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20 Travail & Sécurité – Octobre 2011 20 Travail & Sécurité – Février 2012 20 Travail & Sécurité – Janvier 2012 © Gaël Kerbaol l’INRS

Pour une démarche de prévention à la hauteur du risque

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20 Travail & Sécurité – Octobre 2011 20 Travail & Sécurité – Février 201220 Travail & Sécurité – Janvier 2012

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Travaux et interventions en hauteur

Prévenir les risques de chutes

Dossier réalisé par Antoine Bondéelle,avec Grégory Brasseur, Alexis Carlier et Joël Clergiot.

La prévention des risques de chutes de hauteur ne concerne pas que le BTP. Même si ce secteur continue de représenter les risques les plus significatifs d’un point de vue statistique (1), les travaux sur charpentes, toits, pylônes, échafaudages, passerelles, escaliers… représentent autant d’activités à risques. Les chutes avec dénivellation constituent en effet la seconde cause d’accidents du travail mortels, après ceux liés à la circulation routière. Si le BTP et le secteur des travaux neufs restent très exposés, de nombreux autres secteurs sont également

concernés à travers les activités de « fonctionnement » : interventions d’usage, maintenance, travaux de nettoyage, etc. (2). Pour être le plus efficace possible, la prévention des risques de chutes doit faire l’objet d’une analyse a priori lors de la conception des lieux et situations de travail, ainsi que d’une analyse des postes et des modes opératoires pour les travaux neufs et d’installation, comme pour les travaux de fonctionnement ou de maintenance.1. Source : statistiques technologiques 2010 (CNAMTS).

2. Ce dossier s’intéresse surtout aux interventions en hauteur liées aux travaux de fonctionnement (y compris dans le BTP), de maintenance ou d’entretien.

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Vue d’ensemble

Pour une démarche de prévention à la hauteur du risque

L a chute de hauteur constitue la seconde cause d’accidents du tra-

vail mortels, après ceux de la circulation, rappelle Michel Arvault, expert en travaux de construction à l’INRS et coau-teur d’une brochure à paraître sur la prévention des chutes de hauteur (cf. encadré). Les chutes de hauteur se distin-guent de celles de plain-pied par la présence d’une dénivel-lation. Les situations dange-reuses exposant les personnes aux risques sont donc par

La prévention des chutes de hauteur concerne de multiples secteurs, la construction bien sûr, mais également toutes les activités de « fonctionnement » sur des structures déjà existantes : travaux sur des équipements en hauteur, maintenance, opérations de nettoyage, etc.

nature très diverses et concer-nent tous les secteurs d’acti-vité. » Les accidents du travail (AT) dûs aux chutes de hau-teur ont des conséquences particulièrement graves en termes de sinistralité : 58 décès en 2010 (71 en 2009) et 16,6 % de journées d’ITT (inca-pacité temporaire de travail), alors qu’ils ne représentaient que 11,4 % de la totalité des AT en 2010 (1). « L’un des points critiques de cette sinistralité reste les chutes depuis des toitures, verrières et terrasses,

souligne l’expert. Elles ont causé 20 décès en 2010 (32 en 2009). » Si le nombre d’accidents a baissé depuis 1990 assez régulièrement, ils conti-nuent de peser sur les bilans humains et économiques de façon encore trop lourde. Un constat déjà ancien et inquiétant pour les TPE-PME et les artisans : en 2004 déjà, la CNAMTS et l’INRS, en par-tenariat avec l’OPPBTP, aler-taient les petites entreprises, notamment dans le secteur

Quand les risques liés aux travaux en hauteur ne peuvent être évités,

leur évaluation détaillée ainsi qu’une mise en place de

mesures de prévention adaptées doivent être réalisées.

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Vue d’ensemble

Pour une démarche de prévention à la hauteur du risque

de la construction, sur les conséquences graves, au-delà du bilan humain souvent lourd, que peut avoir un AT dans une entreprise de taille modeste (2). Afin de préve-nir les accidents, le réseau prévention de la Sécurité sociale (CNAMTS, INRS, CRAM/Carsat/CGSS) et les partenaires d’autres secteurs (comme l’OPPBTP) préconi-sent une identification des situations à risque le plus en amont possible, ainsi que des réponses techniques ou orga-

Le risque de chutes de hauteur est visé par les dispositions générales du Code du travail (art.

L. 4121-1 à 5). Du point de vue de la sécurité et de la protection de la santé, il est traité selon les « principes généraux de prévention » (2).

Conception des lieux de travailParmi les caractéristiques des bâtiments abritant des locaux de travail, plusieurs dispositions du Code du travail concernent la sécurité vis-à-vis des chutes de hauteur. Elles portent sur :- les passerelles, planchers en encorbellement, plates-formes en surélévation, ainsi que leurs moyens d’accès (art. R. 4224-5) ;- les puits, trappes et ouvertures de descente (art. R. 4224-5) ;- les cuves, bassins et réservoirs (art. R. 4224-7) ;- les toitures en matériaux réputés fragiles, en prévision des interventions futures (art. R. 4224-8) ;- les parties vitrées, en prévision des opérations de nettoyage (art. R. 4214-2) ;- les ouvrants en élévation ou en toiture (art. R. 4214-5).S’il subsiste des zones de danger, qu’il n’a pas été techniquement possible de protéger, l’employeur prend toutes les dispositions pour que seuls les travailleurs autorisés à cet effet puissent y accéder et les signale de manière visible (art. R. 4224-4 et R. 4224-20). Après la construction ou l’aménagement d’un bâtiment, il appartient au maître d’ouvrage de remettre au chef d’établissement un dossier de maintenance des lieux de travail. La protection collective doit y être privilégiée dans tous les cas. Ce dossier peut faire partie du dossier d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO) à remettre par le coordonnateur de sécurité et de protection de la santé (CSPS), s’il y a eu pluralité d’intervenants pour les travaux nécessitant son intervention (art. R. 4532-95 et R. 4532-96).

Travaux temporaires en hauteurLe Code du travail précise que « les travaux temporaires en hauteur sont réalisés à partir

d’un plan de travail conçu, installé ou équipé de manière à préserver la santé et la sécurité des travailleurs » (art. R. 4328-58) et décrit la protection collective (art. R. 4323-59). Il porte également sur :- la continuité des protections collectives au droit des accès et les mesures à prendre en cas de nécessité d’enlèvement partiel (art. R. 4323-65) ;- les accès aux postes de travail (art. R. 4323-66).Ces dispositions sont complétées en cas d’impossibilité de mise en place d’un garde-corps : dispositifs de recueil souples (art. R. 4323-60) ou recours aux EPI comme les systèmes d’arrêt de chute (art. R. 4323-61). Le Code du travail présente en quelque sorte les installations permanentes comme « référence » pour la réalisation de ces travaux. Lorsque ces installations n’existent pas et qu’il est techniquement impossible de les envisager, le recours à des équipements de travail est possible, en respectant quelques grands principes pour leur choix et leur utilisation (art.  R. 4323-62). Au nombre de ces équipements, les échafaudages font l’objet de dispositions spécifiques (art. R. 4323-69 à R. 4323-80 du Code du travail et arrêté du 21 décembre 2004 relatif aux vérifications des échafaudages).Par ailleurs, le Code du travail interdit de façon générale l’utilisation d’échelles et de cordes (en encadrant strictement les utilisations possibles) :- « Il est interdit d’utiliser les échelles, escabeaux et marchepieds comme postes de travail » (art. R. 4323-63).- « Il est interdit d’utiliser les techniques d’accès et de positionnement au moyen de cordes pour constituer un poste de travail » (art. R. 4323-64).Enfin, il est interdit de réaliser des travaux en hauteur lorsque les conditions météorologiques (vent important, tempête…) ou les conditions liées à l’environnement du poste de travail sont susceptibles de compromettre la sécurité et la santé des travailleurs (art. R. 4323-68).1. Extraits du site Internet de l’INRS. Pour en savoir plus : www.inrs.fr/accueil/situations-travail/hauteur/reglementation-hauteur.html2. Voir : www.inrs.fr/accueil/demarche/abc/pgp.html

Le cadre réglementaire (1)

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nisationnelles adaptées. « Les échafaudages volants, encore souvent utilisés par les peintres ou les entreprises de nettoyage ou de ravalement de façades, font par exemple partie des dispositifs les plus discutables,

détaille Michel Arvault, pour lesquels une réflexion sur la possibilité de les remplacer par des équipements plus sûrs est absolument nécessaire. »La démarche de prévention doit être conduite dès la conception d’un ouvrage ou d’un équipement de travail et dans l’analyse des postes et modes opératoires, notam-ment pour les travaux d’ins-tallation et de maintenance : elle nécessite d’impliquer un grand nombre d’acteurs (concepteurs, maîtres d’ou-vrage, utilisateurs d’équipe-ments…), mais les gains en termes de sécurité justifient largement le temps et l’éner-gie que nécessite cette étude. Selon la brochure Prévention des risques de chutes de hau-teur, en cours de finalisation, « (…) la réflexion doit porter sur tous les postes de travail, y compris ceux qui concer-nent l’entretien, et doit éga-lement comprendre l’examen des conditions d’accès à ces postes (…) » (3). De son côté, Michel Arvault précise que « la démarche de prévention, assez classique par rapport aux autres méthodes déve-loppées par l’Institution, peut se décliner en cinq points » (cf. encadré).

Tous secteurs concernés

L’expert travaille également en réseau avec d’autres acteurs de l’Institution pré-vention : « Cela a débouché sur la création de la recommanda-tion CNAMTS sur les échafau-dages roulants (4), décrit-il. Et

je participe aux réflexions du groupe chargé de la norma-lisation européenne sur ces équipements. »Un autre point mérite d’être souligné : les chutes depuis les véhicules à l’arrêt. « Ce point ne faisait pas partie de l’étude que nous avons menée pour la préparation de la bro-chure, mais doit être cepen-dant examiné avec la plus grande attention », confie Michel Arvault. Anne-Sophie Valladeau, expert à l’INRS en logistique et transports, revient sur la prévention de ce risque : « Un travail important, effectué entre les partenaires sociaux du secteur des trans-ports, avec l’appui du réseau

Prévention, a donné des résul-tats concrets. Le CTN C de la CNAMTS (5) a adopté en 2010 deux recommandations natio-nales sur la prévention des risques de chutes chez les tra-vailleurs susceptibles d'inter-venir sur les dômes de citernes. La Carsat Rhône-Alpes a par exemple collaboré activement à l’avancée du projet. » Dans un domaine proche, celui de la conduite des engins aéroportuaires, l’INRS œuvre également depuis quelques années, avec la Caisse natio-nale, les Caisses régionales (notamment la Cramif) et les partenaires sociaux, sur la mise au point d’un référentiel de formation à la conduite des

Une démarche en 5 points

La démarche décrite dans la brochure ED 6110 de

l’INRS et de l'OPPBTP pour la prévention des risques de chutes de hauteur peut se décliner en cinq points :• éviter le risque. Par

exemple, effectuer au sol l’assemblage d’éléments pouvant être ensuite levés (charpentes, etc.) ;

• quand le risque ne peut être évité, procéder à une évaluation détaillée (hauteur, fréquence d’accès, coactivité possible, etc.) ;

• combattre les risques à la source, en installant autant que faire se peut des équipements de protection permanents (garde-corps, etc.) et en tenant compte de l’évolution des techniques ;

• donner la priorité aux moyens de prévention collective, ne pas s’en remettre aux équipements de protection individuelle seuls (harnais, etc.) ;

• former et informer les travailleurs sur les risques de chutes, et l’utilisation des moyens de prévention.

La formation et l’information des travailleurs sur les risques liés

aux travaux en hauteur sontl’un des cinq piliers

de la prévention.

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sances et des compétences par des testeurs certifiés. Il convient de saluer l’engage-ment de l’ensemble des acteurs pour aboutir à ce résultat, qui débouchera sur l'harmonisa-tion des compétences requises, et sur un engagement des chefs d’entreprise (6). » Si ces travaux vont bien entendu au-delà de la seule préven-tion des chutes de hauteur, ils ont aussi cet objectif, afin d’éviter des accidents mor-tels comme celui survenu à une hôtesse de l’air, à la suite d'une chute de passerelle, en février 2005 (7).

1. Source : statistiques technologiques 2010 de la CNAMTS . 2. Lire : « Les enjeux de la prévention des AT chez les PME et artisans ». Travail & Sécurité, sept. 2004, pp. 18-20. Consultable sur : www.travail-et-securite.fr.3. Pour la conception des ouvrages, la réglementation prévoit de formaliser le résultat de la démarche dans le dossier de maintenance et le DIUO (dossier d’interventions ultérieures sur l’ouvrage). Dans le cas de travaux en hauteur réalisés par une entreprise extérieure, un plan de prévention devra également être formalisé (cf. Dossier « Sous-traitance interne », Travail & Sécurité, n° 720, sept. 2011, pp. 16-31. Consultable sur : www.travail-et-securite.fr).4. Recommandation R 457 de la CNAMTS.5. CTN : Comité technique national (paritaire). CTN C : transports, énergies, livres et communication.6. Les chefs d'entreprise seront les seuls habilités à délivrer l'autorisation de conduite, au vu du certificat et de l'aptitude médicale du futur conducteur.7. Voir par exemple : www.leparisien.fr/val-de-marne-94/mort-d-une-hotesse-air-france-relaxee-l-agent- de-piste-condamne-27-11-2009-725945.php. La formation à la conduite des engins aéroportuaires fera l’objet d’un développement spécifique dans nos colonnes.

engins, ainsi que sur un futur programme de délivrance des autorisations de conduite. « Ce travail, qui est le fruit d’un long processus, signale Catherine Montagnon, adjointe à la direction des applications de l’INRS, s’est conclu par un accord des par-tenaires sociaux et débouchera sur un dispositif de formation et de contrôle des connais-

Compactes et facilement transportables, les plates-formes

individuelles roulantes constituent un véritable poste

de travail stabilisé pour les interventions en hauteur.

Pour en savoir plusPublications• ED 75 – Plate-forme de travail. Fiche pratique de sécurité (INRS).• ED 130 – La prévention des chutes de hauteur. Fiche pratique de sécurité (INRS).• ED 6110 – Prévention des risques de chutes de hauteur (INRS/OPPBTP ;

parution prévue pour le premier semstre 2012).• ED 6074 – Échafaudages MDS de façade (INRS/OPPBTP).• ED 801 – Plates-formes élévatrices mobiles de personnel (INRS, réactualisation courant 2012).À consulter et à télécharger sur www.inrs.fr.

Dossiers web• « En hauteur » – Situations de travail. www.inrs.fr/accueil/situations-travail/hauteur.html.• « Équipements pour le travail en hauteur ». www.inrs.fr/accueil/situations-travail/hauteur/

equipements.html.

Recommandations de la CNAMTS• R 408 – Montage, utilisation et démontage des échafaudages de pied.• R 445 – Mécanisation du transport vertical des personnes et des charges sur les chantiers.• R 449 – Chargement et déchargement des véhicules citernes routiers.• R 450 – Accès aux dômes des véhicules citernes routiers.• R 457 – Prévention des risques liés au montage, au démontage et à l’utilisation des échafaudages

roulants.• R 4XX – Certificat d’aptitude à la conduite des engins aéroportuaires (à paraître en 2012).À consulter sur www.risquesprofessionnels.ameli.fr.

Brochures OPPBTP/Cramif/Capeb/GCCP • Guides de sécurité pour les travaux de couverture (notamment :

Guide du dépannage urgent sur toiture, « corvée »).

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Pour les mécaniciens et électriciens des stations de ski, les opérations d’entretien ou de maintenance sur le haut des pylônes sont monnaie courante. À Font-Romeu et aux Angles, dans les Pyrénées catalanes, les exploitants des deux domaines tiennent un discours commun : en matière de sécurité des interventions, la montagne ne connaît pas de frontières.

Remontées mécaniques

Une solidarité interstation

S ports d’hiver. Pour le grand public, la seule évocation de l’acti-

vité renvoie aux loisirs. Mais s’il connaît le versant plaisir de la montagne, il n’a que plus rarement conscience de l’importance des travaux de maintenance et d’entretien qui occupent – été comme hiver – les exploitants des domaines skiables. Les profes-sionnels sont alors confrontés quotidiennement à une pro-blématique bien spécifique : l’omniprésence des travaux en hauteur sur les pylônes, là où transite le câble des remon-tées mécaniques. « En matière de prévention, les exploitants doivent en premier lieu lister ces travaux afin de privilégier

dès que c’est possible – notam-ment hors saison hivernale – les interventions avec engins et donc la protection collective, explique Pascal Haltebourg, contrôleur de sécurité à la Carsat Languedoc-Roussillon. Quand c’est impossible, il faut organiser ces opérations, qui nécessitent des travaux sur

cordes, en ayant prévu des accès fixes sur les installations (échelles de pylônes, passe-relles de cheminement) et mis à disposition des personnels formés les équipements de pro-tection individuelle (EPI) adap-tés (casque, harnais complet, absorbeur de chutes dorsal, longe de maintien au travail en position ventrale…). »À Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, l’exploi-tant Altiservice s’est doté il y a quelques années d’un cha-riot élévateur de type 4x4, équipé d’une nacelle à bras télescopique. « En travaux d’été, il permet d’accéder à 90 % du domaine. Grâce à sa télécommande, le tech-nicien dirige le bras depuis

la nacelle », précise Bernard Herreria, chef d’exploitation. Toutes tâches confondues, Altiservice estime effectuer environ 17 000 heures d’in-terventions de maintenance pendant l’été, dont un bon tiers de travaux en hauteur. Sur les flancs du mont Llaret, à quelques kilomètres de là,

le même type d’engin est utilisé dans la station voi-sine des Angles. « Nous tra-vaillons depuis longtemps en collaboration avec la Carsat sur la sécurité des opérations de maintenance. L’outil dont nous disposons ne résout pas seulement la problématique des travaux en hauteur mais également celle du levage. Le chariot est très utilisé pour les manutentions », témoigne Jérôme Meunier, directeur de la régie autonome qui gère le domaine skiable et les activi-tés annexes aux Angles. Pour Raymond Battle, chef méca-nicien, l’engin a considérable-ment allégé la tâche, « aussi bien en temps qu’en diffi-culté ». Un gyroscope intégré permet de définir l’angle de travail afin d’assurer la stabi-lité de la machine en pente.

Entraide« Sur la nacelle, on monte avec la caisse à outils et les pièces de rechange, ajoute-t-il. C’est un vrai poste de travail sécu-risé par un garde-corps péri-phérique, grâce auquel nous accédons à tous les pylônes des téléskis, à 7 mètres de hauteur, sans qu’il soit nécessaire de se suspendre. » Mieux : l’engin a contribué à faire évoluer les mentalités et les conditions de maintenance. « Avant, les mécaniciens travaillaient directement au pied du pylône. Comme ils utilisent le chariot pour le transport du matériel, ils rejoignent désormais de façon systématique l’atelier, où les pièces sont démontées dans de bien meilleures condi-

À Font-Romeu, le chariot élévateur de type 4x4, équipé d’une nacelle à bras télescopique, peut accéder

à 90 % du domaine.

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tions », explique Christian Pallarès, chef d’exploitation aux Angles. « Nous avons éga-lement, pour les téléportés, une nacelle de travail qui se met en place entre deux sièges. Les opérations d’entretien occupent quatre personnes : deux sur la nacelle, le conduc-teur du télésiège et quelqu’un en vigie. La communication radio nous permet de com-mander l’avancement progres-sif le long du câble », poursuit le chef mécanicien.« Les interventions sur nacelles ont considérablement amé-lioré les conditions de travail, affirme de son côté Alain Noguéra, responsable main-tenance des remontées méca-niques et du parc roulant à Font-Romeu. Désormais, la révision des téléskis, c’est un mois de travail au lieu de deux. Et on voit bien la différence lorsqu’il faut utiliser le har-nais et les cordes au niveau des 4 pylônes de la station auxquels le chariot n’a pas accès. » Lorsque débute la saison hivernale, les opéra-tions de maintenance se raré-fient. Un suivi quotidien doit néanmoins être assuré par les équipes de mécaniciens et d’électriciens. Des vérifica-tions plus sommaires, mais nécessaires pour garantir la sécurité des skieurs. À cela s’ajoute la gestion des pannes et autres dysfonctionne-ments. Et en période de neige, ils n’ont pas d'autre choix que de s'en remettre aux accès disponibles et aux EPI, dans des conditions climatiques qui peuvent être extrêmes.« Ces dernières années, nous

avons beaucoup travaillé sur les accès. Tous nos pylônes, y com-pris ceux des téléskis, sont équi-pés de passerelles et d’échelles qui permettent de cheminer le long des trains de galets, assure Jacques Alvarez, directeur adjoint chez Altiservice. En 2009, nous avons mis en place, avec l’Institut technique de for-mation en hauteur (ITFH), une formation de formateurs. Nous en avons aujourd’hui cinq sur la station et sommes donc très réactifs lors de l’arrivée de nouveaux embauchés. L’ITFH nous a également aidés dans la validation de nos modes opératoires, notamment pour les opérations de sauvetage sur les téléportés. » Une ligne claire, respectée de la même façon à la station des Angles. « Les professionnels de la mon-tagne avec qui nous travaillons ont bien souvent leur méthode

et leur propre perception du risque. C’est une population de passionnés parfois difficile à sensibiliser, explique Jérôme Meunier. Pour les travaux hors engin, nous avons bénéficié de l’expertise d’une entreprise spé-cialisée. Une convention d’en-traide est par ailleurs signée avec les stations alentour. L’objectif étant d’harmoniser la méthode, d’utiliser le même matériel et de communiquer avec un langage commun. » En matière de prévention, les frontières sont tombées. La concurrence se fait sur le produit, pas sur la sécurité. « Les échanges de bonnes pra-tiques tirent tout le monde vers le haut », insiste Jérôme Meunier. Au minimum, chaque station doit organi-ser un exercice d’évacuation dans l’année, avant la saison de ski. En cas de panne réelle, les sauveteurs ont trois heures pour évacuer un télécabine. Un délai très court, d’autant que ces situations survien-nent généralement lors de fortes intempéries. « Au cours des formations communes organisées avec le personnel des stations des Pyrénées cata-lanes, les équipes prennent conscience des spécificités de chaque domaine skiable, amè-nent leur propre expérience et s’accordent sur les solutions à mettre en œuvre », souligne Jacques Alvarez. Afin que, le moment venu, les skieurs pro-fitent plus sereinement des pistes, un véritable collectif s’est donc mis en place. Celui des montagnards solidaires.

G. B.

Remontées mécaniques

Une solidarité interstationDes exercices d’évacuation sont organisés dans le cadre de formations avec le personnel de plusieurs stations.

Les domaines en chiffres

Font-Romeu/Pyrénées 2000• 110 ha de domaine

skiable.• 23 remontées mécaniques.• 500 canons à neige.• 44 pistes de ski alpin.• 11 km de pistes de ski

de fond ; point culminant à 2 213 m, point le plus bas à 1 700 m.

Les Angles• 100 ha domaine skiable.• 19 remontées mécaniques.• 40 pistes de ski alpin avec

desserte directe du village.• 60 ha de pistes

pouvant être enneigées artificiellement, un dénivelé de 2 325 à 1 650 m.

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Pour garantir une couverture optimale, les antennes de téléphonie mobile sont installées sur des toits ou des pylônes. Un travail en hauteur en toute sécurité pour les techniciens de maintenance de Bouygues Telecom Nord-Est.

Antennes de téléphonie mobile

La prévention reçue 5 sur 5

E n haut de la tour Thiers, à Nancy, en Meurthe-et-Moselle, deux techni-

ciens de maintenance de chez Bouygues Telecom appellent le poste de contrôle du réseau en région parisienne. Une inter-vention de maintenance sur une antenne-relais va avoir lieu, l’émission de celle-ci doit être coupée pour ne pas les exposer aux ondes électromagnétiques. La tour est composée de trois blocs de 50, 75 et 90 mètres de hauteur. C'est sur les deux toits-terrasses les plus élevés que les antennes sont installées. L’antenne la plus haute culmine à 104 mètres. La vue sur la ville est imprenable mais ne doit pas faire oublier les mesures de prévention.Pour prévenir toute chute de hauteur, un mur de plus de deux mètres a été érigé en bordure de vide. Au centre, un promontoire accueille les baies de transmission de données et les cinq antennes de télé-phonie (quatre appartiennent à Bouygues, une à Orange). Les techniciens y accèdent par une échelle à crinoline. Cette zone est entièrement sécurisée par des garde-corps. « Sur les immeubles neufs, nous faisons installer les baies de transmis-sions de données en protection collective à la conception du chantier. Pour les constructions plus anciennes, il faut parfois s’adapter à l’architecture mais aussi à l’environnement. Ici, il n’y a pas d’obstacle particu-lier, nous avons pu facilement

mettre en sécurité l’édicule dans son ensemble », explique Agnès Mainfroid, responsable préven-tion santé pour la région Nord-Est chez Bouygues Telecom. Cependant, lorsque ce n’est pas le cas, d’autres solutions exis-tent. « Pour les toitures de plus grande surface, on installe des garde-corps sur le poste de tra-vail et on balise le cheminement jusqu’au lieu d’intervention. Il est alors impératif de le suivre et de ne pas circuler en dehors de ces zones », poursuit-elle.

Piqûre de rappelAujourd’hui, 99 % des toitures utilisées par Bouygues Telecom sont équipées d’une échelle à crinoline et de garde-corps. Seuls subsistent les monu-

ments classés et/ou à l’archi-tecture spécifique, comme les églises par exemple ou les antennes installées de telle façon que la mise en place de moyens de protection collec-tive est impossible. L’accès se fait alors par nacelle et dans ce cas des intervenants titulaires du Caces (certificat d’aptitude à la conduite en sécurité) accom-pagnent les techniciens.Bouygues Telecom Nord-Est couvre six régions, de Lille à Strasbourg. Trente techni-ciens sillonnent chaque jour ce territoire pour pratiquer les opérations de maintenance préventive ou pour réparer des pannes. Afin de garantir la sécurité de cette flotte, la responsable prévention orga-nise avec les responsables

La vue sur la ville est imprenable mais ne doit pas faire oublier les

mesures de prévention.

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En cas de cohabitation sur un pylône, l’opérateur proprié-taire de l’édifice est garant de toutes les protections collec-tives. À Heillecourt, à quelques kilomètres de Nancy, le pylône de 30 mètres de haut planté au milieu de la zone d’acti-vité commerciale appartient à Bouygues Telecom. SFR et Orange y ont également ins-tallé leurs antennes. Bouygues occupe la plate-forme sommi-tale, les deux autres, les étages inférieurs. « Intervenir sur le pylône est plus physique, car on accède à la zone de travail par une échelle, assuré à l’aide d’un harnais et d’un rail antichute, avec notre matériel sur le dos, explique Stéphane Gueudin. Heureusement, il y a un palier de repos tous les 9 mètres. » Tout comme sur les échelles des pylônes, les antennes (sur une toiture ou sur un pylône) sont parfois accessibles depuis ce même rail antichute. Ces équi-pements sont indispensables et complètent les protections collectives mais restent sous la responsabilité de chaque opérateur.« Sur un site, il n’y a jamais de coactivité, explique Dominique Perrin. Chaque intervention donne lieu à une demande d’accès au site. La maintenance curative, qui ne peut être plani-fiée, est prioritaire. » Le techni-cien évolue alors à son aise sur le pylône, toujours épaulé par un binôme, au sol. Nouvelles technologies et fiabilité des équipements permettent éga-lement de limiter les risques. « Le réglage de l’orientation ver-ticale des antennes depuis un poste informatique est l’exemple

Sensibilisation sur la légionel-lose et la psittacose (maladie aviaire transmise à l’homme), habilitations électriques, bre-vet de sauveteur secouriste du travail, ou encore formations Prap, en cas de port de charge, complètent la formation des techniciens.La technologie permet éga-lement de rappeler les règles de sécurité avant toute opé-ration. En effet, depuis juillet 2011, les techniciens reçoi-vent leurs consignes de travail sur leur téléphone mobile en même temps que leur ordre de mission. « Dès qu’il prend en compte une intervention, le technicien accède aux condi-tions d’accès aux équipements : fiche d’accès au site, consignes d’accès et mesures de préven-tion pour intervenir sur les baies techniques et les antennes », explique Dominique Perrin, res-ponsable d’exploitation pour la région Champagne-Ardenne. Ainsi, plus de 2 500 dossiers d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DUIO) correspon-dant à la totalité du parc d’an-tennes de Bouygues dans le Nord-Est sont accessibles informatiquement.

Cohabitation activeIl n’est pas rare de voir des antennes Bouygues Telecom à côté de celles des autres opéra-teurs. Chacun est libre d’instal-ler ses propres équipements de sécurité, mais cette cohabita-tion entre les différents opéra-teurs permet une concertation des coordonnateurs SPS de chaque opérateur pour optimi-ser les coûts et les installations.

même de notre message de pré-vention puisqu’il supprime l’ex-position au risque », rappelle Marc Bury, ingénieur-conseil à la Carsat Nord-Est.Au sol, la miniaturisation des composants électroniques réduit la taille des baies élec-troniques et de gestion des flux de connexion des clients au réseau. Et en attendant que toutes les parties des baies soient à hauteur d’homme, les techniciens utilisent une plate-forme individuelle légère, sorte d’escabeau sécurisé, lorsqu’ils doivent intervenir sur le sys-tème de transmission des don-nées vers les antennes et la climatisation des circuits élec-triques. Ce qui donne beaucoup moins le vertige qu’en haut du pylône. J. C.

d’exploitation des formations coordonnées pour que tous les opérateurs respectent les mêmes règles. « Quand on arrive chez Bouygues Telecom, on reçoit un sac contenant nos outils, un harnais, une double longe, des sangles, des anti-chutes, des chaussures, des gants et un casque. Notre première tâche est d’apprendre à s’en ser-vir lors d’une formation sur le travail en hauteur », se souvient Stéphane Gueudin, technicien d’exploitation chez Bouygues Telecom. Ces formations, obli-gatoires, se composent d’une partie théorique, suivie d’exer-cices pratiques sur le terrain. Elles sont renouvelées tous les deux ans, souvent revues en fonction des avancées régle-mentaires et technologiques.

Antennes de téléphonie mobile

La prévention reçue 5 sur 5 Pour en savoir plus

Une brochure sur la « conception des sites

radioélectriques de téléphonie mobile et des situations de travail associées » devrait paraître en 2012. Sous la houlette de Jean-Louis Pomian, expert en ergonomie et conception des lieux et situations de travail à l’INRS, le groupe de travail réunissant notamment les préventeurs des trois opérateurs historiques de téléphonie mobile et Marc Bury, ingénieur-conseil à la Carsat Nord-Est, a sillonné le pays pour en tirer des exemples significatifs et concrets de mesures d’intégration de moyens de prévention à la conception des lieux et infrastructures de communication.

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Si le lavage de vitres peut paraître comme une activité des plus simples au niveau du sol, cela se corse dès qu’il s’agit de la pratiquer en hauteur en toute sécurité. Des moyens d’accès collectifs, comme des nacelles, existent, mais leur mise en œuvre n’est pas toujours possible. Pourtant, bien souvent, il aurait suffi de prévoir ce type d’intervention dès la conception des bâtiments pour que soient mis en place des systèmes d’accès efficients. Et éviter ainsi des travaux ultérieurs incontournables.

S ur un chantier de lavage de vitres, la problématique ne se situe pas au niveau

des vitres. Elle est au niveau du bâtiment. C’est lui qui va condi-tionner le mode d’intervention et le niveau de complexité des opérations. » Jean-Charles Cosson est chef d’entreprise. Il dirige une société de nettoyage de 140 salariés, la Société bre-tonne de nettoyage (SBN), dont une partie de l’activité consiste dans le nettoyage de vitres. Bâtiments publics, entreprises,

bureaux, commerces… aucune vitre ne semble lui résister. Pas même les plus haut perchées dont l’accès en sécurité relève du casse-tête.« Les architectes n’anticipent pas assez les problématiques d’en-tretien des bâtiments, déclare Gérard Petegnief, ingénieur-conseil à la Carsat Bretagne. Nous avons un mal fou à nous faire entendre. » Pourtant, le document d’interventions ulté-rieures sur l’ouvrage (DUIO), obligatoire depuis 1993, doit

prévoir les futures opérations de maintenance, dès la phase de conception. Il doit ainsi énoncer toutes les interven-tions prévisibles. Notamment celles relatives au nettoyage des vitres. « Prévoir l’accessi-bilité d’une nacelle, c’est bien. Mais encore faut-il que la dalle sur laquelle celle-ci est censée s’arrêter puisse supporter son poids », avance, un brin mali-cieux, Vincent Hurdiel, contrô-leur de sécurité à la Carsat.Ce jour-là, à Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor, Sébastien, salarié de la SBN, s’attelle aux vitres de l’immeuble de cinq étages de Terre et Baie Habitat, un organisme de logements sociaux. Il dispose d’une nacelle de 20 mètres pour laquelle il dispose d’un Caces (1) et d’une autorisation de conduite déli-vrée par son dirigeant. Les vitres côté rue ne posent a priori aucun problème particu-lier. L’emplacement nécessaire à l’installation de la nacelle est réservé depuis la veille au soir par le technico-commer-cial, chargé du suivi de certains chantiers, venu installer des panneaux de signalisation. « Il nous arrive d’avoir la surprise le matin de découvrir des voitures garées et nos panneaux sub-tilisés », note pourtant Jean-Charles Cosson.

À bâtiments multiples, chantiers multiples

Les vitres côté parking sont moins évidentes à aborder. Le passage de la nacelle par l’en-trée se fait au millimètre et les manœuvres sur le parking pour positionner correctement

Laveur de vitres

Des interventions qui jouent la transpar ence

Après quelques manœuvres de la nacelle de 20 mètres, toutes les

fenêtres sont accessibles.

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pouvons avoir à demander la mise en place d’équipements spécifiques. » « Le plus souvent, il suffit de rappeler au maître d’ouvrage qu’en sa qualité, il s’agit d’une obligation qui lui incombe à travers le DIUO, annonce Gérard Petegnief. Au

besoin, nous pouvons appuyer la demande de la SBN. » Cette intervention de la Carsat n’a pas été nécessaire chez un autre client de la SBN dont le hall d’entrée à l’architecture cathédrale est entièrement vitré. « Jusqu’à maintenant, nous intervenions avec une petite plate-forme élévatrice que nous arrivions à faire entrer avec difficulté, décrit Jean-Charles Cosson. Ce n’était pas idéal, nous devions prendre mille précautions pour ne pas

en place de moyens d’accès à des vitres en hauteur sont multiples, surtout en intérieur où l’utilisation de la perche à eau pure (cf. encadré) est de fait proscrite. « La relation avec le client est très importante dans ce genre de situation », raconte

le dirigeant de la SBN. En effet, si rien n’a été prévu au moment de la conception du bâtiment, il s’agit de demander au client d’investir dans des travaux dont le résultat doit répondre à des normes précises. Pour autant, les réticences rencontrées sont rares. « De toute façon, pour-suit-il, pour tout contrat, nous établissons avec l’entreprise utili-satrice un plan de prévention qui comporte l’étude des moyens de sécurité dont nous disposons. C’est à ce moment-là que nous

abîmer le sol, mais nous y arri-vions. Aujourd’hui, la direction a souhaité que nous imaginions un autre mode d’intervention et il se trouve que la seule solu-tion est le travail à la corde. » Le client n’a pu que s’incliner devant les arguments de la SBN

et des travaux sont prévus pour l’installation des systèmes de sécurité nécessaires à ce type d’intervention. « Je sais que les responsables immobiliers du groupe auquel appartient notre client ont retenu la leçon et que l’expérience va leur servir de référence pour les nouvelles constructions », avance le diri-geant de la SBN.1. Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité.

A. C.

l’engin sont délicates à opérer. Pour autant, le chantier n’est pas tellement compliqué. Après quelques ajustements, toutes les vitres sont accessibles depuis la nacelle. « Il n’y a pas de secret, explique Jean-Charles Cosson : il faut du personnel formé et la mise en œuvre de moyens spécifiques pour chaque chantier. Tous les matins, je pré-vois le planning des laveurs de vitres en précisant strictement l’équipement nécessaire. La clé, c’est que je connais tous les lieux d’intervention puisque c’est moi qui prépare les devis. »« Les bâtiments présentent tous leur particularité et de ce fait aucun chantier ne ressemble à un autre », précise le chef d’en-treprise. Si la SBN a mis en place tous les outils pour assurer la sécurité de ses salariés – pro-cédures d’intervention, fiches métiers, fiches de postes… –, et dispose de l’équipement néces-saire tant en interne qu’en location, elle doit composer avec l’architecture des lieux. « Entre les nacelles de différents formats et notre camion, nous essayons toujours de trouver les solutions de protection col-lective pour intervenir en totale sécurité, ajoute Jean-Charles Cosson. Mais il y a des cas où seul le travail en rappel avec un harnais reste envisageable. Et nous avons un salarié formé à cette activité. » Un mode d’in-tervention qui demande toute-fois des équipements fixes sur les bâtiments (lignes de vie et points d’ancrage) qui n’existent pas toujours a priori.Sols fragiles, entrées trop étroites, plantations, vitres en pente… les obstacles à la mise

Laveur de vitres

Des interventions qui jouent la transpar ence

La perche, l’autre choix

Depuis peu, la SBN dispose d’un matériel innovant qui lui permet de nettoyer des fenêtres

en hauteur depuis le sol. Il s’agit d’une perche à eau pure. Si le procédé ne présente rien de bien révolutionnaire, il a la particularité, entre autres, de ne pas nécessiter le passage d’une raclette sur les vitres. La perche est munie en son bout d’une simple brosse et le nettoyage est réalisé à l’aide d’eau du robinet devenue pure après son passage par une bonbonne filtrante. L’eau pure ne laisse aucune trace sur le verre ce qui simplifie amplement la tâche de l’opérateur resté au sol. Pour pallier l’apparition éventuelle de TMS chez l’utilisateur, un fourreau attaché à la ceinture, sur le modèle des porte-drapeaux, peut être utilisé. En outre, cette perche évite l’utilisation de produits chimiques et permet de nettoyer en même temps les huisseries. En revanche, l’écoulement de l’eau interdit son utilisation en intérieur. 

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Logistique

De la prévention en stockLa plate-forme logistique d’Office Depot, de Meung-sur-Loire, dans le Loiret, alimente les 53 magasins de l’enseigne, répond aux commandes des clients de la marque Viking (filiale du groupe) et satisfait les demandes spécifiques de grands groupes industriels. Des stocks vertigineux qui engendrent du travail en hauteur, et ne doivent pas faire oublier la sécurité des salariés.

E ntre 15 000 et 20 000 colis quittent chaque jour l’entrepôt de

28 000 m2. L’espace de stoc-kage s’élève jusqu’à 15 mètres de haut et se divise en quatre cellules distinctes de 6 000 m2 chacune, selon les produits et l’activité : déchargement, stoc-kage de masse, préparation de commandes/SAV, expéditions. Nous sommes à Meung-sur-Loire, dans le Loiret, sur la plate-forme logistique d’Office Depot, société de fournitures de bureau. « Un des risques majeurs de notre métier reste la manipulation de palettes en hauteur, indique Jean-Christophe Serein, directeur logistique du site. En plus des risques pour l’opérateur à bord de son engin de levage ou sa nacelle, si une palette tombe, elle peut être projetée sur une personne dans un rayon de plu-sieurs mètres autour d’elle. » Dans les rayons de stockage les plus hauts, les opérateurs sont à bord d’un chariot tri-directionnel filoguidé. Un fil implanté dans la dalle de béton du sol sur toute la lon-gueur de l’allée guide le chariot dans un mouvement unique avant-arrière. L’opérateur ne peut donc pas dévier de sa trajectoire, heurter un rack et risquer de faire tomber une palette. « Nous avons préféré ces engins de 5,2 tonnes aux chariots à conducteur porté, les libellules. Celles-ci pèsent 3,3 tonnes et si elles subissent un choc, avec le poids des mar-chandises qu’elles transportent, elles peuvent se renverser », explique Jean-Christophe Serein. Pour utiliser en toute

sécurité ce type d’engin, la coactivité avec d’autres cha-riots devrait être inexistante. L’utilisation des trois libellules que compte l’entrepôt est donc reléguée aux inventaires nocturnes pour l’une, au tra-vail dans un entrepôt peu fréquenté pour l’autre, et carrément supprimée pour la dernière.À bord de chaque engin, le harnais, relié à un sys-tème d’enrouleur iden-tique à celui des ceintures de sécurité d’une voiture, évite que le conducteur ne se fasse arrêter bru-talement s’il oublie de le retirer en descendant de la cabine. « Le harnais est obligatoire. En cas de panne, la consigne est de rester à bord de l’engin en attendant les secours. Nous réfléchissons cepen-dant à l’éventualité de formations de descente en rappel », précise Jean-Christophe Serein.Un radar équipe les cha-riots tridirectionnels pour détecter la présence d’un piéton à l’avant et à l’arrière de l’engin. Mais pour plus de sécurité, les salariés ont demandé, par le biais du CHSCT, de bloquer l’entrée des allées par un plot ou une chaîne lorsqu’ils s’y trouvent.

Supprimer la hauteur

En plus des palettes entières de produits, des colis personnalisés sont conditionnés à la

demande. Les palettes, des-cendues de leur rack par les « tridi », sont emmenées sur des racks à deux rayons. Les préparateurs de commandes, à bord d’un transpalette qui les élève jusqu’à 1,20 m au-

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dessus du sol, choisissent la quantité de cartons dont ils ont besoin pour réaliser leurs colis. C’est le picking. « Nous devons sélectionner les pro-duits par couche, pour ne pas prendre les cartons les plus

proches de nous et ainsi éviter que la dernière pile nous tombe dessus, explique Sébastien Bidault, préparateur de com-mandes. Nous sommes régu-lièrement rappelés à l’ordre car ça n’est pas encore entré dans

les habitudes de tous. »« Réduire la hauteur des palettes (ici 1,30 m) per-met de limiter les risques de chutes d’objets et les postures contraignantes. Toutes les palettes sont également filmées pour renforcer la sécurité pen-dant le transport mais aussi pour faciliter le pic-king puisque l’opérateur n’ouvre le film que d’un seul côté », renchérit Valérie Chamberland, contrôleur de sécurité à la Carsat Centre. Cependant, un travail sur les risques de chutes d’objets depuis ce deuxième rayon et des opérateurs (les transpa-lettes ne sont pas équi-pés de barrières lorsque le conducteur est en posi-tion haute) reste encore à faire. « L’idéal serait de travailler avec des palettes au sol mais le besoin en espace de stockage s’en trouverait alors considé-rablement augmenté », déplore Jean-Christophe Serein.25 % de l’activité de la plate-forme concernent la préparation des colis au

détail. Or, 75 % des ressources de préparation y travaillent. En effet, le deuxième hall de ces préparations de com-mandes est réservé aux colis au détail. Un enchevêtrement de convoyeurs automatiques, installé contre les racks de stockage de petits produits, fait circuler 11 100 bacs de rangement (la capacité peut être augmentée) et cartons d’expédition. « Les bacs arri-vent devant moi. Des voyants lumineux indiquent le nombre de produits demandés et dans quel carton je dois les dépo-ser. Je n’ai jamais à aller les chercher en rayon. Cependant, l’automatisation totale du sys-tème rend plus ennuyeux le travail, car on ne réfléchit plus du tout », tempère Paulette Martinez, opératrice poly-valente. D’autres aménage-ments pourraient cependant être envisagés tels que la mise à hauteur des cartons ou l’inclinaison des bacs pour éviter les risques de troubles musculosquelettiques.Les stocks sont régulièrement alimentés par ce même sys-tème de convoyeurs, dont l’ergonomie au poste a été revue pour permettre de faci-liter la manipulation des pro-duits : table à billes plus large, convoyeur pour récupérer les emballages des produits en face de l’opératrice, écran de contrôle sur tablette amovible, estrade pour que l’opératrice travaille à hauteur. Ou com-ment supprimer les risques liés au travail en hauteur, sans en créer d’autres.

J. C.

À bord de son engin filoguidé, l’opératrice ne risque pas de heurter les rayons et de faire tomber des palettes.

Un SAV sans TMS

O ffice Depot s’est également

attaqué aux troubles musculosquelettiques (TMS) dont peuvent souffrir ses opérateurs du service après-vente (SAV). Le matériel informatique et bureautique occupe la totalité de l’activité de ce service, avec du matériel parfois lourd et volumineux (imprimantes, unités centrales d’ordinateurs). Pour limiter les manipulations, toutes les activités du SAV (de la réception au bon de sortie en passant par le diagnostic et la réparation) ont été regroupées en un seul endroit. Le service s’est également équipé d’un tire-palette à grande levée pour réceptionner les objets défectueux. Ainsi, le colis est levé à hauteur de la table de réception où il peut être glissé, sans être porté. Et dans les rayons de stockage, les opérateurs peuvent utiliser un petit gerbeur électronique. Là encore, ils peuvent faire glisser le matériel et ne sont plus obligés de le porter sur leur table de travail. Objectif : diminuer de 70 % les manipulations d’objets lourds par les opérateurs. Ces acquisitions ont également permis d’intégrer totalement un salarié handicapé.

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Spécialisée dans la mise en place d’enseignes en façade et en hauteur, la société ACE Création s’est donné les moyens techniques et organisationnels de renforcer la sécurité des poseurs. Les règles du jeu sont simples : nacelles pour les travaux au-delà de 5 mètres et plates-formes individuelles roulantes légères (PIRL) pour les autres interventions.

J e n’étais pas conscient du risque. » Il y a cinq ans, lorsqu’il prend la direction

d’ACE Création, entreprise de huit salariés basée à Auchy-les-Mines, dans le Pas-de-Calais, et spécialisée dans la pose d’enseignes, Éric Brenet découvre qu’en matière de pré-vention, tout est à construire. « Des vêtements de travail à l’outillage professionnel, il a fallu équiper tout le monde. Le dépôt a été réaménagé, puis je me suis intéressé aux chan-tiers », explique-t-il. Une chose pourtant lui échappe. Les réa-lisations se situant principale-ment en façade et en hauteur, les poseurs font l’essentiel de leurs interventions à l’échelle. Et c’est lors d’un contrôle de la Carsat Nord-Picardie sur un chantier qu’il réalise l’exposi-tion quotidienne des salariés.« Comme beaucoup de petites entreprises, ACE Création man-quait d’information. Elle s’est très vite inquiétée de la façon d’adapter son matériel et d’or-ganiser le travail », se souvient Cyril Delaage, contrôleur de sécurité à la Carsat Nord-Picardie ayant procédé au contrôle et orienté l’entreprise vers les moyens techniques existants. « Le travail à la nacelle avait été adopté pour les interventions au-dessus de 5 mètres, précise Éric Brenet. Les poseurs ont d’ailleurs tous bénéficié d’une formation Caces pour conduire les plates-formes élévatrices mobiles de personnel que nous louons. Le problème était de sécuriser les autres interventions, soit 80 % de l’activité. » Pour les hau-teurs inférieures à 5 mètres,

la Carsat demande la mise en place de plates-formes indi-viduelles roulantes (PIR). ACE Création en achète quatre, qui font l’objet d’une subvention via l’aide financière simplifiée. Elles sont testées dans les ateliers, afin que chaque opé-rateur bénéficie de l’informa-tion nécessaire pour la prise en main : montage, transport, mise en sécurité.

Un véritable poste de travail

Depuis un an, les deux équipes de poseurs (quatre salariés) ont obligation de les utili-

ser. « On est comme sur le sol, remarque l’un d’eux, Nicolas Lévèque. C’est un véritable poste de travail qui nous per-met d’avoir une position stable. En haut, le plateau nous sert à déposer les outils. Il n’y a plus à fouiller dans ses poches pour les récupérer dans des positions acrobatiques. » Un travail plus efficace mais aussi plus pro-fessionnel qui influe – le diri-geant en a la conviction – sur la crédibilité de l’entreprise. « En un an, nous n’avons pas eu d’accident du travail dû à une chute de hauteur, assure-t-il. Ce n’est pas rien. Si l’un de mes poseurs est arrêté, je perds

Installations de signalétiques

Des poseurs logés à bonne enseigne

ACE Création en bref

C réée en 1983, la société ACE Création

est spécialisée dans la fabrication et la pose d’enseignes, de stores et l’aménagement de terrasses principalement pour les cafés, hôtels et restaurants. À Auchy-les-Mines, l’entreprise emploie 8 salariés et fait un million d’euros de chiffre d’affaires.

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25 % de l’effectif et j’immobi-lise une équipe. Les chantiers, eux, n’attendent pas. » Malgré tout, l’utilisation des PIR est parfois contraignante. « Les plates-formes font une tren-taine de kilos, qu’il faut porter pour les mettre sur la galerie du véhicule puis les installer sur le chantier, précise Stéphane Dienner, poseur. Et lorsque le trottoir n’est pas assez large, il faut empiéter sur la route pour mettre en place le balisage. » Une installation plus longue, certes, mais une fois la zone balisée, les voitures passent à l’écart, tout comme les pié-tons, qui ne sont plus tentés de circuler sous les échelles.« L’entreprise s’est mise à niveau pour les interventions sur chantiers et a entrepris la même démarche pour le travail dans l’atelier, affirme Raymond Crouzet, contrôleur de sécurité en charge du sec-teur à la Carsat Nord-Picardie. Lors d’une visite à Auchy-les-Mines, j’ai fait un certain nombre de remarques, notam-ment sur le stockage des pro-duits chimiques, le soudage ou le risque électrique. Elles ont été entendues et intégrées au document unique, aujourd’hui considéré comme vivant et évolutif. » « À présent, la direc-tion tient à être informée du moindre problème méri-tant d’être signalé dans notre travail quotidien », affirme Stéphane Dienner. Ce n’est peut-être pas l’assurance de recevoir une réponse immé-diate, mais c’est déjà celle d’être entendu.

G. B.

Installations de signalétiques

Des poseurs logés à bonne enseigneL’entreprise de construction Demathieu et Bard a fait fabriquer, pour ses chantiers en Ile-de-France et avec le soutien technique de la Cramif, un quai de déchargement permettant de prévenir notamment les risques de chutes pour les opérateurs, lors de la livraison de dalles de béton préfabriquées.

V illejuif, dans le Val-de-Marne. 7 h du matin. Un ballet incessant

de semi-remorques apporte sur un chantier des dalles pré-fabriquées… ce qui n’est pas sans poser des problèmes de sécurité. « L’une des questions qui restaient en suspens était celle de la prévention des éven-tuelles chutes de hauteur des opérateurs, lors des opérations de livraison des dalles sur le site de construction », indique Richard Dechilly, le directeur de travaux du chantier en cours. Situé juste derrière l’hô-pital Gustave-Roussy, le site abritera des bureaux, des loge-ments, ainsi qu’un futur labo-ratoire. Les dalles nécessitent une manutention mécanisée à la grue et les opérations d’élingage et de préparation avant levage sont réalisées sur la plate-forme des camions. Des manœuvres susceptibles de créer pour les salariés des situations à risque récurrent de chutes de hauteur. En effet, les dalles arrivent empilées les unes sur les autres et prêtes

à êtres grutées à partir de la plate-forme.« La hauteur de ces piles peut atteindre trois mètres et en conditions climatiques variables, elles peuvent être glissantes. Il nous fallait trou-ver une solution technique qui permette de diminuer le risque, tout en conservant une cadence de travail compatible avec les impératifs du chantier, reprend Richard Dechilly. À la demande de la Cramif, nous avons étudié la mise en sécurité du poste de déchargement, afin de réduire les risques de chutes et de faci-liter la préparation des dalles (en particulier, la mise en place des garde-corps avant levage). Nous avons ensuite élaboré un cahier des charges permettant la conception d’un matériel adapté à nos besoins. Nous sou-haitions tester un équipement à la fois simple et utilisable sur d’autres chantiers comparables à celui-ci. » Frédéric Hidoin, contrôleur de sécurité à la Cramif, a apporté son soutien technique à la conception : « L’idée était de mettre à dispo-

Construction

Gérer la contrainte des dalles

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Les barrières et les portes du mur à panneaux mobiles

« enferment » le chargement, afin de permettre

aux opérateurs d'évoluer et de travailler en sécurité.

36 Travail & Sécurité – Octobre 2011 36 Travail & Sécurité – Février 2012

empruntent l’escalier du quai et se placent sur la plus haute dalle qu’ils commencent à équiper et élinguer. Une fois le levage réalisé, ils effectuent la même opération sur la dalle suivante, en utilisant les accès du quai à bonne hauteur.« Ainsi, nous espérons contri-buer à réduire de façon signi-ficative les risques auxquels sont exposés les compagnons, signale Henri Germain. Cet équipement étant relativement simple à prendre en mains – il ne nécessite qu’une formation rapide des futurs utilisateurs – nous envisageons de généra-liser son utilisation sur tous les chantiers où elle sera possible. » Une attention à la prévention qui n’a pas commencé avec le projet de « quai de déchar-gement de dalles » : « Nous effectuons des formations et des informations régulières, poursuit le responsable QSE. Nous réalisons des affiches et des vidéos de prévention. À partir des récits d’accidents du travail et de presqu’accidents, nous tirons le maximum de leçons et d’éviter les erreurs. Nous travaillons souvent avec des acteurs (Cramif, OPPBTP…) pour trouver des solutions tech-niques et organisationnelles de prévention. En résumé, nous ne chômons pas ! » La mise au point et l’utilisation du quai ont retenu l’attention de la Caisse régionale, qui a décerné à Demathieu et Bard un « Trophée Cramif » (men-tion prévention des risques de chutes de hauteur) lors du salon Batimat, qui s’est tenu à Paris le 10 novembre 2011.

A. B.

Germain, responsable QSE (qualité, sécurité, environne-ment) chez Demathieu et Bard. Les compagnons doivent se his-ser sur le camion pour la prépa-ration. Sans ce quai, ils seraient exposés à des risques de chutes multiples, trop souvent consi-dérés comme habituels. » Deux salariés sont justement à pied d’œuvre : une fois le camion immobilisé, ils plaquent le quai mobile sur roues contre la plate-forme, sans laisser d’espace, ainsi que le mur à panneaux mobiles permettant d’« enfermer » le charge-ment, de l’autre côté. Puis, ils

sition du chantier un matériel à la fois robuste, facile à prendre en main avec une formation préalable des salariés. Et bien entendu, la protection devait être collective, la bonne utili-sation de l’équipement devant protéger l’ensemble des inter-venants pendant les phases de préparation et de levage. » « Nous avons réalisé ensemble quelques crayonnés, com-plète le directeur de travaux, et munis de nos croquis, nous nous sommes ensuite retour-nés vers l’un de nos fournisseurs habituels, Marmontel. »

Un quai de déchargement

C’est ainsi que le quai de déchargement utilisé quoti-diennement sur le chantier a vu le jour. Un « semi » arrive ce matin-là, chargé d’une demi-douzaine de dalles de béton préfabriquées, destinées à être levées sur l’étage supérieur du bâtiment en construction. « Chaque dalle mesure entre 10 et 20 mètres carrés. Sa pré-paration nécessite l’installation de garde-corps avant le levage, ainsi que la pose des élingues de levage, explique Henri

La préparation des dalles, en particulier l'installation

des garde-corps, est effectuée en sécurité.

Demathieu et Bard en bref• Société-mère fondée en 1861.• 185 salariés en Ile-de-France (sur un total national de 2 577).• Activités : construction, préfabrication, concessions et

partenariats public-privé (PPP) dans le domaine de la construction.

• Qualité, sécurité, environnement : ISO 9001 (certifiée), ISO 14001 ; responsables et animateurs QSE sur l’ensemble des activités.

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