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Point -virgule 22e ANNÉE M.-F. DETHIER
C. GOFFINV. NILS
RÉFÉRENTIELFRANÇAIS
Graphisme intérieur : Émerance CauchieGraphisme de couverture : Émerance CauchieMise en page : Hélène Debongnie Illustrations : Maud Roegiers et Emilie VanvolsemCopyright des photos : Shutterstock :Leonard Zhukovsky – fullempty – Kues – Jeka - tale – marcociannarel - Oleg Gawri-loFF - Lucy Baldwin – Dancestrokes - Flashon Studio – Volina - Janelle Lugge - Martinez de la Varga - Fotolia : Baillou
© Plantyn sa, Waterloo, BelgiqueTous droits réservés. Mises à part les exceptions formelles prévues par la loi, aucune partie de cette publica-tion ne peut être reproduite, stockée dans une base de données ou retransmise publiquement, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit, sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur. Le photocopillage menace l’avenir du livre !L’éditeur s’est efforcé d’identifier tous les détenteurs de droits. Si malgré cela, quelqu’un estime entrer en ligne de compte en tant qu’ayant droit, il est invité à s’adresser à l’éditeur.
Conformément à la circulaire n°2475 émise le 25/09/2008, les Éditions Plantyn ont décidé d’appliquerla nouvelle orthographe dans leurs publications.
ISBN 978-2-8010-5671-4 POVI20L/002.00 D2017/0120/015
Waterloo Office Park, Drève Richelle 161, bât. L, 1410 WaterlooT 02 427 42 47F 02 425 79 03 [email protected]
Cet ouvrage a été imprimé sur du papier d’origine responsable
Le référentiel se divise en 2 parties :
• Les documents • Les fiches de synthèse
Bienvenue dans le référentiel de Point-virgule ! Point-virgule s’articule autour de deux ouvrages : Le référentiel et le cahier d’activités
Les documents
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Référentiel
Point -virgule 22e ANNÉE M.-F. DETHIER
C. GOFFINV. NILS
RÉFÉRENTIELFRANÇAIS
C. G
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FIN
| M.-F. D
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R | V. N
ILS
ISBN 978-2-8010-xxxx-x
9 7 8 2 8 0 1 0 5 5 2 8 1
Point-virgule est une collection de français :• conforme aux programmes de l’enseignement libre et officiel ;• offrant une multitude de documents d’une grande diversité ;• proposant des activités ludiques et originales ;• laissant une liberté d’action importante au professeur.
Point-virgule se compose de deux outils :
1. Un référentiel, qui comprend :• une banque de documents de tous types (littérature classique et
contemporaine, presse, BD, publicités, photos, chansons, peintures…), • un ensemble de fiches de synthèse claires, concises et structurées,
reprenant les savoirs et savoir-faire à maîtriser.
2. Un cahier d’activités, composé de nombreuses activités progressives, réparties en parcours de diverses longueurs et mêlant les différentes compétences.
Enfin, pour faciliter encore l’utilisation de la collection, trois tables des matières sont proposées en fin d’ouvrage (par parcours, par matières abordées et par types et genres de textes du référentiel). De quoi s’y retrouver les yeux fermés !
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Nouvelle
version
POVI20L_cover.indd 1 8/12/15 10:54
2e ANNÉE M.-F. DETHIERC. GOFFINV. NILS
CAHIERD’ACTIVITÉSFRANÇAIS
C. G
OF
FIN
| M.-F. D
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R | V. N
ILS
ISBN 978-2-8010-xxxx-x
9 7 8 2 8 0 1 0 5 5 2 8 1
Point-virgule est une collection de français :• conforme aux programmes de l’enseignement libre et officiel ;• offrant une multitude de documents d’une grande diversité ;• proposant des activités ludiques et originales ;• laissant une liberté d’action importante au professeur.
Point-virgule se compose de deux outils :
1. Un référentiel, qui comprend :• une banque de documents de tous types (littérature classique et
contemporaine, presse, BD, publicités, photos, chansons, peintures…), • un ensemble de fiches de synthèse claires, concises et structurées,
reprenant les savoirs et savoir-faire à maîtriser.
2. Un cahier d’activités, composé de nombreuses activités progressives, réparties en parcours de diverses longueurs et mêlant les différentes compétences.
Enfin, pour faciliter encore l’utilisation de la collection, trois tables des matières sont proposées en fin d’ouvrage (par parcours, par matières abordées et par types et genres de textes du référentiel). De quoi s’y retrouver les yeux fermés !
Nouvelle
version
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Cahier d’activités
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PARCOURS 1
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SÉQUENCES DU CAHIER D’ACTIVITÉS
Caractériser la fable
Reconnaitre les enchâssées relatives
Mémoriser et restituer la fable
Parodier la fable
Effectuer les accords dans le groupe nominal
Constituer des familles de mots
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PARCOURS 2
TYPE ET GENRE DE TEXTES ABORDÉS
Type : descriptif
Genre : la fable
Faites passer le message
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La partie documents est divisée en 8 parcours, reconnaissables par un code couleur différent.
Liste des étapes d’activités qui seront vues dans le cahier d’activités. L’utilisation du cahier nécessite l’exploitation des documents du référentiel.
Le type et genre de texte abordé au sein du parcours est mis en évidence.
Banque de documents et de fiches de synthèse à laquelle l’élève a recours pour réaliser des activités.
Ensemble des activités et des exercices organisés selon une démarche progressive.
Cette collection de français
; t’accompagnera durant toute l’année scolaire ;
; t’aidera à maitriser la compréhension de divers types et genres de documents ;
; t’apprendra à mieux t’exprimer oralement et par écrit ;
; te fera découvrir bon nombre de richesses de la langue française ;
; te permettra de manipuler des outils tels que l’orthographe, la grammaire et la conjugaison.
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Cher Dieu,
Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps.
Je te préviens tout de suite : j’ai horreur d’écrire. Faut vraiment que je sois obligé. Parce qu’écrire c’est guirlande, pompon, risette, ruban, et cetera. Écrire, c’est rien qu’un mensonge qui enjolive. Un truc d’adultes.
La preuve ? Tiens, prends le début de ma lettre : « Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps », j’aurais pu aussi bien mettre : « On m’appelle Crâne d’Œuf , j’ai l’air d’avoir sept ans, je vis à l’hôpital à cause de mon cancer et je ne t’ai jamais adressé la parole parce que je crois même pas que tu existes. »
Seulement si j’écris ça, ça la fout mal, tu vas moins t’intéresser à moi. Or j’ai besoin que tu t’in-téresses.
Éric-Emmanuel SCHMITT, Oscar et la Dame rose, Albin Michel, 2002.
DOCUMENT 6
Le lendemain, elle vint vers moi et me dit bonjour.
Je lui rendis son salut et me tus. Je détestais ma gêne.
– Tu as l’air plus jeune que les autres, remarqua-t-elle.
– C’est parce que je le suis. J’ai seize ans depuis un mois.
– Moi aussi. J’ai seize ans depuis trois mois. Avoue que tu ne l’aurais pas cru.
– C’est vrai.
Son assurance lui donnait les deux ou trois années qui nous séparaient du peloton.
– Comment t’appelles-tu ? me demanda-t-elle.
– Blanche. Et toi ?
– Christa.Amélie NOTHOMB, Antéchrista, Le Livre de Poche, 2005.
DOCUMENT 7
Amélie Nothomb est une auteure belge, carac-térisée comme mystérieuse et excentrique. C’est en 1992 qu’elle se fait connaitre avec son roman « Hygiène de l’assasin ». Depuis elle enchaine les succès commerciaux et les
récompenses. Elle connait son plus gros succès en 1999 avec « Stupeur et Tremblement », qui sera primé du Grand Prix du Roman par l’Académie française. C’est une auteure extrêmement prolifique : elle publie traditionnel-lement un livre par an.
Photo du film, 2009.
Les trois fiancées, Jan TOROOP, dessin au crayon, 1893.
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La Belle et la Bête est un film fantas-tique réalisé par Jean Cocteau en 1946.
Certains soutiennent que c’est ce film qui a ins-piré le dessin animé des studios Disney (1991).
Maintenant, Cornelis, ta plate, ta gaffe et file sans demander ton reste ! … Des rosiers ! … Allons, c’est bien une fée … Belle ! Une rose pour Belle et filer… (Il cueille une rose.)
BRUIT ÉNORME DE RESPIRATION MOUILLÉE…
La Bête lui apparait.
LA BÊTE – C’est ainsi que tu me remercies, vieil homme ? Je te reçois chez moi, je te sauve la vie, et toi tu voles mes roses que j’aime par-dessus tout ? Tu peux t’apprêter à mourir.
CORNELIS – Pitié, Monseigneur ! Je ne pensais pas vous voler…
LA BÊTE – Je ne suis pas Monseigneur, je suis la Bête ! Pas de mensonges, vieil homme, pas de compliments ! Je suis la Bête. Es-tu prêt ?
CORNELIS – Pitié ! Ce n’était qu’un cadeau pour une de mes filles, un souvenir de votre belle maison… (Il tend lamentablement la rose vers la Bête, pour lui rendre… Un temps)
LA BÊTE – Tu as des filles, vieil homme ?
CORNELIS – Oui…
LA BÊTE – C’est bon, je t’accorde un sursis : rentre chez toi. Je te laisse la vie si l’une de tes filles vient d’elle-même mourir à ta place. Jure que tu seras de retour avant trois jours, seul, ou avec ta fille.
CORNELIS – … Je ne peux pas accepter, Monseigneur…
LA BÊTE – La Bête ! Jure ! Ou préfères-tu mourir à l’instant ?
CORNELIS – … Je n’aurai pas le cœur…
LA BÊTE – Tu l’auras, vieil homme ! Tu l’auras… Pense que tu vas les embrasser… Allons, jure, voleur de roses !
CORNELIS – … Je le jure…
LA BÊTE – Tu as trois jours. Va, sans te retourner ; ta misérable barque te mènera d’elle-même… Va ! Sur ton lit tu trouveras un coffre rempli d’or. Moi aussi, je sais faire des cadeaux.
Le palais disparait dans un rugissement de la Bête. NOIR.
(…)
Bruno CASTAN, Belle des eaux, Éditions Théâtrales, 2002.
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FICHE DE SYNTHÈSE
Le résumé apéritif
Le résumé apéritif est un texte court qui donne envie de lire le livre et qui se compose de trois parties.
Lorsqu’on le rédige, on utilise généralement l’indicatif présent.
La situation initiale
Elle présente une situation de la vie courante, anodine. Elle répond généralement aux questions suivantes.
Qui est concerné ? les personnages
Quand cela se passe-t-il ? le moment
Où cela se passe-t-il ? les lieux
Que se passe-t-il ? l’action qui se déroule au départ
L’élément perturbateur
Il entraine une modification de la vie du personnage principal. L’élément perturbateur peut être une personne, une chose, une menace, un obstacle, un danger, une surprise, …
L’interpellation au lecteur
Elle se fait en utilisant :
• des phrases interrogatives qui suscitent la curiosité ;
• des phrases exclamatives qui expriment des émotions ;
• des phrases impératives qui poussent à agir ;
• un vocabulaire adéquat, des mots incitateurs ;
• des signes de ponctuation variés pour maintenir le suspense, susciter l’émotion.
Lire
- É
crire
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Écou
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Les fiches de synthèse présentent de manière claire et structurée les savoirs et les savoir-faire qu’il convient de maitriser en fin de 2e année.
Elles peuvent être consultées au début d’une série d’exercices mais également dès qu’une difficulté se fait sentir.
Les fiches de synthèse sont divisées en trois parties :• Lire – Écrire – Parler – Écouter• Traiter les unités lexicales• Traiter les unités grammaticales
Utilisation de la nouvelle orthographe.
Des biographies d’auteur se trouvent dans des cadres.
Des documents numérotés permettent d’atteindre rapidement l’information recherchée. On retrouve des documents textuels de différents types et genres ainsi que des documents iconographiques.
Diverses illustrations, photos, dessins, peintures, commentées ou non, agrémentent les documents.
Entre parenthèses, on retrouve des informations supplémentaires sur une œuvre ou un artiste.
Le référentiel est également conçu pour être employé de façon autonome comme support d’un cours librement organisé par l’enseignant. Cette banque de textes peut servir à toute autre fin : question-naires de lecture, activités lexicales, grammaticales …
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SÉQUENCES DU CAHIER D’ACTIVITÉS
Caractériser la fable
Reconnaitre l’enchâssée relative
Mémoriser et restituer la fable
Parodier la fable
Effectuer les accords dans le groupe nominal
Constituer des familles de mots
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PARCOURS 2
TYPE ET GENRE DE TEXTES ABORDÉS
Type : poétique
Genre : la fable
Faites passer le message
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Faites passer le message
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LaCigaleetlaFourmiLa Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
– Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant.
Jean de LA FONTAINE, Fables, La Cigale et la Fourmi, Livre I, 1, 1668.
DOCUMENT 1
LeCorbeauetleRenard
Maitre Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maitre Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
Et bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie,
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Jean de LA FONTAINE, Fables, Le Corbeau et le Renard, Livre I, 2, 1668.
DOCUMENT 2
Jean De La Fontaine. Les Fables constituent un des recueils poé-tiques les plus connus. Sainte-Beuve a pu dire que Jean de La
Fontaine était l’Homère des Français : ainsi, le tour de force de La Fontaine est de don-ner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et était réservé aux exercices sco-laires de rhétorique et de latin.
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LeLaboureuretsesEnfants
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse. »
Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Jean de LA FONTAINE, Fables, Le Laboureur et ses Enfants, Livre V, 9, 1668.
DOCUMENT 4
LeLièvreetlaTortueRien ne sert de courir ; il faut partir à point :
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
« Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. – Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger :
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.
– Sage ou non, je parie encore. »
Ainsi fut fait ; et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire,
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint,
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de sénateur.
Elle part, elle s’évertue,
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. À la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
« Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! Et que serait-ce
Si vous portiez une maison ? »
Jean de LA FONTAINE, Fables, Le Lièvre et la Tortue, Livre VI, 10, 1668.
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LaGrenouillequiveutsefaireaussigrossequeleBœuf
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi : n’y suis-je point encore ?
– Nenni.
– M’y voici donc ?
– Point du tout.
– M’y voilà ?
–Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Jean de LA FONTAINE, Fables, La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf,
Livre I, 3, 1668.
DOCUMENT 6
LapommeUne pomme rubiconde
Se pavanait, proclamant
Qu’elle était le plus beau
de tous les fruits du monde,
Le plus tendre, le plus charmant,
Le plus sucré, le plus suave,
Ni la mangue, ni l’agave,
Le melon délicieux,
Ni l’ananas, ni l’orange,
Aucun des fruits que l’on mange
Sous l’un ou l’autre des cieux,
Ni la rouge sapotille,
La fraise, ni la myrtille
N’avait sa chair exquise et sa vive couleur.
On ne pourrait jamais lui trouver une sœur.
La brise répandait alentour son arôme
Et sa pourpre éclatait sur le feuillage vert.
– Oui, c’est vrai, c’est bien vrai ! dit un tout petit ver
Blotti dans le creux de la pomme.
Pierre GAMARRA, La Mandarine et le Mandarin, <http://www.mespetitsbonheurs.com/>
consulté le 15/04/2016.
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LeLoupetleChienUn Loup n’avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille
Et le Mâtin était de taille
À se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée.
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portant bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son maitre complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu’est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? Rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : Vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maitre Loup s’enfuit, et court encor. Jean de LA FONTAINE,Fables, Le Loup et le Chien, Livre I, 5, 1668.
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Gravure de GRANDVILLE, 1838.
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Lebœufquiveutsefaireaussipetitquelagrenouille
Un bœuf voit une grenouille
Qui, bondissant des roseaux
Où la gent craintive grouille,
Va s’ébattre sur les eaux.
Elle plonge, revient pour disparaitre encore.
Le bœuf, qui la suit du regard,
S’émerveille qu’un nénuphar
Suffise à soutenir la chétive pécore.
Que ne peut-il voguer sur de pareils radeaux
Et folâtrer dans la rivière
À cette heure caniculaire
Où l’irritante mouche aiguillonne son dos ?
Envieux, il retient son souffle et se travaille
Pour égaler en petitesse l’animal.
« Est-ce assez, dites-moi ? Ai-je plus fine taille ?
Demande-t-il au cheval ;
– Nenni.
– M’y voici donc ? » L’âne se met à braire
Et répond : « Point du tout !
– Y suis-je ?
– Non, mon frère,
Réplique alors le veau. Vous n’y parviendrez point :
Sachez garder votre bedaine. »
Le bœuf, sans écouter ce sincère témoin,
Jure alors de jeuner pendant une semaine.
Il tint parole et s’obstina
Tant à maigrir qu’il en creva.
Le monde est plein de gens qui,
Marchant sur ses traces,
Rêvent d’être légers malgré leur épaisseur.
Tout lourdaud veut être un danseur,
Tout pesant esprit fait des grâces.
Charles CLERC, tiré de Jean-Marie,
Henry et Régis LEJONC Fabuleux Fablier, Rue du monde.
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Lacigaleetlatélé
La cigale ayant chanté
Tout l’été
Pour passer à la télé,
À l’automne, sale histoire,
Perd aux éliminatoires !
Qui est bien déçue aussi ?
Sa voisine la fourmi.
Elle rêvait pauvre bête,
De connaitre une vedette.
« Ah, mais ce n’est pas normal,
Dit-elle, foi d’animal ! »
L’hiver, elle sort à peine.
Abonnée à six cents chaines,
Fidèle accro de l’écran,
Elle zappe en bougonnant
Pendant des journées entières
Au fond de sa fourmilière.
Un jour,
Elle met des grains au four,
Puis elle appelle la cigale :
« Ils en sont à la finale ;
C’est la dernière émission,
Le sommet de la saison.
Venez vite, chère amie,
Voir Insecte Académie ! »
Jean-Jacques GREIF, La cigale et la télé, L’école des loisirs, 2004.
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LeCorbeauetleRenardAyant un long moment médité l’aventure
Le Corbeau s’envola, avec l’espoir ténu
De dénicher dans la nature
Quelque chiche aliment à mettre à son menu.
Il scrutait la forêt, sous lui, lorsque soudain
Des coups de fusil retentissent.
Renard, surpris en plein festin,
Lâche son camembert et dans un trou se glisse.
« Oh oh ! dit le Corbeau, l’occasion est trop belle ! »
Sur le fromage, il fond à tire-d’aile
Et dans les airs l’emporte sans tarder.
Juste à temps ! La main sur la gâchette
Cherchant à repérer de Goupil la cachette
Apparait l’homme armé.
Mais du gibier qu’il traque il ne trouve point trace.
Bredouille, le chasseur abandonne la chasse.
Par son larcin, Corbeau, sans le savoir,
A sauvé la vie du fuyard.
Tout penaud, le Renard sort alors de son antre
Et devant le Corbeau qui se remplit le ventre
Constate en soupirant : « Je vais jeuner, ce soir ! »
Mais l’autre calmement descend de son perchoir
Et posant sur le sol ce qui reste du mets
Invite son compère à se joindre au banquet.
« Tu es rusé, dit-il, et moi je fends l’espace,
Ensemble nous formons un duo efficace.
Plutôt que de chercher l’un l’autre à nous voler
Pourquoi ne pas nous entraider ? »
Honteux et confus, le Renard
De la proposition admit le bienfondé,
Jurant, mais un peu tard,
D’exercer désormais la solidarité.
GUDULE, Après vous M. de La Fontaine… Contrefables, Hachette Jeunesse, 2007.
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