Préparons-nous son père

Pour fêter le jour de l’an.

J’vas faire de bonnes tourtières,

Un bon ragoût d’l’ancien temps.

C’est dans l’temps du Jour de l’an,

On s’donne la main, on s’embrasse.

C’est l’bon temps d’en profiter,

Ça n’arrive qu’une fois par année!

Peinture ton cutter,Va ferrer ta jument.On ira voir ta sœur,

Dans l’fond du cinquième rang.

C’est dans l’temps du jour de l’an,

On s’donne la main, on s’embrasse.

C’est le bon temps d’en profiter,

Ça n’arrive qu’une fois par année!

Va t’acheter une perruque,Fais-toé poser des dents.C’est vrai qu’tas rien que

moi à plaire,Mais tu serais plus

ragoûtant.

C’est dans l’temps du jour de l’an,

On s’donne la main, on s’embrasse.

C’est le bon temps d’en profiter,

Ça n’arrive qu’une fois par année!

Tu diras à ton oncle Nazaire,De venir au Jour de l’an

Mont’s-y ton savoir-faire,Comm’tu dansais dans ton jeun’temps.

C’est dans l’temps du jour de l’an,On s’donne la main, on s’embrasse.

C’est l’bon temps d’en profiter,Ça n’arrive qu’une fois par année!

Tâche pas de prendre un verre,

Comme t’as fais il y a deux ans.

T’as commencé à voir clair,

Quand on n’avait plus d’argent.

C’est dans l’temps du Jour de l’an,

On s’donne la main,on s’embrasse.

C’est le bon temps d’en profiter,

Ça n’arrive qu’une fois par année!

Y’’en a qui vont prendre un verre,Y’vont profiter de

c’temps-là.Aujour’hui ça coûte

cher,Y’a tant d’monde qui

travaille pas.

C’est dans l’temps du Jour de l’an,

On s’donne la main, on s’embrasse.

C’est le bon temps d’en profiter,

Ça n’arrive qu’une fois par année!

Y’en a qui sentent la pipe,

Et d’autres qui sentent les oignons.

J’aime bien mieux le dire toute suite,

La plupart sentent la boisson.

C’est dans l’temps du Jour de l’an,

On s’donne la main, on s’embrasse.

C’est le bon temps d’en profiter,

Ça n’arrive qu’une fois par année!

Mary Travers (La Bolduc)( 1894 - 1941 )

Auteure, compositrice, musicienne et interprète.

Originaire de Newport en Gaspésie, la Bolduc, véritable phénomène et illustre représentante de l’ère de la Grande Dépression, fut la première vedette québécoise. D’autres, avant elle, avaient chanté les mots d’ici, mais son humour, sa stature, sa détermination, sa langue et sa façon de traiter l’actualité (300 chansons, dont plusieurs dizaines se retrouvent aujourd’hui sur disques compacts), ont fait d’elle la fière pionnière, la mère affirmée de la chanson québécoise.

Jour de l’ANParoles et

musique de Mme Édouard

Bolduc (Mary Travers)

1930