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Crue du Grand-Bornand (Hte- Savoie) du 14 juillet 1987 La prévisibilité en question RESILIENCE GESTION DE CRISE EVENEMENT VULNERABILITE Sources utilisées : • Circulaire n° 91-43 du 10/05/91 relative à l’information préventive sur les risques technologiques et naturels majeurs et au décret n° 90-918 du 11 octobre 1990 relatif à l’exercice du droit à l’information sur les risques majeurs. (BOMET n° 917-91/24 du 31 août 1991) • Bravard Y., 1988. La catastrophe du Grand Bornand. In: Revue de géographie alpine. Tome 76 N°2. pp. 219-221. • Combi J., 1990. La catastrophe du Grand Bornand (14 juillet 1987), composantes météorologiques. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 65 n°2,. pp. 118-122. • Meunier M., 1990. La catastrophe du Grand Bornand : crue torrentielle du Borne le 14 juillet 1987. In: Revue de géographie alpine. Tome 78 N°1-3. pp. 103-113. • Peltier A., 2006, « De toile et de tôle : vulnérabilité et protection des campings de montagne face aux inondations », Réduire la vulnérabilité de l’existant, Montpellier : Presses Universitaires de la Méditerra- née, coll. Géorisques, n°1, pp. 97-104. Réalisation : • Franck Giandolini et Jean-Guy Audéoud - M2 EGEPM - Institut de Géographie Alpine (Janvier 2011) Conséquences Juridiques La catastrophe du Grand-Bornand est explicitement citée comme réfé- rence dans la circulaire n°91-43 du 10 mai 1991 qui signale aux maires l’obligation de réalisation et d’affi- chage de document synthétique d’information aux risques. Emise par les sapteurs pompiers du Centre de Première Intervention (CPI) du Grand-Bornand au centre de traitement des appels (CTA). Arrivée des renforts des communes environnantes, la mobilisation s’étend rapidement à l’échelle dépar- tementale. Les moyens héliportés interiennent sur les lieux (sauvetages de personnes). Déclenchement du plan ORSEC* et mise en place des opérations de secours : sauvetages et médicalisa- tion des blessés. Mobilisation régionale, engagement de moyens depuis la Savoie et l’Isère. Le 14 juillet 1987, une forte pluie orageuse accompagnée de grêle s’est abattue en amont du Grand Bornand. L’orage s’est localisé sur la Klippe des Annes et la vallée du Bouchet. Les précipitations enregistrées étaient de 94 mm entre 17h30 et 20h sur une superficie de 50 km2, soit plus de 4, 5 millions de litres d’eau, suite à une conjonction de facteurs locaux et météorologiques. * Anticyclone Mobile Polaire Les fortes pluies orageuses, s’abattent sur le bassin versant du Borne. Les affluents grossissent de manière simultanée (normalement, le temps de concentration du Borne supérieur est plus long que celui du Chinaillon, mais la pluie n’a affecté que la partie aval de son bassin versant, d’où la coïncidence). 17:30 : montée des eaux CRUE TORRENTIELLE DU BORNE 16:00 : Début des précipitations sur le bassin versant 18:00 : Inondation du Camping Municipal du Grand-Bornand. 20:00 : Les eaux baissent, le Borne réintègre son lit. La capacité du lit mineur étant rapidement dépassée, le Borne commence à couler dans son lit majeur et envahit une partie du village du Grand-Bor- nand. La zone de crue la plus violente se situe immédiatement à l’aval de la confluence. La montée des eaux très rapide et le fort débit de la crue se combine avec un important transport de matériaux graveleux et de végétaux, et provoque de nom- breux dégâts: • Obstructions • Dommages aux bâtiments et biens • Dépôts dans les rues du Grand-Bornand • Interruption du trafic sur les routes inondées • Importants dégâts à la ripisylve en rive droite Le Borne sort de son lit à partir d’une portion de la rive située imméditament en amont du Pont de l’Envers, légère- ment dépressionnaire et dépourvue de ripisylve. Le courant le plus violent épargne l’essentiel de la rive gauche et se concentre sur la rive droite. Les eaux de crue longent le cimetière et déferlent sur le terrain de camping. Le charriage important de matériaux produit un effet d’inertie qui dévaste le terrain et emporte les installations et les caravanes, à l’exception d’une por- tion légèrement surélevée qui bénéfi- cie d’un effet d’abri dû à un bosquet. La forte pente engendre des vitesses de plusieurs mètres par seconde et des tourbillons empêchant l’évacua- tion de personnes sinistrées, malgré l’intervention des secours. Le Grand Bornand est localisé dans une « gouttière » ; le syn- clinal de Thônes, et encaissé dans un couloir orienté SW-NE avec les Aravis à l’est (Pointe Percée 2752 m jusqu’au Mont Charvin à 2407). L’orientation de cette vallée est favorable aux flux venant du sud par la vallée du Rhône. Depuis les années 1980, la commune du Grand- Bornand était enregistrée comme présentant des aléas sismiques et de mouvement de terrain faibles, et des d’inondations et de crues torrentielles fortes. Le camping municipal était d’ailleurs signalé comme zone particulièrement exposée. Risque d’inondation connu et prévisible. Pentes supérieures à 4% (torrents et rivières torrentielles) Milieu perméable (karst) en amont, imperméable en aval. Fort encom- brement du lit, générateur d’embâcles Localisation en «gouttière» (synclinal) Le Grand Bornand est une commune de Haute-Savoie, située à l’ouest du massif des Aravis. Le territoire communal s’étend entre 2751 m et 980 m. Le 14 juillet 1987 en fin d’après-midi, le village du Grand Bornand est frappé par un violent orage. Les consé- quences sont dramatiques : le torrent du Borne emporte un camping situé sur la rive, causant 23 victimes. Cet évé- nement est la plus grande catastrophe naturelle ayant frappé un camping. Malgré des titres médiatiques évoquant une catastrophe impré- visible, le risque d’inondation était connu à l’époque sur le Grand Bornand, et ne peut plus être ignoré aujourd’hui. Pourtant la zone, menacée par un aléa connu, est occupée par l’homme aujourd’hui comme avant 1987. Disposition orographique Etape 1 : Alerte Etape 2 : Intervention Reconstruction Assistance Etape 3 : Organisation Etape 4 : Gestion post-crise Situation géographique PLUIES VIOLENTES - montée des eaux Situation Mesures de la crue par les services du SDIS 74 14 juillet à 19h43 • Débit max. 180m 3 /s ... débit moyen en conditions normales : 6,5 m 3 /s • Hauteur max. 3,21m ...hauteur en conditions normales : 0,25m • Débit de crue cinquantenale. Facteurs aggravants Vulnérabilité aux biens Un AMP* forme un barrage aérologique qui détourne les flux humides de sud dans les basses couches. • Un flux de sud s’engouffre dans un couloir orienté SW-NE. rôle de « tremplin orographique » de la Klippe des Annes. Obstacles et section insuffisante des lits mineurs EMBACLES Niveau des eaux : +2m en 2h Surcharge du bassin * Organisation de la Réponse de la Sécu- rité Civile). Recherches, bilan des pertes humaines et matérielles. La catastrophe du Grand-Bornand a fourni des informations et enseignements qui ont été pris en compte dans la réorganisation des sapeurs-pompiers en SDIS (ci-dessus, carte des réseaux de mobilisation SDIS74, 2006) et au recensement des campings exposés à ce type d’aléa. Malgré la catastrophe de juillet 1987, l’espace utilisé auparavant n’a pas été laissé à l’abandon ni classé non- reconstructible. Au l’heure actuelle, il est occupé par plusieurs bâtiments résidentiels et commerciaux (ha- bitations et restauration). Malgré des installations de sécurité renforcées (portes anti-crues), ils demeurent en zone particulièrement exposée. La restauration des dégâts causés par la catastrophe doit beaucoup à l’intervention de l’Etat, avec l’émis- sion d’un arrêté de catastrophe naturelle pour la crue du Grand-Bornand (remboursement des dommages). Prise en compte insuffisante du risque ou prise de risque contrôlée? N 50m Bâti reconstruit depuis 1987 Bâti épargné par la crue Forêt Zone inondée (1987) Bilan humain 10 blessés 2 disparus 21 morts

Poster - Crue du Grand Bornand (1987)

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Poster UE Risques Naturels, Master EGEPM (Institut de Géographie Alpine, Université Joseph Fourier Grenoble I), janvier 2011Thème : La catastrophe de la crue du Grand-Bornand en 1987 : entre prévisibilité et responsabilitéAuteurs : Franck Giandolini & Jean-Guy Audéoud

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Page 1: Poster - Crue du Grand Bornand (1987)

Crue du Grand-Bornand (Hte- Savoie) du 14 juillet 1987

La prévisibilité en question

• RESILIENCE

• GESTION DE CRISE

• E V E N E M E N T

• V U L N E R A B I L I T E

Sources utilisées :• Circulaire n° 91-43 du 10/05/91 relative à l’information préventive sur les risques technologiques et naturels majeurs et au décret n° 90-918 du 11 octobre 1990 relatif à l’exercice du droit à l’information sur les risques majeurs. (BOMET n° 917-91/24 du 31 août 1991)• Bravard Y., 1988. La catastrophe du Grand Bornand. In: Revue de géographie alpine. Tome 76 N°2. pp. 219-221.• Combi J., 1990. La catastrophe du Grand Bornand (14 juillet 1987), composantes météorologiques. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 65 n°2,. pp. 118-122.• Meunier M., 1990. La catastrophe du Grand Bornand : crue torrentielle du Borne le 14 juillet 1987. In: Revue de géographie alpine. Tome 78 N°1-3. pp. 103-113.• Peltier A., 2006, « De toile et de tôle : vulnérabilité et protection des campings de montagne face aux inondations », Réduire la vulnérabilité de l’existant, Montpellier : Presses Universitaires de la Méditerra-née, coll. Géorisques, n°1, pp. 97-104.

Réalisation :• Franck Giandolini et Jean-Guy Audéoud - M2 EGEPM - Institut de Géographie Alpine (Janvier 2011)

ConséquencesJuridiques

La catastrophe du Grand-Bornand est explicitement citée comme réfé-rence dans la circulaire n°91-43 du 10 mai 1991 qui signale aux maires l’obligation de réalisation et d’affi-chage de document synthétique

d’information aux risques.

Emise par les sapteurs pompiers du Centre de Première Intervention (CPI) du Grand-Bornand au centre de traitement des appels (CTA).

Arrivée des renforts des communes environnantes, la mobilisation s’étend rapidement à l’échelle dépar-tementale. Les moyens héliportés interiennent sur les lieux (sauvetages de personnes).

Déclenchement du plan ORSEC* et mise en place des opérations de secours : sauvetages et médicalisa-tion des blessés. Mobilisation régionale, engagement de moyens depuis la Savoie et l’Isère.

Le 14 juillet 1987, une forte pluie orageuse accompagnée de grêle s’est abattue en amont du Grand Bornand. L’orage s’est localisé sur la Klippe des Annes et la vallée du Bouchet. Les précipitations enregistrées étaient de 94 mm entre 17h30 et 20h sur une superficie de 50 km2, soit plus de 4, 5 millions de litres d’eau, suite à une conjonction de facteurs locaux et météorologiques.* Anticyclone

Mobile Polaire

Les fortes pluies orageuses, s’abattent sur le bassin versant du Borne. Les affluents grossissent de manière simultanée (normalement, le temps de concentration du Borne supérieur est plus long que celui du Chinaillon, mais la pluie n’a affecté que la partie aval de son bassin versant, d’où la coïncidence).

17:30 : montée des eaux

CRUE TORRENTIELLE DU BORNE

16:00 : Début des précipitations sur le bassin versant

18:00 : Inondation du Camping Municipal du Grand-Bornand.

20:00 : Les eaux baissent, le Borne réintègre son lit.

La capacité du lit mineur étant rapidement dépassée, le Borne commence à couler dans son lit majeur et envahit une partie du village du Grand-Bor-nand. La zone de crue la plus violente se situe immédiatement à l’aval de la confluence.

La montée des eaux très rapide et le fort débit de la crue se combine avec un important transport de matériaux graveleux et de végétaux, et provoque de nom-breux dégâts:

• Obstructions

• Dommages aux bâtiments et biens

• Dépôts dans les rues du Grand-Bornand

• Interruption du trafic sur les routes inondées

• Importants dégâts à la ripisylve en rive droite

Le Borne sort de son lit à partir d’une portion de la rive située imméditament en amont du Pont de l’Envers, légère-ment dépressionnaire et dépourvue de ripisylve. Le courant le plus violent épargne l’essentiel de la rive gauche et se concentre sur la rive droite. Les eaux de crue longent le cimetière et déferlent sur le terrain de camping.

Le charriage important de matériaux produit un effet d’inertie qui dévaste le terrain et emporte les installations et les caravanes, à l’exception d’une por-tion légèrement surélevée qui bénéfi-cie d’un effet d’abri dû à un bosquet. La forte pente engendre des vitesses de plusieurs mètres par seconde et des tourbillons empêchant l’évacua-tion de personnes sinistrées, malgré l’intervention des secours.

Le Grand Bornand est localisé dans une « gouttière » ; le syn-clinal de Thônes, et encaissé dans un couloir orienté SW-NE avec les Aravis à l’est (Pointe Percée 2752 m jusqu’au Mont Charvin à 2407). L’orientation de cette vallée est favorable aux flux venant du sud par la vallée du Rhône.

Depuis les années 1980, la commune du Grand-Bornand était enregistrée comme présentant des aléas sismiques et de mouvement de terrain faibles, et des d’inondations et de crues torrentielles fortes. Le camping municipal était d’ailleurs signalé comme zone particulièrement exposée.

Risque d’inondationconnu et prévisible.

Pentes supérieures à 4%

(torrents et rivières torrentielles)

Milieu perméable

(karst) en amont, imperméable

en aval.

Fort encom-brement du

lit, générateur d’embâcles

Localisation en «gouttière»(synclinal)

Le Grand Bornand est une commune de Haute-Savoie, située à l’ouest du massif des Aravis. Le territoire communal s’étend entre 2751 m et 980 m.

Le 14 juillet 1987 en fin d’après-midi, le village du Grand Bornand est frappé par un violent orage. Les consé-quences sont dramatiques : le torrent du Borne emporte un camping situé sur la rive, causant 23 victimes. Cet évé-

nement est la plus grande catastrophe naturelle ayant frappé un camping.

Malgré des titres médiatiques évoquant une catastrophe impré-visible, le risque d’inondation était connu à l’époque sur le Grand

Bornand, et ne peut plus être ignoré aujourd’hui. Pourtant la zone, menacée par un aléa connu, est occupée par l’homme aujourd’hui

comme avant 1987.

Disposition orographique

Etape 1 : Alerte

Etape 2 : Intervention

Reconstruction

Assistance

Etape 3 : Organisation

Etape 4 : Gestion post-crise

Situation géographique

PLUIES VIOLENTES - montée des eauxSituation

Mesures de la cruepar les services du SDIS 74

14 juillet à 19h43

• Débit max.

180m3/s ... débit moyen en conditions normales : 6,5 m3/s

• Hauteur max.

3,21m ...hauteur en conditions normales : 0,25m

• Débit de crue cinquantenale.

Facteurs aggravants

Vulnérabilité aux biens

• Un AMP* forme un barrage aérologique qui détourne les flux humides de sud dans les basses couches.

• Un flux de sud s’engouffre dans un couloir orienté SW-NE.• rôle de « tremplin orographique » de la Klippe des Annes.

Obstacles etsection insuffisante

des lits mineurs EMBACLES

Niveau des eaux : +2m en 2h

Surcharge du bassin

* Organisation de la Réponse de la Sécu-rité Civile).

Recherches, bilan des pertes humaines et matérielles.

La catastrophe du Grand-Bornand a fourni des informations et enseignements qui ont été pris en compte dans la réorganisation des sapeurs-pompiers en SDIS (ci-dessus, carte des réseaux de mobilisation

SDIS74, 2006) et au recensement des campings exposés à ce type d’aléa.

Malgré la catastrophe de juillet 1987, l’espace utilisé auparavant n’a pas été laissé à l’abandon ni classé non-reconstructible. Au l’heure actuelle, il est occupé par plusieurs bâtiments résidentiels et commerciaux (ha-bitations et restauration). Malgré des installations de sécurité renforcées (portes anti-crues), ils demeurent en zone particulièrement exposée.

La restauration des dégâts causés par la catastrophe doit beaucoup à l’intervention de l’Etat, avec l’émis-sion d’un arrêté de catastrophe naturelle pour la crue du Grand-Bornand (remboursement des dommages).

Prise en compte insuffisante du risque ou prise de risque contrôlée?

N

50m

Bâti reconstruit depuis 1987

Bâti épargné par la crue

Forêt

Zone inondée (1987)

Bilan humain10 blessés2 disparus21 morts