21
«Pour la fin du monde, prends ta valise et va là haut sur la montagne on t’attend», chantait Gérard Palapra en 1971. Le chanteur ne se doutait sans doute pas que, quarante ans plus tard, un petit village du sud de la France donnerait vie à ses paroles. Car Bugarach, qui compte à peine 200 habitants, serait le lieu ultime pour échapper à la fin du monde annoncée pour le 21 décembre prochain. Reportage. Bugarach : J-4 AVANT LA FIN DU MONDE De notre envoyé spécial Ambroise Carton Ne serait-il pas un peu dépas- sé Jean-Pierre Delord, le maire de Bugarach ? Cela fait 35 ans qu’il dirige cette commune de deux cents habitants ( «et encore, je ne compte pas les petits hommes verts» , ironise-t-il), mais c’est la première fois qu’il aura à gérer un tel événement. A quelques jours de la fin du monde, tout s’organise pour gérer la foule attendue sur place à partir du 19 décembre. «Je ne sais pas s’il y aura beaucoup de monde» , avoue le maire. Seule certitude: plus de 200 journalistes ont obtenu une accrédi- tation au- près de la préfectu- re. Quant aux habi- tants, «ils pourront recevoir leurs amis et leurs familles grâce à un laisser- passer.» Le maire recon- naît tout de même que le village ne pourra accueillir que 300 véhicules au maximum. SUICIDE COLLECTIF ? Une centaine de gendarmes se- ront présents pour veiller à la sécurité. Leur mission: interdire l’accès au pic et filtrer le passage des véhicules sur les routes. Car le danger est réel. Jean-Pierre Delord raconte qu’il a reçu une carte postale affirmant qu’il y aurait un suicide collectif dans les environs le 21. Dès lors, rien n’est laissé au hasard. Le som- met de la montagne est sur- veillé, tout comme les cavités qu’elle renferme. Une vingtaine de spéléologues seront là pour parer à toute éventualité. «Il y a onze cavités connues sous le pic. L’ensemble du réseau de galeries fait 5,5 km» , explique Henri Guile- hem, spéléologue bénévole. «Je serai sur place avec tout mon maté- riel dans la voiture au cas où certai- nes personnes arriveraient à passer à travers les lignes. On est en état de guerre. C’est clôturé partout!» Un avant-goût d’apocalypse. l On vient de partout à Buga- rach… notamment de Bel- gique. C’est le cas d’Anne- Sophie. Depuis quatre ans, cette Liégeoise, architecte d’intérieur, fait régulière- ment le voyage jusqu’au pied de la montagne. «Je viens puiser les bonnes énergies avant qu’il y ait trop de monde» , explique-t-elle. «Je ne pensais pas qu’il n’y aurait autant de journalistes.» Grave erreur! Ce lundi 17 décembre, il est 10h du matin mais TF1, la VRT, la ZDF et une télé japonaise rôdent déjà dans les parages. Apocalypse ou pas, Anne-Sophie est là pour l’atmosphère du lieu. «Tout le monde réagit au pic de manière différente. Ici, il y a un magné- tisme important. Je ressens une énergie particulière. Ça me tou- che…» l AU SOMMET DU PIC RENCONTRE « Pas beaucoup de soucoupes volantes » Une Liégeoise à Bugarach Apocalypse no ! En plein week- end de décem- bre, deux cam- ping-cars s’ouvrent à l’entrée du village. Une tête ébou- riffée en sort. «On est quatre étudiants venus d’une école d’art de Bretagne», explique Julien. Ils sont là avec leur caméra et ils attendent que «quelque chose» se passe. Le véhicule voisin est occupé par d’autres étudiants en art, venus de Munich ceux-là. Ils préparent un film sur les sec- tes et les théories de la conspi- ration. «On attend des fanatiques. On a croisé quelqu’un qui s’attend à voir la montagne s’ouvrir pour laisser place à une porte qui permet de voyager dans le temps.» Un peu plus loin, à la mairie, une affiche informe les jour- nalistes des heures de perma- nence. Le maire, Jean-Pierre Delord, est devenu très demandé. Cela n’a d’ailleurs pas plu aux villa- geois qui accusent leur élu de trop aimer la lumière des médias. Dans les rues adjacentes, les visages des habitants sont fermés. Deux jeunes refusent catégoriquement d’être inter- viewés. «Non!» , lancent-ils avant de s’enfuir avec un rire gêné. Une équipe du «Petit Journal» de Canal+, arrivée de Paris, cherche tant bien que mal à se mettre quelque chose sous la dent. «Quand on demande une interview, on se fait jeter violem- ment» , rapporte le preneur de son. Il faut dire que les villageois ont été assaillis. «On a eu des journalistes chinois, américains, ja- ponais, russes, italiens, espagnols, roumains, polonais…» , énumère Jean qui tient la Ferme de Ja- nou, un restaurant dont le slo- gan indique «la fin du monde c’est ici !» «C’est très bien tout ça. Avant, personne ne connaissait no- tre village. Aujourd’hui on vient de partout. C’est un peu comme quand une ville organise les Jeux Olympiques!» , s’enthousiasme le restaurateur. PRINCIPE DE PRÉCAUTION Les gendarmes ne rigolent pas, eux. Tous les jours, ils con- trôlent les abords du village. La zone sera complètement bou- clée à partir du 19 décembre. En prévision, des spéléologues surveillent les cavités de la montagne, là où se trouverait Pour se rendre compte des pro- priétés «surnaturelles» du pic de Bugarach, rien de tel qu’une ascension au sommet. Au début du sentier, les gendarmes ont le sourire : «Faites attention, ça glisse! Accrochez-vous aux branches…» En effet, le sentier est très boueux, voire escarpé. On serait curieux de voir un illuminé en toge em- prunter ce chemin. Chaussures de randonnée et vêtements adé- quats sont en effet indispensa- bles pour une ascension sans danger. Le pic de Bugarach s’élève à 1.231 mètres. Il faut une heure et demie de marche pour en triompher. Dans le village, les gens vous avertissent: «Il y en a qui ont ressenti des phénomènes bizarres, des bourdonnements sor- tent de la montagne, les boussoles deviennent folles…» Certes, on ressent une légère nausée au bout d’une demi-heure de mar- che. Mais un sursaut cartésien encourage à attribuer ces verti- ges à l’effort. Au terme du par- cours, à plus de 1200 mètres, le spectacle est impressionnant. D’un côté, on aperçoit la Médi- terranée. De l’autre, on distin- gue les sommets enneigés des Pyrénées. GPS ET GSM OK C’est le moment de faire les vérifications d’usage. Le test de la boussole ne montre rien d’anormal. Le Nord est bien dans la bonne direction. Un GPS, qui retrouve parfaite- ment sa position, confirme ce constat. Pas loin de là, un mar- cheur téléphone à un ami: «La vue est magnifique. Tu viens pour l’apocalypse à Bugarach?» Il y a donc même du réseau GSM. Les appareils photos ont toujours de la batterie et les données des cartes mémoires ne sont pas co- rrompues. Entre deux clichés, un randonneur rigole: «Il n’y a pas trop de soucoupes volantes aujourd’hui.» l la soucoupe volante qui emmè- nera les élus vers un monde meilleur. Selon un gendarme, «on applique le principe de précau- tion. Il y a des gens bizarres dans les environs. Une femme a fait le tour des villages alentours avec ses deux enfants pour demander si elle pouvait planter sa tente au pied du pic. C’est inquiétant avec le temps qu’on a.» À Bugarach, la paranoïa semble bien présen- te. Un officiel demande même si un mouvement de panique a gagné la Belgique. En atten- dant l’apocalypse, les autorités accueillent les randonneurs au sommet du pic et demandent leurs papiers. A 1.231 mètres d’altitude, c’est sans doute le contrôle d’identité le plus haut du monde. l EN ATTENDANT LA FIN Un village en état de siège l A. CARTON Plus de 200 journalistes sont attendus. l A.C. Le maire est très demandé. l A.C. 20 SUDPRESSE * )G

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«Pour la fi n du monde, prends ta valise et va là

haut sur la montagne on t’attend», chantait Gérard Palapra en 1971. Le chanteur ne se doutait sans doute pas que, quarante ans plus tard, un petit village du sud de la France donnerait vie à ses paroles. Car Bugarach, qui compte à peine 200 habitants, serait le lieu ultime pour échapper à la fi n du monde annoncée pour le 21 décembre prochain. Reportage.

Bugarach : J-4 AVANT LA FIN DU MONDE

De notre envoyé spécial

AmbroiseCarton

Ne serait-il pas un peu dépas-sé Jean-Pierre Delord, le maire de Bugarach ? Cela fait 35 ans qu’il dirige cette commune de deux cents habitants («et encore, je ne compte pas les petits hommes verts», ironise-t-il), mais c’est la première fois qu’il aura à gérer un tel événement. A quelques jours de la fi n du monde, tout s’organise pour gérer la foule attendue sur place à partir du 19 décembre. «Je ne sais pas s’il y aura beaucoup de monde», avoue le maire. Seule certitude: plus

de 200 journalistes ont obtenu

une accrédi-tation au-près de la préfectu-re. Quant aux habi-tants, «ils

p o u r r o n t recevoir leurs amis et leurs familles grâce à un laisser-passer.» Le maire recon-naît tout de même que le village ne pourra

accueillir que 300 véhicules au maximum.

SUICIDE COLLECTIF ?Une centaine de gendarmes se-ront présents pour veiller à la sécurité. Leur mission: interdire l’accès au pic et fi ltrer le passage des véhicules sur les routes. Car le danger est réel. Jean-Pierre Delord raconte qu’il a reçu une carte postale affi rmant qu’il y aurait un suicide collectif dans les environs le 21. Dès lors, rien n’est laissé au hasard. Le som-met de la montagne est sur-veillé, tout comme les cavités qu’elle renferme. Une vingtaine de spéléologues seront là pour parer à toute éventualité. «Il y a onze cavités connues sous le pic. L’ensemble du réseau de galeries fait 5,5 km», explique Henri Guile-hem, spéléologue bénévole. «Je serai sur place avec tout mon maté-riel dans la voiture au cas où certai-nes personnes arriveraient à passer à travers les lignes. On est en état de guerre. C’est clôturé partout!» Un avant-goût d’apocalypse. l

On vient de partout à Buga-rach… notamment de Bel-gique. C’est le cas d’Anne-Sophie. Depuis quatre ans, cette Liégeoise, architecte d’intérieur, fait régulière-ment le voyage jusqu’au pied de la montagne. «Je viens puiser les bonnes énergies avant qu’il y ait trop de monde», explique-t-elle. «Je ne pensais pas qu’il n’y aurait autant de journalistes.» Grave erreur! Ce lundi 17 décembre, il est 10h du matin mais TF1, la VRT, la ZDF et une télé japonaise rôdent déjà dans les parages. Apocalypse ou pas, Anne-Sophie est là pour l’atmosphère du lieu. «Tout le monde réagit au pic de manière différente. Ici, il y a un magné-tisme important. Je ressens une énergie particulière. Ça me tou-che…» l

AU SOMMET DU PIC

RENCONTRE

« Pas beaucoup desoucoupes volantes »

Une Liégeoise à Bugarach

Apocalypse no !En plein week-end de décem-bre, deux cam-p i n g - c a r s s’ouvrent à l’entrée du village. Une tête ébou-riffée en sort. «On est quatre étudiants venus d’une école d’art de Bretagne», explique Julien. Ils sont là avec leur caméra et ils attendent que «quelque chose» se passe. Le véhicule voisin est occupé par d’autres étudiants en art, venus de Munich ceux-là. Ils préparent un fi lm sur les sec-tes et les théories de la conspi-ration. «On attend des fanatiques. On a croisé quelqu’un qui s’attend à voir la montagne s’ouvrir pour laisser place à une porte qui permet de voyager dans le temps.» Un peu plus loin, à la mairie, une affi che informe les jour-nalistes des heures de perma-nence. Le maire, Jean-Pierre

Delord, est devenu très demandé. Cela n’a d’ailleurs pas plu aux villa-geois qui accusent

leur élu de trop aimer

la lumière des médias. Dans les

rues adjacentes, les visages des habitants sont

fermés. Deux jeunes refusent catégoriquement d’être inter-viewés. «Non!», lancent-ils avant de s’enfuir avec un rire gêné. Une équipe du «Petit Journal» de Canal+, arrivée de Paris, cherche tant bien que mal à se mettre quelque chose sous la dent. «Quand on demande une interview, on se fait jeter violem-ment», rapporte le preneur de son. Il faut dire que les villageois ont été assaillis. «On a eu des journalistes chinois, américains, ja-

ponais, russes, italiens, espagnols, roumains, polonais…», énumère Jean qui tient la Ferme de Ja-nou, un restaurant dont le slo-gan indique «la fi n du monde c’est ici !» «C’est très bien tout ça. Avant, personne ne connaissait no-tre village. Aujourd’hui on vient de partout. C’est un peu comme quand une ville organise les Jeux Olympiques!», s’enthousiasme le restaurateur.

PRINCIPE DE PRÉCAUTIONLes gendarmes ne rigolent pas, eux. Tous les jours, ils con-trôlent les abords du village. La zone sera complètement bou-clée à partir du 19 décembre. En prévision, des spéléologues surveillent les cavités de la montagne, là où se trouverait

Pour se rendre compte des pro-priétés «surnaturelles» du pic de Bugarach, rien de tel qu’une ascension au sommet. Au début du sentier, les gendarmes ont le sourire : «Faites attention, ça glisse! Accrochez-vous aux branches…» En effet, le sentier est très boueux, voire escarpé. On serait curieux de voir un illuminé en toge em-prunter ce chemin. Chaussures de randonnée et vêtements adé-quats sont en effet indispensa-bles pour une ascension sans danger. Le pic de Bugarach s’élève à 1.231 mètres. Il faut une heure et demie de marche pour en triompher. Dans le village, les gens vous avertissent: «Il y en a qui ont ressenti des phénomènes bizarres, des bourdonnements sor-tent de la montagne, les boussoles deviennent folles…» Certes, on ressent une légère nausée au bout d’une demi-heure de mar-che. Mais un sursaut cartésien encourage à attribuer ces verti-

ges à l’effort. Au terme du par-cours, à plus de 1200 mètres, le spectacle est impressionnant. D’un côté, on aperçoit la Médi-terranée. De l’autre, on distin-gue les sommets enneigés des Pyrénées.

GPS ET GSM OKC’est le moment de faire les vérifications d’usage. Le test de la boussole ne montre rien d’anormal. Le Nord est bien dans la bonne direction. Un GPS, qui retrouve parfaite-ment sa position, confi rme ce constat. Pas loin de là, un mar-cheur téléphone à un ami: «La vue est magnifi que. Tu viens pour l’apocalypse à Bugarach?» Il y a donc même du réseau GSM. Les appareils photos ont toujours de la batterie et les données des cartes mémoires ne sont pas co-rrompues. Entre deux clichés, un randonneur rigole: «Il n’y a pas trop de soucoupes volantes aujourd’hui.» l

la soucoupe volante qui emmè-nera les élus vers un monde meilleur. Selon un gendarme, «on applique le principe de précau-tion. Il y a des gens bizarres dans les environs. Une femme a fait le tour des villages alentours avec ses deux enfants pour demander si elle pouvait planter sa tente au pied du pic. C’est inquiétant avec le temps qu’on a.» À Bugarach, la paranoïa semble bien présen-te. Un offi ciel demande même si un mouvement de panique a gagné la Belgique. En atten-dant l’apocalypse, les autorités accueillent les randonneurs au sommet du pic et demandent leurs papiers. A 1.231 mètres d’altitude, c’est sans doute le contrôle d’identité le plus haut du monde. l

EN ATTENDANT LA FIN

Un villageen état de siège

l A

. CAR

TON

Plus de 200 journalistes sont attendus. l A.C.

Le maire est très demandé. l A.C.

20 SUDPRESSE MARDI 18 DÉCEMBRE 2012

FRANCE

Il meurt, écrasé par son propre bateauUn plaisancier de 55 ans est mortaccidentellement samedi au Tré-port (Seine-Maritime), écrasé parson bateau qu’il était en train denettoyer. Le drame s’est produitvers 16h alors que ce plaisancier,un médecin généraliste de la ré-gion, se trouvait sous la coque desa petite vedette longue de 8mètres qui était à sec sur un chan-tier en bois. Pour une raison en-core inconnue, le chantier a cédéet le petit bateau a glissé sur leplaisancier qui est mort sur lecoup avant l’arrivée des se-cours. l

SUR LES ROUTES

Pas de problème pourles vacances de NoëlBonne nouvelle : si la semaine deNoël connaîtra un trafic chargésur les routes belges et euro-péennes, Touring ne prévoit ce-pendant pas de problème de circu-lation particulier. Raison de cecalme relatif ? Cette année, seule-ment 5 % des Belges partent pen-dant les vacances de Noël, contre9 % en 2011, a de son côté indiquéEurop Assistance. Dans le sens desdéparts, le trafic sera chargé surles routes belges le vendredi 21 dé-cembre à partir de midi. Tourings’attend également à des pro-blèmes de circulation le samedi 22décembre avant midi en directionde la Côte (E40) et des Ardennes(E411). l

GRANDE-BRETAGNE

Elizabeth II au conseildes ministres

La reine Elizabeth II doit assistermardi à son premier conseil desministres, une participationroyale qui n’a pas eu lieu depuisplus d’un siècle. Historiquement,les monarques britanniques prési-daient le conseil des ministresmais la dernière à avoir honorécette pratique était la reine Victo-ria, arrière-arrière-grand-mère dela reine Elizabeth, qui est décédéeen 1901. Elizabeth II, 86 ans, de-vrait assister « en observatrice » àce premier conseil pour marquerson jubilé de diamant. Elle seraprésente « au moins 30 minutes »,a ajouté le palais de Buckingham.Un présent lui sera d’ailleurs re-mis pour l’occasion. l

FRANCE

Il tue sa femme, pendses filles et se suicideQuatre membres d’une même fa-mille, dont deux fillettes, ont étéretrouvés morts lundi soir à leurdomicile de Salon-de-Provence(Bouches-du-Rhône). D’après lespremières constatations, le père,un homme de près de 40 ans, au-rait poignardé son épouse, 29 ans,et pendu leurs deux filles, âgées de3 et 6 ans, avant de se pendre à sontour, ont précisé des sources poli-cières. C’est l’absence d’une desfillettes à l’école qui a alerté l’en-tourage et permis de prévenir lapolice. Dans la maison, les poli-ciers ont trouvé la mère, poignar-dée, dans une chambre d’enfant etles trois autres membres de la fa-mille pendus dans le garage, à descordes d’escalade. Selon le mairela mère était militaire, le coupleétait marié depuis plusieurs an-nées et la famille était arrivée enseptembre dernier. Le mari, unBrésilien, était sans profession. Lecouple battait de l’aile et la sépara-tion semblait inéluctable. l

BRÈVES

Une première ! l AFP

* )�G

Page 2: Portfolio articles ACW

2 SUDPRESSE SAMEDI 22 DÉCEMBRE 2012

Il a le téléphone vissé à l’oreille.Qu’il conduise ou non, il reçoitappel sur appel. « Si le GSMdonne vraiment le cancer, je suisgrillé », rigole David Zapico. À 31ans, il est à la tête de Zapinvest,une société liégeoise spécialiséedans la seconde résidence en Es-pagne. Ses terrains de prédilec-tion : les régions d’Alicante etMalaga, au sud de l’Espagne.Avec la crise immobilière espa-gnole, les affaires roulent pourDavid… tout comme sa voiturede location qui file sur les natio-nales de la Costa del Sol. Il em-mène avec lui Claude, un candi-dat acheteur, prêt à investir jus-qu’à 250.000 euros dans un ap-partement ou une villa surplace. Ce client potentiel s’est dé-cidé sur le tard. « J’ai pensé inves-tir à une époque où il y avait unetelle crise de l’euro qu’on pouvaitse demander si l’Espagne n’allaitpas abandonner la monnaieunique. Avec un risque pareil, jen’étais pas acheteur. Je me seraisretrouvé avec un bien acheté en

euros, puis dévalué en pesetas. »En ce mois de décembre, il achangé d’avis. Le voilà prêt àacheter dans la région de Mala-ga. Et le temps presse. En effet,jusqu’au 31 décembre, la TVAsur les constructions neuvess’élève à peine à 4 %. En 2013, letaux passera à 10 %.

RABAIS DE 40 %David et Claude ont une journéechargée. Lors d’un rendez-vousen Belgique, ils ont cibléquelques appartements et villasà visiter. En tout, ils verront huitlieux différents. Problème : lamatinée débute lentement, à lamode méditerranéenne. « Il fautqu’on se mette à l’heure espa-gnole », dit David en tapotantl’horloge sur le tableau de bord.Il est déjà 9h50. Mais, ici, rien necommence avant 10h… au plustôt. La première étape dans uncomplexe immobilier est viteabandonnée. Le promoteur n’estpas encore là. La visite de la rési-dence trois chambres avec vuesur mer pour 200.000 euros, çasera pour plus tard. « Ce n’est pastrès professionnel », s’étonneClaude. Embarrassé, David re-connaît : « Il faut s’adapter. Ondoit être un peu caméléon. » En

route donc pour un autre en-droit, sur les hauteurs de Mar-bella. Là-bas, les appartementsavec vue sur mer s’arrachententre 230.000 et 380.000 euros,soit une baisse de 40 % sur leprix de base. Pour ce montant,les piscines (intérieures et exté-rieures), la salle de massage, lesauna et la salle de gym sont in-clus.Du côté de la Méditerranéenne,la vue est magnifique : palmiers,mer limpide à perte de vue,plages de sable fin… Au loin, on

aperçoit les côtes de l’Afrique. Sion se tourne vers l’intérieur dupays, le spectacle est moins glo-rieux. Avant la crise, on aconstruit partout, avec un excèsde confiance. Résultat, les pro-

jets abandonnés, gigantesquesempilements de poutres en bé-ton, parsèment le paysage.« Entre Malaga et Gibraltar, il y aenviron 150 km. C’est la partie del’Espagne la plus prisée par lemarché depuis des décennies.C’est un peu notre Provence ànous, les Belges. Aujourd’hui, cequi nous intéresse, ce sont les sta-tions où on a construit au plusmauvais moment. Les habitationsque nous allons visiter ont été ter-minées entre 2008 et 2010. »

15° EN DÉCEMBREQuand David n’est pas au télé-

phone avec l’un de ses collabo-rateurs sur place, il fait volon-tiers la conversation. « Dans cemétier, il faut aimer parler », ex-plique-t-il. Originaire des Astu-ries, au nord de l’Espagne, rienne le destinait au départ à tra-vailler dans son pays d’origine.David a commencé sa carrièredans l’animation de villages devacances. Il s’est ensuite lancédans l’immobilier, en France eten Belgique. Et puis la crise es-pagnole aidant, il s’est dirigévers la Costa del Sol où il tra-vaille depuis quatre ans. « De-puis un an et demi, ça explosedans cette région. Les bonneszones pour une villégiature, c’estAlicante et Malaga. Plus au nord,il y a un véritable hiver » On veutbien le croire. Malgré un cielnuageux, ce jour-là il fait unbon 15°. De quoi ravir Claudequi, en sortant de la voiture,s’exclame : « Quelle douceur,loin de ce froid humide qu’on aen Belgique. » Il se prend à rê-ver : « On pourrait presque fairedu vélo ! »Appartement ou villas, toutessont avec vue sur mer. « C’est uncritère important pour lesBelges », précise David. Auterme d’une journée mara-thon, Claude a trouvé son bon-heur. Son appartement meubléde deux chambres avec piscinedans la résidence, il l’a obtenupour 125.000 euros hors taxe.Atout non négligeable pour cenouveau propriétaire : il y a despanneaux solaires sur le toit.« Je pense vraiment que j’ai faitune affaire », glissera-t-il le len-demain à l’aéroport. C’est aussil’avis de David. Celui-ci l’assure :« Dans cinq ans, tout le mondepeut imaginer faire une plus-va-lue à la revente. » l

A.CDW

UN PLACEMENT TRÈS INTÉRESSANT

soldesAcheter une villa «pour deux fois rien», c’est possible. Des sociétés belges se spécialisent dans les résidences pas chères. Nous sommes partis à la chasse aux bonnes a! aires

Immobilier: ce sont les en Espagne!

l D

.R

Ciel turquoise, piscine accueillante et température idéale, un petit goût de paradis. l D.R.

David Zapico est sollicité en permanence par des clients belges. l A.CDW

parAmbroise CartonENVOYÉ SPÉCIAL À MALAGA

« La Belgique, c’est fini pournous », s’exclament Béatrice etAndré. Tout juste pensionnés,ils ont quitté leur maison d’An-derlues avec leurs chiens Zorroet Eros pour s’installer définiti-vement en Espagne. « Nousavons arrêté de travailler le pre-mier mai de cette année. Noussommes installés dans notre ap-partement espagnol depuis le 5novembre. » Au départ, ilsavaient pensé à s’installer enFrance. « Mais les prix étaient ex-cessifs. L’Espagne semblait plusabordable. Nous avons visiténotre appartement actuel pour lapremière fois en août. C’était unmatin à 11h. Le soir, notre choixétait fait ! »Pour moins de 100.000 euros, ilsont acquis un appartement aupremier étage. En tout, l’habita-tion fait 138m2 (grande terrassecomprise). Deux chambres,deux salles de bains, cave, ga-rage, piscine dans la résidence,garde qui filtre les entrées…rien ne manque. Il faut justecompter une centaine d’eurosde charges par mois. Bien sûr,Béatrice et André doivent en-core s’habituer à leur nouvellevie. Au début, les démarches nesont pas facile, surtout quandon ne parle pas un mot d’espa-gnol. Et puis il y a le mode devie, en décalage par rapport à laBelgique. « Les commercesferment l’après-midi. Vous ressor-tez à 18h et ça commence à s’ani-

mer », raconte Béatrice.Ces différences mises de côté, lecouple est enthousiaste. « C’estplus confortable ici, tout coûtemoins cher. » Béatrice court à lacuisine pour montrer desoranges achetées sur place. « Uneuro seulement pour deux kg ! »,s’exclame-t-elle fièrement. Si lesprix des fruits et légumes sontbas, ce n’est pas un hasard. L’An-dalousie est en effet connuepour ses cultures agricoles qui,grâce au climat favorable, ali-mentent toute l’Europe. Etcomme il y fait bon, « on ne dé-pense presque rien en chauf-fage. » Bref, « on n’est plus destouristes maintenant », conclutAndré. l

A.CDW

« On n’est plusdes touristes ! »

RETRAITE AU SOLEIL

Le bonheur à petit prix. l A.CDW

UNE MAISON TROISCHAMBRES, VUE SUR

MER, POUR À PEINE200.000 EUROS

« ON PARLE DEBIENS NEUFS, POUR

LA PLUPART TERMINÉSENTRE 2008 ET 2010 »

En Espagne, la crise de l’immobilier fait le bonheurdes investisseurs venus du monde entier. Le prixdes résidences neuves a considérablement baissé.Dans certaines zones, on parle de moins 70 % sur leprix de base. Un Belge, David Zapico, a su saisir

l’occasion. Il a cofondé Zapinvest, une société im-mobilière basée à Liège. Toute l’année, il emmènedes candidats propriétaires à la chasse au bienidéal. En plein mois de décembre, nous avons suivil’un d’eux sur les routes de la Costa del Sol.

)�G

Page 3: Portfolio articles ACW

SAMEDI 22 DÉCEMBRE 2012 SUDPRESSE 3

Action valable du 01/11/2012 au 31/12/2012 inclus dans les points de vente participants. Offre limitée aux 22 000 premiers clients (13 200 pour le modèle 32’’ ; 8 800 pour le modèle 22’’). Recevez une télévision Samsung 22’’ pour ! 1 ou une télévision Samsung 32’’ pour ! 99 pour tout nouvel abonnement à Belgacom Internet Comfort ou Maxi et Belgacom TV combiné à un Pack avec un forfait GSM et/ou une ligne téléphonique fixe. Délai maximum de 30 jours entre de la date d’installation de Belgacom Internet et TV et la réception de la télévision 22’’ ou 32’’. Cette action est valable sous réserve de disponibilité du service Belgacom TV au domicile du client. Activation gratuite des services. Installation par un technicien : ! 99 ou kit à installer soi-même : ! 29. Les conditions générales sont disponibles sur www.belgacom.be/promo.

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1Des prix incroyablesLes experts disent que

le marché a reculé de 7 à 8 ansen terme de prix. Il s’agit sou-vent de biens neufs, jamais ha-bités, construits entre 2008 et2010. Le coût au mètre carrétourne autour de 1.000 à 1.500euros. Il ne faut pas pour au-tant oublier les différentestaxes (la TVA repasse à 10 % enjanvier), les frais de notaire etd’avocat, ainsi que la commis-sion de l’agence immobilière.Si vous mettez votre résidenceen location, vous serez taxé à24 % des revenus locatifsbruts. Cet impôt ne devra êtrepayé qu’en Espagne.

2Le climat idéalMi-décembre à Malaga, il

fait 20o. Il pleut moins de 60jours par an sur la région. Jan-vier est le mois le plus froidavec une températuremoyenne de… 15o.

3La facilité d’accèsPlusieurs compagnies low

cost desservent l’aéroport deMalaga. En s’y prenant bien,

on peut obtenir un aller-retourdepuis Charleroi pour une cin-quantaine d’euros. Le vol dure2h45. Les locations de voiturecoûtent aussi bien moins cherqu’en Belgique.

4La culture andalouseLa région est riche en lieux

culturels : Malaga (ville denaissance de Picasso), Sévilledispose d’un patrimoine histo-rique incontournable, dont denombreux palais. Ronda estaussi un incontournable avecson « pont neuf ». Enfin, la côtemarocaine n’est pas bien loin.

5Le coût de la vieLes restaurants sont moins

chers que dans d’autres coinstouristiques semblables. Unmenu trois services en bord demer ne coûte pas plus de 20euros. Pour ceux qui envi-sagent de s’installer à longterme, la situation fiscale esttrès avantageuse.Si on veut en profiter, il fautvivre au moins 180 jours paran sur place. l

A.CDW

Pourquoi investir près de Malaga

Le sud de l’Espagne vous tend les bras. l D.R.

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Page 4: Portfolio articles ACW

2 SUDPRESSE MARDI 22 JANVIER 2013

de ces dernières semaines (dontcelle de Newtown qui a fait 27morts, dont 20 enfants en dé-cembre) ont achevé de miner lemoral des Américains déjà forttouché par la crise économique.Sans compter que la cérémonied’hier sentait un peu le réchauffé.La journée de lundi n’était qu’unshow « low cost ». Les voix deschants et des discours, bien que

pleines d’un lyrisme tout améri-cain, ont eu du mal à convaincre.Après tout, Obama avait déjàprêté serment dimanche 20 jan-vier, comme le veut la tradition.Ce jour-là, Obama avait glissé àses filles : « I did it » (soit « je l’aifait »).Quel que soit le sens profond decette phrase, le 44e président desÉtats-Unis doit maintenant pen-

ser : « I have so much more to do »(« Il me reste tant à faire« ). Car leschantiers sont nombreux : ges-tion d’une dette publique colos-sale, législation concernant lesarmes à feu, redéfinition du rôledes États-Unis sur la scène inter-nationale. Bref, en 2012, l’entou-rage d’Obama a remplacé leslogan « hope » de 2009 par « enavant ». Vers quel horizon ? l

Elle est loin la ferveur du 20janvier 2009. Pas de George Cloo-ney ni de Tom Hanks à l’horizoncette année pour féliciter BarackObama. Même le public ne s’estpas déplacé dans les mêmesproportions ce 21 janvier. Il fautdire que cet « Inauguration Day »,comme on dit aux États-Unis, sedéroulait dans un contexte plutôtmorose. Les tueries dramatiques

ÉDITORIAL

Ambroise CartonJOURNALISTE

Un show « low cost », àl’américaine, pourun pays morose

Le froid qui sévissait sur Wa-shington hier n’a pas découragéles curieux. Dans la matinée, ilfaisait à peine trois degrés. Dèsles premières heures du jour,une foule nombreuses’est pressée pourrejoindre le Ca-pitole où avaitlieu la cérémo-nie d’investi-ture de Ba-rack Oba-ma.Entrele Ca-pi-

toleet le

Lincoln Memorial ils étaient en-viron 800.000, les yeux braquéssur dix écrans géants. Une foulebien moins nombreuse qu’il y aquatre ans. En 2009, 1,8 millionsde personnes avaient assisté à laprestation de serment du pre-mier président noir des Etats-Unis.

UN MORCEAU D’HISTOIRECette année, la cérémonied’investiture, la 57e de l’his-toire du pays, avait des al-lures de séance de rattra-page. Dans le public, beau-coup étaient là parce qu’ilsavaient manqué l’événe-

ment en 2009. Cette nouvelleprestation de ser-

ment d’Obama

restait malgré tout unévénement historique.« Nous ne vivrons çaqu’une fois dans notrevie ! », s’enthousiasmait

un spectateur sur son compteTwitter. « C’est un peu d’Histoire.Surtout pour les enfants qui com-mencent à apprendre des chosessur Obama à l’école. Ils pourrontdire « j’y étais » », confirmait uneparticipante à l’un des journa-listes de l’Agence France-Presseprésent sur place.À Washington, la matinée delundi était réglée comme du pa-

pier à musique.Sur le coup

d’11h20, Ba-rack Obamaarrive sur laplate-formede CapitolHill, instal-lée juste de-vant le Capi-

tole. Plustôt

dans la journée, le président, safemme et ses deux filles, avaientassisté àune messedans uneégliseproche dela Maison-Blanche.

SYMBOLESRELIGIEUXLa suite de la cérémonie est, elleaussi, placée sous le signe de lafoi. Le discours d’ouverture setermine par un « Amen » et estbien vite suivi de l’hymne « Glo-ry Alleluia » chanté par le Brook-lyn Tabernacle Choir. Ensuite,c’est au tour de Joe Biden, le vice-président, de prêter serment. Ilpose alors la main sur une impo-sante bible portée par sa femme.À 11h50, Barack Obama jure, surdeux bibles, de « remplir fidèle-ment les fonctions de présidentdes Etats-Unis ». Le point d’orguede la cérémonie aura durémoins d’une minute. La foule ac-clame le président tandis quel’armée tire 21 coups de canon.

« OUR JOURNEY IS NOT COMPLETE »Barack Obama se dirige vers latribune pour 20 minutes d’undiscours très attendu par lemonde entier. Après lui, KellyClarkson prend le micro letemps d’un intermède musical.La chanteuse cède la place à Ri-chard Blanco, poète latino etgay. Dans un silence religieux, ilévoque la tuerie de Newton dedécembre dernier et fait réfé-rence au « I have a dream » pro-noncé par Martin Luther Kingen 1963.Beyoncé termine la cérémonieen interprétant l’hymne natio-nal. Rideau sur une cérémonieau cordeau… pour un tempsseulement. Suivront une grandeparade civile et militaire, puisdes bals jusque tard dans lanuit. l

AMBROISE CARTON

Une minutede serment.

l AP

Lundi, à 11h50 (heure deWashington, 17h50 heure

de Bruxelles), Barack Obama aprêté serment pour un secondmandat en tant que présidentdes États-Unis. De nombreuxmoments de recueillement ontrythmé une cérémonie placéesous le signe de l’unité du peupleaméricain.

800.000 personnesenviron étaient pré-sents à la cérémoniesur l’esplanade qui vadu Capitole au LincolnMemorial. Sasha et

Malia, lesfilles duprésident,âgées de

11 et 14 ans,ont égale-

ment assistéà l’événement.Barack Obama a

ensuite signé diversdocuments relatifs àson investiture. l AFP, AP

Barack Obama est arrivé sousborne escorte au Capitole, enfin de matinée.

Une chorale venue de StatenIsland, touchée par l’ouraganSandy, a ouvert la cérémonie.

Le 1er texte a été lu par MyrlieEvers-Williams, veuve d’unmilitant des droits civiques.

Obama: un grand show «grand

Une pluie de stars (Beyoncé, Alicia Keys, Jamie Foxx, etc) et un show à... l’américaine pour le président réélu qui a appelé à poursuivre le «grand voyage» entamé par les fondateursdu pays. Il n’a pas oublié les écoliers massacrés à Newtown en décembre

800.000 PERSONNES ONT ACCLAMÉ LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN LORS DE SA PRESTATION DE SERMENT

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MARDI 22 JANVIER 2013 SUDPRESSE 3

sur TOUS les fromages en tranches

-3 %trEx a

voir p. 5

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Obama, Biden et Martin Luther KingLe président Barack Obama et son vice-présidentJoe Biden se sont recueillis quelques instantsdevant le buste de Martin Luther King, au Capitolelundi, avant d’entamer leur défilé à travers les ruesde Washington pour rentrer vers la MaisonBlanche. Le président américain n’a jamais cachéson admiration pour le défenseur des droitsciviques des Noirs aux Etats-Unis, assassiné le 4avril 1968 à Memphis (Tennessee).l

AFP

Katy Perry : « J’adore Obama »Lunettes de soleil sur le nez, la chanteuse américaineest arrivée tôt lundi, au bras de son petit ami, l’acteurJohn Mayer, dans une section réservée aux VIP, àquelques dizaines de mètres du podium de BarackObama. L’occasion pour elle de détailler à l’AFP, enquelques mots, la dimension historique du jour:« C’est un jour incroyable! Car j’adore Obama! »,s’exclame-t-elle. « Il est le leader qui convient à notreépoque, une époque très compliquée »l

AFP

« Nous ne savons pas exactementd’où vient le nom du village, maisnous avons repéré la ressemblancephonétique lorsque Barack Obamaa été élu en 2009 et nous faisonsdonc la fête », a indiqué la mairede Barakovo, petit village bulgare.

+ PLUS |+ PLUSLe président et son épouse n’ont pashésité à quitter la protection de leurlimousine en plein défilé dans Wa-shington, pour parcourir une partiede Pennsylvania Avenue à pied etsaluer la foule. Pour le plus grandbonheur des milliers de spectateurs.

Joe Biden, le vice-président, aprêté serment sur une bibledatant de 1893.

Richard Blanco, poète latinohomosexuel, a évoqué la tueriede Newtown.

Jimmy Carter, président de 1977à 1981, faisait partie des invitésen compagnie de sa femme.

La foule était clairsemée surl’esplanade du Capitole, passéla première centaine de mètres.

David Plouffe, l’un des prochesconseillers de Barack Obama avaitprévenu : le discours du présidentfraîchement investi serait placé sousle signe de l’espoir. Dans une allo-cution solennelle de vingt minutes,Barack Obama est revenu sur plu-sieurs dossiers épineux : l’immigra-tion, les droits des homosexuels,mais aussi l’éducation et la protec-tion des enfants après la tuerie deNewtown.Par-dessus tout, le président améri-cain a invité son peuple à l’unité.L’expression « We, the people »(« Nous, le peuple ») est revenue àplusieurs reprises, comme un leit-motiv. Si la tâche est lourde, le che-min est court pour Obama. « Nousdevons agir en sachant que notretravail sera imparfait », a-t-il décla-ré. Barack Obama s’est tout demême voulu rassurant. Selon lui,après une décennie de guerre etl’amorce d’une reprise économique,les possibilités des États-Unis sontsans limites. Par ailleurs, le pré-sident souhaite que tous les ci-toyens aient les mêmes chances,quelle que soit leur origine. Obamaa quatre ans devant lui pour relevertous ses défis. Pour certains obser-vateurs, on parle plutôt de deuxans puisqu’une nouvelle campagneprésidentielle débutera bien vite encours de législature. Pour l’heure, leprésident jouit d’une cote deconfiance de 51 % selon une en-quête du « New York Times ». l

DISCOURS

l

«We, the people » :pour un pays sûr et uni

On est loin de l’affluence média-tique qui avait marqué le premiermandat d’Obama en 2009. Àl’époque, U2, Tom Hanks, ArethaFranklin ou encore Oprah Win-frey avaient assisté à la cérémonied’investiture. Cette année, OprahWinfrey est à l’étranger et TomHanks avait d’autres plans pourla journée. Il n’empêche, BarackObama a quand même pu comp-ter sur quelques soutiens dans lemonde artistique américain. Fi-dèle parmi les fidèles, Beyoncé achanté l’hymne américain justeaprès le discours du président.Puissante et vibrante à la fois, lavoix de la chanteuse a impression-né le public... et les commenta-teurs. « Je ne suis pas sûr qu’elleavait besoin d’un micro. Je suis sûrqu’on pouvait l’entendre jusqu’auLincoln Memorial, à l’autre bout del’esplanade », a glissé le présenta-teur de la chaîne de télévisionCBS.Parmi les autres chanteurs pré-sents hier à Washington, on trou-vait Kelly Clarkson. Cette an-cienne gagnante de l’émission« American Idol » a repris le grandclassique patriotique américain« My Country Tis Of Thee ». Aprèselle, James Taylor, l’un des plusfervents supporters de BarackObama lors de la campagne prési-dentielle, a chanté « America TheBeautiful ».

DEUX BALS SEULEMENTDans la soirée de lundi, plusieursévénements étaient prévus à Wa-shington. Mais crise oblige, le pré-sident a choisi de n’organiser quedeux bals. Au bal inaugural, orga-nisé au Wahington ConventionCenter, les stars étaient nom-breuses. Alicia Keys, John Legend,Katy Perry, Stevie Wonder, Usher,ainsi que des membres du castingde la série télé « Glee » figuraientsur la liste des invités. Du côté dubal du Commandeur en chef, gra-tuit et réservé aux membres desforces armées, plusieurs person-nalités étaient présentes. L’acteurJamie Foxx, qui s’est fait remar-

quer récemment par son rôledans le film de Quentin Taranti-no « Django Unchained », a faitune apparition. Tout comme Jen-nifer Hudson, Marc Anthony etAlicia Keys, encore elle. Enfin, il semurmure que Lady Gaga jouerales prolongations ce mardi soir àla Maison-Blanche. Elle devraitdonner un concert privé à la rési-dence officielle de Barack Obama-,devant le personnel de la célèbredemeure. l

A.CDW

Beyoncé, Usher et Jamie Foxx sur la listePARTERRE DE STARS

2 bibles sur lesquelles Barack Oba-ma a prêté serment. L’une apparte-nait à Abraham Lincoln, l’autre àMartin Luther King Jr.4 prestations de serments faitespar Obama. En 2009, une erreurde phrase avait obligé le présidentfraîchement élu à prêter serment ànouveau quelques jours plus tard.

La troisième prestation de sermenta eu lieu le 20 janvier, date tradi-tionnelle pour un tel événementaux États-Unis. Comme le jour tom-bait cette fois-ci un dimanche, seuleune petite cérémonie de quelquesminutes avait eu lieu. La dernièreprestation, publique celle-là, a donceu lieu ce lundi.

30.000 membres des forces del’ordre mobilisés pour l’événement800.000 personnes attendues àWashington lors de la cérémonie delundi. 40 millions de dollars : c’est lecoût total de la journée selon lachaîne de télévision américaineMSNBC. l

EN PRATIQUE

Cinq chiffres clés de la cérémonie d’investiture

Les stars étaient bien pré-sentes, mais moins qu’en2009, pour assister à l’inves-titure de leur président. KatyPerry (en haut à gauche)s’est faite discrète, avec seslunettes de soleil. Plusdiscrète en tout cas queBeyoncé lors de l’hymneaméricain (en haut à droite)ou Kelly Clarkson qui a aussidonné de la voix (en bas àgauche). Quant à HillaryClinton, elle a paru enbonne forme, après un moisde décembre marqué parun séjour à l’hôpital suite àune thrombose. l AFP, AP

avant unvoyage»

l A

FP

Ils étaient environ 800.000 Américains à s’être

rassemblés entre le Capitole et le mémo-rial Lincoln, pour la

prestation de ser-ment de leur

président.

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Page 6: Portfolio articles ACW

BENOÎT XVI

L’ADIEU l B

ELGA

2 SUDPRESSE JEUDI 28 FÉVRIER 2013

Les contrastes sont saisis-sants. Époustouflants,même.D’un côté, une placeSaint-Pierre noire demonde, aux imagesretransmises dans lemonde entier commeon le fait de toutévénement plané-taire. Mais de l’autre,

des églises de plus en plusdésespérément vides et unstatut des prêtres malmenéchaque jour davantage.D’un côté, un souverain pontifequi a choisi de s’en aller avantl’heure, permettant à son man-dat de s’achever sur un remar-quable signe de modernité.Mais de l’autre, un pape quirestera dans l’histoire comme

celui qui aura affronté le plusde scandales odieux et decontroverses profondémentdérangeantes, y compris sur sonpropre passé.Telle est l’Église d’aujourd’hui,toute en contrastes et en contra-dictions. Côté pile, une institu-tion conservant une attentionmédiatique sans pareil. Maiscôté face, une désaffection etune marginalisation galo-pantes, doublées d’une lourdeperte de crédit à force de pra-tiques aux antipodes de sonmessage, qui en devient désor-mais au mieux inaudible. Et aupire, dangereusement déran-geant.En interne, les grands courantsde l’Église n’ont pas attendu ledépart officiel de Benoît XVI, cesoir, pour s’affronter dans lapréparation de sa succession.

Les chances de succès de l’aileconservatrice ne sont pas lesplus minces. C’est pourtant toutl’inverse que l’on doit souhaiterà l’Église, si elle veut renoueravec la respectabilité de sonrôle.Se résigner enfin à nommer unpape jeune, ouvert et moderne,prêt à faire rattraper à l’institu-tion son retard grandissant surl’évolution de la société, de sesbesoins et de ses mœurs, ou secondamner à se marginaliserdangereusement, c’est à présentle choix faussement simple quis’offre aux cardinaux prêts àentrer en conclave. Puissent-ilsvalider la bonne option, entre lamodernité d’un Jean XXIV et leconservatisme dépassé d’unBenoît XVII. Avec une réalitébien en tête : ce choix, ce pour-rait être le dernier.

Le déroulé de l’audience papalede mercredi était le même qued’habitude. Ou presque. Vu qu’ils’agissait de sa dernière au-dience.10h10. La place Saint-Pierre se rem-plit. Pas moins de 50.000 billetsont été réservés pour participerà l’audience de mercredi. Et desdizaines de milliers de per-sonnes sans billet y assistent aus-si à l’extérieur. Les regards sontbraqués sur le balcon. C’est làque Benoît XVI doit faire sa der-nière apparition publique au Va-tican.10h34. Certains fidèles sont peut-être déçus. À l’issue de son au-dience, Benoît XVI n’a pas fait de« baciamano », ce défilé de per-sonnes qui ont le privilège debaiser l’anneau papal et

d’échanger quelques mots

avec lui.10h40. Le

pape ap-paraît. Be-

noît XVI tra-verse la foule en papamobile, sa-luant les fidèles d’un geste de lamain, s’arrêtant à plusieurs re-prises pour prendre des enfantsdans ses bras.

10h52. Le pape prend place sur l’es-trade. Une fois sur la scène instal-lée place Saint-Pierre, le souve-rain pontife salue une nouvellefois la foule, bras levés.11h03. Une épître de saint Paul. Descardinaux lisent une lettre desaint Paul, en plusieurslangues, devant la foule.11h07. « Je suis ému ». BenoîtXVI se dit « ému ». « Je voisl’Église vivante », assure lepape, lisant un texte au mi-cro, sous les acclama-tions des fidèles.« Dieu ne

laissera pas couler son Église »,assure-t-il. Après avoir remer-

cié ses collaborateurs, les cardi-naux et « toute la curie ro-maine », Benoît XVI assure : « Jene me suis jamais senti seul. Lepape n’est jamais seul, j’ai pu levoir et cela m’a énormément tou-ché », ajoute-t-il, évoquant aussiles « eaux agitées » de son ponti-ficat.11h26. Benoît XVI résume son mes-sage en français. Il remercie no-tamment les « pèlerins de languefrançaise » pour le « respect et lacompréhension » avec lesquels ilsont accueilli sa décision. Lepape, polyglotte, fait de mêmedans d’autres langues.11h59. Une bénédiction très applau-die. Le pape donne sa bénédic-tion et termine cette cérémoniepar une prière, avant d’être lon-guement applaudi par les fi-dèles.12h00. Nouveau bain de foule. Be-noît XVI reprend place à bord dela papamobile pour fendre lafoule une seconde fois après sesadieux.12h13. La cérémonie est terminée.La foule commence à quitter laplace Saint-Pierre, sous un cielbleu.12h28. Un dernier tweet ? Alors

que son ultime audiencevient

de se terminer, Benoît XVI posteun message sur son compteTwitter, qui doit fermer jeudi.« Je voudrais que chacunéprouve la joie d’être chrétien,d’être aimé de Dieu qui a donnéson Fils pour nous ! »

ET SON PROGRAMME DE JEUDIUn départ en hélicoptère. Dansla cour Saint-Damase, au cœurdu Vatican, un piquet de gardessuisses, bannières à la main,viendra saluer le pape. BenoîtXVI qui se rendra ensuite à l’héli-port du Vatican. Là, il montera àbord d’un hélicoptère, directionCastel Gandolfo, à 25 kilomètresau sud de Rome. C’est dans cetterésidence d’été des papes qu’ilséjournera pendant deux mois.Une fois arrivé à Castel Gandol-fo, il se montrera pour la toutedernière fois en tant que chef del’Église. Depuis le balcon de lavilla, il saluera les fidèles pré-sents. Benoît XVI « prendra sonrepas, ira prier dans la chapelle etsaluera les personnes présentes dela manière la plus normale », aprécisé le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi. l

M.SP.

SA DERNIÈRE JOURNÉE

Devant des dizainesde milliers de

personnes, le pape estapparu fatigué, voûté et frêle

mais souriant et ému.« JE SUIS VRAIMENTÉMU ET JE VOIS

L’ÉGLISE VIVANTE »A-T-IL DÉCLARÉ

l

En fin d’audience, Benoît XVI a envoyé à ses 2,5 millionsde « followers » ce qui pourrait être le dernier tweet

de son pontificat, leur demandant de redécouvrir« la joie d’être chrétien ».

Le dernier geste du

Nommer unJean XXIV ouse marginaliserdangereusementChristian Carpentier, ÉDITORIALISTE

NOTRE OPINION

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Page 7: Portfolio articles ACW

BENOÎT XVI

L’ADIEU l B

ELGA

JEUDI 28 FÉVRIER 2013 SUDPRESSE 3

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Il fut une époque, dans l’histoire de lachrétienté, où Jésus voulut mettre lesmarchands hors du temple. Aujourd’hui,au Vatican, ce vœu pieu semble êtretombé aux oubliettes. Le Christ se re-tournerait sans doute sur sa croix en ap-prenant qu’une boutique de souvenirsse trouve sur… les toits de la basiliqueSaint-Pierre. En effet, à l’ombre dudôme, se situe ce qui est sans doute lemagasin de souvenirs le plus haut dumonde. Et, comme souvent en altitude,les prix sont doublés par rapport à cequi se fait sur le plancher des vaches.Ainsi la carte postale coûte un euro mi-nimum. Heureusement, les timbres duVatican sont à prix coûtant et vous pou-vez poster directement votre carte dansla boîte prévue à cet effet.Dans le prolongement de la place Saint-Pierre, sur la Via della conciliazione, riende bien licencieux dans les vitrines. Dansce coin, tout n’est qu’images pieuses,chapelets et odeur de sainteté. Chez« Domus Artis » par exemple, on faitdans le haut de gamme. « Ce qui

marche, ce sont les photos de BenoîtXVI et Jean Paul II, les médailles, lespièces en argent ou en or. Le prixd’une pièce en or ? Chez nous çacommence à 500 euros », détaille unevendeuse pour qui la journée a étébonne. « On vend toujours beaucoupde Jean Paul II. Avec lui on a écoulébeaucoup de médailles et de chape-lets. Et ça continue encore mainte-nant. » Une fois la frontière entre Rome et le Va-tican franchie, le paysage devient plusfolklorique. Les vendeurs, pour la plu-part originaires du Sri-Lanka, ont leursétals bien fournis. Benoît XVI version« figurine avec la tête qui bouge quandon tape dessus », côtoie les légionnairesromains. Quant à ceux qui cherchent uncalendrier original, ils trouveront leurbonheur avec le « Calendario Romano2013. En couverture : un jeune prêtre,sourire en coin, regarde le touriste d’unair aguicheur. Un best-seller (à 6 eurosseulement) chez les jeunes filles nousdit-on.

LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES

Business mystique au Vatican

Pour tous les goûts ! l A.C.

Il fallait arriver tôt place Saint-Pierre ce mercredi matin, his-toire de ne manquer aucunemiette de cette journée histo-rique. Les abords de la cités’étaient parés de leurs plusbeaux atours… à la hâte. Des pas-sages pour piétons, inexistantsmardi, avaient été tracés dans lanuit. Sudpresse y était pourvous.À 7 h du matin, la foule était dé-jà compacte aux portes du Vati-can. Le Saint-Siège avait distri-bué 50.000 billets aux fidèles etcurieux. Tous n’étaient pas assu-

rés d’avoir une place assise. Etdes fidèles, il y en avait de toutesles sortes. En tenue tradition-nelle bavaroise, en soutane et entenue de mineur tout droit sortides charbonnages de Charleroi(lire ci-dessous).Vers 8 h, les policiers filtrent lafoule qui se dirige en courantvers les portiques de sécurité,passage obligé vers la place. Cer-tains semblent avoir oubliél’adage selon lequel « les pre-miers seront les derniers ».Scène surréaliste : presque toutle monde déclenche la sonneriedu portique mais, ni les béné-voles, ni la police, ne s’en in-quiètent. Sur la place, il reste2h30 avant l’arrivée du pape.Certains s’occupent en chan-tant, d’autres agitent leur dra-

peau pour se faire repérer pasl’un des nombreuses camérasdisposées aux quatre coins de laplace.Une demi-heure avant l’arrivéedu pape, un officiel prend la pa-role. Il égrène la liste des déléga-tions présentes. La tensionmonte petit à petit. Peu après10h30, le pape arrive enfin. Ilsemble minuscule, au loin, danssa papamobile. « On regardera àla télé ce soir pour voir ce qu’on amanqué », lâche une jeunefemme, furieuse qu’on luibouche la vue. Même une grand-mère, manteau de vison sur lesépaules, canne à la main, prenddes risques inconsidérés etgrimpe sur sa chaise.Sur le grand écran, on l’aperçoitenfin. Surprise, Benoît XVI neporte plus sa traditionnelle te-nue de pape. Le voilà vêtu d’unsimple manteau blanc et d’unechemise à col romain. Après une

lecture de l’Evangile, il prend laparole, avec un calme impres-sionnant. Seul le bruit d’eaud’une fontaine et l’écho deshaut-parleurs vient troubler laquiétude de ce matin de février. Il est bientôt midi. L’heure pourl’assemblée de prononcer unNotre-Père… en latin (on est auVatican tout de même), avantd’acclamer le pape une dernièrefois.

PAS DE LARMESCelui qu’on appelle maintenantle « pontife romain émérite »quitte la scène définitivement.La place Saint-Pierre se vide deses milliers de spectateurs. Sur lechemin vers la sortie, une voixrésume : « Je m’attendais à voir lesgens tristes. Mais non, ils sont plu-tôt calmes et heureux. » Un dé-part qu’on ne pleure pas. Voilàqui fera gloser encore long-temps… l

SILENCE ET RECUEILLEMENT

Les catholiquesétaient venus dumonde entier pourl’ultime apparitiondu pape. Parmitoutes ces déléga-tions, impossible demanquer l’amicaledes mineurs descharbonnages deWallonie. « On avaitprévu ce voyage de-puis pratiquementun an », explique Ro-berto Mariani, leursecrétaire. Toutétait prévu : les mi-neurs wallons de-vaient rencontrer lepape et lui remettreune lampe enmains propres. Et puis BenoîtXVI a annoncé son départ…Ils y tenaient pourtant à cetterencontre : « Cette lampe, cen’est pas un cadeau, c’est un sym-bole. Ça représente les souf-frances des mineurs. C’est pourça que nous sommes là, pour direau pape que nous avons souffertdans le silence », explique SergioAliboni, casque de mineur vissésur la tête, des larmes dans les

yeux. Malgré tout,pour ce retraité quia travaillé au fonddes mines de 14 à20 ans, « cette jour-née rentrera dansl’histoire ».Une fois sur laplace Saint-Pierre, ilsuffit de bien ou-vrir les yeux à la re-cherche d’un dra-peau belge au mi-lieu des milliersd’étendards et ban-deroles. En voiciun, tenu par Anne-Elisabeth Nève.« Jesuis très émue. Lemoment le plus fort,c’était quand on a

chanté le Notre-Père une dernièrefois avec le pape. Je rends grâceau Ciel d’avoir pu être ici pour cetévénement historique », racontecelle qui s’occupe aussi de lacommunication au diocèse deLiège.

DES ÉTUDIANTES ERASMUSPas loin de là, Marie-Charlotteet son amie Audrey n’en croienttoujours pas leurs yeux. Ces

Bruxelloises sont en Erasmus àRome. « C’était un événementqu’on ne pouvait pas manquer ! »,s’enthousiasme Marie-Char-lotte. « Je suis touchée de voir quedes gens viennent de partoutdans le monde. C’est hallucinantde voir tous ces drapeaux », s’ex-tasie Audrey. Et le prochain

pape dans tout ça ? « On veutqu’il soit belge ! », rigolent Marie-Charlotte et Audrey. Anne-Elisa-beth, elle, griffonne sur un post-it les noms possibles pour lenouveau maître du Vatican.S’appellera-t-il Jean XXIV ? OuPaul VII ? Les paris sont ou-verts. l

PLACE SAINT-PIERRE BENOÎT XVI

Juin 2010

2012

1951

1977-1981

1981-2005

19 avril 2005

2006

Janvier 2009

1962-1965

Naissance de Joseph Ratzingerà Marktl-am-Inn (Bavière)

Ordonné prêtre

Archevêque de Munich. Créé cardinal par Paul VI le 27 juin 1977

Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi

Son discours de Ratisbonne sur les rapports entre la raison et la foi l’oppose aux musulmans

Lève l’excommunication de quatre évêques intégristes

Expert au concile Vatican II

1939Entre au petit séminaire.Inscrit aux Jeunesses Hiltlériennes

Demande «pardon» aux victimes de prêtres pédophiles et prônela «tolérance zéro»

Son majordome, Paolo Gabriele, condamné pour des fuitesde documents officiels, estgracié en décembre par le pape

11 février 2013Annonce sa démission à compter du 28 février

Élu 265e pape à 78 ans

Chef de file des conservateurs, il a voulu clarifier le message d’une Église entachée par différents scandales

16 avril 1927

Les mineurs. l A.CDW.

Anne-Elisabeth. l A.C.W.

souverain pontife ?Un tweet !

Les Belges pris par l’émotion

parAmbroise CartonENVOYÉ SPÉCIALÀ ROME

Des adieux d’une grande dignité

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Page 8: Portfolio articles ACW

22 SUDPRESSE MERCREDI 13 MARS 2013

STATIONS Q8

Fin de l’alcool: pas partoutLe groupe Q 8 tient à préciserque la fin de la vente d’alcooldans ses stations ne concernentque les 11 stations situées sur lesautoroutes. «La vente d’alcooldans toutes nos autres stationsQ8 en Belgique (253 stations) res-tera inchangée», indique KatiaVan Bouwel, porte-parole dugroupe pétrolier. l

AFRIQUE

L’iPhone utilisé commemicroscope portableUn iPhone, ça sert à tout. Lapreuve ? Des médecins en zonesrurales en Tanzanie ont utiliséle zoom de la caméra de leuriPhone avec une simple loupecomme microscope portablepour détecter des vers intesti-naux, un problème de santégrave affectant surtout les en-fants, selon une étude. « C’est lapremière fois que cette technolo-gie (simple) est utilisée pourdiagnostiquer des parasites in-testinaux », explique le Dr IsaacBogoch, un infectiologue à l’hô-pital général de Toronto (Cana-da) et principal auteur. La re-cherche est publiée en lignecette semaine dans l’AmericanJournal of Tropical Medicineand Hygiene. Le dispositif, ra-pide à mettre en place, a coûté15 dollars en plus du prix du té-léphone portable. l

FRANCE

Sarkozy préféréà Hollande

Sarkozy, le retour ? Dans les son-dages, c’est en tout cas chosefaite. Selon un sondage Ifoppour Paris Match publié mardi,les Français préfèrent NicolasSarkozy à François Hollande, etJean-Marc Ayrault à Martine Au-bry : 53 % des sondés ont répon-du Nicolas Sarkozy et 44 % Fran-çois Hollande. 3 % ont répondun’avoir aucune préférence entreles deux hommes. Ces donnéesrévèlent un renversement detendance, car dans les sept en-quêtes identiques menées de-puis novembre 2011, c’est àchaque fois François Hollandequi apparaissait comme le préfé-ré. l

BRUGES

Interdiction de boiredu Red BullLa chambre du conseil deBruges a décidé de libérer AlexJ., âgé de 52 ans, sous de strictesconditions. L’habitant de Gistelne peut notamment plus… boirede Red Bull. Fin décembre ils’était rendu coupable d’une vio-lente agression routière ets’était également montré trèsagressif lors de son interpella-tion. L’avocat du prévenu, Ma-thieu Langerock, a précisé : « Aumoment des faits, mon clientétait sous l’influence d’un cock-tail qui l’a rendu agressif : laboisson énergisante Red Bull etune médication à base de cal-mants. » D’où les conditions unpeu étranges de sa libération. Deson côté, Red Bull a réagi en pré-cisant, une fois de plus, que saboisson, vendue dans 164 pays,était inoffensive… l

BRÈVES

l CHAMBRES, SALLE À MANGER, SALON, SALLE DEBAIN : C’EST UNE VISITE EXCEPTIONNELLE QUE NOUSAVONS PU FAIRE. LES APPARTEMENTS ROYAUX, OÙ NOSSOUVERAINS DESCENDENT QUAND ILS SE RENDENT ÀL’AMBASSADE PRÈS LE SAINT-SIÈGE. SANS DOUTE UNEDES PLUS PETITES D’AMBASSADES DE BELGIQUE AUMONDE. A.CDW

On se croirait dans une scène defilm. Au choix « Habemus Pa-pam » ou « Anges et démons » deRon Howard. À 16h40, les unsaprès les autres, les cardinauxentrent dans la chapelle Sixtine

en chantant la litanie des Saints.« Nous regardons l’histoire en trainde se faire », souffle un journalistequi suit la scène sur un écran detélévision. Et c’est vrai que la ten-sion est palpable parmi les mil-liers de correspondants étrangersvenus à Rome tout spécialementpour le conclave.

PRESTATION DE SERMENTPlus tôt dans la journée, les cardi-naux ont pris part à la messe« Pro Eligendo Pontifice ». Aucours de cette célébration, le car-dinal Sodano, le doyen du collègedes cardinaux, a souhaité que leSeigneur aide à choisir un papecapable d’accomplir sa mission« avec un cœur généreux ». Etquand le même Sodano a remer-cié Benoît XVI pour son pontifi-cat, c’est un tonnerre d’applau-dissements qui lui a répondu de-puis l’assemblée.

Après avoir invoqué l’aide de l’Es-prit Saint avec le chant « VeniCreator », les cardinaux jurent degarder le secret sur tout ce qui en-toure ce conclave. Toute fuited’information sera punie d’uneexcommunication. « Derniertweet avant le conclave : puissenotre Seigneur répondre avecamour et bonté à nos prières »,avait écrit sur Twitter le cardinalsud-africain Wilfrid Napierquelques heures plus tôt. Derniertweet ? Non, le prélat en posteraun autre à ses 6.900 abonnés. Undernier message, anodin, avantde se murer dans le silence.

FUMÉE NOIREChacun à leur tour, les électeursposent la main sur les Evangiles.« Je promets, je m’oblige et je jure.Que Dieu m’aide et ces saints évan-giles que je touche de ma main »,disent-ils en latin. Certains ac-

cents, dont celui du cardinal fran-çais Philippe Barbarin font sou-rire les spectateurs. Mgr Danneels,« notre » cardinal, s’en tire avecsolennité.Puis c’est la fermeture des portes.Il est 17h30. Tous les observateursquittent la chapelle Sixtine. Lescardinaux n’en sortiront qu’avecl’annonce d’un nouveau pape. Lafoule quitte la place Saint-Pierre,avant d’y revenir encore plusnombreuse aux alentours de 19h.Sous des trombes d’eau, une ma-rée de parapluies attend, les yeux

rivés sur la cheminée qui sort dutoit de la chapelle. À 19h40, uncri : « Sfumata ! », la fumée. Demi-déception, elle est noire, lourdeet grasse, sorte de fumigène quitourbillonne dans le ciel romain.À l’autre bout de la place Saint-Pierre, le père Lombardi, le « dircom » du Saint-Siège fait son en-trée en salle de presse. Il est sou-riant. « Plus noire, c’était difficile »,dit-il d’une fumée que tout lemonde espère voir blanchir bienvite. l

A.CDW

ELECTION PAPALE

« Extra omnes » :le conclavea commencéPas de fumée blanche mardi soir

« Extra omnes. » Soit,« tout le monde dehors ».

C’est par ces mots que Mgr GuidoMarini, le maître des célébrationsliturgiques pontificales, a marquéle coup d’envoi du conclave. Unmoment suivi par plus de 5.000journalistes du monde entier. Lescardinaux ne se sont pas misd’accord à l’issue d’un premiervote.

Les cardinaux, désormais murés dans le silence. l AFP

« C’est probablement la plus petiteambassade de Belgique », souritCharles Ghislain, ambassadeurde Belgique près le Saint-Siège de-puis trois ans. Avec son seul diplo-mate et ses six employés adminis-tratifs, la représentation belge au-près du Vatican peut paraître mo-deste. Pourtant, la villa dunuméro 6 Via Giuseppe De Nota-ris est aussi considérée comme laplus belle ambassade belge dansle Monde. Un titre qu’elle dis-pute, paraît-il, à celle de Washing-ton.La villa est exceptionnelle à plu-sieurs niveaux. Outre le faitqu’elle est l’une des plus an-ciennes ambassades de Belgique(depuis 1832) et que son parcd’un hectare en fait un poumonde verdure au milieu de Rome…

c’est aussi là que le roi Albert et lareine Paola se sont rencontrés en1960. « Au bout du jardin, il y a unpetit portail qui donne sur une ruederrière. C’est par là que le Roi et laReine, quand ils étaient de jeunesamoureux, s’efforçaient de filerpour échapper à vos congénères »,nous lance amusé Charles Ghis-lain.

SALLE DE BAIN EN MARBRESalle à manger décorée de lam-bris du XVIIIe, salle de réceptionavec plafond d’une hauteur verti-gineuse, grand salon décoré de ta-pisseries… Rien ne manque afind’assurer le prestige de la Bel-gique à l’étranger. « On est un paysavec un certain patrimoine. Le toutest d’oser le montrer et de se fairerespecter », insiste Charles Ghis-

lain. À l’étage, voici le Saint desSaints : la suite royale et sa sallede bain en marbre. Les volets sontclos. En principe, la pièce est àl’usage exclusif du Roi et de laReine. Mais voilà, un cardinal estvenu se reposer ici la semainedernière. « Je crois que je ne faispas d’affront au Roi en permettantà un cardinal d’utiliser son lit. »À l’opposé du balcon avec vue surles jardins privés des souverains,on trouve la salle de bain. « Elle aété complètement refaite récem-ment. » Dans un coin, une doucheà double pommeau, dans l’autre,une baignoire décorée de marbrevert et de mosaïques. Tout estd’une propreté immaculée. « LeRoi et la Reine fréquentent cettemaison depuis 53 ans. Et ils yviennent régulièrement », précisel’ambassadeur. À quand remontela dernière visite du coupleroyal ? Mystère. Tout juste saura-t-on que nos souverains viennentici une fois par an. l

Voici l’appart privé d’Albert et PaolaVISITE EXCLUSIVE À ROME

Nous avons pu visiter la suite royale, à l’ambassade. l PHOTONEWS

parAmbroise CartonENVOYÉ SPÉCIALÀ ROME

Retour en grâce ? l AFP

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Page 9: Portfolio articles ACW

François Hollande aussi. l TWITTER

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« J’étais dans un état second ! »,s’exclame Christophe Giltay àpropos de la soirée de mercre-di soir. L’envoyé spécial de RTL-TVI a fait vivre en direct aux té-léspectateurs du JT de 19heures l’annonce de l’électiondu pape François.« Il était prévu que j’intervienneen direct dans le journal à19h05. C’est à ce moment-là quela fumée est sortie. Michel DeMaegd, qui présentait le jour-nal, était un peu abasourdi. Au

début, la fumée semblait noire.Mais une fois que les cloches dela basilique ont sonné, c’étaitconfirmé. »Depuis bientôt unmois, Christophe Giltay a poséses valises à deux pas de laplace Saint-Pierre. Et ce n’est pas « un vieux rou-tier » comme lui qui se laisseradéstabiliser par une électionsurprise. « Je savais qui était Ber-goglio. C’est quand même unepersonnalité, même s’il ne fai-sait pas partie des favoris. Du cô-té où j’étais, j’ai senti une décep-tion. Les Italiens espéraientbeaucoup l’élection d’AngeloScola. »Ensuite, tout ne s’est pas passécomme prévu. Après un direct

face caméra sans encombres,le journaliste est descendudans la foule. Mais impossiblede faire parvenir des images àla rédaction de Bruxelles àcause d’un problème de satel-lite. C’est pourquoi la suite dujournal s’est faite par télé-phone.

SOIRÉE « BUNGA BUNGA »Quand on lui demande cequ’il a pensé des imitationsd’André Lamy dans « Votezpour moi » sur Bel RTL, Chris-tophe Giltay reste évasif.« Ils m’ont fait participer à unesoirée « bunga bunga » avec Ber-lusconi. Mais je ne les écoute pastellement parce qu’on ne capte

pas très bien Bel RTL depuisRome… »Puis, beau joueur toutde même, il sourit : « Je leprends avec humour quand ilsme font des coups comme ça.André Lamy est un ami etm’imite depuis très longtemps.Je me souviens qu’il y a 15 ans,quand il faisait la « revue » authéâtre des Galeries, il avait unpersonnage journalistique quis’appelait Christophe « Gilpet ».Je ne sais pas pourquoi, mais j’ail’impression que j’avais inspiréce personnage là… » l

Christophe Giltay : « J’étaisdans un état second »

L’ENVOYÉ SPÉCIAL DE RTL-TVI SE CONFIE

Christophe Giltay. l RTL

Jeudi matin, le cardinal Dan-neels avait l’air fatigué. Fati-gué par les derniers événe-ments, mais ravi de l’élec-tion du pape François. Etpour cause, Mgr Bergoglio fai-sait partie de ses favoris.« Je mentirais si je disais que jene suis pas heureux de cechoix. Il y a des vérités qu’ondit sans les dire… », a-t-il lour-dement sous-entendu.Mgr Danneels précise qu’il a« bien connu » le nouveaupape avant son élection. « Jel’ai rencontré plusieurs fois. Ilm’a toujours laissé l’impres-sion d’un homme d’unegrande profondeur. Il ne ferapas le show. C’est en restantlui-même qu’il a été choisicomme successeur de saintPierre. » En somme, « il seraun bon berger ». Voilà doncun pape qui pourrait bienchanger les choses, mêmes’« il ne peut pas courir les col-lines de Rome sans souliers. »

« REBÂTIR L’ÉGLISE »Il n’est pas non plus étonnépar son nom, en référence àFrançois d’Assise, un saint cé-lèbre pour s’être lancé dans

la reconstruction de cha-pelles en ruines.« Pendant la semaine deCongrégations, nous avons ré-fléchi sur l’état de l’Église quiest un peu difficile de nosjours. Le nouveau pape va de-voir la rebâtir, la renouveler ».Le cardinal Danneels refuse-ra par contre de revenir surle passé de Mgr Bergoglioquand il était archevêque deBuenos Aires. « Je ne sais riende tout ça. Je ne connais passon passé. C’est une questionqui doit être décidée pard’autres instances juridiquessi c’est nécessaire. Je ne leconnais pas comme ça. Je nepeux rien dire. » l

ACDW

PARMI SES FAVORIS

Godfried Danneels :« Il sera un bon berger »

Mgr Danneels. l BELGA

Ne rentre pas dans les locaux del’ » Osservatore Romano » qui veut.Pour pénétrer au sein de la rédac-tion de « la voix du Saint-Siège », ilfaut montrer patte blanche à ungarde suisse en grand uniforme.« Le journal le moins lu, mais le pluscité au monde », comme on le pré-sente parfois, a ses bureaux aucœur de la cité du Vatican.L’élection d’un nouveau papeconstitue un événement incon-tournable pour l’ » Osservatore Ro-mano ». « Si la nouvelle tombe à 20h, dans les dix minutes qui suivent,une édition est imprimée et distri-buée sur la place Saint-Pierre. Ça de-vient systématiquement un collec-tor ! », nous expliquait mercredimatin Jean-Michel Coulet, le direc-teur de l’édition française du jour-nal.

« TOUT LE MONDE VEUT L’AVOIR »Ce « collector » coûte 1 euro seule-ment pour 8 pages d’un format gi-gantesque que n’importe queljournal moderne a abandonné de-puis longtemps. Pour réagir dansla seconde suivant l’annonce del’« Habemus Papam », la rédactionavait tout prévu depuis long-

temps. La photo et la biographiede 30 « papabili » possibles étaientprêtes à partir vers les rotatives.Jeudi matin, les exemplaires affi-chant le portrait du pape Françoiss’arrachaient à toute vitesse. « On avendu 300 exemplaires depuis 30minutes qu’on est là. Et ça conti-nue ! Tout le monde veut l’avoir ! »,nous précisait une vendeuse, sapile d’exemplaires sur le bras.Mais qui lit l’« Osservatore Roma-no » ? Selon Jean-Michel Coulet,« pas seulement des religieux. Ilsdoivent constituer 15 % du lectorat.Il s’agit surtout de diplomates,d’hommes politiques ou de journa-listes. Votre reine Fabiola nous litaussi : elle compte parmi nos abon-nés. » l

ACDW

L’« Osservatore Romano »avait tout prévu

LE JOURNAL PRÉFÉRÉ DE FABIOLA

Jean-Michel Coulet. l A.CDW

Les internautes se sont amusés à détourner les images de l’annonce. l IF

Citroën recycle la fumée blanche pour faire sa pub. l IF

Berlusconi pris pour cible. l TWITTER

parAmbroise CartonENVOYÉ SPÉCIALAU VATICAN

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FRANÇOIS I ER

LE NOUVEAU PAPE l

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4 SUDPRESSE JEUDI 14 MARS 2013

La fumée blanche ! Au début,elle semblait plutôt grisâtre.Mais, bien vite, plus de doute. À19h05, la nouvelle tombe : lescardinaux ont fait leur choix !Un quart d’heure plus tôt, toutsemblait encore un peu indécis.Sur la place Saint-Pierre, c’étaitla désorganisation. D’un côté,les gendarmes contrôlaienttoutes les personnes désireusesd’approcher de la basilique. Del’autre, rentraitqui voulait. Lafoule étaitd’ailleurs arrivéeau compte-gouttes. Commesi on ne s’atten-dait à rien, maisqu’on venait « au cas où ».Et puis le signal, la course vers laplace depuis toutes les avenuesenvironnantes. Là haut, sur letoit de la chapelle Sixtine, la che-minée n’en finit plus de fumer.Il pleut. Les parapluies bouchentla vue. « Chiudeti gli umbrelli »( « Fermez les parapluies »), crie-t-on de toutes parts. Pourtant, il

est à peine 19h30 et il fau-dra attendre encore unebonne demi-heure avantque le balcon de la basi-lique Saint-Pierre ne s’illu-mine enfin.

CLOCHES, FANFAREEntre-temps, les clochessonnent. Une fanfare ar-rive sur le parvis de la ba-silique. Partout, les genssourient et n’osent croireà leur chance d’être àRome au moment oùs’écrit l’Histoire. Un en-fant s’impatiente : « Nonvedo niente » ( « Je ne vois rien »),

dit-il à sonpère qui leprend aussi-tôt sur sesépaules.« Où est lafuméeblanche ? »,

reprend le bambin, provoquantl’hilarité autour de lui.À 19h40, la fanfare entonnel’hymne italien, aussitôt repris àmi-voix par une partie de lafoule. Le bruit enfle. La foules’impatiente. « Viva il papa »,peut-on entendre ici et là. Unpape dont tout le monde ici veutconnaître le nom.

À 20h05, le balcon s’illumine.De jeunes séminaristes améri-cains font un signe de croix et semettent en prière. Voici JorgeMario Bergoglio, l’Argentin qui afait mentir tous les pronostics. Ils’appellera François Ier. Aussitôt,une jeune femme sort de sapoche une coupure de journalavec les portraits de tous les car-dinaux et lit à ses voisins le por-trait de ce jésuite de 76 ans.Sur l’écran, il apparaît un ins-tant impassible, sans un souriresur le visage. « Qu’est-ce qu’il doitpenser ? », s’interroge un jeunehomme. Mais, aussitôt qu’ilprend la parole, quelque chosede surprenant se passe : la foule

rit ! « Il semble que lescardinaux sont allésme chercher au boutdu monde », lance lecardinal Jorge MarioBergoglio, arche-vêque de BuenosAires en guise de plai-santerie. La glace estbrisée. Celui qui achoisi de s’appelerFrançois Ier aurait-ilgagné le cœur desfoules ? En tout cas,partout, une clameurretentit : « Fran-ces-co ! » scandé par les fi-

dèles.

UN HOMME HUMBLELe pape propose un temps deprière, avant de bénir la foule.Sur la fin, l’émotion lui faitperdre ses mots. Bonne soirée ?Bonne nuit ? Il ne sait plus. Maisil donne déjà rendez-vous pourune première messe mardi pro-chain. La joie se lit sur les visa-ges.« C’est quelqu’un de trèshumble. Il termine toujours sesconversations par « Priez pourmoi », nous confie AlfonsoServàn, un prêtre espagnol qui abien connu Mgr Bergoglio avantsa nomination. Une nouvelle èrecommence ? l

L’ENTHOUSIASME INDESCRIPTIBLE DES FIDÈLES

Le cri a jailli du coeur de la foule immense massée placeSaint-Pierre. Nous avons vécu ce moment historique

parAmbroise CartonENVOYÉ SPÉCIALÀ ROME

Une forêt de parapluies place Saint-Pierre. l A.CDW

« On est venu me chercher au boutdu monde ». Modestie, simplicitéet même une pointe d’humour.C’est un pape atypique, nouveaumalgré son grand âge et sonimage austère, que les cardinauxont élu hier au sommet del’Église catholique. Car si FrançoisIer vient effectivement de très loin,de ce continent sud-américainqui constitue désormais le princi-pal réservoir de fidèles catho-liques, il marque une ruptureprofonde dans l’Église.Père Jésuite, considéré commeprogressiste et proche despauvres malgré une attitudeambiguë sous la dictature desgénéraux, Jorge Mario Bergoglioest attendu par une missionpresque impossible : sauver uneÉglise catholique minée par lesdivisions, les scandales de pédo-philie, les intrigues, la crise devocation et l’hémorragie de fi-dèles en Europe.Car ce n’est pas de gaieté de cœurque les cardinaux ont choisi unhomme qui déteste les mondani-tés, le luxe du Vatican et ne sedéplace qu’en métro. Le pape desdamnés de la terre et des bidon-villes de Buenos Aires qui doitouvrir l’Église au monde, auxautres cultures, aux différences, àla jeunesse et aux femmes.Une tâche immense, sans doutedéjà trop lourde pour un pape de76 ans à la santé fragile…

Un papepauvre poursauver l’Église

NOTRE OPINION

par Demetrio ScagliolaRÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

« Il semble que les cardinaux sont al-lés me chercher au bout dumonde », a déclaré mercredi soir lepape François Ier dans ses premiers motsdepuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, suscitant l’enthousiasme des di-zaines de milliers de fidèles et curieuxrassemblés place Saint-Pierre. « Prionspour que le Seigneur le bénisse etpour que la Vierge Marie le garde »,a-t-il dit, avant de réciter un Notre Pèreet un Je vous Salue Marie. Le pape a en-suite invité les fidèles à « entreprendreun chemin de fraternité, d’amour »et d’ « évangélisation ». Puis il leur ademandé de se recueillir en silence :« Priez pour moi et donnez-moivotre bénédiction avant que l’évêque(de Rome qu’est le pape, NdlR) vousbénisse. »« Prions toujours les uns pour lesautres et pour le monde, pour qu’il yait une grande fraternité », a-t-il en-core lancé. Alors que la foule scandaitson nom en italien « Francesco, Fran-cesco », il a prononcé la rituelle bénédic-tion en latin « Urbi et Orbi. « Demainje veux aller prier la Vierge pourqu’elle protège Rome », a-t-il dit avantde souhaiter aux fidèles en liesse :« Bonne nuit et bon repos. »

SES PREMIERS MOTS

« Priez pour moi »

« QU’EST-CE QU’ILDOIT PENSER ? »

S’INTERROGE UNJEUNE FIDÈLE

« Fran-ces-co ! »

Adepte de l’ascétisme, Jorge MarioBergoglio a choisi un nom de papeen référence à saint François d’As-sise (1181-1226). Vêtu de gris et uneceinture autour de la taille enguise de ceinture, le religieux ita-lien avait fondé l’ordre des frèresmineurs, plus connu sous le nomd’ordre franciscain. La commu-nauté est orientée vers la prière, lapauvreté, l’évangélisation et le res-pect de la création. De son vrainom Giovanni di Pietro Bernar-done, François d’Assise est renom-mé pour son amour envers les ani-maux qu’il se plaisait à appeler

« frères » et « sœurs ».La religion chrétienne a connud’autres François célèbres dansson histoire comme François dePaule(1416-1507), le fondateur del’ordre des Minimes et François deSales (1567-1622), docteur del’Église et artisan de la Réforme ca-tholique. Jamais aucun papen’avait porté ce nom auparavant.Jorge Mario Bergoglio suit ainsil’exemple de Jean-Paul Ier (1912-1978) qui avait été le premier, de-puis huit siècles, à ne pas re-prendre le nom de prédécesseurs.Thierry et Albert, vers 1100,

avaient été les derniers. Et cela neleur avait pas vraiment portéchance. Thierry avait été arrêtéaprès quelques mois et Albertaprès quelques jours. Pour rappel,Jean-Paul Ier n’avait régné que 33jours avant de mourir. Il avait ac-colé deux prénoms pour affirmerson attachement à Jean XXIII et àPaul VI.Jusqu’à la fin du premier millé-naire, les souverains pontifesavaient l’habitude de garder leurprénom. Six ont toutefois fait ex-ception. En 533, Mercure a préférés’appeler Jean II pour faire oublier

le dieu païen. Le premier nom àavoir été choisi à plusieurs reprisesest Sixte, à partir de 257. Depuislors, le nom le plus prisé est Jean,employé à 23 reprises, suivi parGrégoire à égalité avec Benoît (16),Clément (14), Léon et Innocent

(13). Pie, porté treize fois, signifiePieu. Au sein de cette institutionvieille de 2000 ans, aucun pape n’aosé s’appeler Pierre II, et ainsiprendre la succession de Simon-Pierre l’un des douze apôtres. l

Y.H.

François d’Assise : l’amides pauvres et des bêtes

L’ORIGINE DE SON NOM

François d’Assise a été canonisé en 1228, deux ans après sa mort. l D.R.

L’archevêque de Malines-Bruxelles a été lui aussi surprisen apprenant le nom du nou-veau pape, l’Argentin Jorge Ma-rio Bergoglio. « Je ne le connaispas du tout… » a-t-il affirmé.Avant de préciser : « Enfin, oui,son nom avait été cité lors duconclave précédent… » Mgr Ber-goglio fut effectivement unrude adversaire du futur Be-noît XVI. «Mais je suis heureuxque le nouveau pape a pu réunirrapidement la majorité desdeux tiers, comme l’avait faitson prédécesseur… », a précisé

le primat de Belgique qui ad-mirait beaucoup Benoît XVI.Et donc, il ne voit pas FrançoisIer s’écarter de la doctrine deson prédécesseur. « C’est la doc-trine de l’église ! », dit-il alorsqu’on présente l’Argentincomme plus modéré que l’Alle-mand. Mgr Léonard s’est toute-fois réjoui que le nouveaupape provienne du continentlatino-américain et trouvesympa qu’il ait choisi le nomde François Ier en référence àsaint François. Et Mgr Léonardde souhaiter faire rapidement

la connaissance d’un pape qui,il espère, aura « le courage,l’énergie et la fierté d’être à latête de l’église catholique ». l

P.M.

L’ARCHEVÊQUE DE MALINES-BRUXELLES A ÉTÉ TRÈS SURPRIS...

« Je ne le connais pas du tout »

Mgr Léonard l PHOTONEWS

« Formidable ! Formidable, cemec ! » Le curé des loubards GuyGilbert avait du mal à cacher sajoie, hier soir. « Je viens de voir satronche sur France info etj’éprouve une joie merveilleuse !Merveilleuse, mec ! Tu t’ima-gines ? Un pape pauvre, mongars ! Quel symbole ! »« On le dit déjà très âgé, mais moije m’en fous ! », continue-t-il.« Jean XXIII aura été notre pape leplus moderne, on lui doit VaticanII. Et tu sais quel âge il avait ? 77ans, mec ! Alors l’âge, hein… Etpuis c’est superbe de le voir enfin

venir d’un autre continent, etd’Amérique latine, en plus ! C’estcapital, ça ! »L’avenir de l’Église semble ra-dieux, pour Guy Gilbert. « Tu asvu comment il a commencé sonpontificat ? En disant aux fidèlesrassemblés place St-Pierre :d’abord, on la ferme et on prie ! Ila tout compris, le mec : on n’estpas pape tout seul. On l’est pour lacollégialité et pour le peuple !Avec lui, les pauvres vont être aucœur de l’Église ! Quel beau sym-bole… » l

PROPOS RECUEILLIS PAR CH. C.

« Un pape pauvre, quel formidable symbole ! »

LA RÉACTION DU CURÉ DES LOUBARDS, GUY GILBERT

« Il a tout compris ! » l BELGA

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2 SUDPRESSE JEUDI 25 AVRIL 2013

31 membres de la police deschemins de fer, 12 agents de Sé-curail, des maîtres-chiens, uncentre de commandement mo-bile, un hélicoptère… Sans ou-blier les forces des zones de po-lice locale prêtesà intervenir. Ilest 22 heures cemardi soir, etcette invinciblearmada estprête à partir àla chasse aux voleurs de câbles.Depuis l’échangeur de Daus-soulx, dans les locaux de la po-lice fédérale, c’est le branle-basde combat. Une dizaine de poli-ciers sont réunis autour ducommissaire divisionnaire Pas-cal Wautelet, chef de la Policedes chemins de fer. Avec lui, leshommes de l’appui aérien de lapolice fédérale. L’objectif estclair : attraper un maximum de

voleurs de câbles le long desrails. « Nous avons d’abord analy-sé le phénomène afin de mieuxle comprendre », nous expliquePascal Wautelet. « On a analyséles chiffres et on a défini les en-droits les plus intéressants à sur-voler. » L’hélicoptère s’envolealors pour une nuit de traque.

« La nuitdernière, ona su trouverdes voleursdans un en-droit consi-déré

comme chaud, dans la région deMons », explique un membre del’équipe. « On espère que cettenuit-ci, on en surprendra au-tant. »

FAUSSE ALERTEDepuis unposte d’unitémobile situédans une ca-mionnette,l’hélicoptèreet les forcessur le terrain se coordonnent.L’appel d’une personne enten-dant des bruits bizarres sur lerail interrompt, par exemple, leplan de vol prévu. Après un pas-sage de l’hélicoptère, puis l’arri-vée d’hommes, il faudra dé-chanter : il s’agit simplementd’ouvriers d’Infrabel, occupés àla réfection d’une voie durantla nuit.Après un premier retour àDaussoulx, vers 1h du matin,

pour faire le pleinde kérosène, le« poisson » mord :un vol de métauxest constaté dans unbâtiment d’Infrabelà Jemelle. La policelocale de Rochefortintervient et inter-cepte les quatre au-teurs. « Ces per-sonnes étaientoccupées à vo-ler des déchetsde métaux »,

explique David Lengrand,substitut du procureur duRoi de Dinant. « Probable-ment originaires de la ré-gion, ces personnes n’ontpas coupé de câbles le longdes voies. »

LE POISSON MORDÀ 92 kilomètres de là, àCéroux-Mousty, la pêcheest bien meilleure : « Vers1h45, une alerte de “trafficcontrol” nous parvient, signalantune perturbation à hauteur d’unpassage à niveau de la ligne 140 »,explique Agnès Reis, porte-parolede la police fédérale. « L’hélico-ptère se rend directement sur placeet constate la présence de trois au-teurs qui traversent les voies. » Lapolice locale d’Ottignies et des

équipes de la po-lice des cheminsde fer inter-ceptent lesvoleurs,d’origineroumaine.Leur véhi-

cule a également été saisi. Etnon loin de là, la police dé-couvre 60 mètres de câblesprêts à être emportés. Lestrois auteurs ont été déférésdevant un juge d’instructionet une demande de mandatd’arrêt à leur encontre a étédemandée par le parquet deNivelles. La nuit s’achève surles rails wallons… et aucunvol n’y a été recensé ! l

GUILLAUME BARKHUYSEN

Un hélico pour traquerles voleurs de câbles !

CRIMINALITÉ SUR LE RAIL

Immersion dans une opération spéciale de la police fédérale et de Securail. Neuf personnes interpellées

Depuis que le coursdu cuivre est à son

plus haut niveau, les volsde câbles le long des voiesde chemin de fer ontexplosé. Pour endiguer cefléau, une opérationspéciale a été mise enplace dans les nuits delundi et de mardi. À l’aided’un hélicoptère et d’unecaméra thermique, lapolice fédérale a attrapéneuf voleurs, dont certainssont probablementmembres de mafias venuesd’Europe de l’Est.

CETTE OPÉRATION,AVEC UN APPUI

AÉRIEN, SERA RÉPÉTÉERÉGULIÈREMENT

POUR LA PREMIÈREFOIS, UN HÉLICO A

ÉTÉ UTILISÉ POUR AIDERLES POLICIERS AU SOL

Devenus de véritables professionnels,les voleurs de câbles peuvent se dé-placer à une vitesse extrêmement ra-pide. De plus, certaines bandes tra-vaillent par étapes. Ils restent plu-sieurs jours dans une région, dis-

sèquent des câbles petit à petit, puischargent les tas préparés à l’avance lorsd’un dernier passage. Ils sont donc ex-trêmement mobiles et difficiles à locali-ser. Surtout que de nombreuses voiesde chemins de fer ne sont pas longéespar des routes.« L’avantage de l’hélicoptère, c’estque c’est relativement facile », ex-plique Manu Leleux de l’appui aérien

de la police fédérale. « Dès quel ’on détecte une source dechaleur le long des cheminsde fer, on sait que ce n’estpas normal. On peut doncvoler relativement haut, soità 4.000 pieds (1.300 mètres)et jusqu’à 200 km/h. Et nosappareils sont perfection-nés, sensibles. Ils permettentmême de voir les tracesd’un véhicule après son pas-sage. ».Reste que l’hélicoptère n’est ja-mais qu’un appui. Rien nepeut se faire sans hommes ausol. « On travaille pour euxet on fait ce qu’on peut »,ajoute Manu Leleux. « L’idée,

c’est de reproduire ces opérationsfréquemment, peut-être de manièreplus ciblée sur certains endroits. »Des missions avec appui aérien pour-raient également être effectuées en col-laboration avec les polices françaisespour être efficaces des deux côtés de lafrontière. Et au final, le bilan de la pre-mière opération de ce type est plutôtpositif. 34 contrôles d’identité ont été ef-fectués. Une arrestation administrativepour ivresse publique, neuf arrestationsjudiciaires pour vol de métaux, et deuxvéhicules saisis. Pas mal ! l

G.B.

UNE PREMIÈRE

Trop facile avec lacaméra thermiquedans l’hélicoptère

Après l’Ukraine, la France, leBrésil… c’est donc au tour dela Belgique de voir débarquerdes « sextrémistes » armées deleurs seins nus et… de bou-teilles d’eau bénite comme cefut le cas mardi soir à l’ULB.À l’image de leurs grandessœurs ukrainiennes, qui mi-litent depuis 2008 pour dé-fendre les droits des femmes,les Femen belges n’ont pasfait dans la dentelle lors decette première « opérationcommando ».Mais la branche belge dumouvement ne s’est-elle pastrompée de cible pour sa pre-

mière action ? Certes, s’enprendre à Mgr Léonard leurassurait une belle expositionmédiatique. Pourtant, lesprises de position du primatde Belgique concernant l’ho-mosexualité remontent à2007, son dernier entartage à2011. S’il n’est pas revenu surses propos polémiques, Mgr

Léonard a eu le mérite d’ac-cepter de participer à un dé-bat contradictoire dans uneuniversité qui n’était pas forcé-ment en accord avec ses idées.Pendant l’« assaut », il ad’ailleurs eu la réaction appro-priée : calme, sourd aux in-

sultes qui pleuvaient aupropre comme au figuré.Pendant ce temps-là, les Fe-men ukrainiennes utilisent lesdeux seules armes dont ellesdisposent pour marquer l’opi-nion : une dose de folie et unsoupçon de sexy. La folied’abord, qui les pousse à com-battre par exemple les réseauxde prostitution dans les paysde l’Est. Et de la folie, il enfaut pour s’opposer aux ma-fias qui organisent la traitedes êtres humains, et auxcercles de pouvoir liés à cesmafias. Du sexe ensuite, carles Femen savent bien qu’onintéresse difficilement lesphotographes et les médias dumonde entier quand on porteun col roulé…Enfin, si cette première sortieen Belgique en appelled’autres, une question sepose : qui sera le prochain ?Une chose est sûre : à l’avenir,les Femen devront frapperplus juste. Que leur folie etleur audace servent une causeforte. l

NOTRE OPINION

Ambroise Carton JOURNALISTE

Les Femenbelges ne fontpas dansla dentelle

Bienvenue dans le véhicule de commandementl V. L.

l PHOTONEWS

l POLICE FÉDÉRALE

l POLICE FÉDÉRALE

l POLICE FÉDÉRALE

l POLICE FÉDÉRALE

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2 SUDPRESSE MARDI 9 AVRIL 2013

ordures, les pompes funèbreset même les hôpitaux dé-brayaient sous n’importe quelprétexte. Les industries fer-maient par centaines. Lesvoitures made in England,construites par des ouvriersmarxistes dans des usinessubventionnées, ne se ven-daient plus nulle part.La dictature syndicale étran-

glait la démocratie et tenait legouvernement travaillistesous sa botte.Ce grand pays autrefois pros-père agonisait : son Premierministre, Jim Callaghan, hu-milié, tendait la sébile à l’Eu-rope. Bref : Apocalypse Nowmoins trois jours…Mme Thatcher, élue à l’été1979, tint ses promesses au-

delà de toute espérance : lessyndicats, traduits devant lestribunaux, furent remis àleur place ; la fiscalité confis-catoire ramenée à un niveautrès bas permit la création dedizaines de milliers de nou-velles entreprises ; un ambi-tieux programme soutenupar l’État et les banques auto-risa des millions de familles

Margaret Thatcher : la femmequi a sauvé le Royaume-Unidu désastre pur et simple.Il faut se souvenir du « Winterof discontent » des années78-79 : l’Angleterre, saignée àblanc par les excès de l’État-providence, subissait grèvesur grève. Les avions, le métro,les trains, les ministères, lesservices de ramassage des

NOTRE OPINION

Michel MarteauRÉDACTEUR EN CHEF

En avoirou pas !

Le fabuleux destinAdmirée ou détestée,la «Dame de fer» a marqué l’Histoire de la Grande-Bretagne

Margaret Thatcher, première et unique

femme Premier ministre britannique, est morte ce lundi

d’un arrêt cardiaque. Elle avait 87 ans. Sa poigne, son caractère in! exible et ses décisions sans appel ont marqué l’histoire du Royaume-Uni jusqu’en 1990, année de sa démission. Un parcours hors du commun pour cette " lle d’épicier devenue au " l des années la «Dame de fer».

Sur Internet, le site «isthatcher-deadyet.co.uk» (que l’on pourrait traduire par «Est-ce que Thatcher est enfin morte?») affiche en lettres capitales soulignées un «YES» doublé de cette phrase lapi-daire «This lady’s not returning» («Cette femme ne reviendra plus»). Ici et là, les réactions sont partagées entre l’admiration et le dégoût envers celle qui fut au pouvoir de 1979 à 1990, soit le plus long mandat de la vie politique britannique. Pourtant, qui aurait pu imaginer que Margaret Ro-

MARGARET THATCHER

La «voleuse de lait». De 1972 à 1974, Margaret Thatcher est ministre de l’Education. Par souci d’économie, elle sup-prime la distribution gratuite de lait pour les enfants de 8 à 11 ans. Cette première déci-sion forte lui vaut son premier surnom: «The milk snatcher» (soit, «la voleuse de lait»).Face à l’Europe. Dès son pre-mière mandat, en 1979, La «Dame de fer» défend les inté-rêt de la Grande-Bretagne. Lors d’un sommet européen à Dublin, elle s’exclame: «Je veux qu’on me rende mon argent.» Ce cri d’indignation lui vaudra un jour une réponse cinglante de François Mitterrand: «Ah, Madame, il n’y a pas que vous qui soyez pauvres !» Thatcher rejette aussi toute idée de monnaie unique européenne. En 1984,

elle impose ses vues et obtient un rabais sur la contribution britannique au budget euro-péen.Le «Thatchérisme». Dans les années 80, elle entame un grand ménage de la scène éco-

nomique britannique. Tout y passe: depuis les privatisations (de British Airways, de Jaguar, de Rolls Royce…), jusqu’à une diminution des dépenses pu-bliques. Résultat: l’économie repart à la hausse, la Bourse londonienne se développe, les investissements étrangers affl uent. Dans le même temps, on reproche à cette politique libérale une dégradation des infrastructures publiques, ain-si qu’une baisse de la qualité de l’éducation. Une Poll Tax avant la chute. Le dernier fait d’arme de That-cher, ce sera cette Poll Tax, un impôt local identique pour tous, sans distinction de reve-nus. Poussée à bout, la «Dame de fer» baisse la garde et démis-sionne de son poste à la tête du gouvernement. l A.CDW

Margaret Thatcher n’aura pas droit à des funérailles d’Etat mais à des «obsèques cérémo-nielles», comme pour Diana. Elles auront lieu la semaine prochaine, mais la date préci-se n’était pas encore connue. Le service funèbre en la cathédra-le Saint-Paul sera retransmis à la TV et le public pourra assis-ter dans la rue à la procession.«Le souhait de Mme Thatcher était que les forces armées puissent par-ticiper à l’enterrement.», a expli-qué Downing Street. Le jour des funérailles, le cercueil sera d’abord transporté en corbillard jusqu’à l’église Saint Clément Danes, la chapelle de l’armée de l’air britannique. À l’église, le cercueil sera placé sur un affût de canon et tiré par les troupes de l’artillerie royale. Il sera ensuite trans-porté en procession jusqu’à la cathédrale, encadré par les militaires.

UNE POIGNE DE FER

SEMAINE PROCHAINE

Le «Thatchérisme» jusqu’à la " n

Funérailles retransmises à la TV

berts, fille d’épi-cier née le 13 octobre

1925, aurait entre les mains un tel pouvoir, au point d’être détestée par la reine Elizabeth elle-même ? Douée pour les études, Margaret intègre la prestigieuse université d’Oxford en tant que boursière. Elle y obtient notamment un diplôme de Chimie. Mais elle se satisfait mal du milieu universi-taire qu’elle trouve rempli de pri-vilégiés. En résulte une méfi ance des élites… qui le lui rendront bien quelques années plus tard en l’appelant dédaigneusement «cette femme».

COURSE AU POUVOIREn 1951, elle épouse Denis That-cher, un homme divorcé de 10 ans son aîné. Dans la foulée, elle se lance dans des études de droit, devient avocate et rejoint le camp des Conservateurs. En 1953, le couple Denis-Margaret a des ju-meaux, Mark et Carol. «Elle en a eu deux à la fois, pour ne pas perdre son temps», murmure-t-on derrière son dos.Car Margaret Thatcher ne s’ar-rête jamais dans la course au pou-voir. Au début des années 70, elle devient ministre de l’Education. En 1975, la voilà à la tête du parti Conservateur. Elle se distingue alors par ses petites phrases sans appel. «Je me fais une opinion sur les

gens en dix se-condes, et il est très

rare que j’en change», prévient-elle…

En 1979, elle devient la première femme Premier ministre et impose son style:

une stature d’acier dans un tailleur de ve-

lours. En pleine Guerre froide, celle qui ne s’accorde que quatre heures de sommeil par nuit re-çoit des Soviétiques le surnom de «Dame de fer».Dans les années 80, elle ne cède pas face à des détenus républi-cains irlandais qui entament une grève de la faim pour obtenir de Londres le statut de prisonnier politique. La mort de dix d’entre eux, dont le célèbre Bobby Sands, ne la fera pas vaciller. «Il était pos-sible d’admirer le courage de Sands et des grévistes de la faim qui sont morts, mais pas de sympathiser avec leur cause meurtrière», écrira-t-elle plus tard.

ELLE PERDAIT LA TÊTEAprès une décennie de décisions économiques fortes, qui la met-tront en butte aux mineurs dont

JACQUES CHIRAC : «MAIS

QU’EST!CE QU’ELLE ME VEUT

DE PLUS, CETTE MÉGÈRE: MES

COUILLES SUR UN PLATEAU?»

THATCHER : «C’EST LE COQ QUI

CHANTE, MAIS C’EST LA POULE

QUI POND DES ŒUFS»

les exploitations sont menacéesde fermeture, elle se retire dela vie politique. Depuis le débutdes années 2000 et la mort deson mari, elle se faisait de plusen plus rare. Sa fi lle Carol avaitmême avoué que la «Dame de fer»perdait la tête, oubliant la mortde son époux survenue en 2003. En décembre dernier, elle avaitété hospitalisée pour une opéra-tion qualifi ée de «mineure» parson entourage. Selon les médiasbritanniques, la fi lle de commer-çant a passé ses derniers jours auluxueux hôtel Ritz de Londres.Bien loin de sa campagne an-glaise natale. l A.CDW

Son père venait d’un milieu modeste.

Elle était farouchement opposée au projet européen.

FRANÇOIS MITTERRAND :

«ELLE A LES YEUX DE

CALIGULA ET LES LÈVRES

DE MARYLIN»

d’une ! lle d’épicier

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MARDI 9 AVRIL 2013 SUDPRESSE 3

La joie des mineurs« C’est un jour merveilleux. Je suisravi », a confié lundi David Hopper,un responsable régional du syndicatdes mineurs, en réaction au décès deMargaret Thatcher. « Je bois unverre. C’est un jour merveilleux. Jesuis ravi. C’est mon 70e anniversaireaujourd’hui et c’est l’un des meilleursde ma vie ! », s’est-il félicité.

Jean-Luc Mélenchon lui prédit l’enferIl fallait s’y attendre. Dès l’annonce du décès de laDame de Fer, les messages sont partis dans tousles sens sur les réseaux sociaux. Il est vrai quel’ancien Premier ministre britannique ne laissaitpersonne indifférent, surtout à gauche. C’est ainsique le fondateur et actuel coprésident du Parti deGauche, Jean-Luc Mélenchon a tweeté :« Margaret Tchatcher va découvrir en enfer cequ’elle a fait aux mineurs ». Voilà qui est dit.l

AFP

Pour les plus jeunes, Margaret Thatcher se résume souvent à «Miss Maggie», célèbre titre de Renaud sortie en 1985. Dans cette chanson, Renaud élève la «Dame de fer» en icône de l’intransigeance. Celle qu’il considère comme «imbécile et meurtrière» est la seule femme au monde qui ne trouve pas grâce à ses yeux. Avant Renaud, des dizaines d’artistes étaient déjà prêts à envoyer «Margaret sur la Guillotine» comme le chantait le Britannique Morris-sey en 1984.Quelques années plus tôt, le

groupe punk rock «Crass» s’interrogeait: «How Does It Feel to Be the Mother of a Thousand Dead?» («Qu’est-ce que ça fait d’être la mère d’un mil-lier de morts?»). Une chanson qui fait allu-sion aux quelque 900 soldats britanniques et argentins morts dans la guerre des Malouines en 1982.Au cinéma, les années 80, pendant lesquelles Margaret Thatcher tient tête aux mineurs de fond en grève, ont servi de décor à plu-sieurs fi lms. Dans «Les

virtuoses», des mineurs désœuvrés se lancent dans un improbable concours de fanfares. En 2000, «Billy Elliot» revient lui aussi sur cette période noire pour l’industrie charbonnière britannique. Pendant que le jeune Billy lutte pour échapper au cours de boxe au profit de le-çons de danse, son père participe à la grève des mineurs.

UN BIOPIC TROP TENDREPlus récemment, en 2011, Meryl Streep incarne

Margaret Thatcher dans «The Iron Lady», un «biopic» entiè-rement consacré à la vie de la seule femme Premier ministre britannique. Ce fi lm vaut à Me-ryl Streep le Golden Globe et l’Oscar de la meilleure actrice. Sa performance est marquée par un impressionnant travail sur le maquillage qui permet à l’actrice de ressembler comme deux gouttes d’eau à son mo-dèle. Sur le plan du scénario par contre, l’œuvre est loin de faire l’unanimité. Certains ont trou-vé que ce portrait cinémato-graphique faisait l’impasse sur certains moment clés de sa vie. D’autres ont reproché à la réa-lisatrice Phyllida Lloyd d’être trop tendre avec son sujet. l

A.CDW

Sur le plan inter-national, Mar-garet Thatcher avait su nouer q u e l q u e s a m i t i é s fortes. En 19 8 0 p a r exemple, elle se rapproche de Ronald Rea-gan devenu prési-dent des Etats-Unis. Pour Reagan, Thatcher était «the best man in England» («le meilleur homme d’Angle-terre). Tous deux s’accordaient à penser que l’État n’avait pas à intervenir dans les affaires économiques. Ils ont aussi uni leur force dans le combat contre l’Union soviétique. Plus controversée fut cette ren-contre avec Augusto Pinochet en 1999. Cette année-là, un an après l’arrestation à Londres du dictateur chilien, Thatcher le rencontre. En témoigne une série de photos où on les voit en grande discussion. Selon certaines sources, Thatcher n’aurait pas été en contact di-rect avec Pinochet lorsqu’elle

é t a i t P r e m i e r minist re. Par

contre, Londres serait assuré le soutien du Chili lors de la guerre des Malouines en 1982.

ENTREMETTEUSEDernière rela -

tion majeure, celle avec Rupert Murdoch le

magnat australien des médias

actionnaire majoritaire de la News Corporation. En mars 2012, une archive inédite ré-vélait que Margaret Thatcher avait rencontré Rupert Mur-doch le temps d’une réunion secrète en 1981. Objectif: faci-liter le rachat des journaux bri-tanniques «The Times» et «The Sunday Times» par News Cor-poration. L’affaire bouclée, Ru-pert Murdoch se serait fendu d’un petit mot pour remercier Thatcher d’avoir joué les entre-metteuses… l A.CDW

Parmi les grands faits d’arme de Margaret Thatcher, fi gure la guerre des Malouines. Une guerre où elle n’en a fait qu’à sa tête, où elle a défi é les grands de ce monde (USA, URSS…). Une guerre dont elle est sor-tie triomphante en 1982. Non seulement, elle a conservé les Malouines, mais elle a réussi à retrouver toute sa popularité, qui lui permettra de rempor-ter les législatives l’année sui-vante, alors que sa cote était au plus bas.Les îles Malouines, qui com-prennent aussi les îles Sand-wich du Sud et la Géorgie du Sud, sont situées à 12.800 km du Royaume Uni et à seule-ment 480 km des côtes argen-tines, dans l’Atlantique Sud.

Les deux pays n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur le statut à accorder à l’archipel, qui est une ancienne colonie britannique. L’Argentine en revendique la souveraineté, le Royaume-Uni rétorque que c’est aux habitants (ils sont 3.000) à décider de leur sort…Le 2 avril 1982, la junte mili-taire argentine envahit les îles Malouines. Le général Léopoldo Galtieri, alors au pouvoir, sur-prend tout le monde. C’est la crise économique en Argen-tine et il trouve là un moyen de retrouver l’unité du pays. Il pense que l’invasion suffi ra à faire plier l’Angleterre. C’est sans compter sur le caractère de Margaret Thatcher. Pas ques-tion pour elle de négocier : elle

envoie ses troupes… au bout du monde et oblige Washington à la soutenir. Navires de guerre, sous-marins, avions, hélicop-tères, bombardiers, 28.000 mi-litaires mobilisés,... Le 14 juin 1982, Thatcher a repris posses-sion des îles. 649 militaires ar-gentins, 255 militaires britan-niques et 3 insulaires sont tués.

FIN DE LA JUNTE MILITAIRE«Deux chauves se battant pour un peigne», a écrit l’écrivain argen-tin Jorge Luis Borges. Et pour-tant, les conséquences sont énormes. Pour l’Argentine tout d’abord où cette défaite signe la fi n du régime militaire et le début d’un régime démocra-tique. Au Royaume-Uni, Mar-garet Thatcher parvient à sou-

lever un grand élan patriotique. Elle rem-porte haut la main les élections législatives de 1983.L’autre enjeu, ce sont les ressources natu-relles. En février 2010, les Britanniques ont entrepris des forages dans la région des Malouines. On dit qu’il y a là-bas autant de pétrole qu’en Mer du Nord… Ces forages ont entraîné un regain de tensions entre les deux pays. Lors d’un refe-rendum organisé le 13 mars dernier, 98,8 % des habitants des Malouines ont choisi de rester dans le giron britan-nique. l F. DE. H.

Notre ancien premier ministre Wilfried Martens (de 1979 à 1992) se trouvait en vacances dans le Lubéron en France lorsqu’il a appris, hier, le décès de Margaret Thatcher, sa «contemporaine». «C’était une personnalité exceptionnelle pour qui le devoir était essentiel», nous dit-il. «Même si je ne partage pas sa vision sur l’Europe, j’entretenais de bonnes relations avec elle. Lors de la tragédie du Herald of Free Entreprise en 1987

(193 morts), elle m’a téléphoné au milieu de la nuit. Le lende-main, nous nous sommes retrouvés à Zeebruges, on a visité les familles, en-semble. On a beau la surnommer «la Dame de Fer», elle pouvait rester très humaine. J’ai beaucoup d’admiration pour elle. C’était très dur, pour une femme, de se faire une place au sein du parti conservateur. Fille de famille humble et modeste, elle a dû se battre par rapport aux aristocrates». l F.DE H.

ELLE A INSPIRÉ LES ARTISTES EN COULISSES

CONTRE L’ARGENTINE

WILFRIED MARTENS SE SOUVIENT

L’«imbécile et meurtrière» Miss Maggie Politique, médias…des amitiés controversées

La guerre des Malouines, son coup de maître

«Ensemble après la tragédie du Herald of Free Enterprise»

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1. Avec son mari, Denis, et ses deux enfants, Mark et Carol; 2. En 2010, son état s’était fort dégradé. 3. Monstre politique à la ville, femme d’intérieur au quotidien; 4. En 1987, aux côtés de François Mitterrand, le roi Baudouin et Wilfried Martens.

En 2011, elle a été incarnée

par Meryl Streep.

Parmi les soldats britanniques envoyés aux Malouines.

Petits arrangements avec Rupper Murdoch.

WILFRIED MARTENS :

«UNE FEMME DANS UN

MONDE D’HOMMES»

RONALD REAGAN : «THATCHER,

THE BEST MAN IN ENGLAND»

Falkland Islands(îles Malouines)

Stanley

Amerique du Sud

OcéanAtlantique

modestes à accéder à la pro-priété immobilière.Le taux de chômage baissasensiblement et les investisse-ments étrangers, notammentaméricains, revinrent enmasse au Royaume-Uni.Pleine de bon sens, la Damede Fer se montra aussi impi-toyable avec les terroristes del’IRA qu’avec les généraux

fascistes argentins. Elle matal’insurrection des mineurs etrétablit la liberté de la presse,elle aussi menacée par la foliedes Trade Unions…Celle que la reine Elizabethappelait en privé « That Wo-man » (mépris garanti) ne futabattue politiquement ni parles gauchistes, ni par lestueurs irlandais, mais par les

plus médiocres éléments duParti conservateur, dontl’Histoire a déjà vomi lesnoms.Vingt-quatre ans plus tard,on se rend compte que Mme

Thatcher fut, au fond, le seulhomme d’État qu’ait connuce pays depuis Churchill.En un mot : elle en avait.

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2 SUDPRESSE MERCREDI 10 AVRIL 2013

Interrogé nuit et jour pendantquatre mois, Jérôme Cahuzacavait nié la possession de soncompte en Suisse. En quoi l’obli-gation de déclarer ses avoirs àson entrée en charge y aurait-elle changé quoi que ce soit ?C’est très impopulaire à diremais c’est pourtant une vérité :la plupart des hommes poli-tiques méritent les revenus

qu’ils perçoivent. Ils occupentune des plus nobles fonctionsd’une société : celle de dire leslois qui la régissent, en représen-tant ceux qui les ont élus. Et,oui, cela mérite un certain sa-laire si on veut continuer à yattirer des gens de talent, autresque des zozos à la Laurent Louis.Ce salaire est connu. À quoi bondevoir étaler ce qui en est fait ?

Pour nourrir un peu plus en-core le populisme et la jalousieambiants ? On serait bienmieux inspiré d’enfin prendrela réforme qui s’impose : rendrede vrais pouvoirs à une vraieadministration fiscale. Pour queles gens honnêtes cessent de sesentir systématiquement ledindon d’une farce n’amusantque ceux qui en profitent.

L’affaire Cahuzac a donné uncoup de canif supplémentairedans ce lien de confiance pour-tant déjà si ténu entre la popula-tion et ses dirigeants.Ne sachant comment reprendrepied dans un dossier de plus quilui échappe, François Hollande asorti l’arme du patrimoine àrendre public. C’est tout saufcrédible.

NOTRE OPINION

Christian Carpentier,ÉDITORIALISTE

Rendons plutôtde vrais pouvoirsà ceux qui luttentcontre la fraude

DEPUIS 1973

En 40 ans,que votre vie

a changé !1973, c’était il y a 40 ans déjà. Pour les historiens, cette année pivot marque la ! n des Trente Glorieuses, soit la période de prospérité économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. En 1973, la production de pétrole aux Etats-Unis atteint son sommet. Le prix de l’essence " ambe, entraînant un rationnement du carburant et… le premier dimanche sans voitures en Belgique (c’était le 18 novembre 1973). Il y a 40 ans, on passait

aussi le premier appel via GSM, les GI américains quittaient le Vietnam pendant que Picasso mourait et que le père de Justin Bieber voyait le jour… Pour comprendre à quel point votre quotidien a évolué depuis cette époque, Sudpresse a parcouru pour vous une série de statistiques établies par le SPF Economie, la Banque nationale, le Bureau fédéral du plan et bien d’autres… Résultat : Belges, que votre vie a changé ! l A.CDW

Les chiffres sont là pour le prouver, chaque année le Belge grandit un peu plus. On estime ainsi que nous grandissons de 1 à 1,5 cm tous les dix ans. «Cela se remarque dès la petite enfance», explique Martine Vercauteren, biologiste et anthropologue à la faculté des sciences de l’ULB. «Dans les années 80, les enfants de 3 ans avaient la taille des enfants de 5 ans observée un siècle aupa-ravant.»

LE FLAMAND PLUS GRANDDes études effectuées dans les années 80 ont établi qu’il y avait une légère différence de taille entre les enfants fl a-mands et les enfants wallons. On serait donc plus grand au

nord du pays. Diffi cile de véri-fi er ces données aujourd’hui. La dernière grande enquête sur la morphologie remonte à 2004. Elle a seulement été effectuée côté fl amand. Mais pour Martine Vercauteren, on peut supposer que la ten-dance reste la même à l’heure actuelle. «On sait que la taille est sensible au milieu socio-écono-mique. Et comme le pouvoir d’achat est plus important au nord qu’au sud du pays…»Car, si on grandit, c’est sur-tout grâce à l’amélioration des conditions de vie. «Au fil du temps, on a un meilleur suivi de la grossesse qui peut jouer pour rectifi er un retard de croissance du fœtus. Il faut ajouter à ça une meil-

leure alimentation, plus variée et conservée au frigo, ce qui fait qu’on ne dépend plus des saisons.»Côté poids, le Belge a beaucoup grossi ces dernières décennies. «Le poids a progressé aussi dans la mesure où, comme la taille aug-mente, c’est normal que le poids suive», précise Martine Vercau-teren. «Depuis les années 90-2000, on a un problème de surpoids. La Belgique suit la tendance euro-péenne qui suit elle-même la ten-dance américaine. De plus en plus d’enfants sont en surpoids, voire même obèses. Ça devient grave pour ce qui relève du diabète in-fantile. Jusque dans les années 80, l’augmentation du poids et de la taille étaient proportionnels.» l A.CDW.

Il y a 40 ans, le prix de l’essence était bien éloigné de ce qu’on con-naît aujourd’hui : à peine 25 centimes par litre. Le rêve ! Pourtant, l’augmentation considérable du prix du carburant n’a pas freiné le désir de mobilité des Belges. Le nombre de voitures particulières a augmenté de 96% entre 1973 et 2012. Dans ce parc automobile, vous avez fait votre choix : les moteurs diesel l’emportent haut la main sur les moteurs à essence. En 1973, il y avait à peine plus de 100.000 voitures diesel. Aujourd’hui, on dépasse les 3 millions. Des véhicules toujours plus sûrs avec lesquels on a de moins en moins d’accidents. En

2011, le nombre d’accidents mensuels a baissé de 70% par rapport à 1973. Un résultat encourageant qu’on doit aussi au port de la ceinture

de sécurité, obligatoire depuis juin 1975.

TAILLE

MOBILITÉ

Le Flamand a une longueur d’avance

EN !"#$, L’ESSENCE ÉTAIT À 2,8millionsde voitures

en 19775,4

millionsde voitures

en 2012

Les goûts vestimentaires ont eux aussi bien changé en 40 ans.

!,"#$ LE LITRE !

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MERCREDI 10 AVRIL 2013 SUDPRESSE 3

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NOUVEAU

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206.200 ! : le patrimoine moyen du BelgeUn ménage belge moyen possède un patrimoine net de 206.200 euros. C’estpresque le double de la moyenne de la zone euro, soit 109.200 euros, et quatrefois plus qu’un ménage en Allemagne : à peine 51.400 euros, selon une étudede la Banque centrale européenne (BCE) et des différentes banques nationales.Il est frappant de constater que même les ménages confrontés à des dettes ouhabitant dans des pays du sud de l’Europe soumis à des plans d’économies ontun patrimoine plus élevé : 266.900 euros pour les Chypriotes, 182.700 eurospour les Espagnols, 173.500 pour les Italiens et 215.900 euros à Malte. LeLuxembourg détient le record absolu : 397.800 euros.

Déjà 20.000 abonnés Mobib à la SNCBLancée le 19 mars dernier, l’offre Mobib de la SNCB,qui permet de combiner un abonnement de trains àcelui de la Stib, semble séduire les usagers de lasociété des chemins de fer. En trois semaines, laSNCB compte déjà 20.000 abonnés à cette nouvelleformule, nous précise le porte-parole, Thierry Ney.160.000 autres abonnés devraient suivre.

N.BEN.lBE

LGA

Aurore De Geest, ambassadrice de L’OréalPremière dauphine de Miss Belgique 2012, la jeuneCarolo Aurore De Geest, 22 ans, est devenueambassadrice pour L’Oréal Belgique. Elle fera lapromotion de nouveaux produits capillaires pour lesblondes. Dès juin, elle sera visible dans différentsspots publicitaires. Cette collaboration enchanteAurore : « C’est un grand privilège de représenter unemarque à la fois tendance et glamour ». Peut-êtredeviendra-t-elle l’une des égéries de la marque.l

D.R.

La population belge a augmenté en 30 ans. Pourtant, le nombre de naissances reste stable, autour de 129.000 naissances en 2010. La nata-lité repart même légèrement à la hausse. Parallèlement, la durée de vie s’allonge. En 1970, le taux de mortalité était de 12,28%. Aujourd’hui, il tourne aux alentours de 9,5%. Mais tous les Belges ne sont pas égaux devant l’âge. Ainsi, même si l’écart tend à se réduire, le taux de

mortalité est toujours plus faible en Flandre qu’en Wallonie. Cela

n’empêche pas la durée de vie de s’allonger. Dans les années 70, un homme vivait en moyenne 67 ans et une femme 73. Au-jourd’hui, on vit dix ans de plus qu’il y a 40 ans ! Mieux : l’espé-

rance de vie à partir de 65 ans s’allonge elle aussi. En 2011, on estimait qu’un homme pensionné pouvait encore espérer vivre une vingtaine d’années.

Le déclin de la pratique dominicale est sans doute l’une des évolutions les plus spectaculaires de ces 40 dernières années.

Selon une récente enquête effectuée par des chercheurs de la KUL et de

l’UCL, en 1977, 29,4% des Belges disaient se rendre à la messe du dimanche. En 2009, ils n’étaient plus que 4,97%. Même constat du côté des mariages (-50% en 2007), des baptêmes (-30%) et des funérailles (-25%). Pour les autres religions, il n’existe pas de chiffres aussi

précis. On constate cependant une expansion du culte mu-sulman. Ainsi, il y a environ 300 mosquées en Belgique, dont

70 sont reconnues par l’Etat.

En 2013, le mariage n’a plus du tout la cote. Le nombre de mariages a été quasiment divisé par deux depuis 1973, alors que le nombre de

divorces a triplé. Et quand on décide de passer à l’acte, c’est bien plus tard que par le passé. En moyenne, une femme se mariait à presque 27 ans en 2003. Soit 4 ans plus tard qu’en 1970. Dans ce contexte, on fait aussi des enfants plus tard et un petit peu moins qu’il y a 40 ans. En 2009, par exemple, une femme belge avait

très précisément 1,84 enfant. Parmi ces nouveau-nés, près de la moitié (46% en 2009) ont été conçus en

dehors des liens du mariage. Cependant, une majorité des enfants (87%) naissent dans le cadre d’un engagement

(mariage, cohabitation légale ou contrat de vie commune).

Il ne fait pas bon arriver sur le marché du travail en 2013. Selon la Banque nationale de

Belgique, qui reprend des chiffres de l’Offi ce national de l’Emploi (ONEM), le taux de chô-mage en pourcentage de la population active était de 2,2% à peine en 1973. Près de 40 ans plus tard, en 2012, ce chiffre est passé à 7,6%. Pourtant, les Belges n’ont jamais été aussi diplômés qu’aujourd’hui. En 1970, près de 18% des hommes wallons avaient au minimum un diplôme de secon-

daire supérieur. En 2004, ils étaient 50%. Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, 20% des Wallons et Bruxellois étaient diplômés d’une université

ou d’une haute école en 2004. C’est l’un des pourcentages parmi les plus élevés observés dans les pays de l’OCDE.

Au fur et à mesure des années, on travaille de moins en moins. Selon des chiffres de l’Organisation de coopération et de développement éco-nomiques (OCDE), le Belge travaillait 1.670 heures par an en 1983 contre 1.577 en 2010. On prend donc beaucoup plus de temps pour soi. En témoigne l’évolution du budget des ménages où la part consacrée à la culture et aux loisirs est en constante augmentation. On part aussi de plus en plus en va-cances, surtout depuis l’arrivée des compagnies aériennes low cost, dont Rya-

nair qui est installée à Charleroi depuis 1997. On dépense aussi beaucoup plus d’argent pour ses communications

téléphoniques. Et ce grâce au GSM dont le premier appel a été passé en… avril 1973 à New York. Quant au cinéma, le nombre de salles a diminué depuis

1970 (-35% par rapport à 2010), et on s’y rend de moins en moins

souvent. Surtout que le prix d’un billet de cinéma est passé de 2,50! en 1980 à 8! en moyenne aujourd’hui.

Les dernières projections pour les décennies à venir datent d’il y a un peu plus d’un an. En 2011, le Bureau

fédéral du Plan publiait un portrait de la Belgique en 2060. Conclusion : l’es-pérance de vie va conti-nuer à s’allonger, pen-dant que la natalité repartira à la hausse. Premier constat ma-

jeur: depuis le début des a n né es 20 0 0,

l’espérance de vie des hommes aug-

mente plus vite que celle des femmes. Si la tendance se confi rme, un homme belge pourra espé-rer vivre 86,2

ans et une femme 88,8

ans. En 2060 les femmes vivront

donc toujours plus longtemps que les

hommes, mais l’écart se réduit passant de 5,1 ans en 2010 à 2,6 ans en 2060.

RETOUR DE LA NATALITÉAutre mouvement à la hausse, celui des naissances. Ces dernières années, la fé-condité des femmes belges repart à la hausse, surtout à Bruxelles et en Flandre. A l’inverse, les femmes étran-gères feront moins d’en-fants. Si on ajoute à ça l’arri-vée d’étrangers qui devrait encore légèrement augmen-ter à l’avenir, la population belge devrait dépasser allè-grement les 13,5 millions de personnes. Soit une augmen-tation de 25% en 50 ans. l

A.CDW.

POPULATION

RELIGION

FAMILLE

TRAVAIL

VIE QUOTIDIENNE

ET À L’AVENIR ?

AU XXIE SIÈCLE, ON VIT DIX ANS DE PLUS

LA MESSE DU DIMANCHE,

LE BOOM DES ENFANTS NÉS HORS MARIAGE

L’EXPLOSION DU

LE TRIOMPHE DE LA SOCIÉTÉ DES LOISIRS

En 2060, nous serons 13,5 millions

9,6millions

de Belges

en 1970

73.664

mariagesen 1973

2,2%taux de

chômageen 1973

29,4%de catholiques

pratiquants

en 1977

7,6%taux de chômageen 2012

11millionsde Belgesen 2013

2,50!le ticket de

cinémaen 1980

8!

le ticket de

cinémaen 2013

42.159

mariagesen 2010

CHÔMAGE

4,97%de catholiques pratiquantsen 2009

C’EST TERMINÉ

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Page 16: Portfolio articles ACW

Actualité Plus de 550 assesseurs carolos n’ont pas rempli leurdevoir le 14 octobre, ils risquent une amende de 250E

SANTÉ TROP GRAS, TROP SUCRÉ

Ils déclarent

au NutellaEn France, la proposition de taxer l’huile de palme

émise par les sénateurs socia-listes a provoqué un tollé gé-néral. Et pour cause: l’huile de palme est un ingrédient pré-sent dans un nombre impor-tant de produits alimentaires.

Cette huile donne de l’onctuo-sité aux aliments. Elle est aus-si très bon marché. Chez nos voisins français, l’attention du public s’est aussitôt focalisée sur le Nutella, un produit sou-vent critiqué pour sa teneur en huile de palme. C’est ainsi

que le projet de taxe a pris le nom de “taxe Nutella”.La pâte à tartiner de Fer-rero est la bête noire des nutritionnistes. Ils la considèrent trop sucrée et trop grasse. “Tout dépend de la

q u a n t i t é qu’on consomme” tem-père Magali Jacobs, diététicienne et psy-chologue. Cette pro-fesseur à l’Institut Paul Lambin précise: “Si vous mangez deux tranches de pain au Nutel-la par jour, il n’y a pas de danger. Par contre, si vous videz le pot à la cuiller, c’est autre chose.”En ef-fet, l’huile de palme contient des acides gras saturés. Une consommation excessive aug-mente le taux de cholestérol et peut causer un accident car-dio-vasculaire, voire un acci-

d e n t v a s c u -

l a i r e cérébral.

Du côté de Ferrero,

qui possède la marque Nutella, on répond que t o u t e s t dans la me-sure. “On ne

prône pas de surconsomma-

tion du produit. Toutes nos publi-

cités présentent des situations de

p e t i t -déjeuner équilibré”, se défend Véronique Squelart, porte-pa-role de Ferrero. Sur ses pots, la marque recommande aussi de ne mettre que 15g de pâte par tranche de pain. Mais, s’inquiète Suzanne Vereec-ken, nutritionniste à l’hôpi-tal Erasme, “qui respecte ce genre de recommandation?”

En effet, “ce n’est pas le genrede produit qu’on mange avec la pointe du couteau. Si un enfantmange deux bonnes tranches de pain au Nutella le matin et deux autres au goûter, c’est déjà trop. D’autant que la confi guration du pot, profond et large, encourage ày plonger une cuiller… ”

UN PRODUIT ADDICTIF?Mais pourquoi le Nutella dé-chaîne-t-il autant les passions, alors que des dizaines d’autres produits sont tout aussi dan-gereux pour la santé? D’après Magali Jacobs, ce n’est pas parce que le Nutella contien-

drait un ingrédient secret qui rendrait le consomma-teur accro. “Les addictionsalimentaires ça n’existe pas.Pour le Nutella, on peut par-ler de dépendance compor-tementale. On a du mal à s’en passer parce que ça fait partie des habitudes. Cela est dû au fait que Nutellajoue la carte de la proxi-mité dans ses publicités. Tous les publics sont ciblés. Ils jouent sur l’affectif dès le plus jeune âge.” Résultat: le goût du Nutella est associé à une sensation

de plaisir qu’on ne retrouve pas avec une autre pâte à tar-tiner. D’après Véronique Sque-lart, la passion pour le Nutel-la est tellement forte chezcertaines personnes qu’elles n’hésitent pas à glisser un pot de la précieuse pâte dans leur valise au moment de partir en vacances… « AMBROISE CARTON

LE PHÉNOMÈNE

LES PÂTES À TARTINER AU BANC D’ESSAI

NUTELLALA MYTHIQUE

Ferrero est premier sur le marché

CÔTE D’OR LAITLA LUXUEUSE

Kraft joue sur le prestige

de son chocolat

KWATTA CHOC&NUTSLA TRADITIONNELLELongtemps LA marque

belge. Appartient à l’Américain Heinz

BECEL NOISETTESPrésentée comme

“équilibrée en acide gras” par Unilever

PATELINELA BON MARCHÉ

Du néerlandais Peeters Produkten

Ingrédients phares Sucre, Huile végétale Noisette (13%) Sucre Huile végétale Sucre Huile végétale

Noisettes 6%Sucre Huile végétale

Noisettes 13%Sucre Huile végétale

Noisettes 2%Valeur énergétique 544 kcal 575 kcal 570 kcal 560 kcal -Sucres (/100g) 57.3g 52g 53g 52g -Graisses (/100g) 31.6g 38.5g 38g 35g -Total 88.9g/100 90.5 g/100 91g/100 87g/100 -

Apports journaliers recommandés

Pour 15g81 kcal

4%

Pour 25g144 kcal7% GDA

Pour 15g86 kcal

4%

Pour 15g85 kcal

4%-

Prix au kg 12,18d/kg 9,47d/kg 8,08d/kg 6,20d/kg 1,72d/kg

Conclusion: les pâtes à tarti-ner sont faites à 90% de graisses et de sucres. Aucune information n’est dis-ponible pour la “Pateline”. Son fabricant n’est pas hors la loi. En effet, l’Union européenne oblige à indiquer la composition d’un aliment uniquement si celui-ci précise les “apports journaliers recommandés” (ou GDA, “Guide-lines Daily Amounts” en anglais). La “Pateline” ne dit rien sur ses apports journaliers. Impossible donc de connaître le détail des ingrédients qu’elle contient.

Ferrero : les raisons d’un succès

la guerre

Si, en France, la proposi-tion de taxe sur l’huile de

palme a aussitôt été baptisée “taxe Nutella” par les médias, c’est parce que ce produit béné-fi cie d’un énorme capital sym-pathie auprès du public. La pâte à tartiner de Ferrero est un in-contournable du petit-déjeuner dans le monde entier. Pourtant, les débuts du Nutella ont été assez confi dentiels. Tout a com-mencé dans un petit village du Nord de l’Italie au lendemain de la seconde guerre mondiale. A cette époque, un pâtissier du nom de Pietro Ferrero élabore une sorte de pain dur à base de cacao, de noisettes et de matière grasse. La recette évolue pour devenir une pâte à tartiner qui prend le nom de Nutella. C’est le début d’un formidable suc-cès pour cette entreprise restée à 100% familiale. Selon Véro-nique Squelart, porte-parole de Ferrero, “nous écoulons 18

millions de pots par an en Bel-gique.” La marque rafl e à elle toute seule la moitié du marché chez nous. La grande force de Ferrero réside surtout dans sa stratégie marketing. Ferrero ne lésine pas sur les moyens pour rendre son Nutella plus populaire. Selon des chiffres qui datent de 2011, le budget publicitaire annuel de Nutella s’élèverait à 44 millions d’!. Ferrero axe ses campagnes sur des valeurs telles que le plaisir de grandir, l’importance d’être en famille ou de retrouver ses amis. Le tout enrobé d’une couche du tube “Glorious” du Suédois Andreas Johnson. Bref, Ferrero ne néglige aucune tranche d’âge. Et ça marche puisque, sur Facebook, 16 mil-lions de personnes ont aimé la page de Nutella. De manière moins offi cielle, 3,5 millions de gens ont rejoint le groupe Face-book “Crêpe+Nutella” A titre de

comparaison, la page de Côte d’Or n’atteint même pas les 150.000 fans.

WORLDNUTELLA DAYAu fil des années, Ferrero a accompli le rêve de tout indus-triel: rendre son produit si po-pulaire que les consommateurs en font eux-même la publicité. C’est ainsi qu’un “World Nutel-la day” a été crée à l’initiative d’une Américaine vivant en Ita-lie. Depuis 2007, une fois par an, les amateurs du monde en-tier sont invités à consommer du Nutella sous diverses formes - brownies, cakes, cookies, et autres gâteaux - pour ensuite partager leurs expériences avec tous les internautes. Rendez-vous en 2013 pour la septième édition de ce jour à la fois gour-mand… et commercial. « A.C.

En France, un projet de taxation de l’huile de palme a focalisé l’attention sur un produit phare: le Nutella.Que reproche-t-on àla pâte à tartiner la plus populaire au Monde ?

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18 SUDPRESSE VENDREDI 9 NOVEMBRE 2012

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Page 17: Portfolio articles ACW

et«Grace of Monaco» ne sortira pas avant 2014 sur

nos écrans. Mais le ! lm d’Olivier Dahan suscite déjà la polémique. La famille princière de Monaco a critiqué le scénario qui présente la face sombre du couple formé par Grace Kelly et Rainier III. Élément central du ! lm: Grace voulait divorcer de son époux présenté comme cruel et autoritaire.

«Je suis tombée amoureuse du prince Rainier. Ce qui a suivi fut bien plus diffi cile que je ne l’aurais jamais ima-giné». Ainsi commence le scéna-rio du fi lm «Grace of Monaco», réalisé par le cinéaste français Olivier Dahan. Le document, classé top secret, est tombé entre les mains du journal bri-tannique «Mail on Sunday». On en sait donc un peu plus sur l’un des films les plus attendus de 2014. L’histoire se concentre sur un mo-ment particulier de la vie de Grace Kelly, jouée par Nicole Kidman. En 1962, la princesse a 33 ans. Elle doute de son choix: a-t-elle bien fait d’épouser

Rainier III de Monaco, incarné ici par Tim Roth, six ans plus tôt?

RAINIER, MARI VOLAGESelon le scénario du long-mé-trage d’Olivier Dahan, rien ne se passe comme prévu entre Grace et Rainier. Après l’un des mariages les plus médiatisés du XXe siècle, la princesse tombe rapidement enceinte. Caroline, sa première fille, n’est même pas née que Rainier commence à tromper sa femme.Apprenant que cette période de la vie du couple serait le cœur de l’intrigue du fi lm, la famille

princière a fait savoir sa totale désapprobation. Le prince Al-bert, deuxième enfant de Grace, a déclaré dans un communiqué que le fi lm «relate une page, réé-

crite et inutilement glamourisée, de l’Histoire de la Principauté de Monaco et de leur famille comportant à la fois d’im-portantes inexactitudes historiques et une série de scènes purement fi ctionnelles».

Réponse du réalisateur: «Le fi lm n’a pas vocation à raconter la véri-table histoire de la Principauté, mais à faire le portrait d’une femme excep-tionnelle à une époque précise de sa vie». D’après Wendy Leigh, spécia-liste de la vie de Grace Kelly et au-teur d’un livre sur la princesse, Rainier aurait bien trompé son épouse. «Je pense que la famille espé-rait arrêter le fi lm et qu’ils voulaient lancer un avertissement aux produc-teurs qui souhaitaient montrer le vrai visage du prince Rainier», estime-t-elle.

GRACE, FEMME LIBRELe vrai visage de Rainier, c’est celui d’un homme qui se met fa-cilement en colère. Une scène du fi lm présente le prince et Grace dans une soirée sur le yacht de l’armateur Aristote Onassis. La princesse entame une conversa-tion avec le Général de Gaulle à propos de la relation entre les États-Unis et la Grande-Bre-tagne. Sur le chemin du retour, Rainier est ulcéré par l’initiative de sa femme. «Qu’est-ce que tu vou-lais que je dise?», demande Grace. Réponse du prince: «Je ne sais pas,

tu es une actrice. Alors joue ton rôle!»Excédée par son mari autori-taire, Grace aurait donc envi-sagé le divorce. Ce moment de doute fait l’objet d’une scène clé du fi lm. La princesse hésite à retourner aux États-Unis où Alfred Hitchcock lui offre un million de dollars pour jouer

dans «Pas de printemps pour Marnie». La somme est colossale pour l’époque et équivaudrait à plus de 5 millions d’euros aujourd’hui. L’occasion est trop belle pour Grace. Elle pourrait enfi n se libérer de l’emprise de Rainier. Dans le fi lm, elle confi e au prêtre Francis Tucker son pro-jet de quitter Monaco. L’homme la met en garde: si elle part, elle risque de ne plus jamais revoir ses enfants, Caroline et Albert. «Ils sont les héritiers d’un trône euro-péen. Vous aurez de la chance si vous les revoyez. Je suppose que le monde entier fera aussi part de sa décep-tion», prévient-il.Dans «Grace of Monaco», l’his-toire se termine bien. Rainier et Grace se réconcilient pendant que la princesse attend leur troisième et dernier enfant, Stéphanie. La dernière ligne du script tombe comme une conclu-sion sans appel face à l’intran-

sigeance du prince Rainier: «Grace Kelly n’a plus jamais

joué au cinéma par la suite.» l

A.CDW

GRACE KELLY

Une femme trompée Un ! lm consacré à la princesse monégasque sortira en 2014. En avant-première,voici les moments clés du scénariode «Graceof Monaco»

Même si l’intrigue de «Grace of Monaco» se déroule en grande partie sur le célèbre Rocher, le film n’aurait pu voir le jour sans la Belgique. Plusieurs scènes en intérieur ont été tournées au parlement bruxellois (notamment le bu-reau du prince Rainier) et à Anvers où diverses salles du palais monégasques ont été recréées en studio.Et puis, il faut aussi compter avec la présence d’une Belge dans le casting. Pascaline Crê-

vecœur, 30 ans, joue le rôle de l’habilleuse de Grace Kelly. Au total, l’actrice originaire de Bruxelles aura passé cinq jours sur le plateau du fi lm, aussi bien à Anvers qu’à Gênes dans le nord de l’Italie.Pascaline Crêvecœur a effec-tué sa formation au célèbre Institut National des Arts du spectacle (INSAS) à Bruxelles dont elle a été diplômée dans la section «interpréta-tion dramatique» en 2007. On a pu l’apercevoir en télé-

vision dans des séries telles que «À tort ou à raison» sur France 3 ou «Septième Ciel Belgique» sur la RTBF. la de-moiselle multiplie les talents puisqu’elle a aussi joué dans l’une ou l’autre publicité, pour Belgacom et Quick par exemple. Enfi n, elle est mon-tée à plusieurs reprises sur les planches du Théâtre de Poche ou du Magic-land Théâtre dans diverses créations dra-matiques contemporaines.l A.CDW

MONACO - BRUXELLES

Une Belge pour habiller Grace Kelly

humiliée

> UNE RENCONTRE PENDANT UNE SÉANCE PHOTOS

Le couple a fait connaissance pendant une séance photos au palais princier, en marge du festival de Cannes 1955. Le 6 janvier 1956, ils annoncent leurs ! ançailles. Leur mariage religieux, célébré trois mois plus tard, est retransmis en direct dans le monde entier.

> GRACE ÉTAIT LOIN D’ÊTRE INNOCENTE

En 1954, lors du tournage de «Le crime était presque parfait» d’Alfred Hitchcock, on lui prête une relation avec son partenaire à l’écran, l’acteur Ray Milland.

> COLÈRE DE RAINIER CONTRE GRACE

POUR... UNE COIFFURELe scénario du ! lm de Dahan raconte un moment où la princesse s’est coupé les cheveux. Aussitôt le prince râle parce que son épouse n’a pas demandé la permission. «C’est horrible, c’est un manque de respect», s’énerve-t-il.

> 13 SEPTEMBRE 1982, GRACE MEURT DANS UN ACCIDENT DE VOITURE

La princesse quitte la propriété princière située sur les hauteurs de Monaco en compagnie de sa ! lle Stéphanie. Grace prend le volant. Le véhicule manque un virage et s’écrase six mètres plus bas. On suppose que la mort de la princesse est dûe à un malaise. Stéphanie était sortie fortement commotionnée de l’accident.

Tim Roth («Lie to Me») incarne l’impitoyable Rainier de Monaco.

Grace au temps de sa splendeur.

Nicole Kidman joue le rôle de Grace Kelly.

Sous des dehors glamour, les rapports entre Grace et Rainier étaient très tendus.

22 SUDPRESSE LUNDI 28 JANVIER 2013

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Page 18: Portfolio articles ACW

Peps Une Rolex d’Elvis, estimée à 7.365E sera mise auxenchères, jeudi, par la maison Christie’s à Londres

Parti de Séoul en juillet, le virus Gangnam style a

contaminé la planète entière. Tout le monde imite la cho-régraphie de cette chanson venue de Corée du Sud. De-puis ce vendredi, la danse fait même partie du répertoire du jeu vidéo « Just Dance 4 ». Du jamais vu pour un artiste asiatique !

Sur YouTube, deux vidéos se mènent une guerre sans merci. D’un côté, il y a un clip de Jus-tin Bieber, la star incontestée des adolescentes. Face à lui, un Coréen de 34 ans est sur le point de le dépasser. Si le premier a mis deux ans à récolter 800 millions de vue avec sa chan-son “Baby”, le second a atteint un score presque similaire en moins de quatre mois. Ce phé-nomène venu d’Asie s’appelle Psy (à prononcer “Si”). Son style, c’est le “Gangnam style”. Dans sa chanson du même nom, il

effectue une danse qui rappelle la position d’un cavalier sur le dos d’un cheval. Il n’en fallait pas plus pour étonner la pla-nète… qui a suivi le mouvement comme un seul homme.Psy s’appelle en réalité Park Jae Sang. Cet artiste n’est pas un amateur. Formé aux Etats-Unis, il est actif dans le monde de la musique depuis le début des années 2000. Jusqu’il y a peu, son succès ne dépassait pas les frontières de la Corée du Sud. D’ailleurs, la vidéo du Gangnam style, postée mi-juil-let sur YouTube, a connu des débuts timides. Il aura fallu un tweet du chanteur de hip-hop américain T-Pain pour que le phénomène démarre. De shows télés en articles de journaux, Psy a définitivement conquis son public. Plusieurs mois après, l’engouement ne faiblit pas, n’en déplaise au “Time”. Le magazine américain estimait en septembre que la passion

pour le Gangnam style s’étein-drait très rapidement…

DE SÉOUL AU MONDE ENTIER A l’origine, “Gangnam” est le nom d’un quartier de Séoul, en Corée du Sud. D’après le chan-teur Psy lui-même, on peut comparer cette zone de la ville à une sorte de Beverly Hills. Les gens qui y vivent sont riches… et ils aiment le montrer. Les paroles ne brillent pas par leur profondeur. En substance, la chanson raconte l’histoire d’un homme âgé qui essaye de séduire une jeune fille. Mais au-delà des paroles, c’est surtout le clip de Gangnam style qui a séduit le monde entier. La cho-régraphie effectuée avec un sé-

rieux imperturbables par Psy et la mise en scène ont fait le tour du monde. La vidéo de Psy a été dési-gnée meilleur clip aux European

Music Awards. C’est la première fois qu’un artiste coréen

décroche une telle récom-pense. Aujourd’hui, on ne compte plus les stars qui ont imité la chorégraphie.

Par ailleurs, le célèbre jeu vidéo “Just Dance 4”, où le

but est d’imiter des pas de danse devant sa télé, vient tout juste d’ajou-ter le titre à son réper-toire.Alors, la passion pour Psy finira-t-elle par re-

tomber, laissant ainsi le champ libre à Justin Bieber ?

Difficile à savoir. Ce qui est sûr, c’est qu’un nouveau choc des titans s’annonce. En effet, Psy et Justin Bieber ont confirmé

qu’ils travailleront bientôt ensemble. La sphère mu-

sicale n’a qu’à bien se tenir. « A.CDW

venu d’Asie

Le phénomèneMUSIQUE GANGNAM STYLE

Les raisons d’unANALYSE

Cela fait maintenant quatre mois que la vidéo

du Gangnam style tourne sur Internet. Il ne se passe pas un jour sans qu’une nouvelle pa-rodie de la vidéo soit ajoutée sur YouTube. Mais comment expliquer un tel succès ? > Les paroles: un savant mé-lange entre bribes de coréen et d’anglais. Personne n’y comprend rien mais tout le monde garde au moins un extrait en tête. “Gangnam style, c’est comme la macarena. Tu connais qu’une seule phrase dans la chanson” peut-on lire sur Twitter. > Le clip: complètement absurde. Des costumes aux

couleurs acidulées, des décors improbables (jusque dans des toilettes), un chanteur au phy-sique inattendu, une choré-graphie minimaliste… On est tellement surpris par le résul-tat qu’on ne peut plus s’empê-cher de chanter et de danser sans s’inquiéter d’avoir l’air idiot.> La mélodie: tendance. Pour Michel Jaspar, psychologue de la musique, la mélodie choisie n’est pas étrangère au succès du morceau. “Ce qui fonctionne bien dans cette chanson, c’est l’alternance entre deux styles. Si la chanson était toujours dans un genre hip-hop comme dans les pre-mières secondes, elle finirait par

lasser. C’est la balance entre une musique sourde au début et une suite plus mélodieuse qui encou-rage à écouter jusqu’au bout”. > Les médias américains. Il faut aussi compter avec la formidable machinerie américaine qui a permis à Psy d’atteindre les sommets. Le chanteur a fait le tour de tous les shows télévisés aux Etats-Unis. Les plus grandes célébrités ont repris ses pas de danse, depuis Britney Spears jusqu’au très sérieux Ban Ki-moon, le secrétaire géné-ral des Nations unies. Bref, le ridicule ne tue personne. La preuve, Psy est toujours vivant. « A.CDW

succès planétaire > 795 MILLIONS de vues sur YouTube en quatre mois. Justin Bieber a mis deux ans pour arriver au même résultat

> 5 MILLIONS de “J’aime” sur YouTube. Grâce à cette performance, la vidéo est entrée dans le Guinness Book des records

> 80.000 FANS ont dansé avec Psy à Séoul, en Corée du Sud, début octobre

> 20.000 PERSONNES se sont retrouvées devant la Tour Eiffel pour chanter la chanson à l’initiative de l’animateur Cauet

> 100.000$, c’est le montant payé au chanteur par YouTube à chaque fois que la vidéo atteint 100 millions de vues supplémentaires

GANGNAMSTYLEEN CINQ CHIFFRES

Un Coréenvole la vedetteà Justin Bieber mondial

l D.R.

42 SUDPRESSE SAMEDI 24 NOVEMBRE 2012

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Page 19: Portfolio articles ACW

Peps Un corset de Madonna, créé par Jean-Paul Gautier,sera aussi mis en vente (12.347E) chez Christie’s jeudi

HEIDI KLUMLa top model allemande a créé l’événement aux MTV Europe Music Awards. Dans un clip tota-lement déjanté, elle a même revêtu le costume cintré caractéristique de Psy.

MADONNALa star de la pop américaine a accueilli la star de la pop sud-coréenne sur scène, le temps d’un concert au Madison Square Garden de New York. Belle performance pour la chanteuse de 54 ans.

NOVAK DJOKOVICC’était au tournoi de tennis de Pékin, en sep-tembre dernier. Le joueur serbe aime faire le pitre sur le court en imitant cette adversaire. Cette fois-ci, il s’est essayé avec beaucoup de talent à la danse coréenne.

BRITNEY SPEARSLa chanteuse était de passage dans l’émission d’Ellen DeGeneres début septembre. Elle y a rencontré Psy qui lui a donné quelques cours de danse. Pas facile à exécuter pour une Britney en hauts talons…

BAN KI-MOONÀ la fi n du mois d’octobre, Psy a rendu visite au secrétaire général des Nations unies qui est aussi sud-coréen. Ban Ki-moon a avoué qu’il avait déjà vu la vidéo “plusieurs fois”. Par contre, il n’était pas très disposé à danser.

NAGUIL’animateur de “Tout le monde veut prendre sa place” sur France 2 et la RTBF a fait du Gangnam style sa danse fétiche dans un style très… person-nel. Depuis, il l’interprète pendant à peu près tous les extraits musicaux de l’émission.

JEAN-PIERRE PERNAUTL’indéboulonnable présentateur du 13h de TF1 a diffusé la chanson à la fi n d’une édition de son journal. Ses collègues de LCI lui ont demandé d’effectuer la désormais célèbre “danse du cheval”. Jean-Pierre Pernaut ne s’est pas fait prier long-temps.

SUSAN BOYLELa chanteuse a été initiée au Gangnam style avant un concert à Las Vegas. On le savait depuis sa participation à “Britain’s Got Talent”: Susan Boyle chante mieux qu’elle ne danse. Fait notable: une ex-gloire de YouTube a imité la nouvelle star du site de vidéos. La boucle est bouclée.

Qui danse le mieuxle Gangnam style ?

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EN PRISON : cette maison d’arrêt des Philippines n’en est pas à son coup d’essai. Les prisonniers ont déjà dans leur répertoires quelques clips, dont une reprise de Michael Jackson. Cette fois encore, ils étaient des cen-taines sous la pluie.http://bit.ly/QNm22n

WEST POINT, c’est l’école mili-taire américaine qui forme les offi -ciers de l’armée des Etats-Unis. On ne sait pas ce que le Pentagone a pensé de ces artistes d’un jour en uniforme et gants blancs impeccables.http://bit.ly/O5PgMC

TUTORIAL : le Gangnam style n’est pas aussi simple à interpréter qu’il n’y paraît. Il ne suffi t pas de sau-ter sur place les jambes écartées. Pour remettre les choses en place, rien ne vaut une bonne vidéo d’explication. http://bit.ly/WGlLoS

OLD PEOPLE STYLE : il n’y a pas d’âge pour apprécier la pop coréenne. Voici donc la parodie venue de Nor-vège, tournée dans une maison de repos. Les participants ont gardé toute leur jeunesse.http://bit.ly/UxpWPs

ETON COLLEGE, vénérable insti-tution fondée au XVe siècle, accueille la future élite de la Grande-Bretagne. Pour l’instant, ils dansent dans la cour de leur école, vêtus de costumes dignes d’Harry Potter.http://bit.ly/RBYnlS

LES MEILLEURES PARODIES

SAMEDI 24 NOVEMBRE 2012 SUDPRESSE 43

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Page 20: Portfolio articles ACW

s o c i o l o g i q u e universitaire et réflexions post-modernes…

!"".""" EUROSLA SOIRÉEEt que devient Na-billa aujourd’hui? Elle est revenue de Floride, où se tournait le programme, pour se reposer dans sa famille, en Suisse. Elle compte bien profiter

de sa notoriété nouvellement acquise pour se faire de l’ar-gent. Si vous souhaitez inviter Nabilla à votre soirée, rien de plus simple. Le numéro de son agent figure sur sa page Facebook offi cielle. Renseignement pris, la demoiselle exige 100.000 euros pour se montrer en boîte de nuit. Mais pas de date dis-ponible avant juin. À ce prix-là, il y a quelques conditions: un

voyage en première classe depuis Genève, l’interdic-tion de filmer la soirée et… l’obligation d’inviter aussi Thomas, son petit ami avec qui «c’est com-pliqué pour le moment», selon les magazines people. Peut-on espé-rer une ristourne sur le prix demandé si le couple se sépare ? l AMBROISE CARTON

À 21 ans, elle cartonnedans les « Angesde la téléréalité» saison 5… et aura bientôtsa propre émission

Depuis plusieurs semaines, Nabilla Benattia, candidate

à l’émission «Les Anges de la téléréalité» sur Plug RTL fait le buzz. Phrases cultes, physique extravagant, références culturelles évasives… La demoi-selle est devenue un phénomène évoqué par les principaux médias français. Comment Nabilla fait-elle pour remplir, consciem-ment ou non, le vide médiatique ? Mode d’emploi.

À elle seule, Nabilla Benattia totalise 220.000 abonnés sur Twitter et presque autant de fans Facebook. Sur YouTube, ses réfl exions cultes, maintes fois republiées, ont été visionnées des millions de fois. Mais qui est Nabilla? Et pourquoi un tel engouement autour d’une jeune fi lle de 21 ans? Son CV télévi-suel tient en quelques lignes: une candidature à «L’amour est

NON MAIS ALLÔ QUOI !

«Elle est loin d’être idiote. Dès qu’elle voit des photographes sur la plage, elle sait comment en jouer. Les «sonores» qu’elle fait sont un peu calculés… Se faire re-marquer, elle a ça dans le sang», assure Thibaut Vales, l’un des producteurs des «Anges de la téléréalité». Car Nabilla est là pour faire carrière. Dans quoi? Combien de temps? Mystère, mais du moment que ça rap-porte… «Le principe de ce genre d’émission est de repêcher des gens en re-cherche de promotion. Ils ont déjà

fait un petit tour dans la téléréa-lité, mais ils reviennent en essayant de réaliser un défi . Le but du jeu ici c’est de revenir sur la scène média-tique. Il faut que la renommée soit renforcée par un nouveau passage», analyse Frédéric Antoine, pro-fesseur au département de communication de l’Univer-sité de Louvain-la-Neuve.

ELLE Y VA À FONDPour Nabilla, tous les moyens sont donc bons pour se faire remarquer. Comme elle le di-sait dans un quotidien suisse,

«quand on fait de la télé, autant y aller à fond». C’est bien ça qui plait aux producteurs des émissions. «Les candidats sont réduits à des types, à un trait de caractère. Le fait d’associer une expression ou une ignorance manifeste au point de vue culture permet de renforcer l’identité du type», poursuit Frédéric Antoine. Nabilla incarne donc la bimbo sans cervelle qu’on adore détester. Elle est à l’image de Paris Hilton et de Kim

Kardashian, ces star-lettes dont le métier consiste uniquement à paraître. Nabilla, ses phrases cultes

et ses seins refaits rejoindront sans doute un jour le cimetière des people oubliés. Mais pas tout de suite. Une émis-sion, basée unique-ment sur elle, est en préparation. l

A.CDW

Avec son «allo quoi !», Na-billa a dépassé les frontières des «Anges de la téléréalité». Reprise de toutes parts, cette exclamation s’intègre au langage de tous les jours. Au bureau, entre amis, dans la cour de récréation, partout le même refrain indigné: «Non mais allô quoi, t’es prof et t’as pas d’autorité?» ou «Allô, t’es ministre belge et t’as pas de bud-get fédéral ?»… Ça marche avec (presque) tout pour signifi er son exaspération ou son étonnement. Selon Frédéric Antoine, pro-fesseur de communication à l’UCL, «dans ce type de cas, il faut se demander qui a fait sortir la phrase. Ça peut être le producteur du programme pour sortir le personnage du lot.» Bin-go ! L’extrait en question a «fuité» vers les sites internet spécialisés avant même la diffusion. Le Figaro l’a inté-grée dans son «Zapnet». La viralité des réseaux a fait le reste.

IKEA, OASISLes marques ont compris

le potentiel fédérateur de la «franchise Nabilla». Ikea a dégainé en premier. Le géant du meuble a sorti une publicité titrée «Allô? Non mais allô quoi? T’es une chaise et t’as pas de coussin?» et vantant les mérites du très suédois… coussin «Hâllö». Même stra-tégie pour la boisson fruitée Oasis qui lance «Les oranges de la téléréalité». Dans cette parodie, une orange dé-clare: «T’es un fruit et t’as pas de pépins?! Non mais à l’eau quoi». Subtil.Côté télé, les journalistes s’y sont mis. Telle Laurence Fer-rari qui reprend la phrase alors qu’elle est l’invitée du «Petit Journal» de Canal+. Même chose avec Rachida Dati, députée européenne et maire du 7e arrondisse-ment de Paris, toujours sur Canal+. Phénoménal on vous dit ! l A.CDW

UN RÔLE CALCULÉ

BUZZ MÉDIATIQUE

« Elle est loin d’être idiote »

Parodiée par les marques… et les politiques

Nabilla superstar :les raisons

d’un succèsaveugle» sur TF1 (une émission où des inconnus se découvrent dans le noir… et plus si affi ni-tés); une première participation aux «Anges de la téléréalité» saison 4 (où d’ex-gloires du petit écran essayent de relancer leur carrière); un retour triom-phal dans les mêmes «Anges» saison 5, programme dans lequel son succès ne se dément pas de jour en jour.

PETITES PHRASESN a b i l l a c’est avant tout une atti-tude: poitrine géné-reuse, tenue affriolantes qui mélangent la minijupe et le bikini, cheveux longs, regard pétillant rehaussé de Rimmel et de fond de teint en quantités. Ensuite, il y a les «petites phrases», ces traits d’esprit qui l’ont élevée au rang de pen-seuse cathodique. On re-tiendra notamment : «Le shopping c’est trop ma vie», signe que Nabilla vit par et pour son apparence. Sans oublier l’absurde: «Comme on dit: t’es dans ta jalousie, j’suis dans mon

jacuzzi.»Nabilla a aussi un but dans la vie : poser pour des pho-tos de charme dans le cé -

lèbre «Play -boy». Succès

mitigé puisque son caractère bien

trempé n’a pas plu aux photographes du magazine. Et voilà notre playmate renvoyée à ses chères études (qu’elle a ar-rêtées à 13 ans). L’occasion pour celle qui a eu «de nombreux or-gasmes» pendant le tournage, d’apprendre que «la guerre de 78» n’a jamais eu lieu.Mais là où Nabilla, son mètre 76 et son soutien-gorge 90D ont triomphé, c’est avec le célé-brissime «allô quoi ! ». Contexte: Nabilla évoque un passage au supermarché où elle a refusé d’acheter du shampoing pour ses colocataires. Mimant un téléphone imaginaire, elle s’ex-

clame: «Allô, non mais allô quoi. T’es une fi lle t’as pas de shampoing. Je sais pas vous me recevez? C’est comme si je te dis t’es une fi lle t’as pas de cheveux.»

CARTON D’AUDIENCELe phénomène est lancé. Les pro-ducteurs ont pris soin d’envoyer l’extrait à quelques médias spé-cialisés dans le buzz. La vidéo s’échange sur les réseaux so-ciaux. Ceux qui ne regardaient pas les «Anges» se branchent sur NRJ12 en France ou sur Plug RTL en Belgique. Aujourd’hui, l’émission dépasse le million

de téléspectateurs quotidiens en France. Un record pour une petite chaîne de télé.Un à un, les médias et autres publicitaires reprennent le «allô» de Nabilla et l’adaptent à toutes les sauces (lire par ailleurs). La consé-cration suprême, ce sera une page com-plète dans le quotidien «Libération». L’article, intitulé «La société du spectacle de Nabilla», mélange discours

«Allô, non mais allô quoi.T’es une ! lle t’as pas de shampoing.

Je sais pas vous me recevez ?

t’as pas de cheveux.» C’est comme si je te dis t’es une ! lle

Thomas, son compagnon, avec qui «c’est compliqué».

La Belge Amélie était sa meilleure amie en Floride.

Rachida Dati s’y met.

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SAMEDI 30 MARS 2013 SUDPRESSE 21

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“ On a tous en nous quelque chose de Spirou ! ”, s’exclame Sophie Dumont, responsable de la communication aux Éditions Dupuis. Et pour cause, depuis sa naissance le 21 avril 1938, le personnage de groom et son fi dèle écureuil Spip ont su traverser les âges. “ Ce sont à la fois le personnage de Spirou et le journal du même nom qui fêtent leurs 75 ans cette année ”, explique Sophie Dumont. “ À l’origine de Spirou, on trouve l’imprimeur Jean Dupuis, de Marcinelle. Il voulait créer un magazine pour la jeunesse et souhaitait l’accompagner d’un person-nage positif, espiègle, avec de l’humour. ” Le dessinateur français Rob-Vel invente alors Spirou, jeune groom au Mous-tic Hotel. Pour le costume, Rob-Vel s’inspire de l’époque où il travaillait sur des

pa-quebots transatlantiques. Mais, si le dessinateur est français, Spirou garde son identité belge. Outre son nom, qui signifi e “ écureuil ” en wal-lon, le costume noir, jaune et rouge du groom rappelle notre drapeau national. Après Rob-Vel, plusieurs dessinateurs s’empareront du personnage. Il y aura Jijé, Franquin, Fournier, Tome et Janry… “ Le destin du personnage de Spirou est de passer de main en main. C’est tout le contraire de Tintin qui est l’œuvre d’un seul auteur et qui s’est arrêté avec la mort d’Hergé ”, poursuit Sophie Dumont. En 75 ans d’existence, le groom n’a rien perdu de son identité originale. “ Quand Dupuis confi e son per-sonnage à un auteur, il y a deux règles à suivre. D’abord respecter son costume qui

doit garder ses couleurs. Ensuite, l’auteur doit rendre Spirou aussi “ propre ” qu’il l’a reçu. Pas question d’abîmer le personnage en lui faisant faire des choses qui ne sont pas en ligne avec son caractère. De cette fa-çon, le lecteur peut se l’approprier. Quand on analyse les différentes version du personnage (NDLR voir ci-dessus), on remarque que Spirou c’est une course marrante, orientée vers le futur, avec des sauts et des cabrioles. ”

!"#$%&&'$#$()$#*%+,-&-./(Résultat, Spirou fait toujours partie du paysage national. “ Aujourd’hui Spi-rou est connu en Belgique à 99%. Tout le monde a lu un journal de Spirou dans une salle d’attente ou a été traité de “ petit Spi-rou ”. ” Le journal est à l’origine d’une foule de personnages mythiques. Lucky Luke, Gaston Lagaffe, Boule & Bill, Les Schtroumpfs, Johan & Pirlouit, Cédric… tous sont nés dans les pages de Spirou Autant de héros qui ont permis aux Éditions Dupuis de constituer un public fi dèle au fi l des ans. Car, malgré la crise, le journal de Spirou se maintient, surtout grâce à ses abonnés. “ 80% des ventes se font par abonnement. On a un taux de renou-vellement d’abonnés qui est stupéfi ant. ” À l’heure actuelle, Dupuis revendique un tirage de 90.000 exemplaires de son journal pour 350.000 lecteurs.

“ Et tout ça sans publicité ”, signale Sophie Dumont. “ Nous sommes un des deux journaux bénéfi ciaires sans publicité, avec le Canard Enchaîné en France. ”

0)#.1%2#")#3124"#5"#6#7#8Pour remercier leurs lec-teurs, et en séduire de nouveaux, les Éditions Dupuis ont mis en place un “ Spirou tour ”. Au menu : un parcours en dix étapes qui passera par la Belgique, la France et la Suisse pour former un gigantesque “ S ” sur la carte. Chez nous, le tour passera d’abord par Liège, puis Bruxelles. “ Il y aura à chaque fois un numéro spécial axé sur la ville visitée. Pour Liège par exemple, nous proposerons 16 pages inédites réalisées par des auteurs Liégeois. ” Ce numéro spécial, vous la retrouverez gratui-tement et en exclusivité dans votre édition de Sudpresse. Chaque étape sera aussi l’occasion pour les lecteurs

de rencontrer leurs auteurs préférés. Rendez-vous le 26 janvier de 15 à 18 heures à la librairie Slumberland de Liège.

Et ce n’est pas tout. En 2013, Spi-

rou a aussi droit à un nouvel album (“ Dans les griffes de la vipère ”), un documentaire (“ Spirou, l’aven-ture humoristique ”, déjà diffusé sur la La Une, à revoir sur ARTE le 2 février), un album rétrospective volumineux et richement illustré (“ La véritable histoire de Spirou ”) et une réédition exceptionnelle des premières aventures du personnage parue entre 1938 et 1943 (“ Spirou par Rob-Vel ”).

9-").:.#$%2#.(+,".."$“ Spirou a eu droit récemment à un ar-ticle dans le magazine culturel français Les Inrockuptibles. Ils voient notre tour comme l’un des plus grands événements de l’année ”, s’enthousiasme Olivier Perrard, directeur géné-ral des Éditions Du-puis. Pour le reste, Dupuis est

loin de vivre uniquement sur son héritage. Comme l’explique Olivier Perrard, “ l’édition est notre activité principale. Mais nous sommes présents aussi dans le domaine de l’animation. À titre d’exemple, notre studio Dream-

Wall travaille sur le prochain dessin animé d’Astérix. ” Preuve de son succès, Dream-Wall, détenu

conjointement par Dupuis et la

RTBF, a fait l’objet d’une augmentation de capital fi n 2012. Enfi n Spirou arrivera bientôt sur ta-blettes numé-riques. Ce “ Spirou Z ” s’adressera en priorité aux abonnés de 8 à 12 ans. L’application proposera des contenus interactifs et des documents d’archives. Quel que soit le support, papier ou numérique, c’est reparti pour 75 ans et plus !

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