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Michel Coquet
POUVOIRS PSYCHIQUES
&
RALISATION SPIRITUELLE
Editions LOr du Temps
Juin 1989
ISBN N 2-904112-15-4
Table des matires
Introduction Chapitre I Dfinition du mot Siddhi Les 5 techniques d'veil par Patanjali Psychisme infrieur Siddhis et ralisation spirituelle Siddhis d'un Avatar Les miracles Mirage et ralit L'Avatar Sathya Sai Baba La sexualit et les Siddhis
Chapitre II Le secret de la matire Les atomes ultimes Les ions
Chapitre III Le corps thrique Les quatre thers du plan thrique Le premier tat thrique Le deuxime tat thrique Le troisime tat thrique Le quatrime tat thrique
Chapitre IV Le systme nerveux Le systme nerveux parasympathique
Le systme nerveux sympathique Le systme crbro-spinal Le cerveau Mental et cerveau Le pouvoir de la volont Les glandes et le cerveau Le centre alta-major Le mcanisme de l'me Les trois nadis majeurs
Chapitre V Les cinq sens Les sept rayons Les cinq sens clans le contexte hindou Les grands Siddhis selon Patanjali Kundalini et chakras Siddhis de chacun des sept centres
Chapitre VI Le sens et les Siddhis L'oue dans la tradition hindoue Le sens de l'oue Oue et plan astral - Clairaudience Oue et plan mental - Clairaudience suprieure Anecdotes Oue et plan bouddhique - Tlpathie Tlpathie mentale Techniques tlpathiques La prmonition Anecdotes L'oue sur le plan atmique - Batitude
Chapitre VII Le toucher dans la tradition hindoue Le sens du toucher
Toucher et plan astral - Psychomtrie La radiesthsie Toucher et plan mental - Psychomtrie plantaire Anecdotes Toucher et plan bouddhique - La gurison Gurisseurs spirites Gurisons du Christ Le Matre Philippe de Lyon Padre Pio Sathya Sai Baba Toucher et plan atmique - Le service actif
Chapitre VIII Le sens de la vue dans la tradition hindoue Le sens de la vue Le sens de la vue sur le plan astral - La voyance La vision thrique La vision astrale De la voyance la clairvoyance Vue et plan mental - La clairvoyance Archives akashiques Vue et plan bouddhique - La vision divine Anecdotes Vue et plan atmique - La ralisation
Chapitre IX Le sens du got dans la tradition hindoue Le sens du got Got et plan astral - Imagination - Visualisation Les formes-penses Cration mentale de formes-penses Got et plan mental - Le discernement Got et plan bouddhique L'intuition Got et plan atmique - La perfection Les stigmates
Chapitre X L'odorat dans la tradition hindoue Le sens de l'odorat Le parfum Odorat et plan astral - Idalisme motionnel Odorat et plan mental - Discernement spirituel Odorat et plan bouddhique - Idalisme Odorat et plan atmique - Omniscience Omniscience (Brahma) Omniprsence (Vishnou) Omnipotence (Shiva)
Chapitre XI Le rve La mdiumnit Le spiritisme L'aura Exprimentation du Dr. Kilner Anedoctes Sicldhi de la puissance Invulnrabilit corporelle Siddhi de la cessation de la faim Anecdotes Siddhi de la chaleur interne La souffrance et son abolition
Chapitre XII Contrle et langage des animaux Le don de prophtie Le pouvoir de rsurrection La lvitation Les cinq pranas Anecdotes La siddhi de la stabilit Tlkinsie
Siddhi de la connaissance des mondes Siddhi de la connaissance du ciel et des toiles Contrle des lments de la nature Anecdotes
Chapitre XIII Invisibilit Matrialisation de la nue Anecdotes Matrialisation Les quinze rgles Anecdotes Dmultiplication Dmatrialisation
Chapitre XIV Transfert du principe conscient Anecdotes Le trongjug A-vesa Shankaracharya Thorie du Swarupa Ves'ha Tulku Anecdotes Projection psychique Conditions positives de la projection Techniques de projection La mayavirupa
Conclusion Lexique
Bibliographie
Introduction
Cet essai que je livre au public est la continuit de quelques-
uns de mes autres ouvrages o ont t expliqus le but de la vie
et le moyen d'y parvenir. La gense de notre Terre, la vie
dvique de la substance et autres enseignements ont dj t
traits, et je n'y reviendrai pas. Pour la bonne comprhension
du thme de cet ouvrage, un plan est ncessaire afin que le sujet
trait ait toute sa raison d'tre.
Parler des pouvoirs de l'homme est dlicat, car cela
concerne sa partie vitale, sa conscience et sa ralit. Cela est
aujourd'hui de plus en plus rpandu, mais souvent trs mal
peru, le psychique et le spirituel se mlangeant sans vergogne.
Du fait que ces pouvoirs sont mis en action par l'homme lui-
mme, dans le dessein de contrler son environnement, y
compris son propre organisme, il me semble ncessaire de faire
un rcapitulatif sur la constitution de l'homme, sur ses capacits
latentes, et sur la ncessit de raliser le Soi.
Le sujet est complexe car la science sotrique a
intentionnellement voil cette connaissance. De son ct, la
science moderne commence peine s'y intresser. Je souhaite
donc que ce travail serve de connaissance intermdiaire.
J'aimerais galement ajouter que je m'efforcerai de
dmontrer que les miracles n'existent pas, dans le sens religieux
en tout cas. Il tait, me semble-t-il, impossible de traiter un
thme de ce genre sans pousser un peu plus loin qu' l'ordinaire
l'tude de la matire, puisque finalement c'est sur cette matire
que s'exerce la puissance psychique.
Dans mon ouvrage antrieur sur la mort1, j'ai abord le sens
de la vie, parl de la constitution humaine, de ses enveloppes ou
tats de conscience, de l'antahkarana, du sutratma, des atomes
permanents et de bien d'autres sujets encore qu'il serait bon de
connatre afin d'avoir une plus claire comprhension du prsent
ouvrage.
En ce qui concerne le corps thrique et les chakras, ou
centres psychiques et spirituels, le lecteur pourra se rapporter
deux livres de l'auteur portant sur ces questions2. Il laura
invitablement des rptitions, et certains propos resteront
ardus. L'auteur s'en excuse, mais ce livre cherche certaines
rponses, son but est d'apporter la lumire, et il fallait pour ce
faire rester souple sans retirer l'essentiel de cette connaissance
particulire des pouvoirs qui touchent les domaines les plus
varis car ils sont l'expression mme de la vie humaine.
1 Savoir Mourir, de l'auteur, Editions L'Or du Temps. 2 Les Chakras ou l'Anatomie Occulte de l'Homme, Les Chakras et l'initiation, Editions Dervy Livres.
CHAPITRE I
DEFINITION DU MOT SIDDHI
Lorsque l'on parle de pouvoir psy, on assimile ce mot au
terme sanskrit qui s'y rapporte, "siddhi". Ce mot vient de la
racine "sidh", qui signifie "atteindre". La siddhi (iddhi en pali)
peut aussi vouloir dire accomplissement ou pouvoir des dieux,
"aishvarya". Cela n'est pas sans importance car, comme les
pouvoirs, les dieux sont d'une double nature, infrieure et sup-
rieure. Il y a en effet deux espces de siddhis : un groupe qui
relve des nergies psychiques et mentales infrieures ou
grossires, et un second groupe qui est l'expression mme de la
nature divine dans l'homme. Comme le dit Krishna, l'Avatar
hindou :
"Celui qui est engag dans l'accomplissement du yoga, qui a
soumis ses sens et concentre son esprit en Moi (Krishna) est un
des yogis que tous les siddhis sont prts servir". (Shrimad
Bhagavat)
L'intrt mme du sujet trait est contenu dans cette phrase.
Cette diffrence entre siddhis infrieures et suprieures est
fort bien connue dans les coles orientales. R. Tajima, moine et
professeur l'universit Taisho de Tokyo3, a crit dans son
3 R. Tajima appartenait, comme moine et responsable, l'cole japonaise de bouddhisme sotrique, le Shingon-shu. Cette voie de tantrisme de droite insiste tout particulirement sur la juste rcitation des mantrams pour parvenir la vacuit.
commentaire sur le Mahavairocana Sutra :
"Le mot sanskrit siddhi (tib. dnos-grub) signifie "accomplissement
des dsirs" : "manifester" la siddhi, c'est rendre visible cet
accomplissement. Il y a deux sortes de dsirs : les dsirs
mondains et les dsirs extra-mondains ; et par consquent deux
sortes de siddhi : mondaine et extra-mondaine." 4
Dans l'cole Shingon, on appelle la premire "siddhi
caractrise" (us no shichiji), et la seconde "siddhi sans
caractre particulier" (mus no shichiji). L'une agit de manire
phnomnale, l'autre se rapporte la contemplation du coeur
de la vrit au moyen de la syllabe "".
Dans le bouddhisme sotrique Shingon, la lettre "a"
signifie "le coeur de Bodhi" ; "a" signifie l'exercice des pratiques
de Bodhi ; "am", l'obtention de la Bodhi ; "ah", l'entre en
nirvana. Le Seigneur Christ a dit quelque chose de tout fait
semblable :
"Cherchez le royaume de Dieu, et tout le reste vous sera donn
de surcrot".
C'est l l'attitude de tous les authentiques initis et hauts
disciples qui ne recherchent nullement l'acquisition des siddhis
infrieures, mais s'efforcent de pntrer le coeur de la vrit et
obtiennent les siddhis suprieures, car celles-ci sont de la
nature mme de leur divinit.
Les siddhis infrieures sont lies l'go, la personnalit
4 Mahavairocana Sutra, R. Tajima, p. 118, Editions A. Maisonneuve.
transitoire, les siddhis suprieures sont lies l'me et l'esprit
(atma)5. Nous traiterons en dtail ce thme qui est de fa plus
extrme importance.
L'utilisation des pouvoirs sur un mode infrieur ou
suprieur sera simplement fonction du niveau d'volution
atteint par l'individu. Ce que l'on nomme souvent psychique est
un tat qui correspond la priode de la vie humaine o
l'homme vit et agit au moyen de son plexus solaire. A ce stade,
le jeu des forces est physico-thrico-astral. Tous les sorciers
chamanes 6 du monde entier en font partie, ainsi que tous les
voyants qui inondent aujourd'hui les journaux renfort de
publicit (mensongre) et dont les tarifs dpassent toute
concurrence. Si ces voyants ont une telle attitude, c'est juste-
ment que leur sensibilit psychique se situe dans la zone
infrieure de leur tre, le plexus solaire.
Lorsqu'ils s'lvent, et que le mental prdomine sur
l'motionnel, le jeu des forces se situe plus haut, au niveau du
centre frontal (le centre ajna). Il s'agit l de la priode o
l'aspirant devient disciple et cherche plus ou moins adroitement
l'intgration de sa triple personnalit, ce qui a pour consquen-
5 Ces deux catgories de siddhis correspondent deux branches bien distinctes des pratiques rattaches au bouddhisme Mahayana. L'une des deux branches, lie la cause, est appele "le vhicule des Paramitas", une grande partie de la pratique se passe dans l'effort envers la cause de ralisation bien avant qu'en soit ralis le fruit (c'est la voie suivie par de grands librs comme Sri Ramana Maharshi). Au Tibet, cette voie fut surtout celle des bonnets jaunes. La seconde branche fut appele "le vhicule du fruit", ou "vhicule tantrique", souvent expriment dans le laps de temps d'une seule vie et confrant les pouvoirs (siddhis) inhrents l'veil de la force de feu sacre ou kundalini grce laquelle la ralisation devient possible. Il n'y a pas d'lvation de cette force avant l'panouissement des chakras, et l'veil de ces centres amne invitablement l'veil des siddhis. Cette voie fut surtout suivie par les bouddhistes tibtains non rforms (bonnets rouges). 6 Chamane est un terme gnralement appliqu la religion primitive des peuples du Nord de l'Asie. Comme plusieurs auteurs l'ont soulign, il semblerait que ce nom vienne du mot sanskrit "sramana"ou du pali "samana".
ce la mise en activit de certaines zones inertes du cerveau et
leur utilisation. On peut se rapporter ce qui a t dit sur les
siddhis mondaines et extramondaines, car cette diffrence vient
de ce que le mental, la cl de l'esclavage ou de la libration, est
foncirement double dans sa nature. Il peut tre concret et
infrieur, ou abstrait et suprieur, dterminant ainsi la qualit
des siddhis et le niveau de conscience o elles se manifestent.
Vient ensuite un moment o le disciple atteint l'tat d'initi.
C'est la priode o le mental s'illumine de la nature de l'me. A
ce stade, on peut parler de pouvoir spirituel et non seulement de
pouvoir psychique et mental. Dans ce cas prcis, l'initi utilise
toute la zone du cerveau situe autour de la glande pinale, car
c'est l que tout homme spirituellement orient assume sa
matrise sur ce qui n'est pas le Soi divin. Il est dit qu' partir de
ce moment un homme peut sans risque apprendre dvelopper
ses forces latentes et mme utiliser la gamme des siddhis dites
infrieures.
Nous expliquerons ultrieurement la nature relle des
siddhis principales tous les niveaux de conscience o elles
peuvent se manifester, mais ds prsent que le lecteur se
mette bien en tte qu'aucun des mdiums de nos magazines ne
possde les siddhis suprieures. En effet, tous les initis suivant
la voie de la magie blanche ont, par leur comprhension des lois
cosmiques plus que par des serments, le dsir profond de servir
l'humanit sans grandir le pouvoir de leur go, et pour ce faire
travaillent dans la plus absolue discrtion, pour ne pas dire le
plus grand secret, sur ce qu'ils sont capables de faire pour le
monde. Les dmonstrations publiques sont rarissimes lorsqu'il
s'agit d'un adepte de la magie blanche.
Dans le cas contraire videmment, les dmonstrations ont
pour but le gain ou la gloire. Nombreux sont les exemples
cause desquels le mysticisme ou l'occultisme n'ont pu trouver
place dans le monde des chercheurs scientifiques. On mlange
trop souvent business et prestidigitation avec pouvoirs psy, et
certains poussent le vice jusqu' prtendre que leur spectacle est
accompli au moyen de leurs pouvoirs mentaux, sans aucun
trucage. La prestidigitation est un art noble qui mrite son
salaire, comme tout art, qu'il s'agisse de la danse, de la musique,
de la peinture, mais lorsque l'on se sert des pouvoirs
appartenant l'homme intrieur, le seul salaire autoris est
celui de recevoir la joie de servir autrui. Tout manquement
cette loi est invitablement pay d'une contribution karmique.
La venue des facults psy soit provient d'un entranement
yoguique particulier, soit merge comme consquence directe
d'une discipline spirituelle. Elle peut aussi avoir pour origine
une vie antrieure consacre ce genre de dveloppement.
Dans ce tableau nous avons une claire vision de ce qu'est un
tre humain, avec ses diffrents tats de conscience. Dans la
colonne de gauche (A), nous observons que le chercheur peut
s'arrter diffrents degrs, s'y arrte et mme pendant ce
temps s'alourdit d'un fardeau karmique. Il en est ainsi de tous
ceux qui recherchent les pouvoirs psychiques que l'on trouve
chacun des niveaux.
Dans la colonne de droite (B), l'tre humain ne cherche
qu'une seule chose, le royaume de Dieu, la ralisation. Pour
cela, il prend la voie directe et se dtache de tout ce qui n'est pas
Dieu. Telle est la voie prne par les matres aux disciples
avancs sur le sentier.
Dans ses Yoga Sutras, Patanjali numre cinq moyens de
parvenir au dveloppement des siddhis, mais aucun moment
ne les conseille. Ces cinq manires sont : de naissance, par les
stupfiants (drogues), par les mantrams, par les tapas et par les
samadhi.
LES CINQ TECHNIQUES D'EVEIL PSYCHIQUE PAR PATANJALI
Le premier moyen est le rveil des rsultats d'ascses
accomplies dans des vies antrieures.
Le second moyen est artificiel et trs rarement utilis par le
mage blanc. Il est par contre l'arsenal type du sorcier, du
ncromane et de tous les chamanes mdiumniques. On utilise
ici le plus souvent des plantes paralysant certaines fonctions du
cerveau ou excitant certains centres de ce mme cerveau. Les
Aztques se servirent longtemps du peyotl, sorte de petit cactus
contenant de la mescaline et provoquant la transe, la vision
astrale, l'hallucination astrale. Peuvent galement tre utiliss la
coca, l'ayahuasca ou la psylocybe mexicana, et pour les
prsages loluliuqui ainsi que l'iboga africain. Chaque pays a
connu cette science, et chaque systme religieux l'a utilise. A
un moindre degr, le christianisme se sert de l'encens. Toutes
ces drogues, douces ou violentes, favorisent momentanment la
paralysie de la conscience objective, avec pour rsultat la transe
et donc le pouvoir d'enregistrer des impressions du plan astral,
et le plus souvent des sous-plans infrieurs de ce plan. Les effets
de cette action sur les cellules nerveuses du cerveau sont
cependant excessivement nocifs, d'o la ncessit d'tre initi et
prpar avant dtre capable d'utiliser ces drogues.
La troisime mthode mentionne par Patanjali consiste
utiliser la puissance des mantrams ou sons sacrs. Dans l'cole
japonaise Shingon, cole de mantrams par excellence,
l'utilisation des mantrams tient une grande importance, comme
du reste dans toutes les coles bouddhistes influences par le
Vajrayana. Dans l'un des chapitres du principal texte de cette
cole, le Sutra de Mahavairocana, Vajradhara pose cette
question :
"Comment peut-on atteindre le fruit?"
Et il est rpondu :
"On obtient le fruit comme rsultat de la pratique des mantras." 7
7 Etude sur le Mahavairocana Sutra, p117, R. Tajima, Editions A. Maisonneuve.
Il est dit encore que le fidle pratiquant les mantrams voit
tous ses vux exaucs grce la triple puissance (san-riki) de
ses propres mrites, de la conscration du Bouddha et du
Dharmadhatu.
Pour parvenir l'omniscience et la siddhi suprme, le
pratiquant se voit expliquer le mandala des cinq lments et la
manire d'identifier ces derniers son propre corps au moyen
d'une formule mantrique incluant les bijas des cinq lments (a
= terre, va = eau, ra = feu, ha = vent ou air, ka = ther). Nous
verrons plus loin l'intrt de ces rapports, savoir, et cela est un
lment d'investigation intressant, que les cinq lments se
rapportent aux cinq sens et que les siddhis sont l'extension des
cinq sens.
Les sons intrieurs couts ou entonns peuvent tre utiles
pour le dveloppement intrieur et spirituel, mais certains
mantrams peuvent aussi assurer une certaine scurit au fidle
sur le plan concret. L'hindouisme est la science la plus avance
dans le domaine de l'Art mantrique. En voici quelques
exemples:
OM est le son divin lui-mme. Il peut tre utile pour
se protger contre tout ce qui est un obstacle pour
communier avec Dieu.
HRIM permet d'tre matre des lment naturels.
SHRIM permet d'obtenir la puissance matrielle.
KRIM permet de parvenir la connaissance suprme
au moyen du dtachement.
STRIM permet de se librer des preuves et des
souffrances.
KHA a le pouvoir de tuer.
A partir de ces diffrents sons ont t construites des
formules dans le but d'aider les disciples.
Par exemple :
Pour garder longtemps un corps jeune, rciter :
"AUM! TRAYAMBAKAM YAJAMAHE SUGANDHIM
PUSHTIVARDHA NAM URVARUKAMIVA BANDHANAN
MRITYORMUKSHI YA MA MRITAL"
Pour calmer les lments naturels, rciter :
"AUM, SHANTE PRASHANTE SARVAKRODHOPASHANAM
SVAHA"
Pour immuniser son corps physique contre les attaques du feu,
rciter :
"AUM, NAMO AGNIRUPAYA MAMA SHARIRE
STHAMBHANAM KURU KURU SVAHA"
Enfin, dans un but lev et pour obtenir la libration de la mort,
rciter le fameux "OM NAMO NARAYANA", ou mieux, le
mantra GAYATRI.
La quatrime mthode indique par Patanjali est celle des
TAPAS, ou pratique des austrits. Cette mthode est rserve
une certaine classe de disciples tels qu'on les trouve en Orient
o la possibilit de renoncer au monde est plus largement
accepte et pratique.
Il existe, en dehors des asctes renonants (sannyasis), des
sectes qui cherchent, par des austrits excessives, dvelopper
une puissante volont. Ces mthodes ont toujours t
dconseilles, car elles sont extrmistes. Dans la Gita, Krishna
s'lve contre ces austrits fanatiques et superstitieuses :
"Les hommes qui accomplissent de svres austrits non
ordonnes par les Ecritures, pleins de vanit et d'gosme,
entrans par la force de leurs dsirs et de leurs passions, dnus
d'intelligence, tourmentant les lments qui forment le corps et
Me tourmentant Moi aussi, qui rside dans le corps intrieur,
sache que ces hommes sont asouriques (dmoniaques) dans
leurs intentions." (XVII-5, 6)
Le samadhi est la chose suprme et unique qu'il faille
constamment rechercher. Il existe un terme en troite relation
avec le mot siddhi, c'est le terme VIBHOUTI qui signifie pouvoir
de manifestation divine. C'est pour cette raison qu'Arjuna, bien
que convaincu de la ralit du Seigneur Krishna, lui demande
tout de mme de se manifester lui autrement que par son
omniscience :
"Dis-moi donc sans rserve tes divines manifestations, tes
vibhoutis par lesquelles tu es, pntrant les mondes."
Vibhouti signifie ici pouvoir inhrent la nature divine non
diffrencie. Seul possde ce pouvoir suprme Dieu, lui-mme
ou l'un de ses messagers (Purnavatar). Sri Ramana Maharshi a
dit que :
"Vibhouti se prsente vrai dire sous deux aspects : para-
vibhouti et apara-vibhouti. Les cendres sacres appartiennent
la deuxime catgorie. Le para est ce qui reste une fois que toute
la gangue a t brle par le fieu de la ralisation. Cest lEtre
absolu."
Sri Sathya Sai Baba, qui est un Avatar complet, dit que :
"La vibhouti est le message silencieux qui voque le dtachement
des choses de ce monde et le renoncement, et qui enseigne le
tout premier pas dans la sadhana."
Vibhouti est en tout premier lieu le symbole de la force
suprme unique qui se rvle dans tous les objets des sens mais
qui, non transcende, forme la grande illusion ou maya qui
gare l'ignorant. Comme le dit Sri Aurobindo :
"Il ne reconnat pas la divinit qui est au-dedans de lui-mme, et
ne peut la voir dans les autres hommes. Et bien que le divin se
manifeste en l'humain comme Avatar et Vibhouti, il reste aveugle
et ignore ou mprise la divinit voile."
Tout ce qui est crit ci-dessus montre bien qu'il existe une
grande diffrence entre le pouvoir divin naturel d'un Avatar
(vibhouti) et les pouvoirs acquis par l'adepte en cours
d'volution (siddhis). Les grands raliss insistent surtout pour
que le disciple recherche plus obtenir la ralisation spirituelle
que les pouvoirs.
PSYCHISME INFERIEUR
Intressons-nous maintenant une phase du processus de
dveloppement psychique. Nous devons savoir que les pouvoirs
infrieurs rsultent de la conscience de l'me animale dans
l'tre humain, en rapport avec lanima mundi ou me du
monde, aspect subjectif de toute forme dans les trois mondes et
dans les quatre rgnes de la nature.
Nous partageons avec l'animal ces mmes pouvoirs
infrieurs, car ceux-ci sont instinctifs et inhrents au corps
animal. Cependant, chez la plupart des tre humains, ils sont
tombs en-dessous du seuil de conscience, y demeurant ignors
et donc inutiliss. Pour quelques-uns nanmoins, ces pouvoirs
se sont nouveau dvelopps, donnant par exemple le pouvoir
de soulager la souffrance par le magntisme animal, ou encore
celui de percevoir des clichs du monde astral, l'criture
automatique, etc... La plupart de ces sensitifs se sont attachs
ces facults car elles leur donnent une opportunit de s'affirmer
par rapport eux-mmes et leur environnement. Pour d'autres,
dont le sens moral est quelque peu mouss, c'est l'occasion de
rehausser leur situation sociale et conomique.
Les problmes rsultent souvent non pas du fait de la
prsence de la siddhi infrieure, mais de l'intrt excessif que
celle-ci suscite et donc de l'impossibilit pour les individus
concerns de s'lever plus haut. En effet, la plupart de ces
sensitifs de l'astral oprent au moyen du plexus solaire. Or, pour
s'lever sur le plan mental et acqurir les facults de ce plan, il
est impratif d'abandonner volontairement tout ce qui touche
au domaine astral, afin d'agir cette fois par l'intermdiaire du
centre frontal (ajna). Cette priode de transmutation engendre
de nombreux conflits intrieurs et psychologiques.
Le trouble vient de ce que les individus ne comprennent pas
la science sotrique suprieure, n'tant, comme nous l'avons
dit, que des gens sensibles aux lourdes vibrations de l'astral. Ils
ne sont pas encore mentaliss, mais en phase d'tre
dsastraliss. La plupart des individus qui hantent les hpitaux
psychiatriques appartiennent cette catgorie, et ils sont
incapables de contrler ou comprendre la nature de leurs
expriences.
Afin d'tre le plus clair possible, disons que le psychisme
infrieur provient de la force des chakras ou centres localiss
sous le diaphragme. L'veil prmatur de l'un de ces centres
peut crer des dsordres psychiques considrables. Il est donc
ncessaire que la science des centres soit intgre la nouvelle
psychologie de l'avenir. De nos jours, une grande partie des
hommes (sensitifs) se trouvent en prsence d'un pouvoir
infrieur sur lequel leur mental n'a aucune matrise. Tout ce
qu'ils savent, c'est qu'ils voient ou entendent ce qui ne peut tre
vu ou entendu par le commun des mortels. Leur difficult, en
dehors de l'incomprhension de la socit, rside dans plusieurs
facteurs, dont celui de vivre simultanment sur deux plans la
fois, ce qui leur rend la vie encore plus complique, alors qu'il
est dj si difficile de sortir du mirage du plan physique seul.
L'une des causes de ces difficults, outre l'hyper-stimulation
d'un centre infrieur, est l'existence d'une connexion lche entre
le corps physique et le corps thrique, produisant ce que nous
appelons la mdiumnit, qui va de la possession l'obsession
temporaire ou permanente.
La rencontre et la perception du monde astral a une ralit
"relative". Beaucoup de voyants ou de mdiums sont sincres,
mais il faut savoir que le monde astral est un monde de formes-
penses et d'illusions, et qu'il est impossible de trouver une
authentique connaissance dans ce plan, non pas qu'elle n'existe
pas, mais parce que l'on ne peut y exercer son pouvoir de
discrimination, sauf pour ceux qui s'en, sont dfinitivement
librs et qui peuvent tout moment venir y chercher une
information sans en subir l'illusion.
Il est dlicat et trs difficile d'aider ceux qui ont ce problme
de polarisation dans le psychisme infrieur. Le Tibtain donne
trois moyens pour parvenir s'chapper de l'influence astrale :
"1. En cessant d'tre intress par la dmonstration de ces
pouvoirs, en refusant de les utiliser plus longtemps et, ainsi de les
amener dprir graduellement Cela conduit la fermeture du
centre du plexus solaire (et par consquent de la porte ouverte
sur les niveaux infrieurs du plan astral) et l'atrophie de la
partie du mcanisme intrieur qui a rendu ces pouvoirs
disponibles.
2. Par le transfert de l'attention vers la vie mystique et vers
l'expression d'une aspiration intense vers les ralits spirituelles.
Cela fournit le nouvel intrt qui finalement devient dynamique,
expulse les anciens intrts et ainsi tend loigner l'accent vital
des niveaux infrieurs du plan astral et les diriger vers les
niveaux suprieurs. Cela aussi prsuppose de la part du
psychique une tendance l'orientation spirituelle.
3. Par une tude mthodique de formation intellectuelle et de
dveloppement mental qui, poursuivie suffisamment longtemps,
rendrait automatiquement l'utilisation des pouvoirs infrieurs
impossible car le cours de l'influx d'nergie se dirigera dans les
centres situs au-dessus du diaphragme. Il est bien connu dans
les milieux psychiques que la formation mentale provoque en
effet la fermeture du cycle psychique." 8
Il est entirement faux de croire que le dveloppement des
chakras, et paralllement de certaines facults, procure le
bonheur et rsout les problmes. Il en est peut-tre ainsi pour le
disciple devenu adepte accompli, mais il n'en est rien pour
l'ensemble des aspirants du monde. La paix et la sant
proviennent, en gnral, d'un dveloppement harmonieux de
tous les centres et non du dveloppement exagr de quelques-
uns.
Les gens qui se sentent puissamment motionnels, sensitifs,
sensibles mme, avec dans leur vie beaucoup de ractions
passionnelles, peuvent tre convaincus que ces ractions sont
fondamentalement astrales dans leur nature. De telles
personnes ne devraient jamais chercher le dveloppement des
facults psychiques, car la seule chose qu'elles gagneraient
serait un contact avec le plan astral. On compte un grand
nombre d'Occidentaux qui, par le biais d'ouvrages ou
d'enseignements par correspondance, se sont exercs des
pratiques occultes, notamment celle des respirations
yoguiques (pranayam) ou postures (asanas) tire du Hatha
Yoga, et ont perdu dfinitivement leur sant. Il faut reconnatre
que les trois quarts des professeurs de yoga que l'on rencontre
dans les instituts et autres centres d'animation, bien qu'tant de
bonne volont, n'ont absolument pas les comptences d'un vri-
table instructeur de Hatha Yoga. Par les pranayamas, l'aspirant
peut facilement ouvrir la porte du monde astral.
Si la porte du plan astral est ouverte du fait des activits des
8 Trait sur les 7 rayons, vol. II, p. 538, A.A. Bailey, Editions Lucis.
vies prcdentes, le problme devient beaucoup plus difficile.
Voici les conseils du Tibtain dans ce cas :
" 1. Si la porte du plan astral a t ouverte du fait que certains
exercices respiratoires ont t pratiqus, ainsi que certaines
postures, et d'autres mthodes enseignes par des ducateurs
ignorants de cette poque, je suggrerais les mesures
prliminaires et ncessaires suivantes :
a. Que l'intress arrte tous ces exercices et ces postures et
vite tout contact avec l'ducateur. C'est l la premire mesure
ncessaire.
b. Qu'il vive une pleine vie d'activit physique, qui ne lui laisse
pas de temps pour une existence introspective. S'il est plutt
matrialiste, qu'il remplisse ses obligations commerciales,
sociales ou d'affaires en y consacrant son intrt sur le plan
physique et en remplissant ses responsabilits avec tout ce qu'il
possde de pouvoir, ne se permettant aucune pense en arrire.
c. Qu'il centre son attention sur les choses de la vie physique
jusqu' ce que l'volution l'amne au stade de focalisation
mentale et d'orientation spirituelle. Avant que cela ne puisse
tre fait, la porte infrieure doit tre ferme. Qu'il matrise donc
ses motions, car elles servent maintenir la porte entr'ouverte
et elles facilitent les expriences astrales.
d. Qu'il "apprenne travailler et penser avec l'pine dorsale et
la tte et non avec le devant du corps", ainsi que peut tre
traduite l'ancienne rgle. Cela veut dire que les psychiques
ordinaires considrent les centres du plexus solaire et le centre
laryng (les seuls au sujet desquels ils ont une certaine
connaissance) comme se trouvant la partie antrieure et au
centre du torse ou la partie antrieure de la gorge. Cela
transporte l'nergie vers le bas, par la route involutive et non pas
vers le haut par la route volutive de la colonne vertbrale. Ceci
est important.
2. Si la porte du plan astral est ouverte du fait d'un droit
hrditaire naturel, activit des vies prcdentes, et du fait que
le flux des forces se centre normalement dans le plexus solaire,
le problme devient encore beaucoup plus difficile. Il sera
ncessaire d'acqurir les choses suivantes :
a. Il faut faire comprendre la constitution thrique de l'homme
et faire connatre la nature des centres de force, de faon que le
psychisme aryen ait une information de base intelligente partir
de laquelle il puisse travailler. Il faut faire l'effort de construire
un corps sain.
b. L'accent doit tre mis sur des buts plus levs et la ncessit
d'une vie de service doit tre souligne. Je vous rappellerais que
le service est une mthode scientifique par laquelle les forces
veillant, stimulant et dirigeant le plexus solaire sont diriges
vers le centre du coeur, provoquant ainsi la fermeture de la
porte astrale et une dcentralisation des intrts du psychique.
Cette dcentralisation est techniquement accomplie lorsque le
plexus central n'est plus le facteur dominant et que les penses
et les intrts de l'homme sont d'une nature diffrente.
c. Une autre indication pratique pourrait tre utile ici Lorsque le
psychique en est au stade aryen de dveloppement et n'en est
plus simplement au stade atlanten, alors un grand bnfice
peut tre tir de l'utilisation frquente de la couleur jaune. Il
devrait s'entourer de cette couleur, car elle sert conserver dans
la tte les nergies qui entrent ou prvenir quelles ne
descendent pas plus bas que le diaphragme. Cela prive le plexus
solaire d'un influx constant d'nergie et aide grandement
librer le psychique du plan astral. Je voudrais faire remarquer ici
que le psychisme dont la conscience est atlantenne (et c'est le
cas de la grande majorit) fonctionne normalement lorsqu'il
dmontre des facults psychiques, bien que ce soit le long d'un
arc de rtrogression, mais celui qui possde une conscience
aryenne et qui fait preuve de ces pouvoirs constitue une
anomalie.
3. Lorsque le danger est d'une nature srieuse, qu'il provoque
une grande tension nerveuse ou une dbilit excessive, les plus
grandes prcautions doivent tre prises. Lorsqu' lieu un violent
combat entre l'activit psychique ou lorsqu'il y a un puisement
nerveux et la perte de l'emprise et de la matrise mentale, alors il
est essentiel que parfois le psychique soit oblig de rester
longtemps au lit et au repos, soumis un rgime alimentaire
lger et qu'il soit exempt de tous contacts. Il peut mme tre
ncessaire par moment de le priver de sa libert. Aujourd'hui, de
nombreux cas semblables, luttant durement pour leur quilibre
mental et cherchant fermer la porte astrale, sont considrs
comme des cas de dmence, ou comme tant au bord de la folie.
Leur triste sort est grandement aggrav par le manque de
comprhension de leurs amis et par les mdecins et les
psychologues consults. Leur trouble n'est pas mental mais
entirement li au plexus solaire. C'est seulement lorsqu'on
reconnatra cela que nous pourrons avoir une mthode
approprie pour rsoudre les problmes poss par ces cas. Il est
rare, en vrit, de rencontrer un psychologue qui soit prt
admettre la possibilit de ces principes." 9
9 Trait sur les 7 rayons, vol. II, p. 541-42, A.A. Bailey, Editions Lucis.
Dans le cas d'un tudiant avanc en occultisme, une
mthode beaucoup plus spcifique peut tre applique. Elle
consiste souvent dans un premier temps fermer les centres
'responsables du trouble, puis ouvrir le centre suprieur
correspondant, enfin transfrer la force de l'infrieur dans le
suprieur. Lorsque le travail ncessite d'agir sur les chakras
situs le long de l'pine dorsale, un instructeur trs comptent
doit tre obligatoirement prsent pour distinguer les facults
infrieures des suprieures. Il faut savoir que les premires sont
faillibles, que l'lment temps y est prsent en son sens
squentiel et que les effets sont limits. Lorsqu'il s'agit de
facults suprieures, le doute n'apparat pas et elles sont en
gnral infaillibles.
Le plan astral, on ne le redira jamais assez, est un plan
illusoire qui n'est pas sans danger pour l'aspirant curieux. Le
Tibtain, avec la sagesse qui le caractrise, explique qu'il existe
trois groupes de personnes qui utilisent les pouvoirs psychiques
infrieurs, soit consciemment, soit inconsciemment :
" 1. Ceux dont le stade volutif est assez bas pour permettre leur
utilisation automatique.
2. Ceux qui ont transport avec eux la capacit de voir et
d'entendre sur les niveaux astraux ou de "pratiquer la magie",
capacit provenant d'une autre vie, des temps atlantens. Ces
pouvoirs leur sont naturels, mais ne sont en gnral ni compris ni
dirigs par la connaissance et font gnralement de celui qui les
possde une victime, ou bien le porte les exploiter.
3. Le mystique sur le sentier de la vision qui (par l'amene de
lnergie en provenance de l'me au moyen de la mditation et
de l'aspiration) stimule le centre du plexus solaire ou le centre de
la gorge et ouvre ainsi une porte sur le plan astral.
Dans tous les cas, c'est le plan astral qui est rvl. On peut
dclarer ici que, l o il existe des couleurs, des formes et des
phnomnes semblables ce que l'on peut trouver sur le plan
physique, ou qui en constitue les rpliques, ce que l'on voit
reprsente les "phnomnes de duplication" du plan astral.
Lorsqu'il sagit de matrialisation de formes sur le plan physique,
vous assistez l'activit conjugue du plan astral et du plan
thrique. Vous n'avez pas les phnomnes du niveau mental et
de celui de l'me. Gardez bien cela l'esprit. Le plan astral est,
dans le temps, dans l'espace et en fait un tat dtre rel et en
outre un monde de formes illusoires, cres par l'homme lui-
mme et par son imagination cratrice. L'une des principales
leons apprendre sur le Sentier de l'Etat du Disciple est
d'apprendre distinguer ce qui est rel de ce qui est illusion." 10
On peut juste titre tre troubl par la difficult faire
preuve de discrimination quant l'tat spirituel d'un instructeur
afin de voir s'il est un mage divin ou au contraire dmoniaque.
En effet, le fait de manifester des pouvoirs, ou bien mme de les
cacher, n'est absolument pas un critre de spiritualit.
Si l'on prend l'exemple du Christ, on se rend compte qu'il a
attir les foules ainsi que ses disciples au moyen de miracles.
Cela a toujours t fait par les adeptes avancs et les Avatars,
dans le but d'attirer Dieu les mes rebelles et matrialistes.
Pour d'autres raisons qu'il ne nous appartient pas de juger,
d'autres adeptes les ont jalousement camoufls.
Il est assez commun de voir en Occident des disciples
10 Trait sur les 7 rayons, vol. II, p. 522, A.A. Bailey, Editions Lucis.
instructeurs critiquer d'authentiques adeptes qui, pour des
raisons qu'eux seuls connaissent, utilisent ouvertement leurs
facults psychiques. Ces critiques manent videmment
d'instructeurs, crivains ou orientalistes par simple jalousie du
fait de leur incapacit en faire autant.
Cependant, il faut garder la tte froide, et ne pas accorder
une importance excessive aux siddhis, tout en admettant que
celui qui les possde et en fait bon usage a le mrite d'avoir par
le pass fait l'effort de les acqurir, et ce titre a droit notre
respect.
La complexit du sujet vient de ce que chacun des sept
chakras a trois aspects ou trois notes particulires :
1. Un aspect volont - sacrifice
2. Un aspect amour - sagesse
3. Un aspect intelligence active
Un chakra peut n'avoir dvelopp qu'un seul de ces trois
principes. Par exemple, un mystique pur qui cherche la
ralisation de Soi aura, au cur de ses chakras, surtout veill le
ou les ptales d'amour-sagesse. Un renonant qui a abandonn
tout intrt pour le monde, qui considre le bien et le mal
comme illusoire et qui atteint son but par la voie de la non-
dualit et du vide dveloppera naturellement les ptales de la
volont-sacrifice. D'un autre ct, les grands savants et mme
les interprtes du mal peuvent accomplir des miracles et faire
preuve de la mme capacit de crer et de transcender les
facults normales de l'homme. Raspoutine en fut un parfait
exemple. Les pouvoirs psychiques sont inhrents l'aspect
crateur de la divinit (ptales de l'intelligence), Brahma, le
troisime (quelquefois le premier!) aspect de la triple divinit.
Ces pouvoirs sont donc lis une comprhension intelligente de
la matire et la facult du mental de dominer la substance.
Ces pouvoirs sur le monde des phnomnes ne sont donc ni
divins ni non-divins, et peuvent tre utiliss avec une facult
gale par un fils de Dieu ou par un fils des tnbres. Ce dernier
est facile reconnatre car il travaille peut-tre avec l'aspect
volont, mais jamais avec l'aspect amour. Or il faut savoir que
l'adepte des tnbres travaille toujours individuellement et que
toute son uvre est sparatrice. L'amour, qui est principe de
cohsion, ne peut tre utilis que par un mage blanc qui, lui,
uvre toujours en formation de groupe. Son pouvoir essentiel
est l'attraction non des individus mais des mes. Il est ais de
savoir dans quelle catgorie se trouve un adepte, et cela rien
qu' ses actions. On reconnat l'arbre ses fruits ; des qualits
comme l'inclusivit, l'esprit de non-sparativit, le sens du
sacrifice de ce qui est personnel au bien de l'ensemble, un total
dtachement vis--vis de soi-mme, un complet dsintres-
sement, une comprhension intuitive, un amour sans limite et
nombre d'autres encore nous feront toujours dcouvrir un mage
de lumire.
Il existe quelques rares tres qui peuvent tre appels
Avatar complet (Purnavatar). Il ne s'en manifeste jamais plus
d'un la fois dans notre monde. Eux seuls possdent les
pouvoirs des trois aspects de la divinit, celui de la volont, celui
de l'amour et celui de l'intelligence. Cet Avatar est aujourd'hui
rvl au monde sous l'apparence de Bhagavan Shri Sathya Sai
Baba, et j'aurai l'occasion d'en reparler car il manifeste la
plnitude des pouvoirs divins d'un Bouddha et d'un Christ
runis.
SIDDHIS ET REALISATION SPIRITUELLE
Patanjali crit ceci :
"Les pouvoirs sont des obstacles la prise de conscience
suprieure, mais s'utilisent en tant que pouvoirs magiques dans
les mondes objectifs." (Livre HI-37)
Ramakrishna dit galement :
"De mme qu'on vite la boue, il faut viter les siddhis ou
pouvoirs miraculeux. Ils viennent d'eux-mmes par la vertu des
sadhanas et de samyama (matrise des sens). Mais l'homme qui
fixe son esprit sur les siddhis ne pourra pas monter plus haut, il y
restera embourb."
Il s'agit l de l'opinion d'un trs grand ralis hindou. Mais
cet tat d'esprit prvaut dans toutes les antiques traditions et
dans toutes les autres religions sans exception. R. Tajima, par
exemple, dans son commentaire sur le Mahavairocana Sutra,
crit :
"Les phnomnes miraculeux (irradiation, lvitation, etc...) qui se
produisent, lors des pratiques tantriques, par l'effet des mantras
et de la siddhi qui en rsulte, sont conditionns par ces mantras
et cette siddhi, tout comme les phnomnes magiques sont
conditionns par les indications et par les drogues que met en
oeuvre le magicien ; ils n'ont donc point d'existence propre, de
"nature" autonome, et le pratiquant ne doit point s'y attacher,
car ils ne sont que des "transformations" secondaires du pur
bodhicitta originel, de la "nature primordiale". 11
Cependant, il faut reconnatre que l'accs la conscience
divine passe par la comprhension du monde phnomnal, et
finalement sa matrise. R. Tajima crit encore ceci :
"De mme que la bulle ne saurait se sparer ni tre spare de
l'eau qui lui a donn naissance, de mme le pratiquant du
Shingon qui arrive la siddhi ne se laisse pas entraner hors de
soi-mme, il reste dans sa puret, l'cart des illusions, et les
attractions vaines sont sans pouvoir sur son coeur." 12
On aura compris que, selon l'opinion des raliss de ce
monde, celui qui cherche la connaissance du Soi n'a rien faire
avec les siddhis. Cependant, qu'il le veuille ou non, par son
comportement vertueux et par sa discipline mentale, le disciple
sur le sentier dveloppe en lui involontairement une ou
plusieurs facults selon son karma et sa nature. Voici le
comportement qu'il faut avoir et que prconise le Tibtain :
"Le monde entre aujourd'hui dans une phase d'extrme
sensibilit ; les disciples doivent se prparer l'aider. La
conscience des gens ordinaires et mdiocres va se transfrer sur
les niveaux de l'astralisme conscient ; le voile entre ce qui est vu
et ce qui demeure invisible disparatra rapidement. Comment les
11 Etude sur le Mahavairocana Sutra, R. Tajima, pp. 87-89, Editions A.
Maisonneuve.
12 Etude sur le Mahavairocana Sutra, R. Tajima, pp. 87-89, Editions A.
Maisonneuve.
disciples pourraient-ils servir dans cette priode difficile, s'ils
n'ont aucune exprience et ne peuvent interprter les divers
aspects des phnomnes, et les distinguer les uns des autres?
Comment pourraient-ils mettre les autres en garde et, au besoin,
leur venir en aide, s'ils ont peur d'entrer dans des domaines de
vie o rgne le psychisme infrieur? Je ne vous demande pas de
cultiver les pouvoirs psychiques, mais je vous demande de vous
tenir prts voir et entendre sur tous les niveaux de service, de
savoir ce que vous voyez et entendez, et de l'interprter
correctement, sans tre aveugls par le prjug ou la crainte. Le
Sentier du Discipulat n'est pas un sentier facile, mais les compen-
sations qu'il offre sont proportionnelles ; cette phase du
discipulat inclut la comprhension de la sensibliti psychique. " 13
Cela dit, il y a une tape, ou degr, o le disciple avanc peut
sans risque dvelopper ces potentialits et apprendre les
utiliser. Le degr o cela est permis et mme recommand dans
le but de mieux servir l'humanit est celui de la troisime
initiation, mieux connue dans la chrtient sous le terme de
transfiguration. C'est seulement partir de ce haut degr de
ralisation spirituelle, en ce qui concerne l'humanit et non la
Hirarchie, que, sous la supervision de son instructeur, ses
facults sont largies ainsi que sa capacit de travail et de
service. Voici ce que disait Sri Ramana Maharshi propos des
siddhis et du service :
"Mme Rick-Hidding : Est-ce que la ralisation du Soi provoque
13 Etat de Disciple dans le Nouvel Age, p. 844, vol. I, A.A. Bailey, Editions
Lucis.
automatiquement la naissance de pouvoirs occultes (siddhis) ?
M. Le Soi est ce qui vous est le plus intime, ternellement. Les
pouvoirs occultes vous sont trangers. Ils n'ont rien voir avec le
Soi. L'acquisition des pouvoirs exige des efforts parfois
considrables. Le Soi nexige aucun effort.
Les siddhis sont recherches par le mental, qui doit rester
pleinement actif. Le Soi est ralis quand le mental est dtruit.
Les pouvoirs occultes ne peuvent se manifester que si l'go est
encore vivant. C'est lui qui vous fait prendre conscience des
autres. Quand il a disparu il n'y a plus d'autres voir. Le Soi est
au-del de l'go. Il est ralis lorsque l'go est compltement
limin. L'limination de l'go fait que l'on ne voit plus les autres.
Comment le problme d'autrui peut-il encore tre soulev et o
rside l'utilit des pouvoirs occultes pour un tre ralis?
La ralisation peut parfois tre accompagne de pouvoirs
occultes. Si des individus se sont efforcs d'obtenir des pouvoirs
avant d'tre raliss, ceux-ci peuvent se manifester aprs la
ralisation. D'autres n'ont point voulu de pouvoirs occultes et se
sont contents de rechercher simplement la ralisation. Ils ne
manifestent aucun pouvoir. Les siddhis peuvent mme tre
recherches et obtenues aprs la ralisation. Mais elles sont
alors obtenues pour un but dfini, notamment le progrs
spirituel des gens, comme dans le cas de Chudl.
Le roi Sikhidhvaja tait un homme pieux. Il avait pour pouse
Chudl. Ils reurent tous deux des instructions spirituelles
donnes par un sage. Mais le roi, trs occup par le
gouvernement de son royaume, n'avait point le temps de mettre
en pratique son enseignement. La reine Chudl, par contre,
pratiquait ses dvotions avec assiduit et obtint la ralisation. Par
consquent, elle parut encore plus charmante qu'auparavant. Le
roi s'en tonna et lui en demanda la cause. Elle lui rpondit que
tout son charme provenait du Soi et que le roi ne faisait que
prendre conscience en elle du charme de sa propre ralisation.
Le roi rtorqua qu'elle tait sotte. De grands asctes s'taient
efforcs en vain d'obtenir, dans la solitude complte, la
ralisation du Soi. Comment pouvait-elle oser prtendre la
ralisation, alors qu'elle n'tait qu'une femme stupide, plonge
dans les ncessits domestiques de l'existence familiale et les
exigences de la vie sociale!
Chudl ne s'offusqua point de la rprobation de son mari, car
elle tait fermement tablie dans le Soi. Son seul dsir tait que
son mari pt son tour raliser le Soi et tre heureux. Elle pensa
que le meilleur moyen de le convaincre tait de dployer des
pouvoirs extraordinaires (siddhis). Elle les obtint, mais elle ne les
manifesta point sur-le-champ. La compagnie constante de sa
femme avait rendu le roi indiffrent toutes choses. Il se mit
dtester la vie mondaine et exprima son dsir de se retirer dans
une fort pour se livrer des austrits. Il annona donc son
pouse qu'il abandonnait le monde pour vivre en reclus dans la
fort. Elle fut intrieurement ravie de connatre sa dcision mais
n'en montra rien. Elle fit part au contraire de son dsarroi et
reprocha au roi son manque de bont son gard. Le roi hsita,
mais le dgot du monde tant le plus fort, il prfra s'loigner
sans mme obtenir l'accord de sa femme. Une nuit, pendant que
la reine dormait, il sortit de son palais et se retira dans la fort. Il
se mit la recherche d'un endroit solitaire o il put pratiquer
l'aise ses exercices de mditation. A son rveil, la reine dcouvrit,
grce ses pouvoirs occultes, l'endroit o son mari s'tait retir.
Elle se rjouit, en son for intrieur, de cette dcision. Elle appela
les ministres et leur dit que le roi s'tait absent pour quelques
temps et que le royaume devait continuer tre gouvern
comme auparavant. Elle-mme remplaa le roi et tint les rnes
du gouvernement.
Dix-huit ans passrent. Un jour elle sut que le roi tait prt pour
la ralisation. Elle lui apparut, grce ses pouvoirs, dguise en
Kumbh (une des pouses de Shiva). Il ralisa alors le Soi et
retourna son palais pour gouverner son royaume avec la reine.
La morale de cette histoire, c'est que l'acquisition des pouvoirs
occultes est justifie lorsqu'une utilisation est effectue par des
tres raliss pour assurer le progrs spirituel des gens. Mais les
sages dtenteurs de tels pouvoirs n'en sont jamais victimes. Ils ne
se font aucune illusion leur sujet." 14
SIDDHIS D'UN AVATAR
Si l'on cherche rellement prendre conscience de ce que
sont les siddhis, on se rend compte qu'il ne s'agit que d'un
pouvoir intrieur consistant matriser la matire, le temps,
l'espace, la densit, etc... Celui qui transcende un tant soit peu
certains aspects de la matire possde dj des siddhis, sans
pour cela que celles-ci aient un caractre miraculeux. En fait,
comme l'essence divine est immanente en chaque atome de
matire, le miracle est continu et l'existence du monde en est un
tmoignage constant. Si un homme veut avoir un ascendant sur
cette matire, il doit simplement devenir esprit. Ainsi, plus on
devient esprit, plus on a de pouvoir sur la matire. Et l'on
comprendra donc que la siddhi n'est pas une acquisition, mais
la mise en surface de notre propre nature divine. C'est la juste
14 L'Enseignement de Ramana Maharshi, p. 504-505, Editions Albin Michel.
manire de comprendre pourquoi tous ceux qui ont atteint la
ralisation possdent en eux la totalit des siddhis infrieures et
suprieures.
Cependant, en plus de ces facults, il en existe d'autres qui
ne sont la prrogative que des Avatars. Je ne reviendrai pas sur
cette doctrine15, mais il faut savoir qu'un Avatar a t rendu
parfait autre part (!), et qu'il vient sur notre terre investi de la
mission divine de faire rsonner une note encore inconnue de la
conscience plantaire. L'Avatar peut trs bien projeter une
image illusoire dans le but de prendre contact avec l'homme
avanc. Il peut galement prendre le corps d'un libr. Il peut
aussi adombrer plusieurs personnalits en mme temps,
comme l'poque de Rama. Bien souvent, l'Avatar incarne un
seul des trois grands principes de la divinit. Cela nous ramne
l'Avatar Shri Sathya Sai Baba qui, exceptionnellement,
possde le pouvoir de Shiva, de Vishnou, et de Brahma.
On ne confondra donc surtout pas les siddhis utilises par
un adepte et celles naturellement manifestes par un Avatar. En
effet, du point de vue humain, l'adepte est encore perfectible,
alors que l'Avatar ne l'est plus. L'Avatar Sathya Sai a sept
pouvoirs qui sont uniques :
SRSHTI, le pouvoir de crer,
STHITHI, le pouvoir d'entretenir, de protger, de
garder,
LAYA, le pouvoir de dtruire,
THIRODHANA, le pouvoir de faire disparatre les
choses.
15 La Doctrine des Avatars, de l'auteur, Editions L'Or du Temps.
Les trois dernires siddhis ne peuvent appartenir qu' un Avatar
trs lev, ce sont :
ANUGRAHA, la grce (qui peut tre de deux sortes),
NAMA, le pouvoir d'tre prsent l o son nom est
invoqu,
VIBHOUTI, le pouvoir d'omnipotence.
En tant que Pumavatar, ou Avatar complet16, il est considr
comme une incarnation de Dattatreya (Shiva-Vishnou-
Brahma). Il est volont et sacrifice (Shiv), il est amour-sagesse
(Vishnou), il est intelligence et batitude (Brahma). Il manifeste
ces trois aspects divins en trois incarnations, Shirdi Baba,
Sathya Sai Baba et Prema Sai.
Dans sa prsente incarnation, il possde le pouvoir inhrent
chacune des trois personnes de la Trinit. Il est
ICHCHASHAKTI, l'nergie qui veut ; il est KRIYASHAKTI,
l'nergie qui agit et cre17; il est JNANASHAKTI, l'nergie qui
sait. Sa conscience tant plantaire, il apparat dans le Soi de
16 Le Christ fut une parfaite incarnation de l'amour divin, comme le Bouddha
fut l'incarnation de la sagesse. Tous les deux incarnaient le principe du Fils
de la Trinit. Sai Baba, lui, est l'incarnation non seulement du Fils, mais aussi
du Pre et du Saint-Esprit.
17 Les Upanishads disent qu'au commencement Brahman tait seul. Il pensa :
"Je suis seul, je dois devenir multiple". Pour tous les brahmanes' cela signifie
que la volont de Brahman fut suffisante pour crer. C'est de cette manire
qu'il cra le monde hors de lui-mme. L'homme ralis devient Brahman
(Brahmavid Brahma eva bhavati, disent galement les Upanishads). Par
consquent, un homme qui a atteint la perfection peut crer tout ce qu'il
souhaite. Il n'y a l rien d'trange ni d'anti-naturel.
tous ceux qui cherchent Dieu, quelle que soit la forme choisie
par l'adorateur. Ainsi dans toutes les parties du monde, il
apparat physiquement ou par vision en tant que Christ,
Bouddha, Rama ou toute autre image adore par le fidle. Il
apparut sous la forme de Shiva au temple de Khothanaghatta,
en tant que Krishna au temple de Hampi Virupaksha. De ces
pouvoirs illimits qu'il manifeste en pleine lumire depuis sa
plus tendre enfance, il dit lui-mme ceci :
"Il n'y a pas de pouvoir que j'ai acquis, il n'y a pas de pouvoir que
j'utilise dans des cas spcifiques. Il s'agit de ma vritable nature."
Sai Baba a dclar que sa mission tait d'tre
SARVASTHARATHUDURGAANI (que tous franchissent les
obstacles), SARVA BHADRAANI PASYANTHU (que tous ne
voient que des choses favorables), SARVAH SAD-BUDDHI
MAA PNOTHU (que tous acquirent une intelligence salutaire),
SARVAH SARVATHRA NANDATHU (que tous soient emplis de
joie en tous lieux).
LES MIRACLES
Le problme du miracle se pose puisque, mme en Inde, Sai
Baba est appel l'homme aux miracles, ce qui n'est vrai que
pour celui qui vit encore dans l'illusion de ce monde.
Le miracle intervient au moment o les ples sont
renverss, c'est-- dire lorsque l'esprit domine la matire au lieu
du contraire comme cela se passe chez l'homme ordinaire. En
voici un exemple trs simple : l'homme dans son tat de veille
vit intensment dans son corps physique. Si son avant-bras
entre en contact avec du feu, il se brle et des symptmes appa-
raissent, douleurs, ampoules, etc... Il s'agit l d'effets naturels
provenant de lois reconnues par la science, car en appliquant les
mmes causes on obtient toujours les mmes effets. Cependant,
il peut exister des conditions, dans les tats de conscience
diffrents (transes ou extases) o ces lois peuvent tre
compltement dpasses. Cela arrive notamment lorsque
l'esprit se libre et cette fois domine la matire. Cette
modification ne peut bien sr tre impute l'esprit lui-mme,
mais son interprte, le mental, et il est donc ais d'agir sur
celui-ci au moyen de la suggestion hypnotique. Il a t prouv
que, mis en tat d'hypnose, un sujet peut ressentir une brlure
et en avoir tous les symptmes si, en approchant un simple
crayon, on lui suggestionne qu'il s'agit d'une tige de fer chauffe
blanc. Inversement, on peut toucher la peau du sujet avec une
pice de mtal chauffe blanc sans qu'il y ait altration des
tissus. Il s'agit l pour les scientifiques d'un miracle ou d'un
phnomne dont on ignore les causes. Il faut donc admettre que
les miracles n'existent en ralit que pour l'ignorant et, soyons
modestes, nous le sommes tous plus ou moins, car moins
d'tre clairvoyant, la simple vue d'un "miracle", il est
impossible de dire s'il s'agit l d'une seule mais nanmoins
puissante suggestion ou si le phnomne a t provoqu par des
intermdiaires spirituels invisibles, comme par exemple dans le
cas de la gurison du lpreux Naaman, et du dplacement de sa
maladie Guhazi, le cupide serviteur du prophte. (2me livre
des Rois - 5)
Miracle vient d'un verbe latin signifiant "s'tonner". Un
connaissant ne s'tonne jamais, et le Christ lui-mme a dit qu'il
ne fallait pas s'tonner de ce qu'il accomplissait. On peut donc
dire qu'il enseignait que les miracles, ou actions non naturelles,
n'existaient pas. Pour les religieux non initis aux arcanes, les
phnomnes extraordinaires accomplis par le Christ ou par tout
autre Avatar sont des signes qui prouvent l'authenticit du
messager. Cela a toujours t ncessaire pour la masse humaine
gnralement ignorante, matrialiste et incrdule. Sa
conscience est endormie et ne voit en principe que l'vnement.
Le connaisseur, lui, sait bien que Dieu vit en toute forme et que
la beaut, l'intelligence et la vie sont en elles-mmes un
perptuel et authentique miracle. Il ne s'tonne donc pas du
pouvoir qu'ont certains hommes divins, et se contente de les
imiter, de les respecter et de les aimer. Cela est tellement vrai
que c'est l'vangile de Jean, le plus sotrique, qui parle le
moins des miracles accomplis par Jsus-Christ, et c'est aussi
l'opinion du patriarche Athnagoras qui dit :
"Pour celui qui sait regarder, tout est miracle."
Le miracle est toujours peru deux niveaux, objectif et
subjectif. Le miracle objectif, dans son aspect phnomnal et
marginal, s'adresse aux sens et au mental. Il tend veiller
l'intrt endormi, briser la tendance matrialiste en veillant
la foi en une force suprme. Mais dans une telle dmonstration,
les adeptes et Avatars le savaient mieux que quiconque, seule
une petite partie d'hommes peuvent tre ainsi sauvs. Les
autres doutent sans cesse, et sont plutt curieux du phnomne
qu'intresss par sa cause. A ceux-l les miracles furent refuss
par le Christ (par exemple aux Pharisiens qui exigeaient de lui
un signe du ciel).
Dans son aspect subjectif, visible uniquement par le sens de
l'me, un miracle est un signe, une indication, un enseignement
que chaque initi se doit d'interprter.
Certains peut-tre croient que les nombreux miracles
accomplis par Sai Baba risquent d'entraver son dveloppement
spirituel. Ils l'assimilent un tre en voie de ralisation, ce qu'il
n'est pas puisqu'il est aussi parfait aujourd'hui qu'il l'tait sa
naissance, et que n'ayant jamais eu de guru, n'ayant jamais pri
ni mdit pour atteindre un tat ou un autre, il est ador dans le
monde entier par les plus grands sadhus, pandits, yogis,
hommes de science, artistes, etc... comme tant la perfection
mme, c'est--dire l'incarnation de tous les accomplissements
ou siddhis. Qui peut se permettre de juger une conscience
divine incarne?
En ce qui concerne le fait qu'un Avatar se proclame Dieu, il
faut admettre que, vu de l'autre ct du voile, un Avatar a ce
droit, car il ressent son identit de nature avec le Dieu absolu, et
aussi parce qu' notre humanit il apparat comme celui qui
s'est approch le plus prs des mystres. Cependant, Dieu,
mme incarn dans un peuple particulier travers un messager,
reste le Dieu unique et absolu, et il n'agit, quoi qu'on en dise,
jamais individuellement comme cela a t crit dans l'Ancien
Testament. Il n'y a jamais eu un Dieu pour Isral, pas plus qu'il
n'y eut un Dieu pour les Egyptiens. La ralit est qu'il n'existe
que des hommes perfectionns jusqu' devenir capables de
recevoir des directives divines de leur propre Soi divin ou
d'tres plus avancs appartenant de plus hautes hirarchies.
Lorsque l'on dit que Mose avait un Dieu plus puissant que les
Egyptiens, on veut dire que les mages (tous n'taient pas dans
ce cas!) d'Egypte avaient perdu le contact avec la source
d'inspiration primordiale que l'on pourrait appeler ici la
Hirarchie plantaire, alors que Mose et les prophtes en
taient des membres reconnus, avec le pouvoir d'utiliser cette
puissance hirarchique au profit d'une cause humaine.
Dieu n'a jamais t dans un camp plutt que dans un autre.
Il se trouve dans le cur de celui qui accomplit sa volont. On
s'tonne souvent de ce qui se passa jadis l'poque de Mose,
allguant que les commentateurs ont srement amplifi les
vnements qui touchrent Mose et son peuple. Il y a peut-tre
un peu de vrai, mais il faut savoir que la puissance d'une Hi-
rarchie de Matres uvrant travers Mose tait capable de
grandes choses, qu'un Avatar lui seul peut accomplir. On a
ainsi mis en doute la nue qui empchait les Egyptiens
d'avancer. A notre poque, Sai Baba a plusieurs fois matrialis
un arc-en-ciel en plein dsert, et l'un d'eux tait mme vertical,
tout cela dans le but de redonner la foi des incroyants.
Certains disent que le passage de la Mer Rouge a t rendu
possible grce l'action des vents et des mares. La chose serait
possible dans un sens mais plus difficile croire aprs puisque
sitt le peuple pass, le vent changea de direction ce qui fut fatal
aux Egyptiens. Sai Baba, au moment de participer la
clbration de son anniversaire, assura que le typhon qui arri-
vait dans la direction de l'ashram, et qui avait dj fait des
ravages n'atteindrait pas l'ashram et il en fut ainsi. Jeune
adolescent, il fit remonter les eaux de la rivire qui tait sortie
de son lit et avait inond le village. Bref, si cela tait ncessaire,
on trouverait aisment dans les actions quotidiennes de Sai
Baba la plupart des miracles mentionns dans notre Bible du
dbut de la fin.
Tout brahmane instruit sait interprter l'injonction vdique:
"ADABD-HANI VARUNASYA VRATANI" (Rig Veda 1-24-10),
"les lois de Dieu ne peuvent tre violes". Un homme ralis n'a
plus d'go ou de volont propre. Par consquent, il ne peut
contrecarrer sa propre nature qui est la loi divine en action dans
son tre essentiel. Seul l'go peut, par dsir ou ignorance, violer
la loi divine et engendrer des effets karmiques ngatifs. Plus que
tout autre, un Avatar suit rigoureusement les lois cosmiques
puisqu'il en est le reprsentant sur terre. Ainsi, les milliers de
matrialisations obtenues par Sathya Sai Baba n'ont qu'un seul
but, celui d'aider les fidles dans leurs preuves quotidiennes, et
finalement leur apprendre se dtacher de tout ce qui forme ce
monde impermanent et donc illusoire.
L'homme en priode d'volution met dans la lumire de son
intellect un certain nombre de lois. Il acquiert de cette manire
une comprhension relative des lois qui gouvernent ce monde.
C'est ce degr de connaissance intellectuelle qui dtermine dans
l'individu sa vision ou comprhension. Et c'est partir de cette
vision qu'il dtermine sa croyance et sa foi, et qu'il spare le
monde en deux :
Ce qu'il croit tre vrai, partir de son exprience personnelle
ou de sa conviction intrieure,
Ce qu'il croit ne pas l'tre.
Le miracle se situe pour cet individu au-del de sa vision et
de sa comprhension du monde. Le problme est qu'au fur et
mesure qu'il volue et exprimente, l'homme largit sa vision, et
alors on peut se poser la question : o se situe le miracle? 18
18 "Les miracles font partie du monde spirituel. Le plus grand de tous est un
miracle moral : l'absence de pch en Jsus. On a dit avec raison que
L'Avatar lui-mme rpond :
" Les manifestations divines de Sai sont appeles "chamatkaara".
Tout fidle devrait tenter d'en interprter le sens et de
comprendre leur raison d'tre. Un phnomne de ce genre
attire, et c'est l une qualit divine, base sur la force de l'atma
(l'me). Comment utiliser cette qualit? Seulement pour le
"samskaara", c'est--dire dans le but de transformer la nature
humaine en nature divine. Le "chamatkaara" est donc un
instrument propre transmuter la nature intrinsque de
l'homme, qui est divine, mais seulement en puissance.
Ce "samskaara" constitue la base de "paropkaara" ou service
rendu autrui sans trace d'go, et sacrifice de soi-mme en vue
d'aider les autres membres de la socit.
La pratique de "parapkaara" vous portera naturellement vers le
but final : ce "sakshatkaara" ou "self-ralisation". Donc, le seul et
unique but du miracle est de vous conduire la ralit ultime.
Pour cela, les quatre tapes sont les sivantes : "chamatkaara",
"samskaara", "paropkaara" et "sakshatkaara". Vous saurez que
les miracles ne sont pas une vulgaire exhibition mais qu'ils sont
en fait des manifestations de la puissance divine, et qu'ils ont un
propos non moins divin, qui ne peut en aucun cas faire de mal
qui que ce soit". 19
l'lment miraculeux de l'Ancien Testament est cette rvlation de Dieu faite
par lui-mme. Les hommes voient confusment travers un miroir assombri,
mais le miroir s'claire peu peu chaque fois qu'un prophte, partant du
point d'arrive de son prdcesseur, y ajoute les dcouvertes spirituelles de sa
propre exprience." (Prophtie et Divination, Editions Payot, 1941)
19 L'Aube d'une Ere Nouvelle, p. 31, Antonio et Sylvie Craxi, Editoriale
Personna, diffusion L'Or du Temps.
Autre part, il dit encore ceci :
"Tous ces faits miraculeux n'ont qu'un seul but, celui de rveiller
la divinit qui est immanente en chaque homme ; mais la plus
grande des siddhis reste "prema", l'amour suprme envers toute
la cration... cet amour parfait, la plus grande des siddhis qui
soit, et dont tout homme est dot, est le seul instrument dont
Dieu se serve pour crer tout ce qui existe."
MIRAGE ET REALITE
L'homme est pourvu de gaines (Koshas), de vhicule ou de
diffrents corps plus subtils que le corps grossier. La conscience
vit et agit travers eux, plus le corps est grossier et proche du
plan physique, plus la conscience est endormie, lourde et peu
spirituelle. Il faut donc que le penseur apprenne transcender
chacune des enveloppes avant de pouvoir se reconnatre et se
fondre dans l'absolu. Une siddhi n'est que le pouvoir de ce
penseur de contrler, de matriser et d'agir sur ou par ces
enveloppes, et de s'en servir comme moyen de perception sur le
plan auquel cette enveloppe correspond.
Le danger est que chaque plan correspond un tat de
conscience, et que cet tat de conscience attire l'individu, lui
faisant oublier l'essentiel, le plan divin. Tout l'enseignement des
sages est bas sur la ncessit de s'veiller la ralit, sans pour
cela s'arrter chacun des plans. Se librer de la maya, du
mirage et de l'illusion, telle est la dmarche essentielle pour
raliser Dieu instantanment. Le Tibtain a expliqu la nature
de ces trois voiles :
"Le Problme de l'illusion repose dans le fait que c'est une
activit de l'me ; c'est le rsultat de l'aspect mental de toutes les
mes en manifestation. C'est l'me qui ne parvient pas voir
avec clart jusqu'au moment o elle apprend dverser la
lumire de l'me dans le mental et le cerveau.
Le Problme du Mirage se rencontre lorsque l'illusion mentale
est intensifie par le dsir. Ce que les thosophes appellent
"Kamamanas" produit le mirage. C'est l'illusion sur le plan astral.
Le problme de Maya est en ralit le mme que celui qui
prcde, auquel s'ajoute l'activit intense se produisant lorsque
le mirage et l'illusion se ralisent sur les niveaux thriques. C'est
cette pagaille (oui, c'est bien le terme que je veux employer)
dans laquelle la majorit des tres humains semblent toujours
vivre. En consquence :
1.Lillusion est d'abord une caractristique mentale,
particulire l'attitude d'esprit des gens plus intellectuels
qu'motifs. Ils ont surmont le mirage tel qu'on le comprend
gnralement. C'est d'une mauvaise conception des ides et des
formes-penses dont ils sont coupables, et galement de fausses
interprtations.
2. Le Mirage est de caractre astral, et, en cette poque, il
est bien plus puissant que l'illusion, tant donn l'norme
majorit de gens qui fonctionnent toujours astralement
3. La Maya est de caractre vital ; c'est une qualit de force.
C'est essentiellement l'nergie de l'tre humain se mettant en
activit sous l'influence subjective de l'illusion mentale, ou de
mirage astral ou des deux combins." 20
20 Trait sur les 7 rayons, vol. II, p. 435-36, A.A. Bailey, Editions Lucis.
Tout au cours de cet essai, je prendrai plusieurs exemples de
siddhis attribues des saints, des adeptes et des matres.
Ceux que j'emprunterai l'Avatar Sai Baba ne sont pas mettre
dans la mme catgorie, car l'Avatar possde la totalit de tout
ce qui est contenu dans ce livre, la diffrence prs que l'Avatar
ne se sert jamais (ou en tout cas trs rarement) d'in-
termdiaires. Je vais maintenant vous donner quelques
exemples de sa grandeur, et ensuite nous poursuivrons notre
tude.
L'AVATAR SATHYA SAI BABA
Sai Baba a rencontr de trs grands saints et yogis indiens,
et partout il fut considr comme un Avatar.
Exceptionnellement accueilli par Sri Ramana Maharshi, Sri
Aurobindo et de nombreux autres librs, Sai Baba n'en reste
pas moins toujours identique lui-mme. Simple, rayonnant de
splendeur, plein d'amour et puissant dans sa matrise des
vnements, Sai Baba se refuse faire de la publicit autour de
son image. Il l'a dit et redit maintes et maintes fois. Les tres
saints qui vivent en Inde savent bien que Sai Baba est l
davantage pour inspirer le Soi de chaque homme que pour avoir
des disciples.
Et sa volont a t respecte, une exception prs peut-tre,
celle d'Aurobindo, le 24 novembre 1926, le lendemain de la
naissance de Sai Baba. Ce jour l, tous les rsidents de l'ashram
furent rassembls pour le darshan, tous mditrent environ
quarante cinq minutes, Aurobindo considra qu'il avait atteint
ce jour en tat de perfection spirituelle, puis il dclara
solennellement la congrgation :
"Aujourd'hui le divin est descendu sur la terre".
Cela ne semble pas une concidence, car Aurobindo a
galement mentionn :
"Le 24 novembre 1926 a eu lieu la descente de Krishna dans un
corps physique... Un pouvoir infaillible guidera la pense, dans
les curs terrestres brille le feu immortel ; mme les multitudes
entendront la voix".
De nombreux autres siddhas ou yogis reconnurent sa
grandeur, tels Muktananda ou Shivananda.
En 1957, la Divine Life Society organisa sa convention qui
devait avoir lieu Venkatagiri. Cette convention allait tre d'une
grande importance dans la mission de rpandre le dharma, car
Sai Baba fut invit la prsider. Etaient prsents des moines
aussi distingus que Sadananda21, Satchidananda,
Atmaswarupananda et Srinivasananda. Dans la foule immense,
quelques savants taient plutt venus pour le provoquer, mais
son discours fut ressenti par tous comme une grande
bndiction, alliant l'humour et l'rudition avec la simplicit et
la beaut du verbe. Swami Sadananda parla mme de
communication avec Dieu. Un clbre pandit (savant) parla
ensuite. Cet homme s'tait rendu fort clbre par son
exceptionnelle rudition en matire de philosophie vdantiste
21 Auteur rput, qui l'on doit le Sanmarga Deepam, le Maha Shakti et des
oeuvres comme des commentaires sur les yoga-sutras de Patanjali.
(on lui doit la traduction en Tlugu des Upanishads, des
Brahmas Sutras et de la Bhagavad Gita). Il avoua tre venu pour
dfier Sai Baba, mais qu'il en repartait difi.
Sai Baba est vraiment un pre cleste, l'aise dans tous les
milieux, connaissant le pass, le prsent et l'avenir de chacun, il
soigne, conseille, rconforte. Il est la libert incarne, qu'il se
trouve avec des pauvres, des riches, des savants ou des sadhus.
Swami Satchidananda rvla qu'aussitt qu'il put parler en
priv Sai Baba, ce dernier voqua une rare vision qu'eut le
swami plus de trente-sept ans auparavant. Il lui conseilla de se
retirer et de poursuivre sa sadhana, lui assurant qu'il
s'occuperait personnellement de sa scurit et de ses besoins. Le
swami fut trs touch et surpris de l'omniscience de Sai Baba
l'gard de son exprience spirituelle.
Lorsque Sai Baba s'en alla en direction de Kanyakumari
aprs la convention, il fut accompagn par Sadananda et
Satchidananda. Sur le sable de la plage, ils eurent la surprise de
voir se matrialiser sous les pas de Sai Baba des grains de
sphatika. Les fidles les ramassrent, il y en avait 84, mais Sai
Baba leur dit qu'il y en avait 108. On recompta, et l'on trouva
effectivement 108. Le japamala (chapelet) fut form et Sai Baba
en fit prsent Sadananda.
Swami Sivananda, de Rishikesh, ayant t inform de la
grandeur spirituelle de Sai Baba, l'invita venir Rishikesh et
lui rserva en effet un accueil trs chaleureux. Dans son
discours, Sai Baba dclara que "bha" signifiait cration, "ga"
protection, et "va" changement ou transformation. Bhagavan,
dclara-t-il, est capable de faire ces trois choses. Pour le plaisir
de tous les fidles runis, il matrialisa d'un geste de la main
une magnifique guirlande de 108 rudrakshas. Puis il produisit
de la vibhouti qu'il appliqua lui- mme sur le front du sage. A
cette poque, la sant de swami Sivananda tait trs fragile, et
pendant leurs entretiens privs Sai Baba lui matrialisa des
fruits et de la vibhouti en guise de mdicaments. Rapidement,
Sivananda retrouva sa pleine sant. Une autre fois, Sai Baba prit
de l'eau du Gange dans ses mains et la transforma en nectar
qu'il donna Sivananda en guise de remde. Sur le chemin du
retour vers son ashram de Puttaparthi, Sai Baba fit arrter
l'autocar peu aprs le dpart et se dirigea sans hsiter (alors
qu'il n'tait jamais venu dans cette rgion) vers un endroit qui
se trouvait prs du Gange et avait pour nom Visishta Guha.
C'tait une grotte clbre. Sai Baba semblait en connatre
l'occupant ; il s'agissait de swami Purushothamananda, disciple
de Brahmananda de l'ordre de Ramakrishna, qui fut initi au
sanyas par Mahapurushji, un autre disciple direct de Sri
Ramakrishna. Ce vieil ascte avait vcu l pendant plus de
trente ans et avait dj plus de soixante dix ans. Aussi
incroyable que cela paraisse, les fidles, qui avaient suivi Sai
Baba, se rendirent compte que le vieux sage tait debout
l'entre de sa grotte, attendant joyeusement la venue de
l'Avatar. Sai Baba lui parla avec omniscience, lui rappelant ses
premiers et difficiles jours d'ascse au milieu des cobras et des
lopards. Sai Baba revint le lendemain, en dpit d'un ciel
orageux prt fondre en averse. L'anxit des fidles fut
cependant rapidement disperse, au mme titre que les nuages
qui se dispersrent par sa grce. Les fidles qui taient dans la
grotte l'entendirent chanter des bhajans, notamment "Sri
Raghuvara Sugana Laya", que swami Kaliknanda, alors pr-
sent, avait toujours eu le dsir d'entendre. Sai Baba matrialisa
quelques friandises et, avec des instructions, les donna l'ascte
pour le gurir de maux d'estomac qui le faisaient souffrir. Il lui
matrialisa galement un chapelet. Mais le plus important
arriva lorsque Sai Baba invita tout le monde sortir de la grotte
et resta seul avec le vieux sage. Sri Subbaramiah, prsident de la
Divine Life Society, tait assis prs de l'entre de la grotte, et
voici ce qu'il vit :
"Baba mit sa tte sur les genoux de Swami Purushothamananda
et s'tendit! Tout coup, son corps tout entier baigna dans une
divine lumire. Sa tte et son visage m'apparurent augmenter
beaucoup en volume. Des rayons de splendeur manaient de son
visage. Je fus submerg d'une inexplicable joie. Il tait environ dix
heures du soir".
Plus tard, lorsqu'on lui demanda de divulguer la vision, Baba nous
informa que c'tait une vision de Jyothir-Padmanabha Quelle
compassion! Quel bienfait incommensurable! Swami
Purushothamananda mourut la nuit du Shivarathri en 1961,
pendant le Lingodbhava Muhurtham." 22
Lorsqu'ils quittrent la grotte, Sai Baba, comme cela lui
arrivait cette poque, s'tendit et abandonna son corps. Plus
tard, il expliqua qu'il avait sauv un grand yogi, et il envoya les
curieux voir Subrahmanyam qui, dit-il, connaissait toute
l'histoire. On rechercha cet individu qui faisait partie du groupe.
Alors, Sai Baba lui demanda ce qu'il avait vu ce soir l
Vasishta Guha. Surpris, celui-ci demanda tout de suite pardon
d'avoir omis d'informer Sai Baba de ce qu'il avait vu : il avait
aperu un corps flottant sur le Gange, mais croyant qu'il
22 Sathyam, Sivam, Sundaram, p. 112-113, vol. I.
s'agissait d'un mauvais prsage, il n'avait pas mentionn
l'vnement pour prserver l'atmosphre sacre de la grotte.
"Baba rit et dit qu'il ne s'agissait pas d'un cadavre du tout, bien
que le yogi concern fut suffisamment mort aux conditions
extrieures pour ne pas se rendre compte de sa situation. Son
corps avait t port par le courant. Il semble qu'il tait assis sur
un rocher prs de la rivire, perdu en dhyana. Le courant avait
sap la terre sous le rocher, et le rocher avait bascul, le jetant
dans le fleuve. "Au dbut, ce fut comme un rve pour lui" dit
Baba. Plus tard, lorsquil s'aperut qu'il tait emport par le
Gange, il commena prier le Seigneur. Baba entendit son appel.
II ramena doucement le "cadavre" flottant sur la rive, quelques
kilomtres au-dessus de Sivanandanagar o se trouvait une
ferme qui pourrait lui donner chaleur et rconfort!" 23
Je tenais prciser tout cela pour montrer qu'en quelques
jours Sai Baba peut manifester toute la gamme des siddhis que
nous tudions. Et cela se reproduit chaque jour de sa vie.
Le Seigneur Bouddha avait de grandes siddhis lui aussi, et il
n'hsitait pas s'en servir (il foudroya un lphant qui le
chargeait par exemple). Lui, comme le Christ ou Sai Baba,
pouvait faire cela, mais il n'apprciait absolument pas les
dmonstrations des siddhis :
"On trouve dans la Kullavagqa, V. 8-1, l'histoire de la coupe en
bois de santal du Setthi de Rajagaha. Il avait fait ciseler une
coupe dans un bloc de bois de santal, puis l'ayant attache en
23 Sathyam, Sivam, Sundaram, p. 113, vol.1.
haut d'une perche de plusieurs bambous, il dclara qu'il en ferait
prsent celui des Sramanas ou des Brahmanes qui pourrait
s'lever en l'air pour la dtacher. Un clbre moine nomm
Pinadala Bharadvaga accepta le dfi, s'leva en l'air et rapporta la
coupe aprs "avoir fait trois fois en l'air le tour de Rajagaha". Les
nombreux assistants l'acclamrent et lui rendirent hommage ; le
bruit en tant venu aux oreilles de Bouddha, celui-ci runit ses
disciples et blma Pindala. "Ceci est mal propos, dit-il, contraire
aux rgles, malsant, indigne d'un Sramana, inconvenant et ne
doit pas se faire... Comme une femme qui se montre pour une
misrable pice de monnaie, vous avez montr au public les
qualits surhumaines de votre pouvoir miraculeux (Iddhi) pour
gagner une malheureuse coupe de bois. Cela ne produit pas la
conversion des inconvertis ni l'avancement des convertis ; mais
plutt cela empche les inconvertis de se convertir et cela fait
retourner les convertis en arrire." Il prescrivit ensuite cette loi
imprative : O Bikkus, vous ne devez pas montrer devant les
laques le pouvoir surhumain de l'Iddhi (Vide, Sacred Books of the
East, voL H, p. 79)" (21)
Le Colonel Olcott, citant le docteur Rajendralla Mitra dans
une note sur les pouvoirs psychiques, crit :
"Tout le monde ne comprend pas que les pouvoirs psychiques
dvelopps qui s'tendent aux degrs sublimes de la vue, de
l'oue, du toucher, de l'odorat, du got et de l'intuition
(prophtique, rtrospective ou actuelle) se rapportent
l'individualit nouvelle, comme les cinq sens ordinaires la
personnalit physique."
C'est ce que nous dmontrerons dans les pages qui vont
suivre24 afin de pouvoir clairement comprendre que les pouvoirs
psychiques ne doivent jamais tre recherchs comme but
puisqu'ils ne sont, rappelons-le, que des consquences de notre
volution et de notre ralisation.
LA SEXUALITE ET LES SIDDHIS
Il existe un grand nombre de moyens pour dvelopper les
siddhis. La concentration en est le tout premier. Elle peut se
pratiquer par la fixation du regard (trtaka), l'un des six
exercices du hatha-yoga. Certains asctes semblent donner la
primeur la sexualit et, considrant toutes les dviations que
cela a pu engendrer, je tiens en dire quelques mots.
La sexualit est de nos jours un grand problme non encore
rsolu dans sa totalit. Ce problme dlicat, seuls le temps, la
comprhension et l'volution des mentalits parviendront le
rsoudre. Les auteurs occidentaux et quelques orientaux ont
abondamment crit sur ce sujet, beaucoup d'erreurs, peu de
vrits ont merg. Il est de bon augure d'affirmer que
l'panouissement de l'homme et de la femme passe par l'acte
sexuel. C'est l faire acte de parti pris et mettre volontairement
24 Il y a cinq sens connus plus deux, le mental et l'intuition. Il y a donc cinq
sens sur cinq plans de manifestation, bien qu'un Avatar, lui, possde la
totalit des sept sens sur les cinq plans. "Chacun des sept plans fondamentaux
(ou couches) de l'espace - en considrant bien entendu ce dernier comme un
tout, comme l'espace pur, selon la dfinition de Locke et non comme notre
espace fini - a sa propre objectivit et sa propre subjectivit, son propre
espace et son propre temps, et est caractris par son propre type de
conscience, et son propre ensemble de sens. " (La Cl de la Thosophie,
H.P.B., p. 104)
de ct les problmes (maladies sexuellement transmissibles,
entre autres) qui en dcoulent, incontestablement plus
nombreux et durables que les instants de plaisir que le sexe
procure. On lit souvent que la sexualit peut apporter beaucoup
la spiritualit. Et l on confond