15
Prix Révélation 2014 de la SGDL Chaque automne, les Prix Révélation de la Société des Gens de Lettres célèbrent la création francophone contemporaine et encouragent de nouveaux talents. GRAND PRIX SGDL DU PREMIER ROMAN Fiston Mwanza Mujila, Tram 83 (Métailié) PRIX SGDL DU PREMIER RECUEIL DE NOUVELLES Gaëlle Heureux, Sanglier noir, Pivoines roses (La Table Ronde) PRIX ANDRÉ DUBREUIL DU PREMIER ROMAN Irina Teodorescu, La malédiction du bandit moustachu (Gaïa) PRIX SGDL RÉVÉLATION DE POÉSIE Geneviève Huttin, Une petite lettre à votre mère (Le préau des collines) PRIX SGDL RÉVÉLATION Marc Biancarelli, Orphelins de Dieu (Actes sud) Pauline Dreyfus, Ce sont des choses qui arrivent (Grasset) Olga Medvedkova, L’Education soviétique (Alain Baudry et C ie ) Antoine Wauters, Nos mères (Verdier) Lecture par Serge Renko, accompagné au saxophone par Leandro Guffanti

Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Prix Révélation 2014 de la SGDL

Chaque automne, les Prix Révélation de la Société des Gens de Lettres célèbrent la création francophone contemporaine et encouragent de nouveaux talents.

GRAND PRIX SGDL DU PREMIER ROMAN

Fiston Mwanza Mujila, Tram 83 (Métailié) PRIX SGDL DU PREMIER RECUEIL DE NOUVELLES

Gaëlle Heureux, Sanglier noir, Pivoines roses (La Table Ronde) PRIX ANDRÉ DUBREUIL DU PREMIER ROMAN

Irina Teodorescu, La malédiction du bandit moustachu (Gaïa) PRIX SGDL RÉVÉLATION DE POÉSIE

Geneviève Huttin, Une petite lettre à votre mère (Le préau des collines)

PRIX SGDL RÉVÉLATION

Marc Biancarelli, Orphelins de Dieu (Actes sud)

Pauline Dreyfus, Ce sont des choses qui arrivent (Grasset)

Olga Medvedkova, L’Education soviétique (Alain Baudry et Cie)

Antoine Wauters, Nos mères (Verdier) Lecture par Serge Renko, accompagné au saxophone par Leandro Guffanti

Page 2: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Né à Lumumbashi en République démocratique du Congo, Fiston Mwanza Mujila vit actuellement à Graz, en Autriche. Il est titulaire d'une licence en Lettres et Sciences Humaines à l'université de Lubumbashi. Auteur de recueils de poèmes et de pièces de théâtre, Fiston Mwanza Mujila participe régulièrement à des événements littéraires et artistiques, il a remporté de nombreux prix, dont la médaille d'or des Jeux de la Francophonie, à Beyrouth, en 2009.

Attachez vos ceintures, direction La Ville-Pays, et plus précisément le Tram 83, bar-bordel-théâtre – et pas que ça –, épicentre d’un monde halluciné dans lequel zone, se frôle, s’affole, et s’imbrique un peuple frelaté de creuseurs de mines avides de sexe, de filles-mères (avec ou sans enfants, mais quarante ans minimum au compteur), de canetons aguicheurs (moins de seize ans), de biscottes (jeunes travailleurs de force), de vendeurs d’organes, de zombies, de marabouts, d’enfants soldats, de touristes à but non lucratif… Dans ce premier roman survolté – c’est peu de le dire –, Fiston Mwanza Mujila (par ailleurs poète et auteur de théâtre) s’inspire de sa ville natale de Lumumbashi en République démocratique du Congo, pour brosser une fresque oxymore – lugubre-lumineuse, fétide-régénérante – où les personnages contrastés de Lucien, Requiem, et Ferdinand Malingeau, respectivement écrivain, magouilleur et éditeur, se cherchent, s’affrontent, et expectorent tous les miasmes de l’Afrique au son de rumbas syncopées ponctuées de râles dont on ne sait pas à coup sûr s’ils sont de plaisir ou de souffrance. Mortel cocktail. Par la grâce d’une langue dégondée qui chahute et ravit, ce lieu improbable, siège de toutes les galères et de tous les débordements, se mue en un objet littéraire explosif et brillant. Attention au décollage, turbulences garanties !

Marie Sellier

La SGDL honore non seulement un roman mais également une trajectoire en dents de scie et frappée de solitude par-dessus le marché. De Lubumbashi à Graz j’aboie ou je crie, c’est selon, dans une situation de marginalité littéraire. C’est le paradis puisque mes vociférations et mes hoquets de tuberculeux deviennent intelligibles. Une pensée lumineuse à la Société des Gens de Lettres, à Métailié, ma maison d’édition ; à Pontas, mon agence littéraire ainsi qu’à toutes les personnes et autres damnés qui m’accompagnent depuis Abraham, depuis «Ya» Noé, depuis la sœur Abigaël, depuis le prophète Ezéchiel, depuis le ventre de ma mère.

Fiston Mwanza Mujila

Page 3: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Née à Bourg-en-Bresse où elle vit, Gaëlle Heureux est documentaliste dans un service public. Ses auteurs de prédilection sont Haruki Murakami, Véronique Ovaldé et Annie Saumont. Elle a participé à des concours et envoyé ses nouvelles à des revues avant de publier son premier recueil Sanglier noir, pivoines roses. Début 2015, paraîtra son premier roman, Un destin miniature, aux éditions de la Table Ronde.

Un premier recueil de nouvelles d’habitude pousse à l’indulgence, et puis… et puis vous tombez sur des textes qui vous jettent vers le rire, l’étonnement, et votre œil souvent aveugle, s’ouvre enfin sur « les autres », grâce au regard de Gaëlle Heureux. Quant à l’indulgence, cherchez donc ailleurs que sous sa plume ! Car elle décortique, joue sur le vitriol des situations avec l’acidité de sa langue, elle prend les êtres dans leur vif pour les jeter tout vif encore bien que presque morts, dans une réalité qui leur échappait. Quand on demeure seul après la mort de la parentèle et même celle du chat, dieu merci restent les allumettes ! Quand on rêve de trouver la tête de son ennemie dans la poubelle, il est bon d’avoir « autre chose à faire » le jour où l’on croit l’apercevoir dans les ordures. Et le voisin qui cogne son épouse avec la même constance que lui offrir des fleurs. Et… précipitez-vous chez le libraire !

Christiane Baroche

Le sanglier Barny, la tête de la mercière, l'ex-potamochère et le cochon Jean-Louis se joignent à moi pour vous remercier de ce prix du premier recueil de nouvelles de la SGDL. Merci à l'ensemble du jury, en particulier à Christiane Baroche, merci à Marie Sellier. Remerciements également à Alice Déon et Françoise De Maulde de La Table Ronde pour leur courage éditorial et le soutien qu'elles m’apportent dans cette très belle aventure. Heureuse nouvelle que ce prix !

Gaëlle Heureux

Page 4: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Née à Bucarest, Irina Teodorescu vit à Paris depuis 1998. Elle est graphiste et dirige son agence de communication. Après un recueil de nouvelles (Treize, éditions Émue), elle publie aujourd’hui son premier roman. Irina Teodorescu écrit en français. « S’il y a une chose que j’aime vraiment en France, c’est la langue française. J’ai l’impression de trouver dans ses mots une élégance particulière. Ceci me permet de prendre des libertés sans avoir peur de perdre en élégance, justement. »

Il y a deux points de départ à ce premier roman qui passe la tragédie à la moulinette du comique et inversement. Premières pages et faux début, dans un temps proche mais passé, s’esquisse un couple parental qu’on retrouvera ensuite par intermittence au long du récit. Pour eux, Irina Teodorescu sèche un peu sa phrase, tient la bride au fantasque sans pour autant renoncer au pouvoir des images singulières et des raccourcis décapants. Dans cette pudeur affleure le drame, jusqu’à son éclosion finale. Deuxième entrée en matière et origine du mauvais sort, la rencontre entre un bourgeois moustachu mais sans foi ni loi et un bandit justicier plus moustachu encore, chez un barbier, comme il se doit, quelque part à l’est au début du XXème siècle. Le bourgeois trompe et vole le bandit qui aimait plus que tout les haricots blancs, l’ordre du monde est inversé, et la fameuse malédiction s’enclenche. Avec les éléments d’un drame familial contemporain sur fond de grande histoire jamais à court d’ironie, Irina Teodorescu concocte un texte potion, un mets de mots relevé et savoureux dans lequel même la chair à canon devient chair à conte. Elle part du réel et, telle une enfant jouant à « on dirait que », le tort, l’étire, l’entortille, lui fait sa fête avec une impertinence têtue, un peu sorcière. Rit de tout puisque tout ment : le passé, les clichés, les hommes, puisque l’innocence finira trahie. Face à cela, cette absurdité éprouvante et toujours recommencée, autant fabuler, autant donner du panache à la cruauté et un sens, même loufoque, au malheur. Autant offrir à un deuil impossible ses lettres de légende.

Carole Zalberg

Chers Gens de Lettres, Je vous remercie pour ce prix. Vraiment. Et puisque cette petite phrase (sincère pourtant) ne suffit pas, j’écris ce texte plus long que je ne veux pas écrire, puisque je suis la plus mauvaise élève que l’on ait jamais vu à l’Est. Me voici donc devant ma feuille, tel un âne qui ne veut pas tirer la charrette mais la tire tout de même. Alors… qu’écrire ? Je me trouve dans la chambre de mon ancien appartement parisien, habité aujourd’hui par un jeune couple présent ici parmi nous et je vois par la fenêtre la cour intérieure et le mur gris de l’immeuble en face. Il y avait avant une voisine qui appelait son homme tous les soirs, Daniel, criait-elle et le mur gris résonnait pour que chacun puisse en profiter, Daniel, répétait-elle et Daniel ne venait pas. Je n’étais pas encore en train d’écrire Le Bandit moustachu à cette époque. Elle a peut-être déménagé depuis et Daniel, qui se faisait vieux (et sourd), en est peut-être mort. Non, le bandit je l’ai écrit plus tard, j’avais déjà déménagé, dans un appartement plus grand en banlieue et il faisait chaud et c’était l’été. L’année dernière. Et maintenant, incroyable mais vrai, cette histoire de cette famille qui a peuplé ma maison pendant une saison est imprimée, lue et même primée. Merci ! Irina Teodorescu

Page 5: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Née à Montargis (Loiret) d’un père lorrain et d’une mère d’origine creusoise, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, Geneviève Huttin a enseigné la philosophie avant d’entrer à Radio France où elle a présenté les Nuits de France-Culture (archives) de 1989 à 2014. Poète, elle est aussi l’auteure de récits autobiographiques, de documentaires et d’entretiens pour la radio, elle doit à Mathieu Bénezet la publication de ses deux premiers recueils. Son œuvre littéraire se concentre sur la question de son identité (de lorraine imaginaire), de la langue absente (l’allemand), et de la voix.

« Qui est ma mère au fond / Qui es-tu, wo bist du ? Mom… / D'où vient que je n'ai pas de langue / Pour la tendresse, pour toi » Tel est l'argument que Geneviève Huttin déploie, cherchant à comprendre pourquoi nous sommes « déjà morts avant d'avoir été ». L'origine de cette mère qui semble être « une femme corse » bien que née en Auvergne, ou encore le personnage d'un No japonais des anciens temps, parait brouillée… comme celle de la narratrice. La mère, infirmière, se maria avec un homme pour le sauver plutôt que par amour, il finira par se suicider. Est-ce la raison de son silence ? Et comment avoir une voix quand on fut conçu par un tel couple ? Ce texte, sans doute, cherche à résoudre cette question. Est-ce pourquoi Geneviève Huttin le qualifie de « texte vocal ?». Je préfère dire : une poésie blanche, dont on aurait retiré les effets lyriques, métaphoriques, pour aller au plus nu.

Mathias Lair

Ecrire déplace les choses, et ça se déplace, de la question du suicide du père à la question : "Qui est ma mère?", éclairée par le reflet de l'Evènement. Retour vers une photographie de 1938, à celle qui posait jeune femme dans l'attitude de la pensée. Cette femme qui aurait aimé être une femme qui pense, une Penseuse, et à qui l'impossibilité de penser que la pensée peut quelque chose aura coûté si cher. Car le suicide est bien l'idée que la pensée est plus forte que la mort. Ça se déplace vers la question de la pensée comme une mère abstraite. C'est grâce à cette mère et femme inhibée que l'auteure, sa fille, a fait de la philosophie, de la radio et finalement a écrit.

Geneviève Huttin

Page 6: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Marc Biancarelli enseigne la langue corse dans un lycée du sud de la Corse. Poète, nouvelliste et romancier, il est l'auteur de nombreux ouvrages, la plupart écrits en corse et traduits chez différents éditeurs insulaires. Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012.

Pour ce roman écrit en français au contraire des sept précédents, notre écrivain corse plonge droit dans une histoire de vengeance, conduite d’une main d’acier et d’une plume tout autant. Les meneurs ? Vénérande, la commanditaire, a 19 ans, et la main vengeresse sollicitée, est celle d’Infernu, lequel n’est plus tout jeune… c’est le moins qu’on puisse dire. Lui tue depuis des temps moyennant finances, et elle qui veut la peau de ceux qui ont coupé la langue de son frère, le suit, ou plutôt le précède dans une errance sur les plateaux corses. Pendant ce temps, les… amis de Bonaparte et ceux des Italiens s’en donnent à la gaillarde. Infernu fatigue, Vénérance s’inquiète, très vite s’attache au vieil homme qui s’attache lui aussi. Et les voilà partis dans leur traque, elle ne se presse plus guère, bien obligée d’aller à son rythme. Le temps oscille lentement… Le vieux fatigue. Leur aventure s’achève par un double constat : la vengeance ne donne pas survie à celui qui s’éteint, ni bonheur à celle qui se croit obligée de prendre la suite. Ce roman superbe, oscille de l’histoire de France aux passions déraisonnables, d’une mise à jour d’événements de l’époque, au fil à fil d’une aventure, tendre au bout du compte, le tout au gré d’une écriture, ah nom de nom, tenue en main et gaillardement.

Christiane Baroche

Il faut que tu saches, fille, que nos pérégrinations nous ont valu la reconnaissance de la SGDL, et qu’un Prix Révélation a été décerné à l’auteur pour nos forfaits. Si on nous avait dit ça… Enfin, buter les Santa Lucia aura fait plus d’heureux que ce qu’on avait imaginé. Alors qu’il aille, ce bienheureux, qu’il aille par-delà les mers, et qu’au moins il ait la reconnaissance de remercier tous ces gens, et de graver dans le marbre de la renommée ses sentiments émus et dévoués ! Quant à nous, retournons dans ces pages, et restons-y, en attendant que d’autres lecteurs viennent nous y débusquer. Mais il faut que je te laisse, fille, car j’entends monter les Bleus, et ma carabine est là, à portée de main, prête à chauffer. Et, comme tu le sais, certains hommages ne se reportent pas au lendemain…

L’Infernu (alias Marc Biancarelli)

Page 7: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Pauline Dreyfus est l’auteur de Immortel, enfin (Grasset, 2012, prix des Deux-Magots). Ce sont des choses qui arrivent est son deuxième roman.

Il est, dans ce roman, une micro-scène qui dépeint superbement le dépit et l'amertume de son héroïne. On est en 1945, Natalie de Sorrente, duchesse de son état, toxicomane, qui s'est longtemps ignorée demi-juive, a revu André Mahl qu'elle a aimé naguère sans soupçonner alors qu'il était son demi-frère. Le même soir, comme on lui apprend que son fils Joachim est atteint des oreillons et qu'il risque de devenir stérile s'il n'est pas soigné très vite, elle choisit de « faire confiance à la nature » dont elle est payée, pourtant, pour savoir de quelles gabegies celle-ci est capable. Je connais peu d'exemples d'une telle haine de soi, qui s'exprime à travers le danger qu'une femme fait délibérément courir à son fils. Autant que par son dessein global, la qualité d'une œuvre littéraire se mesure à de tels « détails », motifs presque cachés, pourtant révélateurs de l'essentiel.

Georges-Olivier Châteaureynaud

Recevoir un prix ? Ce sont des choses qui arrivent - ou pas. Mais être distinguée par la Société des Gens de Lettres, c'est à la fois flatteur et encourageant. Que des lecteurs exigeants, indifférents aux modes littéraires et au brouhaha médiatique de l'automne, aient qualifié mon roman de "révélation", c'est un grand motif de fierté. Ce joli mot, qui figurera dans mes bibliographies futures, m'oblige pour la suite. Les jours de doute, de paresse, de désenchantement - et il y en aura bien sûr-, je me le répéterai comme on fait une prière : pour reprendre des forces et continuer à écrire des livres.

Pauline Dreyfus

Page 8: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Né à Liège Antoine Wauters est philosophe de formation, il a publié trois récits chez Cheyne éditeur, dont l’un, Césarine de nuit, a été porté à la scène par la comédienne Isabelle Nanty. Son roman, Nos mères, aux éditions Verdier, finaliste du Prix des Cinq continents de la Francophonie, a reçu le Prix Première de la RTBF. Editeur en Belgique, il est directeur de collection chez Cheyne depuis fin 2013. Scénariste, il a notamment signé Préjudice, un long métrage du réalisateur belge Antoine Cuypers dont les rôles principaux sont tenus par Nathalie Baye, Arno et Eric Caravaca. Sortie en salle en 2015.

Tarek, Mona, Maroun, Moukhtar, et bien d’autres encore. « Diluer nos souffrances en fragmentant nos vies. » Jean parle de lui au pluriel, Jean dit « nous », il dit « nos mères ». Seul le pluriel sauve lorsque la détresse se fait trop forte et qu’alentour, le monde s’effondre. Un pays du Proche-Orient où règne la guerre. Le père est mort, torturé par des miliciens, le grand-père dépérit de faim, la mère, folle de douleur, ressasse sa souffrance tandis que son fils, trop aimé et pour cela détesté, cherche à survivre dans le grenier où elle le tient reclus pour sa sécurité. Mais l’enfermement est le creuset où le jeune Jean se forge un imaginaire salvateur, où il cristallise tout l’amour qu’il porte au pays de son enfance, où il s’invente sans relâche. Cet imaginaire qui se déploie au fil de pages d’une somptueuse poésie constitue un acte de résistance au délitement de la conscience et lui ouvre des espaces intérieurs insoupçonnés. C’est là aussi, dans cette nouvelle dimension de lui-même, que prend forme sa vocation d’écrivain. Les livres, cette « merveille », tout à coup font irruption dans sa vie, ils vont faire de lui « un homme qui dit oui » – quoi qu’il lui en coûte. Et, fil d’Ariane dans le labyrinthe d’un monde où, d’un pays à l’autre, les détresses résonnent en écho, l’amour – Alice ou le pays des merveilles – le fera naître à lui-même, enfin « un » et apte à prendre la vie à bras-le-corps. Ce roman troublant, qui semble aller de la poésie incandescente des origines vers la prose du monde, n’est pas le livre d’une désillusion, bien au contraire. Il décrit un avènement à soi-même au travers des possibilités infinies qu’offre l’éventail des « je ».

Corinna Gepner

Merci à la SGDL de permettre au voyage du petit Jean Charbel de se prolonger encore un peu. Je suis heureux que son cri (d’autant plus violent qu’il est au départ silencieux) ait été entendu. Car cela signifie que la poésie à travers laquelle j’ai essayé de rendre sensible cette relation tendue entre lui et ses mères a, elle aussi, été entendue. Je tiens aussi à remercier mes formidables éditrices chez Verdier et ma compagne Alessandra.

Antoine Wauters

Page 9: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Olga Medvedkova a appris tout simplement le Français à l’école….à Moscou. Elle arrive en France à 28 ans, publie avec deux amis russes un livre sur « l'Art russe (Mazenod). Depuis, elle écrit en Français. Olga Medvedkova a déjà publié : Histoire de Saint-Pétersbourg (Librairie Arthème Fayard, 1996 en collaboration avec Wladimir Berelowitch) ; Kandinsky, le peintre de l’invisible, (Gallimard, Découvertes, hors-série, 2009). Et elle a dirigé des ouvrages collectifs dont : Architectures de guerre et de paix : du modèle militaire antique à l'architecture civile moderne (Mardaga, 2013). Elle est également traductrice (Pouchkine, Kandinsky, Bakst).

L’Education soviétique est un roman palpitant dans la grande tradition romanesque de la Russie, avec ses personnages fous et magnifiques, ces survivants allumés et lucides. Pendant les Jeux Olympiques de juillet 1980, Liza, une jeune fille russe de 15 ans, quitte Moscou pour la campagne avec sa mère. Au cours de ces trois jours loin de la capitale, elle explore la "Russie soviétique profonde", dont les personnages et les paysages ressemblent finalement beaucoup à la Russie "d'avant".... Dans le village de sa famille maternelle, où elle vient pour la première fois, elle rencontre des gens qui tentent de survivre. Liza va découvrir ce qu'elle-même doit cacher pour survivre en s’interrogeant sur ses noms : le nom du père, Klein, juif et émigré, qu’il faudra abandonner, et celui du grand-père maternel, qu’elle doit prendre, plutôt que celui de sa grand-mère maternelle, car ce dernier révèle ses attaches aristocratiques, et cela pour pouvoir recevoir une parfaite éducation soviétique à l’université de Moscou, éducation qui doit être en fait plus que parfaite pour faire oublier le passé, dont les traces sont pourtant là, bien visibles, dans ce village perdu : le château familial d’un côté, ces dissidents lucides et désespérés de l’autre. Etrange aventure loin du monde, pour renouer avec un passé qui ne passe pas, malgré les efforts de la mère pour normaliser sa fille, par amour et prudence. Curieusement, l’histoire de Liza croise la nôtre : n'avons-nous pas nous aussi, et malgré la "liberté", besoin de redonner du sens à nos mots.... Ne vivons-nous pas des vies qui deviennent peu à peu étrangères à ce que nous voudrions être ?

Christine Goémé

Chers Gens de Lettres, Je suis si surprise d’être comprise et prisée, si honorée d’être primée par vous, vieux presque de deux siècles, vous - non pas “écrivains”, non pas “littérateurs”, non pas même “hommes de lettres” - mais Gens de Lettres ! Vous, dont la première publication s’appelait “Babel”. C’est ainsi que se nommait alors Paris : Babylone moderne. Ville où les langues, les gens, les genres se bousculaient. Où se côtoyaient l’étrange et l’étranger. Image de la séparation et de l’orgueil. Mais vous, vous en faites l’image de l’union. Votre Babel est grosse de la Pentecôte. Vous écriviez : « Les Gens de Lettres, – dont la classification a toujours été si difficile, parce que le premier effet de leur profession c’est l’Isolement, – les Gens de Lettres, dont on a cité trop souvent l’existence excentrique, ont compris cependant tout ce qu’ils devaient attendre de l’esprit d’association qu’ils ont si utilement, si longtemps vanté, réglementé dans leurs écrits ; ils se sont associés. » Ainsi ce prix – venant de vous – c’est si gentil, c’est comme une porte ouverte, une main tendue. C’est comme ne pas être seule. Chers Gens de Lettres, chers Gens de L’être, Merci !

Olga Medvedkova

Page 10: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Photo © Mario Guerra

Leandro Guffanti est né à Buenos Aires et vit aujourd’hui à Montreuil. Il commence ses études de saxo avec Hugo Pierre et Andrés Boiarsky, et de musique avec Maria del Carmen Aguilar. Continue son apprentissage à la Scuola Popolare di Musica di Testaccio à Rome, et au Sweelink Conservatotium d’Amsterdam. Il s’installe à Paris en 1994 et rejoint la formation du pianiste cubain Alfredo Rodriguez. Il joue, entre autres, avec Orlando Poleo, Franklin Lozada et Raul Paz, et avec Alain Jean Marie, Hal Singer et Christian Escoudé dans des formations de jazz. Entre 2001 et 2003 il parcourt le monde avec le chanteur de raï Cheb Khaled. Depuis l’année 2000 il joue dans les Tambours du Sud de Minino Garay. En 2006 il crée le Cuarteto Rosamonte avec Carlos Buschini, Martin Brhun et Gabriel Perez et enregistre « Con Palo ». En 2000, il forme à Buenos Aires son propre quartet et enregistre « Once » avec Martin Bruhn, Fernando Silva, Quique Sinesi, Andrés Beewsaert, Jean Pierre Como, Olivier Ker Ourio. En 2012 il forme, avec Fabrizio Fenoglietto, Javier Estrella et Lalo zanelli le quartet Diagonal Sur.

Photo © Stéphane Dussère

Serge Renko a joué au cinéma notamment pour Jean-Pierre Mocky, Andrzej Zulawski, Jean-Claude Biette, Nicolas Boukhrief, Jean-Marc Moutout et plus récemment Valérie Mréjen, Mia Hansen Love ou Benoît Jacquot. Serge Renko a été l’un des acteurs préférés d’Éric Rohmer, pour qui il a joué Les Rendez-vous de Paris, L'Anglaise et le duc, Triple agent et Les Amours d'Astrée et Céladon. Serge Renko a collaboré avec plusieurs metteurs en scène et depuis quelques années se passionne pour les lectures en public. Il a récemment joué au cinéma dans « Les Adieux à la reine » de Benoît Jacquot. Il a également interprété au théâtre « La Mouette » mise en scène par Filip Forgeau et la pièce de Julie Rey « Dans l’ombre des jours » au festival Théâtre en mai de Dijon.

Page 11: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Les donateurs

Depuis sa création, la SGDL attribue de nombreux prix littéraires dotés grâce à des legs d’écrivains, en particulier les fonds Magdeleine Cluzel, Thyde Monnier et André Dubreuil. Christiane Baroche, nouvelliste et membre du Comité, finance depuis 2012 le prix du premier recueil de nouvelles.

Page 12: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Christiane Baroche

Photo © DR

Écrivain, biologiste et chercheur de 1958 à 1999 (principalement à l’Institut Curie), Christiane Baroche affectionne tout particulièrement les nouvelles depuis, dit-elle, la lecture à l’âge de huit ans des Sabines de Marcel Aymé.

En 1975 elle publie son premier recueil Les Feux du large (Gallimard), qui obtient le prix Drakkar, puis, en 1978 Chambres avec vues sur le passé (Gallimard), couronné par le Prix Goncourt de la Nouvelle. Dès lors, elle ne cessera de publier, principalement des nouvelles mais également des romans, tout en poursuivant sa carrière scientifique. Bonjour Gens heureux (Julliard) a obtenu le Grand Prix SGDL de la nouvelle en 1993.

Sociétaire de la SGDL depuis 1984, Christiane Baroche en a été secrétaire générale de 1999 à 2001 et vice-présidente aux affaires littéraires de 2002 à 2006. Parallèlement elle a été présidente du Prix du Jeune Ecrivain (PJE) de 1988 à 2011.

Christiane Baroche a toujours œuvré pour la défense et la promotion de la nouvelle. Depuis trois ans elle a créé, au sein de la SGDL, le prix du premier recueil de nouvelles qui est doté par ses soins.

Page 13: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

André Dubreuil

André Dubreuil, né à Folles le 15 août 1926, décédé à Limoges le 25 janvier 2009, a été instituteur en Dordogne de 1947 à 1953, puis à Paris de 1953 à 1961. Il a ensuite été professeur de français dans les collèges. Il a publié de nombreux cahiers d’exercices et travaux pratiques de rédaction et de lecture destinés à l’enseignement, ainsi que des livres thématiques dans la collection « Thèmes et techniques de l’expression », en particulier des ouvrages sur Le rire, Les animaux, le dialogue et le récit, l’écrit dans la vie active... Il est reçu à la Société des Gens de Lettres en 1980 sous le parrainage de Daninos. Il publie ensuite une série romanesque mettant en scène les enquêtes de trois enfants dans une bourgade du Limousin, pendant la guerre (Les Semeurs de pleine lune, 1995 ; La chevalière d’argent, 1997). Le legs qu’il a fait à la Société des Gens de Lettres est destiné à récompenser un premier roman délivrant un message d’humour, de joie de vivre ou d’optimisme dans une tradition « où s’inscrivent aussi bien Rabelais que Courteline ou Pagnol ». Le prix est remis depuis 2012.

Page 14: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Magdeleine Cluzel

Photo © SGDL

Magdeleine Cluzel est née avec le 20ème siècle (1900-1977). C’était une grande voyageuse, célèbre pour ses récits de voyages autour du monde. Citons : Impressions sur l’Europe, Visions d’Afrique, Au fil de l’eau autour de la terre, Des brumes du Nord aux splendeurs d’Orient. Elle est aussi l’auteur de livres sur l’art, la danse, le mime, ainsi que de l’Essai sur les Scandinaves et l’Islande du Xème siècle. Elle a reçu un nombre impressionnant de prix : Académie française, société de géographie, prix des voyages, prix SGDL aussi ! Le legs généreux qu’elle a fait à la SGDL permet encore aujourd’hui de doter un Grand Prix du roman. Courageuse (les tours du monde pour une femme à son époque ne relevaient pas du voyage d’agrément), soucieuse d’objectivité, sensible partout au sort des populations qu’elle croisait, Magdeleine Cluzel a été un auteur reconnu et admiré. En témoigne ce jugement de 1936 dans les Annales de la Faculté des Lettres et Sciences humaines d’Aix à propos de l’Essai sur les Scandinaves et l’Islande du Xème siècle : « Mme Cluzel est une voyageuse originale: elle a non seulement l'humeur vagabonde, la curiosité de voir du pays et l'intrépidité, mais le spectacle humain l'intéresse autant sinon plus que le spectacle physique ; elle s'efforce de dégager les rapports de l’homme avec la terre qu’il habite et de retrouver dans le présent les vestiges du passé : c’est-à-dire qu’elle anime et nourrit ses impressions de voyage avec les données de l’histoire. »

Page 15: Prix Révélation 2014 de la SGDL · 2017. 10. 18. · Son premier roman, Murtoriu, traduit par Jérôme Ferrari, a été publié aux éditions Actes Sud en 2012. Pour ce roman écrit

Thyde Monnier

Photo © SGDL

Thyde Monnier (1887-1967), Mathilde de son nom de baptême, a connu le succès tardivement, après ses cinquante ans : les sept volumes des Desmichels, publiés de 1937 à 1948, et en particulier Le pain des pauvres, ont fait d’elle une romancière à grand succès, juste revanche sur une vie faite de désillusions, de maladies, de petits métiers et de grandes catastrophes. C’est une femme de caractère, élevée à la dure et trempée par deux mariages violents, qui ne se ménage pas elle-même dans son autobiographie (Moi, quatre volumes) et ses carnets inédits. Ardente féministe, athée déclarée, auteur d’un essai d’orthographe phonétique, refusant les mondanités parisiennes pour vivre à Nice ou à Allauch, gardant rancune à la bourgeoisie mondaine qui l’a humiliée dans sa jeunesse, elle est sans cesse en révolte. Mais elle a su aussi chanter la joie de vivre, la sensualité, les saveurs riches et les paysages exaltants de la Provence, qu’elle aimait à peindre autant qu’à décrire. La Société des Gens de Lettres dote avec son héritage des prix destinés à de jeunes créateurs.