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Hybride solaire en mer et houlomoteur - Copyright ©2011 PAULEY Michel JOUVET Philippe LAUNAY Henri FAVRE Bruno DESHAYES Manoel DIALINAS Yves JANNIN Marc MOUSSION Alain-Louis GOURDY André-Hubert MESNARD Michel ROMANET Jean NEUILLY Marc PORIER Pierre TREBUCHET Yvonne ABDESSLAM PISTES A EXPLORER POUR LE PROJET DE TERRITOIRE A L'HORIZON 2030 NOVEMBRE 2012 POUR UNE ÉCONOMIE "A LA NANTAISE" DANS LA MONDIALISATION Contribution collective à

Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

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Contribution collective de 14 membres du Conseil de développement de Nantes métropole au projetd e territoire à l'horizon 2030

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Michel JOUVETPhilippe LAUNAY

Henri FAVREBruno DESHAYES

Manoel DIALINASYves JANNIN

Marc MOUSSIONAlain-Louis GOURDY

André-Hubert MESNARDMichel ROMANET

Jean NEUILLYMarc PORIER

Pierre TREBUCHETYvonne ABDESSLAM

PISTES A EXPLORER POUR LE PROJET

DE TERRITOIRE A L'HORIZON 2030

NOVEMBRE 2012

POUR UNEÉCONOMIE "A LA

NANTAISE" DANS LA MONDIALISATION

Contribution collective à

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PREAMBULE

En juin 2011, huit membres du Conseil de développement se sont associés pour écrire ensemble une con-tribution intitulée « Vive l'avenir, osons le développement économique ! ».

Ce texte a rencontré un très large écho non seulement au sein du Conseil de développement mais aussi

dans les réseaux de la décision locale, économique ou politique.

Il a permis également de souligner la nécessité de cultiver le débat économique au sein de la société

civile pour qu'il ne soit pas seulement alimenté par des clivages stériles et des argumentaires issus de médias qui ont le plus souvent une culture de l'économie assez faible. Il est significatif sur ce point de constater que l'information économique se trouve aujourd'hui bien davantage dans les publications

spécifiques ou les blogs que dans les grands médias ; ces derniers disposent de moins en moins de journalistes spécialisés et assurent leur mission d'information en donnant la parole à des « économis-

tes » exprimant plus d'opinions que d'analyses distanciées.

Sur la base de ce travail citoyen collectif, le cercle des participants à ce groupe informel du Conseil s'est élargi et a poursuivi sa réflexion. Ils souhaitent livrer aujourd'hui la suite, mais surtout pas la fin, de leur

travail en approfondissant plusieurs points qui leur paraissent fondamentaux pour l'avenir.

La crise économique et financière est installée et produit ses effets dans la durée, l'actualité de l'été 2012

l'illustre assez bien. Les incertitudes sont grandes : elles ne concernent pas que l'économie et touchent aussi à l'écologie. Dans ces conditions, il faut plus que jamais garder l'esprit combatif et imaginatif ; il faut aussi savoir discerner ce qui fera l'économie de demain et donc les emplois de nos enfants.

Ce nouveau texte collectif met donc en exergue plusieurs thématiques pour lesquelles les auteurs ont sou-haité approfondir leur réflexion et qui leur semblent constituer aujourd'hui une partie du socle sur lequel

doit se fonder l'avenir économique du territoire.

Ils l'ont intitulé « Une économie à la nantaise parce qu'il y a des spécificités locales fortes, dans la mon-dialisation » parce que l'espace est globalisé et ouvert et que les retours en arrière n'existent que dans les

œuvres de fiction.

Cette démarche va d’ailleurs dans le sens de la première des neuf grandes questions posées à l'issue de la

première phase de la démarche « Ma Ville demain » : « Quelle stratégie du territoire dans la mondialisa-tion ? ».

Pour appréhender cette stratégie « à la nantaise », les auteurs se sont donc attachés à interroger plusieurs

grands secteurs d'activités -actuels et potentiels- pour lesquels il paraît important de discerner atouts et faiblesses à l'horizon 2030 :

- les potentialités des énergies marines- l'industrie et les raisons de croire en l’avenir- le développement de l'économie sociale et solidaire.

A ces trois thématiques, s’ajoute celle de l’agriculture qui doit être appréhendée comme une activité éco-nomique majeure du territoire

Les thèmes abordés ici ne sont ni exhaustifs ni exclusifs. La thématique des services n’est pas abordée, même si en Pays de la Loire ils représentent un emploi sur trois du tertiaire marchand avec un lien très fort avec le tissu industriel. Le groupe continuera donc au fil du temps d'explorer d'autres pistes. Le fil conduc-

teur de la réflexion reste la nécessité de continuer à « oser ».

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SOMMAIRE

Les potentialités des énergies marines ............................................ 3

Les énergies marines à puissance constante ou modulable ............................ 4Les énergies marines à puissance prédictible ...................................................... 5Les énergies marines à puissance intermittente et aléatoire ........................... 6Les micro-algues ........................................................................................................... 8La mise en jeu des acteurs locaux ........................................................................... 9Les équipements terrestres ......................................................................................... 10Conflits d'usage et impacts environnementaux ................................................... 11

L'industrie : croire en l'avenir ................................................................ 13

Développer le potentiel industriel des PMI du territoire .................................. 15Placer le capital humain au coeur de la performance des PMI ...................... 16Initier une Conférence territoriale de l'industrie ................................................. 17Conforter le triptyque Industrie/Recherche/Formation ...................................... 18Améliorer la gouvernance économique ................................................................ 18Favoriser l'adhésion du corps social au développement industriel ............... 18Anticiper, suivre et promouvoir les innovations technologiques ................... 19Insuffler le goût d'entreprendre ................................................................................ 20S'appuyer sur ce qui fait la force des hommes : les solidarités ...................... 20Recherche et industrie : Alice au pays des quarks ............................................ 21

Le développement de l'économie sociale et solidaire ...... 23

Cartes et chiffres ............................................................................................................ 24ESS et territoire : l'imagination au pouvoir ? ........................................................ 25L'ESS : une voie de l'innovation sociale ................................................................ 25L'ESS : les risques du marketing ................................................................................ 26L'ESS : une autre définition de la richesse ? .......................................................... 26

L'agriculture dans la mondialisation ................................................ 27

Agriculture et mondialisation .................................................................................... 27Quels enjeux pour l'agriculture et l'agroalimentaire ? ...................................... 29• Valeur ajoutée et qualité ............................................................................................... 29• Le marché local ............................................................................................................... 30• Les nouveaux marchés .................................................................................................. 30• Le potentiel agricole territorial ................................................................................... 31• Le rôle des collectivités locales .................................................................................. 31

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LES POTENTIALITES DES ENERGIES MARINES

Parmi les filières d'avenir répondant à la fois aux interrogations économiques et écologiques, celle des énergies marines n'est pas la moindre. Elle suscite des espoirs à la fois de progrès scientifiques

et de retombées économiques pour le territoire. Qu'en est-il ?

En 2050, à l'échelle de la planète, les

énergies marines pourraient représenter une puissance installée de 180-240 GW,

l’équivalent de 112-150 réacteurs nu-cléaires EPR.

A court terme, les énergies marines ne constitueront qu'un élément du bouquet

énergétique dont doit se doter la France. Pour autant, elles doivent être mises en oeuvre pour pallier la raréfaction de cer-

taines ressources énergétiques actuelles. Elles seront un élément de réponse pour

faire face à l’accroissement des besoins qui ne pourront être compensés par les économies d’énergies. Ces nouvelles

ressources pourront soit être injectées directement dans les réseaux électriques,

soit alimenter des unités de recharge-

ment de batteries, soit offrir une énergie

stockable, à partir du « vecteur hydro-gène ».

Ces sources émergentes doivent être ap-préciées comme bases d’un projet indus-

triel mobilisateur et fédérateur. Elles doi-vent être soutenues comme telles, de la

phase recherche à la phase exploitation. Par ses prérogatives en matière de plani-fication et de formation professionnelle

et universitaire, la Région, en coopéra-tion avec les Régions voisines, doit jouer

un rôle majeur.

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Les énergies marines à puissance cons-

tante ou modulable par l’opérateur

Energie thermique des mers (ETM)C'est une forme indirecte de l’énergie solaire et donc renouvelable. Dans la

zone intertropicale, à 1000 m de pro-fondeur, la température de l’eau de mer

est proche de 4 °C, alors qu’en surface elle est supérieure à 25 °C. Cette diffé-rence de température peut être utilisée

pour produire de l’énergie à puissance constante, mais uniquement dans les

zones tropicales..L'écart de température étant faible, le rendement thermique est peu élevé et les

équipements doivent être de taille im-portante et donc coûteux pour une puis-

sance donnée avec, par exemple, des conduites d’eau de 10 à 15 m de diamè-tre et d’une longueur de 1000-1500 m,

qui sont un des « points durs technolo-giques ». Le rendement thermique est

faible pour de gros investissements.DCNS pilote trois projets de l’ordre de 10 MW, pour une commercialisation

vers 2015, à la Réunion, en Polynésie et à la Martinique et compte tirer de ces

énergies renouvelables 30 % de son chif-fre d'affaires d’ici dix ans, soit un peu plus de 1,5 milliards d'Euros. Un proto-

type à l'échelle 1/150 est en phase opé-rationnelle à La Réunion.

La technologie ETM est expérimentale et freinée par les coûts. Son développe-ment est envisagé d'abord pour de gran-

des unités en pleine mer. Le stockage de l'électricité sous forme d’hydrogène

permettrait, à terme, d’accroître l’intérêt

pour cette technologie qui pourrait de-venir le premier maillon de la filière hy-

drogène.Le déploiement industriel est envisagé à l’horizon 2030 avec 1200 MW à instal-

ler dans 17 zones prioritaires et un coût inférieur à 250 €/MWh. Pour l’horizon

2030-2050, USA et Japon étudient l’ex-trapolation de la filière ETM à des usines flottantes géantes de plusieurs centaines

de MW, opérant sur toute la ceinture équatoriale terrestre, pour la production

en mer d’hydrogène et/ou de méthane, d’ammoniac, de méthanol, transporta-bles par navires-citernes et répondant au

besoin en énergie primaire des pays in-dustrialisés éloignés des zones où la res-

source ETM est disponible.Pour la métropole nantaise, il y a une opportunité de nouvelles activités indus-

trielles à moyen terme, même si Brest apparaît comme la capitale française

des énergies marines avec 60 % de l’ef-fort de recherche français. C’est l’enjeu des choix techniques et commerciaux

de DCNS et de l’anticipation des dispo-sitifs de formation, car les industriels

peinent à trouver les compétences né-cessaires, par exemple dans les domai-nes de l’ancrage en milieu marin, de la

géophysique marine ou en-core de l’écologie marine.

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Énergie Osmotique

La rencontre de l’eau douce et de l’eau salée est une source potentielle d'éner-

gie. Si les deux milieux sont séparés par une membrane semi-perméable (mem-brane dite osmotique) permettant le

transfert d’un milieu à basse concentra-tion en substances dissoutes (sel marin

par exemple) vers un milieu plus con-centré, il s’établit une pression équiva-lente à une colonne d’eau de 120 m qui

peut être utilisée dans une turbine pour produire de l’électricité.

Les centrales osmotiques peuvent être construites à chaque embouchure de fleuve, de rivière, là où l’eau douce ren-

contre l’eau salée, à condition toutefois que la concentration en sels soit suffi-

samment élevée. Pourquoi pas la Loire ?Le potentiel mondial ultime est évalué à 1600-1700 TWh, soit environ la moitié

de la production européenne d’électrici-té actuelle.

La puissance est constante et, à la diffé-rence de l’ETM, elle n’est pas limitée aux zones intertropicales. Le « point dur »

technique reste celui des membranes osmotiques, dont il faut améliorer les

performances et diminuer le coût de production.La société norvégienne Statkraft travaille depuis 1997 sur cette

filière. Elle a mis en service en 2009, près d’Oslo, un prototype dimensionné

pour 10 kW avec 2000 m² de membra-nes, pour le moment limité à 0.004 kW. L’étape suivante pourrait se situer vers

2015 avec des systèmes de 1 MW. Appa-remment, il n’y a actuellement pas de

R&D en France et sur le territoire nantais pour cette filière.

Les énergies marines à puissance prédic-

tible

Énergie marémotriceElle est issue des mouvements de l'eau créés par les marées. Elle est utilisée soit

sous forme d'énergie potentielle avec l’élévation du niveau de la mer, soit sous

forme cinétique avec les courants de marée. C’est une énergie dont on peut connaître à l’avance la puissance qu’elle

fournira à un moment donné. La pre-mière centrale électrique utilisant l'éner-

gie marémotrice a été la centrale de la Rance, d’une puissance de 240 MW. Cette filière a cependant un impact si-

gnificatif sur l’environnement, ce qui limite le nombre de sites utilisables. Le

Canada a construit une usine marémo-trice de 20 MW et développe plusieurs prototypes. Ce pays a établi un atlas des

ressources avec 190 sites identifiés, pour un potentiel de 42 000 MW, soit près

des 2/3 de la demande canadienne d'électricité en 2008. Trois centrales ma-rémotrices, utilisant les courants de ma-

rée avec des machines de type hydro-liennes, pourraient être prochainement

construites dans la baie de Fundy, sur la côte ouest de l'Île de Vancouver et dans l'estuaire du Saint-Laurent. Ces centrales

ne nécessitent pas de barrage et ont un impact limité sur l’environnement. Des

projets similaires existent en Inde (50 MW) et en Corée (90 MW). Cette der-nière a mis en service en 2011 la cen-

trale marémotrice de Sihwa Lake de 254 MW, et a un projet de 1320 MW à In-

cheon pour 2017. Actuellement, ni la France, ni le territoire nantais ne sont présents dans cette filière.

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Hydroliennes

Elles fonctionnent, sous l'eau, avec des courants marins supérieurs à 2 m/s, liés

aux marées. C’est une forme d’énergie marémotrice, et comme cette dernière, on peut connaître à l’avance la puis-

sance fournie à un moment donné. Le potentiel de production électrique est

d'environ 30 TWh/an pour l’Europe. Pour le Monde, la puissance potentielle serait de 80 GW. La puissance obtenue

augmente avec la vitesse du courant. Il y a plusieurs sites à courants forts en Bre-

tagne et en Normandie : Raz Blanchard (5 m/s) avec un potentiel de 1 000 ma-chines, Fromveur (4 m/s), Chaussée de

Sein (3 m/s), Héaux de Bréhat, Cap Fré-hel (2 m/s). D'autres sites, de puissance

plus modeste, existent en France : goulet de la rade de Brest, goulet du golfe du Morbihan, passes entre îles et continent

(Groix, Belle Ile, Noirmoutier, Yeu, Ré, Oléron), embouchures de fleuves et

d’abers, goulet du bassin d’Arcachon… La Norvège a exploité la première des hydroliennes en 2003 et met en œuvre

aujourd’hui des machines de puissance unitaire de 1.5 MW. La Grande Bretagne

met en œuvre des hydroliennes de puis-sance unitaire de 1 MW et développe des projets de parcs hydroliens de 100 à

400 machines. La France (société Sabella de Quimper, maintenant alliée à GDF-

Suez) a réalisé un premier prototype de 0.04 MW en 2008, et installé en 2011 le parc pré-industriel hydrolien d’EDF-EN

de Paimpol Bréhat (constructeur DCNS), avec une première machine de 0,5 MW

et trois autres machines en 2012 qui

seront raccordées au réseau début 2013. Le groupe Alsthom développe à Nantes

avec l’Ecole Centrale et Ifremer des hy-droliennes (projets Orca et Beluga) avec une ambition mondiale. Les USA ont un

projet d’un parc de 1500 MW, dans le Gulf Stream, au large des côtes de Flo-

ride. On peut envisager des hydroliennes fonctionnant avec des courants fluviaux quand ils sont supérieurs à 2 m/s, par

exemple entre 2 piles rapprochées d’un pont ou sur des torrents. Dans ce cas,

c’est une forme d’hydroélectricité sans barrages. La société allemande Smart Hydro Power produit des micro turbines

de 5 KW à placer « au fil de l’eau » sur les petits cours d’eau.

Pour cette filière, la France a du retard. Avec plusieurs sites potentiels à une centaine de km de Nantes, cette filière

peut aussi contribuer à sécuriser la pro-duction électrique pour la métropole

nantaise, mais ce sont la Bretagne et La Normandie qui ont les meilleurs sites.

Les énergies marines à puissance inter-mittente et aléatoire

Ce sont les plus difficiles à intégrer dans un réseau électrique en raison de leur

intermittence.

Éolien offshoreCe n’est pas tout à fait une énergie ma-rine mais de l’éolien en mer, là où les

vents sont plus puissants et plus réguliers que sur terre, le taux de disponibilité

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passant de 25-30 % à 40-45 %. Cette

meilleure disponibilité atténue l’aspect intermittent de l’énergie éolienne et

permet de l’intégrer plus facilement dans un réseau électrique. Le potentiel de l’éolien offshore serait de

l’ordre de 15000 MW pour la France (équivalent 9 EPR). En 2012, les éolien-

nes offshores ont des puissances unitai-res de 5 à 7 MW, et des parcs offshores de 150 - 500 MW sont en projet. Cette

filière énergétique est techniquement mature, en phase d'industrialisation,

avec un coût du kWh produit compara-ble à celui des modes classiques de pro-duction d’électricité.

La filière « éolien offshore » comporte 2 variantes, l’une avec plateforme sur

pieds dont l’utilisation est limitée aux faibles profondeurs, mais facilement in-dustrialisable avec les techniques de

l’offshore pétrolier. L’autre variante, en-core à l’étude, utilise une plateforme

flottante que l’on pourra installer là où existent de grandes profondeurs (Médi-terranée par exemple), et là où les surfa-

ces exploitables ne sont pas limitées. Comme pour l’ETM, on peut envisager

des parcs éoliens offshore géants, loin des côtes, avec production et stockage d’hydrogène. Cela supprimerait le carac-

tère aléatoire de l’énergie éolienne. Le marché de l’éolien flottant serait le triple

de celui de l’éolien posé. En 2012, pour cette filière énergétique, il y a un retard français de plus de 10 ans, tant pour la

maîtrise de la technologie que pour l’ins-tallation et la production éolienne off-

shore : le Danemark a mis en service son premier parc offshore en 1991, au 1er

janvier 2012 la France n’a encore aucun

parc offshore en service. La production d‘éoliennes offshore est actuellement

dominée par l’Allemagne et le Dane-mark.Le territoire nantais est concerné par

l’éolien offshore dans le secteur de la métallurgie, avec l’implication de STX,

Alstom, Defontaine. Le territoire nantais est aussi concerné par la possibilité de sécuriser la ressource énergétique mé-

tropolitaine avec les meilleurs sites fran-çais sur la façade atlantique et au

moins 2 parcs offshore potentiels à une centaine de km de Nantes. La Bretagne est présente sur la filière plate-forme flot-

tante (projet WINFLO) avec DCNS et le pôle mer Bretagne.

Énergie de la houle, ou énergie houlo-motrice

L’énergie de la houle est une forme indi-recte de l’énergie éolienne. La puissance

produite est aléatoire. Le potentiel mon-dial est évalué à 1400 TWh/an pour l’Eu-rope, dont 37 TWh/an pour la France

(potentiel puissance 15000 MW soit 9 réacteurs EPR). L’impact environnemen-

tal est faible, les installations houlomo-trices étant presque invisibles en surface. La première machine transformant

l'énergie mécanique de la houle en électricité a démarré en Espagne en 2004, et

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depuis 10 ans la commission euro-

péenne a contribué au développement de cette filière.

La technologie est émergente et un effort de R&D est encore nécessaire avant sa maturité. Le projet SeaRev est en déve-

loppement à l’École Centrale de Nantes et il est prévu de mettre un prototype en

test au large du Croisic pour 2014. Un autre prototype est en expérimentation au large du Portugal avec des projets de

fermes de 10 MW (2015) et 50 MW en Grande Bretagne et des puissances uni-

taires de 2.5 MW. Les USA ont plusieurs prototypes en test.Cette filière ne sera pas industrialisée

avant 5-10 ans. Si cela est le cas, on peut espérer que les choix techniques et

commerciaux des acteurs locaux soient les bons. Au niveau de la production d’électricité, avec les meilleurs sites

français relativement proches de la mé-tropole, l’énergie houlomotrice peut

contribuer au « mix énergétique » nan-tais.

Énergie des vaguesCette énergie utilise le déferlement des

vagues. La puissance produite est inter-mittente et aléatoire.Quatre machines fonctionnent avec

l’énergie des vagues aux Açores (0.4 MW), en Ecosse (0.5 MW), au Japon (0.12 MW),

au Portugal (machine AWS en 2004). Il existe un projet pour la Polynésie fran-çaise. L’entreprise écossaise AWS déve-

loppe des projets de machines de 2.5 MW pour 2014 et de 10 MW pour 2016.

Comme pour l’énergie houlomotrice, la

diversité des systèmes proposés traduit le manque de maturité de la technologie et

la nécessité d'un effort de R&D pour atteindre le stade industriel. La filière n’est exploitable que le long de certaines

côtes, alors que l’énergie houlomotrice peut être exploitée en tout point des

océans. Aucun des systèmes en déve-loppement n’est encore arrivé à un stade préindustriel. DCNS est présent sur 2

concepts : CETO et Wave Roller. Le coût visé serait 150-200 €/MHh.

Les micro-algues

Ce n’est pas une énergie marine, mais plutôt une ressource énergétique issue

de la mer. Les micro-algues ne produi-sent pas d’électricité, mais poussent par photosynthèse en transformant l’énergie

solaire en énergie chimique, ce qui pourrait, théoriquement, produire 25000

litres de biodiesel (ou de bio-kérosène pour les avions) par hectare et par an, sans consommer d’engrais et de pestici-

des et en recyclant le CO2, en traitant des eaux usées et sans concurrence avec

la ressource alimentaire. Le rendement est très supérieur à celui des plantes ter-restres pour produire des agro-carbu-

rants. Les micro-algues ne seraient pas exploitées en mer, mais à proximité im-

médiate des côtes. Le centre IFREMER de Nantes est associé au projet national SHAMASH* qui a pour objectif de pro-

duire un biocarburant à partir de micro-algues.

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* Du nom du dieu soleil dans le panthéon mésopotamien, le projet SHAMASH, regroupe équipes de re-cherche et entreprises

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Les compagnies aériennes suivent de

près le développement de cette filière qui pourrait être une alternative aux car-

burants pétroliers pour le transport aé-rien. Potentiellement, il y a un secteur industriel en devenir centré sur les bio-

technologies et la chimie. Mais il pour-rait y avoir des conflits sur l’occupation

des espaces à proximité immédiate des côtes  : combien d’hectares « neutralisés » pour subvenir à nos besoins en bio-

diesel ou en bio-kérosène ? Et au détri-ment de qui ?

La mise en jeu des acteurs locaux

Au-delà des problèmes scientifiques et technologiques, passer du laboratoire au

« parc énergétique maritime » suscite des questions liées aux process de pro-duction, à l’ingénierie et à la logistique,

mais aussi aux activités maritimes et lit-torales existantes, aux aménagements

fonciers, à l’environnement, à la forma-tion, à l’emploi, à la législation, …Les énergies marines ne seront pas toutes

opérationnelles à l’horizon 2030, mais toutes les conditions d’accueil doivent

déjà s'organiser. Bien que qualifiées de "marines", ces énergies auront un impact terrestre, pour leur approvisionnement,

leur stockage, leur valorisation, leur dis-tribution… Elles sont consommatrices

d’espace, c'est une caractéristique des énergies renouvelables. A titre d’exem-ple, pour une puissance installée équiva-

lente (480 Mégawatts), le "parc éolien" au large de Saint-Nazaire consommera

environ 8000 hectares, alors que la cen-trale gaz de Montoir en consomme

moins de 5. Le développement de ces

différentes formes d’énergies nécessitera l’existence et la mobilisation de socles

de recherches et de bases industrielles importants. La Loire-Atlantique en parti-culier et l’Ouest en général peuvent-ils

être des acteurs industriels et scientifi-ques pour la mise au point et l’exploita-

tion de ces énergies ? S’agissant d’activi-tés émergentes, nécessitant jusqu’à deux décennies de mise au point, les déci-

deurs doivent anticiper les conditions de recherche, de développement et d’ac-

compagnement et de formation. Il y aura des coopérations et/ou des concurrences entre laboratoires, qu’ils soient intégrés à

des groupes industriels ou qu’ils relèvent du domaine universitaire.

Dans leur phase industrielle, ces projets seront portés par de grandes entreprises spécialisées dans la production et la dis-

tribution d’énergie, parfois ils seront adossés à des groupes industriels et/ou

financiers. De nombreux établissements, y compris des PME de la Région, peu-vent trouver naturellement leur place

dans ces programmes.

Établissements de FormationsL’Ecole centrale, avec son bassin de houle et son programme de recherche

SEAREV, est un partenaire incontourna-ble pour l’énergie houlomotrice. La Fa-

culté des sciences, avec ses programmes de recherches sur les matériaux et les batteries, peut être à la base de coopéra-

tions entre constructeurs et producteurs d’énergies. Les travaux de l’Université de

Brest constituent une référence pour de nombreuses études liées à la biologie

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marine, aux courants marins, aux inter-

actions entre vent et houle à la surface des mers. Ces derniers programmes sont

au coeur du LabexMer attribué à cette Université en 2011. Au delà de leurs qualités pédagogiques et théoriques, ces

établissements devraient voir leurs com-pétences expérimentales et numériques

confirmées et renforcées par leurs coo-pérations avec de nombreux laboratoires et entreprises.

Établissements de Recherches

Le premier d’entre eux est l’IFREMER avec ses laboratoires de Brest à La Ro-chelle. Ils devront répondre aux multi-

ples questions tout au long de l’évolu-tion de ces programmes.

DCNS développe plusieurs projets pour l’exploitation des énergies marines, no-tamment pour l'ETM, ce qui ouvre la

voie à une diversification des activités. A des titres divers, d’autres laboratoires

(C.E.B.T.P., IFSTTAR, B.R.G.M., C.N.R.S.) ou groupements d’activités et de services (Néopolia, IRT Jules Verne, EMC2, sta-

tions météorologiques), pourront appor-ter leurs savoirs théoriques, valider des

tests, procéder à des expérimentations, épauler des PME. Les recherches sur les micro-algues, déjà mentionnées, sont

très présentes dans nos territoires.

Établissements IndustrielsPlusieurs établissements industriels de l’estuaire peuvent apporter leurs savoir-

faire dans le développement des filières

d’énergies marines. En premier lieu, il y

a les producteurs d’énergie que sont EDF, GDF-SUEZ, Total. Ils maîtrisent, à

des degrés divers, l’ingénierie, le captage off-shore, le transport, le stockage, le raffinage, la liquéfaction, la gazéifica-

tion, la production, la distribution…Mais plusieurs autres établissements

peuvent bénéficier de tels programmes, STX notamment pour la construction de plateformes, de barges ou de navires de

transbordement et de pose des éléments métalliques constitutifs des installations

off-shore. La flotte de navires câbliers est-elle adaptée et suffisante, ou faudra-t-il construire de nouvelles séries de na-

vires ? Le développement de l'ETM, de l’éolien offshore flottant, et de leur corol-

laire l’hydrolyse de l’eau de mer, condui-ra à la construction de navires spéciali-sés dans le transport d’hydrogène. La

mise au point de cette filière hydrogène pourra utilement s'appuyer sur la Mis-

sion Hydrogène des Pays de la Loire, dont l'action depuis des années mérite d'être saluée.

D’autres établissements de l’estuaire peuvent être associés à ces divers projets

et l’activité du Grand Port Maritime se verrait consolidée par ces programmes.

Les équipements terrestres

Ces énergies marines fonctionneront avec des équipements… terrestres : aires de pré assemblage et de stockage des

matériels, avant leur installation en mer,

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acheminement de l’énergie des « parcs

marins » aux lignes de transport terres-tres, avec transformateurs sur le littoral.

La production d’hydrogène en lien avec le développement de l’ETM entraînera l’installation d’entreprises de liquéfac-

tion dans les régions intertropicales et de cuves de stockage et de gazéification

dans les emprises portuaires Avec le mé-thane, le Port et GDF-SUEZ ont acquis une grande expérience en ce domaine.

Ces acquis sont-ils directement transpo-sables à l’hydrogène ?

L’usage des micro-algues à des fins éner-gétiques nécessitera des stations de pompage, de traitement et de rejet de

l’eau de mer, pour alimenter les bassins de culture. Cette activité sera plutôt

orientée vers la production de carburant. Quelles seront les surfaces et les techno-logies d’accompagnement nécessaires ?

Conflits d’usage et impacts environne-

mentaux

Les zones côtières sont ouvertes à de

multiples activités : la pêche, les activités portuaires, les équipements nautiques,

sportifs et touristiques, les activités mili-taires… Les impacts varieront selon les sites mais la localisation des équipe-

ments devra être compatible avec la loi

littorale, les zones Natura 2000 et tous les sites sensibles. L’installation de lignes

aériennes haute tension est souvent l’ob-jet de contestations. Certains impacts pourront être évalués

scientifiquement, d’autres relèveront d’appréciations esthétiques ou émotion-

nelles.Les littoraux sont l’objet d’une grande diversité de dispositions législatives. Il

faudra donc définir des règles de compa-tibilité entre le droit maritime, les direc-

tives liées à l’usage du domaine mari-time terrestre, les lois d’aménagement du territoire, le droit du travail,… sans ou-

blier l’actualisation des plans ORSEC et POLMAR. En un mot, identifier les con-

traintes et avantages.Les compétences de la Faculté de droit sont mondialement reconnues en ma-

tière de droit maritime et son concours sera précieux pour assurer l'expertise.

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L’INDUSTRIE : CROIRE EN L’AVENIR

Dans le marasme économique et financier actuel, il est de bon ton de pleurer les industries perdues. Au-delà du choeur des plaintes, il faut plaider aujourd’hui

pour un renouveau industriel adapté au temps présent

Dans le territoire métropolitain, le ter-

reau classiquement favorable au déve-loppement industriel existe. La démo-

graphie traduit à la fois des capacités d'attractivité et une certaine forme de confiance en l'avenir.

Par ailleurs, les décideurs locaux mani-festent une réelle capacité d'anticipation

de la société de transition qui se dessine peu à peu. Cela se traduit par des politi-ques publiques anticipatrices en matière

d'eau, d'énergie, de transports, de nou-veaux matériaux et bien entendu de sou-

tien aux innovations.Si les atouts existent, les faiblesses sont aussi présentes, comme ailleurs en

France. La qualité de la formation est évidente dans les grandes écoles et les

filières universitaires mais les filières techniques sont encore trop souvent stigmatisées au Lycée. La désaffection

des jeunes pour les filières scientifiques et techniques ne va pas dans le sens du

maintien et du développement des acti-vités industrielles. Sur le plan de l'activité économique, les

grands groupes industriels sont présents mais les entreprises intermédiaires sont

souvent insuffisamment nombreuses.

Elément plus préoccupant : si l'industrie

est célébrée partout (souvent d'autant plus fortement qu'elle fuit à l’extérieur),

la réalité vécue montre qu'elle est sou-vent mal acceptée localement. Les im-plantations industrielles sont loin de tou-

jours rencontrer un accueil enthousiaste. La question autrefois posée par les habi-

tants « Y aura-t-il du travail pour nous dans cette usine ? » est souvent rempla-cée désormais par une autre antienne

«  Quels sont les risques que nous fait courir cette nouvelle usine ? ».

Les questions d'environnement et de nuisances sont tout à fait légitimes, elles traduisent cependant une évolution ma-

jeure de l'attente sociale et du nouveau rapport risques/développement. Le

« progrès » est réinterrogé par cette nou-velle attitude de la population, pour la-quelle la définition du développement

économique se modifie sans connaître encore de réinvention satisfaisante.

Dans ce contexte, il est important à la fois de rappeler les repères et de fixer les caps. Nos enfants et petits enfants ont

besoin d’activités et d’emplois pour maintenir une société vivable.

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Il ne sert à rien de nier les réalités, il faut

au contraire les affronter et donner des raisons d’espérer. Le territoire que nous

partageons a des atouts sur lesquels il faut s’appuyer. Les chiffres nationaux sont certes pré-

occupants…Entre 1980 et 2008, la part de l'industrie

dans le PIB est passée de 24 % à 14 %, les emplois industriels de 5,32 millions à 3,4 millions et les investissements de

33,8 % à 19 %. Trois facteurs principaux sont à l'origine de la diminution de

l'emploi industriel : l'externalisation de services internes des entreprises indus-trielles vers les entreprises de services

(incidence de 25 %), l'augmentation des gains de productivité (incidence de

30 %) et enfin la concurrence étrangère (incidence de 45 %). Par ailleurs, entre 2009 et 2011, 900 sites industriels ont

été fermés contre 500 créés. L'actualité de l'été 2012 du secteur automobile

confirme ce déclin.

…mais le secteur industriel reste impor-

tant…L'industrie emploie encore 3 millions de

salariés avec un effet multiplicateur éle-vé puisque 1 emploi industriel crée 2 à 3 emplois de services associés. L’industrie

et les services marchands aux entreprises constituent le nouveau périmètre d’acti-

vité industrielle par leur complémentari-té : ils représentent 30 % de l'emploi total. Par ailleurs, le chiffre d'affaires in-

dustriel s'élève à 350 milliards d'euros et l'industrie finance près de 90 % de la

recherche des entreprises. De leur côté,

les PME (10 à 250 salariés) sont les prin-

cipales créatrices d'emplois (2,3 millions sur un total de 2,8 millions depuis 20

ans). Elles représentent 55 % de l'emploi sala-rié, 44 % de la valeur ajoutée, 34 % de

l'investissement corporel.

…notamment dans la régionLes Pays de la Loire se classent au 3è rang des régions industrielles françaises

avec 254 000 salariés représentant 21 % de l'emploi régional et au 4è rang pour

la valeur ajoutée. La Loire-Atlantique est le moteur principal de l'industrie régio-nale avec 72 000 salariés dont 37 000

pour la métallurgie. Le département pèse également très fortement pour les servi-

ces aux entreprises avec 43 000 salariés.L’industrie est le premier client (38 %) du secteur marchand des services aux en-

treprises. S'agissant des PMI en Pays de la Loire, elles représentent 2/3 des em-

plois industriels et 76,3 % de la valeur ajoutée régionale. En Loire-Atlantique, ce sont 3  738 établissements PMI qui

emploient 46 862 salariés. Les collectivi-tés locales, et notamment les régions,

sont aujourd'hui les mieux à même d'in-tervenir en matière de développement industriel. C'était d'ailleurs l'une des

conclusions d'un rapport du Sénat en 2011 sur la réindustrialisation.

A la veille d'une réforme territoriale qui devrait conforter les régions dans leur rôle en matière économique, l’expé-

rience de nos territoires peut constituer un des exemples sur lesquels le législa-

teur pourra s’appuyer.

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Développer le potentiel industriel des

PMI du territoire

Il s'agit d'aller bien au-delà du pro-gramme collectif Dynamic Entreprises, créé en 2007 par l'État et le Conseil Ré-

gional des Pays de la Loire et géré ac-tuellement par la CRCI des Pays-de-la-

Loire. Ce dispositif s'appuie sur 3 fon-damentaux des PME : la performance interne, la stratégie commerciale et l'in-

novation. Un levier d’action complé-mentaire conçu par M. Capraro* (lui-

même concepteur des programmes de compétitivité mis en place en Loire-At-lantique pour STX et Airbus et aussi du

programme Dynamic entreprises) mérite-rait d'être mis en place. Il consiste à éva-

luer la capacité globale des PMI à créer et développer durablement de la valeur ajoutée industrielle.

Objectif

Le territoire métropolitain doit ancrer la valeur ajoutée industrielle sur son terri-

toire pour assurer l'emploi et conforter la

cohésion sociale. Cette valeur ajoutée est la somme des

valeurs générées par l'ensemble des en-treprises. La démarche consiste donc à apprécier le capital global de l'entreprise

au travers de l'analyse de chaque do-maine d'activité (commercial, équipe-

ments, produits, services, innovation, finances, développement durable…) me-suré par des critères spécifiques.

En matière commerciale, les critères peuvent concerner la fidélité clients, la

force de vente, le réseau de distribu-tion... Pour les compétences, il s'agit de savoir-faire des équipes, de polyvalence,

de polycompétences… Pour le domaine financier, ce sont les capitaux propres,

l'endettement, la capacité d'autofinan-cement... Le but est de permettre aux entreprises les plus exposées d'inverser

la pente et aux autres d'accroître leur développement.

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Des raisons de croire en l’avenir

Dans un territoire qui ne baisse pas les bras et dont les décideurs refusent la « tenta-tion de la pause », les collectivités agissent pour le développement du territoire et

chacun s'en félicite. La Région des Pays de la Loire est particulièrement active en dé-veloppant la promotion du concept d'intelligence économique et en multipliant les initiatives sur la base d'un schéma directeur ambitieux.

Cette position doit être soutenue et encouragée. Pour la conforter, on peut formuler un certain nombre de propositions qui soient de nature à amplifier l'action déjà conduite

et à valoriser les atouts locaux spécifiques.

* Auteur, avec Gérard Baglin, de « l’entreprise étendue », Presses universitaires de Lyon, 2003

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Positionnement des PMI : 3 niveaux de

potentiel possibles :- Les entreprises à potentiel fort. Ce sont

celles susceptibles de créer de nombreux emplois directs et induits. Il faudrait alors mettre en place des actions spécifi-

ques pour consolider ce potentiel- Les entreprises à potentiel moyen. Ce

sont celles qui ont besoin d'accompa-gnement plus lourd pour assurer leur ancrage sur le territoire et maintenir le

maximum d'emplois- Les entreprises à potentiel faible. Dans

ce cas, il faut apprécier si elles possè-dent des points forts et examiner com-ment les exploiter, mais aussi analyser

leurs faiblesses et définir les actions cor-rectives indispensables.

Un Programme Collectif de Masse à lancer sur la base du volontariat de diri-

geants de PMILe programme reposerait sur une phase

diagnostic suivie d'une phase d'accom-pagnement, les deux étant assurés par des consultants spécialisés qui fonction-

neraient en association avec le dirigeant concerné. Les Pouvoirs Publics Régio-

naux ou Métropolitains, associés aux Organisations Professionnelles et Consu-laires, ont un rôle essentiel à assumer.

Booster les PMI en impulsant des ac-

tions complémentaires :- Les unes sous forme de « meute ». Il s'agit d'entreprises regroupées autour

d'un leader « chef de meute » se mobili-

sant sur des enjeux fédérateurs et forts avec pour objectif d'obtenir des résultats

bénéficiant à chacun. La meute lance des actions dites « coup de poing », puis se remet en sommeil, et se reconstitue

pour de nouvelles actions. Une instance « vigie » est chargée d'assurer une veille

et de lancer les opérations.- Les autres à caractère permanent : les Clusters. Il s'agit de coopération d'entre-

prises qui mutualisent des moyens et développent des complémentarités sur

un territoire pour améliorer leur efficaci-té économique. Des passerelles peuvent être créées avec de grandes entreprises

ainsi que l'université et des laboratoires de recherche. Les clusters sont initiés par

des collectivités locales ou entre entre-prises (exemples : Neopolia à Saint-Na-zaire pour la navale et l'aéronautique ou

le dispositif Clusters Rhône-Alpes mis en place avec succès par le Conseil Régio-

nal. Les IRT constituent aujourd’hui en quelque sorte les clusters de l’avenir. Sur ce point, l’IRT Jules Verne à Nantes est

une réussite qui doit appeler des suites dans divers domaines d’activité.

Placer le capital humain au coeur de la performance des PMI

Le capital humain est en effet un levier

de croissance pour l'entreprise et un atout majeur pour le territoire. Ce poten-tiel humain doit être encore mieux valo-

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risé : la formation continue et l'appren-

tissage jouent un rôle majeur particuliè-rement pour l'attractivité des métiers

techniques. Il ne s'agit pas que de l'Edu-cation nationale mais aussi de formation au sein même des entreprises.

L'apprentissage est un passeport pour l'emploi des jeunes, même s'il n'a pas

toujours la considération qu'il mérite. Il offre des taux de réussite et d'insertion professionnelle importants, ce qui est un

atout majeur en période de chômage des jeunes. Les Pays de la Loire sont l'une

des premières Académies en matière d'apprentissage, mais les effectifs d'ap-prentis dans l'industrie régionale restent

insuffisants. Un effort important doit être engagé pour développer l'apprentissage

industriel. Les entreprises pourront ainsi recruter des jeunes à des postes de pro-duction et de techniciens avec des com-

pétences professionnelles solides en s'appuyant sur une pratique d'entreprise.

La présence de jeunes femmes en ap-prentissage est extrêmement faible. Pour-tant leur intégration est réussie. Elles ont

toutes les qualités utiles à l'entreprise et constituent un élément d'équilibre dans

les équipes d'atelier. Encourager l'em-ploi féminin dans l'industrie est un enjeu pour répondre aux besoins structurels de

main d'œuvre. Beaucoup de métiers industriels à dominante traditionnelle-

ment masculine sont ou vont se trouver en tension. Il est donc indispensable de faire évoluer la mentalité des acteurs

concernés : élus, enseignants, orienteurs, entreprises, médias, parents.

La question de la "mixité", largement

débattue dans tous les domaines de la vie quotidienne, doit prendre aussi tout

son sens dans l'emploi industriel.Un autre objectif serait de renforcer et accélérer la professionnalisation en

cours des PMI en Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences. Pour

ce faire, il serait nécessaire d'aller au-de-là des dispositifs proposés actuellement aux PME en facilitant la mise en place

de « Pilotes de la GPEC/Formation ». Ce pilote exercerait une mission à temps

partiel mais variable suivant les PMI.Choisi au sein de l'entreprise ou détaché par une structure extérieure, il agirait

comme relais du dirigeant après une formation aux outils et aux aspects rela-

tionnels.Une tête de réseau extérieure serait à créer pour renforcer leur efficacité et les

appuyer si besoin.

Initier une Conférence territoriale de l’industrie

Cette conférence associerait tous les ac-teurs locaux concernés par le dévelop-

pement industriel, avec l'objectif de créer des synergies dans la gouvernance et la politique industrielle territoriale. Ce

serait l'organe de référence en matière de consultation, de propositions et de

suivi sur les sujets relatifs au développe-ment industriel régional.

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Page 20: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

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Conforter le triptyque Industrie/Recher-

che/Formation

L'IRT Jules Verne est le bon exemple à suivre en matière d'intégration des PME/PMI : participation aux projets de re-

cherche mutualisée et exploitation des résultats en liaison avec les grands grou-

pes, orientation des jeunes vers ces en-treprises, liaison avec les établissements d'enseignement supérieur. Toutefois, les

responsables politiques et économiques devront se donner les moyens d’évaluer

la durabilité du lien entre recherche et production. A titre d'exemple les tech-nopoles françaises n’ont pas toujours

connu l'osmose entre Recherche et In-dustrie de type Silicon Valley.

Améliorer la gouvernance économique

Une partie de la redéfinition des finalités du développement économique se joue

dans une manière renouvelée de con-duire les entreprises. Il y a de nouvelles aspirations, notamment chez les plus

jeunes pour inventer, sinon un nouveau modèle de développement économique,

du moins une nouvelle manière de vivre en entreprise. Cela passe par des innova-tions démocratiques, de nouvelles for-

mes d'association des salariés, une orga-

nisation du travail renouvelée, une forme d'économie collaborative.

Favoriser l’adhésion du corps social au développement industriel

Rien ne sera possible sans que le projet

de développement économique soit par-tagé. Or, ce sujet fait débat et plusieurs conceptions s'opposent aujourd'hui.

D'un côté, l'homme a besoin de projets, qu’il s’agisse de construire une pyramide

pour les siècles futurs ou une cabane au fond de son jardin. Le projet est un mo-teur et son absence fait souvent régres-

ser. L’Histoire humaine est une Histoire de projets, plus ou moins utiles mais qui

tracent une ligne que l’on appelle sou-vent Progrès. Les opposants aux projets apparaissent alors conservateurs, man-

quant d’ambition. Cette dualité de l’an-cien et du moderne a rythmé le parcours

historique des humains. Une faille apparaît aujourd’hui. Notre éducation s’est construite dans la pers-

pective d’un monde « illimité » dans lequel le progrès permet de faire tou-

jours plus et toujours mieux. Or, un cer-tain nombre de signes nous indiquent désormais que le monde (au moins celui

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que les humains sont capables de perce-

voir) pourrait bien avoir certaines limites et que l’objectif deviendrait alors celui

de le conserver au mieux.Dès lors la question des nouvelles formes du développement est posée. Qu’est-ce

que la modernité ? De grands projets ou une faculté d’adaptation au monde en

recherchant de nouvelles solutions  ? La croissance classique ou la décroissance ? La première crée de l’activité et de l’em-

ploi mais grignote les ressources dont nous disposons, la seconde semble pré-

server les ressources mais fige les inégali-tés criantes et la capacité d’innovation de l’intelligence humaine.

Au-delà des aspects « techniques » de la vie économique, c’est bien ce grand dé-

bat, de nature philosophique et politique, qu’il faut nourrir pour imaginer des « modèles » partagés de développement.

Ces « modèles » ne doivent pas être animés par les craintes, les peurs et les

renoncements mais par une capacité à « oser ».

Anticiper, suivre et promouvoir les in-novations technologiques

L'open sourceLa conception de certains équipements

selon le modèle « open source » peut

favoriser l'innovation et accroître la sé-

curité de fonctionnement. C'est le cas en matière médicale mais aussi dans le do-

maine automobile. L'idée est de disposer de plate-formes communes, faciles à maintenir et que chacun peut enrichir.

Les constructeurs automobiles, par exemple, travaillent sur l'open source

pour rendre à terme les véhicules capa-bles de communiquer entre eux et d'échanger des informations.

Les FabLab

Un FabLab regroupe un ensemble de machines professionnelles à commandes numériques standard, et donc peu cou-

teuses. Organisés en réseau mondial sur le prin-

cipe de la fabrique numérique collabora-tive, les FabLab intéressent aujourd'hui les PME pour fabriquer un prototype ou

pour inscrire leur développement dans une communauté susceptible de les faire

évoluer. Les atouts de Nantes sont im-portants dans le domaine numérique et méritent d'être encore mieux soutenus

qu'ils ne le sont.

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Insuffler le goût d’entreprendre

La métropole de 2030 a besoin d’entre-

preneurs pour réussir à la fois ses muta-tions et son développement. Les expé-riences conduites par le Conseil de dé-

veloppement avec les jeunes volontaires du service civique mettent en lumière

une certaine défiance vis-à-vis du monde de l’entreprise.Ils ne sont pas représentatifs de la jeu-

nesse dans son ensemble et bien d’autres jeunes, ceux qui sont en apprentissage

par exemple, démontrent chaque jour le contraire.Il faut néanmoins être attentif à ce signal

de défiance et mettre en oeuvre des moyens propres à insuffler le goût de

l’entreprise, l’envie de métier dans toutes

les franges de la jeunesse. C’est une

condition d’un territoire gagnant.

S’appuyer enfin sur ce qui fait la force des hommes : les solidarités

Cette solidarité des hommes, des entre-prises, des collectivités, des établisse-

ments d'enseignement… est la condition de la réussite. C'est une formule nantaise qui a donné naissance au Pôle EMC2 et

à l'IRT Jules Verne.Louis Gallois, Commissaire général à

l’investissement, a salué à Nantes cette formule exemplaire.

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Recherche et industrie : Alice au pays des quarks ALICE est l'une des expériences installées sur le LHC, grand accélérateur-collisionneur de particules (tantôt des protons pour la recherche du boson de Higgs, tantôt des ions lourds pour la recherche du plasma de quarks-gluons) mis en ser-vice en 2008 par le CERN à la frontière franco-suisse..

Le CERN fut en 1953 l’une des premières institutions européennes bien avant Air-bus, Ariane et l’Euro. Les physiciens européens ont ainsi souhaité mutualiser les moyens humains, matériels et financiers de recherche de chaque pays.

L’objet de l’expérience ALICE est de comprendre les premiers instants de notre Uni-vers, en reproduisant et étudiant l’état de la matière au moment du Big Bang, une "soupe" de quarks et de gluons qui, selon la théorie actuelle, sont les composants fondamentaux de la matière.

Dans cette expérience ALICE, qui regroupe plus de 1000 physiciens issus de 111 laboratoires dans 31 pays du monde, Nantes tient une place non négligeable avec la participation du laboratoire Subatech, unité de recherche associant l'Université de Nantes, l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules du CNRS et l'école des Mines.

Subatech-Nantes participe ainsi, en collaboration avec des laboratoires européens, américains et asiatiques, à la construction et l’exploitation d’un des détecteur de particules de l’expérience ALICE, le calorimètre électromagnétique, nécessaire à la mesure des photons et jets de particules à haute énergie produits par les collisions du LHC.

Au-delà de la notoriété internationale acquise par des équipes de recherche nan-taise, souvent méconnues localement, et qui se traduit entre autres par un flux con-tinu d’échanges avec des chercheurs de tous pays, on pourra mentionner la relation directe avec l'industrie locale. En effet, le tissu industriel local, dense et diversifié est compétitif pour répondre aux besoins de grands équipements scientifiques in-ternationaux.

A travers la mise au point, par les chercheurs et ingénieurs, des composants, méca-niques, électroniques, informatiques, nécessaires à ce grand équipement de recher-che fondamentale, se développe une diversification des activités industrielles, et parfois des innovations techniques qui profitent à l'industrie en général et aux in-dustriels locaux en particulier. A cet exercice, la France est plutôt gagnante, car la part des commandes du CERN allant à l’industrie française est supérieure à la con-tribution financière française.

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Manoel Dialinas - laboratoire Subatech

Au plan local, des entreprises comme la Fonderie Renouard à Héric, Mecaria à Riaillé, Meca Atlantique à Châteaubriant, Meunier à Brest, LRA à Grenoble, ont reçu des com-mandes significatives de l’expérience ALICE, et sont maintenant référencées dans la base de données du CERN en vue de futurs appels d’offres.

Au plan international, des entreprises japonaises et américaines ont pu développer et industrialiser un nouveau type de capteur opto-électronique à travers les besoins d’ALICE.

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LE DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE SOCIALE ET

SOLIDAIREL'expression économie sociale et solidaire est de plus en plus présente dans le discours politique sans que

ses contours soient toujours clairement définis. Est-ce un effet de mode ou au contraire un élément de réponse à la quête de nouveaux modèles ? Au-delà des idéologies du remplacement d'un modèle

économique par un autre, peut-être s'agit-il des prémices d'une économie plurielle fondée sur une réflexion qui privilégie la solidarité pour assurer le développement économique et l'emploi pour tous ?

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Longtemps dénommée seulement « éco-

nomie sociale » avec le secteur tradi-tionnel des coopératives, des mutuelles

et des associations, l'expression s'est enrichie de l'adjectif « solidaire ». Cet ajout correspond à la fois à un élargis-

sement du secteur d'activités et à un en-richissement de l'approche économique

à travers de nouveaux domaines : inser-tion, commerce équitable, circuits courts…

Appelée aussi « tiers secteur », l'écono-

mie sociale et solidaire prend aujour-d'hui une nouvelle dimension et connaît

un regain d'intérêt notamment dans les jeunes générations. Un sondage réalisé par le CSA en 2011 a d'ailleurs montré

que les 15-30 ans sont de plus en plus sensibles aux principes de l'ESS, même

s'ils n'en définissent pas très précisément les contours.

Page 26: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

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Cette sensibilité n'est pas que le fait

d'une forme de générosité qui serait propre à la jeunesse ; elle révèle un

mouvement plus profond et qui se tra-duit notamment par l'intérêt désormais porté à l'ESS par les étudiants qui suivent

des filières de formation liées à la ges-tion, au commerce…

Le territoire local, compte tenu de ses traditions et de son histoire sociale, est marqué par ce mouvement et les collec-

tivités locales sont aujourd'hui des ac-teurs majeurs pour le développement de

ces activités. La région et la métropole sont particulièrement actives sur ce point.

Cartes et chiffres *

En 2010, l'économie sociale et solidaire

dans la région des pays de la Loire re-groupe 13 673 établissements employant 150 700 personnes pour une masse sala-

riale brute de 3 milliards.Si on rapporte ces chiffres à l'ensemble

de l'économie, on constate que les éta-blissements représentent 12,8 % du total des employeurs, 14,1 % de l'emploi sa-

larié et 12 % de la masse salariale.

* On consultera avec intérêt le portail de l'économie sociale et solidaire en Pays de la Loire mis en place par la CRESS (Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire) et notamment son excellent observatoire : www.cress-pdl.org

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ESS et territoire : l’imagination au pou-

voir ?

L'intérêt des jeunes générations pour l'économie sociale et solidaire constitue un atout majeur pour l'économie locale.

Confrontée aux réalités d'un système en crise, les plus jeunes ont pris con-

science, sans doute un peu plus que leurs ainés, de la nécessité d'imaginer des transitions.

Ils développent, pour cela, un certain nombre de principes :

- ils ne rejettent pas la mondialisation mais l'envisagent sous l'angle d'une rela-tion plus équitable entre les acteurs

- ils souhaitent inventer un nouvel équi-libre entre coopération et compétition

- ils attachent une importance particu-lière à la gestion des ressources naturel-les

- ils placent la culture, et les industries qui vont avec, au premier rang de leurs

préoccupations- ils veulent une gouvernance fondée sur de nouveaux rapports démocratiques

- ils veulent créer un autre rapport au travail

- ils ont compris que la révolution numé-rique était en train de modifier la donne économique planétaire.

Dès lors, il souhaitent dépasser le seul

couple Etat-Marché (pourquoi faire plus confiance à l'un qu'à l'autre ?) et inven-

tent un « ménage à trois » dans lequel la société civile joue son rôle. Ils vont vers l'économie sociale et solidaire, non pas

en s'appuyant sur l'Histoire sociale, mais en essayant de dessiner un avenir basé

sur une nouvelle gouvernance, autant pour les institutions que pour les entre-prises.

La métropole nantaise a un rôle majeur à jouer et ce qui se passe dans le secteur

du web n'est pas étranger à cette nou-velle donne sociétale. Nantes est deve-nue la deuxième « ville du web » grâce

aux jeunes générations qui ont été por-tées à la fois par l'esprit d'entreprise et

par une nouvelle approche plus « coo-pérative » du monde.

L’ESS : une voie de l’innovation sociale

Le monde contemporain est marqué par un double phénomène. D’un côté, les entreprises avec l’appui des pouvoirs

publics investissent fortement pour amé-liorer la compétitivité et mieux s’inscrire

dans la concurrence internationale. De l’autre, la satisfaction des besoins so-ciaux est de plus en plus complexe et

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l’acquisition de l’autonomie économi-

que par le travail est souvent difficile.L’économie sociale et solidaire peut

constituer un facteur de rééquilibrage dans la mesure où elle vise à rendre les individus davantage acteurs de leur tra-

vail et à permettre de limiter les effets d’un monde économique qui éloigne

ceux qui sont dans la compétition et ceux qui ont du mal à suivre. Elle est aussi un moyen de participer à la créa-

tion d’emplois non délocalisables parce que liés à la proximité.

De ce point de vue, les collectivités ont un rôle à jouer pour faire éclore des ini-tiatives, pour l’accompagnement de la

professionnalisation du secteur ou en-core pour développer l’expérimentation

(à l’exemple des Ecossolies à Nantes).

L’ESS : les risques du marketing

L'économie sociale et solidaire peut aus-

si souffrir de son succès. Elle est évi-demment porteuse d'un renouvellement des valeurs : souci de l'intérêt général,

ancrage territorial, gouvernance démo-cratique, libre adhésion… elle peut aussi

servir d'alibi marketing. Dès lors, il existe un risque de « socialwashing ».

L’ESS : une autre définition de la

richesse ?

Le PIB est un indicateur utile mais il me-sure surtout des flux en occultant d'au-tres indicateurs sociaux, environnemen-

taux… Par ailleurs, la financiarisation de l'économie fait parfois perdre de vue

l'économie réelle.Dans un contexte de crise économique et écologique, l'ESS est un outil parmi

d'autres pour s'adapter au monde qui vient. Les collectivités locales et notam-

ment la Région font de gros efforts de pédagogie sur ce thème.

L'économie sociale et solidaire n'est pas une idée neuve puisqu'elle puise ses racines dans les mouvements sociaux du XIXe siècle mais c'est une idée profon-dément renouvelée qui offre au XXIe siècle des solutions pour gérer les ten-sions, parfois extrêmes, entre la conju-gaison du secteur marchand et le souci de placer l'humain au cœur de l'activité économique.

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A lire : « les ressorts du dynamisme de l'économie sociale et solidaire dans les Pays de la Loire : l'exemple des services de proximité ». Etude du CESER des Pays de la Loire, Rapporteure : Leïla Chergui

A consulter : le site «le labo de l’économie sociale et solidaire», présidé par Claude Alphandérywww.lelabo-ess.org

Page 29: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

L'AGRICULTURE DANS LA MONDIALISATION :

UN ENJEU ÉCONOMIQUE A NE PAS OUBLIER

L'agriculture de Loire-Atlantique est le plus souvent appréhendée sous l'angle de l'agriculture périurbaine et du développement des circuits courts. Elle l’est aussi sous l'angle des enjeux

environnementaux ou de la protection des paysages et des espaces naturels. Mais elle doit être aussi abordée d'un point de vue économique plus global.

Souvent perçue avec la nostalgie d'un passé idéalisé, l'agriculture d’aujourd'hui est un ensemble complexe interdépendant des questions économiques,

technologiques et sociétales qui traversent la société contemporaine. Rappelons aussi que le secteur agroalimentaire est le premier employeur des Pays de la Loire.

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Agriculture et mondialisation

L'agriculture est, sauf quelques cas spé-

cifiques, un secteur fortement capitalisti-que comparable au secteur industriel

avec un investissement du même ordre que celui de l'industrie sidérurgique ou métallurgique : de l'ordre de 75 000 à

150 000 euros par unité de travail (em-ploi) en production laitière et bovine.

L'agriculture est aussi devenue une acti-

vité de haute technologie. Par ailleurs,

au niveau des exploitations d'élevage un actif induirait quatre emplois en amont

ou en aval dans les filières agroalimen-taires. L'agriculture subit enfin de plein fouet la dérégulation de la politique

agricole communautaire et la mondiali-sation des échanges.

Page 30: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

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L’agriculture est directement confrontée

à la libéralisation des échanges interna-tionaux avec les accords de l'OMC et la

réforme de la PAC (politique agricole commune)

Les productions de viande bovine ou de lait, les productions végétales de grande

culture (céréales, maïs,...) qui étaient relativement protégées par la préférence communautaire jusqu'aux années 1990-

2000 le sont de moins en moins aujour-d'hui.

De grands secteurs comme la production porcine, le maraîchage, la viticulture... ne l’ont pratiquement jamais été.

L’agriculture est donc confrontée à une

concurrence accrue dans pratiquement tous les domaines, renforcée par des normes sociales ou environnementales

des autres pays moins contraignantes, y compris à l'intérieur de l'union euro-

péenne.

Avec la dérégulation de la PAC ces der-

nières années, l'agriculture est confron-tée à une forte concurrence intracom-

munautaire liée à des développements importants de la production dans diffé-rents pays de l'union européenne : Alle-

magne et Pays-Bas pour les productions laitière et bovine, Espagne et Italie pour

les productions maraîchères et arborico-les.

L'agriculture est aussi confrontée à la

concentration des grandes firmes agroa-limentaires privées (Lactalis, Danone,...)

ou coopératives (Terrena, SODIAL,...)

Les groupes privés ont développé des

stratégies de diversification dans l'union européenne et à l’international. L'agroa-

limentaire français reste un des rares secteurs de l'économie avec un fort ex-cédent commercial bien que fragilisé

depuis plusieurs années. L'agriculture est aussi directement concernée par les poli-

tiques industrielles de grandes firmes internationales dans le domaine du ma-chinisme agricole (John Deer, New Hol-

land…) ou des fournitures (Monsan-to,…).

L'agriculture est également concernée par le développement de nouveaux

segments de marché, principalement la production d'énergie nouvelle avec le

développement des biocarburants et de la biomasse. Elle est enfin touchée par les débats sociétaux liés aux organismes

génétiquement modifiés (OGM), à l'ap-plication des accords de Grenelle 2 sur

la réduction des pesticides et à fongici-des, à la diminution de l'empreinte car-bone de la production, au rapport entre

santé et l'alimentation humaine...

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Ici et maintenant, quels enjeux pour l'agricul-

ture de Loire-Atlantique et l’agroalimentaire ? Quelles propositions aux collectivités territo-riales ?

4 grands enjeux apparaissent

Valeur ajoutée et qualité dans les gran-

des filières de commercialisationAvec un million de consommateurs, la Loire Atlantique constitue un réel mar-

ché pour le développement des circuits courts de commercialisation. Mais l'es-

sentiel du devenir de la production reste-ra conditionné par la capacité des filiè-res agroalimentaires à développer leurs

activités et à rémunérer la production agricole. Le repli des exploitations agri-

coles sur le seul « marché » local ne pourrait suffire à maintenir l'activité à son niveau actuel. Ce serait condamner

une grande partie de l’agriculture à un déclin assuré.

Pour autant, l'agriculture n'a rien à ga-gner à une fuite en avant reposant sur une course à produire toujours plus par

exploitation, au détriment de la valeur ajoutée par unité de travail. Le « modèle

breton » des 50 dernières années est au-jourd’hui en débat parce qu'il a montré ses limites en n'assurant plus une rému-

nération satisfaisante des agriculteurs. C’est un modèle devenu insoutenable

car plus on produisait de quantité (litre de lait, kg de viande ou de céréales) plus on touchait de subventions publiques de

l’union européenne et ce n’est plus alors

la valeur ajoutée par le travail qui crée le

revenu.C’est un modèle inéquitable où 20 %

des exploitations mobilisent 80 % des aides publiques. Il pousse à l'agrandis-sement et à la transformation d'exploita-

tions de production animale (lait et viande) vers des productions végétales

de grande culture à l'exemple de l'évolu-tion constatée dans les régions Centre et Poitou-Charentes depuis plus de 20 ans

avec ses conséquences négatives sur l'emploi dans les exploitations agricoles

et les filières agroalimentaires.L’agriculture doit continuer à rechercher en priorité la valeur ajoutée de sa pro-

duction par unité de travail et mettre l’emploi au coeur de ses priorités. C'est

un enjeu capital pour l'installation des jeunes agriculteurs et le renouvellement du tissu productif, sinon la transmission

des exploitations agricoles sera principa-lement orientée vers l'augmentation des

surfaces, favorisant la réorientation vers des grandes cultures végétales, notam-ment céréalières. C'est une évolution

déjà engagée depuis plusieurs années. Une nouvelle stratégie offensive pour

l’agriculture devra aussi intégrer les questions de l'alimentation et la santé humaine comme des atouts différencia-

teurs et non pas comme des contraintes.

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Les collectivités territoriales gagneraient

à regarder globalement ces évolutions pour orienter leurs interventions vers une

prise en compte anticipatrice et non pas au « coup par coup » à la demande des organisations professionnelles comme

c'est trop souvent le cas.

Le marché localLe marché local est un enjeu important pour une partie de l'agriculture de Loire-

Atlantique. Avec le développement de l'urbanisation, cet enjeu concerne un

nombre de plus en plus important de communes et d’habitants. Cela concerne aussi la valorisation de la production

locale dans la restauration collective, scolaire ou d'entreprises. Les collectivi-

tés territoriales soutiennent déjà large-ment ce positionnement qui gagnerait à être abordé dans une vision stratégique

et systémique globale. Il faut se poser en particulier 2 questions majeures :

- la question de la « maturité » de ce marché : quelle part effective de la pro-duction agricole départementale le mar-

ché local peut-il réellement absorber à l'échéance de 10-20 ans ? Doit-il s'or-

ganiser plus collectivement pour attein-dre un objectif optimum ?

- la question de son positionnement qua-

litatif : au-delà de l'effet de mode, à quelles exigences, notamment qualitati-

ves, doit-il satisfaire pour répondre aux attentes des consommateurs locaux ?

Les nouveaux marchésL’agriculture et l'agroalimentaire sont

également confrontés à de nouveaux marchés pour répondre au défi des éner-gies nouvelles : biomasse, biocarburants,

photovoltaïque… De nombreuses initia-tives sont soutenues par les collectivités

territoriales. Certaines font débat con-cernant notamment l'empreinte carbone effective des biocarburants ou des éner-

gies photovoltaïques mais aussi les be-soins de surfaces agricoles qu'elles in-

duisent au détriment de la production alimentaire.Là aussi les collectivités territoriales ga-

gneraient ensemble à mesurer les oppor-tunités à saisir dans ce domaine mais

aussi les menaces à contrecarrer pour définir une vision partagée, non pas seu-lement de soutien aux initiatives, mais

de développement de réelles filières stra-tégiques.

Page 33: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

Le potentiel agricole territorial

Depuis 50 ans, la surface agricole dépar-tementale diminue sous le double effet

de l'étalement de l'habitat et du déve-loppement des zones d'activité artisa-nale, industrielle, commerciale et des

infrastructures. Paradoxalement, les sur-faces en friche agricole se sont égale-

ment développées avec 3 700 ha en fri-che dans les communes de Nantes mé-tropole et environ 1 000 ha dans celles

de la CCEG ; combien dans la CARENE, Loire et Sillon et Coeur d'estuaire ? Les

friches sont aussi liées à un phénomène de rétention foncière dans l'attente d'un éventuel changement de destination. Les

collectivités, en premier lieu à l'initiative du conseil général, disposent des outils

juridiques pour assurer la pérennité du potentiel agricole territorial dans une vision prospective stratégique.

Les collectivités ont la capacité de négo-cier l'équilibre à trouver entre les be-

soins résultant du développement mé-tropolitain et les besoins de la pérennité de l'agriculture et de l'agroalimentaire

comme un des atouts de ce développe-ment métropolitain. Le veulent-elles ré-

solument ?Une récente disposition législative per-met la création de périmètres de protec-

tion des espaces agricoles et naturels (PEAN). Cette disposition est actuelle-

ment expérimentée à l'initiative du con-seil général sur quelques communes de Nantes Métropole et de la CCEG.

Les collectivités qui ont récemment pris l'initiative de constituer le pôle métropo-

litain Nantes-Saint-Nazaire gagneraient à étudier attentivement cette initiative qui pourrait s'inscrire dans une initiative plus

large des 5 EPCI constituant ce pôle mé-tropolitain.

Le rôle des collectivités locales

Le conseil régional et le conseil général ont développé des politiques importan-

tes en faveur de l'adaptation de l'agricul-ture et de l'agroalimentaire à une nou-velle donne. Il en est de même de Nan-

tes Métropole, de la CARENE et de la CCEG. Ce sont le plus souvent des poli-

tiques sectorielles et parfois au « coup par coup ». Dans un premier temps, les collectivités territoriales dont les compé-

tences économiques sont reconnues au titre du développement, gagneraient à

démultiplier l'impact de leurs interven-tions, de leurs compétences et de leurs moyens autour d'une vision prospective

globale et partagée pour donner du sens et de la cohérence à leurs politiques.

Elles doivent mettre l'emploi au coeur de leurs politiques auprès de l'agriculture et de l'agroalimentaire et définir, à l'écoute

des acteurs concernés, des stratégies anticipatrices pour accompagner l'adap-

tation de l'agriculture à une nouvelle donne marquée par l'internationalisation des échanges mais aussi par les nouvel-

les attentes sociétales.Pour cela, une analyse, filière par filière,

s'impose tout particulièrement pour les plus concernées par cette internationali-sation : laitière, bovine, viticole, maraî-

chère. Le développement économique est une compétence que le pôle métro-

politain Nantes-Saint-Nazaire veut privi-légier. En concertation avec le conseil régional et le conseil général, elles pour-

raient mettre en commun leurs projets, leurs compétences et leurs moyens pour

construire avec les acteurs concernés une charte métropolitaine de dévelop-pement de l'agriculture et de l’agroali-

mentaire (à l'horizon 2030 ?) lisible pour les citoyens de notre département.

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Remerciements à Jean-Michel Gandreuil, Thierry Le Bihan, Emmanuel Brochard

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Page 35: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation
Page 36: Pour une économie "à la nantaise" dans la mondialisation

PISTES A EXPLORER POUR LE PROJET

DE TERRITOIRE A L'HORIZON 2030

NOVEMBRE 2012

POUR UNEÉCONOMIE "A LA

NANTAISE" DANS LA MONDIALISATION

Conseil de développement de Nantes métropole - Tour Bretagne - 44047 Nantes cedex 1 T. 02 40 99 49 36 / [email protected] / www.nantes-citoyennete.com

Contribution collective à