi ^prjao^EBa ; (iooXsi (J>oliev,

S Kplxcov, fj aXXouç

àyaSoùç TtoifjaoLiEv ;

KP. nàvu yE.

ZO. OT xl laovxat fjLiîv àyaSol Kal xC xpfjaiLioi ; f)Ixt

XÉyoLjiEV bxt ocXXouç Ttoir)aouaLV, ot 8è aXXoi ekeÎvoi aXXouç ;

b xu 8é tcoxe àyaSoi" Eiaiv, ot)8au.o0 fjuÂv (palvovTai, ETtEtS/j- e

Tt£p xà Ipya xà XEyÔLiEva Eu/at Trjç TtoXiTiKfjç f^TiLiàaaLiEV,

àXX' àxE^vôç to XEy6u.£vov ô Aièç K6piv8oç ylyvETai, Kal

oTtEp IXEyov, xoO ïaou t)luv evSeîf)

exl TtXéovoç Ttpôç x6

elSÉvatxlç

ttoxé egxlvf\ ETtiCTxf)u.rj ekeCvt] f) fj^Sç EuSatLiovaç

TIOLfjaEL.

KP. Ni] x6v Ala, o ZoKpaxEÇ, elç tïoXX/)v y£ ànoplav,

CbÇEOlKEV, à(J)lKEa8£.

C 7 rcavia BW : -tu>; T |]d i \ B

r]TW

||3 {«)& li'ccv B

||4 Xiyo-

p-ev

W|| 5 rj in marg. B r\ B t)

TW|| e 2 T)Tip.aaau.ev : à7C£8oxip.aaa-

uev in marg. t||6 Tzo'.rpti Heindorf : -3Ete BT -aetsv W.

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293 d EUTHYDÈME 177

comme on dit, dans tes parolesl— comment doncsuis-je ins-

truit de cette science que nous cherchions ? Comme apparem-ment il est impossible au même d'objet d'être à la fois et de ne

pas être, si je sais une chose, je sais tout ; car je ne saurais

être en même temps savant et ignorant ;et puisque je sais

tout, je possède aussi cette science-là. Est-ce ainsi que tu l'en-

tends, et sont-ce là tes finesses ?

e « Toi-même, Socrate, voilà que tu te réfutes 2», dit-il.

« Mais toi, Euthydème, repris-je, le même accident ne

t'est-il pas arrivé ? C'est qu'avec toi et Dionysodore, cette

chère tête3

que voici, je subirais, pour ma part, n'importequel sort sans m'en plaindre le moins du monde. Dis-moi,

n'y a-t-il pas, vous deux, des choses que vous savez, et d'autres

que vous ne savez pas ? »

« Point du tout, Socrate », dit Dionysodore.« Que voulez-vous dire ? repris-je. Alors, vous ne savez

Tien ? »

« Si fait

»,

dit-il.

294 a « Par conséquent, dis-je,vous savez tout, puisque vous

savez si peu que ce soit ? »

« Tout, dit-il;

et toi de même, si tu sais la moindre

chose, tu sais tout.

« Zeus ! dis-je, le bien admirable et précieux qui nous

a été révélé, à t'en croire ! serait-ce que tous les autres

hommes savent tout, eux aussi, ou ne savent-ils rien ? »

a Ils ne peuvent évidemment, dit-il, avoir telles connais-

sances à l'exclusion de telles autres, et être à la fois savants

et ignorants. »

« Qu'est-ce enfin ? » demandai-je.« Tous, dit-il, savent toutes choses, s'ils en savent une ».

b « Par les dieux ! dis-je, Dionysodore—

je vois bien à pré-

sent que vous êtes sérieux, et je vous ai, non sans peine,

tente de donner à une notion relative une valeur absolue. D'où la

réserve formulée par Socrate, qui prévoit le sophisme.1. C'est-à-dire : voilà de bonnes nouvelles ! — Socrate se reporte

au raisonnement d'Euthydème (« N'es-tu pas forcé de tout savoir, si

tu es savant ? »), et en dégage ironiquement la conclusion.

2 . Après avoir dit plus haut : « Il y a beaucoup de choses que

j'ignore », Socrate paraît maintenant admettre qu'il sait tout.

3.

Expression homérique,qui a passé dans la

tragédie.

Cf. Gor-

gias, 5i3 c : « ô chère tête»,dit Socrate à Calliclès.

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i77 EY0TAHMOS 293 d

TrdcvToc XÉyEiç* ttûç oSv ETltaTa^aL EK£tvT)V Tf)V EmaTfniT]v

fjv E^rjxoO^iEv ; â>q 8fjtoOto à8ùvaT<5v lariv t& aÔTO EÎvat

te Kal jirj, EÏTTEp ev ETïiaTa^ai, anavTa £TTiaTau.ai— ou yàpSv

EÏrjv ETriaTrju.cov te Kal àvETnaTr)^cov éc^a — etteI 8è

TiavTa ETTLaxa^aL, KàKElvr|v 8f) xf)v ETTiaTfi^rjv e^co* &pa

outcûç XéyEiç, Kal to0t<5 laTtv t& ootyàv ;

Autôç aaux<5v yE Sf] e^eXéy^eiç, Ecf>r|,o ZcoKpaTEÇ. e

Tt Se, r\v S'Iycb, co EuGuSr^iE, <rù ou TTÉnovBaq toOto t6

aÙTÔ TiàSoç;

£yà> yàptoi

(ietô aoOôtioGv âv

Tràa)(covKal

fciETà AiovuaoS&pou toGSe, <t>lXr)ç KEcpaX^ç, oôk &v navu

àyavaKTotrjv. EItté ^oi, a<|><i> oô^l Ta u.èv ETTlaxaaSov tcûv

8vtcùv, xà 8è ouk ETriaTaaSov;

"Hkigto: yE, Icpr),o ZcoKpaTEÇ, o AiovuaôScopoç.

[~\8>q XéyETov ; £(|>r)v lyo* àXX' ouSèv apa ETttaTaaSov;

KalfciaXa, r\

8'

8ç.nàvTs

apa, £<|>r)v âyo, ETtlaTaaSov, ETTEiSrjTTEp Kal ôtioOv;

294 a

riàvu', £<f>rj*Kal au yE Ttp6ç, EÏTTEp Kal Iv ETrurraaai,

•nâvTa ETiiaTaaaL.

*C1 ZeO, £<|>r|v èyo, â>q Gau^aaTÔv XéyEiç Kal àyaSov ^Éya

TT£c|>àv8ai. Mcùv Kal ol aXXoi ttocvteç avSpcùTToi Ttàvu' ettI-

axavToi, f^

ouSév;

Où yàp SfjTtou, ecJ)T],Ta u.èv ETTlaravTai, Ta 8' oôk IttI-

aTavTat, Kal EÎalv au.a ImaTruiovEc; te Kal àvEmaT/j^ovEÇ.

'AXXà tI; fjv 8

3

èyo.

riaVTEÇ, îjS' 8ç, TTOCVTa ETTLaTaVTaL, EÏTTEp Kal EV.

*C1 Tipoç tôv 8eôv, fjv o° èyco,S AiovuaéScopE

—8f]Xoi b

yàp jiol

ecttovfjSrj

8tl anouSà^ETov, Kal u.6Xic;

u^iâç Ttpoô-

d 3 îiavTa"ki-fziq

: Tcàvx' àyetç schol. (xaXà hr\ izdvx' à'yetç,

àvTt xou àyysXXec;' inl xc5v al'ata àyY£XXdvTwv. IloXXaxiç 8è Xsye-rai xaî

xat' etptuveiav. 'Apiarocpâvr,; reiopyoi; xa! IIÀàTwv Eù6u8r[jj.w)

7:aTay£iç Phot. s. u.||6 lue) B : et TW

||e 3 raOcov t

|| 7 f^iazi ye

v

— 8 bcfoatafov om. W||

294 a 1 ïfi\ T|| 7 ecpr) Aid.

:

-çrjv ||

b ap.oX'.ç

uel ^poùxaXeaafjLrjV fortasse corruptum.

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178 ET0YAHMOS 294 b

KaXEaàu.r|v cmouSà^Eiv — ccuto tû SvTiTtàvTa ETtlaTaaSov;

OÎOV TEKTOVlKfjV Kal aKUTlK^JV ;

nàvu y

s

, I(J>t].

*H Kal v£upoppa<f>EÎv SuvaTo larov;

Kal val u.à A la KaTTUEiv, E<f>rj.

*H <al xà TotaO*ra, toùç àaTépaç ôtiôctoi Etal, Kal xfjv

&u.u.ov;

flavu yc, ^ 5' bç* eÎt' ouk av olel ô^oXoYfjaai fjfciSç ;

Kal ôKTrjaLTtTtoc;

uTioXa6cbvnp6ç Aioç, Ecf>r|, Aiovuao-

SopE, TEKU^IpuSv Tl U-Ol TOUTCDV ETTlSEl^aTOV TOIÔvSe, C»> C

EÏaou.ai 8tl àXr|8^ Xéyetov.

Tl IttlSeI^o ; Ecj>rj.

Oîa8a Eu8u8r|uovÔTi6aouc;586vTa(;E)(EL, Kal ô Eû8û8r|u.oc;

oti6ctouç au;

Oukl£,apKEÎ aoi, £(f>r),

àKoOaai 8ti TtàvTa £TuaTàu.£8a;

Mr|8ag.ôc;, f\8

S

Sç, àXXà toOto etifjjiîv yuSvov EÏnaTov

Kal Em8Ei£,aTov 8ti àXr|8f] Xéyetov Kalêàv EtTtr|Tov ônécrouç

EKaTEpoç e^el û^ov, Kal(}>alvr)a8£ y^ovteç fj^icov àpi8u.r|-

càvTcov, fj8r| TtELCT6^iE8a ûfciîv Kal TaXXa.

'HyoU^JLÉVO oCv CKOTtTECTSaL OUK fjSEXÉTrjV, àXX' &U.O- d

XoYr)aàxT]v

TtàvTa

XP^a^a £TïlcFTaa8ai,Ka8

s

iv EKaarov

êpcoxûb^Evoi utto KTrjalTrrrou.eO y<*P Kx/jaLTmoç nàvu

aTTapaKaXuTTTcoç oôSèv 8 tl ouk t^poTa teXeutÔv, Kal Ta

aïcr)(io-Ta,eI êmcrcaloBTjv' Ta Se àvSpEiéTaTa 6\i6oe fJTT^v

toiç èpoT^Liaaiv, ôlioXoyoOvteç EÎSÉvai, ôcrriEp oÎKà-npoi oî

Tipèç t^v ttXt]y^v bpôoE wSou^evol, axn3

eyg>ye Kal auT<5ç,

& KplTCDv, un' àmaTlaçfjvaYKàa8r)v

teXeutSvèpéaSat [t6v

Eô8û8t]u.ov] eI Kal op^EiaSaiETtiaTaiTO ô AiovucToSopoç* ô 8é,

nàvu, £<|>T].

C 3 Xéyetov TW : Xe^etaiov B Xéyetç Schanz|| 9 ^ai'vrjaôe TW :

çaivrjaOat B|]d 5 àvSpetdtaTov W || tj'ttjv t : êI'ttjv |j 7 ôjxdae secl.

Schanz||8 0^' owciaTiocç T et ut uidet. W (sed folii margo recisa) :

taari aç B urcaroptaç B|| tôv 6Ù0u8ï)u.ov secl. Hermann

|| e 1 ôp^eiaôat(sed eï in ras.) T.

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294 e EUTHYDÈME 179

« Mais non pas sans doute, dis-je, faire la culbute sur

des sabres *, ni tourner sur une roue, à ton âge ? ton savoir ne

va pas jusque-là ? »

a II n'est, dit-il, rien que j'ignore ».

« Est-ce d'aujourd'hui seulement, repris-je, que vous savez

tout, ou depuis toujours ? »

« Depuis toujours », dit-il.

« Quand vous étiez petits et dès votre naissance, vous

saviez tout ? »

Ils répondirent oui, d'une seule voix.

295 a Nous autres, nous trouvions le fait incroyable ; alors Euthy-dème : « Tu ne le crois pas, Socrate ? » dit-il.

« Je ne crois qu'une chose, dis-je, c'est qu'apparemmentvous êtes habiles. »

« Eh bien î reprit-il,consens à me répondre, et je me

charge de montrer que tu te reconnais toi-même ce mer-

veilleux savoir 2. »

« Ma foi !

dis-je, je suis fort aise de me voir réfuté surce point. Si, à mon insu, je suis savant, et si tu montres

que je sais tout et depuis toujours, quelle aubaine 3

plus

grande trouverais-je dans toute ma vie ? »

« Réponds donc », dit-il.

b « Je répondrai ; interroge. »

a Eh bien, Socrate, dit-il, as-tu ou non quelque savoir ?—Oui. — La cause à

laquelle

tu dois ton savoir, est-ce

parelle que tu sais, ou par une autre? — Par elle. Car tu parles

de l'âme, je suppose. N'est-ce pas ce que tu veux dire ? »

« N'as-tu pas honte, Socrate ? dit-il. Interrogé, tu inter-

roges à ton tour ? ».

« Bon, dis-je ;mais comment faire ? car 4

je me conformerai

1. Au milieu (et au-dessus) d'épées dressées la pointe en l'air. Sur

ces exercices d'acrobatie,voir

Xénophon, Banquet, II, 11 ; VII, 3).

— Pour : tourner sur une roue, voir aussi Xénophon, id., VII, 2.

2. C'est-à-dire : je te ferai reconnaître ces merveilles en nous, et

par suite en toi-même, car si la chose est vraie de nous, elle l'est de

toi, comme de tout le monde (cf. 29/i a) : tous savent tout, s'ils

savent une chose.

3. Cf. 273 e. Toutes les « trouvailles » fortuites, comme toutes les

découvertes, sont regardées comme des bienfaits d'Hermès.

l\.

Tap répondà cette idée sous-entendue :

(jete

posecette

ques-tion), parce que je me conformerai, etc.

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i 79 EÏWAHMOS 294 e

Ou 8f)TTou, fjvS

s

âyci>, Kal èç u.a^atpaç yE kuBiotov Kal

ènl Tpo)(oO SivEÎaBau tt|XlkoOto<; &v, oÎStcd Ttàppeo aocptaç

fJKEtç ;

OôSév, E$r|, o tl od\

rioxEpov Se, fjv 5' Ey&, Tràvxa vOv ^îévov âniaxaaSovfj

Kal àst;

Kai àct, ecf>rj.

Kal ote TtaiSla fjaxr|V Kal euSùç y£v6u.Evoi fttlUrt«OÔt

•nàvxa;

'EcJxxttjv a^ia àu.cf>0TÉpQ.

Kalfjfcûv (ièv amaxov eS6kei t6 Tip&y^a EÎvai' b S' 295 a

Eu8ùSrj^oc;, 'Atuctteîç, I<J>i],o ZccxpaTEç ;

nXl^v y* oti, (fjv S') Iy6, elk6ç uu.aç eotu aocf>oùç EÎvai.

S

AXX' fjv, Icf>r|, £8EXr]ar|ç u.oi àTTOKplv£a8ai, âyo etilSeI^q

Kal aè TaOTa Ta 8auu.aaTaô^ioXoyoOvTa.

'AXXà \xr\v, ^v S' èyo, fjôtara TaOxa E^£XÉyxou.aL. El yàp

toi XÉXrjSa èu.auTèv ao<pbq ov, ab Se toOto ettlSel^elc; èbç

•nàvxa ETrtarajjiai Kal tel, tl u.eî£ov Eppaiov auxoO av

EUpOlU.1 £V TtaVTl TÛ frlCO*,

'ATTOKp'lVOU Sr), £C|>T].

e

£2c; à*noKptvouu.Évou èp&Ta.b

*Ap' ouv, £c|>rj,cù ZcùKpaxEç, ETncrrf) ^icûv

tou eT?)

otï; —

"EycoyE.—

n<5x£pov ouv S etuctti^cùv eÎ, toùtco Kal ettI-

axaaai, f\ aXXcp T9 ;

— *Oi £TTtaTfju.cûv. Oîfciai yàp as xf)v

ipu)(f]v XÉyEiv f)ou toOto XéyEic; ;

Ouk QLÏoyûvEi, £<|)r|,S ZoKpaxEç; EpcùxcbjjiEVoçàvTEpcoTaç ;

EÎev, fjv S3

eyco* àXXà ticûç ttoio;

oÎîtq

yàp Tïoufjacù

6 4 SiveîaGac TW : BtviaGai B||10 r\Tzl<3ïaoQe. 7cavTa

; Hirschig :

qxfaMfc -av-a B jjpforaafc : r.i^a TW||295 a 3 (jt 8') add.

Gornarius|| âyto del. Winckelmann

|| l\ àXX' 7]v, Içtj, èôeXrîaais fiot

BW (-arjtç W) yp. t : àXXà ixrjv èàv ètxot kQiXr^ T ||5 xal aè TauTa Ta

6auij.aaTà ôuoXoyovvTaTW : xat ai TauTa Ta 0au|xaaxà B xàv aoc xauxa

xà GauaaaTa olim Schanz||

7 ab Ôs ex emend. Goislin. i55:

où8s ||

L 2 tou T : toj BW toj spec. emend. Vindob. 8.

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295 b • EUTHYDÈME 180

à tes ordres. Quand je ne saurai ce que tu demandes, m'or-

donnes-tu de répondre quand même, sans supplémentd'information ? »

c « Tu comprends sans doute, dit-il, quelque chose à mesparoles ? »

« Oui », dis-je.

« Réponds donc à ce que tu comprends. »

« Et si tu donnes, toi, tel sens à ta demande, lui dis-je,

et que moi, comprenant autrement, je règle là-dessus ma ré-

ponse, te suffit-il qu'elle soit sans rapport avec la question1? »

« A moi oui, dit-il, mais non à toi, j'imagine. »« Eh bien, par Zeus ! dis-je, je ne répondrai pas avant

d'être renseigné. »

« Tu ne répondras jamais à ce que tu comprends, dit-il,

parce que tu ne cesses de dire des sornettes, et que tes

manières sont par trop d'un autre âge2

. »

d Je sentis alors qu'il se fâchait de mes distinctions, parce

qu'il

voulait meprendre

aupiège

de ses mots 3. Et

je

me sou-

vins de Gonnos 4: lui aussi, il se fâche contre moi chaque fois

que je lui résiste; après quoi il me néglige, comme ayant la

tète dure. Or, comme j'étais bien déterminé à prendre aussi

ses leçons, je crus nécessaire de céder, de peur que, me

jugeant obtus, il ne refusât de m'accepter pour disciple. Je

e repris donc : « Eh bien, Eutbydème, si ton avis est de pro-céder ainsi, il faut le faire

;de toute façon tu sais discuter

mieux que moi ;tu es du métier, et je suis un profane.

Reprends donc ton questionnaire depuis le début. »

« Et toi tes réponses, dit-il. Dois-tu ou non ton savoir à

une cause ? — Oui, dis-je, à mon âme. »

296 a « Voilà encore, dit-il, sa réponse qui déborde la question î

Je ne demande pas, moi, à laquelle tu dois ton savoir,

mais si c'est à une cause. »

« Si j'ai encore trop répondu, dis-je, c'est faute d'édu-cation

; pardonne-moi. Je répondrai tout simplement que je

î. "E~o; : l'objet de l'entretien. Cf. jcp£c Xoyov, Prot., 35i e, etc.

1. Littér. tu es plus vieux qu'il ne faut, c'est-à-dire : par trop

radoteur (cf. 287 b). Pour àpyaîo;, cf. Hipp. min., S'jid.

3. Littér. les ayant disposés autour de moi, comme des filets de

chasse.

t\. Cf. 27a c.

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i8o ET0TAHMOS 295 b

Sttqç av ou KcXEurjç. "Otcivu.f|

eISû o tl IpcoTSç, keKzûzic;

lie Slicûç ànoKptvEaSai, âXXàLif) ETravEpéaSou ;

'YTToÀotfciBàvEu; yàp S^tioutl,

£<J>r|,

8Xsycû

; C

^EycoyE, îjv8' èyob.

ripèç toOto to'lvuv octtokplvou 8 UTToXau.6àvELÇ.

Tt oSv, e<|3rjv,av crû liev aXXr] IpQTfiç Siavooù^svoç.

èyo Se aXXr) ÛTToXa6<3, ETtEixa npèç toOto àTTOKplvoLiaL,

l^apKEÎ aoi iàv Ln-)8èv Tipèç ettoç omoicpivoLiaL ;

^E^iotyE,r\

8' 8ç# ou lievtol cto'l yE, â>q lySu.au.

Ou xolvuv Lia Aia à*noKpuvoOu.ai, r\vB

3

ày6, np6TEpov

Ttplv av nuBoLiai.

Ouk aTTOKptvEÎ, E(|)r|, Trpfcç S av âsl UTToXau.6àvrjc;, 8tl

I^cov <f>XuapEÎç icai àp^atdTEpoc; Et toO Seovtoç.

Kàycù lyvcov aux&v Stl llol ^aXETtalvoL SiaaTÉXXovtL ta d

XEy6u.Eva, (iouX6g.Ev6ç lie SrjpEOaai xà 8v6u.aTa TTEptaT^aaç.

'Av£u.vrja8r)v ouv toO Kôvvou, 8tl liol koiiceîvoç xaXETTalvEi

EKàaTOTE OTaV aÔTÔLlf) ÛTTEIKCD, ETIEITOC LLOU f|TTOV ETUU.E-

Xeîtou gSç àu.a8oGç Svxoc;' etteI Se ouv 8tEV£vo/)u.rjv Kalnapà

toOtov <J>oit&v, a>/|8rjv Selv ûtteIkelv, u.rjlie cjkcuov fjyr)CTà-

LIEVOÇ <^)OLTr|Tf]V Llf) TtpoaSÉ^OLTO. EÎTTOV OUV 'AXX' EL SoKEL

aoi, Eu8ù8r|LiE, oCtq ttoleÎv, ttoitjteov au yàp Ttàvrcoç ttou e

KaXXiov ènlaTcccrai SiocXÉyEaSai fj êya), Té^vrjv e^cov ISl&tou

àvGpoTiou. 'EpcùTa ouv TiàXiv !£ àp^ç.

'ATTOKptvou 8/j, £<f>rj, TxàXiv, néTEpov EnCCTTaaal Tcp a

ETitaTaaaifj

otf;

—"Eycoys, £<|>r|v, xfj ys ^i>xfi*

Outoç aS, £<j)r|, TcpoaaTTOKpivETaL toîç èpcoTCûLiÉvoLÇ. Ou 296 a

yàp lycoyE èpcùxco 8to, àXXs

eI ETuaTOcaau' tg>.

nXÉov a3, £«|>rjv âyo, toO Seovtoç àTt£KpivàLir|v utt6 ànai-

SEuaiaç. 'AXXà ouyytyvcoaKÉ llol* &TTOKpivo0u.ai yàp f\8r\

b 9 otjLtoç reuera BTW|| pr\ recc : ttrjv ||

C 5 ànoxsîvotiat W||6

[j.r,BÈW pro txT)8Èv ||

io oùx om. W|| àrcoxpiveï Vatic. 225, 226 :

-xpi'vei (-vrjt W) D 'jroXajj.6àvr)ç Stephanus : -veiç ||d 5 ïtzv. Zï BW :

eTcetSri Td

8t$vevo7ftir)v BW : -6vooutj.r)v T ||6 toutov

W: touxocv BT

\\

6 1 SOCttv secl. Schanz.

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296 a EUTHYDÈME 181

dois mon savoir à une cause. — Est-ce toujours, dit-il, à

cette même cause, ou tantôt à elle, et tantôt à une autre ?

—Toujours, dis-je, quand je sais, c'est grâce à elle. »

« Encore ! dit-il. Ne cesseras-tu point de parler à côté ? »

« Prenons garde pourtant que ce toujours ne nous égare. »

b « Pas nous, répondit-il, toi, peut-être. Mais réponds :

dois-tu toujours ton savoir à cette cause? — Toujours,

dis-je, puisqu'il faut retrancher quand.— Tu le dois donc

toujours à cette cause; or, puisque tu sais toujours, dois-tu

une partie de ce que tu sais à la cause de ton savoir et le reste

à une autre, ou est-ce par elle que tu sais tout ?

— Par elle,

dis-je, absolument tout ce que je sais 1. »

« Nous y voilà, dit-il;encore les paroles à côté ! »

« Eh bien, dis-je, je retire ce que je sais. »

« Ne retire rien du tout, dit-il, je ne te le demande point.

c Mais réponds-moi : pourrais-tu savoir tout en bloc, si tu

ne savais toutes choses ? »

«

Non, répondis-je, ce serait un prodige.»

Il reprit alors : « Ajoute maintenant ce que tu veux;tu

avoues tout savoir. »

« Apparemment, dis-je, si les mots ce que je sais n'ont

aucune valeur; je sais donc tout. »

« Et tu as reconnu aussi que tu sais toujours, grâce à la

cause de ton savoir, soit quand tu sais, soit autrement, à ta

guise

: car, de ton

propreaveu, tu sais

toujours

et tout à la

fois. Il est donc clair que, même enfant, tu savais, et à ta

d naissance, et quand tu as été engendré ;même avant ta propre

naissance, avant celle du ciel et de la terre, tu savais tout,

puisque tu sais toujours. Et j'ajoute, par Zeus ! quetoi-même tu sauras toujours et toutes choses, si c'est mavolonté. »

« Puisses-tu le vouloir, répondis-je, très vénéré Euthy-

i. Le sophiste veut faire dire à Socrate : je sais tout. Il glisse donc

dans son raisonnement le mot -âvia, qui a l'air innocent, signifiant

naturellement : tout ce que tu sais. Mais il entendra par là : tout ce

qu'il est possible de savoir. Socrate, qui flaire l'équivoque, veut la

prévenir par une réserve : du moins tout ce que je sais. Le sophiste s'en

irrite d'abord, puis déclare que l'addition ne le gêne pas. Il s'arrange

en effet pour que sa question : pourrais-tu savoir absolument tout ?

recouvre la mêmeéquivoque.

Il laisse Socrate libre de maintenir

son addition, mais il se garde bien de la reprendre. Dès lors, son

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181 ET0YAHMOS 296 a

àTiXoç Sxi êTctoTapotl xcp a E-ntaxaLiai. — PléxEpov, r\S' 8ç,

xcp aùiQ xoùxcp y' «xeI, f)ecttl liev £>xe xoùxcû, laxiv 8è Bxe

IxÉpcp;

—'AeI,

8xavETtlcjxcùLjLat, f^v

S'

lyo, xotixGp.Ouk au, E(f>rj,

TTauaEi T[apa<|)8EYY6u.Evoç ;

'AXX' ottcùç u.rjxi ^fiç acjjrjXr]

xà « <xeI » toOto.

O^kouvrjLiac; y'» ^l» W^" £lttep, aé.

S

AXXS

ànoKptvou* b

r)&eI xoùxcû ETïlaxaaai

;

—'Asl, f]v 8

S

£Y<*>, ETTEiSf) 8eî

oc^eXelv t6 « c>xav ». — OukoOv àsl liev xoùxcp Entcrxaaai*

oceI S'

èmaxàu-Evoç néxEpovTa u.èv xouxco ETtiaxaaai S

ETuaxaaai, xà 8' aXXcp, f) xoùxcp Tràvxa; — Touxo, IcJ>r|v

ey", aTtavxa, a y' ETrlaxaLmi.

ToOx' ekeÎvo, £<t>T]* fJKEi x8 aux8 Ttapàcj>8EYtia.S

AXXS

àcpaipâ, z<pr\v t\à> }x8 « a y' ETticrxaLiai ».

'AXXàfcir|8È Iv, £<f>r), àc|>ÉXr|c;'

oôSèv yâip aou SéoLiai..

s

AXXà lioi

àTuoKpivai*

Sùvaio av aTtavxaErciaxaaBai,

eIfcif)

c

Ttàvxa ETtiaxauo;

Tépaç yà.p avelt}, fjv 8'

ey<*>.

Kal 8ç eÎtte* npoaxUBEi xolvuvfjSr)

8 tl 3oùXei- Ttàvxa

Yàp olioXoyslc; ETtlaTaaSai.

"EoïKa, ECJjrjV EYCO, ETtEl8r)Tt£p Ye oÔSELdaV E)^EL 8\JVaLUV

to « a ETtiaxaLJiaL », TtàvTa 8è ETtiOTaLiai.

OukoOv <al àsl GùL^oXÔYriicaç ETttaTaaSau toûtcù SETtiaxa-

aai, eïte bxav ETxlaxrj eïte Ôtccûc; 3oùXei" àsl yàp a>^oX6Yr)Kaç

ETttaraaSai Kal au.a TtàvTa. Af^Xov oSv bit Kal naîç cov

^ttCotco, Kal 8t' ey^vou, Kal 8t3

Ecpûou* Kal Ttplv aôxèç d

YEvéaSai, Kal nplv oôpavov Kaly*1

v YEV£CJ^ aL ? ^tiIcjtcû

aTtavxa, EÏTtEp oleI ETtlaxaaaL. Kal val (là Ala, £c|>rj, auxèç

oieI ETiLaxfjaEt Kal a-navxa, av Iycù [SoùXcoLiai.

3

AXXà (iouXrjSEirjç, r\v8* eyco, cù TroXuxl(jir|XE Eu8ù8r|Li£,

296 a 5 a Wt||b i oùxouv B

||4 àeî 5' — Touxiu sm'cïTaaai om.

B||

5 Ta 5' TYV : a 5" B||

C 4 navxa Schleiermacher : a^avraj|

7 8y) Schleiermacher pro 8î|| 9 iTziizr^ri W pro IxUrvQ ||

d 3 âreep

W pro flctp d aùxo; corruptumexistimauerunt

plerique (auSchanz

a-36tç Ast).

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296 d EUTHYDÈME 182

dème ', si réellement tu dis vrai ! Mais je ne suis pas absolu-

ment sûr que tu en sois capable, à moins que la volonté de

ton frère, Dionysodore ici présent, ne se joigne à la tienne.

En ce cas, tu le pourras peut-être. Mais dites-moi tous deux:

e si je ne vois pas en général le moyen de contester contre

vous, dont la sagesse est si prodigieuse, le caractère universel

de mon savoir, puisque vous l'affirmez, voici pourtant des

cas particuliers : comment puis-je prétendre, Euthydème,savoir que les honnêtes gens sont injustes

2? Allons, parle : le

sais-je, oui ou non? »

a Tu le sais assurément»,

dit-il.

« Quoi? »dis-je.

« Que les honnêtes gens ne sont pas injustes. »

297 a « Parfaitement, dis-je, depuis longtemps. Mais ce n'est

pas ma question : que les honnêtes gens sont injustes, où

l'ai-jedonc appris ? »

« Nulle part », répondit Dionysodore.« Alors, repris-je, voilà une chose que je ne sais pas. »

« Tu gâtes le raisonnement, dit Euthydème à Dionyso-dore : notre homme va faire l'effet de ne pas savoir, et appa-raître à la fois savant et ignorant. » Là-dessus, Diony-sodore se mit à rougir.

« Mais toi-même, repris-je, que veux-tu dire, Euthy-b dème ? Ne donnes-tu pas raison à ton frère, lui qui sait

tout?

« Suis-je donc frère d'Euthydème 8 ? » se hâta de dire Dio-

nysodore.Et moi : « Attends, mon bon, lui dis-je, qu'Euthydème

m'ait appris comment je sais que les honnêtes gens sont

injustes : ne m'envie pas cette leçon. »

« Tu prends la fuite, Socrate, s'écria Dionysodore, et tu

refuses de répondre. »

raisonnement, fondé sur la distinction de àrcavTa et rcavxa, n'est

qu'un trompe-l'œil.

1. IIoXuTi'fxï]To; est en général une épithète appliquée aux dieux.

2. Socrate pose à son adversaire une question absurde à dessein.

Fidèle à ses conclusions, le sophiste répond affirmativement. Puis,

quand Socrate lui demande de préciser, il s'empresse— mais trop

tard — de dire le contraire.

3. Voyant son frère en danger, Dionysodore, pour faire diversion,

tente d'amorcer un nouveau sophisme.

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18a EY0YAHMOS 296 d

«t 8f) x$ Svtl àXr)8f] Xkyziç.S

AXX9

otf aoi ttAvu tuctteucù

l<avû eîvou, et\xf\

croi au^i6ouXr|8Elr) ô àS£Xcf>6ç aou oûtogI

ALovucéSopoç*o6tcû

"rayaav. Eïttetov 8é

^oi, t^v

8s

lycû

—Ta yèv yàp aXXa oôk ï.\<ù

ûu.îv ttôc; (av) à^(J>ia6r]Totr|v,e

oîîtgx; eIç ao<f)lav TEpaT&Ssaiv àv8pc£moi(;, otucoc; ou TiàvTa

ÈTT^aTa^aL, etteiSt) ufciEÎç <|>aT£— Ta 8è tokxSe tiûc; <t>S

ETtlaTaaSaL, Eu8u8rju.£, &ç ol àya8ol avSpEç aSiKol eujiv;

<J>Ép£ EiTiÉ, toOto ETttaTa^ai f)ouk ETitaTa^ai ;

'ETTiaxaaat u.évtol, E(J>r|.

Tt; ?jv

8' èyo.

"Oti ouk aStKoC Etaiv ot àya8o£.

n<xvu yE, fjv 8' Eyob, TràXai. 'AXXS

ou toOto èpoTÔ* &XX' 297 a

àç aSticol Etatv ot àyaSoi, ttoO èyà toOto EU.a8ov;

OuSa^oO, I(J>r|ô Atovua<58opoç.

Oûk apa ETïtaTau.ai, e<J>t^v,toOto èyo.

Aia<f>8£lpEi<;, £cf>r|,t&v Xoyov, o Eû8ù8r|u.oç Ttpèç xèv

AtovuaéSoùpov, Kal <|>av^aETai oÛToal ouk EmorajAEVoç, Kal

£TttaTl£

) ^icùv&u.a &v Kal àvEmcrn'iu.QV. Kal ô AiovuaéScopoç

fjpu8plaaEv.

'AXXà au, îjv 8' âyo, tioùç XÉyEiç, S Eu8û8r|HE ;où Sokeî

aot ôpBcoç àSsXcpoç XéyEtv ô tkxvt' eISqç ;b

'A8eXc|)6c; yàp, E(|)r|, àyo elu.i Eù6u8f)(Jiou, Ta)(ù unoXaBàv

ô Aiovua68copoc; ;

Kàycb eÎtiov "Eaaov, <2>ya8É, ecoç âv Eu8ù8r)^6ç^iE 8i8à£fl

a>ç ETTtora^ai toùç àyaSoùç avSpaç 8tl aSiKoi eIql, Kal\i-f)

yoi (J>8ovf)ar|<;toO ^ae^u-axoç.

4>EÙyELÇ, E(J)r),S Zci)KpaTEç, ô Aiovua68a>poç, Kal ouk

eSéXeiç àTTOKplv£a8ai.

d 6 au primit. T pro aot|| 7 aot auu.6ouÀ7]9st7] TW : aot (BouXrjOetr)

B au4u.6ouXr,6giY) Stallbaum

||8 ouxw B : odtco 8è TW

||e 1 (av) add.

Heindorf||

a où Tzavxa èKia-caixat B : où 7îàvTa èyw è^t'aTaixat T èyo>

où 7wàvxa è-taxajAatW ||3 èîtetôrj B :

è7tetô*7j ye TW ||297 b 1 àBeXçôç

Bekker :

àSeXçôç

BTW ô

àSeX^ôç

ex emend. Goislia. i55||

8 Mluç W.

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297 b EUTHYDÈME i83

« Naturellement !

repris-je : je suis inférieur à chacun de

vous; comment ne pas fuir devant vous deux ? Je suis bien

c loin de valoir Héraclès 1

,et pourtant il n'était pas capable de

soutenir la lutte à la fois contre l'hydre — une sophiste assez

habile, si l'on coupait une tète à son raisonnement, pour en

pousser plusieurs au lieu d'une — et contre certain crabe,

autre sophiste venu de la mer, et fraîchement débarqué2

,si

je ne me trompe ;celui-ci 3

l'incommodait, ainsi placé à sa

gauche, par ses propos et ses morsures;

il dut donc appelerau secours Iolaos*, son neveu 5

, qui lui porta une aide effi-

d cace. Mais mon Iolaos, à moi, [Patroclès], ne ferait, enintervenant, qu'aggraver le mal. »

« Réponds donc, dit Dionysodore, puisque c'est toi quias rabâché cette histoire. Iolaos était-il le neveu d'Héraclès

plus que le tien ? »

« Ce que j'aide mieux à faire, Dionysodore, dis-je, c'est de

te répondre. Car tu ne cesseras jamais tes questions—

j'ensuis à

peu prèssûr —

parenvie et

pour empêcher Euthv-dhème de m'enseigner ce beau secret-là. — Réponds donc,

dit-il. — Je réponds donc, dis-je, que Iolaos était le neveu

e d'Héraclès;

le mien, ce me semble, il ne l'était à aucun

degré. Car ce n'est point Patroclès, mon frère, qu'il avait

pour père, mais Iphiclès, frère d'Héraclès, un nom analogue,à vrai dire. — Et Patroclès, dit-il, est ton frère? — Parfai-

tement, dis-je, né de la même mère, mais non du même

père. — Par conséquent il est ton frère et il ne l'est point.— Pas du côté paternel, mon excellent ami, dis-je ; son pèreétait Ghérédème, et le mien Sophronisque.

— Et Sophro-

nisque, dit-il, était père, et aussi Chérédème ? — Pariaite-

298 a ment, répondis-je ;l'un était le mien, et l'autre le sien. —

Donc, dit-il, Chérédème différait du père ?— Du mien, oui,

i . Allusion au proverbe: « Héraclès lui-même ne peut rien contre

deux » (Voir Phédon, 89 c).

2. Les deux sophistes sont depuis peu revenus à Athènes.

3. Dionysodore (cf. 271 b), assis à la gauche de Socrate.

k. Apollodore, II, 5. Pendant sa lutte avec l'hydre de Lerne,

Héraclès fut attaqué par un crabe énorme, qui le mordait au pied ;

Héraclès, l'ayant tué, demanda l'aide de Iolaos, qui brûla avec des

tisons les têtes de l'hydre, pour les empêcher de repousser.

5. Iolaos avait pour père Iphiclès, qui étaitle demi-frère d'Hé-

raclès, étant né d'Amphitryon et d'Alcmène.

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i83 EY0YAHMOS 297 b

EIk6tcùç y3

,e*ttov ey<*>* î^ttcov yàp eIlu kccI toO âxÉpou

ûllqv, ôSoxe tïoXXoO Sécolit)

ou 8ûo y£ <|>EuyEiv. l"loXù yap

ttou eilkcpauXéxEpoç

xoOe

HpaKXÉouç, 8ç oôx oîéçte

îjv xfi cte uSpa 8ia^ià)(Ea8aL, aocpLaxpla oôot| Kal 8ià xf]v ao<|>lav

àviElarj, el Liiav K£(|>aXf]v xoO Àéyou xlç oittoxéliol, TioXXàç

àvxl xf^ç luôç;, Kal KapKivcp xlvI âxÉpcp aocfuaxf] ek 8aXàxxr|(;

àcfuyLlÉvcp, VEOÙOXL LLOL 80KELV KaXaTT£TrX£UK6xi' OÇ ETTElSf]

aUXÔV èXuTTEL OÎÎXCÛÇ EK ToO ETt' àpLOXEpà XÉyCùV Kal SàKVCùV,

xèv3

I6Xecov xèvàSEXcfuSoOv fiorjGèv ETtEKaXÉaaxo,

ô 8èaux£p

ucavcoç à6or|8r)a£v.eO 8' à^èç

3

I6Xecoc; [riaxpoKXfjç] eIIXSol, d

TlXÉOV CCV SdcTEpOV TTOlfjaELEV.

'ATiéKpLvai 8f|, i(pr|o ALovua68copoç, ottoxe ctol xaOxa

flLivrjxaL' TtéxEpov ôs

I6Xecoc; xoû* 'HpaKXéouç llôIXXovfjv

àSEXcfuSoOç f\ oôq ;

KpàxLaxovxolvuv

jioi,

oAtovuaéScopE, rjv

8' èy<*>, ôVno-

KplvaaBat aot. Ou yàp u.f] avflç Ipcùxôv, ct^e86v xl êyoû

xoOx3

eC oT8a, <|>6ovéùv Kal StaKcoXucùv, tva\xf\ 8i8à£rj lie

Eu8u8r|Lio<; ekelvo xo ootyév.—

'AnoKplvou Si'), e<J>r).—

'ATTOKptvoLiaL 8r), eTttov, 8xl toOe

HpaKXéouç f^v ô 'léXEoaç

àSEXcJnSouc;, ellôç S', â>q eliol Sokel, ouS' ôttoûoxloOv. Ou yàp e

riaxpoKXfjçrjv

auxco

Traxf)p,

ô eu.8ç à8EX({>6ç, àXXà Ttapa-

•nXrjo-Loc;liev xouvou.a 'I<|)lkX^ç, ô

e

HpaKXéouç à8£X<f>6ç. —riaTpoKX^ç 8é, t\

8' oç, a6ç ;

— riàvu ys

, Ecprjv èy6, olloljut|-

ipiéc; yE, ou liévxol oLLOTràxpLoç.— s

A8eX<|>8ç apa èaxl aot

Kal ouk à8£X<J>6ç.—

Oô)( éu.oTiàxpLoç yE, eo frÉXxLaxs, Icprjv

ekelvou llèv yàp XaipÉSr] lloç îjv 7iaxr)p, ELièç Se Zcoc^povt-

ctkoç.—

riaxf)p Sèfjv, I(f)r), ZcocjjpovlaKoç KalXaLpÉSrjLioç ;

— riàvu y3

, I(|>r|V o llév yE ell6ç, ô Se ekelvou. — OukoOv, 298 a

f^8

S

8ç, ETEpoc; f\v XaLpéSrjLioç xoO TTaxpéç ;

— ToulioO y',

C 3 et(x*'av

TW : sic Lti'av B|| xeçaXrjv toiï \6yov xtç à;:ox£ttot BW

(ad tou Xdyou adscr. yp. xat xou oÀou W) : xeç<xX7jv à7îOT{xr;0s''7)tou

Xdyou T j|5 ao: TW :

\ioixtvt B

j|6 £7:' àptcrrepa W ||

d i îîaxpoxXTjç

secl. Heindorf||

ioà-oxptvoaat BW

:

-xptvou(xat Tb||

e2r.xpauzkfoio;

Heindorf : --Xr^aiov TW -^XTja''ov B ||e 5 laxi B.

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298 a EUTRYDÈME 184

dis-je.— Etait-il donc père, s'il différait d'un père ? Toi,

es-tu le même que cette pierre1? — J'ai bien peur, quant à

moi, dis-je, d'apparaître le même sous ta main;

et pour-

tant je ne crois pas l'être.

— Tu diffères donc de cette

pierre? dit-il. —A coup sûr. — Si tu diffères d'une pierre,

dit-il, tu n'es donc pas pierre? Si tu diffères de l'or, tu n'es

pas or? — C'est exact. — Par conséquent, Chérédème non

plus, dit-il, s'il diffère d'un père, ne saurait être père2

.—

Il semble bien, dis-je, ne pas être père. »

b « En effet, dit Eutbydème prenant la parole, si Gbérédème

est

père,c'est évidemment le tour de

Sophronisquede ne

pas être père, puisqu'il diffère d'un père ;en sorte, Socrate,

que te voilà sans père.»

Là-dessus Gtésippe se mit de la partie : « Mais votre père,

dit-il, ne lui est-il pas arrivé aussi la même cbose ? Diffère-t-il

de mon père?— Il s'en faut bien, dit Euthydème.

— Il est

donc le même? dit-il. — Le même, certainement. — Je n'y

c puis consentir. Mais dis-moi, Euthydème : est-ce de moi

seulement qu'il est père, ou aussi des autres hommes ? —Des autres aussi, répondit-il ;

crois-tu qu'on puisse à la fois

être père et ne pas l'être? — Je le croyais, dit Ctésippe.—

Et être or, dit-il, sans être or ? ou homme sans être

homme ? — Prends garde, Euthydème, dit Gtésippe ;

comme on dit, « tu n'attaches pas le lin au lin »;tu avances

une chose bien étrange, si ton père est père de tout le

monde1

— Mais il l'est, dit l'autre. — Des hommes ? dit

Gtésippe ;ou aussi des chevaux et de tous les êtres vivants ?

— De tous, dit-il. — Et ta mère est aussi leur mère? —d Ma mère aussi. — Alors les hérissons, dit-il, ont eux aussi

ta mère pour mère — j'entends les hérissons marins. — Et

la tienne aussi, dit-il. — Et alors, toi, tu es frère des veaux,

des petits chiens 'et des cochons de lait. — Oui, car tu l'es

aussi, dit-il.

— Et de plus tu as donc aussi pour père unchien. — Oui, dit-il, toi aussi. »

i. L'article semble indiquer que Dionysodore désigne le banc de

pierre sur lequel il est assis avec Socrate. D'autres entendent : la

pierre du proverbe. Socrate craint que les questions de l'adversaire ne

le réduisent au silence;

cf. Banquet, 198 c.

2. Le sophisme consiste en ce que le mot père est considéré non

comme un attribut qui peut appartenir à plusieurs, mais comme la

caractéristique d'un individu qui, se confondant avec sa personna-

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i84 ET0YAHMOS 298 a

e4>r|v èycb.—

*Ap' oQv TtaT^p fjv ETEpoç cov TtaTpôc; ; f)au

eÎ ô auToç tco XlBcp ;

— AéSoïKa^lèv lycoy', £cf>r|v, jifj cj>avco

une aoO ô auToç* ou ^evtoi (jiol Sokco. — OukoOv ETEpoç eT,

fc|>r|,xoO XlBou

; — "ExEpoc; u.évtol. — "AXXo ti oCv ETEpoç,

f\8' ëç, côv XlBou où XiBoç eÎ

;kocI ETEpoq côv xpuaoO où

Xpua6ç eÎ;

— "Ectti TaOTa. — OukoOv Kal ô Xaipé8r|u.oç,

EC|)T], ETEpOÇ &V TtaTpÔc; OUK CXV TtaTf]p EU") .—

"EoiKEV, f]V

8* tycb, ou Ttaxf]p EÎvai.

Et yàp 8/jTiou, Ic|)r|, TtaTr)p lariv ô XaipÉSr|u.oç, xJTtoXa- b

6cbv ô Eu8ù8r|u.oc;, TtàXiv aS ô Zco<f>poviaKoc; ETEpoç côv TtaTpcx;

ou TtaTrjp èaTtv, coote au, co Ecî>KpaT£<;, àTiaTcop eÎ.

Kal ô KTrjaamoç ekSe£,(x^£vo(;,eO 8è û^ÉTEpoç, £$r|, aC

TtaTf]p ou Tctuxà TaOxa ttétiovBev; ETEpéç laTiv touu.oO

TtaTpéç ;— FloXXoO

y', E<f>rj, 8el, ô Eù8uSr|^oç.— 'AXXà,

r\8' oç, o auxéç ;

— eO auTÔç u.évtol. — Ouk âv au(i6ou-

Xolu.rjv. 'AXXàTréxEpov, co Eu8u8tju.e, e^loç u.6vov àaxl iraTfjp c

f^<al tôv aXXcov àv8pcoTicov ;

— Kal tcov aXXcov, Ecfjrj' f\olei

tov aux6v TtaxÉpa ovxa ou TtaTÉpa EÎvai;

—"fïifcirjv Sfr^Ta,

Icpriô KT^aiTmoc;.

— Tl 8e; f]

8S

8ç- ^puaov SvTa\ii] XPU_

a8v EÎvai; f\ avBpcoTtov ovTa

{fcf| avBpcoTiov ;

—Mf] yap,

Ic|)r|ô KTrjCTiTtTioc;,

co EuBuSrniE* t6 XEyo^iEvov, ou Xtvov

Xlvcp auvocTiTEtç" Seivôv yàp XéyEiç TTpay^a, ei ô aôç naTfjp

ttcxvtcov eqtIv Traxrjp.— 'AXX

S

laTiv, £<J>r|.— H6te-

pov àvBpcoTTcov ; fj8' 8ç ô KTrjaiTrnoc;, fj

Kal timcov Kal tcov

aXXcov TidvTcov £ci>cov ;—

nàvxcov, êcj>r|.— *H Kal

u.f)TT]p f\d

fcif)Tr)p ;

— Kalf\ fcrf)TT]p y£.

— Kal tcov ê^lvcov apa, êc|>r| ,

f\ af) nr)TT]p tir)TT]pèaxl tcov BaXaTTicov. — Kal

f) or) y',

£<f>r). — Kal au apa cx8eXc|>oc; eÎ tcov fioiSlcov Kal Kuvaplcov

Kal )(OLpi8lcov.— Kal yàp au, £Cj>r|.

— Kal Tipèç apa aoi

naTr]p eotl Kal kùcov. — Kal yàp aol, Ecj>r).

298 a 6 àXXo zi T : àXX' 8ti BW|| 9 av umv^p iti)

T : àv r^ax^p

ècîTiv B ^axr^p eaxtv W||b 1 Iotj W :

-cpïjvBT

||C 1 [aovov Stepha-

nus : -voç ||d I

[AriTr

lp ^1 ^^7)0 W :jit{t7)P {A7JTr,p

BT||

a êçtj apa WIl

l\ |joi8''a>v B : xw6ta>v T totBicov W (;wv xo6iwv in marg.) ||6

xutov

W pro xaî xutov||

aol TW: crû B.

V. 1. - 18

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298 d EUTHYDÈME i85

a A l'instant, dit Dionysodore, si tu veux me répondre,

Ctésippe, tu vas en convenir 1. Dis-moi en effet : tu as un

chien? — Oui, et très mauvais, dit Ctésippe.— A-t-il des

e petits?— Oui, dit-il, et tout aussi mauvais. — Ainsi, le chienest leur père?

— Je l'ai vu de mes yeux, dit-il, couvrir la

chienne. — Eh bien, ce chien n'est-il pas à toi ? — Parfai-

tement, dit-il. — Ainsi donc, il est père et à toi2

, de sorte

que ce chien est ton père, et que tu es, toi, frère des petits

chiens ? »

Et Dionysodore se hâta de reprendre la parole, pour ne

pas être prévenu par Ctésippe: «

Encore un mot de réponse,dit-il

;bats-tu ce chien-là ? » Ctésippe se mit à rire : « Oui,

par les dieux, dit-il, faute de pouvoir te battre. — C'est

donc ton propre père, dit-il, que tu bats? »

299 a « J'agirais certes bien plus justement, dit-il, en battant

votre père, pour avoir eu l'idée de mettre au monde des fils

si savants. Mais à coup sûr, Euthydème, ce savoir que vous

montrez a valu des biens nombreux aupère qui

est le vôtre

et celui des petits chiens. »

« Mais des biens nombreux, Ctésippe, ne sont nullement

nécessaires ni à lui ni à toi . »

« Ni à toi-même, dit-il, Euthydème ? »

b « Ni à aucun autre homme. Dis-moi en effet, Ctésippe :

est-ce à ton avis un bien pour un malade, ou n'en est-ce pas

un, de boire un remède quand il en a besoin? ou, quandon part en guerre, d'y aller avec des armes, plutôt quedésarmé? — C'est mon avis, dit-il. Je soupçonne pourtant

que tu vas dire quelque merveille. — Tu le sauras le mieux

du monde, dit-il, mais réponds. Puisque c'est un bien pour

Thomme, tu en convenais, de boire un remède quand il en a

besoin, n'est-il pas vrai que ce bien-là, il faut en absorber la

plus grande quantité possible, et qu'il sera bon en ce cas de

broyer, pour l'y mêler, une charretée d'ellébore ?

— Abso-

lité, ne saurait se retrouver chez un autre. On le voit bien, plus bas

(298 c), par l'exemple de Vor. Et Ctésippe aura raison de répondre à

son adversaire qu'il n'attache pas le lin au lin, c'est-à-dire qu'il réunit

des choses qui ne vont pas ensemble.

1. Que tu as pour père un chien, comme vient de le dire Euthy-dème.

a. Ce sophisme se fonde sur le sens absolu donné au mot go;, ce

qui permet de le rapporter tour à tour à xjcov et à Tza.Trtc.

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i85 Er@YAHMOS 298 d

AuTLKa 8é y£, T S' Bç o AiovuaoScopoç, &v llol ànoKplvr|,

S> KTrjaLTTTis, ÔLAoXoyrjaELÇ TaOxa. EÎtie y<4p jioi, eotl aot

kûcov ;

— Kocl LiàXa TTovn,p6ç, Icprj ô KTrjanrnoç. — "EaTLVoîSv autS KUvtSta

;— Kal LiaX', êcf»rj , Ixspa xotaOTa. — e

OukoOv TiaTr)p laxLV ocutqv ô kucov;

—"EycoyÉ tol eÎSov,

c<f>r) ,auxov ôxEÙovTa Tfjv KÙva. — Tl oSv

;ou aàç ecjtiv ô

kùoùv;

— nàvu y3

, £(f>r|.— OukoOv Tcaxfjp ôv aoç èaTLV,

&ax£ abçTtaxfjp ylyvETaL ô kucdv Kal au Kuvaplov à8£X(f>6ç ;

Kai auSiç iayy ÛTïoXa6à>v ô AtovuaoScùpoç, ïva u.f)

TTpOTEp6v TL ELTTOL Ô KTrjanTTtOÇ, Kal ETL yÉ LLOL LUKpOV, E^T],

àTioKptvaL- tutitelç x&v KÙva toOtov;

— Kal ô KTrjaiTrnoç;

yEXàaaç, Nr) toùç 8eoùç, E^rj' ou yàp Suvau.at as. —OukoOv tov aauxoO TiaTÉpa, E<pr), tutitelç ;

rioXù ljlévtol, £cf>r), StKaLOTEpov (ofcv)tov uu.ÉTEpov ira- 299a

TÉpa TUTTTOLLU,8 TL U.a8oV

aO<|)OÙÇ ÛELÇ OUTCÙÇ £(f>Ua£V.'AXX*

r\ Ttou, a Eu8u8t]lie [ô KxrjaLTtTToç], ttoXX3

àyaSà cmb i?\q

ûu.ETÉpaç oo(pi<xc; TaÛTrjç ànoXÉXauKEV ô naT^p ô uu.ÉT£poç

TE Kal TOÛV KUVlSlcùV.

'AXX' ouSèv SEÎxai ttoXXqv àya8cov, o KTrjaLTrnE, out9

ekeîvoç oOte au.

OuSeau, îj

S3

oç,S

Eu8uSr| u.e, aux6ç;

OuSè aXXoç yE ouSeIç àv8pamcùv. Etnè yàp laoi, o Kxfj-

aiTTTiE, eI àya86v volUc^elç EÎvaL àa8Evo0vTL cpàpLiaKov tuelv b

f\ouk àya86v EÎvaL ôokel aoL, OTav SÉrjTaL' fj eIç ttoXellov

bxavïr|,

cSîiXa I^ovxa u-fiXXov lÉvaLf\

avoîiXov. — "Ellolye,

M.tyr\.KatxoL oÎLiai tl oe tcùv KaX&v IpEÎv.

— Zù apLaTa

EÏaEL,Ecf>r|*

àXX'

aTtoKptvou.'EtcelSi

1

]

yàp oLioXéYELÇ àya86vEÎvaL <|>àpu.aKov, oxav SÉrj, tt'lvelv àySpamcp, aXXo tl toOto

t6 àya86v â>ç tiXelotov SelttIvelv, Kal KaXûç ekel e£el, èàv

tlç auTco Tplipaç âyKEpàarj IXX£6ôpou au.a^av ;— Kal ô

6 9 yeXcba? TW : yeXai ? B||299 a i (5v> add. Ast

||3 ô y.xr[oir.noi

secl. Schanz|j

5 twv W : ô tûv BT|jb 3 v!r\ primit. W pro uj |{

6 aWô'-ct codd.

||

touto tô otyaOôv Paris. 1808:

touto àyaôèv J|

7 èxeï del. Heindorf èxstvo; Schanz||8 aùxto B : -xà TW.

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299 b EUTHYDÈME 186

lument, dit Ctésippe, pourvu que le buveur ait la taille de la

c statue de DelphesL.— De même aussi dans la guerre, dit-il,

puisque c'est un bien d'avoir des armes, il faut avoir le plus

possible de lances et de boucliers, s'il est vrai que ce soit unbien ? — Naturellement, dit Ctésippe; et toi, ne le crois-tu

pas, Euthydème ? te contenterais-tu d'un bouclier et d'une

lance? — Oui. — Et Géryon, dit-il, et Briarée, est-ce ainsi

que tu les armerais? Pour ma part, je te croyais plus habile,

toi un professionnel du combat en armes, ainsi que ton

compagnon ! »

d

Euthydèmese tut

;mais

Dionysodore,revenant aux

réponses précédentes de Ctésippe, lui demanda : « Et de l'or,

te paraît-il bon d'en avoir ? — Parfaitement, et même beau-

coup, dit Ctésippe.— Eh bien, de bonnes choses, ne crois-tu

pas qu'il faut en avoir toujours et partout ? — Certaine-

ment, dit-il. — Et l'or est une bonne chose, tu en conviens ?

— J'en suis déjà convenu, dit-il. — Il faut donc l'avoir

toujours et partout et le plus possible sur soi ? Et l'on serait

e au comble du bonheur avec trois talents d'or dans le ventre,

un talent dans le crâne, et un statère d'or dans chaque œil ?

— On conte en tout cas, Euthydème, repartit Ctésippe, queles Scythes les plus heureux et les meilleurs sont ceux quiont de l'or, beaucoup d'or dans leurs crânes 2

,selon le rai-

sonnement qui te faisait dire tout à l'heure que le chien était

mon père ;chose plus étonnante encore, qu'ils boivent dans

leurs crânes ornés d'or, et qu'ils en regardent l'intérieur, entenant dans leurs mains le sommet de leur tête. »

300 a « Les Scythes et les autres hommes, dit Euthydème, voient-

ils ce qui est susceptible de vue ou ce qui n'en est pas suscep-

tible ? — Ce qui en est susceptible, évidemment.— Toi aussi,

par conséquent? dit-il. — Moi aussi. — Tu vois nos man-teaux? — Oui. — Ils sont donc susceptibles de voir. —Merveilleusement, dit Ctésippe. — Quoi ? dit l'autre.

—Rien. Toi, tu leur refuses peut-être la vue : tant tu es déli-

i. Comme veut bien me le faire savoir mon savant collègueM. E. Bourguet, il s'agit presque sûrement de la statue d'Apollondédiée par les Grecs après Salamine (Pausanias, X, i/J, 3). D'aprèsHérodote (VIII, 121) elle mesurait douze coudées de haut (plus de

5m ,5o). Elle devait s'élever devant la façade orientale du temple, tout

près et probablement un peu à l'ouest des bases de Gélon.

2. Voir Hérodote, IV, 65 : « les Scythes ont l'habitude de se

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186 EY0YAHMOS 299 b

KxrjaLTTTïoç eTttev ndvu ye acpéSpa, S EuSùSrjLiE, èàvf\ yE

o ttlvcùv oaoç ô àvSpiàç ô èv AeX<J>oÎc;.— OukoOv, £4>r|,

Kal C

ev xû ttoXellcù ETTeiSf) àya86v èaxiv oTiXa £Xeiv > &Ç TiXciaxa

Sel exeiv Sôpaxà te Kal àaniSac;, ETtELSrjTTEp àya86v ectxlv;

— MàXa Si^ttou, êcf>r)ô Kx/iaLTmoç* au 8

S

ouk olel, S Eu8u-

SrjLiE, àXXà u.lav Kal Iv 8<5pu ;

—^EycoyE.

— *H Kal t6v

r~T]pu6vr)v av, e<J>t],Kal xèv BpiàpEcov oîJxcoç au ÔTtXlaaiq ;

lyà> 8È &u.r)v aè Selvoxepov EÎvai, Ste ÔTiXou.à)(r)v ovxa, Kal

xovSe x6v ixaîpov.

Kal ôljièv Eû8ù8r|LLOç EalyrjaEV ô Se ALOvuadSapoc; Ttpoç

Ta TTpÔXEpOV àTTOKEKpLLLEVa XÔ Kx^aiTlTtO fjpEXO, OuKoGv Kal d

Xpuaiov, ?\8' 8ç, àya8ov Sokel aoL Etvat E)(Eiv ;

—riàvu,

Kal xaOxa yE ttoXù, I<f>rjô KxrjaLTrnoç.

— Tl oCv; àya8à

ou Sokel aot xp^vau àsl td

e^elv Kal TravTa^oO ;

—Z<f>68pa

y', £<})r).— OukoOv Kal to ^pualov àya8àv ÔLLoXoyEÎç EÎvai;

—e

n^oX6yT]Ka llev ouv, f\S' bç. — OukoOv <xeI Sel aux6

e^elv Kal TtavTaxoO Kal oùç LiaXiaxa ev èauxcp ;Kal

EÏrjav

EuSaLLiovéaraxoç el e^ol ^pualou u.èv xpla xàXavxa evxf]

e

yaaxpl, xàXavxov S3

ev xcû Kpavtcp, axaxf]pa Se ^puaoO ev

EKaxépcp xa><^8aXLLÛ ;

— <t>aal yE ouv, où EuSùSrjLiE, ec[>t]

ô KxrjaLTrnoç, xoûxouç EuSaLLiovEaxàxouçEtvaL ZkuScov Kal

àplaxouç avSpaç, ol ^pualov xe ev xolç KpavtoLÇ I^ouaLV

ttoXù xoîç éauxôov, cooTtEp au vGv8f] eXeyeç xov KÙva xèv

TtaxÉpa, Kal 8 8auu.aaL<£>XEp6v yE exl, oxl Kal TtlvouaLV ek

xoov èauxcov Kpavuov K£)(puacûu.£vcDV, Kal xaOxa evxSç Ka8o-

pôaLV, xfjv êauxoov Kopucprjv iv xaîç yzpolv exovxeç.

ri6xEpov 8è ôpcoCTLv, E<f>rjô Eù8ù8r)Lioç, Kal ZKÙ8aL ys Kal 300 a

ot ocXXol avSpcoTTOL xà Suvaxà ôpfiv f) xà àSùvaxa ; — TaSuvaxà SrjTtou.

— OukoOv Kal au, £G}>r| ;—

Kàyco.— e

Op$ÇoSv xà ^LiÉXEpa LLiàxLa

;

— Nat. — Auvaxà oSv ôpav èaxiv

xaOxa. — 'YTtEpcpucùc;, tt<pr\o KxrjaLTTTtoc;.

— Tl Se; r)

Ss

C 1 ouoç BW : ô aôç T||

5 8opu damn. Stallbaum||d 4 */.P^

vat

Badham : ^prJjxaTa jj6 wLLoXdyYixa txèv Serranus :

ù)\io\o'p\y.<x[uv \\

300 a 1 y5 Sauppe : xc.

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300 a EUTHYDÈME 187

cieux ! Mais tu m'as l'air, Euthydème, d'être endormi tout

éveillé, et, s'il est possible de parler sans rien dire, d'être

justement en train de le faire. »

b « N'est-il donc pas possible, demanda Dionysodore, de

joindre la parole au mutisme 1? — En aucune façon, répon-

dit Gtésippe.— Ni le mutisme à la parole ? — Encore

moins, dit-il. — Quand tu parles de pierres, de bois et de

morceaux de fer, n'appliques-tu donc pas la parole à des

choses muettes? — Pas si je passe, dit-il, auprès d'eux dans les

forges ;le fer prend une voix, dit-on, et crie très fort, si on le

touche. Ainsi ton habileté t'a empêché de voir que tu parlais

pour rien. Mais venez-en au second point, et montrez-moi

comment il est possible de joindre le mutisme à la parole.»

Et Gtésippe, me sembla-t-il, s'escrimait de plus belle à

c cause de son bien-aimé.

« Quand tu es muet, dit Euthydème, ne l'es-tu pas sur

toutes choses ? — Oui, répondit l'autre. — Tu es donc muet

sur cellesqui parlent, puisqu'elles font partie

detoutes

choses ? — Comment ? dit Gtésippe, ne sont-elles pas toutes

muettes? — Evidemment non, dit Euthydème. —Mais alors,

excellent Euthydème, elles parlent toutes ? — Du moins, sans

doute, celles qui parlent.— Ce n'est pas ma question, dit

l'autre; je demande si toutes sont muettes ou parlent. »

« Ni l'un ni l'autre et les deux ensemble, dit Dionysodore,d saisissant la

parole: je

suis bien sûr

que

de cette réponse tu

ne sauras rien tirer. »

Là-dessus Gtésippe, à son habitude, fit un immense éclat

de rire : « Euthydème, dit-il, ton frère a répondu pour et

contre 2;le voilà perdu, et sa défaite consommée ! » Clinias,

au comble de la joie, se mit à rire, si bien que Gtésippe en

servir des crânes de leurs ennemis pour en faire des coupes. Les

riches en font dorer l'intérieur ».

L'équivoque portesur le double

sens de éauxtov (leurs crânes).

1. Le sophiste va encore jouer sur le double sens de aiywvToc

Xeysiv : parler en se taisant, parler de choses gui se taisent.

2. Le mot s'appliquait proprement aux énigmes (ypiooi) que les

Grecs se proposaient après le repas, et où ils réunissaient des termes

en apparence contradictoires. Ctésippe triomphe d'autant plus qu'il

peut faire à Dionysodore le reproche qu'Euthydème adressait déjà à

son frère

(297 a),

en le blâmant d'attribuer à Socrate deux qualités

inconciliables.

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187 ET0YAHMOS 300 a

8ç. — MrçSÉv. Zù Se ïacoç oôk olel auTa ôpav oîÎTCDçfjSùç

EL. 'AXXà LIOL 80KEÎÇ, Eu8û8r)UE, OU KOt9E\jScOV ETUKEKOLL^fj-

aGat Kai, (eI) oÎ6v te XéyovTa Lir|8Èv XÉyEiv, Kai au toOtoTTOLELV.

*H yàp 0UX °^v T'> ^T ° ALovua6Scopoç, CTiycovxa b

XéyEiv ;

— Ou8s

ÔTicoaTioOv, rj8' oç ô KTrjamTioc;.

—*Ap'

oôSè XÉyovTa atySv ;

— "Etl ?jttov, E$r).— "Oxav oSv

Xl8ouç Xéyrjc; ical £ùXa Kai atS^pta, ou aiycûVTa XéyELÇ ;

—OÔkouv el

yE lya), £<f>r), 7TapÉp)(ou.aLlv

tolçxcxXkelolc;,àXXà

<f>8Eyy6Li£va Kai frocovTa uéyLaTov Ta aiS^pLa XÉyETaL, èàv

tlç avpT^TaL- <SaTE toOto uèv utto aocf/Laç IXaSEÇ ouSèv eIttoùv.

SAXX' ETL LLOL Tè ETEpOV ETuSEL^aTOV , OTTCOÇ OU EOTLV XÉyOVTa

aLyav.

Kai llol e86kel uTTEpaycùVLav ô Kt/joltittoç hià Ta TtaLSLKa. C

"Oxavaiyôç, e.q>r)

oEû8ùSt]lloç,

ou TtàvTaaLySç;

—"EyoyE, f\

S' oç. — OukoOv Kai Ta XéyovTa tfLy&ç, EÏTTEp

toùv àTidvTcov ecttIv [xà X£y6uEva].— Tt 8é

; £(f>r)ô Kt/|-

clttttoç, où aLyfi TtdvTa;

— Ou Stjttou, s^rj ô Eu8ùSr|u.oç.

— 'AXX3

apa, S &éXtlote, XéyEL xà TïàvTa;

— Ta yE SrjTtou

XéyovTa.—

'AXXà, f\S

3

oç, ou toOto èpcoT©, àXXà Ta TïàvTa

aLyfi f\ XéyEL;

OuSÉTEpa Kalàu.c}>6TEpa, è<|>r) ûcpapTTàaaç ô ALOvuadScùpoç* d

eu yàp oîSa otl t^ àTTOKptaEL oô)( e^elç 8 tl XPÎÎ-

Kai ô KTrjaLTtTtoç, qottepeloùSel, LiÉya Tiàvu avaKayxàaaç,

*0 Eu8u8r)LiE, 1$!}, oà8EX<J>6c; aou eE^llc^otéplkev t6v

Xéyov, Kai àTtôXcoXÉ te Kai f^TTrjTaL. Kai ô KXELvlaç Ttàvu

i\oBr\Kai

èyÉXaaEv,

<SaT£ ô KTfjaLTTTtoc;èyÉvETo

ttXelovf)

a 6 ctù — 7 si Gtesippo primus tribuit Heusde||

aùxot ôpav BW :

ôpav aùxà T|| 7 £7:txexoi[jL7)a6ai corr. Paris. 1808 : -fJtaaGai ||

8 e?

add. Stephanus ||b 2 0; ô T : ô BW

||5 oùxouv B

||1? Ts W :

f, ye B

Tjt ye T 7) ye Winckelmann a y' Badham|| -/aÀxsio'.ç W yaXxiot; B

yaXxtoi; T ||c 4 f* XeyotAeva secl. Schanz Ta Xsyovxa prop. Stephanus

Il

d 2 ypr' codd. || 3 àvaxayy àaaç W:

-xay/âaaç B -xxa/jxaaç T[j

5 ^TTTjTai B : -aai TW||6 wareTW : -Xtû B.

'

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300 d EUTHYDÈME 188

devint au moins dix fois plus grand. C'est de leur proprebouche que mon coquin de Gtésippe avait recueilli ces fines-

ses;car en dehors d'eux pareil talent n'appartient aujourd'hui

à personne,e Je dis alors : « Pourquoi ris-tu, Ciinias, de choses si

sérieuses et si belles ? »

« As-tu donc, Socrate, jamais vu une belle chose ? » dit

Dionysodore.« Oui, répondis-je, et même plusieurs, Dionysodore. »

301 a « Différentes du beau, ou se confondant avec lui ? »

Moi,l'embarras

memit alors dans tous mes

états,et

je mecrus justement puni d'avoir ouvert la bouche. Je répondis

pourtant : ce Elles diffèrent du beau en soi;néanmoins cha-

cune d'elles s'accompagne d'une certaine beauté. »

« Donc, s'il se trouve un bœuf auprès de toi, dit-il, tu es

bœuf 1

,et parce qu'en ce moment je suis à tes côtés, tu es

Dionysodore ? »

« Ne blasphème pas ainsi !

2 » répondis-je.« Mais comment une chose, si elle est accompagnée d'une

autre, pourrait-elle être autre? »

b « C'est cela, dis-je, qui t'embarrasse?» Et déjà j'essayais pourmon compte d'imiter la science de nos gens, car elle fai-

sait mon envie.

« Gomment ne pas être embarrassé, dit-il, moi commetout le monde, devant ce qui n'est point? »

« Qu'est-ce à dire, Dionysodore ? demandai-je, le beaun'est-il pas beau, et le laid n'est-il pas laid ? — Si c'est mon

avis, dit-il. — Eh bien, est-ce ton avis ? — Parfaitement,

dit-il. — Le même est aussi le même, et l'autre est autre ?

c Car l'autre n'est évidemment pas le même 3;et pour moi, je

n'eusse pas cru un enfant capable de douter que l'autre fût

autre. Mais c'est un point, Dionysodore, que tu as négligé

à dessein, car pour le reste vous me semblez pareils aux

i. Est-ce une allusion à la théorie des Formes, et une parodie des

sarcasmes d'Antisthène contre cette théorie ? (Cf. Notice, p. 129).

2. Socrate veut dire qu'il est sacrilège de l'assimiler, lui un

ignorant, à un homme d'une sagesse aussi divine que Dionysodore.3. Dionysodore a dit qu'une chose ne peut, au voisinage d'une

autre, devenir autre (qu'elle n'est). A l'exemple des deux sophistes,

Socrate joue sur le sens de autre. Il répond que l'autre est autre

(qu'autre chose), c'est-à-dire : est ce qu'il est.

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188 EY0YAHMOS 300 d

SeKaTxXàatoc;.eO 8é u.01 TTavoOpyoç £>v b KTf)amTtoç nap

3

auxôv toùtgùv auTa TaOxa Trapr)Kr)K6Ei* ou y<4p eotiv aXXov

TOLauxr) ao<J>la

tcùv vOvàvBpcoTtcùv.

Kàyà> eÎttov Tt yEXSç, " KXEiv'ia, ènl onouSaloiç oôtco e

Ttpàyu.aaiv Kal «xXoîç ;

Zù yàpfjSr) tl ttcottote eÎSeç, & Z&KpctTEç, koXov Tipay^a ;

ecprjô Aiovua68opoç.

"EyoyE, £<|>T]v,Kai TioXXà ye, a> Aiovua68copE.

*Apa Exepa

ovxa toO KaXoO, êcf>rj, f\xaùxà tS KaX&

; 301 a

Kàyà ev Travxl èyEv6^T]v \>tt8 àTtoplaç, icalf)yo\3^ir|v

5'iKaia ttettovOévou 8ti lypu^a, S^cùç Se ETEpa I(J>T]vaÙToO

yE toO KaXoO* ndtpEaTLV ^iévtol EKocaTcp aôxcov KaXXoç TL.

'Eàv o3v, £t|>T], TxapayÉvrjTat aoi 3o0ç, fioOç eT, Kal 8ti

vOv lyo ctol TtàpEiLu, Aiovua68copoç eT;

Eu^fj^iEL to0t6 y£, fjv S' âyo.

'AXXà Ttva Tpénov, Ecprj, ETÉpou ÉTÉpcp TnapayEvo^Évou

Tè ETEpOV ETEpOV SvEÏT] ;

*Apa toOto, e<|>t]v Eycb, àTropEÎç ; "HSrj 8' I8la toîv b

âvSpotv xf)v ao<|Hav ETtsxEipouv fcu^EÎaSai, &te etclGu^ûûv

auTfjç.

nôç yàp oùk oVnopô, ëcf>r| ,Kal èyo ical ot aXXoi &TiavT£ç

avSpcûTioL S\xr\

laTi;

Tt XÉyEtç, îjv 8'lyci),

co Aiovua68copE ;oô to kocXôv koX6v

ecttiv Kal to aîa)(p8v alo^pôv ;

— 'Eàv I^oiys, £(f>rj, SoKfj.

— OukoOv Sokeî;

— riàvuy', Ecprj.

— OûkoOv ical t6 Taô-

tov TauTcv Kal to ETEpov ETEpov ;où yàp 8r)Ttou t6 y£ ete-

pov TauT6v, àXX' lycoyE oûS' av TtaîSa &(iT]v toOto dcTTopfjaat, c

WÇ OU TO ETEpOV £T£p<$V EOTLV. 'AXX', S Aiovua68cûp£, toOto

pèv ekov napfJKac;, etteI Ta aXXa ^ot SokeÎte, &cm£p ot

d 7 ô*e txo: (yp. ô ô"' Èo"dxet utot are T) : S' olaai Badham||8 rapa-

xrjxdet W : HDapc&t BTj|

e 3 slosç Wt : l'Ô- BT|j

4 ô supra uers'. T£ 01

301 b i ô' îSi'a -otv àvopoiv Schanz : 5ià Ttov àvôpàiv B 8tà twv

0'.

àv5pc5v W oï toîv àvôpoiv T ||C 3 £7:e! Ta Gornarius : Imna

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301 c EUTHYDÈME 189

artisans dans la qualité d'ouvrage qui leur convient : vous,

c'est la discussion, et vous vous en acquittez à merveille. »

« Tu sais donc, dit-il, ce qui convient à chaque catégorie

d'artisans? Et d'abord, à qui convient-il de forger 1 ? le

sais-tu? — Oui, au forgeron.— Et de façonner l'argile?—

Au potier.— Et d'égorger, d'écorcher, de mettre la viande

en menus morceaux pour la faire bouillir et rôtir? — Aud cuisinier, dis-je.

— Si l'on fait ce qui convient, dit-il, on

fera bien ? — Certainement. — Or, ce qui convient au cui-

sinier, dis-tu, c'est la mise en morceaux et l'écorchement ?

l'as-tu admis, oui ou non ?

— Je l'ai admis, dis-je, maispardonne-moi. — Il est donc clair, dit-il, qu'en égor-

geant le cuisinier et en le mettant en morceaux pour le faire

bouillir et rôtir, on fera ce qui convient;

et que, si l'on

forge le forgeron en personne, si l'on façonne le potier, là

encore on agira convenablement. »

e « Poséidon ! dis-je, voici que tu mets le couronnement

à ta science. Me sera-t-elle donnée unjour pour

m'appar-tenir en propre ? »

« La reconnaîtrais-tu, Socrate, dit-il, si elle t'était deve-

nue propre? »

« A condition que tu le veuilles 2, répondis-je, évidem-

ment. »

« Et ce qui est à toi, dit-il, tu crois le connaître ? »

« Sauf avis contraire de ta part ;car c'est par toi qu'il

faut commencer, pour finir par Euthydème ici présent3 . »

a Considères-tu comme à toi, dit-il, ce qui est sous tes

302 a ordres et dont tu peux disposer à ta guise ? Par exemple, un

bœuf et un mouton, les regarderais-tu comme à toi, si tu

pouvais les vendre, les donner, les sacrifier à tel dieu qu'il

te plairait ? Et ce qui n'est pas dans ce cas, tu ne le crois

pas à toi? »

1. En grec, le tour est amphibologique, puisque Ttva peut être

soit un singulier masculin, sujet de yaXxeyé:v, soit un accusatif plu-

riel neutre, complément de l'infinitif. Cf. Notice, p. 12^.

a. Allusion ironique à 296 d (« si je veux »). Cf. 3oi b (« si c'est

mon avis »).

3. Socrate qui, à plusieurs reprises, a affecté de traiter les deux

sophistes comme des divinités, se sert de la formule employée par les

poètes quand

ils s'apprêtent à célébrer un dieu. Cf. Théocrite, XVII,

1 : « Commençons par Zeus, et finissez par Zeus, Muses... ».

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189 EY0YAHMOS 301 c

SrjLuoupyol oîç eKacrra TrpoarjKEi ànEpyà£Ea8ai, Kal ûlieîc;

t6 SiaXÉyEaSai TrayKaXcoç àTTEpyat^EaSai.

OîaBa ouv, ecjjr),8 TinpoafjKsi EKaaToiç tcov

8r| Luoupycùv ;

TtpcùTov TLvot xaXKEUEiv TTpoorjKEi, otaSa; — "EycoyE* 8ti

XaX<Éa.— TiSè KEpa^iEÙEtv ;

—KEpaLiÉa.

— TC Se acfxxT-

teiv te Kal EKSépEtv <al Ta LUKpà Kpéa KaTaKÔipavTa ElpElV

Kal otttSv;

—MàyEipov, fjv 8'

Ey<£>.— OukoOv èàv tiç, d

E<pr), là TTpoaf|KovTa TrpaTTrj, ÔpScoç Ttpà^Ei ;

— MàXiaxa.

—ripoafjKEL 8é yE, a>ç <|>()c;,

tov LKxyEipov KaTaKOTTTEiv Kal

EKSépEiv ; <5>jioX6yr|aac; TaOTa f\otf

; —c

0^oX6yr]aa, i<{>r|v,

àXXà auyyva>^T]v liole^e.—

Af]Xov to'ivuv, r\8' oç, 8tio:vtiç

a<J>àE,aç t6v LiàyEipov Kal KaTaKÔi|;aç Êipf)OT|Kal 0TtTr]0T), Ta

TTpoarjKovxa TToif|a£i* Kal làv tov ^aXKéa tiç aùxbv xaXKEÛr)

Kal tov KEpajiÉa KspaLtEijr] ,Kal oStoç Ta Ttpoar) KovTa Ttpà^Ei.

*fl n6aEi8ov, f^v 8' èya), fjSrj KoXocpûva ÉmTi8r|ç t?\ e

aocj/ia. *Apà pot ttote auTrj TtapayEvf]aETai gSote liol oiKEia

yEvÉaBai ;

'ETuyvolr)Ç av auTrjv, o Z&KpaTEÇ, ëcj>r|,oiKEiav yEvo-

liev^v ;

'Eàv <rb ys (ioùXp, I<|>r|V lyo, SfjXov 8ti.

Ti Se, t\8

3

8ç, Ta aauToO oïel yiyvcbaKEiv ;

Ellit)

tl au aXXo XéyEiç' ànè aoO yàp 8sî ccp)(Ea8ai,

teXeut&v S3

elç Eu8ù8r|Liov t6v8e.

*Aps

ouv, Icj)^,TaOTa f|y£Î aà EÎvai, «v av apE,r)ç Kal

è^r\ aoi auToîç xpf]a8ai 8 tl av 3ouXrj ;otov ftoOç Kal Ttp6- 302 a

6aTov, aps

ôtv f^yoîo TaOTa aà EÎvai, a aoi e^eît) Kal oVïto-

86a8ai Kal SoOvai Kal 80aai 8tg> [ioûXoio 8ecûv;a 8' av

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outcoç z\r\, oô aà ;

C k in SrjU'.oupyolin ras.

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<j[itxpà Ta zpsa Winckelmann|| é^éiv codd.

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Tjyr;tocutoc W

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a TjyoïT : f^ot Sxav B TjyoTo t' àv W

|| èÇeir) W :

eÇeir t T àÇst fjB.

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302 a EUTHYDÈME 190

Moi, certain qu'il allait en surgir quelque merveille, et

désireux en même temps de l'entendre au plus vite : « Par-

faitement, répondis-je, il en est ainsi;les choses de ce genre

sont seules à moi. — Et le nom d'animal, dit-il, ne le

b donnes-tu pas à ce qui a vie? — Oui, dis-je.— Et parmi

les animaux, tu ne reconnais comme à toi que ceux dont tu

as la liberté de faire tout ce que je viens de dire? — D'ac-

cord. » 11 fit une pause, par pure feinte, comme s'il se livrait

à quelque réflexion d'importance : « Dis-moi, Socrate,

reprit-il, as-tu un Zeus ancestral ? » Moi, soupçonnant quel'entretien allait aboutir à ce qui en fut la conclusion *, je memis à tenter, pour fuir, des contorsions désespérées, comme

pris au filet : « Je n'en ai pas, dis-je, Dionysodore.— Te

voilà donc une créature bien misérable;tu n'es même pas

c Athénien, si tu n'as ni dieux ancestraux, ni cultes, bref rien

de beau ni de bon. — Ah! Dionysodore, dis-je, parle mieux

et ne me prépare pas si rudement à tes leçons ! Carj'ai

à la

fois mes cultes domestiques et ancestraux et tout ce que les

autres Athéniens possèdent en ce genre. — Alors, dit-il, les

autres Athéniens n'ont pasde Zeus ancestral ? — Non, dis-je ;

cette dénomination n'est connue d'aucun Ionien, ni des

émigrants partis de notre ville ni de nous-mêmes; c'est

d Apollon notre dieu ancestral, pour avoir engendré Ion ;

Zeus n'est pas appelé chez nous dieu des ancêtres, mais de

l'enclos et de laphratrie,

comme Athéna déesse de la

phra-trie 2

. — Il suffît, dit Dionysodore : tu as, semble-t-il,

Apollon, Zeus et Athéna.— Parfaitement, dis-je.— Ce sont

donc là tes dieux? dit-il. — Aïeux et maîtres, répondis-je.— En tout cas, ils sont tiens, reprit-il ;ne les as-tu pas

reconnus pour être à toi ? — Je l'ai reconnu, dis-je ;

comment faire? — Et ces dieux, dit-il, sont des animaux 3?

1. D'autres entendent : allait revenir à l'endroit où il avait fini,

c'est-à-dire à un sophisme du même genre que plus haut, 3oi d.

a. Appliqué à Zeus, ~axc,(hoç signifie tantôt père de la race, et

tantôt protecteur des ancêtres. C'est en ce dernier sens que les Athé-

niens invoquent Zeus. Mais Socrate entend le mot dans l'autre.

Apollon, au contraire, est appelé par les Athéniens père de la race,

comme étant le père d'Ion, ancêtre éponyme des Athéniens. Les

membres de la phratrie avaient en commun le culte de Zeus spaTpto;

et celui d'Athéna fpa-oi'a.3. Il va jouer sur le double sens de £ûiov (être vivant, et animât).

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igo EY0TAHMOS 302 a

Kàycb (fjSr) yàp otl e£ aûxéùv KaX6v tl àvaKuipoLTo [t&v

èpoTr)(JiàTcov], Kal aLia frouX6u.£voç <S tl Tà^Lcrr3

àicoOaou),

riàvu lièv ouv, ecprjv, olîtcùç £Xel'

Ta T0LaCT<x eotlv Li6va

ELià. — TL SE; £cpa, £<f>r),

ou TaOxa k<xXelç fi av tpu^v

Hyr\ ;

— Nal, e«^>rjv.—

'OlioXoyelc; oCv tcov C&ov TaOxa b

Liéva EÎvat aà, TiEpl fi av aot lÉjouala fjTràvTa TaOxaTroiEÎv

a vOvS?) iyeb IXEyov ;

— e

Ou.oXoyco.— Kai oç, ElpcûVLKcoç

Tiàvu ETitax^v <5ç tl LiÉya okottoùllevoc;, EIttéljiol, e<J)tj,

S

ZoKpaTEÇ, Iqtlv golZeùç TtaTpcooç;

— Kal êyo ÛTtoTtTEuaaç

î^elv tov X6yov oÎTTEp £TEX£ÙTr)OEV, cmopov TLVaOTpO(f>f|V

IcpEuyov T£ <al £GTp£cj>ôu.r|v rjSrj ôSaTTEp ev Slktucû elXtjliliévoç*

Ouk e(jtlv, t\vS' lycû, oo ALovua6Scops.

—TaXaiTtopoç apa

tlç au y£ otvGpcoTtoc; eî Kal ouSè 'AGrjvaîoç, S litote 8eoI c

TtaTpcpol elctlv LirjTE lEpà LifjTEaXXo

LLT]8èvKaXôv Kal àyaBov.

— "Ea, f]v S' Eyco, où ALovua6Scùp£, Eu^rjLiEL Kal \xt\ xoXetïoùçlie TtpoSlSaaKE. "Eotl yàp ELioLys Kal Upà oÎKEta KalTraxpôa

Kal Ta aXXa oaaTtEp tolç ôXXolç 'A8r|vaLOLÇ tûv toloutov.

— ETxa tolç SXXolç, E<J>r), 'ASrjvaloLç ouk ecxtlv Zeùç Ô

TtaTpôoç ;

— Ouk ecttlv, ^v S' èyo, auTT] f\ETicùvuLua 'lebvcov

ouSevl, oÔ63

oaoL ek t^gSe ir\q ti6X£cûç àTTQKLCTLjLÉvoL eujIv

oû6'tjluv, àXXà 'AtioXXcùv *naTp6ooç

Bià.Tfjv toO "Icûvoç d

yÉVECTLV ZeÙÇ S1

rjU.LV TtaTpCOOÇ LLEV OU KaXELTOL, IpKELOÇ 8è

Kal cppaTpLOç, Kal 'A8r)vala <f>paTpla.— 'AXX

3

àpKEÎ ys

, êcf>r|

ô ALayuaûScopoç' eqtlv yàp col, cùç eolkev,s

Att6XXcùv te Kal

Zeùç Kal 'ASrjva.—

riàvu, r\v S'âyo.— OùkoCv Kal outol

aol 8eoI av eÎev; £<|>r).

—ripéyovoL, fjv S

3

lyco, Kal 8ecjtï6-

TaL. — D

AXX' oSv aoly£, ï.<pr\- f\

ouaoùç <au.oX6yr)Kaç aÔToùç

EÎvaL; — c

£lLLoX6yr)Ka, I<|>r|V tl yàp ttocScù;— OukoOv,

a 5 àvaxu'jotTO W : àvaxu^oi to B ut uidet. àvaxutloi xo Tj|twv

èpio-7]u.aTtov secl. Gobet||b 6 ol^sp Hertlein : rr (fj B) [| 7 I^suydv xs

y.cLi secl. Badham||c 1 tifi TW : Te B

||4 '-£pà

B : {3waot xa\ UpàTWI1 H oîxeia xat om. II

||6 ô secl. Schanz

||8 ou6'' — 9 ouô

'

Bekker: 0Ù8' — oùS* || d 2 ïpxio; codd. j| 3 'Aôr.vaia Cobet:

-vaBTW -vaiY] Eustath. ad Odyss., p. 1^56, 5o.

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302 e EUTHYDÈME 191

e Car tu l'as reconnu : tout ce qui a vie est animal. Ou bien

faut-il croire que ces dieux n'ont pas vie ? — Si, dis-je.—

Ils sont donc aussi des animaux? — Oui, répondis-je.— Et

parmi les animaux, reprit-il, tu as reconnu comme tiens

ceux que tu peux donner, vendre, enfin sacrifier à la divinité

de ton choix. — Je l'ai reconnu, dis-je ;nul moyen de me

rétracter, Euthydème.— Eh bien, allons ! dis-moi tout de

suite, reprit-il ; puisque tu reconnais pour tiens Zeus et les

303 a autres dieux, t'est-il permis de les vendre, ou de les donner,

ou d'en faire autre chose à ta guise comme des autres ani-

maux ? »

Moi, Griton, comme assommé 1

par cet argument, je res-

tais sans voix sur la place. Mais Ctésippe vint à mon aide :

« Bravo 2,Héraclès ! dit-il, le beau raisonnement ! » Et Dio-

nysodore: « Est-ce, dit-il, Héraclès qui est bravo, ou bravo

Héraclès 3? » Là-dessus Ctésippe: « Poséidon, dit-il, les

prodigieux raisonnements ! Je quitte la partie ;ils sont invin-

h cibles, ces deux hommes! »

A cet endroit, mon cher Criton, tous les assistants s'ac-

cordèrent à porter aux nues le raisonnement et les deux

étrangers ;ils riaient, battaient des mains, manifestaient leur

joie à en perdre presque le souffle4

. Jusque-là il n'y avait eu,

pour applaudir chaque trait avec un merveilleux ensemble,

que les admirateurs d'Euthydème ;mais alors, c'est tout

justesi les colonnes du

Lycéene se mirent

pasde la

partiepour saluer nos deux personnages de leurs applaudissementscharmés. Moi-même, je me sentis disposé à convenir que

c jamais encore je n'avais vu pareils savants; et, complè-

tement subjugué par leur science, je me pris à faire leur

éloge et aies célébrer: « Que vous êtes heureux, dis-je, avec

ces dons admirables, d'être si vite, en si peu de temps, venus

1. Comp. Protagoras, 33g e. Une réponse de Protagoras vient desoulever parmi les assistants une approbation bruyante. Socrate se

sent pris de vertige, « comme s' il avait été frappé par un bonpugiliste »

(rXTjyetç).

a. Exclamation analogue à 7:aj:aT, pour marquer la surprise et

l'admiration.

3. Cet inepte sophisme consiste à établir un rapport d'attribut à

sujet entre deux termes juxtaposés fortuitement et qui n'ont aucun

lien nécessaire l'un avec l'autre. Voir laNotice, p. ia4.

4. Pour le sens de -apsTaÔTjaav, cf. Lysis. ao4 c; Banquet, 207 b.

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igi EY0YAHMOS 302 e

£Cf>r),Kai £cpà Eiaiv outoi ol 8eo'i

; cô^oXoyïiKac; yàp baa e

ip\j)(f|v IxEL £$a £^V(XL - "H outol ot 8eoI oùk I^ouatv v|A))(r|v ;

—"E^ouatv, r\v

8S

àyco.

— OukoOv icai

£cpàetaiv

;

—Zcpa,

Icprjv. — Tcov 8é ys £cpcov, £C|>r|, couoX6yrjKac; TauT* EÎvai aà,

8aa av aoilÉjfj

Kai SoOvai Kai àTio86a8ai Kai 80aai 5f|8eco

8tco âv ftoùXrj.— e

QuoXôyr|Ka, Icf»r)V oùk ecxtiv yàp lioi

àvàSuaiç, co Eu8ùSt]ue.— "I8i

Br\u.ol eû8uç, rj

S' 8ç, eItté*

etielS^) a6v ôu.oXoyEÎç EÎvai t8v Ala KaiToùç aXXouç Beouç,

SpaIÉJectti aoi auToùç ànoSéaBai

f)SoOvai

f]

àXX' 8 ti &v 303 a

liouXr] xpf^aSai. cocmEp toÎç aXXoiç £cpoiç ;

'Eycb (jLev ouv, co Kptxcov, cocmEp TiX^yElç ûttô toO X6you,

EKEiurjv acj>covoç*ô Se KTf)aiTm<$ç uoi icbv côç (ior)8f]acov,

IluTïTuà^ coe

HpaKXELÇ, Ic|>r),KaXoO Xdyou.

— Kai S Aiovu-

a68copoç, IloTEpov ouv, £$r), ôe

HpaKXf)ç TtuTTn࣠Iotiv ^ ô

nuTiTtà^e

HpaKXf^ç;

— Kai ô KTrjamTioc;, *C1 ridaEiSov,

ëcf>T] ,Seivcov X6ycov. 'Acj/LaTauai/ àuà)(co tco avSpE.

'EvTaOSa uevtoi, cocJ/iXe Kptxcov, ouSsiç Saxiç ou tcôv b

Ttapovrcùv ÛTtEpETtr)V£a£Tov X6yov Kai tco avSpE, Kai yeXcovtec;

Kai kpotoOvtec; Kai xalpovTEçèXlyou TTap£Tà8T}crav. 'Eni uèv

yàp toiç E(jL*npoa8EV ecJ)' EKaaToiç Ttacu TrayKàXcoç è8opù6ouv

u6voi ot toO Eu8uSr|uou èpaaxal, IvTauSa 8è ôXlyou Kai oî

kioveç ol ev tco Aukelco E8opû6r|aàv t' ETti tolv àvSpoîv Kai

f}a8r|aav. 'Eycb uèv ouv Kai aÔTOÇ outco 8tETÉ8r|v coctte

ouoXoyEÎv ur|8Évac; TtcoTioTE àvSpcoTtouç ISsîv o\5tco aocJ>ouç, c

Kai TtavTomaai KaTaSouXcoBEiç ûtt& Tfjç aoc|>laç aÛToîv âni

t8 ETraivEtv te Kai EyKco^iàc^Eiv auTcb ETpaTtôurjv, Kai eÎttov

**Q uaKapioi acj>cb Tfjç Sauuaorf'jc; cpuaEcoc;, ot toctoOtov

Ttpfiyua outco tayi) Kai iv ôXtyco XP°V9 E^EipyaaSov. FloXXà

e 5 8ti Schanz : av BTW om. Laurent. 255a||303 a i àXX' onW :

à'XXd Tt BT||

5 7:y-àÇ — 6 T.winzaiÇ—

7 îcuTirca"; B r.ùr.aÇ—

7Z'JZ7iaÇ— TCurTcaÇ T r.ÛT.a.% ter W

|| eçT)v codd.||b 2 xaî yeÀtov-res

xal xpoTO-jvceç xat yaîpovTê? Badham : xai yeXtovcs xaî xpotouvxe xa\

ya{pov:£ (xat ante yeXtovce om. T yépovce scrips. W) ||3 T:ap£Ta8r]aav

f :

-£TÉ6y)aav BW-si'ÔTjaav

Vatic."

1029|| 7 TjcrÔTjaav TW

:

7Jta0-B

IlC 5 ei-eipYaaOov T (et ex £): -épyaôov B -etpyàaaaôov W et yp. t.

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303 c EUTHYDÈME 192

à bout d'une pareille tâche *! Vos discours, Euthydème et

Dionysodore, ont toutes sortes de beautés. Mais une, parti-

culièrement, est magnifique : c'est que la plupart des

hommes, même les gens de

poids

et de renom, vous laissent

d tout à fait indifférents et que vous n'avez cure que de vos

pareils. Pour ma part j'en suis bien sûr : vos discours ne

sauraient plaire qu'à un fort petit nombre de gens, pareils

à vous;

les autres en ont une idée 2

qui les ferait rougir,

j'en suis certain, de réfuter autrui avec de semblables raison-

nements plutôt que de se voir réfutés eux-mêmes. Et voici

encore ce qu'il y a de civil et d'obligeant dans vos discours :

quand vous déclarez qu'il n'existe rien de beau ni de bon ni

de blanc ni quoi que ce soit de ce genre, et qu'il n'est absolu-

e ment rien qui diffère du reste, en fait vous cousez tout bon-

nement la bouche aux gens, comme vous le dites d'ailleurs;

mais ce n'est pas seulement à autrui, c'est à vous-mêmes quevous semblez le faire : procédé fort gracieux qui enlève à vos

discours tout caractère choquant. Enfin — point capital—

vos inventions sont de telle sorte et vous y avez mis tant d'art

qu'un instant suffirait à n'importe qui pour les apprendre. Je

l'ai constaté, pour ma part, en écoutant Ctésippe, et en

voyant avec quelle promptitude instantanée il était capable304a de vous imiter 3

. A cet égard votre science, s'il s'agit de la

communiquer promptement, est sans doute une belle chose;

mais elle ne se prête pas à la discussion publique. Si vous

m'en croyez,vous vous

garderezde

parlerdevant un

nombreuxauditoire, de peur qu'il n'ait bientôt tout appris sans vous en

savoir gré. Autant que possible, discutez entre vous, seul à

seul; et, s'il faut le faire en présence d'un autre, que ce soit

seulement devant qui vous donne de l'argent. Ces mêmes

1. La science de l'éristique ;cf. 272 a tocuttjv vuv è£eipYaa0ov.

2. Pour ce sens de voeïv : se faire une idée de, cf. Rép., 5o8 d.

3. Avec la ponctuation que nous avons adoptée, to péyKj-cov otc

(le point capital, à savoir que, etc.) dépend de à'yvwv. 'Qç... oioç

l'vjv (en voyant que... il était capable) dépend aussi de la notion

impliquée dans lyvcov. Une autre construction consiste à faire de xô

tjié-pcrTov oxt... une proposition indépendante (le point capital est

que, tour bien connu); en ce cas il faut mettre une ponctuation forte

après àcv6p<)fac<i>v,et entendre syvtov... cî)ç : j'ai constaté comme (ou

combien). Mais l'asyndète est un peu dure, quoiqu'on puisse en trouver

d'autres exemples.

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19a ET6TAHM0S 303 c

u.èv oSv Kal aXXa ot X<5yoi ûu.ûùv KaXà f)(ouaiv, & Eû8ù8t}u.é

te Kal AtovuaôScûpE' ev 8è toîç Kal toOto u.£yaXoTTp£TtÉ-

OTEpov, 8ti tcùv tïoXXqv àv8p<*>TTcov <al TOV aEJlVCûV 8f)<al

Sokouvtcùv tl EÎvai oûSèv ûu/iv u.éXei, àXXà tôv ôu.olcov uu.1v d

u.6vov. 'Eyà yàp eu> oXBol 8ti toùtouç toùç X6youç Tiavu u.èv

av ôXlyoi àyancûEV avBpconoi 8u.ouu ûu/iv, ot 8' aXXoi oôtcùç

vooOcriv aÔTouç oar' eu oTS' 8ti ata)(uv8EΣV av u.&XXov e£e-

XÉy^ovTEc; toioùtoiç X<5yoiç toùç aXXouç f\auTol i^EXEy-

X^u-evoi. Kal t68e au ETEpov 8r)u.oTiK6v tl Kal Ttp&ov ev toîç

X6yotç- ÔTi^Tav <|>f)T£ u-ï^te koX8v EÎvaL u.r)8èv u.^)te âya88v

TTpayu.a u.f)T£Xeuk&v

u.r|8

s

aXXo tôv toioûtoùv utjSev, u.t]8è

t8 TiapaTiav ÊTÉpcov ETEpov, àxE^vôç u.èv t£> 3vti ^uppoVru-e

tête Ta o*T<5u.aTa tSv àvBpamcov, ôonEp Kal (paTÉ* Sti 8'

ou u.6vov Ta tôv aXXcov, àXXà 8<5£aiT£ av Kal xà uu.ÉT£pa

auTco, toOto Ttàvu ^apUv té Icjtiv Kal t6 ETuaxSÈc; tôv X6ycov

à<J>aip£ÎTai. T8 8è 8f] u.ÉyiCTTov, 8ti TaOTa oÎjtgùc; e.ys.iuu.lv

Kal te)(vlkcoc; è£r)upr|Tai, &qt3

è(v) ttocvu ôXCycp XP^V9 8vti-

voOv âv u.a8Etv àvSpamcov, lyvcov lycoyE Kal tô Kt^oItitto t8v

voOv Ttpoaé)(cov obç layù ûu.Sç ek toO Ttapaxp^u.a u.iu.EÎa8ai

ot6ç te ?jv.ToOto u.èv ouv toO Trpàyu.aToç a<J>Ûv Ttpoç u-èv 304 a

t8 Ta)(ù Trapa8i86vai KaX6v, êvavTiov 8' àvSpcbTTcov SiaXÉ-

yEoSat ouk ETTLTf)8Eiov, àXX' av yé u.ol TT£i8r|a8E, EuXa6r)-

geoSeu.f|

ttoXXcûv IvavTlov XÉyEtv, ïvau.f| Ta)(ù EKU.a86vT£ç

ûu-îvu.f]

EtSûaiv X^f-v- 'AXXà u.àXiaTau.èv auTo TtpôçàXXï(

)Xcù

u.6vco 8iaXÉy£a8ov, eI 8èu.f|, EÏTtEp aXXou tou êvavTiov,

eke'lvou u.6vou 8ç av ûu.îv 818$ àpyupiov. Ta auTa 8è TaOTa,

C 7 [xsYaXoTCps^sata-cov Stephanus || d 4 ouxw voouatv BW ouxtoç

àyvoouaiv T j|wax' TW : (bx' B

||6 xi BW : xs T

|| 7 ÔTtdxav BW : oxi

ox' àv TII çîjxe (XTi'xe BW : p] ^tl T

|| jjltJxs àyaGôv— 8 fxr^èv om. B ||

8{X7]â£

B :{xtjxc

TW H e I KapaicavTW : j:apav B || 4 aùxco BW : -xâS T-xûv ex emend. Goislin.

||5

lytt: eu eyei Badham eu Schanz

||6 toox'

èv Heindorf : oiaxe||8

7îpoaé^(ov Heusde : -/w || T][ia; W pro utj.5;

|]304 a 1 xoùxo B : xouxou TW

j| acpwcv B : açâStv xô ao<pôv TW ||

3 eùÀa6^'aea6e TW : -a6at B|| 4 êvavxtov TW : -xt'wv B

||5 elSdat W

i| 6 xou codd.

V. I._ IQ

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304 b EUTHYDÈME i 93

b conseils, si vous êtes sages, vous les donnerez aussi à vos dis-

ciples : qu'ils ne discutentjamais avec personne, sauf avec vous

ou entre eux. Car c'est la rareté, Euthydème, qui donne du

prix ; l'eau est ce qu'il y a de meilleur marché, quoique « le

premier des biens », selon Pindare*. Mais allons!dis-je,

voyez à nous admettre auprès de vous, Glinias que voici et

moi-même. »

Après cet entretien et d'autres menus propos nous nous

en allâmes. Avise donc au moyen de prendre avec moi les

c leçons de ces deux maîtres : songe que ces gens-là se font forts

d'instruire

quiveut les

payer,

sans

exceptionde naturel ni

d'âge. Et, détail particulièrement intéressant pour toi, ils

n'empêchent en aucune façon, disent-ils, de s'adonner mêmeaux affaires

2. Bref, n'importe qui peut aisément recueillir

leur science.

PerplexitéCriton. — Ma foi ! Socrate, j'ai person-

de Criton. nellement plaisir à entendre causer,L'interlocuteur et

je serais heureux

de m'instruire.anonyme. Pourtant j'ai peur d'être, moi aussi, de

ceux qui ne ressemblent pas à Euthydème, de ces gens dont

d tu parlais toi-même3

, qui préféreraient se voir réfutés par des

raisonnements de ce genre plutôt que de réfuter les autres.

Mais au fait, bien qu'il me semble plaisant de t'adresser des

remontrances, je veux te rapporter ce que j'aientendu. Un

de ceux qui vous quittaient, sache-le, vint à moi, pendant

que je me promenais. C'est un personnage qui se croit d'une

science accomplie, un de ces hommes dont l'habileté s'exerce

sur les discours destinés aux tribunaux. « Criton, dit-il, tu

n'écoutes point ces savants? — Non, par Zeus ! répondis-

je, je n'ai pu m'approcher assez pour entendre distincte-

ment, à cause de la foule. — Pourtant, reprit-il, il valait la

e peine d'entendre. — Pourquoi ? dis-je.— Tu aurais entendu

discuter des hommes qui sont aujourd'hui les plus savants

i . Socrate veut dire : C'est la rareté (et non la valeur réelle) qui

donne du prix aux choses. Ainsi l'eau a par elle-même une grande

valeur, mais, comme elle n'est pas rare, on ne peut la qualifier de

tfuiov;

elle est au contraire eùtovoxatov. Allusion au début célèbre

de la première Olympique: "AptciTov jxèv Oôtop, etc.

2. Criton, on l'a vu, s'adonne à l'agriculture (291 e).

3. Voir 3o3 d.

Page 287: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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i 93 EYOTAHMOS 304 b

èàv aco<f>povfJT£, Kal tolç ^a8r)Taîç ctu^BouXeûctete, (jirjSé-b

tiote ^r|8£vl àvSpcbTTCùv SiaXÉyEaSai àXX'f\ û^ûv te Kal

ou>Toîç' t6 yàp arcaviov, co Eu8ùSr)^E, tI^llov, to 8è ôScop

eôcùv6t<xtov, apicrrov 8v, coç êcf>rj nivSapoç. 'AXX3

àcyETE, rjv

S' èyco, cvncoc; Kà^iè <ai KXEivlav t<3v8e TiapaSÉ^saBov.

TaOTa, cÔ KpiTcov, Kal aXXa (ipa^Éa 8loXe)(8évtec;

àTifj^Ev.Zk6ttel ouv ottcoç aufcJLcjsoi/rxiOEic; Ttapà Tcb avSpE,

coç Ikeivco cf>aT8v oïco te eÎvcu Si8a£,ai tov eSéXovt' apyûpiov c

8iS<5vat, Kal oute cptiaivotf8' f]XiKiav I^Elpysiv ouSe^'uxv

—S 8è Kal ctoI ^àXiara TrpoafjKEi àKoOaai, Sti ou8è toO %pr\-

^aTL^EaSal <|>aTov SiaKCoXÙEiv oôSev —\*r)

oô irapaXaBEtv

ôvtivoOv eutietcoç Tf]v acj>ETÉpav oocplav.

KP. Kalfcifjv,

S ZcùKpaxEc;, cfnX^KOoç \xkv êycoyE Kal

t^Sécoç av tl ^avBavoiyi, kivSuveuco ^évtoi Kàyco eÎç EÎvat

tcov ou)( ô^iolcov EôBuSn^cp, àXX' ekeIvcov cov 8f|Kal où

eXeyeç, tqv fjSiov av eE.eXeyxojievcov $tto tôv toioùtcov d

Xôycov f) e^eXeyx^vtcùv - 'Axàp ysXoîov ^loi Sokeî EÎvai to

vouSeteÎv cje, o^lcoç Se, a ys

tjkouov, eOeXcù aoi àTrayyE'îXai.

TcOVàcf)' Ô^COV àm6vTCOV La8

3

OTl TipOOEXSûbv TlÇ ^101 TTEpi-

TtaToOvTu, âvfjp ot6(i.Evoc; nàvu EÎvai ootyôq, toùtcov tlç tcov

TtEpl toùç X6youc; toùç eiç Ta SiKaaTfjpia Seivcov, *C1 Kpl-

tcov, E(|)r|, ouSèv &KpoS tcovSe tcov cxocf>cov ;

— Oô \xcl tov

Ala, fjv 8' èyco' où yàp oî6ç t'fj TtpoaaTac; KaTaKOÙEiv ûtto

toO o)(Xou.— Kal

{ir)v, Ecf>r), a£iôv y' r\v aKoOaai. — Tl

8é; fjv 8' êycb.

— °lva fJKouaaç àvSpcov SiaXEyopÉvcov ot vOv ©

aoc}>cùTaTol Etat tcov TtEpl toùç toioûtouç Xoyouç.—

Kàycb

Testim. : 304b A Pind., 0/., I,

i.

b a àvGpofow (scil. àvôpofoto) primit. W || rj postea add. W|

3 auxoîç B : au- TW||

5 TzapaSsÇeaôov Heindorf : -Saaôov||6 aXXa

B : àXX' à'Txa ïxi TW (àxxa T) ||c a èÇeipystv TAV :

-e'pyetv B ||3 to-

Stephanus pro -ou|]6

[xèv postea add. W|| 7 [j.av6avotu.i

BW :

{xà0oi(j.c

TIId 1 av èÇeXcy^otjLévtov TW :

àvsÇsXsyy^ojxsvtov B||

a yeXoïdv B :

yeXotov [xivTW

||4 Va6' Heindorf : o!a6'

||8 5j

B : ^v W eï T 0n in

marg.) || 7;coaaTaç Heindorf : TcpoaTac || 9 sotjv codd. (à'^ovïcr,v y' W)Il xi te B

: Tt TW.

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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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304 e EUTHYDÈME 194

dans ce genre de discours. » Je lui dis alors : « Quelle

impression t'ont-ils faite? — Quelle impression? dit-il. Mais,

naturellement, celle qu'on ne peut manquer d'avoir à écou-

ter les gens de cet acabit, des bavards qui donnent un soinfutile à des futilités. » Telles furent, presque mot pour mot,ses paroles, oc Cependant, répondis-je, c'est une jolie cbose

que la philosophie.— Gomment jolie? mon pauvre Griton

;

dis plutôt : sans valeur. Si tu t'étais trouvé là, tu en aurais

305 a été, je pense, accablé de honte pour ton ami;tant il mon-

trait d'extravagance en voulant se livrer à des gens qui n'ont

cure de cequ'ils disent,

et s'attachent aupremier

mot venu !

Et note, comme je le disais tout à l'heure, qu'ils comptent

aujourd'hui parmi les plus éminents. En fait, Griton, cette

occupation elle-même et les gens qui s'y consacrent sont

inférieurs et ridicules. » Pour moi, Socrate, l'occupation ne

b me semblait pas mériter les critiques de cet homme ni de

personne ;mais que l'on consente à discuter avec cette sorte

de gens devant un nombreux auditoire, voilà, selon moi, ce

qu'il avait raison de blâmer.

Socrate. — Griton, les gens de cette sorte 1 sont étonnants.

Mais au fait je ne sais encore que dire. A quelle catégorie

appartenait ton interlocuteur, ce censeur de la philosophie?Etait-ce un de ces hommes experts à plaider devant les tri-

bunaux, un orateur 2,ou un de ceux qui les y envoient, un

faiseur de plaidoyers à l'usage des orateurs ?

c Griton. — Un orateur? En aucune taçon, par Zeus ! Je

ne crois même pas qu'il se soit jamais présenté devant un

tribunal, mais on dit qu'il est entendu dans la matière, oui

par Zeus ! et habile, et qu'il compose d'habiles discours.

Jugement Socrate. — Maintenant j'y vois clair :

de Socrate c'est d'eux que j'allais moi-même par-

sur l'interlocuteur 1er à l'instant. Ce sont eux, Griton, qui,anonyme. comme le disait Prodicos, forment la

limite entre le philosophe et l'homme d'État. Ils croient être les

i. Du genre de cet inconnu. Voir la Notice, p. i33 sq.

2. Le mot désigne ceux qui prennent la parole en public— devant

l'Assemblée ou dans les tribunaux. Il peut donc, par extension,

s'appliquer aux plaideurs qui débitent des discours composés par un

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i94 EY0YAHMOS 304 e

eÎttov Tl oCv !<|>atvovT6 aoi;

— Tl Se &XXo, fj8' Sç,

f) otdcTTEp àel av tlç tSv toloûtqv àKoijaai XrjpoùvTov

Kal Tispl oôSevoç àE,lcov àva^iav arrouSfjV ttoloullévcûv;

OûtqctI yàp ttcoç <al eÎtïev tolç êv6^aaiv. Kal eyco, 'AXXà

llévtol, I(j>T]v, xaP L£V YE TL ^paytiA eqtlvf) <}>iXoao<J>La.

—riotov, ecf>r), xapi.EV, & LiaKapLE ; oôÔsvèç llèv oSv a£,iov,

àXXà <al cl vOv TrapeyÉvou, Tràvu av as oî^at ata^uvS^vaL 305 a

xhrèp toO CTEauToO ÊTaipoir o\5tcùç ^v Stottoç, eBéXcùv êauTèv

•napé^ELV àvBpâmoLÇ oîç oôSÈv liéXel o tl âv XÉyoaaLV, TtavTOÇ

Se jS^ocToç àvxÉ^ovTai. Kal outol, 8*n£p apTL IXEyov, iv

tolç KpaTioroLÇ eIqI tqv vOv. 'AXXà yâp, <S Kptxcov, £<J>rj,

t8 npSyLjia aux6 Kal ot avBpcoTtoL olèTulTOTTpàyLjiaTL Siaxpi-

Bovteç (paOXol EÎatv Kal KaTayÉXacrroi. 'EljloI 8é, o ZoKpa-

teç, tô TïpayLjia eS6kel oôk ôpBcoç ipÉyEiv oÔB3

oCtoç o^t' el b

tlç aXXoç vj^ÉyEL't6 l^évtol eBéXelv SiaXÉyEarBaL toloùtolç

IvavTiov ttoXXcûv àvBptSmcov ôpBcoç liol e86kei LlÉLlCj)Ea8ai.

T.C1. *C1 Kpircov, Sau^àaiol elotv ot toloOtol avSpEÇ.s

Axàp offri© oT8a 8 tl liéXXcù ÉpEÎv. ["loTÉpov fjvh TtpoaEXSdbv

ooi Kal llejjk|)6lievoç Tfjv cJ>LXoao<|>Lav ; TTÔTEpov tûv àycùvl-

aaaSaL Selvcov ev tolç SiKaaTT^piOLÇ, £f)T0ùp tiç, f)tcùv toùç

TOLOÙTOUÇ ELOTIELLTlévTCùV, TtOLr)Tf)Ç TCOV XoyCÛV OLÇ ot j5tf)TOp£Ç

àycùvlc^ovTaL ;

KP. "HKLcrravfj

t6v Ala pi^Tcop, ouSè oÎLiai tccùttot' c

aÛTov ettI SLKaaTfjpLov àva6E6r)KÉvaL* àXX3

ETtaïELV aÔT<5v

cJ>aaL nEpl toO TTpayjiaToç vf) tov Ala Kal 8elv6v EÎvaL Kal

Selvoùç Xoyouç cruvTiBÉvaL.

ZQ. "H8r) LiavSàvcù' TtEpl toùtcùv Kal auT8ç vOv8f) elaeX-

Xov XÉyELV. OCtol yap eiglv l^ev, S KplTcov, oOç e<^>rj Ilp6-

Slkoç Lji£86pLa cf)LXoa6c{)ou te àvSpoç Kal ttoXltlkoO, oïovTaL

6 4 àxouaai codd.||

305 a 4 pTî'txrroçTW : y prj-

B|| oïr.zp W

pro oxsp ||5 xpaTtcxoi coni. Schanz

|j 7 çaDXoi codd. (7:àvu add. t in

marg.) ||C 2 ir.l TW : aoi B

||3 xat ante Ôctvoj; sccl. Schanz

||

5 (jiaveàvw B : -vwv TW || f^sXXov codd.|| 7 ts TW : ye B.

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305 c EUTHYDÈME i 95

plus savants des hommes, et non seulement l'être, mais en

avoir auprès d'un grand nombre la réputation bien établie, en

sortequ'ils jouiraient, pensent-ils,

de l'estimegénérale,

sans

d les sectateurs de la philosophie, qui seuls leur font obstacle.

Ils s'imaginent donc que, s'ils réussissent à les faire passer

pour méprisables, dès lors ils remporteront sans conteste, aux

yeux de tous, la palme du savoir. Car ils se prennent pour des

savants vraiment accomplis et, quand ils se font cerner parl'adversaire dans un entretien privé, c'est à Euthydème et son

école qu'ils attribuent leur échec/ . Qu'ils se croient sages au

plus haut degré, c'est naturel;ils se disent qu'ils usent modé-

rément de la philosophie2

et modérément de la politique :

e calcul fort naturel, car ils croient prendre de l'une et de

l'autre juste le nécessaire, et, à l'abri des périls et des luttes,

recueillir les fruits de leur sagesse.

Griton. — Eh bien, Socrate, leur donnes-tu raison ? Avrai dire la thèse de ces gens-là ne manque pas d'apparence.

Socrate. — En effet, Griton, c'est bien cela : elle a de306 a l'apparence, plutôt que de la vérité. Il est difficile de leur

faire admettre que des hommes ou toute autre chose, inter-

médiaires entre deux objets et participant de l'un et de

l'autre, s'ils tiennent d'un bien et d'un mal, sont supérieursà l'un et inférieurs à l'autre ; que, s'ils tiennent de deux

biens tendant à des fins différentes, ils sont inférieurs à tous

les deux pour la fin où peut servir chacun des deux élémentsdont ils se composent ;

et que c'est seulement dans le cas où,

composés de deux maux tendant à des fins différentes, ils se

b trouvent placés entre eux, qu'ils sont supérieurs à chacun

des deux éléments dont ils participent. Admettons donc quela philosophie et l'activité politique soient des biens, mais

tendant à des fins différentes : si ces gens-là participent de

l'une et del'autre,

enqualité d'intermédiaires,

leur thèse

est sans valeur, car ils sont inférieurs aux deux catégories ;

sont-elles un bien et un mal ? ils sont supérieurs à l'une et

logographe. Cf. Apologie, 18 a, où p^xoip se rapporte à Socrate, qui

parle pour la première fois devant un tribunal.

i. Pour cet emploi de xoXoûscrôai, cf. Apologie, 3g d.

2. Cf. Gorgias. 484 c. Calliciès estime que la philosophie ne

manque pas d'agrément (/ap:sv), si l'on s'y adonne avec modération(jxeTpiwç) dans sa jeunesse.

Page 291: Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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i95 ET0YAHMOS 305 c

S' EÎvai TràvTov aocJxaTaxoL àvSpamcùv, TupSç 8è *r£> etvat

Kal Sokeîv nàvu Ttapà ttoXXoîç, wctte Ttapà tt&ctiv eûSokiu.eîv

E^noSôv a<|>laivEÎvai ouSévaç aXXouç f) toùç TtEpl <J>tXo-

d

aocplav àvSpamouç. 'HyoOvrai ouv, làv toutouç eiç 86£av

KaTaaxrjacoatv u.T}Sevoç Sokeîv alloue; Etvat, àvau.(f>ia6rj-

TfjTcoç; î)&r\ napà naaiv xà viKrj*rr)pia eiç 86£jav oïaEaBai

CTocfuaç TtÉpt. EÎvai u.èv yàp Trj àXr|8£la acpEÎç ao<|>cùTaTOL,

ev Se toîç îS'toiç Xôyoïç oxav 6VnoXr)(|>8oùaiv, ÛY18 toûv àu.(pl

Eô8u8r|u.ov KoXo\j£a8ai. Zo<f>ol Se r)yoGvTai EÎvai nàvu —eikotcûç* jiETptcoc; u.èv yàp cj>iXoaoc|uaç £XELV > p*Tploç 8è

ttoXitikoûv, nàvu l£ eik6toç Xoyou* ^eté^elv yàp àu.c|>OT£pcove

Baov ISei, Iktôç Se ovteç kivSûvcdv Kal àycavov KapnotiaSai

t^jv aocplav.

KP. Tt oSv;SoKoOat aot ti, S Za>KpaT£ç, XéyEiv ;

yàp toi àXXà 8 y£ X6yoç £XEL xivà EïmpÉTTEiav tôv àvSpoùv.

ZQ. Kal yàp e)(ei oStcdç, g> Kplxcov, EuirpÉTTEiav u.aXXov

f\ àXf]6Eiav. Ou yàp pàSiov auxoùç TtEÎaai ori icat av8pecmoi 306 a

<al xaXXa TiàvTa oaa (i£Ta^ tivoiv Suoîv eo*tiv Kalà|a<f>o-

TÉpotv TuyxàvEi ^ETÉ)(ovTa, hou u.èv ek KaKoO Kal àyaBoO,

toOjjièv 3eXtico, toO Se X^P" Y«-Y

VETOa '

^ CTOt ^E EK Suoîv

àyaBoîv ^if] Ttpoç Tauxàv, àu.c|>oîv xetpo, Tipèç 8 âv EKaTEpov

?\ \pr\aibv ekeivcov !£, Sv auv£TÉ8r|' oaa S' ek Suoîv KaKoîv

auvT£0£VTau.f] TrpSçTÔ auTo Svtoiv ev tô ^liao Eaxiv, TaOxa

u.6va 3eXtico EKaxÉpou ekelvcov èaTiv, qv àu.(J)OTÉpcov u.Époç b

^ETÉxouatv. Et u.èv ouvf\ <J>iXoaocf>ia àya86v icruv Kal

f\

ttoXltlk^) npa^LÇ, Trpôç aXXoSÈEKaTÉpa, oStoi S' à^<J>OTÉpcov

U.ETÉXOVTEÇ tOUTCOV EV \XZO(ù Eiotv,OÔSÈv XÉyOUaiV à[l<|)0-

TÉpov ydp Etat cf>auXoT£poi — si 8è àya06v Kal KaKÔv, tôv

C 8 -Û slva: apogr. xo eTvac BTW del. Schanz||d 4 etç ôo'Çav del.

Baiter[|

oteiofiot BW : oSrn T||

5 acpeïç aoçoita-coi Naber : a«pàç

aosojTaToi B a?à; aootoxaxouç TW j|6 à^oXr^cpôwaiv : -Xeiçôôîatv Ast

|je 4 0O/OU71 aoi t: T : Soxouart aot xi W ôoxeî aoi tl B

||6 ouxa>ç : ov-

Ven. i84||306 a 3

fJ-eté/e'. Tuy^àvovxa W ||4 X^'p^ TW : -°wv B

j|ôucïv B

IIb 2 asTsysc Hirschig pro {X£T£/ouatv ||

3 oè ante ézaTepa

postea add. T ||ô' om. W || Uatépa TW : éy.axepa B.

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306 b EUTHYDÈME 196

inférieurs à l'autre;

c'est dans le cas où elles seraient unmal toutes les deux qu'ils pourraient avoir raison 1

: autre-

ment, c'est chose impossible. Or, ils n'admettraient point,

c j'imagine, que l'une et l'autre fussent des maux, ni que l'une

fût un mal, et l'autre un bien Ils sont donc en fait, puis-

qu'ils tiennent de l'une et de l'autre, inférieurs à lune et

l'autre, pour chacune des fins où la politique et la philo-

sophie montrent leur valeur. Placés dans la réalité au troi-

sième rang, ils cherchent à occuper le premier dans l'opinion.

Pardonnons-leur cette ambition, et, sans nous fâcher, pre-

nons-les pour ce qu'ils sont: il faut faire bon accueil à qui-

conque montre dans ses propos la moindre parcelle de rai-

d son, et pousse sa pointe avec une vaillance opiniâtre.

Embarras Criton. — Ma foi, Socrate, je suis moi-de Criton ; même, comme je ne cesse de te le dire,

conseils de Socrate.fort embarrassé pour mes fils

2. Que faire

d'eux? L'un est encore bien

jeune

et

petit;mais Critobule

a déjà l'âge, et il lui faut quelqu'un capable de lui être utile.

Pour ma part, quand je suis avec toi, mes dispositions sont

telles que je considère comme une folie d'avoir pris tant

e d'autres soins à cause de mes enfants — dans mon mariage,

pour leur donner une mère de la plus noble famille, commedans ma fortune, pour leur assurer la plus grande richesse

possible— et de négliger leur éducation. Mais, quand je

jette les yeux sur un des soi-disant éducateurs, je reste

confondu, et chacun d'eux, à l'examen, me semble complè-307 a tement extravagant, pour te dire la vérité. Bref, je ne vois

pas comment pousser ce garçon à l'étude de la philosophie.

Socrate. — Ignores-tu, mon cher Criton, qu'en toute

sorte d'occupation les gens médiocres et sans valeur sont le

nombre, et les esprits sérieux, dignes de toute estime, la

minorité ? Car enfin la gymnastique ne te paraît-elle pas être

une belle chose, de même l'art des affaires, la rhétorique et

la conduite des armées ?

1. Si la philosophie et la politique sont mauvaises, celui qui ne

prend qu'un peu de l'une et de l'autre est supérieur à celui qui se

livre entièrement à l'une ou à l'autre.

a. Diogène de Laërte (II, i3) attribue à Criton quatre fils : Cri-

tobule, Hermogène, Épigène, Ctésippe. Platon n'en mentionneici

que deux.

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196 EY0YAHMOS 306 b

lièv IÎeXtIouç, tcov Se ^ipovq' et 8è «xicà àji(|>6TEpa, oCtcûç

âv Tt XÉyotEV àXrjSÉç, fiXXcoç S' ouSajiôç. Oôk av oSv oÎLiai

aôxoùc; ÔLioXoyf]aai o#te KaKcb auxàs àLuf>o*rÉpcd eTvou o$te c

to lièv icaicév, tô 8è àya86v àXXà tcd Svtl oCtol àLic|>OTâpGùv

lietéxovteç à^<J)OTÉpcùv Ijttouc; elgIv npoç ÊKaTEpov Trp6<; 8

fjte ttoXltlk^ Kal

f) <f>LXocro<|>î.a àÉjico X6you ecjt6v, Kal xpiTOL

ovteç t?\ àXiiSEia £r)ToOoi TTp&TOL Sokelv EÎvat. Zuyyiyvcb-

gkelv llev ouv aÔToîç^pf) xf]ç feluBuplaç KalLif) ^aXETtatvEtv,

f)yEÎa8ai llévtol toloùtouç EÎvat otoi eIglv ttocvtoc yàp avSpa

Xpf) àyanSv bcïiq Kal ôtloOv XéyEL exollevov <j>povf)aEO<;

TipSy^a Kal àvSpElcùç ette^i6v SuxTrovEÎTai. d

KP. Kalji/jv,

& Z&KpaTEç, Kal aàx6ç TTEpl tSv ôeqv,

ôaTtEp &eI TTpoç (xe XÉyco, ev àTTopla eIllI *cL Sel aUTOÎÇ

Xpi^aaaBaL.eO llev oSv VEWTEpoç eti Kal a\xiKpôq eotiv,

KpLx66ouXoç S'f)Srj ^XtKlav e^el Kal SsÎTai tlvoç baTiç

aÙT&v èvf]CJEL. 'Eyà jièv ouv Sxav aol ^uyyÉvcûLiaL, oÎStq

SiaxlSEiiai cSote laol Sokel Liavfav EÎvai t6 eveko ttoùv TtalSoûv

SXXcûv Lièv TtoXXôv cmou5f|V i-oiaù*rr|v laxT|KÉvat, Kal TtEpl

xoO yà^iou Bttcùç ek yEvvaioTàTr|<; laovTai LjLrjTpoç,Kal TTEpl e

toùv xPrllJiaTC0V ÔTTQÇ <Sbç TtXouaioTaTOL, aôxcov SE TTEpl

TTaiSEtac; à^EXf^CTai' bxav Se elç TLva àTToBXÉLpQ tqv(|>a-

ok6vtcov av TTatSEOCTat avSpoîmouç, èKTTÉTTXr|YLiaL Kal liol

Sokel eÎç EKaaxoç auxoov aKOTroOvxL Ttàvu àXX6KOToq EÎvat,

éoç y£ TTpoç aè xàXrjS^ EÎpfja8ai* ©ctte ouke)(co 8ttqc; 307 a

TTpOTpÉTTO TO LlELpOCKLOV ETtI (JuXoCJOCf/LaV.

EH. *Cl<J>'lXe Kptxov, oôk oîaSa otl ev Travxl etuttiSeu-

llotl ot Lièv <|>aOXoL TtoXXol Kal ouSevoç a^ioi, otSè aTTouSaîot

ôXlyoL Kal Ttavaèç â^iot ;etteI yu^vaariKfj où KaXàv SokeÎ

aot EÎvat, KalxpT)^af»-trrLKf) Kal £T]ToptKf] Kal aTpaxT]yla ;

Testim. : 307 a 3 oùx olaGa — b h èm-pe^etç Aristides, or. XLV,

p. i53.

0701 primit. W pro oTot||d 1 Ir.l BsÇtiuv W || 7 toaic'

(/.otTW :

<5ax'èfxol

B||

ooxet : -xîîv Paris. 181 1|j307 a 3 face îcavT» Aristides

Il ^ 7C0XX0I çauXoi Aristides||6 mpav^fia TW : -yeia B.

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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme

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307 a EUTHYDÈME 197

Criton. — Sans aucun doute.

Socrate. — Eh bien, dans chacun de ces arts ne vois-tu

pas

la

plupart

des

gens

se couvrir de ridicule en tout ce

b qu'ils font ?

Criton. — Si, par Zeus ! c'est bien la vérité.

Socrate. — Eh bien, iras-tu pour ce motif fuir toi-

même toutes les occupations et les interdire à ton fils ?

Criton. — Non, Socrate, ce ne serait pas juste.

Socrate. — Garde-toi donc, Griton, de faire ce qu'il ne

faut pas. Envoie promener ceux qui pratiquent la philosophie,

qu'ils soient bons ou mauvais, mais l'objet même de leur

activité, mets-le soigneusement à l'épreuve. S'il te paraît sans

c valeur, détournes-en tout le monde, et non pas seulement

tes fils; si, au contraire, il te semble tel que je le juge moi-

même, mets-toi hardiment à sa poursuite, et exercez-vous à

son étude, « depuis le père», comme on dit, «jusqu'aux

petits enfants »  .

1 . Pour ce dicton, voir Lois, VII, 8o4 d;cf. Aristote,

* A 8 . zoX .,

XVI fin.

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*97 EY0TAHMOS 307 a

KP. "E^oiys TtàvTcoç SrjTiou.

ZO. Tt ouv;

èv êtcàcrrr] toùtcùv toùç TtoXXoùç npoç

ÊKaaTov to iJ>yov ou KaTayEXàaTouç opfiç; b

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T.C1. Tl ouv;toutou eveica auTéç te <J>£û£ei TtâvTa to

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KP. Oukouv SiKauSv yE, o EcoKpaTEÇ.

Z£L. Mf) tolvuv 8 y£ ou)(pf] iTOLEi, S KpiTov, àXX' êàaaç

^alpEiv toùç ETUTrjS£ÙovTaçc{uXoao<jHav, eïte y^pr\aioiEÎaiv

eïte TtovT]pot, aÙTÔ to TTpayu.a ftaaavlaaç KaXwç te Kal eS,

iàv u-Év aot <j>alvr|Tai <f>auXov 8v, nâvT' avSpa aTtoTpETTE, C

jif)u.6vov toùç UEtç- làv Se cJjalvrjTai oîov oî^ai auTo èyo

EÎvai, Bappûv SCcoke Kal aaKEi, ToXEy6u.£vov 8f) touto, aÙToç

te Kal Ta TtatSla.

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