Upload
others
View
2
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
PROCEDURES DE GESTION POST-FRONTIERE DU RISQUE DES PLANTES
NUISIBLES
Division de la Production et la Protection des Plantes
Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
Rome, 2006
Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y
figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou
zones, ou de leurs autorités, ni quant aux traces de leurs frontières ou limites.
Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, mise en
mémoire dans un système de recherche documentaire ni transmise sous quelque forme ou par
quelque procédé que ce soit : électronique, mécanique, par photocopie ou autre sans
autorisation préalable du détenteur des droits d’auteur. Toute demande d’autorisation devra
être adressée au Directeur de la Division d’Information de la FAO, Viale delle Terme di
Caracalla, 00100 Rome, Italie.
© FAO 2006
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
2
TABLE DES MATIERES
AVANT-PROPOS ............................................................................................ 3
REFERENCES ................................................................................................. 5
DEFINITIONS ET ABREVIATIONS ........................................................... 6
OBJECTIF ........................................................................................................ 9
REVUE DE LA GESTION DU RISQUE DES PLANTES NUISIBLES .... 9
1. Définition du contexte de gestion du risque des plantes nuisibles ......... 10
2. Identification des plantes nuisibles candidates pour l’analyse du risque 11
3. Analyse et évaluation du risque des plantes nuisibles ............................ 12
4. Analyse et évaluation de la faisabilité du contrôle concerté ................... 16
5. Détermination des priorités de gestion des plantes nuisibles ................. 18
6. Mise en œuvre des actions du programme de gestion des plantes nuisibles 19
ANNEXE 1 : Exemples d’analyse du risque post-frontière des plantes nuisibles
et de faisabilité des systèmes de contrôle concerté. ................... 21
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
3
AVANT-PROPOS
Les plantes nuisibles causent des impacts significatifs dans les milieux agricoles, naturels et
urbains et affectent ainsi l’économie, l’environnement et la société. Le moyen de gestion le
plus rentable de ces plantes nuisibles est la prévention de leur introduction dans un nouveau
territoire. Les procédures préventives d’évaluation du risque des plantes nuisibles lors du
contrôle des importations aux frontières ont été développées (FAO, 2005) et mises en œuvre
(ex. Pheloug et al., 1999). Pourtant, on trouve dans tous les pays une gamme variée de plantes
nuisibles à différents stades d’invasion (Williams, 2003). Par exemple, l’Australie compte
environ 3000 plantes nuisibles exotiques. Il faut se rappeler que les plantes nuisibles n’ont pas
les mêmes impacts et que les ressources gouvernementales et communales sont limitées pour
contrer de façon coordonnée un nombre limité de ces espèces. Ainsi, il est primordial de
classer les plantes nuisibles par ordre de priorité pour orchestrer un programme de lutte contre
celles qui sont potentiellement les plus nuisibles et qui sont les plus faciles à gérer.
Les chercheurs australiens et new zélandais ont développé un protocole de gestion du risque
des plantes nuisibles au-delà des frontières (HB 294 :2006), basé sur les normes standard de
gestion du risque de l’Australie et de la Nouvelle Zélande (AS/NZS, 2004). Les procédures de
la FAO développées dans le présent document sont basées sur le protocole de l’Australie et la
Nouvelle Zélande. La Gestion du Risque des Plantes Nuisibles (GRPN) implique la définition
des processus et des structures nécessaires pour identifier et appliquer des stratégies de lutte
contre les plantes nuisibles les plus prioritaires. La GRPN au-delà des frontières concerne les
plantes nuisibles déjà introduites dans un pays ou une région ou celles qui risquent de
s’introduire dans un futur proche.
La GRPN au-delà des frontières peut être divisée en six étapes :
- Etablir le contexte de la GRPN en identifiant les objectifs, l’envergure, les parties
prenantes, les ressources, et les méthodes d’analyse.
- Identifier les PN candidates pour l’analyse de risque en préparant au préalable une
liste exhaustive des espèces à considérer puis en appliquant à cette liste un critère
simple de classification pour condenser au maximum cette liste et limiter ainsi
l’analyse de risque à un nombre limité d’espèces.
- Analyser et évaluer le risque des PN.
- Analyser et évaluer la faisabilité d’un control coordonné.
- Comparer les analyses et les évaluations des risques et de la faisabilité des contrôles
des espèces retenues à la troisième étape pour identifier les espèces les plus prioritaires
pour des actions de gestion (ex. prévenir leur introduction, éradication, confinement,
programme de recherche).
- Mettre en œuvre les actions de gestion des PN identifiées à l’étape 5.
Par dessus tout, il est primordial de consulter les personnes ressources et de communiquer
avec les parties prenantes pendant toutes les étapes du processus de GRPN. Le suivi et la
révision périodique du processus de GRPN sont capitaux pour mesurer son efficacité et pour
l’améliorer continuellement, compte tenu des nouvelles informations.
La GRPN au-delà des frontières peut fournir aux législateurs un cadre de décision pour la
gestion des PN au sein du pays (ex. restrictions légales du commerce et du mouvement des
PN les plus redoutables, obligation légale du contrôle de ces PN). De plus, elle permet de
sélectionner les espèces prioritaires pour la recherche et le développement des techniques de
lutte et celles qui sont candidates pour l’éradication.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
4
Cette procédure a été développée par Dr John Virtue de la « Cooperative Research Centre for
Australien Weed Management ».
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
5
REFERENCES
AS/NZS 2004: Risk management. Australian Standard/New Zealand Standard 4360. Third
Edition. Standards Australia International Ltd, Sydney and Standards New Zealand,
Wellington.
FAO 1999: SD Dimensions Global Climate Maps.
http://www.fao.org/sd/EIdirect/climate/EIsp0002.htm
FAO 2002: International Standards for Phytosanitary Measures, Glossary of phytosanitary
terms. Publication No. 5. Rome, Secretariat of the International Plant Convention of
Food and Agriculture Organization (FAO) of the United Nations.
FAO 2005: Procedures for Weed Risk Assessment. Plant Production and Protection Division,
FAO, Rome, 16 p.
Groves, R.H.; Panetta, F.D.; Virtue, J.G. 2001: Weed risk assessment, Melbourne, CSIRO
Publishing.
HB 436:2004 Standards Australia/Standards New Zealand 2004: Risk management guidelines
companion to AS/NZS 4360:2004. (Standards Australia International Ltd: Sydney
and Standards New Zealand: Wellington).
HB 294:2006 National Post-Border Weed Risk Management Protocol (Cooperative Research
Centre for Australian Weed Management: Adelaide and Standards Australia
International Ltd: Sydney)
Morse, L.E., Randall, J.M., Benton, N., Hiebert, R. 2004: An Invasive Species Assessment
Protocol: Evaluating Non-Native Plants for Their Impact on Biodiversity. Version 1.
Nature Serve, Arlington, Virginia.
Myers, J.H., Savoie, A. and van Randen, E. 1998: Eradication and pest management. Annual
Review of Entomology 43, 471-91.
Pheloung, P. C.; Williams, P. A.; Halloy, S. R. 1999: A weed-risk assessment model for use
as a biosecurity tool evaluating plant introductions. Journal of Environmental
Management 57: 239–251.
Randall, R.P. 2002: A Global Compendium of Weeds. RG and FJ Richardson, Melbourne,
Victoria. 906 pp.
Richardson, D.M., Pysek, P., Rejmanek, M., Barbour, M.G., Panetta, F.D. and West, C.J.
2000: Naturalisation and invasion of alien plants: concepts and definitions. Diversity
and Distributions 6, 93-107.
Williams, P.A. 2003: Guidelines for weed-risk assessment in developing countries. Chapter 1.
Research and risk-assessment techniques for improved weed management. In Weed
Management for Developing Countries Addendum 1 (Ed. R. Labrada). FAO Plant
Production And Protection Paper 120 Add.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
6
DEFINITIONS ET ABBREVIATIONS
Note: Etant donné que la GRPN post-frontières n’est pas restreinte aux organismes nuisibles
réglementés, certaines définitions indiquées ci-dessous diffèrent de celles indiquées dans
« International Standards for Phytosanitary Measures » (FAO 2002). Les définitions ci-
dessous sont tirées de la référence (HB 294 :2006), sauf autre indication.
Affectation d’une terre L’objectif principal de l’exploitation d’une terre peut être la
production (ex. agriculture), la conservation, ou les services (ex.
résidence, ressource d’eau).
Analyse du risque Procédure systématique pour comprendre la nature du risque et en
déduire son niveau (AS/NZS 2004).
Appréciation du risque Processus global d’identification, d’analyse et d’estimation du
risque (AS/NZS 2004).
ARPN Analyse du Risque des Plantes Nuisibles.
Conséquence Répercussions ou impacts d’un événement (AS/NZ 2004). Noter
que les répercussions d’un événement peuvent être positives ou
négatives. Dans le contexte de la GRPN, les conséquences globales
d’une PN sont en fonction de ses impacts et de sa distribution
potentielle.
Contrôle concerté Stratégie, souvent gouvernementale, de gestion d’une PN qui tient
compte de toutes ses circonstances et implique la mise en œuvre des
procédures de son contrôle pour un objectif prédéfini (ex.
éradication ou confinement).
Distribution actuelle Aire géographique actuelle où se trouve la PN.
Distribution potentielle Aire géographique pouvant être occupée par une PN sans aucune
restriction de sa dispersion spontanée.
Dispersion Déplacement des propagules dans la nature.
Extension de la distribution géographique d’un organisme nuisible
à l’intérieur d’une zone (FAO 2002).
Dissémination Expansion de la distribution d’un organisme nuisible dans un
territoire (FAO 2002).
L’étendue de la dispersion d’une infestation de PN dans un
territoire est mesurée sur une base de distance ou de superficie.
Enrayement Application des mesures phytosanitaires à un site infesté et à ses
alentours pour prévenir la dispersion d’un organisme nuisible (FAO
2002).
Approche de gestion des PN qui vise la prévention de
l’augmentation de la distribution actuelle des PN en utilisant les
moyens de contrôle appropriés pour réduire la densité des
infestations actuelles et limiter la dispersion des propagules.
Eradication Elimination totale d’une espèce d’un territoire, y compris ses
propagules, dont la recolonisation par cette même espèce est peu
probable (Myers et al. 1998).
Applications de mesures phytosanitaires afin d’éliminer un
organisme nuisible d’une zone (FAO 2002).
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
7
Etablissement Perpétuation, dans un avenir prévisible, d’un organisme nuisible
dans une zone après son entrée (FAO 2002).
Evaluation du risque Processus de jugement de la tolérance du risque sur la base d’une
analyse considérant plusieurs paramètres, tels que les facteurs
socio-économiques, législatifs et environnementaux (AS/NZS
2004).
Evaluation de la probabilité d’introduction et de dissémination d’un
organisme nuisible et des conséquences économiques potentielles
qui y sont associées (FAO 2002).
Exotique Non originaire d’un pays, d’un écosystème ou d’une écozone
particulière (terme utilisé pour des organismes dont l’introduction
intentionnelle ou accidentelle résulte d’une activité humaine) (FAO
2002).
Faisabilité du contrôle Facilité de la mise en oeuvre effective du contrôle concerté d’une
Concerté PN. Plus la faisabilité est élevée plus les ressources exigées pour
mettre en œuvre le contrôle concerté sont faibles.
Gestion des PN Stratégie planifiée sur une longue période qui combine les
procédures préventives et les moyens de lutte contre les PN pour
minimiser la dispersion et les impacts d’une ou plusieurs espèces.
Gestion du risque Moyens mis en œuvre (culture, processus, structures) pour réaliser
des bénéfices potentiels par la gestion des effets indésirables
(AS/NZS 2004).
GRPN Gestion du Risque des Plantes Nuisibles.
Identification du risque Processus de détermination des facteurs favorables à
l’accomplissement d’un risque (nature, lieu, période, origine,
conséquence) (AS/NZS 2004). Dans ce document, ce terme
concerne l’identification des espèces pouvant être candidates à une
analyse de risque.
Impacts Incidences, souvent négatives, économiques, environnementales
et/ou sociales d’une PN. Les impacts sont considérés par unité de
surface (l’effet global d’une PN est fonction de ses impacts et de sa
distribution potentielle). Dans ce document, les impacts d’une PN
ne considèrent pas ses effets utilitaires.
Lutte contre les PN Application des méthodes destinées à réduire la densité et les
propagules d’une infestation de PN, afin de réduire ou apaiser ses
impacts.
Parties prenantes Personnes et organisations pouvant affecter, être affectées ou se
sentir affectées par une décision, une activité ou un risque (AS/NZS
2004).
Plante nuisible Plante considérée indésirable là où elle pousse (FAO 2002).
Plante (pas nécessairement non indigène) considérée indésirable là
où elle pousse et ayant souvent des effets négatifs détectables sur
l’économie, l’environnement et/ou les sociétés (Richardson et al.
2000). Ainsi les plantes nuisibles sont à l’origine des impacts
négatifs.
Plante envahissante Plantes naturalisées ayant des capacités de multiplication et de
dispersion, souvent, élevées (Richardson et al. 2000). Noter que
cette définition ne considère pas les impacts de ces plantes et que
les plantes envahissantes ne sont pas forcément des PN.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
8
Plante naturalisée Plante exotique qui se maintient dans un territoire sans
l’intervention directe de l’homme (ou malgré ses interventions). Les
propagules produites sexuellement ou végétativement (ex. talles,
tubercules, bulbes, fragments) s’établissent le plus souvent à
proximité des plantes mères et sont capables de croître de façon
autonome (Richardson et al. 2004).
PN Plante nuisible.
PN redoutable PN pour laquelle la loi prévoit l’obligation de son contrôle par les
terriens et/ou dont la propagation, la récolte, l’importation, la vente
et la distribution peuvent être prohibés.
Potentiel envahissant Mesure relative du taux probable de dispersion d’une plante
naturalisée. Cet indice est fonction des capacités de l’espèce à
s’établir dans un territoire, se reproduire et se disperser. Apparenté
à la probabilité de dispersion.
Probabilité Description générale de la fréquence d’un événement (AS/NZS
2004).
Propagules Unité discrète de multiplication des plantes par voies sexuée (ex.
graines) et asexuée (ex. bulbes, bulbilles, fragments).
Risque Eventualité d’un événement ne dépendant exclusivement de la
volonté des parties et pouvant causer des impacts (positifs ou
négatifs) sur des objets. Le risque est mesuré en terme d’une
combinaison des conséquences d’un événement et leurs probabilités
(AS/NZS 2004).
Traitement du risque Processus de sélection et d’application des mesures appropriées
pour modifier le risque (AS/NZS 2004). Dans le contexte de la
GRPN, ce terme réfère à l’analyse de la faisabilité du contrôle
concerté et la mise en œuvre d’une stratégie appropriée de gestion
des PN pour chaque espèce considérée.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
9
OBJECTIF
Ce document complète et enrichi un document antérieur « Procédures d’appréciation des
risques des plantes nuisibles, FAO 2005 » qui décrit la prévision des risques des PN pour
renforcer les mesures de quarantaine aux frontières, en considérant les contraintes financières
et techniques. Ce un guide générique peut servir pour développer un cadre de décision de la
GRPN au-delà des frontières. Il indique les principaux facteurs à considérer obligatoirement
dans l’appréciation et la comparaison des : (i) risques des PN établies ou ayant la chance de
s’établir dans un territoire, et (ii) faisabilités de la gestion de ces PN par des programmes de
contrôle concerté. Dans ce document un intérêt particulier est porté à l’analyse des risques des
PN naturalisées, sans considérer les avantages potentiels de ces espèces dans la nature et en
agriculture. Les procédures objectives de résolution du conflit d’intérêt entre l’utilité
économique d’une espèce (culture) et ses impacts négatifs (PN) sont à leur début. Néanmoins,
les espèces utiles ou ayant une valeur économique potentielle ne doivent pas être exclues des
procédures de GRPN.
REVUE DE LA GESTION DU RISQUE DES PLANTES NUISIBLES
La figure 1 illustre les principaux éléments de la GRPN au-delà des frontières. On distingue
six étapes pour déterminer l’ordre de priorité d’une espèce.
1. Etablir le contexte de la GRPN
2. Identifier les PN candidates
3. Analyser et évaluer les risques des PN
4. Analyser et évaluer la faisabilité du contrôle concerté
5. Déterminer les priorités de la gestion des PN
6. Mettre en œuvre les actions de gestion des PN
Co
nsu
ltat
ion
et
com
mu
nic
atio
n
Su
ivi
et r
évis
ion
Figure 1 : Diagramme de gestion post- frontière du risque des PN (HB 294 : 2006)
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
10
La consultation et la communication sont vitales tout au long du processus de GRPN pour
garantir la compréhension, la participation et le soutien des parties prenantes (bénéficiaires et
bailleurs de fonds) qui sont susceptibles de devenir les défenseurs du processus global et des
décisions prises (ex. PN candidates pour un contrôle concerté). Il est conseillé de faire appel à
une équipe consultative tout au long du processus de GRPN pour disposer rapidement d’une
information abondante et fiable. De même, il est fortement recommandé de constituer un
comité de pilotage, formé des représentants des parties prenantes, pour gérer tout le processus.
Le contrôle et la révision de chaque étape du processus de GRPN sont indispensables pour
s’assurer de leur validité et pour garantir l’atteinte des objectifs poursuivis. La qualité des
résultats attendus (ex. liste des PN prioritaires) dépendra des compétences technique du
personnel impliqué dans le processus et des méthodes retenues. Il est capital d’enregistrer
toutes les données relatives à chaque étape du processus pour rapporter les méthodes de prise
de décision et permettre les contrôles interne et externe du processus. En effet, tout doit être
enregistré (hypothèses, méthodes, sources des données, analyses, résultats, justification des
décisions prises) (AS/NZS 4360 :2004).
Le processus de GRPN doit être révisé périodiquement (ex. tout les cinq ans) pour s’assurer
que les priorités et les méthodes employées demeurent valables. En effet, il faut tenir compte
du développement des techniques d’analyse des risques, de la modification de la flore, de
l’amélioration des moyens de contrôle des PN, et des modifications des systèmes
d’exploitation des terres et des ressources disponibles pour la gestion des PN.
1. Définition du contexte de gestion du risque des plantes nuisibles Objectif Champ d’action géographique et nature du milieu
Parties prenantes Politique et législation
Disponibilité des ressources Résultats attendus Méthodes d’appréciation des risques et de la faisabilité
Gestion du projet
La réunion des parties prenantes au démarrage du processus de GRPN est indispensable pour
définir les principaux paramètres de gestion des risques, identifier les résultats attendus et
juger le niveau de difficulté du processus. Il faut s’accorder sur les processus d’appréciation à
utiliser et former un comité de pilotage du projet.
L’objectif de la GRPN doit être explicite. Il peut être spécifique (ex. choisir une espèce à
éradiquer) ou général (ex. classer les PN selon leurs méthodes les plus appropriées de
gestion).
Le champ d’action géographique (ex. local, régional, national, international) et la nature
du milieu (ex. agricole, naturel, urbain) doivent être identifiés. Dans ce qui suit, on utilisera le
terme territoire pour désigner l’étendue géographique du projet.
Les parties prenantes seront identifiées selon l’objectif poursuivi et le territoire visé. Elles
doivent être impliquées dans tout le processus, mais leur apport est particulièrement important
dans la définition du contexte. Potentiellement, elles peuvent représenter les gouvernements et
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
11
leurs autorités de gestion des PN, l’industrie agricole, les groupes communautaires, les
organisations scientifiques, les agriculteurs, et les éleveurs.
Les politiques et les législations en vigueur, relatives aux PN, représentent des opportunités,
des contraintes et des obligations pour la gestion des PN. En effet, la GRPN peut, par
exemple, établir des exigences légales de contrôle d’une espèce en s’appuyant sur les lois en
vigueur, ou développer et appliquer un code de conduite pour les professionnels du secteur
pour prévenir les risques associés aux PN.
La disponibilité des ressources pour déclencher le processus de GRPN et appliquer un
programme de gestion des PN candidates doit être analysée. Les ressources englobent les
moyens financiers, les données, la littérature scientifique, les expertises, le temps, et le
soutient des parties prenantes.
Toutes ces considérations permettront de définir de façon claire et tangible les résultats
attendus du processus de GRPN. Par exemple, on peut s’attendre à moyen terme à une
réduction de 10% de l’aire de distribution de cinq PN prioritaires dans une région au bout de
10 ans. A court terme, le résultat attendu serait par exemple la rédaction d’un rapport
technique au bout de la première année du projet pour dresser la liste des PN prioritaires pour
le programme de contrôle concerté dans cette région.
Les parties prenantes doivent se mettre d’accord sur les méthodes envisagées pour apprécier
les risques des PN et la faisabilité du projet de gestion de ces PN, avant de commencer
l’analyse de la liste des PN candidates. Les contributions de toutes les parties prenantes
doivent être identifiées, reconnues et considérées dans le choix des méthodes. Une distinction
claire entre l’utilisation d’un système d’analyse de façon routinière ou de développement
minimise les erreurs potentielles inhérentes.
La création d’un comité de pilotage du projet garantie le bon fonctionnement du processus de
GRPN. En plus des représentants des parties prenantes, ce comité doit posséder une expertise
dans les domaines de l’écologie, le contrôle et la gestion des risques des PN. Ce comité doit
définir le schéma général de gestion du projet, le rôle de chacun, les responsabilités des
intervenants, les tâches des diverses parties, et les dates d’échéance de chaque étape.
2. Identification des plantes nuisibles candidates pour l’analyse du risque Liste des PN actuelles Nouvelles PN détectées
Revue des incursions probables Sélection des espèces pour les analyses ultérieures
La préparation de la liste des PN concernées par le processus de GRPN est indispensable.
Dans certains cas on peut se référer aux listes préparées préalablement dans d’autres contextes
(ex. liste des PN les plus redoutables) pour affranchir rapidement cette étape du processus.
Toutefois, lorsque l’objectif du projet est d’établir la liste des PN les plus redoutables et
d’identifier les stratégies appropriées de leur gestion, cette étape nécessite une attention
particulière pour sélectionner les PN candidates.
La liste des PN actuelles est préparée à partir des listes publiées et des données botaniques
relatives aux plantes naturalisées dans le territoire concerné par la GRPN. Il faudrait enquêter
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
12
les parties prenantes sur les PN à considérer dans le processus de GRPN. Cette enquête
favorise la consultation et la communication avec tous les intervenants du processus.
A partir du moment que l’objectif du projet est l’éradication des PN nouvellement introduites,
la détection de ces espèces dans le territoire prospecté est vitale. Cette activité implique une
revue de la littérature relative aux nouvelles plantes naturalisées et la consultation des
habitants du territoire ayant une expérience reconnue dans la reconnaissance des plantes. Dans
tous les cas, l’identification des PN doit se confirmer par un botaniste avant d’entreprendre
une recherche bibliographique approfondie sur le sujet. D’ailleurs, il faut reconnaître que
l’investissement dédié à la surveillance du territoire, pour détecter rapide les nouvelles
incursions, est une partie intégrante de la GRPN.
Dans le cas où l’objectif de la GRPN est la prévention de l’introduction et/ou de
l’établissement de nouvelles PN dans la zone d’étude, la revue des incursions éventuelles
s’impose et concerne les plantes nuisibles ou pouvant le devenir et les PN naturalisées aux
alentours de la zone d’étude et ayant une forte chance de s’y introduire. Il faut considérer, en
plus, les cultures de la zone d’étude qui sont potentiellement nuisibles, telles que les plantes
ornementales.
La sélection des plantes pour les étapes ultérieures du processus de GRPN doit se limiter à un
nombre restreint selon une méthode approuvée par le comité de pilotage du projet. Les
critères de sélection des espèces dépendront de(s) objectif(s) poursuivi(s). Par exemple, si
l’objectif est d’établir une liste des espèces à éradiquer, il faut exclure toutes les espèces ayant
une distribution étendue ; si l’objectif est de classer les PN par ordre de nuisance, le comité
peut sélectionner les espèces naturalisées dans la zone d’étude depuis quelques décennies et
qui n’ont pas été directement visées par les actions de lutte contre les PN. Randall (2002) a
publié des listes internationales des PN qui peuvent servir dans la sélection des plantes
candidates pour la poursuite du processus de GRPN, mais il faut considérer les raisons qui ont
guidé ce chercheur dans son travail.
3. Analyse et évaluation du risque des plantes nuisibles Identifier les actions de lutte contre les PN en vigueur Identifier les critères de mesure du potentiel envahissant des PN
• Etablissement
• Reproduction
• Dispersion
Impacts des PN
• Compétitivité pouvant amener à l’exclusion d’autres plantes
• Réduction du rendement/biomasse d’autres plantes
• Réduction de la qualité des produits/services
• Restriction de la circulation des hommes et/ou des animaux
• Atteinte à la santé humaine et/ou animale
• Altération du fonctionnement normal des écosystèmes
Distribution potentielle
• Similitude du climat
• Tolérance des sols
• Terres sensibles aux invasions biologiques
Calcul de l’indice de risque
Evaluation des risques des PN
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
13
L’analyse du risque des PN (ARPN) est l’utilisation des critères techniques standard pour
déterminer la nuisance relative de différentes espèces. En général, l’analyse de risque
compare la probabilité et les conséquences de l’accomplissement d’un événement pour
évaluer l’étendue des dégâts engendrés (AS/NZS 4360 :2004). Plus particulièrement, pour
l’ARPN, l’événement est l’incursion d’une nouvelle PN dans un territoire. L’évaluation du
potentiel envahissant d’une PN permet d’appréhender sa probabilité de s’introduire dans un
nouveau territoire. Les conséquences des PN envahissantes sont corrélées avec la nature de
leurs impacts et les zones affectées par ses incursions (distribution potentielle). En définitive,
les paramètres les plus importants dans l’ARPN sont leurs potentiels envahissants, leurs
impacts et leurs distributions potentielles.
Les potentialités des espèces sont évaluées, pour chaque critère de l’ARPN, dans les
conditions actuelles de gestion des PN qui peuvent affecter ou non les PN d’intérêt. On
suppose qu’aucune intervention gouvernementale n’est envisagée. D’ailleurs, il est important
d’identifier les pratiques actuelles de lutte contre les PN dans la zone d’étude (ex.
herbicides, labour, moyens physiques). Pour évaluer la faisabilité du contrôle concerté des PN
d’intérêt, il faut considérer le coût et l’efficacité des moyens de lutte contre ces espèces.
Les risques de certaines PN peuvent varier selon les méthodes d’exploitation des terres ou
selon les écosystèmes, à cause des différences des régimes de perturbation, de la disponibilité
des ressources et des pratiques de lutte contre les PN. Par conséquent, il est souhaitable
d’évaluer les risques des PN pour chaque mode d’exploitation des terres.
Le potentiel envahissant est un indice relatif de la vitesse de dispersion des espèces. Sa
mesure directe est difficile et nécessite beaucoup de temps. Les trois facteurs clés de cet
indice sont :
1. Aptitude d’établissement : les espèces aptes à s’établir instantanément dans une
végétation dense, telles que une culture à un stade avancé ou une forêt dense, sont
considérées des PN à haut risque. Celles qui s’établissement surtout après une
perturbation intense de la végétation, telles que un feu, un labour, une sécheresse ou
un surpâturage, sont considérées des PN à faible risque.
2. Capacité de reproduction : plus cette capacité est élevée, plus le risque des PN est
élevé. Les trois paramètres sous jacents de la capacité de reproduction sont : la durée
de la période juvénile (germination - maturité sexuelle), le nombre de semences
produites (ex. semences/m2/année), et l’importance de la multiplication végétative (ex.
bulbes, tubercules, drageons, rhizomes, stolons).
3. Capacité de dispersion : les espèces produisant des propagules (semences ou organes
de multiplication végétatives) capables de se déplacer sur des longues distances sont
considérées des PN à haut risque. La capacité de dispersion dépend des modes de
dispersion de chaque espèce, de la fréquence de cet événement et des distances de
déplacement des propagules. Les modes de dispersion considérés sont le vent, l’eau,
les animaux (ex. insectes, oiseaux, fourmis, bétail), et les activités humaines (ex.
agriculture, commerce, moyens de transport).
Les impacts considérés sont d’ordres économique, environnemental et social. Ces impacts
négatifs sont souvent associés à la définition des PN. Il est souvent difficile d’évaluer le
montant économique de ces impacts, à cause du manque de données relatives à plusieurs PN
et des difficultés inhérentes à l’analyse économique de la productivité des milieux naturels.
De ce fait, il est plus facile de se concentrer sur les types d’impacts des PN et leurs ordres de
grandeur. Les impacts sont considérés par unité de surface et leurs ordres de grandeur sont
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
14
souvent corrélés avec la densité ou l’abondance des PN. La somme des impacts potentiels est
fonction des impacts et de la distribution potentielle des PN. Pour simplifier le calcul, on peut
considérer cette somme comme étant le produit des impacts par unité de surface et de la
surface totale infestée. Les six facteurs clés des impacts des PN sont :
1. L’exclusion d’autres plantes : les PN qui affectent significativement l’établissement
des plantes désirables (ex. cultures, espèces pastorales, végétation indigène) par la
compétition et l’allélopathie sont considérées à haut risque. Dans des situations
extrêmes, certaines PN peuvent former un peuplement mono spécifique.
2. Réduction du rendement/biomasse d’autres plantes : cette réduction résulte de la
compétition des PN avec les plantes désirables. Elle peut se traduire par une réduction
de la récolte (ex. grains, fourrage, fruits, bois) ou de la biomasse des plantes indigènes.
3. Réduction de la qualité des produits/services : on peut citer comme exemples la
contamination du lait et de la viande des animaux d’élevage, la coloration de l’eau
potable, la contamination des grains, du foin et de la laine par les semences des PN, la
détérioration des infrastructures routières et des bâtiments. Pour les systèmes naturels,
l’impact le plus inquiétant est la réduction de la biodiversité (raréfaction ou extinction
des plantes indigènes). Cette atteinte à la biodiversité des systèmes naturels handicape
les efforts de conservation de la nature et déprécie la valeur du paysage.
4. Restriction de la circulation : elle peut concerner la circulation de l’eau dans les
milieux naturels ou artificiels, des personnes (ex. piétons, automobilistes, navigateurs),
et des animaux (ex. accès du bétail aux pâturages et à l’eau, migration des animaux
sauvages). Les PN qui forment des peuplements vigoureux, denses et épineux sont
considérées à haut risque pour ce facteur.
5. Atteinte à la santé de l’homme/animaux : il faut considérer les risques
d’empoisonnement (ex. toxines), d’allergie (ex. pollen) et de blessures (ex. épines).
6. Perturbation du fonctionnement des écosystèmes : les fortes densités des PN peuvent
affecter significativement le fonctionnement normal d’un écosystème par le feu (ex.
fréquence et intensité), le niveau de fixation de l’azote, la disponibilité de l’eau et son
utilisation, la sédimentation du sol ou son érosion, et la salinisation des sols. De plus,
les PN peuvent être l’habitat et/ou la source de nourriture de certains ennemis des
cultures (ex. ravageurs). Certaines sont reconnues comme étant des hôtes alternatifs
des ennemis des cultures (ex. ravageurs, pathogènes).
Le déclin de la vigueur et l’abondance des animaux, résultant de l’interférence des PN avec
les plantes désirables n’est pas considéré séparément puisqu’il est corrélé aux facteurs 1 et 2
cités ci-dessus.
Le critère de distribution potentielle considère l’aire totale pouvant être occupée par une PN
si elle s’établie et se disperse sans aucun contrôle. Plus cette distribution est large plus le
risque de cette espèce est élevé. Cette distribution potentielle peut s’exprimer en termes de
surfaces en risque (ex. hectares), de proportion de la région en risque (%) ou de proportion
des terres exploitées en risque (%). Elle est idéalement prévue à l’aide des outils de
modélisation du climat et des cartes d’occupation des terres, élaborées par les systèmes
d’information géographique (SIG). Trois facteurs clés sont à considérer dans l’évaluation de
la distribution potentielle d’une PN :
1. Similitude du climat : les logiciels de modélisation du climat, tel que CLIMEX,
peuvent fournir ne bonne estimation des aires favorables pour l’établissement d’une
espèce. Les données exploitées sont déterminées à partir d’un ensemble de sites
représentatifs des milieux où se trouve l’espèce considérée à l’état indigène ou
naturalisé dans tous les pays du globe. Par défaut, la distribution potentielle d’une
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
15
espèce peut être évaluée à l’aide des cartes disponible par comparaison de sa
distribution actuelle à travers le monde et des sites de la zone d’étude ayant un climat
similaire (FAO, 1999). La précision de la modélisation prévisionnelle du climat est
très variable, à cause du manque des données sur la distribution actuelle des PN, aux
modèles utilisés et à la négligence des autres facteurs pouvant affecter la distribution
des espèces (ex. compétition et ennemis des plantes). La distribution potentielle d’une
espèce peut être surestimée pour celles qui sont normalement confinées aux habitats
humides, tels que milieux riverains et marécageux.
2. Tolérance des sols : la combinaison des préférences édaphiques et climatiques d’une
espèce peut améliorer la précision de la prévision de sa distribution potentielle. Cela
suppose l’existence des cartes de caractérisation des sols de la zone d’étude et la
connaissance des préférences édaphiques de l’espèce en question.
3. Occupation des sols : Les PN envahissantes et leurs impacts diffèrent selon les modes
d’exploitation des terres et les écosystèmes, à cause des différences de la disponibilité
des ressources et des régimes de perturbation des terres. En définitive, les cartes
d’occupation des sols, de caractérisation des sols et de similitude du climat sont
primordiales pour raffiner la prévision de la distribution d’une PN.
Pour les PN des milieux aquatiques, souvent la pluviométrie est négligée dans la prévision de
leur distribution potentielle. Seules la température est considérée dans l’analyse du climat. De
même, la tolérance des sols est souvent négligée. Toutefois, les données géographiques
relatives aux ressources d’eau de surface (ex. rivières, marécages, canaux, estuaires) peuvent
être d’une grande utilité pour mieux préciser l’étendue de l’aire risquée. De même, certaines
données hydrologiques (ex. salinité, profondeur et clarté de l’eau) peuvent améliorer la
précision des prévisions.
Le niveau des risques des PN est calculé en combinant les trois critères du cadre de décision
(potentiel envahissant, impacts et distribution potentielle). Souvent, il s’agit d’un système
d’analyse semi-quantitatif pour le calcul d’un score relatif des risques encourus. Des exemples
de systèmes utilisés sont indiqués dans l’annexe 1. Dans le choix d’un système, il est
important de respecter un cadre logique de réponse aux questions invoqués et de système de
notation. De même, il est important de soumettre à l’arbitrage les choix effectués pour les
valider avant de les appliquer. Dans tous les cas, cette démarche devrait être transparente et
objective autant que possible pour garantir la répétitivité des résultats obtenus.
L’ARPN est idéalement menée par une équipe multi-disciplinaire d’experts pour assurer une
plate-forme étendue de savoir et maximiser le consensus sur les réponses aux questions
soulevées par les différents critères de l’ARPN. Idéalement, l’équipe d’experts sera (ou aura
des relations étroites avec) le comité de pilotage du processus d’ARPN, formé des
représentants des parties prenantes. Ceci renforce la transparence du processus et facilité
l’adoption des résultats obtenus. Les sources d’information sur les espèces étudiées incluent
les livres et les journaux scientifiques spécialisés, les flores, les résumés du CAB, et les bases
de données du WEB (consulter la liste exhaustive indiquée dans la référence HB 294 :2006).
L’expérience pratique et les observations des professionnels de l’agriculture et de la nature
sont extrêmement utiles dans l’ARPN dans une zone d’étude, particulièrement quand les
informations publiées sont quasi-absentes.
Les décisions et le classement de chaque PN pour chaque critère devraient se fonder sur des
références de la littérature scientifique spécialisée. Ainsi, les méthodes appliquées permettront
de limiter le poids des opinions personnelles des évaluateurs et de réduire les erreurs
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
16
potentielles de jugement. De plus, cette démarche assure une grande transparence, une
répétitivité de l’analyse et une meilleure diffusion de la démarche et de ses résultats auprès
d’autres projets d’ARPN. Toutefois, dans certaines situations particulières (ex. espèces, zones
d’étude), les experts seront plus sollicités que la revue de littérature pour analyser et
interpréter les données disponibles. Un niveau d’incertitude (ex. Robertson et al., 2003)
devrait être considéré, de façon séparé, pour le calcul du risque des PN. Dans le cas où
plusieurs questions demeurent sans réponses, les espèces concernées seront considérées
prioritaires pour la surveillance et/ou la recherche. Ainsi, leur analyse sera reconduite au
moment opportun.
Les risques des PN sont évalués par la catégorisation des scores calculés en niveaux de
risques (ex. faible, moyen et élevé). Le nombre de catégories devrait refléter le degré de
certitude de l’ARPN. Les grilles des scores des différents critères de l’analyse devraient être
arrêtées durant l’élaboration du contexte du processus d’ARPN. En effet, l’élaboration des
grilles scores après l’ARPN peut biaiser les résultats. Du reste, le comité de pilotage peut
évoquer des réserves sur les performances du système d’ARPN utilisé (ex. classement
inattendu de certaines PN), la sous estimation de la valeur perçue de l’occupation de certaines
terres ou de certains sites, et/ou des contraintes légales ou politiques relatives à des espèces
particulières. Tout changement du classement des espèces résultant del’ARPN devrait être
justifié et documenté pour sauvegarder la transparence de la prise de décision.
4. Analyse et évaluation de la faisabilité du contrôle concerté Identifier les méthodes de contrôle des PN visées Distribution actuelle
• Délimitation de la superficie infestée
• Nombre des infestations
• Accessibilité aux infestations
Coût du contrôle
• Détectabilité
• Traitement des infestations
• Implication des exploitants des terres
Durée de l’opération
• Efficacité du contrôle ciblé
• Reproduction durant le contrôle ciblé
• Longévité des propagules
• Dispersion tout au long de l’opération de contrôle
Calcul du score de faisabilité
Evaluation de la faisabilité du contrôle concerté
L’objectif du programme de contrôle concerté est l’éradication ou le confinement d’une PN
dans la zone d’étude, à travers la localisation et le traitement des infestations et la restriction
de la dispersion des propagules. Ceci ne peut s’effectuer de manière satisfaisante que dans un
cadre réglementaire (ex. loi relative aux PN redoutables). En termes économiques simples, le
coût total du programme de contrôle concerté est fonction de l’étendue de la surface infestée,
des coûts annuels de contrôle par unité de surface, et du nombre d’années nécessaires pour
atteindre le niveau de contrôle souhaité. Souvent, les données quantitatives pour réaliser ces
calculs sont absentes. L’évaluation de la faisabilité du contrôle concerté doit s’appuyer sur
trois facteurs clés : la distribution actuelle de l’espèce visée, les coûts et la durée du contrôle.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
17
Les PN sont évaluées, pour chaque critère de faisabilité, en fonction de leurs réponses à des
mesures spécifiques de lutte. Les méthodes de contrôle des PN sont précisées (ex. types
d’herbicides, doses préconisées et techniques d’application) pour évaluer leur efficacité et
leurs coûts dans l’analyse de la faisabilité du contrôle concerté.
La distribution actuelle correspond à l’étendue totale des infestations actuelles. La
cartographie de la distribution actuelle de l’espèce visée dans la zone d’étude est
indispensable pour préciser ce critère de l’analyse de faisabilité du contrôle concerté. Plus la
taille et le nombre des infestations sont réduits, plus le contrôle concerté serait faisable. Trois
facteurs clés sont à considérer :
1. Superficie totale infestée : elle est délimitée par toutes les plantes connues et englobe
toutes les infestations identifiées. Elle concerne toutes les terres de la zone d’étude où
l’espèce est établie. Il faut considérer dans le calcul de la superficie totale infestée, les
superficies où l’espèce est plantée (ex. champs, jardins résidentiels, parcs publiques).
En effet, dans certains cas, les plantations intensives pour des raisons commerciales ou
d’aménagement du paysage augmentent considérablement la superficie totale infestée.
L’aire infestée peut être exprimée en hectares ou en pourcentage de la zone d’étude ou
des terres exploitées.
2. Nombre des infestations : il faut identifier les infestations selon les différents sites de
la zone d’étude. Ces infestations peuvent être localisées dans des sites de types
différents ou ayant des statuts juridiques contrastants. Elles peuvent être très éloignées
l’une de l’autre et séparées par des barrières géographiques ou physiques (ex. rivières).
Plus le nombre des infestation est élevé, plus l’effort déployé serait grand (ex.
déplacement du matériel, concertation avec les propriétaires).
3. Accessibilité des infestations : il faut considérer le temps nécessaire pour se déplacer
entre les infestations de la zone d’étude et la facilité de ces déplacements pour
exécuter les actions projetées. Le temps nécessaire pour effectuer les déplacements
entre les infestations peut être estimé à partir du calcul de la distance maximale entre
ces infestations. Quant à la facilité des déplacements entre ces infestations, il faut tenir
compte de l’état et la nature des chemins empruntés (ex. pente, revêtement, végétation,
barrières naturelles ou artificielles).
Les coût du contrôle englobent les dépenses relatives à la cartographie de l’espèce visée, le
traitement des infestations et l’implication des propriétaires de la zone d’étude. Trois facteurs
clés sont à considérer :
1. Détectabilité de l’espèce visée : les PN difficiles à repérer nécessite plus d’effort de
cartographie. La détectabilité est fonction des facilités de localiser les nouvelles
infestations et les individus à l’état végétatif dans les infestations connues. Ces
facilités dépendent de la visibilité de la cible par rapport à la végétation de la zone
d’étude (ex. sa vigueur et la chronologie de son cycle biologique). Plus ces facilités
sont faibles, plus la faisabilité du contrôle concerté est faible.
2. Traitement des infestations : ces traitements (ex. herbicides, moyens physiques)
représentent la part du lion des coûts du programme de contrôle concerté. En effet,
certaines PN nécessitent des traitements répétitifs pour les achever. Il faut considérer
ici les coûts opératoires et des matériels. Dans le cas des écosystèmes naturels, il faut
considérer que la lutte nécessite beaucoup de main d’œuvre pour limiter les dommages
non intentionnels.
3. Implication des exploitants des terres : le contrôle concerté des PN s’appui sur la
coopération et l’implication des exploitants affectés par le projet (ex. propriétaires des
champs infestés). L’atteinte de cet objectif exige des fonds pour la vulgarisation, la
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
18
formation, l’encouragement des exploitants, et la gestion de ces actions. La facilité de
la motivation des les exploitants et leur coordination dans un programme dépend des
occupations des terres et des régions, selon particulièrement la capacité financière de
ces exploitants d’appliquer les mesures de contrôle.
La durée du programme de contrôle concerté est un indice de la période nécessaire pour
atteindre les objectifs poursuivis. Plus cette période est longue, plus le coût de l’opération est
élevé et la faisabilité est faible. La réponse des PN est évaluée durant la mise en œuvre du
programme de contrôle concerté (distinction de l’évaluation du potentiel envahissant de
l’ARPN). Quatre facteurs clés sont à considérer pour la durée du programme de contrôle
concerté :
1. Efficacité du moyen de contrôle choisi : noter si le traitement dont le coût a été estimé
dans lu rubrique « traitement des infestations » est en mesure d’élimer tous les
individus de l’infestation traitée. Une efficacité < 100% peut se justifier par la
tolérance ou le rétablissement de certains individus ou par une application non
satisfaisante du traitement.
2. Reproduction des individus des infestations contrôlées : certains individus des
infestations traitées réussissent à se reproduire sexuellement ou végétativement en
dépit du programme de contrôle concerté.
3. Longévité des propagules : ce paramètre est un facteur déterminant de la durée du
programme de contrôle concerté pour éradiquer définitivement une PN. Il faut
considérer ici les propagules sexuées et asexuées.
4. Dispersion : la faisabilité de la restriction de la dispersion d’une PN est faible si elle se
disperse principalement par les moyens naturels et/ou si elle continue d’être plantée
(ex. agriculture, horticulture, foresterie, aménagement du paysage). Quant l’attitude du
public favorise sa multiplication pour ses valeurs commerciales, agricoles ou
esthétiques, les programmes de contrôle concerté seront fortement handicapés.
Les principes du calcul du score de faisabilité du contrôle concerté et de son interprétation
pour évaluer la faisabilité de ce contrôle concerté sont similaires à ceux évoqués dans
l’appréciation et l’évaluation des risques des PN. L’annexe 1 comprend des exemples semi
quantitatifs de système de notation et de classement de la faisabilité du contrôle concerté.
5. Détermination des priorités de gestion des plantes nuisibles Comparer les risques des PN et la faisabilité du contrôle concerté Identifier les espèces prioritaires pour les programmes de gestion
La comparaison des risques des PN et de la faisabilité du contrôle concerté permet de
classer par ordre de priorité les PN pour les différentes actions de traitement (figure 2). Un
tableau avec un nombre limité de classes est souhaité quand l’incertitude de l’analyse est
élevée. Un compromis est à faire entre l’assurance de la qualité de l’analyse et le besoin de
distinguer clairement les espèces pour faciliter la sélection des espèces prioritaires pour les
programmes de gestion.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
19
Faisabilité du contrôle concerté
Négligeable Faible Moyen Elevé
Négligeable Pas d’action Pas d’action Pas d’action Surveiller
Faible Améliorer la
gestion des PN
Améliorer la
gestion des PN
Surveiller
Améliorer la
gestion des
PN
Surveiller
Protéger les
sites
prioritaires
Moyen Appliquer un
traitement
Appliquer un
traitement
Protéger les
sites
prioritaires
Prévenir les
entrées
Limiter la
dispersion
d’une région à
l’autre Ris
qu
es d
es P
N
Elevé Appliquer un
traitement (y
compris la lutte
biologique)
Appliquer un
traitement (y
compris la lutte
biologique)
Protéger les
sites prioritaires
Prévenir les
entrées
Empêcher la
dispersion
d’une région à
l’autre
Prévenir les
entrées
Eradication à
l’échelle de la
région
Figure 2 : Exemple de matrice de gestion post-frontière de risque des PN avec des
suggestions des actions envisagées (HB 294 :2006).
Les espèces prioritaires pour le programme de gestion sont généralement celles classées dans
la catégorie de risque la plus élevée. Toutefois, au sein d’une catégorie de risque, le choix
d’une action de gestion en fonction des PN appartenant à cette catégorie n’est pas
automatique. Il dépendra largement du contexte initial du processus de GRPN (objectifs, zone
d’étude, ressources, résultats attendus). Par exemple, une agence gouvernementale peut
investir dans la recherche (ex. lutte biologique), la vulgarisation et les programmes de
confinement ou d’éradication. Un comité régional peut être chargé uniquement des espèces
candidates pour les programmes régionaux de confinement ou d’éradication (figure 2).
6. Mise en œuvre des actions du programme de gestion des plantes nuisibles Préparer et exécuter les plans des traitements
A ce stade, il faut faire la transition de la planification stratégique à la planification
opérationnelle pour mettre en œuvre les programmes du contrôle concerté. Ces programmes
implique la quarantaine, la surveillance, le renforcement du contrôle, la recherche, et la
vulgarisation selon les moyens disponibles et le contexte du processus de GRPN. Les plans de
traitement précisent la démarche de mise en œuvre des actions de gestions des PN et devraient
définir les actions proposées, les besoins en financement, les budgets, les responsabilités, la
programmation du travail, les mesures des performances (ex. surveiller le progrès du projet
par rapport aux échéances importantes), la rédaction des rapports, et la communication des
procédures et des résultats (AS/NZS 4360 :2004 ; HB 436 :2004).
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
20
Dans certains cas, plusieurs PN peuvent subir la même action de gestion. La planification
opérationnelle de cette action de gestion devrait combiner les efforts déployés pour garantir la
meilleure utilisation des ressources du programme de gestion. Ainsi, il faut identifier les
conflits opérationnels potentiels et les résoudre avant de passer à l’action.
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
21
Annexe 1 : Exemples d’analyse du risque post-frontière des plantes nuisibles
et de faisabilité des systèmes de contrôle concerté.
Noter que la publication de ces systèmes a précédé la rédaction du document actuel.
Champion, P.D. and Clayton, J.S. 2000: Border control for potential aquatic weeds. Stage 1.
Weed risk model. Science for Conservation. No. 141, 44pp. (New Zealand
Department of Conservation: Wellington)
Cunningham, D.C., Woldendorp, G., Barry, S.C. and Burgess, M.B. 2004: A framework for
prioritising sleeper weeds for eradication. Weed Technology 18, 1189-1193.
Hiebert, R.D. 1997: Prioritizing invasive plants and planning for management. Assessment
and Management of Plant Invasions. (Eds J.O Luken and J.W. Thieret) (Springer-
Verlag: New York) 195-212.
Panetta F.D. and Timmins S.M. 2004: Evaluating the feasibility of eradication for terrestrial
weed incursions. Plant Protection Quarterly 19(1), 5-11.
Robertson, M.P., Villet, M.H., Fairbanks, D.H.K, Henderson, L., Higgins, S.I., Hoffmann,
J.H., Le Maitre, D.C., Palmer, A.R., Riggs, I., Shackleton, C.M. and Zimmerman,
H.G. 2003: A proposed prioritisation system for the management of invasive alien
plants in South Africa. South African Journal of Science 43, 1-7.
Thorpe, J.R. and Lynch, R. 2000: The determination of Weeds of National Significance.
(National Weeds Strategy Executive Committee, Launceston).
Timmins, S.M. and Owen, S. J., 2001: Scary species, superlative sites: Assessing weed risk in
New Zealand's protected natural areas. Weed Risk Assessment (Eds. R.H. Groves,
F.D. Panetta and J. G. Virtue). Ch. 18, pp. 217-227. (CSIRO Publishing:
Collingwood, Australia).
Virtue, J.G., Groves, R.H., and Panetta, F.D. 2001: Towards a system to determine the
national significance of weeds in Australia. In 'Weed Risk Assessment', pp. 124-150.
(Eds. R.H. Groves, F.D. Panetta and J.G. Virtue). (CSIRO Publishing: Collingwood,
Australia.)
Virtue, J.G. 2005: SA Weed Risk Management Guide. (Department of Water Land and
Biodiversity Conservation, Adelaide, South Australia). www.dwlbc.sa.gov.au
Walton, C. (in preparation). Risk assessment of pests in Queensland. (Department of Natural
Resources, Mines and Energy, Brisbane).
Weiss, J. and McLaren, D. 2002: Victoria's pest plant prioritisation process. Thirteenth
Australian Weeds Conference: Papers and Proceedings (Eds. H. Spafford Jacob, J.
Dodd, and J.H. Moore). pp. 509-512 (Plant Protection Society of Western Australia).
Williams, P.A. and Newfield, M. 2005: Testing the weed risk assessment system for new
conservation weeds in New Zealand. DOC Research and Development Series 225
(New Zealand Department of Conservation, Wellington). www.doc.govt.nz
Procédures de gestion post-frontière du risque des plantes nuisibles/
22
Pour plus d’information, prière contacter :
Par courriel : Ricardo Labrada ([email protected]) Service de Protection des Plantes
Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO)
Via Delle Terme di Caracalla, B-756 00100 Rome, Italie Fax: + (39) (06) 57056347 Site Web: http://www.fao.org/WAICENT/FAOINFO/AGRICULT/AGP/AGPP/IPM/Weeds/Default.htm http://www.fao.org/WAICENT/FAOINFO/AGRICULT/AGP/AGPP/IPM/Web_Brom/Default.htm