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469 URGENCES 2010 co-fondateurs ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE 1. Service d’Anesthésie-Réanimation-Urgence, Centre Hospitalier Lyon Sud, Hospices Civils de Lyon, Pierre Bénite. 2. SAMU-SMUR, CHU Necker, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Paris. 3. Pôle Urgence, SAMU régional de Lille, CHRU de Lille. Correspondance : P r Jean-Stéphane David : Service d’Anesthésie-Réanimation-Urgence, Centre Hospitalier Lyon-Sud, Chemin du Grand Revoyet, 69495 Pierre Bénite cedex, France. E-mail : jean- [email protected] Points essentiels Dans le contexte d’un traumatisme, le pneumothorax compressif et le désamorçage hypovolémique doivent être rapidement identifiés car leur traitement peut permettre de restaurer une activité cardiaque spontanée efficace. Même si les chances de survie après un arrêt cardiaque d’origine traumatique sont extrêmement faibles (environ 2 %), en l’absence de lésions incompatibles avec la survie, une réanimation doit toujours être tentée. La réanimation d’un arrêt cardiaque d’origine traumatique doit suivre les mêmes recommandations que celles en vigueur pour la réanimation des arrêts cardiaques d’origine « médicale » et doit associer la prise en charge des lésions traumatiques. La fibrillation ventriculaire survenant dans le cadre d’une « commotio cordis » se traite comme une fibrillation ventriculaire d’origine médicale par un choc électrique externe. Le pronostic après un arrêt cardiaque traumatique est meilleur après un traumatisme pénétrant qu’après un traumatisme fermé, en particulier si le Chapitre 43 Arrêt cardiaque traumatique J.-S. DAVID 1 , B. VIVIEN 2 , É. WIEL 3

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ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE

1. Service d’Anesthésie-Réanimation-Urgence, Centre Hospitalier Lyon Sud, Hospices Civils de Lyon,Pierre Bénite.2. SAMU-SMUR, CHU Necker, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Paris.3. Pôle Urgence, SAMU régional de Lille, CHRU de Lille.Correspondance :

P

r

Jean-Stéphane David : Service d’Anesthésie-Réanimation-Urgence, CentreHospitalier Lyon-Sud, Chemin du Grand Revoyet, 69495 Pierre Bénite cedex, France. E-mail : [email protected]

Points essentiels

Dans le contexte d’un traumatisme, le pneumothorax compressif et ledésamorçage hypovolémique doivent être rapidement identifiés car leurtraitement peut permettre de restaurer une activité cardiaque spontanéeefficace.

Même si les chances de survie après un arrêt cardiaque d’origine traumatiquesont extrêmement faibles (environ 2 %), en l’absence de lésions incompatiblesavec la survie, une réanimation doit toujours être tentée.

La réanimation d’un arrêt cardiaque d’origine traumatique doit suivre lesmêmes recommandations que celles en vigueur pour la réanimation des arrêtscardiaques d’origine « médicale » et doit associer la prise en charge des lésionstraumatiques.

La fibrillation ventriculaire survenant dans le cadre d’une « commotio cordis »se traite comme une fibrillation ventriculaire d’origine médicale par un chocélectrique externe.

Le pronostic après un arrêt cardiaque traumatique est meilleur après untraumatisme pénétrant qu’après un traumatisme fermé, en particulier si le

Chapitre

43

Arrêt cardiaque traumatique

J.-S. D

AVID

1

, B. V

IVIEN

2

, É. W

IEL

3

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ARRÊT CARDIAQUE

traumatisme est thoracique et isolé en raison de la possibilité de réaliser unethoracotomie de sauvetage.

Cette thoracotomie est en général réalisée aux urgences de l’hôpital si le délaide transport est inférieur à 15 minutes ou en préhospitalier en cas de délai detransport plus long, à condition toutefois de disposer de la formation et del’expérience nécessaires.

En préhospitalier comme au déchocage, une thoracostomie est à réalisersystématiquement au-delà de 10 minutes d’arrêt cardiaque réfractaire.

1. Introduction

Le pronostic d’un arrêt cardiaque survenant dans les suites d’un traumatisme esthabituellement considéré comme très péjoratif, avec un taux de survie moyen del’ordre de 2 % et fréquemment de lourdes séquelles neurologiques

(1-3)

.

C’est en raison de ce pronostic très défavorable de l’arrêt cardiaque traumatiquequ’il est apparu dans la littérature, essentiellement nord-américaine, une contro-verse sur le bien-fondé de réanimer ou non les patients victimes d’un arrêt car-diaque d’origine traumatique. Certains auteurs « extrémistes » ont déconseillétoute réanimation de ces patients, faisant valoir d’une part, le risque élevé et« inutile » couru par les personnels soignants (risques d’accidents liés à la priseen charge préhospitalière, risques de contamination infectieuse...), d’autre part,l’importance des coûts engendrés par cette réanimation en comparaison avec lesinfimes chances de survie du patient

(4-6)

. À l’extrême, cette réanimation a étéjugée « futile » même lorsqu’il s’agissait de préserver les organes en vue d’uneéventuelle transplantation.

Cependant, certains travaux récents tendent à remettre en cause la « futilité »de cette réanimation, en raison d’une part, du fait que le pronostic de patientsvictimes d’un arrêt cardiaque d’origine traumatique, est le même que celui depatients victimes d’un arrêt cardiaque d’origine médicale et d’autre part, du faitque de nombreux cas de survie « inespérée » de patients qui n’auraient théori-quement pas dû être réanimés ont été rapportés

(1)

. Enfin, dans la mesure oùles patients victimes d’un arrêt cardiaque d’origine traumatique sont exclus demanière quasi systématique des grandes études prospectives randomisées sur laprise en charge de l’arrêt cardiaque, l’essentiel de la littérature sur ce sujet estconstitué d’études rétrospectives et de cas cliniques.

2. Mécanismes des arrêts cardiaques traumatiques

De nombreuses lésions peuvent être responsables d’un arrêt cardiaque dans lessuites d’un traumatisme (Tableau 1). Certaines d’entre elles doivent être connuescar elles vont nécessiter la mise en œuvre de stratégies thérapeutiques très

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ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE

rapidement. Par ailleurs, il faudra en permanence garder à l’esprit que le trau-matisme et l’arrêt cardiaque qui vont en découler peuvent également être laconséquence d’une pathologie médicale (syndrome coronarien aigu, trouble durythme) et non pas du traumatisme.

En terme de mécanisme (Tableau 1), l’arrêt cardiaque traumatique peut être larésultante d’une atteinte directe du cœur, d’une hypovolémie sévère, d’uneasphyxie par atteinte directe ou indirecte de l’appareil respiratoire, d’atteintecérébro-médullaire (arrêt « réflexe »), de causes diverses (hypothermie...), enfinrésulter de l’intrication de ces différentes atteintes. On estime ainsi que 50 %des décès suivant un traumatisme surviennent immédiatement ou dans lesminutes qui suivent le traumatisme. Ce décès est alors le résultat de lésionsmajeures au niveau du cerveau, du tronc cérébral, du rachis cervical, du cœur,de l’aorte ou d’autres gros vaisseaux. Même avec un excellent système desecours, seul un petit nombre de patients peut avoir une chance de survie. Onadmet aussi que cette probabilité de survie est quasi nulle lorsque la cause del’arrêt cardiaque est une hypovolémie. Si l’on considère les traumatismes

Tableau 1 –

Étiologie des arrêts cardiaques d’origine traumatique

Origine

Hypovolémie

Hémorragie

Lésion myocardique

Contusion sévère

Tamponnade

Rupture paroi oreillette, ventricule, pilier valve...

Trouble du rythme, commotio cordis

Lésion broncho-pulmonaire

Contusion pulmonaire sévère

Rupture trachéo-bronchique

Pneumo ou hémothorax compressif

Embolie gazeuse

Lésion cérébro-médullaire

Traumatisme crânien grave

Lésion médullaire

Autres

Hypothermie

Asphyxie (noyade, avalanche...)

Iatrogénie (VVC, drain thoracique...)

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ARRÊT CARDIAQUE

pénétrants du thorax, 77 % des décès immédiats sont dus à une plaie du cœurou des gros vaisseaux. En cas de traumatisme thoracique fermé, sur des sériesautopsiques, des lésions cardiaque ou de l’aorte sont fréquemment observées(cœur : 10 à 76 % des cas ; aorte : 15 à 40 % des cas). La mortalité immédiatedes ruptures aortiques est estimée à 80-90 %, et survient essentiellement sur leslieux de l’accident, bien avant l’arrivée à l’hôpital. Enfin, il faut souligner quel’autopsie de patients décédés dans un service d’urgence, infirme la cause sup-posée du décès dans 15 % des cas. Ceci confirme la difficulté d’établir avec cer-titude l’origine de l’arrêt cardiaque chez un patient traumatisé.

3. Pronostic

Le pronostic d’un arrêt cardiaque post traumatique est mauvais puisque lasurvie est voisine de 2 % avec souvent de lourdes séquelles cérébrales

(1)

.Dans une série française récemment publiée, la survie sur un petit collectif de129 patients était de 0,9 % à un an. Plus de 94 % de ces patients avaient étévictimes d’un traumatisme fermé et aucun d’entre eux n’avait bénéficié de tho-racostomie décompressive

(2)

. Une revue de la littérature effectuée en 2005,lors de l’élaboration des recommandations de l’

European ResuscitationCouncil,

établissait la survie globale après un arrêt cardiaque traumatique à2,2 % (extrêmes 0,3-7 %), avec des séquelles neurologiques présentes chezplus de 99 % des patients survivants

(1)

. Il faut souligner qu’une distinctionétait effectuée entre traumatismes fermés et traumatismes pénétrants. Ainsi,sur les 1 242 patients victimes d’un arrêt cardiaque après traumatisme fermé,seuls 19 patients (1,5 %) avaient survécu, dont 2 (0,16 %) sans séquelle neu-rologique majeure. Sur les 839 patients victimes d’un arrêt cardiaque aprèstraumatisme pénétrant, seuls 16 patients (1,9 %) avaient survécu, dont 12(1,4%) sans séquelle neurologique majeure. Si dans ces différents travaux, lepronostic était particulièrement mauvais, il existe également des travaux quirapportent des survies de plus de 60 % dans certains sous-groupes de patientssélectionnés. Ces différences sont essentiellement liées au type de traumatismeétudié (trauma pénétrant

vs

. trauma fermé), aux critères d’inclusion (arrêt car-diaque en pré ou en intrahospitalier), mais également à l’organisation du sys-tème de prise en charge de la traumatologie.

3.1. Facteurs pronostiques

À partir des nombreuses études rétrospectives effectuées sur la prise en chargepréhospitalière et hospitalière des arrêts cardiaques traumatiques, il est possibled’individualiser certains facteurs plutôt de bon pronostic et d’autres au contraireplutôt de mauvais pronostic. Certains de ces facteurs sont communs aux arrêtscardiaques non traumatiques (âge, présence de témoin, RCP par un témoin,délai de prise en charge médicale).

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ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE

3.1.1. Facteurs de bon pronostic

– Survenue d’un arrêt cardiaque dans les suites d’un traumatisme pénétrant encomparaison avec un traumatisme fermé

(7)

.

– En cas de traumatisme pénétrant : localisation thoracique (

a fortiori

lorsqu’elleest isolée), lésion cardiaque unique, existence d’une tamponnade, plaie par armeblanche

vs

. par arme à feu.

– Persistance d’une activité pupillaire, de mouvements spontanés, d’une activitéECG encore organisée avec une fréquence cardiaque > 40 b/ min

(8)

.

– Survenue de l’arrêt cardiaque en présence d’un médecin expérimenté

(8)

.

– Survenue de l’arrêt cardiaque en intrahospitalier plutôt qu’en préhospi-talier

(8)

.

– Diagnostic et traitement rapide des causes curables à l’origine de l’arrêtcardiaque : exsufflation d’un pneumothorax compressif, péricardotomie en casde tamponnade

(3, 9, 10)

.

3.1.2. Facteurs de mauvais pronostic

– Arrêt cardiaque de plus de 10 min.

– Survenue successive de plusieurs arrêts cardiaques.

– Manœuvres de réanimation prolongées sans reprise d’une activité circulatoireefficace spontanée, supérieures à 5 min en cas de traumatisme fermé et à 15min en cas de traumatisme pénétrant.

– Absence de tout signe de vie, en particulier après un traumatisme fermé.

– Temps de transfert hospitalier prolongé (> 10 min), sans reprise d’une activitécirculatoire efficace spontanée.

– En cas de traumatisme pénétrant, présence d’un choc hémorragique.

– Présence d’un traumatisme crânien grave.

– Association de lésions multiples.

4. Prise en charge spécifique des arrêts cardiaques traumatiques

Les

Recommandations Formalisées d’Experts

(www.sfar.org) publiées en 2006,reprennent en grande partie les diverses recommandations publiées sur l’arrêtcardiaque (

American College of Surgeon Committee on Trauma

, 2003 ;

Euro-pean Resuscitation Council

, 2005 ; l’

American Heart Association

, 2005) et lesadaptent à la pratique médicale française. Toutes ces recommandations insistentsur le fait que d’une part, la prise en charge d’un arrêt cardiaque d’origine trau-matique est identique à celle effectuée pour tout arrêt cardiaque d’origine« médicale », avec une attention particulière portée sur les voies aériennes, laventilation et la circulation, et d’autre part, sur la nécessité de connaître et

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ARRÊT CARDIAQUE

dépister les étiologies réversibles pouvant être à l’origine d’un arrêt cardiaqueaprès un traumatisme (fibrillation ventriculaire, pneumothorax compressif, tam-ponnade, hypovolémie et hypothermie).

4.1. Intubation

Chez des patients en arrêt cardiaque après un traumatisme pénétrant, la réali-sation d’une intubation trachéale préhospitalière permet de prolonger le tempsmaximal pour lequel une survie peut être observée après thoracotomie : 9,4 minavec intubation versus 4,2 min sans intubation. Il faut souligner le risque plusélevé d’échec et de non tentative d’intubation trachéale chez les patientsvictimes d’un arrêt cardiaque traumatique, en comparaison avec ceux victimesd’un arrêt cardiaque non traumatique. La difficulté de l’intubation orotrachéaleest liée aux conséquences du traumatisme (présence de sang, sécrétions, vomis-sements et/ou divers débris, modifications anatomiques...), ainsi qu’aux condi-tions environnementales (position du patient parfois incarcéré). En revanche, lemaintien théoriquement nécessaire du respect de l’axe du rachis cervical pendantla procédure risque de majorer les difficultés d’intubation, sans que le bénéficed’une telle attitude ne soit prouvé chez un patient en arrêt cardiaque post-traumatique.

4.2. Thoracotomie

Le meilleur pronostic de l’arrêt cardiaque est observé chez les patients victimesd’un traumatisme thoracique pénétrant isolé, et plus spécifiquement chez ceuxprésentant une lésion cardiaque unique. Ceci est essentiellement lié à la possibi-lité de réaliser rapidement une thoracotomie d’hémostase

(4, 9-17)

. Ainsi, chezles patients en arrêt cardiaque après un traumatisme cardiaque pénétrant, maisprésentant encore des signes de vie (activité ECG et/ou pupillaire), une thoraco-tomie peut permettre d’espérer un taux de survie au-delà de 30 % à conditiontoutefois que les temps de prise en charge préhospitalier soient courts. Lorsquel’arrêt cardiaque survient en salle de déchocage, la thoracotomie peut mêmepermettre d’atteindre un taux de survie de 64 %

(18)

. Il existe plusieurs travauxréalisés en préhospitalier et décrivant la réalisation d’une thoracotomie pour desarrêts cardiaques réfractaires compliquant des traumatismes pénétrants. Ainsi,sur une série de 39 patients, une survie voisine de 10 % a été observée

(10)

. Ontrouve également dans la littérature des cas cliniques avec des survies inespérées(Angleterre, Espagne)

(12, 13)

.

À l’opposé, chez les patients qui présentent un traumatisme fermé, les résultatsne sont pas aussi bons et sur une série très récente de thoracotomie préhospi-talière, une survie de 3,2 % a été observée

(9)

. Au déchocage, les résultats sontles mêmes avec des taux de survie très faibles. Il est ainsi proposé de réserver lesindications de thoracotomies de sauvetage au déchocage aux seuls patients pré-sentant un arrêt cardiaque préhospitalier de moins de 5 min (versus 15 min aprèsun traumatisme pénétrant), ou un arrêt cardiaque survenant après l’arrivée àl’hôpital

(8, 11)

. Cependant, Fialka

et al.

ont récemment rapporté 4 cas de survie

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ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE

parmi 39 patients en arrêt cardiaque depuis moins de 20 min après un trauma-tisme fermé abdominal et/ou thoracique, et chez lesquels une thoracotomie avaitété réalisée en salle d’urgence ou au bloc opératoire

(14)

.

4.3. Causes curables à l’origine d’un arrêt cardiaque traumatique

Lors de la prise en charge d’un patient en arrêt cardiaque après un traumatisme,il est impératif de vérifier qu’une étiologie facilement curable n’est pas à l’originede l’arrêt cardiaque.

4.3.1. Obstruction des VAS

Une obstruction des voies aériennes peut être à l’origine d’un arrêt cardiaquehypoxique, pour lequel l’intubation et la ventilation mécanique peuvent rapide-ment permettre de restaurer une activité cardiaque. En cas de traumatismelaryngé, une intubation oro-trachéale voire une crico-thyroïdotomie permetd’assurer une ventilation efficace jusqu’à l’arrivée à l’hôpital. Une asphyxie ouune compression thoracique peuvent également être à l’origine d’un arrêt car-diaque hypoxique.

4.3.2. Épanchement pleural compressif

Un pneumothorax ou un hémothorax compressif peuvent être responsables d’unarrêt cardiaque en créant une véritable tamponnade gazeuse ou liquidienne, quiva nécessiter une évacuation rapide par exsufflation à l’aiguille ou thoracotomie,suivie éventuellement par la mise en place d’un drain thoracique

(19, 20)

. Chezun patient victime d’un traumatisme thoracique, la survenue d’un arrêt cardia-que, peu de temps après l’intubation trachéale et l’instauration de la ventilationmécanique, doit en priorité faire suspecter la survenue d’un pneumothoraxcompressif

(21, 22)

.

Il est actuellement fortement suggéré de réaliser systématiquement une thora-costomie bilatérale en cas d’arrêt cardiaque réfractaire dans les suites d’un trau-matisme fermé, au-delà de 10 minutes de réanimation cardio-pulmonaireinefficace (Figure 1). Cette attitude est justifiée par la possibilité assez fréquentede retrouver un pneumothorax compressif. Dans un travail récemment publié,20 % de pneumothorax compressifs étaient ainsi observés

(23)

. De plus, il a éga-lement été montré, sur une série de 757 patients, que le fait de mettre en placeun drain thoracique (équivalent à une thoracostomie) était associé, chez lepatient en arrêt cardiaque réfractaire, à une augmentation de la probabilité desurvie

(3)

.

4.3.3. Épanchement péricardique compressif (tamponnade)

Un hémopéricarde ou un épanchement péricardique, accompagné ou non d’unetamponnade, peut survenir après toute lésion cardiaque traumatique, en parti-culier après un traumatisme thoracique pénétrant. Il s’observe de manière excep-tionnelle en cas de traumatisme fermé

(24)

. À l’inverse, en cas de plaie du cœur,si un épanchement péricardique s’observe fréquemment, l’absence d’épanche-

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ARRÊT CARDIAQUE

ment péricardique n’exclut en aucun cas une plaie du cœur car si la plaie estimportante, le péricarde étant constamment traversé, le sang se déverse alorsdans la plèvre (30 % des cas). En cas de traumatisme pénétrant, un hémothoraximportant doit ainsi faire systématiquement évoquer une plaie cardiaque.

La mortalité immédiate de ces traumatismes cardiaques majeurs est habituelle-ment élevée en raison d’arrêts cardiaques immédiats, mais il a été rapporté descas d’arrêt cardiaque plus tardifs, par exemple liés à une rupture péricardique derévélation secondaire. En effet, la présence de l’enveloppe péricardique permetde retarder une hémorragie massive au prix d’une compression réalisant unetamponnade

(25)

. Ce phénomène de tamponnade peut parfois permettre aublessé d’arriver vivant à l’hôpital, et a même été récemment individualisé en tantque facteur de survie

(10)

. Chez le patient traumatisé hypovolémique, un hémo-péricarde modéré ou localisé en regard d’une seule cavité cardiaque peut avoir

Figure 1.

* Dans l’hypothèse de réaliser une thoracotomie de sauvetage.

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ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE

un retentissement hémodynamique majeur et exposer au risque de désamorçagehypovolémique. Dans ce cas, lorsque la compression des cavités cardiaques pro-voque une adiastolie, une ponction péricardique salvatrice par voie sous-xiphoïdienne est possible, geste qu’il est possible d’effectuer si nécessaire dès laprise en charge préhospitalière

(21, 22)

. En revanche la ponction péricardique àl’aveugle après un traumatisme fermé n’est pas recommandée, car ce gesteexpose alors à de nombreuses complications. En milieu hospitalier, c’est l’écho-cardiographie transthoracique qui permet de confirmer la tamponnade et deguider une éventuelle ponction décompressive d’urgence ou de faire réaliser unepéricardotomie.

4.3.4. Hypovolémie

Devant un arrêt cardiaque chez un patient victime d’un traumatisme fermé oupénétrant, un désamorçage hypovolémique doit être évoqué en premier lieu, etun remplissage vasculaire rapidement débuté. Le choc hémorragique représenteen effet une large proportion des décès des patients polytraumatisés, aussi biencivils (31 %) que militaires (47 %). Chez un patient polytraumatisé hypovolé-mique apparemment stable, un arrêt cardiaque par désamorçage peut être pro-voqué par une modification brutale de la distribution du volume sanguincirculant : levée d’une compression (levée du tableau de bord, dégonflage ino-piné du pantalon antichoc, voire parfois simple déshabillage du blessé...), unchangement de position brutal (brancardage...), ou l’induction d’une anesthésiegénérale.

Le traitement de l’arrêt cardiaque hypovolémique chez le patient en état de chochémorragique repose sur un remplissage vasculaire rapide associé à l’administra-tion d’adrénaline, et si besoin à la mise en place de garrot. Dans ce contexted’hypovolémie, l’administration d’atropine est formellement contre-indiquée enraison du risque de désamorçage de la pompe cardiaque. Il faut noter que lemassage cardiaque externe en cas d’arrêt cardiaque hypovolémique ne permetpas d’assurer une perfusion périphérique correcte, même si les valeurs de pres-sion artérielle systolique obtenues sont proches de la normale (26). Lorsqu’elleest indiquée, une thoracotomie permet d’effectuer non seulement un massagedirect du cœur, plus efficace que le massage cardiaque externe, mais surtoutpermet de contrôler une hémorragie d’origine thoracique et/ou de réaliser unclampage de l’aorte thoracique descendante (11).

4.3.5. Fibrillation ventriculaire

Le rythme cardiaque le plus souvent observé lors d’un arrêt cardiaque trauma-tique est généralement une asystolie ou une dissociation électromécanique, alorsque la fibrillation ventriculaire est rare dans ce contexte (1). Néanmoins, un défi-brillateur doit toujours être prêt à l’usage et un monitoring du rythme cardiaquesystématiquement installé, d’autant plus qu’une pathologie d’origine cardiaquea pu être à l’origine du traumatisme et expliquer la présence d’une fibrillationventriculaire.

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478 ■ ARRÊT CARDIAQUE

Une entité physiopathologique particulière à l’origine de fibrillations ventricu-laires post-traumatiques a été individualisée depuis plusieurs années : le« commotio cordis » (27, 28). Dans la majorité des cas, les patients sont victimesd’un choc thoracique « à basse énergie » lors de la pratique d’un sport collectif(balle de base-ball, sports de contacts ou de combats...), mais il est aussi pro-bable que ce type d’arrêt cardiaque puisse survenir à l’occasion d’autres types detraumatismes dans lesquels survient un impact thoracique : rixes, accidents de lavoie publique ou chutes... Le mécanisme à l’origine de ce trouble du rythme aété décrit expérimentalement et il a été montré que l’impact d’un projectile assi-milable à une balle de base-ball projetée à près de 50 km/h sur l’aire précordiale30 à 15 ms avant le sommet de l’onde T était susceptible de déclencher unefibrillation ventriculaire (28). On observe également que bien que les victimessoient généralement des sujets jeunes et sportifs en bonne santé, le pronostic deces arrêts cardiaques traumatiques est mauvais avec un taux de survie voisin de15 % (27).

4.3.6. Hypothermie

Chez le patient traumatisé, l’hypothermie accidentelle est très fréquente et d’ori-gine multifactorielle (prise en charge tardive et/ou en en période hivernale,intoxications alcoolique et/ou médicamenteuse associées, déshabillage du blessé,remplissage vasculaire massif et/ou transfusion de produits sanguins insuffisam-ment réchauffés, anesthésie...). Elle peut le plus souvent être évitée ou limitéepar une stratégie de prévention lors de la phase préhospitalière (29). Elle est àcombattre impérativement en raison des troubles de la coagulation sanguine quiapparaissent dès que la température s’abaisse en dessous de 34 °C. De même,une hypothermie en dessous de 28 °C est susceptible d’entraîner un arrêt car-diaque avec un état de mort apparente. En l’absence de traumatisme sévèreassocié et d’hypoxie responsable de l’arrêt cardiaque, cette hypothermie, quandelle conduit à une bradycardie extrême ou à un arrêt cardiaque, en plus d’uneréanimation cardio-pulmonaire, est alors susceptible de bénéficier d’un réchauf-fement par circulation extracorporelle dans certaines conditions (30).

5. Proposer des pistes pour améliorer la survie

5.1. Hypothermie profonde induite (« Suspended Animation »)

Lorsque l’arrêt cardiaque est dû à une hémorragie non contrôlée ou lorsqu’iln’est pas possible de contrôler le processus hémorragique, l’objectif de l’induc-tion d’une hypothermie profonde (avec arrêt cardiaque si celui-ci n’est pas pré-sent initialement) serait de prolonger la durée de tolérance de l’organisme vis-à-vis de l’arrêt cardiaque pour réaliser une hémostase chirurgicale (31). Ce conceptappelé « suspended animation », que l’on peut traduire par « hibernation » adonné lieu à plusieurs études expérimentales dont les plus récentes montrentqu’après un arrêt cardiaque par choc hémorragique chez le chien ou le cochon,

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ARRÊT CARDIAQUE TRAUMATIQUE

une hypothermie à 10 °C pendant une heure permet d’obtenir un taux de surviede 100 % en l’absence de traumatisme, et de 30 % à 90 % lorsqu’un trauma-tisme est associé au choc hémorragique (32). Chez l’homme, on retrouve2 séries qui ont concerné des patients ayant présenté des états de choc hémor-ragiques non contrôlés par la chirurgie et pour lesquels a été induit un arrêt car-diaque hypothermique ou une hypothermie profonde en cas d’arrêt cardiaqueper-opératoire (33, 34). La place de cette technique, encore quasiment expéri-mentale, ainsi que ces indications restent néanmoins à préciser. La populationcible pourrait être les patients arrivant en très grande détresse circulatoire, pré-sentant un traumatisme cardiaque et/ou bronchique majeur, enfin un arrêt car-diaque de moins de 15 minutes.

5.1.1. Thoracostomie

Il est actuellement proposé de réaliser systématiquement une thoracostomie bila-térale en cas d’arrêt cardiaque réfractaire (Figure 1). Cette proposition repose surla présence non rare dans les suites d’un traumatisme d’un pneumothoraxcompressif mais également sur le fait que dans un travail assez récent, il a étémontré que le fait de mettre un drain thoracique en cas d’arrêt cardiaque post-traumatique augmentait la probabilité de RACS et de survie à 24 h (3). On peutainsi considérer que le rapport bénéfice-risque est en faveur de la réalisation de lathoracostomie bilatérale, à condition de réaliser ce geste correctement (19, 35, 36).

5.1.2. Thoracotomie préhospitalière/intrahospitalière

Il est actuellement suggéré de réaliser des thoracotomies de sauvetage en casd’arrêt cardiaque traumatique ou de situations hémodynamiques catastro-phiques ne répondant pas au remplissage vasculaire pour faire l’hémostased’une lésion intra-thoracique ou évacuer un épanchement péricardique compres-sif, procéder au clampage de l’aorte thoracique, réaliser un massage cardiaqueinterne. Ces thoracotomies de sauvetage sont d’autant plus efficaces qu’il s’agitd’un traumatisme pénétrant du thorax, que la distance pour atteindre l’hôpitalest courte (< 10 min) et que l’arrêt cardiaque survient à l’hôpital (7, 11).

Ces thoracotomies sont classiquement réalisées à l’hôpital mais il a été proposé deles réaliser sur des patients en arrêt cardiaque réfractaire en préhospitalier, avanttout, pour des traumatismes pénétrants du thorax mais également en cas de trau-matismes fermés (9). Des résultats intéressants ont ainsi été obtenus par l’équipedu London Helicopter Emergency Medical System (10), mais ont égalementconduit à la publication de 2 cas cliniques à Barcelone et en Angleterre (12, 13).

6. Conclusion

Si l’arrêt cardiaque post-traumatique reste grevé d’un mauvais pronostic, avec untaux de survie moyen de l’ordre de seulement 2 %, il faut garder à l’esprit quece pronostic est en réalité similaire à celui de l’arrêt cardiaque d’origine médicale.

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480 ■ ARRÊT CARDIAQUE

Une réanimation doit toujours être tentée, car la littérature fait état de nom-breux cas de survies inespérées chez des patients qui n’auraient théoriquementpas dû être réanimés si les recommandations de « non-réanimation » en vigueuravaient été effectivement appliquées. En particulier, il est indispensable d’identi-fier rapidement certaines causes curables, tels le pneumothorax compressif, ledésamorçage hypovolémique et la commotio cordis, car leur traitement spéci-fique peut permettre de restaurer une activité cardiaque spontanée efficace, etainsi améliorer le pronostic de survie de ces patients.

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