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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCEpubliée sous le patronage de lASSOCIATION GUILLAUME BUDB
PLATONOEUVRES COMPLÈTES
TOME V — ire PARTIE
ION - MÉNEXÈNE — EUTHYDEME
TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT
PAU
Louis MÉRIDIERProfesseur à la Faculté des Lettres
de l'Université de Paris.
PARISSOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES »
95, BOULEVARD RASPAIL
ig3iTous droits réservés.
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Conformément aux statuts de l'Association Guillaume
Budé, ce volume a été soumis à l'approbation de la
commission technique, qui a chargé M. Emile Chambryd'en Jaire la revision et d'en surveiller la correction en
collaboration avec M. Louis Méridier.
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v.5"'
AVERTISSEMENT
Le texte de ces trois dialogues se fonde sur une colla-
tion intégrale des manuscrits T et W (Ion, Ménexène,
Euthydèmè), F Qon> Mènexené) et B (Euthydème). J'ai
utilisé pour ce dernier la reproduction en phototypie
établie par de Vries; pour les trois autres, les photogra-
phies qui sont la propriété de l'Association Guillaume
Budé. M. A. Diès a bien voulu lire les Notices et medonner sur quelques points de YEuthydème de précieuses
indications;M. É. Chambry a revu les Notices et la
traduction des trois dialogues, et je dois à sa recension
attentive nombre d'observations excellentes. Je leur en
exprime ma sincère gratitude.
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ION
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NOTICE
T . . L Ion met aux prises Socrate avec unLes rhapsodes. . ,
*, , .
rhapsode. iSous n avons pas a rechercher
ici l'étymologie de ce nom, fort discutée déjà par les gram-mairiens anciens 1
, ni à retracer l'histoire de ceux qui le
portaient2
. Peut-être à l'origine ne les distinguait-on pas des
aèdes, c'est-à-dire des poètes épiques qui déclamaient leurs
propres œuvres 3. Mais au ve
siècle, et avant cette époque, le
mot ne désignait plus que ceux qui allaient récitant des
poèmes dont ils n'étaient pas les auteurs 4. Leur industrie
i. Eustathe, ad IL, p. 6 (cf. schol. Pindare, Ném. II, 2) rapporte
trois explications différentes : la première partie du mot venait,
selon les uns, de la baguette (pa68o;) que les récitants tenaient à la
main;suivant les autres, de pàrcTeiv (coudre, assembler), parce que les
rhapsodes réunissaient en un tout des chants isolés ; d'autres enfin
entendaient c&r.xz'.v au sens de composer : interprétation assez vrai-
semblable, si les rhapsodes se confondaient primitivement avec les
aèdes. Les textes relatifs à ce débat ont été réunis par S. F. Dresig
(fiommentatio critica de rhapsodis, § II et suiv., Leipzig, s. d.).
2. S. F. Dresig, o. /., § X et suiv.;G. G. Nitzsch, Platonis dialogus
Ion, Lipsiae, 1822, p. 4 et suiv.
3. Platon lui-même, parlant d'Homère et d'Hésiode, qui réci-
taient leurs poèmes, se sert du mot pa<J'to8eiv, Rép., 600 d. Dans Ion,l'aède Phémios est appelé caytoôoç (533 c), peut-être, il est vrai,
par plaisanterie. Voir Dresig, 0. I. M. V. Bérard (Introduction
à l'Odyssée, vol. III, p. 446) incline à retrouver les premiers
rhapsodes dans les Homérides de Ghios, qui, pendant la premièremoitié du vti e
siècle, cousirent (pa^Tôv È7:étov àotBot, Pindare
Ném. II, 1) et amalgamèrent en un seul les poèmes de l'Odvssée.
Après eux le nom resta à leurs disciples et successeurs dans le métier.
4.
Rynaethosde Ghios aurait le
premierfait œuvre de
rhapsode
à
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8 ION
s'était répandue à travers tout le monde grec; dans les fêtes
locales, comme dans les grandes solennités religieuses de
caractère panhellénique, avaient lieu des concours de rhap-sodes. Ils existaient anciennement à Sicyone, où ils furent
supprimés par Glisthène !
; plus tard, Sparte, la Crète, les
colonies doriennes de Libye en instituèrent à leur tour 2.
Enfin ces concours devaient être particulièrement nombreux
et brillants dans les cités ioniennes d'Asie-Mineure quiavaient été le berceau de la poésie épique.
Les récitations rhapsodiques étaient en usage à Athènes
avant le vi
e
siècle, s'il est vrai qu'elles furent réglementéespar Solon, qui leur imposa un ordre suivi 3
. Hipparque, fils
de Pisistrate, décida, dit-on, que les poèmes homériquesseraient récités d'un bout à l'autre aux grandes Panathénées 4
.
L'activité des rhapsodes n'était pas limitée à Homère :
Socrate félicite son interlocuteur de vivre dans la compagniede « beaucoup de bons poètes
5». Mais, comme il l'indique
aussitôt lui-même, les poèmes homériques étaient leur prin-
cipale étude. Ils allaient de ville en ville, s'exhibant dans
les fêtes et les concours. Ion d'Éphèse vient d'Épidaure, où
il a remporté le prix aux Meyxkcc 'AocXameia, et il s'apprête
à concourir aux grandes Panathénées. En dehors de ces
occasions solennelles, on avait souvent à Athènes l'occasion
d'entendre les rhapsodes, s'il faut appliquer à leurs récitations
Syracuse, vers l'olympiade 69 (?). Voir schol. Pind. Ném. II, 1;
cf. Eustathe, ad II., p. 6.
1. Hérodote, V, 67.
2. Maxime de Tyr, XXIII, 5. — Des inscriptions béotiennes,
d'Orchomène et de Thespies, mentionnent les rhapsodes vainqueursau concours des Chariteisia et à la fête des Muses, aux 11e et Ier siècles
avant J.-G.
3. Diogène de Laërte, I, 2, 57.
4. Pseudo-Platon, Hipparque, 228 b. L'indication est d'ailleurs
suspecte, car la même phrase attribue à Hipparque le mérite d'avoir
le premier introduit à Athènes les poèmes d'Homère. Lycurgue,C. Léocrate, 102, rappelle qu'une Joi des ancêtres réserve à ces seuls
poèmes l'honneur d'une récitation régulière aux grandes Panathénées.
5. Ion, 53o b. Ghamaeléon, cité par Athénée, XIV, 620, 12,
disait dans son livre sur Stésichore que les rhapsodes, outre les
poèmes d'Homère, « chantaient » encore ceux d'Hésiode, Archi-
loque, Mimnerme,et
Phocylide.
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NOTICE 9
proprement dites ce propos de Nicératos, dans le Banquet de
Xénophon : « Je les entends presque tous les jours1
. »
Le débit des rhapsodes n'était pas accompagné de lyre. Les
mots dont se serventles anciens pour le désigner (onzccyyik'kEiv ,
Xsyetv) montrent, d'autre part, qu'il n'avait rien d'un chant.
Le rhapsode récitait, ou déclamait; le terme depa<];a>oYa,
comme celui de aBeiv, très souvent employé pour les poèmes
épiques, ne doit pas faire illusion 2. Mais son art se rap-
prochait par la mimique de celui des acteurs 3. Platon nomme
souvent côte à côte pa^coSoi et u7to>cpiTai4
. Les rhapsodes
apparaissaientsur
unetribune
(ou scène, (37ju,a,535
e),vêtus
de costumes somptueux aux couleurs vives 5,une couronne
d'or en tête (535 d). Et leur jeu expressif, par lequel ils
croyaient s'identifier aux héros dont ils contaient les aven-
tures, faisait oublier au public qu'ils travaillaient pour un
salaire (535 e). Transportés dans un monde merveilleux, les
auditeurs étaient agités des mêmes émotions, diverses et
profondes, qu'en écoutant les auteurs dramatiques (535 e).
Ion commentateur Mais YIon ne touche qu'accessoirementd'Homère.
(535 b-e) à ce qui est la fonction essen-
tielle du rhapsode : la récitation des poèmes homériques.Ion se flatte aussi de commenter Homère, et de s'en acquitteravec plus d'abondance et d'éclat que personne. Cette tâche
d'exégète lui semble faire partie de son art; il avoue que
c'est elle qui lui a coûté le plus de peine (535 c-d). Et c'estsur elle que s'engage la discussion dont est fait le dialogue.
Ion ne s'explique pas sur les occasions qui s'offrent à lui
de dire tant de belles choses sur Homère. Ces commentaires
accompagnent-ils ses récitations? Est-ce dans les fêtes, dans
les concours de rhapsodes qu'il les développe? On songerait
plutôt à des sortes d'iTzioeilztq, analogues à celles que don-
i. 3, 6.
a. Voir Nitzsch, o. I., p. 6. Dans Ion (536 b) l'expression cpôevÇrjTat
[xéXoç, bizarre à première vue, s'explique par la comparaison queSocrate a dans
l'esprit, et qu'il développe ensuite, avec les xopu6av-
TUÔVTEÇ.
3. Eustathe, o. L, u-ezptvovxo BpajAaTr/.ioxspov.
A- Ion, 532 d, etc. Cf. Aristote, Poétique, 26, 1^62 a.
5. Ion, 537 d. De couleur pourpre, quand ils récitaient l'Odyssée ;
rouge, quandils récitaient
Ylliade, d'aprèsEustathe.
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co ION
naient les sophistes. Mais le mot S'.aXeyssôai (53a b) montre
qu'il s'agit, non de séances publiques, mais de conversations
privées1
. C'est dans des cercles d'amateurs qu'Ion déploie sa
virtuosité d'exégète, pareil à ces sophistes dont parle avec
mépris Isocrate 2, qui s'assemblent au Lycée pour s'entretenir
d'Homère et d'Hésiode, réciter leurs vers et faire assaut— sans
originalité d'ailleurs — de propos ingénieux sur ces poètes.
De quelle nature sont les commentaires d'Ion? Un passagefort intéressant du Banquet de Xénophon, sur lequel nous
aurons à revenir, parle des iwovoiott (sens cachés) que certains
s'attachaientà
découvrir chez Homère
3. Il
s'agit de l'inter-
prétation allégorique, fondée par Anaxagore et développée
après lui par Métrodore de Lampsaque et Stésimbrote de
Thasos : Métrodore est nommé par Diogène de Laërte 4;Xéno-
phon mentionne Stésimbrote avec Anaximandre, au mêmeendroit du Banquet. Or Ion déclare que ni Métrodore, ni
Stésimbrote, ni Glaucon 5,ni personne n'a jamais pu expri-
mer sur Homère autant de belles pensées que lui. De ce rap-
prochement on est tenté d'induire qu'Ion pratique lui-mêmesur Homère l'exégèse allégorique. Mais ce genre d'activité,
réservé aux philosophes, peut-il être attribué à un rhapsode?Schleiermacher 6 avait déjà signalé l'invraisemblance d'une
telle supposition. F. Dûmmler 7 et après lui F. Stàhlin 8 ont
soutenu, il est vrai, que derrière Ion c'est Antisthène qui est
visé. Antisthène, qui tenait les poètes pour les interprètes de
la sagesse divine et leur demandait des leçons, professait pour
i. Voir l'ensemble delà phrase : oxav uiv xt; 7rspcaXXou tou îîoiyj-
tou ôtaléyri-at... è7îei8àv os ttç JCtpt 'OuTJpou avyjaOr;...
2. Panalhénaïque, 236 c-e.
3. 3, 5 et suiv.
4- II, 3, 7.
5. On a voulu reconnaître dans ce personnage Glaucon de Téos,
dont parle Aristote (Rhét., III, i § 3). A. ttostagni (La Poetica di
Aristotele, Torino, 1927, p. 112, note) pense qu'il faut plutôt l'iden-
tifier avec le Glaucon mentionné par la Poétique (25, i/J6i b 1),
c'est-à-dire avec Glaucon de Rhégion, auteur d'un des plus anciens
traités de critique poétique, ÏIboi Ttov àp/attov Tcot^roiv xa\ aouaixtov.
6. Platons Werke, dritte Auflage I, 1, p. 3og.
7. Antisthenica, p. 3o et suiv.
8. Die Stellung der Poésie in der platonischen Philosophie, 1901,
p. 26 et suiv.
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NOTICE ii
Homère une admiration particulière. Il lui avait consacré de
nombreux écrits 1
,et s'efforçait, en l'expliquant à sa mode,
de retrouver chez lui les principes de sa propre morale 2.
L'auteur de Ylon, comme celui du Banquet, attaquerait à
mots couverts un ouvrage d'Antisthène, dont Ion repré-
senterait la doctrine en donnant Homère pour la source de
toute science. Bref, Ylon marque, nous dit-on, une phasede la polémique de Platon contre Antisthène.
Si séduisante que puisse paraître cette hypothèse, et si
intéressantes que soient les conclusions à en tirer, elle soulève
de graves objections
3.
Bornons-nousà
indiquerla
plusdirecte. Quand Socrate, dans le Banquet de Xénophon, parle
d'u7covotat, il fait évidemment allusion à l'interprétation allé-
gorique : on n'en peut douter, puisqu'il emploie le mot
propre. Mais nulle part dans Ylon il n'est question d'ÔTrdvoiac.
Pour qualifier ses trouvailles d'exégète, le rhapsode se sert
du mot o-.âvotat, qui a une tout autre valeur 4. Lui-même il
laisse entendre ce qu'il veut désigner par là. Son commen-taire doit être une paraphrase élogieuse
3, par où il s'attache
à faire ressortir les beautés d'Homère 6. Ainsi paraît com-
prendre Socrate, qui appelle Ion '0(xr,pou siratv£rr,ç (536 d
et 5/ia b fin), bien que l'expression ait en plusieurs endroits
chez Platon un sens fort étendu 7.
Mais si les commentaires du rhapsodeLe véritable objet >j •
. * 1 n •
du dialoaue se reduisent a une paraphrase élogieusesans portée philosophique, est-il vrai-
semblable que l'auteur de Ylon ait consacré tout un dialogueà un si mince objet? Scbleiermacher 8 observe que les rhap-
i. Diogène de Laërte, VI, 9, i5-i8.
2. Peut-être, notamment, dans les traités Ilepl èçT)yr)-côJv et Uzoi'
0(17) pOU.
3. W. Janell, Quaestiones Platonicae, 1901, p. 328, note 10.
4. ld.
5. On peut songer aussi à des amplifications comme celle dont se
vante Hippias (Hipp. maj., 286 a et suiv.). Cf. Janell, /., p. 328.
6. Eu x£/.dau.r,xa xôv "Oja^cov (53o d).
7.Cf. Protag., 3og a
; Rép., X, 606 e etc. Voir Nitzsch, o. L,
p. 9, et U. von Wilamowitz-MoellendorfT, Platon, zweiter Band, z\v.
Àuflage, Berlin, 1920, p. l\i, note 2.
8. 0. t.,
p.
181.
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i2 ION
sodés formaient une classe assez inférieure, sans contact avec
l'élite de la population, et incapable en conséquence d'exercer
une influence sensible sur la partie de la jeunesse à laquelles'intéresse Platon. Peut-être répondra-t-on que les poèmes
homériques tenaient dans l'éducation une place des plus
importantes et que leur interprète, dont les récitations sou-
levaient d'enthousiasme, aux grandes fêtes, la cité tout entière,
pouvait être écouté, quand il parlait d'Homère, avec une
déférence attentive. Mais en fait nous voyons par les Mémo-
rables* que les rhapsodes étaient considérés comme des sots,
et l'attitude prêtée à Ion par l'auteur du dialogue s'accordeassez avec ce jugement sévère. Ce rhapsode d'Éphèse, vain-
queur aux fêtes d'Épidaure et qui s'apprête à concourir aux
Panathénées, est abordé par Socrate comme un personnagebien connu des Athéniens. Il peut avoir joui auprès d'eux
d'une grande renommée 2,mais par sa virtuosité d'acteur,
non par ses talents d'exégète.
Quand on examine de près le dialogue, on croit
aper-cevoir la solution du problème. En apparence, l'objet du
débat est de savoir si les commentaires du rhapsode sont
dirigés par une t(yyt\. L'argumentation de Socrate a poureffet de prouver qu'Ion, commentateur d'Homère n'est pas,
quoi qu'il en pense, en possession d'un art. Elle comprenddeux parties. La première se fonde sur cet aveu d'Ion queson habileté ne concerne qu'Homère. Or Homère traite
en général les mêmes sujets que les autres poètes. Qu'ille fasse mieux, c'est possible ;
mais la possession d'un art
permet de parler avec une égale compétence de tous ceux
qui, plus ou moins bien, le pratiquent. Si donc Ion ne
sait parler que d'Homère, c'est qu'il ne possède pas de
xéyyr\ (53 1 a-533 c). Devant la résistance du rhapsode,Socrate entreprend une seconde démonstration. La poésie
homériquetouche à toutes sortes d'arts : ceux du cocher, du
médecin, du pêcheur, du devin. Chacun a son domaine
propre, où la compétence appartient au spécialiste. Queldomaine assigner à l'art du rhapsode ? Il n'y en a pas : il
n'existe pas de pa-WBtxr, tê/vt).Cette deuxième conclusion
confirme et complète la première. Annoncée presque dès le
i. IV, 2, io 7:avu 7jXi0:ouç. Cf. Banquet, 3, 6.
2. Wilamowitz, o. i., p. fo.
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NOTICE i3
début, la discussion est résumée à la fin, de la façon la plus
nette, par une conclusion qui s'adresse à Ion et parait ne
viser que lui.
En réalité, la critique du rhapsode tombe aussi sur les
poètesdont il est l'interprète, et les conclusions formulées
par Socrate les atteignent également. On n'en saurait douter
pour la première démonstration : de même qu'Ion ne sait
bien parler que sur Homère, le poète— Socrate le déclare
expressément— ne peut exceller que dans un seul genre
(534 c)â
. Quant à la seconde, son application aux poètes
n'est
que suggérée,mais ce
queSocrate enlève à
Ion,ne le
refuse-t-il pas du même coup à Homère ? Si parmi les arts
auxquels touche la poésie homérique, il n'en est point qui
appartienne en propre au rhapsode, la même conclusion vaut
aussi pour le poète : toute l'argumentation de Socrate (53g d-
54o c) lui est exactement applicable.
On est donc conduit à se demander si en réalité la discus-
sion, tout en ayant l'air de porter essentiellement sur le rhap-
sode et ses commentaires, ne vise pas surtout la poésie 2 . Ce
soupçon se confirme quand on observe que le débat se déve-
loppe autour d'un morceau central qui est évidemment la
pièce capitale de l'ouvrage. La forme dialoguée y fait place
à deux longs discours de Socrate (533 c-535 a;535 e-536 d).
Le changement de procédé, cet exposé didactique, l'espèce
de solennité avec laquelle est introduit le premier discours,
l'élévation soudaine du ton, tout montre qu'il faut chercherici la véritable pensée de l'auteur et la clef de son dessein.
Dans le reste de l'ouvrage la discussion n'aboutit qu'à des
conclusions négatives. Mais elles ne peuvent suffire. Si ce n'est
pas un art, une xe/vr,, qui dicte au rhapsode tant de belles
choses sur Homère, alors qu'il ne trouve rien à dire sur les
autres poètes, qu'est-ce donc qui le fait parler ? Socrate va le
révéler. Le rhapsode, interprète du poète, est un anneau de
la chaîne qui part de la Muse pour aboutir aux auditeurs et
qui est parcourue par l'inspiration divine. C'est cette inspi-ration qui anime le rhapsode ;
il la tient du poète, directe-
ment rattaché à la Muse, et la communique lui-même à ceux
i. Schleiermacher, o. L, p. 3n; Stallbaum, Prolegomena ad
Ionem, 1857, p. 338.
a.
Déjà
vupar
Schleiermacher, 0. I.,
p.
181.
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i4 ION
qui l'écoutent !
. Pour expliquer le cas d'Ion, Socrate est donc
remonté aux poètes, et c'est à eux qu'il s'arrête en dévelop-
pant la célèbre comparaison avec la pierre magnétique. Les
bons poètes ne peuvent créer que sous le coup d'une posses-
sion divine, et quand le délire sacré leur a ôté la raison. Si
leurs compositions étaient l'effet de l'art, ils sauraient abor-
der avec le même succès tous les genres. Or ils ne réussissent
qu'en un seul, celui où ils sont poussés par la Muse. Et aux
plus médiocres, comme Tynnichos de Ghalcis, le dieu se plaît
à inspirer parfois des œuvres incomparables.
Ainsi la ts'/vtj, c'est-à-dire la possession d'un ensemble derègles reposant sur une connaissance scientifique (èirMmfjjir,),
est refusée aux poètes. Ce que Socrate leur attribue, c'est un
don divin (ôsia aoîpa, 534 bc), une sorte d'enthousiasme et
de délire qu'ils tiennent du dieu et qui les met en branle. Ce
mystérieux privilège, la divinité le leur accorde à sa guise ;
non seulement ils n'en sont pas maîtres, mais ils n'en ont
point conscience; bien plus, il suppose une perte momentanée
de la faculté raisonnante.
_. . . L'auteur du dialogue n'a pas inventéPlaton et la poésie. .. ,° , . •
9 T >j'cette conception de la poésie \ L idée
que le poète n'est que le porte-parole de la Muse apparaît
aux premiers vers de Ylliade et de YOdyssée. On la retrouve
chez Hésiode et chez Pindare. Parmi les philosophes, autant
qu'on en peut juger, Démocrite est le premier qui l'ait
admise. Mais Platon l'a reprise pour l'approfondir et en tirer
hardiment les conséquences qu'elle lui semblait impliquer.Il est impossible de ne pas voir dans YIon l'illustration d'un
1 . Du dieu, figuré par l'aimant, dépend le poète (premier anneau) ;
du poète, le rhapsode (second anneau). F. Stâhlin (o. /., p. 3i)
compare à cette hiérarchie celle que la République (596 sq.) établit
entre l'Idée, l'objet sensible, et l'imitateur. De même que le peintre
(ou le poète), c'est-à-dire l'imitateur, est éloigné de trois degrés de la
nature et de la réalité (Rép. , 697 e), les rhapsodes, « interprètes
d'interprètes » (Ion, 535 a), sont, de trois degrés, éloignés du
divin. Il n'y a d'ailleurs point à en conclure que la théorie des Idées
soit déjà en germe dans YIon.
a. Sur les vues de Platon touchant la poésie, voir Fr. Stâhlin,
o. I. ; W. Chase Greene, Plato's view of poetry {Harvard Studies, I,
29, 1918) ;
G.Colin,
Platon et la
poésie (REG, 1918, p.1 et
suiv.).
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NOTICE i5
passage de YApologie (22 a-c). Socrate, ne pouvant s'expliquerl'oracle de Delphes qui le désignait comme le plus savant des
hommes, est allé interrogera Athènes ceux qui passaient pour
posséder quelque savoir. Après les hommes d'État, il a
consulté les poètes. Or il ne lui a pas fallu longtemps pourconstater que « leurs créations sont dues non pas au savoir
<jo<p''a),mais à un don naturel, à une inspiration divine
(ç,-jnv.
Ttvt xal Ivôooc.a^ovTs:) analogue à celle des prophètes et des
devins. Ceux-là en effet disent, eux aussi, beaucoup de belles
choses, mais sans rien connaître à ce qu'ils disent ».
iMême théorie dans le Phèdre (2^5 a). Platon y distinguediverses sortes de délire (aav:'ai) envoyées aux hommes par les
dieux. La première est celle qui inspire la Pythie de Delpheset les prêtresses de Dodone
;dans les cas de grandes calamités
produites par des malédictions anciennes, la seconde a révélé
les purifications et les rites d'initiation propres à y mettre
fin. « Une troisième sorte de possession et de délire est celle
qui
vient des Muses.
Lorsqu'elle s'empare
d'une âme encore
tendre et neuve, qu'elle la transporte, en lui inspirant des
compositions lyriques et toutes les autres formes de poésie,
et pare de ses charmes d'innombrables exploits des anciens,
elle instruit les générations suivantes. Mais celui qui, sans
ce délire des Muses, approche des portes de la poésie, per-suadé apparemment que l'art suffira à faire de lui un poète,
celui-là n'aboutit lui-même à aucun résultat, et son œuvre
poétique, celle de l'homme de sang-froid, est éclipsée parcelle des poètes en proie au délire ». Écoutons enfin l'Athénien
des Lois (719 c):« C'est un vieux propos, que nous n'avons
cessé de tenir nous-mêmes et universellement admis, que le
poète, quand il s'assied sur le trépied des Muses, n'est plusmaître de sa raison ».
L'expression (6sta ixoTpa) employée pour définir ce délire
sacréapparaît
ailleurs chezPlaton,
notamment dans le
Ménon, où elle s'oppose au mot science(stc.cttjjjlt,).
Les grandshommes d'État, qui ont gouverné les cités sans l'aide du
savoir, sont comparables aux prophètes, aux devins et aux
poètes. Gomme eux, on peut les appeler divins et inspirés (Oeiou;
eTvac xa\ èvôoua'.âÇsiv), car ils doivent au dieu qui les possèdela faculté de dire ou de faire avec succès beaucoup de grandeschoses sans rien savoir de ce dont ils parlent. La vertu n'est
ni un don de nature, ni l'effet d'un enseignement, mais chez
V. 1. — 2
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16 ION
ceux qui la possèdent elle se produit par un privilège divin
(Ôstx [xoipa, 99 e), sans que la raison entre en jeu (99 c-e).
Cette sorte d'inspiration qui dirige les hommes d'État se
confond avec l'opinion vraie (sùSoçia, 99 b).
Il y aurait à rechercher s'il n'entre pas quelque ironie dans
cette conception du délire divin attribué aux poètes1
. On
pourrait aussi se demander quelle valeur Platon entend lui
assigner2
. Il conviendrait de faire intervenir ici la chrono-
logie, pour déterminer dans quelle mesure les idées du philo-
sophe ont pu évoluer sur ce point. H. Raeder 3 observe que
dans le Ménon il reconnaît à l'opinion vraie une utilité pra-
tique égale à celle de la science. A cet égard le Ménon
marquerait un changement dans sa manière de voir. Demême dans le Phèdre, suivant H. Raeder, Platon place très
haut l'inspiration poétique, qui met l'homme en relation
directe avec le divin;
il a cessé d'attribuer à la science une
valeur exclusive. Sans entrer dans un examen qui serait ici
hors du sujet, il suffira de noter que, même dans le Phèdre,le poète n'occupe dans la hiérarchie des âmes que le sixième
rang, juste au-dessus de l'artisan ou du laboureur (248 e).
Il semble, en tout cas, que l'auteur de l'Ion n'ait pour
l'inspiration poétique, comparée à la science, qu'une estime
assez médiocre*. C'est l'impression qu'on éprouve devant
l'insistance qu'il met à dépouiller le poète de tout savoir et
même de toute faculté
personnelle, pourne lui laisser
quel'enthousiasme, force divine sans doute 5,mais qui lui vient
du dehors, et dont il n'a ni le contrôle, ni la conscience,—
étrangère à la raison et incompatible avec elle. Si haut quesoit ce privilège, Socrate fait ressortir d'ailleurs combien il
est limité et précaire. Le poète ne peut produire avec succès
que dans le genre où il plaît à la Muse de l'engager. Hors
1. H. Raeder, Platons philosophische Entwickelung , p. 91, se pro-nonce nettement pour l'affirmative en ce qui concerne Ion, selon lui
raillerie mordante contre les poètes ;sur la difficulté du problème,
voir Fr. Stâhlin, 0. L, p. 1 et suiv.
2. Voir W. Chase Greene, 0. L, p. 1 sq.
3. Cf. Wilamowitz, 0. I., p. 43.
4- G. Colin,oJ.,p.7;cf. St. G. Stock, The Ion oj P lato, 1909, p. vin.
5. Suivant Nitzsch, 0. L, Prolegomena, p. 19, Platon, tout en
gardant les formules traditionnelles, s'attaquerait à la vieille croyancequi attribuait à une impulsion divine des états naturels.
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NOTICE 17
d'état de comprendre les belles choses qui sortent de sa
bouche, il est incapable de juger ceux qui parlent des
matières mêmes dont il
s'occupe
1.
Même si Platon doit être pris au sérieux quand il attribue
au poète une inspiration divine, il n'est pas sûr qu'il faille
voir autre chose qu'une concession de politesse, et au fond
une pure ironie, dans l'application qu'il en fait au rhapsode.Admettons qu'il lui reconnaisse, au moins dans une certaine
mesure, la Ôsia fxotpa, lorsqu'il est le porte-parole du poètedont il récite les vers. Mais cette inspiration s'étend-elle aux
commentaires d'Ion sur Homère 2 ?
Quoi qu'il en soit, ce sont bien les poètes que vise à travers
le rhapsode Fauteur du dialogue. La théorie de l'inspiration
divine qui, par une chaîne ininterrompue, va de la Muse
aux auditeurs, lui permet de remonter par le rhapsode
jusqu'au poète. L'Ion prend place à côté des ouvrages où
Platon passe en revue, l'un après l'autre, quelques-uns de
ceux que juge sommairement YApologie: les hommes d'État
dans le premier Alcibiade, les devins dans YEuthyphron.Dans Ylon, c'est le tour des poètes. Mais le philosophe n'a
pas voulu s'en prendre directement à eux. 11 s'est servi d'un
détour, et c'est un simple rhapsode qu'il a mis en scène 3.
Cependant l'authenticité de Ylon a été
dudialoaue souvent contestée chez les modernes.Au 111esiècle après J.-C. elle ne faisait
pas de doute pour Athénée 4: il reproche à Platon d'y
« insulter tous les poètes », jugement sommaire et excessif
sans doute, mais qui paraît attester que l'auteur ne s'est pas
mépris sur le véritable objet de l'ouvrage. Mais au xixesiècle,
la critique s'est montrée plus défiante. Goethe s a manifesté
sa
surprise
de trouver dans Ylon un Platon et un Socrate si
peu conformes à l'idée qu'on peut prendre d'eux dans les
autres dialogues. Il estimait d'ailleurs, par une vue assez
surprenante, que le traité n'a rien à faire avec la poésie.
1. Cf. Rép., 601 c et sq.
2. Wilamowitz, 0. /., p. 45.
3. H. Raeder, o. /., p. 91.
4- Banquet des sophistes, XI, n4.5. Voir Wilamowitz, 0. L, p. 3a.
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18 ION
Schleiermacher a soumis Ylon à un examen sévère l. Il insiste
sur les contradictions qu'il croit découvrir dans la suite des
idées, sur les incohérences du plan, sur la suffisance gros-
sière et l'impolitesse de Socrate. Contre l'attribution à Platon
il fait valoir enfin des raisons tirées de la langue. Ce quisemble le choquer surtout, c'est l'obscurité même du dessein
poursuivi par l'auteur. Que l'objet du dialogue soit de tour-
ner en dérision un rhapsode, nul ne saurait l'admettre. S'il
vise les poètes, comment expliquer que la thèse ne soit pas
présentée plus clairement? Schleiermacher croit retrouver
dans Ylon le développement de la thèse déjà soutenue dans le
Phèdre 2 sur les poètes, mais avec moins de netteté et de
force. Frappé pourtant de l'accent incontestablement plato-
nicien de certaines parties, il suppose que YIon est l'œuvre
d'un disciple de Platon qui a travaillé, sans toujours bien
comprendre, sur une ébauche du maître, ou peut-être une
exquisse hâtive de Platon lui-même, qui n'a pu y mettre
la dernière main. S'il hésitait encore à tenir Ylonpour
apocryphe, Bekker a été moins timide, et dans l'appendice
ajouté à son étude Schleiermacher s'est rangé à l'avis de
Bekker.
Le jugement de Goethe, les objections de Schleiermacher
ont longtemps pesé sur la critique. Ast 3 et Zeller 4 se sont
prononcés contre l'authenticité. G. Ritter 3les a suivis, en
alléguant des raisons de stylistique: l'usage qui est fait dans
Ylon des formules de réponse. L'authenticité, soutenue parK. Fr. Hermann 6
,G. G. Nitzsch 7
,Stallbaum 8
,F. Dûmm-
ler 9,F. Stàhlin 10
,Ed. Meyer
11, Gomperz
12,a trouvé plus
i. O. L, p. 181 sq.
a. Voir plus haut.
3. Platons Leben und Schriften, 1816, p. 468 sq.4. Die Philosophie der Griechen 3
, 1875, II, 1, p. 4*8.
5. Untersuchungen ûber Plato, 1888, p. i5 sq.
6. Geschichte und System der platon. Philosophie, i83q, p. 435-439-
7. O. L, Prolegomena.
8. Prolegomena ad Ionem, 1857, p. 34i.
9. Antisthenica, 1882, p. 27 sq.
10. O. L, p. 3osq.
11. Forschungenzur alten
Geschichte, II, p, 174 sq.12. Lts penseurs de la Grèce, trad. A. Reymond, II, p. 299, note 1.
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NOTICE 19
récemment des défenseurs dans W. Janell et H. Raeder 2.
Enfin Wilamowitz, après l'avoir longtemps niée 3,l'admet
dans l'étude qu'il a consacrée à Y Ion 4et où il examine les
divers problèmes posés par le dialogue. Il reconnaît qu'elle
est aujourd'hui généralement acceptée. Mais aux réserves dont
il enveloppe son adhésion on peut encore mesurer l'impres-
sion profonde qu'avaient faite sur lui les critiques de
Schleiermacher.
En essayant de dégager le sens de YIon, nous avons indi-
qué par avance quelques-unes des difficultés auxquelles se
heurte l'interprétation du dialogue, et comment elles nousparaissent se résoudre. Écartons Jes objections tirées de la
langue et du style : celles de Schleiermacher, d'ailleurs peu
nombreuses, portent à faux * ou se réduisent à des apprécia-tions arbitraires 6
;et l'on peut en dire autant de celles de
C. Ritter 7. Que le fond du dialogue soit platonicien, c'est ce
que reconnaissent Schleiermacher et Zeller, et ce qui ressort
des rapprochements indiqués plus haut. Les critiques quitouchent au plan et à la conduite du dialogue, les reproches
d'obscurité, d'incohérence, ou de faiblesse dialectique faits à
l'auteur sont plus sérieux. Mais, même justifiés, que prouve-raient-ils en soi contre l'authenticité 8
? Tout ce qu'on en pour-rait conclure, c'est que Platon n'a pas fait montre ici de la
même sûreté ni du même art qu'ailleurs, fait explicable si
YIon est une œuvre de début 9. Sur tous ces
points,d'ailleurs,
il y aurait bien des réserves à faire. Qu'un interlocuteur tel
qu'Ion soit traité par Socrate avec une liberté assez cavalière,
1. Quaestiones platonicae, p. 324 sq.
2. O. L, p. 90 sq.
3. Arisloteles und Athen, i8g3, p, 188, note 4; Hermès, 1909,
p. 458 sq.
4- Platon, zweiter Band, zw. Auflage, 1920, p. 32 sq.5. Ainsi quand il déclare, p. 3n, que l'emploi transitif de ôp 4
uto
(534 c) est insolite en prose : on en trouve d'autres exemples chez
Platon lui-même, dans le Phèdre, la République et les Lois.
6. Par ex., lorsqu'il écrit(même endroit) que XffWMK (534 c) ne
convient pas pour des poètes lyriques.
7. W. Janell, o. /., p. 336.
8. Certains ont reproché au Phèdre — dont l'authenticité est hors
de doute — une composition peu rigoureuse.9. Wilamowitz, 0. L, p. 43 sq. Voir injra.
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ao ION
on ne saurait s'en étonner. Mais n'y reconnaît-on pas encore,
sous une forme un peu appuyée, l'ironie habituelle à Socrate *?
La fin du dialogue est un délicieux persiflage où tout porte
la marque de Platon. Il n'est pas juste de taxer d'incohérenceet de grossièreté l'attitude de Socrate demandant à Ion un
exemple de son savoir-faire, puis refusant de l'entendre, et
pour finir, lui reprochant de n'avoir pas voulu montrer ses
talents 2. Avant d'écouter le rhapsode, Socrate a voulu savoir
si ses commentaires ont une valeur scientifique et sur quels
objets porte sa prétendue te/vt,. De la discussion il résulte
qu'Ion est incapable de répondre, parce que la te/vt) dont il
se pare lui fait défaut : il ne possède aucune compétence
spéciale. Socrate n'a donc pas tort de conclure qu'il lui a fait
une promesse de hâbleur. Qu'il entre d'ailleurs une part de
sophisme3 dans les raisonnements et les conclusions de
Socrate, on peut l'accorder. Il est permis notamment de pro-
tester, avec Goethe et Wilamowitz 4,contre une théorie qui
dans la définition de l'œuvrepoétique
ne tient
pas comptede la forme, et qui reconnaît aux seuls gens de métier :
cochers, pêcheurs, médecins, etc., le pouvoir et le droit de
juger si Homère parle bien ou mal des xé/vat qu'ils repré-sentent 3
. Mais il y a parfois du sophiste chez Platon 6,et
d'autres dialogues, d'une portée bien supérieure à lion, nous
laissent une impression analogue.Pour ce qui est de la conduite de l'ouvrage, nous croyons
avoir montré que le reproche d'incohérence est peu justifié.
Les deux démonstrations de Socrate sont inséparables l'une
de l'autre : elles se pénètrent et se ramènent à l'unité 7. Dans
la première partie, l'exemple de la divination objecté au
i. Est-il légitime de soutenir avec Wilamowitz (p. 45) queSocrate est ici tout différent de ce qu'il apparaît ailleurs, notamment
dans YApologie
? Il
faut,au
reste,tenir
comptedes conditions
parti-culières de chaque dialogue et des différences de ton qui en résultent.
a. Schleiermacher, o. Z.,p. 3og, 3i2.
3. Wilamowitz y insiste, non sans excès, p. 44-45.
4. O. L, p. 44-45.
5. Cf. Rép., 598 c.
6. G. Colin, 0. L, p. 3i.
7. Ainsi s'explique à la fin du dialogue, dans la conclusion qui le
résume,le
rappelde la ôeia
fxoïpa
définie
parSocrate dans la
pre-mière partie.
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NOTICE 21
rhapsode est-il un emprunt maladroit à l'argumentation de
la seconde ?* Nous ne le croyons pas. Il tend à prouver qu'Ion,
s'il parlait d'Homère d'après une xé/^vr,, saurait également
parler d'Hésiode. L'argument est à sa place dans la démons-tration. Dans la seconde, l'exemple prendrait un autre sens :
il servirait à montrer que, sur chaque xeyvrj particulière, le
rhapsode est dépourvu de la compétence propre au spécialiste.
Par deux voies différentes Platon s'achemine à la mêmeconclusion : Ion ne possède pas de
xÉyvr,.
Quant aux contradictions, où sont-elles? Il est vrai que la
itoiTiTtxr, te/vy) paraît présentée tourà
tour comme une et
multiple, ce que Schleiermacher 2
juge inacceptable. Mais le
raisonnement est celui-ci. S'il existe une Tzovr\Tixri xe/vr], elle
doit permettre à qui la possède de parler de tous les poètes
avec une égale compétence. Ion en est incapable ;cette xéy vr]
lui fait donc défaut. D'ailleurs l'œuvre poétique— celle
d'Homère, dont s'occupe Ion — se résout en éléments quirelèvent de
xéyvai
diverses. Il ne
peut
être
question
d'une
TcotTjX'.xr, xé/vr).Le rhapsode possède-t-il du moins une de
ces xéyvai, qui le mettrait en état de porter un jugement sur
telle ou telle partie d'Homère ? Non : il estimpossible de trouver
dans l'œuvre homérique rien qui se rattache à unepa<]>u)0ix7j
Tf'vVTj3
.
Enfin, si le véritable but de YIon ne s'aperçoit pas au pre-
mier coup d'œil, c'est sans doute que l'auteur avait ses rai-
sons pour ne pas mettre en scène un poète. C'est à dessein
qu'il a pris un rhapsode, mais son intention apparaît claire-
ment lorsqu'on étudie la composition même, et qu'on
replace YIon dans l'ensemble de l'œuvre de Platon.
Wilamowitz, après Goethe, signale ce qu'il y a d'« aristo-
phanesque » dans le ton du dialogue. La conclusion de
i. Gomme le
prétend Schleiermacher,o. L,
p. 309.2. O. /., p. 182.
3. L'idée, exposée dans Ylon, que le poète ne peut produire avec
succès que dans un seul genre n'est pas en contradiction, quoi qu'endise Schleiermacher (0. L, p. 3 11), avec l'endroit du Banquet
(223 d) où Socrate oblige Agathon et Aristophane d'admettre que le
poète capable de composer des tragédies d'après une xéy vtj doit être
aussi en état d'écrire des comédies. Comme nul n'a pu le faire
(Rép., III, 395 a), il
n'yaqu'une conclusion à en tirer: la tÉ/vt) fait
défaut aux poètes (voir H. Raeder, 0. L, p. 167).
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2 2 ION
l'entretien est en effet d'un tour qui confine à la bouffonnerie.
Mais si l'on peut ici, comme souvent ailleurs, parler de
« comédie », il serait excessif de comparer aux charges
d'Aristophane la railleuse et spirituelle fantaisie de Platon.Le ton est tout différent, et la plaisanterie, dans sa vivacité,
garde le plus souvent une charmante légèreté de touche. La
figure d'Ion n'est pas, à proprement parler, une caricature.
Les rhapsodes, selon l'opinion commune1
,ne brillaient point
par l'intelligence, et Ion ne fait pas exception à la règle. Infa-
tué de son talent, il ne cherche qu'une occasion de l'étaler;
c'est lui
qui, parune
mépriseamusante, donne à l'entretien,
pour son malheur, une direction inattendue. En le félicitant
de bien comprendre la pensée d'Homère, Socrate veut dire
seulement que le rhapsode, pour faire justement ressortir les
nuances du texte qu'il récite, doit en avoir d'abord pénétré le
sens. C'est ce que signifient les mots tov pa^wBov epjjt.r)véa 8eï
totj itotyjTOu tt^ç Biavotaç Ytyveaôai toTç àxououfft (5o3 c).
Ion s'imagine à tort que Socrate fait allusion à ses commen-taires des poèmes homériques. Il ne se montre pas davan-
tage capable de suivre le raisonnement de l'adversaire. La
pensée qu'il participe, comme le poète, à une Oela. jxoïpa flatte
sa vanité; l'explication
de Socrate lui semble lumineuse;
cette révélation l'éclairé brusquement sur lui-même et sur
l'effet qu'il produit (535 c). Néanmoins il tient à posséderune xiyy-(\ : c'est un avantage dont il ne consent pas à être
dépouillé. Même quand Socrate lui a fait admettre que les
divers sujets traités par Homère relèvent de zi/yon spéciales,
étrangères au rhapsode, il n'en persiste pas moins à soutenir
que tous sont de son ressort. Il demeure effaré, lorsqueSocrate lui fait voir qu'il
n'a rien compris à la démonstration
ou qu'il Ta oubliée (539 e-54o a). Finalement, perdant pied,il se raccroche, au hasard, à cette affirmation qu'il connaît
mieux que personne le langage convenable à un chefd'armée : il n'y a pas de différence déclare-t-il, entre
<yTpaTY,yixoç et pa^wob; àyaôd; (54o e). Et l'entretien le laisse
dans l'état d'ahurissement où le mettraient les tours d'un
prestidigitateur. Préfère-t-il passer pour Qsïoç ou pouraBixoç?11 aime mieux être divin : a c'est bien plus beau » .
i. Voir supra, p. 12.
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NOTICE a3
La date du A quelle époque l'entretien est-il censé
dialogue. avoir lieu ? On apprend (54 i c) qu'Éphèseest sous le pouvoir civil et militaire d Athènes. Or la patrie
du rhapsode, qui, entrée dans la première confédération
maritime, restait encore fidèle à la cause athénienne en [\nl\x
,
s'en détacha quelques années plus tard. Avant l'expédition de
Sicile, elle tomba, semble-il, aux mains du satrape Tissa-
pherne2
,et dès lors prit ouvertement parti contre Athènes.
Mais on la voit, en 3q4, se séparer de Sparte pour conclure
avec Rhodes, Samos, Gnide et lasos, une ligne défensive favo-
rable à Athènes 3; puis de nouveau, en 391/390, se rapprocher
de Sparte; en 388/387 elle est à ses côtés 4. D'après cette
première indication, on rapportera la date svpposée de
l'entretien soit aux années qui ont précédé 4ï5, soit à la
période qui va de 394 à 387 ou, plus exactement, à 391.C'est à cette dernière qu'il faut s' arrêter. Socrate mentionne 5
en effet trois étrangers : Apollodore de Cyzique, Phanosthène
d'Andros et Héraclide de GJazomène, qui se sont vu confier
par Athènes des commandements militaires et d'autres
charges. Le même fait est rapporté d'Apollodore et d'Héraclide
par Élien 6,d'Héraclide et de Phanosthène par Athénée 1
.
D'ailleurs ces deux écrivains n'ajoutent rien à l'indication de
Platon, qu'ils se bornent visiblement à reproduire. Wila-
mowitz, après Bergk, a d'abord 8 voulu reconnaître dans
Apollodorele
personnage dece
nom dont parlePausanias 9
,
un chef de mercenaires qui avait sa tombe au Céramique.
Or, cet Apollodore étant contemporain de Philippe, l'identi-
fication, si elle était exacte, démontrerait que Ylon n'est pas
authentique. Mais dans son ouvrage sur Platon, paru en
192010
,Wilamowitz renonce à ce rapprochement : Pausanias,
1. Thucydide, IV, 5o.
2. Bûrchner dans Pauly-Wissowa, 5 2 , p. 2790.3. Cf. Pausanias, VI, 3, 6.
A. B. Keil, Die Rechnungen iiber den Epidaurischen Tholosbau (Mitt.
des kaiserl. deutsch. arch. Inst. Athen. Abtheil. XX, 1895, p. 76).
5. 54 i cd.
6. Histoire variée, XIV, 5.
7. XI, n4.8. Aristoteles und Athen, I, p. 188, 4.
9 Ii 29, 7-
10, Vol. II, p. 33.
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24 ION
qui qualifie Apollodore d'Athénien, ne dit nullement qu'il
fût étranger d'origine, et il a pu exister bien d'autres hommesde ce nom. Phanosthène est nommé par Xénophon
1 comme
ayant été envoyé contre Andros à la place de Gonon, dansl'hiver de 4o6/4o5. Ed. Meyer
2 voit en lui un des Andriens
dont parle Andocide 3,à qui Athènes, manquant d'hommes,
avait accordé le droit de cité. Le discours d'Andocide est de
399, mais, si Phanosthène était chargé par les Athéniens, en
4o6/4o5, d'un commandement militaire, c'est sans doute
qu'à cette date il avait déjà acquis le titre de citoyen.
La mention d'Héraclide fournit un renseignement plusprécis. L' 'AÔ^vatwv roXiTeia* nous apprend que ce personnagefit élever à deux oboles l'indemnité des ecclésiastes athéniens.
La mesure doit être placée en 393 au plus tard 3: Héraclide
avait donc, à ce moment-là, reçu le droit de cité, peut-être
depuis plusieurs années, vers le début du ive
siècle6
. En
rapprochant cette indication de celle que fournit la mention
d'Éphèse,
on est amené à conclure
que
la date supposée de
l'entretien se place entre 394 et 3917
.
Au reste, la question est d'intérêt secondaire. Ce qui
importe davantage, c'est de déterminer la date réelle de l'ou-
vrage. On a vu 8 comment Schleiermacher la plaçait sans
hésiter après celle du Phèdre. Mais il considérait ce dernier
dialogue comme une œuvre de jeunesse9
; or, cette conceptionest généralement abandonnée aujourd'hui. Si l'on admettait
l'antériorité du Phèdre, il faudrait assigner à Ylon une date
assez basse. Ainsi fait St. G. Stock 10, qui le met, dans l'ordre
des temps, après la République, c'est-à-dire, si l'on adopte la
chronologie proposée par H. Raeder, après 38o. C'est aussi
une œuvre de la pleine maturité, contemporaine du Théétète
1.
Helléniques,I,
5, 18-19.2. Forschungen, II, p. 174.
3. Sur les mystères, 1^9.
4. XLI, 3.
5. Kahrstedt dans Pauly-Wissowa, p. 4 57-8.6. Mais pas avant 4o3 ;
cf. Dittenberger, Sylloge I 3 ,]n8.
7. Notons l'anachronisme : Socrate est mort en 399.8. Supra, p. 18.
9. Il le datait de 4o6.
10. The Ion ofPlato, 1909, p. x-xi.
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NOTICE a5
et d'une partie de la République, que F. Dûmmler 1
,suivi
par F. Stâhlin 2, propose de voir dans Ylon.
Ulonprésente
avec deuxpassages
duBanquet
de Xéno-
phon des ressemblances indéniables 3: « Mon père, dit
Nicératos, soucieux de faire de moi un honnête homme,m'a contraint d'apprendre tous les vers d'Homère. Et
aujourd'hui je serais en état de réciter en entier Ylliade et
Y Odyssée.—
Ignores-tu, dit Antisthène, que tous les rhap-
sodes, eux aussi, savent ces vers? — Comment pourrais-je
l'ignorer, réplique Nicératos, moi qui les entends presque
chaque jour? — Connais-tu donc une engeance plus sotte
que les rhapsodes?— Non par Zeus! dit Nicératos, je ne
crois pas.— Il est clair en effet, dit Socrate, qu'ils ne savent
pas les sens allégoriques. Mais toi, tu as donné beaucoup
d'argent à Stésimbrote, Anaximandre, et plus d'un autre, de
sorte que rien ne t'a échappé des endroits qui ont de la
valeur 4. » Et plus loin : « Vous savez sans doute, dit Nicé-
ratos, qu'Homère, le plus savant des hommes, a traité dansses poèmes de presque toutes les choses humaines. Celui de
vous qui voudra acquérir les talents du bon intendant, de
l'orateur ou du général, qu'il m'entoure donc de ses préve-nances ! Car toutes ces sciences m'appartiennent.
— Connais-
tu aussi l'art de régner?... dit Antisthène. — Oui, par Zeus!
répond Nicératos, et je sais aussi qu'un conducteur de char
doittourner près de la borne (ici les trois vers de Ylliade,
XXIII, 335-7). ^n o^e, je sais encore autre chose... Car
Homère dit quelque part : « Par-dessus, de l'oignon, condi-
ment du breuvage »(//., XI, 63o)
5.
On s'est demandé depuis longtemps de quelle nature est
le rapport entre les deux ouvrages. Dùmmler 6 refuse d'ad-
mettre que Platon ait pu viser Nicératos;
il pense que Platon
et
Xénophon
se réfèrent
indépendammentà un même traité
d'Antisthène. D'après Ast, l'auteur de Ylon (faussementattribué à Platon) s'est inspiré à la fois du Banquet de Xéno-
1. O. l.y p. 62. Sur ce point, d'ailleurs, Dûmmler n'est pas affir-
matif.
2. O. I, p. 32.
3. Wilamowitz, 0. /., p. 3£.
4- Banquet, 3, 5-6;cf. Ion, 53o c d.
5. Banquet, 3, 6-7 ; cf. Ion, 537 a D '> 538 c.
6. O. L, p. 3o.
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26 ION
phon et de l'endroit des Mémorables rappelé plus haut 1
,sans
parler du Phèdre qu'il aurait maladroitement utilisé 2. On
ignore la date du Banquet, antérieur au Banquet de Platon,
selon les uns, composé après lui, suivant les autres 3. De
toute façon, Xénophon n'a pas dû commencer à écrire avant
son établissement à Scillonte, qu'il faut fixer autour de 387.Si ÏJon
s'inspirait du Banquet, il conviendrait donc d'en
placer la composition après cette date, peut-être même sen-
siblement plus bas 4. Mais ici toutes les vraisemblancesdésignent
Xénophon comme l'imitateur 5. Dans YIon, la citation de
YIliade relative au conducteur de char est tout à fait à sa
place; dans le Banquet (où elle se réduit à trois vers), son
apparition est inattendue. La remarque est encore plus vraie
de la seconde citation de Nicératos (sur l'oignon). Quand on
passe de Ylon au Banquet, on a nettement l'impression que
Xénophon se souvenait de Platon. La manière, assez incohé-
rente, dont les idées s'associent dans la bouche de Nicératos,
les
mots mêmes dontil
se sert pourles
introduire semblenten être la preuve.De l'incontestable rapport qui unit Ylon et le Banquet de
Xénophon, il n'y a donc rien à tirer pour la date du
premier. Les allusions à Héraclide de Glazomène et à
la situation d'Éphèse montrent que Ylon n'est pas antérieur à
3g4. Convient-il de le faire descendre beaucoup plus bas? Les
deux ou trois particularités de langue invoquées par St. G.
Stock pour placer Ylon après la République n'ont rien de décisif.
Un examen plus étendu des formules de réponse, de l'hiatus,
de l'emploi des adverbes ïÔgtzeo et xaôx7rec, conduit au contraire
W. Janell 6 à ranger Ylon parmi les écrits de jeunesse, non
1. P. 12.
2. Ce qui n'empêchait pas Ast de proposer pour Ylon la date de
4o6 ou 4o5.3. Voir l'édition du Banquet de Platon par Hug , Leipzig, 1876,
p. xxin et sq. La seconde hypothèse me semble la plus probable (cf.
VV. Janell, o. t., p. 328). Dans la Notice de son édition du Banquet,
If. Robin, après un examen approfondi de la question, renonce à
conclure.
4- Suivant Ad. Roquette, De Xenophontis vita, Progr. Rônigsberg,
1884, le Banquet doit être de 38o environ.
5.
Wilamowitz,o. t.,
p.35. W. Janell l'avait
déjàtrès bien montré.
6. O. L, p 333 sq.
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NOTICE 27
loin de YHippias mineur. Cette date expliquerait notamment
le ton dogmatique prêté à Socrate. Les deux dialogues
offrent d'ailleurs d'autres analogies. Comme Ion, Hippias cite
et commente la poésie homérique. Et Socrate, ne pouvant
interroger Homère lui-même, demande au sophiste de
lui répondre à la fois en son nom et au nom du poète. La
ressemblance avec Ylon est manifeste 1
, quoique dans YHip-
pias les citations d'Homère ne fournissent qu'un point de
départ.
Pour attribuer Ylon à la jeunesse de Platon on a souvent
allégué aussi les imperfections de la forme et du plan 2 .
Wilamowitz, vivement frappé de ces défauts, croit y trouver
un argument si fort qu'il n'hésite pas à considérer Ion commele premier en date des dialogues platoniciens
3. On peut
reconnaître en effet, dans les parties dialoguées, une raideur
un peu gauche, et une certaine monotonie dans l'emploi des
formules. Mais y a-t-il chez Platon beaucoup de pages plus
exquises que le discours de Socrate où se trouve la compa-raison de la pierre magnétique? C'est dans le texte qu'il faut
lire le développement sur les poètes (533 e sq.). Il se déroule
avec la souplesse nonchalante de la phrase parlée, et voici
surgir une à une, pour peindre le délire et la nature divine du
poète, de magnifiques ou charmantes images : les bacchantes
qui puisent aux fleuves le miel et le lait, les jardins et les
vallons des Muses, et les abeilles
qui ybutinent en
voltigeant,« car le poète est chose légère, ailée, sacrée... ». Quant aux
critiques faites à la composition, nous avons essayé de montrer
qu'elles sont peu justifiées.
Ce n'est pas sur ces motifs que nous nous fondons pourvoir dans Ylon une œuvre de jeunesse. Mais, en dehors des
raisons de style alléguées par Janell, des analogies signalées
plus haut entre Ylon et YHippias mineur, le sujet même du
dialogue, les idées qu'on y trouve exposées nous invitent à
le mettre aux côtés de YApologie et de YHippias. Stallbaum
note justement'*
que l'auteur y apparaît tout pénétré encore
1. H. Raeder, o. L, p. g4-
2. W. Janell, 0. L, p. 327.
3. O. L, p. 36 sq.
A. O. /., p. 339-4o.
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a8 ION
de l'enseignement socratique, tandis que rien n'y annonce
la théorie des Formes. Enfin l'allusion très précise faite à la
situation d'Éphèse paraît bien indiquer que le dialogue n'a
pas été composé après 391, et qu'on doit en fixer la date dansles trois ou quatre années qui précèdent
4. Ulon se range natu-
rellement, nous l'avons dit 2,dans le groupe des ouvrages qui
illustrent d'exemples particuliers l'enquête rapportée parSocrate dans YApologie. Faut-il en induire 3
que VIon,
comme le premier Alcibiade, le Lâches, YEuthyphron, a suivi
YApologie} Sur ce point l'argumentation de H. Raeder 4
n'emporte pas la conviction, et il est sage de ne pas conclure.
1. B. Keil, 0. L, s'arrête à 3g4-3, mais ses calculs fondés sur la
date des Panathénées semblent ici fort hasardeux.
a. P. 17.
3. H. Raeder, o. I, p. 91.
l\. Si VApologie avait été écrite après ces dialogues, on compren-drait mal, dit H. Raeder, qu'elle ne suive pas plus exactement, dans
le récit de l'enquête entreprise par Socrate, les exemples déjà traités.
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CONSPECTUS SIGLORUM
T=Cod. Venetus app. class. 4, cod. i (sub fin. xi
uel init. XII saec.)
W= Cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr. 7 (fortasse
saec. xn).
F = Cod. Vindobonensis 55, suppl. phil. gr. 39 (saec.xiv).
Raro memorantur etiam S= Cod. Venetus 189 (saec.
xiv) et E = Cod. Venetus i84- (saec. xv).
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ION
[ou sur l'Iliade, genre probatoire.]
SOCRATE, ION
530 a Socrate. — A Ion salut ! D'où viens-Préambule. ju aujourd'hui dans notre pays ? Est-cePrésentation i i .
• A ,^ • , *r J
^„ ««»,c«»,»,o„« de cnez to, > d Lphese ?du personnage r .
d'jon . Ion. — Nullement, Socrate, mais d'Epi-daure. Je viens des fêtes d'Asclépios '.
Socrate. — Serait-ce qu'ils organisent aussi un concours
de rhapsodes en l'honneur du dieu, les gens d'Épidaure?Ion. — Parfaitement, et même de tous les autres arts des
Muses.
Socrate. — Et alors, prenais-tu quelque part au concours ?
Et comment as-tu concouru ?
b Ion. — Les premiers prix ont été pour nous, Socrate.
Socrate. — A la bonne heure ! Tâchons donc d'être vain-
queurs aussi aux Panathénées.
Ion. — Mais il en sera ainsi, s'il plaît à Dieu.
Socrate. — Ma parole, je vous ai plus d'une fois, Ion,
envié votre art, à vous autres rhapsodes ! Vous êtes tenus parvotre art d'être
toujours parés
sur votre
personne,
et de vous
montrer aussi beaux que possible; en même temps, c'est
pour vous une nécessité de vivre dans la compagnie d'une
foule de bons poètes, surtout dans celle d'Homère, le meilleur et
le plus divin de tous, et de connaître à fond sa pensée et non
c seulement ses vers : sort enviable ! Car on ne saurait être
i. Les MeydcXa *AaxXa7cieta se célébraient tous les quatre ans.
Lafête, qui
durait au moins trois
jours,se
plaçaitentre la fin d'avril
et le début de juillet (Defrasse et Lechat, Épidaure, p. a33).
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IÛN
[t] Tztpi 'IXiaôoç*
retpaaxixd;.]
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ZO. T6v "lava ^atpEtv. ri68ev Ta vOv r^îv etuSeSt)- 530 a
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Zft. Kal ^f|v TToXXàKLÇ yE è^f)Xcoaa u^iaçxoùç paiJjcûSoûç,
cû "Icov, xf^ç TÉ^vriç' x6 yàp ajia u.èv x6 a6ùu.a KEKoa^f^aSat
àsl TipÉTTOv uu.6ùv EÎvat xrj xé^vrj Kal oç KaXXtaxoiç tyaL-
V£c8ai, ajjia Se àvayKaîov EÎvai Iv te aXXoiç Ttoir)xaîç Sia-
xpîÔELV TioXXoîç Kal àya8oîç KalSi*)
Kal [làXiaxa ève
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xcp àpCaxcp Kal SEioxàxcp xcov Ttoirjxcûv, Kal xf)v xoûxou Sia-
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530 a 7 Stt*K ye TWf:
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b 2 v.xr'aou.£v T : -uwpiv WF |j 7 x<xÀà:5Xgu; corr. Paris. 181 2.
V. 1. — 3
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530 c ION 3o
rhapsode si l'on ne comprenait ce que dit le poète. Le rhap-
sode, en effet, doit être l'interprète de la pensée du poète
auprès des auditeurs. Or, s'en acquitter comme il faut est
impossible, si l'on ne sait ce que Yeut dire le poète. Toutcela est bien digne d'envie.
Ion. — Tu as raison, Socrate. En ce quiIon commentateur » - .• j .
d'Ho reme concerne
>c est *a partie de mon art
qui m'a donné le plus de peine, et je
crois être de tous les hommes celui qui dit les plus belles
choses sur Homère. Ni Métrodore de Lampsaque, ni Stésim-
d brote de Thasos, ni Glaucon l, ni aucun de ceux qui ont
jamais existé n'a su exprimer sur Homère autant de belles
pensées que moi.
Socrate. — A la bonne heure, Ion ! Évidemment tu ne
refuseras pas de me montrer ton talent.
Ion. — Ma foi ! Socrate, il vaut la peine d'entendre
comme j'ai su parer Homère avec art. Je crois mériter des
Homérides2
une couronne d'or.
Socrate. — Eh bien, je prendrai le
531 a Pourquoi temps de t'écouter une autre fois. Au-e a en on
iourcl'hui je ne te demande qu'unene s applique-t-ilJ
,J
,*
qu'à Homère ? réponse : est-ce sur Homère seulement
que tu es habile ? Ou l'es-tu aussi sur
Hésiode et Archiloque?
Ion.
— Point du tout; sur Homère seulement. Gela meparaît suffisant.
Socrate. — Y a-t-il des sujets sur lesquels Homère et
Hésiode disent tous deux les mêmes choses ?
Ion. — C'est mon avis, et même il y en a beaucoup.Socrate. — Sur ces sujets-là, saurais-tu mieux expliquer
ce que dit Homère que ce que dit Hésiode ?
Ion. — Aussi bien l'un que l'autre, Socrate, du moins surles sujets où ils disent les mêmes choses,
b Socrate. — Et ceux où ils ne disent pas les mêmeschoses ? Voilà, par exemple, l'art divinatoire : il en est ques-
tion à la fois chez Homère et chez Hésiode.
i. Sur Métrodore, Stésimbrote et Glaucon, voir la Notice, p. 10.
2. Famille de Ghios (cf. p. 7, note 3) dont les membres préten-
daient descendre d'Homère (Strabon, XIV, 645). Pindare, Ném. Il,
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3o IQN 530 a
yàp av yÉvotT6 ttote pau\><ùS6q, Et*\ii\ aovzLr) xà Xeyo^Eva
utt6 toû TUOtrjToO. T6v yàp (SaLpaSèv Épu.Tjv£a SeÎ toO
TioLrjToO Tfjç Siavotaç yCyvEaSaL toîçàKoûouaL' toOto 8è
kccXcoç ttoleÎvljli*) yLyvebaKovTa 8 tl XÉyEL ô ttoliit^c; àSuva-
tov. TaOxa oSv TràvTa a£ia ^rjXoOaSai.
ION.3
AXr|8fj XÉyEtç, & Z&KpaTEÇ* elioI yoOv toOto
ttXeÎotov Ipyov TiapÉaxEV Tfjç TÉxvrjç, Kal oÎLiaL «kXXtaTa
àvSpccmcûv XéyELV TTEpl 'Ou-T^pou, â>q oÛte MrjTpéScopoç ô
Aa^ipaicrjvôc;
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ZxT^aC^BpoToç
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ol^te aXXoç ouSeIç tûv ttoùttote yEvo(iÉvûûv la^Ev eItteîv oôtcû
TioXXàç Kal KaXàç StavoCaç TTEpte
Ou.f]pou 8aaç èycù.
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ION. Kalu.fjv S^lov àKoOaai, S Za>KpaT£Ç, â>ç e5 keko-
a^trjKa t6v "Ou.r]pov ôScjte oÎLiaL unee
Ou.rjpL8ûv &£ioç
EÎvat xpuaco ax£(|>àva> aTE^avoSfjvat.
ZO. KalLifjv âyà etl TTOLfjaou.au a^oXi^v àKpoSaSat' aou,
vOv Se liol xoaovSE àTioKpLvaf TTÔTEpov TTEpl 'Ou-T^pou li6vov 531 a
Selvoç eTf^
Kal TTEple
Hat68ou Kal 'Ap^iXô^ou ;
ION. OuSaLiôç, àXXà TTEple
Ou.f)pou u.6vov* LKavov yàp
LLOL SOKEÎ EÎvai.
ZO. "'Eqtl Se TTEpl bxou "Ou-rjpoç te Kale
Ha(o8oç xauxà
XéyETov ;
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''Olltjpoc; XéyEi f\fi
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HaCo8oç ;
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ZO. T( Se Sv TTÉpi uif]xauxà XsyouaLV ;
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Kfjç XéyEi tl °Ou.r|p6ç te Kal 'HaCoSoç.
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Wlb ION 3i
Ion. — Parfaitement.
Socrate. — Et alors ? Les points sur lesquels s'accordent
et ceux sur lesquels diffèrent ces deux poètes touchant l'art
divinatoire, est-ce toi qui saurais le mieux les expliquer,ou un devin, un bon devin ?
Ion. — Un devin.
Socrate. — Mais supposons que tu fusses devin : si tu
étais en état d'expliquer les endroits où ils s'accordent, ne
saurais-tu Das aussi expliquer ceux où ils diffèrent ?
Ion. — Évidemment,
c Socrate. — Comment donc se peut-il que tu sois habilesur Homère, mais non sur Hésiode ni sur les autres poètes?Homère traite- t-il d'autres sujets que l'ensemble des autres
poètes ? N'est-ce pas sur la guerre qu'il discourt le plus sou-
vent, sur les rapports mutuels d'hommes bons et méchants,
profanes et gens de métier, sur les relations que les dieux
ont entre eux et avec les hommes, sur les phénomènescélestes et le monde de l'Hadès
, sur les
générationsdes dieux
d et des héros ? N'est-ce pas sur ces sujets que porte la poésie
d'Homère ?
Ion. — Tu dis vrai, Socrate.
Socrate. — Et les autres poètes? Ne traitent-ils pas ces
mêmes sujets?
Ion. — Oui, Socrate, mais ils n'ont pas fait œuvre de
poètes de la même façon qu'Homère.Socrate. — Gomment cela? Plus mal?Ion. — Beaucoup plus mal.
Socrate. — Et Homère a fait mieux ?
Ion. — Bien mieux, par Zeus !
Socrate. — Voyons donc, chère tête d'Ion. Lorsque plu-sieurs personnes parlent de nombres, et que l'une d'elles en
parle excellemment, quelqu'un reconnaîtra sans doute celle
qui parle bien ?
e Ion. — Oui.
début, fait d'eux des aèdes ou des rhapsodes ;Platon parle des
poèmes dont ils sont dépositaires (Phèdre, a52 bc; Rép., 699 e, etc.).
Mais ce nom désignait aussi, en général, les amateurs de poésie
homérique.1 . La
poésie homériquedécrit souvent le lever et le coucher du
soleil, les phénomènes de l'atmosphère (IL, III, 10 sq. Notos et le
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3i IÛN 531b
ION. l~làvu yE.
ZO. T( o3v;
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TïoiTjxà toùtoù, TtoTEpovoù KaXXiov âv
E^rjyf]aaio I]tqv u.àvT£Gùv tiç tcùv àyaSSv ;
ION. TgùV (idcVTEOV.
ZO. Et Se au î)a8a ^avTiç, ouk, EÏTtEp TtEpl tôv ô^o£coç
XEyojiÉvcov oîoç t' f^aGa E^rjyrjaaaSaL, Kal TtEpl tcùv Sia(f>6-
poç XEyou.Évoùv f]Tt£aTco av ê£r|yEÎo8ai ;
ION.Af^Xov
on.
ZO. Ti ot5v TTOTE TtEpl fclEV 'O^fjpOU SeIVÙÇ EÎ, TtEpl SE C
HatoSou oû, ouSè tcùv àXXcov TtoirjTOùv ; f\ "O^rjpoc; TtEpl
SXXoûv tlvôv XéyEt f} oovTiEp aûu.TtavT£ç ol aXXot TtoirjTaC ;
OU TtEpl TtoXÉU.OU TE Ta TtoXXà 8tEXf]Xu8£V Kal TtEpl ÔU.lXlGÙV
Ttp6ç àXXf)Xouç àvSpQTtov àyaSov te Kal KaKOùv Kal îSicùtoùv
<al 8rju.ioupyGùv, Kal TtEpl 8eûv TtpSç àXXfjXouc; Kal Ttp6ç
àv8pamouç ôu.iXoûvtgùv, ûoç 6u.iXo0ai, Kal TtEpl tqv oupavtov
Tta8r|(iàTCûv Kal TtEpl tqv ev "AiSou, Kal yEVÉaEiç Kal 8eoùv
Kal fjpoboùv ;ou TaOTà eoti TtEpl ov °Ou.r)poç Tf)v TtoCrjaiv d
TtETT0(T]K£V ;
ION. 'AXT]8fj XÉyELÇ, S ZoKpaTEÇ.
ZO. T( Se;
ot aXXoi TToujTaC ou TtEpl tcùv auTov
toùtûùv;
ION. NaC, àXX', S ZoùKpaTEÇ, ou)( ôjaoéûùç TtETtotfjKaai
Kal "Ourjpoç.
ZO. TCu.f]v ;
kAkiov;
ION. rioXu yE.
ZO. "O^Tjpoc; 8è Su-eivov;
ION. "Au.£lVOV U.ÉVTOLVI*]
ACa.
ZO. OukoOv, cù<J)(Xr) KE<|>aXf| "Iûùv, STav TtEpl àpiS^ioO
noXXcùv XEyovTûùV eTç tiç apiaTa Xéyrj, yvoaETai 8f]Ttou tiç
t6v eu XéyovTa ;
ION. <Pr)\iLe
C 4 îïoXÉtAOu ys F.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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531 e ION 3a
Socrate. — Est-ce le même qui reconnaîtra aussi celles
qui parlent mal, ou est-ce un autre?
Ios. — Le même, évidemment.
Socrate. — Celui qui possède la science des nombres,c'est celui-là ?
Ion. — Oui.
Socrate. — Et lorsque plusieurs personnes parlent des
aliments qui sont bons pour la santé, el que l'une d'elles
en parle excellemment, est-ce un tel qui reconnaîtra l'excel-
lence de celle qui parle le mieux, et tel autre l'infériorité de
celle qui parle moins bien, ou est-ce le même ?
Ion. — Le même, évidemment : c'est clair.
Socrate. — Qui est-ce ? Quel est son nom ?
Ion. — Le médecin.
Socrate. — Nous disons donc, en résumé, que le mêmereconnaîtra toujours, entre plusieurs personnes parlant des
532 a mêmes sujets, qui en parle bien et qui mal ; ou, s'il ne recon-
naîtpas qui parle mal,
évidemment il ne reconnaîtrapas
davantage qui parle bien, du moins sur le même sujet.
Ion. — C'est cela.
Socrate. — Ainsi le même homme s'entend à reconnaître
également l'un et l'autre ?
Ion. — Oui.
Socrate. — Et ainsi, suivant toi, Homère et les autres
poètes, notamment Hésiode et Archiloquel
, parlent des mêmes
choses, mais non de la même façon, — j'entends l'un bien,
et les autres moins bien?
Ion. — Etj'ai
raison de le dire.
Socrate. — Donc, si tu reconnais celui qui parle bien, tu
b saurais reconnaître aussi l'infériorité de ceux qui parlentmoins bien.
Ion. — Apparemment.Socrate. — Donc, excellent ami, en disant qu'Ion est égale-
ment habile sur Homère et sur les autres poètes, nous ne
nous tromperons pas ;car il est le premier à convenir que le
brouillard; IV, 75 sq. étoile filante, etc.); les astres (IL, V, 5 sq.
Sinus; cf. XIII, 26 sq. etc.; XXII, 317 sq. Hespéros, etc.).
— Le
pays des morts est décrit dans la Nékyia (Od., XI).
1. Cf.53
1 a et 53 1 d. Les anciens n'hésitaientpas
à mettre à
côté d'Homère Archiloque, le maître de la satire.
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3 3 IÛN 531 e
ZO. riéxEpov ouv o auxoç BcmEp ical toùç KaKÔç XÉyov-
Taç, f) aXXoç ;
ION.eO aux6ç SfjTiou.
ZO. OukoOv o xn,v àpi8uT)TiKn,v xÉ)(v^v exCDV °$T°Ç
èariv;
ION. Nat.
ZO. TC Ss
;bxav ttoXXôv XEyovxov TTEpl uyiEivoov oitCcûv
o-noîà Iotlv, eÎç Ttç apiara XÉyr] , TtéXEpOV IrEpoç UEV TIÇ
tov apiaxa XÉyovxa yvaxiETai Sti apiaxa XéyEt, ixEpoç Se
x6v kAkiov bxi k&kiov, f\Ô auxoç ;
ION. AfijXov 8f)7iou,ô auxôç.
ZO. TLq oCxoç ;x£ ovoua aôxcp ;
ION. 'Iaxp6ç.
ZO. OukoOv ev K£<|>aXa(cp XéyouEV ôç o aôxàç yvaxTExai
ÔLEL, TTEpl XOÙV aUTCùV TToXXSv Xey6vXCDV, OCJXIÇ TE eO XÉyEl
Kal oaxiç KaKCùç-
f\Et
un, yvoaExai xov KaKÔç Xéyovxa, 532 a
SfjXov 8xi ouôè xov eS, TiEp£ yE toO auxoO.
ION. OuXCOÇ.
ZO. OukoOv ô auxoç yiyvExai Seivoç TtEpl àucpoxépoav ;
ION. Nat.
ZO. OôkoGv au<pt\<;
Kal °Oun,pov Kal xoùç SXXouç Ttoin,-
xàç, ev oîç <alc
Ha£o8oç Kal 'Apy^(Xo\6c; eoxiv, TTEpt yE xov
auxûv XÉyEiv, àXX1
oû)( ôuotoç, àXXà xèv uèv eQ yE, xoùç 5e
XEÎpov ;
ION. Kal àXîiofjXÉYo.
ZO. OukoOv, EÏTTEp xèv eO XéyovTa yiyvcboKELq, Kal xoùç
XEÎpov XÉyovxaç yiyvoaKoiç Sv 8xi yslpov XÉyouaiv. b
ION. "Eolkév yE.
ZO. OukoOv, o ftÉXxiaxE, ôuoCoç xov "lova XÉyOVTEÇ
TTEpl 'OuTJpOU TE SeIVÔV EÎvai Kal TTEpl XOV &XXoV TTOUTXÔV
oux au.apxrja6u.E0a, £TTEiof| yE aux6ç ouoXoyEÎ x6v auxèv
6 1 1 ô aùxo; F : aùrdç TW ||i5 Xéyo|Aev <xtç Wf :
XeyrfjxevoçF Xeytofiev
o')? T|J
ô TW : om. F||
532 a 8 eu ye TWF : eu prima manu S.
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532 b ION 33
même homme sera juge compétent de tous ceux qui parlent
des mêmes choses, et, d'autre part, que les poètes traitent
presque tous les mêmes sujets.-
Ion. — Alors, Socrate, comment expliquer ce qui m'ar-rive ? Quand on s'entretient de quelque autre poète, je n'y
c fais pas attention, et je suis impuissant à énoncer rien quivaille
; je sommeille, tout bonnement. Mais fait-on mention
d'Homère? aussitôt me voilà éveillé, l'esprit attentif, et les
idées me viennent en foule.
T . . . ,,
T
Socrate. — Il n'est
pasdifficile de le
Le talent d'Ion . . vn'est pas l'effet deviner, mon camarade
; pour tout le
d'un art. monde il est clair que tu es incapablePremière de parler d'Homère en vertu d'un art
démonstration.et dW gcience .
s[ VaH^ donnait le
moyen, tu serais en état de parler aussi de tous les autres
poètes sans exception. Car il existe, je suppose, un art de la
poésie en général. N'est-ce pas?Ion. — Oui.
d Socrate. — Quand on prend un autre art, n'importe
lequel, dans son ensemble, le même genre d'enquête s'ap-
plique-t-il à tous les arts sans exception? Ce que j'entends
par là, désires-tu, Ion, l'apprendre de moi ?
Ion. — Oui, par Zeus ! Socrate, je ne demande pas
mieux;car
j'ai plaisir à vous entendre, vous autres savants.
Socrate. — Que ne dis-tu vrai, Ion! Mais les savants, c'est
vous, j'imagine ;ce sont les rhapsodes et les acteurs 1
,et ceux
dont vous chantez les poèmes ; moi, je me borne à dire la
6 vérité, comme il est naturel à un profane. Par exemple, pourla question que je te posais tout à l'heure, considère combien
il est simple, vulgaire et à la portée du premier venu de
reconnaître, comme je le disais, que l'enquête est la même
quand on prend un art dans son ensemble. Prenons unexemple : y a-t-il un art de la peinture en général ?
Ion. — Oui.
Socrate. — Une foule de peintres existent et ont existé,
bons et médiocres ?
i. Le nomd'i>r.oxç,>.-7.
!
.,habituellement réservé aux acteurs tra-
giques et comiques, est justement appliqué aux rhapsodes (Cf.
535 b sq., 536 a).
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33 IÛN 532 b
IcreaSai. KpiT^v Ikocvôv TràvTcov Saoi av TtEpl tôv auxov
XÉycoai, toùç 8è TïoirjTàc; oyjE.Sbv a-navTaç Ta aÔTà tioieîv.
ION. Tt ouv ttote t6 aÏTiov, SZwKpaTEç,
Sti
âyo,
bxav
jiév tiç TtEpl aXXou tou ttou-|ToO 8iaXÉyr|Tai, oÛte Tïpoaéx<û
t6v voOv àSuvaxû te Kal ôtloOv (Tu^6aXÉa8at X6you aÉjiov, C
àXX' aTE^vôç vuCTxà^o, ETTEuSàv Se tiç TTspi 'O^pou u.vr|-
a9rj, eôGuç te Eyp/jyopa Kal TtpoaÉ^o tov voOv Kal Eunopcà
b tl Xéyco ;
ZQ. Oô xoXettôv toOto yE ElKaaai, S IxaipE, àXXà TiavTl
SfjXov 6tl te)(vt] <ai ETTLaxrj^T] TiEpl 'Ofcxrjpou XéyEtv àSova-
toç eÎ* eI yàp TÉ^vrj oîoç te î^a8a, Kal TtEpl toov ccXXcûv
TTOirjTcov aTidcvTcov XéyELV oîoç t' àv fjcrSa* TrourjTiKf) yàp ttoû
eotiv t6 8Xov. "H o{(;
ION. Nat.
ZO. OukoOv ETtEiSàv Xdôrj tuç <al aXXrjv TÉ)(vr)v t^vti- d
voOv bXrjv, ô auToç TpoTtoç xf^ç aKÉipsoç eo-ti TiEpi aTtaaoûv
toùv te)(vcov; ttcoç toOto XÉyco, 8éel xi u.ou aKoOaat, S "Icov;
ION. Nal u.à tov Aia, S ZoKpaxEc;, lycoyE* ^alpo yàp
aKoûov àu.ov tcùv ao<f>ôv.
ZO. BouXolu.r)v av oz àXr)8fj XéyEtv, S "Icov àXXà aocpol
\XÉV TtOÛ EOTE UU.EÎÇ OL paVJKoSol Kai ÛTtOKpiTal <al Sv Û^EIÇ
SSete xà Ttoifj^aTa, âyà» Se ouSev àXXof\ TàXT]8fj Xéyco,
oTov eIk6ç tSicoTrjv avSpamov. 'EtueI Kal TtEpl toutou oS vCv e
f]p6^r|v ce, SÉaaaicbç <}>aOXov Kal ÎSicdtik6v ecjti Kal TtavT6ç
àvSpàç yvéùvai 8 IXEyov, t^v aÔTfjv EÎvai aKÉipiv, ETtEiSàv
tlç SXrjv té^vi^v Xà6fl. Aà6cou.EV yàp t<ù Xôycù* ypacfuKf)
yàp tIç eœtl TÉ)(vr| t6 bXov;
ION. Nal.
ZO. OukoOv Kalypa(|>f]ç TtoXXol Kal EÎal Kal yEyôvaaiv
àyaBol Kal (|>aOXoi ;
b 7 Up#l% TF : -youat W ||c 8 àrcavxtov Xéysiv TF : om. W
||
d 2 lot: TW : estai F|| 7 &KOxptTac WF : oi unoxpnai T ||
8 Ta TW :
om. FII TaXT)Grj codd. :
vjrfir
SchanzsùteX^
uel ~ksùisÀrJ
H. Ri-
chardsi|e 6 vat TF : om. W.
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533 c ION 35
Socrate. — Je le vois, Ion, et même jeExplication m'en vais te faire connaître ce que cela
dL'inspiration. signifie, selon moi. Ce don de bien par-
ler sur Homère est chez toi, non pas unart, comme je le disais tout à l'heure, mais une force divine.
Elle te met en branle, comme il arrive pour la pierre qu'Eu-
ripide a nommée magnétique, et qu'on appelle communé-ment d'Héraclée 1
. Cette pierre n'attire pas seulement les
anneaux de fer eux-mêmes ;elle communique aux anneaux
une force qui leur donne le même pouvoir qu'a la pierre,
ecelui d'attirer
d'autres anneaux, desorte
qu'onvoit
parfoisune très longue chaîne d'anneaux de fer suspendus les uns
aux autres. Et pour tous, c'est de cette pierre-là que dépendleur force. De même aussi la Muse fait des inspirés par elle-
• même, et par le moyen de ces inspirés d'autres éprouventl'enthousiasme : il se forme une chaîne. Car tous les poètes
épiques, les bons poètes, ce n'est point par un effet de l'art,
mais pour être
inspirés par
un dieu et possédés qu'ilsdébi-
tent tous ces beaux poèmes. Il en est de même des bons
poètes lyriques : comme les gens en proie au délire des Gory-534 a bantes n'ont pas leur raison quand ils dansent, ainsi les poètes
lyriques n'ont pas leur raison quand ils composent ces beaux
vers;dès qu'ils ont mis le pied dans l'harmonie et la cadence,
ils sont pris de transports bachiques, et sous le coup de cette
possession, pareils aux bacchantes qui puisent aux fleuves du
miel et du lait 2lorsqu'elles sont possédées, mais non quand
elles ont leur raison, c'est ce que fait aussi l'âme des poètes
lyriques, comme ils le disent eux-mêmes. Car ils nous disent,
n'est-ce pas ? les poètes, que c'est à des sources de miel, dans
sans accompagnement vocal (xt6àp*.atç).—
Orphée, fils de Cal-
liope, Thrace lui aussi, représente ici le chant accompagné de lyre
(xt6apw8(a).
— Phémios est l'aède
que l'Odyssée
montre chantant
à contre-cœur devant les prétendants.
i. Aimant naturel (ou pierre d'aimant), appelé Ma-p^Tiç Xfôo; par
Euripide (iNauck, fr. 571, Œneus). MctYVT)Tt£ se rapporte-t-il à la pres-
qu'île thessalienne de Magnésie ? L'autre nom (pierre d'Héraclée)
indiquerait plutôt une ville d'Asie Mineure. L'expression, AuSixô;
Xt'0oç, dont se sert Sophocle (A. G. Pearson, fr. 800), peut faire
penser à Magnésie de PHermos, en Lydie. Mais il y avait en Carie,
au sud de Magnésie du Méandre, une ville du nom d'Héraclée.
a. Euripide, Bacchantes, 708-711.
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35 IÛN 533 d
S u.01 Sokeî toOto EÎvai. "Egtl yàp toOto te^vt^ u.èv ouk d
8v Tiapà aol TiEple
Ou.f]pou eC XéyEiv, S vOv8f) IXEyov,
8Eia Se 8uvau.iç f)ce kiveî,
woriEp
evxfj
Xl8a>f\v EuptTïlSrjc;
u.èv MocyvfJTiv ov<5u.aaEV, ot Se ttoXXoI 'HpaKXsCav. Kal yàp
auxrj f\ Xl8oç ou u.<5vov auxoùç toùç SccktuXIouç ay£i xoùç
aiSr|poOç, àXXà Kai 8uvau.iv EVTlSrjai toîç SaKxuXlou; q<jte
SûvaaSai xauxèv touto ttoleîv Zntp f) X£8oç, aXXouç ayEiv
SaKxuXtouç, ôax' evCote Spu.a86ç u.aKp6ç Tiavu ai8r)poov [Kal] e
SaKTuXtcov e£ àXXfjXov fjpTrjTai* -nfiai 8è toûtoiç l£ ekeCvtjç
Tf^ç X(8ouf) 8uvau.iç àvr)pxr|Tai. Oôxo Se Kal
f\MoOaa
EvSÉOUÇ U.ÈV TTOIEÎ aUTT), Slà Se TOÙV EVSÉCOV TOÛTCÙV aXXcOV
EV0ouaia£6vTCùV opu.a8ôç E^apx&Tai. nàvTEÇ yàp oX te tgûv
ettqv TTOLT]Tal ot àya8ol ouk ek TÉ)(vr|ç àXX' IvSeoi Bvteç Kal
KaxE)(6u.£voi nàvTa xaOxa Ta KaXà Xéyouai Ttoir|u.aTa, Kal
ol u-eXottoloI ol àyaSol ôbaaÙTCdç- SoTtEp ol Kopu6avTicovT£Ç
ouk Eu.<j>povEÇ Svteç ôpxoOvTai, ouT© Kal ol u-eXottoioI oûk 534- a
fu.<|>povEÇ Bvteç xà KaXà(JLÉXrj TaOxaTToioOaLV, àXX' ETtEiSàv
Eu.6ôaiv EÎç t^jv àpg.ov(av Kal eiç xèv pu8u.6v, Kal |5aK)(Euouai
Kal KaTE)(6u.EVOi, oansp al (SaK^ai àpùovTai ek tqv TTOTa-
u-cov u.éXl Kal yàXa KaTE)(6u.£vai, £u.c|>pov£ç Se oSoai oô, Kal
tôv u-eXottoicùvf\ ifu^ toOto èpyà^ETaL, bn£p aÔTol
XÉyouai. AÉyouai yàp StjtiouSev TTpôç rju.aç ol *noiT}Tal 8ti
Testimon. : 533 d 1 è'aTi yàp touto — 534 d 4 oGÉyyeTat 7:pôç
T,;j.a;Stobaeus Ed., II, 5, 3 (sed 534 b 6 stoç 8' av — C 6 6eta 8uva-
[x£i omis.).
d 1 tï/ vr, WF (sed nusquam fere 1 subscripto uel adscripto utitur
F)Stob. :
-wg
TD
2 fo TWF : av Stob.||
5àysi
WF Stob. : om. T||
7 8uvaa8ac TW Stob. : au 8uvaa6a: F||e 1 [xaxpôç ravu TWF : îzavu
uaxpo; Stob.|| atô^ptov Jacobs : -Brjptov TW -o^pi'cuv F Stob.
||xa\
secl. Jacobs||
2ripxr\xtxi
TWF :iTpsTOt Stob.
|| 4 (asvTF Stob. : om.
W d aÙTTi F Stob. : auTr TW||
à'XXcov TWF: -Xo; Stob.||5 ot tê om.
Stob. y 7 xaXà TF : -xà W||8
fxeXoTiO'.otTWf : uvsv XotTcot F Stob.
||
534 a 1 xaî TW StoL. :jxsv
xxt F||
3 xaî pax/suoucri TW : pax-
yejouci F Stob.||
4 aï pàx/_ai om. Stob.j| àpùovTat WF Stob. :
-tovx« TIIa 5 ouaat ou TWF : ouaai F ou Stob.
||
7 ^poç
TF Stob. :
*ap' W.
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36 IÛN 534 b
àno Kprjvôv u.£XippÙT<ov ek Mouaôv KfjTicov tivûv koù vancov b
SpETtO^LEVOl Ta ^ÉXt) T^ÎV (|>ÉpOUaiV QOTtEp at u.ÉXcTTat, <al
auTol oÎjtcû ttet6^evoi" Kal àXr)8fj XEyouai* koO<|>ov yàp
Xpf)^<XTTOlT}Tf)Ç EGTIV Kal TITrjv6v Kal lEp6v, Kal OU TTpOTEpOV
oî6ç te TtoLEÎv Ttplv av IvSeoç te yÉvrjTai Kal £K<|>pCDV Kal ô
voOç u.r)KÉTi ev auTQ Evrj* ëcûç S' âv toutI e^t) t6 KT^fcia,
àSûvaTOç Ttaç ttolelv avSpcoTtoç eotlv Kal XP^HcpSEiv. °Ate
oQv ou té^vt] ttoioOvteç [Kal] TtoXXà XÉyOVTEÇ Kal KaXà TtEpl
tcov Ttpay^idTcov, QortEp au TtEple
Ou.f)pou, àXXà 8s£a u.oCpa, c
toCto |i<5vov oîoç te EKaaroç ttoleîv KaXoç k<p3o
f\ MoOaa
auTÔv op^rjaEv, é ^èv SiSupà^Bouç, ô Se EyKOjiLa, ô 8è
ÛTtop^rjjiaTa, Ô 8'ettt], ô S' làu.6ouç* Ta S' aXXa
<J>aOXoc;
aÛTâv EKaaToç èaTiv. Ou yàp TÉ)(vr| TaOTa Xéyouaiv, àXXà
0E(a 8uvàu.Ei, èn£(, el TtEpl evôç TÉ^vr) koXcùç ^TitaTavTo
XÉyEtv, Kav TtEpl tôv ctXXoov aTtàvTOV 8ià TaOTa 8è ô 8e6ç
è^aipoujiEvoç toutcov t&v voGv toutolç ^pfJTai ÛTtrjpÉTaiç
KalToîç xprjau.cpSoîç Kal toIç u.àvT£ai toiç 8ECotç,tva ^eîç d
ol aKoùovTEÇ eISûûjiev oti oô)( oStol Etatv ol TaOTa Xéyov-
teç oûtcù TtoXXoO a£ia, oîç voOç \ii\ TtàpsaTiv, àXX* ô Seôç
auToç èaTiv ô XÉyov, 8ià toutcov Se <J>8Éyy£Tai Ttpôç t^Sç.
MéyiaTov 8è T£Kfcif)piov tco Xoycp Tuvvl^oç ô XaXKiSEÛç, 8ç
aXXo u.èv o&8èv Tt&TtoTE ETto(r|a£ TtoCrjfcia Btou tiç av à£iûb-
oeiev u.vr|a8f)vai, t6v 8è Ttatûva 8v tkxvteç SSouai, oyEÙôv
ti TtàvTcov ^ieXoûv KàXXlOTOV, octe^vôç, ÔTtsp auTÔç XéyEt,
« £Ï5pr|u.à tl Moiaav ». 'Ev toutcû yàp 8f)u.aXiaTa
^iote
Sokel ô 8eôç EvSE(^aa8au ^fcûv, tva\ii\ 8iara£co^£v, Sti ouk
àvSpamivà ecjtiv Ta KaXà TaOTa TtoiifjiiaTa ou8è àvSpoTtcov,
àXXà 8EÎa Kal 8ecùv, ol 8s TtOLrjTal ouSèv àXX' f\ £pu.rjvf]c;
b I h. TWF :
7Jh Stob.
||3 îîeToaevot TWf : -Tw.uevo- F Stob.
||
5 evGeo's -s TWf : Ivôeo; F Stob.||6 iv aùtû
{jl7)x^xi f Stob.||8 ^cUi
Hoenebeek Hissink : xaî ~oXXà TW '.s xaî r.oXXx F|jc 2 zaXw; WF :
-Xôç T||6 tXrxç F pro Et
|| 7 àrtdÊvTcov TW : ràvr- F Stob.||d 3 xà
oCxco Stob.i|àXX' ô TF : àXXà 6 Stob. àXXàW
||4 aûxo; sartv TWF :
Itt'.v aj-:6; Stob.|| 7 T:x'.à>va W : ->.ova TF
||6 1 êGpT)u.a ti Stepha-
nus : sOp^aa-c.
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534 e ION 3 7
dieux, et que les poètes ne sont autre chose que les interprètes
des dieux, étant possédés chacun par celui dont il subit l'in-
fluence. C'est pour le démontrer que la Divinité a fait exprès
535 a de chanter le plus beau poème lyrique par la bouche du poètele plus médiocre. Ne crois-tu pas que j'ai raison, Ion?
Ion. — Si, par Zeus ! je le crois. Tes paroles me touchent
à l'âme, Socrate, et je pense que c'est par un privilège divin
que les bons poètes sont ainsi auprès de nous les interprètes
des dieux.
Socrate. — Vous autres rhapsodes, à votre tour, vous
interprétezles œuvres des
poètes?
Ion. — Cela est encore vrai.
Socrate. — Vous êtes donc des interprètes d'inter-
prètes ?
Ion. — Absolument,
b Socrate. — Or cà, Ion, dis-moi encore, et réponds sans
feinte à ma question. Quand tu récites comme il faut des
vers épiques, et que tu fais sur les spectateurs l'impressionla plus profonde, soit que tu chantes Ulysse sautant sur le
seuil, se découvrant aux prétendants et répandant les flèches
à ses pieds1
,ou Achille s'élançant sur Hector 2
, ou un des
endroits pathétiques sur Andromaque3
,Hécube 4 ou Priam 3
,
as-tu alors ta raison ? n'es-tu pas hors de toi, et ton âme
c transportée d'enthousiasme ne croit-elle pas assister aux évé-
nements dont tu parles, soit à Ithaque, soit à Troie, ou par-
tout où la scène se passe ?
Ion. — La preuve frappante que tu me donnes là, Socrate !
Je vais te parler sans feinte. Pour moi, quand je débite quel-
que passage pathétique, mes yeux s'emplissent de larmes;
si
c'est un endroit effrayant ou étrange, d'effroi mes cheveux
se lèvent tout droits et mon cœur se met à battre,
d Socrate. — Eh bien, Ion, devons-nous le dire alors maître
de sa raison, cet homme qui, paré d'un costume aux teintesvariées et de couronnes d'or, se met à pleurer dans les sacri-
i. Odyssée, XXII, début. Socrate rappelle un peu inexactement
les faits. C'est seulement au v. 35 que le héros se fait reconnaître,
après avoir percé d'un trait Antinoos.
2. Iliade, XXII, 3i2 sq.
3. Il, VI, 37o-5o2 ;XXII. 437-5i5 ; XXIV, 7 23-746.
4. XXII, 79-89 ; XXII, 4o5 Sq. ; 43o-436; XXIV, 74 7-76o.
5. XXII, 33-78 ; XXII, 408-428; XXIV, 160-717.
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37 IÛN 534 e
EUJIV TÛOV 8ECÛV, KaTE^LlEVOl è£ OTOU &V EKaCTOÇ KaTE-
XrjTai. TaOTa ev8eikvûlj.evoç ô Seôç e^ettIttiSeç 8ià toO
<pauXoTaTou ttoltjtoO xô KàXXicruov liéXoç fjaEV f^où Sokcù 535 a
aot aXrj8f] XéyEiv, S "lov;
ION. N al Lia tôv ACa, ELioiyE- otctei yap tu6c; liou toÎç
Xoyouç Tf]ç i^uxfjç, £ Za>KpaT£ç, Kal lioi SoKOÛai8£Ca Liotpa
f]Liîv napà tôv 8eôv tocGtoc ol àya8ol noinral Ep(ir)VEt3£Lv.
ZO. OukoOv ûlieîç au ol paipcpSol ià tôv noujTÔv ép^rj—
VEtJETE;
ION. Kal toGto àXrçSèç XÉyEiç.
ZO. OûkoOv êpLir|vÉQV Épu.rjvf}ç ylyvEaSE;
ION. riavTànaal yE.
ZO. "E^e Sr)u.ol tô8e eÎtté, o ^lov, Kal
li?) ànoKptiipr)b
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535 d ION 38
fices et les fêtes, sans avoir rien perdu de ces parures, ou éprouvede l'effroi devant plus de vingt mille personnes bien disposées
pour lui, quoique nul ne le dépouille ni ne lui fasse tort ?
Ion. — Non, par Zeus ! point du tout, Socrate, pour dire la
vérité.
Socrate. — Sais-tu que sur la plupart des spectateursvous produisez aussi les mêmes effets ?
e Ion. — Je le sais fort bien. Je les vois chaque fois, du
haut de mon estrade, qui pleurent, jettent des regards
menaçants et restent, comme moi, saisis à mes paroles.
C'est que je suis bien obligé d'avoir l'œil sur eux: si je les fais
pleurer, je rirai, moi, en recevant l'argent, tandis que, si je
les fais rire, c'est moi qui pleurerai en perdant mon salaire.
Socrate. — Sais-tu que ce spectateur est le dernier des
anneaux dont je parlais, qui par la vertu de la pierred'Héraclée tirent l'un de l'autre leur force d'attraction?
536 a Celui du milieu, c'est toi, le rhapsode et l'acteur;le premier,
c'est le
poète
enpersonne.
Et la Divinité, à travers tous ces
intermédiaires, attire où il lui plaît l'âme des humains, en
faisant passer cette force de l'un à l'autre. A elle, comme à
cette pierre-là, est suspendue une chaîne immense de cho-
reutes et de maîtres de chœur et de sous-maîtres, oblique-ment rattachés aux anneaux qui dépendent de la Muse. Tel
poète se rattache à une Muse, tel autre à une autre;nous
exprimons la chose en disant : il est possédé, ce qui revient
b au même, car il est tenu. A ces premiers anneaux —les
poètes— d'autres se trouvent rattachés à leur tour, ceux-ci à
l'un, ceux-là à l'autre, et éprouvent l'enthousiasme; les uns,
c'est à Orphée1
,les autres à Musée 2
;mais la plupart, c'est
Homère qui les possède et lestient.Tu es de ceux-là, Ion : tu
es possédé par Homère. Quand on chante quelque passage d'un
autre poète, tu t'endors et ne trouves rien à dire;mais vient-
i. Orphée représente pour Platon (cf. 535 c) l'art citharodique .
En outre on mettait sous son nom toute une littérature mystique
(hymnes, discours sacrés, chants de purification) se rattachant aux rites
de l'orphisme.
2. A ce Thrace légendaire, fils ou disciple d'Orphée, et premier
prêtre des mystères d'Eleusis, suivant la tradition, on attribuait
divers poèmes religieux (Remèdes, Initiations, hymnes) et des Recueils
d'oracles. Pausanias (I, 22, 7) rejette toute cette production comme
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38 IQN 535 d
ànoXoûXEKcbçToÛTCûv, f\ <J>o6f}Toci ttXéov f\ev 8iau.uploic;àv8pci>-
ttoiç laTrjKcbç cpiXicuc;, u.r)8Evoc; àTroSûovToc; \lt\&è àSiKoOv-
toç;
IHN. Ou u.à t&v Ala, ou Ttàvu, S> ZcbKpaTEç, &ç yc
T<xÀr)8èç £ipfja8ai.
ZO. OTa8a ouv Sti Kal tôv 0EaTÔv toùç ttoXXoùc; TauTa
TaOxa uu-elc; Epyࣣcr8E ;
\C1N. Kal u.àXa KaXôç 0Î80C KaSopô yàp EKàaTOTE e
auToùç cxvcdBev and xoO [}f)u.aTO(; kXcxovtocç te Kal Seivovèu.6XÉ7T0VTac; Kal auv8au.6o0vTaç tolç Xeyolievoic;. Aeî yàp
lie Kai ac|>6Sp' auToîç tSv voOv TtpoaÉ)(ELV coç làv lièv
<Xàovxa<; auToùç KaBlacû, aôxèç y£Xàaou.ai àpyupiov Xau.-
6àvcùv, làv Se yeXôvtccc;, auTSç KXaucxou.aL àpyupiov
oittoXXûç.
ZO.Oîa8a o8v 8tl
outôçecttlv 6
8EaTf)<;tôv SaKTuXlcûv
o laxaxoc;, ôv èycû IXEyov uttS Tf)ç 'HpaKXELcoTLSoç Xt8ou
à-n' àXXi^Xcûv Tfjv 8ovau.iv Xau.6àvEiv;
6 8è llécxoç au 6
pavpcpS6ç <al uttokplttjc;, ô 8è TtpÔToç auTÔç ôTToir|T/)<;' ô 536 a
Se 8e6ç Stà TtàvTcov toûtcûv eXkel t^jv ijJU)(f)vSttol av |iou-
Xnxat tcov àvSpcûTtov, àvaKpELiavvùc; 15, àXXfjXcov xf]v Suva-
luv. KalcoaTTEp
ekxfjç
Xt8ou£KELvr|c; ôp^aSôç 7ràu.TToXuc;
E^rjpxnTai xopEUTcov te Kal StSacKocXcùV Kal ÛTTo8i.8aaKàXcûV,
ek TtXaylou èc^r)pTr|LAÉvcûv tôv if\ç Moûanç £KKpEu.au.évcûv
SaKTuXlov. Kal ô lièv tôv TTOLrjTÔv e£ aXXnç Moûcxnc;, Ô
Se e£ aXXnç E^rjpTnTai— 6voli<&£oliev Se auTO KaTÉ)(£Tai,
t6 Se ecjtl TtapaTtXr)auov E)(£TaL yàp— ek 8è toutcov tôv b
TtpCOTCÙV SaKTuXfcOV,TÔV
TtOtnTÔV,aXXoL
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^pTT]-U.ÉVOL Etal Kal Ev8ouaià£ouaiv, oî
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Mouaalou' ol Se TtoXXol eE,c
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5 ftXfotç TWf : çiXoiç F|| 9 Taùxà
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536 b 2 au Tipr^aévoi TF: àv7jp-cr]u.£vot
WH 5 ô TWF : om. FII
6 à§7) — 7 îrotTjTO'j om. F in marg. add.
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536 b ION 39
on à faire entendre un air de ce poète ? aussitôt te voilà éveillé,
ton âme entre en danse et les idées te viennent en foule. Car
c ce n'est point par l'effet d'un art ni d'une science que tu tiens
sur Homère les discours que tu tiens ; c'est en vertu d'un
privilège divin et d'une possession divine. Les gens en proieau délire des Gorybantes ne saisissent qu'un air avec promp-titude, celui du dieu qui les possède, et pour se conformer
à cet air-là, trouvent sans peine gestes et paroles, sans se
soucier des autres. Toi, Ion, tu es comme eux : est-ce
d'Homère qu'on fait mention ? tu n'es pas en peine ;mais
d s'il s'agit des autres, tu restes court. Tu me demandes la causede cette facilité que tu as pour Homère, mais non pour les
autres : c'est que tu ne dois pas à un art, mais à un privilège
divin ton habileté à louer Homère.
Ios. — Tu parles bien, Socrate; je serais surpris, pourtant,
si tu parlais assez bien pour me persuader que c'est sous le
coup d'une possession et d'un délire que je fais l'éloge
d'Homère.Toi-même, je pense,
tu ne le croiraispas,
si tu m'en-
tendais parler d'Homère.
Socrate. — Ma foi ï je ne demandeSeconde . ., . *,
démonstration. Pas mie.
ux<Iue te l entendre
; pas avant,
e Chaque art toutefois, que tu n'aies répondu à ceci :
a son domaine parmi les sujets que traite Homère,propre.
qUej est ceiu j ^ont tu par ies bien? Car
ce n'est évidemment pas de tous.
Ion. — Sache-le, Socrate : de tous sans exception.
Socrate. — Ce n'est évidemment pas de ceux qu'il t'arrive
d'ignorer et que traite Homère.
Ion. — Et de quelle nature sont-ils, ces sujets que traite
Homère et que j'ignore?
537 a Socrate. — Des arts, en particulier, Homère ne parle-t-il
pas en maint endroit et longuement ? Par exemple, de l'art
du cocher; si je me rappelle les vers, je te les citerai.
Ion. — Mais moi, je vais les dire. Moi, je me les rap-
pelle.
Socrate. — Récite-moi donc ce que dit Nestor à son fils
Antiloque, quand il lui conseille de prendre garde au
étant l'œuvre d'Onomacrite, et ne reconnaît comme authentique
qu'un Hymne à Démêler.
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39 IQN 536 b
à-nopetç 8 TiXéyflç, ETTEiSàv Se toutou toO ttoit^tou <Ç>9éy^r|-
Tal tiç fciÉXoç, euBùç Eyprjyopaç Kai ôp)(EÎTal aouf\ tyvyi)
Kai EUTTopeîc; S ti Xéyriç- ou yàp té^vt] ouS' ETuarr)u.r| TtEpl C
c
Oujf)pou XéyEtç S. XÉyEiç, àXXà BeUx poipa «xi KaTOKCùXfl,
cSaTtEp oî KopuôavTtcovTEÇ EKslvou u.6vou ataBavovTai toO
HÉXouçô£écùç 8 avf\toO 8eo0 e£ otou av KaTÉ)(G>VTai, Kai
ELÇ EKEIVO T6 U-ÉXoÇ Kai aXT|U.(XTCÛV KaiprjU-OtTCOV EunopoOai,
tcùv Se aXXov ou <|>povTl£ouaiv outcù Kai au, S "Icov, TTEpi
U.ÈV£
Ou.r)pOU OTaV TIÇ U.VT)a8f], EÔTTOpEÎÇ, TTEpl 8ÈTCÙV &XX<OV
àTtopEÎç' toutou S' egtI t6 aiTLOv, o u.' èpcùT&ç, Si' 8 tl au d
TTEpl ^lèv
C
Ou.T]pOU EÙTTOpEÎÇ, TTEpl SE TWV &XXcOV OÔ, &TI OÔ
TÉ^vrj, àXXà BeIoc u.olpae
0^f)pou SeivSç eX ènaLvÉTriç.
ION. ZÙ U.ÈV EU XÉyELÇ, <3 ZcbKpaTEÇ* 8aUU.à£oL£U U.EV-
Tav £Î oOtcùç e3 elttoiç, oaTE u.e àvaTTEÎaai <&ç èyà) KaTE-
^ojievoç Kai u.aiv<5u.Evoc; "O^rjpov ETTaivô. Oîu.ai Se ouS3
av
aol S6£,aiu.i, eÏ u.ou àKoûaaiç XÉyovToç TTEple
Ou.T]pou.
ZO. Kaio.f]v
eBéXcû yE aKoOaai, ou u.evtoi npéTEpov
nplv av u.oi àTTOKplvr| t68e* ov "O^rjpoç XsyEi TTEpl t'ivoç eu e
XÉyEtc; ;ou yàp SrjTrou TTEpl aTràvTcov y£.
ION. ES ïa8i, S ZoKpaTEç, TTEpl oôSevôç 8tou oû\
ZO. Oô SrjTTOu Kai TTEpl toûtqv uv au u-Èv Tuy^àvEtç
ouk eîSgùç, °Ou.T]poç Se XÉyEi.
ION. Kai TaCTa ttoÎoc èaTiv S 0u.r|poc; u.èv XÉyEi, èycû
Se ouk oîSa;
ZO. Ou Kai TtEpl te)(vcov u.évtoi XÉyEi TroXXa)(oO °Ou.r)poç 537a
Kai TioXXà;
oîov Kai TTEpl f}vio)(Elaç— èàv u.vrja8S Ta
ettt], èycù aoi <|>pàacû.
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537 a ION 4o
tournant, dans la course de chevaux en l'honneur de
Patrocle '.
Ion. —Toi-même, penche-toi sur le char bien poli,
b à gauche, doucement; puis, le cheval de droite,
excite-le de l'aiguillon et de la voix; rends-lui la main.
Que le cheval de gauche rase si bien la borne
qu'on croie la voir touchée au bord par le moyeude la roue ! Mais garde-loi de heurter la pierre !
c Socrate. — Il suffit. Si ces vers d'Homère, Ion, sont justes
ou non, qui peut le mieux en juger, le médecin ou le cocher?
Ion. — Le cocher, évidemment.
Socrate. — Parce que c'est son art, ou pour une autre
raison ?
Ion. — Non; parce que c'est son art.
Socrate. — Chacun des arts a-t-il donc reçu du dieu la
faculté de connaître un certain ouvrage? Car, n'est-ce pas?
ce que nous connaissons par l'art du pilote, nous ne le connaî-
trons pas aussi par l'art du médecin.
Ion. — Assurément non.
Socrate. — Ni par l'art du menuisier ce que nous connais-
sons par celui du médecin.
Ion. — Non certes.
d Socrate. — En est-il donc ainsi de tous les arts ? Ce que
nous connaissons par l'un, nous ne le connaîtrons point parl'autre? Mais avant de me répondre là-dessus, dis-moi :
accordes-tu que de deux arts, l'un diffère de l'autre ?
Ion. — Oui.
Socrate. — Pour moi, c'est en me fondant sur ce que
t. La course de chevaux en l'honneur de Patrocle était peut-être le
nom de cette partie de l'Iliade. Platon, non plus qu'Arisiote, ne
connaît d'autres divisions des poèmes homériques que celles qui sont
marquées par le nom des épisodes essentiels (Atxat, Hipp. min.,
364 e; Crat., 4a8 c; 'AXxfvOti ar.oko^o'., Rép.. X, 6i4b; Têf/o-ja/'a,
Ion, 54o b). La division de l'Iliade et de l'Odyssée en vingt-quatre
chants a été l'œuvre des critiques alexandrins, peut-être de Zénodote
(voir les observations de V. Bérard dans son Introduction à l'Odyssée,
tome III, p. ia5 et suiv.).— Le passage cité ici est tiré de l'Iliade-
XXIII, 335-34o : jeux célébrés par les Achéens après les funérailles
de Patrocle.
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4o IQN 537 a
Tiapatvcov EuXa6r|8f)vai nepl Trjv Kau/nr|v èv tt] ItittoSpolia
Trj Ini naTpéjcXo.
ION. KXiv8fjvai 8é, $r|ai, «xl (xôtoç eu^éot© èvl 8l<|>pcp
f)K
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In' àpiaTEpà toîlv cVràp tov Se^lôv Itotov b
KÉvaat ô^oicXf|aa<;, eT£cu té ol fjvla yzpolv.
'Ev vùaarj Se toi ïttttoç àpiaTEpoç EyxpifcupSTjTCD,
cbç Sv tolTT.X/)u.vr) y£ 8o<£aa£Tcu aicpov licÉaBou
kûkXou ttoitjtolo- XlBou S' àXéaaBai ETtaupEÎv.
ZO. 'ApKEÎ. TaOxa Sf), S "lov, t<x£Ttr|
eite ôpBâç XÉyEi C
"Ou-ripoç eîte(ji/j, TtorEpoç Sv yvolr) Sjielvov, laTpôç f] fjvto-
x°ç ;
ION.c
Hvloxoç Sr^Ttou.
ZO. riàTEpOV 8XL TÉ)(VrjV TOCÛTrjV E)(£L f]KOT &XXo Tl
J
ION. Oûk, àXX' oTiTÉxvrjv.
ZO. OukoOv licdtaTT] tôv TE)(voàv ànoSÉSoTat TL vrtb toG
8eo0 Ipyov ota te eÎvcu ytyvebaicEiv ;ou yàp tïou a KUÔEpvrj-
Tticf] yiyvûoaico u.ev, yvoaôjiEBa «xllaTpiicfl.
ION. Ou SfJTct.
ZO. OuSe ys alaTpLKfj,
tccOtoc ical tektovikt].
ION. OuSfyca.
ZO. OukoOv oÎjtoû <al Kaxà Ttaacov tov te^vôv, S xf|d
IxÉpa té^vt] yiyv&aico^Ev, ou yvoa6^E8a tt] ETÉpoç ;t6Se
8É U.OL Ttp6TEpOV TOUTOU aTlÔKptVCU.' TT)V ^£V iTÉpaV <J)T^|Ç
EÎvai Ttva TÉxvrjv, tt^v S' ETÉpav ;
ION. Nat.
ZO. *Apa ôSonEp èyw TEK^oup6u.Evoc;, ôtocvf\
u.èv ETÉpcov
Testimon. : 537 a 8 /AivÔTJvat— b 5 èrcaupeiv //., XXIII, 335-
34o.
a 8 aù-6; Ôs xXivôrjva: libri Homericijj èoÇscrcoj TWF : èuîrXe'xTto S
cum libris Homericis (sùÇéaTou Xen., Conv., IV, 6, qui mox hri
Si'cppou scrips.) ||b 2 ts TW (et libri Homerici) : 8s F
||4 *v F (et
libri Homerici) suprascr. W : u.rtTW
|jc i àpxst 7aura 8rj TW : àpxst
5tj -zctu-a F ||8 tîo-j TW : Sfaou F || d i zat xatà TW : xai Ta F.
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6i IQN 537 d
TTpay^àTCùv fj ETUOTf)Lir|, f\8
S
éxépcov, ouxa kcxXco Tf|Vlièv
aXXrjv, Trjv Se aXXrjv TÉ)(vr|v, oôto <ai au;
ION. Nat. e
ZQ. El yap ttou tôv aÛTÛv TTpayLiàTCùv EmaTf]LAr| Etr)
tiç, tI av t^jv (ièv eTÉpav cfxxÎLiEV EÎvai, Trjv 8S
IxÉpav,
StnSte ye xauxàEÏr) EiSévai an' à^icjJOTÉpcov ; <SarT£p âyà te
YiyvûbcrKQ oti tiévte eIctIv oCtoi ol SocktuXoi, Kal crû, cSanEp
èyco, TTEpl toûtcov xauTà yiyvobcjKEiç* Kal eï gte âyo èpoi-
Ljirjv
e!Tf] auTrj TÉ^vr] yiyvcbaKOLjLEv Trj àpi.8^r)TiKr]
là ocutù
èyco te <al oùf) aXXrj, <J>alr)c;
av SfjTtou Trj aôxrj.
ION. Nal.
ZO. "O Tolvuv apxt IlaeXXov Epf]aEa8al a£, vuvl eltté, ei 538 a
Kaxà Traacov tcov te)(vcûv oôtcû aoi SokeÎ, Trj lièv auTrj
TÉ)(vr|Ta auTà àvayKatov EÎvai yiyvcoaKEiv, Trj
S5
ETÉpoc \xi]
TaauTa,
àXX'EÏTTEp aXXrj ecjt'iv, àvayKaîov
Kal
ETEpayiyvcbaKEiv.
ION. OÏÏTCOLJlOt SoKEL, CÛ ZcOKpaTEÇ.
ZO. OukoCv 8aTtç àv\xr\ I^rj TivàTÉ^vrjv, TaÙTrjç Tfjç
T£^vr)c; Ta XsyoLiEva fj TtpaTT<5LA£va KaXcoç yiyvcoaKEiv ou)(
oî6ç ts
serrai;
ION.s
AXr]8fj XÉyEiç.b
ZO. FI6TEpov o3v TtEpl tcov ettcov cov eÎtteç, ecte KaXcoç
XéyEt "OLirjpoç eïteljlt],
<tù kcxXXiov yvcoaEi fj rjvlo^oç ;
ION.c
HvloXoc;.
ZO. 'Pai|;cùS6ç yàp tiou eÎ, àXX' ou)( rjvlo^oç.
ION. Nat.
ZO. eH Sepai|»cpSiKr| té^vt] ETÉpa
egtITrjq rjvto^iKfjç
;
ION. Nal.
ZO. El apa ETÉpa, TTEpl ÉTÉpcov Kal Emarf^r) TtpayLjià-
TCOV ECTTLV.
ION. Nal.
e 4 £ft«J"•£ TW :
eytoye Fj|538 b k r^ioyoç om. F
|| 9 xaî fatt*
Trjtjurj -payuaTcov WF:
7w&ay;jiâ-:tov xaî bctanjpT] T (/.ai Tcpayitàr£-iaTr[(i.r, signis addit. transpos. TF).
o>v
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4 2 IÛN 538 b
ZO. Tl Se8r),
ôrav "Ojirjpoç XÉyrj 6ç TETpOLiÉvQ tû
Ma)(àovLe
EKaujf)8ri f} Néaxopoç naXXaKri KUKEÛva ttlelv
SlSoùql;Kal
XéyELttqç outgûç — C
oïvcp TTpa^vELQ, <J>r|aiv,ettI S' aïyELOv Kvfj Tupôv
kv^cjtl ^<xXkeIt]* Trapà Se <p6^uov TtoTcp SlJjov
taOTa eïte ôpGooç XéyEL "O^ripoç eltelli*), nÔTEpov taxptKÎ]c;
eotl SLayvoùvaL koXôç f} ^aipûîSiKfjc; ;
lON.'IaTpK^ç.
Zft. Tt Se, barav Xéyfl "O^poç —rj
Se LioXu68atvrj IréXt] eç fiuaaSv ÏKavEv, d
fjte koit' àypaûXoLO fSoôç KÉpaç E^^E^auta
Ip^Exau o^aTrjaL liet' t)(8ûaL Tif]^a <|>Épouaor
TaOTa TioTEpov <f>cù(jLEv àXtEUTLKfjç eTvcu TÉ^vrjç llolXÀov
Kpivat f\ pa^cpStKfjc;, &xxa XéyEL Kal elte koX&ç eltelit) ;
ION. AfjXoV Sr),& ZûùKpaTEÇ, &TL àXLEUTLKfjÇ.
ZO. ZKÉcpaL Srj,aoO IpoLiévou, el IpoLé lie* «
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TOLVUV, S ZÔKpaTEÇ, TOUTCOV TÔV TE)(VQV Iv 'O^pO EUpl- 6
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TOO LlàvTECùC; TE Kai LLaVTLKfjÇ, TTOÎà EOTLV S TTpoa/jKEL aUTÔ
OÏcp t' ELVaL SiayLyVOùaKELV, ELTE EU EÏTE KaKCDÇ TTETTOLr)TaL »
— (JKÉLJ;aL <5>ç paSlaç te tcal àXrjGfj lyco aoi àTtoKpLvoOLiaL.
floXXa^oO llèv yàp Kai iv 'OSuacEla XéyEL, otov Kal S. o
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Testim.: 538 C 2 o?vo> — C 3 yalxiir^ IL, XI, 639-64o. jj538 d
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3îWa//., XXIV, 80-82.'
b 12 orj TWf : om. Fj|i3 rcisîv F (cf. Plat. Rempubl. 4o6 a, -fj ôoûar;
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II 7 u.£Àaaj:o8'.owv T2W : -teoSfttov F -no5wv Tf .
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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539 a ION 43
539 a Infortunés ! quel mal vous arrive ? La nuit
vous couvre, de la tête et de la face aux pieds,
et une plainte éclate et vos joues sont en larmes;
de fantômes le porche est plein, la cour est pleine ;
ils s'en vont vers VÉrèbe et Vombre ; le soleil
b a disparu du ciel, sous la brume sinistre1
,
et maintes fois dans YIliade; par exemple, au combat du
mur. Là encore, il dit 2:
Un oiseau vint sur eux, qui tentaient le passage,un aigle de haut vol, à gauche, arrêtant Vost.
c Aux serres il portait un serpent rouge, énorme,
vivant et palpitant, et belliqueux encore :
il piqua son vainqueur près du col, à la gorge,en retournant la tête ; et Vautre, de douleur,
le rejeta à terre, au milieu de la foule,
d et puis, avec un cri, s*envola dans le vent.
Ces endroits, et ceux du mêmegenre,
c'est au devin,
dirai-je, qu'il appartient de les examiner et de les juger.Ion. — Et tu auras raison, Socrate.
Socrate. — Toi aussi, Ion, tu as raison de le dire. Allons!
à ton tour: je t'ai choisi dans l'Odyssée et dans YIliade des
endroits qui, par leur nature, appartiennent au devin, au
e médecin et au pêcheur. Cite-m'en de même, puisqu'aussibien tu es plus versé que moi dans les œuvres d'Homère,
qui appartiennent au rhapsode, Ion, et à l'art du rhapsode,
225-256. Revenant à Ithaque et passant par Pylos, Télémaque est
abordé par Théoclymène, un devin qui vient d'Argos, d'où il a été
exilé pour un meurtre. Il accepte de le prendre avec lui et le ramène
à Ithaque.
i. Odyssée, XX, 35i-357- Parmi les prétendants attablés, qui
viennent d'entendre les paroles de Télémaque, Pallas, égarant leur
raison, suscite un rire inextinguible. En même temps leurs yeux
s'emplissent de larmes. C'est alors que Théoclymène prophétise leur
mort prochaine et leur descente dans l'Hadès. Mais en l'écoutant
ils se mettent à rire.
2. Iliade, XII, 200-207. Les Troyens,qui ont repoussé les Achéens
jusqu'au rempart du camp, s'apprêtent à le franchir, conduits par
Polydamas et Hector. A la vue du présage, ils sont saisis de crainte
Polydamas l'interprète et conseille à Hector la retraite.
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43 IÛN 539 a
Saïuovioi, tl KaKov t65e nàa^ETe ;vuktI
fcièvuuécdv 539 a
EtXoaTai KscfxxXat te TipéacoTtà te vép8E te yuîa,
otucùyf) 8è SÉSrjE, SESàicpuvTai 8è TtapEial*
eIScûXcùv tettXéov Ttp68upov, TtXElrj 8è Kal aoXfj
ieuévov Ep£66a8E frnà £écbov f^ÉXioç 8è
oôpavoO E£)aTT6XcoX£, KaKT) S' ImSÉSpouEv à^Xuç- b
noXXaxoO Se Kal lv 'IXiàSi, otov Kal ettI TEL^o^a^ta* XéyEi
yàp Kal evtccvjSoc —
opviç yap atyiv ETTfjXSETïEprjaÉuEvai uEuaôaiv,
atExèc; ûiJuTt£Tr|c;,en' àpiaTEpà Xaov èÉpycov,
<J>0Lvr)£VTa SpdtKovTa cpÉpoav 5vo)(£aai TiÉXcopov, C
£co6v, IV àanalpovTcr Kal oûtto XrjGETo xâpur)Ç.
K6\\)E yàp aÔTèv i^ovra iccrrà axf]6oç -napà ÔEipfjv
18vco8eIç ÔTitaco, ô 8' à*n6 e8ev tjke ^auS^E
àXyrjaaç ôSûvrjai, uéao 8' èvl KaôBaX3 ôuiXar
aôx8ç 8è KXay^aç ttéteto *nvoif]ç àvéuoio. d
TauTa<|>f]acù
Kal xà touxOt<x tcû uoivtei TrpoafjKEiv Kal oko-
TTEÎV Kal KpiVElV.
ION. 'AXrjSfj yE au XÉyov, & Z&KpaTEÇ.
ZO. Kal où yE, S "lov, àXr)8f) TaOxa XÉyEiç. "I8i8f] Kal
au èuol, ôùanEp èyôb aol EÉjÉXE^a Kal !£ 'OSuaaEiaç Kal !£,
'IXiàSoç ÔTtoîa toO ^àvTEcbc; soti Kal ÔTioîa xoO taTpoO Kal
Ônoîa xoO aXiÉoç, outcd Kal où èuol ekXe^ov, ETisiSf) Kal e
£UTT£lp6TEpOÇ eÎ euoO tcove
Ouf]pou, OTioîa toO/5ai|;cù8oG
èaTtv, o "Icov, Kalxf]c;TÉxvr|c; Tfjç jSaibcpSiKfjç, a tS pa^cpSô
Testitn. : 539 a 1 8at<j.dv<.o: — b 1
à/Xuç Od., XX,53
1-537I!
539 b 4 opvtç y<xp — d 1àvé[j.oio //., XII, 200-207.
539 a 1 Saitxdvioi : à SetXoi libri Homerici|| 0[Aê'cov
TF :6;j.6jv
WIl
2 yuta: yoîîva libri Homerici||3 8c'8t)î W : 8è 875 (ïSeôâxpuvtat) F :
SéSrjai T post -apsta: in libris Homericis hic uersus af^a-c: 8'
Ippa-8arai toi/oi xaXai Te
jj.£ad8|j.ai ||b 2 prius xat TWf : om. F
||c 4
07:tacu WF : -aaco T||
5 £vc xa66aX' f (iv- xépGal' F): svxâu6aX' Wèyxa66aX' T (sed prius X puncto del.) ||
d 1 rateTO libri Homerici :
-Kiia.zo
W (suprascr kr.a) F ut uidetur: sjtsto T (f ?) || 5 ye TF
:
om. W.
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539 e ION 44
et qu'il convienne au rhapsode et d'examiner et de juger, de
préférence aux autres hommes.
Ion. — Je le déclare, Socrate: tous sans exception.Socrate. — Ce n'est pas toi, Ion, qui dis : tous sans
exception. As-tu si peu de mémoire ? Pourtant le défaut de
mémoire siérait mal à un rhapsode de profession.
Ion. — En quoi donc manqué-je de mémoire?540 a Socrate. — Ne te souviens-tu pas d'avoir dit 1
que l'art du
rhapsode diffère de celui du cocher ?
Ion. — Je m'en souviens.
Socrate. — Puisqu'il en diffère, tu convenais donc aussi
que ses connaissances seront différentes ?
Ion. — Oui.
Socrate. — Ce n'est donc pas à tout que s'étendront,
d'après toi, les connaissances de l'art rhapsodique ni celles
du rhapsode.Ion. — Si, sauf peut-être aux cas de ce genre
2,
b Socrate. — Par « cas de ce genre » tu veux dire:
sauf ce
qui appartient aux autres arts, à peu près3
. Mais alors, quellesorte de choses connaîtra le tien, puisqu'il ne connaît pastout?
Ion. — Selon moi, le langage qui convient à un hommecomme à une femme, à un esclave comme à un homme
libre, à un subalterne comme à un chef.
Socrate. — Veux-tu dire
quele
langageconvenable à
qui gouverne en mer un vaisseau battu par la tempête,le rhapsode le connaîtra mieux que le pilote ?
Ion. — Non, celui-là, ce sera le pilote,
c Socrate. — Mais le langage convenable à qui gouverne un
malade, le rhapsode le connaîtra-t-il mieux que le médecin ?
Ion. — Celui-là non plus.
Socrate. — Veux-tu dire celui qui convient à un esclave ?
Ion. — Oui.
Socrate. — Par exemple, d'après toi, le langage que doit
i. 538 b.
2. Les cas spéciaux dont on a parlé (l'artdu cocher, celui du
médecin etc., voir 53g de). Pour Ion ils sont peu importants.
3. IIXr]V xi twv àXXôSv xe/vtov aye8ov xt commente -à xo'.auxa. Mot
à mot : « Tu dis :
(sauf)les cas de ce
genre,c'est-à-dire : sauf ce
quiconcerne à peu près les autres arts (autres que celui du rhapsode) ».
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\
H IÛN 539 e
TrpoorjKEi Kal aK0Tt£Îo8ai Kai SiaKplvEiv Ttapà xoùç aXXouç
àvSpcbTtouç.
ION.
3
Eyà> ^Év c|)r|^i, o ZcbKpaxEÇ, Snavxa.ZO. Ou au ye <f>fjç,
S "Icov, aTtavxa*fj ouxcùç £TtiÀf)au.G>v
et;Kaixoi ouk av TtpÉrcot y£ £mXr)<Tu.ova EÎvai £ai|ja>5ôv
&v8pa.
ION. Tt Ôè 5^) ETTLXav8àvoiiai ;
ZO. Ou ^Éu-vrjaai ôti l(|>T]CT8a xfjv pav^oSiK^v xé^vt^v 540 a
ETÉpaveÎvcu
xfjç ^vio)(L<fjç ;
ION. MÉ^vrj^aL.
ZO. OukoCv Kal ETÉpav oQaav IxEpa yvociEaSai a>u.o-
X6yEiç ;
ION. Nal.
ZO. Ouk Spa Ttàvxa y£ yva>a£xai f) paipcpSiKT^ Kaxà xèv
aôvX6yov
ouoè ôpai^cpSàç.
ION. nXrjv yE ïacùç Ta xoiaOxa, S ZoKpaxEç.
ZO. Ta xoiaOxa 8è XÉyEiç TtXfjv Ta xcùv aXXov te^vôv b
<j)(e86v ti* àXXà TtoîaSf| yvcbaETai, ettelSt] oô)( &TtavTa
;
ION. °A TtpÉTTEi, oîu.ai lycoyE, àvSpi eItielv Kai ÔTroîa
yuvaiKt, Kat ônoîa SoûXo Kal ônoîa èXEuSÉpcp, Kai ôiroîa
àp^o^ÉvcpKal ônoîa
ap^ovTi.ZO. *Apa ônoîa ap^ovxt, XÉyEiç, èv SaXaTTrj ^Ei^a^o-
u.Évou TtXotou TtpÉTtEL EiTtEÎv,
ô paijJCùSoç yvobaETai KaXXiov
f*|ô Ku6Epvr)Tr|ç ;
ION. Oôk, àXXà ô Ku6Epvf)TTjç to0t<5 yE.
ZO. 'AXX* ÔTTOÎa ap)(OVTl KàjlVOVTOÇ TtpÉTtEl EÎTIEÎV, ô c
paipcpôôç yvdùaExaL
KaXXiovf\
ô
laxpoç;
ION. OuSè xoOxo.
ZO. 'AXX' ota SouXcp TtpÉTtEi, XÉysiç ;
ION. Nai.
ZO. Otov fiouKéXcp XÉyEtç SoùXco a TtpÉTtEl EiTtEÎv àypiai-
6 7 cpVjçBaiter :
sçrjç ||axavxa TWf : où îiavra F
||5-40 b 2 ayeodv
Tt rhapsodo trib.
W||
g àXXà ô W:
aXXo F àXXà xoù ô T et in marg.ilC i xàu.vovToç F : -ti TWf.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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540 c ION 45
tenir un esclave bouvier pour apaiser ses génisses effarou-
chées, c'est le rhapsode qui le connaîtra, et non le bouvier ?
Ion. — Certes non.
Socrate. — Est-ce le genre de propos qu'il est convenable
à une fileuse de tenir sur le travail de la laine ?
Ion. — Non.
d Socrate. — Est-ce le genre de propos qu'il convient à un
général de profession de tenir à des soldats pour les exhorter ?
Ion. — Oui, voilà le genre de choses que connaîtra le
rhapsode.
Socrate. —j Quoi
! l'art du rhapsode est celui du gé-néral ?
Ion. — En tout cas je saurais, pour ma part, ce qu'un
général doit dire.
Socrate. — C'est peut-être que tu as aussi les talents d'un
général, Ion. Et en effet, si tu te trouvais unir les talents du
cavalier à ceux du joueur de cithare 2, tu connaîtrais les che-
e vaux qui sont bonnes ou mauvaises montures. Mais si je te
demandais, moi : « En vertu de quel art, Ion, connais-tu les
chevaux qui sont bonnes montures? Est-ce en qualité de
cavalier, ou de joueur de cithare? », que me répondrais-tu ?
Ion. — En qualité de cavalier, dirais-je.
Socrate. — Si. donc tu savais aussi discerner ceux qui
jouent bien de la cithare, tu conviendrais que tu les discernes
enqualité
de cithariste et non de cavalier.
Ion. — Oui.
Socrate. — Puisque tu connais l'art militaire, est-ce en
qualité d'habile général que tu le connais, ou de bon rhap-sode?
Ion. — Je n'y vois aucune différence.
541 a Socrate. — Comment? aucune différence, dis-tu? L'art
du rhapsode et celui du général ne font-ils qu'un, d'après toi,
ou sont-ce deux arts ?
Ion. — Un seul art, à mon avis.
Socrate. — A ce compte-là, quiconque est bon rhapsodese trouve être aussi bon général?
i. Socrate va reprendre, l'un après l'autre, les exemples énumérés
plus haut par Ion : après celai qui commande, l'esclave, la femme, etc.
a. Socrate ne veut
pas
dire
qu'Ion
a les talents du joueur de
cithare. Les rhapsodes déclamaient sans s'accompagner d'un instru-
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45'
IÛN 540 c
vouacov fiocov TTapau.u8ouLi£vcû, 6j5aipcp8&c; yvcôoETai àXX'
oô)( ô (5ouk6Xoç ;
ION. Ou 8f|Ta.
ZO. 'AXA.' ota yuvaiKl TTpÉTTovTà ècmv eitteîv tocXoc-
aioupyco TiEpl àplcov èpyaalaç;
ION. Otf.
ZO. 'AXX' ota àvSpl TipÉTiEi eltteîv yv&aETai axp axTjycp d
orpaTicùTaiçTTapcuvoOvTi ;
ION. Nat, Ta xoiaOTa yvcoaETai ô£ai|icûS6c;.
ZO. Ti 8é; f| poupcpSucf) té^vï] aTpaTTjyiKf) laxiv ;
ION. rvolrjv yoOv av èycb ota OTpaTTjyèv mpETTEi eItteîv.
ZO. "\aa>q yàp eÎ Kal axpaTriyiKéc;, S *Icùv. Kal yàp eI
ETÛy^avEÇ tTT7TLK8c; &v &Lia Kal KiBapuruicéç, lyvcoç av
Yttttouç eu <al KaKÔç lTTTra£ou.Évouc;- àXX' eï a' lyà ^p6^irjve
a rioTÉpa 8f] TÉ)(vrj,u> "Icov, yiyvcoaKEiç toùç e3 iTTTTa£o-
liévouç ïttttouc; ; 7\ Itttteùç eÎ f) f\ KiSapiaxrjc; ;» xi av lioi
àTTEKptvoo;
ION. *Hi Itttteuc;, lycoy9
av.
ZO. OukoCv el <al toùç sS Ki8apl£ovTaç StEytyvcoaKEc;,
cÔLjLoX6y£ic; av, fj Ki8apiaTf)ç Et, TaÙTr| SiaytyvcoaKEiv, àXX
OUX f] tTTTTEUC;.
ION. Nat.
ZO. 'E-rtEiSf] Se Ta axpaTLQTiKà yiyvcûaKEic;, TrdTEpov fj
axpaTrjyLKàc; eÎ yiyvcbaKEiç f\ fj paipcoSèç àya86ç ;
ION. OùSèv ELioiyE Sokei SiacpépEiv.
ZO. riôç ;oûSèv XÉyEiç SiacpépEiv ;
li'uxv XéyEiç tÉ)(vt)v541a
EÎvai xf]v pa^coSiKfjv Kal Tfjv aTpaTrjyiKfiv t^8uo
;
ION. M la ELHuyE SokeÎ.
ZO. "Oaxiç apaàya8èc;^avj;cj)86ç laTiv, oCtoç Kal àya86ç
aTpaxrjyèç Tuy^àvEt cov;
d 3 vat recc. : vrj || 4 8è WF : Sat T||
5 av Sydenham :à'p'W
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V. i - 5
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541 a ION 46
Ion. — Tout juste, Socrate.
Socrate. — Par conséquent, quiconque se trouve être bon
général est aussi bon rhapsode ?
Ion. — La réciproque ne me semble pas juste.Socrate. — Mais il te semble que tout bon rhapsode est
b aussi bon général ?
Ion. — Parfaitement.
Socrate. — Tu es, toi, le meilleur rhapsode de la Grèce?
Ion. — Oui, Socrate, et de beaucoup.Socrate. — Et général, Ion, es-tu aussi le meilleur de la
Grèce ?
Ion. — N'en doute pas, Socrate;et cela, parce que je l'ai
appris dans Homère.
Socrate. — Alors, au nom des dieux, Ion, pourquoi donc,
étant le meilleur des Grecs à la fois comme général et comme
rhapsode, circules-tu par la Grèce en faisant le rhapsode, au
lieu de commander des armées ? Crois-tu que les Grecs aient
c grand besoin d'un rhapsode orné d'une couronne d'or, et nul
besoin d'un général ?
Ion. — C'est que notre cité, Socrate, est gouvernée parvous 1
,et sous votre commandement militaire
; elle n'a
point besoin de général. Quant à la vôtre et à Lacédémone,ce n'est pas moi qu'elles iraient choisir pour général. A vous
seuls vous croyez vous suffire.
Socrate. — Excellent Ion, ne connais-tu pas Apollodore
de Cyzique 2 ?
Ion. — Quel Apollodore?Socrate. — Celui que les Athéniens ont souvent choisi
d pour général, bien qu'étranger. De même Phano3thène
d'Andros et Héraclès de Clazomène;
ce sont des étrangers,
mais notre ville, les ayant vus faire la preuve de leur
mérite, les élève aux commandements militaires et aux autres
charges. Et Ion d'Éphèse, n'ira-t-elle donc pas le choisir pour
ment, et plus haut (533 b) l'art du cithariste est expressément
distingué de celui du rhapsode. C'est simplement un exemple queSocrate imagine pour faire comprendre sa pensée (voir un peu plus
loin : « si donc tu savais aussi discerner ceux qui jouent bien de la
cithare », et noter dans les deux cas l'emploi de l'irréel).
i. Voir la Notice, p. 23.
2. Sur Apollodore de Cyzique, Phanosthène d'Andros et Héra-
clide de Clazomène, voir la Notice, p. 23-2/1.
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46 IQN 541 a
ION. MàAiaTct, o ZobKpaTEÇ.
ZO. OùkoOv Kal Scttlç àya86ç oncpaTriyôç Tuy)(àv£i ^v»
àya8èç Kal paipcpSéç èaxiv.ION. Ouk au u.01 Sokeî toOto.
ZO. 'AXA' ekeivo yfjv SokeÎ aoi, banc; yE àya86ç
patpcoSdç, <al aTpaTrjyèc; àya88ç EÎvai;
b
ION. ["làvu yE.
ZO. OùkoOv au tcûv 'EXXt^vqv apiaxoç paipaSbç eÎ;
ION. rioXu yE, S ZaxpaTEc;.ZO. *H Kal aTpaTr|y6ç, S *lcov, tôv 'EXXfjvcav apiaroç
*;ION. Eu ïa8i, a> ZoKpaTEç- Kal xaCToc yE ek tôv
e
O(if)-
pou ^ia8cbv.
ZO. TiSrj ttot
3
ouv Tipoç tcùv 8ecùv, o "Icov, àu.<|>6TEpa
Spiaxoç2>v tSv
e
EXXf)vov,Kal
aTpaTTjyôçKal
jSaipoSàç,
£ai|;a>8£Îc; u.èv TUEpiuàv toiç "EXXrjai, arpaTrjyEÎc; 8' oô; ^
£ai|iG>SoO \xkv SokeÎ aoi xpuaû aaEcjxxvo EaTE<J>avci>jiÉvouc
TioXXi1
) XPe'
La e^vai T0ÎÇ "EXXt^œl, oTpaxriYoO 8è ouSEu/ia;
ION.eH
fcièv yàp fj^iETÉpa, S ZÔKpaTEç, tt6Xlç âp^Exai
ûtïo ûu.ôv Kal aTpaxriYELTau Kal ouSèv SEÎxat aTpaxTjyoO, f\
8èû^iETÉpa
Kalf\
AaKE8aiu.ovlcûv ouk av^e
eXolto
oipam)-y6v auTol yàp oïecxSe ÎKavol EÎvai.
ZO. *0 (SÉXxLaTE "Icov, 'AnoXXéScopov ou yiyvc&aKEiç tov
Ku£ikt]v6v ;
ION. rioiov toOtov;
ZO. °Ovs
A8r|vaîoL TioXXaKiç éauTcov aTpaTrjyov fjpr|VTai
£jévov ovTa* Kal
4>avoa8Évrj
tov
"AvSpiov
Kalc
HpaKXEl8r)v
t6v KXa£ou.Éviov, oOç !j8e f\ ttoXiç £évouç ovTaç, £v8£i£a-
yÉvouç 8tu a£iot X6you zlat, Kal eIç aTpaTrjylac; Kal eIç xàç
àXXaç àpxàç ayEi* ^IcovaS' apa t8v 'Etpéaiov ou)( alp/jaETai
aTpaTrjyov Kal Tiu^aEi, làv SoKfj aE,ioç X6you EÎvat;xl 8é
;
541 a 9 oùxouv F pro où/, au||io
[atjvBekker :
jxèv ||cjoi TW : aot
glvou F||
ys TW:
ts F[|
b io <jTpaT7jyôç TW:
aipax^yôç tov F||
d 5ft&cgc
F pro ooxTj ||8s WF : oai T.
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4 7 IÙN 541 d
oûk3
A8r|vaîoi. ^iév eote ol 'Ecf>Éaioi ib àpyalov, Kalf\
"Ec^caoç oûSsuiac; eXocttcûv tt6Xecûç ;àXXà yàp où, a "Icov, e
et ^èv àXrjSfj XÉyEtç eoç TÉ^vr)Kal
EmaTf)^r| oîéç te eÎ
0^ir|pov ETtacvELV, àSiKEÎç, baiiq è\xoï ù-no(r^6\i£voq qç
TtoXXà <ai KaXà TtEpie
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otto eotI TaOTa TTEpl Sv Seivôç eÎ eSéXeiç eltielv, TràXai
l^oO XLTtapoOvToç, àXXà aTE^vcoç ûSarrEp ô npOTEÙç TtavTo-
8«tt6ç ylyvEi ciTpEcpô^EvoçSvco Kal
k<xtco, ecûçteXeutcôv
Si-a^uyov ^e aTpaTT)yôç àvE(J)àvrjç, 'îvajif) EmSEt£riç cbç 542 a
Seivôç eÎ Tf]v TtEple
0^if)pou crocjuav . Et jièv oSv te^vlk6c;
<Sv, ÔTtEp vOvSf] IXEyov, TTEpl
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0^f|pou uttoo)(6|jievo<; etuSei-
£eiv E^aTTaTaç J1E, ccSikoç El' Et SE ^T) TE^VIKÔÇ EÎ, àXXà
Se'ux ^olpa KaTE)(o^£voç kE, 'O^irjpou ji.r|Sèv EtSàç TToXXà Kal
KaXàXÉyEiç TTEpl
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EXoO o8v TréTEpa (SoùXei vo^l^EaBai ^tt6
f^cov aSiKoç àvf)p EÎvaif\ BeÎoç.
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542 b
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MÉNEXÈNE
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NOTICE
Socrate apprend de Ménexène que le
®.s
,
u^e uConseil s'apprête à désigner l'orateur
chargé de faire l'éloge des soldats morts.
Il manifeste son admiration pour ces sortes de discours, dont
le prestige met en valeur tous les membres de la cité. Au
reste, la tâche de l'orateur n'offre enpareil
cas rien de difficile.
Lui-même, il saurait s'en acquitter.Il a pour maître d'élo-
quence Aspasie, et la veille il a recueilli de sa bouche une
oraison funèbre de sa composition. Sur la prière de Ménexène,il récite ce discours d'un bout à l'autre. Ménexène se déclare
émerveillé, et proteste de sa reconnaissance. Socrate s'engage,
à condition que Ménexène soit discret, à lui rapporter nombre
de discours du même genre faits par Aspasie.
L'interlocuteur de Socrate est nomméLe
Ménexène6 ** daDS le Phédon (59 b
) Parmi les disciPles
qui assistèrent aux derniers moments du
Maître. Il est mis en scène dans le Lysis, sous les traits d'un
adolescent. Fils de Démophon, il sort d'une famille qui a
toujours donné des hommes d'État à Athènes 1. Dans notre
dialogue, il est évidemment plus âgé que dans le Lysis, puis-
qu'il peut croire son éducation achevée, et qu'il se prépare à
débuter dans la vie politique2
.
i. Ménexène, 234 a b.
2. Id. — Il a donc atteint dix-huit ans, l'âge de l'éphébie, où le
jeune Athénien était inscrit sur le registre de son dème, et entrait en
possession de la plupart de ses droits civils. L'intention qu'il manifeste
d'aborder la vie politique semble même indiquer qu'il est tout prèsde la vingtième année.
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52 MÉNEXÈNE
Le Lysis le représente comme un grand disputeur (IptaT'.xo:,
211 b). Il se montre ici sous un jour différent. Socrate lui
demande s'il s'imagine être parvenu au terme de l'éducation
(-aiosucriç) et à celui de la haute culture (cp'.Xoco^:'a) qui, pour les
jeunes Athéniens de famille riche, faisait suite à l'éducation
proprement dite. Cette question moqueuse est une allusion
à l'état d'esprit de ceux qui, comme le Galliclès du Gorgias
(484 c sq.), voyaient dans la philosophie un divertissement
bon pour la jeunesse, mais indigne de l'âge mûr, et jugeaient
nécessaire, quand ils étaient devenus des hommes, de l'aban-
donnerpour
l'actionpolitique
l. Ménexène
répondavec
respectqu'il a l'ambition d'exercer des charges dans la cité, mais
qu'il se réglera sur les conseils de son maître. Il est clair,
cependant, qu'il partage l'engouement général pour les
discours funèbres. L'improvisation, en pareille matière, lui
paraît exiger des dons exceptionnels. Aussi semble-t-il choquédes plaisanteries que Socrate dirige contre les orateurs. Il
doute que son maître soit capable de ce qu'il regarde comme
un tour de force. Il est impatient d'ouïr le discours qu'onlui annonce
;à la fin, il ne cache pas son admiration pour le
morceau d éloquence qu'il vient d'entendre, et il prie Socrate
de lui en rapporter d'autres.
Le Ménexène se présente donc sous la
La fête des forme d'un dialogue encadrant un long
Epitaphia. _..r •? ,
•
, ,
discours, un epitapnios logos, prononce
par Socrate. L'usage de ces oraisons funèbres était ancien à
Athènes 2. Les dépouilles des soldats morts recevaient une
sépulture commune dans le cimetière du Céramique3
. Chaqueannée, les funérailles étaient célébrées dans une cérémonie
publique (Epitaphidf , qui, après la construction du Théseion,
fut rattachée aux fêtes consacrées à la légende de Thésée et
au culte des bienfaiteurs de l'État. Du 5 au 7 pyanepsion
1. Cf. Wendland, Die Tendenz des Platonischen Menexenus (Hermès,
1890, p. 171); H. Raeder, Platons philosophische Entwickelung ,
p. 126.
2. La loi qui l'institua remontait peut-être à la première guerre
médique.3. Même avant les guerres médiques, suivant Pausanias (I, 29, 5).
4- Instituée ou réorganisée par Solon (Diogène de Laërte, Sol., 8).
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NOTICE 53
(octobre), avait lieu l'exposition des restes, rassemblés dans
dix cercueils (un par tribu), auxquels s'ajoutait un lit vide,
pour les morts dont la dépouille n'avait pu être recueillie *.
Le 7 était le jour du convoi funèbre. Au moment de l'inhu-
mation, un orateur, désigné par l'Assemblée sur la proposition
du Conseil, prenait la parole pour prononcer le discours
d'usage2
. Ensuite venaient, sous la surveillance du polé-
marque, des jeux funèbres 3: exercices gymniques et équestres,
concours artistiques, courses d'éphèbes en armes, lampado-dromies exécutées par les éphèbes.
Malgré son peu d'étendue, le MénexèneP™le
è
MênettoS°8e
est un deS dialoSues de Platon<lm ont
fait couler le plus d'encre. Il a suscité
toute une littérature exégétique. Quel rapport faut-il établir
entre le discours de Socrate et la partie dialoguée qui l'en-
toure? Ce discours doit-il être pris au sérieux? Est-ce au
contraire une œuvre defantaisie,
uneparodie,
une satire?
Platon veut-il montrer aux rhéteurs de son temps ce que doit
être l'oraison funèbre, ou bien ce qu'elle ne doit pas être ?
L'ironie, si elle existe, est-elle dirigée contre la rhétorique
contemporaine, ou contre le public athénien? Le sérieux ne
s'y mêle-t-il pas dans une certaine mesure au plaisant?Autant de questions auxquelles ont été faites les réponses les
plus diverses, sans parler du problème de l'authenticité, dont
la solution dépend en partie de l'interprétation que l'on
donne du discours lui-même. Un examen attentif de l'ou-
vrage, étudié dans son contenu et dans sa forme, permet,
croyons-nous, de se prononcer sur les points essentiels,
Il ne saurait y avoir de doute sur le sens
du début général du préambule dialogué qui sert
d'introduction au discours (2SI1 a-236 d).
Socrate y persifle ouvertement les faiseurs d'oraisons funèbres,
et Ménexène n'a pas de peine à le comprendre : « Tu te
moques toujours des orateurs », lui répond-il (235 c). Sur
quoi porte la raillerie? D'abord surl'objet même de ces
1 Thucydide, II, 34, 3.
2.Id., II, 34, 6; Démosthène, Cour., 320.
3. Platon, Ménexène, 294 b; Lysias, II, 80 etc.
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54 MÉNEXENE
éloges : pour les obtenir il n'est pas besoin d'en être digne;indifférents à la vérité, ils glorifient en chacun les qualités
qui lui sont étrangères comme celles qui lui appartiennent
(234 c-235 a). Ils n'ont pas le caractère de spontanéité quiconviendrait à des discours dictés par l'émotion, sous le coupd'événements particuliers : préparés de longue main, ils ne
peuvent guère offrir que des lieux communs applicables à
toutes les circonstances (234 c, 235 d). La séduction qu'ils
exercent ne vient donc pas de leur vérité, ni de leur justesse :
elle réside dans les flatteries qu'ils développent, et dans
l'éclat d'une formepompeusement
ornée(235 a).
Mais la critique tombe aussi sur le public. Il se laisse
prendre à ces éloges magnifiques, qui ne glorifient pas seu-
lement les morts, mais célèbrent de toutes les manières la
cité tout entière, les ancêtres et les vivants (235 a).C'est une
sorte de charme et d'ensorcellement 1
qui flatte délicieuse-
ment les oreilles de l'auditeur, le grandissant à ses propres
yeux et lui donnant l'illusion d'appartenir à un monde
héroïque- Socrate lui-même, à ce qu'il prétend, ne se recon-
naît plus, quand il a entendu ces orateurs. Il se croit devenu
un autre homme, transporté dans les Iles des Bienheureux;et il lui faut trois ou quatre jours pour revenir au sentiment
de la réalité (235 a-c).
Il n'y a donc pas à se méprendre sur l'admiration qu'il
manifeste pour « l'habileté » des orateurs. Même choisis au
dernier moment, ils n'ont pas le mérite de l'improvisation,
puisque leurs discours sont tout préparés d'avance. Et d'ail-
leurs, il est facile d'obtenir l'applaudissement, quand on
parle devant ceux-là même dont on fait l'éloge (235 d).
N'importe qui en serait capable ;et l'on ne saurait s'étonner
que Socrate lui-même se sentit en état de prendre la parole,
s'il était choisi (235 e).
Que pouvons-nous attendre du discours qu'il va produireà l'appui de ses allégations? Une oraison funèbre comme
pourrait en composer le premier venu en se réglant sur les
procédés de l'école : le défilé des lieux communs habituels,
des éloges étendus à l'ensemble de la cité, aux aïeux et aux
vivants comme aux morts; un parti pris de glorification,
1. roTTCtuouaiv (235 a), zr,XoJusvo; (235 b).
2. 'Avoptov JOfwv (234 c); ôéçio: (235 c).
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NOTICE 55
sans aucun souci de vérité ni de mesure; enfin, l'emploi
systématique de tous les ornements de style en usage dans
cette sorte d'éloquence. Que le discours ne doive pas être pris
au sérieux et ne soit qu'une parodie, Socrate prend soin denous en avertir : il craint que Ménexène ne se moque de lui
en le voyant, malgré son âge, se livrer encore à la plaisan-
terie1
. Il en rougit lui-même, comme il rougirait de danser
en simple tunique, et il ne cède à la prière de son interlo-
cuteur que parce qu'ilssont seuls 2
.
Le discours qu'il débite répond-il auxde Socrate
intentions marquées dans le préam-bule?
Le plan, fort net, peut se résumer ainsi 3:
Exorde (2 36 d-236 e ^apa{xj8ou;x£voç). Justification du
discours; indication du plan à suivre : éloge (1-aivscreTai)
des morts; conseils(Trapaivécexat)
aux vivants, comprenantune exhortation
(7capax£>i£uoaevo;)aux fils et aux
pèresdes
défunts, puis des consolations (7rapa[xu9ouu.svoç) données aux
parents.I. Éloge (237 a-246 a toioûtouç àvopa;). Exorde (237 a-237 b
à-rcscpYjVavTo) : il faut se régler sur l'ordre de la nature,
célébrer d'abord la bonne naissance (tuytvttov) des morts;
puis leur nourriture et leur éducation (tooo^v te xa\ -atostav) ;
enfin leurs exploits (tï)v twv Ipywv 7rpa;tv).
1 . La bonne naissance (237 b xfj? B'£Ûy£V£''aç-237 d vou-'Çec).
Comprend deux points :
a. L'Attique est aimée des dieux(Oeo^'.atjç).
Preuve : la
querelle des divinités qui s'en sont disputé la possession.
b. Seule elle n'a voulu enfanter que l'homme, le plusnoble des êtres vivants.
2. La nourriture et Véducation (2$$ q uiya 8È-230, acppovrr
<7£(o;). Comprend trois points :
a. La nourriture. Preuve de Yautochtonie des Athéniens :
seul en ces temps lointains, leur pays a produit le blé
1. a36 c.
2. 236 d; cf. Berndt, De ironia Menexeni Platonis, Munster, 1881,
p. a4 ; Wendland, 0. L, p. 180; Th. Gomperz, Les penseurs grecs,
II, p. 465.3. Voir Berndt, 0. /., p. 45.
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56 MÉNEXÈNE
et l'orge— nourriture appropriée à l'homme — et l'oli-
vier.
b. L'éducation. Il a donné aux Athéniens les dieux pourmaîtres et
pouréducateurs.
c. Le régime politique (-jroXixeta).Sous le nom de démo-
cratie, ce régime est le gouvernement des meilleurs (àpur-
Toxpaxca).
3. Les exploits (239 a ô'Gsv Stj-246 a).
Exorde (jusqu'à twv 'EXX/jvwv, 23g b). Énoncé des deux
points à traiter : élevés dans la liberté, les Athéniens se sont
fait un devoir de défendre la liberté des Grecs contre les
Grecs et contre les Barbares.
a. Luttes soutenues contre Eumolpe et les Amazones;
contre les Thébains pour les Argiens, et contre les Argiens
pour les Héraclides. L'orateur passe rapidement sur ces hauts
faits, souvent célébrés, pour en venir à d'autres, qui n'ont
pas encore été glorifiés comme il convient (239 b-23g c tûv
Trpa^àvTwv).
b. Guerres mèdiques (23g c itni 8s tûut<*)v-24i e èir'.êovXsucov
<pôopa).
D'abord, résumé des conquêtes perses : Cyrus, Cambyse,Darius (jusqu'à 240 a
7] LUpsoiv àpy-/))-
x. Marathon (2^0 a-24o e u.a8Tjxai tg5v MapaOwvt yevo-
fxevot).
6. Salamine et Artémision (a4o e-24i c xoeï 'AO^vaiwv).
y. Platées (241 c-24ï d lia tojç "EXXTjvaç).0. Autres campagnes contre les Perses (241 d-24i e r^ twv
'EXXyjvmv ÈTciêouXeusiv;p8opa).
c. Guerres soutenues contre les Grecs (241 e-246 a).
a. Guerre de Béotie (241 e-242 c tcoûtoie-réô-rjcrav).
£. Guerre d'Archidamos (242 c-242 d vixàWxec; î8(a).
y. Expédition de Sicile et fin de la guerre (242 d-243 d
xat
7)Tnrj67]a£v).ô. Guerre civile (243 e-244 b wv t* éTCaQojxsv).
s. Guerre de Gorinthe (244 b-246 a).
II. Conseils(-irapaiveortç, 246 a-249 c à7toXo^upà[xevot àrce-s).
Exorde (2*46 a-246 c sXeyov oè xios). L'orateur va trans-
mettre aux fils et aux parents les recommandations dont il a
été chargé par les morts.
a. Exhortation (TîapxxsXsusi;, 246 d-247 c Taux* etpVj<T$»)
des morts à leurs fils.
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NOTICE 5 7
b. Consolations (zapauuô*'a, 2^7 c-248 d) données par les
morts à leurs parents.c. Exhortation et consolations (248 d-249 c). L'orateur les
adresse à son tour auxfils
et aux parents des morts. Suitune brève formule de congé.
Dans la première partie se succèdent
tous les thèmes traditionnels de Yencô-
mion. L'éloge de l'autochtonie est un lieu commun déjàancien 1
. On le trouve chez Hérodote (VII, 161), Aristo-
phane (Guêpes,V, 1076),
Euripide
2, Isocrate 3
. De même la
comparaison de la patrie avec une mère 4. La querelle
d'Athèna et de Poséidon, que la légende attique localisait sur
l'Acropole, à l'endroit où s'élevait l'Érechtheion 5,était figu-
rée sur le fronton ouest du Parthénon. Non moins célèbre
était la légende de Triptolème, fils de Géléos, qui avait reçu
de Déméter, parvenue à Eleusis, le premier grain de blé. La
glorification du régime démocratique, qualifié d'aristocratie,
apparaît dans le Panathénaïque d'Isocrate ( i3 1;cf. Arèop., 20).
Les succès remportés sur les Amazones, la protection accor-
dée aux Argiens contre les Thébains dans la guerre des Sept
chefs, et aux Héraclides contre Eurysthée, sont rappelés parHérodote (IX, 27), Xénophon
6, Isocrate 7
. La mention du
secours donné aux Héraclides est, suivant Aristote 8,un des
thèmes obligés de l'éloge d'Athènes. Il en va de même du
souvenir des guerres médiques9
.
Si l'on compare avec l'oraison du Mènexène les èiriTaçtoi
Xoyot conservés, on y retrouve partout10 la même division
1. Wendland, 0. L, p. 186-187.2. Médée, 8a5 sq. ; Ion, 267, 58g-5go ; fragm. 36a (Erechthéè),
v. 7 sq. cité par Lycurgue, C. Léocr., 100.
3. Panègyr., 24, 63; Panalh., 124.
4- Isocrate, Panégyr., 25; Archid., 108 ; Platon, Rép., 470 d
Lycurgue, C. Léocr., 21, 47, 85.
5. Sous le sanctuaire d'Ërechthée, une citerne enfermait les eaux
qu'avait fait jaillir le trident de Poséidon.
6. Hellén., VI, 5, 46 sq.
7. Panégyr., 70; Archid., 42; Aréop., 75; Panath., 168-171.8. Rhét., II, 22, i3 96a.
9. Ibid.; cf. Isocrate, Panégyr., 71 sq.
10. Il faut, naturellement, laisser de côté le fragment de Gorgias
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58 MÉNEXÈNE
essentielle en éloge et en consolation. On la relève dans le
discours prêté par Thucydide à Périclès(il, 35 sq.), qui l'au-
rait prononcé pendant l'hiver de 43i/43o; dans l'oraison
funèbre attribuée à Lysias (II) ;dans Vêpitaphios transmis
sous le nom de Démosthène, qui n'est pas l'œuvre du grandorateur l et paraît inspiré du Ménexène
; enfin, dans la seule
oraison funèbre certainement authentique que nous possé-
dions : celle qui fut composée par Hypéride en 323 pour les
morts de la guerre Lamiaque. Bien plus, nous retrouvons
dans ces discours la plupart des thèmes traités dans le
Ménexène. Celui de Tautochtonie est esquissé dans le dis-
cours de Périclès
(Thuc,II,
36);
il
figurechez
Lysias (II,
17), dans Vêpitaphios du Pseudo-Démosthène (LX, 4) et chez
Hypéride (8). Le Pseudo-Démosthène (5) rappelle que
l'Attique a produit la première les fruits nécessaires à la nour-
riture de l'homme. L'éloge des ancêtres n'est pas oublié dans
Thucydide (II, 36) ;les victoires remportées sur les Ama-
zones, la défense des Argiens contre les Thébains, et celle des
Héraclides sont célébrées par Lysias (3- 16) et par le Pseudo-
Démosthène (8). L'éloge de la constitution athénienne est
développé par Thucydide (II, 37) et par Lysias (17-19); le
Pseudo-Démosthène (26-26) l'indique en passant. La glorifi-
cation des guerres médiques a sa place dans le discours de
Lysias (20-47), et se trouve brièvement évoquée chez le
Pseudo-Démosthène (10-12), comme chez Hypéride (35-4o).
Le thème de Yéducation est ébauché dans le Pseudo-Démos-
thène (16 sq.), et mentionné par Hypéride (8-9). Cette idée
qu'Athènes a toujours été le champion de la liberté et de la
justice et n'a cessé de se dévouer pour la Grèce, revient à
plusieurs reprises dans le Ménexène;c'est encore un lieu com-
mun, que l'on note déjà dans le discours de Périclès (Thuc,II, l\o), et qui reparaît dans le Pseudo-Démosthène (16-2/i)
comme chez Hypéride (4-5)-
cité par Planude, et dont le style est si caractéristique. Il n'apprendrien sur la disposition du discours dont il faisait partie, orai-
son funèbre réellement prononcée à Athènes, suivant Philostrate
(Vies des Soph., I, 9,5), ou, plus probablement, simple exercice
d'école.
1 . Nous n'avons pas l'oraison funèbre qu'il fut chargé de pronon-cer après Chéronée (338).
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NOTICE 59
Que le plan suivi dans le Mènexène repro-Le plan du discours duise un ordre traditionnel, c'est ce
et les I e/vai ,,
pTTopixa-.clue montrent, a autre part, les traites
de rhétorique, par exemple le YLec\
àmSctxttxôv de Ménandre *. Lïêpitaphios comprend deux par-ties essentielles : Véloge et la consolation. Dans l'énumération
des thèmes qui doivent former l'éloge, figurent en particu-
lier la glorification de la race, de Véducation, et des actes 2.
Mais nulle part ce plan n'est observé aussi scrupuleusement,ni développé de façon aussi complète que dans le Mènexène.
Ailleurs certains thèmes sont omis, ou sommairement énon-
cés : ici, ils sont tous traités l'un après l'autre, et l'orateur,
l'œil fixé sur la tradition, s'attache visiblement, en fidèle
disciple des rhéteurs, à n'en négliger aucun.
_,,_ )lllll De même, la méthode suivie dans YèloqeL'éloge d'Athènes. , .,, , ,,
9
du Menexene montre que 1 auteur se
conforme à une convention établie, en faisant servir à la glo-
rification d'Athènes tout ce
quilui est fourni
parla
légendeet par l'histoire. Systématiquement, il efface les ombres de ce
brillant tableau. Quand il parle (241 e) de l'expédition contre
l'Egypte, il se garde bien 3 de rappeler le désastre qui la ter-r
mina*. Lorsqu'il fait voir (242 a) Athènes engagée malgré
elle, après les guerres médiques, dans une lutte contre les
autres États grecs, il oublie les conflits déjà provoqués parl'extension de la puissance athénienne 5
. Dans la période qui
1. Rhetores graeci (éd. Spengel), vol. III, p. 4i8 sq.
>.. Hypéride nous donne la preuve que ce plan traditionnel s'im-
posait, en quelque sorte, aux orateurs de discours funèbres : il s'excuse
de passer rapidement sur le motif de Yautochtonie et sur celui de
Yéducation.
3. Wendland, o. /., p. 189.
'4. Thucydide, I, io4, 109, 110. En 455, les Athéniens restés en
Egypte furent attaqués par les troupes de Mégabyze, chassés de Mem-phis, et finalement faits prisonniers, après avoir été bloqués dix-huit
mois dans file !e Prosopitis. Au printemps de (\b(x, cinquantetrières athéniennes et alliées, ayant abordé à la bouche Mendésienne,furent anéanties pour la plupart.
5. En 45g, Athènes, alliée contre Sparte avec Argos et Mégare,avait débarqué en Argolide des troupes qui furent battues par les
Corinthiens et les Epidauriens. En 458, elle défit une flotte péloponné
tienne et assiégea Égine (Thucydide, I, io5).
'V. 1. - 6
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60 MÉNEXÈNE
va de 4Ô7 à 43 1, il jette un voile sur les échecs subis par la
cité 1. Évoquant la guerre d'Archidamos (242 c), il passe
*ous silence le soulèvement des villes de Thrace et de Ghalci-
dique, et la prise d'Amphipolis par Brasidas. S'il fait allu-
sion, un peu plus loin (2A4 b-c),aux désastreuses conditionsde la paix de 4o4, il est muet, quand il la mentionne (243 d),
sur l'humiliation infligée à Athènes 2. Pas un mot ne rappelle
les excès commis par les Trente (243 e) : mesures de bannis-
sement, spoliations, massacres.
Ces omis sions volontaires peuvent trouver leur excuse, en
dehors des habitudes imposées par la tradition, dans les lois
mêmes de Yéloge.Mais voici
quiest
plus grave. D'un boutà
l'autre de cet exposé historique, on sentie parti pris de tour-
ner à la gloire d'Athènes toutes les démarches de sa politique.
Tout y est dominé par cette idée — lieu commun, on l'a vu,
de l'oraison funèbre — qu'elle n'a jamais eu d'autre loi quel'amour de la liberté et le généreux appui donné aux faibles
3.
L'accusation portée par Darius contre Athènes et Ërétrie est
qualifiée de prétexte (240 aTrc&cpacj'.Çdjxsvo;)
4. Toute la gloire
des guerres médiques est réservée à Athènes. L'orateur ne
parle point des Thermopyles ;il laisse entendre que les Athé-
niens ont remporté à eux seuls les victoires d'Artémision et de
Sala mine 3. La bataille de Platées est donnée (241 c) comme
un triomphe commun aux Athéniens et aux Lacédémoniens 6.
1. Vaine expédition entreprise contre Pharsale, en 454* de concert
avec la Béotie et la
Phocide, pourrétablir Oreste, roi de Thessalie
(Thucyd., I, m); désastre essuyé en 44o par Tolmidès près de
Goronée (Thucyd., I, n3); soulèvement de l'Eubée en 446; mas-
sacre de la plupart des Athéniens résidant à Mégare et ravage de la
plaine de Thria par les Péloponnésiens (fd. I, n4)-2. Il se borne à dire: « La tranquillité étant revenue, et la paix
faite avec les autres ».
3. Cf. Thucydide, II, 4o.
4.
Vingt
trières athéniennes et
cinq
vaisseaux d'Erétrie avaient
cependant participé à l'expédition contre Sardes, à la prise et à l'in-
cendie de la ville (Hérodote, V, 99-103).
5. Suivant Hérodote (VIII, 1, 2) la flotte grecque d'Artémision,
forte de 271 vaisseaux, ne comptait que 127 navires athéniens; à
Salamine, les Grecs avaient réuni 198 vaisseaux auprès des 180 bâti-
ments fournis par Athènes (îd., VIII, 44-48).
6. En fait Athènes n'avait mis en ligne que 8 000 hommes sur les
38 700 hoplites (Hérodote, IX, 28, 29) qui formaient le gros de
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NOTICE 61
Au combat de Tanagra, les Athéniens, suivant l'orateur,
défendaient contre Lacédémone la liberté béotienne (242 a-b) ;
en réalité, Athènes soutenait ses propres intérêts, en luttant
contre la prépondérance thébaine, appuyée par Sparte. La
générosité des Athéniens est glorifiée dans l'affaire de Sphac-térie (242 c): ils épargnent, nous dit-on, les prisonniers Spar-
tiates, les rendent et concluent la paix. Nous savons au
contraire par Thucydide (IV, 4i) qu'ils gardaient les captifs
comme otages, se réservant de les mettre à mort si les Lacé-
démoniens envahissaient TAttique, et qu'ils les rendirent,
non pas avant la paix de Nicias, mais après la conclusion du
traité et en vertu des conventions (V, 18). C'est aussi pourdéfendre la liberté des Léontins qu'Athènes, à en croire l'ora-
teur (2^2 e), entreprit l'expédition de Sicile : Thucydide lui
prête des motifs moins désintéressés *. La fin malheureuse de la
guerre est attribuée aux dissensions d'Athènes (243 d) ;il n'est
question ni de la défection des alliés, ni d'Mgos Potamoi.
L'orateur (244 b-c) montre Athènes résolue, après 4o4,
à ne plus intervenir pour la défense des Grecs menacés dansleur liberté, parce qu'ils avaient payé d'ingratitude son
dévouement : il paraît oublier qu'à cette date la ville était
devenue la vassale de Lacédémone, et qu'en cette qualité elle
dut, en 399, aider Sparte à écraser Élis. Plus loin (244 d) il
fait voir Argiens, Béotiens et Corinthiens implorant l'aide
d'Athènes, qui consent encore, malgré son juste ressenti-
ment,à intervenir
pourles sauver de la servitude : nous
savons, au contraire, que le soulèvement contre Sparte fut
soudoyé par l'or de Tithraustès;les Athéniens, impatients de
l'armée, et l'ensemble des troupes grecques, où plus de vingt cités,
en dehors d'Athènes et de Lacédémone, étaient représentées par vingt-
cinq mille hoplites, obéissait aux ordres du Spartiate Pausanias.
1. En 4^6, elle veut empêcher les Péloponnésiens de tirer des
approvisionnements de la Sicile, et soumettre l'île à sa domination(Thucyd., III, 86); en 4i5, le secours donné à Égeste contre Séli-
monte n'est qu'un prétexte (id., VI, 6).—
L'exposé du Ménexène
brouille la suite des faits. D'après Thucydide (III, 86-1 o5) Athènes
envoie en 426 vingt vaisseaux aux Léontins, en guerre avec Syracuse,
qui ont fait valoir d'anciens traités;
entre 4a6 et 4*4 se placent
l'expédition contre les îles d'Éole, la prise de Myles, la soumission
de Messine, la descente opérée à Himère. Mais ces événements sont
antérieurs à la paix de Nicias.
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6a MÈNEXÈNE
secouer le joug, acceptèrent, comme les autres, les largesses
du Barbare 1. Ce n'est pas eux qui prirent l'initiative de la
guerre : ils se contentèrent, en 395, de s'allier aux Thébains
par un traité purement défensif.Il
n'est pas exact de pré-tendre (245 a) qu'Athènes délivra alors les cités grecques de
l'asservissement 2. Quand le Mènexène affirme (244 d) que le
Grand Roi ne put trouver de salut en dehors d'elle, il donne
à entendre que l'aide athénienne fut désintéressée : l'alléga-
tion ne résiste pas à l'examen 3. L'exposé des circonstances où
fut conclu le traité dit d'Antalcidas offre le même caractère
de partialité et d'inexactitude*. Le Mènexène est loin de la
1. Xénophon, HelL, III, 5.
2. Son rôle dans la guerre de Corinthe ne fut pas de premier
plan; elle semble avoir eu peu de part, en 3o,5, à la victoire
d'Haliarte, où elle n'était représentée que par un détachement;elle
se fit battre avec ses alliés au combat de Corinthe (Xénophon, HelL,
IV, 2), où les six cents cavaliers envoyés par elle furent durement
éprouvés : la bataille de Coronée, en 3()4. fut un succès pour Agé-silas (id., IV, 3), et, malgré des avantages de détail, les Athéniens ne
purent empêcher la guerre de se poursuivre longtemps,3. La haine naturelle d'Athènes contre les Barbares (2^5 d) no
l'empêcha pas d'accueillir l'or perse; en rappelant (2^5 ab) que la
cité releva ses murs et sa flotte, l'auteur néglige de dire que ce fut
avec les subsides reçus de Pharnabaze par Conon (Xénophon, HelL,
IV, 8). C'est son profit qu'elle trouvait à soutenir Pharnabaze dans
sa lutte contre Lacédémone.
!\. Wendland, 0. L, p. 191. — L'initiative de lapais vint en
réalité de Lacédémone, et non du Grand Roi. Il y eut deux moments
dans les négociations. Celles qu'Antalcidas avait engagées avec Tiri-
bazeen 392 échouèrent. Mais cène fut pas seulement par l'intervention
des Athéniens (Xénophon, HelL, IV, 8); et, d'autre part, l'opposi-
tion d'Athènes se fondait beaucoup moins sur le désir de soustraire les
Grecs d'Asie au joug de la Perse que sur la crainte égoïste de
perdre Lemnos, Imbros et Scyros. Dans la suite, les Athéniens ne se
trouvèrent pas isolés, comme le prétend le Mènexène : leur alliance
avec Thèbes et Argos tenait toujours ;mais Conon avait été empri-
sonné par Tiribaze; Téleutias s'était emparé de 10 trières athéniennes;
enfin Antalcidas, ayant négocié une alliance avec le Grand Roi et
défait dans l'Hellespont une escadre athénienne (38;) grâce aux
renforts fournis par la Perse et par Syracuse, tenait la mer avec
plus de quatre-vingts vaisseaux, empêchant la flotte du Pont de
regagner Athènes (Xénophon, HelL, V, 1). Craignant une issue
malheureuse de la guerre, harcelés par les corsaires d'Egine, et las
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NOTICE o3
vérité en laissant entendre qu'Athènes refusa, seule, de sous-
crire à des conditions déshonorantes.
La valeur et les succès d'Athènes sont grossis à dessein '.
Admettons que la sanglante bataille de Tanagra, livrée enjuillet 457, ait été indécise (242 a)
2. Mais le Ménexène parle
(2^0 a b) de cinq cent mille hommes envoyés sous les ordres
de Datis contre Athènes et Érétrie; Nepos n'en indique que
deux cent dix mille 3. Pour faire sentir la force irrésistible
de l'adversaire, le Ménexène montre Érétrie soumise en trois
jours : l'attaque en avait duré six, d'après Hérodote, et, par
trahison, réussi le
septième
4. Au dire de
Thucydide
5 la vic-
toire d'QEnophytes (septembre 457) fut gagnée par les Athé-
niens soixante-deux jours après le combat de Tanagra ;le
Ménexène dit (242 b) Tp(tl) v^uepa6
. Le succès remporté aux
Arginuses, en juillet 4o6, est justement célébré par l'auteur
(243 c).Mais les Athéniens avaient l'avantage du nombre :
ils opposaient plus de cent cinquante vaisseaux aux cent
vingt navires de Callicratidas 7. Le Ménexène n'a garde de le
dire;bien plus il réduit à soixante bâtiments le renfort de
cent dix vaisseaux envoyé par Athènes 8.
de la lutte, les Athéniens répondirent avec empressement à l'appel
de Tiribaze. Avec leurs alliés et leurs anciens ennemis, ils accep-tèrent la paix dictée par le Grand Roi, et qui lui livrait les Grecs
d'Asie;comme les autres ils s'engagèrent à l'observer. — Suivant
Diodore de Sicile (XIV, 110), ils se résignèrent à la paix, bien
qu'indignés de l'abandon des Grecs d'Asie, parce qu'ils étaient
incapables de soutenir la guerre. Mais cette indication sommaire ne
tient pas compte des phases successives de la négociation.
1. Wendland, 0. /., p. i83;cf. Shawyer, The MenexenasoJ Plalo,
1906, p. xisq.
2. D'après Thucydide (I, 108) ce fut une victoire pour les Lacé-
démoniens et leurs alliés; selon Diodore de Sicile (XI, 80) le résultat
fut incertain et les deux partis s'attribuèrent la victoire.
3. Milt., 4- Par contre le Ménexène ne mentionne que 3oo navires
au lieu de 600 (Hérodote, VI, gi) ou 5oo (Nepos).
4- VI, 94.
5. I, 108.
6. On a proposé d'entendre : après deux jours de lutte, interpréta-
tion assurément possible, mais que rend peu vraisemblable la ten-
dance générale de l'éloge.
7. Xénophon, HelL, I, 6, 16, etc.
8. Id., 1,6, 2$.
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64 MÉNEXÈNE
Omissions délibérées, partialité des interprétations, gros-sissements systématiques ne sont pas les seuls défauts à rele-
ver dans l'exposé historique du Ménexène. On peut y signalerdes altérations manifestes et des
mensonges grossiers
l. A
Marathon, dit l'orateur (240 c), personne ne secourut les
Athéniens : cependant, nul n'ignorait à Athènes qu'un mil-
lier de Platéens 2 avaient pris part à la lutte et contribué à
la victoire. Il n'est pas vrai que pendant la guerre d'Archi-
damos tous les Grecs fussent ligués contre Athènes (242 c) :
en face des Péloponnésiens elle avait ses alliés, énumérés par
Thucydide (II, 9). L'orateur attribue le désastre de Sicile à
l'impossibilité où se trouvait Athènes d'envoyer des renforts
au corps expéditionnaire (242 c-243 a) : or, elle fit partir dix
vaisseaux avec Eurymédon dans l'hiver de 4 1 4/4 1 3 3, et, l'an-
née suivante, une armée et une flotte sous le commandementde Démosthène. Gomment le Ménexène peut-il affirmer (2 43 d)
que les Athéniens gagnèrent non seulement la bataille des Argi-
nuses, mais le reste de la guerre du Péloponnèse, quand l'épou-
vantable désastre d'JEgos Potamoi fit tomber plus de centsoixante- dix trières athéniennes aux mains de l'ennemi*, et
réduisit la ville à capituler après quatre mois de siège ? En
vérité, ce sont bien là les éloges dont se moque Socrate au début
du dialogue, en disant (234 c) qu'ils célèbrent également rx
Trpotfovra xat xxp.TJ.
On n'est pas moins surpris d'entendre dire
que les guerres médiques n'ont pas encore été célébrées digne-
ment par la poésie et que le sujet est encore vierge (239 c),
après les élégies composées par Simonide à la gloire de Mara-
thon, de Salamine et de Platées, les éloges prodigués par Pin-
dare à Athènes pour son rôle dans les guerres médiques,
après les Phéniciennes de Phrynichos et les Perses d'Eschyle5
.
Platon s'est chargé lui-même d'indiquerCe
^efeTèloglt
1186la ValeUF ^U
"Û attribue à certains de ces
éloges. La dispute des Divinités, où le
Ménexène voit la preuve que l'Attique est particulièrement
1. Wendland, o. L, p. i83.
2. Nepos, Milt., 5;
cf. Hérodote, VI, 108.
3. Thucydide, VI, 16.
l\. Xénophon, Hell., II, 1, 20 et 28.
5. Lysias se borne à dire du sujet qu'il va traiter que la poésie et
l'éloquence n'en ont pas encore épuisé la richesse (Epit., 1, 2).
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NOTICE 65
aimée des dieux, est expressément traitée, dans le Critias*, de
légende déraisonnable. Le philosophe n'attache aucune im-
portance à la noblesse de l'origine, exaltée dans le Mènexène;
il est indifférent aux exploits des ancêtres2
.
Quand l'orateur,
reprenant un lieu commun de l'oraison funèbre, définit la
démocratie athénienne comme une aristocratie, l'éloge peutsembler sincère. Mais qu'on y regarde de près : « les chargessont données à ceux qui paraissent (80'çaacv) être les meilleurs
(238 d) ;c'est celui qui passe (§6;aç) pour habile et honnête
qui a l'autorité et le commandement ». Si l'on se rappelle
l'opposition fondamentale que Platonétablit
entre l'opinion(ou Yapparence) et la réalité, on n'apercevra plus dans ce
jugement flatteur qu'un sarcasme, dirigé contre une forme de
gouvernement pour laquelle le philosophe aristocrate n'éprou-vait que dédain 3
. L'anecdote sur le procédé employé à Éré-
trie par l'armée de Datis pour ne laisser échapper aucun
ennemi (240 a b) est rapportée dans les Lois (698 d) avec un
sourire, comme un racontar au moins suspect4
. Et l'on
peutse demander si ce n'est point par ironie que l'auteur du
Mènexène insiste sur d'autres parties de son éloge. La glori-
fication des victoires remportées dans les guerres médiques est-
elle entièrement sincère? Le doute est permis, quand on voit
l'Athénien des Lois (707 c d) mentionner dédaigneusementArtémision et Salamine, en opposant au salut matériel des
individus, assuré par ces triomphes, l'amélioration des âmes
comme un avantage beaucoup plus précieux5 . Les accents qu e
trouve le Mènexène pour célébrer la réconciliation des partis
après la chute des Trente (243 e, 244 a b) ont une beauté
émouvante, et il n'est pas douteux que Platon ne souhaite
dans la cité l'union des cœurs. Mais le neveu de Gharmide,
le cousin de Gritias est-il tout à fait sincère quand il cite en
exemple la manière dont cette réconciliation s'est opérée ? Ne
1. 109 b. Cf. Berndt, o. t., p. 10 sq.
2. Théétete, 173 d, 174 d, 157 b. Cf. Wendland, o. t., p. 179.3. M. Hoffmann, Zur Erklarung Platonischer Dialoge (Zeitschr.
f. d. Gymnasialw., LIX, 1905, p. 33o) ;Th. Gomperz, Les penseurs
de la Grèce, II, p. 465 ;H. Raeder, 0. /., p. 126; F. Blass, Die
altische Beredsamkeit, I, p. 468; Wendland, 0. /., p. 187.
4.
Wendland, 0,L,
p.188.
5. Blass, 0. L, p. 469.
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NOTICE 67
souci que plus haut de l'ordre chronologique. Les hauts faits
des guerres médiques sont introduits par la formule : "Egti
8e to'Jtwv wv Xsyto Trpwxa (289 c). L'orateur insiste sur la
succession des rois perses: ô uiv Ttpwro; Kupoç..., ô oï 60;...,
rpiTo: £s Aapctoç (289 de).
11 ne manque pas de faire obser-
ver que pour Marathon, Salamine et Artémision, Platées,
l'ordre des temps est aussi l'ordre d'importance. Noter
(240 d) xà àpuTTSta, rà Bsoxspaïa ; plus loin (241 c) Tpixov Ôè
Aeyto. Quand il en vient aux luttes soutenues plus tard
contre les Perses, il n'oublie pas de dire ustà Ss touto (241 d).
Le passage aux guerres livrées contre les cités grecques estfortement marqué par une formule qui résume le dévelop-
pement précédent, et annonce l'objet du suivant (241 e-
242 a). Notons ^exà 8s touto (242 a), plus loin pcrà oè tocut*
(242 c).La guerre de Sicile est annoncée avec plus de préci-
sion encore par rpfcoç osKtfXtfftOç (242 d). Plus loin, aîrà oè
TxuTa etc. (243 d) appuie sur le rétablissement de la paix et
introduit la mention de la
guerre
civile. Avec (xsTa os tocut<x
(244 b) s'ouvre la période où Athènes se replie sur elle-
même et s'isole. A la fin de l'éloge, tous les exploits célébrés
sont résumés une dernière fois, dans une phrase où l'orateur
s'excuse d'avoir dû omettre la plupart et les plus glorieux des
hauts faits (246 a).
Certains critiques ont porté sur cette ordonnance accusée
un jugement favorable l. Même s'il était fondé, serait-il juste
d'attribuer à la composition du discours un caractère propre-ment «
platonicien », et d'en conclure que l'auteur a voulu
donner un modèle à l'oraison funèbre, en montrant tout ce
que le genre pouvait gagner à une disposition claire et rigou-reuse 2
? A cet égard, nous dit-on, le Ménexène rappelle le
premier discours de Socrate dans le Phèdre •. Il est vrai que,dans le Phèdre, Socrate reproche à Lysias le désordre de la
1. Blass, o. /., p. ^69» en fait ressortir la rigueur logique ;il loue
l'habileté avec laquelle s'enchaînent les différentes parties, et compareici l'art de Platon à celui d'Isocrate. — un rapprochement d'où il yaurait précisément à tirer des conclusions fort instructives sur les
véritables intentions de Platon.
2. C'est l'avis de A. Croiset, Sur le Ménexène de Platon (Mélanges
Pcrrot,p. 59 sq.).
3. A. Croiset, o. L, p. 60.
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68 MÉNEXÈNE
composition, en faisant voir que le discours doit ressembler
à un organisme vivant, où les diverses parties sont propor-tionnées entre elles et avec l'ensemble (26/i b
c). Mais, en
reprenant YEroticos de Lysias,il
veut d'ailleurs montrerqu'aux yeux du philosophe cet essai pèche par la base, faute
d'une définition préalable de l'objet à traiter 1
,et c'est à éta-
blir cette définition qu'il s'applique. Le cas est différent
dans le Mènexène, où l'auteur ne se préoccupe que de dis-
tinguer les points à développer, sans aucun souci de donner
une définition philosophique, et, loin de fuir les redites,
blâmées
par
Socrate chez
Lysias, paraît
au contraire les
rechercher.
Il est plus légitime, croyons-nous, de relever ce qu'a de
laborieux 2 — tranchons le mot : de pédantesque— une dispo-
sition annoncée et poursuivie jusqu'au bout avec une infa-
tigable insistance. Ces distinctions complaisamment établies,
et reprises sans fin, sentent la manière de l'école et les procé-dés de la rhétorique. Beaucoup plus qu'au premier discours de
Socrate dans le Phèdre, elles font songer au discours d'Aga-thon dans le Banquet
3. Ici et là, c'est la même méthode de
division et de subdivision appliquée avec une fastidieuse
monotonie 4,
les mêmes reprises des points déjà traités avant
1. Phèdre, 287 c sq.
2. Wendland, 0. I,, p. i83.
3. Dès le début, Agathon indique les deux points à traiter (194 e) :
I. Manière dont il faut louer l'Amour ;II. Eloge de l'Amour.— I. Pour
le louer, il convient de montrer sa nature, puis ses bienfaits. A. Nature
de l'amour : il est le plus heureux, parce qu'il est le plus beau et le
meilleur, a. Il est le plus beau: i° comme étant le plus jeune:
preuves : il fuit la vieillesse et recherche la jeunesse; 2 étant jeune,il est aussi délicat
; preuve : il établit son séjour dans les âmes
douces; 3° en outre, il est souple; preuve : sa grâce. 6. Il est le meil-
leur; en effet: i° il est juste; preuve: on se met volontairement à
son service;
2 tempérant ; preuve : l'amour est supérieur aux plai-
sirs;3° habile; preuve: il rend poète qui lui plaît, etc.. Conclusion:
étant le plus beau et le meilleur, il ne peut manquer de procureraux autres les mêmes avantages. En effet, il nous inspire la sociabi-
lité, nous enseigne la douceur, etc.. — Cf. Wendland, 0. t..
p. i83.
4- iq4 e, 7i:pà>Tov uiv... lîrei-ca; 195 a 7cpwxov... e^etxa; 193 a
7cpo)xov... j 196 d xai TrpwTa uiv...; 195 a
<prju.t oyv..., 195 b kXkd
<pT)U.l...
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NOTICE 69
de passer à la suite 1
,le même scrupule affecté de ne rien
avancer sans preuve2
.
II y aurait d'ailleurs des réserves à faire sur l'enchaîne-
ment interne des thèmes qui forment l'éloge du Ménexène3
.
L'effort de l'orateur pour les rattacher l'un à l'autre et les
tirer d'un même motif fondamental trahit cette recherche du
tour de force et ce goût du paradoxe qui caractérisent la
rhétorique sophistique. Il s'agit de montrer que les ancêtres
(et la conclusion s'applique aux morts qui sont l'occasion du
discours) se sont conduits en gens de cœur (287 a). Or ils ont
été tels
parce qu'ilsavaient
pour pèresdes
gensde cœur :
bref, leur valeur est un effet de l'sùysve'.a. Cette ejyÊveta
résulte elle-même de l'autochtonie (237 h) : c'est donc à
l'autochtonie qu'est ramenée en définitive toute cette partie
de l'éloge.— D'autre part, l'égalité politique (îcrovouia), prin-
cipe de la démocratie athénienne, a £our cause l'égalité de
naissance(7) ££ ïcsou yevectç, (aoyov'a, 238 d e 4
), qui est
un résultat de l'autochtonie. Or l'égalité politique pro-duit l'esprit de liberté, et c'est pour la liberté que les
Athéniens ont combattu contre les Grecs et contre les Bar-
bares (239 a b). De sorte que l'autochtonie a encore été
le principe de ces luttes glorieuses. C'est elle, enfin, qui
explique la disposition des Athéniens à secourir les Grecs et à
repousser les Barbares, car elle a assuré l'unité et la puretéde leur race (245 c d).
Le style proprement dit offre tous les
artifices habituels du discours d'apparat,toutes les recherches savantes !
qu'avait cataloguées et fixées
1. 195 c véo; tiiv oùv ecrct, Trpoç Bè t<£ veto ouzaloç ; 196 a vetoxaxoç
jxèv 8t] ècrct xat àrcaXaSTaTOç, %p6ç 81 toutoi; O'ypoç... ; 196 c mai u.èv
oùv xaXXouç tou 6sou xat rauô' txavà xat sxt 7uoXXà Xet^etat, iztpl 8s
ctpsxr^... ; 196c
npoç,8è
T7J Stxatoa-jvr)... 7zs.pl f/.sv
ouvStxatoauvrjç
xat
aco<ppoauv7]ç xat àvôpetaç tou ôeou etp^tat, rapt 8e aoçta; Xeuiexat...
2. 195 a btj-éya
8è Têxtxrjptov... ; ig5d xaXw oùv Soxst u.otTex|XYjptco,
id., xS> aû~û 8)] xaîyjxet; y prjatotxsGa Texu.ï]ptto... ; 196 a
(J-éya xex|xrjptov.
3. Berndt, o. L, p. £8.
4. L'orateur joue (2 38 e) sur le sens de àvtofjtaXot : de ce que les
autres cités sont composées d'éléments de diverse origine, il conclut à
Yinégalité des droits.
5. Berndt, 0. L,p.
26sq.,
en a fait une étude détaillée; cf. Stall-
baum, Praefatio ad Menexenum, p. 9 ; Blass., o. L, p. ^7 1 •
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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7o MÉNEXÈNE
l'enseignement des rhéteurs. On y voit défiler les ayyt [xx~x
chers à la prose d'art depuis Gorgias : les isocôla, les parisa,
les antithèses 1
,les homoeoteleuta 2
,les paréchèses \ les
paronomases
4;en outre
l'hyperbole
5,
la redondance 6, et
l'oxymoron7
. Si l'emploi n'en est pas poussé, comme dans
le fragment de Gorgias, jusqu'au ridicule, il est néan-
moins assez étendu pour qu'on puisse tirer du Ménexène
une étude complète des procédés de la rhétorique contem-
poraine. Il suffit, pour en prendre une idée, de relire
l'exorde du discours. Denys d'Halicarnasse a blâmé ces
« ornements superflus8 » qui cachent mal la banalité de
l'idée ; il reproche à Platon d'être descendu aux figures de
déclamateur mises à la mode par Gorgias (25, Ta ôcarçixà
xà TopyUix) ;il signale dédaigneusement les redondances
(26), l'emploi de l'antithèse et de la parisosis (25), se deman-
dant si c'est Platon que l'on entend, ou bien Licymnios et
Agathon9
.
Un autre genre d'ornements recommandé par les écoles de
rhéteurs pour ces sortes de discours, ce sont les mots et les
locutions empruntés au langage de la poésie. Le Ménexène n'a
1 . a36 d xo-.V7j [xàvuîwô xrjç roXscoç — i8ca 8c 6:cô xwv otxet'wv
;a36 e
epycov su 7rpa^8évTtov—
Xo'yw xaXwç prjôévTi ;238 c xaXrj uiv àyaOwv,
7]8' IvavTt'a xaxwv.
2. 236 e xoù; ixcv TexsXeuTïixoTaç îxavwç bcatvfasTett, xotç 8è ^ôîatv
sùtjLevwç XttpatvfotTSt, etc..3. Ex. 24o d ttôcv 7zXt]0oç xat Tcaç 7:Xouxo;.
4. Ex. 237b où8s... [AeToix.ouvTaî..., àXX' otxouvxaç.
5. 246 a -oXXà[xèv
Ta sîprjaéva xat xaXa, 7:0X08' ïxi xktim xat xaX-
Xta> ix a7:6kznz6<xzva.(s'il
en est ainsi, pourquoi avoir commis la mala-
dresse de ne pas retenir les exploits les plus glorieux ?) ;2 46 b
îroXXat fàp av guipât xat vjxtsç Ott£ txavat yévotvTO ;w xà navra
ueXXovTt Tispa^vîtv.
6.26e 7zapx Twv àxoysâvTtov (relevé par Denys) n'est là que pourdonner un pendant à toiç TîpaÇaat ;
23 7 d ayovo; xat xa&apâ ;23 7 e
uo'vï] xat7:puiTr) ;
238 a xdXXtata xat àptaxa, etc.
7. 23g c tov 81 ouxe ^otrjxrfç 7ito Sdcjav à£tav kiz 'âÇtotç Xa6wv
8. Usât xr\c Xêxtîxtjç A rçaoaôs vouç 8etvoTT]Toç, 25.
9. La ressemblance que nous avons signalée, pour la composition,
entre le discours du Ménexène et celui dWgathon dans le Banquet se
retrouve en effet dans l'emploi des ayrjtxaxa.
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NOTICE 71
pas manqué d'y recourir 1. On note même au passage des
trimètres iambiques2
.
Ces conclusions, relatives au contenu de3
d^fuscourfW
déloge, à la composition et austyle, sont-
elles applicables à la seconde partie du
discours? Remarquons d'abord le caractère traditionnel de
certains motifs de la consolation. La sollicitude de la cité pourles fils des citoyens tués à l'ennemi (248 d sq.) est mention-
née chez Thucydide (II, 46), Lysias (71-76) et Hypéride
(4 1-42).
Pour consoler les
parentsdes morts, le Ménexène
leur rappelle que leur vœu n'était point d'avoir des enfants
immortels, mais vertueux et glorieux : souhait qui a été
exaucé; comparer Lysias, 77-79. L'allusion à la conscience
que les morts gardent dans l'Hadès (248 b) reparaît dans Hypé-ride (43) sous une forme plus affirmative. La mention des
jeux funèbres organisés par la cité (249 b) figure dans ïépi-
taphios de Lysias (80). Enfin la formule de congé qui clôt
le discours du Ménexène est analogue à celle qui termine
l'oraison funèbre de Périclès (Thuc, II, 46), et se retrouve
chez le Pseudo-Démosthène (37).
Denys d'Halicarnasse, si sévère pour l'éloge du Ménexène,
manifeste au contraire une grande admiration pour la seconde
partie du discours, qu'il reproduit en entier. De nos jours,
on a signalé le caractère profondément platonicien de cette
consolation. La prosopopée dés soldats morts rappelle la
fameuse prosopopée des Lois dans le Criton z. Dans cette idée
que rien n'a de valeur sans la vertu et que, séparée d'elle,
toute science n'est que Travojpyia (246 e), on reconnaît une
thèse chère à Platon. La République (387 d) déclare, commele Ménexène (247 d), que l'homme doit faire dépendre son
bonheur de lui-même et non des biens qui lui viennent du
1. 236 d Trjv et[xap;j.£V7jv ruopstav ; 287 b Ï7:y)X'j; (appliqué àr\
Yt'vïj'.ç) ; 237 e m)yac TfMffj{ : le lait (blâmé par Denys, 28) ;238 a
rcovtov à.pb>yrt (l'huile) ; a45 djjuao; Ivtfcïjxi Tfj
TCoXst (souvenir de
Sophocle, El.. i3 r 1;ef. Stallbaum, 0. I., p. 10).
2. 238 e xaXr] fj-Èv àyaOfliv, f,0' lvav~:a zaxrov (signalé par Kaibel;
cf. Trendelenburg, 0. L, p. i5, note); 2^5 d xaôocpôv to [xïao; êvcé-
Trjxs T7) r.oket (Trendelenburg, id., 25).
3. A. Croiset, 0. L, p. 61.
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7 2 MÉNEXÈNE
dehors 1. Faut-il donc admettre que l'auteur du Mènexène a
pris ici son sujet au sérieux, et qu'au lieu d'une parodie il
nous offre, à la fin de son oraison funèbre, un modèle d'élo-
quence platonicienne? En ce
cas,on
comprendraitmal
qu'il eût juxtaposé dans le même discours deux parties si
différentes par le ton et par l'intention.
11 est vrai que les railleries formulées dans le préambule
dialogué ne visent que Y éloge. On ne saurait en être surpris.
La nature même de la consolation ne prêtait pas aux défauts
que Platon relevait dans Yéloge traditionnel. Lui-mêmen'aurait pu sans inconvenance traiter avec légèreté ce graveet douloureux sujet. Mais qu'il ait voulu y parler en son
nom, qu'il sysoitpleinementabandonnéà l'émotion du citoyen
et à la méditation du philosophe, c'est ce qu'il est permis de
mettre en doute. Cette déclaration qu'il n'est pas de vraie
science sans justice et sans vertu répond ailleurs à une
conception platonicienne2
;est-elle ici autre chose qu'une
banalité ? Gorgias reconnaît lui-même (Gorgias, A07 b) que
l'orateur doit user de la rhétorique avec justice 3 : reste à
s'entendre sur le sens et l'application du principe. Dans les
consolations aux parents, dans les conseils adressés aux fils
des morts, on attendrait de Platon l'affirmation que l'âme est
immortelle : or la consolation se borne à faire allusion à
l'autre monde (246 d), et à évoquer l'accueil que les fils
recevront de leurs pères au séjour des morts, dans des termes
vagues qui ne sortent pas du lieu commun (2/17 c). Et, plusloin, le sentiment que les morts peuvent avoir des vivants
est donné comme une simple hypothèse (248 b). Hypéride,sur ce point, est plus aflûrmatif que Platon.
La richesse des idées dans la TcapauuOîa est plus apparente
que réelle. Le conseil donné aux parents de supporter leur
deuil avec mesure revient à quatre reprises* ;de même
l'exhortation adressée aux fils depratiquer
à leur tour la
vertu 3. Plus loin, l'orateur rappelle sous trois formes diffé-
1. Berndt, 0. I., p. 55; Blass, o. /., p. 469, note 2.
2. A. Croiset, o. L, p. 61.
3. Berndt, o. t., p. 11.
4. 2^7 c wç paaxa ©speiv tt)v Çjtxoopav ; 247 à yipov-zz àvBpsiws
Ta; <j-ja?opa; ; 248 a otta Àu^ouasvo; âyav ; 248 c (Sapscoç çspovTe?.
Cf. Berndt., o. L, p. 55.
5. 246 d. Pour qui déshonore les siens il ne vaut pas la peine de
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NOTICE 73
rentes que la cité donne une armure aux orphelins de guerre,
quand ils sont arrivés à l'âge d'homme 1. C'est assurément
une haute et belle idée que Platon énonce en rappelant que
chacun doit faire dépendre son bonheur de lui-même et nonde la fortune 2
. Mais elle est rattachée au développement parun lien fort artificiel, à l'aide d'un raisonnement qui sent le
sophisme3
. Il y a de même une subtilité paradoxale dans
l'expression de cette pensée (2^7 a) : « Sachez que, si nous
vous sommes supérieurs en vertu, cette victoire fait notre
honte, comme la défaite, si nous vous sommes inférieurs, fait
notre bonheur. »
Quant au style, il offre dans la consolation la mêmerecherche que dans l'éloge, et l'emploi des mêmes figures
4.
Denys d'Halicarnasse, en dépit de son jugement favorable,
en fait lui-même la remarque3
.
vivre; 246 e il faut donc pratiquer la vertu
;sans elle tout n'est que
honte et vice; 2^7 a les fils doivent surpasser leurs pères sous peine
de les déshonorer; 2^7 a b il n'est rien de plus honteux que d'être
honoré non pour soi, mais pour la gloire de ses ancêtres. Cf. Berndt,
o. /., p. 55.
1. 2^9 a ravc-TcXia xoajxr/jaaa ;id. opyava T7Jç jcaxft&aç àpsT^ç
à-.o'oucja; 294 b oizkoiz xîxojur a£'vov. Ajouter 2^9 a
cl-otA^ltiv.exi xà
afixsp* aÙToiv et 249 b tivai k~i ttjV rcxTpwav ÊatCav.
2. 247 e-248 a. Gicéron a traduit cet endroit dans les Tusculanes,
5, 12.
3. L'orateur part de la maxime courante, « Rien de trop », qui
implique le conseil d'éviter l'excès dans la douleur comme dans la
joie. Mais il croit devoir justifier le dicton populaire par une explica-
tion philosophique qu'il fait venir de loin, et qui répond à une idée
toute différente. L'homme ne doit pas s'affliger de la perte des biens
extérieurs : ni les combattants de la perte de leur vie, ni les parentsde celle de leurs fils.
4. Berndt, o. l Jt p. 11.
5. O. /., 26. Parison et homoeoteleuton : 248 d tou; uiv ra.o£JovT£;
xoaa:'(o;, toj; 81 vr.porpoçouv-rsç à;{'x>ç (cité par Denys) ; 246 d out'
iizi yr^j où'6' fao yf)? ; redondance, allitération et paréchèse : 247 a xoù
Kp&tov x.aî Ga-caTOv xal 8tà 7:<xvtÔç raaav ^àvTto; Tsooôuuiav 7ce:pacr9s
(cité par Denys) ;cf. 248 d -cpeçovre;
— xal tpézovTeç ; 249 c rcàsav
-àvciov ~apx ~av7a tov yjsdvov èniuiXs'.av; oxymoron : 247 d ÔoÇouat
-w 3vnj jeu de mots: 246 e offre... izpir.ovta. couverai iXX'
àucpsxij, mu è^tçaviaTcpov 7:0161 xôv I/ovxa xai Ixtpai'vei xr(v
o^iXiav
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7 4 MÉNEXÈNE
Nous pouvons répondre maintenant à la
Le sensquestion du début. Le préambule dialo-
du Ménexène. ^. . jF , • ,, .
gue annonçait un pastiche de 1 oraison
funèbre traditionnelle, et notamment de l'éloge en voguedans cette forme d'éloquence. Socrate laissait clairement
entendre que ce discours serait un badinage, et que, loin de
vouloir donner aux rhéteurs une leçon et un modèle, il par-lerait comme n'importe lequel d'entre eux. h'épitaphios du
Ménexène répond à cette promesse. C'est un exercice d'école,
où Platon a scrupuleuseaient suivi le plan habituel et repro-duit la méthode et le ton des éloges, en présentant les faits
sous le jour le plus favorable à Athènes, sans égard à la
vérité historique, et en les enjolivant avec les figures et les
raffinements de style enseignés par la rhétorique du temps.Dans le Gorgias, Socrate demande à Galliclès (52 1 a) :
« Quelle est donc la sorte de soins que tu m'invites à pren-dre à l'égard des Athéniens ? Explique-toi : est-ce celle quiconsiste à lutter contre eux pour les rendre meilleurs, commefait
un médecin, ou bien celle qui me donnerait envers euxune attitude de serviteur et de flatteur ?1 » Plus loin (52 i d) :
« Je ne cherche jamais à plaire par mon langage, j'aitou-
jours en vue le bien et non l'agréable, je ne puis consentir
à faire toutes ces jolies choses que tu me conseilles 2». Et
enfin (527 c) : a Toute flatterie envers soi-même ou envers
les autres... doit être évitée 3 ». Comment pourrait-il pren-dre au sérieux ou
approuver
un élogequi
n'est
qu'unelongue xoIolyMz ?4 L'intention railleuse de l'auteur est
encore soulignée par l'impossibilité sur laquelle repose le
1. TraJ. A. Croiset.
2. Id.
3. Id.
4. Berndt, 0. /., p. ix. Voir dans le Banquet, la critique que fait
Socrate des éloges qui viennent d'être prononcés sur l'Amour (198 d):
« Pour moi, dans ma simplicité, je croyais qu'il fallait dire la vérité
sur chaque objet d'éloge, et la prendre pour fondement, en choisis-
sant dans la vérité même les plus belles choses pour leur donner la
disposition la plus convenable. Et j'étais très fier à la pensée que
j'aliaisbien parler, connaissant la vraie manière de faire n'importe
quel éloge. Mais il paraît que ce n'était pas la bonne façon ; qu'il
fallait, au contraire, attribuer au sujet les qualités les plus grandes et
es plus belles, vraies ou non,la
faussetéétant sans
importance.»
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NOTICE 75
Ménexène: Socrate, mort en 399, y fait évoquer par Aspasieles événements de 387. Platon a pris ailleurs ' des libertés
avec la chronologie ;mais aucun dialogue n'en oflre d'exemple
aussi frappant quecette
anachronisme grossier et voulu.Nous nous refusons donc à voir dans le Ménexène une
tentative pour réformer l'oraison funèbre, « en y introdui-
sant toute la dose de philosophie et de vérité que comporteun genre de composition destiné au grand public » 2
. Nous
ne croyons pas davantage que Platon, traitant la mêmematière que les rhéteurs, avec les mêmes ornements, ait voulu,
par
unedisposition plus rigoureuse,
montrer ce
qui
faisait
défaut dans leurs discours et prêtait à la critique3
;ni qu'il
ait cherché à battre la rhétorique avec ses propres armes 4.
D'ailleurs il serait peut-être excessif de vouloir trouver ici une
caricature de Yèpitaphios traditionnel 5. Sans doute est-ce
affaire de goût et d'impression. Mais lesjugements si opposés
qu'on a portés sur le sens et le ton de l'ouvrage semblent bien
prouver que la parodie n'y a pas été — au moins partout—
poussée à la charge. En fait, les procédés de l'école sont exac-
tement appliqués dans le Ménexène, avec une sûreté de
main qui peut faire illusion : il faut y regarder de près pourdécouvrir cà et là dans le pastiche la pointe d'exagération quidécèle l'ironie du dessein.
On a cru parfois trouver dans le Ménexène un mélange de
plaisant et de sérieux. En voulant railler les rhéteurs, Platon
a été dominé, nous dit-on, par son sujet, et entraîné, commemalgré lui, au pathétique
6. Cette opinion pourrait se soute-
nir en effet pour quelques endroits du discours, notamment
pour la seconde partie. Nous avons vu cependant que,même dans les passages où la nature du sujet lui imposaitun ton plus grave, Platon n'a cessé de reproduire les procé-dés de l'école. C'est ailleurs qu'il faut chercher l'intention
sérieuse de l'ouvrage. En imitant fidèlement l'esprit et laméthode de Yèpitaphios traditionnel, Platon s'est moqué delà
1. Par exemple, dans l'Ion et dans le Banquet.2. A Croiset, 0. I., p. 60.
3. Stallbaum, 0. L, p. 10.
l\. Wendland, 0. L, p. 180; Wilamowitz, 0. /., p. ibi-
5. Trendelenburg, 0. /., p. 6.
6. Th. Gomperz, 0. L, p. 465.
V. i._ 7
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76 MENEXÈNE
rhétorique. Mais sous cette forme railleuse, il a dénoncé les
dangers d'une éloquence qui, au lieu de poursuivre et d'éclai-
rer les âmes, ne songe qu'à les empoisonner par la flatterie.
La critique n'atteint pas seulement les rhéteurs : elle frappe
aussi le public athénien, qui leur prête une oreille complai-
sante, et se laisse bercer par des éloges mensongers1
. Il se
persuade, à les entendre, que l'histoire d'Athènes n'a été
qu'une suite de hauts faits, et que leur cité s'arroge juste-
ment la gloire d'exploits communs à d'autres États grecs ;
il s'imagine que ladémocratie est vraiment le gouvernement des
meilleurs, et qu'Athènes s'est toujours montrée dans le monde
le champion désintéressé de la liberté et du droit ; il prend à son
compte les services rendus par les ancêtres, sans voir l'abîme
qui sépare des combattants de Marathon les hommes coupablesd'avoir signé la paix honteuse d'Antalcidas 2
.
Contre l'intention satirique du Menexène on a fait valoir,
il est vrai, l'opinion des anciens, qui paraissent avoir pris le
discours au sérieux. Hermogène le considère comme le plus
beaudes
panégyriques
3.
Denys d'Halicarnasse, quien criti-
que impitoyablement le début, semble en approuver la fin
sans réserve 4, et, s'il reproche à Platon l'emploi des procédés
de la rhétorique, c'est sans y soupçonner une raillerie 5. Il
faut admettre enfin que les Athéniens eux-mêmes s'étaient
entièrement mépris sur l'esprit du Menexène, s'il faut en
croire Gicéron : il rapporte6
que Yépitaphios de Platon était
tous les ans débité à Athènes. Mais le jugement du rhéteur
Hermogène n'a rien de surprenant : il prouve que le discours
du Menexène répondait parfaitement, pour l'ordonnance et le
style, à l'enseignement de l'école. Denys s'est mépris sur
l'objet de l'ouvrage7
,en isolant l'oraison funèbre du dialo-
!.. Voir 235 a sq. Cf. plus haut.
2. Trendelenburg, p. 6 sq. ; Wilamowitz, o. L, p. i36. Hoelter-
mann,Platos
Polemik im Menon, Euthydemos und Menexenos (Z. /.Gymnasialwesen, 1909, 2-3, p. 81 sq.) semble d'ailleurs aller trop
loin en considérant la condamnation de la politique athénienne commele principal objet du Ménexene.
3. Ils pt c8ewv, 4o3.
4. O. L, 3o.
5. A. Croiset, 0. L, p. 59.
G. Orator, 44-
7. Stallbaum,0.
L, p.12.
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NOTICE 77
gue qui l'encadre et en éclaire le dessein. 11 en a étudié la
forme sans prendre toujours garde au fond;et lui-même
nous donne la mesure de son inintelligence quand il soutient
(23) queles
élogesde l'Amour dans le
Banquetsont le
plussouvent indignes de Socrate : pas plus dans le Ménexène quedans le Banquet il n'a flairé la parodie. Si le témoignage de
Cicéron est exact, il faut en conclure que le public athénien,
toujours heureux de s'entendre louer, ne regardait pas de
très près à la valeur ni au sens de l'éloge : le Ménexène lui-
même ne dit pas autre chose (a35 d)1
. L'intention de l'au-
teur n'était plus comprise ;le nom de Platon ajoutait à
l'éclat du discours, et sans doute ses admirateurs eux-mêmes
se réjouissaient-ils de le voir passé maître dans l'art oratoire 2.
Mais cet endroit de YOrator est suspect. Bake, Kayser,0. Jahn y ont reconnu une interpolation
3, peut-être amenée
par le passage du Ménexène (249 b) où sont rappelées les fêtes
funèbres célébrées annuellement à Athènes.
Replacé dans l'ensemble de l'œuvre de Platon, et rappro-
ché du Gorgias, le Ménexène manifeste clairement sa signifi-
cation : il est un épisode de la lutte engagée par son auteur
contre la rhétorique, et comme le « drame satyrique » quifait suite à la « tragédie » du Gorgias*. Pour attaquer la
rhétorique, pour faire voir la banalité pompeuse, le vide, les
exagérations menteuses et le danger d'un genre faux parexcellence — celui de Yéloge funèbre —
,Platon a eu recours
au pastiche: le Gorgias et le Banquet, sans parler du Phèdre,
montrent assez l'art merveilleux qu'il savait déployer dans cet
exercice.
L'authenticité du Ménexène, contestée ou
du Ménexèneniée Par Ast
'Suckow
> Schaarschmidt,
Susemihl, Steinhart et Zeller 5,
n'est
plus guère mise en doute aujourd'hui. Elle est démontrée
par les preuves internes, si l'on admet contre Schleiermacher
que le discours prononcé par Socrate s'accorde avec les rail-
leries du dialogue au ^lieu de s'y opposer par son caractère.
1. Cf. Berndt, 0. /., p. 57; Wendland, o. I., p. 175-6.
2. Berndt, o. /., p. 57 ;cf. Hoffmann, 0. /., p. 333.
3. Cf. Berndt, o. L, p. ix.
4. Dùmmler, Akademika, p. 26.
5. Cf. Blass, 0. /., p. 463, note 5.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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78 MÊNEXÈNE
Elle est expressément confirmée par le témoignage d'Aris-
tote 1.
Reste à savoir si le Mênexène est dirigé
1 m!T e^ène ? contre un orateur déterminé. Pourquoile discours est-il présenté comme l'œuvre
d'Aspasie (236 a sq.)? La fiction ne peut tromper personne,et le jeune Mênexène donne à entendre qu'il n'en est pas
dupe2
. Cette affirmation fantaisiste se rapporte peut-être à
quelque invention bouffonne de l'ancienne comédie, quin'avait point épargné Aspasie, et attribuait à ses leçons l'élo-
quence de Périclès3
.
Platon a pu y prendre l'idée plaisantede mettre sous le nom de cette courtisane célèbre son propre
discours, composé, dit- il, avec des rognures de l'oraison funè-
bre "de Périclès (236 b). D'autre part, Socrate prétend avoir
lui-même Aspasie pour maître d'éloquence (a35 e, 236 ab).
C'est d'elle qu'il a recueilli ce discours, et il a failli recevoir
des coups parce qu'il manquait de mémoire. Il va sans dire
quec'est encore là une
plaisanterie.Socrate
fréquentaitchez
Aspasie*, dont il est possible que la comédie, par une autre
imagination saugrenue, ait fait de lui le disciple5
. L'hypo-thèse prendrait de la vraisemblance, si Gonnos, que Socrate
désigne comme son maître de cithare, devait être identifié
avec le musicien Connas, tourné en dérision par les comi-
ques6
.
i. RheL, I i367 b (allusion à Ménex., 235 d); III, i4i5 b (id.).
Comme l'observe Gomperz, o. /., p. 465, Aristote met toujours sous
le nom de Socrate les citations qu'il fait de Platon. Supposer qu'il a
ici en vue un propos oral de Socrate, et non le Mênexènet est une
hypothèse arbitraire et insoutenable.
2. 2^9 e ootiç aoi ô eiroîv iaziv cwtov, et plus haut 2^9 d.
3. Plutarque, Périclès, 24, la qualifie de aoçr, xat tzomxixt,, et
explique ainsi l'ascendant qu'elle exerçait sur Périclès. Une scholie
du Ménexhne conte sérieusement qu'après avoir formé Périclès à
l'éloquence, elle fit de Lysiclès, le marchand de bétail, un habile
orateur, comme le rapporte Eschine le socratique.
4- Plutarque, Périclès, 24 ; Athénée, XIII, 58g.
5. Athénée, V, 219 : « Aspasie enseigna savamment l'éloquence à
Socrate ». Cf. Hôltermann, o. /., p. 98.
6. Voir Aristophane, Cav., 584- Wilamowitz 0. I., p. 139, admet
sans hésiter cette identification, assurément tentante. Trendelenburg,o. /., objecte que Connas, d'après le scholiaste d'Aristophane, était un
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NOTICE 79
Mais Platon paraît avoir eu un autre motif, quand il prêteà Aspasie l'oraison funèbre du Mênexène. En associant son
nom à celui de Connos, le vieux cithariste qui enseignait la
musique aux enfants
, Socrate veut indiquer que ses préten-dus maîtres sont de valeur également médiocre 2
. Et pour se
faire mieux entendre, il les place ironiquement l'un et l'autre
au-dessus d'un musicien célèbre, Lampros, et d'un orateur
réputé, Antiphon (236 a).Par là il montre le peu de cas
qu'il faut faire du discours annoncé. Mais ce dédain ne tombe
pas seulement sur l'oraison funèbre du Mênexène. Il atteint
du mêmecoup
celle dePériclès,
elle aussi
composée,suivant
Socrate, par Aspasie (a36 b), qui a rassemblé les restes inu-
tilisés pour en former le présent discours. L'une et l'autre
n'ont pas plus de valeur aux yeux du philosophe que s'ils
étaient réellement l'œuvre d'une femme 3. Rappelons que, si
Périclès est nommé avec éloge dans le Phèdre (269 e), le Gor-
giasse montre pour lui fort dur : il lui reproche, comme aux
autres orateurs athéniens, d'avoir perdu la cité, en lui offrant
des douceurs pour la flatter, au lieu de lui inspirer la moralité
et la justice (5o3 c sq.).
Platon a-t-il donc voulu donner dans le Mênexène une
parodie de l'éloquence de Périclès, ou plus exactement de
l'oraison funèbre rapportée par Thucydide4
? C'était l'avis
de Denys d'Halicarnasse 5. La comparaison des deux discours
fait apparaître en effet quelques ressemblances 6,assez caracté-
joueur de flûte, plusieurs fois vainqueur dans les jeux, et non un
eithariste.
1. Voir Eulhydeme , 272 c, 295 d.
2. Wilamowitz, 0. /., p. i^o.
3. Suivant Berndt, 0. /., p. IV, Platon veut faire comprendre, parla mention d'Aspasie et de Périclès, que son discours imite l'ancienne
école derhétorique,
dont la manière se retrouve aussi bien dans
l'oraison funèbre de Thucydide que dans celle du Mênexène.
l\. 11 n'y a pas de raison, en effet, pour supposer qu'il vise un
autre discours de Périclès, ou une autre forme du même discours. Il
serait invraisemblable que Platon ignorât, comme le supposait Grote,
l'ouvrage de Thucydide. Certains rapprochements permettent mêmed'affirmer le contraire. Cf. Gomperz, 0. L, p. 466, note 1.
5. O. L, a3: « Platon, à mon avis, imite Thucydide» (dans le
discours du Mênexène").
6. Enumérées par Berndt, 0. L. p. 3. Comparer notamment
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NOTICE 81
sions intéressantes qu'il y aurait à en tirer pour les relations
de Platon et de Lysias, en rapprochant du Phèdre le Ménexène.
A. Croiset estime que le Ménexène répond très probablement,
comme le premier discours de Socrate dans le Phèdre, à undiscours de Lysias, dont Platon combattait l'école 1
. Mais
peut-on tenir pour certaine l'authenticité de YÊpitaphiosV Onfait valoir qu'Aristote le cite avec éloge, d'ailleurs sans en
indiquer l'auteur, et que le Pseudo-Plutarque n'hésite pas à
l'attribuer à Lysias; enfin, qu'Isocrate l'a imité 2. Cependant,
après avoir été souvent contestée, en particulier par Valcke-
naer et
Sauppe
3,
l'authenticité n'est
plus guère
admise
aujourd'hui*, depuis le vigoureux plaidoyer de Blass 5.
A supposer d'ailleurs que Platon ait connu le discours de
Lysias, et l'ait eu en mémoire quand il écrivait le Ménexène,
rien ne prouve avec certitude qu'il l'ait particulièrement visé.
Il convient en cette matière d'être circonspect, et de ne pas
attacher une signification trop précise à certaines analogies,
même frappantes. N'oublions pas que Platon s'attaquait ici à
un genre d'éloquence dont le plan et la méthode, le contenu
et la forme avaient été fixés par une tradition déjà longue.
Rien d'étonnant, par suite, si toutes les productions de cette
sorte — discours réellement prononcés, comme celui d'Hypé-
ride, ou simples exercices d'école— offrent entre elles un air
de famille et même des ressemblances littérales, qui risquent
d'être trompeuses6
. Cette conclusion nous semble applicable
i. O. L, p. 62. Hôltermann, 0. L, p. 98, est, sur ce point, d'un
avis analogue ;il croit que Platon exagère à dessein les défauts de la
rhétorique de Lysias, mais qu'il cherche à améliorer le contenu du dis-
cours critiqué, par des emprunts faits à l'oraison funèbre de Périclès.
2. M. Bizos, o. L, p. 45. Sans se prononcer nettement en faveur de
l'authenticité, M. Bizos fait valoir les raisons qui la rendent soutenable.
3. Berndt, o. L, p. 6.
4- Wilamowitz (o. /., p. 127, note 1) estime scandaleux qu'on
puisse encore la défendre. Toutefois M. Bizos a très bien montré queles arguments de Blass ne sont pas décisifs. Cf. Hoffman, o. L, p. 32g.
5. O. /., I, p. 436 sq.
6. Voir M. Erdmann, PseudoLysiae oratio funebris, 188 1, p. 6;
Hoffmann, p. 328-32Q. Trendelenburg, qui croit pourtant que Pla-
ton a eu sous le yeux le discours de Lysias, juge le Ménexène dirigé
contre Yépitaphios en général (0. I. , p. 9). Wendland, o. /., p. 181,
tout en considérant le Ménexène comme imité de Gorgias, faitremar-
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8a MÉNEXÈNE
à une autre hypothèse : celle qui tient le Mènexène pourdirectement imité de Gorgias
1. Il est beaucoup plus probable
que Platon, sans s'interdire des allusions ou des réminiscences
particulières, a surtout cherché à reproduire, pour donner àsa critique toute la portée possible, l'esprit et les procédés de
Yépilaphios en général2
.
Le Mènexène n'est pas antérieur à 387,
Afénelène" puisqu'il y est parlé de la paix d'Antal-
cidas 3. Il ne doit pas avoir été écrit
longtemps après, car il ne fait aucune allusion aux événements
qui suivirent 4. Il faut donc en placer la date vers 386 3
.
quer que la manière de Gorgias était alors devenue dominante. Cf.
Raeder, 0. L, p. 127.
1. A en croire Dûmmler (0. /., p. 2^) Platon a en vue Yépila-
phios prononcé par Gorgias en 3g 1. D'après Berndt, c'est aussi
Gorgias qu'il faut chercher derrière le nom d'Aspasie, et c'est lui
quePlaton a
imité,sans
songerd'ailleurs à un discours déterminé
(0. /.. p. i5 sq.). Quand il prétend avoir failli recevoir des coups
d'Aspasie, Socrate, dit-il, fait allusion aux procédés en usage dans
l'école de Gorgias (p. 23). Platon feint d'avoir abandonné la philo-
sophie pour l'enseignement du célèbre sophiste.
2. On ne sait quel sens attribuer à la mention d'Archinos et de
Dion (234 b). Archinos est l'homme d'Etat qui, aux côtés de Thra-
sybule, lutta contre les Trente en 4o3, et après le rétablissement de
la démocratie, contribua
énergiquementà la réconciliation des
par-tis. Mais, après cette date, sa carrière ne nous est plus connue. On
ignore tout de Dion, qu'il faut peut-être identifier avec l'Athénien de
ce nom, député avec Gonon auprès de Tiribaze en 392 (Xénophon,Hell., IV, 8, i3). L'affirmation de Denys d'Halicarnasse (o. L, a3)
que Platon donne son discours (wç 81 aùxo'ç <pr,atv)comme imité d'Ar-
chinos et de Dion, est fantaisiste. Toutefois x\.rchinos avait composéune oraison funèbre, et Krùger a supposé que le Mènexène est dirigé
contre elle. Hôlterman pense (o. I., p. 98)que
Platon vise un épita-
phios écrit par L)sias pour Archinos ou Dion, en 387.3. Il est donc impossible de le tenir avec Dûmmler (0. i., p. 21)
comme composé peu après 3g 1 ou 3go.
4. Raeder, o. /., p. 125. Raeder tire aussi cette conclusion (p. 66)du caractère des anachronismes qui se relèvent dans le dialogue-
Wendland (0. /.. p. 192) place le Ménexhne entre 387 (ou 385) et 38o.
5. En 386 suivant Wilamowitz (o. /., p. 127); de même Sha-
wyer, o. I., p. vi; vers 387, d'après Hôltermann (o. /., p. 10 1) et
Hoffmann, p. 3a8;en 387 ou 386, selon Trendelenburg (0, L, p. 6).
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CONSPECTUS S1GLORUM
T= cod. Venetus app. class. 4, cod. i (sub fin. xi
uel init. xu saec).
W= cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr. 7 (for-
tasse saec. xu).
F= cod. Vindobonensis 55, suppl. phil. gr. 3g (saec.
xiv).
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MÉNEXÈNE[ou Oraison funèbre, genre moral.]
SOGRATE MÉNEXÈNE
„«. __. _, Socrate. — D'où vient Ménexène? De
234 a Préambule. „ -
1 agora ?
Ménexène. — De l'agora, Socrate, et de la salle du
Conseil .
Socrate. — Qu'as-tu à faire au juste avec la salle du
Conseil ? Évidemment tu te crois parvenu au terme de
l'éducation et de la haute culture; et, persuadé que tu en es
désormais capable, tu songes à te tourner vers les occupations
supérieures; tu entreprends, homme admirable, de nous
gouverner, nous tes aînés, malgré ton âge, pour que votre
b maison ne cesse de donner en toute occasion un gardien2 à
nos intérêts?
Ménexène. — Avec ta permission et ton conseil, Socrate,
exercer le pouvoir sera mon ambition; autrement, non.
Mais si je suis allé aujourd'hui à la salle du Conseil, c'était
sur la nouvelle que les Conseillers s'apprêtaient à choisir
l'orateur du discours funèbre; car ils vont, tu le sais, orga-niser des funérailles.
Socrate. — Parfaitement. Mais qui a-t-on choisi?
Ménexène. — Personne; on a remis l'affaire à demain. Je
crois pourtant que le choix se portera sur Archinos ou Dion.
i. L'agora (du Céramique), s'étendait au N.-O. de l'Acropole.
La salle du Conseil, et la Tholos où les prytanes prenaient leurs
repas, faisaient partie du Métrôon, sanctuaire élevé à la Mère des
dieux, au sud de l'Agora.
a. Le texte grec dit :
un épimélète. Au sens propre, les épimélètes
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MENESEN02[^ è7rtxa<ptoç- 7)61x05.]
ZHKPATHZ MENEZENOZ
ZO. 'E£ àyopSç f)tu68ev Mevééjevoç ;
234 a
M EN.3
E£ àyopâç, S ZoicpctTEÇ, <al àrcè toO |5ouXeu-
TTjpiou.ZQ. Tt uàXiaTa coi Tipèç (SouXeuT^ptov ; f\ Sf^Xa 8^|
8tl
ttcuSeijctecoç Kal<J>iXoao<t>lac; ettI téXel f)y£Î eÎvou, Kal êbç
Ikocvcûç JjSrj excov £7TL Tat12
'
1^ êmvoÉtç TpÉTiEaBca, Kal
ap)(Eiv t^qv, o Sau^àaiE, ETiL^ELpetç tôv 7rpEa6uTÉpov
ttjXlkoOtoç &v,1tva uf) £(cXi*nr| ûfcioûv fjoticia &eI tivcc
fjfciôvb
èm^EXrjTfjv TtapE^o^iÉvr);
MEN. 3
Eàv au y£, & ZoicpaTEç, e^ç <al au^6ouXE0r|q
Sp^ElV, TTpoSu^fjaO^aL" EL 8èLl/),
oft. NOv LlÉVTOlà(|)LK6LJirjV
•npôç t6 (ÎouXeut^plov ttu86lievoc; Stif\ ftouXf) lieXXel atpEÎ-
a8ai 8cmç EpEÎ etïItoÎc; àTro8avo0aiv xcupàç yàp oîa8' 8tl
UÉXXouai TTOLELV.
ZO. riàvu y£* àXXà Tiva eIlXovto;
MEN. OuSéva, àXXà àvEÔàXovTO eIç tt^v aupiov. Oîuoci
pÉvxoLs
Ap)(îvov f)Atcova alpEBrjcrEaSai.
234 a 2 IÇ TW : xat ig F(sed «cal punctis del. f) ||xal secl. H. Ri-
chards|| 4 coi F: au TW
|]5 7:ai8e'j<Jêeo; TWf : cuvéïtcoç, ut uidet.,
uol. F||b i ÉxXttg TF : -Xeferj W || 7 îioteîv TW : -rfaetv F || 9 àvs-
oâXXovxo T (sed alterum X puncto del.).
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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234 c MÉNEXÈÏSE 84
c Socrate. — Ma foi! Ménexène, il paraît
VoraïsVn funèbre. ? avoir bien des avantages à m™rir à la
guerre. On obtient une belle et magni-
fique sépulture, mêmesi
l'on a fini ses jours dans la pau-vreté; et des éloges, même si l'on est sans valeur, vous sont
donnés en outre par de doctes personnages, qui louent non
pas à l'aventure, mais*dans des discours préparés de longuemain. Leurs louanges sont si belles qu'à citer sur chacun les
235 a qualités qui lui appartiennent et celles qui lui sont étrangères,avec la parure d'un magnifique langage, ils ensorcellent nos
âmes. Ils célèbrent la cité de toutes les manières;les morts de
la guerre, tous les ancêtres qui nous ont précédés, et nous-
même encore vivants, nous sommes glorifiés par eux de telle
sorte que, pour ma part, Ménexène, je me sens, devant leurs
éloges, les dispositions les plus nobles; chaque fois, je reste là
b sous le charme 2 à les écouter, me figurant instantanément
être devenu plus grand, plus noble et plus beau. Et, suivant
mon habitude, je suis toujours accompagné d'étrangers, qui
écoutent le discours avec moi; à leurs yeux j'acquiers sur-le-
champ plus de dignité. Car ils me paraissent éprouver ces
mêmes impressions envers moi comme envers le reste de la
cité; ils la jugent plus admirable qu'auparavant, à la parole
persuasive de l'orateur. Et moi, je conserve cette dignité plus
c de trois jours3
: les paroles et le ton * de l'orateur pénètrentdans mon oreille avec une telle résonance 5
que c'est à peine
si le quatrième ou le cinquième jour je reviens à moi et
prends conscience de l'endroit où je suis; jusque-là, peu s'en
se distinguent des magistrats ordinaires (apyovcsç) en ce qu'ils
n'agissent que d'après les instructions données par le peuple (ambas-
sadeurs, pylagores, commissaires des travaux de fortification). Mais ici,
comme souvent chez Platon, le mot est pris dans un sens général.
1. Sur tout ce persiflage, qui ne peut laisser de doute sur le sens
du discours
quiva
suivre,voir la Notice,
p.53
sq.2. Kr,Aou;jLsvoç, au sens propre : charmé comme par un chant
merveilleux. Cf. Protag., 3i5 ab : Protagoras traîne à sa suite des
étrangers hors de toutes les villes qu'il traverse, « les charmant par
sa voix comme un autre Orphée ».
3. îïXeud, leçon des mss., est exceptionnel en pareil cas pour ttXsov.
4- 'O Xôyoç : les mots;ô çOdy-fo; : le son de la voix.
5. "EvauXoç se dit d'un langage qui frappe les oreilles comme les
sons de la flûte, et aussi d'une chose dont le souvenir est encore ré-
cent. Cf. Eschine, C. Ctésiphon, 62; Platon, Criton, 54 d; Lois, 678 b.
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84 MENESENOS 234 c
ZO. Kal ^fjv,S Mevé£eve, TtoXXa)(f] kivSuveùei kocXôv C
EÎvai t6 ev ttoXéjico omo8vf|aKEiv. Kai yàp Tacpfjç KaXf^ç te
Kal ^EyocXoTipETtoOc; xuyxavEi, Kal làv TtévTjç tiç Sv teXeu-
Tï*|ar|,Kal ETraivou au etu)(ev, Kal èàv cpaOXoçfl, utt
3
àvSpSv
aOC|)COVTE Kal OVK ElKf} ETtaiVotivTCÙV, àXXà ek TtoXXoO XP°~
vou Xoyouç TiapEaKEuaajiÉvcûv, oî o3tqç koXôç ETtaivoOaiv
cSqte Kal Ta Ttpoa6vTa Kal Ta ^f) TtEpl EKaaTou XÉyovTEÇ, 235 a
KàXXtaTa ttcùc; tolç ôvà^aamoïKiXXovTEc;, yorjTEÙouCTiv f\\i<ùv
T<kç ipu^aç, Kal Tf|v tt6Xlv EyKCù^ua£ovTEc; KaTà TcàvTaç
Tpànouç Kal toùç TETsXEUTrjKÔTaç èv tô tioXé^cû Kal toùç
•npoyovouc; f\\x&v anavTac; toùç E^npoaBEv Kal auToùç r|^aç
toùç etl £covTaç ETtaivoGvTEc;, oot' lycoyE, S Mevé£,eve,
yEvvalooç Ttàvu SiaTidEfciai ETTaivou^Evoç -utt' aÛTcov, Kal
ekocotote EarrjKa àKpooù^iEvoç Kal KrjXoù^EVoç, fjyoû^Evoç èv b
tû Ttapaxpfj^a ^ieI^cùv Kal y£wai6T£poç Kal KaXXtov yEyo-
vsvai. Kal otaSf)
Ta TtoXXà àsl{jiet' e^oO £évoi tiveç
ETtovTat Kal £uvaKpoôvTai npoç oOç lyo aE^véTEpoç ev t&
Ttapa)(pî](Jia ylyvo^ai* Kal yàp ekôîvoi TaÔTa TaOTa SoKoOal
£i<H TtàaxELV Kal Ttpôç e^lè Kal Ttpôç Tf)v aXXrjv Tt6Xtv, 8au-
^aaicoTÉpav auTf)v fjyEÎaSai. EÎvai ^ TcpéTEpov, ûtt6 toO
XéyovToç àvaTTEi86^i£voi. Kal yoi aSTrj f\ a£[j.v6Tr|ç Ttapa-
^level f}^Épaç ttXeicor\ TpEtç" oïStcûç IvauXoç ô Xoyoç TE Kal C
ô <f>86yyoç Ttapà toO XÉyovToç èvSÙETai eiç Ta Sxo, &aT£
fcioyic; T£TapTr| f) TtÉ^TtTr| rjfciÉpa àva^niv^aKo^aL è^auToO
Kal ala8àvo^ai oCyf]ç eI^il, tecoç Se ot^iat jiovov ouk ev
Tesiim. : 234 C i xaîej.r,v— 6 7îapeaxeyas;jiévwv Stob., Ed., IV,
g, i5 j| 235 b 8 xai [xoi — ci xoetç Priscian., Instit., XVIII, 270
(cap. XXVI).
C 2 xa<pr|; xaXrj; ts xai TF : xaX^ç xa<pfjçxe xal W xaçrjç xe xaX9)ç
xaï Slob.||235 a 3 xrjv tcôàiv TW : xôv xda
(
uov F|| l\ xpo7:ouç TW :
xoù; xpd-ou; F||xa! xoù; TW : om. F (suprascr. f) ||
(3 èxcaivouvxeç
secl. Gobet||
uktx' TF : à; W|| 7 xai TW : xai y' F
||b 1 êffXTjxa
TW yp. f : èÇsa- F || aîcopojusvoç Valckenaer pro àxpooSasvoç ||2
[xeiÇtov
TW : xaî asî^tov F ||6 (xoi
om. W||C 1 7:Xeîa>
7]codd. : 7ïXet'co Pris-
cianus jcXsîov Hirschig 7tXeïv Gobet.
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235 c MÉNEXÈNE 85
faut que je ne croie habiter les îles des Bienheureux
;tant
nos orateurs sont habiles !
Ménexène. — Tu ne perds aucune occasion, Socrate, de
plaisanter les orateurs. Mais aujourd'hui, à mon avis, le
personnage désigné aura fort peu de matière;c'est tout sou-
dainement que le choix 2 a été décidé, si bien que l'orateur
sera probablement réduit à une espèce d'improvisation.
d. .
Socrate. — Comment cela, mon bon?aci 1 u
Chacun de ces gens-là a des discours
tout prêts,et d'ailleurs
l'improvisationelle-même, en pareille matière, n'a rien de difficile. S'il
s'agissait de louer des Athéniens devant des gens du Pélopon-
nèse, ou des Péloponnésiens devant des gens d'Athènes, il
faudrait un bon orateur pour persuader l'auditoire et obtenir
du renom. Mais quand on entre en lice devant ceux-là
mêmes dont on fait l'éloge, il n'est point malaisé de passer
pour
un bon orateur.
Ménexène. — Tu ne le crois pas, Socrate ?
Socrate. — Certes non, par Zeus !
e Ménexène. — Te croirais-tu capable de prendre toi-même
la parole, s'il le fallait et que tu fusses choisi par le Conseil?
Socrate. — Moi aussi, bien sûr, Ménexène, il ne serait
point surprenant que je fusse en état de parler. J'ai la chance
d'avoir pour maître une femme des plus distinguées dans
l'art oratoire. Entre beaucoup de bons orateurs qu'elle a
formés, il y en a même un qui est le premier de la Grèce,
Périclès, fils de Xanthippe.Ménexène. — Qui est-ce ? A coup sûr, c'est Aspasie que
tu veux dire ?
Socrate. — C'est elle, en effet; ajouteAspasie, Connos, fils de Métrobios : voilà mes
236a d'éloquence. deux maîtres, l'un de musique, l'autre
d'éloquence. Qu'un homme ainsi dressé
soit habile à la parole, rien d'étonnant. Mais n'importe qui,
même avec une éducation inférieure à la mienne, formé à
i. Sur les îles des Bienheureux, voir Gorgias, 523 b sq.
a. Le choix lui-même n'a pas encore été fait (cf. 234 b), mais la
décision de choisir a été prise. Le Conseil proposait un orateur à
l'Assemblée, qui l'élisait par un vote à mains levées.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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85 MENESENOS 235 c
paLK&pav v^golç oIkeîv oStcoç T)fcrtv °^
pf)'l0PEÇ Ss^tot
eIctiv .
M EN.3
AeI aÙTUpooTTal^etç, o Z&KpaxEÇ, toùç p^Topaç.
NOv u.évtoi ofyai lyà) t6v alpESÉvxa ou Tiavu Eunopr|aEiV
è£ ÛTîoyùou yàp Travrànaaiv ^ aïpEaiç yÉyovEv, ôcxte taoç
àvayKaa8r)a£xaL ô Aéycûv ooTTEp auToa^ESià^Eiv.
ZQ. I168EV, oyaSÉ ;EÎalv EKàcrToiç toutcùv X6yoi napE- d
OKEuaafciÉvoi, KalSl\xcl
ouSe auToaxESia^Eiv Ta y£ ToiaOxa
XaXETu6v. Etfcièv yàp Séoi 'ASrçvalouç ev flEXoTrow^aioiç
eu XéyEiv f\ riEXoTrow^atouç ev 'ASrjvaioiç, àya8o0 av
^fjTopoç SÉOL toG TTEiaOVTOÇ Kal EuSoKip/iaovTOÇ* STav 8É
xiç ev toutouç àycovl£r)Tai ouoTtEp Kai ETtatVEÎ, ou8èv U-Éya
SOKEÎV EU XÉyElV.
M EN. Ouk oïei, a> ZobKpaTEç ;
ZQ. Ou U.ÉVTOL\xol
Ata.
M EN. *H oïei oîoç t' âv £Îvaiau*uôç eItteÎv, eI Séol Kal e
eXoit<5 as.f\ liouXf) ;
ZO. Kal èpol jiév yE, oo Mevé^eve, oûSèv BaujiaaTÔv otcp
t' EÎvat eItteîv, Sxuy)(àvEi. SiSàaKaXoçoCaa ou Ttàvu cpaûXrj
TiEpl pr|Topuc^c;, àXX' î^TTEp Kal aXXouç ttoXXoùç Kal âyaSoùç
nE7iotr|KE j5f)Topaç, Iva 8è Kal Sia^Épovxa tqv 'EXXfjvov,
riEpiKXéa t6v Zav8lTTT[ou.
M EN. Tlç auTT] ; f) SfjXov Stl 'Aorraalav XÉyEiç ;
T.C1. AÉyo yàp, Kal K6vvov yE t6v Mn,Tpo6lou- oStol yàp
fcioiSuo Etalv SiSàcjKaXoi, ô u.èv jiouaucfjç, f]
8è £r|TopiKf]<;. 236 a
OStco (ièv ouv Tp£<f><5^Evov avSpa ouSèv 0auu.aaT&v Seiv&v
EÎvat XÉyEtv àXXà Kal 8cmç Iu.o0 kocklov £TraiS£u9r|, u.ouai-
Testim. : d 3 cf. Aristot., Rhel., III, i£, i4i5 b 3o;
cf. I, 9,i36 7 b 8 H 5 oxav U — 7 Xéyeiv Stob. Ed., III, i4, 26.
d 1 rcoôev — 2 aÙT0<r/^8ia£etv om. F in ima pag. add. f||5 Séot tou
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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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236 a MÉNEXÈNE 86
la musique par Lampros, et à l'éloquence par Antiphon de
Rhamnonte 1
,serait pourtant capable, lui aussi, en louant
des Athéniens à Athènes, d'acquérir du renom.
Ménexène. — Et qu'aurais-tu à dire, s'il te fallait parler?Socrate. — De mon propre fonds, je ne tirerais probable-
b ment rien. Mais, pas plus tard qu'hier, j'écoutais Aspasiefaire toute une oraison funèbre sur le même sujet. Elle avait
appris, comme tu le dis toi-même, que les Athéniens allaient
choisir l'orateur. Là-dessus, elle développa sur-le-champdevant moi une partie de ce qu'il fallait dire; quant au reste,
elle y avait déjà réfléchi, au moment, je suppose, où elle
composait l'oraison funèbre prononcée par Périclès, et c'était
des rognures de ce discours qu'elle soudait ensemble.
Ménexène. — Te rappellerais-tu ce que disait Aspasie?Socrate. — Autrement, je serais bien coupable; j'ap-
c prenais de sa bouche, et j'aifailli recevoir des coups parce
que j'oubliais.
Ménexène. —Qu'attends-tu
doncpour l'exposer?Socrate. — Prends garde que mon maître ne se fâche
contre moi, si je divulgue son discours!
Ménexène. — Ne crains rien, Socrate, et parle. Tu meferas le plus grand plaisir, que ce soit d'Aspasie ou de tout
autre que tu veuilles rapporter les propos. Parle seulement.
Socrate. — Mais peut-être vas-tu rire de moi, si je te
parais, vieux comme je suis, m'adonner encore au badi-
nage.Ménexène. — Point du tout, Socrate. Parle, de toute
façon.
Socrate. — Eh bien, assurément il me faut te complaire ;
au point que si tu m'invitais à quitter mon manteau pourdanser 2
, je serais presque disposé à te faire ce plaisir, puis-
qu'aussi bien nous sommes seuls. Écoute donc. Commençant
son discours par les morts eux-mêmes, elle s'exprimait, si jene me trompe, de la manière suivante :
i. Sur Gonnos, voir la Notice, p. 78-79.—
Lampros, musicien
célèbre, fut le maître de Sophocle.—
Anliphon (48o environ-^n),maître de rhétorique et logographe, est représenté par Thucydide
(VIII, 68) comme le premier orateur de son temps.
2. La danse était une partie de la gymnastique. Socrate, suivant
Xénophon, Banquet, II, 19, s'y exerçait chez lui pour entretenir la
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86 MENEEENOS 236 a
<f)v pèv ÔTiè Aàtorpou TraiSEuBslq, pT]TopiKf|V 8è tin' 'Avti-
<f>ûvToqxoO 'Pa^vouaiou, olicùç Kav oStoç oÎ6ç t'zXt\ 'AStj-
valouç ye *v 'ASi^valoLç ènaivoûv eôSokllleîv.
M EN. Kal xl av e^oiç elttelv, eI Séol cte XéyEiv ;
ZO. Auxôç fcièv Ttap' E^iauToO ïacoç oôSév, 'Aanaalaç 8è
Kal x^Ç T]Kpo<*>Lir|v TTEpaivo\3ar)ç ETUTduJnov Xéyov TtEpl b
aÔTÔv toijtcov. "Hkouoe yàp anEp au XÉyEiç, bxt l^éXXolev
'ASrjvaîoL alpEÎaÔaL t6v EpoOvxa' ETiEtTa xà \xkv ek toC
Trapaxprjua lloi Sl/jel,oîa Séol XéyELV, xà 8è Ttp6TEpov
EGKELiLiÉvr), 8teLjIol
Sokel ouvet'lSel t6v èmTdupiov Xôyov 8v
nEpiicXfjç eÎttev, TiEpiXElLiLiaT' aTTa ê£ ekslvou auyKoXXoùaa.
M EN. *H Kal tivT]Liov£iJCJoaç &v fi IXeyev f\'Aonaota
;
ZO. ElLif)
àSLKÔ Ye* £Liàv8av6v yé tol Ttap' aÙTTjc;, Kal
ôXlyou TTXriyàç IXa6ov oTL£TTEXav8av($LLiiv. c
M EN. Tt oSv oô 8Lf]X8Eç ;
ZO. 'AXX' ortoç Ljif) LjLol xaXETiavEÎ f} SLSàaKaXoç, &v
E^EvéyKCù aÔTfjç tôv X6yov.
M EN. MrjSaLjicoc;,S ZooKpaTEÇ, àXX' eltté, Kal Ttàvu llol
^apLEL, eïte 'AaTcaalaç (SoûXel AéyELv eïte ôtouoOv àXXà
Lj^VOV ELTTE.
Zfï. 'AXX' laaq ljiou KaxayEXàaEi, av aoi Bà^a Tip£a6tiTr|<;
&V ETL Ttal^ELV.
M EN. OôSaLjicoç, S ZoKpaTEÇ, àXX' elttè TravTl ipÔTia.
ZO. 'AXXà llévtol aol yE Sel xaplc^£a8ai 7ujte k&v oXlyou,
elljie keXeûolç à-noSùvTa op)(T]aaa8aL, )(ap«-CJaCLjir|v av, ettelSt^ d
ys Lji6vco la^iÉv. 'AXX' cikoue. "EXsyE yàp, cbç èy&LmL, àp£a-
llevt] XsyELv àîi' auTcov tôv teSveoûtcùv oÔToal.
a 4 7cat8eu6ei* secl. Gobet||5 ouxw; primit. W pro ouxoç
||6 ye F :
te TWj|b 5 ôoxei T : èBoxetWF
||6 7î£ptX£ttx{xax
,
àxxaTf: izepikdp-
«xaxa xauxa WF(yp. xauxa in marg. T) || auyxoXXwaa TWf : xoawaa F||
7 fjLVT)aoveuaa[i; TF : -aaç W ||C i oxc codd. : oxe coni. Schleiermacher
||3 yaXeTcaveï Tf : -;:avr) W -bouvet F
||8 xaxayeXaaet T: -ar} W
-astç "FII
av TW: èàv F\\n àXXà TW : àXX' etF|| di ys coni. Stall-
baum pro coaxejjd i xsXeuoi; recc. : -sic TW -r,$ F || )(aptaatp.ev
av
secl. Schanz.
V. i. — 8
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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236 d MÉNEXÈNE 87
« En ce qui concerne les actes !,ceux-ci
Le discours ont recu ies égards qui leur étaient dus,
ES
o ^e e*">
aPr^s les avoir obtenus, ils font le
voyage fatal, accompagnés à la tombepar le cortège public de la cité, et par le cortège privé de
leurs proches. En ce qui regarde la parole, l'hommage qu'il
reste à leur accorder, la loi nous prescrit de le rendre à ces
e hommes, et c'est un devoir 2. Les belles actions, en effet, grâce
à un beau discours, valent à leurs auteurs le souvenir et
l'hommage de l'auditoire. Il faut donc un discours capable de
fournir aux morts uneglorification suffisante,
et aux vivants
des recommandations bienveillantes, en exhortant descen-
dants et frères à imiter la vertu de ces hommes, et aux
pères, aux mères, aux ascendants plus lointains, s'il en reste
237 a encore, en donnant à ceux-là des consolations. Quel discours
découvrir qui ait ce caractère? Par où commencer dignement
l'éloge de braves, qui, vivants, faisaient par leur vertu la joie
des leurs, et qui ont acheté de leur mort le salut des vivants ?
Je crois nécessaire de suivre l'ordre de la nature, qui a fait
d'eux des gens de cœur, en réglant sur lui mon éloge. Gens
de cœur, ils le furent, parce qu'ils avaient pour pères des gensde cœur. Célébrons donc d'abord leur bonne naissance; en
second lieu, la nourriture et l'éducation qu'ils ont reçues.
b Faisons voir ensuite l'accomplissement de leurs exploits, en
montrant que son éclat fut digne de ces avantages.
« Cette bonne naissance a eu pour pre-L éloge : mier fondement l'origine de leurs an-
glonfication u . r ,,° , . ,
de VAttique cetres, qui, au heu d être des immigreset de faire de leurs descendants des
métèques dans le pays où ils seraient eux-mêmes venus du
souplesse de son corps : « Ne savez-vous pas, dit-il, que tout à
l'heure, au point du jour, Charmide que voici m'a surpris en train
de danser ? »
1. Comparer Thucydide, II, 35, 46, où epyw (les funérailles elles-
mêmes) est opposé comme ici à Xdyo> (l'oraison funèbre).
2. C'est-à-dire : une obligation morale, un devoir de piété, par
opposition au devoir légal (comparer 2 3g d : Btxatov /.a!/p*]'). Denys
d'Halicarnasse remarque avec raison que ce petit mot(y^piÇ),
mis à la
fin de la phrase, en brise le rythme, mais il ne voit pas que c'est une
maladresse voulue par Platon.
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87 MENESENOS 236 d
"Epycp uèv ^jJttvoXBe f^ouai-v Ta Ttpoar|KovTa a<f>laiv
aÔTOÎç, £v tuxovteç TtopEÛovTai ti^v £Ï.uapLiÉVT]V TtopEtav,
7ipoTie^cf)8ÉVTeç Koivf] fcièvûtt6 xfjç tt6Xecû<;, tSla Se ûtt8 tSv
oikeIcov X6y9 Se 8f)t6v Xeittouevov kôgliov 8 te vàLjioç
TtpoaTocTTEL àTtoSoOvai toîç àvSpàaiv Kal XPT- "Epywv Y^P e
e3 Trpa)(8ÉvTCùv X6ya> «xXSç prjBÉvTt uvr)Lir) Kal K6auoç toÎç
Tipà^aat YlyvETaL napà tqv àKouaàvTGùV Sel8f) toioùtou
tivoç X6you Bcjtiç toùç uèv teteXeutt] KÔTaç iKavâç ETtaivé-
OETai, toîç Se £»aiv euuevcûç TTapatvÉaETai, EKy6voiç lièv
Kal à5£Xc|50ÎÇ LULlEÎaBaiTl'jV
TCùvSe àpETl^V TTOCpaKEXEUOLlEVOÇ,
TtaTÉpaç 8è <al LjtrjTÉpaç Kalsï tiveç tcov SvcûSev £TtTïpoY<5-
vov XElTTOVTat, toûtouç Se TtapaLiuSoÙLiEvoc;. Tlç oQv av 237 a
fjuîv toioOtoç X6yoç cpavEiT] ; f\tt68ev av ôpBcoç àp£a£fci£8a
avSpaç àyaSoùç ETtaivoGvTEc;, ot £&vtéç te toùç éauTcov
Tjôc^paivov Si' àpETrjv, Kal Tf|V teXeut^v ocvtI Tfjç TGÙV
£&vtcùv ocoTT]pta<; rjXXà£avTo ;SokeÎ lioi xp^vaL KaTà
(pùaiv, ôùcrriEp àyaSol EyévovTo, out© Kal ETtaivEtv aÔTouç.
'AyaSol Se eyevovto Sià t6 <f>0vai l£ àyaS&v. Tf)v £uy£-
VEtaV oCv TtpCOTOV aUTCOV EyKCÛLlia£cOLJL£V, SEÙTEpOV 8è TpOCf>f|V
te Kal TraiSslav etù Se toûtoiç Tfjv tcùv Epyov npâcÇiv b
ettl8el£,cùli£V, oçKaXfjv Kal à£lav toùtovàTt£c|)t
t
jvavTo.
Tf|Ç S' EÔyEVElaÇ TTpÛTOV ÛTT^p£,E TOÎCjSefjTOV TTpOyévCÛV
YÉvectiç ouk ETtrjXuç oSaa, ouSè toùç EKyovouç toutouç
Testim. : 236 d 4 "Epyto f^v— 5 rcopeiav Dion. Halic, De admir.
ui in Dem., il\ ;De comparai, uerb., V, 116 (ia5) j| "Ep-fto uiv —
7 oîxeuov Longin., De sublim., 28||6 rcpoTWu.yôsvces
—7 oixeicov Dion.
Halic, De admir. ui in Dem., il\|] 7 Àdyw Se — e 1
/^prjDion.
Halic, De admir. ui in Dem., a4 || e 1 "Epycov — 3 àxouaàvx'ov Dion.
Halic, De admir. ui in Dem., 26;De comp. uerb., V, 49 (53) ||
3 ô*et
— 5 TMcpaivéasTcci Dion. Halic, De admir. ui in Dem., 26||237 b 1 èrcl
8à — 2 <x7:£çpr]vavTO Dion. Halic, De admir. ui in Dem., 27 ||3 T^ç 8*
— C 2 u7îo5eÇau.£vr)ç Dion. Halic, De admir. ui in Dem., 27.
d 4 spya F (a> suprascr. f) |j6 8è sxacy-coç Longinus || 7 otxetcov
codd. : 7cpo<jT)xdvTO)V Longinus ||237 a 2
y]TWf : om. F
|| 4 e&ppaivov
codd.i|
5 Soxei ouv[aoi
F|| 7 8è TW : 8é ye F ||
8ê7/cw{xtai:o(xev F ||
XYjv ante -cpocprfvadd. H. Richards
||b 4 àxydvou; TWf : èy- F.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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237 b MÉNEXÈNE 88
dehors, étaient des autochtones 1
,habitant et vivant vrai-
ment dans leur patrie, nourris, non comme les autres, parc une marâtre, mais par la terre maternelle qu'ils habitaient,
et qui ont permis à leurs fils de reposer morts, aujourd'hui,dans les lieux familiers de celle qui les mit au monde, les
nourrit et leur offrit son sein. Rien n'est donc plus juste quede rendre un premier hommage à leur mère elle-même : il
se trouve en même temps que c'est aussi un hommage rendu
à leur bonne naissance.
« Notre pays mérite les louanges de tous les hommes et
non pas seulement les nôtres, pour bien des raisons diverses,dont la première et la plus grande est qu'il a la chance d'être
aimé des dieux. Notre affirmation est attestée par la querelleet le jugement des divinités qui se disputèrent pour lui 2
. Ce
d pays qui a obtenu l'éloge des dieux, comment n'aurait-il pas
justement celui de l'humanité tout entière? Un second éloge
lui serait encore dû : au temps lointain où toute la terre
produisaitet faisait croître des êtres de toute sorte, bêtes et
plantes, la nôtre s'est montrée vierge et pure de bêtes sau-
vages; et parmi les êtres vivants elle a choisi pour elle et
mis au monde l'homme, qui par l'intelligence s'élève au-
dessus des autres, et reconnaît seul une justice et des dieux.
Une preuve bien forte vient appuyer la thèse que cette terre
e a enfanté les ancêtres de ces morts, qui furent aussi les
nôtres. Tout être qui enfante porte en soi la nourriture
appropriée à son enfant, et c'est par où la véritable mère se
distingue clairement de celle qui ne l'est pas : celle-ci en
prend frauduleusement le nom, si elle n'a pas en elle la
source qui doit nourrir l'enfant. Or, celle qui est à la fois
i. La prétention à l'autochtonie, lieu commun de l'éloquence
attique, s'accorde pourtant mal avec les traditions athéniennes elles-
mêmes. Lesgrandes
familles d'Athènes se reconnaissaient une
origine étrangère : les Alcméonides descendaient de Pyliens quiétaient venus de Messénie en Attique. Les Athéniens se glorifiaient
d'avoir de tout temps donné asile aux opprimés et aux proscrits
(Xénophon, Helléniques, VI, 5, £5). Les premiers habitants du paysétaient les « Pélasges », qui parlaient une langue non hellénique.
Plus tard, le pays fut envahi par une population achéenne qui imposasa langue aux indigènes.
2. Voir la Notice,p. 67.
Les dieux avaient donnégain
de cause à
Athéna, sur le témoignage de Cécrops.
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SS MENESENOS 237 b
àTio<f>r|va^Évr| jiETotKoOvTaç evxf] X^P? c&À°8ev o<pS>v
f\KÔvzcùv, àXX' aux6)(8ovaç Kal t$ Svti ev TiaTpiSi oÎKoOvTaç
Kal£covTaç, Kal TpEcjjouÉvouç oùx utt8 ^rjTpuiaçâç otaXXoi,
àXX' ûti6 ^ir|Tp6ç Tfjç x<kpaÇ ^vfj ôkouv, Kal vOv KEÎaSai c
TeXEUTrjaavxaç ev olkeloiç tôtioiçt^c; TEKOiiaTjç Kal 8pE^à-
or\q Kal ÔTroSE^auÉvriç. AïKaidTaTov8f) Koa^aai TtpoTov
t^jv ^irjTÉpa aÔTrjv outq yàp o-uu.6ai.vEi &u.a Kalfj
tqvSe
EuyÉvEia Koau.ouu.Evrj.
"EaxL Se à£,ta f\ x^P 01 Ka^ UTT0 TràvTcov àv8p<imcov ê-nai-
VEÎaSai, ou jiovov ûcj)' t)uoùv, TtoXXaxfl uev KalaXXrj, npoTov
Se Kal uÉyiarov oti TuyxàvEi ouaa 8Eo<J)LXf)ç. MapTupEÎ 8è
f)ucov tô X6yep t)tcùv àu(jna6r|Tr)aàvTCi>v TtEpl aÙTfjç 8eûv
Ipiç te Kal Kplatç- f\v Sf)8eoI £Tt/|V£aav, ttoùç oux ûtt' d
àv8pamcùv y£ £uuTiàvT<3v SiKala ETiaivEÎaSai; SsÙTEpoç Se
ETtaivoç SiKalcùç âv auT^ç EÏr| 8ti ev ekeivcû t£> XP^v<? ev
cof)Tiaaa
yf|«xveSiSou Kal
e<J>ue £&a TtavToSaTià, Srjpla te
Kal ftoTà, ev toùtcofj f^uETÉpa Srjplov uèv àyplcov ocyovoç
Kal Ka8apà ècfxxvr), ê£,EXÉ£aTo 8è tôv £ocûv Kal lyÉWT]aEV
av8pamov, 8 auvÉaEi te ÛTtEpÉxEL tSv aXXov Kal SIkt^v Kal
8eoùç uovov voui£ei. Maya Se TEKufjptov touto tô X6y9oti tjSe etekev
f\ yfj toùç tcovSé te Kal fjuETEpouç Ttpoy6- e
vouç. flav yàp to tekôvTpo(J>fjv exel ETUTrjSEiav o av
tékt], S Kal yuvrj ôl^Xrj TEKoOaà te àXr|8c3c; Kaluf),
àXX'
ÛTio6aXXouÉvr), ààvufj Ixrj Ttr)yàç ipo(p?\q t&
yevvgùuévcj).aO
8f]Kal
fj fjuETÉpa yf]te Kal uf^Trjp Uav&v TEKurjpiov
TtapÉxETat oc àvSpcùTTOuç YEVvrjaa^Évrj* u6vrj yàp ev tS
Teslim. : c 8 Maprjpeî 8s — d 2 è^aivetaOac Dion. Halic, De admir.ui in Dem., 28
||d 6 èÇeXe'^aTo 8è — 8 vopXei Dion. Halic, De
admir. ui in Dem., 28||d 8 \iiya oè — e 1 ^poydvou; Priscian., Instit.,
XVIII, 289 (XXIX) H 6jjlovt) yàp
— 238 a 1 xapTcdv Dion. Halic,De admir. ui in Dem., 28.
b 7 xaî Tf : om. WF||
oi F Dionysius : om. TW (fortasse aXXot)
|JC 9 aÙTÎi; F Dionysius : -rr)v TW ||
d i 8è Dionysius pro ôr) ||
4 naaa TW : fixa- F||
loue F :I<pu TW || 7 TW : oç F
||e 1 oxt
F: tî TW II 4 0::o6aXou.£vr) Ast|| yevoixévtp Stephanus pro yevvcouivoj.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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237 e MÉNEXÈNE 89
notre terre et notre mère fournit là une preuve décisive
qu'elle a donné le jour à des hommes : seule en ce temps-là,et la première, elle a porté une nourriture faite pour l'homme,
238 a le fruit du blé et de l'orge1
, qui procure au genre humain le
plus beau et le meilleur des aliments, montrant ainsi qu'elleavait vraiment elle-même donné le jour à cet être. Or c'est
pour la terre plus encore que pour la femme qu'il convient
d'accepter pareilles preuves; car ce n'est pas la terre qui a
imité la femme dans la conception et l'enfantement, mais
la femme qui a imité la terre. Et ce fruit-là, loin de se le
réserverjalousement,
elle l'a distribué aux autres. Plustard,
c'est l'huile, renfort contre les fatigues, qu'elle a fait naître
b et produit pour ses fils; et, après les avoir nourris et élevés
jusqu'à la jeunesse, pour leur donner des chefs et des édu-
cateurs, elle a introduit les dieux chez elle. Leurs nomsdoivent être passés sous silence 2 en un pareil moment [car
nous les connaissons] ;ce sont eux qui ont organisé notre
vie en vue de l'existence quotidienne, nous formant aux
arts avant les autres hommes, et, pour la défense du terri-
toire, nous enseignant l'acquisition et l'usage des armes.
« Avec cette naissance et cette éduca-
dtmocratique.lion
'les ancêtres de ces mor
.
ts viva|
ent
sous le régime politique qu'ils avaient
organisé pour leur usage, et qu'il convient de rappeler briè-
c vement. C'est en effet le régime politique qui forme les
hommes : de braves gens, s'il est bon, des méchants, s'il est
le contraire. Que nos devanciers ont été nourris sous un
bon gouvernement, il importe de le montrer : c'est à lui
qu'ils ont dû leur vertu, comme les hommes d'aujourd'huidont font partie les morts ici présents. Car c'était alors le
même régime que de nos jours, le gouvernement de l'élite,
qui nous régit aujourd'hui, et qui toujours, depuis cette
époque lointaine, s'est maintenu la plupart du temps. Celui-
ci ci l'appelle démocratie, celui-là de tel autre nom qu'il lui
1. Sur la richesse du pays en céréales, les jugements des auteurs
anciens sont contradictoires. Le blé était surtout cultivé dans la
plaine d'Eleusis; ailleurs dominait la culture de l'orge. Dans l'en-
semble, la production était inférieure aux besoins de la population.
2. LesOlympiens
ne doiventpas
être nommés dans une cérémo-
nie funèbre (ê^ tû Tonp8s)/'Iap.ev yàp est une glose qui fausse le sens.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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89 MENEEENOS 237 e
t6te Kal TTpcÔTr| Tpocpn.v àv8poTiEtav fjveyicsv t6v tûv m>pSv
Kal KpiSôv KapT[6v, cpKaXXiaxa Kai apicnra Tpé^exai to 238a
àvGpoTTEiov yévoç, qç tco Bvti toOto t6 £ôov auTf) yEWTj-
aa^Évr|. MaXXov Se ônèp yfjçfi, yuvauc&c; TTpoan,KEi Sé^caSai
xotaOTa TEK^rjpLa* où yàp yfj yuvaÎKa mptyLiyrcu Kut^act Kal
y£vvn aEi, àXXà yuvn, yfjv. Toutou Se toO KapnoO oôk
ê<|)86vr|CTEv,àXX' evehiev Kal toÎç aXXoiç. Meta 8è toOto
èXatou yÉvEaiv, tt<5vcùv àpcoyi^v, àvfjKEV toîç EKyovoiç'
SpEipa^Évrç Se ical aô^fjaaaa TCpoç fj6rjv ap^ovTac; Kal b
SiSaaKaXouç auTov 8eoùç £T^r|YàYETo• 5>v Ta ^ièv ôvo^iaxa
TTpÉTtEL EV TCD TOIÛSe Ifiv[ ÏQfclEV yap ]
0*t t6v (iloV
f\\xS>vKaTEaKEÙaaav Trp6ç te Tf)v Ka8
s
f\\xkp<xv SlaiTav,
TE^vaç TipcoTouç TiaiSEuaà^EVoi, Kal Ttpèç xfjv îjTTÈp xf\ç
X&paLc; <|>vjXaKf)v otiXcùv KTfjalv te Kal ^pî]aiv SiSa^a^EVoi.
rEvvrjSÉVTEc; Se KalTtai8Eu8ÉVT£ç oOToçotTCùvSETtpéyovot
Ôkouv TtoXiTElav KaTaaKEuaaà^Evoi, îjq ôpSôc; e^ei 8ià |5pa-
)^écùv ETtL^vrja8î^vau. rioXiTEia yàp Tpocpfj àvSpcimcov larlv, C
KaXf) \xkv àyaGcov, f\Se IvavTia KaKÛv.
e
Clç o5v ev KaXfj
ttoXiteIol ETpdcf)r|aav ol Ttpéa8EV ^(jlcov, àvayKaîov SrjXcoaat,
Si' fjv 8f]KaKEÎvot àyaSol Kal ot vOv Eiaiv, Sv otSs Tuy^à-
vouaiv Bvteç ot TET£X£UTrjK6T£ç. 'H yàp avii] TtoXiTEia Kal
t<5te t\v Kal vOv, àpiaTOKpaxla, ev f\ vOv te TToXiTEu6^E8a
Kal t8v aEl y^pàvov èE, ekelvou cùç Ta TioXXà. KoXeÎ 8è ô
yèv auTf]v Srj^oKpaTiav, Ô Se aXXo, cpav Xa^PÎl»
zoti Seif\
d
Testim. : 238 a i tu xaXXictTa — 2 yevoç Dion. Halic, De admir.
m in Dem., a9 ||5 toutou 8è — 6 aXXo-ç Dion. Halic, De admir. ui
in Dem., 29 || 6 Métoc ôé — 7 èx^ovoiç Dion. Halic, De admir. ui in
Dem., 29 ;cf. Clem. Alex., Paedag., II, 210 (Potter) ||
C 1 IIoXiTeta
— 2 xaxwv Stob., Flor., /»3, 86;
Dion. Halic, De admir. ui in
Dem., 26.
e 7 tots TW : to'tê xoctpw Fjl238 a 2 aùrr^ F : auTT) TW || 4 tex-
firjptaTF : Te TexfXTjpta
Wi|6 touto TW : tocutoc F
||b 3
l'ap.6v yapsecl. Wilamowitz
j|C 1 àvaTpocpr) Stob. pro Tpoor) ||
2 xaXy]... xaxwv
codd. : xaXrj (jlèv àyaôwy, exrj xaXrj 8è xaxûv Stob. xalr\ (xèv àyaÔ7j
àya6wv, [xt] xaXrj ôè xaxôiv Dionysius || d 1 Stallbaum pro w.
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238 d MÉNEXÈNE 90
plaît ;mais c'est en réalité le gouvernement de l'élite avec
l'approbation de la foule. Des rois, nous en avons toujours1
:
tantôt ils ont tenu ce titre de leur naissance, et tantôt de
l'élection ; mais le pouvoir dans la cité appartient pour la
plus grande part à la foule; charges et autorité sont données
par elle à ceux qui chaque fois ont paru être les meilleurs.
Ni l'infirmité, ni la pauvreté, ni l'obscurité de la naissance
ne sont pour personne une cause d'exclusion, non plus queles avantages contraires un titre d'honneur, comme c'est le
cas dans d'autre villes. Il n'est qu'une règle : l'homme
réputé capableou honnête a l'autorité et les
charges ;
et la
e cause de ce régime politique est chez nous l'égalité de nais-
sance. Les autres cités sont constituées par des populationsde toute provenance, et formées d'éléments inégaux, d'où
résulte chez elles l'inégalité des gouvernements, tyrannies et
oligarchies ;les gens y vivent, un petit nombre en regardant
le reste comme des esclaves, la plupart en tenant les autres
239a pour des maîtres. Nous et les nôtres, tous frères nés d'une
même mère, nous ne nous croyons pas les esclaves ni les
maîtres les uns des autres, mais l'égalité d'origine, établie
par la nature, nous oblige à rechercher l'égalité politique
établie par la loi, et à ne céder le pas les uns aux autres qu'aunom d'un seul droit, la réputation de vertu et de sagesse.
« Voilà pourquoi les pères de ces morts,Exploits d'Athènes.
^sont aussi |es
nôtres,et ces morts
La puissance ' , ..,
noxco eux-mêmes, nourris dans une entièreJJcl Se.
liberté et doués d'une bonne naissance,
ont fait briller aux yeux de tous les hommes, en particulier
comme en public, tant de nobles actions, se croyant tenus
b de combattre, dans l'intérêt de la liberté, contre les Grecs
pour la défense des Grecs et contre les Barbares pour la
défense delà Grèce entière. Eumolpe, les Amazones, d'autres
encore avant eux, avaient envahi le territoire : comment ils
se défendirent, et comment ils défendirent les Argiens contre
Thèbes et les Héraclides contre Argos, le temps me manque
pour le raconter dignement, et d'ailleurs les poètes ont déjà
chanté magnifiquement en vers et signalé leur valeur à tout
1. Le titre de roi était porté par un des archontes, dont les fonc-
tions étaient surtout religieuses. Mais(SacriXi);
se rapporte peut-être
ici à l'ensemble des archontes.
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90 MENEEENOS 238 d
àX^BEta ^et' EÛSo^laç nXi^ouq; àpiaTOKpaTia. BacriXf^c; \xkv
yàp àclfj^ûv staiv oStol Se toté \xkv ek yÉvouc;, totè Se
atpETot- lyKpaTÈc; 5è Tfjç tt6Xecoç Ta TioXXà t6 TtXf]8oç, xàç
Se àp^àç 8t8coai «xl KpàToçToîç <xeI 86^aatv àplaToiç eÎvoci,
ical ovïte àaSEVEta oÔtettevIoc oAt* àyvcùata naTÉpcov àTTEXfj-
XaTai ouSeIç ouSe toîç èvavTloiç TETt(ir|Tai, ûSorcEp ev aXXaiç
ttôXeolv, àXXà eÎç 8poç, ô 86£,aç ao<f>6c; f) àya96ç EÎvat icpa-
tel ical ap)(£i. Alxla Se ^îv Tfjç ttoXiteIoic; TaÛTrjÇ f\ !£, O
taou yÉVEatç. At \ikv yàp aXXai tu6Xei<; ek TtavToSaTTûàv
KaTEaKEuaa^.£vauàv8p(A)7TCov Etal Kal àvco^àXcov, waie aÙTÛv
àv&^iaXoi Kal al TtoXiTEÎai, TupavviSEÇ te «xl ôXiyapxiar
oIkoOctiv ouv evloi ^èv SouXouç, ol 8è 8eoti6t<xc; àXXrjXouç
votu£ovT£Ç" ^elç 8è Kal ol f^ÉTEpoi, piSç ^r|Tpè<; TtàvTEç 239a
àSEXcpol (Jjûvteç, oôk à^ioO^EV SoOXol oôSè SEonÔTai aXXl*]-
Xov EÎvai, àXX'f\ laoyovla TJH&ç A KaTa $àaiv taovofciiav
àvay«x££i ^tjteîv Kaxàv<Sjjlov,
Kal ^.tjSevI aXXcp ûtteIkelv
aXXi^Xoiç f) àpExfjç 8ô£r| Kal c^pov^aEûaç.
"C^ev8f]
Iv Ttàarj IXsuSEpla TESpay^Évoi ol tcdvSé te
TtaTÉpEÇ Kal fj^ÉTEpoi Kal auTol outoi, Kal koXôç (J)uvtec;,
TioXXà8f)
Kal KaXà Ipya <xTT£<{>f|vavTo elç Ttdvxaç àvSpamouç
Kal tSia Kal Srj^ioala, ol6^evol Selv frnèp Tfjç èXEuSEpiaç Kal b
°EXXr)cav ÛTtèp 'EXX/jvcov ^tà^EaSai Kal (iap6apoiç ÔTtèp
àTtàvTCùv t&ve
EXXf)vov. Eù^6Xttou \xèv o8v Kal 'A^a^6va>v
ETTiaTpaTEUaàvTCÛV ETTL TT]V xobpav KalTÔV etl npoTÉpov cbç
^ûvavxo, Kal ôbç fjjjiuvav 'ApyEioiç Ttpèç KaS^iEiouç Kal
'HpaKXEiSaiç Ttpèç 'Apyslouç, o te ^povoç (5pa)(ùç àÇloç
8Lrjy/)aaa8aL, Ttour)Tai te aÔTÔvfj8r) KaXcoç Tfjv àpET^v ev
jiouCTiKfj û^vfjaavTEÇ sic TtavTaç ^E^lrjvtiKaaiv èàv 08v
d 5 xpa-coç TW : tô xpàxo; F ||e 1 r^ly TW :
r,p.ïvectt F
||2 y^ve-
atç TF : YÉvvr,-W ||5 iXX^Xouç etiam T sed àXXrj in ras.
||239 a 2 où 8c
TW : ojÔ' au F y 3 taoYovia tf : îaoYwvîa TF iaoy W (extrema pars
pagin. abscissa) |ja 6 rwvSe xe F : twvSs TW
|| 7 o\ ante 7){x£xepot F
Ilb 5 apnpUatt WF :
-yetoiT
||6 Ppa^ùç TW : Ppa^ùç c5<jts F
|| 7 r^yj
xaXûç TWf :r\ oixaitoç F tjBttj txavâîç Venet. 189.
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239 c MÉNEXÈNE 91
c le monde;si donc nous entreprenions à notre tour de glorifier
en simple prose les mêmes sujets, peut-être paraîtrions-nous
n'occuper que le second rang. C'est pourquoi je me propose
de laisser de côté ces exploits, puisqu'aussi bien ils ont déjàleur récompense ;
mais ceux dont un poète n'a pas encore
tiré un renom digne d'un si digne sujet, et qui offrent une
matière encore vierge1
,voilà ceux que je crois devoir rappe-
ler, en en faisant l'éloge et en leur servant d'entremetteur
auprès d'autres, pour qu'ils les mettent dans des chants et les
autres genres de poèmes avec l'éclat convenable aux hommes
quiles ont
accomplis. Des exploits dont je parlevoici les
àpremiers. Les Perses, maîtres de l'Asie et en train d'asservir
l'Europe, furent arrêtés par les fils de cette terre, par nos
pères, qu'il est juste et nécessaire de mentionner d'abord
pour louer leur valeur. Il faut la voir, si l'on veut en faire
dignement l'éloge, en se transportant par la parole au tempsoù l'Asie entière était pour la troisième fois asservie à un
roi. Le premier, Cyrus, après avoir affranchi les Perses, avait
dans sa superbe asservi à la fois ses propres concitoyens et
G leurs maîtres, les Mèdes, et mis sous son autorité le reste de
l'Asie jusqu'à l'Egypte2
;son fils avait mis sous la sienne
l'Egypte et la Libye aussi loin qu'il pouvait les envahir 3;le
troisième, Darius, étendit sur terre jusqu'aux Scythes les
bornes de son empire4
;ses vaisseaux le rendaient maître de
240 a la mer et des îles, si bien que nul n'osait lui tenir tête. Et
les volontés de tout le genre humain se trouvaient réduites
en servitude, tant l'empire perse avait courbé sous l'escla-
vage de peuples grands et belliqueux !
Or Darius nous accusa, nous et les Ëré-
triens, de machinations contre Sardes.
Sous ce prétexte, il envoya cinq cent mille hommes sur des
transports et des navires de guerre, et trois cents vaisseaux
1. Elvat Èv jxvrja-£ta se dit d'une femme qu'on recherche en ma-
riage, donc qui est libre, et, par analogie, d'un sujet qui n'a pas
encore été traité. L'image est prolongée par 7:pO(Jt.va$fiEVOv.
2. Voir Hérodote, I, 127, 9 : Cyrus délivre les Perses et asservit
es Mèdes ; I, 75-83, 162-200 : conquêtes de Cyrus en Asie.
3. Hérodote, III, i-i3 : conquête de la Libye par Gambyse.
4. Hérodote, III, i44; i5i-i5g; IV.
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9i MENEEEN02 239 c
fjfclEÎÇ £TU)(EipCO^EV Ta aÔTa X6yo \\)l\5> KOCTfclEÎV, T<St)('av c
SEÙTEpot <j>aivol(j£8a. TcxOtccfcièv
ouv Sià TaOTa SokeÎ^iot
tav, ETiEiSf] Kal e.\zi t^v à£lav Sv Se oÔte TtoiT]Tr)ÇTto
86£av à£lav en' à£ioiç XaB&v e^ei eti té eqtiv evfcivr|-
axEta, toùtov Trépi fcioiSokeÎ )(pfjvai èmiivria8f|vai ETtai-
voOvtoc te Kal Ttpo^vcb^EVov aXXoiç èç ^>8aç te Kal Tf)v
&XXr)v TrolTjau; aÔTa BEÎvai *rrp£TT6vTCoç tcûv npa^àvTcov.
"Ecjtlv Se toùtoùv qv Xéycù TtpcoTa- riÉpaaç fjyouyÉvouç Tfjç d
'Aoiaç Kal SouXou^évouç if\v Eup<£mT}v Ia)(ov ol TfjaSE Tfjç
X&paç EKyovot, yovfjç Se fjyiÉTEpoi, Sv Kal SUaiov Kalyj>ï\
•npÔTov ^E^vr^iÉvouç ETtaivÉaai aÔTÔv ii\v àpsTl^v. AelBf\
aÔT^v ISelv, eI ^iéXXei tiç KaXoç ETraiVELV, ev ekeIvo t$
XP<5v(p yEvô^Evov X<5ycp,Ste naaa
fcièv f\'Aata ISoùXeue
TptTO f\Br\ fraaiXEÎ, uv ôfcièv TtpoToç KOpoç èXEuBEpwaaç
népaaç toùç aÛToO TtoXiTaç t$ a^ToO <{>pov^maTi a^ia Kal
to£ç 8Ean6Taç Mn.Souç èSouXcbaaTo Kal Tfjç aXXrjçs
Aataç e
^É)(pl. Aîy^TTTOU T^p^EV, ô 8è û8ç AtyÙTlTOU te Kal AiBtirjç
8cTOV otév T*fjv ETILÔaLVELV, TpLTOÇ 8È AapEÎOÇ TtE^fj fclèv
H£XP L ZkuBcov t^jv apxfjv ôptaaTo, vaual 8è tÎ]ç te BaXaT-
Trjç EKpaTEL Kal tgùv v^acov, ôSaTE nrjSè à^toOv àvT'maXov 240a
auTcp ^ir|8Éva EÎvai- al Se yvcofiaL SESouXco^Évai àTràvTov
àvBpQTtcov f^aav oÎStcû TtoXXà Kal jaEyàXa Kal ^ià)(L^a yÉvrj
KaTaSESouXco^iÉvrj r\v îfj \lepoG>\f àpx1!-
AlTLaaàjiEvoç Se AapEÎoç r)fciaçte Kal 'EpETpuxç, Zàp-
Seqiv ETnBouXEOaai Ttpocf)aaL^6^EVoç, Tté^ijjaç jiupiàSaç fcièv
TtEVTl£
)KovTa ev te TtXoloiç Kal vaualv, vaOç 8è TpiaKoalaç,
Testim.:
239 C 3 oiv 8è — 4 £"X.£t Dion. Halic, De admir. ui in
Dem., 26.
C 2(xot
âav WF : iavjjloc
T (sed lineolis transpos.) ||3 div 8s ...
l\ àÇtav om. F (add. f in marg.) j|^ {xvTjaxeta TW : àtxvTjaxta F ||
d l\ xpû-zov TW : xat 7rpwTov Fj|6 Xdyco TW : èv Xdyw F
||e 2 utôç
codd.d e 3 otov om. F (suprascr. F uel f ) |j rjv om. F (suprascr. f)
IlèntSaiveLV TF : -6rjvat W || 4 aiptaxo primit. F ||
240 a 3 twv àvOpoS-ttwv F H 5 ts TW : U F
II ip&xpiiaç codd. hic et 8||
6 wpoçaaiÇd-
[xsvoç secl. Gobet.
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240 a MÉNEXÈNE 92
sous le commandement de Datis 1,avec l'ordre de ramener
b les Érétriens et les Athéniens, s'il voulait garder sa propre tête.
Datis, ayant fait voile vers Érétrie contre des hommes qui
étaient alors en Grèce parmi les plus réputés dans l'art de la
guerre, et se trouvaient en nombre, les soumit en trois jours,
et fouilla tout leur pays, pour n'en laisser échapper aucun,
de la manière suivante : arrivés aux frontières d'Érétrie, ses
soldats firent la chaîne d'une mer à l'autre en se tenant parla main, et traversèrent ainsi tout le territoire pour pouvoir
c dire au Grand Roi que nul ne leur avait échappé2
. C'est dans
ce mêmedessein
que d'Érétrieil
débarquèrentàMarathon,
croyant bien facile de ramener aussi les Athéniens, après les
avoir ployés sous le même joug que les gens d'Erétrie. De ces
entreprises l'une était déjà exécutée et l'autre en voie de
s'accomplir sans qu'aucun des Grecs 3 fût venu au secours
d'Érétrie ni d'Athènes 4,à l'exception des Lacédémoniens
(encore ceux-ci arrivèrent-ils le lendemain de la bataille3
) ;
tous les autres, frappés de crainte, se tenaient cois, heureux
d de leur sécurité présente. Qu'on se transporte à ce moment-là : on pourra connaître ce qu'étaient les vaillants qui reçu-
rent à Marathon le choc des forces barbares, châtièrent leur
insolence et dressèrent, les premiers, un trophée sur les Bar-
bares : ils ouvrirent la voie aux autres, en leur enseignant quela puissance perse n'était pas invincible et qu'il n'est nombre
ni richesse qui ne le cède à la valeur. Pour moi, je le déclare,
c ces hommes-là furent les pères, non seulement de nos per-
sonnes, mais de notre liberté et de celle de tous les habitants
qui peuplent ce continent. Car c'est les yeux fixés sur cette
i. Dans l'été de A91, une flotte quitta Samos avec un corps de
débarquement ;elle était sous les ordres d'Artapherne, neveu de
Darius, et de l'amiral mède Datis. Les Perses se dirigèrent vers
Naxos et pillèrent la ville, que ses habitants avaient abandonnée;
toutes les Cyclades furent soumises. En Eubée l'ennemi, avant d'at-
taquer Erétrie, fit le siège de Garystos.
2. Voir la Notice, p. 65.
3. Hérodote, VI, 100. Sur la prière des Érétriens, Athènes leur
envoya quatre mille hommes. Mais ceux-ci, devant l'incertitude et le
danger de la situation, se retirèrent à Oropos.
4. Inexact. Un renfort de mille Platéens soutenait les Athéniens à
Marathon. Voir la Notice, p. 64.
5. La fête des Carneia les avait empêchés de partir à temps
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92 MENESENOS 240 a
A&xiv 8è &pxovtoc, eÎtiev fJKEiv ayovTa 'EpETpifiç Kal
'AB^valouç, et ftoùXoito Tfjv EauToOK£<|>aXf)v I)(£iv ô Se b
TrXEuaaç ecç 'EpÉTpiav in' avSpaç ot a&v t6tee
EXXf)va>v
Iv toÎç eàSoKL^cûTaTOL îjaav Ta TTpôç t6v ttôXe^ov Kal oôk
ôXlyoi, toùtouç E)(£ipcùaaTo ^ev ev Tptalv ^Épaiç, 8ir|pEU-
vfjaaTO 8è aôxcov Ttfiaav Tfjv )(Cùpav, ïva ^tjSeIc; àTrocpuyoi,
toioutcû TpéTtco* ênl Ta 8pia eX86vteç Tfjç 'EpETpuc^ç ot
crrpaTicoTai auxoO, ek 8aXaTTT}<; eiç SàXaxTav SiaaxàvTEç,
auvàipavTEç xàç ^Etpaç 8if)X8ov omaaav xfjv )(6pav, tv'
E^OLEV TCÛ (iaatXEÎ ElTtEÎV bxi OuSeIç CTC{>Sç àTTOTTE(|)EUYûl)ÇC
eUt]. Tfj 8'au-rfl
Siavola KaTTjyàyovTo eE, 'EpETplaç eIç
MapaSôva, coç etol^ôv ocpioiv 8v Kal 'ASrjvatouç IvTft
auxfj xatJTT] àvàyKr| £Eu£avxaç 'EpETpiEOaiv ayEiv. Toùtcov
8È T6ÙV U.EV Ttpa)(6£VTCÛV, TCOV S' £TTL)(EipOUJiÉVCÛV OuV
'EpETpiEOatv IBol^GrjaEv 'EXXrjvcov ouSeIç o^te 'ASrjvaloLc;
TtXf)v AaKESai^iovlcov — oCxoi 8è tt] uaTEpala tî^ç ^à^rjc;
à<J>lKOVTO ot 8' aXXot TTaVTEÇ EKTTETlXT]YJJlÉVOl, àyaTTCùVTEÇ
xf|v ev tco napovTL acoTriptav, ^a\)x^av *1Y0V - '^-v tout*? 8f|d
av tlç yevo^evoç yvotï] oÎol apa ETÙyxavov ovteç Tf)v àpe-*
Tf]v ot MapaScovi Se^oc^evoi ttjv tcûv ftap6àpav Sûva^uv Kal
KoXaaà(i£voL tt^v ÛTi£pr|c|>aviav Kal Tipéûxoi aTi^cravTEÇ Tp6-
Tiaia xcov f5ap6àpcûv, rjyE^ovEÇ Kal SiSàaKaXoi xoîç aXXoiç
y£v6u.Evoi oti oôk a^axoç Etrj i*j ïlEpacov Sùva^uc;, àXXà tt&v
•nXfjBoç Kal ttSc; tïXoOtoç àpETfl ûtte'ikei. 'Eycb ^ièv oSv
ekeIvouç toùç avSpaç cf>rj^Llou ^6vov tôv aco^iàxcùv tôv •
^u.ETÉpcùv TTaxÉpaç sîvai, àXXà Kal tÎ]ç IXEuGEptaç Tfjç te
fj^ETÉpaÇ Kal ^U^TtàVTCOV TQV EV Tf]8E Tfj ^TTElpCO" Etç
ekelvo yàp t6 Ipyov àTro6XÉipavT£c; Kal Tàç ûaxépaç ^axac;
Testim. : 240 d 6 àXXà — 7 fcffett Stob., Ed., III, 1, 82;
cf. Aristid., Or. 45 (uol. II, n3 Dind.).
b 3 6Ù8oxi[xt6Taxot Hirschig : eùSoxiuito-càToiç TW : fiàXccrca eùSoxt-
[xwxâ-cotç Fy c 3 'AG^vcn'oiç W ||
8 àyaTrwvTeç xaî F||d 4 <>Mi ^î
àcn'aç post u^eprjçaviav add. F.
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240 e MÉNEXÈNE 93
grande œuvre que, les batailles livrées plus tard, les Grecs
osèrent les risquer pour leur salut, à l'école des hommes de
Marathon.
Le premier prix, c'est donc à ceux-là quer mision
notre discours doit l'attribuer;
le se-«., et oalamme.
1 . . . ...
241a cond, aux vainqueurs des batailles
navales de Salamine et d'Artémision. De ces hommes on
aurait bien des exploits à conter, et les assauts qu'ils sou-
tinrent sur terre et sur mer, et la défense qu'ils y oppo-sèrent
;mais ce qui, chez eux aussi, me paraît être le plus
beau titre de gloire, je le rappellerai en disant qu'ils ont para-chevé l'œuvre de Marathon. Ceux de Marathon s'étaient
bornés à faire voir aux Grecs que sur terre il était possibleb avec une poignée d'hommes de repousser une foule de Bar-
bares;
mais avec des navires, on ne savait encore;
les
Perses passaient pour être invincibles sur mer par le nombre,la richesse, la science et la vigueur. Voici donc ce qu'il
faut louer dans les hommes qui combattirent alors sur mer:
c'est d'avoir dissipé cette seconde crainte des Grecs, et mis
fin à l'effroi que leur inspirait la multitude des vaisseaux et
des hommes. Il en résulte donc que les uns et les autres,
c soldats de Marathon et marins de Salamine, firent l'édu-
cation des autres Grecs : sur terre et sur mer, ils leur
apprirent et les habituèrent à ne pas redouter les Barbares.
« Le troisième, pour le nombre et la
valeur ,des exploits qui assurèrent le
salut de la Grèce fut, je le déclare, celui de Platées, communcette fois aux Lacédémoniens et aux Athéniens. Le péril le
plus grand et le plus redoutable, à eux tous ils le
repoussèrent, et c'est cette vaillance qui aujourd'hui leur vaut
nos éloges comme elle leur vaudra dans l'avenir ceux de la
d postérité. Mais ensuite, bien des cités grecques restaient
encore aux côtés du Barbare, et l'on annonçait que le
Grand Roi lui-même méditait une nouvelle entreprise contre
i. À Platées, la disproportion du nombre était moins marquée
qu'à Marathon et Salamine entre les Grecs et les Barbares; par
suite, le mérite des Grecs fut moins grand. Suivant Hérodote, IX,
3o, 3a, il y avait à Platées cent dix mille Grecs contre l'armée
ennemie, forte de trois cent cinquante mille hommes.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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93 MENE3EN0S 240 e
ETé-X^rjcav SuxkivSuveùeiv ot "EXXrjVEÇ ÛTtèp Tfjç acoT^plac;,
jiaSrjxal tcov Mapa8covi yEvé^EVoi.
Ta (ièv ouv àpiOTEÎa Tcp X6yco ekeIvoiç àvaSsTÉov, Ta 8è
SEUTEpEta tolç TTEpl EaXa^ûva Kal kn 'ApTEfcualco vau^ia- 241 a
Caecal <al viKfjaaat. Kal yàp toùtcov tcov àvSpcov TtoXXà
jièvav tlç £X0L 8ieX8eîv, Kal ota èmôvTa ÔTtéjjiELvav Kaxà
te yf^v Ka^ KaTà 8aXaTTav, Kal côç f^ùvavTo TaOTa* S 8é
\ioiSokeî Kal ekeivcov KàXXicrrov EÎvat, toutou ^vrja8l
£
|-
ao^ai, 8ti to eE^ç Ipyov tolç Mapa8covi 8iETTpà£avTo. Ot
\xiv yàp Mapa8covi tocjoOtov ^6vov ETtÉ8Ei£av Toîç"EXXrjatv
8ti KaTà yfjv oî6v te à^njvEaSai toùç (iapôdpouç oXlyoïç b
ttoXXouç, vaual 8è etlf^v aSrçXov Kal 86E,av eî^ov riÉpaai
ajia)(ot sîvai KaTà 8àXaTTav Kal tiX^Sei Kal ttXo\3tco Kal
TÉ)(VT] Kalj5cî>^fl-
toOto8f) a£,iov ETTaivEÎv tcov àvSpcov TÔV
tote vau^ia^aàvTcov, 8ti t8v e^6jievov <J>66ov SiÉXuaav
tcov 'EXXfjvcov Kal ÈTtauaav cpoôoujiÉvouc; TrXf}8oç vecov
te Kal àvSpcov. 'Ytt3
à^cf)OTÉpcov 8f] E,u^6aLvEi, TCOV te
MapaSôvL ^a^Eaa^Évcov Kal tcov ev ZaXajjLtvt vau^a^rj- c
advTcov, TtaiSEuSf^vai toùç aXXouç "EXXrjvaç, ûtiS jièv tôv
KaTà yf]v, îmS Se tcov KaTà SàXaTTav fcia86vTac; Kal e8ut-
8ÉvTaç ^f) <|>o6EÎcr8ai toùç (iapôàpouç.
TptTov 8è Xsyco to ev nXaTataîç Ipyov Kal àpiSfcicp Kal
àpETp yEvéaSaiT^ç 'EXXrjVLKÎjc; a(ùir\pi<xq, koivSvfjSr|
toOto
AaKESai^ovlcov te Kal 'A8rjvatcov. T8 jièv ouv ^ÉyiaTov Kal
XaXsTtcoTaTov oStol TtàvTEÇ fjfciuvav,Kal 8ià TaÙTrjv Tf)v
àpETT^V vOv TEUCJ)' f)U.COV £yKCÙU.là£oVTai Kal ELÇ TOV ETIElTa
Xpôvov xJTio tcov (îaTEpov fciETà 8è toOto TtoXXal yèv tt6Xelç d
tôve
EXXf)vcov etl fjcrav LiETà toO frapBàpou, auTÔç 8è
f^yyÉXXETo fiaaiXEÙç SiavoEÎarSai. côç E7iL)(£Lp/jacov TtàXiv Inl
241 a 2 xat viX7[aaai secl. Gobet||
/.ai yàp TW : xau yàp oo5è Fj|
4 ye W pro xe||xaxà OaXaTxav TF : 6aXaxTav W
||b I à[xuvea0at T :
-vaaGa-. WF[j
2 vaucrî 8è — Tzipsai om. F (in marg. add. f ) ||C 3 yîjv
TW : Trjv yrjv F ||c 8 7]tjLuvav TW :
7)|j.JvavT0 F rfvuaav Gottleber||
d 3 TjyysXAsTO WF :
rjyyéXc-coT
TjyaXXe-co suprascr. f|| ^aaiXeùç TW :
ô paaiXebç F.
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241 d MÉNEXÈiNE94
la Grèce. Nous avons donc le devoir de rappeler aussi ceux
qui complétèrent les exploits de leurs prédécesseurs, et ache-
vèrent l'œuvre de salut en purgeant et en débarrassant la
mer de toute la
gentbarbare. C'étaient les combattants sur
e mer de l'Eurymédon1
,les soldats qui firent campagne contre
Cypre2
,ceux qui cinglèrent vers l'Egypte et vers bien d'autres
contrées. Il faut rappeler leur souvenir, et leur savoir gréd'avoir obligé le Grand Roi, pris de peur, à se préoccuper de
son propre salut, au lieu de machiner la ruine de la
Grèce.
« C'est ainsi
quenotre cité tout entière
contniTGrèce.vint à bout de cette Suerre '
soute™e242 a contre les Barbares pour son propre
salut et pour celui des autres peuples de même langue.Mais la paix une fois faite, alors que notre cité était dans sa
gloire, elle essuya le sort que les hommes se plaisent à infli-
ger au succès : d'abord la rivalité; puis, à la suite de la
rivalité, l'envie;et c'est ainsi que notre cité fut malgré elle
mise en guerre avec la Grèce. Là-dessus, les hostilités ayant
éclaté, ils en vinrent aux mains à Tanagra3 avec les Lacédé-
b moniens, en combattant pour la liberté des Béotiens. La
lutte resta incertaine, mais l'acte suivant fut décisif;
l'ennemi se retira et partit, abandonnant ceux qu'il secou-
rait;
les nôtres, vainqueurs au bout de trois jours à Œno-
phytes, ramenèrent d'exil, conformément à la justice, les
bannis injustement chassés. Ceux-là furent les premiers,
après les guerres médiques, à défendre contre des Grecs la
liberté grecque ;ils se conduisirent en hommes de cœur, et
c après avoir affranchi ceux qu'ils secouraient, ils furent, les
premiers, déposés dans ce monument avec les honneurs
publics.
« Plus tard, la guerre étant devenue
j nx?uerr6x générale, quand tous les Grecs mar-du Péloponnèse. &.
,
' \ ,.
cherent contre notre pays et le rava-
gèrent, payant indignement à notre cité leur dette de
i. En 470 (ou 466). Les Athéniens et leurs alliés s'emparèrent de la
flotte ennemie et anéantirent une escadre de secours (Thuc, I, 100).
2. En 4^9» les Athéniens et leurs alliés battirent devant Salamine
(de Chypre) une escadre phénicienne et cilicienne (Thuc. , I, 112).
3. En juillet 457. Voir la Notice, p. 63, et note 2.
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94 MENEÏENOS 241 d
toùç "EXXrçvaç. AUatovôf|
Kai toùtcùv ^Sç àTri^vT)a8fjvat,
ot toîç tôv TtpoxÉpcov Ipyoïç téXoç Tfjç aa>Tr|plaç ETiéGEaav
àvaKaBrjpà^Evoi Kal è^sXàaavTEÇ tt&v t6 3àp6apov ek xf^ç
SaXaTTrjç. *Haav Se oCtol ot te en' Eôpu^ÉSovu vau^a)(/j-
aavTEç <al ot eÎç Kvmpov arpaTEÛoavTEç Kal ot eÎç Aïyu- e
TtTov TtX£v>aavTEÇ Kal aXXoaE TtoXXa^6aE, ov xpf) ^E^ivfjaSai
Kal X*pw auToîç EtSÉvai, 8ti ftaaiXÉa ETiolrçaav SEiaavxa
TfjéauxoO acûTT^pla x6v voOv Tipoa£X£«.v, àXXà
^if) xfjxôv
'EXXt'jvcûv ettl6ouXe\jelv c|>8op&.
Kal outoç fcièv 8f] Tràor) xfj tt6Xei SitjvtX/jStjô tt6Xejio<;
ÔTièp lauTCùv te Kal tôv aXXcovô^io(|>(*)vcùv Tip&ç toùç Bap- 242
ôàpouç- £tpf|VT]ç Se yEvoii£vr|Ç Kal xfjç tt6Xecûç ti^cù^évtiç
t]X8ev ETt'aÔTrjv, o 8f) <|>iXeîek tqv àv9pcaTTCov toîç eC TipaT-
xouai TipoonlTiTELv , TtpÛTov ^èv £f^Xoç, ànô frfjXou Se
(pSovoç' S Kal Trjv§E xfjv iréXtv ctKOuaav ev ttoXé^o toîç
"EXXïjai KaTÉaTrjaEV. Meta 8è toOto yEVo^iÉvou ttoXe^ou
cruvÉôaXov ^lèv ev Tavàypa TUTtèp Tfjç Bouotg&v èXEuSEplaç
AaKESai^ovloiç ^a^iiEVoi, à^c{Hcx6T]TT]al^ou 8è Tfjç t^X^Ç b
yEvofciEvrjç, SiÉKpivE t& uaTEpov Ipyov ot pèv yàp $x0VT0
àmovTEÇ, KaTaXmovTEÇ [Boicùtoùç] oîç è6of)8ouv, oi 8S
rjjAETEpOl Tp'lTfl ^épa EV OlVO<j>UTOlÇ viKrjaavTEÇ TOÙÇ
àSiKCùç <j>£t3yovTaç SiKaloç KaT^yayov. Ovtoi 8f) TTpôxoi
jiExà t6v riEpaiKov ttoXe^ov, "EXXtjqlv fj8r) ûnèp t^ç eXeu-
TEplaç (iorjBoOvTEÇ Ttpèç "EXX^vaç, ctvSpEç àyaSol y£v6-
^ievol Kal èXEuSEpobaavTEc; oîç â6of)8ouv, ev tôSe tô ^v/j- c
\KXtl Tltir|8ÉVT£Ç ÛTlè Tf)Ç TToXeGÏÇ TTp&TOl £TÉ8T]aav.
MExà 8è xaOxa TtoXXoO ttoXé^ou yEVOjiÉvou, Kal TtàvTCùv
tcove
EXX/)vcov ETtLaTpaTEuaàvTOV Kal te^ôvtcov Tfjv x<*>P<*v
Kal àvaE,lav \àpiv ektiv6vtg>vif\ tïoXei, viK/)CTavTEÇ aÔTOùç
Testim. : 242 a aecprjvrjç
Se— 5 ç0o'voç Stob., Ed., III, 38, kg-
d 6 àvaxaÔTjoàaEvot T ||e 6 r:âa7) codd. : jcS( uelîiaç x&ari Stallbaum
||242 a 7 auvéSaXov ixèv T : <juve6aXo[X£v F auv^6aXXov (xèv Wf ||
b 2
yào TF : om. W|j3 xaxaX'.7cdvTe; WF : -Xet'rovtsç T(ec suprascr. W)
jj potwToùç secl. Bekker.
V. ,. 9
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242 c MÉNEXÊNE o5
reconnaissance, les nôtres les vainquirent en un combat
naval et capturèrent leurs chefs, les Lacédémoniens, à Sphac-térie. Ils pouvaient les mettre à mort : ils les épargnèrent,
d les rendirent et firent la paix, estimant que contre des frèresde race la guerre doit s'arrêter à la victoire, et ne pas sacri-
fier au ressentiment particulier d'une cité l'intérêt de la
communauté grecque, tandis que contre les Barbares elle
doit être poursuivie jusqu'à leur destruction. Ils sont donc
dignes d'éloge, les hommes qui reposent ici après avoir sou-
tenu cette guerre: à qui pouvait prétendre que, dans la
guerre précédentecontre les
Barbares,d'autres étaient
supé-rieurs aux Athéniens, ils firent voir la fausseté de cette
e contestation. Ils montrèrent alors, en triomphant par les
armes de la Grèce soulevée contre eux, en s'emparant des
chefs du reste de la Grèce, que ceux avec qui ils avaient jadis
vaincu les Barbares par leurs forces communes, ils savaient
les vaincre par leurs propres forces.
Une troisième guerre éclata après cette
CXP J
d^Sicïe P**** guerre imprévue et terrible, où
périrent bien des braves qui reposentici
; beaucoup d'entre eux tombèrent dans les parages de la
Sicile, après avoir élevé une foule de trophées, pour défendre
243 a la liberté des Léontins qu'ils étaient allés secourir, fidèles
aux serments prêtés, en cinglant vers ces contrées lointaines;
mais comme, paralysée par la longueur de la traversée, la
cité ne pouvait leur venir en aide, ils durent pour cette rai-
son renoncer à la lutte et connaître les revers. Mais leurs
adversaires, même après les avoir combattus, ont plus d'éloges
pour leur modération et leur valeur que pour les autres
leurs propres amis. Beaucoup moururent aussi dans les
batailles navales de l'Hellespont *, après avoir, en un seul
b jour2
, capturé tous les vaisseaux ennemis, et triomphé debeaucoup d'autres. Mais
j'ai rappelé le caractère terrible et
imprévu de cette guerre : je veux dire que les autres Grecs en
vinrent à un tel degré de jalousie contre la cité qu'il osèrent
négocier avec leur pire ennemi, le Grand Roi;celui qu'ils
i . Victoires athéniennes de Cynossèma et d*Abydos, à la fin de lx 1 1;
de Gyzique, en 4io.
a. A Gyzique.
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95 MENESENOS 242 c
vaujia^ta ol fj^iEXEpoi Kal Xa66vxEÇ aûxûv xoùç fjyEfciévac;
AaKE8aiu.oviouc; ev xfj Z<|>ayla, âfj&v aôxoîç8ux<|>8EÎpai. e<|>eI-
aavTO Kai à*nÉ8oaav ical
Elpf)VT)V ETroufjoavxo, f)youu.£void
Ttpfcç ^ièv x6 ôji6<|>uXov fciÉ)(pi vIktjç Selv ttoXe^eîv, Kal\ii\
hi ôpyf)v tSiav ttôXeqç xo koivov xSve
EXXf)va>v SioXXuvai
npbç 8è xoùç (Sapôàpouç ^É^pt 8iacJ)8opa<;. Touxouç 8f)
a£,iov ETtaivÉaat xoùç avSpaç, ot xoOxov xov tioXe^lov
noXE^aavxEÇ èv8à8£ KEÎvxai, ôxi ETtÉSEi^av, eï xiç Spa
fî^Eaô^TELtoÇ EV XÛ TipOTÉpCÙ TIoXÉ^CÛ X$ TCpOÇ XOUÇ
ftapôàpouç aXXoi xivèç eTev àu.Etvouç 'ASrjvalov, 8xi oôk
àXï]8f] à^i<|)ia6T|T0ΣV oSxoi yàp IvxaOSa eSei^oiv, axaaux- e
CTàcnrjc; xf^çe
EXXà8oç TtEpiyEvé^Evot x$ TtoXÉ^iw, xoùç
TipOEOXOùXaÇ XCDV SXXoOV 'EXXfjVOV )(EtpG>oà(JlEVOl, ^le8
9
Sv
x6xe xoùç ftapôapouç evIkqv Koivf], xoùxouç vikôvxeç tSla.
Tplxoç 8è tt6Xeu.oç fcisxà xaùxrjv xfjv Etpfjvrçv àvÉXm-
ax6ç te Kal 8eiv6ç lyÉVETO, ev Ç noXXol Kal àyaSol xeXeu-
xf|aavxEÇ ev8<x8e KEÎvxai, noXXolfcièv àu.<|>l
EiKEXtav tcXeî-
o*ca xpÔTtaia axfjaavxEÇ ÙTtèp xf^ç AeovxIvqv èXEuBEplaç, 243 a
oîç |5orj8oOvx£ç Bià xoùç SpKouç ETtXEuaav eIç ekeLvouç
xoùç x6tiouç, 8ià 8è (ifJKoç toO tiXoO eîç ànoplav xfjç
tt6Xecùç Kaxaaxàarjç Kal ou Suva^ÉVTjç aùxoîç ûtitjpe-
xelv, xoûxcp àTi£m6vxEÇ èSuaxux^aav Sv ot è^8pol Kal
TxpoonoXEu.f)aavxEc; tiXelo ETiaivov I^ouat aco(J>poaùvr)ç Kal
àpExfjç f)x«v aXXov ol
<J>lXot*TtoXXol 8
s
ev xaîç vau^ay^laiç
xaîç Ka8'e
EXXfjanovxov, u.i6t ^ièv i^u.Épa Ttàaaç xàç xûv
ttoXe^Ioùv eXovxeç vaOç, TtoXXàç Se Kal aXXaç vtK^aavxEç* b
8 8S
eÎtiov 8eiv6v Kal àvEXmaxov xoO ttoXe^ou ycvÉa8at,
x68e XÉyo x6 eIç xoaoOxov <f>iXovudaç 1X8 s ivTrpfcç xfjv
Ti6Xtv xoùç SXXouç "EXXrjvaç <SaxE xoXpfjaai xép evJHoxq
C 7 Aaxe8aikuovfou; secl. Gobet
|Jd 6 èjcfôetÇav TW : è^eSet'ÇavTO F
|| 7 ^{xÇcOotjtsi T :Ttfj.fi-
WF||243 a 3 xô pîxoç F ||
4 8uva|jiév7]<; aÙTOtç
W : ouvafjivoiç aÙT^ç T 8uva{iév7jç aùrr^q F ||5 TOtixto TW : touto F
|j
6TîooarcoXepjaavTe;
TW :
r.ço-
Fj|
7
8'
èv TW : 81 F||8
jAta
TW :
xac {liaF (sed punctis del. f) }|
b 3 «ptXovetxia; codd.
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243 b MÉNEXÈNE 96
avaient chassé en commun avec nous, par une démarche
séparée ils le ramenèrent, lui Barbare, contre des Grecs 1
,et
coalisèrent contre la cité tous les Grecs et les Barbares. C'est
c alors qu'on vit briller l'énergie et la valeur de la cité. Pen-dant qu'ils la croyaient entièrement défaite, et que sa flotte
restait bloquée à Mytilène, les nôtres, avec un renfort de
soixante vaisseaux où ils s'embarquèrent eux-mêmes, mon-
trèrent, de l'aveu de tous, une vaillance accomplie ;ils vain-
quirent leurs ennemis 2, délivrèrent leurs amis
; mais, vic-
times d'un sort immérité, leurs corps ne purent être recueillis
en mer pour reposer ici. Ils ont droit à un souvenir et und éloge éternels : c'est par leur valeur que nous gagnâmes non
seulement cette bataille navale, mais le reste de la guerre.Grâce à eux, notre cité acquit cette réputation qu'elle
ne saurait jamais être défaite, même par l'univers entier:
réputation méritée, car ce sont nos propres divisions, non les
armes d'autrui, qui triomphèrent de nous. Invaincus, nous
le restonsaujourd'hui
encore devant ces ennemis : c'est
nous-mêmes qui avons remporté sur nous la victoire; c'est
par nous-mêmes que nous avons été vaincus.
e . ., Quand ensuite le calme eut été rétabli,La guerre civile. \ , t .. * ,
et la paix faite avec les autres, la
guerre civile fut conduite chez nous de telle sorte que, si le
destin condamnait l'humanité aux dissensions, nul ne sou-
haiterait voir sa propre cité subir autrement cette épreuve.Du côté du Pirée comme de la ville, quel empressementfraternel mirent nos concitoyens à se mêler entre eux, et
contre toute attente, avec les autres Grecs 3; quelle modéra-
tion à terminer la guerre contre ceux d'Eleusis ! Et tout
244 a cela n'eut d'autre cause que la parenté réelle, qui pro-
duit, non point en paroles mais en fait, une amitié solide,
1. En/112, les Lacédémoniens et leurs alliés conclurent avec le
Grand Roi un traité qui fut renouvelé en 4i2/4u, puis une troi-
sième fois dans le même hiver (Thucydide, "VIII, 18; 36-37 ; 07-59).
a. Aux Àrginuses (juillet 4o6).
3. On interprète souvent : contre l'attente des autres Grecs;mais
~xz èX-iôa peut-il se construire ainsi avec le datif? Mieux vaut
faire dépendre xat ... toiç aXXot; "EXXrçat de auvéjxs'.Çav: allusion au
revirementqui
se
produisitalors
parmiles anciens ennemis d'Athènes
;
Mégare et Thèbes accueillirent les citoyens proscrits par les Trente.
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96 MENEZENOS 243 b
ETUKr)puK£Uaaa8ai (SaaiÀEÎ, ov koivt] êEjÉÔaXov u.e8'fjfciSv,
tSla toOtov nàXiv ETtayEaSai, fiàp6apov è<p* "EXXrjvaç, Kal
ÉjuvaSpoîaat ettI xrjv TtoXtv Tiàvxac; "EXXrjvàç te «xl (iap-
ôàpouç. Ou S^ Kal EKcJxxvfiç lyÉvETo f\ Tfjç tiôXecûç P&\lt\ te C
Kal àpETr|. OIou.evcùv yàp ïjSr) aÔTfjv KaTaTtETtoXE^f]a6at Kal
àTiEiXrniu.Évcav êv MuTiXfjvr) tcov veûûv, (iorjBrjaavxEç â£f|-
Kovxa vauatv, aôxol eu.6<xvteç eIç t<xç vaOç, Kal avSpEÇ
yEvo^tEvoL ôu.oXoyou^Évco<; apujxoi, viKrjaavTEÇ jjlèv toùç
TtoXEfcitouç, Xuaà^LEvoL 8è toùç <J>iXlouç, àvafjlou tu^tjç
t\>x6vteç, ouk àvatpESÉVTEÇ Iv xfjç SaXaTTTjç KEÎVTat
evGocSe. *Ovxpi*)
&eI ^EU.vfJCT8al te Kal ETtaivEÎvxfj \xkv
yàp ekeIvcov àpETfj èviKfjaa^Ev oô (i6vov t?)v t6te vaupa- d
^lav, àXXà Kal xèv &XXov ttôXejiov S6E,av yàp Si' aÛToùç
f\ tï6Xlc; eo^ev \xf\ttot' av KaTaTToX£fcir|8f]vai jinS' ûtt&
TiàvTOv àv8pama>v — Kal àXT]8f} I8o£ev — TflSe f)u.£-
TÉpa aùxûv Sia<f>op8l EKpaTrjSrçfciEv, oty utt6 tqv aXXcov
àf|TTr|Toi yàp eti Kal vOv ÛTt<5 yE ekeIvqv equ.év, ^eÎç; Se
aùxol T^aç aÔTOùc; Kal lviKi£
|crau.EV Kal fJTTnfjS^^EV.
Meta Se TaOxa fjcTu^taç yEvofciÉvrjç Kal EÎp^vriç Ttpoç e
toùç aXXouç, ô oIkeloç f)u.îv tt6Xeu.o<; oStqç etioXe^St]
ôaxE, eïttep Etu.apfciÉvov EÏr| àvSpamoiç cTaaiàaai, \xt\av
aXXcoç EÔ'ÉjaaSai ^TjSÉva tcôXiv sauToO voafjaai. "Ek te yàp
toO riELpaLÛç Kal toO aoTEOç obç àcru-Éveoç Kal oIkeIoûç
àXX^Xoiç auvÉ^iEL^av ol noXiTai Kal nap' èXTilSa toîç aXXoiç
"EXXi^ai, t<Sv te TtpSç toùç 'EXeuoîvi tt6Xe^ov oç jiETplcoç
18evto* Kal toùtcûv àTcàvTov oôSèv aXX' aÏTiovf) fj
tS 6vtl 244 a
£uyyÉvEia, quXiav (iÉBaiov Kal ô^6<puXov ou Xoyo àXX' Ipy©
Testim. : 243 C 5 vtxïJaavTSÇ—
7 Tuyov-sç Dion. Halic, De admir.
ui in Dem., 26.
b 5 Sv codd. : xal ov uel ôv ô*s Teufiel|[C 2 7}0Y, aùxrjv TW : aÙTTjv
^8t! FD 3 pttofcfoi W H d 4 te TW : om. F
|| 7 ^^07)^ TWfIXu-TÎ- F D e 1 rcpôç xoùç àXXouç om. F(suprascr. f) ||
3 u.T]8èv primit.F pro [xt]
av||5 îietpatâîs F : -swç TW
||àaTewç F : -eoç TWf ||
6 auve-
pu|av codd. jl 244 a 1 rj f4 recc. :f, F tj TW || 2 pé6atov TW
: (3e6atav F.
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244 a MÉNEXÈNE 97
fondée sur la communauté de race. Il faut encore se sou-
venir de ceux qui dans cette guerre moururent victimes les
uns des autres, et les réconcilier comme nous le pouvons,
par des prières et des sacrifices, dans les cérémonies de cegenre, en invoquant leurs maîtres ^puisque nous aussi nous
nous sommes réconciliés. Car ce n'est point la méchanceté ni
la haine qui leur fit porter la main les uns sur les autres,
b mais le malheur des temps. Nous-mêmes, nous en sommes
témoins, nous les vivants : de même race qu'eux, nous nous
pardonnons mutuellement ce que nous avons fait et ce quenous avons souffert.
« Quand ensuite la paix se fut entière-Nouvelles ment rétablie chez nous, notre cité se tint
d'Athènes tranquille. Si elle pardonnait aux Bar-
bares de lui avoir pleinement rendu le
mal qu'elle leur avait fait amplement, elle s'indignait contre
les Grecs au souvenir de la reconnaissance dont ils avaient payé
c tant de bons offices, de concert avec les Barbares, en lui enlevantla flotte2 qui jadis les avait sauvés, et en abattant les murailles
que nous avions sacrifiées 3
pour empêcher la chute des leurs.
Résolue à ne plus défendre les Grecs de la servitude, ni
contre eux-mêmes ni contre les Barbares, c'est dans ces dis-
positions qu'elle vivait. Devant cet état d'esprit, les Lacédé-
moniens nous crurent abattus, nous, les soutiens de la
liberté, et, s'attribuant désormaisle
rôle de réduireles
d autres en esclavage, ils agirent en conséquence.
« A quoi bon m'étendre davantage? Ils
et Le Grand-Roi ne concernent pas un lointain passé ni
d'autres hommes que nous, les événe-
ments qui suivirent et dont je pourrais parler. Nous-mêmes,nous savons quel saisissement d'effroi fit recourir à notre
cité les premiers des Grecs, Argiens, Béotiens et Corinthiens.
Fait merveilleux entre tous : le Grand Roi lui-même en vint
à ce point de détresse que, par un revirement de la situation,
il ne trouva son salut nulle part ailleurs qu'en cette ville
e dont il poursuivait l'anéantissement avec tant d'ardeur. Et
1. Les dieux infernaux.
2. Elle fut livrée à Lysandre et brûlée, sauf douxe vaisseaux.
3. En se réfugiant sur les vaisseaux, avant Salamine.
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97 MENEEENOS 244 a
Ttap£)(ou£vr|. Xpr) Se Kal tcûv èv toûtcû t& tïoXéuoù teXeu-
TrjaàvTGùv ôtt' àXXf^Xov uvEiav e^elv Kal SiaXXàTTEiv auaoùç
S 8uvàu£8a, Eu^aîç Kal Suataiç, èv xoîç toioiqSe, toîç
KpaToOcnv auxôv eôxouévouç, ETtEiSf) Kal ^ueÎç 8ur|XXàYUE8a.
Ou yàp KaKta àXXf^Xcùv f)i|;avTOoùS* I^Spa, àXXà SuaruxW-
MàpxupEç 8è t^ueiç auTot Ictuev toutov oi £qvteç- ot b
auTol yàp Svteç ekeIvoiç yévEi <juyyv<î>ur|V àXXf|Xoic; I^o^iev
QV x' ETTOirjCTaUEV WV x' ETta8oUEV.
Met» Se toOto TiavTEXcàç Etp^vrjç f]uîv yEvouévr|<;, rjau-
^tav ^ysv t) nôXiç, toîç uèv (iapôapou; auyyiyv&aKouaa,
Stl Tia86vT£Ç utt' auxfjç KaKcoç tKavôç oùk evSeqç f\^-
vavTO, tolç Se "EXXrjcrtv àyavaKToOaa, uEuvrjuÉvr) &ç eu
Tta86vT£ç ûtt' auTf}ç olav X^P LV omÉSoaav, Koivco<jàu.Evoi C
toîç 3ap6àpoiç, xàç te vaOç TtEptEX6^£voiat ttot' ekeIvouç
laoaav, Kal teI^t] Ka8£X<SvTEÇ àvS3
ov rjuEÎç xàKEtvcûv
EKQXùaauEv TtEaEÎv Siavoouuévr) 8è r) tt6Xic; u.f) av eti
àuÛvai uf)T£ "EXXrjai Ttp&ç àXXf^Xcùv 8ouXouu.evolç u.f)TE ûttô
3ap6àpoûv, ootcdç $kei.eHuov ouv ev ToiaÛTrj Siavola
Svxcov fjyr|cràu.EVoi AaKESatuôvioi toùç uev xfjç IXEudEptaç
ImKoupouç TtETtTOKÉvat fjuâç, a<|>ÉT£pov SefjSrj Ipyov EÎvat
KaTaSouXo0a8ai toùç aXXouç, TaGV Eirpaxtov. d
Kal urjKÙVEiv uèv il Seî ; oô yàp TtàXai ouS' ett' aXXov
àv8pa>7Tov y£yov<5Ta XÉyoïu9
av là u.ETa TaOTa* aôxol yàp
Ïcjuev ôbç EKTTETrXrjyuEvoi àcpiKovTo eIç )(Pe^av T^^ ti6Xe©ç
TÔV TEC
EXXf)VCÙV OÎ TtpOùTOL, 'ApyELOL Kal BoiotoI Kal
Koplv8toL, Kal t6 y£ 8Ei6TaTov TtàvTCùv, t6 Kal fiacriXEa eÎç
toOto à*noptaç àcpucEaSai cScte Tt£pujTf)vai auTÔ u.r)8au6-
8ev aXXo8£v Tr)V acùTrjptav yEvéaSai àXX9
fj ek TaÙTrjç Tf]ç
tt6Xecoç, fjv TtpoSuucùç àTT<£>XXu. Kal8rj
Kal eï tlc; |}oûXoito e
a 5 a) TW : (i>ç F|| eù-^aiç te xat F
|| 7 xaxiav F||b 1 ot ante aùxot
om. T sed supra uers. add.|| 4 7:avTeXouç recc.
|]5 pap6dtpotç om. F
(in marg. add. f) ||6 txaxwç secl. Bekker
|| 7 oa' Gobet pro wç ||
C 8 èstxoupotç ut uidet. F|] ^aàç secl. Gobet
||d 2 0Ù8' èV (itXXojv
Dobree : oùSè xaXatâiv F oùhï tcoXXwv TWf||
4 èxTcenXTjyjxivoiTW :
Tzzizkr\yy.ivoi F.
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244 e MÉNEXÈNE 98
précisément, si l'on voulait élever contre notre cité un grief
légitime4,on ne pourrait avec raison lui faire qu'un reproche,
celui d'être en toute circonstance trop pitoyable et de se
mettre au service du faible. C'est ainsi qu'en ce temps-là,elle ne put tenir bon ni garder jusqu'au bout sa résolution
245 a de ne secourir contre l'asservissement aucun de ceux qui lui
avaient fait tort; elle se laissa fléchir et leur vint en aide. En
personne, elle secourut les Grecs, et les arracha à la servi-
tude, leur assurant une liberté qu'ils conservèrent jusqu'au
jour où ils recommencèrent à s'asservir eux-mêmes. Quantau Grand Roi, elle n'osa le défendre elle-même,
par respectpour les trophées de Marathon, de Salamine et de Platées
;
mais, en permettant seulement aux bannis et aux volontaires
d'aller à son secours, elle le sauva, de l'aveu unanime 2.
Après s'être construit des murs et une flotte, elle accepta la
b guerre, quand elle y fut contrainte, et combattit les Lacédé-
moniens pour la défense de Paros 3.
« Mais le Grand Roi eut peur de notre cité, quand il vit
les Lacédémoniens renoncer à la guerre maritime. Désireux
de faire défection, il réclamait les Grecs du continent '*
que lui
avait précédemment livrés Lacédémone 5,comme condition de
son alliance avec nous et les autres alliés, s'attendant à un
c refus qui servirait de prétexte à sa défection. Les autres alliés
le déçurent : Corinthiens, Argiens, Béotiens et le reste des
alliés consentirent à cet abandon;
ils convinrent et jurèrent»
s'il était prêt à leur donner de l'argent, de livrer les Grecs ducontinent
; seuls, nous n'osâmes ni les livrer ni prêter ser-
ment. Voilàcomme la générosité et l'indépendance de notre ville
1 . L'orateur paraît sentir la faiblesse de sa thèse;
il essaie de
justifier pourAthènes ce rapprochement avec la Perse dont il faisait
plus haut un grief à Sparte.
2. Sur l'exactitude historique de tout cet exposé, voir la Notice,
p. 62.
3.* La leçon des mss., IIap:a>v, a paru suspecte à nombre de cri-
tiques, et les corrections les plus diverses ont été proposées. Il semble
pourtant que le texte puisse être conservé. L'orateur paraît faire allu-
sion aux efforts de Conon (en 304/30,3) pour chasser des Cyclades les
harmostes lacédémoniens (Xénophon, Helléniques, IV, 8). C'est vers
cette époque que Pasinos s'empara de Paros (Isocrate, Éginét., 18).
4. D'Asie Mineure.
5. Par l'accord de £12 (Thucydide, VIII, 18).
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98 MENE3EN02 244 e
Tfi,<; ttôXeoç KaTriyopfjaai SiKauaç, toOts
av ^6vov Xéycov
èpBaq av KaTT|yopoî &Ç &EL ^av ^iXoiKTlp^ov eaxt Kal toO
fJTTovoç BEpaTitç. Kal8f]
Kal Iv tû t<5te xpàvcp ou)( ota te
EyÉvETo KapTEpf]aai oûSè Sux^uXa^ai S eSéSokto aôtfj, t6
u^Sev l SouXouu.évcù 3or)8EÎv xôv crcpaç àSLKrjaàvTcov, àXXà 245 a
EK<xu.<f>8r|Kal £6or)8r|CTEv, Kal toùç ^ièv "EXXrjvaç auTT)
(SoriSrjaaaa àTtEXuaaTo SouXeIccç. &a*t' IXEuSÉpouç EÎvai
jié)(pL oS TràXtv aôxol aÛToùç KaTESouX&aavTO, (SaaiXEi 8è
auTf) ^jlèvouk £T6Xu.r)a£v 3or)8n,aai, ata^uvo^ÉVT] Ta Tp6-
Ttaia xà te Mapa8ovL Kal ZaXa^îvL Kal nXaTaïaîç, (J>uyà-
Saç Se Kal eSeXovtou; èàaaaa ^6vov |iorj8f|aau ou.oXoyou-
u.Évcdç laoaEv. TEt^LGa^iÉvT] Se Kal vauTtr|Yr|aau.Évr|,ekSe-
£au.Évr) t6v tt6Xeu.ov, ETtEiSf) f}vayKàa8r| ttoXeu.eîv, ÛTtèp b
riapiOV ETtoXÉUEl AaKESaïu-ovloiç.
<J>o6t)8eIc; Se ISaaiXEÙç Tf)v tt<5Xiv, etielS^ écSpa AaKESai-
u.ovlouç t& KaTà 8àXaTTav ttoXé^o àTTayopEuovTaç, àno-
aTf^vat fiouXéfciEvoc; è^rjTEi toùç "EXXrjvaç toùç ev tt|
t^TtEtpc), oucnTEp xrpéTEpov AaKE8aiu.6vioi aÙTcp lÊjÉSoaav, eI
uéXXoi auu.u.a)(,
ni
aEiv rj^îv te Kal toîç aXXotç auu.u.àxoiç,
fjyoùpEvoç oùk iQzki)0£.iv ,Iv' aÙTcp -np6<paaiq Eirj xf\q àno-
aTàaECoç. Kal tcov u.èv SXXcùv au^^ià^ov êipEÙoSr]' f^8ÉXr|- c
aav yàp aux^ EKSuSévat Kal £uvé8evto Kal <5Su.oaav Koplv-
8iot Kal 'ApyEÎOL Kal BolûûtoI Kal ot aXXou auu.u.a)(oi, EÎ
fclÉXXoi Xpfj^aTa TtapÉ^ELV, EK8<*)aELV TOÙÇ EVTf] ^TTElpO
"EXXrjvaç* u.6voi Se t^eÎç ouk EToXu.fjaau.Ev oûte EKSoGvai
oûte ôu.6aai. OOtcoBf\
tol t6 yE tî]ç ttoXecoç yEvvaîov Kal
Testim. :
245 a 8 xe'.ytaaue'vT]
— b i îtoXetxov Dion. Halic, Deadmir. ui in Dem., 26.
6 5 tw F pro xôli245 a 1 açàç TW : acpà; aùxoùç F
||2 aùxr\ F :
aÛT7] TW II4 auxoù; W : aùxoùç F aùxoïç T ||
5 aùxrj F : auxT) TW |j
6 xe TW : x' èv F||
xat... xaî TW : xa- èv ... xai Iv F||
b 1 falp
Waptw codd. suspectum hune locum alii aliter correx.||
l\ t:ûv F
pro t$ i|5 èÇTjxet T : ÏUr WF || 7 fxéXXoi recc. : -et TWF
||
8 ^v F pro ?v' (sed corr. f) ||c 1 i«^tMi] TW : oùx è^eyaÔY] F
|j
2 IxB'.Sdvai TWf : èv- F II3 ol F : om. TW (fortasse aXÀot, cf. 287 b 4).
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245 c MÉNEXÈNE 99
sont solides et de bon aloi et s'unissent à la haine naturelle du
d Barbare, parce que nous sommes purement Grecs et sans
mélange de Barbares. On ne voit point de Pélops, de Cad-
mos, d'Égyptos, de Danaos ni tant d'autres, Barbares denature, Grecs par la loi, partager notre vie; nous sommes
Grecs authentiques, sans alliage de sang barbare, d'où la
haine sans mélange pour la gent étrangère qui est infuse à
notre cité. Mais, quoi qu'il en soit, nous retombâmes dans
e notre isolement, pour refuser de commettre un acte honteux
et sacrilège en livrant des Grecs à des Barbares. Revenus à la
même situation
qui
avait
auparavant
entraîné notre défaite,
nous pûmes, grâce aux dieux, terminer la guerre mieux
qu'alors : nous gardions notre flotte, nos murs et nos proprescolonies à l'issue des hostilités, tant les ennemis eux-mêmes
étaient heureux d'en avoir fini ! Pourtant nous perdîmesencore des braves dans cette guerre, victimes à Corinthe des
difficultés du terrain et de la trahison à Léchaeon *. C'étaient
246 a aussi des braves, ceux qui délivrèrent le Grand Roi et chas-
sèrent de la mer les Lacédémoniens : je les rappelle à votre
souvenir;à vous d'unir vos louanges aux miennes et de glo-
rifier de tels héros.
« Voilà les exploits des hommes quionseï s
reposent ici, et des autres qui sont tom-aux vivants. r
»># • ,
bes pour la défense de notre cite. INom-
breux et glorieux sont ceux dont j'ai parlé ; plus nombreux
b encore et plus glorieux ceux qui restent encore : bien des
jours et des nuits ne suffiraient pas à en achever rémunéra-
tion. En souvenir d'eux, chacun doit faire passer à leurs des-
cendants, comme à la guerre, l'ordre de ne pas déserter le
poste des ancêtres 2et de ne pas battre en retraite en cédant à
la lâcheté. Pour ma part, ô fils de braves, je vous fais
1. Voir Xénophon, Helléniques, IV, 4, 7 sq. ;Diodore de Sicile,
XIV, 86. En 3g3, les partisans de Sparte furent massacrés à Corinthe,
ou expulsés de la ville par les Argiens. Tandis que les Athéniens et
les Béotiens venaient soutenir les Argiens, les bannis se réfugièrent
auprès du Lacédémonien Praxitas, campé à Sicyone, et l'introduisi-
rent pendant la nuit à Léchaeon, port de Corinthe. Le lendemain,
l'assaut des Béotiens, des Corinthiens, des Argiens, et des Athéniens
commandés par Iphicrate, fut victorieusement repoussé par Praxitas.
a. Renoncer au rôle traditionnel d'Athènes, qui a toujours sou-
tenu la liberté et défendu la Grèce contre les Barbares, est assimilé
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99 MENEEEN02 245 c
èXE\i8epov (5é6oci<5v te ical ôyiÉç èaTtv ical<J>ûctei ^iao6àp-
6apov, Sià t6 elXiKptvôç etvai "EXXtjveç ical à^uyEÎc; fiap- d
Bàpov. Oô yàp riéXoTTEç ouSè KàS^ioi oôSè AiyxmTol te ical
Aavaol oôSè &XX01 TtoXXol <|>ùa£i ^èv |5àp6apoi ovteç, vôjkû
8e "EXXtjveç, ctuvoikoOchv f^îv, àXXs
aôxol "EXXrjVEÇ, oô
^Ei£o6ap6apoi oIkoO^ev, 89ev icaSapàv t6 \LÏaoq EVTÉTrjKE
Tfltt6Xel Tfjç àXXoTptaç <j>tja£oc;. "O^ioç 5' oSv e^iov&Gtjhev
TiaXiv Sià t6^f]
eGéXelv ala^p6v ical àv<5aiov Ipyov èpyà- e
aaa8at "EXXrjvaç 3ap6àpoiç IkSovteç. 'EXSôvteç ouv eIç
TaÔTà è£ Sv ical to Ttp6xEpov icaTETToX£^if)8r)tiEV, aùv Beco
âpsivov fjt6te è8É^E8a t6v ttôXe^iov ical yàp vaOç ical
TC^XTÎ £XOVTe<> K<x^ T<^Ç TÎ^ETÉpac; aÔTÔv àTTOLKiaç otTîrjXXà-
yrj^Ev toO ttoXe^ou, oQtcùç àyaTtT]TSç àTtrjXXàTrovTO ical ol
•noÀÉfcuoi.. 'AvSpSv (iévtol àyaSéùv ical ev to\3tç> tû TtoXÉ^a>
£OTEpfj8rj^Ev, tôv te lv Kopiv8ç> xprjaa^Évcûv 8ua)(G)p(a Kal
ev AE^alo TTpoSoala* àyaSol Se ical ot (SaaiXÉa eXeu6epg>- 246 a
aavTEÇ Kal èic6aX6vTEÇ ek Tfjç SaXaTrrjç AaKESai^iovCouç'
£vèy<i> ^èv ûfciaç àva^nivfja<o, ô^aç Se TipETtEt ÉjuvETtai-
veîv te Kal Koa^iEÎv toioùtouç avSpaç.
Kal Ta \ikv 8f) Ipya TaOTa tSv àvSpov tôv evSocSe kel^ié-
vov Kal tôv aXXcov Saoi tinèp Tfjç tt6Xeg>ç TETsXEUTf)Kaai,
TCoXXà jièv Ta EÎpT]jiÉva Kal KaXà, ttoXù 8 s eti tiXeIo koI
koXXIcû Ta ÛTtoXELTté^Eva' noXXal yàp av fj^iÉpai Kal vûkteç b
oô)^ iKaval yÉvoivTO iQ xà TtàvTa ^ÉXXovTiTtEpalvEiv. To*3tqv
oSv xpf) ^e^vt]hevouç toîç toùtcov EKyévou; TiavTs
SvSpa
napaKsXEUEaSai, &çmzp ev ttoXé^cù, ^if)XeItcelv Tf)v Ta£iv
Tfjv tSv TTpoyévoûv ^r|8' eIç toôttIctcû àva)(cùp£/
iv EÏKovTaç
Testim. : 245 d 2 où yàp — 5 cuxou[iev Longin., De sublim., a3||
5 «f. Soph., EL, i3ii \ùgo<; xs yàp îraXcuôv èvxëxTjxê' {jloi.
d 1 sXXïjveç etiam F||
2 aiytaxiot F Jjt\ aùxoî ëXXir)v£ç codd. et Lon-
ginus : aÙToéXXT]ve; Gobet[|
e 2 iXXTjVaç F : -veç TWj|3 xauxa codd.
y 6 oGtcuç ... 7 r.oXépwi secl. Hermann]|Post ouxwç add. wax' Madvig
Il 7 7:oXejxot F pro -oXéfA'.ot ||246 a 1 Xe^afo) F : -)(«"? T -/etp W ||
a 2 Ix6aXdvxeç F :- SàXXovxeç TW||
b 4 warcep TWf': -xs P||b 5
fytovxaç xàxeT F pro eixovxaç xax7j.
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246 b MÉNEXÈNE ioo
aujourd'hui passer le mot d'ordre, et à l'avenir, partout où
je rencontrerai l'un de vous, je le lui remettrai en mémoire,
je vous exhorterai à l'ambition d'être aussi accomplis que
possible. Pour le moment, j'ai le devoir de dire ce que les
pères nous recommandaient de rapporter à ceux qu'ils lais-
saient, en cas de malheur 1
, quand ils allaient affronter le
danger. Je citerai ce que j'ai entendu de leur propre bouche,
et le genre de propos qu'ils aimeraient vous tenir aujourd'hui,s'ils en avaient le pouvoir, en me fondant sur ce qu'ils
disaient alors. Qu'on s'imagine donc ouïr de leur proprebouche le discours
que je rapporterai.Voici comme ils
par-laient :
« Enfants, que vos pères soient desExhortation
t Draves à elle seule la cérémonie pré-des morts . , ,., , S
à leurs fils.a sen*e en es* *a preuve; libres de vivre
« sans honneur, nous préférons mourir
« avec honneur avant de vous précipiter, vous et votre pos-«
térité,dans
l'opprobre,avant de déshonorer nos
pèreset
« toute la race de nos ancêtres, persuadés qu'il n'est pas de
« vie possible pour qui déshonore les siens, et qu'un tel être
« n'a point d'amis ni parmi les hommes ni parmi les dieux,
« ni sur terre ni sous terre après sa mort 2. Vous devez donc,
« en souvenir de nos paroles, quel que soit l'objet de votre
« effort, y travailler conformément à la vertu, certains que« sans elle
3 toute richesse et toute activité ne sont que honte
« et vice. Car l'argent ne donne point de lustre 4 à qui lepos-« sède en lâche : c'est pour autrui qu'un tel homme est riche,
« et non pour lui-même;beauté et vigueur physiques chez
au délit de XucoxctÇlou (abandon de poste commis par un soldat en
campagne), que les lois athéniennes frappaient d'atimie partielle. La
même image se retrouve dans l'Apologie, 28 d sq., appliquée par
Socrate au crimequ'il
eût commis en abandonnant la tâche
que
la
Divinité lui avait assignée.
1 . Littéralement : s'il leur arrivait quelque chose. Euphémisme connu .
2. TeXeuT^uavTi est une redondance, probablement amenée pourla symétrie avec ata^uvovxt ;
voir plus haut TtXtvxSv ... aî<r/JJvai.
3. Litt. : sans cela (privées de cela). Toutou se rapporte à oprt%,ou plutôt à àaxsîv iw:' àpexf)?, l'effort appuyé sur la vertu.
4- L'emploi de xàXXoç au sens figuré (considération) a paru suspect
ici à Trendelenburg (op. cit., p. 27, note), qui conjecture xXéo;.
Mais cette acception de xoXXo; n'est pas rare, notamment chez Platon.
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îoo MENEEENOS 246 b
KotKT]. 'Eycb uèv oSv Kal aôxoç, o naîSsç àvSpcov àya8©v,
vOv te TtapaK£X£Uou.ai Kal Iv tco XoiTtcp xpévcp, Ôtiou &V TCO
èvTUYxdvco ôucùv, Kal àvau.vf)aa> Kal SiaKEXEttaouai npoSu- C
UEÎaGai EÎvai coç àptarouç- ev 8è t$ nap6vTi 8i<ai6ç eIui
eltielv a ot TtotTÉpEÇ fjutv ETtÉaKTjTtTov àTTayyÉXXEiv TOÎÇ
Xeittouévoiç, eî ti TTàaxoLEV, f)vl<a kivSuveùeiv I^eXXov.
<Ppaaco Se ûu.îv & te aÔTQV fJKouaa IkeIvqv Kal ota vOv
rjSÉCOÇ CIV EITIOIEV UUÎV Xa66vTEÇ Suva^UV, T£KUmp<5^EV0Ç è£
cov t6te IXEyov. 'AXXà vou.I£eiv yy>i]auTÔv olkotjelv eke'i-
vcov fi av àTTaYyéXXa>- IXsyov 8è tcxSe*
*C1 TtaîSEç, ôtl uév eote Ttonrépcûv àyaSôv, auTfc ^r)vu£i d
to vOv TtapoV f)^iv 8è è£8v £f^v \xi\ koXûç, koXqç alpou^ESa
^SXXov teXeutSv, Ttplv u^iSc; te Kal toùç ETtEiTa eIç ôveiSt]
icaTaaT^aai Kal nplv tooç fj^iETÉpouç TtaTÉpaç Kal TtSv t6
7Tp<5a8£v yévoç ata)(0vai, f)yoùu£voi tco toùç aÛToO ala^u-
vovtl àôlcoTOv EÎvai, Kal tco toioutco oÔte Tivà àvBpcoTicov
oute 8ecov cptXov EÎvai oûV ETtl yf^ç oÔ8' uneyf^c; teXeut/j-
aavTi. Xpf) ouv u-Euvri^Évouç tcov fjUETÉpcov X<Sycov, ecxv ti
Kal aXXo àaKf]TE, àaKEÎv uet' àpETÎjç, EÎSÔTaç 8ti toutou e
XEiTt6u.Eva TtàvTa Kal KTrjuaTa Kal ETtLTT]8EU^aTa cdayjpà
Kal KaKà. Oûte yàp ttXoOtoç KaXXoç cpÉpsi tS> kektî] u.evo
uet' àvavSplaç — aXXcp yàp 8 toioOtoç ttXouteî Kal oô^
lauTcp— oûte acouaToç kcxXXoç Kal lax^ç SeiXô Kal KaKco
Testim. : 246 C 2 èv 8s — 247 C 3 i>noU&-cau Stob., Flor., IV,
10, 3iII
5 cppaato— 248 e 2 kna.f^iX'kui Dion. Halic, De admir. ui in
Dem., 3o d d 1rQ ^aîSeç — àyaGwv Demetr., De eloc, III, 3ig
(Spengel) || 2 aipoJusôa — 247 b8 euô*o£twv cf. Iambl., Adhort. adphilos., 266.
7 7:apa-/.eXeuo[Aai secl. Schanz||
C 2 àct F pro èv (sed corr. f) ||
3 f,u.Tv T Stob. : u- WF|| xoiç àet Xeizoïjis'voiç F Stob.
||4 x'.vôuveustv
TW : -aeiv F Stob.|| ||
d 5 atcr/uvovTi TW Stob.(1
in tt ex emend.
T) : -vavTt F Iamblichus|j 7 yrj; codd. et Stobaeus : y^v Iarablichus
||
e 2 ^avxa codd. et Stobaeus : ârcavcoc Iamblichus||
4 [xrj |xex'F
||
ivôpst'aç, ut uidet., W (sed extrema pars pag. abscissa) |]5 atoutatoç
x:ÀXo; codd. et Iamblichus : xaXXo; awfj.a-oç Dion. Stob.
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246 e MÉNEXÈNE 01
a un lâche et un méchant font l'effet, non d'une parure« convenable, mais d'une inconvenance
;elles mettent mieux
« en vue leur possesseur et font voir ainsi sa lâcheté ; enfin,
247 a « toute science, séparée de la justice et des autres vertus,« apparaît comme une rouerie, non comme un talent 1
. Ainsi
« donc, au début, à la fin, et toute votre vie, mettez toujours« tout votre effort à nous surpasser le plus possible en
« gloire, nous et nos ancêtres! Sinon 2,sachez-le : si nous
« l'emportons sur vous en vertu, cette victoire fait notre
« déshonneur, tandis que la défaite, si nous sommes vaincus,
«
nous apportele bonheur.
Or,le
meilleur moyen d'assurerb « notre défaite et votre victoire, c'est de vous préparer à ne
« pas mésuser du renom de vos ancêtres et à ne pas le dila-
tepider, convaincus que pour un homme qui s'attribue quel-
ce que valeur 3 rien n'est plus honteux que de se parer d'un
« honneur dû non à ses propres mérites, mais au renom de
« ses ancêtres. Les honneurs des parents sont pour les fils un<c beau et magnifique trésor*
;mais faire usage d'un trésor de
« richesses et d'honneurs, sans le transmettre à ses descen-
« dants, faute d'acquérir personnellement des biens et des
« titres de gloire, c'est une honte et une lâcheté. Si vous
c « faites cet effort, c'est en amis retrouvant des amis que vous
« viendrez nous rejoindre, quand vous conduira 5ici le destin
« attaché à votre condition 6;mais si vous vous êtes montrés
i.
Cicéron,De
ojfîc,I,
19:« Scientia,
quaeest remota a
justifia, calliditas potius quam sapientia est appellanda ».
2. Gobet, suivi par Schanz, s'est fondé sur la paraphrase de Jam-
blique pour supposer une lacune après e'. 8è(jlt{ (voir l'apparat cri-
tique). Mais il faut bien convenir que le texte, pris en soi, ne la fait
point soupçonner. Et 8èu.tj
est une formule toute faite, qui équivaut
ici à : et ôà arj G-epSaXsiaôe r)p.aç (si vous ne vous appliquez pas à nous
surpasser). Après quoi l'idée est reprise par avk
uiv ... àpe-cà), pouramener l'antithèse, avec une liberté dont on trouverait en grec bien
d'autres exemples.3. Litt. qui croit être quelque chose. Litote connue.
l\. Le sujet de la phrase est la proposition elvattiffc&Ç yov&ov,
comme s'il y avait tô elvac, etc., ôrjcraupôç étant attribut.
5. Ko[xtÇo> est le mot propre pour les convois funèbres.
6. L'expression f, TCpoarpcouaa [xoîpa n'est pas très claire. On peut
entendre : le destin convenable à vos mérites (cf. Platon, Phédon, n3 e,
où la même expression est employée pour le sort des criminels dans
l'autre monde), ou, en général, le sort réservé aux hommes, la mort.
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ioi MENESENOS 246 e
£,uvoikoOvt<x TrpÉTiovTa {JxxIvetou, àXX3
à*np£Ttf), Kal èmcjja-
véaTepov ttoieî t6v I^ovxa Kal EK<J>atv£i xfjv SEiXlav Ttôtaa
xe ETtLaT^T] )(Cùpi£oLi£vr| 8iKaioat3vr)ç Kal xf\q &XXr|ç àpExf^c; 247 a
•navoupyla, oô ao<f>la Cabrerai. *Ov EVEKa Kal TipÛTov Kal
ftcrraTov Kal 8ià rtavrôç Txâaav TTàvTCûÇ TtpoBu^lav Tt£Lpâa8E
I)(elv ottoùç u.àXiaTa liev ÛTTEp6aXEÎa8£ Kait^laôiç
Kal toùç
•npéoQsv EUKXEla* eI 8èufj,
lote â>ç fl^v, &v ^èv vikcouev
ûu.Sç àpETrj, f| vIktj aî(7)(\jvT]v c|)ÉpEL, f} SÈfjxTa, làv f^TTO)^E8a,
EuSaiLiovlav. MàXiaxa 8' àv viKa>LA£8a Kai ûlaeîç vtK&rjXE,
el TiapaaK£uaaaia8£ xf] xûùv Ttpoyovov 86£,rj Lifj Raxa^p^aé- b
lievolLArjS' àvaX&aovTEç aôxf]v, yv6vxEÇ 8xt àvSpl oIolaévo
tl EÎvai ouk eqtlv aïo^iov oôSèvfj napé^ELV iauxov xi(i<i>-
ljlevov\xt\
Bi éauxfcv, àXXà 8ià 86£av TtpoyôvQv. EÎvai Ljièv
yàp xiuàç yovÉQV ÊKyovoLc; kocXôç 8rjaaupoç Kai fciEyaXo-
Tip£7\i]Ç' xpf]a8aL Se Kal xprjLjtdxcov Kal tlliqv Srjaaupcp, Kal
(âf) xoîç EKy6voiç TuapaSiSôvat, ataxpèv Kal avavSpov,
ànopia tSlov auxoO KxrjU-àxov te Kal eu8o£i65v. Kal èàv
laèv xaOxaêmxrjSEÙarjXE, cf»lXoLTtapà c|>tXouç f\\Làç àc^l^EaSE, C
bxav ûliSç f[ npoafjKouaa Liotpa KOLuarj- àu.£Xr|aavxac; 8è ûu.6c<;
Testim. : 246 e 7 rcaaà T£ _ 247 a 2 çouvetai Stob., Ffor., II, 3i,
37 ; cf. Gic, De offic, I, 19, 63 || 247 a 2 <5v evsxa — 4 syjtv Dion.IJalic, Z)e admir. ui inDem., 26
Ijb 4 sq. cf. Pseudo-Plutarch., De
nob., 2;
cf. Galen., Protrept., VII, 7.
247 a 3 -jdTspov Stob. pro ustoctovj|5 et 8s
[xr[,Fars codd. et Dion.
Stob. : lacunam post txrj suspicatus, ex Iamblicho ita fere supplendamo-coç e'.ç ïaov Y.axao^oixf l'are yàp censuit Gobet
|| rj{xtvTW Stob. :
0- FII
làv F pro avJJ
6 r) vunj aîcryuvTjv çe'pecWF Dion. Stob. :
a?a^uvr)v cpépetT
(tj v'xt] antecpepei add. t) || 7 vixwaeôa TWF Dion.
Stob. : ^rccou.sôa in marg. T supra et 7:<xpa add. f|| v'.zojT)Te Wf et
ex emend. ï: -xare F Stob. -xôîvteç T||b 1 rcapaa/euàsacaôe Tf :
-aaaÔs W -aesôe F Stob.|| xaTayp7)aou.evoc ... àvaXtoaovTsç TW : xaxa-
yprjaafxevoi ... àvaXioaavxeç F Stob.||
3 oùôèv 7] JMtpfyttvWF Dion. :
r] rapeyav T (sed rjza ex où) Iamblichus : îcap^yscv Stobaei SMA
||
4 Kpoydvtuv TF Dion. Iambl. Stob. :
-tiptov W (sed suprascr. yov)
et in marg. yp. T ||5 xaXô; TF Dion. Iambl. Stob. : om. W
||
G yprjaÔat TF Dion. Iambl. : xaxay prj<70a'.W
||8 auTOuW
||C 2 f)U.aç
primit F.
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247 c MÉNEXÈNE 102
« négligents et vils, nul ne vous fera bon accueil. Que ce
« soit là notre exhortation à nos fils !
« Quant à nos pères, si nous les avonsConsolation . » * •* * , ,
„„„ ™„«„+„ « encore, et a nos mères, il faut lesaux parents.'
a encourager sans cesse à supporter de
« leur mieux le malheur, si d'aventure il vient à les attein-
« dre, au lieu de gémir avec eux;
car ils n'auront pasd « besoin qu'on excite leur douleur : à lui seul y suffira
« l'événement. Tâchons, au contraire, de guérir et d'adou-
« cir leur
peine,
en leur
rappelant queleurs
principaux
sou-
« haits ont été exaucés par les dieux. Ce n'est pas l'immorta-
« lité qu'ilssouhaitaient à leurs fils, mais la vertu et la
« gloire : or ils ont obtenu ces biens, les plus grands de tous;
« quant à tout voir, dans le cours de son existence, réussir
« à son gré, c'est chose malaisée pour un mortel. En suppor-« tant bravement leurs malheurs, ils passeront pour être vrai-
ce ment pères de braves, et pareils eux-mêmes à leurs fils;s'ils
C a se laissent abattre, on les soupçonnera de ne pas être nos
«pères, ou bien ce sont nos panégyristes qui sembleront
« mentir !. Ni l'un ni l'autre ne doit se produire ;
mais c'est à
« eux surtout d'être nos panégyristes par leur conduite, et
« de faire voir aux yeux de tous, en se montrant des hom-* mes, qu'ils ont vraiment donné le jour à des hommes.
a Le dicton Rien de trop2 a une vieille réputation de justesse :
« c'est qu'en eflet il est juste3
.
L'homme qui fait dépendre de« lui-même toutes les conditions capables de conduire au
248 a « bonheur ou dans son voisinage, sans les suspendre à d'autres
« dont les succès ou les revers condamneraient sa propre for-
« tune à flotter à l'aventure, celui-là s'est préparé la vie la
« meilleure; voilà l'homme sage,voilà l'homme brave et sensé;
«qu'il acquière richesses et enfants ou les voie disparaître, c'est
1. S'ils supportent convenablement leur infortune, ils prouveront
qu'ils sont vraiment les pères de braves. Sinon, l'on pourra penser
ou bien qu'ils ne sont pas nos pères (si nous sommes regardés commedes braves), ou bien que nous ne sommes pas des braves (s'ils sont
regardés comme nos pères). Le raisonnement a une allure sophistique.
2. Maxime attribuée à un des sept sages ;elle était inscrite sur les
murs du temple d'Apollon à Delphes, avec la maxime Connais-toi.
Voir Protagoras, 343 a b.
3. Sur l'ensemble du raisonnement, voir la Notice, p. 73, et note 3.
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io2 MENESEN02 247 c
Kal KaKiaSÉvxac; ouSslç eulievôç ÛTtoSÉÉJExai. Totç liev oSv
•natal xaOx' Elpf^aSoû.
riarÉpaç Se rJLiâv, oîç Etal, ical Ltrjxépac; AeI ^prj Ttapa-
uu8£ta8at gî>ç £8axa <j>ÉpEtv xfjv cruu<|>opàv, èàv apa £,uu6fi
yEvÉaSat, ical uf| £uvo8upEa8at— ou yàp t°û Xunfjaovxoç
Tïpoa8ef)aovxai- Uavr] yàp taxai icalf) yEvouÉvrj xù^T] xoOxo d
TCopl^ELV— àXX
s
toLtÉvouç <ai npauvovxaç àvaLiiuvr)aKEtv
auxoùç oxt Sv rj^ovxo xà uÉytaxa auxotç ot 8eoI ETtfjKooi
yEyévaatv. Ou yàp â8avàxou<;ac|>tatTTaî8ac;r)u'xovxo yEVÉaBat,
àXX3
àya8oùç Kal eukXeeÎç, qv exu^ov, tisytaxcùv àyaSôv
ovxcov Ttàvxa Se ou £<&Stov 8vnxcp àvSpl Kaxà voOv êv x2>
éauxoO(îlcp EKÔalvEiv. Kal <J>Épovx£<; lièv àvSpEtaç xàç
auucpopàc; Secouai xô ovxt àvSpEtcov TtalSov TtaxÉpEÇ EÎvat
<al auxol xotoOxot, ûtielkovxeç 5è uTtotylav napÉE,ouatv f) uf| q
f^uÉXEpot EÎvatf) f)ttâv xoùç ETtatvoOvxaç Kaxaip£u8£a8af
XP 1^ Se ouSÉxspa xouxcov, àXXs ekeCvouç ttàXtaxa fjuGv ETtat-
véxaç EÎvat Epya>, TtapÉ^ovxaç aûxoùç <|>atvoLtÉvouç x£> ovxl
TtaxÉpaç ovxaç avSpaç àvSpSv.
riàXat yàp Si1
]x6 urjSèv ayav XsyoLiEvov KaXoç Sokeî
XÉy£a8at* xô yàp 6vxt eS XéyExat. "Ox© yàp àvSpl sic
éaux&v àvrjpxrjxat nàvxa xà TtpSç EuSatttovlav tpépovxa f}
èyyùç xoùxou, Kal tif) ev aXXotç àvSp&Tiotc; atopEtxat l£ ov 248 a
f)eu"
f^ KaKcàç Ttpac^àvxcov TcXavâa8at fjvàyKaaxat Kal xà
ekelvou, xoûxcp aptaxa TtapEaKEuaaxat £f]v, oCx6ç êaxtv ô
a&cppov Kal oSxoç ô àvSpEÎoç Kal <J>p6vmoç- oSxoç ytyvo-
ljlevcov xpr|uàx©v Kal TtalScov Kal SiacpSstpoLiÉvcùV ttàXtaxa
Testim.:
247 d 7 çspovreç — 8 clvai Dion. Halic, De admir. uiin Dem., 26
||e 6 naXat — 248 b l\ rcapdvTc cf. Iambl., Adhort. ad
philos., 268 y 248 a sq. cf. Gic, Tusc, V, 12.
C 3 &£trcu Stob. pro urcoSsÇsTac |jc 5 eut F Dion. Stob. : si TW
||
6 wçF Dion. Stob. : toç ^prj TW ||d 1 è<m F pro laxat
||2 ^opiÇeiv
F Dion. : -^eaÔat TW j|3
eù'x.ovxoW Dion. : -xat TF
||e 1 r
;om. F
Il 4 cw-coùs F y 5 ovxa; TWf : om. F||248 a 1 toutou TWf lambli-
chus : -tojv FII alcupeïTat TW (fj super eî W) Iambl. et suprascr. f :
6sto- F y àÇ tl>v om. F suprascr. f|j
2 fjvayxaa0ai F (corr. f).
V. 1. — 10
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248 a MÉNEXÈNE io3
a lui qui obéira pleinement au proverbe : il ne montrera ni
«joie ni douleur excessives, parce qu'il ne se fie qu'à lui-
b « même *. Voilà comme nous prétendons, comme nous vou-
« Ions trouver aussi les nôtres, et comme ils sont, nous le« déclarons
;voilà comme nous nous montrons nous-mêmes
« aujourd'hui, sans révolte ni crainte excessives s'il nous faut
« mourir maintenant. Nous demandons donc à nos pères et
« à nos mères de passer dans ces mêmes dispositions le reste
« de leur vie, et de savoir que ce ne sont pas leurs plaintes ni
« leurs gémissements qui nous seront le plus agréables, mais
c «
que,s'il reste aux morts
quelquesentiment des vivants 2
,
« ils trouveraient le plus sûr moyen de nous déplaire en se
« maltraitant eux-mêmes et en se laissant accabler par leurs
« malheurs, tandis qu'ils ne sauraient mieux nous complaire« qu'en les supportant d'un cœur léger et avec mesure. Car
« notre vie va avoir la plus belle fin qui soit pour des humains,« de sorte qu'il convient de la glorifier plutôt que d'en gémir ;
« et quant à nos femmes et à nos enfants, s'ils prennent« soin d'eux, les nourrissent et tournent de ce côté-là leur
« pensée, ils auront le meilleur moyen d'oublier leur infor-
« tune et de mener une vie plus belle, plus droite et plus
d « conforme à nos désirs.
« Voilà le message qu'il suffit d'adresser de notre part à
« nos proches ; quant à la cité, nous l'inviterions à prendre« soin de nos pères et de nos fils, en élevant décemment les
« uns, et en nourrissant dignement la vieillesse des autres,« si nous ne savions que, même sans cette invitation, elle y« veillera comme il faut. »
« Tel est, fils et parents des morts, le
Exhortationsmessage dont ils nous ont chargé et que
et consolations .°
. i i_ 1•
de l'orateur. Je vous raPPorte avec tout le bon vouloir
dont je suis capable. A mon tour, jedemande en leur nom, aux fils d'imiter leurs pères, aux
i. De cette doctrine, stoïcienne avant la lettre, rapprocher RépubL,
389 de: « Celui qui a l'âme bien faite se suffit pleinement à lui-
même pour bien vivre...; il ne s'effraie nullement de perdre un
fils ou un frère, ou des richesses, ou tout autre objet de ce genre...
Bien loin de se lamenter, il supporte avec la plus grande égalité
d'âme un coup semblable. »
a. Sur cette idée, voir Lois, 927 a.
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io3 MENESENOS 248 a
•neLaETaixfj Ttapoiuta* oute yàp %*Lpcùv oÛte Xuttouuevoç
ayav cf>avf)a£Tai Sià xè aÛT& TtETtoiSÉvai. Toioutouç Se
fi,u£Îç y£ &£,io0^ev KalTooç rjuETÉpouç EÎvai Kal fiouX6uE8a b
Kal cf>auÉv, kou fjuâç aÔTOùç vOv TrapÉ^ojiEv toioutouç, oôk
àyavaKToOvTaç ouSè <J>o6oujiévouç ayav eI Seî teXeutSv ev
tco TtocpévTi. AsduESaSf)
ical TraxÉpcDv Kal jirjTÉpov rfj aÔTf]
tco3tt] Siavota xpouévouç t6v ettiXoittov (îtov SiàyEiv, Kal
EiSÉvat 8tl oô 8prjvo0vxEÇ ouSè SXoc|>up6u.£voi ^p&c; f\\fiv
uaXiaTa ^aptoOvxaL, àXX' eï xiç sari toÎç TETEXEUTrjKÔaiv
aïa8r|aLc; tcov £g>vtcûv, outcùç à^àptaTOL eÎev av uàXiara, c
éauToùç te kcxkoOvtec; <al (JapÉcoç cjjspovTEÇ Taç au^icpopàc;'
koùc|>coç Se Kal UETplcoç uàXicn:' av xapC^otvTO. Ta p.èv yàp
^(lÉTEpa teXeut^v fjSrj e£,ei fJTtEp KaXXCaTrj yiyvETai àv8p<*>-
tiolç, cocjte TtpÉTiEi. auTa u&XXov kooueîvf) SprjvEiv* yuvai-
kcov Se tcov rjuETÉpcov Kal TtaCScov EmusXoûuEvoi Kal TpÉ-
(Jjovtec; Kal IvTaOSa tov voOv TpÉrrovTEç Tr]ç te tu^çuàXiaT
s
av eÎev evXf)8rj
Kal £cdev koXXiov Kal ôp86T£pov
Kal ^îv Tcpoac|>LXÉaTEpov. d
TaOTa8f)
tKavà toÎç fj^ETÉpoiç Ttap3
fjucov àyyéXXELV
Trj Se tiôXei TiapEKEXEUôuEB' &v otîcùç tJuâv Kal TtaTÉpcov Kal
uécov ETtnisXr|aovTaL, toùç uèv TiaiSEiJovTEc; kocjuIcoç, toùç
Se yrjpoTpocfïoOvTEc; à^Cccç* vOv Se ïouev (Sti Kal làv yf)
n,UEÎÇ TtapaKEXEUCO^EBa, iKavôç ETUUEX/jaETai.
TaOTa oQv, S TtaîSEÇ Kal yovf]c; tcov TEXEUTr)aàvTcov,
ekeîvoL te ETtÉaKT)TtTOV fju.îv àTtayyÉXXEiv, Kal iycb coç Suva- e
Testim. : 248 d 4 foùç jièv— 5 à£(io; Dion. Halic, De admir.
ui in Dem., 26.
a 7 aùxcot W y KeicoiOevat TF Iambl. : îkttovô- WJ|b 1 ye TW :
om. F (suprascr. f) Iambl.|)
slvat post àÇtoufxsv add. F||
elvat post
yjjjLexepou;om. F (suprascr. f) ||
6 ôpïjvouvceç TF : Oappouvxeç primit.
W sed corr.||C 1 à^apicrcot ys av F (eTev suprascr. f) || 4 fjÇet F pro
eÇeii|d 3 TzapexsXeudjxtQ' av Laurent. VII, 85 : 7tapaxeXeudjAe8' av F
7îapaxsXeuo:;A60'
av TWf 7;apaxeXeudjj.e0a Dion.j|4 iTCifAsX^Gumai W
H ^aiosuovxaç F|]5 làv primit. om. F. sed suprascr. ||
e 1 &pv WFpro t)[aïv.
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248 e MÉNEXÈNE io4
autres de se rassurer sur eux-mêmes, certains que les parti-
culiers s'uniront à l'État pour prendre soin de votre vieillesse,
et que notre sollicitude se manifestera partout où chacun de
nous rencontrera quelque parent des morts. Quant à la cité,
vous-mêmes vous connaissez sans doute sa sollicitude : aprèsavoir établi des lois pour les enfants l
et les parents des morts
tombés à la guerre, elle veille sur eux, et, plus que les autres
249 a citoyens, elle a chargé la magistrature la plus haute f de pro-
téger contre l'injustice les pères et les mères de ces morts; pour
les enfants, elle-même contribue à leur éducation;désireuse
de leur dissimuler autantque possible
leur condition d'or-
phelins, elle-même prend auprès d'eux le rôle du père quandils sont encore enfants, et, lorsqu'ils deviennent des hommes
faits, elle les envoie en possession de leurs biens, après les
avoir parés d'une armure complète; elle leur montre et leur
rappelle la conduite de leur père, en leur donnant les instru-
ments de la vaillance paternelle, et leur permet en mêmeb temps, à titre d'heureux présage, d'aller pour la première fois
au foyer paternel pour y exercer l'autorité jointe à la force,
avec les armes dont ils sont revêtus 3. Aux morts eux-mêmes
elle ne cesse jamais de rendre hommage: chaque année, c'est
elle qui organise pour tous en public les cérémonies qu'il est
d'usage de célébrer pour chacun en particulier ;elle y ajoute
des jeux gymniques et hippiques, des concours musicaux de
toute nature. Bref, à l'égard des morts, elle prend le rôle de
C l'héritier et du fils ; envers les fils, celui du père ; envers les
parents, celui du tuteur, sans cesser, dans tout le cours du
temps, de prodiguer à tous toutes les formes de sollicitude.
Ces pensées doivent vous faire supporter votre malheur avec
plus de calme;
c'est ainsi que vous pourrez le mieux être
i. Périclès (Thuc. II, 46) rappelle aussi la loi athénienne d'après
laquelleles enfants des soldats morts étaient élevés aux frais de
l'Etat. On la faisait remonter à Solon.
2. Pris à la lettre, ce mot viserait l'archonte proprement dit, qui
donnait son nom à l'année. En fait, c'est le polémarque qui était
chargé de veiller à l'entretien et à l'éducation des orphelins de guerre.
3. Eschine évoque cette cérémonie dans le Contre Ctésiphon, i54-
Aux grandes Dionysies, avant le concours tragique, les fils des
citoyens morts à l'ennemi étaient présentés au peuple, dans le
théâtre, revêtus d'une armured'hoplite
Le héraut proclamait que,
leurs pères étant morts à la guerre en gens de cœur, le peuple avait
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io4 MENESENOS 248 e
jiai Tipo8u(iéT(XTa àTraYyÉXXco• Kal aÔTàç SÉo^iai ÔTtèp ekeI-
vûv, tov uèv ^L^EtaBai toùç auTÛv, tûv 8è 8appEÎv ÔTièp
aÛTcov, ôç f)^Sv <al t&la Kal 8r|fcioaia yrjpoTpo(|>r|a6vTCûv
v\xaLç Kal ETtL^LEXrjaojiÉvcûv, Bttou av iKaaxoç EKàcrra èvTuy-
X<ivr| ôtcooOv tcov ekelvov. Tfjç Se ttôXegjç ïote ttou Kal
auxol t^v ETiifciÉÀEiav, oti vé^iouç Sejiévt] TTEpl TOUÇ TttV EV
tS ttoXéuco TEXEUTrjaàvTov TtaîSàç te Kal yevv^|xopot<; èm-
^EXEtTat, Kal 8ia<J>Ep6vTo<; tqv aXXcov ttoXltcûv TcpoarÉ-
TaKTat(^uXoctteiv àpxfj fjnEp ^EyiaTrj ecxtIv, ottqç
av oî 249 a
TOUTCÙV^lf]
àSlKÔVTai TiaTÉpEC; TE Kal JlT^TÉpEÇ* TOÙÇ 8È
TTaîSaç auvEKTpÉ<|)£L aôxf|, *npo8u^ou^ÉVT| 8xi ^aXiaT* aSrj-
Xov aÔToîç Tfjv 5p<J>avlav yEvéaSat, lv TtaTpôç a)(f)|iaT-
KaTaaTSaa auTOÎç auTf) eti te Ttaialv oSaiv, Kal ETtEiSàv
Etç àvSpoç téXoç ïcoaiv, à-noTiÉ^TTEi ettI Tacr<|>ÉTEp'
aÔTov
TiavoTiXlaKoauf]aacra, evSeikvu^évt)
Kalàva^i^vflaKouaa
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TtaTpcSav éaTtav ap^ovTa ^ets
taxàoçoTtXoiç KEKo<r^r|tiÉvov.
Autoùç 8è toùç TEXEUTrjaavTaç Tt^coaa ouSétïote ekXeIttei,
KaB' EKaaTov IviauTov aÔTr) Ta vo^K^o^Eva TtoioOaa Koivfj
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toïjtolç àycovaçyu^iviKoùç Kal tTTTUKoùc; TiSEtaa Kal ^ouaiKrjÇ Tiàcrrjc;,
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polpa Ka8EOTT]Kuîa, tôv 8e ûéqv ev TtaTpéç, yovécov 8è tôv C
toùtcûv ev ETtiTpéTtou, Tt&aav TtàvTcov Ttapà nàvTa tov XP°~
vov ETruiÉXEiav TToiou^Évr). *flv XP 1
^] svSu^ou^iévouç Ttpao-
TEpov<J>épEiv
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Testim. : 248 e 2 xat auTÔ; — 3 û-îp auxwv Dion. Halic, De
admir. ui in Dem., 26.
e 3 aùxwv ... 4 a-J-wv WF||249 a 1 àp/fi recc. :
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|(5 super
xaTaaxaaa F (X£Ta scrips. f|| clvxt, F : aû-^ W aunr) T j|
y.al TF om.
Wy 6 Tawç F pro Vioa-v (t'ojatv add. f in marg.) ||
b 2 àplfovxa TF :
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îô:a s/.âaxu) tôia T zy.iz~.hi io'.-x tSta
W ixâar(o 18 ta F|j 7 uîeoç codd.
«Ici uîstov F : utwv TW il tûv toûtcov F : xat twv -ojxwv TW.
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249 c MÉNEXÈNE io5
chers aux morts et aux vivants, et faciliter les soins que vous
donnerez et recevrez. Et maintenant, unissez-vous à tous les
autres pour donner aux morts les lamentations d'usage avant
de vous retirer ! »
d „ . Tu as là, Ménexène, le discours d'Aspa-Conclusion. . , ..;. .
rsie de Muet.
Ménexène. — Par Zeus! Socrate, Aspasie est bien heu-
reuse, d'après toi, si elle peut, elle une simple femme,
composer de pareils discours !
Socrate. —Si tu ne le crois pas, suis-moi, et tu l'enten-
dras elle-même.
Ménexène. — Plus d'une fois, Socrate, j'ai rencontré
Aspasie, et je sais ce qu'elle vaut.
Socrate. — Eh bien, ne l'admires-tu pas? Et ne lui sais-
tu pas gré aujourd'hui de son discours ?
Ménexène. — Si, Socrate; je suis même, pour ma part,
e fort reconnaissant de ce discours à Aspasie ou à celui qui te
l'a débité, quel qu'il soit. Et fort reconnaissant, en outre, à
celui qui l'a reproduit.
Socrate. — Voilà qui va bien. Mais garde-toi de me
dénoncer, si tu veux que je te rapporte encore beaucoup de
beaux discours politiques tenus par elle.
Ménexène. — Rassure-toi, je ne te dénoncerai pas, pourvu
quetu me les
rapportes.Socrate. — C'est entendu.
élevé leurs fils jusqu'à la jeunesse, et que maintenant, après le*
avoir armés, il les laissait libres de s'occuper de leurs affaires.
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io5 MENESENOS 249 c
toîç £âaiv oOtcdç av TtpoocpiXÉaTaToi eÎte <ai £fiaroi
BEpaneûsiv te Kal 8Epa*nEi&Ea8at. NOv 8èfjSrj û^eu; te Kal
Ot aXXoi TTOCVTEÇ KOlvfj K<XTà TOVV<5fclOV TOÙÇ T£T£X£UTT]K<5Tac;
àTtoXcxpupàfciEVoi ôctilte.
OCt6çgol 6 X6yoç, & Mevé^eve, 'AarcaaLac; Tf^ç MiX^alaç d
IcttIv.
M EN. Ni*) Alo, S Z<£>KpaTEÇ, fciaKaplav yE XÉyEiç t^v
'Acmaalav, eI yuvfj oSaa toioùtouç Xéyouç ota ts
ect.
auvTiBÉvat.
ZO. 3
AXX' eI^f) maTEÙEiç, ockoXo^Sel
^iet' e^ioO, Kal
àKotioEi aÔTfjç XEyoïiarjç.
M EN . rioXXdcKLc;, & Z6KpaT£Ç, èyà EVT£Ti&xr|Ka 'Aortaota,
Kal o*8a oïa ecxtIv.
ZO. Tt oSv;ouk ayaaai auTfjv icai vOv X^P 1*' ^Xeu» T0^
X6you aÔTrj ;
M EN. KalTtoXXi!
|v y£, âZaxpaTEç, lyà X^P^ ^X° toutou
TOO X6y0U EKEIVTJ f)EKEtVG) 8aTlÇ (TOI Ô EtTtdûV ECTTIV aÔT6v 6
Kal Ttp6ç y£ aXXrjv TroXXfjv \àpi\> Ëyay tÔ eIti6vti.
ZO. ES av ex°l' &XXS
Sttcoç jjlou ^f) KaTEpEÎç, ïva Kal
aC8lç aoi ttoXXoùç Kal KaXoùçXcSyouç Ttapa
auTÎ^ç ttoXitikoùç
àTxayyÉXXcù.
M EN. 0àpp£i, otô KaTEpco- ^6vov àTràyyEXXE.
Zft. 'AXXà TaOT' laTat.
Testim. : 249 d 6 'AXX' —(iex' èjAoO Schol. Aristoph., Plut., u.
8a3.
C 5 el'Tjie codd. || 6 xau àXXot W|| d 2 êaTt(v) TF
: om. W ||
e 2 rcpo; ye F : ^po Te TWj| àXXrjv tîoXXïjv Heindorf: à'XXtov tcoXX&v
Il3 xatepeîç T : xaTepfjç W xaTspfjç f xapxepsis F ||
4 tîoXctcxoÙç secl.
GobetD 6 où xaTspâî TW (xa in ras. W) : oùx àvTepw F.
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NOTICE
h'Eulhydème s'ouvre par une conversa-
*„ r«a 2G
„ tion entre Critonet Socrate (27 1 a-272 dYde 1 ouvrage. /A • i ,
La veille, au Lycée, Criton s est trouve
présent à un entretien de Socrate avec deux étrangers, mais
la foule des auditeurs ne lui a pas permis d'entendre. Quelsétaient ces deux inconnus ? Sur
quoi
a
porté
la discussion ?
En réponse, Socrate indique à Criton tout ce qu'il sait lui-
même d'Euthydème et de Dionysodore, puis il rapportel'entretien.
Ce long récit (272 d-3o4 b) est la partie capitale de l'ou-
vrage. D'abord (272 d-275 c) Socrate raconte comment, se
trouvant au Lycée, et sur le point de partir, il a été entouré
par les deux sophistes suivis de leurs disciples, et par Glinias
accompagné de ses adorateurs. Euthydème et Dionysodore se
disent capables d'inculquer la vertu mieux et plus rapidement
que tout autre. Émerveillé, mais encore incrédule, Socrate
les invite à faire la preuve de ce savoir. Il leur désigne Glinias,
à qui ses amis s'intéressent particulièrement : qu'ils lui per-suadent d'aimer la science et de cultiver la vertu !
Un premier entretien d'Euthydème et Dionysodore avec
Glinias (2700-2770) ne donne aucun résultat, sinon deréduire le jeune homme au silence par des raisonnements
contradictoires. Socrate intervient alors. Il essaie de rassurer
Clinias en lui expliquant qu'il ne s'agit là que d'une sorte
de prélude à l'initiation. Et, se tournant vers les sophistes,il
renouvelle sa demande. Mais il va, cette fois, leur indiquerlui-même comment il conçoit cette exhortation à la vertu
(277C-278 e).C'est donc lui qui se substitue aux deux sophistes. Interro-
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no EUTHYDÈME
géant à son tour Clinias, il l'amène à reconnaître que tous
les hommes désirent être heureux, donc avoir beaucoup de
biens (matériels: richesse, beauté, naissance, crédit, honneurs,
et moraux : tempérance, justice, courage). Il faut y ajouterla sagesse. Y joindre PcÛtuyCoc* c'est-à-dire la réussite, le don
de toucher le but, est inutile, car cette qualité est impliquéedans la sosi'oc. Mais les biens ne sont tels que si l'on sait en
faire usage ;unis à l'ignorance, ils sont pires que les maux.
Pour acquérir du prix, ils doivent être dirigés par la science
(e7rKmrju.Tr,), qui procure à la fois la réussite (ej-ruy (a) et le bon
emploi des choses (cùirpayi'a). Bref, le seul bien véritable estla raison (©govijgi;) et la sagesse ou savoir (soçca). Il faut
donc s'efforcer d'être aussi sage que possible. Or la sagesse
s'enseigne ;d'où la nécessité de rechercher la sagesse (cpiXoco-
?eTv).^
Arrivé à cette conclusion, Socrate s'arrête pour laisser la
place aux sophistes. Il les prie de faire un exposé sur le même
sujet,ou,
partant
des résultats
acquis,de
poursuivrela recher-
che en montrant quelle science on doit acquérir pour être
heureux (278 e-282 e).
Les sophistes rentrent alors en scène. Cette fois la discus-
sion est beaucoup plus longue. Clinias n'v paraît plus : elle
met aux prises Euthydème et Dionysodore, qui parlent tour
à tour, avec Socrate et un amant de Clinias, le jeune Ctésippe.
Elle ne donne d'ailleurs pas plus de résultat que la première,les deux sophistes usant du même système, qui consiste,
quelle que soit la réponse de l'adversaire, à lui prouver qu'il
a tort. Mais Clinias s'était borné à répondre : Ctésippe pro-teste et se fâche. Socrate intervient pour le calmer, et la dis-
cussion recommence entre Dionysodore et Ctésippe. Nouvelle
intervention de Socrate : si Dionysodore a raison, l'enseigne-
ment des deux sophistes se trouve par là même sans objet.
Dionysodore lui reproche de bavarder hors de la question,mais Socrate, se fondant sur les raisonnements mêmes de
l'adversaire, revient à sa conclusion. Ctésippe s'emporte contre
les sophistes, et de nouveau Socrate l'apaise : Euthydème et
Dionysodore, dit-il, continuent à plaisanter. Il les engage à
parler sérieusement, et lui-même, pour les y décider, va
reprendre son entretien avec Clinias au point où il l'avait
laissé (283 a-288 d).Second entretien de Socrate et de Clinias. Le premier avait
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NOTICE mabouti à cette conclusion qu'il faut rechercher la sagesse (oule savoir) : oiXoco^rj-reov. Or, la ziloGoylz est l'acquisition
d'une science. D'après ce qui a été dit, la science doit être
utile, donc capable à la fois de produire (iroteïv) et d'utiliser ce
qu'elle produit.Différents arts sont passés en revue, mais
aucun ne répond aux conditions demandées. Par exemple,l'art de fabriquer des lyres (Xucotto'.ixt,)
est distinct de l'art de
s'en servir;de même l'art de faire des discours. S'arrêtera-t-on
à celui du général (tj GTpa-nrjvixTJ te/vt)) ? Mais Glinias observe
que cet art, qui rentre dans celui de la chasse(ÔYjpguTixTj), ne
satisfait pas non plus aux conditions requises. Le général qui a
pris une ville ou une armée la remet aux hommes d'État,
pour qu'ils tirent parti de sa capture : il ne sait lui-même uti-
liser ce qu'il a produit.
Ici le récit de Socrate est interrompu par Criton. Est-ce
bien Glinias qui a développé de pareilles considérations ? En
ce cas, il fait preuve d'une maturité d'esprit qui rend inutile
la tâche de ses éducateurs.
Socrate avoue que l'enquête n'a pas abouti. Glinias et lui
ont cru découvrir l'art qu'il cherchaient dans la politique ou
art royal ((JaaiXtxr, ~tyy*\)-Mais cet art, que produit-il ? Ce
doit être un bien, s'il est utile;comme on l'a vu, ce bien ne
peut être qu'une science, et cette science doit rendre les hom-
mes sages et bons. Mais quelle est-elle ? En quoi rendra-t-elle
les hommes bons et utiles ? Dans sa détresse, Socrate invoqueles deux étrangers et les appelle à l'aide (288 d-2o3 a).
Troisième entrée en scène des sophistes. Une nouvelle dis-
cussion s'engage, plus étendue encore que la seconde. Euthy-dème et Dionysodore la conduisent à tour de rôle contre
Socrate et Ctésippe. Elle n'aboutit pas plus que les précé-dentes. Les sophistes déploient leur virtuosité, mais Ctésippeet Socrate, passant à l'attaque, empruntent à leurs adver-
saires leurs propres procédés pour les battre (293 a-3o3 a).
Socrate prend alors la parole pour dégager du débat une
conclusion d'ensemble. La méthode de discussion employée
par les deux sophistes ne peut avoir de valeur que pour eux
et leurs disciples ;ils se réfutent eux-mêmes, et le premier
venu peut en quelques instants s'approprier leur science,
comme l'a prouvé l'exemple de Ctésippe. Qu'ils se bornent
donc à discuter entre eux et avec leurs élèves!
(3o3 b-3o4 b).
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iia EUTHYDÈME
Le récit est terminé. Un entretien de Socrate avec Griton yfait suite. Socrate a manifesté au début (272 b et suiv.)
l'intention de se mettre à l'école des deux sophistes, et il a
engagé Griton à suivre son exemple. A la fin de la discus-sion, il a prié lui-même Euthydème et Dionysodore de l'ad-
mettre parmi leurs disciples (3o£ b). Il revient encore à la
charge auprès de Griton. Mais celui-ci se montre peu disposéà accepter l'invitation. Au sortir de l'entretien de Socrate
avec les sophistes, il a rencontré un auditeur qui lui a mani-
festé son mépris pour ces sortes de disputes et pour ceux qui
s'y prêtent.Griton désirerait
pousserà la
philosophieson fils
Critobule, mais les éducateurs qui l'enseignent lui semblent
extravagants. Socrate lui conseille de considérer dans la phi-
losophie, non les individus qui s'y adonnent, mais l'objet
même de leur recherche (3o4 b-3o7 c)-
h'Euthydèmeestune comédie,une des plus
Va
dThith
m
dème
GsPirituelles et des Plus mordantes qu'ait
Les personnages, composées Platon. Et c'est sa valeurdra-
matique qu'il convient d'abord de mettre
en lumière. Chacun des personnages y a sa physionomie pro-
pre, dessinée avec autant de vie que de finesse.
Griton, le vieil ami de Socrate, du
même dème et du même âge que le phi-
losophe, est un digne bourgeois, grave et scrupuleux,consciencieusement appliqué à ses obligations. 11 possède des
domaines : sa principale occupation est de les faire valoir
(291 e) et de s'adonner aux affaires (3o4 c). Mais il a, malgréson état et son âge, le goût des entretiens philosophiques
(3o4c), et il est toujours prêta s'instruire. Surtout, il songe à
l'éducation de ses fils. Il sent bien qu'il ne s'est pas acquitté de
tous ses devoirs envers eux en leur donnantpour
mère une
femme de bonne famille, et en travaillant à leur fortune :
il doit encore en faire des hommes, et tous ses entretiens
avec Socrate le confirment dans cette idée (3o6 d et suiv.).
Il serait donc enclin à suivre ses avis, en dirigeant vers la
philosophie son fils Gritobule, qui est en âge d'aborder cette
étude. Mais si la philosophie lui paraît être une belle chose,
il fait peu de cas des éducateurs qui prétendent l'enseigner,
et il confie ses perplexités à Socrate. Car Socrate est son
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NOTICE u3
guide : c'est à lui qu'il s'en remet, pour les choses del'esprit,
avec une confiance entière qu'on sent faite d'affection et de
respect. Docile à ses conseils, il se déclare prêt à devenir,
bien qu'il ait passé l'âge, son condisciple à l'école des
sophistes. Il est pourtant choqué de voir Socrate condescen-
dre à discuter avec d'aussi pauvres esprits qu'Euthydème et
Dionysodore ;comme l'auditeur dont il rapporte les propos,
il blâme une telle complaisance. Ce reproche n'est qu'uneffet de l'estime exceptionnelle qu'il a pour son ami. Et lui-
même il s'en excuse d'avance : n'y a-t-il pas quelque ridi-
cule à vouloir faire la
leçonà Socrate
(3o4 d)?
. Glinias est un de ces jeunes aristocrates
athéniens que l'on rencontre souvent
parmi les auditeurs du philosophe. Fils d'Axiochos (271 b,
270 a),il est cousin d'Alcibiade, dont un frère, appelé aussi
Glinias, se trouve mentionné dans le Protagoras (32oa).Platon le représente ici comme un tout jeune homme, un
adolescent (fxstp^xiov, 271 b etc.; veav:<jxoç, 275 a), qui
traîne à sa suite un nombreux cortège d'admirateurs
(273 a). Il est un des familiers de Socrate, car, en l'aper-
cevant, il vient avec empressement s'asseoir à sa droite
(273 b). Et Socrate exprime l'affectueuse sollicitude dont ce
charmant adolescent est entouré par ses amis, qui désirent
le voir devenir un homme accompli (275 a).
En dépit de son âge, il a déjà quelque habitude de la discus-sion et de la méthode dialectique (275 a). Pourtant, sa timi-
dité est extrême: dès la première question d'Euthydème, il perdcontenance (275 a). En revanche, quand il est encouragé par
Socrate, avec le secours de ce guide bienveillant dont la
parole éclaire un à un tous les problèmes soulevés, sans
chercher à déconcerter son inexpérience, il fait preuve de
justesse d'esprit. A coup sûr,il est encore
jeuneet
naïf,comme l'observe son interlocuteur;
il s'étonne d'entendre
dire à Socrate que laaocpta implique l'eûro^i'a
eten estune forme
(279 d). Mais il n'hésite pas à affirmer que lacroc
ta peut
s'enseigner, et Socrate le félicite d'être si bien entré dans sa
doctrine (282 c).Dans le second entretien, il a déjà réalisé
des progrès surprenants. Il ne se borne plus à acquiescer; il
prend délibérément parti ;il invoque l'expérience pour sou-
tenir que les faiseurs de discours sont incapables d'utiliser
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n4 EUTHYDÊME
leurs propres productions (289 d). Bien plus, il n'hésite pasà se prononcer contre le Maître. A Socrate exprimant l'opi-
nion que l'art du général est capable plus que tout autre
d'assurer le bonheur, il oppose, avec une singulière assu-rance, une démonstration devant laquelle Socrate éprouveune surprise mêlée d'admiration, et qui arrache à Criton uncri d'émerveillement. Se peut-il qu'un si jeune homme ait
tenu de pareils propos ? Il faut admettre en ce cas que la
méthode socratique, employée comme moyen d'éducation,
réalise des miracles. Mais Criton reste incrédule, et il laisse
entendre
que
l'être «
supérieur
»
par qui
a été tenu ce
langage n'est autre que Socrate lui-même (291 a).
. Moins séduisant que Glinias, Ctésippefait avec lui un contraste marqué. On le
retrouve dans le Lysis, où il est donné comme originaire du
dème de Paeania (2o3 a; cf. Euthyd., 273 a) et cousin de
Ménexène (206 d). Mais il joue dans le Lysis un rôle beau-
coup plus effacé que dans YEathydème. II est nommé ici
veavicxoç (273 a), et il faut se le représenter, lui aussi, commeun très jeune homme, toutefois un peu plus âgé probable-ment que Glinias. L'auteur fait son portrait en deux mots :
« une excellente nature, malgré une violence emportée quiest un effet de la jeunesse » (273 a). Amant de Glinias, il
tranche sur ses autres adorateurs par la fougue du sentiment.
Au début de l'entretien,il
s'est trouvé éloigné de Glinias, dontla vue lui est masquée par Euthydème. Il change de place pours'asseoir en face du groupe qui entoure le bien-aimé (27/4 c).
Quand Dionysodore déclare que vouloir transformer Glinias
d'ignorant en savant revient à désirer sa mort, Ctésippe éclate
avec indignation contre un pareil sacrilège (283 e). Le désir
de briller aux yeux de Glinias surexcite son esprit au cours de
la discussion, et,
lorsqu'il
réussit à
prendre Dionysodore
au
piège de sa dialectique, tout fier d'avoir remporté un pareil
succès devant son bien-aimé, il en paraît « dix fois plus
grand » (3oo d).
Mais Ctésippe ne songe pas seulement à ses intérêts amou-
reux;
il aime la discussion pour elle-même (3cXr,xooç, 274 c),
il s'y jette avec ardeur, et y déploie l'insolence batailleuse
qui le caractérise. Il n'intervient pas dans le premier entre-
tien des sophistes avec Clinias, mais plus loin le sophisme de
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NOTICE n5
Dionysodore relatif à son bien-aimé lui arrache, on l'a vu,
une protestation indignée. Dès lors il part en guerre contre
les étrangers, et particulièrement Dionysodore. Inhabile, au
début,à découvrir le
pointfaible dans les raisonnements de
l'adversaire, et trop courroucé pour garder son sang-froid, il
riposte par des sarcasmes insultants. Il faut que Socrate s'in-
terpose pour l'apaiser.Il se radoucit aussitôt
;il a pour
Dionysodore des paroles conciliantes. Mais quelques instants
après, dans un débat qui met aux prises Socrate et les sophis-
tes, il ne peut se retenir d'éclater encore;
il accuse Euthy-dème et Dionysodore de battre la campagne.
Quand les sophistes, appelés à l'aide par Socrate, engagentla troisième discussion, Ctésippe, qui commence à voir clair
dans leur jeu, se met à les attaquer sur leur propre terrain.
Comme ils prétendent tout savoir, il les accable impitoyable-ment des questions les plus incongrues. Il ne fait encore, à
vrai dire, que reprendre et pousser à bout les objections de
Socrate. Mais un peu plus loin il se sent assez fort pour
prendre l'offensive, et retourner contre ses adversaires leurs
propres raisonnements, afin d'en dégager l'absurdité. Se
sentant maître de la situation, il ne se fâche plus et se borne
à rire, quitte à lâcher parfois une insolence. Il ne proteste
plus contre les sophismes : il leur tient tête, en en prenanthardiment le contre-pied, ou en inventant des arguties à
l'exemple de l'adversaire. Enfin il réussit à faire tomber
Dionysodore dans une réponse imprudente. C'en est fait :
l'adversaire est à terre, et Ctésippe pousse un cri de triomphe.Socrate lui-même le remarque : à l'école des sophistes, il a
appris le secret de les vaincre. Désormais Ctésippe n'inter-
vient plus, sinon tout à fait à la fin du débat, pour saluer
d'un bravo ! ironique l'inepte subtilité de Dionysodore, et
annoncer aussitôt après que, devant ces jouteurs « invin-
cibles»,
il ne lui reste
qu'à quitterla
place.
Les deux sophistes offrent, dans l'en-
Euthydèmesemble, le même caractère. Pratiquant le
et Dionysodore. . . ., . .^
.
même art, ils se complaisent aux mêmes
arguties, avec une assurance tranchante et un sentiment de
leur supériorité qui les rendent ridicules l'un et l'autre.
Chacun d'eux garde néanmoins sa physionomie propre.
Euthydème, qui donne son nom au dialogue, est plus jeune
V. i. — ii
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http://slidepdf.com/reader/full/platon-51-ion-menexene-euthydeme 160/297
n6 EUTHYDÈME
que son frère (283 a). C'est pourtant lui qui a le principalrôle. Socrate lui-même le fait ressortir quand il le compareà l'hydre, et Dionysodore au crabe de la légende (297 c).
C'est
Euthydème quise
charged'annoncer
queson frère et
lui ont délaissé les arts dont ils faisaient autrefois profession,
pour enseigner la vertu mieux que personne. C'est lui quiouvre le premier entretien avec Glinias. Quand Socrate, à la
fin de son second dialogue avec le jeune homme, appelle les
sophistes à l'aide, c'est Euthydème qui prend la parole « sur
un ton plein de superbe ». Plus fin ou moins imprudent queson frère, il conserve dans le débat une tenue dédaigneuseet garde son sang-froid. Il lui arrive sans doute, reprenantun reproche de Dionysodore (287 b), de traiter Socrate de
radoteur et de s'impatienter de ses distinctions (295 b et
suiv.). Mais il ne se laisse pas emporter par la discussion, et
il blâme son frère de gâter le raisonnement par une mala-
dresse dont il fait voir aussitôt la conséquence (297 a).
Dionysodore est comme la caricature d'Euthydème. Il est
toujours prêt à renchérir sur les subtilités de son frère, et à
charger l'interlocuteur. Dans le premier entretien avec Clinias,
il s'empresse de donner la réplique à Euthydème, en s'em-
parant aussitôt de la thèse opposée pour mieux abasourdir le
jeune homme. Pris à partie par Ctésippe, il se plaint d'être
injurié; il se fâche à son tour. La passion et le désir de
confondre à tout prix l'adversaire l'entraînent à des écarts de
raisonnement qui lui attirent, avec une dure observationde son frère, l'humiliation de se voir battu par Ctésippe,
pourtant un novice. Quelques-uns des sophismes les plus
absurdes, notamment celui qui termine l'entretien, ont été
mis dans sa bouche par l'auteur du dialogue. Dionysodorefait l'effet d'une sorte de mécanique, qui exécute avec un
automatisme devenu presque instinctif certains mouvements,sans l'intelligence
qui
serait nécessaire
pour
en arrêter ou en
modifier le jeu suivant les circonstances.
Au-dessus de ses jeunes amis, et au-
dessus des deux sophistes, Socrate do-
mine tout le dialogue. On retrouve en lui dans YEuthy-dème ses qualités habituelles de raison lucide, souple et ferme,
de sérénité souriante et de malicieuse bonhomie. Il veille
avec sollicitude sur Clinias, l'encourage à répondre quand il
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NOTICE 117
le voit embarrassé, et s'empresse de le rassurer pour l'em-
pêcher de perdre entièrement contenance. Il le guide patiem-ment dans leur commune enquête, lui montre le chemin
parcouru, lui signale les difficultés, et le félicite quand il a
obtenu de lui une réponse judicieuse et personnelle. Entre
Gtésippe et Dionysodore il joue le rôle de conciliateur, et, en
plaisantant le jeune homme tandis qu'il s'offre lui-même
comme sujet d'expérience, il le ramène au calme. Feignantd'admettre comme prouvées les connaissances dont se tar-
guent les deux sophistes, il professe pour eux une admiration
sans bornes. Il se dit émerveillé de leur savoir encyclopédique,et désireux de suivre leurs leçons, surtout quand il apprend
qu'ils se flattent d'enseigner la vertu avec une telle supériorité
sur tous les maîtres. Il ne tarit pas d'éloges en entendant
cette déclaration. Il invoque comme des divinités Euthydèmeel Dionysodore au début de l'entretien : plus loin, arrêté
dans sa recherche, il implore leur assistance comme celle des
Dioscures.
Quandils ont étourdi Clinias de leurs
sophismes,il affecte devant une pareille habileté une stupeur profonde ;
il se sent rempli de trouble à une question de Dionysodore,et reste frappé d'effroi devant son argumentation. Modeste-
ment il s'excuse de prêter à rire en essayant, lui profane,de montrer la voie à des maîtres, par un entretien pénibleet diffus. Gomme un beau joueur qui rend des points à
l'adversaire, il feint de ne voir, dans le dialogue des sophistes
avec Clinias, puis dans leur discussion avec Ctésippe, qu'un
badinage préliminaire.Mais l'urbanité du ton et la railleuse hyperbole des éloges
ne l'empêchent pas de marquer nettement les défauts et
la vanité de la méthode employée par les sophistes. Aucune
de ces faiblesses n'échappe à sa clairvoyance ;il les signale au
fur et à mesure, suivant une sorte de crescendo qui aboutit
au jugement de la fin, résumé et conclusion de tout le débat
(3o3c-3o4 b). Quand on les isole de leur enveloppe, ces
critiques frappent par leur rigueur impitoyable : de toute la
virtuosité des deux sophistes on s'aperçoit qu'il ne reste rien.
Qu'on relise la condamnation finale : elle a beau multiplierles expressions les plus flatteuses
;ces formules d'admiration
ne servent qu'à relever d'une cinglante ironie la dureté de la
sentence. Il y a là comme une âpreté vengeresse qui sur-
prendrait dans la bouche de Socrate, si nous ne savions qu'il
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NOTICE 119
à l'oreille de Socrate, avec un large sourire sur le visage, pourl'avertir que l'interlocuteur sera confondu, quoi qu'il fasse
(275 e). La même mimique reparaît plus loin : un chucho-
tement de Dionysodore annonce à Socrate un nouveau tour
d'Euthydème. Devant ce sourire et cette satisfaction, on croit
déjà voir et entendre le bon père des Provinciales, faisant
admirer l'inépuisable ingéniosité des casuistes. Malgré son
âge, Dionysodore se met pourtant à rougir, comme unécolier pris en faute (297 a), lorsque son frère le répri-
mande sur sa maladresse. Mais il a recouvré son assurance
quand, s'apprêtant à réfuter Socrate, il fait une pause par
pure feinte, comme s'il s'absorbait dans la contemplation de
quelque problème (3o2 b). Pour donner une idée de la rapi-
dité étourdissante avec laquelle les deux frères multiplientleurs sophismes, Platon les compare à des joueurs qui se
renvoient la balle (277 b).
Clinias a la tenue qui convient à son âge et à sa timidité.
A la première question d'Euthydème, il rougit, pris de court,et tourne les yeux vers Socrate (275 d). Mais il se met à rire,
à la suite de Ctésippe, devant le triomphe de son adorateur
(3oo d). La véhémence de Ctésippe se manifeste à tout instant
dans ses attitudes. Au début de l'entretien, il saute sur ses pieds,
pour venir s'installer en face de son bien-aimé. On a vu
comment son indignation éclate contre Dionysodore et les
injures qu'il
lui
jette
à la face
(284 e).
Plus loin, il accusera les
sophistes de divaguer (288 b).Il se met à rire (288 e) en
déclarant qu'il bat son chien, faute de pouvoir frapper les
sophistes et leur père, et quand, redoublant d'efforts, il a fini
par abattre l'adversaire, il célèbre son triomphe, suivant sa
coutume, par de grands éclats de rire (3oo d).
L'Euthydème est une comédie, avec son décor et ses acteurs.
Elle a même un chœur : les disciples des deux sophistes qui,assistant à l'entretien, accueillent chaque victoire de leurs
maîtres par des manifestations d'enthousiasme. Après la pre-mière partie du dialogue entre Clinias et les sophistes, ils
font entendre leurs rires et leurs acclamations (276 b), comme
un chœur au signal de l'instructeur. Ils recommencent uninstant après (276 d). Le ridicule sophisme de Dionysodore
qui termine l'entretien est accueilli par des rires, des applau-
dissements et des cris de joie tels que les admirateurs des
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iao EUTHYDÈME
sophistes en perdent presque le souffle (3o3 b). A ce chœur
bruyant s'opposent les amis de Clinias, Socrate à leur tête;
ils se bornent à manifester par leur silence l'espèce de saisis-
sement que leur causent les étranges raisonnements del'adversaire (276 d).
_ .A . Si l'on considère le morceau central deLa composition. „ , . , ,. , , .. , c
l œuvre, c est-a-dire le récit de socrate,
en laissant de côté le dialogue avec Griton qui le prépared'abord et le commente ensuite, cette comédie se déroule en
cinq
actes ouépisodes
'
,
après
une narration
qui
sert de
préam-bule (272C-275 c). Le premier est l'entretien des sophistes et
de Clinias (270 c-277 c).Il est suivi d'une intervention de
Socrate, qui en fajt le résumé et la critique, et prépare le
second acte. Ce deuxième épisode est fait d'un dialogue entre
Socrate et Clinias (278 e-282 e). Socrate a montré aux
étrangers le genre d'exposition qu'il demandait. Il leur cède
maintenant la place, et c'est le troisième acte : discussion
d'Euthydème et Dionysodore avec Socrate et Ctésippe (283 a-
288 d). Il s'achève par l'explication que Socrate donne à
Ctésippe de la méthode des deux sophistes, et par l'annonce
d'un nouvel entretien entre Socrate et Clinias. Cet entretien,
suite du premier, forme le quatrième acte, et s'achève
sur un appel de Socrate aux sophistes (288 d-2o3 a). Euthy-dème et Dionysodore rentrent en scène, et la longue
discussion où prennent part, comme précédemment, les
sophistes, Socrate et Ctésippe, est le cinquième et dernier
épisode.
Bonitz remarque avec raison que l'œuvre de Platon n'offre
pas de dialogue où la composition soit plus nettement mar-
quée que dans YEuthydème. On peut ajouter que cette compo-
position témoigne d'un art supérieur. Comme dans une piècede théâtre
bien construite,les
épisodes successifs s'y fontvaloir l'un l'autre, et la progression continue de l'intérêt yest frappante. Au premier entretien des sophistes avec Clinias
s'oppose le premier entretien de Socrate avec son jeune ami;
avec la discussion qui forme le troisième épisode contraste le
second dialogue de Socrate et de Clinias. Ainsi une alter-
nance régulière est observée d'un bout à l'autre, soulignant
1. H. Bonitz, o. L, p. io5.
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NOTICE 121
non seulement la marche de l'action, mais aussi et surtout la
signification philosophique de l'œuvre. A la fin du premieracte, Socrate prend la parole pour expliquer à Glinias qu'il
ne s agit que d'une sorte de prélude à l'initiation véri-
table. Il donne à Ctésippe un avertissement analogue à la
fin du troisième acte : les sophistes plaisantent ;ils n'ont pas
encore abordé sérieusement le sujet. La symétrie des deux
endroits saute aux yeux. Elle met fortement en relief les
étapes successives de l'entretien, ou, pour mieux dire, elle
fait ressortir que la discussion n'avance pas. Ces deux inter-
ventions aboutissent à une conclusion du même genre. Socrateclôt la première en priant les sophistes de montrer à Clinias
comment il faut s'attacher au savoir et à la vertu. Il réitère
cette invitation au terme de son entretien avec le jeunehomme. Il y revient enfin après la sortie de Ctésippe, pour
reprendre avec Clinias l'enquête interrompue.Ce rythme se fait sentir à l'intérieur même de certains
épisodes. Ainsi dans le second. Une première passe entreDionysodore et Ctésippe est suivie d'un éclat de Ctésippe,
qui proteste avec violence. Un instant arrêtée, la discussion
reprend entre Euthydème et Ctésippe, puis entre Dionysodoreet Ctésippe. Nouvelle sortie du jeune homme : Socrate doit
intervenir pour le rappeler au calme. Cette fois, c'est contre
Socrate que se tourne Dionysodore. Mais de nouveau Ctésippeéclate contre l'adversaire, et il faut encore
queSocrate
s'empresse de l'apaiser.
Ces balancements symétriques, ces arrêts, ces reprises, ces
contrastes, dessinent vigoureusement les articulations du dia-
logue. Un coup d'œil sur la suite des épisodes suffit à montrer
comment la progression de l'intérêt y a été ménagée. Quandl'entretien commence, on sait quel est le buta atteindre : les
sophistes sont invités à faire preuve de leur savoir en exhor-
tant Clinias à la vertu. Ils acceptent ;ils prennent la parole.
Allons-nous entendre l'exhortation promise? Non. Les deux
sophistes, jouant sur les mots et soutenant tour à tour des
thèses opposées, réduisent Clinias au silence. Le résultat est
entièrement négatif. Mais Socrate rassure Clinias : ce premier
engagement n'était qu'un jeu. Pour orienter plus sûrement
l'entretien, il va montrer la voie aux sophistes. Le thème
posé au début, il le développe à sa manière. Et quand il
s'arrête, le problème a pris la forme la plus précise. Au
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132 EUTHYDÈME
moment où les deux sophistes rentrent en scène, l'attente de
l'auditeur se trouve donc redoublée. Que vont-ils dire ? Pour-
ront-ils se dérober encore? Quel tour va prendre le débat?
Le premier entretien avec Glinias n'avait été qu'une escar-
mouche;
le second se développe avec ampleur : au lieu de
Glinias, c'est Socrate lui-même qui y prend part avec Cté-
sippe. Il est aussi plus dramatique : Ctésippe n'observe pasl'attitude passive de Clinias : il s'emporte, dispute, proteste ;
à deux reprises, Socrate doit l'inviter au calme; Dionysodorelui-même se plaint d'être injurié ;
il reproche à Socrate de
sortir du sujet et de radoter. Mais quand ce troisième acte
prend fin, on s'aperçoit que la question n'a pas encore été
traitée par les sophistes : le résultat est encore négatif. Faut-
il donc renoncer à l'exposition promise ? De nouveau, Socrate
nous rassure : Euthydème et Dionysodore n'ont pas encore
voulu parler sérieusement; pour les y décider, il va reprendre
sa recherche avec Clinias. Or, l'enquête aboutit à une impasse.
Socrate,dans son
embarras, invoquele secours des
sophistes:
la question qu'il n'a pu résoudre, il leur demande de l'éclair-
cir. L'examen poursuivi a déblayé le terrain et nettement
dégagé le problème, qui se pose désormais sous cette forme :
quelle est la science qui, satisfaisant aux conditions recon-
nues nécessaires, doit assurer aux hommes le bonheur? Onvoit comment l'attente de l'auditoire est ranimée. Mis au
pied du mur, les sophistes vont-ils une troisième fois s'esqui-
ver? La discussion recommence, et prend un développement
qu'elle n'avait pas atteint encore. Socrate y joue un rôle de
plus en plus important. Ctésippe et lui ne se contentent plus
de présenter des objections : pour confondre l'adversaire, ils
lui empruntent ironiquement ses procédés. C'est qu'ils ont
renoncé à rien tirer d'eux. La discussion s'achève encore sans
résultat positif; mais désormais la cause est entendue, et il
ne reste plus à Socrate qu'à dégager la conclusion de tout le
débat.
Le récit de Socrate s'encadre, on l'a vu, dans une conver-
sation avec Criton. Mais Griton l'interrompt à la fin du qua-trième épisode : un dialogue s'engage entre lui et Socrate.
Cet intermède, dont la valeur dramatique est évidente, met
en lumière l'art de la composition. Il unit plus intimement
le récit avec le dialogue qui l'entoure, etil
établit une sorte
d'équilibre entre le début et la fin de l'ouvrage. En outre,
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ISOTIGE ia3
cette pause arrête l'attention sur les étonnants progrès queClinias, paralysé d'abord par les sophistes, a réalisés grâce à
la méthode de Socrate;
elle fait ressortir la difficulté de la
recherche, et prépare avec une espèce de solennité la discus-
sion finale. En montrant l'importance du problème à résou-
dre, elle accuse l'impuissance des sophistes, et nous achemine
vers la conclusion.
Les deux sophistes mis en scène sont
llB..l •
eJ** originaires de Chios, à ce que croit So-
éris tiques. J , . ; \ .
crate.
Apres
avoir
émigré
a Inurium,ils ont été bannis de cette ville, et depuis de nombreuses
années ils vivent en Grèce. Au moment de l'entretien, ils
sont de passage à Athènes, mais ils y ont déjà fait un séjour
(273 e) l'année d'avant ou la précédente (272 b;
cf. 287 c).
Jusqu'alors ils se piquaient des connaissances les plus variées :
experts à toutes les formes de la lutte, notamment à l'hoplo-
machie, ils se vantaient d'en enseigner le secret moyennantsalaire. Leur habileté s'étendait à tout l'art de la guerre, à
la tactique, à la stratégie ; bref, à tout ce que doit savoir unchef d'armée. En outre ils excellaient aux luttes judiciaires :
ils savaient parler eux-mêmes devant un tribunal, et enseignerl'art de composer des discours appropriés à un auditoire de
juges. Ce savoir si divers les apparentait à Hippiasd'Élis. Car
l'activité d'Hippias embrassait toutes les choses de l'esprit ;il
parlait avec la même facilité sur l'astronomie, l'arithmétique,la géométrie, les syllabes, les rythmes, les modes et la mné-
motechnie;
il discourait sur les généalogies des héros, la fon-
dation des cités et l'antiquité en général ;il composait de
magnifiques exhortations, des épopées, des tragédies et des
dithyrambes1
. Et, comme les sophistes de YEuthydème, il pra-
tiquait avec virtuosité les arts manuels : orfèvre, ciseleur, ver-
rier, cordonnier, tisserand,il
avait fabriqué lui-même sonanneau, son cachet, son strigile, sa fiole à huile et ses
vêtements 2. Mais aujourd'hui Euthydème et Dionysodore
tiennent pour accessoires leurs talents de naguère ;la science
qu'ils professent est Yérislique (272 b) : ils excellent à réfuter,
qu'il s'agisse de vérité ou d'erreur. L'objet de leur étude est
1. Hippias majeur, a85 bsq. (cf. Hipp. min., 367 e sq.) ;
286 a b ;
Hipp. min., 368 c d.2. Hippias min., 368 b c.
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ia4 EUTHYDÈME
la vertu: ils se flattent de l'enseigner mieux et plus rapi-
dement que personne.C'est sous ce double aspect de maîtres d'éristique et de profes-
seurs de vertu qu'ils apparaissent dans YEuthydème. A vrai
dire, il est impossible d'entrevoir l'idée qu'ils se font de la
vertu et leur manière de l'enseigner ;leur méthode se borne
à réfuter l'interlocuteur, quelle que soit sa réponse. Vaine-
ment Socrate leur propose un thème à développer, et tente
de les y ramener; chaque fois, tout en acceptant, ils s'échap-
pent, pour se retrancher dans un système de discussion dont
les résultats ne peuvent être que négatifs.
Les sophismes qu'ils soutiennent sont auRécapitulation nombre de vingt-deux
»: deux dans leur
et nature • .
des sophismes.entretien avec Glinias
;six dans la pre-
mière discussion avec Socrate et Gté-
sippe ; quatorze dans le débat final. Bonitz 2 croit y découvrir
un plan déterminé : il y distingue quatre groupes pour la
forme et deux pour le fond. Horn paraît voir plus juste en
les rangeant en trois catégories, qui correspondent aux trois
entretiens où ils apparaissent.Les deux sophismes du premier entretien portent sur la
même question ;une étroite parenté rattache entre eux ceux
du second;aucun ordre ne se découvre dans ceux du troi-
sième : ils se réduisent à des arguties de plus en plus misé-
rables, pour aboutir à la risible question de Dionysodore, quien marque la fin et le couronnement. C'est par elle qu'on
peut commencer l'énumération, car le sophisme s'y présentesous la forme la plus grossière : confusion du sujet et de Vat-
tribut (3o3 a), dans une phrase où il n'y a en fait ni l'un ni
l'autre. On mettra dans le même groupe les sophismes qui
précèdent. Quatre d'entre eux s'appuient sur une amphibolo-
gie purement accidentelle, due à une particularité de syn-taxe : locution à double sens, actifet passif (3oo a) ; phrase où,
grammaticalement, le sujetpeut être prispour l'objet (3oo b)3
;
de même 3oo b et 3oi c d.
Un genre de sophisme d'une qualité plus fine est celui qui
i. F. Horn, Platonstudien, p. i£5 sq.— Bonitz n'en comptait
que vingt et un.
2.
O. L, p. 108et
suiv.3. Sophisme ^ac' àjxçptSoXiav, Aristote, Desoph. et., IV, 4»
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ia6 EUTHYDÈME
exprimée. Ainsi, dans ce sophisme qu'il est impossible dédire
faux (284 a) et dans celui qui y fait suite sunroietv (284 bc).
On peut y joindre celui qui a trait à Yimpossibilité de contre-
dire, àvuÀéYetv (285 e et suiv.).
Mentionnons, pour finir, le rapprochement établi arbitrai-
rement entre deux attributs df
un même objet pour en tirer un
troisième (298 e): ce chien est à toi (coi) ;or il est père; il
est donc ton père'
.
Platon a pris soin d'indiquer lui-même, çà et là, le genrede supercherie que recouvrent certains de ces sophismes.
Socrate explique à Clinias que les éristiques jouent sur le
double sens de fxavôavs'.v (278 a). Il dénonce l'extension abusive
donnée par Euthydème au sens delitiomij puov (293 c) ;
il tente
de conserver leur valeur limitée aux mots àeî et rcàvra (296a b), plus loin, à
itax-^p (289 a).11 fait comprendre la
méthode des sophistes, en la leur empruntant pour la
retourner contre eux : quand le mot sxepoç, entendu par
Dionysodore au sens de différent de soi-même, est repris
par lui au sens de différent d'autre chose, il ne manque
pas d'avertir qu'il essaie d'imiter l'habileté de l'adversaire
3oi b). De même Gtésippe découvre le sophisme fondé sur
le sens de t* ovxa (284 a et 284 c).Il montre à Diony-
sodore, par son propre exemple, qu'il est possible de contre-
dire (285 e).Il se charge, comme Socrate, de ruiner l'ar-
gumentationde
l'adversaire,soit en
passantde l'idée
généraleà ses applications positives, soit en poussant le raisonne-
ment à l'absurde, comme lorsqu'il contraint les sophistes à
soutenir cette énormité que leur père est 'le père de toute la
création (298 c). Ailleurs, leurs procédés sont repris par lui
et tournés en caricature (299 e). Socrate et lui dégagent de
l'argumentation des sophistes des contradictions qui la détrui-
sent : tel le dilemme où Socrate enferme Dionysodore (287
e). Gtésippe lui-même réussit à tirer de Dionysodore deux
propositions contradictoires (3oo c d).
Les défauts et le vide de l'éristique
surTérâuque.sont marqués Par Socrate avec une pré-cision et une force qui ne laissent rien à
désirer. Après le premier entretien des sophistes avec Clinias,
1. Aristote, 0. /,, XXIV, 2 et [\.
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128 EUTHYDÈME
désigner expressément. Elle ne donne pas davantage le droit
de supposer
que l'auteur de YEuthydème, en lui faisant
enseigner l'éristique, lui ait prêté une physionomie fantai-
siste.
Les Mégariques.Si
>.Par le caractère varié de leurs con-
naissances, Euthydème et Dionysodore
rappelaient autrefois Hippias, en tant qu'éristiques, et tels
que Platon les présente, ils se rapprochent desÉléates 2 et des
Mégariques. On peut admettre qu'Euthydème était un so-
phiste influent 3, et auteur de l'ouvrage auquel Platon a
emprunté les thèses paradoxales de son dialogue*. Il est
probable néanmoins qu'un certain nombre de ces sophismesont été imaginés par Platon, ou qu'ils étaient alors d'un
emploi courant parmi les éristiques3
. Au reste, tout en les
visant personnellement, Platon paraît attaquer sous leur
nom d'autres adversaires. Il lui arrive de signaler que le
sophisme sur l'impossibilité de contredire était déjà fort utilisé
dansl'entourage
deProtagoras,
et
plusanciennement encore
(286 c). Mais, à en juger par le dialogue qui porte son nom,
Protagoras avait une manière tout à fait différente de celle
des deux éristiques : il procédait par discours suivis. Euthy-dème et Dionysodore se séparent profondément de cette
ancienne génération de sophistes. Leur méthode qui, sou-
sodore n'est autre que Lysias. Lysias avait un frère du nom d'Euthy-
dème; il s'était avec lui rendu à Thurium, et, après avoir enseigné
quelque temps la rhétorique, il avait pris le métier de logographe
(cf. Euthyd., 272 a).— Mais la famille de Lysias était originaire de
Syracuse, non de Chios;à l'époque où se place l'entretien de YEu-
thydème (avant 4o4, voir p. i3q), Je qualificatif de vieillard, donné à
Dionysodore, ne convient pas à Lysias, né vers 44o.
i . Gomme l'a fait Welcker.
2. A l'exemple de Parménide, ils soutiennent que le non-être
(-6 {xtj ov, xx ut, ovtcz) ne peut jamais être objet de pensée, ni de
parole, ni d'action (284 b, 286 a; cf. Soph., 287 b-238 d).
3. U. von Wilamowïtz-Moellendorff, Platon, II, p. i55. Mais il
serait téméraire d'en faire avec Winckelmann (Proleg.. p. xxvi) une
certitude.
4- Wilamowitz, id.
5. Dans le traité rappelé plus haut, Aristote ne nomme qu'unefois Euthydème et à propos d'un sophisme qui ne figure pas dans le
dialogue de Platon (cf. Bonitz, 0. /., p. i34).
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NOTICE 129
mettant l'adversaire à un interrogatoire continuel et un
système de raisonnement rapide, réfute au fur et à mesure
chacune de ses réponses, est une caricature de la dialectiquede Socrate. Son défaut est
d'ergotersur le sens des mots
en se gardant de les définir, et de se borner à la surface
des choses, sans aucun souci de l'objet même de la discus-
sion. Au lieu de n'être qu'un moyen, elle semble trouver
sa fin en elle-même. Platon reproduit vraisemblablement
ici les stériles habitudes en usage dans certaines écoles
socratiques ;mêlant la dialectique des Éléates à celle de
Socrate, elles offrent comme une image dégénérée du socra-
tisme 1.
Deux ou trois sophismes sur lesquelsPlaton insiste particulièrement étaient,
on le sait, soutenus par Antisthène, dont la doctrine pré-sentait de grandes analogies avec celle des Mégariques. Gomme
Protagoras, il niait la possibilité de contredire 2. Selon lui
il
n'y
avait
pour chaquechose
qu'unefaçon d'en
parler;
si
l'on tenait un autre langage, c'est qu'on parlait d'un autre
objet : d'où résultait à la fois l'impossibilité de parler faux
et de contredire 3
(cf. Euthyd., 286 a et suiv.). Il se peutaussi qu'un passage du dialogue (3oo e-3oi a) soit une allu-
sion à la théorie des Formes. Pour riposter aux attaquesd'Antisthène contre cette doctrine, Platon prêterait à Diony-sodore un inepte sarcasme qui serait la caricature des objec-tions d'Antisthène*. Mais il n'est pas absolument certain
1. Cf. Th. Gomperz, Les penseurs de la Grèce, trad. Raymond, II,
p. 567 ;H. Raeder, Platons philosophische Entwickelung , p. 69.
2. Diogène de Laërte, IX, 53: il avait écrit un traité IIspi xou
u.r(sTvai àvTiÀe'ysiv (id., III, 35).
3. H. Raeder, 0. L, p. i4i-2, pense que suivant Protagoras (Diog.
Laërte, IX, 4i) il était possible de soutenir sur le même sujet deuxthèses opposées, doctrine inconciliable avec la théorie d'Àntisthène.
Celle-ci aurait été faussement attribuée aussi à Protagoras par Dio-
gène de Laërte. Et Platon, nommant Protagoras, mais songeant à
Antisthène, les aurait ironiquement renvoyés dos à dos : s'il n'y a
rien de faux, comme le dit Antisthène, il n'y a rien de vrai, commel'affirme Protagoras. C'est la négation de tout enseignement, et celui
des deux sophistes se détruit lui-même.
k. Zeller, II, \'+ p. 296, A2 ; Bonitz, 0. /., p. i36.
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i3o EUTHYDÈME
que la théorie proprement dite des Formes soit soulevée dans
cet endroit du dialogue'
.
Si ces
rapprochementssont fondés, on
deVEuti^dème.^erPKlPw mieux le contenu et le ton
de YEuthydème. Ce ne sont pas seule-
ment deux éristiques de passage que Platon aurait voulu
combattre. A travers eux il attaquerait des écoles rivales de
la sienne et des adversaires personnels. Il accuserait avec
force l'abîme qui le sépare de certains Socratiques et l'irré-
ductible opposition qu'il discerne entre son enseignement et
le leur. Bref, YEuthydème marquerait un épisode de la polé-
mique soutenue par Platon contre ses rivaux. Malgré l'incer-
titude qui peut subsister sur le sens de certaines attaques,
il est impossible, à la lecture de l'ouvrage, de ne pas être
frappé de la vigueur et de l'âpreté de la critique. L'Euthy-dème n'est pas seulement, comme le Protagoras, une spiri-
tuelle comédie : c'est une violente satire, menée sans ména-
gement ; elle respire une animositéqui serait incompréhensiblesi l'auteur ne ripostait à des ennemis qu'il a résolu d'abattre 2
.
Les thèses attribuées aux sophistes de YEuthydème sont
condamnées en bloc par Platon : il est clair qu'à ses yeuxaucune ne mérite la discussion. Plus tard, il changera d'avis,
il s'apercevra que ces propositions paradoxales touchent à des
problèmes difficiles, qui demandent un examen approfondi3
.
Dans le Théétèteil
reprendrala
définition du savoir; il
discutera la question déjà effleurée dans YEuthydème : peut-
i. Cette idée que dans toute belle chose il y a de la beauté se
retrouve dans YHippùis majeur, 289 d; Gorgias, £97 e ; cf. Euthy-
phron, 6 d; Ménon, 72 c; elle n'exprime peut-être encore qu'une
conception socratique (Wilamowitz, 0. /.. p. i58).
2. Wilamowitz, o. /., p. 167, traite de roman l'hypothèse d'une
attaque dirigée contre Antisthène : il allègue que rien n'empêchaitPlaton de mettre en scène son adversaire. Mais Platon a pu avoir ses
raisons, que nous ignorons. On trouve chez lui maintes allusions à
cette polémique, expressément attestée par Diogène de Laërte (III, 35)et généralement admise aujourd'hui. Les deux sophistes de YEuthydèmen'ont abordé que dans leur vieillesse l'étude de l'éristique. Ne serait-ce
pas une allusion à Antisthène, si c'est bien lui que vise le Sophiste
(25 1 b tc5v Yepovxtov xoiç o^t^aBici) ? Cf. Gomperz, o. /., p. 568.
3. Raeder, 0. I., p. i£3.
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NOTICE i3i
on ne pas savoir ce qu'on sait1? Il y reviendra dans le Cratyle
(385 b) et surtout dans le Sophiste (236 e-246 a), où il
examinera de nouveau cette proposition : « il n'est pas
possible de parler faux ». Dans ce dernier dialogue, la
cinquième définition du sophiste : athlète en discours, dont
la spécialité est l'éristique (a3i e), s'applique avec une sur-
prenante exactitude à Euthydème et Dionysodore. N'est-ce
pas à eux que songe Platon, quand il parle de ces contradic-
teurs de métier, doués en apparence d'un savoir universel,
capables sur tout sujet d'en remontrer à tout le monde, et
habiles à rendre vrai le faux? Mais cette fois, allant au fonddes choses, il prouve, en démontrant contre Parménide
l'existence du non-être, que le discours peut être faux. Et,
opposant entre elles les deux méthodes d'éducation, il fait
voir que la maïeutique de Socrate n'a rien de commun avec
les procédés sophistiques.
Pour ruiner l'éristique, VEuihydème ne
^ille^u^^ ^
Se bome paS à en dénoncer la virtu <>sité
socratique puérile et la stérilité. En face de cette
méthode qu'il ridiculise et condamne,Socrate expose la sienne. Si les trois discussions menées parles sophistes restent sans effet, il en est tout autrement des
deux entretiens de Socrate avec Glinias. S'emparant du
thèmeque
les deuxéristiques
ne veulent ni nepeuvent
traiter, Socrate montre les résultats féconds obtenus par la
véritable dialectique,— la sienne 2
. Il établit que la zozi*
est le seul vrai bien, et que laznloaoyiz,
ou recherche du
savoir, est la condition nécessaire du bonheur. Plus loin, il
est vrai, le dialogue s'engage dans une impasse : quelle sorte
du savoir faut-il acquérir? Après avoir montré que cette
science doit non seulement produire, mais enseigner le
moyen d'utiliser à propos ce qu'elle produit, Socrate, arrivé
à l'art « royal », se déclare incapable de pousser plus loin son
enquête. D'où vient qu'il proclame ici son embarras? Doit-
on croire que Platon, quand il écrivait YEuthydème, n'avait
1. Théêt., 1 63-i 66.
2. Gomperz, o. I., p. 5og, insiste avec raison sur le contraste
« profond et calculé » que la méthode de Socrate offre ici avec celledes deux éristiques.
V. 1. — 12
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i3a EUTHYDÊME
pas encore découvert la clef du problème? Mais il serait
étrange qu'il mît cet aveu dans la bouche de Socrate en
présence de ses adversaires. Il semble évident au contraire
que, s'il feint de s'arrêter devant une difficulté dont il signale
l'importance, c'est parce qu'il croit en avoir déjà suggérétout au moins la solution. Et son intention paraît claire : en
invoquant, pour résoudre une question limitée et précise,
l'aide des deux éristiques qui se sont jusqu'alors dérobés à
son appel, Socrate veut leur ôter tout moyen de lui échapperencore. Or ce troisième débat n'aboutit pas plus que les pré-
cédents : le
problèmen'est même
pasabordé
parles
sophistes. Dès lors la preuve est faite de leur impuissancetotale. Socrate a maintenant le droit de conclure que l'éris-
tique est une méthode vide, purement négative, et d'y
opposer avantageusement la sienne 1. Elles n'ont entre elles
rien de commun, et le discrédit qui doit frapper la première,il serait contraire à la justice de le faire retomber sur la
seconde. Si elles s'abritent l'une et l'autre sous le nom de
cptXoffocpta,c'est à la faveur d'une équivoque, qui désormais
ne saurait tromper personne. LacpiXococpta
est enseignée parSocrate : que Griton ne se laisse pas troubler par les contre-
façons qui lui sont offertes !
Le sens général de YEuihydème est donc parfaitement net.
Le problème posé au début, rappelé à la fin, est celui de
l'éducation : c'est l'éducation de Glinias qui préoccupe les
amis du jeune homme; le thème proposé aux sophistes
consiste à montrer comment il doit aimer la science et
cultiver la vertu. C'est aussi l'éducation de ses fils qui cause
les perplexités de Griton. Or deux méthodes sont en présence,
qui s'attribuent également une valeur éducative. Mais l'une,
comme le montre la discussion, est entièrement vaine;l'autre
prouve son efficacité, puisque la dialectique de Socrate réussit
en peu de temps à dégager la valeur exceptionnelle de la<Toota et les conditions qu'elle doit remplir. Les étonnants
progrès réalisés par Glinias attestent la fécondité de la
méthode.
i . En dépit de l'obstacle qu'il s'est donné l'air de ne pouvoir sur-
monter, son entretien avec Clinias a d'ailleurs dégagé des conclusions
importantes et déblayé utilement le terrain, en montrant que la tévvi)
(3a<r.Xtx7; ne répond pas aux conditions requises.
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NOTICE i33
Que Platon crût nécessaire de séparerer
jC^ e
ïr
cette méthode de celle des éristiques, enanonyme de Criton. ... . 7
»
dissipant une contusion possible ou
réelle, c'est ce que prouve, outre le trouble de Criton, la
conversation qu'il rapporte à Socrate. L'inconnu qui a com-
menté devant lui l'entretien enveloppe dans les mêmes sar-
casmes Socrate, les sophistes et la philosophie elle-même
(3o4 e).Ici Platon a certainement en vue un adversaire déter-
miné, non pas un groupe1
,mais un individu; la preuve en
est que Criton prétend rapporter presque littéralement ses
paroles. Divers noms ont été mis en avant2
, mais depuis
Spengel3 on admet ordinairement qu'il s'agit d'Isocrate 4
.
On sait qu'Isocrate est nommé à la fin du Phèdre, dans des
termes où les uns ont voulu voir un éloge sincère, les autres,
au contraire, une ironie dédaigneuse et une critique. Nous
n'avons pas à examiner ici cette question délicate, ni le lien
qui peut être établi entre YEuthydème et le Phèdre. De
quelque façon qu'on interprètele
passagedu
Phèdre,il n'est
pas nécessaire d'y recourir pour expliquer celui de YEuthy-dème. Les relations de Platon et d'Isocrate ont pu d'ailleurs
varier selon les époques, au cours de deux carrières quifurent longues
5.
Comment nous est présenté l'inconnu de YEuthydème?C'est un homme qui se croit d'une sagesse accomplie, et qui
s'imagine en avoir la réputation auprès du public, un de
1. Gomme le pensait Stallbaum (Disputatio de Euthydemo Platonis,
p. £7)1 qui jugeait l'attaque dirigée contre les logographes en général.
2. Thrasymaque, par Winckelmann (Proleg., p. xxxiv et sq.) ;
peut-être visé en effet, mais à un autre endroit (290 a) ; Polycrate,
par Fr. Hermann;Théodore de Byzance, par Sauppe.
3. L. Spengel, Isokrates und Platon (Abhandl. der philosoph.-
philologischen Classe der kônigl. bayer. Akad. der Wissenschafteri) ,
Munich, i853, VII, 1, p. -y29 suiv.
4. Cependant la thèse de Spengel a été combattue par B. de
Hagen, Num simultas intercesserit Isocrati cum Platone, Diss. Iena,
1906, et plus récemment par IL von Wilamowitz-Moellendorff, Pla-
ton, II, p. 107 sq.
5. Th.Gomperz, o. L, p. 566, le fait justement remarquer. L. Spen-
gel admet une évolution dans ces rapports, mais ce qu'il dit de la
date du Phèdre etl'interprétation qu'il donne de
«l'éloge
»d'Isocrate
sont sujets à caution.
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i3/i EUTHYDÊME
ceux dont l'habileté s'exerce sur les discours destinés aux
tribunaux. Non qu'il soit lui-même un orateur : il ne semble
pas s'être jamais présenté devant un tribunal, mais il com-
pose des discours à l'usage d'autrui1
. Il fait partie de ces
gens qui, tenant le milieu entre le philosophe et l'homme
d'État, prennent de la philosophie et de la politique juste le
nécessaire, et recueillent les fruits de leur sagesse à l'abri des
luttes et des périls. Inférieurs au politique comme au philo-
sophe, placés dans la réalité au troisième rang, ils cherchent
à occuper le premier devant l'opinion. Se font-ils battre
dans la discussion ? c'est auxéristiques qu'ils
attribuent leur
échec.
Quiconque lit ce portrait sans préven-tion songe aussitôt à Isocrate. La pré-
somptueuse vanité d'Isocrate était célèbre de son temps ; elle
s'étale abondamment dans ses discours. Au début de l'Echangeil se compare à Phidias, Zeuxis, Parrhasios 4
. Il s'écrie dans
le Panégyrique (43 c) : « Si je ne parle avec l'éclat quiconvient à mon sujet, à ma propre renommée, au temps que
j'ai consacré à ce discours, et à ma vie tout entière, je
demande à n'obtenir aucune indulgence, mais la risée et le
mépris... ». Lui-même nous apprend que la faiblesse de sa
voix et sa timidité ne lui ont jamais permis de prendre la
parole en public3
. Il a commencé par être logographe : cinq4
parmi les discours qui nous restent de lui sont des plaidoyers
i. Ce détail prouve que Platon ne songe pas ici à Lysias. Wilamo-
witz estime que le lecteur athénien ne pouvait appliquer qu'à Lysias
ce portrait de logographe : Lysias s'était montré l'adversaire des phi-
losophes; il attaquait leur arrogance dans un discours contre Eschine
le Socratique (Athénée, XIII, 611) et traitait Platon de sophiste
comme Eschine (Aristide,c
Yxep
'ojv T£TTai
otov,5i7(3n).
Mais il avait
plaidé pour son propre compte contre Eratosthène en 4o3, et il serait
invraisemblable que Platon eût perdu le souvenir de ce procès reten-
tissant. Wilamowitz reconnaît d'ailleurs que la suite du portrait ne
peut se rapporter à Lysias, et que Platon n'a pas eu l'intention de le
viser.
•2. 3io b.
3. Panath., 234 c d; Phil., 98 c, etc.
[\. En laissant de côté le discours IIpôç EùOuvouv, apocryphe selon
Drerup (Jsocratis opéra omnia, vol. I, ch. iv).
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NOTICE i35
judiciaires écrits pour des clients 1. La position qu'il a prise
le range « à la limite » du philosophe et du politique.Son
but est avant tout de composer des œuvres utiles, faites
pour l'instruction de l'auditoire, pleines de hautes idées
morales et de considérations politiques. L'éloquence, telle
qu'il l'entend, est la méthode d'éducation par excellence.
Elle est même une philosophie, et la seule digne de porter ce
nom, car elle a un objet pratique2
. La phrase de Socratesur
ces gens qui, « à l'abri des périls et des luttes, recueillent
les fruits de leur sagesse », trouve son commentaire dans le
discours sur l'Échange, notamment § i5i, où Isocrate parle
de son goût « pour la tranquillité et une vie sans tracas »,
existence qu'il jugeait « plus agréable que celle des gensremuants ». Avec l'ironique xapzoucôai tt,v (rocpiav
de YEu-
thydème on comparera la déclaration d' Isocrate (id. § io,5) :
aTToÀéXauxa xoZ 7cp<xYu,a7oç: on sait qu'il avait tiré beau-
coup d'argent de son enseignement (id. § i58). A plu-
sieurs reprises il a attaqué les éristiques : il parle dédai-
gneusement, au début de l'Hélène, de « ceux qui passentleur temps à des disputes (toiç Ttspl tocç spiBocç Biarpiêoucv)sans intérêt, bonnes seulement à causer des difficultés à
ceux qui les approchent » (208 b). Leur unique souci est de
s'enrichir aux dépens de la jeunesse (209 b). Dans le
discours Contre les sophistes, il s'écrie (291 b) : « Quin'aurait de la
haineet
du mépris pour ceux qui passentle
1. B. de Hagen, o. /., objecte, p. 19, qu'Isocrate ne fut logographe
que dans ses premières années, et dans la suite se défendit toujoursde l'être. Il proteste en efTet dans VÉchange, a, contre certains
sophistes qui calomnient ses occupations, en prétendant qu'il écrit
pour les tribunaux. Mais sa protestation montre précisément que jus-
qu'à la fin de sa carrière (lors du discours sur 1 Échange, en 354, il a
quatre-vingt-deux ans), ses adversaires le poursuivaient de cette
appellation.
2 . Il est vrai que l'inconnu de YEuthydeme parle avec mépris de la
philosophie (3o4 e-3o5 a) et Hagen (o. L, p. 21) en conclut que ce
ne peut être Isocrate, qui décore du nom de philosophie son propre
enseignement. Mais laçi/.osoç-'a raillée par l'inconnu est l'éristique
des sophistes et la dialectique de Socrate : elle n'a rien à voir avec la
conception isocratique, et le blâme porté contre la première, « ce que
certains appellent la philosophie » (Échange, 270), ne tombe pointsur la seconde.
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i36 EUTHYDÈME
temps aux disputes? Ils font semblant de chercher la vérité,
mais tout aussitôt ils essaient de mentir... Ils en sont
venus à ce degré d'impudence qu'ils tentent de persuader
aux jeunes gens qu'ils sauront en les fréquentant ce qu'ilconvient de faire, et grâce à cette science trouveront le
bonheur... », etc.
Il est vrai que la phrase présentée par Platon comme une
citation presque littérale (3o4 c)' ne se retrouve pas dans
l'œuvre d'Isocrate. Mais elle pouvait se lire soit dans un écrit
aujourd'hui perdu2
,soit dans un passage disparu d'un des
écrits conservés, notamment à la fin du discours Contre les
sophistes*, que l'on s'accorde généralement à tenir pourmutilé*. Il se peut encore que Platon reproduise une décla-
ration orale de son adversaire.
Que le portrait de l'inconnu paisse s'appliquer à Isocrate,
ce n'est sans doute pas une preuve que ce dernier y soit
effectivement visé. Cette identification est pourtant la plusvraisemblable de toutes celles
qui
ont été
proposées
: elle ne
soulève aucune des objections qu'on peut faire aux autres, et
en dehors de YEuthydème elle paraît confirmée par de nom-breux indices.
Si nous manquons de témoignages sur
.
Platoj,les rapports personnels de Platon et
d'Isocrate % il est certain qu'entre leurs
doctrines existait une opposition fondamentale:
leurs écrits
i . Il est douteux que les mots toiç ovouaai dont se sert Platon
(3o4 e) s'appliquent au style, comme l'a soutenu P. Shorey (Class.
Philology, 1922, p. 261-2), au lieu d'annoncer une citation littérale.
Isocrate se sert à plusieurs reprises du mot Xqperv (cf. Euthyd., 3o4
e Xr,pouv-ca>v) pour des discoureurs qu'il méprise; p. ex. Panath.,
235 a.
2.
Denysd'Halicarnasse attribuait à Isocrate 25 discours, Céci-
lius 28, et il ne nous en reste que 21 (Pseudo-Plutarque, 838 d).
3. Raeder, o, t., p. i45 ; hypothèse déjà avancée par Dummler,Kleine Schriften, I, 128.
4. Wilamowitz le conteste pourtant. 0. /., p. 112, après Hagcn;et Ritter (Platon, sein Leben, seine Schriften, seine Lehre, I, p. 21 3 et
suiv.) rejette l'hypothèse avec un dédain ironique.
5. Le seul que nous trouvions chez les anciens est fourni par Dio-
gène
de Laërte : il affirme (III, 8)que
les deux hommes étaient unis
d'amitié; Praxiphane, ajoute-t-il, a consigné l'entretien sur les
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NOTICE i39
Sur la date où est censé avoir lieu Ten-
de VEufhydème.*retien
:l'Euthydème ne fournit que des
indications vagues. Les deux sophistes,
aujourd'hui des vieillards, ont été expulsés de Thurium depuisde longues années (271 c). Peut-être avaient-ils pris part à la
colonisation de 443. Schleiermacher rattachait leur bannisse-
ment aux mesures de représailles dont le parti athénien de
Thurium eut à souffrir en 4i3 et qui ramenèrent à Athènes
Lysias et son frère. La chose n'est pas impossible, mais on
n'aperçoit pas de relation nécessaire entre ces deux ordres de
faits.
D'autre partil
est question de Protagoras (286 c) dansdes termes qui paraissent impliquer qu'il n'existait plus à
cette époque (êypwvTo). Si l'on pouvait avec certitude fixer la
mort de Protagoras en An» il en résulterait que l'entretien
se passe après cette date. Socrate est déjà ucesêÛTepoç (272 a),
et les enfants qui prennent avec lui les leçons de Gonnos se
moquent, en le voyant, de leur maître de cithare qu'ils appel-lent
YfisovToStBacxaXoç (272 c).
Ces indications neprouvent
pourtant pas que l'entretien se place dans les dernières années
de Socrate. Il est sûrement antérieur à 4o4, puisqu'Alcibiadevit encore (275 b). Nous savons trop peu de chose sur Cli-
nias pour tirer parti du renseignement que Platon nous
donne sur son âge en l'appelant f/ftpdxtov*. Mais Wilamo-
witz 2fait remarquer que Critobule sort à peine de l'adoles-
cence (271 b), tandis qu'au moment du procès de Socrate
il a déjà une fortune personnelle, puisqu'il s'offre à payerl'amende avec son père
3. L'entretien serait donc antérieur
de plusieurs années à 399 ; peut-être se place-t-il vers 4oo.
Il serait d'ailleurs beaucoup plus intéressant de déterminer
avec exactitude l'époque où fut écrit YEuthydème. Frappé du
grand nombre de problèmes auxquels touche le dialogue,Horn 4
le considère comme une sorte de programme, anté-
rieur à la maturité philosophique de Platon. Il le place avanele Gorgias et même avant le Protagoras, après le Lysis et lt
Charmide, mais dans le même groupe que ces deux derniers
1. 271 hetpassim.2. O. L, p. i54.
3. Platon,Apologie,
38 b.
h. O. I, p. 181.
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i4o EUÏHYDÈME
dialogues *. Au contraire, suivant Raeder 2, YEuthydème sup-
pose déjà YEuthyphron et même le Gorgias. Gomperz va
plus loin encore : il observe que YEuthydème subordonne à la
sciencephilosophique par excellence,
c'est-à-dire la dialecti-
que, les disciplines spéciales, et il conclut que ce dialogue,
déjà fort éloigné du Protagoras et du Gorgias, est très voisin
des ouvrages dialectiques d'époque postérieure3
.
L'examen des critères stylistiques conduit à ranger YEu-
thydème bien après le Protagoras, plus tard que le Gorgias,
dans le même groupe que le Ménon et le Cratyle4
. On arrive
à la même conclusion quand on étudie les idées, l'objet mêmedu dialogue, et la polémique à laquelle il se rattache. L'an-
tériorité du Protagoras semble prouvée par un détail signifi-
catif: Platon y établit que la vertu est une science et peut
s'enseigner ; or, YEuthydème admet sans discussion, commeune vérité déjà démontrée, que la socpîa s'enseigne (282 c).
L'enquête relative à l'art de régner (ou politique) aboutit
dans YEuthydème à une difficulté qui n'est pas résolue:
quelle science cet art doit-il procurer aux hommes ? C'est qu'ens'adressant à la politique, Socrate n'a pas pris la bonne voie :
non plus que la rhétorique, la politique n'est cette sagesse
suprême qui, pouvant à la fois produire et utiliser ce qu'elle
produit, transforme en bien des réalités indifférentes. Déjà la
solution a été indiquée dans le Gorgias, où Socrate expose
que le véritable orateur politique doit se proposer de faire
naître la justice dans l'âme de ses concitoyens (5o4 d-e), et
par suite en avoir lui-même la science (5o8 c). Or, cette
science, la philosophie seule la donne;Socrate croit être un
des rares Athéniens, sinon le seul, qui cultive le véritable art
politique (52 1 d). L'embarras manifesté dans YEuthydème avec
tant d'insistance nous paraît être la preuve5
,non pas, comme
le pense Horn 6, que ce dialogue est antérieur au Gorgias,
mais tout au contrairequ'il
l'a suivi. Laquestion est,
aux
yeux de Platon, d'importance capitale. 11 y a déjà fait une
1. Id., p. i8i-i83.
2. O. I, p. i46.
3. O. L, p. 566, note.
(x. G. Ritter, 0. /., p. a5£.
5. Voir supra, p. i3a.
6. O. I, p. 181.
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i4î EUTHYDÈME
nues dans le discours Contre les Sophistes et dans l'Hélène,
cette conclusion ne paraîtra pas invraisemblable. Le discours
Contre les Sophistes date des environs de 390, et YHélène doit
être un peu antérieure au Busiris, composé autour de 385 *.
En 391 ou 390, Isocrate avait écrit YÉginétique, et quelquesannées plus tard Platon pouvait encore, sans trop d'inexac-
titude, lui donner malicieusement ce titre de logographe queses ennemis s'obstinaient à lui appliquer en 354, au temps du
discours sur YÉchange.
1. Drerup, Isocratis opéra omnia, vol. I, ch. iv.
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CONSPECTUS SIGLORUM .
B=rcod. Bodleianus uel Glarkianus 39 (anno 895
post I. G. nat.).
T= cod. Venetus append. class. 4, cod. 1 (sub fin.
xi uel init. xn saec).
W = cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr. 7 (for-
tasse saec. xn).
Il = Oxyrhynchus Pap., 1908, p. 192, 881 (sub fin.
saec. 11 post I. G. nat.). Gontinet 3oi e-3o2 c (frag-
mentum grauiter mutilatum).
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EUTHYDEME[ou l'éristique, genre réfuta
tif.]
SOCRATE GRITON
271 a Griton. — Avec qui, Socrate, causais-tuPréambule. h\er au Lycée
l ? Ma foi, une telle fouleEuthydème » •*
et Dionysodore.vous entourait que, pour ma part, j ai
eu beau m'approcher pour écouter; je
n'ai pu rien entendre distinctement. En me penchant au-dessus des autres, j'ai pourtant réussi à voir, et ton interlo-
cuteur m'a paru être un étranger. Qui était-ce ?
Socrate. — Lequel veux-tu dire, Griton? Il y en avait non
pas un, mais deux.
Criton. — Celui dont je parle était assis à ta droite, le
b troisième en partant de toi. Entre vous était le jeune fils
d'Axiochos
2. Il
m'a paru, Socrate, avoir beaucoup grandi, etêtre presque du même âge que notre Critobule. Mais l'un
est fluet, l'autre bien développé et de fort bonne mine 3.
Socrate. — Euthydème, Griton, est celui dont tu veux
parler. Le personnage assis auprès de moi à ma gaucheétait son frère, Dionysodore. Lui aussi, il prend part aux
entretiens.
i. Un des principaux gymnases d'Athènes, à l'est et à quelquedistance de la ville, sur la rive droite de l'Ilissos. Socrate aimait à y
causer, voir Euthyphron, i a.
2. La généalogie de Glinias sera indiquée avec plus de précision
275 a.
3. Suivant Stallbaum, Wells et Schanz, ixeivo; vise Glinias, oZxoç
désignant Critobule;Heindorf et Gifford, au contraire, rapportent
èxeivoç à Critobule, et ouxo; à Clinias. Il est difficile de se prononcer ;
Xénophon, qui, dansle Banque t (IV, 10), parle de la beauté de Critobule,
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EY0YAHMO2[r] IptaTixd;
•
àva-cpeTruxd;.]
KPITON ZOKPATHZ
KP. Tlç fjv,go Z&KpaTEç, S X^ç ^v AukeIç SiEXéyou ;
271 a
f\ ttoXùç ûfciaç o)(Xoç TiEptELaT^Kei, ôScxt' EycoyE (SouXo^evoç
àkoùelv TtpoaEXBwv ouSèv otàç i3
?\aKoOaai aa<f>Éç
#
ÔTiEp-
KÛ^aç (jlévtol KaTEîSov, «xi ^ot ISo^ev EÎvau £,évo<; TlÇ,
co SleXeyou. Tiç î]v ;
EH. n6x£pov <ai EpcùxSç, S Kplxcûv ;oô yàp eÎç, àXXà
Sûo fjaxr|v.
KP. °Ov \xèv lyà> XÉyo), ek 8e£iSç xplxoç ànd aoO Ka6^-
oto* Iv ^éckû 8'ûfcicov
xos
A£k$xou ^LELpdcKiov fjv. Kal fcuxXab
TloXÛ, S ZcûKpaTEÇ, ETïiSeScùICEVOCI\JlOI ISo^ev, <al toO
f\\LZ-
TÉpOU OU TloXu TL Tf)V ^XlKUXV Sia<f>ÉpElV KptTOÔOuXoU. 'AXX3
Ikeivoç u-ÈvaicXr|<|)p6c;, ou-toç 8è npo(J)Epf]ç Kai KaX6ç <al
àyaSoç xfjv Si|uv.
ZQ. EuSuSrj^ioç o3t6ç ecttlv, & Kp'iTcov, Sv IpcùT&ç, ô 8è
nap' ê^è KaBrj^Evoc; e£ àpiaTEpaç ocSeXc^oc; toutou, Aiovu-
aoScopoç" ^eté^ei Se <ai oGtoç tSv X<5ycov.
Testim. : 271 a i xlç— 5 7)v (coax'
— xaTtiSov om. et àXXa jxot Çévoç
tiç cpaive-cat elva: scrips.) Demetrius, De elocut., Rhet. gr.., IX, 97).
271 a 2rj
in ras. B (^ Demetr.) : g TW ||3 rjv T j|
4 xatgï-
8ov TW : -fôov B H 6 xfopev Hermann : ôjio't-||
b 2 èmôeStoxévai
bt : -Se87)X(oxévai BTW ||3 ôiaçépet apographa ||
4 axXrjçpôç TW :
axkrflpoç B II6 6 8e rcap' ètxà TW : 0; ô*è
7ï<xp£p.£V£ B||
8 [xexeî^s
Heindorf.
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271b EUTHYDÊME i44
Griton. — L'un et l'autre me sont inconnus, Socrate.
c Encore de nouveaux sophistes, je suppose. De quel pays? Et
en quoi consiste leur savoir ?
Socrate. — Leurfamille, je crois,
estoriginaire de quel-
que part par là, de Chios, mais ils avaient émigré à Thurium l.
Or ils ont été bannis de cette ville, et voilà bien des années
qu'ils vivent dans nos régions. Quant à leur savoir, pour
répondre à ta question, il est merveilleux, Griton. Ces deux
hommes sont tout bonnement universels, et j'ignorais jus-
qu'ici ce qu'étaient les professionnels du pancrace2
. L'un et
l'autre pratiquent à souhait toutes les formes de lutte, mais nonà la manière des deux frères Acarnaniens, ces champions du
d pancrace. Ceux-là ne se sont montrés capables que de lutter
avec leur corps ;il en est autrement de ceux-ci 3
. En premierlieu, ils excellent, par la vigueur physique et l'escrime, à
triompher de tous les adversaires; car ils ont eux-mêmes une
science consommée du combat en armes, et le pouvoir de la
272a communiquer à tout autre moyennant salaire; ensuite,
s'agit-il de luttes judiciaires? ils sont de première force pourles soutenir, et enseigner à autrui le secret de parler et de
composer des discours appropriés aux tribunaux. Aupara-vant leur habileté n'allait pas au-delà
;mais maintenant ils
ont mis le couronnement à l'art du pancrace. Le seul genrede lutte qu'il n'eussent pas encore essayé, ils l'ont aujour-d'hui pratiqué à fond, si bien que pas un ne serait en état
de lever même le poing sur eux, tant ils sont devenusb
experts à lutter en paroles, et à réfuter chaque propos, aussi
bien le faux que le vrai. Pour moi, Griton, j'ail'intention
de me remettre aux mains de ces deux hommes;car il leur
faudrait peu de temps, affirment-ils, pour rendre n'importe
qui habile à ces mêmes exercices.
mentiqnne un peu plus loin (IV, 12) celle de Glinias. La première
interprétation nous paraît être cependant la plus probable.
1. Thurium avait élé fondé en 443, sur l'emplacement de la ville
détruite de Sybaris, par une colonie panhellénique ;Périclès avait
invité tous les Grecs à s'y joindre aux colons athéniens.
2. Le pancrace était une combinaison du pugilat et delà lutte.
Contrairement aux lutteurs, les pancratiastes poursuivaient le combat
à terre, et il leur était permis de frapper des poings et des pieds.
Dans Théocrite, XXIV, i4, ils sont appelés Kàu,jxa/oi.
3. Les deux sophistes sont des pancratiastes dans toute la force du
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i44 EY0YAHMOS 271b
KP. OuôéxEpov ytyvcûaKQ, S ZoùKpaTEÇ. Katvoi TtVEÇ ocC
ourot, ôbç lotKE, ao<J>tarai' noÔaTioi
;Kal t'iç ^ aocpia ; c
ZO. OCtch t6fcièv yÉvoç, ^*» ^Y?^ ^
evteOBev tïoSév
Etatv Ik Xlou, aTi^icrjaav 8è le; ©ouplouç, <J>£vyovTE<; Se ekeî-
8ev tt<5XX'fjSrj ett^ Ttspl toùoSe toùç t6ttouç 8taTp't6ouatv.
Se au EpcûTfiç xr]v aoeptav aûxotv, Sau^aata, o KplTQV
nàaaocjîot aTE^vcoç tgj y£, °^'fj^
1! ^P^ T0^ ° Tl e^ev °t
TtayKpaTtaaTai. Toùtcù yap èaTov Ko^tSfj Tra(ji^idt)^co,oô
ica8' S Tw'AKapvfivE ly£V£a8r|v
tco
TtayKpaTtaaTà àSEXcfx»'IkeIvco uèv yàp tû aô^iaxt u,6vov oïcù te n<x)(Ea8at, toùto d
Se TtpcoTov ^èv tû acbjiaTt SEtvoTaTco laTÔv Kalfctaxïl
Ttàv-
tcov KpaTEtv— ev frnXotç yàp aÔTûb te ao<p<à Ttàvu (îà^EaSat
Kal aXXov, oç av StScp [ua86v, oïco te Tcotf^aat— ETtEtTa 272 a
t^)v ev toîç StKaaTrjpiotc; ^a^rjv KpaTtaTco ical àycoviaaaSat
Kal aXXov StSà£,at XéyEtv te Kat
auyypacpEaSatX6youç dlovq
stç Ta StKaaTfjpta. Ilpô toOjjlèv
ouv TaCTa ôstvo rjaTrjv
u,6vov, vOv Se TÉXoq lmT£8r)KaTov TtayKpaTtaaTtKrj TÉ^vrj.
"H yàp tJv XotTtf} auToîv\xcL\r) âpyoç, TaÙT^v vOv l£,£lpya-
a8ov, dSaTE \xr)& âv ëva auTotç otév ts
EÎvat\ir\6
3
àvT&par
outq SEtvô y£y6vaTov ev toîç Xôyotç a^d^EaSal te Kal !£,£-
Xéy)(£tv t6 a£l X£you.Evov, ô^oIcdç làv teiJjeOSoc;
làv te b
àXrjSÈç r\,
3
EyG> ^lèv ouv, S Kp'tTcov, Iv vep e^cû toîv àvSpoîv
TtapaSoOvat l^auTév Kal yàp c[>aTov Iv èXiycp y^pàvep Trotf^aat
âv Kal aXXov ôvTtvoOv Ta auTa TaOTa S£tv6v.
Testim.:
271 C 7toÛtoj — 8
-ay/pa-ctaerrà Pollux, 3, i5o.
b 9 xaivoi T'.V3; au ouTot, oj; eg'.xs, aoçicrai : W : ^ooa7:oi. xaî n»';
fj 009'Ja : B scilicet haec verba alteri personae tribuentes|jc 5 Oauaa-
ata BW : -a:a: T (sed accentus supra t deletus) j|6 r.d<3<30O0'. T : ^ava-
BWt H Toi Y£ BW : &< £YWY£ TII
8 T - Heusde : oti||8 xa'ô'àGifford :
xatTa BW (sed post xa erasam esse litteratn in B monuit Giffordj|
àxacvave iyvdnOr^ BW : à/.apvxvs T ||d 2
[xày7]^avTtov anonymus
(xayjj ^-àv:ojv B
[xoty 7;
r- jc^vtcuv èaTt
TW||
272 a 5 u.ovco
Wij
69[
•yàpÏTt Xoi?;rj aÙTOtv r
(v vp. T
|J 7 jitjôÈv eva W.
V. 1. - i3
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272 b EUTHYDÈME i45
Griton. — Eh quoi ! Socrate, à ton âge? Ne crains-tu pasd'être déjà trop vieux ?
Socrate. — Nullement, Griton. J'ai, pour me rassurer,
un indice et un encouragement suffisants. Eux-mêmes étaient
pour ainsi dire des vieillards, quand ils se sont mis à cette
science qui fait mon envie, l'éristique ;l'année dernière ou
c la précédente, ils n'étaient pas encore savants. Ma seule
crainte, à'moi, est de couvrir encore de honte ces deux étran-
gers, comme Gonnos 1
,fils de Métrobios, le cithariste qui
même aujourd'hui me donne des leçons de cithare. A cette
vue les
enfants,mes
condisciples,se
moquentde
moi,et
Connos, ils l'appellent un maître pour vieux. J'aurais peurde faire le même affront aux deux étrangers ;
et eux, pris
sans doute de la même crainte, refuseraient peut-être de
m'accepter. Mais moi, Griton, j'en ai déjà décidé d'autres,
d de vieilles gens, à devenir là-bas mes condisciples, et je
tâcherai d'en décider encore à me suivre ici. Toi-même, pour-
quoi ne pas te mettre à l'école avec moi ? Tes fils nous ser-
viront à les amorcer; pour les avoir, je suis sûr qu'ils nous
prendront, nous aussi, comme élèves.
Griton.— Rien ne s'y oppose, Socrate, si c'est ton avis.
Mais d'abord, explique-moi en quoi consiste le savoir de
ces deux hommes; que je sache ce que nous apprendrons.
Socrate. — Tu vas l'entendre. Car je
Lerécit
de Socrate.•
j-
• » •
t\iL'auditoire. ne saurais dire 9°* Je n aie ï*3
.
ete
attentif à leurs propos ;mon attention
était parfaite, comme le sont mes souvenirs, et je vais essayer
de te conter tout en détail depuis le commencement. Une dieu a voulu que je fusse par hasard assis à l'endroit où tu
m'as vu. J'étais dans le vestiaire 2, seul, et déjà je songeais à
me lever. Mais au moment où je me levais, se produisit cet
avertissement divin3
qui m'est habituel. Je me rassis donc,
terme : au sens propre, par leur vigueur et leur agilité ;au figuré,
parce qu'ils savent le secret de triompher dans les luttes judiciaires.
IlavTiuv xpatsfc joue sur l'étymologie du mot pancrace; u-i/r^
comme le montre la suite (èv cfaXotç), désigne Yhoplomachie, ou
combat en armes (voir Lâches, 182 b).
1. Cf. Ménexene, a35 e sq. (voir la Notice p. 78).
2. Endroit où se déshabillaient les gymnastes; comp. Lysis, 206 e.
3. Il est plusieurs fois question chez Platon de cette voix inté-
I
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http://slidepdf.com/reader/full/platon-51-ion-menexene-euthydeme 193/297
i45 ET0YAHMOS 272 b
KP. Ti 8al, © ZcbKpaTEÇ ;ou
c|>o6£Î Tf)v ^XiKtav, fcif) fjôrj
TtpEa6ÙTEpo<; ?\q ;
ZO. "HKiaxà ye,£
KpixcoviKavôv
TEK^fjpiov !)(©Kal
Ttapa^uStov toOu.f) cj>o6£Uj8ai. Auto yàp toùtco, ôbç ettoç
eIttelv, yépovTE ovte ^p^dca8î]v Taùxrjç xfjç ao<f>la<; fjç
lycoys eth.8uu.co, xfjç EpiariK^c;* TtÉpuaiv f^ TipoTtÉpuaiv ouSetico
fjarr|v ootyà. 'AXX' èy© ev u.6vov c|>o6o0u.ai, u.f)a3 SvelSoç C
TOÎV C^EVOIV TTEplàlJjCù, ÔSaTIEp K6vVCO TCO MT]Tpo6'lOU , T$
KiSapiaTrj, 8c;
eu.e 8i8<xcjkei etl Kal vOvKi6apt&Eiv opcovTEÇ
oCv ol natSEÇ olau(jicj)OLTr)Tat u.ol eu.oO te KaTayEX©ai Kai
t6v KcSvvov «xXoOai yEpovToSiSaaKaXov. Mf| ouv Kal toîv
E,évoiv tiç Tauxôv toOto èvEiS'ioT]"ot 8' aut6 toOto ïacoç
<J>o6oùu.evoi Tà)(a u.e ouk av eSéXoiev TupûaSÉ^aaSai. 'Eycb
8S
,S Kp'lTCOV, EKEÎCJE U.EV aXXoUÇ TtÉTTELKa CJUU.U.a8T]Tàç ^01
<|>oiTav TipEo6uTac;,
£VTa08a 8é
yE ETÉpouç TTEipàaou.ai
tteI- d
8elv. Kal crû tI ou ouu.c|>oit$c; ; coç 8è SéXsap auToîç e£o u.ev
toùç aoùç ôeÎç* ec|héu.evoi yàp ekeIvcùv oÎS' Sti Kal ^u.aç
TtaiSEÙaouaiv.
KP. 'AXXSouSèv kcoXûei, S ZcoKpaTEÇ, êàv yE aol Sokî].
npéùTov Se u.ol Si^y^aai xf]v aocpiav toîv àvSpoîv tiç eotiv,
tva eiSco o ti Kal
u.a8rjaou.E8a.ZO. Oûk av cf»8àvoL<; àKoucov côç ouk âv E^OL^lyE eItteîv
8ti ou TipoaEÎ^ov t6v voOv aÛTOÎv, àXXà Ttàvu Kal TrpoaEÎ^ov
Kal u.Éu.vr|u.ai, Kal aot Tt£ipàc7ou.ai eE, àp)(fjç aTtavTa Sirjyr)-
aaa8ai. Kaxà 8e6v yàp TLva etu)(ov Ka8f)u.£voç IvTaOSa, e
ouTtEp au u.e eÎSeç, ev tco àTToSuTT]ptcp u.6voç, Kalfj8r)
ev v&
eÎ)(ov àvaaxfjvat" àviaTau.Évou 8é u.ou èyÉVETo t6 Eta>86ç
ot^ieîov t6 8aiu.6viov. riàXiv ouv ÊKa8E£6u.T]v, Kal ôXlycp
Testim. : 272 e ôXiyip— 273 a i toutw Priscianus, Inst., XVIII, a45.
b 5 8at T: 8s BW|| 7 e/w BW : -ywv T
||10 îcépua:v B :
rcjfpuaiv
8s TW H ci auB:aÙTÔ?TW||4 ^ W : pu BT
|| 8(xouW ||d a t{
oùcrjti.cpotTaç ; o>ç Winckelmann : xi (xt TW) 7îou aujjiçoiTa tawç ||
sÇotxevB :
"eÇ-
W âÇ-T||
3ufcig
codd.||
5Sox^ TW
: -xei
B||
ea
eTSeç
W et primit. T : t8- BT(|3 8s
jxou TW : 8'è(xou B.
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273 a EUTHYDÈME i46
273 a et peu après entrèrent ces deux hommes, Euthydème et Dio-
nysodore, et d'autres avec eux, de nombreux disciples, à ce
qu'il me parut. Une fois entrés, ils se mirent l'un et l'autre à
aller et venir dans le promenoir'
couvert. Ils n'avaient pasencore achevé deux ou trois tours quand je vois entrer Glinias,
que tu trouves bien grandi, et avec raison. Derrière lui
venaient ses amants, et, dans leur foule, Gtésippe, un tout
jeune homme de Paeania 2,une très belle et bonne nature,
b sauf une insolence qui est l'effet de la jeunesse3
. M'apercevantde l'entrée assis tout seul, Glinias vint droit à moi et s'assit à
madroite,
comme tu le dis;à sa
vue, Dionysodoreet
Euthy-dème commencèrent par s'arrêter, et ils causaient entre eux,
jetant des regards répétés dans notre direction — je les obser-
vais avec la plus grande attention. Puis ils vinrent s'asseoir,
l'un, Euthydème, auprès du jeune garçon, l'autre auprès de
moi, à gauche. Le reste de l'assistance prit place au hasard.
c Je les saluai tous deux, comme ne les
Euthydème avant pas vus depuis longtemps, et celaet Dionysodore --. .
r,. . nr F r-r •
1 j
enseignent la vertu. fait > Je dls a Glmms : « Glinias, les deux
hommes que voici, Euthydème et Diony-
sodore, sont savants, non dans les petites choses, mais dans les
grandes. Tout ce qui concerne la guerre, ils le connaissent ;
tout ce que doit savoir le futur général, la tactique, le com-
mandement des armées, toutes les formes de combat qu'il
faut apprendre à pratiquer sous les armes. Ils peuvent encoredonner le moyen de se défendre soi-même devant les tribu-
naux, si l'on est victime d'une injustice.»
d . Ces paroles m'attirèrent leur mépris ;ils se mirent à rire
tous deux en se regardant, et Euthydème répondit : « Ces
rieure qui se fait entendre à Socrate. Lui-même s'en explique dans
YApologie (3i d) ;il dit de cette manifestation divine (ôeto'v
-£ xo]
Ôatjxdvtov) : « C'est quelque chose qui a commencé pour moi dès monenfance, une voix qui se fait entendre, et qui se produit toujours
pour me détourner de ce que je vais faire, jamais pour m'y pousser. »
Gomp. Phèdre, il\i b c.
i. Piste couverte, attenant à la palestre, sorte de hangar en bois
qui servait d'abri aux causeurs.
2. Dème de l'Attique, à l'est d'Athènes.
3. Aristote, Rhétorique, II, a 1878 b : « Les jeunes gens et les
riches sont portés à l'insolence. »
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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i46 ET6TAHM0S 273 a
fJaTEpov Etasp)(£a8ov toùtcû, 8 ts
Eu8u8r)noç Kal ô Aiovu- 273 a
coScopoq, <al &XX01 ^aSrjxal au.a aS TtoXXol è^iol SokeÎv
EÎaEX86vT£ 8èTTEpLETtaxEiTrjv
ev tôKaxaaTÉY» Spo^ACû.
Kal
OUTUCD TOUTCÙ Su'f) TpELÇ SpOfclOUÇ TTEplEXrjXuS^TE fj(7TT]V,
Kal EÎaÉpXETai KXEivlaç, Sv oùcpflc;
ttoXù èrnSEScoKEvai,
àXr)8f^ XÉycov otucjSev 8è aÔToO Ipaaxal Ttàvu ttoXXoI
te SXXoi Kal KTnfjaiTTTToc;, VEavlaKoç tiç riaiaviEÙç, fciàXa
KaX6ç te Kaya86ç Tf)v <f>ùaiv,Scrov
pf) ûSpLor^c; [8è]8ià t6
véoç EÎvat. 'IScàv ouv^ie
ô KXEtvtaç omoif\q
Eta68ou u.6vov b
KaS^EVOV, SvTlKpUÇ td)V Ttap£Ka8É^ETO EK Se^ICXÇ, &<TTTEp
Kal au<$>f\q.
'ISovte 8è aÛT&v o te Aiovua68opoçKal ô Eu8û-
8t]^ioç TtpÔTov u.èv ETuaTavTE 8LEXEyÉa8r|v àXXi^Xoiv, aXXrjv
Kal aXXrjv à-no6XÉTrovTE eiç t^Sç — Kal yàp Ttàvu oùtoîv
•npoaEÎxov tov voOv— ETTEi/ua lovteô \ièv napà t6 U.£ipàKlOV
èKaBÉ^ETo, o Eu8ù8r)u.oc;, o 8è Ttap' auTov k\iè ev
àpiaTEpÇ,oi 8* aXXot ôbç EKaaToç ETtjyy^avEV.
s
HoTia^6^T]v ouv auTco ccte 8ià xp6vou leopaRdùc;* ^etA 8è c
toOto eÎttov Trpfcç t6v KXEiviav *C1 KXEivla, tcûSe {iévtol
Tûb avSpE aocjjcb, EùSuSt^oç te Kal AiovuaoSopoç, ou Ta
au.iKpà, àXXà Ta u.£yàXa* Ta yàp TtEpl t6v tioXeu-ov TiàvTa
£TTiCTTaa8ov, baa 8el tôv u.ÉXXovTa aTpaTr)yôv laEaSat, Taç
te Tà£,ELq Kal Taç fjyE^ovlaç tûûv aTpaTO-néScov Kal baa ev
ottXoiç u.àxEa8at SiSaKTÉov otco te Se Kal noifjaai SuvaTov
EÎvai aÙT6v aÛTcp |iorj8Etv ev toîç StKaaTrjploiç, av tiç
aÛTèv àStKn.
EIttgjv o3v TaOTaKaTEc^povl'iSriv un' ai&Toîv EyEXaaàTrjv d
ouvau.<|>cù (iXÉ^avTE e!ç àXXfjXouç, Kal ô EûSûSt^oç etnev
273 a 2 atxa au B : âjxa TW âjxa aùxoîv Schanz||
ôo/eiv B
(v add. b?) : -xsi TW||
3 «csXedvTeç B||8 8> secl. Winckelmann
oaovjxtj MpcoTiff 66piaxrjç <5à Baiter
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273 d EUTHYDÈME i4 7
choses-là, Socrate, ne sont plus l'objet de notre étude; nous
les tenons pour accessoires. »
Et moi, tout surpris : ce Ce doit être, dis-je, une bien belle
occupation que la vôtre, si des sujets de cette importance sontaccessoires pour vous. Au nom des dieux, dites-moi quelle est
cette belle chose. »
« La vertu, Socrate, répondit-il. Nous nous croyons capa-
bles de l'inculquer mieux que personne et plus rapidement. »
e « Zeus ! m'écriai-je, que dites-vous là ! Où avez-vous fait
cette heureuse trouvaille ? Pour ma part, j'en restais sur vous
à l'idée
que j'exprimaistout à l'heure:
jeme
figurais qu'unobjet aussi important que le combat en armes occupait votre
habileté, et voilà ce que je disais de vous; car, lors de votre
premier séjour *, c'était, je m'en souviens, de quoi vous faisiez
profession2
. Si aujourd'hui vous possédez vraiment la science
dont vous parlez, soyez-moi propices3
,
—je m'adresse à vous
274 a absolument comme à des divinités, pour vous demander
pardon de mes propos passés. Voyez pourtant l'un et l'autre,
Euthydème et Dionysodore, si vous dites vrai;
la grandeurde votre promesse rend bien naturelle la défiance. »
« N'en doute pas, Socrate, dirent-ils ensemble : il en est
ainsi. »
« Alors je vous félicite de cette acquisition, bien plus quele Grand Roi de son empire. Mais dites-moi seulement : avez-
vous l'intention de montrer votre savoir? Quelle décision
avez-vous prise ? »
« C'est justement l'objet de notre présence, Socrate.
b Nous voulons le montrer et l'enseigner à qui désire l'ap-
prendre. »
« Ce sera le désir de tous ceux qui ne le possèdent pas—
je vous le garantis—
,de moi d'abord, puis de Glinias que
vous voyez et, en outre, de Gtésippe que voici, et de toutes
1 . L'entretien a lieu lors du second séjour que font les sophistes à
Athènes. Ils y étaient déjà venus un an ou deux auparavant (272 b).
2. 'ErcaYYéXXesOai est le terme consacré pour désigner ce que les
sophistes s'engageaient à enseigner (cf. plus bas eTzàyY'EXu.a). Gomp.Protagoras, 3 19 a : « A ce qu'il me semble, dit Socrate, tu veux
parler de la politique et tu promets de former de bons citoyens.—
C'est cela même, répond Protagoras ;voilà l'engagement que je
prends » (xô sTcàYYsXjxa s^ayY&Xo^ai).3. Formule de prière aux dieux, particulièrement pour s'excuser
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274 b EUTHYDÈME i48
ces autres personnes, dis-je en lui 1
désignant les amants de
Clinias. » Déjà en effet ils faisaient cercle autour de nous.
Car Ctésippe s'était trouvé assis loin de Clinias, et, me sem-
bla-t-il, comme Euthydème, en causant avec moi, se trouvaitC penché en avant, avec Clinias entre nous, il masquait la vue
à Ctésippe. Désireux de contempler son bien-aimé, et en
même temps curieux d'entendre, Ctésippe avait donc sauté
sur ses pieds, et le premier s'était approché juste en face de
nous;les autres, en le voyant, firent de même et nous entou-
rèrent, les amants de Clinias avec les disciples d'Euthydèmeet de
Dionysodore.
C'est eux
que je désignai
à
Euthy-dème, en lui disant que tous étaient prêts à s'instruire.
d Ctésippe m'approuva avec le plus grand empressement, les
autres aussi, et tous ensemble invitèrent les deux frères à
exhiber 2la valeur de leur savoir.
Je repris alors : « Euthydème et Diony-Invitation
sodore, jevous en prie instamment
;
aux sophistes. d'
une manifre ou d'une autre faites-
leur ce plaisir, et, pour l'amour de moi,
montrez-nous votre savoir-faire. Nous en découvrir la plus
grande part ne serait évidemment pas une petite affaire,
mais répondez-moi sur ce point: celui qui est déjà convaincu
de la nécessité de prendre vos leçons est-il le seul dont vous
e pourriez faire un homme de bien ? ou en est-il de même
pour qui n'en est pas encore persuadé, faute de croire engénéral que cet objet, la vertu 3
, peut s'apprendre, ou quevous l'enseignez tous deux? Voyons, un homme ainsi fait, le
même art se charge-t-il de le persuader que la vertu s'en-
seigne, et que vous êtes les maîtres les plus capables de l'en
instruire, ou est-ce un autre art ? »
« C'est ce même art, Socrate »> répondit Dionysodore.
d'une faute. Socrate affecte de traiter comme des dieux ces hommessupérieurs ; 20,3 a, il les invoquera comme les Dioscures.
i . A Euthydème ;voir plus bas.
2. 'Et:!û*sixvu<j6ou : donner une conférence, prononcer un dis-
cours d'apparat (h:io*ei£tç). Cf. Hipp. maj. 286 b, Lâches, i83 b.
3. L'expression t6 Tzparfaa X7jv àps-riv a paru suspecte ;la première
impression est que ttjv ipexrjv est une glose destinée à expliquer -0
-payu-a. On peut néanmoins défendre le texte en s'appuyant sur
Protagoras, 327 a : toutou tou ^pa-ftiaTo;, tt^ àpsTij;, cet objet, je
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i48 ET0YAHMOS 274 b
Seikvùç auxS toùç Ipaaxàc; toùç KXeivIou - ot Se Exuy^avov
fjLiaç fjSrj TTEpuaTocLiEVot.eO yàp KT^aiTmoç etu^e rtépp©
k<x8e£6^evoç toO KXeivIou — kixlioI Sokeîv ôç £TÛy)(av£v ô
Eu8uSrjLioç elioI SiaXEydLiEvoç npovEVEUKûbç eIç to TTp6a8£V,
EV LIEGCÙ OVTOÇ f)LUDV TOG KXEIVIOU ETTEaKÔTEL TCÛ Kx^atTITTO C
Trjç 8Éaç — fiouX6{ji£v6ç te ouv 8Eaaaa8ai ô KT^amnoç Ta
TtaiSiKa Kal aLia <JnXr)Kooç Sv àvaTtr)8f]aaç TipoùTOÇTTpoCTÉaTT]
^LIÎV EV TCO KOCTaVTlKpti* OUTCOÇ o3v Kai OL ttXXot EKEtVOV
ISévTEÇ TxspLÉaTrjaav fjLiaç, ot te toO KXelvIou Ipacrral Kai
ol toO Eu8uSr)Liou te Kal AtovuaoSopou ETaipot. Toùtouç 5f)
âycb Seikvùç IXEyov tô Eu8u8f)Licp otl ttocvteç etoilioi eÎev
u.av8àv£iv b te ouv Kt^cltitioç or>vÉ<j>r|LiâXa TtpoSÙLicac; d
Kal ot aXXou, Kal ekéXeuov auTcà Koivf] TtàvTEÇ £m$Ei£ao8ai
tt]v SùvaLiiv tt^ç aocjuac;.
EÎttov oSv EyoV *0 Eu8ù8r|LiE Kal Atovua6ScopE, Ttàvu
lièv ouv TtavTl TpoTicp Kal toùtouç )(aplaaa8ov Kal elioO
IvsKa ETTi8£i£,aTov. Ta u.èv oQv TtXEÎaTa SfjXov otl ouk
ÔXlyOV IpyoV ETuSsi^ai- t68e SE LIOl EÏTIETOV, TtÔTEpOV TTETtEl-
au.Évov fjSrj oç ^pf) Ttap' ulicûv luxv8ocve:iv SùvaiaS' av àya-
8ôv Tioif]aat avSpa li6vov, t\Kal ekeîvov t6v
li/jttcùttettel- e
aLiévov Sià t6Lif)
oÎEa8at oXoç t6 TipctyLia Tf)v àpETfjv
Lia8r|T6v EÎvaif] Lif) acf>d> EÎvai aÙTÎ^ç SiSaoxàXcD ; <J>ÉpE, Kal
t6v outqç E)(ovTa Tfjç aÙTfjç TÉ^vrjç Ipyov TiEÎaai a>ç Kal
StSaKTov ^ àpETf] Kal outol ulielç laTÈ Ttap' Sv av KaXXtaTà
tiç aÙT& LiaSot, fj aXXrjç ;
TaÙTT]Ç lièv ouv, £<{)r|, Tfjç auTfjç, ô EdùKpaTEÇ, ô Aiovu-
crôScopoç.
b 5 aùtco'. W : a-jTw (sic) B aùxtî) (primit. auTw) T |j Ipto-càç Wpro spacj-à; || Toùç B : ~ouTW
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274 e EUTHYDÈME 1A9
« Ainsi, Dionysodore, repris-je, c'est vous quiètes aujour-275 a d'hui plus capables que personne de porter à la philosophie et
à la pratique de la vertu? »
« Du moins le
croyons-nous,Socrate. »
« Réservez donc pour une autre fois, dis-je, le soin de nous
montrer le reste, et bornez-vous précisément à cette démons-
tration : ce jeune homme que voici, persuadez-le qu'il faut
aimer la science * et cultiver la vertu : vous nous ferez plaisir,
à moi et à toute cette assistance. Tel est en effet le cas de ce
garçon: moi-même et toutes les personnes présentes, nous
souhaitons le voir devenir un homme accompli. Il a pour
père Axiochos, fils d'Alcibiade l'ancien, et il est cousin ger-b main de l'Alcibiade aujourd'hui vivant
;son nom est Glinias.
Or il est jeune; nous avons donc pour lui les craintes qu'ins-
pire naturellement la jeunesse; nous tremblons qu'on ne
nous prévienne en tournant son esprit vers d'autres soins et
qu'on ne le gâte. Ainsi, vous êtes arrivés on ne peut plus à
propos. Si cela vous est égal, mettez ce garçon à l'épreuve et
engagez un entretien devant nous. »
Telles furent à peu près mes propres paroles, et Euthydème,avec un mélange de bravoure et d'assurance : « Gela nous est
c égal, Socrate, dit-il, pourvu que le jeune homme consente à
répondre. »
« Mais certainement, dis-je,il en a déjà l'habitude
;sou-
vent ces gens-ci viennent lui poser mainte question et causer
avec lui ; aussi est-il suffisamment enhardi à répondre. »
Ce qui suivit, Criton, comment t'en faire
petite affaire que de pouvoir reprendred'un bout à l'autre l'exposé d'un savoir prodigieux. Aussi,
pour ma part, à l'exemple des poètes, ai-je besoin, en com-
dmençant
monrécit, d'invoquer
les Muses et Mémoire 2.
Quoiqu'il en soit, voici à peu près, si je ne me trompe, comment
veux dire la vertu, bien que le cas ne soit pas absolument identique.
1. «friXoaoselv (cf. çiÀocrocpiav plus haut) est pris dans son sens
exact et étymologique : aimer, rechercher la sagesse (le savoir). Cf.
282 d, et surtout 288 d:f, cpiXoaoo-'a XTrJa:; i^iaxrJaT,;.
2 . Au début des Travaux, Hésiode invoque les Muses;au commen-
cement de la Théogonie, c'est elles qu'il veut chanter d'abord.
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Ug EY0YAHMOS 274 e
'Ylieîç &P«, î\\tS* àycb, co AiovuaoSoape, tcov vOv àv8pco-
ttcov KaXXiaT' âv TrpoTpÉipaiTE sic; c|>iXoaoc{>lavKal àpETfjç 275 a
em^éXEiav ;
Olo^eSà y£ 8f),S ZcbKpaTEÇ.
Tcov (ièv xoivuv aXXcov t?)V etti8elE,iv t}liîv, £<|>r)V, EiaaOBic;
ànoBEaSov, toCto 8s
ocjt6 IrnSEl^aaSov xouxovl t6v VEavl-
okov TtEiaaxov cûç xpf) <j>lXocjoc|>£ÎvKal àpETf]Ç£TULi£XEÎa8ai.,
Kal 5(apt.EÎa8ov elioI te Kal toutoictI naaiv. Zu^6É6rjKEV yap
Tt toloOtov tcû LiEipaKicp toûto" Iy6 te Kal oïSe ndvTEc;
TuyxavofciEV etuSulioOvteç cûç frÉXTiaTov auTov y£VÉa8ai.
"Eqti Se oCtoç 'A£t.6)(ou l^èv vbç toOs
AXki6ux8ou toO
naXaioO, auTavEijuoç Se toO vOv Svtoç 'AXkiÔkxSou" Svo^a b
5' auTcp KXEiviaç. "Eari Se véoç- c|>o6oÛLi£8a Sf) TiEpl auTcp,
oîov eIkoç TUEpl vécu, jjl/j tlç <pQ?\ rjLiaç èïï aXXo tl èmTf]-
SEUiia TpÉipaç t^v Stàvotav Kal Siac|>8£Lpr|. Zcf>cbo3v î^ketov
elç KàXXuaTov àXX' eI(irj
tl Sta<|)ÉpEu ûlllv, XàÔETov TtEÎpav
toO jiEtpaKtou Kal StaXÉ)(8r)Tov èvavTlovtJllcov.
EItï6vtoç oSv elioO a\s.B6v tl aÛTa TaOTa ô Eu8û8rjLio<;
&Lia àvSpElcoç te Kal 8appaXécoc;, 'AXX' ouôèv Stacj)£pEL,
co ZcoKpaTEÇ, Ecf>T],làv llovov e8eXti à7TOKplvEa8aL ô vsavi- C
ctkoç.
'AXXà l^èv Si'), Ic|>r|v èy<*>,touto" yE Kal EÏ8taTai* Saijià yàp
auTco oIlSe TtpoatévTEc; noXXà IpcoTcoaCv te Kal SiaXéyovTai,
ûScjte etuelkcùç 8appEÎ t6 àTTOKplvaaSaL.
Ta5f]
LiETà TaOTa, o KptTcov, ticûç av KaXcoç aot §LT]yr|-
aa'tLir|v ;ou yàp aLUKpèv to Ipyov SuvaaSaL àvaXaÔEÎv
StE^L^VTa aocjuav aLif))(avov bor\v ôaTD
lycoyE, KaSdmEp ol
TiotrjTal, SÉOLiai àpy^ô^Evoç tt^ç SiriyrjaEcoç Moûaaç te Kal d
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275 d EUTHYDÈME i5o
débuta Euthydème : « Dis-moi, Clinias, quels sont les indi-
vidus qui apprennent, ceux qui savent ou ceux qui ignorent? »
Le jeune homme, à cette question difficile, se mit à rougir,
et, pris de court,il
me regardait. Et moi, comprenant sondésarroi : « Courage ! Clinias, lui dis-je, réponds bravement
e dans l'un ou l'autre sens, selon ton opinion. Car peut-êtreest-il en train de te rendre le plus grand service. »
Cependant Dionysodore, se penchant un peu à mon oreille,
avec un large sourire sur le visage: « Ma foi ! Socrale, dit-il,
je t'en préviens : que ce garçon réponde d'une façon ou de
l'autre, il sera réfuté. »
Tandis qu'il parlait, Clinias se trouva donner sa réponse,si bien que je ne pus même pas engager notre jeune homme
276 a à prendre garde. Il répondit donc : « Ceux qui savent ' sont
ceux qui apprennent. »
Alors Euthydème : « Y a-t-il ou non, dit-il, des gens quetu nommes maîtres ? » Il en convint. « Les maîtres sont-ils
maîtres de ceux qui apprennent, comme le cithariste et le
grammatiste 2 ont été, n'est-ce pas? tes maîtres et ceux des
autres enfants, tandis que vous étiez leurs élèves ? » Il
approuva. « N'est-il pas vrai que, quand vous appreniez,vous ne saviez pas encore ce que vous appreniez?
— Non.
b — Étiez-vous donc savants, lorsque vous ne le saviez pas ?
— Non certes, dit-il. — Par conséquent, si vous n'étiez pas
savants, vous étiez ignorants ? — Parfaitement. — Alors,
puisque vous appreniez ce que vous ne saviez pas, vous étiez
ignorants quand vous appreniez. » Le jeune homme fit un
signe d'assentiment. « Ce sont donc les ignorants qui appren-
nent, Clinias, et non les savants, comme tu le crois. »
A ces mots, comme dans un chœur au signal de l'instruc-
teur, ce furent à la fois des applaudissements et des rires
c dans le cortège de Dionysodore et d'Euthydème. Et, sans
Mv7) txrj , leur mère, est habituellement appelée Mnémosyne. Dans le
Phèdre, 287 a, Socrate invoque les Muses en commençant son
discours.
1. Eoso; a deux sens : savant et intelligent ;de même
à;j.aôr[ç:
ignorant et sot. Clinias répond : « Ce sont les intelligents qui
apprennent». Aussitôt Euthydème lui réplique : « Ce sont les igno-
rants. » Mais Dionysodore, reprenant aooo; au sens d'intelligent,
montrera que ce sont les intelligents qui apprennent.
2. Maître d'école, qui enseignait à lire et à écrire.
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i5o EY0YAHMO2 275 d
Eu8uSr)u.oc;, êbç EySu.ar *Q KXEivta, noTEpot état tSv
àvBpwTrcov ol u.av8àvovT£<;, olaocf>ol f)
ot à^aSsLÇ ;
Kal t6 ^EipaKiov, &te
^EydXou3vtoç toO EpcoTf]u.aTOc;,
fjpuBptaaÉv te Kai oaropfjaaç e6Xettev eiç à\xs' Kal lyo yvoùç
aôxèv TE8opu6rju.Évov, OàppEi, fjv 8S
£y<i>,© KXEivfa, Kai
àTTÔKpivai àvSpEtcùÇ énéTEpà aot (J>aiV£Tai#
ïaoç ydp toi e
<*><|>£Àeî Tf]v u.£ylaTr|v âxpEXlav.
Kal ev toûto ô AiovuadScopoç TtpoaKÛ^aç u.ot au.iKp8v
Ttp6ç x6 oSç, ttocvu u.£t8idaa<; t£> TipoacbTTcp, Kal n^|v, £<f>r|,
col, S EoKpaTEç, •npoXÉyco Sti ôttotep' av otTioKplvTiTai to
^EipocKiov, E^EXEy^BrjaETat.
Kal auxoO u.£Ta£jù TaOxa XéyovToç ô KXEivlaç Itu)(£v
aTTOKpivd^iEvoç, cSaxE ouSè TtapaKEXEÛo-aaSal £ioi E^syÉVETo
EuXa6r)8fjvai t£> u.EipaKicp, àXX' àTTEKplvaTo oti ol aocpol 276 a
eTev ol ^avSdvovTEÇ.
Kal ô Eu8u8r)u.oc;, KaXEÎç SÉTivaç, £$r), SiSaaKdXouç, ¥\
oH;
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Ou.oX6yEi.— OukoOv tqv u.av8avdvTcav ol 8i8d-
OKaXoi SiSdaKaXol EÎacv, ôûartEp o KiSapiaT^ç Kal ô ypau.^a-
tiqt^ç SiSdaKaXoi Stjttou rjaav aoO Kal tôv ocXXcov TtalScov,
ûu.eiç 8è ^LaB^xal ;
—EuvÉcpr).
— *AXXo tl oQv, f|v(Ka
E^avBàvETE, oûticù r|TUtaTaa8£ TaOxa a êu.av8dv£T£;
—Ouk
E<J>rj.— "Ap' ouv ao<f>ol vjte, 8te xaOxa ouk r|TTiaTaa8E ;b
— Ou SfJTa, T)8' 8ç.
— OukoOv elu.f] crocpot, àu.a8£Îç ;
—riàvu yE.
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Yu.eîç apa u.av8dvovTEÇ S ouk r|TuaTaa8£,
à^aBstc; ovteç âu.av8dv£T£. — 'Ettéveucte t6 ^EipàKiov.—
Ol àu.a8£iç apa LJtavBàvouaLV, o KXEivla, àXX' ou)( olao<f>ol,
ôbç au OLEL.
TaCT' ouv EL-névToc; auToO, ûScmEp ÛTt6 SiSaaKdXou X°P^Ç
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u-evol ekeîvol u.£xà toO ÂiovuaoScùpou te Kal Eu8u8r)u.ou" c
Kal Ttplv àvaTTVEOaat KaXcoç te Kal eu to u.£ipaKtov, ekSe-
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276 c EUTHYDÈME i5i
laisser au jeune garçon le temps de reprendre bien et dûment
haleine, Dionysodore saisit la balle à son tour : o Et toutes
les fois, Clinias, dit-il, que le grammatiste vous récitait 2,
quels sont les enfants qui apprenaient la récitation, les
savants ou les ignorants ?» — Les savants, dit Clinias. —Alors ce sont les savants qui apprennent, et non les igno-
rants, et tout à l'heure tu n'as pas bien répondu à Euthydème. »
d Là-dessus, les rires et les applaudissements redoublèrent
parmi les admirateurs 3 de nos deux personnages, charmés de
leur savoir;nous autres, nous restions muets de saisissement.
Nousvoyant frappés
destupeur, Euthydème, pour
accroître
encore notre admiration, ne voulait pas lâcher le jeunehomme
;il continua l'interrogatoire, faisant, à la manière
des bons danseurs, tourner deux fois4
ses questions sur le
même sujet : « Les élèves, dit-il, apprennent-ils donc ce qu'ils
savent ou ce qu'ils ignorent ? »
Et derechef Dionysodore me chuchota doucement : « Voilà
e encore, Socrate, un nouveau tour semblable au précédent. »
a O Zeus ! répondis-je, le précédent, ma parole ! nous avait
déjà fait voir une bien jolie chose. »
« Toutes nos questions, Socrate, sont du même genre, dit-il;
on ne peut s'en tirer. »
« Aussi, repris-je, me semblez-vousêtreen grande considé-
ration auprès de vos disciples. »
Cependant Clinias répondit à Euthydème que les disciples
apprennent ce qu'ils ne savent pas ; et l'autre lui demanda,277 a avec les mêmes procédés qu'auparavant : « Eh bien, ne
sais-tu pas les lettres ? — Oui, dit-il. — Toutes sans excep-tion ? » — Il le reconnut. — « Quand on récite n'importe
quoi, n'est-ce pas des lettres que l'on récite? » Il en convint.
« On récite donc une partie de ce que tu sais, dit l'autre, s'il
i. Littéralement: il prit la suite (d'Euthydème), comme au jeu
de la balle;
cf. 277 b.
a. Le sens propre de à-o?-o\i.cLZ'Xtiv paraît être : débiter de mémoire.
3. Appliqué aux disciples des sophistes, oi ïpctaxai n'a pas ici la
même nuance que quand il désigne les amants de Clinias : il souligne
avec une exagération moqueuse l'admiration des élèves pour leurs
maîtres. Cf. Protagoras, 317 d.
4- Allusion, comme le montre le contexte, à une figure de danse,
sens confirmé par Hésychius, s. v. Ôt^Xr]. On ne sait d'ailleurs au
juste en quoi consistait cette figure.
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277a EUTHYDÈME i5a
est vrai que tu les saches toutes? » Il en convint encore.
« Eh bien, dit l'autre, n'apprends-tu pas, toi, ce qu'onrécite, et est-ce celui qui ne sait pas les lettres qui apprend? »
— « Non, dit-il, c'est moi qui apprendsJ
.
»—« Tu apprends
b donc, dit-il, ce que tu sais, s'il est vrai que tu saches toutes les
lettres? » 11 le reconnut. « Tu n'as donc pas bien répondu »,
dit l'autre.
Euthydème n'avait pas achevé que Dionysodore, rattrapantla parole comme une balle, prenait encore le jeune garçon
pour cible : « Euthydème, dit-il, te trompe, Clinias. Dis-moi
en effet.
Apprendre,n'est-ce
pas acquérirle savoir de ce
qu'onapprend ? » Clinias le reconnut. « Et savoir, dit l'autre, n'est-
ce pas posséder déjà un savoir ? » Il le lui accorda, « Par
c conséquent, ne pas savoir, c'est ne pas encore posséder de
savoir? » Il en convint. « Ceux qui font une acquisition
quelconque sont-ils ceux qui possèdent déjà, ou ceux qui ne
possèdent pas .*>— Ceux qui ne possèdent pas.
— Tu es
donc d'accord pour ranger ceux qui ne savent pas au nombre
de ces derniers, je veux dire de ceux qui ne possèdent
pas ? » Il fit un signe d'assentiment. « C'est donc parmi ceux
qui acquièrent que se rangent ceux qui apprennent, et non
parmi ceux qui possèdent? » 11 approuva, a Alors, dit-il, ce
sont ceux qui ne savent pas qui apprennent, Clinias, et non
ceux qui savent. »
d
Denouveau
Euthydème, pourterrasser
nterventionj jeune homme, le provoquait comme
de Socrate. J. .,
l,
^a un troisième corps a corps
2. Et moi,
voyant notre garçon en train de couler, je voulus lui donner
du répit, de peur qu'il ne perdit courage. Pour le rassurer,
je lui dis : « Ne t'étonne pas, Clinias, si ces façons d'argu-
i. Clinias prend le mot txavôavstv au sens habituel (apprendre) ;
Euthydème (comme l'expliquera Socrale 278 a), au sens plus rare de
comprendre. A Clinias disant : « On apprend ce qu'on ne sait pas »,
Euthydème réplique : « On comprend ce que l'on sait. » Sur quoi,
Dionysodore, rendant à ;j.av8àvstv sa valeur habituelle, va démon-
trer : « Ce sont ceux qui ne savent pas qui apprennent, et non ceux
qui savent déjà. »
a. La discussion est assimilée à une lui te véritable (7taXr ), où,
pour être proclamé vainqueur, l'athlète devait avoir terrassé -(/.a-a-
6aXXe:v) trois fois l'adversaire.
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i5a ETOTAHMOS 277 a
OôkoOv Sv tl au èntaroioaL, £<|>r), àTtoaroLiaTLc^EL, EÏnep
•navTa ETitaTaoai;
— Kal toOto â>u.oX6y£i.— Tl o8v
; f^
8' 8ç,
apa
au
(oô)u.av8àv£LÇ Stt av
àTtoaTOLmTLt^fltlç, ô
Se\iî) EmaTau.Evoc; ypà^LmTa |iav8av£L ; — Otfic, àXX
s
, fjS'
oç, u.av8àva>. — OôkoOv fi ETTlaraaaL, ê<f>r|, ^avSàvELc;,
EtîTEp ye caravTa t<x ypàu.LiaTa ETTtaxaaai. — e
nLjLoX6yr|- b
a£v. — Ouk apa ÔpScoç oVrrEKpCvcû, £<f>r).
Kal outtcù a(|>6Spa tl TauTa EÏp^To t$ Eu8u8r)Lup, Kal ô
ALovuaoScopoç &cm£p acpaîpav EKSE^au-Evoç t6v Xoyov TtàXiv
èaTo^à^ETo toO u.ELpaKlou, Kal eÎttev 'E^anaT® oe Eô8ù-
Stjljloç,o KXelvUx. Eltxè yàp ljlol,
t6 jjiavBàvELv ouk Emar/j-
ljutjvIgtI Xa^iôàvELv toutou oC av tiç u.av8àvrj ;
— c
0^ioX6-
yEt ô KXsLvlaç. — T6 S' ETttaTaaGai, f]8' bç, aXXo tl
f)
e)(elv ETtiaTr|u.r|v fj8r)eotlv
;
—ZuvécJ^.
— T6 apa jif)
ETtiaTaaBat ll^ttcù e)(elv ETtiaTfjLi^v êartv;
— e
Ou.oX6yEL C
aÔTÔ. — flÔTEpov ouv EÎaiv ol XaLiBàvovTEÇ ôtloOv ol
e)(ovt£<; f|8r| f)ot &v
Lif] I)(oatv ;
— Ol avlj^.— OûkoOv
cbu.oX6yr|Kaç EÎvaL toutcùv Kal toùç u.f) âmaTau.Évouc;, tSv
u.fj e)(6vtqv ;
— KaTÉvsuaE. — Tôv Xau.6av6vT<av ap' Etalv
ot u.av8àvovTEç, àXX' ou tcûv ky^àvzav ;
—ZuvÉcprj.
— Oi
LifjETiLaTàu-EVOL apa, £<f>r|, u.av8àvouaLV, S KXELvia, àXX'
OU)( OL ETTLaTOCLlEVOL.
*Etl8f)
etcI t6 TptTov KaTa6aXc5v êSan"£p nàXaiau.a <Spu.a d
ô Eu8û8t]U.oç t6v vEavtaKov Kal èyà yvoùç [5aTiTL£6^£vov
t6 LjiELpaKLOv, ftouXéfciEvoç àva*naOaaL aÔTo, \xr\ fjfcûv ànoSEL-
XiaaELE, TtapaLjLu8oùu.£voç eÎtiov *0 KXELvta, u.f) 8aùu.a^E
a 6 7:avTa
BTW: raina
apogr.Goislin. i55
|| 7au où
apogr.Cois-
lin. : au|| 9 p.avQàva> T : -vet B -vsi W
j| I^tj BW : efôwç T r\8'
oç Routhi|b 1 ypa^aaTa BW (oûyypau.u.a primit. W pro au ypati-
Ltaxa) : ypâ;xij.aTà t' Tj|
3 xavîtaeî'pTiTo
BW :eî'prjto
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Tautaei'pr,TO
BW :el'pYjTO Tavha T
|| 9 auveçï]— Ci saxiv om. W
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2 7CO"C£pov BT : -Têpot W ||3
y]oV av
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lltjBadham :
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0? avlly) lywatv d r xaTa-
oaXûv Heindorf : -6aXà>v secl. Badham (etiam xôv veaviay.ov secl.
Gobet).
V. 1. — 14
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277 d EUTHYDÈME i53
menter te semblent insolites. Peut-être ne vois-tu pas ce queles deux étrangers sont en train de faire autour de toi. Ils
font exactement comme dans l'initiation des Gorybantes,
quandon
organisela cérémonie de l'intronisation 1 autour du
futur initié. On procède alors à des rondes et à des jeux,comme tu dois le savoir si tu as reçu l'initiation. En ce
e moment ces deux hommes ne font que mener une ronde
autour de toi, et comme danser en se jouant, pour t'initier
ensuite. Dis-toi donc que tu entends en ce moment la pre-mière partie des mystères sophistiques. Tout d'abord, commedit Prodicos, il faut apprendre le juste emploi des mots 2
: c'est
précisément ce que te montrent les deux étrangers ;ils te font
voir que tu ignorais le sens du mot apprendre. Les gens l'ap-
pliquent à qui, ne possédant d'abord aucune connaissance
278 a sur un objet, acquiert ensuite cette connaissance;ils emploient
aussi ce même mot quand, déjà pourvu de la connaissance,
il s'en sert pour examiner le même objet, soit dans la prati-
que, soit dans la théorie. C'est ce qu'on nomme, il est vrai,
comprendre plutôt que apprendre ; mais parfois aussi on dit
apprendre*. Or, tu n'as pas su voir, comme ils le prouvent,
que le même mot était appliqué à des cas opposés, à l'homme
qui sait comme à celui qui ignore. De même, à peu près,
b dans la seconde question, quand ils te demandaient si les gens
apprennent ce qu'ils savent ou ce qu'ils ignorent. Ces notions-
là, vois-tu, ne sont qu'un jeu ;voilà pourquoi j'affirme qu'ils
jouent avec toi. Je dis bien:
un jeu, parce qu'on aurait beauacquérir nombre de notions de ce genre, ou même toutes, on
ne saurait pas davantage quelle est la nature des objets ;on
serait seulement en état de badiner avec les gens, en utilisant
les divers sens des mots pour leur donner des crocs-en-jambeet les renverser, comme ceux qui s'amusent à vous retirer
i. La Ôpovwatç précédait l'initiation proprement dite : autour
du néophyte assis sur le lit sacré, les Corybantes, prêtres de la déesse
phrygienne Gybèle, dansaient en chantant et en frappant sur leurs
tambourins (cf. Aristophane, Nuées, a54 ; Guêpes, 119).
2. Prodicos de Céos attachait une importance capitale à la justesse
des mots;il pratiquait, pour y parvenir, l'exacte distinction des syno-
nymes (ôtaipsai; Ôvouloctwv). Voir Charmide, i63 d, et surtout Pro-
tagoras, 337 a-c>ou Platon a plaisamment parodié sa manière.
3. On trouve en effet chez les écrivains attiques uavôavetv au sens
de comprendre ; Platon lui-même en offre plusieurs exemples.
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i53 EY©YAHMOS 277 d
eÏ col <f>a(vovxai àf)8£iç ol Xôyot.m\o(ùç yàp ouk ata8àv£i
OÎOV TTOIEÎXOV X& £ÉVQ TTEpl OE' TTOIEÎXOV SE XaÛXOV OTTEp
ot evxfj xeXext] xcov Kopu6àvxa>v, 8xav xfjv 8p6va>criv
TToiôaiv TTEpl toOtov ov av ^ÉXXooai xeXeîv. Kai yàp ekeî
y^opEia. xtç laxi kocI TraiSià, el apa Kal teteXegoci* Kal vOv
toijxcù oôSèv aXXof) )(opEi!)£TOv TTEpl aè <ai otov Ôp)(EÎa8ov e
TTal£ovx£, eoç fciExàtoOto xeXoOvxe. NOv ouv và^uaov xà
TtpCOTa XQV LEpCÙV ÂKOÙELV TCÙV aocJuaxiKéùv. ripooTov yàp,
&c; q>r)oi ïlpôBiKoq, TTEpl ovo^àxov op86xr)xoç u.a8£Îv SeÎ*
S Si1
)Kal !v5ELKv\ja86v aoi tù £évcù, otl ouk f)Srja8a t6
^av8dcv£tv otl ol oivSpcùTTOL KaXoOai ljlèv ettIxq xoiSSe, bxav
xiç e£ ap)(f]ç urjSEuiav e^cùv ETTioxf]u.r|v TTEpl TipàyLiaTéç
xivoç ETTELTa uaxEpov auxoO Xay.6àvr| xf)v £Tuaxf)UT|V, 278 a
KaXoOai Se xauxov toOto Kal ettei8<xv e^cùv fjSr) xi*)v ettioxt]-
Lirjv xauxrj xfj ETuaxr]uT) xaûx&v xoOxo Ttpayua ETUCTKOTTrj
f) Trpaxx6LiEVOv f\ XEyôuEvov. MaXXov lièv aiôxS auviévai
KaXoOauvf\ u.av8àv£iv, laxu S
3
oxe Kal (JiavSàveiv aè Se xoOxo,
ebç oSxol EvSElKvuvxai, SiaXéXrjSEV, xauxèv ovo^a ett* àv8pdb-
ttoiç Evavxlcùç I^ouaiv ke'luevov, ettI x§ xe eIS6xl Kal ettI
xû\ir\' TTapaTTXrjatov Se xoûxcp Kal xô ev xcù SEUXÉpcp èpoax/)-
u.axi, Ivcp r\pâ>TCùv ge *n<5xEpa ^av8àvouaiv ol av8pamoi S b
ETTiaxavxaLf\
a^t]. TaOxa Sf]
xôv ^aSrjfciàxcov Traiàià eoxlv
— oib kolL 4>r|^t âyco aot xoùxouç npooTiaC^Eiv— TtaiSiàv
Se Xéyco Sià xaOxa 8xi, eI Kal noXXà xiç f)Kal Ttàvxa xà
xoiaOxa ^à8oi, xà yèv Ttpày^axa oôSèv av uaXXov eISe^
Ttfj exel j Tipoona^ELV Se oî6ç x3
âvEÏrj xoîç àvSpcimoiç Sià
xf|v xcov Ôvo^iàxcov 8ta<J>opàv ûttoqkeXI^cûv Kal àvaxpÉTTCûv,
ûSaTTEp ol xà aKoX\S8pia xcov ^ieXXovxcùv Ka8i£f)aEa8ai ûtto-
Testim. : 278 b 8tocjîtçp
— ci àvaTETpajxtxsvov Etym. Magn., s. v.
axoXuGpiov.
d 5 àr[0etç T yp. W : àXrJOetç BW ||8 Tcoicoatv (uel -crt)
codd. :
7C0twvTai in marg. T|| 9 ^opei'oc
tW in marg. :-rjyia
BT (cf. Leg.,
654 c) D e 2 7:at'Çovt£ TW : -tsç B||278 a 2 tocutô BW
||6 xautô
codd. D 7 km tw xe TW : taxe B || b 1 rcoTepov W.
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278 c EUTHYDÈME i54
c les tabourets au moment où vous allez vous asseoir, puisrient de vous voir culbuter à la renverse. Dis-toi donc bien
que tout cela n'a été qu'un jeu de leur part. Mais il est
clair
qu'ensuiteils te montreront eux-mêmes le côté
sérieux, et je me chargerai de leur ouvrir la route, pour
qu'ils s'acquittent de leur promesse envers moi. Ils s'en-
gagaient à donner une leçon de l'art d'exhorter 1
;en fait,
j'imagine, ils ont cru devoir jouer d'abord avec toi. Eh
d bien, Euthydème et Dionysodore, arrêtez-là le jeu— cela
suffit sans doute — et faites voir la suite : exhortez ce
garçon, en lui montrant comment il faut s'attacher au savoir
et à la vertu. Mais auparavant, je veux vous indiquer la façon
dont je conçois la chose et sous quelle forme je désire l'en-
tendre. Si jevous parais le faire en profane
2 et de manière
risible, ne vous moquez pas de moi : c'est mon empresse-ment à entendre votre savoir qui me donnera l'audace d'im-
e proviser devant vous. Souffrez donc de m'écouter sans rire,
vous et vos disciples; et toi, fils d'Axiochos, réponds-moi.
Est-il vrai que, nous autres hommes,
de Socrate nous désirions tous être heureux 3? Mais
et de Clinias. n'est-ce pas une de ces questions ridi-
La nature cules que je redoutais à l'instant 4? Car il
et les conditions ^ absurde n>est-ce pas? de poser desdu bonheur. t .
..,X .
*
questions pareilles. Qui, en ellet, ne
désire être heureux ?
— Tout le monde le désire, répon-279 a dit Clinias. — Bien, repris-je; mais maintenant, puisque
nous désirons être heureux, comment l'être? Sera-ce en
ayant beaucoup de biens ? Mais voilà-t-il pas une ques-tion encore plus naïve que la première ? Car c'est là
aussi, n'est-ce pas? une chose évidente. » Il en convint.
« Voyons donc. Quelle sorte de choses se trouvent être pour
i. Voir plus haut. Les deux sophistes se sont flattés de savoir
enseigner la vertu mieux et plus rapidement que personne (a -3 d).
Plus loin ils ont déclaré qu'ils étaient venus montrer leur savoir
(274 b èîziSc^ovTê). Ils ont répété leur affirmation 2~5 a.
2. Socrate prend ici son personnage habituel d'ignorant.
3. Socrate va jouer sur la signification de eu xpdErcftV : avoir du
succès, être heureux (sens habituel), et bien faire, agir comme il faut.
4. Voir plus haut (278 d) : « Si je vous parais le faire... de ma-
nière risible. »
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i54 EVeYAHMOS 278 c
ottûvxeç ya.ipovai Kal yEXoaiv, ETtEiSàv ïSaaiv uttxiov àva- c
TETpa(i(iévov. TaOxa ^ièv o8v coi Ttapà xoùxov v6jii^e
nouSiàv YEYovEvai* t6 Se fciExà xauxa Sf^Xov 8xi xoùxq ye
aot auxcb xà anouSaîa evSeC^eqSov, Kal lyà> û<J>r)yr)(JOfciai
aùxoîv tva u.01 o ûttéoxovuo aTtoScoaiv. 'E(|>àxr|v yàp etuSeI-
£aa8ai xfjv TtpoxpETtxiKfjv aocjnav vOv 8éfcioi
Sokeî Seîv
4>T]8r)xr|v TtpoxEpov TiaîaaL npoç aé. TaOxa u.èv ouv, S
Eu8ùSt]u.é xe Kal AiovuaoScopE, TtETtataBo xe û^lv, Kal d
ïacoc; ticavcoç êxEL' T° ^E ^ t
lET« TaOxa £Tu8ElE,axov
TTpoxpÉTiovxE x6 u.EipaKiov otioùc; ^P^l <7o<t>'L«Ç te <al àpEXÎ^Ç
EnmEXT]8T]vaL. ripdxEpov 8' èyob ac|>cpv EvS£l£,ou.ai otov auxo
ÛTtoXau.6àvco Kal oïou auxoO etuSu^iq aKoOaai.3
Eàv oQv
BôEyO uuâv ISicdxikSç xe Kal yEXoicoç auxô ttolelv, \xi] fciou
KaxayEX&XE- ûttô TtpoSu^ilaç yàp T°Û «KoOaai xfjç ûu.Exspaç
cocplaç xoX^irjao àTrauxoa)(£Si.àaai èvavxlov ûu.ûùv. 'Ava-
C)(Ea6ov ouv àyEXaoxl <xkouovxeç auxol xe Kal ol u.a8rjxal e
û^icov où Se u.01, o Ttaîs
A^l6)(ou, àTtoKpivai.
*Apà ys TtàvxEç av8pamoi frouX6u.E8a e\5 TtpàxxEiv ; fj
xoOxo u.èv Epoxr|u.a »v vOvSi] è<{>o6ouu.r|v iv xcov KaxayEXà-
axcov; àvorjxov yàp SrjTtou Kal x6 êpcox&v xà xoiaOxa* xtç
yàp ou froûXExai eS TtpàxxEiv ;
— OûSslç Saxiç otte, e<J>tj
é KXELvlaç. — EÎev, ?jv 8a
âyo- x8Sf) fciExà xoOxo, ettelS^ 279 a
(SouX6u.£8a eu TtpàxxEiv, ttcoç Sv eS Ttpàxxoiu.Ev ; Sep*âv eI
fjjiîvTioXXà Kàya8à eYtj ; fj
xoOxo IkeIvou exl Eur|8éaxEpov ;
SfjXov yàp Ttou Kal xoOxo oxi oîjxûûç £XEL -—
Zuvé<J>rj.—
<l>Ép£ 8fj, àya8à Se nota apaxcov ovxcùv xuyxàvEi rjuÂv ovxa;
Testim. :
278 6 3 rcavTeç — 282 d i ©iXoaoa>£tv Iamblichus,Adhortat. ad philos., p. 64 et sq. (Kiessling).
C k auxw TW : sine accentu B|| Èv8e:'£ea6ov B : -£aa0ov W -Çacaôov
T||
5 i-ooà)7iv W : -owasiv BT||
s;::oeîcjaaOa*. codd. : È7:t5stÇea6at
Stephanus iTziZd^aciio.: av Heindorf||6 8eîv tor)6rjTYjv 7:pdrepov T : Seîv
wrjôr^Tjv r.ço-.epov 8eiv BW|| 7 saurai T : -atÇa: (sic) B rcaïÇai Wt ||
d 1 7:e7:aia6u> TW : -^auaÔto B|j8 à^auTo^sotâaat W : hn aùxô
<r/jSiâaat B aùirocr/eô'.àcjaiT
|| àvacr/eaOov TW : -7ys6ov B ||e 6 ^ou-
Xexat B : îîo-JÀeTat àv0pfÔ7:o>v TW.
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279 a EUTHYDÈME i5&
nous des biens dans la réalité? Mais n'est-il pas vrai que cette
question encore paraît être sans difficulté, et qu'il n'est nul-
lement besoin d'un esprit profond pour y trouver aisément
réponse?
Le premier venu nousdirait
quela
richesseest
unbien. N'est-ce pas? — Parfaitement, dit-il. — De mêmeb aussi la santé, la beauté 1 et la possession suffisante des autres
avantages physiques? » Il fut de cet avis. « Mais la naissance,
le pouvoir, les honneurs que l'on reçoit dans son pays sont
évidemment des biens. » Il le reconnut. « Quel bien nous
reste-t-il donc encore? Que dirons-nous de la tempérance, de
la justice et du courage ? Au nom de Zeus, Glinias, crois-tu
que nous aurons raison de les tenir pour des biens, ou de ne
pas le faire? Peut-être, en effet, nous le contestera-t-on.Toi,c qu'en penses-tu ? — Ce sont des biens, dit Clinias. — Bon,
repris-je ;etle savoir, quelle place lui ferons-nous dans le chœur ?
Le rangerons-nous parmi les biens ? qu'en dis-tu ? — Parmi
les biens.— Demande-toi donc si nous n'omettons pas quelquebien important.
— Nous n'en oublions aucun, il me sem-
ble », répondit Clinias. Et moi, rappelant mes souvenirs, je lui
dis : ce Si, par Zeus ! nous risquons d'avoir omis le plus granddes biens. — Lequel veux-tu dire? — La réussite, Clinias:
tous les esprits, même les plus médiocres, reconnaissent en
elle le plus grand des biens.— Tu as raison », dit-il. Et moi,
me ravisant encore une fois, j'ajoutai : « Nous avons bien
d failli faire rire de nous ces étrangers, toi, fils d'Axiochos, et
moi-même. — Qu'est-ce à dire ?
— Après avoir rangé la
réussite dans la série précédente, nous recommencions à l'ins-
tant à parler du même objet.— Que veux-tu donc dire ? —
Il est assurément ridicule, quand un point a été depuis long-
temps mis sur le tapis, de l'y remettre encore, et de dire deux
fois les mêmes choses. — Qu'entends-tu par là? dit-il. — La
sagesse, dis-je, est à coup sûr une réussite 2;un enfant le com-
prendrait.» Il s'en montra
surpris,tant il est encore
jeuneet naïf. Et moi, voyant sa surprise : « Ignores-tu, lui dis-je,e
Clinias, que pour se tirer d'affaire dans le jeu de la flûte, ce
i. Une chanson de table attribuée à Simonide de Céos ou à Epi-charme célébrait comme le premier des biens la santé, comme le
second la beauté, comme le troisième la richesse « acquise sans
fraude ». Voir Gorgias, 45 1 e, et Philebe, f\8 d.
2. La aocpi'a (sagesse ou savoir) a été reconnue un bien (279 c). Or
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i55 ET0TAHMOS 279 a
f|ou xocÀett&v ouSe aEu.voO àvSpôç; nàvu TtouSè toOto Iolkev
EÎvat EÛnopELV ; ttSç yàp &vf\\xiv
ecttol Stl t6 ttXouteîv
àya86v r\ yàp ;
— nàvuy', £<|>r|.
— OukoOv Kal t8 uytai-
velv Kal to kocX6v EÎvat Kal TaXXa koliol t6 aÛLta tKavcoç b
TtapEaK£uàa8at ;
— Zuve86kel. — 'AXXàttf]v EuyévEtai te
ical SuvàttEtç Kal Ttttal lvTfl
âauToO SfjXà eotiv àya8à
5vxa. — c
0^oX6yEt.— Tl ouv, ec|>t]v,
etl tjlûv XEtTtETatTÔv
àyaBcov ;tl apa ecttIv to CTcocppovà te EÎvat Kal 8'ticatov Kal
àvSpEtov ; TtÔTEpov Ttpèç Atoç, co KXstvla, f)y£t ctû, làv TaOTa
TtBcottEv côç àya8à, op8coç r|tiSç Brjastv, f^làv tir) ; Ïctcoç yàp
av Ttç TJtûv àtKjncr6r)Tf)aEt£V aol Se ttcoç SokeÎ;— 3
Aya8à,
IcJ>r|o KXEtvtaç. — EÎev,t]v Eycô* Tf]v Se aocj>tav ttoO )(opo0 C
Ta^ottEv ;ev toîç àyaSoîç, r\ ttcoç XéyEtç ;
— 'Ev toîç
àya8otç.— 'Ev8utto0
8f| ljl^jTt TtapaXEtTicou.EV tcov àya8cov,
S Tt Kal a£tov Xôyou.— 'AXXà ttot SokoOuev, scf>rj, ouSév, ô
KXEtvtaç. — Kal lycb àvattvrjCjSElç eÎttov STt Nal ttà A ta
KtvSuvEuotiEv yE tô ttéytcjTov tcov àya8cov TïapaXtTtEtv.— Ti
toOto; r\
S' oç. — Tf]v EUTU^tav, S KXEtv'ta" o nàvTEÇ cf>aal,
Kal ot Ttdvu cpauXot, ttâytcrrov tcov àyaScov EÎvat. — 'AXrjSfj
XÉystç, ecJjt].— Kal lycb au TtàXtv u.ETavor)<raç eÎttov §Tt
'OX'tyou KaTayéXaoTot èyEv6tiE8a ûtto tcov E,évcov lyco te d
Kal au, co iiaî sAè\t6)(ou. — Tl 8/|, £<t>r|, toOto ; — "ÛTt
EUTU^iav iv toîç EtmpocjSEv 8Étt£Vot vOv&î\ aC8tç TTEpl toO
auToO IXÉyottEv.— Tt oSv 8^ toOto
;— KaTayÉXaaTov
8r)Ttou, S TtàXat TtpoKEtTat, toOto TtàXtv TtpoTtBÉvat Kal Sic
TauTà XéyEtv.— nûç, £cj>rj,
toOto XéyEtç ;
— eHCTo<f>'ta
SrjTtou, ?)v S' àyco, EUTU^'ta ecttIv toOto 8è kcxv Ttatç yvo'tT].
— Kal oç IBaûuaCTEv oStcoç ETt véoç te Kal £ur|6T]ç IcttL.
Kàyco yvoùç auTÔv 8auLtà£ovTa, *Apa ouk oîa8a, £<f>r|v,
co KXEtv'ta, bTt TtEpl auXrju-àTcov EUTtpay'tav ot auXrjTal e
279 a 7 <è*6fêv» B : euosiv TW|| yàp av TW : yàp B
||b 3 ôtjV
av ut uidet. W|| 7 yrpi'.v W pro Or^aeiv ||
C 9 Mtl iyù> au — d 2ï<pr\
om. Wi|d A Xc'yoasv W ||
6 xzu~k BW : Taîrca T||8 ojtcoç B (prim.
outo;).
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280 c EUTHYDÈME i57
(jui est nécessaire à chacun pour son travail, mais sans en
faire usage, réussiraient-ils grâce à cette acquisition, parce
qu'ils posséderaient tout ce que doit posséder l'artisan? Par
exemple,un
charpentier,s'il s'était
procurétous les outils et
le bois nécessaires, mais sans se mettre à construire, pourrait-il
d tirer quelque profit de cette acquisition ?— Nullement, dit-il.
— Et si un homme, ayant acquis la richesse et tous les biens
dont nous parlions à l'instant, ne s'en servait point, serait-il
heureux par l'acquisition de ces biens?— Évidemment non,
Socrate. — Il faut en conséquence, semble-t-il, dis-je,non seu-
lement posséder les biens de ce genre pour être heureux, mais
aussi en faire usage ;sans quoi
* leur possession n'est d'aucune
e utilité. — Tu dis vrai. — Suflit-il donc, Clinias, pour faire
le bonheur, de la possession de ces biens et de leur utilisation ?
— C'est mon avis. — 2 Si l'on en fait, dis-je,un bon usage,
ou même un mauvais ? — Un bon usage.— Tu as raison,
répondis-je. Car il y a plus d'inconvénient 3,selon moi, à mal
user d'une chose quelconque qu'à la laisser de côté;l'un
est mauvais, tandis que l'autre n'est ni mauvais ni bon ;
281a n'est-pas notre avis? » Il l'accorda. « Eh bien, dans le tra-
vail et l'emploi du bois, ce qui en détermine le bon usage,
est-ce autre chose que la science du charpentier ? — Évidem-
ment non, dit-il. — Mais sans doute aussi dans le travail des
meubles, c'est une science qui en détermine le bon usage*. »
Il approuva. « Et pour l'emploi des biens dont nous parlions
au début, dis-je, la richesse, la santé et la beauté? l'usagecorrect de toutes les choses de ce genre, est-ce aussi une
b science qui y présidait3 et qui en dirigeait la pratique, ou
est-ce autre chose? — Une science, dit-il. — Ainsi, ce n'est
1. Mot à mot : car (autrement).2. Après ~oTcpov, sous entendre : touto butvov rccôç xo ej8aîaova
7:oiTja<xt T'.va : cela suffit-il pour rendre heureux ?
3. ©âxecov: l'autre est un euphémisme connu pour xo xaxôv (le
mal); cf. Phédon, n4 e. De même oî Ékspot (les autres) signifie
parfois les ennemis. On trouve àÀXo; employé avec la même valeur.
l\. Avec tô opOcoc, sous entendre gpja&u.5. Il paraît inutile de corriger le texte, bien que 7)yeîa9at
en ce
sens (commander à, diriger) se construise régulièrement avec le géni-
tif. L'accusatif, en effet, se rencontre quelquefois en poésie et en
prose attique. Pour l'idée, comparer Charmide, 172 a-d, et Ménon,
97 b sq-
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i57 EY0TAHMOS 280 c
oti kektt|u.£voieΣV TtàvTa a Set KEKTf]a8ai t8v ST)u.ioupy6v ;
otov téktcùv, eX TToepeaKEuacT^évoç EÏrjtoc te opyava aTtavTa
<al E,ùXa iKavà, TEKTalvoiro ôè ur), faB' o tu oc^eXoÎt' av
ànè Tfjç kt^gecûç ; — OuSau.oç, M.cpr\. — Tt Se, el tic; kekttj- d
Liévoç EÏr| ttXo0t<Sv te Kai fi vOv8?) IXÉyou.EV TiàvTa xà
àyaBà, XP$T0 ^E otuToîç fcir), ap' av EÔ8aiu.ovoî 8ià Tfiv
toutcùv KTfjatv tôv àyaBôv ;
— Ou SfJTa, o ZdùKpaTsç.—
AeÎ apa, Ecf>r|v, <5>ç eoikev, iaf]iiévov K£KTf]a8ai Ta ToiaOTa
àyaBà t6v uéXXovTa £ÛSai.u.ova ECT£o8ai, àXXà Kai xpf)a8ai
auToîç-
â>q ouSèv B^eXoc; Tfjç KTrjaEcoc; ytyvETaL. — 'AXr)8^
XéyEiç.— *Ap
s
oQv, cù KXeivIoc, fjSrjtoOto ÎKavov Tipôç to e
EÙSat^iova Ttoifjcral Tiva, t<5 te KEKTf^aBai TayaBà Kai t6
Xpf|a8ai auToîç ;
—"Eu-oiyE SokeÎ. — rioTEpov, f\v
8S
lyob,
làv ôpBcoç )(pf]Tat tlç f\Kai làv
jifj ;
— s
Eàv 8p8cùç.—
KaXoç y£, fjvS' lycb, XÉyEiç. nXéov yàp txou oîuai SdcTEpév
laTiv, làv tiç )(pf)Tai ôtcùoOv u.f) ôpBcoç TtpàyuaTi f) làv e&"
to u.èv yàp KaKov, t8 8è oute KaKov oute àya86v. *H ou)(
outo (|>au.Év ;
—EuvE)(ûûpEi.
— Tt oOv;Iv
Trj èpyaaia te 281 a
Kai yj>f\oEi tt] TtEpl Ta ÉjùXa u.Sv aXXo tl laTiv to aTtEpya-
£ôu.evov SpScoç xpfjoBai f) lmaTr)u.ri f|tektoviki1
) ;
— Ou
SfJTa, EC})T].'AXXà
U.TJVtïou Kai £V Tfj TTEpi Ta OKEÛT]
Ipyaala to ôpBcoç lmaTf)u.T] laTiv f\ àTTEpya£ouÉvr). —Zdvéc^t).
— *Ap3
ouv, ?jv 8' lyc*>, Kai TTEpi Tf]v xpstav
Sv !XÉyou.£v t8 TtpcùTov tcov àyaB&v, ttXoûtou te Kai SyiElaç
Kai KàXXouç, to ôpBôç iioLai toÎç toioùtoiç XP rlcr a «- èm-
aT^iiT] rjv fjyouu.£vr| Kai KaTopBoOaa tt]v Ttpa^iv, f[aXXo Tt
;b
—'EmaT/ju-r), fj
8' 8ç.— Ou uôvov apa EÔTU^iav, àXXà
Testim. : 280 e i àp'—
7 àyaOov Stobaeus, Floril., io3, 29.
C 7 oxt TW : ot B d d 2 eXeyov W pro ÉXéyotjiev jj3 xr]v xouxtov xôiv
àyaôwv xx^atv Iambl.||
5 ôei Iambl. : 8siv|| 70)?:^ Iambl.
||e 1 ^Stj
-coîjxo îxavov T Stobaeus : 8tj touxco xaXXi'w BrjSrj xouxcu xaXXta> W
Il4 rj
xaî :rjStob.
||5 ye Stob. : 8è
||rcXiov Iambl. Stob. (cf. 297 d) :
TcXeiovII
6 ôxtoo'jv|i.r ôpGw; -payjxaxa :
jjltj opôwç oxojouv ^pay^axc
Iambl. Stob. ||' 281 b 1 rjv : f( Badham rjv tj Gifford.
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281 b EUTHYDÈME i58
pas seulement la réussite, mais le bon usage, semble-t-il,
que procure la science dans toute acquisition et forme d'acti-
vité. » 11 en convint. « A.u nom de Zeus, dis-je, les autres
biens sont-ils dequelque
utilité sans raison etsagesse? Unbomme trouverait-il profit à posséder et à faire beaucoup de
choses, sans la raison ? iN'en aurait-il pas plutôt à se contenter
de peu*? Réfléchis à ceci : n'est-il pas vrai qu'agissant moins,
c il commettrait moins de fautes; que faisant moins de fautes,
il éprouverait moins d'échecs 2;et qu'avec moins d'échecs il
serait moins malheureux ? — Parfaitement, dit-il. — Eh
bien, dans quels cas agira-t-on le moins ? en étant pauvre ou
riche ? — Pauvre, dit-il. — Faible ou vigoureux ? — Faible.
— Honoré ou sans honneurs ? — Sans honneurs. — Est-ce
en étant brave et tempérant3
qu'on agira le moins, ou en
étant lâche? — Lâche. — De même aussi en étant paresseux
plutôt que laborieux? » Il en convint. « Et lent plutôt que
prompt, avec une vue et une ouïe affaiblies plutôt qu'avecdes yeux perçants et une oreille fine? » Sur tous les points
d de ce genre nous tombâmes d'accord, « En somme, Clinias,
luidis-je, pour l'ensemble des biens que nous reconnaissions
au début, la question, semble-t-il, n'est pas de savoir com-
ment ils sont des biens par eux-mêmes, mais la réalité parait
être celle-ci : dirigés par l'ignorance, ils sont des maux pires
que leurs contraires, et d'autant pires qu'ils sont plus capablesde servir leur mauvais guide ;
conduits par la raison et le
savoir, ils prennent plus de prix ; mais, par eux-mêmes, nie les uns ni les autres n'ont aucune valeur. — Selon toute
apparence, il semble bien en être comme tu dis. — Querésulte-t-il donc de notre entretien ? N'est-ce pas que, dans
l'ensemble, il n'y a rien de bon ni de mauvais, sauf ces deux
choses : la sagesse, qui est un bien, et l'ignorance, qui est un
mal ? » Il en convint.
I. Nouv e/ujv donné par nos mss., mais non par Jamblique,
paraît être une glose qui fausse le sens. Ce que Socrate considère ici,
c'est seulement le cas de l'homme qui n'a pas de raison (vouv }xtj
lytov) : il y a profit pour lui à posséder et à faire peu de choses.
a. Il y a quelque sophisme dans l'argumentation de Socrate. Kaxwç
-pa-retv est pris au double sens de mal faire et échouer (cf. 278 e et
la note).
3. Badham, suivi par Gifford, a retranché xat loSçpwv, qui est en
effet assez inattendu, puisque l'opposition porte sur la bravoure et la
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i58 EY0TAHMOS 281b
Kal euTipaytav, aç eolkev, f\lmaTi£
|^T] Tiapèyei ev Tiàar\
Kxfjaet te <al TTpàÉjei.—
'QlioXôyel.— *Ap
s
ouv o Ttpoc;
Al6ç, f^vS' lyco, 5<J>eX<5ç
tl tSv aXXcov KTrjLiàTeùv clveu
(^povl'iaEcoç Kal aocpiaç ; Spàys av ovaixo avSpamoç TioXXà
KEKTrjLiÉvoç Kal TtoXXà TtpàTTOûv voOvtif) e)(cûv, f)
LiaXXov
ôXlya [voOv e)(oùv] ;oûSe 8è aKànEL' ouk èXaTTO TTpàxTcov
èXàTTO av l^ajiapTavoi, eXocttco Se aLiapTavcùv Fjttov av C
KaKÔç TTpàxTOi, fJTTov Se KaKcoç TTpdrrrcùV &8Xloç Îjttov av
eïtj ;
— nàvu y', ecjjt].—
riÔTEpov 08 v av u.SXXov êXaTTo
tlç TTpaTTot tîévt^ç ôvfi, ttXoùcjloç ; — riÉvriç, I<J>rj
.
riÔTEpov Se àa8£vf)ç f) !axup<$ç ;
—'AaGEvrjç.
—ïldTEpov
8è evtllloç f] octllloç :— "Atllioç.
—ïlôiEpov Se àvSpEÎoç
ôv Kal oâxppcùv eXccttcù av irpàxToi î] SelX($ç ;
— AelX6ç.
— OukoOv Kal àpyôç ^taXXov f\ EpydcTrjç;—
ZuvE^opEL.—
Kal ftpaSùç llôcXXovfj Ta^ùc;, Kal ap.6Xù Ôpâu Kal ockoùcûv
ll&XXovf\ ô£,u ; — nàvTa là ToiaOTa E,uv£)(CDpoOu.£v aXX/|- d
Xoiç. — 'Ev KE^aXalcp S', £<f>r)v,où KXEivla, klvSuveuel
CTULmavTa a to TtpcùTov £<J>aLi£V àya8à EÎvat, ou TtEpl toutou
ô X6yoç auToîç EÎvat ottcdç aÛTa y£ Ka8' aÛTa tte<|>ukev
àyaSà, àXX* qç eolkev coS' £Xel' e^v lièv auTQV rjyfJTaL
à^a8la, lle'l£cù KaKa EÎvat tcov IvavTLCùv, oacp SuvaTcoTEpa
ÛTtr|p£T£Lv tô3 rjyou^Évcû KaKâ 8vtl, èàv Se q>p6vr\oLc; te Kal
crocfua, u.eL£cù àyaSà, aÙTa Se Ka89
aÛTà ouSÉTspa auTÔv
ouSev&ç a£,ua EÎvai. — <Êalv£Tat, £cf>r|, coç eolkev, oôtcùç, e
êbç au XÉyEtq.— Tl ouv
f\\xlvauLiôalvEt ek tSv Etpr|u.Évov ;
aXXo tlf\
tcov u.èv ocXXcûv ouSèv 8v oôte àyaSôv oute KaK6v,
toutolv Se Suoîv 5vtolvf\
lièv aocpla àya86v, f)Se àu.a8ia
KaK<5v ; —eQLioX<5yEi.
b 3 r.apiyu B : -apsyet xoiç àv0pw7:o'.ç TW Iambl.||
6 av ovacco
BW : ovivout' av T (prius i in ras.) || 7 rj jxaXXov :{j.aXXov t\
Iambl.
I|8 ôÀiya Iambl. : ôXîyà vouv e^wv ||
c 3 7:avu W pro 7:âvu ye ||ouv
av TW : ouv B|| 7 xai aoSipptov del. Badham
|| Tcpàxtot TbW : -01$ B
j|d 1 Çuve-^wpouu-sv TW : Çuve^topouv ev B
||2 y.ivouveuct BW : -etç T
H 4 7:£çuxsv BT yp. W : yéyovev W ||5 àyaôà BW : àyaOà eTvat T
Iambl. H 7)yf;Tat BW: -eïiat T (sed r
( supra scrips.).
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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282 a EUTHYDÈME i5 9
282 a « Eh bien, dis-je, examinons mainte-
s'enseianenant le reste. Puisque nous aspirons tous
au bonheur, et que, nous l'avons vu, il
vient de l'usage, et l'usage correct que nous faisons deschoses
; que, d'autre part, la rectitude et la réussite, c'est la
science qui les procure, tout homme doit donc, semble-t-il,
se mettre en mesure par tous les moyens d'être aussi savant
que possible ;n'est-ce pas ? — Oui, dit-il. — Se dire que
c'est là, bien plutôt que des richesses, ce qu'il faut évidem-
b ment recueillir d'un père, de tuteurs, et d'amis,— en parti-
culier de ceuxqui
se donnentpour
des
amants,
— d'étran-
gers et de concitoyens, en les priant et les suppliant de com-
muniquer leur sagesse, voilà, Glinias, qui n'a rien de
honteux;
il n'y a rien d'indigne à se faire, dans ce dessein, le
serviteur et l'esclave d'un amant et du premier venu, en
étant prêt à remplir n'importe quel service honorable pardésir d'être savant. N'est-ce pas, dis-je, ton avis? — Tu me
c parais avoir tout à fait raison, répondit-il.— Oui, Glinias,
dis-je, à condition que la sagesse s'enseigne1
,et ne vienne pas
aux gens par l'effet du hasard. Car c'est un point que nous
n'avons pas encore examiné, et sur lequel nous ne sommes
pas encore tombés d'accord, toi et moi. — Mais à mon avis,
Socrate, dit-il, c'est une chose qui s'enseigne.» Charmé de
cette réponse, je repris : « Tu as raison, le meilleur des
hommes ! et tu as bien fait de m'épargner sur ce point même
une longue recherche, pour examiner si, oui ou non, la
sagesse s'enseigne. Eh bien, puisqu'à ton avis elle peut s'en-
seigner, et que seule dans la réalité elle donne à l'homme
d bonheur et réussite, ne conviendras-tu pas qu'il est nécessaire
de rechercher la sagesse2
, et n'as-tu pas toi-même l'intention de
le faire?— Parfaitement, Socrate, dit-il, autant que possible.»
J'eus plaisir à l'entendre : « Je vous ai montré par un
exemple, dis-je, Dionysodoreset Euthydème, de quelle sorte
couardise. Mais le Gorgias (5o7 b) a établi que la<T(o<ppoajvr] implique
l'avBpsta.
i. La question de savoir si la vertu s'enseigne a été déjà Iraitée
ailleurs, et résolue par l'affirmative. Dans Je Protagoras, Socrate
montre que la vertu est science, donc peut être enseignée. La dis-
cussion est reprise dans le Ménon.
2. Le sens propre de tptXoaoçetv (rechercher le savoir) est ici bien
mis en lumière (cf. 275 a et la note).
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i59 EIWAHMOS 282 a
"Etl toIvuv, e<î>r)v,t6 Xolti&v tmaKEipco^EBa. 'EttelS^ 282 a
EÔSoCLfclOVEÇ ^ÎÈVEÎvat TTpoBu |IO\!)^£8a TTàVTEÇ, E^dvrj^EV SE
toioOtou Y LYv<^tieV0L £K T0^ XP^a^a'
L Te T0^^ Trpay^aaiv Kal
ôpBcùç xpfjaBai, Tfjv Se ôp66TT]Ta Kal EÙTU^lav EmaTfjfcJiT} f\
•napÉxouaa, SeÎ 8f), coç eoikev, ek TtavTôç Tpénou OTtavTa
avSpa toOto TtapaaKEuat^EaBai, otïcoç coç aocJxaTaxoç laxat*
fjoù
;
—Nat, ê<f>r|.
— Kal napà TcaTpôç ys 8f)Tiou toOto
o16^evov SeÎv TtapaXa^6avEiv ttoXù (jlSXXov f\ xp^aTa, Kal
Tiap' ETTLTp^TiQV Kal cplXov xôv te aXXcov Kal tcûv cf>aaK6v- b
tcûv IpaaTÔv EÎvau, Kal £évcùv Kal ttoXitcûv, 8e6^levov Kal
ÎKETEOovTa aocf»laç ^ETaSiSôvai, ouSèv ala^p^v, & KXeiv'ux,
ouSè vEjiEarjTOv EVEKa toutou ÛTTrjpETEÎv Kal SouXeuelv Kal
Epaaxfj Kal Tiavxl àvBpcîmcp, otioOv IBÉXovTa ÛTtr)p£T£Îv tcov
KaXcov ÔTtrjpETrj^àTcov, TTpoBu^oO^iEvov ao<J)8v Y^véaBaf f\oô
Sokeî aot, I<|)T]V èyco, oïStcùç;— riàvu
^iev oSv s3 \ioi Sokeîç
XÉy£LV,rj S'bç.— Et ectti y£, & KXEivla, fjv8' èyco, i] ao<J)la c
8t8aKT6v, àXXà\ir)
om5 TaÔTojiaTou TTapaylyvETai toîç àvBpcb-
ttolç* toOto yàp f|(Jiîvetl aaKETTTov Kal oiJttcù Sico^oXoyr)-
^iévov è^iol te Kal aol. — 'AXX' I^oryE, ec}>t],où ZcùKpaTEÇ,
SiSaKTÔv EÎvaL Sokei. — Kal àycb ^oBeIç eTttov *H KaXcoç
XÉyELÇ, où apioTE àvSpcùv, Kal eQ ETtolrjaaç àTtaXXà£,aç \jle
OK.k\\)E(ÙÇ TtoXXfjÇ TÏEpl TOIJTOU aUToG, Tt6T£pOV 8l8aKTC>Vfj
OU
SiSaKTèvr| aotjjla. NOv o3v
etielSi'jaot Kal SiSaKxbv Sokeî
Kal u.6vov tcùv Svtcùv Eu8aly.ova Kal eutu^ ttoieîv t8v
avBpcoTtov, aXXo tlf\ cj>air)<;
av àvayKaîov EÎvaicf)iXoao(f)ELV
d
Kal auTèç ev vcù e)(eiç auTÔTtOLEÎv;
— ïlàvufcièv oQv, E<^rj,
& ZûùKpaxEc;, ôbç oîév te ^îàXtaxa.
Kàycb xaOTaaa^Evoç aKotiaaç, T8 \lzv £fci<Sv, £cf>r|v, Ttapà-
SEiy^ia, S> AtovuaéScopÉ te Kal EuBûSï^ie, oïcûv etilBujioû tcùv
282 a i èzeiOTj TW : euetÔT) ôà B|| 4 ^
'èaxiv
r\Iambl.
||5 a^avca :
îcàvta Iambl.||b 6 ^po6ujj.oj[j.£vov TbW :
-[aevoç B |jc 3 olgy.zxïov BW :
waxe^xéov T (sed g ex corr.) ||
d l\ aaasvoç W||5 otcav — xtov 7:po-
TptlCTixSv Xdywv Routh : oiov — xtov7ipo-cpe7i-:txô5v Xoywv BTW olov
—-cov TcpoTpeîCTixôv Xoyov ex emend. Angelic. G i, 3.
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282 d EUTHYDÈME 160
sont les discours d'exhortation que je désire. Peut-être le
mien est-il d'un profane!
, pénible et prolixe. Que l'un de
vous deux, à votre choix, nous fasse, en le traitant avec
art, uneleçon
2 sur le mêmesujet.
Si vousn'y
consentezpas,e prenez la suite, au point où je me suis arrêté
;montrez à ce
garçon s'il doit acquérir n'importe quelle science, ou s'il en
est une qu'il doit recueillir pour vivre heureux et en hommede bien, et quelle est cette science. Gomme je le disais en
commençant3
,il est pour nous de grande importance que ce
jeune homme-là soit sage et honnête, a
283 a Tel fut mon langage, Criton. Quant àRentrée en scène m • n •*
• •» ** «
des sophistes.ce
<ÏU1 allait suivre, jy prêtais une
extrême attention 4; je guettais la manière
dont ils engageraient l'entretien, et par où ils commenceraient
pour inviter notre jeune homme à s'exercer au savoir et à la
vertu. Ce fut l'aîné, Dionysodore, qui le premier prit la
parole; nous tous, nous tournions les yeux vers lui, nous
attendant tout aussitôt à des propos merveilleux. C'est
b précisément ce qui nous advint : admirable, Criton, fut le
discours que notre homme entama. Il vaut la peine que tu
voies, en l'écoutant, comment il était fait pour exhorter à la
vertu.
« Dites-moi, Socrate et vous autres, dit-il, qui vous pré-
tendez impatients de voir ce jeune homme sage, plaisantez-
vous en tenant ce propos, ou en avez-vous vraiment le désir,et parlez-vous sérieusement ? »
Il me vint alors l'idée qu'ils avaient cru à une plai-
santerie, quand nous les exhortions précédemment3 à s'entre-
tenir avec le jeune homme, et qu'ils y avaient répondu parune plaisanterie, au lieu de parler sérieusement. Cette idée
i. Socrate s'en était déjà excusé avant de commencer son entretien
avec Clinias(voir 278 e, iSitoTixto;). Il va sans dire que cette modestien'est qu'une forme de l'ironie socratique. La dialectique de Socrate
ne se flatte pas d'atteindre rapidement le but; au contraire, elle
chemine pas à pas, et les longueurs sont inséparables de sa méthode.
2. Sur le sens particulier de ir.'àv.AVJvzi (ou èw8e''y.vua8a'.), cf..
274 d et la note.
3. Voir 275 a.
4. Comparer 272 d.
5. Voir 275 b.
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160 EY0TAHMOS 282 d
TipoTpenTLKÔv Xoycov eÎvou, toioOtov, ISlcùtlkov tacoç Kal
liôXlç 8tà jJiaKpoûv Xeyôlievov a<f>&v Se onéTEpoç fioùXETai,
Taôxèv toOto TÉ^vr) TupàxTov Em8Ei£aTCù t^luv. Et SeLif)
toOto frouXsaSov, S8ev àyà oittéXlttov, t& s^ç EmSElE,aTOV e
tco ^EtpaicLQ, TTÔTEpov Tiaaav ETtLaTr)^T]v Sel aÔTÔv KT&aSai,
f)IcrxL tlç Lita
fjvSel X<x86vtoc EuSaLLxovEÎv te Kal àyaSov
avSpa EÎvaL, Kal t'lç aîJxr)' <SonEp IXEyov àp^éLiEvoç, TtEpl
TtoXXoO t^luv Tuy^àvEL 8v t6v8e tôv VEavlaKovao<J><5v te
kcxI àya86v yEvéaSaL.
'Eyà> lièv oSv TaOxa eÎttov, o Kpi.T©v tcû Se LiExà toOto 283 a
èaoLLÉvcp Ttàvu a(|>68pa TrpoaEÎ)(ov t&v voOv, Kal etiectk6ttouv
Ttva ttotè Tp6*nov cu|;olvto toO X<5you Kal ott68ev ap£,0LVT0
TiapaKEXEUdLLEVOL T& VEavlaKCO OOtyloLV TE Kal àpEXfjV àaKELV.eO ouv TtpEaBÛTEpoç aÛTÔv, b ALOVua6Sopoç, TtpOTEpOÇ ?]p)(E
toO Xoyou, Kal ^lielç TtàvTsç; eSXéttoliev Ttpèç aÔTèv êbç
aÔTLKa LiàXa aKouaéLiEvoL 8auu.aaiouç TLvàç X<5youç. "OnEpouv Kal auvÉ6rj tjluv SauLiaaTSv yàp TLva, S Kpixcov, avfjp
b
Kaxî)p)(EV Xoyov, oS aol a£iov àKoOaaL, ôbç TrapaKEXEUdTLK&ç
o X6yoç fjv ett' àpExfjv.
Eltté laol, £<J>rç,S Z&KpaTÉç te Kal ûlieîç ol aXXoL, baoL
<paT£ etuSulielv tôvSe tov VEavlaKov ao<|>èv yEVÉaSaL, ti6te-
pOV Ttat^ETE TaOTa XÉyoVTEÇ f) <3Ç àXr]8cûÇ ETtLSujlELTE Kal
cmouSà^ETE ;
Kàyà SLEvor|8r|v 8tl à^8fjTrjv apa ^aç t6 npoTEpov
Ttal^ELV, rjvlKa ekeXeûoljiev SloXe^S^vol t^ vEavlaKo aÔT(i>,
Kal Bià TaOTa TTpoa£TtaLcraTr|v te Kal ouk EOTCouSaoaTTjv
Testim. : 283 b i 6au{xaaTÔ; — 2 àzouaat Priscianus, Inst., XVIII,225.
e i wrfXtxbv BW : -Xei7:ov T|| IrciSeiÇaTov TbW : It:e8- B
||
4 ojaxrep: ubrap yàp ex emend. Goislin. i55 wç yàp Hermann
|j283 a 2 bctOxdWjv BW : Isxotiouv T
||3 ctyoïvxo Heindorf : -aivxo
||
5 ^p^« Schanz(cf. Conv., 177 d) : rip^exo ||
b 1 avrjp Bekker :
âvT)p
BTW ô àvîjp Vatic. 1029 ||2 aol BW : au T
||6 è^eujjLSiTat W ||
l9 aj-rto TW : -tôS B ||10 7ipoa6î:aiaa-:r(
v xat W.
V. 1. — i5
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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283 c EUTHYDÈME 161
c m'encouragea encore plus à répondre que nous étions prodi-
gieusement sérieux.
Alors Dionysodore : « Réfléchis bien, Socrale, dit-il, pourne
pasdémentir ce
quetu dis en ce moment. — C'est tout
réfléchi, répondis-je; ne craignez pas que je me.démente
jamais.— Eh bien, reprit-il, vous désirez, dites-vous, le
voir sage?— Parfaitement. — Et en ce moment, dit-il, Cli-
nias est-il sage ou non? — Pas encore, à l'en croire;mais il
d n'est pas vantard 1.— Mais vous, dit-il, vous voulez le voir
sage, et non ignorant ? » Nous l'avouâmes. « Ainsi donc, ce
qu'il n'est pas, vous voulez qu'il le devienne, et ce qu'il est
maintenant, qu'il ne le soit plus. » A ces mots, je me sentis
troublé, et je l'étais encore quand il reprit : « Puisquevous voulez, dit-il, qu'il ne soit plus ce qu'il est mainte-
nant, vous voulez apparemment sa mort 2? Ils seraient vrai-
ment précieux, les amis et amants de cette sorte, qui met-
traient au-dessus de tout l'anéantissement de leur bien-
aimé! »
e Protestation Gtésippe, à ces mots, s'indigna pour son
de Ctésippe. bien-aimé : « Étranger de Thurium,Discussion s'écria-t-il, s'il n'était trop grossier de
avec les sophistes. le dire> je dirais
.
a Maiheur sur ta tète ! »
pour oser proférer contre moi et les autres un mensongedont le seul énoncé est à mes yeux un sacrilège, en disant
que je voudrais son anéantissement ! »
« Eh quoi ! Ctésippe, répondit Euthydème, te semble-t^il
possible de mentir ? — Oui, par Zeus ! dit-il, si je ne perdsla raison. — En disant la chose dont il
s'agit, ou sans la dire ?
284 a — En la disant. — Si on la dit, on ne dit, des choses qui
sont, que celle-là même dont on parle ? — Evidemment,
répondit Ctésippe.— Mais cette chose qu'on dit fait aussi
i. Socrate ne se prononce pas personnellement sur la question, et
n'allègue que le sentiment de Clinias. Mais il laisse entendre que le
jeune homme pourrait bien être déjà aoço;. Pourtant l'invitation
qu'il a adressée aux sophistes (275 a) et qu'il a répétée à la fin de
l'entretien (282 d) suppose que Clinias a encore besoin d'être exhorté
à rechercher le savoir.
2. Le sophisme consiste à prendre d'abord oc au sens de oioç, puis
à lui rendre sa valeur habituelle. Confusion de la qualité avec l'objet
lui-même et l'existence de l'objet (voir la Notice, p. ia5).
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i6i EY6TAHM0E 283 C
xaOTa ouv StavorjSelç eti \iaXkov eÎttov 8ti Bau^aarSç c
<mou8à£oi^Ev.
Kal ô Aiovua68copoc;, Zkotuei yi)v, ëcj>rj,éo Z&KpaTEç,
Sttcoç \xi] I^apvoç laet S vOv XÉyEic;. — "EaKE^ai, ?\vS*
âycc* où yàp \i1)tiot I^apvoç yÉvcouai..
— Tl oQv; e^rj*
cf>aTÈ (iotiXeaSai auTÔv cto<|>6v yEvÉoBa». ;
— fldvu jièv oSv.
— NOv 8é, t\S' 8ç, KÀcivlac; noxEpov aotyàc; Icftiv
f\otf
;
—Oîkouv
<f>rjal yé ttcù* ectti 8k oôk àXa£obv. — 'YfciEÎç 8é,
£^>r), (SoûXeo-Be yEvÉaBai auT&vao<f><5v, à^aB^ 8è
^f)EÎvai ; d
—e
n^oXoyoO^EV. — OukoOv Sç yèv ouk ecxtiv, $ov\zo£e
auxov yEvÉaBaL, 8c; 8* Icrn vOv, ^irjKÉTi EÎvai. — Kal
èycb àKotiaaç £8opu6r)6r|V ô Se £iou 8opu6ou^Évou ôtto-
Xa6cov,vAXXo xt oQv, ECprj,
etteI froùXEaflE aux6v oç vOv
icrrlv ^ir|KÉTiEÎvai, (ioijXEaBE auTév, côç eoikev, aTToXcûXévai;
KaWoi TtoXXoO âv a£ioi ol toioOtoi eievcf>lXoi
te Kal àpa-
aral, oïtlveç Ta TtaiSiKa TtEpl TtavTÔc; av TtoufjaaivTO
èÉjoXcoXÉvai.
Kal ô Kt^crttttoc; àKoùaaç ^yavaKT^aÉv te ônèp tqv e
TcaiSiKcov Kal eÎtïev *0 £éve OoupiE, eIfcifj àypoiKC>T£pov,
£<|>rj, ^v eItteÎv, eÎttov aV « Zol eiç KECpaXfjv », S tl LiaBcov
liou Kal tûûv aXXcov KaTaipEÙSEï toloOtov TipSy^a, p âycb
oîuai ou8socriov EÎvai XÉyEiv, coç èyco t<5v8e (iouXol^rjv av
lÉjoXcoXÉvai.
Tl Se, Icpr),co KT^atTtTtE, ô EôBuSrj^oc;, f\
SokeÎ aoi oî6v
t* EÎvai ipEÛSEcrBai ;
—Nf] Ala, Icj>T],
eI^if) ^alvo^al y£.
—riÔTEpov XéyovTa to Tipây^ia TtEpl oS âv ô Xôyoç j|, fj ^ifj
XéyovTa ;
—AÉyovTa, £<|>tj.
— OukoOv EiTiEp XÉyEi aÔT<5, 284a
oôk aXXo XéyEi tcov Svtcovf\ ekelvo ôtcep XÉyEi; — flcoc; yàp
av; €.q>r\
ô KTf|aiTrno<;.— °Ev ^v KàKEÎv6 y' Icrrlv tôv
C 6 ?axè PojXeuôat aùxôv BT : çaxè, (îotfXeaôe aùxôy W||8 eaxt 8e
BW : laxc 8e ^v 8' lyw T|jd 6 jïouXea0e TW : -a6at B
|| 7 av âÇtoi
T\V : àvaÇ-.ot B ||e 1 xe TW : xe x<xl B
(|4 xotouxo BW
|| 7 olcîç x'
B olofi x' W y 284 a 3 av : àXXwç add. t in marg. ||xaxetvo BW :
xaxst T.
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284 a EUTHYDÊME 162
partie de celles qui sont, indépendamment des autres. —Parfaitement. — Celui qui la dit, reprit-il,
dit donc ce quiest? — Oui. — Mais dire ce qui est et les choses qui sont,
c'est dire la vérité 1; par conséquent Dionysodore, s'il dit ce
qui est, dit la vérité et ne profère contre toi aucun mensonge. »
b « Oui, répondit Ctésippe, mais qui parle ainsi, Euthydème,ne dit pas ce qui est. »
Alors Euthydème: « Les choses qui ne sont pas, dit-il,
n'ont point d'existence, n'est-il pas vrai ? — Elles n'en ont
point.— Les choses qui ne sont pas n'existent donc nulle
part? — Nulle part.
— Y a-t-il donc moyen d'agir à leur
égard [,envers ce qui n'est pas,] de façon qu'un individu,
quel qu'il soit, fasse ce qui n'est nulle part ? — Ce n'est pas•non avis, dit Ctésippe.
—Voyons, quand les orateurs par-
lent devant le peuple, n'agissenl-ils point ? — Bien certaine-
c ment ils agissent, dit-il. — Si donc ils agissent, ils font aussi ?
— Oui. — Ainsi donc parler, c'est à la fois agir et faire? »
Il en convint. « Parconséquent, reprit l'autre, personne
ne
dit ce qui n'est pas ;sans quoi il ferait dès lors quelque
chose. Or tu as reconnu que ce qui n'est pas, il est impos-sible à personne de le faire
;il en résulte d'après toi que per-
sonne ne ment, et que, si Dionysodore parle, c'est la vérité
et la réalité qu'il exprime2
. »
« Oui, par Zeus ! Euthydème, répliqua Ctésippe. mais la réa-
lité, il la dit d'une certaine manière, et non comme elle est. »
« Qu'entends-tu par là, Ctésippe? reprit Dionysodore. Y7
d a-t-il donc des gens qui disent les choses comme elles sont ?
— Assurément il y en a, les honnêtes gens et ceux quidisent la vérité. — Voyons, dit l'autre
;le bien n'est-il pas
bon, et le mal n'est-il pas mauvais? » Il l'accorda. « Et les
honnêtes gens, reconnais-tu qu'ils disent les choses comme
1. Ici
l'équivoque portesur to ov. La réalité de la
paroleest
prisepour la réalité de la chose exprimée.
2. Raisonnement d'Euthydème : parler c'est agir (nsâtTôtv), et
agir c'est faire (ou produire, JCOtEtv). Parler, c'est donc produire. Or
on ne peut agir sur ce qui n'est pas ;on ne peut donc le faire (ou le
produire), ni par conséquent le dire;en d'autres termes, il est
impossible de parler faux («|»£Û8îo6at). On voit où est le sophisme.
Quand on parle, on produit Yexpression d'une chose, mais il est
inexact d'en conclure
qu'on produit
la chose elle-même. Voir la
Notice, p. 126.
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i6a EY0YAHMO2 284
Svxcov, S XÉyEL, X^P^ T&q aXXeov. — flàvu ye.— OukoGv
ô ekelvo Xéycùv t6 8v, ttyr), XéyeL ;
— Nal. — 'AXXàLifjv
o
ysxo 8v
XéycùvKal xà Svxa
xàXrjSf] XÉyEL* &aizoAiovuao-
Sa>poç, EÎTTEp XÉyEL xà Svxa, XÉyEL xàXn,8f-|Kal oùSèv Kaxà
aoO LpEÛSExaL.
Nat, £cf)r|*àXX
s
6 xaOxa XÉyov, I<j>r|ô Kx^aarnoc;, S b
EùSuSt-jlle, ou xà Svxa XÉyEL.
Kai o EuBùSrjtioç, Ta Sell*?) Svxa, £<{>r|,
aXXo xlfj
oôk
EOXLV;
OÔK EOXLV. "AXXo XL o8v OÔSaLLOU XOC
yE Llf}
Svxa Svxa ectxIv; — OuSau.oO. — "Eaxiv oSv Sttooc; TtEpl
xaOxa [xà u.n, Svxa] TtpàÉJELEv av xlç xl, ôax' EKEÎva TtOLrj-
ctelev âv <al ôaxLaoOv xà LirjSaLLoO Svxa;
— Ouk ELioiyE
Sokel, ëcf>r|ô Kxi^aLTtnoc;.
— Tl oSv;oî jS/jxopEç oxav Xéyco-
CTLV EV XCOSfjLAO),
OuSÈV TtpàxXOUCTL *, flpàxXOUCTL LLEV o5v,
T\
8' 8ç. OÔKoOvELTtEp TTpaXXOUCTL,
Kal TtoioOaL;
— Nai. c
— To XéyELV apa TtpàxxELV xe Kal tioleîv ecfxlv; — 'Ollo-
X6yr|aEv.— Ouk apa xà yE (in, Svx", I<J>rj, XÉyEL oûSelç —
TtOLoî yàp avfjSrj
xl' au 8è a>LLoXoyr|Kac; x6\ii\
8vLifj
oî6v
x9
EÎvaL Lir|8Éva ttolelv — oaxs Kaxà xèv aôv X6yov oôSeIç
LpEuSfj XÉyEL, àXX' ELTTEp XÉyEL ALOVUCoSopoç, xàXn^f-j XE Kal
xà SvxaXéyEL.
Nn, Ata, E<pr\6 Kx^OLTrnoc;, o Eu8ù8t-|lle' àXXà xà Svxa
LLEV XpÔTTOV XLVà XÉyEL, OU LlÉVXOL OÇ yE E^El.
riôç XÉyELç, Ic|>r)o ALovua68opoç, S Kx/|aLTtTTE ;
eIctIv
yàp xlveç ot XÉyouaL xà Trpàyu.axa a>ç ^X£L >
— Eîalv d
LLÉvxoL, £(|)r),ot KaXol xe Kaya8ol Kal olxàXrjSf'j XÉyovxEÇ.
—Tl oSv
; f\S' oç- xàya8à ouk eC, e<|>t*j,
ex*^,
*rà 8è KaKà
KaKooc; ; — ZuvEx&psi. — Toùç Se koXouç xe Kal àyaBoùc;
ôlioXoyeu; XÉyELV â>q exel xà TtpàyLiaxa ;
—'OlloXoyq.
—
b 3 iÀÀ' OTt Bjj5 lariv oùv TW : eattv B
jj6 xà
-at] ovxa del. Ba-
dham|JwaT* txetva yp. Tin marg. add. W: ojç ye xXeivta BW aiay'
è/cXetv:a T wcjts y.at elvat Ilermann||
C 4 tô[xï]
ov BW : xà.{xf(
ovta
Tj|
5[xr
8éva
TW:
{xrjSè B|| xov aôv Xdyov TW
:
tov aôv B|;
d 2 ol xaXot xàyaOol W.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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284 d EUTHYDÈME i63
elles sont? — D'accord. — Alors, Gtésippe, les honnêtes
gens parlent mal du mal '
,s'ils disent les choses comme elles
sont. — Oui, par Zeus ! rien n'est plus vrai;
ils le font, en
tout cas, des malhonnêtes gens, et toi, si tu m'en crois, tu
e prendras garde d'en être, de peur que les gens de bien ne
parlent mal de toi. Car sache-le, les honnêtes gens parlentmal des malhonnêtes. — Et des grands, dit Euthydème, ils
parlent avec grandeur, et des échauffés en s'échauffant ? —Bien entendu, dit Gtésippe; des froids parleurs
2,en tout cas,
ils parlent froidement, et attribuent à leurs entretiens le
même caractère. — Toi, Ctésippe, tu insultes, dit Dionyso-
dore, tu insultes. — Ma foi non, .Dionysodore, répondit
l'autre, carj'ai
de l'amitié pour toi. Mais je te conseille en
camarade, et je cherche à te dissuader de jamais me dire si
grossièrement en face que je veux voir anéantis ceux dont je
285 a fais le plus de cas. »
Moi, les jugeant trop irrités l'un contreIntervention
l'autre, je me mis à plaisanter Cté-de Socrate. . m.* •
i• j-
sippe: « Gtésippe, lui dis-je, nous
devons, à mon avis, accepter des étrangers ce qu'ils disent,
s'il leur plaît de nous faire ce don, sans disputer sur un mot 3.
S'ils savent anéantir les gens de manière à les transformer de
vicieux et insensés en vertueux et raisonnables, qu'ils en
aienteux-mêmes
découvert tous les deux le
moyen,ou
qu'ilsb aient appris d'autrui le secret d'une destruction et d'un
anéantissement capable de mettre à mort un méchant pourle faire reparaître honnête homme, si, dis-je, ils le savent
— et évidemment ils le savent;en tout cas, ils revendi-
quaient pour eux l'art, récemment découvert, de transfor-
mer les gens de vicieux en vertueux —,faisons leur donc
cette concession : qu'ils mettent à mort ce garçon et le
rendent raisonnable, et nous tous aussi par surcroît. Mais si
i. Dionysodore joue sur la signification de xaxûç Xc'yêtv (dire du
mal de, c'est ainsi que l'entend Gtésippe) ;il prend cette locution au
sens de : parler inexactement de.
2. L'injurieuse épithète de '|u/pouç (froids, insipides), par laquelle
il riposte à celle deOspjjLOuç,
est dirigée par Gtésippe contre les deux
sophistes. Dionysodore ne s'y méprend pas.
3. Le mot èÇoXwXévat (a83 d) dont s'est servi Dionysodore. Cf.
285 a.
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i63 ET0TAHMOS 284 d
KaKÔç apa, £<f>Tj, XÉyouaiv, S KTf|aiTtTt£, ot àyaBolTa <a<d,
eï-nep &>q e^ei XÉyouaiv.— Nal uà Ata, ?\
ô° oç, a<J)68pa ye,
toùç yoOv KaKOÙç àvBpûmouc;' 5v au, èav p.01 TTElBrj, EuXa-6rja£i EÎvau, Tva uf)
a£ ot àyaBol KaKÔç Xéycoaiv.e
Oç e8 6
ia83
oti KaKÔç XÉyouaiv ot àyaBol toùç KaKouç. — Kal toùç
usyàXouç, £<pr\o EuBuSrjuoç, uEyàXcoç XÉyouai Kal toùç
BEpuoùç Bep^ioûç ;
— MàXtaxa SrjTtou, s<pr\ô KTfjaiTmoç-
toùç yoOv ipuyjïoùç ipuyj>coç Xéyouai te ical (J>aalv SiaXÉ-
yEaBai.—
Zù uév, êcj>"q6
Aiovua6Scopoç, XoiSopEÎ, o Kttj-
aiTTTTE, XoiSopEÎ. Ma Al' OUK EYûùyE, T)Ô' OÇ, O AlOVU-
aoScopE, etteI<J>lXcû aE, àXXà vouBetcû aE èbç ÉTaîpov, Kal
TT£ipco(!ai tteIBelv ur|8ÉTT0TE tvavTiov euoG oïïtcûç àypolKoç
Xéyeiv 8ti èyà toùtouç (ioùXouai E^oXoXÉvai oOç TtEpl
TrXElaTou TtoLoO^iai. 285 a
'Eyob o5v, ettelSt) fcioi
eSokouvàypicùTÉpcùÇ Ttpôç àXXfjXouç
I)(e«.v, TtpoaÉTiai£ôv te t&v KTrjaLTfnov ical eTtiov 8ti *ft
KTfjaLTTTlE, E^iol UEV SoKEÎ Yjjfjvai f^Sç TTOtpà TQV Ê^ÉVCÛV
Ss^EaBat a XÉyouaiv, èàv èBÉXcoai SiSovai, Kal\xi] ôvôfcictTi
8iacj>Ép£a8ai. Et yàp E-nlaTavTai outoç l^oXXùvai àvBpcb-
ttouç cSaT3
ek nov^pâv te <al àq>p<$vcûv xprjaTOÙç TE Kal
I(jL<})povaç TtOLEÎv,<al toOto eÏte auTo
rjûpr)KaToveite Kal
Ttap3
aXXou tou èuaBÉTrjv <|>66pov Tivà Kal oXEBpov toloOtov b
ôaiE ànoXéaavTEÇ TtovTjpov ovTa yj>r)aTÔv TiàXiv àTtoq>f)vai'
Et toOto ETtlaTaaBov — SfjXov Se 8ti ETiiaTaaBov è(J>àTr}v
yoOv tt]v TÉ^vrjv a<|>ôv EÎvaiTfjv vEcoaTl rjùprju£vr)v àyaBoùç
ttoieîv toùç àvBpamouç ek Ttovrjpoov—
au^cop^aouEv oCv
auTOÎv aÙT6" àTtoXEaàvTCùvf\\x.lv
t6^EipaKiov
Kal<|>p6viuov
TtoirjaàvTcov, Kal aTtavTaçYEfj^&ç toùç aXXouç. EtSè ûu,eîç
e 3 xaî :t)
xa\ t||5 Xéyowsi Te cpaat
W||6 Xotôopeï
—Xotôopeï
Heindorf : XoiSdpa—
Xot^dpei ||285 a 2 iYpctoTÉpw; BT : àypotxoTepwç
eut ta
W O 3 tôv x-i\an:-ov B : t<£ xxr,aÎ7:^a> T tov Bf^OtmcovW ||5 a Xéyou-
atv secl. Schanz, qui moi scrips. av (Badham) pro sàv || ôtôdvat:
[iexa in marg. T||b 4 voy&v W pro aœwv
j|5 auy/wp^aojxfv W.
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285 c EUTHYDÈME 164
c vous avez peur, vous les jeunes, qu'on fasse sur moi l'essai
comme sur un Carien lS Moi qui suis vieux, je suis prêta en
courir le risque, et je me livre à Dionysodore que voici
comme à Médée de Golchide 2 . Qu'il me mette à mort et,
s'il le veut, me fasse cuire; sinon, qu'il agisse à sa guise,
pourvu qu'il me rende vertueux ! »
Là-dessus Gtésippe : « Moi aussi, Socrate, je suis prêt à
me remettre aux mains des étrangers, même s'ils veulent
m'écorcher encore plus qu'ils ne font en ce moment, à condi-
tion que ma peau se change finalement, non pas en outre,
d comme celle de Marsyas3
,
mais en vertu. A la vérité, Diony-sodore que voici croit que je me fâche contre lui
;mais moi,
je ne me fâche pas : je le contredis sur les points où il me
paraît avoir tort avec moi. Ne va donc pas, toi, brave Diony-
sodore, donner à la contradiction le nom d'injure ;car
l'injure est autre chose. »
RepriseAlors
Dionysodore: « Yeux-tu
dire,de la discussion Gtésippe, dit-il, que la contradiction
entre Dionysodore existe ? »
eet ctésiPPe -
« Parfaitement, et j'en suis bien
convaincu. Serait-ce que toi, Dionysodore, tu ne crois pasà la possibilité de contredire?»
« Tu ne saurais pourtant prouver que tu aies jamaisentendu personne en contredire un autre. »
« Tu dis vrai; mais en ce moment je te prouve que
j'entends Gtésippe contredire Dionysodore. »
« Voudrais-tu en rendre raison ? »
« Parfaitement. »
« Voyons, dit l'autre. Y a-t-il pour chaque chose des
façons d'en parler?— Parfaitement. — Gomme elle est, ou
comme elle n'est pas ? — Gomme elle est. — En effet, Gté-
286 a sippe, situ t'en souviens, dit-il, nous avons démontré tout à
1 . Sur un être sans valeur. Expression proverbiale ;cf. Lâches, 187 b.
2. Médée avait persuadé aux filles de Pélias de mettre en pièces le
corps de leur père, promettant de lui rendre la jeunesse. Mais elle
ne prononça pas les formules magiques qui l'auraient rappelé à la
vie. Le sujet avait été traité par Euripide dans Les Péliades (455).
3. Le silène Marsyas, fier de son talent sur la flûte, osa défier
Apolloncitharède.
Ledieu l'écorcha
vif,et de sa
peaufit une outre
qu'on voyait suspendue sur la place de Célaenes, en Phrygie.
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i64 ETOrAHMOE 285 c
ol véol (j>o6eLa8e, cocmEp èv Kapl èv èu.ol larco ô kIvSuvoç* c
côç èyco, ETiEiSf) Kal Tipea6uTr|c; Etu.1, TtapaKivSuvEÙEiv etoi-
u.oç KalTrapa8l8cou.i
èu.auT6vAiovuaoScopcp
tout©cùonep Tfj
MrjSEta xfj K6X)(cp. 'AttoXXùtco d.e, Kal eI u.èv ftoûXETai,
ei^étco, eI S', 8 tl (îoûAETai, toOto tïoieItco" u.6vov )(pr|CXTÔV
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Kal ô Kxr|aLTrnoç, 'Eycb u.év, £C|>r|,Kal auTdç, co ZcoKpaTEÇ,
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xai SépEiv etl
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KalxoL^ie
oÏETat Aiovu<j68copoç oûxoal )(aXETiaivEiv aÔTco'
èycb Se ou xaXETtatvco, àXX' àvTiAÉyco TTpoç xaOxa a u.oi
Sokel TTpoç \ie u.f] KaXcoç Xéyeiv. 'AXXà ai) t6 àvTlAÉYElV,
Ic|>r|,co yEvvaÎE AiovucràScopE, u.f)
kcxXei XoiSopEÎaSai* ETEpov
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Kt^CTITITTE, TTOtEL TOUÇ XÔYOUÇ J
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ScopE, oôk oïel EÎvai àvTiXÉyEiv ;
Oukouv crû tccv, Ic|>r|, àTioS£tE,a«.c; ttcotïote ctKoûaac; ouSevoç
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kvuu.l àvTiAÉyovToç Ktt]<jltïttou AiovuaoScopcp.
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|| 4 *o W : tw BT||5 co yevvaïe
BW : w Ty 7 ô CHovu<jo'8copo; TW : cuovuao'8topoç B
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10c By3 ojxouv T
H5 àxoôtov
{jlsv
vuv: Badham : àxouto aev vuv et B
àxoûcoaev vuv tl T àxouoaev vuv et W.
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286 a ELTHYDÈME i65
l'heure 1
que nul ne parle d'une chose comme elle n'est pas ;
ce qui n'existe point, personne ne le dit, nous l'avons vu.
—Qu'importe? répondit Gtésippe; ne nous contredisons-
nous pas moins, toi et moi? — Nous contredirions-nous,
reprit l'autre, en parlant tous deux du même objet? N'est-il
pas vrai qu'ainsi nous dirions les mêmes choses ? » Il l'accorda.
« Mais quand nous ne parlons ni l'un ni l'autre de cet objet,
b pourrions-nous alors nous contredire ? N'est-il pas vrai qu'ence cas aucun de nous ne ferait même la moindre mention de
l'objet? » Il en convint encore. « Mais quand je parle, moi,
de cet objet, et que tu tiens, toi, d'autres propos sur un autre,serait-ce alors que nous nous contredisons ? N'est-il pas vrai
que, moi, je parle de l'objet, alors que, toi, tu n'en dis abso-
lument rien? or, sans parler, comment contredire celui qui
parle? »
Discussion Là-dessus, Gtésippe se tut; mais moi,
de Socrate surpris de ce discours : « Que veux-tu
et Ctésippe dire, Dionysodore? demandai-je. Voilàc
avec les sophistes. en effet une thèse que j'ai déjà entendue
de bien des gens et bien des fois, et toujours avec surprise.
L'école de Protagoras en faisait grand usage, et de plus anciens
encore 2; pour moi, je la trouve toujours surprenante; elle
me parait à la fois ruiner les autres et se ruiner elle-même.
Mais tu m'en apprendras, je pense, la vérité mieux que per-
sonne. Parler faux est
impossible,n'est-ce
pas?
— c'est là le
sens de ta proposition, n'est-il pas vrai ? — et il faut nécessai-
rement ou bien dire vrai, si l'on parle, ou ne pas parler? »
Il l'accorda.
d « Si parler faux est impossible, est-il pourtant possible de
penser faux ? »
a Pas davantage, dit-il.
« Alors, dis-je, il n'existe absolument pas non plus d'opi-
nion fausse.
1. Allusion à a84 c : « Personne ne dit ce qui n'est pas ».
2. Protagoras disait : « L'homme est la mesure de toutes choses. »
Il en résultait que toute opinion individuelle est également vraie et
fausse, selon le point de vue où Ton se place, ce qui rend la contra-
diction impossible (Théétète, i5i e-i52 c; 171 c).— « Déplus
anciens encore » semble viser Parménide. Il soutenait que, le non-être
n'existant pas, le faux ne peut exister davantage, puisque par défini-
lion il donnerait l'être à ce qui n'en a pas (voir le Sophiste).
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i66 ET0YAHMOS 286 d
OuKE<pT\.
OuS' apa àu.a8la ouS' àu.a8£Îç av8pQnoi' f)ou xoGx' Sv
E^rjàu.a8ia,
eÏTiEp EÏrj,
xo
ipsuSEaSaixôv
Tipayu.axcûv;
J~làvu yc, e<J>tj.
'AXXà XOUXO OUK laxiv, fjv5'
lycî).
OuKE<J>T].
Aoyou £veko, cû Au>vua68cûp£, XéyELÇ t6v Xéyov, TvaSfj
&tottov XÉyrjç, f\ &q àXrjSoç Sokel aoi ouSeIç EÎvai à^iaSfjÇ
dvGpcûTTov ;
3
AXXà au, I<j>rj, IXey^ov. e
*H <al taxi toOto Kaxà t6v aov Xoyov, I^EXÉy^ot,
u.rjS£vôç i|»eu8ou.évou ;
Ouk laxiv, I<|)r|o Eu8û8r)u.oç.
OuS1
apa ekeXeuev, E<J>r)v êydb, vOv8f) AiovuaoSopoç
E^EXéy^aL ;
T6 yàp u.r)8v tiûç av xiç KEXEuaai
;où Se keXeuelç ;
"Oti, f]v8' èy», S Eu8ù8r)u.E, xà ao<J>à xaOxa Kai xà
eu l^ovxa ou nàvu xi u.av8àva>, àXXà ncLyécaq ttqç evvoô.
"iaoç u-èv ouv <J>opxiKa>x£p6v xt lpr|aou.at, aXXàauyytyvoaKE.
°Opa 8é- ei yàp ui)X£ i|/£Ù8£a8ai laxiv u.r|X£ ipEuSf] 8o£à££iv 287 a
u.f]X£ àu.a8fj EÎvai, aXXo xi ouS' lE/xu.apxàvEiv laxiv, Sxav
xlç xi Ttpàxxr] ; Tïpàxxovxa yàp ouk laxiv àu.apxàv£iv xouxou
o TtpàxxEL' ou^ oîJxq XéyEXE ;
riàvu ys
, £tyr\.
To0x6 èaxivfjôr], f]v
S' âyco, xo <j>opxucôv £poxr]U.a. Et
yàp u.f) au.apxavou.Ev ui)X£ TtpàxxovxEÇ U-^xe XÉyovxEÇ U-f|XE
Siavoouu.EVOL, ÛU.EÎÇ, co Ttpèç Au5ç, eI xaOxa oSxcoç £XEL ,
d 7 el'îcep eiTjT : eî
r.aptîr\B ci wapstri
W||e 5 sxeXeuev, ecprjv
Her-
mann : èxÉXsuov eçTj j| oiovuao'Bcopos B : ô oiovuadSwpo; TW ||6 èÀé-
ytjaiW
||xsXeuaai codd. (y.eXeuaa: : BW mutationem person. signi-
ficantes) j|où 8s xeXeueiç oxi in mare. yp« W : oùôi xeXeûetç oxi BW
om. Tj| rjv 8' èyoi
S eùeûSrjtxe BW w eGÔuS^e îjv 8' èyoST
j|8 où
K&v te TW : 7:avu xi BH 7Mix.é<dç
W : ta- BT||287 a 2 £XXo xt
Routh : àXX' oxij| 7 [A^xe Xsyovxeç urjxs îtpâxxovxe; W.
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167 ErOYAHMOS 287 a
tlvoç SiSàaKoXoi fjkete ; f\ouk apTL ec|>octe âpETfjv K^Xiarr'
Siv TTapaSoOvat àv8p<*mov tô eSeXovtl uavGàvELV;
b
EÎt', scpr),S ZdbKpaxeç, 6 ALovua68copoçuTroXa6cov, oÏJtoç
et Kpovoç coctte S xè npoTov elttouev vOv àvau.Luvf|CTK£i,
Kal eï xi TTÉpuaiv eÎttov, vOv àva^vr)CT8/)aEL, tolç 5* èv t$
Trap6vTL Xeyouévolç oà^ eE,elc; 8 tlyjtf\ ;
Kal yàp, Ecprjv âyo, ^a^ETioi elo\v Tiàvu — elk6tooç" Ttapà
ao<J>Qv yàp XéyovTaL— etteI Kal toùtq tô TEXEUTalcp nay-
X<xXettov xpr)aaa8al laxtv $ XéyEu;. Tè yàp « Ouk e^gû 8 tl
XpouaL » tl ttote XÉyEtç, où AiovuaoSoapE ; f} SfjXov otl àç
ouk£)(cù è^EXéy^aL auTÔv
;etceI eltié, tl ctol aXXo voeltoOto c
tô pfju-a, x6 ce Oùk e^o 8 tl xpf^acùuaL tolç X6yoLÇ »;
'AXX' 8 au XéyELÇ, £cf>r|,touto y
3
ou nàvu xa^Ttov XP^\~
aQai' etceI ànéKpLvaL.
nplv aè aTtoKplvaaBaL, fjv S' lyw, S Aiovua68cûpe ;
Ouk àTTOKpLvEL ; £<|>r|.
*H Kal SlKaLov;
AixaLov liévtol, E^>rj.
KaTà Tiva X6yov ; fjv 5* èyo' f) Sfi,Xov Stl Kaxà t6v8e
8tl au vOv Tidaaoc|)ô<; tlç f\\ilv àoJrîÉjaL TtEpl Xéyouç, Kal
oîaGa 8te Sel àTtoKptvaaSat Kal 8tell^ ;
Kal vCv oùS3
av d
ôtloOv ànoKpLVEL, Ste yLyvcocTKcov otl ou Seî;
AaXEÎç, Ic|>r|, àu.EX/|aaç aTtoKplvaaBaL- àXX', ayaSé, tceISou
Kal àTtoKplvou, èiTEiSf) Kal ÔLLoXoyEÎc; lie aoc}>ov EÎvaL.
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b 2 ô om. W|| oCtcdç îI xpôvos T : oOxtoat xsvo? B oOrcoai xevôç W
yp.
Xcvdç in marg. T||3 toats aùxô 7rpwxov âtvigLU(iv7faxCtv
W||5 Xeyo-
[XÉVOC5: Xeyouévotç Xdyocs Heindorf Xdyoc; Baiter
|| /pf)t : ypr\ BTW
||6 7:àvu, eftcOTM* interpunx. Stallbaum
|| 9 xi Heindorf: xt B 5tt
TWIIC 1 èXÉyÇat W II
xi aot BW :
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||voei Stallbaum : èvvoeï
D 2 yj37]ao>[xatT : -aojiat BW ||
3 àXX' B : àXXo T à'XXo W||to6to>
y' où Badham : toûtco tw BTW toùtco toc Sauppe ||6 àr:oxpcvet Hein-
dorf H d i ô"i W pro oxsd oùô' av : oùôsv Heindorf oùô' Schanz
|j2 à^oxpt'vs: TW (-vrji W) :
-xpivs'.sine accentu B -xpivct Vatic. 225,
226II3 à^Xrjaa; xou 1
1| àTïoxpcva^Oac B :
aTroxpivaaôat xal oxe (xtjTW (|
4 aosôv TW : -<pôç B.
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287 d EUTHYDÈME 168
« Eb bien, dis-je il faut obéir; j'y suis forcé, semble-t-il,
car c'est toi qui commandes. Interroge donc. »
« Est-ce en étant animés que les êtres doués de sens ont
du sens ', ou peut-on le dire aussi des inanimés ?
« Ce sont les êtres animés. »
« Connais- tu, dit-il, une phrase animée?
« Non, par Zeus ! pas moi. »
e « Pourquoi donc demandais-tu tout à l'heure quel était le
sens de ma phrase ? »
a Que veux-tu? dis-je, je me suis trompé; la faute en est à
ma paresse d'esprit. Mais me suis-je trompé, et n'ai-je paseu raison de dire que les phrases ont un sens ? Qu'en dis-tu ?
Me suis-je trompé ou non? Si je n'ai fait erreur, tu ne
pourras non plus me réfuter, avec tout ton savoir, et tu ne
sais que faire de mes paroles; et sij'ai fait erreur, en ce
288 a cas aussi tu as tort, en prétendant qu'on ne peut se tromper.Et ce n'est pas à tes discours de l'an passé que s'adresse ma
remarque.Mais, repris-je,
Dionysodore
et
Euthydème,
voilà
un raisonnement qui paraît rester au même point, et, aujour-d'hui comme autrefois, tomber lui-même après avoir abattu
l'adversaire 2. Le moyen d'éviter ce sort, votre art même ne
semble pas lavoir découvert encore, tout admirable qu'il est
d'ailleurs pour la rigueur de la discussion. »
Alors Gtésippe : « Merveilleux discours que les vôtres, gensb de Thurium ou de Ghios 3
,ou de tel lieu et de tel nom qu'il
vous plaise d'être appelés ! Peu vous importe de divaguer. »
Moi, craignant qu'on n'en vînt aux injures, je me remis à
calmer Ctésippe: « Gtésippe, repris-je, ce que je disais tout
à l'heure à Clinias 4, jeté le répète à toi-même : tu ne
comprends pas que le savoir de ces étrangers est merveil-
leux, mais qu'ils n'ont pas voulu nous donner sérieuse-
ment une leçon. A l'exemplede Protée 5
,le sophiste égyptien,
i. Dionysodore va jouer sur le double sens de voeîv : comprendre
(ou concevoir)— et signifier.
2. KaxaSaXtov — zl^tsiv : deux termes pris à la lutte;
cf. 286 c.
Tô naXcuôv vise les anciens sophistes, et notamment Protagoras.
3. Les deux appellations, en effet, conviennent également aux deux
sophistes (271 c). Gtésippe s'adresse ironiquement à eux, en employantla formule de précaution usitée pour les dieux (cf. Cratyle, 4oo e).
4. Allusion à
277
d.
5. Odyssée, IV, 454 sq. Cf. Ion, 54 1 e, et la note.
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288 c EUTHYDÈME 169
c ils nous amusent par des jongleries. A nous de faire commeMénélas : ne lâchons pas ces deux hommes qu'ils ne se
soient révélés à nous sous leur aspect sérieux ! je crois qu'ils
nous feront voir quelque merveille de leur cru, quand ils se
mettront à parler sérieusement. Demandons-leur donc, parnos exhortations et nos prières
1
,de se révéler à nous. Pour
moi, je crois bon encore 2 de les guider moi-même, en leur
indiquant sous quelle forme je les prie de m'apparaître.d Reprenant au point où je m'étais arrêté plus haut 3
, j'essaie-
rai de mon mieux de leur exposer toute la suite, pour les
appeler à nous, afin qu'ils me prennent en pitié et que,compatissant à ma contention et à mon sérieux, ils soient
sérieux à leur tour. »
. « A toi, Glinias, dis-je, de me rappeler
de l'entretienou nous en éti°ns restés alors. Si je ne
de Socrate me trompe, c'était à peu près à cet
avec Glinias. endroit : il faut rechercher le savoir,
, j.J* evu? avions-nous reconnu pour finir ; n'est-cede différents arts. . rv • j-» -i r% 1 i_ 1
pas?— Oui, dit-il. — Or la recherche
du savoir est l'acquisition d'une science;n'est-il pas vrai ?
dis-je.— Oui, dit-il. — Que peut donc bien être la science
e que nous aurions raison d'acquérir ? N'est-ce pas, d'une façon
absolue, celle qui nous sera utile ? — Parfaitement, dit-il.
— Nous serait-il donc de quelque utilité de savoir reconnaître,
en allant et venant, l'endroit de la terre où se trouve enfouiela plus grande quantité d'or ? — Peut-être, dit-il. — Mais
précédemment, repris-je, nous avons pleinement prouvé4
que nous n'aurions aucun avantage à posséder, même sans
tracas et sans fouiller la terre, tout l'or du monde. Saurions-
289 a nous même changer les rochers en or, que cette science
n'aurait donc aucune valeur;
car si nous ne savons tirer
partide
l'or, parlui-même— on l'a vu— il ne sera d'aucune
utilité. Ne t'en souviens-tu pas? »dis-je. — « Je m'en sou-
viens, dit-il, parfaitement. » — « De même aussi, semble-t-il,
les autres sciences. On ne tire aucun profit ni de celle du
financier, ni de la médecine, ni d'aucune autre qui sait seule-
1. Cf. 373 e.
3. Cf. 278 c : fin de l'entretien de Socrate avec Glinias.
3. Exact;
cf. 283 d.
4. Allusion à 380 d.
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i69 ET0TAHMOS 288 c
rjfciSç. 'H^elc; oOv xàv MevéXaov ^nicb^iESa, Kaljtn, àq>i<i>- C
^ie8a tolv àvSpoîv eqç Sv f^îv EK(f>avf]Tov à<J>
s
S aôxà arcou-
Sd^ETOv ot^ai yàp'
rL aôioîv TuàyKaXov q>av£Îa8ai, ETïEiSàv
apE,<»vTai onouSà^Eiv.3
AXXà Seco^eSoc Kal Ttapa^u8cb^£8a
<al *npoaEU)(db^E8a auxoîv £K(|>avfjvai.3
Eyoi> o3v ^ioi Sokcû
Kal aùxôc; TiaXiv à^rjY^o^Sai °"w TrpoaE\j)(o^ai aÔTw <|>avf)-
vatfcioi/
o8ev yàp xô TipOTEpov àTTÉXcnov, to e£^ç toûtoiç d
TTEipàao^oti, otïcdç Sv Sùvcùjiai, SueXSeÎv nav, otïcoç EKKaXÉ-
aco^at <al âXErjaavxÉ (ieKal
oiKTlpavTE auvTETa^évov Kalanou8à£ovTa Kal auTcb anouSàarjTov.
Zù Se, S KXEivia, E<f>rjv, àvà^vrjaov ^e tt68ev t6t3
Stie-
Xltto^ev.q
C1ç \ièv o5v EySfciai, ev8évSe tto8ev. <l>iXoao<}>Tï-
téov à^oXoyfjCTa^EV teXeutcovteç- fj yàp ;
—Nat, ?j
S3
oç.
— CH 8é yE cpiXoao<|>la KT^aiç EmaTl£
|fc^T}c;• oty oÎStcùç; E<j>rjv.
—Nal, £<t>rç.
— Tlva tiot' oCv SvKxrjaatiEvoi èmcn:r)fcir]v
ôpScoç Kxrjaai^E8a ; Sp3
oô toOto ^èv ômXoOv, fjxiç t)H&c; e
ovr)OEi;— nàvu y
3
, E<J>r].—
*Ap3
oQv av ti fj^âç ôv/jasiev,
eI ETiLaTai{jL£8a yiyvcûaKEiv TtEpuôvxEÇ ottou xfjç yfi.ç xpualov
tiXeIotov KaxopobpuKTaL ;
—"Icjcoç, ifi|.
— 'AXXà xè Ttp6-
TEpov, f]v8' âycb, xoOxo y£ E^rjXéy^a^Ev oxi ouSèv tiXéov,
ouS3
eI SveuTipay^iàxcov
Kal toOôptJXXEiv xfjv yf)v
xo tïSv
n,fcÛV XPu^ov yEVOlTO' QOXE Ou8' EÎ XOIÇ TIEXpaÇ )(PUa°*Ç
EmaTalfciESa noLELv, ouSevôç Sv à£,la f\ êm<rrf| pr] elt).Et 289 a
yàp \lt)Kal xpf^aSai Emaxrjao^sSa xâ xpuaicp, oôSèv
S<J>eXo<;
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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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289 d EUTHYDÈME 17 r
« Tu me parais, dis-je, montrer par une preuve suffisante
que l'art des faiseurs de discours n'est pas celui qu'il faudrait
acquérir pourêtre heureux. Et
pourtant j'espérais
découvrir
e de ce côté la science que nous cherchons depuis longtemps.Car pour moi les auteurs eux-mêmes, les faiseurs de discours,
quand je suis avec eux, me paraissent, Glinias, supérieurementsavants, et, pris en soi, leur art me semble divin et sublime.
En cela d'ailleurs, rien de surprenant : il est en effet une
partie de l'art des incantations, à peine inférieur à lui 1. Celui
290 a des incantations consiste à charmer serpents2
, tarentules, scor-
pions, les autres bêtes et les maladies ;l'autre s'adresse aux
juges, aux membres de l'Assemblée, et aux autres foules pourles charmer et les apaiser. Et toi, dis-je, es-tu d'un autre avis ? »
c Non, dit-il, je partage ta manière de voir. »
« Où donc, repris-je, nous tourner encore ? vers quellesorte d'art ? »
a Pour ma part, dit-il, je n'en vois guère. »
« Eh bien, dis-je, moi, je crois avoir trouvé. »
« Lequel ? » demanda Glinias.
b « L'art du général, dis-je, me semble être par-dessus tout
celui dont l'acquisition peut assurer le bonheur. »
« Ce n'est pas mon avis. »
« Comment cela ? »dis-je.
« C'est là un art de faire la chasse aux hommes. »
« Et après ? » demandai-je.c Aucune forme de la chasse proprement dite ne va plus loin ,
dit-il, qu'à poursuivre et à capturer3
; quand les gens ont mis la
main sur l'objet de leur poursuite, ils sont incapables d'en
tirer parti : les uns, chasseurs et pêcheurs, le remettent aux
c cuisiniers;
les autres, géomètres, astronomes, calculateurs,
se livrent eux aussi à une chasse, car on ne produit point les
1 . L'expression est illogique, Platon considérant tour à tour l'art des
discours comme une partie de l'art des incantations, puis comme dis-
tinct de ce dernier, et à peine inférieur à lui. En fait ixs:vr,:, commele montre la suite, désigne l'art de charmer les bêtes malfaisantes et
les maladies, c'est-à-dire une autre partie de l'art des incantations.
aï II y avait en Grèce, au temps de Platon, des charmeurs de
serpents. Cf. Rép., 358 b.
3. Socrate a montré plus haut que la science à trouver est celle
qui réunirait à la fois le don de produire et celui d'utiliser ce qu'elle
aurait produit. Or la chasse (et par suite l'art du général, etc...) ne
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290 c EUTHYDÈME 173
figures, dans chacun de ces métiers : on se borne à découvrir
celles qui existent;et comme ils ne savent les utiliser, mais
seulement leur donner la chasse, ils les remettent, n'est-il pasvrai ? aux dialecticiens 1
, pour qu'ils tirent parti de leurs
trouvailles, du moins quand ils ne sont pas complètement
dépourvus de sens. »
t Oh S oh !
dis-je, très beau et savant Glinias, en est-il ainsi ? »
« Certainement. Et de même aussi pour les généraux ;
d quand ils ont capturé une ville ou une armée, ils la remettent
aux hommes d'État, car eux-mêmes ne savent tirer parti de
leur chasse : ils font, selon moi, comme les chasseurs decailles qui remettent leur gibier aux éleveurs. Si donc nous
demandons l'art capable d'utiliser lui-même ce qu'il aura
acquis soit par production, soit par capture, et si un art de
cette sorte doit nous procurer la félicité, c'est un autre qu'il
faut chercher, dit-il, et non celui du général. »
e Interruption Criton-
~ Que dis-
tu'
Socrate?
C
'
est
du récit. Entretien ce jeune garçon-là qui a émis pareils
de Criton et de propos ?
Socrate. Socrate. — Tu ne le crois pas, Criton ?
Criton. — Ma foi non, par Zeus ! Car je pense, moi, que,
s'il a parlé ainsi, il n'a plus besoin d'Euthydème ni d'aucune
autre créature humaine pour faire son éducation.
Socrate. — Au nom de Zeus,Ctésippe
était-il
par
hasard
l'auteur de ces discours sans que je m'en souvienne ?
291 a Criton. — Comment ? Ctésippe2
?
Socrate. — Pourtant je suis bien sur que ce n'était ni
Euthydème ni Dionysodore qui parlait ainsi. Faut-il, divin
Criton, attribuer ces propos à un être supérieur qui se trou-
vait là ? Car je les ai entendus, j'en suis sûr.
comporte aucune de cesdeux conditions
essentielles,
—pas
même la
première.1. Dans le Ménon, 75 d, le mot 8t<xXêx-:ix6; est encore appliqué à
celui qui a l'art de conduire un entretien,— la dialectique propre-
ment dite. Ici, il a déjà un sens très voisin de métaphysicien, et
désigne celui qui est capable de remonter aux principes. Cf. parti-
culièrement Rép., 533 b sq.
2. Le tour employé par Criton marque la surprise, et en même
tempsla
répugnanceà admettre une
suppositiontenue
pourinvrai-
semblable.
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291a EUTHYDÈME i 73
Griton. — Oui, par Zeus ! Socrate;c'était à mon avis
quelqu'un de supérieur1
,et de très supérieur. Mais ensuite
avez-vous encore recherché quelque autre art ? Et avez-vous
trouvé ou non celui qui faisait l'objet de votre enquête ?
b Socrate. — Gomment trouvé, bienheureux Criton ? Nous
étions tout à fait risibles;comme les bambins à la poursuite
des alouettes 2,nous nous croyions à tout instant sur le point
de saisir chacune des sciences, et elles, chaque fois, nous
échappaient. A quoi bon te conter les détails ? Nous arri-
vâmes enfin à l'art royal, et nous étions en train d'examiner
si c'était là celui qui produit le bonheur ; mais alors, commesi nous étions tombés dans un labyrinthe, au moment où nous
pensions déjà toucher au terme nous nous retrouvâmes, pourainsi dire, après avoir fait le tour 3
,au début de notre recher-
c che, et juste aussi peu avancés *
qu'en commençant notre
enquête.Griton. — Gomment cela vous arriva-t-il, Socrate ?
Socrate. — Je vais te le dire. Nous fûmes d'avis que la
politique et l'art royal ne faisaient qu'un.Criton. — Et alors ?
Socrate. — C'est à cet art, nous sembla-t-il, que celui du
général et les autres remettent la direction des ouvrages dont
ils sont eux-mêmes les artisans, comme au seul qui sache les
utiliser. Il nous parut donc être évidemment celui que nous
cherchions,et
quiest la cause de la
prospéritédans l'État
;
d bref, selon le vers d'Eschyle5
, qui seul siège à la poupe de la
cité, gouvernant tout et commandant à tout pour faire 6 toute
œuvre utile.
Griton. — Aviez-vous raison de le croire, Socrate ?
i. Oï xpstrcovsç, ce sont les dieux (Sophiste, 216 b). Mais Griton,
prenant l'expression au sens littéral, comme le montre t:oXu yê, songe
évidemment à Socrate. Dans le Théctete, i5od, Socrate parle desmerveilleux progrès réalisés par ceux qui le fréquentent.
2. Allusion au proverbe : poursuivre ce qui vole;cf. Euthyphr., k *•
3. L'accumulation des participes fait ressortir le caractère labo-
rieux de ces allées et venues répétées.
4- "laoç est construit avec oloç par analogie avec xo'.o-jtoç.
5. Au début des Sept (v. a-3), Etéocle parle de « celui qui veille
à sa tâche, à la poupe de la cité, dirigeant le gouvernail sans laisser le
sommeilendormir ses
paupières».
6. Gomme s'il y avait ûyj-.i -o'.eîv.
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173 EY0YAHMO2 291a
KP. Nocl Lia Ata, S ZaxpaTEÇ' tSv kpeittovcûv lievtoi
tlç êtiol SokeÎ, ical TToXti yE. 'AXXà LiETa toOto etl Tivà
E^rjT^aaTE téxvtjv ; Kal r|Sp£TE EKEtvrjv f) oô^ T]8pETE, fjq
EVEKa e£i-|teÎte ;
ZO. ri68Ev, o LiaKapiE, rçïîpoLiEv ;àXX' fJ^EV Ttàvu b
YeXolol* ôaTTEp Ta TiaiSla Ta toùç KopûSouç 8u£>K0VTa, àsl
&6\ls&cl EKàarrjv tôv EmaTr) liôv aôxt<a Xr)ip£a8ai, ai 8S
àsi
ÛTtE^É^Euyov. Ta Lièv o3v TtoXXà tlocv aoi XéyoïLu ;èni 8è
8f| tt]v fraaiXiKfiv IXSovteç TÉxvrjv Kal SiaaKcmoÙLiEvot
aôxf]v elaxÎTrj EÏrj f\ xf]v EÔSaiLiovlav àTt£pya£oLiÉvrj,
EVTa08a aanEp eIç Xa6ùpiv8ov ELiTtEaévxEc;, ol6lievolfjôrj
ETtl TÉXeI ELVai, 7TEpiKàLJn|»aVTEÇ TlàXLV QOTÏEp EVOtpXfî
TT^
t^riTi^aEcoç àvE<}>àvr)Li£v Svteç Kal toO ïaou 8e6liev<h BaouTiEp c
8TE t6 TtpÔTûV EC^rjToOLlEV.
KP. ricoç 8f) toOto ôlilv auvÉôr), © ZobicpaTEÇ ;
ZO. 'Eyo <|>pàaci>. "ESo^e yàp Sn, fjLiîv t] TtoXiTiKf| Kal
fj (iaaiXiKf] TÉ^vr) f\ aÔTf) EÎvai.
KP. Tl o8v8f) ;
ZO. Ta^TT) Tfj TÉ^vrj fjte aTpaTTjyiKf) Kal al aXXai
Ttapa8i86vai ap^Eiv tcûv Epycov ov auTal 8r)Luoupyoi EÎaiv,
a>ç {Jtévrj èmaTaLi£vr| xp^Qa1
- Zacpôç o3v e86kei tjlûv autr)EÎvai
fjv EL^rjToOLiEv, Kalf)
atxia toO ôp86ùç TtpaTTEiv evTfj
tï6Xel, Kal àxE^vcoç KaTà t6 Ala)(\jXou uxliôeÎov Li6vrjev
*rf)d
TTpvjLivrj KaT^a8aLTÎ]<; Tr6XECdç,TiàvTa k\. IspvSaa KalnàvTOv
ap^oucra TtàvTa ^p^atLia ttoieÎv.
KP. OukoOv kocXôç ûljlÎv e86kel, o ZdùKpaxEÇ ;
Testim. : 291 d i cf. Àesch., Septem, 1-3.
a 6 t63v xpetT-cdveov TW :-/.pgiTTOvajv
B[| 7 xtvà Heindorf : xcva
|[
b 4 UTCeÇéçs'jyovW : -<puyov BT
j|Ta — roXXà B : tocç
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C 1 ^Tr^aêw; T (sed 'C in ras.) I|8 auTal Heindorf : «fixât
]J 9 [aovtj
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£7ît<TTatxev7) T:
p.dvr, értaxaJxevT) BW || d I îajx6iov B (îajxoeiov W)H udvr, W :
-vr, BT ||2 w>6tpv*3 W (w in ras.) |j
4 Oatv TW :ij-
B.
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291 d EUTHYDÈME i 74
Socrate. — Tu en jugeras, Criton, si tu veux m'écouter.
Après les résultats précédents, nous recommençâmes de nou-
veau notre examen à
peu près
comme ceci : «
Voyons,
cet
art royal qui commande à tout, produit-il ou non pour nous
e quelque résultat !? — Sans aucun doute, nous dîmes-nous
l'un à l'autre. » Et toi, ne le dirais-tu pas, Criton ?
Criton. — Oui.
Socrate. — Quel résultat lui attribuerais-tu donc ? Par
exemple, si je te demandais : « La médecine, dirigeant tout
ce qui lui est soumis, quel résultat offre-t-elle ? » Ne dirais-
tu pas : la santé ?
Criton. — Oui.
Socrate. — Et votre art, l'agriculture2
, quand il dirige
292 a tout dans son domaine, quel résultat produit-il ? Ne serait-
ce pas, selon toi, la nourriture qu'il nous procure, en la
tirant de la terre ?
Criton. — Oui.
Socrate. — Et l'art royal, commandant à tout dans sondomaine, que produit-il ? Peut-être es-tu un peu embar-
rassé pour le dire ?
Criton. — Oui, par Zeus ! Socrate.
Socrate. — Nous aussi, nous l'étions, Criton. Mais tu sais
du moins que, s'il est l'art recherché par nous, il doit être utile.
Criton. — Parfaitement.
Socrate.
— Il doitdonc nous procurer quelque
bien ?
Criton. — Nécessairement, Socrate.
b Socrate. — Or le bien, nous en étions tombés d'accord,
Clinias et moi, n'esf autre chose qu'une science 3.
Criton. — Oui, c'est là ce que tu disais.
Socrate. — Donc, tous les effets qu'on pourrait attribuer
à la politique— et il y en aurait plus d'un, j'imagine,
i. Le contexte montre que -i est indéfini, et non interrogatif. Ona objecté que Platon aurait dû écrire en ce cas Ipyov Tt. Mais on
trouve, et chez Platon lui-même, d'autres cas où -'., quoique encli-
tique, est ainsi placé avant le mot (substantif ou adjectif) sur lequel
il retombe et séparé de lui par plusieurs autres mots. Ex. Banquet
174 e.
1. Il ressort de ce texte que Criton possédait et exploitait un
domaine. Plus loin Socrate parle de lui comme d'un homme
d'affaires (3o4c).3. Voir 281 d e.
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i 74 EY0YAHMO2 291 d
ZO. Zù KpivEÎç, & KptTCùv, âàv lioùXrj àicoÙEiv u.£Ta yotp
Ta I^TtpoaSEV auu.6àvTa aG8tc; jiETa taOxa ècrKOTto0u.EV
&6k Ttcoç* ^ÉpE, TtàvTcov ap^ouacc f\ (SaaiXiicf| TÉ^vr) ti fj^îv
àTtEpyà^ETai Ipyov f\oôSév
; nàvTCûç Sfjnou, f|U.£Îç Icpa^Ev e
Ttpôç àXXrjXouç. Ou ical ctù av TaOTa (palrjç, S Kpttov ;
KP. "EyoyE.
ZO. Tt o5v av<|>alrjc; aÙTf^ç Ipyov eÎvou
; ôonEp eI aè
lyeb Epa>Td>r|v, TtàvTcov ap)(ouaa fj tocxpiicf}5v apy^Ei, Tt Ipyov
napÉ^ETat; ou *rfjv ôyiEiav (av) <f>alr|c; ;
KP. "EywyE.
ZO. T18É; f) ô^iETÉpa te^vî^ f) yEopyta, ttocvtcùv ap^ouoa
ov apxeL ,TL Ipyov aTtEpyà^ETaL ;
ou xfjv Tpocpfjv âv(palrjç 292 a
ttjv ek Tf|ç yf]c; THxpkyjEiv f\[iîv ;
KP. "EycoyE.
ZQ. Tt Se; f) 3ctcriXiicf| TiàvTeùv apy^oucra Sv apxet
,
T ^
ocTtEpyà^ETai ; ïctcùç ou Ttàvu y' EunopElç.
KP. Ma t6v Ata, S ZàicpaTEç.
ZQ. Ou8è yàp fju.EÎç,o Kpircov àXXà ToaévSE y£ oîa8a,
8ti EtTiEp Eailv auTrj fjv TJfciEÎc; £r|ToOu.£v, <5><J>eXiu.ov auT^jv
Seî EÎvai.
KP. nàvu yE.
ZO. OukoOv àya86v yé tl Seîr)u.îv aÔTf]v Tiapa8i86vai ;
KP. 'AvàyKT], cù ZcbicpaTEÇ.
Zft. 'AyaBov 8é yé mou ou.oXoyfjaafciEv àXXfjXoiç èy© te ]>
ical KXELViaç ouSèv EÎvai aXXof) EmaTf)u.r|v Tivà.
KP. Nal, outoç eXeyeç.
ZO.Oûkouv xà
fcièvaXXa
Ipya,a*
c}>ai.T]
Svtiç tioXitik^ç
EÎvai — TtoXXà 8é ttou TaGV avEirj, oîov TtXouaiouç toùç
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d 5 (BouÀs*.B
||àxousiv BT (a> add. b) || jxexà yàp xà EU.7Cpoa6£v
aou.6àvxa r,u.iv aûxcç u.exx xaùxa è<jxo7:ouu.€v BW (aùôiç W) : xa» t«
[X6Ta xauxa o!5jj.6avxa rjaiv aùQtç yàp 6*7]x:aX'.v èaxo7:oyu.ev T
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à7:epyaXexai BW : àrcepyaÇsxai T.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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292 b EUTHYDÈME i 75
comme la richesse procurée aux citoyens, la liberté et l'ab-
sence de factions — tous ces effets ne nous étaient apparusni des maux ni des biens 1
;cet art devait rendre les
genssavants, et leur communiquer la science, pour être celui quic donne profit et bonheur.
Criton. — C'est cela. A ce moment-là, du moins, telle
avait été votre conclusion, d'après le récit que tu as fait de
l'entretien.
Socrate. — L'art royal rend-il donc les hommes savants
et bons ?
Criton. — Pourquoi pas, Socrate?
Socrate. — Mais tous les hommes, et bons en tout ? Et
n'importe quelle science, celle du cordonnier, du charpentier,
et toutes les autres sans exception, est-ce lui qui les procure ?
Criton. — Ce n'est pas mon avis, Socrate.
d Socrate. — Mais enfin, quelle science ? Et quel usage en
ferons-nous? Son activité ne doit produire aucun de ces
effets qui ne sont ni mauvais ni bons, et il ne doit procurerd'autre science que la sienne propre. Faut-il donc définir la
nature de cette science et l'usage que nous en ferons ? Veux-
tu que nous disions, Criton : c'est celle qui nous permettrade rendre bons d'autres hommes ?
Criton. — Parfaitement.
Socrate. — Mais en quoi seront-ils bons, et à quoi utiles?
Dirons-nousencore
: ils rendront tels d'autres
hommes,et
e ceux-là d'autres à leur tour ? Mais en quoi sont-ils bons ?
c'est ce que nous ne voyons nulle part, puisque nous avons
fait fi des effets que l'on attribue à la politique. C'est exac-
tement, comme dit le proverbe : « Corinthos, fils de Zeus » 2,
et, je le répète, nous sommes aussi loin, ou même plus loin
encore de connaître la nature de cette science qui nous don-
nera le bonheur.
Criton. — Par Zeus ! Socrate, vous vous étiez mis, semble-
t-il, dans un grand embarras !
i. Cf. 281 e. La plupart des « biens » ne sont en soi ni bons ni
mauvais;le vrai bien est la aocpîa, qui leur donne leur valeur.
2. Locution proverbiable pour désigner un radotage sans résultat;
cf. Pindare, Ném., "VII, i54-i55. — Corinthos, héros éponyme de
Corinthe, passait pour avoir été le fondateur etle
premierroi
dela
ville.
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i 75 ET0TAHMOS 292 b
noXixaç Tiapé^ELV Kal èXEuSépouç Kal àoxaaLaoxouç —Ttàvxa xaOxa oCxe kclkcl oôxe àyaSà è<J>àvr),
eSei Secto<J>oùc;
TioiEÎv <al £Tuaxf)u.r|Ç u.Exa8i86vai, EÏTTEp elieXXev aSxr)
EÎvair| <2>c{>£Xo0aà te Kal EuSal^ovaç TtotoOaa. C
KP. "Eaxi xaOxa' xôxe yoOv otJxoç ûliÎvà>LioXoYf|8ri, ôq
au xoùç Xôyouç àTTfiyyEiXaç.
Zft. *Ap' ouvf) fiaaiXtK^ aocpoùç ttoieî xoùç àvSpcimouç
<al àya8oûç ;
KP. Tt yàp kcûXùei, o ZcoKpaxsç;
Zft. 'AXX' apa Ttàvxaç Kal Ttàvxa àya8oùç ;Kal TT&aav
£Tuax1J
)Lir)V, aKUTOTOu.ucf]v te Kal tektoviktjv Kal t<xç aXXaç
a-nàaaç, auTrj f\ TtapaSiSoOaà èaTiv;
KP. Oùk oîfciai lycoyE, a> ZcoKpaTEÇ.
ZO.3
AXXà xlvaSf] £TTiaxrnir|v ; f)
xl xpr|a6^E6a ;tov d
|j.èv yàp Ipyov ou8ev5ç 8eÎ auxfjv 8r)Luoupy8v EÎvai xôv liï^te
KaKÔvfcirjXE àya9cov, EmaTr|u.r|v 8è Ttapa8i86vai ^r|SELiiav
aXXrjv f\ auxfjv éauxrjv. AÉycùLiEv 8f)ouv xlç ttote laxiv
auxr), f|xi ^prjao^EBa ; (iooXsi (J>oliev,
S Kplxcov, fj aXXouç
àyaSoùç TtoifjaoLiEv ;
KP. nàvu yE.
ZO. OT xl laovxat fjLiîv àyaSol Kal xC xpfjaiLioi ; f)Ixt
XÉyoLjiEV bxt ocXXouç Ttoir)aouaLV, ot 8è aXXoi ekeÎvoi aXXouç ;
b xu 8é tcoxe àyaSoi" Eiaiv, ot)8au.o0 fjuÂv (palvovTai, ETtEtS/j- e
Tt£p xà Ipya xà XEyÔLiEva Eu/at Trjç TtoXiTiKfjç f^TiLiàaaLiEV,
àXX' àxE^vôç to XEy6u.£vov ô Aièç K6piv8oç ylyvETai, Kal
oTtEp IXEyov, xoO ïaou t)luv evSeîf)
exl TtXéovoç Ttpôç x6
elSÉvatxlç
ttoxé egxlvf\ ETtiCTxf)u.rj ekeCvt] f) fj^Sç EuSatLiovaç
TIOLfjaEL.
KP. Ni] x6v Ala, o ZoKpaxEÇ, elç tïoXX/)v y£ ànoplav,
CbÇEOlKEV, à(J)lKEa8£.
C 7 rcavia BW : -tu>; T |]d i \ B
r]TW
||3 {«)& li'ccv B
||4 Xiyo-
p-ev
W|| 5 rj in marg. B r\ B t)
TW|| e 2 T)Tip.aaau.ev : à7C£8oxip.aaa-
uev in marg. t||6 Tzo'.rpti Heindorf : -3Ete BT -aetsv W.
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293 d EUTHYDÈME 177
comme on dit, dans tes parolesl— comment doncsuis-je ins-
truit de cette science que nous cherchions ? Comme apparem-ment il est impossible au même d'objet d'être à la fois et de ne
pas être, si je sais une chose, je sais tout ; car je ne saurais
être en même temps savant et ignorant ;et puisque je sais
tout, je possède aussi cette science-là. Est-ce ainsi que tu l'en-
tends, et sont-ce là tes finesses ?
e « Toi-même, Socrate, voilà que tu te réfutes 2», dit-il.
« Mais toi, Euthydème, repris-je, le même accident ne
t'est-il pas arrivé ? C'est qu'avec toi et Dionysodore, cette
chère tête3
que voici, je subirais, pour ma part, n'importequel sort sans m'en plaindre le moins du monde. Dis-moi,
n'y a-t-il pas, vous deux, des choses que vous savez, et d'autres
que vous ne savez pas ? »
« Point du tout, Socrate », dit Dionysodore.« Que voulez-vous dire ? repris-je. Alors, vous ne savez
Tien ? »
« Si fait
»,
dit-il.
294 a « Par conséquent, dis-je,vous savez tout, puisque vous
savez si peu que ce soit ? »
« Tout, dit-il;
et toi de même, si tu sais la moindre
chose, tu sais tout.
« Zeus ! dis-je, le bien admirable et précieux qui nous
a été révélé, à t'en croire ! serait-ce que tous les autres
hommes savent tout, eux aussi, ou ne savent-ils rien ? »
a Ils ne peuvent évidemment, dit-il, avoir telles connais-
sances à l'exclusion de telles autres, et être à la fois savants
et ignorants. »
« Qu'est-ce enfin ? » demandai-je.« Tous, dit-il, savent toutes choses, s'ils en savent une ».
b « Par les dieux ! dis-je, Dionysodore—
je vois bien à pré-
sent que vous êtes sérieux, et je vous ai, non sans peine,
tente de donner à une notion relative une valeur absolue. D'où la
réserve formulée par Socrate, qui prévoit le sophisme.1. C'est-à-dire : voilà de bonnes nouvelles ! — Socrate se reporte
au raisonnement d'Euthydème (« N'es-tu pas forcé de tout savoir, si
tu es savant ? »), et en dégage ironiquement la conclusion.
2 . Après avoir dit plus haut : « Il y a beaucoup de choses que
j'ignore », Socrate paraît maintenant admettre qu'il sait tout.
3.
Expression homérique,qui a passé dans la
tragédie.
Cf. Gor-
gias, 5i3 c : « ô chère tête»,dit Socrate à Calliclès.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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i77 EY0TAHMOS 293 d
TrdcvToc XÉyEiç* ttûç oSv ETltaTa^aL EK£tvT)V Tf)V EmaTfniT]v
fjv E^rjxoO^iEv ; â>q 8fjtoOto à8ùvaT<5v lariv t& aÔTO EÎvat
te Kal jirj, EÏTTEp ev ETïiaTa^ai, anavTa £TTiaTau.ai— ou yàpSv
EÏrjv ETriaTrju.cov te Kal àvETnaTr)^cov éc^a — etteI 8è
TiavTa ETTLaxa^aL, KàKElvr|v 8f) xf)v ETTiaTfi^rjv e^co* &pa
outcûç XéyEiç, Kal to0t<5 laTtv t& ootyàv ;
Autôç aaux<5v yE Sf] e^eXéy^eiç, Ecf>r|,o ZcoKpaTEÇ. e
Tt Se, r\v S'Iycb, co EuGuSr^iE, <rù ou TTÉnovBaq toOto t6
aÙTÔ TiàSoç;
£yà> yàptoi
(ietô aoOôtioGv âv
Tràa)(covKal
fciETà AiovuaoS&pou toGSe, <t>lXr)ç KEcpaX^ç, oôk &v navu
àyavaKTotrjv. EItté ^oi, a<|><i> oô^l Ta u.èv ETTlaxaaSov tcûv
8vtcùv, xà 8è ouk ETriaTaaSov;
"Hkigto: yE, Icpr),o ZcoKpaTEÇ, o AiovuaôScopoç.
[~\8>q XéyETov ; £(|>r)v lyo* àXX' ouSèv apa ETttaTaaSov;
KalfciaXa, r\
8'
8ç.nàvTs
apa, £<|>r)v âyo, ETtlaTaaSov, ETTEiSrjTTEp Kal ôtioOv;
294 a
riàvu', £<f>rj*Kal au yE Ttp6ç, EÏTTEp Kal Iv ETrurraaai,
•nâvTa ETiiaTaaaL.
*C1 ZeO, £<|>r|v èyo, â>q Gau^aaTÔv XéyEiç Kal àyaSov ^Éya
TT£c|>àv8ai. Mcùv Kal ol aXXoi ttocvteç avSpcùTToi Ttàvu' ettI-
axavToi, f^
ouSév;
Où yàp SfjTtou, ecJ)T],Ta u.èv ETTlaravTai, Ta 8' oôk IttI-
aTavTat, Kal EÎalv au.a ImaTruiovEc; te Kal àvEmaT/j^ovEÇ.
'AXXà tI; fjv 8
3
èyo.
riaVTEÇ, îjS' 8ç, TTOCVTa ETTLaTaVTaL, EÏTTEp Kal EV.
*C1 Tipoç tôv 8eôv, fjv o° èyco,S AiovuaéScopE
—8f]Xoi b
yàp jiol
ecttovfjSrj
8tl anouSà^ETov, Kal u.6Xic;
u^iâç Ttpoô-
d 3 îiavTa"ki-fziq
: Tcàvx' àyetç schol. (xaXà hr\ izdvx' à'yetç,
àvTt xou àyysXXec;' inl xc5v al'ata àyY£XXdvTwv. IloXXaxiç 8è Xsye-rai xaî
xat' etptuveiav. 'Apiarocpâvr,; reiopyoi; xa! IIÀàTwv Eù6u8r[jj.w)
7:aTay£iç Phot. s. u.||6 lue) B : et TW
||e 3 raOcov t
|| 7 f^iazi ye
v
— 8 bcfoatafov om. W||
294 a 1 ïfi\ T|| 7 ecpr) Aid.
:
-çrjv ||
b ap.oX'.ç
uel ^poùxaXeaafjLrjV fortasse corruptum.
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7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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178 ET0YAHMOS 294 b
KaXEaàu.r|v cmouSà^Eiv — ccuto tû SvTiTtàvTa ETtlaTaaSov;
OÎOV TEKTOVlKfjV Kal aKUTlK^JV ;
nàvu y
s
, I(J>t].
*H Kal v£upoppa<f>EÎv SuvaTo larov;
Kal val u.à A la KaTTUEiv, E<f>rj.
*H <al xà TotaO*ra, toùç àaTépaç ôtiôctoi Etal, Kal xfjv
&u.u.ov;
flavu yc, ^ 5' bç* eÎt' ouk av olel ô^oXoYfjaai fjfciSç ;
Kal ôKTrjaLTtTtoc;
uTioXa6cbvnp6ç Aioç, Ecf>r|, Aiovuao-
SopE, TEKU^IpuSv Tl U-Ol TOUTCDV ETTlSEl^aTOV TOIÔvSe, C»> C
EÏaou.ai 8tl àXr|8^ Xéyetov.
Tl IttlSeI^o ; Ecj>rj.
Oîa8a Eu8u8r|uovÔTi6aouc;586vTa(;E)(EL, Kal ô Eû8û8r|u.oc;
oti6ctouç au;
Oukl£,apKEÎ aoi, £(f>r),
àKoOaai 8ti TtàvTa £TuaTàu.£8a;
Mr|8ag.ôc;, f\8
S
Sç, àXXà toOto etifjjiîv yuSvov EÏnaTov
Kal Em8Ei£,aTov 8ti àXr|8f] Xéyetov Kalêàv EtTtr|Tov ônécrouç
EKaTEpoç e^el û^ov, Kal(}>alvr)a8£ y^ovteç fj^icov àpi8u.r|-
càvTcov, fj8r| TtELCT6^iE8a ûfciîv Kal TaXXa.
'HyoU^JLÉVO oCv CKOTtTECTSaL OUK fjSEXÉTrjV, àXX' &U.O- d
XoYr)aàxT]v
TtàvTa
XP^a^a £TïlcFTaa8ai,Ka8
s
iv EKaarov
êpcoxûb^Evoi utto KTrjalTrrrou.eO y<*P Kx/jaLTmoç nàvu
aTTapaKaXuTTTcoç oôSèv 8 tl ouk t^poTa teXeutÔv, Kal Ta
aïcr)(io-Ta,eI êmcrcaloBTjv' Ta Se àvSpEiéTaTa 6\i6oe fJTT^v
toiç èpoT^Liaaiv, ôlioXoyoOvteç EÎSÉvai, ôcrriEp oÎKà-npoi oî
Tipèç t^v ttXt]y^v bpôoE wSou^evol, axn3
eyg>ye Kal auT<5ç,
& KplTCDv, un' àmaTlaçfjvaYKàa8r)v
teXeutSvèpéaSat [t6v
Eô8û8t]u.ov] eI Kal op^EiaSaiETtiaTaiTO ô AiovucToSopoç* ô 8é,
nàvu, £<|>T].
C 3 Xéyetov TW : Xe^etaiov B Xéyetç Schanz|| 9 ^ai'vrjaôe TW :
çaivrjaOat B|]d 5 àvSpetdtaTov W || tj'ttjv t : êI'ttjv |j 7 ôjxdae secl.
Schanz||8 0^' owciaTiocç T et ut uidet. W (sed folii margo recisa) :
taari aç B urcaroptaç B|| tôv 6Ù0u8ï)u.ov secl. Hermann
|| e 1 ôp^eiaôat(sed eï in ras.) T.
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294 e EUTHYDÈME 179
« Mais non pas sans doute, dis-je, faire la culbute sur
des sabres *, ni tourner sur une roue, à ton âge ? ton savoir ne
va pas jusque-là ? »
a II n'est, dit-il, rien que j'ignore ».
« Est-ce d'aujourd'hui seulement, repris-je, que vous savez
tout, ou depuis toujours ? »
« Depuis toujours », dit-il.
« Quand vous étiez petits et dès votre naissance, vous
saviez tout ? »
Ils répondirent oui, d'une seule voix.
295 a Nous autres, nous trouvions le fait incroyable ; alors Euthy-dème : « Tu ne le crois pas, Socrate ? » dit-il.
« Je ne crois qu'une chose, dis-je, c'est qu'apparemmentvous êtes habiles. »
« Eh bien î reprit-il,consens à me répondre, et je me
charge de montrer que tu te reconnais toi-même ce mer-
veilleux savoir 2. »
« Ma foi !
dis-je, je suis fort aise de me voir réfuté surce point. Si, à mon insu, je suis savant, et si tu montres
que je sais tout et depuis toujours, quelle aubaine 3
plus
grande trouverais-je dans toute ma vie ? »
« Réponds donc », dit-il.
b « Je répondrai ; interroge. »
a Eh bien, Socrate, dit-il, as-tu ou non quelque savoir ?—Oui. — La cause à
laquelle
tu dois ton savoir, est-ce
parelle que tu sais, ou par une autre? — Par elle. Car tu parles
de l'âme, je suppose. N'est-ce pas ce que tu veux dire ? »
« N'as-tu pas honte, Socrate ? dit-il. Interrogé, tu inter-
roges à ton tour ? ».
« Bon, dis-je ;mais comment faire ? car 4
je me conformerai
1. Au milieu (et au-dessus) d'épées dressées la pointe en l'air. Sur
ces exercices d'acrobatie,voir
Xénophon, Banquet, II, 11 ; VII, 3).
— Pour : tourner sur une roue, voir aussi Xénophon, id., VII, 2.
2. C'est-à-dire : je te ferai reconnaître ces merveilles en nous, et
par suite en toi-même, car si la chose est vraie de nous, elle l'est de
toi, comme de tout le monde (cf. 29/i a) : tous savent tout, s'ils
savent une chose.
3. Cf. 273 e. Toutes les « trouvailles » fortuites, comme toutes les
découvertes, sont regardées comme des bienfaits d'Hermès.
l\.
Tap répondà cette idée sous-entendue :
(jete
posecette
ques-tion), parce que je me conformerai, etc.
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i 79 EÏWAHMOS 294 e
Ou 8f)TTou, fjvS
s
âyci>, Kal èç u.a^atpaç yE kuBiotov Kal
ènl Tpo)(oO SivEÎaBau tt|XlkoOto<; &v, oÎStcd Ttàppeo aocptaç
fJKEtç ;
OôSév, E$r|, o tl od\
rioxEpov Se, fjv 5' Ey&, Tràvxa vOv ^îévov âniaxaaSovfj
Kal àst;
Kai àct, ecf>rj.
Kal ote TtaiSla fjaxr|V Kal euSùç y£v6u.Evoi fttlUrt«OÔt
•nàvxa;
'EcJxxttjv a^ia àu.cf>0TÉpQ.
Kalfjfcûv (ièv amaxov eS6kei t6 Tip&y^a EÎvai' b S' 295 a
Eu8ùSrj^oc;, 'Atuctteîç, I<J>i],o ZccxpaTEç ;
nXl^v y* oti, (fjv S') Iy6, elk6ç uu.aç eotu aocf>oùç EÎvai.
S
AXX' fjv, Icf>r|, £8EXr]ar|ç u.oi àTTOKplv£a8ai, âyo etilSeI^q
Kal aè TaOTa Ta 8auu.aaTaô^ioXoyoOvTa.
'AXXà \xr\v, ^v S' èyo, fjôtara TaOxa E^£XÉyxou.aL. El yàp
toi XÉXrjSa èu.auTèv ao<pbq ov, ab Se toOto ettlSel^elc; èbç
•nàvxa ETrtarajjiai Kal tel, tl u.eî£ov Eppaiov auxoO av
EUpOlU.1 £V TtaVTl TÛ frlCO*,
'ATTOKp'lVOU Sr), £C|>T].
e
£2c; à*noKptvouu.Évou èp&Ta.b
*Ap' ouv, £c|>rj,cù ZcùKpaxEç, ETncrrf) ^icûv
tou eT?)
otï; —
"EycoyE.—
n<5x£pov ouv S etuctti^cùv eÎ, toùtco Kal ettI-
axaaai, f\ aXXcp T9 ;
— *Oi £TTtaTfju.cûv. Oîfciai yàp as xf)v
ipu)(f]v XÉyEiv f)ou toOto XéyEic; ;
Ouk QLÏoyûvEi, £<|)r|,S ZoKpaxEç; EpcùxcbjjiEVoçàvTEpcoTaç ;
EÎev, fjv S3
eyco* àXXà ticûç ttoio;
oÎîtq
yàp Tïoufjacù
6 4 SiveîaGac TW : BtviaGai B||10 r\Tzl<3ïaoQe. 7cavTa
; Hirschig :
qxfaMfc -av-a B jjpforaafc : r.i^a TW||295 a 3 (jt 8') add.
Gornarius|| âyto del. Winckelmann
|| l\ àXX' 7]v, Içtj, èôeXrîaais fiot
BW (-arjtç W) yp. t : àXXà ixrjv èàv ètxot kQiXr^ T ||5 xal aè TauTa Ta
6auij.aaTà ôuoXoyovvTaTW : xat ai TauTa Ta 0au|xaaxà B xàv aoc xauxa
xà GauaaaTa olim Schanz||
7 ab Ôs ex emend. Goislin. i55:
où8s ||
L 2 tou T : toj BW toj spec. emend. Vindob. 8.
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295 b • EUTHYDÈME 180
à tes ordres. Quand je ne saurai ce que tu demandes, m'or-
donnes-tu de répondre quand même, sans supplémentd'information ? »
c « Tu comprends sans doute, dit-il, quelque chose à mesparoles ? »
« Oui », dis-je.
« Réponds donc à ce que tu comprends. »
« Et si tu donnes, toi, tel sens à ta demande, lui dis-je,
et que moi, comprenant autrement, je règle là-dessus ma ré-
ponse, te suffit-il qu'elle soit sans rapport avec la question1? »
« A moi oui, dit-il, mais non à toi, j'imagine. »« Eh bien, par Zeus ! dis-je, je ne répondrai pas avant
d'être renseigné. »
« Tu ne répondras jamais à ce que tu comprends, dit-il,
parce que tu ne cesses de dire des sornettes, et que tes
manières sont par trop d'un autre âge2
. »
d Je sentis alors qu'il se fâchait de mes distinctions, parce
qu'il
voulait meprendre
aupiège
de ses mots 3. Et
je
me sou-
vins de Gonnos 4: lui aussi, il se fâche contre moi chaque fois
que je lui résiste; après quoi il me néglige, comme ayant la
tète dure. Or, comme j'étais bien déterminé à prendre aussi
ses leçons, je crus nécessaire de céder, de peur que, me
jugeant obtus, il ne refusât de m'accepter pour disciple. Je
e repris donc : « Eh bien, Eutbydème, si ton avis est de pro-céder ainsi, il faut le faire
;de toute façon tu sais discuter
mieux que moi ;tu es du métier, et je suis un profane.
Reprends donc ton questionnaire depuis le début. »
« Et toi tes réponses, dit-il. Dois-tu ou non ton savoir à
une cause ? — Oui, dis-je, à mon âme. »
296 a « Voilà encore, dit-il, sa réponse qui déborde la question î
Je ne demande pas, moi, à laquelle tu dois ton savoir,
mais si c'est à une cause. »
« Si j'ai encore trop répondu, dis-je, c'est faute d'édu-cation
; pardonne-moi. Je répondrai tout simplement que je
î. "E~o; : l'objet de l'entretien. Cf. jcp£c Xoyov, Prot., 35i e, etc.
1. Littér. tu es plus vieux qu'il ne faut, c'est-à-dire : par trop
radoteur (cf. 287 b). Pour àpyaîo;, cf. Hipp. min., S'jid.
3. Littér. les ayant disposés autour de moi, comme des filets de
chasse.
t\. Cf. 27a c.
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i8o ET0TAHMOS 295 b
Sttqç av ou KcXEurjç. "Otcivu.f|
eISû o tl IpcoTSç, keKzûzic;
lie Slicûç ànoKptvEaSai, âXXàLif) ETravEpéaSou ;
'YTToÀotfciBàvEu; yàp S^tioutl,
£<J>r|,
8Xsycû
; C
^EycoyE, îjv8' èyob.
ripèç toOto to'lvuv octtokplvou 8 UTToXau.6àvELÇ.
Tt oSv, e<|3rjv,av crû liev aXXr] IpQTfiç Siavooù^svoç.
èyo Se aXXr) ÛTToXa6<3, ETtEixa npèç toOto àTTOKplvoLiaL,
l^apKEÎ aoi iàv Ln-)8èv Tipèç ettoç omoicpivoLiaL ;
^E^iotyE,r\
8' 8ç# ou lievtol cto'l yE, â>q lySu.au.
Ou xolvuv Lia Aia à*noKpuvoOu.ai, r\vB
3
ày6, np6TEpov
Ttplv av nuBoLiai.
Ouk aTTOKptvEÎ, E(|)r|, Trpfcç S av âsl UTToXau.6àvrjc;, 8tl
I^cov <f>XuapEÎç icai àp^atdTEpoc; Et toO Seovtoç.
Kàycù lyvcov aux&v Stl llol ^aXETtalvoL SiaaTÉXXovtL ta d
XEy6u.Eva, (iouX6g.Ev6ç lie SrjpEOaai xà 8v6u.aTa TTEptaT^aaç.
'Av£u.vrja8r)v ouv toO Kôvvou, 8tl liol koiiceîvoç xaXETTalvEi
EKàaTOTE OTaV aÔTÔLlf) ÛTTEIKCD, ETIEITOC LLOU f|TTOV ETUU.E-
Xeîtou gSç àu.a8oGç Svxoc;' etteI Se ouv 8tEV£vo/)u.rjv Kalnapà
toOtov <J>oit&v, a>/|8rjv Selv ûtteIkelv, u.rjlie cjkcuov fjyr)CTà-
LIEVOÇ <^)OLTr|Tf]V Llf) TtpoaSÉ^OLTO. EÎTTOV OUV 'AXX' EL SoKEL
aoi, Eu8ù8r|LiE, oCtq ttoleÎv, ttoitjteov au yàp Ttàvrcoç ttou e
KaXXiov ènlaTcccrai SiocXÉyEaSai fj êya), Té^vrjv e^cov ISl&tou
àvGpoTiou. 'EpcùTa ouv TiàXiv !£ àp^ç.
'ATTOKptvou 8/j, £<f>rj, TxàXiv, néTEpov EnCCTTaaal Tcp a
ETitaTaaaifj
otf;
—"Eycoys, £<|>r|v, xfj ys ^i>xfi*
Outoç aS, £<j)r|, TcpoaaTTOKpivETaL toîç èpcoTCûLiÉvoLÇ. Ou 296 a
yàp lycoyE èpcùxco 8to, àXXs
eI ETuaTOcaau' tg>.
nXÉov a3, £«|>rjv âyo, toO Seovtoç àTt£KpivàLir|v utt6 ànai-
SEuaiaç. 'AXXà ouyytyvcoaKÉ llol* &TTOKpivo0u.ai yàp f\8r\
b 9 otjLtoç reuera BTW|| pr\ recc : ttrjv ||
C 5 ànoxsîvotiat W||6
[j.r,BÈW pro txT)8Èv ||
io oùx om. W|| àrcoxpiveï Vatic. 225, 226 :
-xpi'vei (-vrjt W) D 'jroXajj.6àvr)ç Stephanus : -veiç ||d 5 ïtzv. Zï BW :
eTcetSri Td
8t$vevo7ftir)v BW : -6vooutj.r)v T ||6 toutov
W: touxocv BT
\\
6 1 SOCttv secl. Schanz.
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296 a EUTHYDÈME 181
dois mon savoir à une cause. — Est-ce toujours, dit-il, à
cette même cause, ou tantôt à elle, et tantôt à une autre ?
—Toujours, dis-je, quand je sais, c'est grâce à elle. »
« Encore ! dit-il. Ne cesseras-tu point de parler à côté ? »
« Prenons garde pourtant que ce toujours ne nous égare. »
b « Pas nous, répondit-il, toi, peut-être. Mais réponds :
dois-tu toujours ton savoir à cette cause? — Toujours,
dis-je, puisqu'il faut retrancher quand.— Tu le dois donc
toujours à cette cause; or, puisque tu sais toujours, dois-tu
une partie de ce que tu sais à la cause de ton savoir et le reste
à une autre, ou est-ce par elle que tu sais tout ?
— Par elle,
dis-je, absolument tout ce que je sais 1. »
« Nous y voilà, dit-il;encore les paroles à côté ! »
« Eh bien, dis-je, je retire ce que je sais. »
« Ne retire rien du tout, dit-il, je ne te le demande point.
c Mais réponds-moi : pourrais-tu savoir tout en bloc, si tu
ne savais toutes choses ? »
«
Non, répondis-je, ce serait un prodige.»
Il reprit alors : « Ajoute maintenant ce que tu veux;tu
avoues tout savoir. »
« Apparemment, dis-je, si les mots ce que je sais n'ont
aucune valeur; je sais donc tout. »
« Et tu as reconnu aussi que tu sais toujours, grâce à la
cause de ton savoir, soit quand tu sais, soit autrement, à ta
guise
: car, de ton
propreaveu, tu sais
toujours
et tout à la
fois. Il est donc clair que, même enfant, tu savais, et à ta
d naissance, et quand tu as été engendré ;même avant ta propre
naissance, avant celle du ciel et de la terre, tu savais tout,
puisque tu sais toujours. Et j'ajoute, par Zeus ! quetoi-même tu sauras toujours et toutes choses, si c'est mavolonté. »
« Puisses-tu le vouloir, répondis-je, très vénéré Euthy-
i. Le sophiste veut faire dire à Socrate : je sais tout. Il glisse donc
dans son raisonnement le mot -âvia, qui a l'air innocent, signifiant
naturellement : tout ce que tu sais. Mais il entendra par là : tout ce
qu'il est possible de savoir. Socrate, qui flaire l'équivoque, veut la
prévenir par une réserve : du moins tout ce que je sais. Le sophiste s'en
irrite d'abord, puis déclare que l'addition ne le gêne pas. Il s'arrange
en effet pour que sa question : pourrais-tu savoir absolument tout ?
recouvre la mêmeéquivoque.
Il laisse Socrate libre de maintenir
son addition, mais il se garde bien de la reprendre. Dès lors, son
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181 ET0YAHMOS 296 a
àTiXoç Sxi êTctoTapotl xcp a E-ntaxaLiai. — PléxEpov, r\S' 8ç,
xcp aùiQ xoùxcp y' «xeI, f)ecttl liev £>xe xoùxcû, laxiv 8è Bxe
IxÉpcp;
—'AeI,
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TTauaEi T[apa<|)8EYY6u.Evoç ;
'AXX' ottcùç u.rjxi ^fiç acjjrjXr]
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O^kouvrjLiac; y'» ^l» W^" £lttep, aé.
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èmaxàu-Evoç néxEpovTa u.èv xouxco ETtiaxaaai S
ETuaxaaai, xà 8' aXXcp, f) xoùxcp Tràvxa; — Touxo, IcJ>r|v
ey", aTtavxa, a y' ETrlaxaLmi.
ToOx' ekeÎvo, £<t>T]* fJKEi x8 aux8 Ttapàcj>8EYtia.S
AXXS
àcpaipâ, z<pr\v t\à> }x8 « a y' ETticrxaLiai ».
'AXXàfcir|8È Iv, £<f>r), àc|>ÉXr|c;'
oôSèv yâip aou SéoLiai..
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AXXà lioi
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Sùvaio av aTtavxaErciaxaaBai,
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Ttàvxa ETtiaxauo;
Tépaç yà.p avelt}, fjv 8'
ey<*>.
Kal 8ç eÎtte* npoaxUBEi xolvuvfjSr)
8 tl 3oùXei- Ttàvxa
Yàp olioXoyslc; ETtlaTaaSai.
"EoïKa, ECJjrjV EYCO, ETtEl8r)Tt£p Ye oÔSELdaV E)^EL 8\JVaLUV
to « a ETtiaxaLJiaL », TtàvTa 8è ETtiOTaLiai.
OukoOv <al àsl GùL^oXÔYriicaç ETttaTaaSau toûtcù SETtiaxa-
aai, eïte bxav ETxlaxrj eïte Ôtccûc; 3oùXei" àsl yàp a>^oX6Yr)Kaç
ETttaraaSai Kal au.a TtàvTa. Af^Xov oSv bit Kal naîç cov
^ttCotco, Kal 8t' ey^vou, Kal 8t3
Ecpûou* Kal Ttplv aôxèç d
YEvéaSai, Kal nplv oôpavov Kaly*1
v YEV£CJ^ aL ? ^tiIcjtcû
aTtavxa, EÏTtEp oleI ETtlaxaaaL. Kal val (là Ala, £c|>rj, auxèç
oieI ETiLaxfjaEt Kal a-navxa, av Iycù [SoùXcoLiai.
3
AXXà (iouXrjSEirjç, r\v8* eyco, cù TroXuxl(jir|XE Eu8ù8r|Li£,
296 a 5 a Wt||b i oùxouv B
||4 àeî 5' — Touxiu sm'cïTaaai om.
B||
5 Ta 5' TYV : a 5" B||
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7 8y) Schleiermacher pro 8î|| 9 iTziizr^ri W pro IxUrvQ ||
d 3 âreep
W pro flctp d aùxo; corruptumexistimauerunt
plerique (auSchanz
a-36tç Ast).
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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296 d EUTHYDÈME 182
dème ', si réellement tu dis vrai ! Mais je ne suis pas absolu-
ment sûr que tu en sois capable, à moins que la volonté de
ton frère, Dionysodore ici présent, ne se joigne à la tienne.
En ce cas, tu le pourras peut-être. Mais dites-moi tous deux:
e si je ne vois pas en général le moyen de contester contre
vous, dont la sagesse est si prodigieuse, le caractère universel
de mon savoir, puisque vous l'affirmez, voici pourtant des
cas particuliers : comment puis-je prétendre, Euthydème,savoir que les honnêtes gens sont injustes
2? Allons, parle : le
sais-je, oui ou non? »
a Tu le sais assurément»,
dit-il.
« Quoi? »dis-je.
« Que les honnêtes gens ne sont pas injustes. »
297 a « Parfaitement, dis-je, depuis longtemps. Mais ce n'est
pas ma question : que les honnêtes gens sont injustes, où
l'ai-jedonc appris ? »
« Nulle part », répondit Dionysodore.« Alors, repris-je, voilà une chose que je ne sais pas. »
« Tu gâtes le raisonnement, dit Euthydème à Dionyso-dore : notre homme va faire l'effet de ne pas savoir, et appa-raître à la fois savant et ignorant. » Là-dessus, Diony-sodore se mit à rougir.
« Mais toi-même, repris-je, que veux-tu dire, Euthy-b dème ? Ne donnes-tu pas raison à ton frère, lui qui sait
tout?
« Suis-je donc frère d'Euthydème 8 ? » se hâta de dire Dio-
nysodore.Et moi : « Attends, mon bon, lui dis-je, qu'Euthydème
m'ait appris comment je sais que les honnêtes gens sont
injustes : ne m'envie pas cette leçon. »
« Tu prends la fuite, Socrate, s'écria Dionysodore, et tu
refuses de répondre. »
raisonnement, fondé sur la distinction de àrcavTa et rcavxa, n'est
qu'un trompe-l'œil.
1. IIoXuTi'fxï]To; est en général une épithète appliquée aux dieux.
2. Socrate pose à son adversaire une question absurde à dessein.
Fidèle à ses conclusions, le sophiste répond affirmativement. Puis,
quand Socrate lui demande de préciser, il s'empresse— mais trop
tard — de dire le contraire.
3. Voyant son frère en danger, Dionysodore, pour faire diversion,
tente d'amorcer un nouveau sophisme.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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18a EY0YAHMOS 296 d
«t 8f) x$ Svtl àXr)8f] Xkyziç.S
AXX9
otf aoi ttAvu tuctteucù
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oîîtgx; eIç ao<f)lav TEpaT&Ssaiv àv8pc£moi(;, otucoc; ou TiàvTa
ÈTT^aTa^aL, etteiSt) ufciEÎç <|>aT£— Ta 8è tokxSe tiûc; <t>S
ETtlaTaaSaL, Eu8u8rju.£, &ç ol àya8ol avSpEç aSiKol eujiv;
<J>Ép£ EiTiÉ, toOto ETttaTa^ai f)ouk ETitaTa^ai ;
'ETTiaxaaat u.évtol, E(J>r|.
Tt; ?jv
8' èyo.
"Oti ouk aStKoC Etaiv ot àya8o£.
n<xvu yE, fjv 8' Eyob, TràXai. 'AXXS
ou toOto èpoTÔ* &XX' 297 a
àç aSticol Etatv ot àyaSoi, ttoO èyà toOto EU.a8ov;
OuSa^oO, I(J>r|ô Atovua<58opoç.
Oûk apa ETïtaTau.ai, e<J>t^v,toOto èyo.
Aia<f>8£lpEi<;, £cf>r|,t&v Xoyov, o Eû8ù8r|u.oç Ttpèç xèv
AtovuaéSoùpov, Kal <|>av^aETai oÛToal ouk EmorajAEVoç, Kal
£TttaTl£
) ^icùv&u.a &v Kal àvEmcrn'iu.QV. Kal ô AiovuaéScopoç
fjpu8plaaEv.
'AXXà au, îjv 8' âyo, tioùç XÉyEiç, S Eu8û8r|HE ;où Sokeî
aot ôpBcoç àSsXcpoç XéyEtv ô tkxvt' eISqç ;b
'A8eXc|)6c; yàp, E(|)r|, àyo elu.i Eù6u8f)(Jiou, Ta)(ù unoXaBàv
ô Aiovua68copoc; ;
Kàycb eÎtiov "Eaaov, <2>ya8É, ecoç âv Eu8ù8r)^6ç^iE 8i8à£fl
a>ç ETTtora^ai toùç àyaSoùç avSpaç 8tl aSiKoi eIql, Kal\i-f)
yoi (J>8ovf)ar|<;toO ^ae^u-axoç.
4>EÙyELÇ, E(J)r),S Zci)KpaTEç, ô Aiovua68a>poç, Kal ouk
eSéXeiç àTTOKplv£a8ai.
d 6 au primit. T pro aot|| 7 aot auu.6ouÀ7]9st7] TW : aot (BouXrjOetr)
B au4u.6ouXr,6giY) Stallbaum
||8 ouxw B : odtco 8è TW
||e 1 (av) add.
Heindorf||
a où Tzavxa èKia-caixat B : où 7îàvTa èyw è^t'aTaixat T èyo>
où 7wàvxa è-taxajAatW ||3 èîtetôrj B :
è7tetô*7j ye TW ||297 b 1 àBeXçôç
Bekker :
àSeXçôç
BTW ô
àSeX^ôç
ex emend. Goislia. i55||
8 Mluç W.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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297 b EUTHYDÈME i83
« Naturellement !
repris-je : je suis inférieur à chacun de
vous; comment ne pas fuir devant vous deux ? Je suis bien
c loin de valoir Héraclès 1
,et pourtant il n'était pas capable de
soutenir la lutte à la fois contre l'hydre — une sophiste assez
habile, si l'on coupait une tète à son raisonnement, pour en
pousser plusieurs au lieu d'une — et contre certain crabe,
autre sophiste venu de la mer, et fraîchement débarqué2
,si
je ne me trompe ;celui-ci 3
l'incommodait, ainsi placé à sa
gauche, par ses propos et ses morsures;
il dut donc appelerau secours Iolaos*, son neveu 5
, qui lui porta une aide effi-
d cace. Mais mon Iolaos, à moi, [Patroclès], ne ferait, enintervenant, qu'aggraver le mal. »
« Réponds donc, dit Dionysodore, puisque c'est toi quias rabâché cette histoire. Iolaos était-il le neveu d'Héraclès
plus que le tien ? »
« Ce que j'aide mieux à faire, Dionysodore, dis-je, c'est de
te répondre. Car tu ne cesseras jamais tes questions—
j'ensuis à
peu prèssûr —
parenvie et
pour empêcher Euthv-dhème de m'enseigner ce beau secret-là. — Réponds donc,
dit-il. — Je réponds donc, dis-je, que Iolaos était le neveu
e d'Héraclès;
le mien, ce me semble, il ne l'était à aucun
degré. Car ce n'est point Patroclès, mon frère, qu'il avait
pour père, mais Iphiclès, frère d'Héraclès, un nom analogue,à vrai dire. — Et Patroclès, dit-il, est ton frère? — Parfai-
tement, dis-je, né de la même mère, mais non du même
père. — Par conséquent il est ton frère et il ne l'est point.— Pas du côté paternel, mon excellent ami, dis-je ; son pèreétait Ghérédème, et le mien Sophronisque.
— Et Sophro-
nisque, dit-il, était père, et aussi Chérédème ? — Pariaite-
298 a ment, répondis-je ;l'un était le mien, et l'autre le sien. —
Donc, dit-il, Chérédème différait du père ?— Du mien, oui,
i . Allusion au proverbe: « Héraclès lui-même ne peut rien contre
deux » (Voir Phédon, 89 c).
2. Les deux sophistes sont depuis peu revenus à Athènes.
3. Dionysodore (cf. 271 b), assis à la gauche de Socrate.
k. Apollodore, II, 5. Pendant sa lutte avec l'hydre de Lerne,
Héraclès fut attaqué par un crabe énorme, qui le mordait au pied ;
Héraclès, l'ayant tué, demanda l'aide de Iolaos, qui brûla avec des
tisons les têtes de l'hydre, pour les empêcher de repousser.
5. Iolaos avait pour père Iphiclès, qui étaitle demi-frère d'Hé-
raclès, étant né d'Amphitryon et d'Alcmène.
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i83 EY0YAHMOS 297 b
EIk6tcùç y3
,e*ttov ey<*>* î^ttcov yàp eIlu kccI toO âxÉpou
ûllqv, ôSoxe tïoXXoO Sécolit)
ou 8ûo y£ <|>EuyEiv. l"loXù yap
ttou eilkcpauXéxEpoç
xoOe
HpaKXÉouç, 8ç oôx oîéçte
îjv xfi cte uSpa 8ia^ià)(Ea8aL, aocpLaxpla oôot| Kal 8ià xf]v ao<|>lav
àviElarj, el Liiav K£(|>aXf]v xoO Àéyou xlç oittoxéliol, TioXXàç
àvxl xf^ç luôç;, Kal KapKivcp xlvI âxÉpcp aocfuaxf] ek 8aXàxxr|(;
àcfuyLlÉvcp, VEOÙOXL LLOL 80KELV KaXaTT£TrX£UK6xi' OÇ ETTElSf]
aUXÔV èXuTTEL OÎÎXCÛÇ EK ToO ETt' àpLOXEpà XÉyCùV Kal SàKVCùV,
xèv3
I6Xecov xèvàSEXcfuSoOv fiorjGèv ETtEKaXÉaaxo,
ô 8èaux£p
ucavcoç à6or|8r)a£v.eO 8' à^èç
3
I6Xecoc; [riaxpoKXfjç] eIIXSol, d
TlXÉOV CCV SdcTEpOV TTOlfjaELEV.
'ATiéKpLvai 8f|, i(pr|o ALovua68copoç, ottoxe ctol xaOxa
flLivrjxaL' TtéxEpov ôs
I6Xecoc; xoû* 'HpaKXéouç llôIXXovfjv
àSEXcfuSoOç f\ oôq ;
KpàxLaxovxolvuv
jioi,
oAtovuaéScopE, rjv
8' èy<*>, ôVno-
KplvaaBat aot. Ou yàp u.f] avflç Ipcùxôv, ct^e86v xl êyoû
xoOx3
eC oT8a, <|>6ovéùv Kal StaKcoXucùv, tva\xf\ 8i8à£rj lie
Eu8u8r|Lio<; ekelvo xo ootyév.—
'AnoKplvou Si'), e<J>r).—
'ATTOKptvoLiaL 8r), eTttov, 8xl toOe
HpaKXéouç f^v ô 'léXEoaç
àSEXcJnSouc;, ellôç S', â>q eliol Sokel, ouS' ôttoûoxloOv. Ou yàp e
riaxpoKXfjçrjv
auxco
Traxf)p,
ô eu.8ç à8EX({>6ç, àXXà Ttapa-
•nXrjo-Loc;liev xouvou.a 'I<|)lkX^ç, ô
e
HpaKXéouç à8£X<f>6ç. —riaTpoKX^ç 8é, t\
8' oç, a6ç ;
— riàvu ys
, Ecprjv èy6, olloljut|-
ipiéc; yE, ou liévxol oLLOTràxpLoç.— s
A8eX<|>8ç apa èaxl aot
Kal ouk à8£X<J>6ç.—
Oô)( éu.oTiàxpLoç yE, eo frÉXxLaxs, Icprjv
ekelvou llèv yàp XaipÉSr] lloç îjv 7iaxr)p, ELièç Se Zcoc^povt-
ctkoç.—
riaxf)p Sèfjv, I(f)r), ZcocjjpovlaKoç KalXaLpÉSrjLioç ;
— riàvu y3
, I(|>r|V o llév yE ell6ç, ô Se ekelvou. — OukoOv, 298 a
f^8
S
8ç, ETEpoc; f\v XaLpéSrjLioç xoO TTaxpéç ;
— ToulioO y',
C 3 et(x*'av
TW : sic Lti'av B|| xeçaXrjv toiï \6yov xtç à;:ox£ttot BW
(ad tou Xdyou adscr. yp. xat xou oÀou W) : xeç<xX7jv à7îOT{xr;0s''7)tou
Xdyou T j|5 ao: TW :
\ioixtvt B
j|6 £7:' àptcrrepa W ||
d i îîaxpoxXTjç
secl. Heindorf||
ioà-oxptvoaat BW
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-xptvou(xat Tb||
e2r.xpauzkfoio;
Heindorf : --Xr^aiov TW -^XTja''ov B ||e 5 laxi B.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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298 a EUTRYDÈME 184
dis-je.— Etait-il donc père, s'il différait d'un père ? Toi,
es-tu le même que cette pierre1? — J'ai bien peur, quant à
moi, dis-je, d'apparaître le même sous ta main;
et pour-
tant je ne crois pas l'être.
— Tu diffères donc de cette
pierre? dit-il. —A coup sûr. — Si tu diffères d'une pierre,
dit-il, tu n'es donc pas pierre? Si tu diffères de l'or, tu n'es
pas or? — C'est exact. — Par conséquent, Chérédème non
plus, dit-il, s'il diffère d'un père, ne saurait être père2
.—
Il semble bien, dis-je, ne pas être père. »
b « En effet, dit Eutbydème prenant la parole, si Gbérédème
est
père,c'est évidemment le tour de
Sophronisquede ne
pas être père, puisqu'il diffère d'un père ;en sorte, Socrate,
que te voilà sans père.»
Là-dessus Gtésippe se mit de la partie : « Mais votre père,
dit-il, ne lui est-il pas arrivé aussi la même cbose ? Diffère-t-il
de mon père?— Il s'en faut bien, dit Euthydème.
— Il est
donc le même? dit-il. — Le même, certainement. — Je n'y
c puis consentir. Mais dis-moi, Euthydème : est-ce de moi
seulement qu'il est père, ou aussi des autres hommes ? —Des autres aussi, répondit-il ;
crois-tu qu'on puisse à la fois
être père et ne pas l'être? — Je le croyais, dit Ctésippe.—
Et être or, dit-il, sans être or ? ou homme sans être
homme ? — Prends garde, Euthydème, dit Gtésippe ;
comme on dit, « tu n'attaches pas le lin au lin »;tu avances
une chose bien étrange, si ton père est père de tout le
monde1
— Mais il l'est, dit l'autre. — Des hommes ? dit
Gtésippe ;ou aussi des chevaux et de tous les êtres vivants ?
— De tous, dit-il. — Et ta mère est aussi leur mère? —d Ma mère aussi. — Alors les hérissons, dit-il, ont eux aussi
ta mère pour mère — j'entends les hérissons marins. — Et
la tienne aussi, dit-il. — Et alors, toi, tu es frère des veaux,
des petits chiens 'et des cochons de lait. — Oui, car tu l'es
aussi, dit-il.
— Et de plus tu as donc aussi pour père unchien. — Oui, dit-il, toi aussi. »
i. L'article semble indiquer que Dionysodore désigne le banc de
pierre sur lequel il est assis avec Socrate. D'autres entendent : la
pierre du proverbe. Socrate craint que les questions de l'adversaire ne
le réduisent au silence;
cf. Banquet, 198 c.
2. Le sophisme consiste en ce que le mot père est considéré non
comme un attribut qui peut appartenir à plusieurs, mais comme la
caractéristique d'un individu qui, se confondant avec sa personna-
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http://slidepdf.com/reader/full/platon-51-ion-menexene-euthydeme 269/297
i84 ET0YAHMOS 298 a
e4>r|v èycb.—
*Ap' oQv TtaT^p fjv ETEpoç cov TtaTpôc; ; f)au
eÎ ô auToç tco XlBcp ;
— AéSoïKa^lèv lycoy', £cf>r|v, jifj cj>avco
une aoO ô auToç* ou ^evtoi (jiol Sokco. — OukoOv ETEpoç eT,
fc|>r|,xoO XlBou
; — "ExEpoc; u.évtol. — "AXXo ti oCv ETEpoç,
f\8' ëç, côv XlBou où XiBoç eÎ
;kocI ETEpoq côv xpuaoO où
Xpua6ç eÎ;
— "Ectti TaOTa. — OukoOv Kal ô Xaipé8r|u.oç,
EC|)T], ETEpOÇ &V TtaTpÔc; OUK CXV TtaTf]p EU") .—
"EoiKEV, f]V
8* tycb, ou Ttaxf]p EÎvai.
Et yàp 8/jTiou, Ic|)r|, TtaTr)p lariv ô XaipÉSr|u.oç, xJTtoXa- b
6cbv ô Eu8ù8r|u.oc;, TtàXiv aS ô Zco<f>poviaKoc; ETEpoç côv TtaTpcx;
ou TtaTrjp èaTtv, coote au, co Ecî>KpaT£<;, àTiaTcop eÎ.
Kal ô KTrjaamoç ekSe£,(x^£vo(;,eO 8è û^ÉTEpoç, £$r|, aC
TtaTf]p ou Tctuxà TaOxa ttétiovBev; ETEpéç laTiv touu.oO
TtaTpéç ;— FloXXoO
y', E<f>rj, 8el, ô Eù8uSr|^oç.— 'AXXà,
r\8' oç, o auxéç ;
— eO auTÔç u.évtol. — Ouk âv au(i6ou-
Xolu.rjv. 'AXXàTréxEpov, co Eu8u8tju.e, e^loç u.6vov àaxl iraTfjp c
f^<al tôv aXXcov àv8pcoTicov ;
— Kal tcov aXXcov, Ecfjrj' f\olei
tov aux6v TtaxÉpa ovxa ou TtaTÉpa EÎvai;
—"fïifcirjv Sfr^Ta,
Icpriô KT^aiTmoc;.
— Tl 8e; f]
8S
8ç- ^puaov SvTa\ii] XPU_
a8v EÎvai; f\ avBpcoTtov ovTa
{fcf| avBpcoTiov ;
—Mf] yap,
Ic|)r|ô KTrjCTiTtTioc;,
co EuBuSrniE* t6 XEyo^iEvov, ou Xtvov
Xlvcp auvocTiTEtç" Seivôv yàp XéyEiç TTpay^a, ei ô aôç naTfjp
ttcxvtcov eqtIv Traxrjp.— 'AXX
S
laTiv, £<J>r|.— H6te-
pov àvBpcoTTcov ; fj8' 8ç ô KTrjaiTrnoc;, fj
Kal timcov Kal tcov
aXXcov TidvTcov £ci>cov ;—
nàvxcov, êcj>r|.— *H Kal
u.f)TT]p f\d
fcif)Tr)p ;
— Kalf\ fcrf)TT]p y£.
— Kal tcov ê^lvcov apa, êc|>r| ,
f\ af) nr)TT]p tir)TT]pèaxl tcov BaXaTTicov. — Kal
f) or) y',
£<f>r). — Kal au apa cx8eXc|>oc; eÎ tcov fioiSlcov Kal Kuvaplcov
Kal )(OLpi8lcov.— Kal yàp au, £Cj>r|.
— Kal Tipèç apa aoi
naTr]p eotl Kal kùcov. — Kal yàp aol, Ecj>r).
298 a 6 àXXo zi T : àXX' 8ti BW|| 9 av umv^p iti)
T : àv r^ax^p
ècîTiv B ^axr^p eaxtv W||b 1 Iotj W :
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||C 1 [aovov Stepha-
nus : -voç ||d I
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l\ |joi8''a>v B : xw6ta>v T totBicov W (;wv xo6iwv in marg.) ||6
xutov
W pro xaî xutov||
aol TW: crû B.
V. 1. - 18
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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298 d EUTHYDÈME i85
a A l'instant, dit Dionysodore, si tu veux me répondre,
Ctésippe, tu vas en convenir 1. Dis-moi en effet : tu as un
chien? — Oui, et très mauvais, dit Ctésippe.— A-t-il des
e petits?— Oui, dit-il, et tout aussi mauvais. — Ainsi, le chienest leur père?
— Je l'ai vu de mes yeux, dit-il, couvrir la
chienne. — Eh bien, ce chien n'est-il pas à toi ? — Parfai-
tement, dit-il. — Ainsi donc, il est père et à toi2
, de sorte
que ce chien est ton père, et que tu es, toi, frère des petits
chiens ? »
Et Dionysodore se hâta de reprendre la parole, pour ne
pas être prévenu par Ctésippe: «
Encore un mot de réponse,dit-il
;bats-tu ce chien-là ? » Ctésippe se mit à rire : « Oui,
par les dieux, dit-il, faute de pouvoir te battre. — C'est
donc ton propre père, dit-il, que tu bats? »
299 a « J'agirais certes bien plus justement, dit-il, en battant
votre père, pour avoir eu l'idée de mettre au monde des fils
si savants. Mais à coup sûr, Euthydème, ce savoir que vous
montrez a valu des biens nombreux aupère qui
est le vôtre
et celui des petits chiens. »
« Mais des biens nombreux, Ctésippe, ne sont nullement
nécessaires ni à lui ni à toi . »
« Ni à toi-même, dit-il, Euthydème ? »
b « Ni à aucun autre homme. Dis-moi en effet, Ctésippe :
est-ce à ton avis un bien pour un malade, ou n'en est-ce pas
un, de boire un remède quand il en a besoin? ou, quandon part en guerre, d'y aller avec des armes, plutôt quedésarmé? — C'est mon avis, dit-il. Je soupçonne pourtant
que tu vas dire quelque merveille. — Tu le sauras le mieux
du monde, dit-il, mais réponds. Puisque c'est un bien pour
Thomme, tu en convenais, de boire un remède quand il en a
besoin, n'est-il pas vrai que ce bien-là, il faut en absorber la
plus grande quantité possible, et qu'il sera bon en ce cas de
broyer, pour l'y mêler, une charretée d'ellébore ?
— Abso-
lité, ne saurait se retrouver chez un autre. On le voit bien, plus bas
(298 c), par l'exemple de Vor. Et Ctésippe aura raison de répondre à
son adversaire qu'il n'attache pas le lin au lin, c'est-à-dire qu'il réunit
des choses qui ne vont pas ensemble.
1. Que tu as pour père un chien, comme vient de le dire Euthy-dème.
a. Ce sophisme se fonde sur le sens absolu donné au mot go;, ce
qui permet de le rapporter tour à tour à xjcov et à Tza.Trtc.
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i85 Er@YAHMOS 298 d
AuTLKa 8é y£, T S' Bç o AiovuaoScopoç, &v llol ànoKplvr|,
S> KTrjaLTTTis, ÔLAoXoyrjaELÇ TaOxa. EÎtie y<4p jioi, eotl aot
kûcov ;
— Kocl LiàXa TTovn,p6ç, Icprj ô KTrjanrnoç. — "EaTLVoîSv autS KUvtSta
;— Kal LiaX', êcf»rj , Ixspa xotaOTa. — e
OukoOv TiaTr)p laxLV ocutqv ô kucov;
—"EycoyÉ tol eÎSov,
c<f>r) ,auxov ôxEÙovTa Tfjv KÙva. — Tl oSv
;ou aàç ecjtiv ô
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— nàvu y3
, £(f>r|.— OukoOv Tcaxfjp ôv aoç èaTLV,
&ax£ abçTtaxfjp ylyvETaL ô kucdv Kal au Kuvaplov à8£X(f>6ç ;
Kai auSiç iayy ÛTïoXa6à>v ô AtovuaoScùpoç, ïva u.f)
TTpOTEp6v TL ELTTOL Ô KTrjanTTtOÇ, Kal ETL yÉ LLOL LUKpOV, E^T],
àTioKptvaL- tutitelç x&v KÙva toOtov;
— Kal ô KTrjaiTrnoç;
yEXàaaç, Nr) toùç 8eoùç, E^rj' ou yàp Suvau.at as. —OukoOv tov aauxoO TiaTÉpa, E<pr), tutitelç ;
rioXù ljlévtol, £cf>r), StKaLOTEpov (ofcv)tov uu.ÉTEpov ira- 299a
TÉpa TUTTTOLLU,8 TL U.a8oV
aO<|)OÙÇ ÛELÇ OUTCÙÇ £(f>Ua£V.'AXX*
r\ Ttou, a Eu8u8t]lie [ô KxrjaLTtTToç], ttoXX3
àyaSà cmb i?\q
ûu.ETÉpaç oo(pi<xc; TaÛTrjç ànoXÉXauKEV ô naT^p ô uu.ÉT£poç
TE Kal TOÛV KUVlSlcùV.
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ekeîvoç oOte au.
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OuSè aXXoç yE ouSeIç àv8pamcùv. Etnè yàp laoi, o Kxfj-
aiTTTiE, eI àya86v volUc^elç EÎvaL àa8Evo0vTL cpàpLiaKov tuelv b
f\ouk àya86v EÎvaL ôokel aoL, OTav SÉrjTaL' fj eIç ttoXellov
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t6 àya86v â>ç tiXelotov SelttIvelv, Kal KaXûç ekel e£el, èàv
tlç auTco Tplipaç âyKEpàarj IXX£6ôpou au.a^av ;— Kal ô
6 9 yeXcba? TW : yeXai ? B||299 a i (5v> add. Ast
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secl. Schanz|j
5 twv W : ô tûv BT|jb 3 v!r\ primit. W pro uj |{
6 aWô'-ct codd.
||
touto tô otyaOôv Paris. 1808:
touto àyaôèv J|
7 èxeï del. Heindorf èxstvo; Schanz||8 aùxto B : -xà TW.
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299 b EUTHYDÈME 186
lument, dit Ctésippe, pourvu que le buveur ait la taille de la
c statue de DelphesL.— De même aussi dans la guerre, dit-il,
puisque c'est un bien d'avoir des armes, il faut avoir le plus
possible de lances et de boucliers, s'il est vrai que ce soit unbien ? — Naturellement, dit Ctésippe; et toi, ne le crois-tu
pas, Euthydème ? te contenterais-tu d'un bouclier et d'une
lance? — Oui. — Et Géryon, dit-il, et Briarée, est-ce ainsi
que tu les armerais? Pour ma part, je te croyais plus habile,
toi un professionnel du combat en armes, ainsi que ton
compagnon ! »
d
Euthydèmese tut
;mais
Dionysodore,revenant aux
réponses précédentes de Ctésippe, lui demanda : « Et de l'or,
te paraît-il bon d'en avoir ? — Parfaitement, et même beau-
coup, dit Ctésippe.— Eh bien, de bonnes choses, ne crois-tu
pas qu'il faut en avoir toujours et partout ? — Certaine-
ment, dit-il. — Et l'or est une bonne chose, tu en conviens ?
— J'en suis déjà convenu, dit-il. — Il faut donc l'avoir
toujours et partout et le plus possible sur soi ? Et l'on serait
e au comble du bonheur avec trois talents d'or dans le ventre,
un talent dans le crâne, et un statère d'or dans chaque œil ?
— On conte en tout cas, Euthydème, repartit Ctésippe, queles Scythes les plus heureux et les meilleurs sont ceux quiont de l'or, beaucoup d'or dans leurs crânes 2
,selon le rai-
sonnement qui te faisait dire tout à l'heure que le chien était
mon père ;chose plus étonnante encore, qu'ils boivent dans
leurs crânes ornés d'or, et qu'ils en regardent l'intérieur, entenant dans leurs mains le sommet de leur tête. »
300 a « Les Scythes et les autres hommes, dit Euthydème, voient-
ils ce qui est susceptible de vue ou ce qui n'en est pas suscep-
tible ? — Ce qui en est susceptible, évidemment.— Toi aussi,
par conséquent? dit-il. — Moi aussi. — Tu vois nos man-teaux? — Oui. — Ils sont donc susceptibles de voir. —Merveilleusement, dit Ctésippe. — Quoi ? dit l'autre.
—Rien. Toi, tu leur refuses peut-être la vue : tant tu es déli-
i. Comme veut bien me le faire savoir mon savant collègueM. E. Bourguet, il s'agit presque sûrement de la statue d'Apollondédiée par les Grecs après Salamine (Pausanias, X, i/J, 3). D'aprèsHérodote (VIII, 121) elle mesurait douze coudées de haut (plus de
5m ,5o). Elle devait s'élever devant la façade orientale du temple, tout
près et probablement un peu à l'ouest des bases de Gélon.
2. Voir Hérodote, IV, 65 : « les Scythes ont l'habitude de se
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186 EY0YAHMOS 299 b
KxrjaLTTTïoç eTttev ndvu ye acpéSpa, S EuSùSrjLiE, èàvf\ yE
o ttlvcùv oaoç ô àvSpiàç ô èv AeX<J>oÎc;.— OukoOv, £4>r|,
Kal C
ev xû ttoXellcù ETTeiSf) àya86v èaxiv oTiXa £Xeiv > &Ç TiXciaxa
Sel exeiv Sôpaxà te Kal àaniSac;, ETtELSrjTTEp àya86v ectxlv;
— MàXa Si^ttou, êcf>r)ô Kx/iaLTmoç* au 8
S
ouk olel, S Eu8u-
SrjLiE, àXXà u.lav Kal Iv 8<5pu ;
—^EycoyE.
— *H Kal t6v
r~T]pu6vr)v av, e<J>t],Kal xèv BpiàpEcov oîJxcoç au ÔTtXlaaiq ;
lyà> 8È &u.r)v aè Selvoxepov EÎvai, Ste ÔTiXou.à)(r)v ovxa, Kal
xovSe x6v ixaîpov.
Kal ôljièv Eû8ù8r|LLOç EalyrjaEV ô Se ALOvuadSapoc; Ttpoç
Ta TTpÔXEpOV àTTOKEKpLLLEVa XÔ Kx^aiTlTtO fjpEXO, OuKoGv Kal d
Xpuaiov, ?\8' 8ç, àya8ov Sokel aoL Etvat E)(Eiv ;
—riàvu,
Kal xaOxa yE ttoXù, I<f>rjô KxrjaLTrnoç.
— Tl oCv; àya8à
ou Sokel aot xp^vau àsl td
e^elv Kal TravTa^oO ;
—Z<f>68pa
y', £<})r).— OukoOv Kal to ^pualov àya8àv ÔLLoXoyEÎç EÎvai;
—e
n^oX6yT]Ka llev ouv, f\S' bç. — OukoOv <xeI Sel aux6
e^elv Kal TtavTaxoO Kal oùç LiaXiaxa ev èauxcp ;Kal
EÏrjav
EuSaLLiovéaraxoç el e^ol ^pualou u.èv xpla xàXavxa evxf]
e
yaaxpl, xàXavxov S3
ev xcû Kpavtcp, axaxf]pa Se ^puaoO ev
EKaxépcp xa><^8aXLLÛ ;
— <t>aal yE ouv, où EuSùSrjLiE, ec[>t]
ô KxrjaLTrnoç, xoûxouç EuSaLLiovEaxàxouçEtvaL ZkuScov Kal
àplaxouç avSpaç, ol ^pualov xe ev xolç KpavtoLÇ I^ouaLV
ttoXù xoîç éauxôov, cooTtEp au vGv8f] eXeyeç xov KÙva xèv
TtaxÉpa, Kal 8 8auu.aaL<£>XEp6v yE exl, oxl Kal TtlvouaLV ek
xoov èauxcov Kpavuov K£)(puacûu.£vcDV, Kal xaOxa evxSç Ka8o-
pôaLV, xfjv êauxoov Kopucprjv iv xaîç yzpolv exovxeç.
ri6xEpov 8è ôpcoCTLv, E<f>rjô Eù8ù8r)Lioç, Kal ZKÙ8aL ys Kal 300 a
ot ocXXol avSpcoTTOL xà Suvaxà ôpfiv f) xà àSùvaxa ; — TaSuvaxà SrjTtou.
— OukoOv Kal au, £G}>r| ;—
Kàyco.— e
Op$ÇoSv xà ^LiÉXEpa LLiàxLa
;
— Nat. — Auvaxà oSv ôpav èaxiv
xaOxa. — 'YTtEpcpucùc;, tt<pr\o KxrjaLTTTtoc;.
— Tl Se; r)
Ss
C 1 ouoç BW : ô aôç T||
5 8opu damn. Stallbaum||d 4 */.P^
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Badham : ^prJjxaTa jj6 wLLoXdyYixa txèv Serranus :
ù)\io\o'p\y.<x[uv \\
300 a 1 y5 Sauppe : xc.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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300 a EUTHYDÈME 187
cieux ! Mais tu m'as l'air, Euthydème, d'être endormi tout
éveillé, et, s'il est possible de parler sans rien dire, d'être
justement en train de le faire. »
b « N'est-il donc pas possible, demanda Dionysodore, de
joindre la parole au mutisme 1? — En aucune façon, répon-
dit Gtésippe.— Ni le mutisme à la parole ? — Encore
moins, dit-il. — Quand tu parles de pierres, de bois et de
morceaux de fer, n'appliques-tu donc pas la parole à des
choses muettes? — Pas si je passe, dit-il, auprès d'eux dans les
forges ;le fer prend une voix, dit-on, et crie très fort, si on le
touche. Ainsi ton habileté t'a empêché de voir que tu parlais
pour rien. Mais venez-en au second point, et montrez-moi
comment il est possible de joindre le mutisme à la parole.»
Et Gtésippe, me sembla-t-il, s'escrimait de plus belle à
c cause de son bien-aimé.
« Quand tu es muet, dit Euthydème, ne l'es-tu pas sur
toutes choses ? — Oui, répondit l'autre. — Tu es donc muet
sur cellesqui parlent, puisqu'elles font partie
detoutes
choses ? — Comment ? dit Gtésippe, ne sont-elles pas toutes
muettes? — Evidemment non, dit Euthydème. —Mais alors,
excellent Euthydème, elles parlent toutes ? — Du moins, sans
doute, celles qui parlent.— Ce n'est pas ma question, dit
l'autre; je demande si toutes sont muettes ou parlent. »
« Ni l'un ni l'autre et les deux ensemble, dit Dionysodore,d saisissant la
parole: je
suis bien sûr
que
de cette réponse tu
ne sauras rien tirer. »
Là-dessus Gtésippe, à son habitude, fit un immense éclat
de rire : « Euthydème, dit-il, ton frère a répondu pour et
contre 2;le voilà perdu, et sa défaite consommée ! » Clinias,
au comble de la joie, se mit à rire, si bien que Gtésippe en
servir des crânes de leurs ennemis pour en faire des coupes. Les
riches en font dorer l'intérieur ».
L'équivoque portesur le double
sens de éauxtov (leurs crânes).
1. Le sophiste va encore jouer sur le double sens de aiywvToc
Xeysiv : parler en se taisant, parler de choses gui se taisent.
2. Le mot s'appliquait proprement aux énigmes (ypiooi) que les
Grecs se proposaient après le repas, et où ils réunissaient des termes
en apparence contradictoires. Ctésippe triomphe d'autant plus qu'il
peut faire à Dionysodore le reproche qu'Euthydème adressait déjà à
son frère
(297 a),
en le blâmant d'attribuer à Socrate deux qualités
inconciliables.
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187 ET0YAHMOS 300 a
8ç. — MrçSÉv. Zù Se ïacoç oôk olel auTa ôpav oîÎTCDçfjSùç
EL. 'AXXà LIOL 80KEÎÇ, Eu8û8r)UE, OU KOt9E\jScOV ETUKEKOLL^fj-
aGat Kai, (eI) oÎ6v te XéyovTa Lir|8Èv XÉyEiv, Kai au toOtoTTOLELV.
*H yàp 0UX °^v T'> ^T ° ALovua6Scopoç, CTiycovxa b
XéyEiv ;
— Ou8s
ÔTicoaTioOv, rj8' oç ô KTrjamTioc;.
—*Ap'
oôSè XÉyovTa atySv ;
— "Etl ?jttov, E$r).— "Oxav oSv
Xl8ouç Xéyrjc; ical £ùXa Kai atS^pta, ou aiycûVTa XéyELÇ ;
—OÔkouv el
yE lya), £<f>r), 7TapÉp)(ou.aLlv
tolçxcxXkelolc;,àXXà
<f>8Eyy6Li£va Kai frocovTa uéyLaTov Ta aiS^pLa XÉyETaL, èàv
tlç avpT^TaL- <SaTE toOto uèv utto aocf/Laç IXaSEÇ ouSèv eIttoùv.
SAXX' ETL LLOL Tè ETEpOV ETuSEL^aTOV , OTTCOÇ OU EOTLV XÉyOVTa
aLyav.
Kai llol e86kel uTTEpaycùVLav ô Kt/joltittoç hià Ta TtaLSLKa. C
"Oxavaiyôç, e.q>r)
oEû8ùSt]lloç,
ou TtàvTaaLySç;
—"EyoyE, f\
S' oç. — OukoOv Kai Ta XéyovTa tfLy&ç, EÏTTEp
toùv àTidvTcov ecttIv [xà X£y6uEva].— Tt 8é
; £(f>r)ô Kt/|-
clttttoç, où aLyfi TtdvTa;
— Ou Stjttou, s^rj ô Eu8ùSr|u.oç.
— 'AXX3
apa, S &éXtlote, XéyEL xà TïàvTa;
— Ta yE SrjTtou
XéyovTa.—
'AXXà, f\S
3
oç, ou toOto èpcoT©, àXXà Ta TïàvTa
aLyfi f\ XéyEL;
OuSÉTEpa Kalàu.c}>6TEpa, è<|>r) ûcpapTTàaaç ô ALOvuadScùpoç* d
eu yàp oîSa otl t^ àTTOKptaEL oô)( e^elç 8 tl XPÎÎ-
Kai ô KTrjaLTtTtoç, qottepeloùSel, LiÉya Tiàvu avaKayxàaaç,
*0 Eu8u8r)LiE, 1$!}, oà8EX<J>6c; aou eE^llc^otéplkev t6v
Xéyov, Kai àTtôXcoXÉ te Kai f^TTrjTaL. Kai ô KXELvlaç Ttàvu
i\oBr\Kai
èyÉXaaEv,
<SaT£ ô KTfjaLTTTtoc;èyÉvETo
ttXelovf)
a 6 ctù — 7 si Gtesippo primus tribuit Heusde||
aùxot ôpav BW :
ôpav aùxà T|| 7 £7:txexoi[jL7)a6ai corr. Paris. 1808 : -fJtaaGai ||
8 e?
add. Stephanus ||b 2 0; ô T : ô BW
||5 oùxouv B
||1? Ts W :
f, ye B
Tjt ye T 7) ye Winckelmann a y' Badham|| -/aÀxsio'.ç W yaXxiot; B
yaXxtoi; T ||c 4 f* XeyotAeva secl. Schanz Ta Xsyovxa prop. Stephanus
Il
d 2 ypr' codd. || 3 àvaxayy àaaç W:
-xay/âaaç B -xxa/jxaaç T[j
5 ^TTTjTai B : -aai TW||6 wareTW : -Xtû B.
'
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300 d EUTHYDÈME 188
devint au moins dix fois plus grand. C'est de leur proprebouche que mon coquin de Gtésippe avait recueilli ces fines-
ses;car en dehors d'eux pareil talent n'appartient aujourd'hui
à personne,e Je dis alors : « Pourquoi ris-tu, Ciinias, de choses si
sérieuses et si belles ? »
« As-tu donc, Socrate, jamais vu une belle chose ? » dit
Dionysodore.« Oui, répondis-je, et même plusieurs, Dionysodore. »
301 a « Différentes du beau, ou se confondant avec lui ? »
Moi,l'embarras
memit alors dans tous mes
états,et
je mecrus justement puni d'avoir ouvert la bouche. Je répondis
pourtant : ce Elles diffèrent du beau en soi;néanmoins cha-
cune d'elles s'accompagne d'une certaine beauté. »
« Donc, s'il se trouve un bœuf auprès de toi, dit-il, tu es
bœuf 1
,et parce qu'en ce moment je suis à tes côtés, tu es
Dionysodore ? »
« Ne blasphème pas ainsi !
2 » répondis-je.« Mais comment une chose, si elle est accompagnée d'une
autre, pourrait-elle être autre? »
b « C'est cela, dis-je, qui t'embarrasse?» Et déjà j'essayais pourmon compte d'imiter la science de nos gens, car elle fai-
sait mon envie.
« Gomment ne pas être embarrassé, dit-il, moi commetout le monde, devant ce qui n'est point? »
« Qu'est-ce à dire, Dionysodore ? demandai-je, le beaun'est-il pas beau, et le laid n'est-il pas laid ? — Si c'est mon
avis, dit-il. — Eh bien, est-ce ton avis ? — Parfaitement,
dit-il. — Le même est aussi le même, et l'autre est autre ?
c Car l'autre n'est évidemment pas le même 3;et pour moi, je
n'eusse pas cru un enfant capable de douter que l'autre fût
autre. Mais c'est un point, Dionysodore, que tu as négligé
à dessein, car pour le reste vous me semblez pareils aux
i. Est-ce une allusion à la théorie des Formes, et une parodie des
sarcasmes d'Antisthène contre cette théorie ? (Cf. Notice, p. 129).
2. Socrate veut dire qu'il est sacrilège de l'assimiler, lui un
ignorant, à un homme d'une sagesse aussi divine que Dionysodore.3. Dionysodore a dit qu'une chose ne peut, au voisinage d'une
autre, devenir autre (qu'elle n'est). A l'exemple des deux sophistes,
Socrate joue sur le sens de autre. Il répond que l'autre est autre
(qu'autre chose), c'est-à-dire : est ce qu'il est.
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188 EY0YAHMOS 300 d
SeKaTxXàatoc;.eO 8é u.01 TTavoOpyoç £>v b KTf)amTtoç nap
3
auxôv toùtgùv auTa TaOxa Trapr)Kr)K6Ei* ou y<4p eotiv aXXov
TOLauxr) ao<J>la
tcùv vOvàvBpcoTtcùv.
Kàyà> eÎttov Tt yEXSç, " KXEiv'ia, ènl onouSaloiç oôtco e
Ttpàyu.aaiv Kal «xXoîç ;
Zù yàpfjSr) tl ttcottote eÎSeç, & Z&KpctTEç, koXov Tipay^a ;
ecprjô Aiovua68opoç.
"EyoyE, £<|>T]v,Kai TioXXà ye, a> Aiovua68copE.
*Apa Exepa
ovxa toO KaXoO, êcf>rj, f\xaùxà tS KaX&
; 301 a
Kàyà ev Travxl èyEv6^T]v \>tt8 àTtoplaç, icalf)yo\3^ir|v
5'iKaia ttettovOévou 8ti lypu^a, S^cùç Se ETEpa I(J>T]vaÙToO
yE toO KaXoO* ndtpEaTLV ^iévtol EKocaTcp aôxcov KaXXoç TL.
'Eàv o3v, £t|>T], TxapayÉvrjTat aoi 3o0ç, fioOç eT, Kal 8ti
vOv lyo ctol TtàpEiLu, Aiovua68copoç eT;
Eu^fj^iEL to0t6 y£, fjv S' âyo.
'AXXà Ttva Tpénov, Ecprj, ETÉpou ÉTÉpcp TnapayEvo^Évou
Tè ETEpOV ETEpOV SvEÏT] ;
*Apa toOto, e<|>t]v Eycb, àTropEÎç ; "HSrj 8' I8la toîv b
âvSpotv xf)v ao<|Hav ETtsxEipouv fcu^EÎaSai, &te etclGu^ûûv
auTfjç.
nôç yàp oùk oVnopô, ëcf>r| ,Kal èyo ical ot aXXoi &TiavT£ç
avSpcûTioL S\xr\
laTi;
Tt XÉyEtç, îjv 8'lyci),
co Aiovua68copE ;oô to kocXôv koX6v
ecttiv Kal to aîa)(p8v alo^pôv ;
— 'Eàv I^oiys, £(f>rj, SoKfj.
— OukoOv Sokeî;
— riàvuy', Ecprj.
— OûkoOv ical t6 Taô-
tov TauTcv Kal to ETEpov ETEpov ;où yàp 8r)Ttou t6 y£ ete-
pov TauT6v, àXX' lycoyE oûS' av TtaîSa &(iT]v toOto dcTTopfjaat, c
WÇ OU TO ETEpOV £T£p<$V EOTLV. 'AXX', S Aiovua68cûp£, toOto
pèv ekov napfJKac;, etteI Ta aXXa ^ot SokeÎte, &cm£p ot
d 7 ô*e txo: (yp. ô ô"' Èo"dxet utot are T) : S' olaai Badham||8 rapa-
xrjxdet W : HDapc&t BTj|
e 3 slosç Wt : l'Ô- BT|j
4 ô supra uers'. T£ 01
301 b i ô' îSi'a -otv àvopoiv Schanz : 5ià Ttov àvôpàiv B 8tà twv
0'.
àv5pc5v W oï toîv àvôpoiv T ||C 3 £7:e! Ta Gornarius : Imna
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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301 c EUTHYDÈME 189
artisans dans la qualité d'ouvrage qui leur convient : vous,
c'est la discussion, et vous vous en acquittez à merveille. »
« Tu sais donc, dit-il, ce qui convient à chaque catégorie
d'artisans? Et d'abord, à qui convient-il de forger 1 ? le
sais-tu? — Oui, au forgeron.— Et de façonner l'argile?—
Au potier.— Et d'égorger, d'écorcher, de mettre la viande
en menus morceaux pour la faire bouillir et rôtir? — Aud cuisinier, dis-je.
— Si l'on fait ce qui convient, dit-il, on
fera bien ? — Certainement. — Or, ce qui convient au cui-
sinier, dis-tu, c'est la mise en morceaux et l'écorchement ?
l'as-tu admis, oui ou non ?
— Je l'ai admis, dis-je, maispardonne-moi. — Il est donc clair, dit-il, qu'en égor-
geant le cuisinier et en le mettant en morceaux pour le faire
bouillir et rôtir, on fera ce qui convient;
et que, si l'on
forge le forgeron en personne, si l'on façonne le potier, là
encore on agira convenablement. »
e « Poséidon ! dis-je, voici que tu mets le couronnement
à ta science. Me sera-t-elle donnée unjour pour
m'appar-tenir en propre ? »
« La reconnaîtrais-tu, Socrate, dit-il, si elle t'était deve-
nue propre? »
« A condition que tu le veuilles 2, répondis-je, évidem-
ment. »
« Et ce qui est à toi, dit-il, tu crois le connaître ? »
« Sauf avis contraire de ta part ;car c'est par toi qu'il
faut commencer, pour finir par Euthydème ici présent3 . »
a Considères-tu comme à toi, dit-il, ce qui est sous tes
302 a ordres et dont tu peux disposer à ta guise ? Par exemple, un
bœuf et un mouton, les regarderais-tu comme à toi, si tu
pouvais les vendre, les donner, les sacrifier à tel dieu qu'il
te plairait ? Et ce qui n'est pas dans ce cas, tu ne le crois
pas à toi? »
1. En grec, le tour est amphibologique, puisque Ttva peut être
soit un singulier masculin, sujet de yaXxeyé:v, soit un accusatif plu-
riel neutre, complément de l'infinitif. Cf. Notice, p. 12^.
a. Allusion ironique à 296 d (« si je veux »). Cf. 3oi b (« si c'est
mon avis »).
3. Socrate qui, à plusieurs reprises, a affecté de traiter les deux
sophistes comme des divinités, se sert de la formule employée par les
poètes quand
ils s'apprêtent à célébrer un dieu. Cf. Théocrite, XVII,
1 : « Commençons par Zeus, et finissez par Zeus, Muses... ».
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189 EY0YAHMOS 301 c
SrjLuoupyol oîç eKacrra TrpoarjKEi ànEpyà£Ea8ai, Kal ûlieîc;
t6 SiaXÉyEaSai TrayKaXcoç àTTEpyat^EaSai.
OîaBa ouv, ecjjr),8 TinpoafjKsi EKaaToiç tcov
8r| Luoupycùv ;
TtpcùTov TLvot xaXKEUEiv TTpoorjKEi, otaSa; — "EycoyE* 8ti
XaX<Éa.— TiSè KEpa^iEÙEtv ;
—KEpaLiÉa.
— TC Se acfxxT-
teiv te Kal EKSépEtv <al Ta LUKpà Kpéa KaTaKÔipavTa ElpElV
Kal otttSv;
—MàyEipov, fjv 8'
Ey<£>.— OukoOv èàv tiç, d
E<pr), là TTpoaf|KovTa TrpaTTrj, ÔpScoç Ttpà^Ei ;
— MàXiaxa.
—ripoafjKEL 8é yE, a>ç <|>()c;,
tov LKxyEipov KaTaKOTTTEiv Kal
EKSépEiv ; <5>jioX6yr|aac; TaOTa f\otf
; —c
0^oX6yr]aa, i<{>r|v,
àXXà auyyva>^T]v liole^e.—
Af]Xov to'ivuv, r\8' oç, 8tio:vtiç
a<J>àE,aç t6v LiàyEipov Kal KaTaKÔi|;aç Êipf)OT|Kal 0TtTr]0T), Ta
TTpoarjKovxa TToif|a£i* Kal làv tov ^aXKéa tiç aùxbv xaXKEÛr)
Kal tov KEpajiÉa KspaLtEijr] ,Kal oStoç Ta Ttpoar) KovTa Ttpà^Ei.
*fl n6aEi8ov, f^v 8' èya), fjSrj KoXocpûva ÉmTi8r|ç t?\ e
aocj/ia. *Apà pot ttote auTrj TtapayEvf]aETai gSote liol oiKEia
yEvÉaBai ;
'ETuyvolr)Ç av auTrjv, o Z&KpaTEÇ, ëcj>r|,oiKEiav yEvo-
liev^v ;
'Eàv <rb ys (ioùXp, I<|>r|V lyo, SfjXov 8ti.
Ti Se, t\8
3
8ç, Ta aauToO oïel yiyvcbaKEiv ;
Ellit)
tl au aXXo XéyEiç' ànè aoO yàp 8sî ccp)(Ea8ai,
teXeut&v S3
elç Eu8ù8r|Liov t6v8e.
*Aps
ouv, Icj)^,TaOTa f|y£Î aà EÎvai, «v av apE,r)ç Kal
è^r\ aoi auToîç xpf]a8ai 8 tl av 3ouXrj ;otov ftoOç Kal Ttp6- 302 a
6aTov, aps
ôtv f^yoîo TaOTa aà EÎvai, a aoi e^eît) Kal oVïto-
86a8ai Kal SoOvai Kal 80aai 8tg> [ioûXoio 8ecûv;a 8' av
Lif]
outcoç z\r\, oô aà ;
C k in SrjU'.oupyolin ras.
(ui scrips. t
||6
eçprjom. T
|| 7 7ipo-
or\mi mutilatum corr. B||8 ti — ti : xt'va— Ttva apographa || 9 xaTa
<j[itxpà Ta zpsa Winckelmann|| é^éiv codd.
||e 1 è^iTi'Orjç TW : -Tiôei;
By 2 tote W pro 7:oT6 d 10
Tjyr;tocutoc W
||302 a I r.poSaxov BW :
a
-tov T -t]<x IIII
a TjyoïT : f^ot Sxav B TjyoTo t' àv W
|| èÇeir) W :
eÇeir t T àÇst fjB.
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302 a EUTHYDÈME 190
Moi, certain qu'il allait en surgir quelque merveille, et
désireux en même temps de l'entendre au plus vite : « Par-
faitement, répondis-je, il en est ainsi;les choses de ce genre
sont seules à moi. — Et le nom d'animal, dit-il, ne le
b donnes-tu pas à ce qui a vie? — Oui, dis-je.— Et parmi
les animaux, tu ne reconnais comme à toi que ceux dont tu
as la liberté de faire tout ce que je viens de dire? — D'ac-
cord. » 11 fit une pause, par pure feinte, comme s'il se livrait
à quelque réflexion d'importance : « Dis-moi, Socrate,
reprit-il, as-tu un Zeus ancestral ? » Moi, soupçonnant quel'entretien allait aboutir à ce qui en fut la conclusion *, je memis à tenter, pour fuir, des contorsions désespérées, comme
pris au filet : « Je n'en ai pas, dis-je, Dionysodore.— Te
voilà donc une créature bien misérable;tu n'es même pas
c Athénien, si tu n'as ni dieux ancestraux, ni cultes, bref rien
de beau ni de bon. — Ah! Dionysodore, dis-je, parle mieux
et ne me prépare pas si rudement à tes leçons ! Carj'ai
à la
fois mes cultes domestiques et ancestraux et tout ce que les
autres Athéniens possèdent en ce genre. — Alors, dit-il, les
autres Athéniens n'ont pasde Zeus ancestral ? — Non, dis-je ;
cette dénomination n'est connue d'aucun Ionien, ni des
émigrants partis de notre ville ni de nous-mêmes; c'est
d Apollon notre dieu ancestral, pour avoir engendré Ion ;
Zeus n'est pas appelé chez nous dieu des ancêtres, mais de
l'enclos et de laphratrie,
comme Athéna déesse de la
phra-trie 2
. — Il suffît, dit Dionysodore : tu as, semble-t-il,
Apollon, Zeus et Athéna.— Parfaitement, dis-je.— Ce sont
donc là tes dieux? dit-il. — Aïeux et maîtres, répondis-je.— En tout cas, ils sont tiens, reprit-il ;ne les as-tu pas
reconnus pour être à toi ? — Je l'ai reconnu, dis-je ;
comment faire? — Et ces dieux, dit-il, sont des animaux 3?
1. D'autres entendent : allait revenir à l'endroit où il avait fini,
c'est-à-dire à un sophisme du même genre que plus haut, 3oi d.
a. Appliqué à Zeus, ~axc,(hoç signifie tantôt père de la race, et
tantôt protecteur des ancêtres. C'est en ce dernier sens que les Athé-
niens invoquent Zeus. Mais Socrate entend le mot dans l'autre.
Apollon, au contraire, est appelé par les Athéniens père de la race,
comme étant le père d'Ion, ancêtre éponyme des Athéniens. Les
membres de la phratrie avaient en commun le culte de Zeus spaTpto;
et celui d'Athéna fpa-oi'a.3. Il va jouer sur le double sens de £ûiov (être vivant, et animât).
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igo EY0TAHMOS 302 a
Kàycb (fjSr) yàp otl e£ aûxéùv KaX6v tl àvaKuipoLTo [t&v
èpoTr)(JiàTcov], Kal aLia frouX6u.£voç <S tl Tà^Lcrr3
àicoOaou),
riàvu lièv ouv, ecprjv, olîtcùç £Xel'
Ta T0LaCT<x eotlv Li6va
ELià. — TL SE; £cpa, £<f>r),
ou TaOxa k<xXelç fi av tpu^v
Hyr\ ;
— Nal, e«^>rjv.—
'OlioXoyelc; oCv tcov C&ov TaOxa b
Liéva EÎvat aà, TiEpl fi av aot lÉjouala fjTràvTa TaOxaTroiEÎv
a vOvS?) iyeb IXEyov ;
— e
Ou.oXoyco.— Kai oç, ElpcûVLKcoç
Tiàvu ETitax^v <5ç tl LiÉya okottoùllevoc;, EIttéljiol, e<J)tj,
S
ZoKpaTEÇ, Iqtlv golZeùç TtaTpcooç;
— Kal êyo ÛTtoTtTEuaaç
î^elv tov X6yov oÎTTEp £TEX£ÙTr)OEV, cmopov TLVaOTpO(f>f|V
IcpEuyov T£ <al £GTp£cj>ôu.r|v rjSrj ôSaTTEp ev Slktucû elXtjliliévoç*
Ouk e(jtlv, t\vS' lycû, oo ALovua6Scops.
—TaXaiTtopoç apa
tlç au y£ otvGpcoTtoc; eî Kal ouSè 'AGrjvaîoç, S litote 8eoI c
TtaTpcpol elctlv LirjTE lEpà LifjTEaXXo
LLT]8èvKaXôv Kal àyaBov.
— "Ea, f]v S' Eyco, où ALovua6Scùp£, Eu^rjLiEL Kal \xt\ xoXetïoùçlie TtpoSlSaaKE. "Eotl yàp ELioLys Kal Upà oÎKEta KalTraxpôa
Kal Ta aXXa oaaTtEp tolç ôXXolç 'A8r|vaLOLÇ tûv toloutov.
— ETxa tolç SXXolç, E<J>r), 'ASrjvaloLç ouk ecxtlv Zeùç Ô
TtaTpôoç ;
— Ouk ecttlv, ^v S' èyo, auTT] f\ETicùvuLua 'lebvcov
ouSevl, oÔ63
oaoL ek t^gSe ir\q ti6X£cûç àTTQKLCTLjLÉvoL eujIv
oû6'tjluv, àXXà 'AtioXXcùv *naTp6ooç
Bià.Tfjv toO "Icûvoç d
yÉVECTLV ZeÙÇ S1
rjU.LV TtaTpCOOÇ LLEV OU KaXELTOL, IpKELOÇ 8è
Kal cppaTpLOç, Kal 'A8r)vala <f>paTpla.— 'AXX
3
àpKEÎ ys
, êcf>r|
ô ALayuaûScopoç' eqtlv yàp col, cùç eolkev,s
Att6XXcùv te Kal
Zeùç Kal 'ASrjva.—
riàvu, r\v S'âyo.— OùkoCv Kal outol
aol 8eoI av eÎev; £<|>r).
—ripéyovoL, fjv S
3
lyco, Kal 8ecjtï6-
TaL. — D
AXX' oSv aoly£, ï.<pr\- f\
ouaoùç <au.oX6yr)Kaç aÔToùç
EÎvaL; — c
£lLLoX6yr)Ka, I<|>r|V tl yàp ttocScù;— OukoOv,
a 5 àvaxu'jotTO W : àvaxu^oi to B ut uidet. àvaxutloi xo Tj|twv
èpio-7]u.aTtov secl. Gobet||b 6 ol^sp Hertlein : rr (fj B) [| 7 I^suydv xs
y.cLi secl. Badham||c 1 tifi TW : Te B
||4 '-£pà
B : {3waot xa\ UpàTWI1 H oîxeia xat om. II
||6 ô secl. Schanz
||8 ou6'' — 9 ouô
'
Bekker: 0Ù8' — oùS* || d 2 ïpxio; codd. j| 3 'Aôr.vaia Cobet:
-vaBTW -vaiY] Eustath. ad Odyss., p. 1^56, 5o.
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302 e EUTHYDÈME 191
e Car tu l'as reconnu : tout ce qui a vie est animal. Ou bien
faut-il croire que ces dieux n'ont pas vie ? — Si, dis-je.—
Ils sont donc aussi des animaux? — Oui, répondis-je.— Et
parmi les animaux, reprit-il, tu as reconnu comme tiens
ceux que tu peux donner, vendre, enfin sacrifier à la divinité
de ton choix. — Je l'ai reconnu, dis-je ;nul moyen de me
rétracter, Euthydème.— Eh bien, allons ! dis-moi tout de
suite, reprit-il ; puisque tu reconnais pour tiens Zeus et les
303 a autres dieux, t'est-il permis de les vendre, ou de les donner,
ou d'en faire autre chose à ta guise comme des autres ani-
maux ? »
Moi, Griton, comme assommé 1
par cet argument, je res-
tais sans voix sur la place. Mais Ctésippe vint à mon aide :
« Bravo 2,Héraclès ! dit-il, le beau raisonnement ! » Et Dio-
nysodore: « Est-ce, dit-il, Héraclès qui est bravo, ou bravo
Héraclès 3? » Là-dessus Ctésippe: « Poséidon, dit-il, les
prodigieux raisonnements ! Je quitte la partie ;ils sont invin-
h cibles, ces deux hommes! »
A cet endroit, mon cher Criton, tous les assistants s'ac-
cordèrent à porter aux nues le raisonnement et les deux
étrangers ;ils riaient, battaient des mains, manifestaient leur
joie à en perdre presque le souffle4
. Jusque-là il n'y avait eu,
pour applaudir chaque trait avec un merveilleux ensemble,
que les admirateurs d'Euthydème ;mais alors, c'est tout
justesi les colonnes du
Lycéene se mirent
pasde la
partiepour saluer nos deux personnages de leurs applaudissementscharmés. Moi-même, je me sentis disposé à convenir que
c jamais encore je n'avais vu pareils savants; et, complè-
tement subjugué par leur science, je me pris à faire leur
éloge et aies célébrer: « Que vous êtes heureux, dis-je, avec
ces dons admirables, d'être si vite, en si peu de temps, venus
1. Comp. Protagoras, 33g e. Une réponse de Protagoras vient desoulever parmi les assistants une approbation bruyante. Socrate se
sent pris de vertige, « comme s' il avait été frappé par un bonpugiliste »
(rXTjyetç).
a. Exclamation analogue à 7:aj:aT, pour marquer la surprise et
l'admiration.
3. Cet inepte sophisme consiste à établir un rapport d'attribut à
sujet entre deux termes juxtaposés fortuitement et qui n'ont aucun
lien nécessaire l'un avec l'autre. Voir laNotice, p. ia4.
4. Pour le sens de -apsTaÔTjaav, cf. Lysis. ao4 c; Banquet, 207 b.
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igi EY0YAHMOS 302 e
£Cf>r),Kai £cpà Eiaiv outoi ol 8eo'i
; cô^oXoyïiKac; yàp baa e
ip\j)(f|v IxEL £$a £^V(XL - "H outol ot 8eoI oùk I^ouatv v|A))(r|v ;
—"E^ouatv, r\v
8S
àyco.
— OukoOv icai
£cpàetaiv
;
—Zcpa,
Icprjv. — Tcov 8é ys £cpcov, £C|>r|, couoX6yrjKac; TauT* EÎvai aà,
8aa av aoilÉjfj
Kai SoOvai Kai àTio86a8ai Kai 80aai 5f|8eco
8tco âv ftoùXrj.— e
QuoXôyr|Ka, Icf»r)V oùk ecxtiv yàp lioi
àvàSuaiç, co Eu8ùSt]ue.— "I8i
Br\u.ol eû8uç, rj
S' 8ç, eItté*
etielS^) a6v ôu.oXoyEÎç EÎvai t8v Ala KaiToùç aXXouç Beouç,
SpaIÉJectti aoi auToùç ànoSéaBai
f)SoOvai
f]
àXX' 8 ti &v 303 a
liouXr] xpf^aSai. cocmEp toÎç aXXoiç £cpoiç ;
'Eycb (jLev ouv, co Kptxcov, cocmEp TiX^yElç ûttô toO X6you,
EKEiurjv acj>covoç*ô Se KTf)aiTm<$ç uoi icbv côç (ior)8f]acov,
IluTïTuà^ coe
HpaKXELÇ, Ic|>r),KaXoO Xdyou.
— Kai S Aiovu-
a68copoç, IloTEpov ouv, £$r), ôe
HpaKXf)ç TtuTTn࣠Iotiv ^ ô
nuTiTtà^e
HpaKXf^ç;
— Kai ô KTrjamTioc;, *C1 ridaEiSov,
ëcf>T] ,Seivcov X6ycov. 'Acj/LaTauai/ àuà)(co tco avSpE.
'EvTaOSa uevtoi, cocJ/iXe Kptxcov, ouSsiç Saxiç ou tcôv b
Ttapovrcùv ÛTtEpETtr)V£a£Tov X6yov Kai tco avSpE, Kai yeXcovtec;
Kai kpotoOvtec; Kai xalpovTEçèXlyou TTap£Tà8T}crav. 'Eni uèv
yàp toiç E(jL*npoa8EV ecJ)' EKaaToiç Ttacu TrayKàXcoç è8opù6ouv
u6voi ot toO Eu8uSr|uou èpaaxal, IvTauSa 8è ôXlyou Kai oî
kioveç ol ev tco Aukelco E8opû6r|aàv t' ETti tolv àvSpoîv Kai
f}a8r|aav. 'Eycb uèv ouv Kai aÔTOÇ outco 8tETÉ8r|v coctte
ouoXoyEÎv ur|8Évac; TtcoTioTE àvSpcoTtouç ISsîv o\5tco aocJ>ouç, c
Kai TtavTomaai KaTaSouXcoBEiç ûtt& Tfjç aoc|>laç aÛToîv âni
t8 ETraivEtv te Kai EyKco^iàc^Eiv auTcb ETpaTtôurjv, Kai eÎttov
**Q uaKapioi acj>cb Tfjç Sauuaorf'jc; cpuaEcoc;, ot toctoOtov
Ttpfiyua outco tayi) Kai iv ôXtyco XP°V9 E^EipyaaSov. FloXXà
e 5 8ti Schanz : av BTW om. Laurent. 255a||303 a i àXX' onW :
à'XXd Tt BT||
5 7:y-àÇ — 6 T.winzaiÇ—
7 îcuTirca"; B r.ùr.aÇ—
7Z'JZ7iaÇ— TCurTcaÇ T r.ÛT.a.% ter W
|| eçT)v codd.||b 2 xaî yeÀtov-res
xal xpoTO-jvceç xat yaîpovTê? Badham : xai yeXtovcs xaî xpotouvxe xa\
ya{pov:£ (xat ante yeXtovce om. T yépovce scrips. W) ||3 T:ap£Ta8r]aav
f :
-£TÉ6y)aav BW-si'ÔTjaav
Vatic."
1029|| 7 TjcrÔTjaav TW
:
7Jta0-B
IlC 5 ei-eipYaaOov T (et ex £): -épyaôov B -etpyàaaaôov W et yp. t.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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303 c EUTHYDÈME 192
à bout d'une pareille tâche *! Vos discours, Euthydème et
Dionysodore, ont toutes sortes de beautés. Mais une, parti-
culièrement, est magnifique : c'est que la plupart des
hommes, même les gens de
poids
et de renom, vous laissent
d tout à fait indifférents et que vous n'avez cure que de vos
pareils. Pour ma part j'en suis bien sûr : vos discours ne
sauraient plaire qu'à un fort petit nombre de gens, pareils
à vous;
les autres en ont une idée 2
qui les ferait rougir,
j'en suis certain, de réfuter autrui avec de semblables raison-
nements plutôt que de se voir réfutés eux-mêmes. Et voici
encore ce qu'il y a de civil et d'obligeant dans vos discours :
quand vous déclarez qu'il n'existe rien de beau ni de bon ni
de blanc ni quoi que ce soit de ce genre, et qu'il n'est absolu-
e ment rien qui diffère du reste, en fait vous cousez tout bon-
nement la bouche aux gens, comme vous le dites d'ailleurs;
mais ce n'est pas seulement à autrui, c'est à vous-mêmes quevous semblez le faire : procédé fort gracieux qui enlève à vos
discours tout caractère choquant. Enfin — point capital—
vos inventions sont de telle sorte et vous y avez mis tant d'art
qu'un instant suffirait à n'importe qui pour les apprendre. Je
l'ai constaté, pour ma part, en écoutant Ctésippe, et en
voyant avec quelle promptitude instantanée il était capable304a de vous imiter 3
. A cet égard votre science, s'il s'agit de la
communiquer promptement, est sans doute une belle chose;
mais elle ne se prête pas à la discussion publique. Si vous
m'en croyez,vous vous
garderezde
parlerdevant un
nombreuxauditoire, de peur qu'il n'ait bientôt tout appris sans vous en
savoir gré. Autant que possible, discutez entre vous, seul à
seul; et, s'il faut le faire en présence d'un autre, que ce soit
seulement devant qui vous donne de l'argent. Ces mêmes
1. La science de l'éristique ;cf. 272 a tocuttjv vuv è£eipYaa0ov.
2. Pour ce sens de voeïv : se faire une idée de, cf. Rép., 5o8 d.
3. Avec la ponctuation que nous avons adoptée, to péyKj-cov otc
(le point capital, à savoir que, etc.) dépend de à'yvwv. 'Qç... oioç
l'vjv (en voyant que... il était capable) dépend aussi de la notion
impliquée dans lyvcov. Une autre construction consiste à faire de xô
tjié-pcrTov oxt... une proposition indépendante (le point capital est
que, tour bien connu); en ce cas il faut mettre une ponctuation forte
après àcv6p<)fac<i>v,et entendre syvtov... cî)ç : j'ai constaté comme (ou
combien). Mais l'asyndète est un peu dure, quoiqu'on puisse en trouver
d'autres exemples.
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19a ET6TAHM0S 303 c
u.èv oSv Kal aXXa ot X<5yoi ûu.ûùv KaXà f)(ouaiv, & Eû8ù8t}u.é
te Kal AtovuaôScûpE' ev 8è toîç Kal toOto u.£yaXoTTp£TtÉ-
OTEpov, 8ti tcùv tïoXXqv àv8p<*>TTcov <al TOV aEJlVCûV 8f)<al
Sokouvtcùv tl EÎvai oûSèv ûu/iv u.éXei, àXXà tôv ôu.olcov uu.1v d
u.6vov. 'Eyà yàp eu> oXBol 8ti toùtouç toùç X6youç Tiavu u.èv
av ôXlyoi àyancûEV avBpconoi 8u.ouu ûu/iv, ot 8' aXXoi oôtcùç
vooOcriv aÔTouç oar' eu oTS' 8ti ata)(uv8EΣV av u.&XXov e£e-
XÉy^ovTEc; toioùtoiç X<5yoiç toùç aXXouç f\auTol i^EXEy-
X^u-evoi. Kal t68e au ETEpov 8r)u.oTiK6v tl Kal Ttp&ov ev toîç
X6yotç- ÔTi^Tav <|>f)T£ u-ï^te koX8v EÎvaL u.r)8èv u.^)te âya88v
TTpayu.a u.f)T£Xeuk&v
u.r|8
s
aXXo tôv toioûtoùv utjSev, u.t]8è
t8 TiapaTiav ÊTÉpcov ETEpov, àxE^vôç u.èv t£> 3vti ^uppoVru-e
tête Ta o*T<5u.aTa tSv àvBpamcov, ôonEp Kal (paTÉ* Sti 8'
ou u.6vov Ta tôv aXXcov, àXXà 8<5£aiT£ av Kal xà uu.ÉT£pa
auTco, toOto Ttàvu ^apUv té Icjtiv Kal t6 ETuaxSÈc; tôv X6ycov
à<J>aip£ÎTai. T8 8è 8f] u.ÉyiCTTov, 8ti TaOTa oÎjtgùc; e.ys.iuu.lv
Kal te)(vlkcoc; è£r)upr|Tai, &qt3
è(v) ttocvu ôXCycp XP^V9 8vti-
voOv âv u.a8Etv àvSpamcov, lyvcov lycoyE Kal tô Kt^oItitto t8v
voOv Ttpoaé)(cov obç layù ûu.Sç ek toO Ttapaxp^u.a u.iu.EÎa8ai
ot6ç te ?jv.ToOto u.èv ouv toO Trpàyu.aToç a<J>Ûv Ttpoç u-èv 304 a
t8 Ta)(ù Trapa8i86vai KaX6v, êvavTiov 8' àvSpcbTTcov SiaXÉ-
yEoSat ouk ETTLTf)8Eiov, àXX' av yé u.ol TT£i8r|a8E, EuXa6r)-
geoSeu.f|
ttoXXcûv IvavTlov XÉyEtv, ïvau.f| Ta)(ù EKU.a86vT£ç
ûu-îvu.f]
EtSûaiv X^f-v- 'AXXà u.àXiaTau.èv auTo TtpôçàXXï(
)Xcù
u.6vco 8iaXÉy£a8ov, eI 8èu.f|, EÏTtEp aXXou tou êvavTiov,
eke'lvou u.6vou 8ç av ûu.îv 818$ àpyupiov. Ta auTa 8è TaOTa,
C 7 [xsYaXoTCps^sata-cov Stephanus || d 4 ouxw voouatv BW ouxtoç
àyvoouaiv T j|wax' TW : (bx' B
||6 xi BW : xs T
|| 7 ÔTtdxav BW : oxi
ox' àv TII çîjxe (XTi'xe BW : p] ^tl T
|| jjltJxs àyaGôv— 8 fxr^èv om. B ||
8{X7]â£
B :{xtjxc
TW H e I KapaicavTW : j:apav B || 4 aùxco BW : -xâS T-xûv ex emend. Goislin.
||5
lytt: eu eyei Badham eu Schanz
||6 toox'
èv Heindorf : oiaxe||8
7îpoaé^(ov Heusde : -/w || T][ia; W pro utj.5;
|]304 a 1 xoùxo B : xouxou TW
j| acpwcv B : açâStv xô ao<pôv TW ||
3 eùÀa6^'aea6e TW : -a6at B|| 4 êvavxtov TW : -xt'wv B
||5 elSdat W
i| 6 xou codd.
V. I._ IQ
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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304 b EUTHYDÈME i 93
b conseils, si vous êtes sages, vous les donnerez aussi à vos dis-
ciples : qu'ils ne discutentjamais avec personne, sauf avec vous
ou entre eux. Car c'est la rareté, Euthydème, qui donne du
prix ; l'eau est ce qu'il y a de meilleur marché, quoique « le
premier des biens », selon Pindare*. Mais allons!dis-je,
voyez à nous admettre auprès de vous, Glinias que voici et
moi-même. »
Après cet entretien et d'autres menus propos nous nous
en allâmes. Avise donc au moyen de prendre avec moi les
c leçons de ces deux maîtres : songe que ces gens-là se font forts
d'instruire
quiveut les
payer,
sans
exceptionde naturel ni
d'âge. Et, détail particulièrement intéressant pour toi, ils
n'empêchent en aucune façon, disent-ils, de s'adonner mêmeaux affaires
2. Bref, n'importe qui peut aisément recueillir
leur science.
PerplexitéCriton. — Ma foi ! Socrate, j'ai person-
de Criton. nellement plaisir à entendre causer,L'interlocuteur et
je serais heureux
de m'instruire.anonyme. Pourtant j'ai peur d'être, moi aussi, de
ceux qui ne ressemblent pas à Euthydème, de ces gens dont
d tu parlais toi-même3
, qui préféreraient se voir réfutés par des
raisonnements de ce genre plutôt que de réfuter les autres.
Mais au fait, bien qu'il me semble plaisant de t'adresser des
remontrances, je veux te rapporter ce que j'aientendu. Un
de ceux qui vous quittaient, sache-le, vint à moi, pendant
que je me promenais. C'est un personnage qui se croit d'une
science accomplie, un de ces hommes dont l'habileté s'exerce
sur les discours destinés aux tribunaux. « Criton, dit-il, tu
n'écoutes point ces savants? — Non, par Zeus ! répondis-
je, je n'ai pu m'approcher assez pour entendre distincte-
ment, à cause de la foule. — Pourtant, reprit-il, il valait la
e peine d'entendre. — Pourquoi ? dis-je.— Tu aurais entendu
discuter des hommes qui sont aujourd'hui les plus savants
i . Socrate veut dire : C'est la rareté (et non la valeur réelle) qui
donne du prix aux choses. Ainsi l'eau a par elle-même une grande
valeur, mais, comme elle n'est pas rare, on ne peut la qualifier de
tfuiov;
elle est au contraire eùtovoxatov. Allusion au début célèbre
de la première Olympique: "AptciTov jxèv Oôtop, etc.
2. Criton, on l'a vu, s'adonne à l'agriculture (291 e).
3. Voir 3o3 d.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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i 93 EYOTAHMOS 304 b
èàv aco<f>povfJT£, Kal tolç ^a8r)Taîç ctu^BouXeûctete, (jirjSé-b
tiote ^r|8£vl àvSpcbTTCùv SiaXÉyEaSai àXX'f\ û^ûv te Kal
ou>Toîç' t6 yàp arcaviov, co Eu8ùSr)^E, tI^llov, to 8è ôScop
eôcùv6t<xtov, apicrrov 8v, coç êcf>rj nivSapoç. 'AXX3
àcyETE, rjv
S' èyco, cvncoc; Kà^iè <ai KXEivlav t<3v8e TiapaSÉ^saBov.
TaOTa, cÔ KpiTcov, Kal aXXa (ipa^Éa 8loXe)(8évtec;
àTifj^Ev.Zk6ttel ouv ottcoç aufcJLcjsoi/rxiOEic; Ttapà Tcb avSpE,
coç Ikeivco cf>aT8v oïco te eÎvcu Si8a£,ai tov eSéXovt' apyûpiov c
8iS<5vat, Kal oute cptiaivotf8' f]XiKiav I^Elpysiv ouSe^'uxv
—S 8è Kal ctoI ^àXiara TrpoafjKEi àKoOaai, Sti ou8è toO %pr\-
^aTL^EaSal <|>aTov SiaKCoXÙEiv oôSev —\*r)
oô irapaXaBEtv
ôvtivoOv eutietcoç Tf]v acj>ETÉpav oocplav.
KP. Kalfcifjv,
S ZcùKpaxEc;, cfnX^KOoç \xkv êycoyE Kal
t^Sécoç av tl ^avBavoiyi, kivSuveuco ^évtoi Kàyco eÎç EÎvat
tcov ou)( ô^iolcov EôBuSn^cp, àXX' ekeIvcov cov 8f|Kal où
eXeyeç, tqv fjSiov av eE.eXeyxojievcov $tto tôv toioùtcov d
Xôycov f) e^eXeyx^vtcùv - 'Axàp ysXoîov ^loi Sokeî EÎvai to
vouSeteÎv cje, o^lcoç Se, a ys
tjkouov, eOeXcù aoi àTrayyE'îXai.
TcOVàcf)' Ô^COV àm6vTCOV La8
3
OTl TipOOEXSûbv TlÇ ^101 TTEpi-
TtaToOvTu, âvfjp ot6(i.Evoc; nàvu EÎvai ootyôq, toùtcov tlç tcov
TtEpl toùç X6youc; toùç eiç Ta SiKaaTfjpia Seivcov, *C1 Kpl-
tcov, E(|)r|, ouSèv &KpoS tcovSe tcov cxocf>cov ;
— Oô \xcl tov
Ala, fjv 8' èyco' où yàp oî6ç t'fj TtpoaaTac; KaTaKOÙEiv ûtto
toO o)(Xou.— Kal
{ir)v, Ecf>r), a£iôv y' r\v aKoOaai. — Tl
8é; fjv 8' êycb.
— °lva fJKouaaç àvSpcov SiaXEyopÉvcov ot vOv ©
aoc}>cùTaTol Etat tcov TtEpl toùç toioûtouç Xoyouç.—
Kàycb
Testim. : 304b A Pind., 0/., I,
i.
b a àvGpofow (scil. àvôpofoto) primit. W || rj postea add. W|
3 auxoîç B : au- TW||
5 TzapaSsÇeaôov Heindorf : -Saaôov||6 aXXa
B : àXX' à'Txa ïxi TW (àxxa T) ||c a èÇeipystv TAV :
-e'pyetv B ||3 to-
Stephanus pro -ou|]6
[xèv postea add. W|| 7 [j.av6avotu.i
BW :
{xà0oi(j.c
TIId 1 av èÇeXcy^otjLévtov TW :
àvsÇsXsyy^ojxsvtov B||
a yeXoïdv B :
yeXotov [xivTW
||4 Va6' Heindorf : o!a6'
||8 5j
B : ^v W eï T 0n in
marg.) || 7;coaaTaç Heindorf : TcpoaTac || 9 sotjv codd. (à'^ovïcr,v y' W)Il xi te B
: Tt TW.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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304 e EUTHYDÈME 194
dans ce genre de discours. » Je lui dis alors : « Quelle
impression t'ont-ils faite? — Quelle impression? dit-il. Mais,
naturellement, celle qu'on ne peut manquer d'avoir à écou-
ter les gens de cet acabit, des bavards qui donnent un soinfutile à des futilités. » Telles furent, presque mot pour mot,ses paroles, oc Cependant, répondis-je, c'est une jolie cbose
que la philosophie.— Gomment jolie? mon pauvre Griton
;
dis plutôt : sans valeur. Si tu t'étais trouvé là, tu en aurais
305 a été, je pense, accablé de honte pour ton ami;tant il mon-
trait d'extravagance en voulant se livrer à des gens qui n'ont
cure de cequ'ils disent,
et s'attachent aupremier
mot venu !
Et note, comme je le disais tout à l'heure, qu'ils comptent
aujourd'hui parmi les plus éminents. En fait, Griton, cette
occupation elle-même et les gens qui s'y consacrent sont
inférieurs et ridicules. » Pour moi, Socrate, l'occupation ne
b me semblait pas mériter les critiques de cet homme ni de
personne ;mais que l'on consente à discuter avec cette sorte
de gens devant un nombreux auditoire, voilà, selon moi, ce
qu'il avait raison de blâmer.
Socrate. — Griton, les gens de cette sorte 1 sont étonnants.
Mais au fait je ne sais encore que dire. A quelle catégorie
appartenait ton interlocuteur, ce censeur de la philosophie?Etait-ce un de ces hommes experts à plaider devant les tri-
bunaux, un orateur 2,ou un de ceux qui les y envoient, un
faiseur de plaidoyers à l'usage des orateurs ?
c Griton. — Un orateur? En aucune taçon, par Zeus ! Je
ne crois même pas qu'il se soit jamais présenté devant un
tribunal, mais on dit qu'il est entendu dans la matière, oui
par Zeus ! et habile, et qu'il compose d'habiles discours.
Jugement Socrate. — Maintenant j'y vois clair :
de Socrate c'est d'eux que j'allais moi-même par-
sur l'interlocuteur 1er à l'instant. Ce sont eux, Griton, qui,anonyme. comme le disait Prodicos, forment la
limite entre le philosophe et l'homme d'État. Ils croient être les
i. Du genre de cet inconnu. Voir la Notice, p. i33 sq.
2. Le mot désigne ceux qui prennent la parole en public— devant
l'Assemblée ou dans les tribunaux. Il peut donc, par extension,
s'appliquer aux plaideurs qui débitent des discours composés par un
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i94 EY0YAHMOS 304 e
eÎttov Tl oCv !<|>atvovT6 aoi;
— Tl Se &XXo, fj8' Sç,
f) otdcTTEp àel av tlç tSv toloûtqv àKoijaai XrjpoùvTov
Kal Tispl oôSevoç àE,lcov àva^iav arrouSfjV ttoloullévcûv;
OûtqctI yàp ttcoç <al eÎtïev tolç êv6^aaiv. Kal eyco, 'AXXà
llévtol, I(j>T]v, xaP L£V YE TL ^paytiA eqtlvf) <}>iXoao<J>La.
—riotov, ecf>r), xapi.EV, & LiaKapLE ; oôÔsvèç llèv oSv a£,iov,
àXXà <al cl vOv TrapeyÉvou, Tràvu av as oî^at ata^uvS^vaL 305 a
xhrèp toO CTEauToO ÊTaipoir o\5tcùç ^v Stottoç, eBéXcùv êauTèv
•napé^ELV àvBpâmoLÇ oîç oôSÈv liéXel o tl âv XÉyoaaLV, TtavTOÇ
Se jS^ocToç àvxÉ^ovTai. Kal outol, 8*n£p apTL IXEyov, iv
tolç KpaTioroLÇ eIqI tqv vOv. 'AXXà yâp, <S Kptxcov, £<J>rj,
t8 npSyLjia aux6 Kal ot avBpcoTtoL olèTulTOTTpàyLjiaTL Siaxpi-
Bovteç (paOXol EÎatv Kal KaTayÉXacrroi. 'EljloI 8é, o ZoKpa-
teç, tô TïpayLjia eS6kel oôk ôpBcoç ipÉyEiv oÔB3
oCtoç o^t' el b
tlç aXXoç vj^ÉyEL't6 l^évtol eBéXelv SiaXÉyEarBaL toloùtolç
IvavTiov ttoXXcûv àvBptSmcov ôpBcoç liol e86kei LlÉLlCj)Ea8ai.
T.C1. *C1 Kpircov, Sau^àaiol elotv ot toloOtol avSpEÇ.s
Axàp offri© oT8a 8 tl liéXXcù ÉpEÎv. ["loTÉpov fjvh TtpoaEXSdbv
ooi Kal llejjk|)6lievoç Tfjv cJ>LXoao<|>Lav ; TTÔTEpov tûv àycùvl-
aaaSaL Selvcov ev tolç SiKaaTT^piOLÇ, £f)T0ùp tiç, f)tcùv toùç
TOLOÙTOUÇ ELOTIELLTlévTCùV, TtOLr)Tf)Ç TCOV XoyCÛV OLÇ ot j5tf)TOp£Ç
àycùvlc^ovTaL ;
KP. "HKLcrravfj
t6v Ala pi^Tcop, ouSè oÎLiai tccùttot' c
aÛTov ettI SLKaaTfjpLov àva6E6r)KÉvaL* àXX3
ETtaïELV aÔT<5v
cJ>aaL nEpl toO TTpayjiaToç vf) tov Ala Kal 8elv6v EÎvaL Kal
Selvoùç Xoyouç cruvTiBÉvaL.
ZQ. "H8r) LiavSàvcù' TtEpl toùtcùv Kal auT8ç vOv8f) elaeX-
Xov XÉyELV. OCtol yap eiglv l^ev, S KplTcov, oOç e<^>rj Ilp6-
Slkoç Lji£86pLa cf)LXoa6c{)ou te àvSpoç Kal ttoXltlkoO, oïovTaL
6 4 àxouaai codd.||
305 a 4 pTî'txrroçTW : y prj-
B|| oïr.zp W
pro oxsp ||5 xpaTtcxoi coni. Schanz
|j 7 çaDXoi codd. (7:àvu add. t in
marg.) ||C 2 ir.l TW : aoi B
||3 xat ante Ôctvoj; sccl. Schanz
||
5 (jiaveàvw B : -vwv TW || f^sXXov codd.|| 7 ts TW : ye B.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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305 c EUTHYDÈME i 95
plus savants des hommes, et non seulement l'être, mais en
avoir auprès d'un grand nombre la réputation bien établie, en
sortequ'ils jouiraient, pensent-ils,
de l'estimegénérale,
sans
d les sectateurs de la philosophie, qui seuls leur font obstacle.
Ils s'imaginent donc que, s'ils réussissent à les faire passer
pour méprisables, dès lors ils remporteront sans conteste, aux
yeux de tous, la palme du savoir. Car ils se prennent pour des
savants vraiment accomplis et, quand ils se font cerner parl'adversaire dans un entretien privé, c'est à Euthydème et son
école qu'ils attribuent leur échec/ . Qu'ils se croient sages au
plus haut degré, c'est naturel;ils se disent qu'ils usent modé-
rément de la philosophie2
et modérément de la politique :
e calcul fort naturel, car ils croient prendre de l'une et de
l'autre juste le nécessaire, et, à l'abri des périls et des luttes,
recueillir les fruits de leur sagesse.
Griton. — Eh bien, Socrate, leur donnes-tu raison ? Avrai dire la thèse de ces gens-là ne manque pas d'apparence.
Socrate. — En effet, Griton, c'est bien cela : elle a de306 a l'apparence, plutôt que de la vérité. Il est difficile de leur
faire admettre que des hommes ou toute autre chose, inter-
médiaires entre deux objets et participant de l'un et de
l'autre, s'ils tiennent d'un bien et d'un mal, sont supérieursà l'un et inférieurs à l'autre ; que, s'ils tiennent de deux
biens tendant à des fins différentes, ils sont inférieurs à tous
les deux pour la fin où peut servir chacun des deux élémentsdont ils se composent ;
et que c'est seulement dans le cas où,
composés de deux maux tendant à des fins différentes, ils se
b trouvent placés entre eux, qu'ils sont supérieurs à chacun
des deux éléments dont ils participent. Admettons donc quela philosophie et l'activité politique soient des biens, mais
tendant à des fins différentes : si ces gens-là participent de
l'une et del'autre,
enqualité d'intermédiaires,
leur thèse
est sans valeur, car ils sont inférieurs aux deux catégories ;
sont-elles un bien et un mal ? ils sont supérieurs à l'une et
logographe. Cf. Apologie, 18 a, où p^xoip se rapporte à Socrate, qui
parle pour la première fois devant un tribunal.
i. Pour cet emploi de xoXoûscrôai, cf. Apologie, 3g d.
2. Cf. Gorgias. 484 c. Calliciès estime que la philosophie ne
manque pas d'agrément (/ap:sv), si l'on s'y adonne avec modération(jxeTpiwç) dans sa jeunesse.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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i95 ET0YAHMOS 305 c
S' EÎvai TràvTov aocJxaTaxoL àvSpamcùv, TupSç 8è *r£> etvat
Kal Sokeîv nàvu Ttapà ttoXXoîç, wctte Ttapà tt&ctiv eûSokiu.eîv
E^noSôv a<|>laivEÎvai ouSévaç aXXouç f) toùç TtEpl <J>tXo-
d
aocplav àvSpamouç. 'HyoOvrai ouv, làv toutouç eiç 86£av
KaTaaxrjacoatv u.T}Sevoç Sokeîv alloue; Etvat, àvau.(f>ia6rj-
TfjTcoç; î)&r\ napà naaiv xà viKrj*rr)pia eiç 86£jav oïaEaBai
CTocfuaç TtÉpt. EÎvai u.èv yàp Trj àXr|8£la acpEÎç ao<|>cùTaTOL,
ev Se toîç îS'toiç Xôyoïç oxav 6VnoXr)(|>8oùaiv, ÛY18 toûv àu.(pl
Eô8u8r|u.ov KoXo\j£a8ai. Zo<f>ol Se r)yoGvTai EÎvai nàvu —eikotcûç* jiETptcoc; u.èv yàp cj>iXoaoc|uaç £XELV > p*Tploç 8è
ttoXitikoûv, nàvu l£ eik6toç Xoyou* ^eté^elv yàp àu.c|>OT£pcove
Baov ISei, Iktôç Se ovteç kivSûvcdv Kal àycavov KapnotiaSai
t^jv aocplav.
KP. Tt oSv;SoKoOat aot ti, S Za>KpaT£ç, XéyEiv ;
oô
yàp toi àXXà 8 y£ X6yoç £XEL xivà EïmpÉTTEiav tôv àvSpoùv.
ZQ. Kal yàp e)(ei oStcdç, g> Kplxcov, EuirpÉTTEiav u.aXXov
f\ àXf]6Eiav. Ou yàp pàSiov auxoùç TtEÎaai ori icat av8pecmoi 306 a
<al xaXXa TiàvTa oaa (i£Ta^ tivoiv Suoîv eo*tiv Kalà|a<f>o-
TÉpotv TuyxàvEi ^ETÉ)(ovTa, hou u.èv ek KaKoO Kal àyaBoO,
toOjjièv 3eXtico, toO Se X^P" Y«-Y
VETOa '
^ CTOt ^E EK Suoîv
àyaBoîv ^if] Ttpoç Tauxàv, àu.c|>oîv xetpo, Tipèç 8 âv EKaTEpov
?\ \pr\aibv ekeivcov !£, Sv auv£TÉ8r|' oaa S' ek Suoîv KaKoîv
auvT£0£VTau.f] TrpSçTÔ auTo Svtoiv ev tô ^liao Eaxiv, TaOxa
u.6va 3eXtico EKaxÉpou ekelvcov èaTiv, qv àu.(J)OTÉpcov u.Époç b
^ETÉxouatv. Et u.èv ouvf\ <J>iXoaocf>ia àya86v icruv Kal
f\
ttoXltlk^) npa^LÇ, Trpôç aXXoSÈEKaTÉpa, oStoi S' à^<J>OTÉpcov
U.ETÉXOVTEÇ tOUTCOV EV \XZO(ù Eiotv,OÔSÈv XÉyOUaiV à[l<|)0-
TÉpov ydp Etat cf>auXoT£poi — si 8è àya06v Kal KaKÔv, tôv
C 8 -Û slva: apogr. xo eTvac BTW del. Schanz||d 4 etç ôo'Çav del.
Baiter[|
oteiofiot BW : oSrn T||
5 acpeïç aoçoita-coi Naber : a«pàç
aosojTaToi B a?à; aootoxaxouç TW j|6 à^oXr^cpôwaiv : -Xeiçôôîatv Ast
|je 4 0O/OU71 aoi t: T : Soxouart aot xi W ôoxeî aoi tl B
||6 ouxa>ç : ov-
Ven. i84||306 a 3
fJ-eté/e'. Tuy^àvovxa W ||4 X^'p^ TW : -°wv B
j|ôucïv B
IIb 2 asTsysc Hirschig pro {X£T£/ouatv ||
3 oè ante ézaTepa
postea add. T ||ô' om. W || Uatépa TW : éy.axepa B.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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306 b EUTHYDÈME 196
inférieurs à l'autre;
c'est dans le cas où elles seraient unmal toutes les deux qu'ils pourraient avoir raison 1
: autre-
ment, c'est chose impossible. Or, ils n'admettraient point,
c j'imagine, que l'une et l'autre fussent des maux, ni que l'une
fût un mal, et l'autre un bien Ils sont donc en fait, puis-
qu'ils tiennent de l'une et de l'autre, inférieurs à lune et
l'autre, pour chacune des fins où la politique et la philo-
sophie montrent leur valeur. Placés dans la réalité au troi-
sième rang, ils cherchent à occuper le premier dans l'opinion.
Pardonnons-leur cette ambition, et, sans nous fâcher, pre-
nons-les pour ce qu'ils sont: il faut faire bon accueil à qui-
conque montre dans ses propos la moindre parcelle de rai-
d son, et pousse sa pointe avec une vaillance opiniâtre.
Embarras Criton. — Ma foi, Socrate, je suis moi-de Criton ; même, comme je ne cesse de te le dire,
conseils de Socrate.fort embarrassé pour mes fils
2. Que faire
d'eux? L'un est encore bien
jeune
et
petit;mais Critobule
a déjà l'âge, et il lui faut quelqu'un capable de lui être utile.
Pour ma part, quand je suis avec toi, mes dispositions sont
telles que je considère comme une folie d'avoir pris tant
e d'autres soins à cause de mes enfants — dans mon mariage,
pour leur donner une mère de la plus noble famille, commedans ma fortune, pour leur assurer la plus grande richesse
possible— et de négliger leur éducation. Mais, quand je
jette les yeux sur un des soi-disant éducateurs, je reste
confondu, et chacun d'eux, à l'examen, me semble complè-307 a tement extravagant, pour te dire la vérité. Bref, je ne vois
pas comment pousser ce garçon à l'étude de la philosophie.
Socrate. — Ignores-tu, mon cher Criton, qu'en toute
sorte d'occupation les gens médiocres et sans valeur sont le
nombre, et les esprits sérieux, dignes de toute estime, la
minorité ? Car enfin la gymnastique ne te paraît-elle pas être
une belle chose, de même l'art des affaires, la rhétorique et
la conduite des armées ?
1. Si la philosophie et la politique sont mauvaises, celui qui ne
prend qu'un peu de l'une et de l'autre est supérieur à celui qui se
livre entièrement à l'une ou à l'autre.
a. Diogène de Laërte (II, i3) attribue à Criton quatre fils : Cri-
tobule, Hermogène, Épigène, Ctésippe. Platon n'en mentionneici
que deux.
7/29/2019 Platon, 5.1 Ion, Menexene, Euthydeme
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196 EY0YAHMOS 306 b
lièv IÎeXtIouç, tcov Se ^ipovq' et 8è «xicà àji(|>6TEpa, oCtcûç
âv Tt XÉyotEV àXrjSÉç, fiXXcoç S' ouSajiôç. Oôk av oSv oÎLiai
aôxoùc; ÔLioXoyf]aai o#te KaKcb auxàs àLuf>o*rÉpcd eTvou o$te c
to lièv icaicév, tô 8è àya86v àXXà tcd Svtl oCtol àLic|>OTâpGùv
lietéxovteç à^<J)OTÉpcùv Ijttouc; elgIv npoç ÊKaTEpov Trp6<; 8
fjte ttoXltlk^ Kal
f) <f>LXocro<|>î.a àÉjico X6you ecjt6v, Kal xpiTOL
ovteç t?\ àXiiSEia £r)ToOoi TTp&TOL Sokelv EÎvat. Zuyyiyvcb-
gkelv llev ouv aÔToîç^pf) xf]ç feluBuplaç KalLif) ^aXETtatvEtv,
f)yEÎa8ai llévtol toloùtouç EÎvat otoi eIglv ttocvtoc yàp avSpa
Xpf) àyanSv bcïiq Kal ôtloOv XéyEL exollevov <j>povf)aEO<;
TipSy^a Kal àvSpElcùç ette^i6v SuxTrovEÎTai. d
KP. Kalji/jv,
& Z&KpaTEç, Kal aàx6ç TTEpl tSv ôeqv,
ôaTtEp &eI TTpoç (xe XÉyco, ev àTTopla eIllI *cL Sel aUTOÎÇ
Xpi^aaaBaL.eO llev oSv VEWTEpoç eti Kal a\xiKpôq eotiv,
KpLx66ouXoç S'f)Srj ^XtKlav e^el Kal SsÎTai tlvoç baTiç
aÙT&v èvf]CJEL. 'Eyà jièv ouv Sxav aol ^uyyÉvcûLiaL, oÎStq
SiaxlSEiiai cSote laol Sokel Liavfav EÎvai t6 eveko ttoùv TtalSoûv
SXXcûv Lièv TtoXXôv cmou5f|V i-oiaù*rr|v laxT|KÉvat, Kal TtEpl
xoO yà^iou Bttcùç ek yEvvaioTàTr|<; laovTai LjLrjTpoç,Kal TTEpl e
toùv xPrllJiaTC0V ÔTTQÇ <Sbç TtXouaioTaTOL, aôxcov SE TTEpl
TTaiSEtac; à^EXf^CTai' bxav Se elç TLva àTToBXÉLpQ tqv(|>a-
ok6vtcov av TTatSEOCTat avSpoîmouç, èKTTÉTTXr|YLiaL Kal liol
Sokel eÎç EKaaxoç auxoov aKOTroOvxL Ttàvu àXX6KOToq EÎvat,
éoç y£ TTpoç aè xàXrjS^ EÎpfja8ai* ©ctte ouke)(co 8ttqc; 307 a
TTpOTpÉTTO TO LlELpOCKLOV ETtI (JuXoCJOCf/LaV.
EH. *Cl<J>'lXe Kptxov, oôk oîaSa otl ev Travxl etuttiSeu-
llotl ot Lièv <|>aOXoL TtoXXol Kal ouSevoç a^ioi, otSè aTTouSaîot
ôXlyoL Kal Ttavaèç â^iot ;etteI yu^vaariKfj où KaXàv SokeÎ
aot EÎvat, KalxpT)^af»-trrLKf) Kal £T]ToptKf] Kal aTpaxT]yla ;
Testim. : 307 a 3 oùx olaGa — b h èm-pe^etç Aristides, or. XLV,
p. i53.
0701 primit. W pro oTot||d 1 Ir.l BsÇtiuv W || 7 toaic'
(/.otTW :
<5ax'èfxol
B||
ooxet : -xîîv Paris. 181 1|j307 a 3 face îcavT» Aristides
Il ^ 7C0XX0I çauXoi Aristides||6 mpav^fia TW : -yeia B.
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307 a EUTHYDÈME 197
Criton. — Sans aucun doute.
Socrate. — Eh bien, dans chacun de ces arts ne vois-tu
pas
la
plupart
des
gens
se couvrir de ridicule en tout ce
b qu'ils font ?
Criton. — Si, par Zeus ! c'est bien la vérité.
Socrate. — Eh bien, iras-tu pour ce motif fuir toi-
même toutes les occupations et les interdire à ton fils ?
Criton. — Non, Socrate, ce ne serait pas juste.
Socrate. — Garde-toi donc, Griton, de faire ce qu'il ne
faut pas. Envoie promener ceux qui pratiquent la philosophie,
qu'ils soient bons ou mauvais, mais l'objet même de leur
activité, mets-le soigneusement à l'épreuve. S'il te paraît sans
c valeur, détournes-en tout le monde, et non pas seulement
tes fils; si, au contraire, il te semble tel que je le juge moi-
même, mets-toi hardiment à sa poursuite, et exercez-vous à
son étude, « depuis le père», comme on dit, «jusqu'aux
petits enfants » .
1 . Pour ce dicton, voir Lois, VII, 8o4 d;cf. Aristote,
* A 8 . zoX .,
XVI fin.
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*97 EY0TAHMOS 307 a
KP. "E^oiys TtàvTcoç SrjTiou.
ZO. Tt ouv;
èv êtcàcrrr] toùtcùv toùç TtoXXoùç npoç
ÊKaaTov to iJ>yov ou KaTayEXàaTouç opfiç; b
KP. Nal u.à tôv Ala, Kal u.àXa otXr|8f| XÉyEiç.
T.C1. Tl ouv;toutou eveica auTéç te <J>£û£ei TtâvTa to
€TTLTr)8EUU.aTa Kal TCÙ UEL OUK ETTLTpÉl|»ElÇ J
KP. Oukouv SiKauSv yE, o EcoKpaTEÇ.
Z£L. Mf) tolvuv 8 y£ ou)(pf] iTOLEi, S KpiTov, àXX' êàaaç
^alpEiv toùç ETUTrjS£ÙovTaçc{uXoao<jHav, eïte y^pr\aioiEÎaiv
eïte TtovT]pot, aÙTÔ to TTpayu.a ftaaavlaaç KaXwç te Kal eS,
iàv u-Év aot <j>alvr|Tai <f>auXov 8v, nâvT' avSpa aTtoTpETTE, C
jif)u.6vov toùç UEtç- làv Se cJjalvrjTai oîov oî^ai auTo èyo
EÎvai, Bappûv SCcoke Kal aaKEi, ToXEy6u.£vov 8f) touto, aÙToç
te Kal Ta TtatSla.
b i zo epyov : twvÈ'pycov
Aristidesj|
2 vrj tov Ai'a Aristides||3 tf
Aristides :t]B
r]TW
||5 ouxouv BtW : oùxouv T.
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