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maladie localement évoluée, non résécable et non métas- tatique. Les patients ayant une maladie métastatique et qui n’avaient pu avoir une résection complète avaient une survie médiane de 2,1 années. Conclusions des auteurs : Les patients ayant une maladie localisée et réséquée en totalité ont une longue survie à distance. Les malades ayant une maladie non- métastatique mais non résécable ont de façon surprenante une survie également prolongée ; une importante morbi- dité liée au traitement pourrait donc être difficile à justifier dans ce groupe de patients. La courte survie à distance chez les patients ayant une maladie métastatique suggère qu’une surveillance simple, souvent adoptée chez ces patients, est discutable et que l’évaluation de traite- ments régionaux et systémiques utilisant de nouveaux agents est justifiée. Commentaires de la rédaction : Cette série, quoique rétrospective, est remarquable par la qualité de l’analyse de ses résultats. En plus des informations contenues dans le résumé ci-dessus, elle précise l’importance pronosti- que de la résection chirurgicale complète, de la chimio- thérapie (ou chimioembolisation) des métastases hépati- ques, de l’âge (> 65 ans) dans les formes localisées (probablement parce qu’il est un obstacle à une chirurgie extensive), et de l’importance de la masse tumorale dans les formes métastatiques. Pour le chirurgien, la princi- pale diffıculté semble donc être l’appréciation de la « tolérance » du malade à une exérèse complète de la maladie tumorale. S0003394402007915/BRV Hepatic resection for metastatic tumors from gastric cancer Okano K, Maeba T, Ishimura K, KarasawaY, Goda F, Wakabayashi H, Usuki I, Maeta H. Ann Surg 2001 ; 235 : 86-91 Objectif : Évaluer les résultats de la chirurgie des métas- tases hépatiques des cancers gastriques et identifier un groupe de malades au pronostic de survie meilleure. Etat de la question : De nombreuses études ont montré le bénéfice des résections des métastases hépatiques des cancers colorectaux. Le rôle de la chirurgie dans le traitement des métastases hépatiques des cancers gastri- ques n’a pas été clairement défini. Méthodes : Dans une série de 807 malades atteints d’un cancer primitif de l’estomac, 90 (11 %) ont déve- loppé des métastases synchrones (n = 78) ou métachrones (n = 12). Parmi ces 90 malades, 19 ont bénéficié d’un total de 20 résections hépatiques à visée curatives. Les caractéristiques des métastases hépatiques et les résultats des résections ont été analysées. Résultats : Après résection, les taux de survie (actua- rielle) à un, trois et cinq ans étaient de respectivement 77 %, 34 % et 34 %. Trois malades ont survécu plus de cinq ans après l’exérèse hépatique. Les caractères unique et métachrone des métastases étaient associés de manière significative à un meilleur pronostic de survie après résection. La présence d’une pseudocapsule fibreuse entre la lésion et le parenchyme hépatique adjacent était retrouvée chez 13 des 19 malades (68 %). Cette caracté- ristique et le caractère bien différencié des métastases étaient prédictifs d’une meilleure survie après résection. Les caractéristiques de la tumeur gastrique primitive n’avaient pas d’influence sur le pronostic lorsque l’exé- rèse de la tumeur gastrique était curative. Conclusions des auteurs : Les métastases uniques et métachrones des cancers gastriques doivent être résé- quées. Un nouveau facteur pronostique, l’existence d’une pseudocapsule, pourrait être un élément décisionnel dans l’indication d’un traitement adjuvant à la résection hépa- tique. Commentaires de la rédaction: Il faut ajouter à ce résumé quelques chiffres intéressants : 71 des 90 malades (78 %) qui présentaient des métastases hépatiques n’ont pas été réséqués. En effet 24 avaient des métastases péritonéales, 15 avaient des adénopathies métastatiques para aortiques, et 27 des lésions disséminées dans les deux lobes. Dans ce dernier groupe, les auteurs rappor- tent que neuf auraient pu faire l’objet d’une exérèse hépatique à visée curative. Aucun de ces neuf malades n’ont survécu au delà de trois ans. Ces résultats sont à prendre avec des pincettes parce qu’issus de l’analyse d’une très courte série, qui plus est rétrospective. Mais n’est ce pas ainsi qu’est né le concept du rôle potentiel- lement curatif de l’exérèse des métastases hépatiques des cancers colorectaux ? Indication à confirmer par une évaluation prospective, nécessairement multicentrique eu égard à la rareté des cas. S000339440200785X/BRV Preoperative galactose elimination capacity predicts complications and survival after hepatic resection Redealli CA, Dufour JF, Wagner M, Schilling M, Hüsler J, Krähenbühl L, Büchler MW, Reichen J. Ann Surg 2002 ; 225 : 77-85 Objectif : Analyser une série consécutive de 258 hépa- tectomies majeures pour cancer primitif ou secondaire, Revue de presse des Annales 407

Preoperative galactose elimination capacity predicts complications and survival after hepatic resection

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maladie localement évoluée, non résécable et non métas-tatique. Les patients ayant une maladie métastatique etqui n’avaient pu avoir une résection complète avaient unesurvie médiane de 2,1 années.

Conclusions des auteurs : Les patients ayant unemaladie localisée et réséquée en totalité ont une longuesurvie à distance. Les malades ayant une maladie non-métastatique mais non résécable ont de façon surprenanteune survie également prolongée ; une importante morbi-dité liée au traitement pourrait donc être difficile àjustifier dans ce groupe de patients. La courte survie àdistance chez les patients ayant une maladie métastatiquesuggère qu’une surveillance simple, souvent adoptée chezces patients, est discutable et que l’évaluation de traite-ments régionaux et systémiques utilisant de nouveauxagents est justifiée.

Commentaires de la rédaction : Cette série, quoiquerétrospective, est remarquable par la qualité de l’analysede ses résultats. En plus des informations contenues dansle résumé ci-dessus, elle précise l’importance pronosti-que de la résection chirurgicale complète, de la chimio-thérapie (ou chimioembolisation) des métastases hépati-ques, de l’âge (> 65 ans) dans les formes localisées(probablement parce qu’il est un obstacle à une chirurgieextensive), et de l’importance de la masse tumorale dansles formes métastatiques. Pour le chirurgien, la princi-pale diffıculté semble donc être l’appréciation de la« tolérance » du malade à une exérèse complète de lamaladie tumorale.

S0003394402007915/BRV

Hepatic resection for metastatic tumorsfrom gastric cancer

Okano K, Maeba T, Ishimura K, Karasawa Y, Goda F,Wakabayashi H, Usuki I, Maeta H. Ann Surg 2001 ;

235 : 86-91

Objectif : Évaluer les résultats de la chirurgie des métas-tases hépatiques des cancers gastriques et identifier ungroupe de malades au pronostic de survie meilleure.

Etat de la question : De nombreuses études ont montréle bénéfice des résections des métastases hépatiques descancers colorectaux. Le rôle de la chirurgie dans letraitement des métastases hépatiques des cancers gastri-ques n’a pas été clairement défini.

Méthodes : Dans une série de 807 malades atteintsd’un cancer primitif de l’estomac, 90 (11 %) ont déve-loppé des métastases synchrones (n = 78) ou métachrones(n = 12). Parmi ces 90 malades, 19 ont bénéficié d’untotal de 20 résections hépatiques à visée curatives. Les

caractéristiques des métastases hépatiques et les résultatsdes résections ont été analysées.

Résultats : Après résection, les taux de survie (actua-rielle) à un, trois et cinq ans étaient de respectivement77 %, 34 % et 34 %. Trois malades ont survécu plus decinq ans après l’exérèse hépatique. Les caractères uniqueet métachrone des métastases étaient associés de manièresignificative à un meilleur pronostic de survie aprèsrésection. La présence d’une pseudocapsule fibreuse entrela lésion et le parenchyme hépatique adjacent étaitretrouvée chez 13 des 19 malades (68 %). Cette caracté-ristique et le caractère bien différencié des métastasesétaient prédictifs d’une meilleure survie après résection.Les caractéristiques de la tumeur gastrique primitiven’avaient pas d’influence sur le pronostic lorsque l’exé-rèse de la tumeur gastrique était curative.

Conclusions des auteurs : Les métastases uniques etmétachrones des cancers gastriques doivent être résé-quées. Un nouveau facteur pronostique, l’existence d’unepseudocapsule, pourrait être un élément décisionnel dansl’indication d’un traitement adjuvant à la résection hépa-tique.

Commentaires de la rédaction: Il faut ajouter à cerésumé quelques chiffres intéressants : 71 des 90 malades(78 %) qui présentaient des métastases hépatiques n’ontpas été réséqués. En effet 24 avaient des métastasespéritonéales, 15 avaient des adénopathies métastatiquespara aortiques, et 27 des lésions disséminées dans lesdeux lobes. Dans ce dernier groupe, les auteurs rappor-tent que neuf auraient pu faire l’objet d’une exérèsehépatique à visée curative. Aucun de ces neuf maladesn’ont survécu au delà de trois ans. Ces résultats sont àprendre avec des pincettes parce qu’issus de l’analysed’une très courte série, qui plus est rétrospective. Maisn’est ce pas ainsi qu’est né le concept du rôle potentiel-lement curatif de l’exérèse des métastases hépatiques descancers colorectaux ? Indication à confirmer par uneévaluation prospective, nécessairement multicentrique euégard à la rareté des cas.

S000339440200785X/BRV

Preoperative galactose elimination capacitypredicts complications and survival after

hepatic resection

Redealli CA, Dufour JF, Wagner M, Schilling M, HüslerJ, Krähenbühl L, Büchler MW, Reichen J. Ann Surg

2002 ; 225 : 77-85

Objectif : Analyser une série consécutive de 258 hépa-tectomies majeures pour cancer primitif ou secondaire,

Revue de presse desAnnales 407

réalisées dans un centre pendant six ans et étudier lavaleur prédictive de la fonction hépatique préopératoire.

État de la question : En dépit des progrès réalisés dansla démarche diagnostique et les techniques d’exérèse destumeurs du foie, la sélection des malades reste un facteuressentiel à l’obtention de bons résultats postopératoires.

Méthodes : Cette étude, prospective, a porté sur258 patients ayant bénéficié d’une résection hépatique :111 pour métastases, 78 pour carcinome hépatocellulaire(CHC), 21 pour cholangiocarcinome et 48 pour tumeursmalignes d’une autre nature. Cent cinquante huit maladesont bénéficié d’une hépatectomie réglée et 100 ont béné-ficié d’une sous segmentectomie. Trente-deux variablescliniques et biologiques, dont la mesure de la réservehépatique fonctionnelle par le test d’élimination du galac-tose (TEG), ont été analysées dans le but d’ isoler desfacteurs prédictifs de complications ou de décès postopé-ratoires (60 jours) ainsi que la survie à long terme. Toutesles variables analysées étaient établies dans les cinq joursprécédent l’hépatectomie. Ces variables ont fait l’objetd’une analyse unie puis multivariée. Deux sous-groupesont étédistingués selon que les malades étaient atteints deCHC ou d’une tumeur d’une autre nature. Dans ces deuxsous-groupes, la valeur seuil du TEG a été définie avantl’analyse statistique.

Résultats : Pour la totalité des 258 malades, unTEG < 6 mg/min/kg était la seul variable prédictive de lasurvenue d’une complication ou d’un décès postopéra-toire. Un TEG > 6 mg/min/kg était également prédictifd’une meilleur survie. Cette valeur prédictive était aussiretrouvée dans le sous-groupe des 180 malades atteintsd’une tumeur autre qu’un CHC.

Dans le sous-groupe des malades atteints d’un CHC, unTEG < 4 mg/min/kg était prédictif de complications oud’un décès postopératoire. Un TEG > 4 mg/min/kg pré-disait une survie plus longue.

Conclusions des auteurs : Cette étude prospectivedémontre que la mesure de la réserve hépatique fonction-nelle par le TEG est une variable indépendante prédictivedu devenir après résection des malades atteints de tumeurmaligne primitive ou secondaire du foie.

Commentaires de la rédaction : Le test d’éliminationdu galactose avait montré son intérêt dans l’évaluationdu pronostic de survie des insuffısances hépatiques aiguësgraves et des maladies chroniques cholestatiques ou nondu foie. Il n’avait jamais été utilisé pour étudier, àl’ image de la clairance du vert d’ indocianine, la capacitédu foie à subir une exérèse. Le TEG apparaît donccomme un moyen supplémentaire d’affıner les indicationsd’exérèse dans la population (croissante) des maladesayant un CHC, d’ailleurs presque tous (89 % dans cettesérie) atteints aussi de cirrhose.

S0003394402007861/BRV

Prospective study of the antitumor efficacyof long term octreotide treatment

in patients with progressive metastaticgastrinoma

Shojamanesh H, Gibril F, Louie A, Ojeaburu JV, BashirS, Abou-saif A, et al. Cancer 2002 ; 94 : 331-43

Introduction : Les tumeurs endocrines malignes du pan-créas (TEP) ont un mauvais pronostic et les traitementsantitumoraux actuels sont peu satisfaisants. Des étudesrécentes ont montréque les analogues de la somatostatineont un effet sur la croissance des TEP malignes. Cepen-dant, peu d’ informations relatives à l’effet et l’efficacitéde ces traitements existent à propos de la survie despatients ayant un gastrinome malin évolutif, la pluscommune des TEP. Le but de ce travail prospectif étaitd’étudier l’efficacité, la tolérance, et les effets sur lasurvie d’un traitement à long terme par l’octréotide chezdes patients qui ont un gastrinome malin évolutif.

Méthodes : Quinze patients consécutifs, ayant un gas-trinome malin métastasé au foie, ont été étudiés. Tous lespatients ont eu une imagerie conventionnelle (scanner,IRM, échographie et si besoin artériographie sélective) etune scintigraphie aux récepteurs de la somatostatineavant traitement et à intervalle compris entre 3 et 6 moisdurant le traitement. Tous les patients ont été traitésinitialement par 200 µg d’octréotide toutes les 12 h, etensuite ont eu un traitement d’entretien avec de l’octréo-tide retard, 20 à 30 µg tous les mois. La taille et/ou lenombre de la ou les tumeurs ont servi de critère dejugement (réponse tumorale sous forme de stabilisationou régression de la taille des lésions cibles). La réponseau traitement a étécorrélée aux caractéristiques tumoraleset cliniques.

Résultats : Une réponse tumorale a été notée chez huitdes 15 patients (53 %) à trois mois, avec 47 % (sept des15 patients) de stabilisation tumorale et 6 % (un des 15patients) de régression tumorale. La durée moyenne deréponse était de 25,0 ± 6,1 mois (extrêmes : 5,5–54,1mois). Six des huit patients répondeurs l’étaient encore audernier suivi. La réponse tumorale n’était corrélée àaucun paramètre clinique (exemple : extension tumorale,taux de gastrine, taux de sécrétion acide). Cependant, lestumeurs à croissance lente avaient une plus forte propen-sion à répondre au traitement (86 % contre 0 %). Le suivià long terme (4–8 mois) a permis de constater que 25 %des sujets répondeurs étaient décédés contre 71 % desnon répondeurs, soit une différence proche de la signifi-cativité (p = 0,10). Deux patients (13 %) ont développé

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