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REPUBLIQUE DE GUINEE Travail – Justice – Solidarité --------------------- MINISTERE DE L’ACTION SOCIALE, DE LA PROMOTION FEMININE ET DE L’ENFANCE (MASPFE) DIRECTION NATIONALE DE L'ENFANCE (DNE) Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits et du Bien-être de l'Enfant en Guinée (PNPDBE) Conakry, mai 2015

Politique Nationale de Promotion et de Protection des

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REPUBLIQUE DE GUINEE

Travail – Justice – Solidarité

--------------------- MINISTERE DE L’ACTION SOCIALE, DE LA PROMOTION FEMININE

ET DE L’ENFANCE (MASPFE)

DIRECTION NATIONALE DE L'ENFANCE

(DNE)

Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits et du Bien-être de l'Enfant en Guinée (PNPDBE)

Conakry, mai 2015

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Sommaire ACRONYMES .............................................................................................................................................................................................. 3

PREFACE ............................................................................................................................................... Erreur ! Signet non défini.

INTRODUCTION ....................................................................................................................................................................................... 5

I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION ................................................................................................................................................ 7

1.1. Cadre politique de la protection de l’enfant ......................................................................................................... 7

1.2. Cadre juridique de la protection de l’enfant .................................................................................................... 11

1.3. Cadre institutionnel de la protection de l’enfant ........................................................................................... 13

1.4. Situation des enfants ................................................................................................................................................... 14

1.5. Analyse du système de protection des enfants (SPE) actuel ...................................................................... 19

1.6. Conclusion sur le contexte actuel .......................................................................................................................... 21

II. LA POLITIQUE NATIONALE DE PROTECTION ET DE PROMOTION DES DROITS ET DU BIEN ETRE DE

L’ENFANT (PNPDBE) .......................................................................................................................................................................... 21

2.1. Vision stratégique ........................................................................................................................................................ 22

2.2. Objectifs de la PNPDBE pour les dix prochaines années ............................................................................. 22

2.3. Principes, approches et valeurs ............................................................................................................................. 23

2.4. Le renforcement du Système de Protection de l’Enfant en Guinée ......................................................... 24

2.5. Problèmes prioritaires du système national de protection des enfants .............................................. 25

2.6. Axes stratégiques de la première phase ............................................................................................................. 25

2.7. Organisation et pilotage ............................................................................................................................................ 28

2.8. Rôles et responsabilités des acteurs .................................................................................................................... 28

2.9. Collaboration intersectorielle ................................................................................................................................. 30

2.10. Conclusion générale ............................................................................................................................................... 30

DOCUMENTS CONSULTES ................................................................................................................................................................ 32

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ACRONYMES AFA Aide à la famille Africaine AGUIAS Association Guinéenne des Assistantes Sociales ASED Association sauvons les enfants déshérités AIME Aide à intégration Mère et Enfants APIC Association pour la promotion des initiatives communautaires CADBE Charte Africaine de Droit et du Bien-être de l’Enfance CANEPE Coordination des acteurs non étatique pour la protection de l’enfant CCPE Comité communautaire de protection de l’enfant CDE Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant CEADBE Comité Africain des Experts sur les Droits et du Bien-être CEDEF Convention pour l’Elimination des Discrimination envers les Enfants et les Femmes CG Comité de gestion CIDPH Convention Internationale Des Personnes Handicapées CLEF Conseil Local pour l’Enfant et la Famille CLPE Comité local de protection de l’enfant CNLS CNLTP CNE

Comité National de Lutte contre le Sida Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes Commission Nationale de l’Eau

CNPRH Commission Nationale de Population et des Ressources Humaines COLTE/CDE Coalition des ONG de Protection et de Promotion des Droits de l’Enfant, Luttant Contre la Traite CONAG-DCF Coalition nationale de guinée pour les droits et la citoyenneté des femmes CPAP Plan d’Action du Programme de Pays CPN Consultation prénatale CPPE Comité préfectoral de protection de l’enfant CR Communauté rurale CRD Communauté Rurale de Développement CRPE Comité régional de protection de l’enfant CU Commune urbaine DNE Direction Nationale de l’Enfance DNEE DNEC DNEC DNEPPE

Direction Nationale de l’Enseignement Elémentaire Direction Nationale de l’Education Civique Direction Nationale de l’Etat Civil Direction Nationale de l’Education Préscolaire et de la Protection de l’Enfance

DPE Direction préfectorale de l’éducation DPEPPE Direction Préfectorale de l’éducation préscolaire et de la protection de l’enfant DPS Direction préfectorale de la santé DREPPE Direction Régionale de l’éducation préscolaire et de la protection de l’enfant DSEE Délégué sous préfectoral de l’enseignement élémentaire DSPE Dispositif Standard de Protection de l’Enfance à Base communautaire DSRP 3 Document stratégique de réduction de la pauvreté ECL Enfant en conflits avec la loi EDS-MICS Enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples EIBEP Enquête intégrée de base pour l’Evaluation de la pauvreté ENI Ecole normale d’instituteurs EPT Education pour tous FAS Femmes Africa Solidarité FIDA FIERE FFOM

Fonds international pour le développement de l’agriculture Filles éduquées réussissent Force, faiblesses, opportunités et menaces

FIL Fonds d’Investissement Local HIMO Haute intensité de la main d’œuvre IEC Information Education Communication IRASPFE Inspection régionale des affaires sociales et de la protection de l’enfance IRC International Rescue Committee ISF Indice synthétique de fécondité LMD Licence Master Doctorat LPN/DDL Lettre de Politique Nationale de Développement Durable Local MAC Maison d’Arrêt de Conakry MASPFE Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l’Enfance MCL Mineurs en conflits avec la loi MDE Monde des Enfants MGF / E Mutilation génitales féminines et excision NTIC Nouvelle technologies de l’information et de la communication OCB Organisation communautaire de base OEV Orphelins enfants vulnérables OGE Organes génitaux externes OIT Organisation Internationale du travail

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OMD Les objectifs du millénaire pour le développement OMS Organisation Mondiale de la Sante ONG Organisation non gouvernementale OPJ Officier de police judiciaire OPROGEM Office de promotion du genre, de l’enfant et des mœurs OSC Organisation de la société civile OUA Organisation de l’unité Africaine PACV Programme d’Appui aux Communautés Villageoises PBF Prévention Basée sur les violences faites aux femmes PDL Plan de Développement Local PE Protection de l’enfant PEG Parlement des Enfants de Guinée PFTE Pires formes de travail des enfants PIB Produit intérieur brut PNIASA Plan national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire PNRSE Programme National de Réintégration Socioéconomique PPP Partenariat Public Privé PV Procès-verbal PVAVIH Personne vivant avec le VIH/SIDA RGPH-3 Recensement général de la population et de l’habitation (troisième) SERACO Service régional d’action et de coordination des ONG SG Secrétaire général SIDA Syndrome immuno déficience acquise SPE Système de protection de l’Enfant SP-SRP Secrétariat Permanent de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté SRP Stratégie de réduction de la pauvreté TAMA TBA

Taux d’accroissement moyen annuel Taux brut d’admission

TBS Taux brut de scolarisation Tdh Terre des Hommes TIG Travaux d’intérêt général TPE Tribunal pour enfants UNFPA Fonds des Nations Unies pour la Population UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance USD Dollars des Etats unis VIH Virus de l’Immunodéficience Humaine

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PREFACE

La présente Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits et du Bien-être de l'Enfant en Guinée exprime la volonté du Gouvernement de mettre les enfants au centre des projets de société. Elle prend en charge tous les changements significatifs intervenus au cours de cette décennie, dans le domaine des droits et du bien-être des enfants, tant au niveau international et que national. Elle remplace, tout en l’intégrant, la Politique Nationale de l'Education Préscolaire et de la Protection des Enfants, élaborée en 2007. Cette volonté politique s’est manifestée au cours de ces deux dernières décennies, à travers plusieurs mesures concrètes, notamment la mise en place d’un cadre institutionnel et l’adoption de nombreux instruments juridiques de protection des enfants. On note ainsi, la mise en place du comité guinéen de suivi des droits de l’enfant(1995), la promulgation de la loi portant code de l’enfant guinéen (2008), l’adoption d’un dispositif standard de protection de l’enfant à base communautaire (2010), l’organisation du premier forum national sur l’enfance (2012), la signature d’accords et de traités bilatéraux et multilatéraux relatifs à la mobilité et à la protection de l’enfant, la participation active de la Guinée aux rencontres régionales et internationales sur les droits et la protection des enfants. Cependant, malgré ces mesures, les enfants restent encore vulnérables et connaissent des violations récurrentes de leurs droits fondamentaux. Cette situation s’est davantage accentuée pendant ces dernières années avec un faible accès aux services sociaux de base et la prévalence de certaines problèmatiques émergentes.. Ainsi, la Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits et du Bien-être de l’Enfant vient combler les lacunes de la Politique Nationale de l’Enfance de 2007 tout en prenant en compte les préoccupations, mais aussi les expériences et les apports de l’ensemble des acteurs intervenant dans le domaine de l’enfance en Guinée. Elle renforcera, avec la participation active des familles et communautés, la coordination et la complémentarité des interventions à travers une articulation entre les mécanismes institutionnel et communautaire de protection. Elle continuera à s’appuyer sur le dispositif standard de protection de l’enfant à base communautaire et mettra l’accent sur la prévention. Elle continuera cependant à prendre en charge des enfants victimes d’abus, de maltraitance, d’exploitation, de négligence et de violence.

L’atteinte des résultats escomptés en faveur de l’enfant guinéen dépend non seulement de la mobilisation des partenaires techniques et financiers, tant nationaux qu’étrangers mais aussi des différents acteurs de terrain.

La mise en œuvre de cette Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits et du Bien-être de l’Enfant s’étend sur une période de 10 ans, et sera soutenue durant ce processus par un suivi-évaluation périodique en vue de garantir son succès (ou l’atteinte de ses objectifs).

Sékou KONATE

Directeur National de l’Enfance

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INTRODUCTION En novembre 2012, conformément aux recommandations du Forum sur l’enfance organisé en juin de la même année, la Direction Nationale de l’Education Préscolaire et de la Protection de l’Enfance (devenue depuis avril 2014 Direction Nationale de l’Enfance) a décidé de réviser la Politique Nationale de l'Education Préscolaire et la Protection de l’Enfance qui datait de 2007. La Coordination des Acteurs Non Etatiques de la Protection des enfants (CANEPE) a soutenu cette décision qui va dans le sens des préoccupations de tous ses membres. Les observations finales du Comité des Droits de l’Enfant concernant le deuxième rapport périodique sur la mise en œuvre de la CDE en Guinée, lors de sa session du 14 janvier au 1er février 2013 ont confirmé la pertinence d’une révision de la politique nationale de protection des enfants.

Par ailleurs, une analyse préliminaire de la situation des droits de l’enfant en Guinée a révélé plusieurs évolutions du contexte national qui renforcent encore plus la pertinence de cette révision :

L’accentuation ces dernières années, de la vulnérabilité des enfants ; Des réponses insuffisantes aux problèmes actuels de protection des enfants ; Des thématiques et des approches émergentes en matière de protection des enfants insuffisamment

prises en compte, notamment la mobilité des enfants, l’approche systémique, l’environnement protecteur des enfants etc.;

La nécessité d'une politique sectorielle relative aux enfants, globale et intégrée aux autres politiques et stratégies sectorielles.

La démarche méthodologique adoptée à cet effet s’est basée sur l’utilisation maximale des cadres de la DNE et des organisations membres de la CANEPE, en faisant appel à des consultants le moins possible.

Le processus de révision de la Politique Nationale de l'Education Préscolaire et la Protection de l’Enfance n’a démarré qu’en 2014, en raison, non seulement de la situation socio politique qui a prévalu en 2013, mais aussi des délais inhérents à la démarche participative et inclusive qui a été adoptée. Après la mobilisation des ressources financières, la Direction Nationale de l’Enfance et les organisations membres de la CANEPE ont mis en place un comité de pilotage. Ce dernier a mis en place à son tour une équipe de recherche dirigée par un consultant international et comprenant un cadre de la DNE et un cadre de la CANEPE. Cette équipe a été chargée d’organiser des concertations et des études afin de produire :

un rapport de revue documentaire sur la situation des droits et du bien-être de l’enfant en Guinée, un rapport d’analyse du système de protection de l’enfant en Guinée, un document de politique nationale de promotion et de protection des droits et du bien-être de

l’enfant (PNPDBE). Les principaux acteurs concernés par la protection des droits et le bien-être de l’enfant ont été consultés et fortement impliqués à travers des entrevues individuelles et/ou des ateliers. Ce processus participatif a abouti à un consensus sur les principales orientations de la nouvelle version de la politique nationale de protection de l’enfant. Le présent document, résultant de tout ce processus comprend deux parties. La première partie décrit le contexte et la justification de la révision de la politique nationale de l’éducation préscolaire et de la protection de l’enfance qui date de 2007. Il s’agit notamment du cadre politique, légal et institutionnel ainsi que de l’analyse de la situation des enfants. La deuxième partie présente la nouvelle politique intitulée « La politique nationale de protection et de promotion des droits et du bien-être de l’enfant ». Elle décrit la vision, les objectifs et les orientations prioritaires de la nouvelle politique ainsi que les aspects organisationnels de sa mise en œuvre.

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I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

1.1. Cadre politique de la protection de l’enfant Ces deux dernières décennies, les autorités politiques et le législateur guinéen ont prouvé, à travers plusieurs mesures concrètes, leur engagement pour le renforcement de la protection des droits des enfants et l’amélioration de leur bien-être. Parmi ces mesures on peut citer la mise en place d’un cadre institutionnel et l’adoption de nombreux instruments juridiques favorisant une meilleure protection des enfants. On note ainsi, la mise en place du comité guinéen de suivi des droits de l’enfant(1995), l’élaboration de la Politique Nationale de l’Education Préscolaire et de la Protection de l’Enfance (2007), la promulgation de la Loi portant Code de l’Enfant (2008 1 ), l’adoption d’un dispositif standard de protection à base communautaire 2 , l’organisation du premier Forum National sur l’Enfance (2012 3 ), la signature d’accords et de traités bilatéraux et multilatéraux relatifs à la protection de l’enfant, la participation active aux rencontres régionales et internationales sur les droits et la protection des enfants.

1.1.1 La Politique Nationale de l’Education Préscolaire et de la Protection de l’Enfance de 2007

En 2007, le Ministère des Affaires Sociales, de la Condition féminine et de l’Enfance, à travers la Direction nationale de l’Education Préscolaire et de la Protection de l’Enfance, s’est engagé avec l’appui de l’Unicef à réviser la politique nationale en matière d’éducation préscolaire et de protection de l’enfance de la rendre plus cohérentes avec le contexte socio politique et économique et les priorités de la Guinée. Ce document de politique qui traduisait l’engagement de la République de Guinée en faveur de l’enfance a eu comme source d’inspiration :

La Convention relative aux droits de l’Enfant de 1989 ; Les Objectifs de l’EPT adoptés à Dakar en 2000 ; Les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Ses principales forces sont : La prise en compte du contexte sociopolitique et économique de la Guinée les dix années

précédentes; L’orientation vers le futur, en s’efforçant de dégager les tendances dominantes, en termes de

problèmes de protection et de pratique des acteurs ; Le choix d’une approche à base communautaire pour le développement intégré de la petite enfance.

Les principales faiblesses de cette politique nationale sont : La non prise en compte de ses liens avec d’autres politiques sectorielles telles que celles de

l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’hygiène, de la justice etc. ; La simple juxtaposition des deux volets éducation préscolaire et protection de l’enfance sans

mettre suffisamment en évidence les liens entre eux ; L’analyse de situation insuffisante en ce qui concerne le volet protection ; L’approche cloisonnée ciblant seulement quelques catégories d’enfants vulnérables ; La faible cohérence entre le cadre d’intervention qui a été défini et les vulnérabilités qui sont

ciblées ; La faible attention accordée aux questions de pilotage, de coordination et de partenariat ; La primauté accordée aux éléments formels par rapport aux éléments informels du système de

protection.

1 Sur la base des recommandations du comité de suivi des droits de l’enfant de Genève, la Guinée a adopté en 2008 un code de l’enfant qui fait une synthèse des principaux instruments juridiques internationaux, sous régionaux et nationaux de défense et de protection des droits des enfants. 2 Avec l’appui des partenaires techniques et financiers, les autorités en charge des questions de protection ont adopté un outil et un schéma présentant les procédures d’intervention en matière de protection des enfants en Guinée. Cet outil connu sous le nom de dispositif standard de protection des enfants à base communautaire (DSPE) est le résultat d’un processus qui a commencé en 2006 et qui a été révisé en 2009. 3 La Guinée a organisé en 2012, son premier forum national sur l’enfance. Ce forum qui a regroupé l’essentiel des acteurs et institutions de protection des enfants a fait des recommandations majeures qui ont été remises au gouvernent. La révision de la politique nationale de 2007 était l’une de ces recommandations phares.

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La prépondérance de la prise en charge des cas de violations par rapport à la prévention des violations.

Le Premier Forum National sur l’Enfance a recommandé des réorientations en vue de « placer les enfants au cœur du développement ». Les conclusions politiques et stratégiques de ce forum national ont tracé la voie à la reformulation de la présente Politique Nationale de la Protection des Droits et du Bien-être de l’Enfant (PNPDBE).

1.1.2 Autres politiques sectorielles

Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) définit les priorités nationales et doit être la référence pour toutes les politiques sectorielles. L’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux de qualité fait partie des stratégies et actions prioritaires du DSRP. Il existe par ailleurs, plusieurs secteurs qui interagissent avec la protection de l’enfant en Guinée : l’éducation, la santé/nutrition, la protection sociale, l’eau potable, la décentralisation et les forces de défense et de sécurité ainsi que de la justice, la promotion des droits de l’homme et du genre. Certaines politiques et stratégies de ces secteurs sont actuellement en cours d’élaboration. C’est le cas de l’éducation, de la santé et de la protection sociale. Il y a également des réformes sectorielles en cours (justice, sécurité et défense etc.). Tous ces processus offrent une opportunité d’intégrer la question de la protection de l’enfant dans les politiques sectorielles.

Le secteur de l’éducation : Le secteur de l’éducation comprend les composantes préscolaire, primaire, secondaire, professionnelle et universitaire. L’éducation préscolaire est placée sous la responsabilité de la DNE. Elle vise à accroitre l’accès à l’éducation préscolaire et la qualité des activités d’éveil des enfants de 0 à 5 ans. Elle est prioritairement inscrite dans la lettre de Politique Sectorielle de l’Education (LSPE), qui a été révisée en 2014, afin d’améliorer le système éducatif guinéen d’ici 2022. Un Programme Sectoriel de l’Education (PSE) intérimaire de trois années (2015-2017) est en cours de finalisation.

Ce PSE prévoit pour l’Education préscolaire : i) le renforcement de l’offre préscolaire communautaire avec notamment la prise en charge des éducateur/trices ; ii) le développement de l’offre préscolaire publique avec la construction de complexes préscolaires « témoins » dans les régions administratives et iii) le soutien à l’offre préscolaire privée (qui de nos jours encadre les 2/3 des enfants d’âge préscolaire) à travers la formation du personnel d’encadrement et de l’administration.

Une priorité est accordée à la formation initiale des éducateurs/trices qui se fera dans les Ecoles Nationales des Instituteurs (ENI). Des activités d’éducation parentale sont prévues en direction des parents qui sont les premiers éducateurs et soigneurs.

L’enseignement primaire concerne la tranche d’âge de 6 à 12 ans. La tranche d’âge 13- 19 ans, est prise en charge quant à elle dans les collèges, les lycées et les centres de formation professionnelle. Pour la période 2014-2017, le Gouvernement se propose de développer un système éducatif inclusif de qualité, capable de produire un capital humain qui réponde aux besoins des secteurs informel et moderne de l’économie. Quatre priorités sont définies : i) la poursuite de la scolarisation primaire universelle de qualité en élargissant l’éducation de base au premier cycle du secondaire et en veillant à la réduction des disparités ; ii) l’amélioration de la qualité et de la pertinence des enseignements/apprentissages à tous les niveaux ; iii) le développement des formations en adéquation avec les besoins de l’économie nationale au niveau des enseignements technique, professionnel et supérieur et iv) le renforcement de la gouvernance du secteur en améliorant le pilotage, la coordination, la déconcentration et la décentralisation. Une attention particulière sera accordée aux préoccupations transversales telles que la promotion de l’équité, l’éducation à la citoyenneté et à la paix, la lutte contre la propagation du VIH/SIDA, et la gestion des risques, des catastrophes et des conflits. En ce qui concerne les aspects plus directement liés à la protection de l’enfance, les stratégies suivantes sont

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retenues : un meilleur ciblage des zones sous scolarisées pour implanter des écoles primaires et attirer les enfants

des familles pauvres et marginalisées par des actions de sensibilisation et de soutien de la demande, notamment avec les cantines scolaires ;

la promotion et le soutien de la scolarisation des filles (sensibilisation, latrines séparées, points d’eau, bourses scolaires, activités génératrices de revenus des mères des filles, programme FIERE) ;

la formation professionnelle, à l’horizon 2022, de 27 000 apprenants dans des cycles courts et 18 000 autres dans des cycles longs ;

l’alphabétisation et la formation de 120 000 jeunes et adultes avec une priorité aux femmes dans les centres d’alphabétisation et les centres NAFA ;

la formation des éducateurs/trices dans les ENI, la fourniture d’intrants pédagogiques et ludiques ainsi que le renforcement des activités d’éveil, d’éducation nutritionnelle, sanitaire ;

la promotion d’approche favorisant l’imagination, la créativité et la participation des enfants ; la création d’un fonds d’insertion socioprofessionnelle.

Le secteur de la santé, de l’alimentation et de la nutrition La vision du Gouvernement est d’asseoir un système de santé performant, accessible et équitable, capable de satisfaire le droit à la santé de tous, en particulier les plus vulnérables. Pour réaliser cette vision, il entend relever les défis liés à : (i) la déconcentration des services de santé ; (ii) la réduction des inégalités entre les régions et les catégories sociales en matière d’offre et d’accès aux services de santé; (iii) les disparités dans la répartition géographique des ressources humaines ; (iv) la faible fréquentation des formations sanitaires ; (v) l’insuffisance du financement accordé au système de santé ; (vi) la faible qualité des soins ; (vii) la faible disponibilité des médicaments, des réactifs, des vaccins et consommables ; et (viii) la faiblesse du système d’informations sanitaires. Les principales stratégies sont entre autres: L’instauration d’un paquet essentiel d’activités à haut impact pour toutes les formations sanitaires afin

de permettre aux pauvres d'accéder aux soins de santé de base; La mise en place d’un système de complémentarité verticale et horizontale entre les formations

sanitaires de différents niveaux y compris les interfaces communautaires et le développement du Partenariat Public Privé (PPP) ;

La mise à l’échelle des paquets minimums d’activités à efficacité prouvée sur la mortalité maternelle, néonatale et infanto- juvénile (Survie de l’enfant/PCIMNE/SASDE, Nutrition, SONU y compris les SAA, Planification Familiale,...);

Le développement des capacités des familles et communautés par la communication pour le changement de comportements en vue de l’adoption de pratiques familiales et communautaires favorables à la santé et la nutrition maternelle, néonatale et infantile ainsi que l’abandon des pratiques traditionnelles néfastes pour la santé ;

Le développement de mécanismes de prise en charge psycho-sociale et médico-légale des violences faites aux femmes et aux enfants.

En matière de sécurité alimentaire, les interventions seront centrées sur : i) l’accroissement de la disponibilité et la stabilité alimentaire à travers la mise en œuvre des volets du PNIASA portant sur l’augmentation de la productivité des filières vivrières ainsi que le renforcement des circuits de commercialisation des produits alimentaires ; ii) le renforcement de la prévention et de la gestion des crises et des catastrophes naturelles grâce à la mise en place d’un système d’alerte précoce assorti d’un système d’informations géographiques sur la sécurité alimentaire, et la constitution de stocks de sécurité.

Dans le domaine de la lutte contre la malnutrition, outre la diversification de la production alimentaire par l’appui aux filières vivrières, les actions prioritaires envisagées pour la période 2013-2015 sont : i) l’amélioration de la surveillance nutritionnelle des populations vulnérables ; ii) la lutte contre les carences en micronutriments et l’appui à la création et l’équipement des centres de réhabilitation ; iii) le renforcement du soutien nutritionnel aux groupes vulnérables (femmes enceintes, enfants de moins de 5 ans, PVAVIH) ; iv) la promotion de l’éducation nutritionnelle ; et v) le renforcement du contrôle de la qualité sanitaire des aliments et de l’eau, par le renforcement des capacités des laboratoires d’analyse, l’amélioration des circuits de distribution des aliments et le renforcement de la chaîne de froid.

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L’accès à l’eau potable à l’hygiène et à l’assainissement En milieu rural, les principales contraintes qui freinent le développement de ce sous-secteur sont : i) l’insuffisance de financements alloués à l’hydraulique villageoise ; ii) les interventions anarchiques parce que les textes réglementaires qui régissent la gestion du sous-secteur ne sont pas en phase avec l’évolution de l’environnement politique, juridique, économique et social ; iii) l’absence de cadre de concertation/coordination entre le sous-secteur et les acteurs. En milieu urbain, ce sous-secteur reste encore marqué, entre autres, par l’insuffisance des investissements, l’accroissement des coûts de fonctionnement, la faiblesse des revenus et la mauvaise gestion des ressources, l’accroissement progressif de la demande face à une capacité limitée de production, l’insuffisance de la desserte en eau potable suite à l’urbanisation accélérée et mal contrôlée, la faible capacité de fonctionnement des services de l’électricité, le refus de payer les factures et/ou la non solvabilité de la majorité des ménages, et la vétusté des installations.

La protection sociale Le Groupe National multisectoriel sur la Protection Sociale, récemment mis en place est chargé de la coordination du processus d’élaboration de la stratégie nationale de protection sociale. Celle-ci consistera à développer des filets sociaux adaptés aux besoins des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. Le développement des filets sociaux de sécurité pour les groupes vulnérables accordera la priorité à la prise en charge de besoins de protection immédiats tout en favorisant le développement socio-économique à long terme, via l’établissement de liens étroits avec d’autres secteurs (éducation, santé, emploi, agriculture, développement des infrastructures, sécurité civile etc.). Il s’agira de : i) l’extension du programme d’alimentation scolaire (cantines scolaires) et la formulation d’une politique d’alimentation scolaire, ii) la redynamisation de la Cellule Filets Sociaux, iii) la mise en œuvre du Programme National de Réintégration Socioéconomique (PNRSE), iv) la mise en œuvre du projet pilote de "Filets Sociaux Productifs". Ce projet prévoit la création d’opportunités d’emplois et de formation pour les populations pauvres à travers des travaux à haute intensité de la main d’œuvre (HIMO) dans les zones urbaines pauvres de chacune des huit régions administratives de la Guinée, ainsi qu’un programme de transferts monétaires visant à améliorer le capital humain dans les zones pauvres et vulnérables à l’insécurité alimentaire (aide aux enfants sous-alimentés et aux filles d’âge scolaire dans les communautés rurales des régions administratives de Boké, Kankan et Labé).

1.1.3 Autres mesures gouvernementales

La réforme des forces de défense et de sécurité : Elle constitue une priorité gouvernementale au vu de la situation que le pays a traversé ces dernières années. Elle permettra de réduire les dépenses militaires et de réaffecter les économies ainsi faites au financement des secteurs prioritaires (Education, Santé, Routes, Agriculture). Parmi les mesures retenues on peut citer : i) l’appui logistique et la formation des officiers, sous-officiers et hommes de troupes aux principes républicains de la bonne gouvernance et de la démocratie ; ii) l’intégration de l’éducation civique dans le programme de formation des nouvelles recrues; iii) la poursuite et l’intensification de la lutte contre le trafic de drogue, la prolifération des armes légères, le recrutement, l’utilisation et la traite des enfants et iv) le renforcement de la sécurité de proximité des populations par le recrutement d’un nombre suffisant de policiers, y compris ceux devant constituer les unités spécialisées pour la protection des enfants. L’amélioration de la gouvernance judiciaire. La réforme de ce secteur est fondée sur les recommandations issues des Etats Généraux de la justice ainsi que les documents de plaidoyers présentés par les partenaires appuyant l’Etat guinéen, notamment ceux de la cellule de coordination des actions conduites en faveur des mineurs en conflits avec la loi (MCL). Elle renforcera non seulement l’indépendance, la crédibilité et l’autorité de la justice, mais aussi la protection des droits des enfants. Le statut de la magistrature, la mise en place du conseil supérieur de la magistrature et la spécialisation des magistrats permettront un meilleur respect des instruments juridiques nationaux et internationaux des droits et de la protection des enfants. Il est prévu dans cette réforme de la justice entres autres : i) la création de juridictions pour mineurs et ii) la construction de centres d’accueils, de rééducation et d’insertion.

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Il convient de noter que le renforcement du système de justice pour enfant passe aussi par la mise en place des unités de police spéciale de protection des enfants et des femmes. La formation du personnel judiciaire en charge de l’administration de la justice pour enfants reste fondamentale Le renforcement des capacités de consolidation de la paix et de gestion des conflits : les pertes de vies humaines, de matériels et de finance occasionnées par les événements de janvier-février 2007 et du 28 septembre 2009 ont amené les acteurs et partenaires du pays à initier des actions de prévention, de gestion, de règlement des conflits, et de consolidation de la paix. La question de la protection des enfants, largement victimes de ces évènements doit être incluse dans ces actions. L’amélioration de la gouvernance locale : La politique de décentralisation dans laquelle l’Etat a pour objectifs fondamentaux : i) l’approfondissement du processus démocratique qui repositionne formellement la société civile et l’Etat dans leurs rôles et responsabilités respectifs ; ii) la promotion du développement local participatif en favorisant la transparence dans la gestion des affaires locales. Un des principaux outils de mise en œuvre de la décentralisation est le Programme d’Appui aux Collectivités Villageoises (PACV). Le premier objectif de ce programme cofinancé par la Banque mondiale et le FIDA reste l’amélioration de l’accès à des services sociaux de base pour les populations des 304 Communes Rurales (CR) de Guinée. Il prévoit le financement d’infrastructures collectives jugées prioritaires par ces Communes (eau, éducation, santé, agriculture, entre autres). Il prévoit aussi d’accompagner et de renforcer les capacités de ces Communes Rurales en matière de planification, de budgétisation et de gestion du développement économique de leur territoire. La promotion du genre : Plusieurs politiques, stratégies et plans d’actions sont relatifs à la promotion du Genre. Les principales sont la Politique Nationale du Genre, la Stratégie Nationale de lutte contre les Violences Basées sur le Genre et le Plan Stratégique National de lutte contre les MGF/E. A travers ces politiques et stratégies le gouvernement entend :

Renforcer la législation en faveur des femmes/filles ; Renforcer l’autonomisation des femmes/filles par leur accès accru aux microcrédits et aux marchés ; Renforcer l'accès équitable des femmes et des hommes aux services sociaux de base ; Promouvoir la participation équitable des hommes et des femmes à la gestion du pouvoir ; Eliminer les violences basées sur le genre.

1.2. Cadre juridique de la protection de l’enfant 1.2.1. Instruments juridiques régionaux et internationaux

La Guinée a ratifié la plupart des instruments juridiques régionaux et internationaux protégeant les enfants notamment :

La Convention pour l’Elimination de toutes les Formes de Discriminations à l’Egard des Femmes en avril 1982 ;

La Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant4 en avril 1990 ; La Charte Africaine sur les droits et le bien-être des enfants en mai 1999 ; La Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des

membres de leur famille, en septembre 2000 ; La Convention de la Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière

d’adoption internationale, en décembre 2001 ; La Convention n° 138 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) concernant l’âge minimum

d’admission à l’emploi, en décembre 2001 ; La Convention n° 182 de l’OIT concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants et

l’action immédiate en vue de leur élimination, en décembre 2001 ;

4 La Guinée est le 14eme pays ayant signé cette convention

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Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la vente, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, en décembre 2001 ;

Le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, en septembre 2004 ;

La Convention relative aux droits des personnes handicapées et son protocole facultatif, en février 2008 ;

La Convention de Haye du 25 octobre 1980 sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants, en octobre 2011 ;

1.2.2. Cadre juridique national

Les principaux textes légaux fondamentaux de la Guinée, la Loi Fondamentale, le Code Pénal, le Code Civil, le Code de Procédures Pénales, le Code du travail et le Code de l’enfant comportent plusieurs dispositions générales et spécifiques relatives à la protection de l’enfant.

La Loi fondamentale consacre plus d’une dizaine d’articles aux libertés, devoirs et droits fondamentaux de l’homme. Ces droits sont naturellement étendus aux enfants. La loi fondamentale énonce d’abord la sacralité de la dignité humaine et le devoir de l’Etat de les respecter et les protéger (art 5). Elle énonce expressément le droit pour la jeunesse d’être particulièrement protégée par l’Etat et les collectivités contre l’exploitation et l’abandon moral, l’abus sexuel, le trafic d’enfants et la traite humaine (art 19).

Dans le Code pénal, les articles 61 à 69 sont consacrés à la protection des enfants auteurs d’infractions. Plusieurs articles du code de procédure pénale sont relatifs à la protection de l’enfant notamment, l’article 61 (séparation des mineurs et des majeurs dans les lieux de détention) et les articles 698 à 760 spécifiant les juridictions compétentes pour juger les mineurs ainsi que leur composition et fonctionnement.

Le Code de l’enfant est une compilation des textes juridiques nationaux rendus compatibles avec les instruments internationaux ratifiés par la Guinée tout en respectant les valeurs culturelles nationales. Il a l’avantage de réunir dans le même document, des textes existant dans différents cadres juridiques. Ce code dispose que tous les enfants sans aucune distinction doivent jouir des droits à la protection sur un même pied d’égalité.

Cependant, de nombreuses dispositions de ce Code manquent encore de clarté et sont parfois contraires à d’autres dispositions figurant dans le Code lui-même ou d’autres textes de nature civile, pénale ou administrative. En particulier il y a dans ce code une discrimination fondée sur la situation matrimoniale des parents au moment de la naissance de l’enfant et un flou sur l’âge du mariage.

1.2.3. Les normes et pratiques traditionnelles

Le cadre juridique national est largement influencé par des normes et pratiques traditionnelles soit dans certaines de ses dispositions soit dans l’application effective de la loi. Il persiste en Guinée plusieurs normes et pratiques traditionnelles qui entrent en contradiction avec la loi et qui sont à la base de plusieurs violations des droits de l’enfant. Des croyances traditionnelles et des

Mécanismes et pratiques de protection des enfants en situation de mobilité.

Le TOMBOLOMA, dans les mines a pour rôles entre autres d’empêcher les enfants d’accéder aux puits profonds. La CONFRERIE DES CHASSEURS joue surtout le rôle de recherche d’interception d’enfants perdus. Les SOMONON jouent le même rôle aux abords des fleuves alors que les DJELITOMBA servent de crieurs publics et de médiateurs entre enfants et parents. Il y a aussi le KABILA consistant à faire accueillir les enfants égarés dans les familles locales de même nom clanique que l’enfant. En Guinée forestière, les WURUBOYE sont des groupes de guerriers qui ont été utilisés pour récupérer les enfants enrôlés par les rebelles lors des attaques de 2000. Les ZOGO qui sont les détenteurs du pouvoir de la forêt sacrée, contribuent à la sédentarisation des jeunes filles et garçons avec l’espacement des cérémonies d’initiation de 7 ans. Les LEBOUIS de la Basse Guinée correspondent aux SOMONON de la Haute Guinée. (source : Rapport général de l’atelier de capitalisation sur les structures communautaires de protection des enfants en République de Guinée, tenu à Mamou du 11 au 13 mars 2010).

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attitudes sociales empêchent les enfants d'exprimer librement leurs opinions au sein de la famille, l'école et la communauté dans son ensemble. Parmi les pratiques traditionnelles nocives on peut citer les Mutilations Génitales Féminines et l’Excision (MGF/E), les mariages précoces et forcés, les tabous alimentaires ainsi que le lévirat/sororat.

Par ailleurs, dans les communautés plusieurs structures informelles ou endogènes telles les sèrès, les confréries de chasseurs, les associations des ressortissants, etc. prennent des initiatives de développement qui peuvent avoir un impact positif sur les droits et protection des enfants. Les pratiques de protection de ces structures sont dans une zone grise. Elles peuvent être aussi bien négatives que positives. Sans un encadrement adéquat, celles qui sont positives finissent par devenir négatives et soumettent les enfants à des situations d’abus, d’exploitation et de maltraitance.

1.3. Cadre institutionnel de la protection de l’enfant

Les principaux éléments du cadre institutionnel de la protection de l’enfant en Guinée sont les organismes

gouvernementaux, les partenaires au développement, les OSC et le DSPE.

1.3.1. Organismes gouvernementaux Le Ministère de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance (MASPFE) est le principal responsable de la mise en œuvre de la politique nationale de protection des enfants. A cet effet, il comprend entre autres structures :

La Direction Nationale de l’Enfance (DNE) qui est entièrement dédiée au droit et à la protection de l’enfant, y compris l’éducation préscolaire.

Les Directions régionales, préfectorales et sous préfectorales de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance constituent les structures déconcentrées. Elles sont chargées de la mise en œuvre aux différents niveaux de l’échelle déconcentrée de la politique du Gouvernement dans la promotion et la protection des couches vulnérables.

Le Comité Guinéen de Suivi des Droits de l’Enfant (CGSDE), qui est une structure interministérielle rattachée à la DNE et chargée du suivi des Droits de l’enfant en Guinée. Il comprend des représentants des ministères en charge de la Justice, de la Sécurité, de la Santé, de l’Enfance, de l’Education, de l’Administration du Territoire et Décentralisation, du Travail et de la Défense.

La Commission d’Adoption Internationale : qui est une structure consultative de la DNE chargée de recevoir et de traiter les dossiers de demandes d’adoption internationale, suivant les principes de la Convention de la Haye sur la protection et la coopération en matière d’adoption internationale.

D’autres organismes gouvernementaux relevant d’autres ministères sont particulièrement concernés par la protection des enfants. Il s’agit notamment de l’OPROGEM du Ministère de la Sécurité, de la DNEC du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, des organismes du système éducatif (DNEC, DNEE, etc.…), des organismes en charge de l’alimentation, de la Santé, de l’Eau et l’Assainissement, du Ministère du Travail et de l’Emploi, du Ministère en charge de la Justice. Par ailleurs, la question de la protection de l’enfant concerne aussi plusieurs comités interministériels tels que le CNLS, CNLTPE etc.

1.3.2. Partenaires au développement et OSC Les organisations qui travaillent dans le domaine de la protection des enfants en Guinée peuvent être

regroupées en :

Agences du SNU : UNICEF, UNFPA, UNHCR, OMS, OIM, PAM, PNUD Organisations internationales : Plan Guinée, ChildFund, Terre des Hommes, Save the Children,

Service Social International, Des organisations nationales telles que : Sabou Guinée, Monde des Enfants (MDE), COLTE/CDE,

Mamadou et Bineta, Tostan, Club des Amis du Monde, AEJTG etc., Organisations locales/ communautaires.

1.3.3. Le Dispositif Standard de Protection de l’Enfant Le système de protection de l’enfant repose en Guinée sur le « Dispositif Standard de Protection de l’Enfant » (DSPE). Ce dispositif standard de protection de l’enfant à base communautaire a été élaboré en 2010 en

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consolidant et développant les acquis des Comités Locaux de Protection (CLP) qui avaient été implantés en Guinée à partir de 1999. Il est le résultat de capitalisation d’expériences et d’harmonisation d’outils et pratiques de plusieurs acteurs clés de la protection de l’enfant en Guinée : l’Etat, les partenaires techniques et financiers, les ONG et les communautés.

1.4. Situation des enfants La situation des enfants en Guinée est caractérisée par une vulnérabilité qui s’est davantage accentuée pendant ces dernières années. Les grandes caractéristiques de cette situation sont le faible accès aux services sociaux de base et la prévalence de certains problèmes de protection des enfants.

1.4.1. Accès aux services sociaux de base

L’éducation préscolaire L’accès à l’éducation préscolaire est très faible en Guinée avec un TBPS évalué à 2% en zone rurale contre 9% en milieu urbain. Il faut noter que les 2/3 des enfants de 0 à 6 ans vivent en zones rurales au sein de familles défavorisées. Le développement du travail des femmes à l’extérieur du foyer d’une part, et l’évolution de la cellule familiale qui tend à se réduire à sa forme nucléaire (père, mère, enfants) d’autre part, ont accentué le problème de l’encadrement de ces jeunes enfants au sein des familles. Selon une récente étude5, en 2014, les effectifs moyens par salle sont de 49 et 42 enfants, respectivement pour le niveau 1 et le niveau 2. Ces effectifs ont baissé par rapport à 2012 (60 pour le niveau 1 et 53 pour le niveau 2) mais n’ont pas encore atteint la cible de 40 enfants par niveau. La transition vers le primaire d’année en année : 16% en 2011, 15% en 2012 et 13% en 2013. Cette préoccupante baisse des enfants maintenus dans les structures d’éducation est liée à une certaine désaffection des parents par rapport au CEC. La même étude6 cite parmi les facteurs défavorables aux bonnes performances des CEC : (i) le défaut de prise en charge des éducateurs et manque de ressources, (ii) les compétences lacunaires des éducateurs, (iii) la carence dans l’organisation des communautés, (iv) le faible engagement de l’Etat, surtout en matière de suivi, supervision et de contrôle de l’application des normes, politiques et stratégies.

L’enseignement pré-universitaire Le taux d’accroissement moyen de la population scolarisable (entre 2002 et 2012) est de 3,3% au niveau national. En 2012/2013, seules les régions de Conakry et Labé ont un taux brut d’admission au CP1 (TBA) supérieur à la moyenne nationale (85,5%) ; Les plus faibles TBA se retrouvent paradoxalement à Nzérékoré (61%) et Kindia (78,8%) où la population scolarisable de 7 ans (respectivement 21,6% et 14,5%) sont des plus élevées. Le TBA est le rapport entre l’effectif des enfants admis pour la première fois au CP1 et la population scolarisable ayant l’âge légal de fréquenter ce cours (7 ans). Le taux brut de scolarisation (TBS)7, capacité d’accueillir l’ensemble des enfants scolarisables dans le sous-secteur du primaire8, est de 82,1% en 2013 avec 74,6% pour les filles.

Cinq régions sur les 8 sont en dessous de la moyenne nationale (82,2%) avec Mamou, (78,2%), Boké (77,2%), Labé (76,2%), Kankan (74,6%) et la région de Nzérékoré qui ferme la marche avec 56,6% dont 51,4% de filles. Le rapport d’analyse du MEPU-EC révèle une espérance de vie scolaire de 4,6 ans en 2013 avec 3,8 ans pour les filles. Cette faible espérance de vie scolaire s’explique par des taux d’abandon assez élevés : en 2012 le taux national est de 10,5% dont 11,6% pour les filles ; les pics sont au CE2 (4 années d’études et faibles performances en disciplines instrumentales, retrait pour du travail ou mariage précoces….) et au CM2 (6 années d’études et faibles taux de réussites à l’entrée en 7ème année et insertion dans le monde du travail précoce).

5 Source : Rapport d’évaluation de l’enseignement et l’apprentissage au préscolaire, SAEIF / DNEPPE / MASPFE/mars 2014 6 ibid. 7 ibid. 8 ibid.

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Le collège accueille la tranche d’âge 12–13 ans estimée à 1 048 696 en 2012 avec un taux de transition du primaire au collège en 2012 de 41% (35,8% pour les filles)9. Les lycées quant à eux sont fréquentés par la tranche d’âge 17-19 ans, soit 1 015 879 enfants. Le nombre de nouveaux inscrits en 11ème année connaît un TAMA de 22,5% dont un accroissement moyen annuel de 29,4% pour les filles. Le taux de transition collège – lycée est de 57,3% en 2012/2013 avec un TAMA de 9,3% ; les filles se démarquent avec un taux de transition de 60,2% dans la même période. Ainsi, un effectif important d’enfants n’a pas accès à l’école, notamment dans la région de Nzérékoré. Sans mécanisme formel de prévention et de protection, ces populations d’enfants pourraient constituer un réservoir d’enfants en risque de vulnérabilité.

L’Enseignement Technique et professionnel Le chômage des jeunes toucherait selon les résultats de l’EIBEP 16,6% de ceux qui ont atteint le deuxième cycle du secondaire ; 15,4% de ceux qui ont achevé l’enseignement technique professionnel ; 12% de ceux qui ont obtenu un diplôme universitaire ou post- universitaire. Selon une étude récente10, l’agriculture et les mines, ainsi que le commerce, le secteur informel etc. offrent des opportunités d’emploi auxquels ces jeunes ne peuvent pas accéder parce qu’ils n’ont pas la formation nécessaire. Selon la même étude, le système de formation professionnel est inadapté, sous dimensionné, sous équipé et obsolète et ne prépare pas à une insertion dans l’économie informelle qui présente plus de 80% du marché de travail. Le système scolaire guinéen ambitionne de combler ces insuffisances et d’accueillir dans les centres de formation professionnelle plusieurs milliers d’enfants de la tranche d’âge 13 - 19 ans.

La santé et la nutrition Le système de santé n’est ni performant, ni accessible, ni équitable et ni capable de satisfaire le droit à la santé pour tous, en particulier les plus vulnérables. Bien que l’offre de soins soit majoritairement concentrée dans les pôles urbains, le pourcentage d’individus malades fréquentant un centre de santé moderne s’est accru en milieu rural entre 2007 (53,4%) et 2012 (58,2%) tandis qu’en milieu urbain, taux de fréquentation a baissé (73% en 2007 et 69,7% en 2012). Les pratiques traditionnelles néfastes à la santé de l’enfant sont des facteurs déterminants de la malnutrition favorisant la mortalité néonatale et infanto juvénile. L’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois n’est pas suffisamment pratiqué. Il ressort que dans le groupe d’âges 0-5 mois, seulement un enfant sur cinq (21%) a été exclusivement allaité au sein contre 27% en 2005. S’agissant de la prévalence de l’anémie chez les enfants et les femmes, au niveau national, 77% des enfants de moins de 6 à 59 mois sont anémiés : 24% souffrent d’anémie légère, 45% souffrent d’anémie modérée, et 8% d’anémie sévère. Les enfants des zones rurales (79%) sont plus fréquemment atteints d’anémie que ceux des zones urbaines (69%). De plus, la prévalence de l’anémie sévère dans les zones rurales (9%) est nettement plus élevée que celle observée dans les zones urbaines (3%). La carence en vitamine A a de graves répercussions sur le développement intellectuel des enfants, sur leur capacité d’apprentissage et affecte le progrès de l’éducation.

Eau, Hygiène et Assainissement Dans ce domaine, l’EDS-MICS de 2012 estime que seulement un ménage sur quatre s’approvisionne en eau à partir d’un robinet, les puits couverts ou les forages. Le taux d’accès à l’eau potable a même baissé entre 2007 et 2012, passant de 74,1% à 68,6%, du fait du non entretien des ouvrages en milieu rural où le taux baisse fortement (67,8% en 2007 contre 57,1% en 2012), alors qu’il y a une légère amélioration dans les villes (90% en 2007 contre 92,9% en 2012).

1.4.2. Problèmes de protection des enfants

9 ibid. 10 Unicef-Groupement BUDEC/ Gamat Consulting Africa : ETUDE NATIONALE SUR LES OPPORTUNITES D’EMPLOI DES JEUNES ET DES

FEMMES DANS LES SECTEURS DES MINES ET DE L’AGRICULTURE EN RELATION AVEC LA CONSOLIDATION DE LA PAIX- RAPPORT PROVISOIRE Janvier 2014

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Une proportion importante des enfants est confrontée à la négligence, la discrimination, les abus, les violences et l’exploitation. Il s’agit majoritairement de ceux qui vivent dans des conditions précaires et d’extrême pauvreté. Ils peuvent être cités parmi les problèmes de protection ceux fondés sur le genre : les mutilations génitales féminines (MGF), le mariage d’enfants et le mariage forcé des filles, les grossesses précoces, les viols et violences sexuelles. Les enfants courent également des risques du fait de plusieurs formes de mobilité : le travail et l’exploitation, la traite et la séparation. Nombreux sont ceux qui sont en situation de rue et qui ne bénéficient d’aucune forme d’aide. En outre, les violations des droits des mineurs confrontés à la loi dans le traitement de leur dossier sont quasi systématiques. De même, dans les familles, les écoles et les institutions d’accueil, plusieurs enfants sont victimes de violence et d’abus ; ils sont privés du droit à la participation. Le défi de l’accès aux services sociaux est exacerbé par le faible taux d’enregistrement des naissances. La pauvreté Selon les statistiques les plus récentes disponibles11, au moins 1,6 million d’enfants de moins de 14 ans et plus d’1,1 million d’adolescents/jeunes de 15 ans à 19 ans sont affectés par l’extrême pauvreté. Cela représente 19,1% de la population totale12 de ces tranches d’âge. Ces enfants et jeunes connaissent une situation caractérisée par de faibles capacités socio-économiques, l’insuffisance d’information et d’éducation de leurs familles aggravés par les pesanteurs socioculturelles ainsi que par un accès très limité aux services sociaux de base, notamment l’éducation, la santé et l’état civil. Concernant la pauvreté monétaire des enfants13, sur un total estimé à 5 772 991 enfants, 3401 155 enfants sont pauvres, soit près de 59% de la population des enfants. Ce taux cache des disparités. Il est plus élevé chez les enfants vivant en milieu rural (81%), ceux dont le chef de ménage est sans niveau d’instruction (78,7%). Egalement, 77% des enfants vivent dans des logements ne disposant pas de toilettes adéquates, 54% ne vont pas à l’école et 39,4% ne boivent pas de l’eau potable. Les mutilations génitales féminines Les statistiques disponibles à partir de l’EDS 2012 rapportent une prévalence de 96,9% des MGF/E chez les filles/femmes de 15-49 ans et de 94% chez celles de 15-19 ans. Il s’agit du taux le plus élevé de toute la région ouest africaine. Les Mutilations Génitales Féminines/Excision sont répandues dans toutes les ethnies indépendamment de l’appartenance religieuse ou du lieu de résidence. Toutefois, en 2012, la pratique reste nettement plus répandue chez les musulmans (99%), le groupe religieux majoritaire, que chez les chrétiens, notamment chez les catholiques (78%). En outre, le taux de femmes favorables à l’abandon a légèrement augmenté, passant de 19% en 2005 à 21 % en 2012. Les hommes continuent à être plus favorables à l’abandon que les femmes (42%). Malgré les mesures dissuasives et répressives, l’éradication des MGF/E ne peut s’inscrire que dans la durée avec des stratégies de communication pour le changement de comportements et l’abandon des normes et pratiques préjudiciables aux droits de l’enfant. Les problématiques liées à la mobilité des enfants La traite des enfants s’inscrit en Guinée dans un contexte de mobilité des enfants. Le rapport du projet régional de recherche et capitalisation sur la mobilité des enfants a ressortit en 2010 l’importance de distinguer la traite de la mobilité, deux phénomènes qui appellent des réponses très différentes. La traite doit être combattue comme tout acte criminel tandis que la mobilité des enfants nécessite dans la majorité des cas un accompagnement protecteur. En effet, la mobilité est un phénomène qui n'est ni illégitime en soi, ni systématiquement préjudiciable aux enfants.

11 Institut National de la Statistique (INS) (Guinée) : Enquête Nationale sur l’Etat Nutritionnel et le Suivi des Principaux Indicateurs de Survie de l’Enfant (ENENSE), Conakry 2008 12 ENENSE, 2008 : ibid. 13 Estimation à partir des données de l’Enquête Légère pour l’Evaluation de la Pauvreté (ELEP-2012). Il s’agit des enfants de moins de 18 ans vivant dans des ménages pauvres.

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La traite et la mobilité à l’intérieur du pays sont plus importantes que celles transnationales. La Guinée est un pays d'origine, de transit et, dans une moindre mesure, de destination. Environ 44.068 enfants (garçons comme filles) sont susceptibles d’être victime de traite14 à travers les pays de la sous-région (Mali, de la Sierra Leone, du Nigéria, du Ghana, du Libéria, du Sénégal, du Burkina Faso et de la Guinée-Bissau). Le travail des enfants L’enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples (EDS-MICS 2012)15 révèle que presque la moitié des enfants de 5 à 14 ans (48 %) travaillent. En milieu urbain, les trois quarts des enfants qui travaillent fréquentent aussi l’école (75 %) contre 43 % en milieu rural. De même, les, écarts selon le niveau d’instruction de la mère sont importants. Quand la mère, a un niveau secondaire ou plus, 86 % des enfants qui travaillent fréquentent l’école contre 47 % quand la mère n’a aucun niveau d’instruction. Même si certaines activités sont considérées parfois comme faisant partie du processus d’éducation (par exemple, la participation aux tâches ménagères), il n’en reste pas moins que les enfants qui travaillent, y compris dans les activités domestiques, ont moins de chance d’être scolarisés et plus de chance d’abandonner l’école. Les mineurs en conflit avec la loi (MCL) « Un enfant (mineur) est en conflit avec la loi lorsqu’il a commis ou a été accusé d’avoir commis une infraction. Selon le contexte, est aussi considéré comme un enfant en conflit avec la loi quand il est pris en charge par le système de justice pour mineur ou la justice pénale pour adultes, lorsqu’il est considéré comme étant en danger en raison de son comportement ou de l’environnement dans lequel il vit »16. Les enfants victimes et ceux devant témoigner ont aussi droit à la protection légale et sociale. A la maison centrale de Conakry, sur un effectif de 92 mineurs, 77% sont des prévenus et 21% condamnés. Le nombre de filles est de 5,43% des effectifs. Sur un échantillon de 10 garçons, 80% ont commis une infraction de vol ; 60% sont en détention préventive et 40% sont condamnés à des peines allant des 3 mois à 1 an de prison. Environ 30 à 40 % des MCL sont des récidivistes et ceux qui ont purgé leur peine ne bénéficient pas d’encadrement et de suivi adéquats. En détention, les enfants sont confinés dans des lieux inappropriés (coins, couloirs ou chambres). Il n’y a pas de séparation entre ceux qui sont en détention préventive et ceux qui sont condamnés. Les procédures ne sont pas totalement respectées et le droit à l’assistance n’est pas assuré. Les solutions alternatives à la détention sont quasi inexistantes. Un Tribunal pour enfants est installé à Conakry et des juges spécialisés dans l’administration de la justice pour mineurs ont été nommés. Mais le fonctionnement de ce tribunal pose toujours problème et il se chevauche avec les juridictions ordinaires. La menace actuelle, dans le processus de la réforme des codes de lois guinéens, de l’intégration de l’administration de la justice juvénile au sein des juridictions ordinaires constituera une sérieuse régression au regard des engagements du Gouvernement de la Guinée dans l’amélioration du système de justice pour mineurs. L’enregistrement des naissances à l’Etat civil Selon le rapport de l’évaluation de la situation de l'état civil (Unicef, mars 2014)17, la Guinée a presque deux fois le taux d'enregistrement des naissances, 57,9% (2012), auquel on pouvait s’attendre par rapport à un revenu de 460 USD par habitant (31%). A noter cependant que 25% des enfants ne disposent pas de certificat de naissance. La promotion de la participation des enfants

14 Source : Forum National sur l’enfance, 2012 : rapport sur la situation du développement du jeune enfant et de la protection des enfants. 15 Signalons que la collecte des données s’est déroulée de juin à octobre, c’est-à dire pendant les vacances scolaires, période pendant laquelle les enfants sont plus disponibles

pour travailler. 16 Source : Définition du groupe inter institutions des Nations unies sur la justice pour mineurs (IPJJ) in Document d’appui pour la formation sur l’application des droits des enfants dans la pratique de la police et de la gendarmerie en Guinée (Edité avec l’appui de l’UNICEF) 17 Unicef/ Civil Registration Centre For Development—CRC4D,: vers l’enregistrement universel des naissances en Guinée ; analyse et recommandations pour l’amélioration de l’état civil en Guinée. Mars 2014

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Le droit à la participation reste encore une préoccupation majeure pour l’Etat et tous les acteurs clés de la protection de l’enfant. Il est en effet constaté une faible implication des enfants i) dans la prise de décisions les concernant tant au niveau familial que communautaire ; ii) dans les processus de planification et de programmation des projets les concernant au niveau institutionnel. Pour accroitre l’implication et la participation des enfants dans la résolution de leurs problèmes, l’Etat et ses partenaires accordent une priorité au soutien d’organisations d’enfants. D’autres initiatives visent à renforcer les capacités de familles, communautés et instituions en matière de participation des enfants. Le mariage d’enfants Près de 20% des femmes de 20-24 ans mariées ou en union l’ont été avant l’âge de 1518. Plus de 1,1 millions d’adolescents et jeunes de 15 ans à 19 ans sont exposés à des risques élevés de mariages précoces/forcés et de grossesses. Selon l’EDS 2005, la Guinée possède l’un des taux de mariages précoces les plus élevés dans le monde. En 2005, plus de la moitié des femmes de 20-24 ans (63%) étaient mariées ou en union avant l’âge de 18 ans. C’est une situation qui a peu évolué depuis 1999 (65%). Le taux de prévalence dans les régions naturelles dénote des disparités :

Haute Guinée : 76 % Moyenne Guinée : 75 % Guinée Forestière : 75 % Basse Guinée : 61% Conakry : 31%

En 2012, sur 2,246 cas de violences recensés par le Ministère des Affaires Sociales19, 27% étaient des cas de viols et d’agressions sexuelles, 1,198 concernaient des enfants dont 3 garçons et 1,195 filles. Enfants porteurs de handicap Selon une étude de Plan Guinée20, il n’y a pas de données récentes et fiables sur la démographie du handicap en Guinée. La notion du handicap a été introduite à l'échelle nationale pour la première fois en 1983 lors du premier recensement national de la population guinéenne. En 1983, la population totale était estimée à 4,7 millions. En appliquant les taux de prévalence de l'OMS, on estime qu'environ 1,6 million de personnes vivent avec un handicap en Guinée. En outre, il existe encore moins de données sur la prévalence des enfants vivant avec un handicap. Toutefois, comme la proportion des enfants âgés entre 0 et 14 ans est de 42,4 % en Guinée, on estime que plus de 692,283 enfants vivent en situation de handicap. Le manque de données exhaustives crée une difficulté importante pour mobiliser les ressources nécessaires, pour informer et pour mettre en œuvre des politiques/programmes au profit des enfants handicapés. Grossesses précoces/ mortalité néonatale et infantile. La faible maîtrise de la fécondité affecte la santé de la mère et de l’enfant et se traduit par des grossesses

nombreuses et très rapprochées, des avortements provoqués et souvent mortels chez les adolescentes, des

multiples complications obstétricales. A cela, s’ajoute la faible utilisation des méthodes modernes de

contraception et les pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines (excision notamment).

La planification familiale (PF) apparaît donc comme une solution idoine pour réduire la mortalité maternelle,

néonatale et infantile. (Source : EDS IV MICS 2012)

18 EDS 2005 19 Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l’Enfance (MASPFE), février 2012 : 57ème Session de la Commission des Nations Unies sur la Condition de la Femme – Rapport sur l’élimination des violences à l’égard des femmes/filles en Guinée. p.9. Le thème violence utilisé dans ce rapport est assez large et prend aussi en compte des situations d’exploitation, d’abandon, etc. 20Plan Guinée, Mars 2013, Accès à l’Education et la Protection des Filles et des Garçons Handicapés au Guinée Une étude qualitative descriptive

Page 19: Politique Nationale de Promotion et de Protection des

19

Le placement des enfants en structures ou familles d’accueil, A ce jour, il existe des centres et familles d’accueil qui prennent en charge des enfants en situation de vulnérabilité (enfants recueillis, abandonnés, orphelins, en situation de rue, victimes de traite..). Les conditions dans lesquelles ces centres sont créés n’obéissent pas aux normes et critères tels que disposés dans le code de l’enfant. Pour y remédier, le manuel de procédure de création, ouverture, contrôle et fermeture des centres d’accueil a été élaboré et validé en 2012. Un projet d’arrêté portant application de ce manuel de procédure a été élaboré. L’importance de cette problématique est renforcée par les situations d’urgence qui privent des milliers d’enfants de la protection de leur famille propre. L’adoption La mise en place en 2013, de la Commission de l’Adoption Internationale a permis de réglementer les procédures d’adoption des enfants guinéens par des étrangers. Cependant, la commission se heurte à des difficultés de fonctionnement dues en grande partie au manque d’appui financier de l’Etat. La protection des enfants dans les situations d’urgence La Guinée est un pays qui a connu des situations d’urgence variées tout le long de son histoire, notamment une succession de crises sociopolitiques et des épidémies récurrentes de choléra, de typhoïde et de méningite. Par ailleurs, depuis les années 2000, le pays a été aussi particulièrement affecté par la guerre civile du Libéria, de Sierra Léone et plus récemment de la crise électorale de la Côte d’Ivoire. Depuis la mi-février 2014, la République de Guinée fait face à une épidémie mortelle d’Ebola, touchant plus de 24 préfectures. Cette épidémie constitue le défi le plus récent et le plus important que le pays connait en termes de protection des enfants en situation d’urgence.

Des millions d’enfants sont affectés par ces situations qui entrainent la paupérisation des populations victimes ainsi que la fragilisation du tissu social, familial et communautaire. Les risques et les situations de manque de protection des enfants contre les violences, l’exploitation et les sévices sont accrus par les énormes dégâts matériels et humains ainsi que les déplacements des populations.

Les réponses apportées à ces crises sont souvent ponctuelles et ne permettent pas aux populations de renforcer leur résilience et d’accroître leurs capacités à faire face aux besoins de protection des enfants.

Violences physiques au sein des familles, écoles et communautés Les méthodes de discipline violentes sont largement pratiquées dans les familles, les écoles et dans les communautés et sont à la base des violations graves de droits de l’enfant en Guinée, limitant ainsi leur croissance et leur développement. Les familles, écoles et communautés devraient offrir aux enfants un environnement protecteur et leur garantir la pleine jouissance de leurs droits fondamentaux. On constate cependant, que de nombreux enfants ont été rendus handicapés suite à la maltraitance subie dans leur milieu de vie. Bien que le Code de l’enfant et le Code pénal sanctionnent les auteurs de ces faits, les initiatives de répression sont encore très faibles, ce qui perpétue ces pratiques néfastes.

1.5. Analyse du système de protection des enfants (SPE) actuel Le système actuel de protection de l’enfant repose sur des mécanismes formels/institutionnels et sur des mécanismes informels/endogènes. La coexistence de ces deux mécanismes confère au SPE non seulement son enracinement et son adaptation au contexte mais aussi sa conformité aux normes et standards internationaux.

Les mécanismes formels sont composés d’acteurs institutionnels : les structures étatiques, le DSPE, les ONG/OSC (nationales et internationales).

Les mécanismes informels reposent sur des pratiques traditionnelles et endogènes de protection et comprennent les acteurs communautaires qui adoptent ces pratiques. Les mécanismes et réponses de protection communautaires servent de première ligne de protection des enfants. Il s’agit de réseaux communautaires et de parenté ainsi que des pratiques coutumières et traditionnelles.

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20

L’articulation entre les mécanismes formels et informels se manifeste sur le terrain par l’implication des mécanismes endogènes (associations de jeunes, conseils des sages, associations de ressortissants, organisations communautaires de base etc.…) dans les interventions des acteurs institutionnels, notamment les ONG. Plusieurs organisations actives en Guinée retiennent que cette articulation entre le formel et l’endogène facilite l’ouverture des décideurs et leaders d’opinion traditionnels aux réalités du système formel et aide les familles et les communautés à abandonner les pratiques néfastes. L’organisation de dialogues de générations par les ONG est un des outils de cette articulation (formel/endogène).

Le dispositif standard de protection de l’enfant (DSPE) a été développé et mis en place dans tout le pays aux niveaux régional et préfectoral pour constituer l’épine dorsale du système formel de protection de l’enfant en Guinée. Au niveau des quartiers et districts, il est prévu que ce dispositif qui ne couvre actuellement que 500 communautés s’étende à 1500 en 2017. Parmi les forces du DSPE on peut citer : i) un organigramme formalisé et cohérent avec l’organisation administrative du pays et ii) les compositions des structures et les mandats des membres bien définis. Ce dispositif comporte cependant plusieurs faiblesses dont les plus marquantes sont : i) l’absence de programme minimal indicatif, ii) le fait que les pratiques endogènes de protection ne sont pas suffisamment valorisées et exploitées au profit de la protection des enfants, iii) le décalage entre les offres/disponibilités de financement de la protection et les attentes/besoins de financement du DSPE.

Les points forts du système de protection dans sa globalité sont :

un cadre politique et légal tenant compte des standards internationaux tout en se basant sur les ressources, les priorités et les valeurs des communautés ;

un dispositif standard de protection de l’enfant à base communautaire formalisé, en adéquation avec l’organisation administrative du pays et incluant tous les services et entités concernés par la protection de l’enfant ;

des acteurs institutionnels clés orientés vers une approche système et une coordination des interventions notamment à travers la Coordination des Acteurs non Etatique de la Protection de l’Enfant (CANEPE) ;

une bonne expérience de terrain en matière d’interventions communautaires et de prise en compte des pratiques traditionnelles, endogènes positives ;

la mise en place des fonds de prévention basée sur les violences faites aux femmes (PBF).

Les points faibles du système de protection de l’enfant sont :

une couverture géographique du dispositif insuffisante et territorialement discontinue, notamment aux niveaux CLPE et CLEF ;

un fonctionnement sectoriel cloisonné par une « verticalisation » par département des programmes destinés aux enfants ;

une approche plus curative que préventive et une emphase sur l’offre de service au détriment de la demande ;

des actions d’appui aux CLPE, CLEF très ponctuelles et développées avec des approches et outils pas suffisamment harmonisés (manuels et modules divers, systèmes de suivi-évaluation y inclus indicateurs de progrès différents) ;

des insuffisances au niveau du nombre, de la répartition géographique et de la compétence des professionnels de la protection.

Les défis à relever sont :

le renforcement du rôle et de l’implication des familles et des communautés ainsi que chefs/leaders communautaires qui doivent constituer la première ligne du DSPE ;

la valorisation et la promotion des saines pratiques endogènes communautaires ; l’augmentation du taux d’implantation des CLEFS et des CLPE ; la mise en place d’une collaboration intersectorielle en faveur de la protection de l’enfant ; la priorisation de la prévention dans tous les programmes ; la facilitation d’accès aux ressources et aux services pour les familles et les communautés ;

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21

l’amélioration du nombre, du déploiement et des compétences des professionnels de la protection ; l’amélioration du mécanisme de suivi- évaluation ; le renforcement de l’application de la loi.

1.6. Conclusion sur le contexte actuel Dans son deuxième rapport sur la mise en œuvre de la CDE de janvier 2013, la Guinée, a montré que des efforts ont été accomplis pour la promotion et la protection des droits et du bien-être des enfants. Ces efforts concernent notamment la lutte contre les pires formes de travail des enfants, la traite des enfants, l'implication des enfants dans les conflits armés et les violences sexuelles faites aux enfants. Le pays a harmonisé sa législation avec plusieurs dispositions de la Convention principalement après la promulgation de la Loi portant Code de l'enfant. Cependant, malgré ces efforts, les enfants restent particulièrement vulnérables et connaissent des violations récurrentes de leurs droits fondamentaux. Les insuffisances au niveau de l’application des textes et lois sont en partie dues à l'importance de la corruption et de la pauvreté ainsi qu’à la persistance de certaines pratiques sociales néfastes : mariages précoces /forcés, exploitation des enfants par le travail, non enregistrement des naissances, mutilations génitales féminines. Par ailleurs, le fait que le Code de l'enfant entre en contradiction avec le droit coutumier favorise plusieurs cas d’abus et violences sur les enfants. La récurrence des situations d’urgence, la faiblesse de l’état de droit et de la gouvernance ont renforcé cette vulnérabilité des enfants.

Les interventions des acteurs formels de la protection de l’enfant en Guinée, sont basées sur la politique nationale de 2007 dont l’ossature est le dispositif standard de protection de l’enfant, à base communautaire (DSPE). Ces interventions sont généralement fragmentées et peu cordonnées. Plusieurs structures du DSPE ne sont pas fonctionnelles et opérationnelles. L’absence d’une approche intersectorielle et le manque de coordination entre les acteurs étatiques, la société civile et les bailleurs de fonds empêchent l’utilisation optimale des ressources humaines et financières déjà insuffisantes. Les financements du secteur de protection de l’enfant ne correspondent pas aux besoins réels du pays. Dans la pratique, le système formel de protection des enfants en Guinée comporte plusieurs limites parmi lesquelles on note :

une couverture géographique partielle (localisée) du dispositif notamment aux niveaux CLPE et CLEF, sans continuité territoriale, engendrant de faibles rendements en termes d’efficacité et d’efficience ;

une organisation sectorielle plus verticale qu’horizontale avec des départements et programmes destinés aux enfants qui sont souvent cloisonnés entre eux ;

l’offre de services orientés plus vers le curatif que vers le préventif ; des actions d’appui aux CLPE, CLEF développées avec des approches et des outils non harmonisés

(manuels et modules divers, systèmes de suivi-évaluation y inclus indicateurs de progrès différents) ; des actions ponctuelles de renforcement de capacités des agents de protection en poste non

coordonnées entre elles, en dehors d’un plan de formation initiale et continue adéquat.

En raison de tous ces facteurs, le DSPE ne touche qu’un nombre limité d’enfants avec des réponses qui sont plus curatives que préventives. En définitive, la politique nationale de protection de l’enfant en vigueur ne garantit pas des réponses adaptées aux problèmes de protection des enfants en raison principalement de l’absence d’une approche globale et systémique et en raison de la non prise en compte de certaines problématiques et pratiques émergentes en matière de protection de l’enfant. La nouvelle version de la politique nationale de protection de l’enfant qui est présentée dans la seconde partie de ce document vise à corriger l’essentiel de ces insuffisances.

II. LA POLITIQUE NATIONALE DE PROTECTION ET DE PROMOTION DES DROITS ET DU BIEN ETRE DE L’ENFANT (PNPDBE)

La nouvelle politique portée par l’Etat guinéen combattra les atteintes faites aux droits et au bien-être des enfants en adoptant une approche globale, holistique et systémique. Elle renforcera, avec la participation active des familles et communautés, la coordination et la complémentarité des interventions à travers une articulation entre le mécanisme institutionnel et communautaire de protection. Elle continuera à s’appuyer sur le DSPE et mettra l’accent sur la prévention. Elle continuera cependant à prendre en charge des enfants victimes d’abus, de maltraitance, d’exploitation, de négligence et de violence. En définitive, elle aura à relever les défis suivants :

Page 22: Politique Nationale de Promotion et de Protection des

22

le renforcement de l’implication des familles et des communautés en particulier les leaders communautaire et chefs traditionnels qui doivent constituer la première ligne du DSPE ;

la valorisation et la promotion des saines pratiques endogènes communautaires ; l’augmentation du taux d’implantation des CLEFS et des CLPE ; la mise en place d’une collaboration intersectorielle en faveur de la protection de l’enfant ; la priorisation de la prévention dans tous les programmes ; la facilitation d’accès aux ressources et aux services pour les familles et les communautés.

2.1. Vision stratégique

Cette vision stratégique implique les orientations suivantes : construire un environnement protecteur pour les enfants, fille et garçon, à toutes les étapes de

leur développement et dans tous les espaces tels que les familles, les communautés, les écoles et autres milieux d’apprentissage ainsi que les institutions de prise en charge spécialisée ;

adopter une approche systémique et holistique de la protection de l’enfant. Cette approche devrait permettre d’augmenter le nombre d’enfants bénéficiant de leurs droits, de leur offrir de meilleures opportunités, d’éviter toute violence et discrimination, et de soutenir l’engagement et la collaboration de tous les acteurs concernés tout en optimisant la gestion des ressources ;

cibler non seulement tous les enfants de 0 à 18 ans, mais aussi également leurs familles lorsque

celles-ci sont fragilisées ;

porter une attention particulière aux risques et aux situations d’urgence qui affectent la Guinée

de manière récurrente et aggravent la vulnérabilité des enfants en les exposant davantage à la

violence, l’exploitation et aux sévices.

La réalisation de cette vision se fera à travers :

l’apport de réponses basées sur des standards et normes de prise en charge, de gestion de cas et d’accompagnement social adaptés au contexte guinéen, notamment en termes de ressources disponibles et de valeurs socio-culturelles ;

l’offre de paquets de services complets et intégrés avec la mobilisation, l’implication et la mise en synergie de tous les départements ministériels concernés ainsi que les OSC. Au-delà de la collaboration intersectorielle, qui est fondamentale, il est essentiel d’assurer l’articulation entre les dimensions formelles et informelles du système de protection de l’enfance.

Cette vision accorde la priorité :

aux actions de prévention sans pour autant négliger la prise en charge des victimes de violences, d’abus, d’exploitation, de discrimination et de négligence ;

aux problématiques les plus massives, nocives et récurrentes ; à la vulnérabilité particulière des filles et de la petite enfance.

2.2. Objectifs de la PNPDBE pour les dix prochaines années

A l’horizon 2045 la société guinéenne assurera la protection de TOUS les droits et le bien-être de

TOUS les enfants à travers un système de protection intégré tout en leur permettant de

développer toutes leurs potentialités et d’exercer dignement une citoyenneté inspirée des valeurs

socioculturelles positives.

Développer un système national de protection qui assure la prévention et la réponse aux

problèmes de protection, pour un maximum d'enfants, conformément aux textes, lois,

conventions, protocoles nationaux et internationaux auxquels la Guinée a souscrit.

Page 23: Politique Nationale de Promotion et de Protection des

23

De façon plus spécifique, la PNPDBE s'assurera que : Le DSPE est plus efficace et efficient. Il est étendu au niveau des villages et des secteurs.

L'articulation entre les dimensions formelles et informelles est effective. Les rôles et responsabilités des structures membres du DSPE sont clairement définis et assumés par tous à tous les niveaux.

La législation nationale est harmonisée avec les instruments juridiques internationaux. Les observations du CRC sont plus positives.

La qualité, la disponibilité et l'accessibilité des services de protection et de prévention sont améliorées. La priorité est accordée aux problématiques les plus massives, récurrentes et nocives. Les CEC et centres NAFA sont disponibles dans les communautés. Des centres de référence communautaires et des centres spécialisés de protection des enfants sont disponibles dans les régions et les préfectures. Un mécanisme de prise en charge intégré couvre tout le pays. Les compétences du personnel des institutions concernées par la protection des enfants sont renforcées. Les services de prévention et de protection offerts par la ligne verte (116) sont renforcés.

Les enfants, les familles, les communautés et la société civile participent activement aux changements sociaux. Ils sont plus autonomes. Ils assument mieux leurs responsabilités. Les pratiques endogènes de protection sont améliorées et valorisées.

Les problématiques sont mieux connues et suivies. Les réponses du système aux problématiques de protection sont plus adéquates et adaptées au contexte national. Les interventions des acteurs sont plus efficaces et efficientes. Les politiques et stratégies sont basées sur des données fiables et pertinentes.

La collaboration entre acteurs (coordination et partenariat) est renforcée. Les acteurs et leurs interventions sont cartographiés. Les réseaux et mécanismes sont plus efficaces. Outils et procédures harmonisés. La protection de l’enfance est intégrée dans les politiques et stratégies sectorielles, notamment de la protection sociale, de la santé, de l'éducation, de la justice et de la défense/sécurité. Les textes et lois sont mieux appliqués. La collaboration intersectorielle est effective.

2.3. Principes, approches et valeurs

La nouvelle politique repose sur les principes, valeurs et approches ci-après :

Intérêt supérieur de l’enfant : L’intérêt supérieur de l’enfant doit être la considération primordiale dans toutes les mesures et décisions prises à son égard par les familles, les communautés, les autorités administratives, les institutions publiques et privées de protection sociale ainsi que les tribunaux.

Non-discrimination : Il s’agira donc d’assurer des services de protection inclusifs et équitables à tous les enfants. Une attention particulière sera accordée aux filles, aux enfants en situation de handicap et aux enfants non accompagnés.

Participation : Le principe du droit à la libre expression de l’enfant sur toutes les questions qui concernent sa vie, et son opinion devrait être dûment prise en compte en fonction de leur âge et de leur degré de maturité. A cet effet, l’accent doit être mis sur la promotion des structures de participation de l’enfant (Parlement des enfants, Gouvernement des enfants, Club d’enfants et Association des Enfants et Jeunes Travailleurs, etc.).

Collaboration intersectorielle et partenariale : L’amélioration de la protection de l’enfant requiert la collaboration, tant au niveau central qu’au niveau local, des institutions gouvernementales, des organisations non gouvernementales ainsi que les organisations communautaires de base. La PNPDBE doit s’appuyer sur la synergie et la solidarité intra / interdisciplinaire et intra / interprofessionnelle de toutes les instances et parties impliquées.

Approche communautaire : Les premiers espaces de protection de l’enfant sont sa propre famille et le village ou le quartier dans lequel il vit. Une approche communautaire sera promue, se matérialisant par une participation accrue et responsable des familles et des communautés. La PNPDBE sera attentive au soutien à apporter aux familles dans la protection de leurs enfants. Ce soutien prendra en compte l’articulation des dimensions formelles portées par les fournisseurs de

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services, à celles informelles relevant de mécanismes de protection communautaires (les pratiques endogènes positives ou épurées de toutes dérives culturelles).

Valeurs juridiques : La PNPDBE s’inspire de plusieurs instruments juridiques internationaux dont la Convention de l’ONU relative aux Droits de l’Enfant, la Charte Africaine sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant, les Protocoles additionnels à la CDE et toutes autres règles, lignes directrices, etc. pertinentes au secteur de l’enfance (voir annexes). A noter que les lois et conventions internationales ratifiées par la Guinée ont une valeur juridique supérieure aux lois internes dans le cas de conflit juridique entre le dispositif juridique national et les instruments internationaux en matière de protection de l’enfant.

2.4. Le renforcement du Système de Protection de l’Enfant en Guinée Les organisations membres du comité de pilotage de la révision de la politique nationale de protection 21 ont convenu d’adopter une approche système en promouvant et soutenant un système de protection de l’enfant capable de : • Promouvoir le droit à la protection des

enfants; • Contribuer à la prévention de la violence,

des abus, de la négligence et de l’exploitation, en situation normale et dans les urgences ;

• Répondre lorsque les violations se produisent, aussi, si bien en situation normale que dans les urgences en apportant des services et en utilisant les mécanismes communautaires.

A cet effet, au regard du contexte national, il faut : développer et améliorer le Dispositif

Standard de Protection de l’Enfant à base communautaire qui constitue l’ossature du système de protection et en assurer une mise en œuvre harmonisée et une opérationnalisation effective.

assurer l’articulation des pratiques institutionnelles et endogènes. Pour un changement durable, les deux pratiques doivent coexister et se renforcer mutuellement : les pratiques endogènes ne doivent pas entrer en conflit avec les pratiques institutionnelles et celles qui sont positives doivent être soutenues. Le dialogue des générations et la recherche action participative seront des outils privilégiés de cette articulation.

construire et mettre en œuvre les politiques et programmes en se basant sur des données fiables et des preuves. Il faut en effet considérer que la gestion des savoirs (recherche, suivi, évaluation, capitalisation) est nécessaire avant, pendant et après tout processus de changement durable.

mettre l’accent sur la prévention des abus, violences et exploitation dans les familles, les communautés, les institutions, en situation normale et dans les urgences, sans oublier l’accompagnement protecteur des enfants concernés par la mobilité. Cette prévention n’exclut pas la prise en charge et la réinsertion/réhabilitation des victimes. L’accompagnement des familles en la matière se fera surtout à travers l’information, l’éducation et la communication sur des thématiques telles que : la citoyenneté, la responsabilité des parents, les devoirs de l’enfant. La prise en charge

21 DNE, Plan Guinée, Childfund, Terre des hommes, Unicef, COLTE/CDE

L’approche système : favorise une réponse globale et renforce

l’intégration à d’autres systèmes ; garantit un continuum des environnements

protecteurs en couvrant tous les espaces dans lesquels les enfants évoluent et transitent ;

donne une plus grande visibilité de la protection de l’enfant dans les programmes de développement avec de meilleurs indicateurs et suivis ;

renforce l’efficacité et la coordination des actions à tous les niveaux (central, régional, préfectoral et communautaire) et pour tous les acteurs (gouvernement, partenaires, ONG etc. ;

permet l’élaboration et la mise en œuvre de programmes nationaux durables ;

favorise une meilleure utilisation de ressources avec la participation sociale et l’articulation entre les pratiques institutionnelles et endogènes

En mai 2012, une conférence internationale sur le renforcement des systèmes de protection dans l’Afrique sub-saharienne a été organisée par 8 agences ou réseaux clés de la protection avec plus de 300 participants à Dakar. En avril 2013, 10 organisations ont lancé un appel à l’action en faveur de l’approche système et du renforcement des systèmes de protection.

Pourquoi l’approche système ?

Page 25: Politique Nationale de Promotion et de Protection des

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des victimes sera intégrée et en adéquation avec la problématique de l’enfant. Elle inclura notamment une réponse principalement psychosociale, juridique, éducative et/ou sanitaire, dans le cadre d’une coordination intersectorielle. La réinsertion et la réhabilitation des enfants victimes se feront par la scolarisation, le retour en famille, la formation etc. La prise en charge sera étendue aux mineurs auteurs d’infractions et/ou témoins d’infractions.

2.5. Problèmes prioritaires du système national de protection des enfants

La PNPDBE, d’une durée décennale, sera mise en œuvre en plusieurs phases ayant chacune un plan stratégique. La première phase d’une durée de trois ans est précédée d’une phase préliminaire. A chacune de ces deux phases correspondent des problèmes prioritaires qui sont présentés dans le tableau ci- après. A noter que les réformes pour moderniser et renforcer l’Etat et la gouvernance et les réponses aux situations d’urgences prennent déjà en compte plusieurs problèmes prioritaires de la phase préliminaire.

Tableau 1 : problèmes prioritaires dans la phase préliminaire et la première phase

Problèmes prioritaires dans la phase préliminaire

Problèmes prioritaires dans la première phase

• des dispositions du code de l’enfant manquent encore de clarté et sont parfois contradictoires, certaines d’entre elles comportent des formes de discrimination ;

• les effectifs et les compétences des travailleurs sociaux sont insuffisants ;

• l'intégration de la question de la protection dans les autres politiques sectorielles est insuffisante;

• le financement du Système de Protection de l’Enfant est insuffisant et sa répartition est inadéquate ;

• le dysfonctionnement de la justice juvénile ; • le faible taux d’implantation et de couverture du

DSPE ; • la faiblesse du système d’information ; • la faible disponibilité de structures étatiques

spécialisées ; • les dysfonctionnements du dispositif de

placement et d’accueil temporaire des enfants ; • l’insuffisance d’opportunité de

réinsertion/réhabilitation des enfants handicapés ;

• les écarts et manque de synergie entre acteurs communautaires et institutionnels.

• la négligence, voire le refus de plusieurs parents de déclarer les naissances et d’obtenir des actes de naissance ;

• la persistance des pratiques traditionnelles néfastes : MGF/E, mariages forcés, mariages d’enfants ;

• l'insuffisance services de réinsertion et réhabilitation des enfants handicapés ;

• les vulnérabilités liées à la mobilité des enfants ;

• la violence domestique, communautaire ou institutionnelle ;

• les pires formes de travail des enfants (traite, travail forcé, exploitation sexuelle…) ;

• la problématique des mineurs confrontés à la loi ;

• les risques et situation de violence, d’exploitation et de sévices affectant les enfants dans les situations d’urgence.

2.6. Axes stratégiques de la première phase La première phase la PNPDBE sera réalisée selon six axes stratégiques qui sont représentés dans la figure ci-après :

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Figure 1 : Axes stratégiques de la phase 1

A chacun de ces axes stratégiques correspondent plusieurs lignes d’action :

AXE 1 : Renforcement de la fonctionnalité du DSPE. Lignes d’action : appui au fonctionnement des CRPE, CPPE, CLPE, CLEF, et CVPE (restructuration, cadre de

concertation, planification opérationnelle) ; amélioration de la couverture géographique du DSPE (passage à l’échelle) ; extension du DSPE au niveau de l’échelon territorial le plus bas conformément à

l’organisation administrative.

AXE 2 : Renforcement et application du cadre politique, juridique et institutionnel ; Lignes d’action : révision du Code de l’Enfant qui redéfinit toutes les procédures relatives à la protection de

l’enfant ; conception et mise en œuvre effective d’un arrêté d’application sur le contrôle des

établissements privés travaillant dans le domaine de la protection de l’enfant ; plaidoyer pour la prise de tous décrets d’application nécessaires à la mise en œuvre effective

et efficace des lois et procédures relatives à la protection de l’enfant ; diffusion et vulgarisation des instruments nationaux et internationaux relatifs à la protection

de l’enfant auprès de tous les professionnels et intervenants dans le secteur ainsi que les communautés.

AXE 3 : Amélioration de l’offre de service Lignes d’action : promotion et protection des droits de l’enfant dans le cadre du soutien aux initiatives

communautaires d’éducation, notamment les centres d’encadrement communautaires (CEC), ateliers d’apprentissage informels, centres coraniques ainsi que les écoles de seconde chance (centre NAFA).

Renforcement du système de protection de

l'enfant

Renforcement de la fonctionnalité du

DSPE

Renforcement et application du

cadre politique, juridique et

institutionnel

Amélioration de l’offre de service

Soutien à la participation des enfants, familles, communautés et

société civile

Gestion des savoirs (recherche, suivi-

évaluation, capitalisation)

Appui à la collaboration/coord

ination intersectorielle et

inter- agences

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renforcement des mécanismes de plaidoyer, d’information, de sensibilisation et de communication pour l’abandon des pratiques socio culturelles préjudiciables à l’épanouissement de l’enfant, notamment les MGF, à travers l’implication des chefs religieux, les leaders traditionnels, les médias traditionnels et modernes dans toutes questions relatives à la promotion et à la protection des droits et du bien-être de l’enfant ;

construction et équipement de centres de protection des enfants vulnérables (centres de premier accueil, centres de sauvegarde, centres polyvalents, centres d’adaptation sociale, etc.), y compris des centres spécialisés selon la nature de la vulnérabilité ; mise en place d’un mécanisme de prise en charge intégrée (identification, signalements et réponses rapides du numéro vert, évaluation, référencement, contre référencement, accompagnement, suivi, évaluation des cas, paquet minimum de services, la réhabilitation et la réinsertion etc.) des cas d’enfants vulnérables, en danger, en conflit avec la loi etc.. ;

renforcement des compétences et des capacités des acteurs formels et non formels, notamment, la création et appui au fonctionnement d’une école nationale de formation des agents/professionnels sociaux (les travailleurs sociaux, psychologues et psychothérapeutes, médecins légistes, assistants, agents communautaires, bénévoles, les éducateurs spécialisés).

AXE 4 : Soutien à la participation des enfants, familles, communautés et société civile. Lignes d’action : impulsion de la participation et de l’autonomisation des enfants et adolescents, des filles et

des garçons, des adultes en charge des enfants à travers leurs structures de participation communautaires et nationales ;

appui aux familles et acteurs communautaires, pour assumer leurs rôles et responsabilités dans la protection des enfants ;

promotion de normes sociales protectrices des droits et du bien-être de l’enfant, du changement de comportement positif et de l’évolution des mentalités au niveau des enfants, des familles, des communautés et de l’Etat ;

soutien à la concertation sociale, à l’éducation sur les droits humains, au dialogue intergénérationnel ;

prévention et protection des droits des enfants affectés par les urgences.

AXE 5 : Gestion des savoirs (recherche, suivi-évaluation, capitalisation) Lignes d’action : diagnostic /analyse de la situation des enfants avec la participation des communautés. implantation d’un Observatoire National de la Protection de l’Enfant ; études et enquêtes nationales sur : i) les stratégies de lutte pour l’abandon des MGF/E ; ii) la

problématique de la mobilité des personnes en particulier des enfants ; iii) les enfants en conflit avec la loi ; iv) la maltraitance des enfants ; v) le phénomène des enfants de la rue et enfants mendiants ; vi) les pratiques endogènes de protection ;

mise en place d’un système de suivi-évaluation participatif de la mise en œuvre de la Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits et du Bien-être de l'Enfant en Guinée (PNPDBE).

AXE 6 : Appui à la collaboration/coordination intersectorielle et inter-agences. Lignes d’action : cartographie des problématiques, acteurs et des interventions ; appui à la communication stratégique et opérationnelle du système de protection ; renforcement des réseaux et mécanismes de collaboration/coordination (CANEPE,

COLTE…) ; inclusion de la question de la protection de l’enfant dans les politiques sectorielles et les

mesures gouvernementales pertinentes (éducation, santé, justice, sécurité etc.) ; renforcement des liens avec les autres secteurs de base pour une réponse intersectorielle

problématiques de protection de l’enfant.

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2.7. Organisation et pilotage

La mise en œuvre de la politique de Protection de l’Enfant est placée sous la responsabilité de la Direction Nationale de l’Enfance (DNE). Le document de la PNPDBE sera assorti de plans d’action périodiques de trois (3) ans, qui seront conformes aux principes de la gestion axée sur les résultats (GAR). Le principal outil de pilotage de la PNPDBE sera le dispositif de suivi-évaluation décrit ci-après. Le dispositif de suivi-évaluation Le dispositif de suivi- évaluation de la PNPDBE a pour objectifs : i) assurer l’intégration des niveaux central et déconcentré ; ii) assurer la collecte à temps des données pertinentes et fiables iii) assurer l’analyse et la diffusion des données; iv) instaurer une culture de reddition de comptes à tous les niveaux ; v) renforcer les capacités des structures du DSPE en matière de suivi / évaluation. Ce dispositif doit favoriser l’articulation des différents niveaux : central, décentralisé/déconcentré et communautaire. Les principales structures de ce dispositif sont la DNE, les services déconcentrés du MASPFE qui sont rattachés à la DNE et les structures du DSPE. La mobilisation et la gestion des ressources La mise en œuvre de la politique exige le renforcement des capacités techniques des ressources humaines chargées de la protection de l’enfance, au plan qualitatif et quantitatif, tant au niveau des structures centrales que déconcentrées. Le MASPFE doit développer et soutenir l’offre de formation de professionnels de la protection de l’enfant et valoriser le travail social. En ce qui concerne les ressources financières, l’Etat, les collectivités territoriales, les organisations non gouvernementales nationales et internationales, les fondations, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers seront sollicités. Les mesures suivantes seront nécessaires pour la mobilisation des ressources financières et la gestion des contributions :

plaidoyer pour l’accroissement des ressources budgétaires allouées par l’Etat à la protection de l’enfant en général et au secteur de la protection de l’enfance en particulier ;

la mise en place d’un mécanisme de recherche de ressources financières ciblant les services techniques étatiques, la société civile, les collectivités locales, les partenaires techniques et financiers et le secteur privé ;

la répartition équitable des ressources mobilisées et leur gestion rigoureuse ; le développement d’un système d’information financière intégré, permettant la traçabilité des

contributions. La communication La communication doit favoriser une meilleure connaissance des options du Gouvernement en matière de prévention et de protection de l’enfant ainsi qu’une adhésion et un soutien accru des différents acteurs à la PNPDBE. Dans cette optique, un plan de communication fonctionnel axé particulièrement sur la prévention et la promotion des droits de l’enfant sera élaboré et mis en œuvre par chacune des structures du DSPE.

2.8. Rôles et responsabilités des acteurs Le Ministère de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance (MASPFE) est le responsable, de l’élaboration et de la mise en œuvre de la PNPDBE du gouvernement. A ce titre, il :

assure la planification et la gestion de la mise en œuvre de la PNPDBE ainsi que la mobilisation des ressources pour le fonctionnement efficace du système de protection des enfants ;

facilite la collaboration intersectorielle et l’inclusion de la question de la protection des enfants dans les autres politiques sectorielles;

coordonne les actions de plaidoyer pour la mobilisation de moyens financiers et matériels.

La Direction Nationale de l’Enfance (DNE) est l’institution responsable, au niveau du MASPFE, de la gestion de la PNPDBE. A ce titre, la DNE doit :

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assurer l’orientation et la coordination des actions des différents partenaires publics et privés au niveau central, déconcentré et décentralisé;

assister les structures déconcentrées dans la mise en œuvre des actions retenues; assurer la mobilisation et la gestion des ressources pour le fonctionnement efficace du système de

protection ; assurer la planification, la mise en œuvre et le suivi des actions du système de protection des enfants

en Guinée (SYPEG).

Le Comité Guinéen de Suivi des Droits de l’Enfant (CGSDE) est une structure interministérielle créée par décret présidentiel en 1995, qui est responsable du suivi de l’application des Droits de l’enfant en Guinée. Parmi les départements devant être représentés dans cette structure on note ceux en charge de la Justice, de la Sécurité, de la Santé, de l’Enfance, de l’Education, du Travail, de la Défense, du Transport et de la communication

Le Dispositif Standard de Protection de l’Enfant (DSPE), est le principal outil de mise en œuvre de la PNPDBE dans les régions, les préfectures, les communes, les districts/quartier et dans les secteurs/villages. Les rôles particuliers des composantes du DSPE sont spécifiés ci-après :

La Coordination Régionale pour Protection de l’Enfant (CRPE) intervient au niveau régional et est chargée techniquement de i) coordonner et superviser les activités inscrites dans le plan d’action régional du dispositif de protection ; ii) favoriser le développement du partenariat entre les différents intervenants au niveau régional ; iii) faciliter la collecte et la remontée des données au niveau de la Cellule de Suivi-Evaluation

La Coordination Préfectorale pour la Protection de l’Enfant (CPPE) est responsable de la coordination et du suivi des activités du DSPE au niveau de la préfecture. Elle assure la supervision et l’appui aux CLPE. Elle facilite le développement du partenariat ainsi que la collecte et l’acheminement des données au à la CRPE.

Le Conseil Local pour la Protection de l’Enfance (CLPE) est chargé de i) coordonner et suivre les activités des CLEF de la commune et leur apporter des appui/conseils; ii) faciliter la collecte et l’acheminement des données au niveau de la CPPE iii) favoriser le développement du partenariat entre les différents intervenants ;iv) détecter les cas de violations des droits de l’enfant et sensibiliser la communauté ;v) faire la médiation entre les auteurs et les victimes des violations.

Le Conseil Local pour Enfant et Famille (CLEF) a pour mandat de i) surveiller, alerter et documenter sur les risques et les cas de violation des droits de l’enfant ii) informer, éduquer et sensibiliser les populations sur les conséquences néfastes de violation des droits de l’enfant ;iii) référer les cas de violation des droits de l’enfant aux Services d’Appui pour la prise en charge ;iv) assurer la médiation ;v) accompagner la promotion de pratiques endogènes ; vi) susciter et soutenir des initiatives communautaires favorables à la protection des enfants.

Les familles et communautés : ont un rôle fondamental pour assurer la protection et le bien-être de l’enfant. En particulier, elles sont responsables de la déclaration des naissances et de la satisfaction des besoins de base (nourriture, hébergement, éducation, soins, jeux, etc.…) ainsi que de la protection contre les violences et abus en leur sein. La famille et la communauté doivent transmettre aux enfants les valeurs et normes sociales favorisant leur épanouissement et leur bien-être. Les partenaires au développement (Programmes et Projets de développement, ONG, OSC). La responsabilité de la protection des enfants incombe également aux structures non étatiques. Celles-ci jouent un rôle fondamental d’appui et de complément des structures étatiques. Dans ce cadre, elles auront à :

travailler en synergie avec d'autres partenaires au développement et aligner leurs programmes et projets sur la PNPDBE ;

participer aux travaux de planification et de suivi des comités de protection de l'enfant au niveau district, préfectoral, régional et national ; en particulier, collaborer avec la DNE pour l’organisation des revues annuelles des plans exécutés et la reprogrammation ;

collaborer avec les structures déconcentrées du MASPFE ainsi que les organes du DSPE et participer notamment aux actions de plaidoyer sur les droits et le bien-être des enfants ;

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contribuer à la mobilisation des ressources financières et des appuis techniques.

2.9. Collaboration intersectorielle Les acteurs du système de protection de l’enfant doivent collaborer avec ceux des autres systèmes qui ont un impact sur la situation des enfants.

Les secteurs de la justice et de la sécurité : La révision du code de l’enfant ainsi que la réforme de la justice en cours, donneront plus d’efficacité à la justice juvénile. La question des droits des enfants sera incluse dans le processus de réforme du secteur de la défense et de la sécurité.

Le secteur de la protection sociale : La politique de protection sociale a pour objectif d'étendre les mécanismes de protection afin que les groupes vulnérables bénéficient de la création de richesses, qu’ils soient protégés contre les risques par un meilleur accès aux services sociaux. La question de la protection de l’enfant doit avoir une bonne place dans cette politique.

Le secteur de l’enregistrement des naissances : la PNPDBE entend contribuer à l’accroissement du taux d’enregistrement des naissances notamment au niveau local par la mise en place d’organes communautaires et villageois de gestion des enregistrements mais surtout par la communication pour le changement de comportement.

les universités, les institutions de formation et de recherche : doivent être mobilisées et sollicitées non seulement pour des recherches sur la protection, mais aussi pour la formation des professionnels de la protection.

le secteur éducatif : l’éducation est une composante essentielle de la protection qui doit être prise en compte avant, pendant et après tout épisode de violence, d’abus, de négligence ou d’exploitation. Généralement les milieux éducatifs constituent un environnement protecteur mais ils peuvent aussi être source de violence de toute nature et d’autres formes de mauvais traitements.

les secteurs en charge de l’Alimentation, de la Santé, de l’Eau et l’Assainissement, offrent des opportunités de prévention et de développement positif de l’enfant et des familles. Les professionnels de ces secteurs ont un rôle déterminant à jouer dans la promotion du bien-être familial, en particulier celui de la mère et de l’enfant. La PNPDBE, saisira toutes les opportunités que présentent les politiques de ces secteurs pour travailler en synergie en vue d’optimiser les réponses et la prévention des problèmes de protection.

le Ministère du Plan à travers notamment l’Institut national de la statistique doit intégrer dans ses enquêtes sur les ménages des données relatives au droit et à la protection des enfants. En particulier, la prochaine EDS-MICS pourra fournir des données de base à la PNPDBE.

le secteur du travail et de l’emploi : la PNPDBE contribuera avec ce secteur, à la réduction de l’exploitation de l’enfant par le travail. Elle veillera aussi à l’application des dispositions relatives au travail et à l’emploi des enfants22.

2.10. Conclusion générale

Malgré la mise en place d’un cadre institutionnel et l’adoption d’instruments nationaux et internationaux pertinents, le système de protection des enfants en Guinée n’apporte pas des réponses satisfaisantes aux problèmes de protection des enfants. Ces derniers restent particulièrement vulnérables et connaissent des violations récurrentes de leurs droits fondamentaux. C’est pourquoi en 2013, il s’est avéré nécessaire de réviser la politique nationale de l’éducation préscolaire et de la protection de l’enfance qui a été élaborée en 2007 et qui oriente les interventions des acteurs de la protection de l’enfant en Guinée,

La nouvelle PNPDBE élaborée en 2014 combattra les atteintes faites aux droits et au bien-être des enfants en adoptant une approche globale, holistique et systémique. Avec la participation active des familles et communautés, elle renforcera la coordination et la complémentarité des interventions à travers une articulation entre le mécanisme institutionnel et communautaire de protection. Tout en mettant l’accent sur la prévention, elle continuera cependant à prendre en charge des enfants victimes d’abus, de maltraitance, d’exploitation, de négligence et de violence en s’appuyant sur le DSPE.

22 C138 Convention sur l'âge minimum d'admission à l'emploi ou au travail – C182 Convention sur les pires formes de travail des enfants - Loi portant code de l’enfant en Guinée.

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Les résultats attendus au terme de 10 ans de mise en œuvre de la PNPDBE sont schématisés dans la figure ci-après :

Figure 2 résultats de la PNPDBE

La mise en œuvre de la PNPDBE est placée sous la responsabilité de la Direction Nationale de l’Enfance (DNE). Elle se fera selon de plans d’action périodiques de trois (3) ans, qui seront conformes aux principes de la gestion axée sur les résultats (GAR). A cet effet, un dispositif efficace de suivi-évaluation et des mesures de gestion rigoureuse des ressources seront mis en place dont notamment : i) développer et soutenir l’offre de formation de professionnels de la protection de l’enfant, ii) solliciter des contributions financières accrues de l’Etat, des collectivités territoriales, des organisations non gouvernementales, des fondations, ainsi que du secteur privé. Des plans de communication axés particulièrement sur la prévention et la promotion des droits de l’enfant seront élaborés et mis en œuvre par chacune des structures du DSPE. La première phase la PNPDBE se concentrera sur le renforcement du système de protection de l’enfant et sera réalisée selon six axes stratégiques : i) le renforcement de la fonctionnalité du DSPE, ii) le renforcement et l’application du cadre politique, juridique et institutionnel ; iii) l’amélioration de l’offre de service, iv) le soutien à la participation des enfants, familles, communautés et société civile, v) la gestion des savoirs (recherche, suivi-évaluation, capitalisation), vi) l’appui à la collaboration/coordination intersectorielle et inter- agences.

le système national de protection des enfants

assure la prévention et la réponse aux problèmes majeurs de protection,

pour un maximum d'enfants, conformément

aux textes, lois, conventions protocoles

nationaux et internationaux

le DSPE est plus efficace et efficient

la législation nationale est harmonisée avec les instruments juridiques internationaux

la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des services de protection et de prévention sont améliorées

les enfants, les familles, les communautés et la société civile participent activement aux changements sociaux

les problématiques de protection des enfants sont mieux connues et suivies

la collaboration et la coordination des acteurs clés de la protection sont renforcées

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DOCUMENTS CONSULTES

TERMES DE REFERENCE DE L’EVALUATION

UNICEF (2013).Termes de référence relatifs au recrutement d’un (e) Consultant(e) INTERNATIONAL (E) chargé de l’élaboration d’une version révisée de la politique Nationale de l’enfance (PNEPPE), en Guinée, VA/2013/SSA/007, Septembre 2013

LOI - RECOMMANDATIONS

Ministère de la Solidarité nationale, de la promotion féminine et de l’Enfant – Guinée (2010). Loi L /2008/011 portant code de l’enfant. Edition de 2010.

Nations Unies / Genève (2013). Observations finales sur le deuxième rapport périodique de la Guinée. Recommandations du Comité des droits de l’enfant.

DOCUMENTS DE PLANIFICATION

Ministère de l’Education nationale et de la recherche scientifique - Guinée (2007). Description du PSE (2008/2015).

Ministère d’Etat chargé de l’Economie et des Finances –SP-SRP—Guinée (2013). Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP III, 2013 :2015).

DOCUMENTS DE POLITIQUE DE PROTECTION

Ministère des Affaires sociales, de la condition féminine et de l’enfance / DNEPPE – Guinée (2007). Document de politique nationale de l’éducation préscolaire et de la protection de l’enfance.

Ministère des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’enfance / DNEPPE – Guinée (2010). Dispositif standard d protection de l’enfant à base communautaire en Guinée.

Ministère des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’enfance / DNEPPE – Guinée (2013). Projet de système de protection de l’enfant en guinée (2013/2016).

Ministère des Affaires sociales, de l’Enfant et de la famille – Mauritanie (2009). Stratégie nationale de protection des enfants en Mauritanie.

Ministère de la Promotion de la Femme de la Famille et de l’Enfant – Mali (s.d.). Politique nationale de l promotion et de protection de l’enfant au Mali.

Gouvernement de Sierra Leone (2013). Politique de bien-être des enfants. Appuyer les familles et les enfants à se protéger.

SENEGAL (2013). Stratégie nationale de protection de l’enfant.

DOCUMENTS DE REFERENCE Global Protection Cluster (s.d.). Standards minimums pour la protection de l’enfance dans l’intervention

humanitaire. UNICEF (s.d.). Boîte à outils pour la cartographie et l’évaluation, guide des utilisateurs. (Document traduit de

l’anglais). Emily Vargas Baron (2005). Planification des politiques pour le développement de la petite enfance. Lignes

directrices pour l’action – UNICEF. UNICEF (2009). Systèmes de protection nationaux en Afrique de l’ouest et du centre Fondation Terre des hommes (2010). Travailler avec des enfants et leur environnement – Document de

référence psychosocial. Fondation Terre des Hommes (2010). Quelle protection pour les enfants concernés par la mobilité en

Afrique de l’ouest. Rapport régional de synthèse. Projet mobilité. Fondation terre des Hommes – Aide pour l’Enfance (2011). Le renforcement des systèmes de protection

de l’enfant. Réseau Afrique de l’Ouest (2011). Procédure de prise en charge et standards régionaux ouest africains pour

la protection et la réintégration des enfants en situation de vulnérabilité. Plan Guinée (2011). Analyse de la situation des droits de l’enfant en Guinée. UNICEF (2011). Lutte contre les mutilations génitales féminines – Pour une nouvelle approche. PNUAD – Guinée (2012). Plan cadre des nations unies pour l’aide au développement – 2012 /2017. Groupe de travail inter institution sur les systèmes de protection de l’Enfance en Afrique

subsaharienne (2012). Renforcer les systèmes de protection de l’Enfance en Afrique subsaharienne. Document de travail

UNICEF (2013). Les enfants handicapés.

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DOCUMENTS DE DONNEES STATISTIQUES Ministère du Plan – Institut national de la statistique – Guinée (2012). Rapport d’étude « Pauvreté et

inégalité en Guinée de 1994 à 2012 ». Ministère de l’Enseignement pré universitaire et de l’Education civique – Guinée (2013). Rapport

d’analyse des statistiques scolaires, 2012/2013 - CGPSDE / MEPU-EC, octobre 2013 Ministère du Plan – Institut national de la statistique – Guinée (2013). Enquête démographique et de santé

et à indicateurs multiples (EDS-MICS) – Measure DHS, ICF International Calverton, Maryland, USA. RAPPORTS DE REVUE ET D’EVALUATION DE PROGRAMME ET DE PROJETS

UNICEF-Guinée (2011). Rapport d’évaluation du programme de protection de l’Unicef Guinée, 2007 :2011 ; Plan Guinée (2011). Rapport final de la revue du plan stratégique national des programmes de Plan Guinée

(2005/2010). Ministère des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’enfance / DNEPPE – Guinée (2012).

Rapport général du premier forum national sur l’Enfance. Plan Guinée (2012). Rapport de l’évaluation finale du projet de protection et de participation des enfants dans

les CRD de Yende et Manfran. Plan guinée – ISADES (2014). Rapport d’évaluation finale du projet d’appui psychosocial des enfants et jeunes

sévèrement affectés par les conflits. Ministère des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’enfance / DNEPPE – Guinée (2014).

Rapport d’évaluation de l’enseignement et l’apprentissage au préscolaire. SAEIF / UNICEF. Tostan (2014). Rapport final du projet « Promouvoir le respect des droits des enfants » (Juillet 2013 / février

2014).