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Le Point Vétérinaire / N° 229 / Octobre 2002 / 54 Se f ormer / EN QUESTIONS-RÉPONSES / Bordetellose féline : pouvoir pathogène et prévalence La bordetellose féline à Bordetella bronchiseptica est désormais clairement identifiée. Elle est fréquemment associée à des conditions de surpopulation et de stress. ordetella bronchiseptica est responsa- ble de maladies respiratoires chez plusieurs espèces, dont le chien, chez lequel elle provoque une trachéo- bronchite (toux de chenil) et le porc, chez lequel elle participe à la rhinite atrophique. La bordetellose féline à B. bronchiseptica, ou FeBb, est désormais clairement identifiée. Des études récentes permettent de mieux cerner la prévalence de l’infection chez le chat et son pouvoir pathogène. Quels sont les hôtes sensibles à B. bronchiseptica ? B. bronchiseptica peut infecter de nombreuses espèces, dont les souris, les rats, les cobayes, les lapins, les chats, les chiens, les porcs, les moutons, les chevaux et les ours [10]. Elle provoque diverses affections respiratoires, comme la toux de chenil chez le chien, la rhinite atrophique chez le porc et le “rhume” du lapin [1, 7, 13]. L’infection est possible chez l’homme, mais seulement lorsque l’état de santé est gravement altéré [8]. Quels sont les chats exposés à l’infection ? B. bronchiseptica est répandue dans la popula- tion féline au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Italie, en Belgique, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Selon les pays et les études, sa séroprévalence est estimée entre 24 [11] et 87 % [14]. • Dans une étude britannique portant sur sept cent quarante chats [4], B. bronchiseptica a été isolée chez 11 % des chats ayant subi une biopsie, chez 19,5 % des chats vivant en refuge, chez 9 % des chats en élevage, chez 13,5 % des chats en chatterie et chez 8,1 % des chats vivant en compagnie d’un ou de deux congénères. Une autre étude de séroprévalence britannique [14] corrobore ces résultats : les taux de sérocon- version les plus élevés sont observés dans les foyers qui comprennent plusieurs chats et dans les refuges pour animaux (83 à 87 %). À l’inverse, seulement 29 % des chats vivant avec moins de trois congénères ont déjà été exposés à B. bronchiseptica. Lors d’une étude italienne portant sur cent soixante-deux chats [17], la bactérie a été isolée chez 38,5 % des chats vivant dans des pensions de plus de vingt chats, chez 24,8 % des chats qui côtoient plusieurs congénères et chez 4 % des animaux vivant seuls. Ces données suggèrent que l’infection à B. bronchiseptica survient chez tous les chats, mais qu’elle est fréquemment associée à des conditions de surpopulation et de stress. • Il existe une forte corrélation entre l’isolement de B. bronchiseptica chez le chat et la proximité de chiens ayant présenté récemment une affection respiratoire [4]. La bactérie se transmettrait donc entre chat et chien. Cette hypothèse est étayée par le fait que les isolats des chiens et des chats sont identiques ou proches [3]. Un épisode de forte toux a en outre été décrit chez deux chiens, immédiatement suivi par des signes similaires chez deux chats en contact avec eux [6]. Des isolats de B. bronchiseptica qui présentent des profils similaires ont été obtenus chez les quatre animaux. Ces observations suggèrent, d’une part, qu’une transmission s’est produite des chiens vers les chats et, d’autre part, que B. bronchiseptica est responsable des signes respiratoires observés dans les deux espèces. Quelles sont les voies de transmission identifiées ? L’infection se transmet par contact entre les animaux, par voie aérosol ou par l’intermédiaire de matières infectieuses. Sensible au pH et à la température, la bactérie ne survit pas longtemps à l’extérieur et elle est facilement détruite par les désinfectants courants. Toutefois, dans un environnement fortement contaminé (notamment dans du mucus infecté), sa survie peut être suffisamment longue pour qu’une transmission indirecte se produise. B. bronchi- septica diffère des autres espèces de Bordetella par sa capacité à survivre dans des milieux pauvres en nutriments, au moins in vitro. Cela laisse penser que, outre la transmission par voie aérosol, cette bactérie peut se transmettre via des réservoirs environnementaux [18]. B MALADIES DES VOIES RESPIRATOIRES SUPÉRIEURES CHEZ LE CHAT L’infection à B. bronchi- septica peut survenir chez tous les chats, mais elle est fréquemment associée à des conditions de surpopula- tion et de stress. La bactérie se transmettrait par contact entre chat et chien, par voie aérosol ou par l’intermédiaire de matières infectieuses. Le portage asymptomatique est fréquent chez le chat ; l’excrétion peut être notam- ment influencée par le stress. Les signes cliniques de l’infection sont comparables à ceux observés lors d’infec- tion par d’autres agents de maladies respiratoires, comme le virus herpès et le calicivirus. L’infection à B. bronchiseptica est confir- mée par l’analyse d’écou- villons oropharyngés ou d’é- couvillons d’écoulement nasal. Les méthodes préventives se limitent à éviter le stress et à améliorer l’hygiène dans les pensions pour chats. Un vac- cin intranasal est disponible dans certains pays. u Résumé par Alexandre Girard d’après le site www.felineBb.info

Pneumologie bordetellose féline - pouvoir pathogène et prévalence

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Le Point Vétérinaire / N° 229 / Octobre 2002 / 54

Se former / EN QUESTIONS-RÉPONSES /

Bordetellose féline : pouvoirpathogène et prévalenceLa bordetellose féline à Bordetella bronchiseptica est désormais clairementidentifiée. Elle est fréquemment associée à des conditions de surpopulationet de stress.

ordetella bronchiseptica est responsa-ble de maladies respiratoires chezplusieurs espèces, dont le chien, chezlequel elle provoque une trachéo-bronchite (toux de chenil) et le porc,

chez lequel elle participe à la rhinite atrophique.La bordetellose féline à B. bronchiseptica, ouFeBb, est désormais clairement identifiée. Desétudes récentes permettent de mieux cerner laprévalence de l’infection chez le chat et sonpouvoir pathogène.

Quels sont les hôtessensibles à B. bronchiseptica ?B. bronchiseptica peut infecter de nombreusesespèces, dont les souris, les rats, les cobayes,les lapins, les chats, les chiens, les porcs, lesmoutons, les chevaux et les ours [10]. Elleprovoque diverses affections respiratoires,comme la toux de chenil chez le chien, la rhiniteatrophique chez le porc et le “rhume” du lapin[1, 7, 13]. L’infection est possible chez l’homme,mais seulement lorsque l’état de santé estgravement altéré [8].

Quels sont les chatsexposés à l’infection ?• B. bronchiseptica est répandue dans la popula-tion féline au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, enItalie, en Belgique, aux États-Unis et enNouvelle-Zélande. Selon les pays et les études,sa séroprévalence est estimée entre 24 [11] et87 % [14].

• Dans une étude britannique portant sur septcent quarante chats [4], B. bronchiseptica aété isolée chez 11 % des chats ayant subi unebiopsie, chez 19,5 % des chats vivant enrefuge, chez 9 % des chats en élevage, chez13,5 % des chats en chatterie et chez 8,1 %des chats vivant en compagnie d’un ou dedeux congénères.Une autre étude de séroprévalence britannique[14] corrobore ces résultats : les taux de sérocon-version les plus élevés sont observés dans lesfoyers qui comprennent plusieurs chats et dansles refuges pour animaux (83 à 87 %). À l’inverse,seulement 29 % des chats vivant avec moins de

trois congénères ont déjà été exposés à B. bronchiseptica.Lors d’une étude italienne portant sur centsoixante-deux chats [17], la bactérie a été isoléechez 38,5 % des chats vivant dans des pensionsde plus de vingt chats, chez 24,8 % des chatsqui côtoient plusieurs congénères et chez 4 %des animaux vivant seuls. Ces données suggèrent que l’infection àB. bronchiseptica survient chez tous les chats,mais qu’elle est fréquemment associée à desconditions de surpopulation et de stress.

• Il existe une forte corrélation entre l’isolementde B. bronchiseptica chez le chat et la proximitéde chiens ayant présenté récemment uneaffection respiratoire [4]. La bactérie setransmettrait donc entre chat et chien. Cettehypothèse est étayée par le fait que les isolatsdes chiens et des chats sont identiques ouproches [3]. Un épisode de forte toux a en outreété décrit chez deux chiens, immédiatementsuivi par des signes similaires chez deux chatsen contact avec eux [6]. Des isolats deB. bronchiseptica qui présentent des profilssimilaires ont été obtenus chez les quatreanimaux. Ces observations suggèrent, d’unepart, qu’une transmission s’est produite deschiens vers les chats et, d’autre part, queB. bronchiseptica est responsable des signesrespiratoires observés dans les deux espèces.

Quelles sont les voies de transmission identifiées ?L’infection se transmet par contact entre lesanimaux, par voie aérosol ou par l’intermédiairede matières infectieuses. Sensible au pH et à latempérature, la bactérie ne survit pas longtempsà l’extérieur et elle est facilement détruite parles désinfectants courants. Toutefois, dans unenvironnement fortement contaminé(notamment dans du mucus infecté), sa surviepeut être suffisamment longue pour qu’unetransmission indirecte se produise. B. bronchi-septica diffère des autres espèces de Bordetellapar sa capacité à survivre dans des milieuxpauvres en nutriments, au moins in vitro. Celalaisse penser que, outre la transmission par voieaérosol, cette bactérie peut se transmettre viades réservoirs environnementaux [18].

B

MALADIES DES VOIES RESPIRATOIRES SUPÉRIEURES CHEZ LE CHAT

L’infection à B. bronchi-septica peut survenir

chez tous les chats, mais elleest fréquemment associée àdes conditions de surpopula-tion et de stress. La bactériese transmettrait par contactentre chat et chien, par voieaérosol ou par l’intermédiairede matières infectieuses. Leportage asymptomatique estf réquent chez le cha t ; l’excrétion peut être notam-ment influencée par le stress.Les s ignes c l in iques de l’infection sont comparablesà ceux observés lors d’infec-tion par d’autres agents demalad ies resp i ra to i res ,comme le virus herpès et lecal ic iv i rus . L’ infect ion à B. bronchiseptica est confir-mée par l’analyse d’écou-villons oropharyngés ou d’é-couvillons d’écoulement nasal.Les méthodes préventives selimitent à éviter le stress et àaméliorer l’hygiène dans lespensions pour chats. Un vac-cin intranasal est disponibledans certains pays.

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Résumé

par Alexandre Girardd’après le site www.felineBb.info

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Existe-t-il un portageasymptomatique ?Le portage asymptomatique de B. bronchisep-tica est fréquent chez le chat [5], ce qui laissesupposer que la bactérie se comporte commeun agent pathogène opportuniste. Son excrétionpeut être influencée par divers facteurs, parmilesquels le stress (provoqué par le sevrage, unséjour en pension pour chats, les déplacementspour se rendre aux expositions félines, lasurpopulation dans les refuges ou une mauvaisehygiène, etc.). L’excrétion bactérienne intermit-tente semble liée à des variations de virulence,comme c’est le cas chez le chien et chez le porc. Le rôle essentiel des chats porteurs asympto-matiques est confirmé par des études expéri-mentales qui montrent que les chats peuventexcréter la bactérie jusqu’à dix-neuf semainesaprès guérison [5]. B. bronchiseptica est également isolée après lamise bas chez des femelles séropositives maiscliniquement saines, et chez lesquelles aucuneexcrétion n’a été observée avant celle-ci, ce quisuggère que le stress de la naissance peutinduire la reprise de l’excrétion bactérienne [5]. Les jeunes chats semblent particulièrementsensibles à la bactérie [17], peut-être en raisonde l’absence de défense immunitaire active et/oudu stress du sevrage. Chez le chaton, l’infectionest susceptible de provoquer des signes cliniquessévères, notamment de bronchopneumonie [16].

Quels sont les facteurs de virulence ?B. bronchiseptica exprime des moléculesimpliquées dans la colonisation et la virulenceà la surface de sa paroi, parmi lesquelles desadhésines, des toxines, des lipopolysaccharides(LPS) et une protéine secrétée de type III.L’expression de ces facteurs est régulée afin queB. bronchiseptica se présente sous au moinstrois phases identifiables : virulente, nonvirulente et intermédiaire. La transition entreces phases se produit en réponse à des signauxenvironnementaux spécifiques, dont la vérita-ble nature reste inconnue.

B. bronchiseptica est-elleresponsable d’affectionsrespiratoires chez le chat ?• Un rapport entre l’infection à B. bronchisepticaet les maladies des voies respiratoires supérieu-res (upper respiratory tract disease ou URTD) aété mis en évidence. Des études américainesdémontrent que des épisodes d’URTD sont plusfréquemment associés à B. bronchiseptica qu’àune infection par le virus herpès félin (FHV) oupar le calicivirus félin (FCV).Dans une autre étude réalisée dans un élevagefermé, atteint de maladie respiratoire, le FHVet le FCV n’ont pas été isolés et les titres sérolo-giques de Chlamydia felis sont restés bas [9].

Les chats ont présenté des symptômes similai-res à ceux de la toux de chenil. B. bronchisep-tica a été isolée chez les chats qui souffraientde symptômes respiratoires, mais pas chez leschats sains, ce qui suggère que B. bronchisep-tica est la cause des symptômes.Des études plus complètes ont été effectuées.Elles tiennent compte de la prévalence de labactérie et de son lien avec la maladie. L’étudede prévalence italienne sur cent soixante-deuxchats [17] montre un taux d’isolement signifi-cativement plus élevé chez les chats ayant desantécédents d’URTD, comparés aux chats sansantécédents (voir le TABLEAU “Taux d’isolementde B. bronchiseptica chez les chats avec ou sansantécédents d’URTD”). Dans une étude flamande[15], les signes d’affection respiratoire s’avèrentplus fréquents chez les chats infectés que chezles chats non infectés (voir le TABLEAU “Incidencedes signes respiratoires chez les chats porteursou indemnes de B. bronchiseptica”). Une étude américaine décrit onze cas de chatsatteints d’infection à B. bronchiseptica etprovenant de dix foyers différents. Sept cas serévèlent mortels et la pneumonie due àB. bronchiseptica est la première cause de mort(ou une cause significative). La majorité des cas(7/11) concerne des chatons âgés de moins dehuit semaines. Des cultures positives deB. bronchiseptica sont obtenues dans tous lescas à partir de lavages trachéobronchiques oude prélèvements de tissu pulmonaire.• L’infection expérimentale par B. bronchisep-tica peut induire des signes respiratoires chezles chats indemnes de chlamydiose, d’herpèsvirose, de calicivirose ou d’infection à B.bronchi-septica [5, 9, 12]. B. bronchiseptica est donccapable d’entraîner une maladie respiratoire enl’absence d’autres agents pathogènes.Cependant, même si B. bronchiseptica peut agircomme un pathogène primaire et provoquerune URTD chez les chats, il est fort probableque, dans de nombreux cas, d’autres facteurs !!

+ 22/68 (32 %)

– 9/67 (13 %)

Antécédents Nombre de chatsd’URTD testés positifs (% positifs)

D’après [17].

Taux d’isolement de B. bronchiseptica chez les chatsavec ou sans antécédents d’URTD

+ 54,5 %

– 22,2 %

Portage de Existence de signes B. bronchiseptica respiratoires

D’après [15].

Incidence des signes respiratoireschez les chats porteurs ou indemnes

de B. bronchiseptica

ATTENTION• B. bronchiseptica semblepouvoir se transmettre dechien à chat. Il existe uneforte corrélation entrel’isolementde B. bronchiseptica chez le chat et la proximité.

• Il existe une fortecorrélation entrel’isolementde B. bronchisepticachez le chat et la proximitéde chiens ayant présentérécemment une affectionrespiratoire.

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Se former / EN QUESTIONS-RÉPONSES /soient impliqués, comme le stress et l’infectionsimultanée par des virus respiratoires.B. bronchiseptica peut aussi constituer un agentpathogène secondaire, notamment dans les casd’URTD qui évoluent vers une bronchopneu-monie mortelle.

Quelle est la pathogéniede la bordetellose féline ?La pathogénie de l’infection chez le chat resteinconnue, mais elle est probablement compara-ble à celle connue chez d’autres espèces. L’étudede bordetelles proches de B. bronchiseptica,comme B. pertussis (qui infecte l’homme) etB. parapertussis (qui touche l’homme et lemouton), apporte ainsi des informations utiles :ce sont probablement des lignées adaptées à l’homme et aux ovins.B. bronchiseptica colonise la muqueuse respira-toire ciliée. Les lésions et la disparition descellules épithéliales de la trachée consécutivesà l’adhésion des bactéries contribuent probable-ment à l’apparition des symptômes respiratoi-res. La perte de mobilité des cils, leur destruc-tion et la défaillance du mécanisme d’épurationmucociliaire favorisent la poursuite de la coloni-sation par les bactéries, leur persistance et leurtransmission.Après la colonisation, pendant les trois à cinqjours qui suivent l’infection, la libération detoxines est responsable des lésions inflamma-toires locales et systémiques. Les premierssignes cliniques sont alors observés. Lorsque laréponse immunitaire débute localement, lesbactéries sont progressivement éliminées [2].Chez le chat, la maladie semble fréquemments’autolimiter et une régression spontanée dessignes cliniques se produit dix à quatorze joursaprès le début de l’infection.

Quels sont les signescliniques de la bordetelloseféline ?L’URTD associée à B. bronchiseptica est uneaffection complexe. Les signes cliniques del’infection sont comparables à ceux observéslors d’infection par d’autres agents de l’URTD,comme le FCV et le FHV. Chez le chat, l’infection isolée à B. bronchisep-tica peut provoquer :- une hyperthermie ;- des éternuements ;- un écoulement nasal ;- une lymphadénopathie submandibulaire ;- une toux ;- des râles.

La toux, bien que fréquemment décrite chez lechat infecté par B. bronchiseptica, ne semblepas être aussi caractéristique que chez le chien[4, 5, 9, 12].Chez la majorité des chats, l’expression cliniqueest modérée et les signes disparaissent dans undélai de dix jours environ. Chez certains chats

cependant, surtout chez les jeunes, la maladiepeut évoluer vers une bronchopneumonie etmenacer le pronostic vital.

Comment établir le diagnostic ?À l’exception de la toux, les signes cliniques del’infection à B. bronchiseptica chez le chatressemblent à ceux des autres maladies desvoies respiratoires supérieures. Le diagnosticde la maladie ne peut donc pas être établi àl’aide du seul examen clinique. L’infection àB. bronchiseptica est confirmée par l’analysed’écouvillons oropharyngés ou d’écouvillonsd’écoulement nasal. Les échantillons sontprélevés avec des écouvillons stériles et placésdans un milieu de transport au charbon. Ils sontensuite étalés sur un milieu sélectif (parexemple charbon-céfalexine). Les chats porteurs chroniques excrètent souventpeu de bactéries, ce qui nécessite des mises enculture répétées d’écouvillons oropharyngés(PHOTO 1). En outre, comme pour les viruspathogènes respiratoires, l’isolement ne permetpas d’affirmer que la bactérie est l’agent respon-sable de l’URTD (PHOTO 2).

Comment prévenir et contrôler la bordetelloseféline ?Actuellement, les méthodes préventives selimitent à éviter le stress et à améliorer l’hygiènedans les pensions pour chats. La séparation deschats qui présentent une infection chroniqueest également envisagée. Un vaccin intranasalest disponible dans certains pays, mais pas enFrance. Son administration peut être pratiquée(hors autorisation de mise sur le marché) enprophylaxie ou lors d’épisodes d’URTD dansune collectivité de chats. Toutefois, la vaccina-tion seule ne suffit pas. Pour limiter la survenued’affections cliniques, elle doit être associée àdes conditions environnementales correctes, àune alimentation équilibrée, à des mesures

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PHOTO 1. B. bronchiseptica cultivée sur géloseau sang.

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PHOTO 2. B. bronchiseptica :coccobacille (0,2 x 0,7 mm).Coloration de Gram.

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ATTENTIONChez le chat, l’infectionisolée à B. bronchisepticapeut provoquer :- une hyperthermie ;- des éternuements ;- un écoulement nasal ;- une lymphadénopathiesubmandibulaire ;- une toux ;- des râles.

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sanitaires strictes, à l’aération efficace deslocaux, à un déparasitage régulier des animauxet au contrôle des autres agents pathogènesrespiratoires.

Comment traiter les infections à B. bronchiseptica ?L’infection à B. bronchiseptica peut être traitéepar la tétracycline (10 mg/kg trois fois par jourpar voie orale), par la doxycycline (10 mg/kg/jpar voie orale) ou par l’association amoxicilline-acide clavulanique (12,5 mg/chat deux fois parjour par voie orale). Des études récentes [19] montrent que desisolats de B. bronchiseptica collectés chez le chatsont sensibles à la tétracycline et à la doxycy-cline, mais que les résistances au triméthoprimeet à l’ampicilline sont fréquentes. Or, l’ampi-cilline est couramment utilisée pour traiter lesinfections des voies respiratoires supérieures

chez le chat... L’émergence de plasmides derésistance à la tétracycline dans les isolats deB. bronchiseptica prélevés chez le chat consti-tue un autre sujet de préoccupation [19].Les infections sont généralement chroniques,souvent asymptomatiques et particulièrementdifficiles à éliminer, même avec une antibio-thérapie [10].

B. bronchiseptica s’avère donc répandue dans lapopulation féline, mais les animaux porteursn’ont généralement pas de symptômes. Le plussouvent, la maladie est observée chez des chatsqui vivent en collectivité. Elle peut toutefoiségalement survenir chez des chats qui partici-pent à des expositions félines ou qui vivent avecdes congénères, voire avec des chiens. La misebas est un facteur de stress et les chattes peuventtransmettre B. bronchiseptica à leur progéniture.Les chatons issus d’élevages et de refuges sontainsi des sujets à risque. La probabilité d’évolu-tion rapide vers une bronchopneumonie est plusélevée chez les chatons infectés par B. bronchi-septica que chez les adultes. ■

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En savoir plus- Jaffré F. Formation continue. Le site Feline bordetellosispropose de tout savoir sur la bordetellose féline. Point Vét. 2002;33(228): 8.- Boucher S. Les affections respiratoires du lapin de compagnie. Point Vét. 1999;30(n° spécial “NouveauxAnimaux de Compagnie”):572-573.-- Gamet Y, Mialhe A. Acariose des cavités nasales d’un chien. Rhinite chronique à Pneumonyssoides caninum.Point Vét. 2001;32(214):58-61.- Couquet C. Antibiothérapie en médecine canine. Étude in vitro de la sensibilité des germes. Point Vét. 2001;32(218):10-11.- Chomel B. Zoonoses bactériennes émergentes. Point Vét. 2000;31(207):195-202.- Boucher S, Nouaille L. L’infection du lapin par Klebsiellapneumoniae : synthèse de 71 cas observés en élevagescunicoles dans les Pays-de-la-Loire.

Point Vét. 1999;30(203):645-650.- Boussarie D. Le chinchilla. Point Vét. 1999;30(n° spécial“Nouveaux Animaux de Compagnie”):563-564.- Boussarie D. La souris domestique. Point Vét. 1999;30(n° spécial “Nouveaux Animaux de Compagnie”):551-552.- Boussarie D. Le cobaye. Point Vét. 1999;30(n° spécial“Nouveaux Animaux de Compagnie”):557-558.- Rival F. Conduite à tenir devant une affection ophtalmiquechez les rongeurs et lagomorphes de compagnie. Point Vét. 1999;30(n° spécial “Nouveaux Animaux deCompagnie”):597-599.- Boucher S. Conduite à tenir devant un jetage ou dyspnéechez les rongeurs et lagomorphes de compagnie. Point Vét. 1999;30(n° spécial “Nouveaux Animaux de Compagnie”):603-606.- André J-P. Les affections respiratoires chez les psittacidés.Point Vét. 1998;29(191):335-342.

Points forts! Le rôle essentiel des chatsporteurs asymptomatiquesest confirmé par des étudesexpérimentales qui montrentqu’ils peuvent excréter la bactérie jusqu’à dix-neufsemaines après guérison.

! Même si B. bronchisepticapeut agir comme un pathogène primaire chez le chat, il est fortprobable que d’autresfacteurs soient impliqués,comme le stress et l’infectionsimultanée par des virusrespiratoires.

! B. bronchiseptica peut aussiconstituer un agentpathogène secondaire,notamment dans les cas de maladies des voiesrespiratoires supérieures qui évoluent vers unebronchopneumonie mortelle.

! Chez la majorité des chats,l’expression clinique est modérée et les signesdisparaissent dans un délaide dix jours environ.Toutefois, la maladie évolueparfois vers une bronchopneumonie et menace le pronostic vital.

! Les chats vivant en collectivité sontparticulièrement exposés.

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ContactContactez le groupe de recherche www.felineBb.info si :• Vous avez des remarques, des questions concernant la bordetellose féline. • Vous avez récemmentdiagnostiqué une infection à B. bronchiseptica chez votre chat.• Vous avez eu connaissance d’un épisode de bordetelloseféline dans un élevage ou dans une collectivité féline• Vous avez mis en évidence une résistance aux antibiotiques de B. bronchiseptica mise en cause.