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IUFM de Bourgogne Concours de recrutement : professeur des écoles Production et enregistrement d’un script par des élèves de cycle III. LAUFERON Anne-Cécile Directrice de mémoire : Madame Chéritel. Année 2004 n° de dossier : 04_03STAOOO46

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IUFM de Bourgogne

Concours de recrutement : professeur des écoles

Production et enregistrement d’unscript par des élèves de cycle III.

LAUFERON Anne-Cécile

Directrice de mémoire : Madame Chéritel.

Année 2004

n° de dossier : 04_03STAOOO46

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

1. PLACE DE L’ORAL DANS NOTRE SOCIETE

A) Savoir s ‘exprimer : une nécessité depuis l’antiquité.

B) « Dire c’est agir ».

2. PLACE DE L’ORAL A L’ECOLE

A) L’oral : un produit tardif de la culture scolaire

B) Qu’est-ce que l’oral ?

C) L’oral dans les programmes.

D) Ce qui rend l’enseignement de l’oral difficile.

3. QUEL ORAL ENSEIGNER ? COMMENT ?

A) Les genres oraux à enseigner.

B) La place de l’enseignant dans l’enseignement de l’oral.

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C) Construire une séquence sur l’oral.

4.MISE EN PLACE D’UNE SEQUENCE POUR TRAVAILLERL’ORAL : LA PRODUCTION D’UN SCRIPT.

A) Qu’est-ce qu’un script ?

B) Présentation de ma séquence.

C) Pourquoi le choix du script ?

D) Les conditions d’expérimentation.

5. ANALYSE DE PRATIQUE

CONCLUSION

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INTRODUCTION

Dans notre société, le langage oral tient une place prépondérante. En effet, il permet decommuniquer et communiquer dans notre société c'est essentiel.

Nous exprimons nos sentiments, nos impressions, nous défendons nos idées, nousrencontrons des personnes, nous échangeons avec elles, nous nous ouvrons sur lemonde, nous nous affirmons...grâce à la parole. Dire, nous le verrons dans la premièrepartie du mémoire, c’est agir. Une simple phrase, un seul mot peut provoquer l’hilaritéou le chagrin de celui qui les écoute. L’oral, le contact par la parole avec l’autre est trèsprésent dans notre vie quotidienne. Ne serait ce que l’achat d’une baguette de pain :celui-ci donne très souvent lieu à un échange verbal.

Le langage étant essentiel dans notre société, il n’est pas étonnant que la maîtrise de lalangue soit au centre des apprentissages de l’école. L’an passé en tant que pré-recrutéeen CLIS, je me suis rendue compte que la non maîtrise du langage oral entraînait desproblèmes de toute sorte chez les élèves. Les enfants qui avaient des difficultés pours’exprimer à l’oral ne parvenaient pas à rentrer dans l’écrit. Certains, frustrés de ne paspouvoir se faire comprendre, utilisaient la violence pour prouver aux autres (et à eux-mêmes ) qu’ils existaient malgré tout. D’autres, se réfugiaient dans le mutisme ou semettaient à pleurer quand leur interlocuteur leur demandait de répéter encore ce qu’ilsvenaient de dire. La maîtrise du langage oral est un accès au monde extérieur, auxautres. Privé de ce moyen de communiquer, l’enfant se renferme sur lui-même etévolue en marge de la société puisqu’il ne peut s’y intégrer.

Cette prise de conscience de l’importance de l’oral à l’école m’a conduite à réfléchirplus particulièrement aux moyens qui pourraient être mis en œuvre afin de travailler lelangage oral dans les classes. Je me suis interrogée sur les supports possibles et j’aichoisi de travailler l’oral à travers la production écrite et orale d’un script.

Ma problématique sera donc la suivante :

Comment à travers l’élaboration d’un script amener les élèves à jouer etenregistrer leurs productions .

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1. Place de l’oral dans notre société.

A) Savoir s’exprimer : une nécessité depuis l’Antiquité

Depuis l’antiquité, bien parler apparaît comme une nécessité. En effet Aristote yenseignait déjà la rhétorique : « l’art de persuader et de bien dire ». Il s’agit deconvaincre un auditoire par un discours construit et dit efficacement. Maintenue auMoyen Age comme une étude des méthodes de l’éloquence, c’est seulement à laRenaissance que la rhétorique s’oriente plus nettement vers les formes des artspoétiques. Sous l’influence des Jésuites, elle gagne une place grandissante dansl’enseignement. Aux XVIII et XIX èmes siècles, c’est une discipline scolaire à partentière. La classe de première s’appelle alors la classe de rhétorique.Au début du XXème siècle, la rhétorique est supplantée par de nouveaux procédésd’analyse de style : la stylistique. L’art du discours à donc vu le jour il y a des siècles. Bien parler était déjà perçucomme une forme de pouvoir pour celui qui réussit à manipuler les mots de manière àinfluencer puis convaincre son auditoire. L’art du discours est toujours présent. On sesouvient à ce propos des « discours fleuves » d’Hitler qui ont rassemblé tout un peuplederrière un homme.

Nous pouvons aussi noter l’intérêt de philosophes comme Platon pour la parole, ledialogue.Platon voit dans le dialogue la possibilité de sortir son auditeur de l’ignorance et del’erreur. Dans bon nombre de ses dialogues écrits philosophiques, Platon met en scènedeux personnages : Socrate et un interlocuteur. Socrate grâce à un discours construit, àdes questions réfléchies amène l’autre à la vérité. Cette méthode que Platon assimile àun art d’accoucher les esprits de la vérité qu’ils portent en eux sans le savoir estappelée la maïeutique.

Actuellement encore, nous baignons dans une société de l’oral.La radio, la télévision nous communiquent des informations, nous font réagir, nousdistraient grâce aux images (TV) et aux paroles qu’elles diffusent.

Grâce au langage, nous pouvons communiquer avec d’autres personnes. Nous tissonsdes liens affectifs. Nous échangeons, nous partageons des impressions, des sentiments.Nous pouvons exprimer nos doutes, nos joies, nos peines. Parler pour un grand nombrede personnes est salvateur. Ce besoin pour l’homme de parler, on le retrouve au centred’une science qui utilise le langage oral comme moyen de thérapie : la psychanalyse.La parole, le fait de dire des choses qu’on refoule parfois très loin au fond de nous,peut soigner des blessures profondes ou du moins peut permettre de comprendrel’origine de notre mal-être.Sans forcément parler de psychanalyse, la rencontre avec l’autre, l’échange avec lui,nous apporte toujours quelque chose : une émotion, une information qui seront peut

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être vite oubliées ou au contraire ancrées pour longtemps dans notre mémoire.Quoiqu’il en soit l’échange avec l’autre nous construit et fait évoluer notrepersonnalité .

B) « Dire c’est agir »

Chaque jour nous sommes amenés à parler avec divers interlocuteurs pour des raisonsvariées. Cette communication avec l’autre à une fonction. Il faut le convaincre,l’émouvoir, le pousser à agir. Selon le linguiste Jakobson, toute énonciation impliquel’autre. Le locuteur veut faire réagir l’interlocuteur. Catherine Kerbrat-Orecchionipropose un schéma montrant les paramètres qui rentrent en jeu dans la communication.

Compétences linguistiques Compétences linguistiqueset para linguistiques et para linguistiques

encodage décodageEMETTEUR -------------------- MESSAGE-----------------RECEPTEUR

Compétences idéologiques Compétences idéologiqueset culturelles et culturelles

Déterminations psychologiques Déterminations psychologiques

Contraintes de l’univers Contraintes de l’univers du discours du discours

L’intérêt de ce schéma par rapport à d’autres plus anciens et plus connus comme celuide Jakobson est qu’il semble plus complet. C.Kerbracht Orecchioni souligne le fait queles interlocuteurs pour se comprendre doivent disposer de compétences culturelles àpeu près semblables, se référer à des systèmes d’interprétation du monde assezproches.(compétences idéologiques)Elle montre aussi que les individus ont des motivations psychologiques parfoisdifférentes au moment de la discussion et cela joue un rôle important dans leurcommunication.

En ce qui concerne les contraintes de l’univers du discours C. Kerbracht Orecchionimontre que les locuteurs ne sont pas libres de dire tout ce qu’ils veulent dire. Ils sontobligés de tenir compte des conditions concrètes de la communication : âge, nombre,niveau des interlocuteurs, espace où se produit l’interlocution...Les locuteurs doivent

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également tenir compte du caractère rhétorique du discours qu’ils doivent produire :discours scientifiques, blagues de comptoirs...

La communication est un processus qui paraît complexe à expliquer. Pourtant nousnous exprimons chaque jour. A chaque fois que nous parlons nous impliquons notreinterlocuteur, nous agissons sur lui. Certains énoncés ont d’ailleurs la valeur d’un acte.Ce sont les énoncés performatifs. Leur énonciation accomplit l’action qu’ils expriment.Ainsi l’expression « Je te baptise » prononcée par le curé au moment du baptêmeréalise par son énonciation l’acte de baptiser. Le pouvoir de transformer la parole enactes n’est pas donné qu’aux sorcières et à leur formules magiques. Il appartient aussi àcertaines personnes, notamment dans le domaine religieux, juridique, et politique.C’est le pouvoir du juge par exemple qui utilise la sacramentelle formule, « je déclarela séance ouverte » au tribunal.

Le langage oral à une place importante dans notre société. Il n’y a pas si longtemps, lesconteurs d’histoires vagabondaient encore à travers villes et campagnes en racontantrécits et légendes. Le langage oral a une place essentielle dans la société. Chaque journous communiquons. Chaque jour nous parlons et nous écoutons les autres locuteurs.Par notre discours nous influençons l’autre ou nous sommes influencés par lui.

Maintenant que nous avons vu la place importante de l’oral dans la société, nous allonsvoir la place qui lui est réservée à l’école.

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2. Place de l’oral à l’école.

Tout le monde s’accorde pour reconnaître l’importance de l’oral dans notre société etpourtant : A) L’oral : « un produit tardif de la culture scolaire ».

Commençons par les années soixante : jusqu’à cette période le terme « oral » n’est pasmentionné dans les plans d’études, ni dans les Instructions Officielles, ni dans lesmanuels. On parle alors surtout du « parler » des élèves. Les instituteurs ont pourmission d’amener les élèves à parler le français correctement c’est à dire en respectantles normes du français écrit. Il s’agit d’enrayer l’usage des différents patois et autreslangues qui sont alors encore utilisés en France. Les français doivent parler tous lamême langue qu’ils soient de Bretagne ou d’ailleurs.A cette époque, en classe, l’oral se réduisait à la récitation. Les élèves apprenaientleurs leçons par cœur. L’évaluation était basée sur la qualité de la récitation. Cetexercice fait travailler deux aspects de la rhétorique : l’élocution ( élocutio) et larécitation (mémoria). Il faut se souvenir du texte et le dire avec le ton attendu.

La leçon d’élocution part le plus souvent d’un texte donné, lu ou entendu. Le but de laleçon est de comprendre le texte à travers une reformulation orale aussi précise quepossible. Le travail porte donc prioritairement sur les contenus et leur formulation ainsique sur la correction de la langue. Il n’y a pas de production orale longue de la part desélèves. Ici apprendre à parler consiste à apprendre à produire des phrases correctes,bien faites, toujours dans le même schéma d’échange verbal : interrogation-réponse-évaluation. L’élocution est alors un exercice secondaire par rapport à la rédaction ou àla composition.

La leçon de récitation est d’abord comme le dit Buisson dans Le dictionnaire depédagogie de 1883 « l’exercice spécial de la mémoire ». Dans une récitation, il ne fautpas hésiter ni bafouiller : « tous les élèves ne savent pas non plus réciter ; ils ânonnent,ils psalmodient, ils courent sur les mots pour avoir plus vite fini. Une récitation, c’estune lecture sans livre. Si elle n’a pas toutes les qualités de débit que devrait avoir lalecture, elle est insuffisante. » Le travail sur la parole de l’élève est orienté clairementvers les normes de l’écrit.

En fait le langage oral dans les classes est alors dominé par les normes de l’écrit.Durant cette période apprendre à écrire et à parler ne veut pas dire communiquer avecd’autres mais apprendre les formes correctes de la langue qui permettent d’exprimerune pensée claire.

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Ainsi les Instructions Officielles de 1938 montrent bien cette idée : « Apprendre àécrire, comme apprendre à parler, c’est apprendre à penser. » C’est la pensée qui estvisée à travers la langue. Qu’elle soit écrite ou parlée, la langue n’est que latranscription de la pensée.

L’enseignement de l’oral comme domaine propre du français ne s’installe qu’avec larénovation de l’enseignement du français autour des années soixante-dix.. A propos de l’enseignement du français on trouve dans Le Plan de Rénovation de 1970la phrase suivante : « L’objet de l’enseignement du français est l’usage et ledéveloppement des moyens linguistiques de la communication ; il s’agit de rendrel’enfant capable de s’exprimer oralement et par écrit .(...) L’enfant doit être capable decomprendre ce qui est dit et écrit. »On retrouve l’influence de la linguistique structurale qui insiste à l’époque sur laprimauté de l’oral par rapport à l’écrit. Le Plan de Rénovation parle d’ailleurs aussi de« primauté de l’oral ».

L’oral devient important. Il doit être enseigné. Il ne s’agit plus seulement de faireréciter des texte aux élèves et de noter leurs prestations. Les élèves doivent apprendre às’exprimer dans de véritables situations de communication. Ainsi, dans les textesofficiels apparaissent diverses situations de communication où l’oral peut êtretravaillé : entretien, correspondance, compte-rendu, exposé, création imaginaire, jeudramatique...

Ces années soixante-dix marquent un tournant dans la perception de la place de l’oral àl’école. Dans les textes - au moins- l’oral devient l’égal de l’écrit.Des recherches didactiques sur l’oral apparaissent. Les didacticiens se penchent sur lesspécificités de l’oral. A partir de ces recherches nous allons maintenant essayer dedéfinir l’oral.

b) Qu’est ce que l’oral ?

Je m’appuierai pour cette partie, sur des articles de didacticiens: J.Mouchon, F. Filliol,E.Nonnon.

Quand il s’agit de donner une définition à l’oral, les a priori suivants sont souventutilisés :Le français parlé serait une déformation du français véritable. Cette déformation seraitdue aux circonstances même de production de l’oral. Ainsi, par exemple, on neparlerait pas correctement en raison de la vitesse avec laquelle sont prononcées lesparoles .Une autre vision de l’oral consiste à dire que le français parlé serait par essencefamilier, populaire. Pour beaucoup d’enseignants la plupart des locuteurs françaisparlent mal. L’idée généralement partagée à propos de l’oral est que celui qui parle bien parlecomme un livre. Avec cette idée, semble émerger l’impression que la langue est figée :

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ce qui est écrit dans un livre ne pourra pas être corrigé. Or, l’évolution de la langue estune spécificité de l’oral. Quand une langue n’évolue plus c’est qu’elle est une languemorte. Comme le latin, elle n’est plus parlée.

Le fait que la langue évolue est une spécificité de l’oral, mais elle n’est pas la seule.Nous allons voir les autres caractéristiques de l’oral.

L’oral est d’abord une parole qui se cherche, une parole co-élaborée.Une caractéristique de l’oral est que la production et la conception sont simultanées,d’où la présence de bafouillements, retour en arrière, « ben »… dans le discours. Ces« ben », ces « euh » qui ponctuent le discours oral ont un rôle. Ils permettent aulocuteur de « réfléchir » à ce qu’il va dire dans la suite du dialogue, tout en gardant laparole.

Une autre caractéristique de l’oral est la coopération qu’il engendre entre les locuteurs.A l’oral, on coopère les uns avec les autres. En classe, à l’oral, les enfants sereprennent, rajoutent des informations à leur discours et à celui des autres. Les parolesde l’un, font « rebondir » l’autre et la discussion peut ainsi continuer.

Une autre spécificité de l’oral par rapport à l’écrit est qu’il s’agit d’une parole articuléesur la situation. Le locuteur s’adresse au destinataire à propos d’un sujet connu par lesdeux protagonistes. Sur ce thème s’articulera la discussion. De plus, la conversation àlieu dans un endroit précis. En fonction de l’endroit où on se trouve, on dit certaineschoses. Si je suis au jardin botanique avec un ami et que je lui dis : « ce baobab estmagnifique ! », il comprendra immédiatement de quoi je parle. Surtout que l’on peutsupposer que cette exclamation s’accompagnera d’un geste montrant l’arbre dont il estquestion. Cette même exclamation, dans un texte écrit, nécessiterait de décrire le lieu,le contexte d’énonciation pour donner du sens à l’énoncé. L’oral s’appuie sur lasituation de l’énonciation. L’utilisation de déictiques comme « ici », « là »…est donctrès fréquente. Ces déictiques facilitent l’explication. Une des difficultés de l’écrit estd’ailleurs d’expliquer de manière explicite sans avoir recours à cet implicitesituationnel propre à l’oral. Ainsi, l’écrivain Balzac au début de son roman Le PèreGoriot veut décrire très précisément une nappe rouge et blanche. Bilan, plusieurs pageslui sont nécessaires pour que le lecteur comprenne l’emplacement de la nappe, sesdétails, ses nuances de couleur… Imaginons la même scène en situation decommunication à l’oral. Balzac nous emmène dans la maison et nous présente la nappedont il est question avec un geste et une phrase comme : « Voilà la nappe qui seraimportante dans la suite de l’histoire… ». Le destinataire a la nappe sous les yeux, lesprécisions à son sujet ne sont donc plus les même, elles ne sont plus aussi précises, carelles ne sont plus nécessaires . La description qui prenait plusieurs pages à l’écrit serésume en quelques secondes à l’oral grâce à l’implicite situationnel.

Une autre spécificité de l’oral réside dans sa syntaxe.En français, à l’écrit, le verbe est le centre organiseur de la phrase. Les phrases doiventassocier un sujet (thème) et un prédicat (verbe). A l’oral ce n’est pas toujours faciled’associer un nom qui convient au verbe.

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Souvent, à l’oral on trouve des tournures comme celle-ci : « il y a un colloque demainà l’université » au lieu de « un colloque se tiendra demain à l’université ».Les expressions « il y a », « c’est »…sont des auxiliaires de prédication. Avec leurutilisation, le locuteur contourne la difficulté d’associer rapidement le verbe appropriéau nom. Ces outils linguistiques sont utilisés fréquemment, ils nous permettent de nepas rester bouche-bée durant les discussions. Pendant que nous les utilisons, nous necherchons pas nos mots. Si à l’écrit ces expressions peuvent gêner par leur manque deprécision ou par leur récurrence dans un texte, à l’oral leur utilisation est naturelle, ilne faut pas les considérer comme des fautes.

Une autre caractéristique de la syntaxe de l’oral est la thématisation.Dans une discussion , pour qu’il y ait inter-compréhension, il faut que le thème de laparole soit annoncé d’abord. Le thème est constamment rappelé tout au long de ladiscussion. Ce rappel s’effectue par un détachement du thème en début de l’énoncé.Ex : « le chien, il est passé entre les roues de la voiture ».Ce détachement du thème en tête de l’énoncé permet de bien signaler l’informationapportée et de maintenir une construction plus naturelle ( En français on utilise plutôtla tournure de phrase : sujet + verbe, les tournures passives sont utiliséesprincipalement à l’écrit.)

Dans les spécificités de l’oral nous pouvons aussi parler des compétence decommunication auxquelles il fait appel.Selon le linguiste Bell, dans la maîtrise de l’oral, des compétences linguistiques sontnécessaires. Le locuteur doit produire des énoncés corrects dans une langue donnée. Ildoit savoir adapter son discours aux règles sociales, culturelles et psychologiques. Ils’adresse à certaines personnes et doit adapter son discours pour être compris par elles.Apprendre à parler, selon Bell, ce n’est pas apprendre à produire des phrasesgrammaticalement correctes mais plutôt adapter son langage à une situation decommunication donnée.

Mais l’oral ce n’est pas seulement le discours prononcé, c’est aussi toute l’attitude dulocuteur au moment où il dit ses paroles. La prise de parole est en relation intime avecle corps. L’organisme peut trahir le mal-être et la peur du locuteur quand celui ci laisseéchapper des indices involontaires d’une émotion ( crispation des muscles, rougeur duvisage, étranglement de la voix, rapidité de la respiration...). La communication oralene s’épuise pas dans la seule utilisation des moyens linguistiques. Des mimiques, despostures du corps, des regards viennent confirmer ou infirmer ou parfois remplacer lediscours du locuteur.

Je terminerai en parlant de la textualité propre à l’oral. En effet, celui ci ne peut pasêtre envisagé sans parler, même brièvement, de ce qui le constitue c’est à dire laprosodie. La prosodie comprend l’intonation, l’accentuation et le rythme.

L’intonation :Il s’agit de la hauteur tonale usuelle de la voix parlée qui est variable pour chaqueindividu. La principale fonction de l’intonation consiste à marquer la fin ou lacontinuité du flux verbal. L’intonation ouvrante, montante, attire l’attention de

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l’interlocuteur et suscite son attente. Elle indique que le locuteur n’a pas fini de parleret qu’il ne veut pas être interrompu. L’intonation conclusive, souvent réalisée par unebaisse d’un ton, marque la fin du tour de parole du locuteur. Dans une conversation,l’intonation permet de régler les tours de paroles entre les interlocuteurs et facilite laco-construction du discours.

L’accentuation :L’accent est une mise en relief d’une ou plusieurs syllabes, d’un ou plusieurs mots.Certains accents sont contraints par la langue d’autres relèvent du libre choix dulocuteur, de son intention et/ou de son style vocal.

Le rythme :La production et la perception des accents et des pauses déterminent la production et laperception de groupes qui seront des groupes rythmiques.

Suite à ces brèves définitions des faits prosodiques, il apparaît clairement que le chantest l’outil linguistique par excellence en ce qui concerne l’intonation et l’accentuation.C’est également le lieu d’expression du rythme et de la musicalité de la parole qu’onassocie souvent aux émotions.

Finalement, après cet essaie de définition de l’oral, on peut arriver dors et déjà auxconstats suivants : Les outils de l’analyse de l’écrit sont impropres pour analyser l’oral. La notion dephrase n’existe pas à l’oral. A l’oral, on produit des énoncés.La syntaxe de l’oral n’est pas totalement différente de celle de l’écrit. Il s’agit plus despécificités comme les auxiliaires de prédication ou le thématisation que de réellesdifférences.Plus l’oral est surveillé, plus ces spécificités sont masquées car le locuteur essaye alorsde se rapprocher de la langue qui semble parfaite : la langue écrite .

Maintenant que nous avons vu l’importance de l’oral dans notre société et que nousl’avons défini, nous allons voir quel place lui est accordée à l’école de nos jours. Nouscommencerons par nous pencher sur ce que préconisent les programmes de l’école àpropos de la place de l’oral dans l’enseignement.

c) L’oral dans les programmes.

Les programmes actuels mettent en avant l’importance d’un enseignement de l’oral àl’école. Les enfants doivent être mis dans des situations de communication pourpratiquer l’oral.Ainsi dans les programmes de 1995 on trouve cette phrase à propos de l’oral : lesenseignants doivent « mettre en place des situations de communication dans lesquellesles élèves s’exercent à raconter, décrire, expliquer, questionner et justifier, commencerà argumenter ou exprimer des sentiments. »

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Les nouveaux programmes de 2003-2004 mettent aussi l’accent sur l’oral :

En ce qui concerne l’école maternelle :- « L’apprentissage du langage est au cœur des activités de l’école maternelle. »- « Transmettre la langue nationale est l’objectif fondamental. Se sentir chez soi dansla langue française est indispensable pour accéder à tous les savoirs. »

- « A l’école maternelle les enseignants donnent la priorité à l’expression orale etpréparent l’accès à l’écrit. »

La priorité à l’école maternelle est bien l’oral. Les enfants s’expriment toute la journée.Ils sont plongés dans un bain de langage pour qu’ils s’approprient la langue française.

En ce qui concerne l’école élémentaire :- «La maîtrise du langage oral reste un objectif fondamental. »- « La maîtrise du langage et de la langue française, dans leurs usages scolaires, à l’oralcomme à l’écrit, est l’objectif essentiel de l’école primaire. Elle est un droit pourchaque élève (...) Elle est la base de l’accès à toutes les connaissances, permet d’ouvrirde multiples horizons et assure à l’enfant toute sa place de futur citoyen. »- « La maîtrise du langage et de la langue française constitue l’objectif majeur duprogramme de l’école élémentaire. Elle donne lieu à des contenus spécifiques. Maiselle se construit aussi dans la transversalité de l’ensemble des apprentissages. »

L’enseignement de l’oral est nécessaire et obligatoire. L’oral comme l’écrit nécessitedes savoir - faire spécifiques et peut être travaillé dans toutes les disciplines.

Dans les programmes on rencontre aussi beaucoup de phrases qui prônent le travail del’oral à travers des genres d’exercices spécifiques comme : le débat, le jeudramatique...Les échangent oraux dans la classe sont aussi mentionnés dans lesprogrammes qui ainsi leur reconnaissent une importance dans les apprentissages.- « Le maître invite chaque élève à participer aux débats qui rythment la vie de laclasse, ainsi qu’aux échanges qui construisent les apprentissages. L’enfant acquiertainsi un vocabulaire plus riche et plus précis, gage d’une meilleure compréhension dece qu’il entend ou de ce qu’il lit. »

L’enseignement de l’oral est prôné par les programmes dans toutes les classes. Lesenseignants sont d’accord pour reconnaître le rôle important de l’oral à l’école mais lamise en place de cet enseignement paraît si difficile que beaucoup n’osent pas s’yaventurer.

D)Ce qui rend l’enseignement de l’oral difficile.

Les recherches sur l’enseignement de l’oral sont récentes.

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Selon l’enquête de Schneuwly et Dolz l’enseignement de l’oral pour beaucoupd’enseignants reste une notion floue. Généralement ils s’imaginent qu’il y a deuxsortes d’oraux :

- L’oral pur C’est un oral indépendant de l’écrit. L’oral pur s’assimile à un langage spontané del’élève. Il s’agit de l’oral qu’utilise le maître et les élèves pour communiquer dans lequotidien scolaire. Cet oral semble s’apprendre naturellement. Il ne peut pas devenirobjet d’enseignement, il est lié à l’intimité, la banalité.

- L’oral qui s’enseigneL’oral qui s’enseigne est lié nécessairement à l’écrit. Il s’agit pour les élèves d’un écrità oraliser.La lecture oralisée constitue 70% des activités orales pratiquées dans les classes.

En plus de ce flou notionnel s’ajoute un autre problème pour les enseignants : lescontraintes matérielles. En effet proposer un travail écrit aux élèves est plus rassurantpour les enseignants. Le tableau suivant met en parallèle les modalités d’apprentissagepour des travaux écrits d’une part et oraux d’autre part :

Nature de la tache àaccomplir Travail écrit Travail oral

modalité de travail individuel collectif ou par groupesconséquence silence bruitévaluation traces écrites permettant l’évaluation enregistrement audio

Actuellement les progrès techniques nous permettent d’enregistrer les élèves grâceaux magnétophones à cassettes ou mini-disques. Il y a quelques années ce n’étaitpas possible. Mais cette évaluation orale, malgré tout, fait peur aux enseignants. Eneffet elle implique un certain mode de fonctionnement inhabituel, la parole étant aucentre de l’apprentissage.

L’enseignement de l’oral peut faire peur aux enseignants. Comment gérer tout ungroupe que l’on veut faire parler ? En plus, il y a des contraintes matérielles,l’enseignant doit changer son mode d’enseignement. A cela s’ajoute un autreproblème : les élèves ne voient pas l’utilité de travailler l’oral. Ils parlent depuisqu’ils sont petits, généralement ils sont compris par leur inter-locuteurs donc ils ontl’impression de savoir parler. Il se pose alors la question du sens que l’on peutdonner à cet apprentissage.

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Quelle démarche proposer aux élèves ?Quelle évaluation ?Quels critères de réussite choisir ?Quel oral enseigner ? et comment l’enseigner ?

C’est à ces questions que nous allons maintenant tenter de répondre.

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3.Quel oral enseigner ? Comment ?

Nous commencerons par étudier l’oral qui peut être enseigné dans les classes. Pourcela je m’appuierai principalement sur les travaux de B. Schneuwly et Dolz.

a) Les genres oraux à enseigner.

Si l’on se réfère à l’enquête de Pietro et Wirthner sur les pratiques des enseignantspubliée en 1996, on constate que l’oral est surtout travaillé comme une passerelle pourl’apprentissage de l’écrit. L’oral est utilisé comme un moyen d’accéder à l’écrit et noncomme un objet d’enseignement en soit. En effet les enseignants utilisent surtout l’oralpour expliquer, démontrer, faire parler les élèves dans le but de vérifier leurcompréhension. Par exemple, l’enseignant propose un texte aux enfants et pose desquestions à l’oral pour s’assurer qu’ils en ont compris le sens global. L’oral est aussiutilisé pour la reformulation des consignes par les élèves. Les élèves expliquent à l’oralce qu’ils devront finir par écrire et qui sera évalué. L’oral est utilisé alors comme unmoyen d’amener une production écrite.

L’autre constat est que les enseignants analysent l’oral avec les normes de l’écrit. Lalangue écrite étant considéré comme la plus prestigieuse, nous l’avons montréprécédemment, ses normes influencent l’oral. Les enseignants voudraient évaluer unoral avec les critères de l’écrit. C’est impossible. On ne parle pas comme on écrit. Laretranscription écrite d’une discussion orale est souvent incompréhensible. Quand on lalit sans avoir assisté au dialogue, on se demande comment les personnes ont pu secomprendre. Les phrases semblent dépourvues de sens, elles n’ont pas de liens entreselles, elles s’arrêtent subitement, il y a des retour en arrière, des répétitions, le texte esttruffé de « ben », « euh »...qui nuisent à sa compréhension. Pourtant, en situation decommunication, à l’oral, quand les locuteurs ont dialogué, ils se sont compris. Uneretranscription écrite d’un discours le démontre bien, l’oral ne peut pas être évaluéavec les même critères que ceux de l’écrit. Sinon tout oral spontané sera considérécomme étant un argot infâme si l’on se réfère à sa transcription écrite.

En fait les conditions de production, les caractéristiques de l’oral et de l’écrit ne sontpas les même. On ne peut donc pas les enseigner ni les évaluer de la même manière.

Selon B.Schneuwly, pour un enseignement de l’oral efficace l’enseignant doit utiliserdes outils de mise en situation de communication motivants. Il recommandel’utilisation des genres oraux.Pour expliquer simplement, le genre oral est à l’oral ce que la typologie des textes est àl’écrit. A l’oral nous étudierons par exemple le débat et à l’écrit la lettre.Dans l’optique de l’enseignement de l’oral, les genres constituent un point de référenceconcret pour les élèves. Par rapport à l’extrême variabilité des pratiques langagières,les genres apparaissent comme des entités stables. Leur pratique est ritualisée, onretrouve dans tout débat des élément formels, des règles qui sont les caractéristiques du

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genre. Ainsi le travail sur les genres dote les élèves de moyens d’analyse pour leursproductions. Il fournit un cadre d’analyse pour les contenus, l’organisation, lesspécificités du genre oral étudié. Etant donné ces caractéristiques, le genre oral peutfacilement s’intégrer dans un projet de classe et permet à l’enseignant de proposer auxélèves des activités à la fois spécifiques (travail de l’oral) et qui ont un sens. B.Schneuwly explique qu’il y a une très grande diversité de genres oraux. Il fautchoisir ceux qui peuvent et doivent...devenir objet d’enseignement. Les genres de lacommunication publique formelle sont préconisés par B.Schneuwly. Il s’agit d’unepart, des genres qui servent l’apprentissage scolaire en français et dans d’autresdisciplines (exposés, compte rendu d’expérience, interview,, discussion en groupe....)et d’autre part, des genres de la vie publique au sens large du terme (débat,négociation, témoignage, théâtre...).Utiliser ces genres oraux, c’est motiver les enfants en donnant un sens au travail surl’oral. Les élèves ne ressentent pas le besoin d’apprendre à parler puisqu’ils le fonttous les jours. Les genres publiques formels amènent les enfants à dépasser ces formesde productions orales quotidiennes pour les confronter à d’autres formes plusinstitutionnelles. Ces genres oraux sont régis par des contraintes extérieures. Cescontraintes impliquent un contrôle du discours plus conscient et plus volontaire de lapart du locuteur. Les contraintes des genres oraux sont prédéfinies. Elles exigent uneanticipation et donc une préparation. Par exemple un exposé oral ne s’improvise pasmême si la production qui a été préparée préalablement exige une adaptation à lasituation. De telles formes d’oral fortement définis s’apprennent difficilement sans uneintervention didactique. Les élèves se rendent compte de ce besoin et l’enseignementde l’oral prend alors du sens.

Les genres oraux ont chacun des spécificités, les élèves seront amenés à les dégager,les analyser. Chaque genre nécessite un travail particulier. Ainsi, en utilisant les genresoraux comme support de l’enseignement de l’oral, ce dernier devient un objetautonome d’enseignement. L’oral n’est plus utilisé comme un moyen permettant auxélèves de mieux accéder à l’écrit. Il est abordé comme objet en soi d’enseignement etd’apprentissage.

De plus, on peut supposer que le travail des genres oraux aide à améliorer l’expressiondans les formes quotidiennes de l’oral. L’enfant apprend du vocabulaire, il s’exprimedevant un groupe, il construit son discours... cet apprentissage en classe influenceracertainement la pratique quotidienne de l’oral des élèves.

Maintenant que nous avons montrer quel oral enseigner en classe, nous allons voircomment l’enseigner.

B) La place de l’enseignant dans l’enseignement de l’oral.

D’abord, il est très important de motiver l’apprentissage. L’enseignant doit proposerune situation de communication intéressante aux élèves. ( genres oraux ).A partir de cette situation de communication l’enseignant doit développer chez lesélèves des capacités propres à la texture de l’oral : s’exprimer, argumenter, justifier,expliquer, raconter... Ces capacités ne sont pas innées. L’enseignant doit donner auxenfants les outils appropriés pour qu’ils fassent évoluer ces capacités. Comme dans

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n’importe qu’elle discipline scolaire, il doit aussi proposer des critères qui permettrontune évaluation de la production.

Je rajouterai que pour enseigner l’oral dans une classe, il me semble fondamental quele respect entre les personnes soit instauré. Les élèves doivent se sentir en confiance ausein du groupe pour oser prendre la parole devant les autres. Les élèves doivent fairepreuve d’une écoute bienveillante envers les locuteurs. Chaque enfant doit pouvoirs’exprimer sans crainte d’être l’objet de moqueries. Certains élèves ont des difficultésde diction, d’articulation, ou comme on dit ont« un cheveux sur la langue »....Lesenfants qui ces problèmes d’élocution ne doivent pas être raillés par le reste de laclasse. La parole étant le support de l’enseignement de l’oral, c’est sur elle que lesenfants se concentrent. Il ne s’agit pas de pointer systématiquement les « tiques » oudifficultés de langage des élèves en leur faisant comprendre qu’ils parlent mal.L’enseignant doit faire en sorte que chaque élève puisse s’exprimer sans honte au seindu groupe.Pour les exercices écrits, généralement, seul le maître lit et corrige la copie de l’élève.Il y a un destinataire, l’élève, qui écrit à un destinateur, l’enseignant. En ce concernel’oral, c’est différent. L’enfant s’exprime certes devant l’enseignant mais aussi devantle reste de la classe. Le maître n’est pas le seul à pouvoir émettre un jugement sur laproduction de l’élève, tous ses camarades le peuvent aussi. L’enseignant doit veiller àce que la critique soit toujours constructive. S’exprimer à l’oral, nous l’avons déjàmontré, ce n’est pas seulement parler avec des mots. Notre personnalité, ce que noussommes transparaît durant l’acte de langage. Par exemple, la position du corps, lesbafouillements, le regard fuyant traduisent souvent la timidité des locuteurs.S’exprimer à l’oral, c’est « exposer » sa personnalité aux yeux de tous. S’exprimer àl’oral, c’est aussi oser se voir à travers le regard de l’autre. Ceux qui nous écoutent, parleur attitude, l’expression de leur regard, leurs paroles nous renvoient une certaineimage de nous même. Sans le regard de l’autre, sans son jugement, on ne peut pas sesentir ridicule ou humilié. C’est l’autre qui créer chez nous ce sentiment désagréable.Voilà pourquoi la prise de parole devant un public peut être un acte douloureux pourcertains locuteurs. Les enfants, en classe, devront donc se sentir en confiance pours’exprimer.

Selon moi avec l’enseignement et la pratique de l’oral s’instaure une réelle écouteentre les élèves. Mais avant d’enseigner l’oral il est nécessaire que les enfantsrespectent le maître et se respectent entre eux. L’enseignement de l’oral pourra alorsme semble-t-il contribuer à renforcer ce respect et améliorer l’ambiance de la classe.En effet le travail sur l’oral prend forcement en compte la spontanéité des élèves. Desémotions vont être ressenties. La classe va rire, va s’interroger...Les élèves et le maîtrevont vivre ensemble cette expérience et donc au niveau affectif les liens entre lespersonnes seront consolidés.

Nous allons maintenant voir comment construire une séance sur l’oral et l’appliquer enclasse.

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c) construire une séquence sur l’oral

Selon B.Schneuwly, dans une séquence sur l’oral l’enseignant doit travailler parétapes. Il y a un objectif final et pour y parvenir, une progression. La progression estconstituée de plusieurs étapes dont le but, pour chacune, est de faire acquérir auxélèves une ou plusieurs compétences. Chaque étape de travail aboutit à unesynthèse. Dans cette synthèse est reformulé le sens du travail qui a été effectué parrapport au projet final. Les syntèses se basent sur les supports utilisés pourconserver une trace des productions (cassette audio ou vidéo). Le travail de groupeest nécessaire pour analyser et améliorer les enregistrements. Les enfantsapprennent ainsi à s’écouter les uns les autres. Ils échangent, donnent leur opinion...bref ils utilisent la texture orale. Néanmoins pour être efficace, l’analyse etl’observation nécessitent le support écrit. L’écrit est indispensable pour capitaliserles acquis. Il permet de bien mettre en évidence ce qui a été appris, il sert aussi àisoler et à organiser les critères attendus pour l’évaluation.

L’oral ne se travaille pas qu’à l’oral. Comme dans les autres disciplines un passagepar l’écrit est nécessaire pour fixer les acquisitions.

Pour résumer, dans une séquence sur l’enseignement de l’oral l’enseignant doit :- expliciter les règles. (les enregistrement doivent s’effectuer dans de bonnesconditions.)- donner un sens aux activités en les situant par rapport au projet global de la classe.- enregistrer les productions des élèves et leur faire analyser par groupes.- utiliser l’écrit comme outil (affichages, grille d’évaluation)- intervenir ponctuellement pour rappeler les critères auxquels les enfants doiventrépondre dans leurs productions.

- évaluer les élèves. A propos de l’évaluation, établir une grille d’observations et de critères avec les élèvessemblent le moyen le plus efficace pour se rendre compte des acquis des enfants. Deplus, ainsi, les élèves se sentent concernés par leur progression et savent quels sont lespoints qui sont acquis et quels sont ceux qui doivent encore être améliorés.

Au terme de cette partie, nous pouvons dire que l’oral, malgré les réticences de certainsenseignants, peut et doit être objet d’enseignement à l’école. Certes son enseignementnécessite une certaine organisation et un matériel particulier mais est ce une raisonsuffisante pour ne travailler l’oral en classe ?Voulant expérimenter l’enseignement de l’oral, j’ai réfléchi à une séquence qui mepermette de le travailler avec des élèves.L’écriture et la production orale d’un script m’apparaît comme un projet tout à faitintéressant.Dans la partie suivante, je présenterai donc mon projet et ce qui a motivé ce choixpédagogique.

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4. Mise en place d’une séquence pour travailler l’oral : la production d’un script.

A) Qu’est-ce qu’un script ?

On ne peut définir le script d’un film sans parler avant du scénario. Un film se réalisetoujours à partir d’un scénario. Il s’agit d’un texte résumant l’action, la trame du futurfilm. Il servira de base à sa réalisation.Pour pouvoir être joué et filmé, le scénario est découpé en plusieurs scènes. Chaquescène est détaillée très précisément dans un écrit appelé « script ». Le script comportetoutes les indications nécessaires au tournage de la scène qu’il transcrit. On peut ytrouver les dialogues entre les acteurs, leurs déplacements, leurs costumes, le décor... Remarque : Le métier de scripte ne consiste pas à écrire des scripts.Les scènes d’un film, sauf exception, ne sont jamais tournées dans l’ordre. Un jour ontourne la scène où Michel Durand doit prendre le train pour partir en vacances et onfilmera son arrivée à la plage trois semaines plus tard. C’est un peu compliqué pour lesacteurs et pour toute l’équipe. Heureusement, il existe un personnage essentiel sur letournage qui note chaque détail de manière à reconstituer le puzzle : la scripte.(c’esteffectivement un métier presque exclusivement féminin)Elle tient un journal de bord du tournage telle une secrétaire de plateau. Elle note toutce qui s’est passé dans la journée. Elle veille aux raccords entre les scènes et à lalogique du scénario. Si Michel Durand est monté dans le train avec un costume rayébleu et une montre rouge, il devra en descendre trois semaines plus tard habillé de lamême manière. La scripte vérifie que les costumes, les coiffures, le bronzage desacteurs, la lumière, le décor... soient cohérent d’un plan à l’autre.

B) Présentation de ma séquence.

Je vais maintenant présenter mon projet.L’objectif final est la production à l’oral d’un script. Les élèves doivent écrire un scriptafin de l’enregistrer. Mais cette production orale ne peut pas être proposée aux élèvessans être inscrite dans un projet global qui lui donnera du sens. Il s’agit de motivercette production. La réalisation du script est envisagée dans les dernières séances de laséquence. D’abord il me semble important de faire découvrir aux enfants le monde ducinéma. Il n’y a pas que les acteurs qui ont un rôle dans la réalisation d’un film. Nousparleront des métiers du cinéma. Nous verrons à travers Fantasia de Walt Disney,

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l’importance de la musique dans un film. Nous comparerons l’extrait du roman deJ.K.Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers avec le passage correspondant à cetextrait dans l’adaptation cinématographique. Nous constaterons alors qu’il y a desdifférences entre l’extrait du roman et son adaptation au cinéma. Les dialogues ne sontpas les même. Les acteurs doivent apprendre leur rôle à partir d’un autre texte que leroman : le script. Les élèves à ce moment de la séquence savent ce qu’est un script etpourquoi il est indispensable à la réalisation d’un film. Après la rédaction collectived’un script à partir de l’extrait du film de Harry Potter, les élèves peuvent à leur tour semettre dans la peau de scripteurs et rédiger un script qu’ils bruiteront ensuite. Leurscript sera enregistré et l’enregistrement évalué.

C) Pourquoi le choix du script ?

Je vais expliquer ce qui à motiver mon choix pédagogique : utiliser le script commesupport de l’enseignement de l’oral.

Une ouverture culturelle.Comme le montre la présentation de ma séquence, à travers la découverte du scriptc’est tout le milieu du cinéma que l’on aborde aussi. Les enfant découvrent qu’il existedans le monde du cinéma d’autres métiers que celui d’acteur. Il y a des bruiteurs, descompositeurs de musique de film, des scénaristes...

Une interaction Oral/Ecrit.Le script est bien un genre formel comme le préconise B.Schneuwly. Il est précodé,structuré de manière particulière. L’enfant doit comprendre la structure écrite du scriptpour pouvoir mettre en place sa production orale. Le passage par l’écrit est doncnécessaire et motivé. Sans le passage par la trace écrite, les enfants ne peuvent pasorganiser et mémoriser leur scène. Il ne s’agit pas d’un écrit à oraliser. Les élèvesécrivent leurs script dans le but de le jouer. Ils peuvent donc produire des dialogues àl’oral directement, en improvisant, et écrire leur script ensuite ou ils peuventcommencer par l’écrire et le jouer après. Il y a un retour permanent entre l’écrit etl’oral. Mais dans ce cas l’oral n’est pas utilisé comme un moyen d’accéder à l’écrit.(c’est plutôt l’écrit qui permet d’accéder à l’oral.).D’ailleurs l’oral est soumis àl’évaluation, pas l’écrit.

Un travail transdisciplinaire.Ce projet est en lien avec la maîtrise de la langue. A travers l’extrait du roman, lethème du récit peut être travaillé. Les caractéristiques du dialogue ainsi que les onomatopées font partie des thèmes quipeuvent aussi facilement être abordés au cours de cette séquence. Ils sont en liendirecte avec la production du script.

Parallèlement à ce projet, j’ai mis en place une séquence en éducation musicale qui apour objectif final la création d’une partition qui sera bruitée par les élèves. Il s’agit, àla manière de Cathy Berberian, de créer une partition sur laquelle des mots, des sons,

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des bruitages seront transcrit avec des dessins. Les enfants oralisent la partition enmodulant leur voix, en jouant sur le rythme, l’intensité...Ils s’amusent et travaillentavec la texture même de l’oral : les faits prosodiques.Cette séquence m’a semblé intéressante à mettre en place en même temps que monprojet car on peut facilement faire des analogie entre la partition d’une musique et lescript d’un film. Tout deux sont la trame, le support de la production oralisée.De plus cette séquence a encore développé l’écoute des élèves. Ils doivent s’écouter lesuns les autres, se concentrer pour analyser leur production et trouver des remédiations.La description de cette séquence est en annexe pour plus d’informations Le résultat decette séquence commence l’annexe audio : les trois groupes d’enfants ont créer troispartition qu’ils ont oralisées.

Une grande motivationCe projet utilise des supports variés et intéressants. Il y a un dessin animé : Fantasia etun film culte pour les enfant, Harry Potter à l’école des sorciers . Travailler à partir deces supports est motivant. Les élèves n’ont pas l’habitude d’utiliser ces outils commesupport de l’apprentissage. L’impression de nouveauté, d’originalité entraîne chez lesélèves une grande curiosité et l’envie de s’investir dans le projet.

D) Les conditions d’expérimentation.

J’ai expérimenter cette séquence durant un stage de trois semaine, dans une école decampagne à Pougny. La classe de CM2 où j’enseignais était la seule de cette école. Lebâtiment était constitué de deux salles mitoyennes : la classe et la cantine. Ce qui a ététrès pratique pour les travaux de groupes. En effet, les enfants n’étaient pas tous dansla même salle pour expérimenter leur productions orales donc le niveau sonore restaitsupportable. Les enfants ont pu travailler dans de bonnes conditions. De plus, le bruitn’a gêné aucun collègue vu que nous étions seuls dans l’école.Je rajouterai que j’avais à ma disposition une télévision et un magnétoscope. Il ne merestait donc plus qu’à amener mon magnétophone pour enregistrer les enfants.

Après ces dernières précisions, je vais maintenant analyser la séquence que j’aiproposée aux 25 élèves de cette école.

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5.Analyse de pratique

La séquence que je propose se décompose en sept séances. Je présenterai d’abord latrame la séquence avec les objectifs de chaque séance.

Séance n°1 : découvrir quel rôle important joue la musique dans un film, un dessinanimé.

Séance n°2 : (re)construire la trame d’une histoire d’après une musique.

Séance n°3 : repérer les procédés dans un texte qui traduisent une atmosphèreangoissante.

Séance n°4 : - comprendre l’utilité et le fonctionnement d’un script. - écrire un script d’après un extrait de film.

Séance n°5 : écrire un script d’après un court dialogue , en vue de l’enregistrer.

Séance n°6 : - enregistrement du script de chacun des groupes. - évaluation.

Séance n°7 : élaboration collective d’un script et enregistrement de celui-ci par toutela classe.

Maintenant, je vais proposer l’analyse de ma séquence. J’étudierai mes séances lesunes après les autres.

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SEANCE N°1

Objectif : Découvrir quel rôle important joue la musique dans un film, un dessinanimé.

Matérie l : J’ai choisi de travailler à partir du dessin animé de Walt Disney tiré deFantasia « L’apprenti sorcier ». Cette animation de dix minutes dans laquelle Mickeydoit affronter une armée de balais est très intéressante car elle a été conçue en fonctionde la musique. La musique existait déjà, elle a inspiré une histoires aux créateurs deFantasia. Il n’y a pas de dialogues, la musique fait office de textes et bruitages.L’attention se focalise donc naturellement sur elle et sur l’animation. Ce dessin animémet en avant la complémentarité existant entre la musique et l’histoire qu’elle raconte.

Déroulement : Le visionnage de la cassette vidéo s’effectue en plusieurs temps. Il nes’agit pas de montrer l’histoire dans son intégralité en une seule fois.- Les élèves, dans un premier temps ne visionnent que le début du film.- Je recueille leurs commentaires : -« Il n’y a pas de paroles » -« La musique ponctue, raconte l’histoire » - « Les instruments remplacent les bruitages »- On voit ensemble le rôle fondamentale de la musique dans ce dessin animé. Ellesemble raconter une histoire. Chaque personnage correspond à une mélodieparticulière. Les élèves cherchent laquelle. On la fredonne pour bien se l’approprier.Puisque la musique raconte une histoire, j’explique aux enfants que je vais cacherl’image pendant un moment et qu’ils vont essayer, seulement en écoutant la musique,de deviner ce qui arrive à Mickey.-Le visionnage reprend et je cache l’écran de télévision au moment où le balai hachépar Mickey est en mille morceaux. La musique défile pendant quelques minutes. Enfait les morceaux du balai se transforment eux même en balais. Une multitude de balaisarmée de seaux d’eau sort du placard dans lequel Mickey avait enfermé son balai.Rien ne semble pouvoir les empêcher d’inonder le château. J’arrête le dessin animé.Les enfants émettent des hypothèses à l’oral sur l’histoire que pourrait raconter cettemusique. Ils ont bien compris grâce à la musique que le balai magique était de retour.En les oriantant sur l’intensité de la musique certains enfants ont même ressenti quepeut être il pourrait y avoir plusieurs balais.- Vérification et validation des hypothèses avec le visionnage du passage. -Je donne alors une nouvelle consigne : Il s’agit de réitérer le même exercice avec unevariante, les hypothèses ne se feront plus à l’oral mais à l’écrit au brouillon.La partie à écouter seulement commence juste avant l’apparition du tourbillon etcontinue jusqu'à la fin de l’histoire. Dans ce passage la musique est de plus en plusforte jusqu'à l’arrivée du sorcier qui grâce à un sort arrête l’inondation. Il s’en suit unsilence pendant lequel on peut voir le mécontentement du sorcier et la gêne de Mickey.Enfin L’histoire se termine par une musique courte qui ponctue le coup de pied auxfesses que donne le magicien à la souris.- Les enfants écoutent plusieurs fois la bande sonore avant d’écrire. Pendant qu’ilsécrivent, ils demandent à réécouter de nouveau la musique. Ils veulent vérifier lavalidité de leur production.

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- Tout les élèves lisent à voix haute l’histoire qu’ils ont inventée. Il doivent justifierleur récit par rapport à la musique. Dans l’ensemble les élèves ont associé logiquementles actions avec les différents moments de la musique. Ils ont bien ressenti le chaosdans lequel s’enfoncent progressivement Mickey et les balais. Le passage silencieux àposer problème à certains. En fait comme il n’y avait pas de musique ils ont concluqu’il n’y avait pas d’histoire non plus. Ils ont compris cela comme une sorte de pausedans le récit. D’autres élèves ont vu là l’instant pendant lequel Mickey est « tombédans les pommes ». Il n’est plus conscient, il n’y a plus de balai non plus. La musiqueest censée correspondre à chacun de ces personnages, c’est pourquoi en leur absenceelle s’arrête. Chaque élève lit et explique son récit devant ses camarades qui donnent leur avis surl’association possible où non de cette histoire et de la musique. - En bilan, on reformule ensemble l’importance de la musique dans ce dessin animé.

Quelques remarques :

Il m’a semblé nécessaire de passer par l’écrit lors de la deuxième consigne afin quetous les élèves puissent exprimer leur propres idées. En effet à l’oral quand unehypothèse qui paraît valide est émise par un élève, ses camarades ont tendance à êtreinfluencé et à reprendre cette idée. Les élèves ont été surpris et intéressés par cette première séance. Ils ont participéactivement. Tous les enfants ont essayé d’imaginer la fin de l’histoire.

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SEANCE N°2

Objectifs : Cette séance est une application directe de la séance n°1. Il s’agit de (re)construire la trame d’une histoire d’après une musique.

Matériel : Même matériel que celui de la séance n°1 : une télévision, un cache pourl’écran, un magnétoscope, la cassette vidéo Fantasia de Walt Disney.Cette fois j’ai choisi de travailler d’après un extrait du dessin animé « L’évolution de lavie ». Il s’agit du passage où les dinosaures sont en train de s’abreuver paisiblementquand tout à coup un tyrannosaure surgit et combat avec un stégosaure. La lutte estterrible entre les deux géants, elle se termine par la mort du stégosaure et le crivictorieux du T.Rex.

Déroulement : Je commence par interroger les élèves sur ce qu’ils ont appris lors e laséance précédente.- Je donne la consigne suivante : « Aujourd’hui vous allez écouter une nouvellemusique qui, elle aussi, a inspiré les créateurs de Fantasia. » - Première écoute intégrale du passage. La musique défile et l’écran de la télévision estcaché derrière un grand carton.Au début de l’extrait, des dinosaures paissent paisiblement au bord d’un lac. Soudainils tendent leur long cou, ils sont en alerte. L’orage se met à gronder et un tyrannosaureaffamé surgit. Les dinosaures prennent la fuite mais un stégosaure moins rapide doitaffronter le prédateur. Un terrible combat s’engage alors. Chaque géant agit sur samusique. Chaque coup porté par un des dinosaures est associé à la musique qui lui estpropre. Le T.Rex finit par terrasser sa proie. La musique qui lui correspond à la fin del’extrait ressemble à une musique de triomphe.- Je recueille les commentaires des élèves. Je les questionne : « A quoi cette musiquevous fait elle pensez ? », « Que vous inspire t elle ? »J’écris au tableau toutes les propositions. Dés la première écoute émergent les mots :guerre, bataille, armées... Les enfants ont bien ressenti la violence de la scène. Ilsimaginent déjà une histoire où des méchants et des gentils s’affronteraient.- Maintenant j’oriante la réflexion des élèves sur la structure de la musique.« Vous avez tous eu l’impression d’entendre une musique qui raconterait une bataille.Pourquoi avez vous eu cette sensation ? Comment la structure de la musique vousamène t elle à penser cela ? ». J’aide les enfants avec des questions telles que : « Lamusique est-elle toujours la même tout au long de l’extrait ? Quand change-t-elle ?Pourquoi à votre avis ? ». Les élèves se concentrent pour une nouvelles écoute où ilsvont tâcher de trouver les réponses à ces questions.- Deuxième écoute intégrale de l’extrait. Commentaires des élèves suite à cette écoute :

- Deux musiques fortes s’enchaînent. - Au début ce n’est pas une musique forte.

On réécoute le début de l’extrait pour bien repérer la rupture musicale qui ressemble àune sorte d’alarme selon les élèves.(En effet quand les dinosaures paissent au début du

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passage, la musique est douce. Ils tendent leur cou, aux aguets, au moment où destrompettes semblant sonner l’alerte retentissent dans la musique. Avec l’apparition duT.Rex la musique devint plus forte et plus violente.)Les élèves émettent des hypothèses sur les raisons de cette rupture musicale.On cherche la structure de la musique et ce qu’elle semble décrire : 1. La musique est douce. Tout semble calme. 2. La musique douce a cessé pour faire place à des trompettes. Alerte. Intrusion d’un

élément perturbateur. Un danger menace ce monde calme. 3. La musique est forte. C’est la guerre. Il y a des gentils et des méchants. Les enfants ont repéré qu’il y a des gentils et des méchants qui s’affrontent grâce auxdeux musiques fortes qui s’enchaînent à tour de rôle. Ils se rappellent en effet que dansL’apprenti sorcier chaque personnage a une musique qui lui est propre.- Ecoute de la fin de l’extrait. Il y a des gentils et des méchants selon les élèves. Ils’agit de repérer quelle musique semble correspondre aux gentils et aux méchants. Lesélèves doivent lever la main quand ils entendent la musique des méchants. L’extraits’achève sur une musique victorieuse qui correspond au tyrannosaure, au méchant. Jedemande alors qui a gagné la bataille. Les enfants répondent bien que les méchantsd’après la musique semblent avoir triomphé. Ainsi je m’assure que les enfants ontvraiment assimilé la structure de la musique et du schéma de l’histoire qu’elle pourraitraconter. En effet ceci est nécessaire pour répondre à la consigne que je vais à présentleur donner.- Il s’agit pour les élèves d’écrire une histoire qui pourrait correspondre à la musique.« Vous écrirez au brouillon une histoire qui pourrait correspondre à cettemusique. Vous pouvez vous servir des éléments déjà notés au tableau ou inventer toutautre chose. Il s’agit d’un travail individuel.» On réécoute encore deux fois la musiqueet les enfants se mettent au travail. Ils me demanderont des écoutes supplémentairesdurant l’exercice que je leur accorde évidemment. Je passe dans les rangs et aide lesélèves dont les histoires sont trop minimalistes : « Tout était calme. Les gentils voientles méchants au loin. Ils se battent. Les méchants gagnent. » Quand tout le monde aterminé, chaque élève lit sa production à voix haute. Les enfants s’évaluent entre eux.Un élève en très grande difficulté a produit un texte tellement intéressant que sescamarades le félicitent spontanément. L’enfant est content car il se sent valorisé. Dansl’ensemble les élèves ont bien retranscrit à l’écrit la structure de la musique. Tous lesrécits racontent des combats violents qui viennent perturber un monde calme. Quelquesélèves tellement habitués au « tout est bien qui finit bien », emportés dans leur histoireont présenté les gentils comme victorieux. Leur récit ne correspond pas à l’histoire.- Pour finir, visionnage du dessin animé sans cache. C’est la surprise. Aucun élèven’avait imaginé un combat de dinosaures même si tous avaient bien ressenti que despersonnages s’affronter violemment.- En bilan je mets en avant le fait que les élèves ont bien ressenti la violence qu’inspirecette musique. La musique peut donc traduire des sentiments, des actions...

Quelques remarques :

En ce qui concerne la production des histoires et leur évaluation par les élèves, il estdifficile pour moi de dire s’ils s’évaluent par rapport à la musique ou par rapport au

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schéma narratif qu’ils ont mis à jour durant la deuxième écoute. J’aurais certainementdû insister moins sur la composition de l’extrait lors de la deuxième écoute mais il mesemblait impossible de mettre les élèves au travail sans avoir préalablement décomposéla musique.

Je ne me suis pas attardée sur la rédaction des textes car ce n’était pas ici l’objectif. Lagrammaire et l’orthographe n’étaient pas évaluées, des élèves en difficulté ont donc pugrâce à l’oral produire des textes jugés intéressants par tous.

Les enfants ont accueilli avec intérêt cette séance. Même les élèves en difficulté quihabituellement craignent le passage à l’écrit ont produit des textes intéressants et ontosé les lire devant toute la classe.

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SEANCE N° 3

Objectifs : Repérer les procédés dans un texte qui traduisent une atmosphèreangoissante.

Matériel : - Le livre Harry Potter à l’école des sorciers de J.K.Rowling- Un extrait de l’œuvre à étudier par enfant. Il s’agit du passage oùMalefoy, Harry et Crockdur recherchent la licorne dans la forêt. Ils tombentnez à nez avec Voldemort en train de boire le sang de la licorne.

Déroulement : Retour sur la séance précédente. « Hier on vu avec Fantasia que lamusique pouvait traduire une situation, une atmosphère. Aujourd’hui on va voircomment le livre suscite lui aussi des impressions, des sensations. » « Quand on lit unlivre est ce qu’on ressent es choses ? » « Oui, alors nous allons voir comment etpourquoi on ressent des choses en lisant. »- Je commence par leur montrer le livre de Harry Potter. On en parle ensemble. Unseul élève a lu le livre mais tous ont vu le film. Je distribue à chacun l’extrait qui traitede la rencontre entre Harry et Voldemort dans la Forêt Interdite.- On resitue ensemble le passage par rapport à l’histoire du livre que connaissent tousles élèves. Chacun lit silencieusement son extrait. Je fais ensuite une lecturemagistrale. Les élèves donnent leur impression sur le texte : « Ca fait peur. » « Il y a dususpens. » « On en a des frissons. »Je leur demande : « Vous me dite que ça fait peur, pourquoi ? »Les premières ne répondent pas vraiment à la question : « çà fait peur parce que ça faitpeur et qu’il y a du suspens. ». Je leur dit que nous allons chercher ensemble uneréponse plus claire.Les élèves collent leur extrait à gauche de leur page de cahier. Vous trouverez enannexe ce que les enfants ont dans leur cahier à la fin de la séance.- Je lis le début du texte jusqu'à la ligne 10. Les élèves tracent une ligne à cet endroitpour marquer cette première partie. Je questionne les élèves sur l’ambiance de cepassage : 3ça fait peur, il y a du suspens. ». On recherche ensemble des indices dans letexte pour justifier leur impression. On souligne ensemble le passage-preuve. Ons’interroge : est ce que ce passage est réellement effrayant ? Après réflexion les enfantsconcluent qu’il s’agit plus de suspens que de peur. Ils le notent sur leur cahier. Ensuiteje demande aux enfants quel titre on pourrait donner à ce passage. Les élèves doiventsynthétiser les actions, ceci en vue de la préparation à la rédaction du script plus tard. - Je reprends la lecture jusqu'à la ligne 14. Même démarche que précédemment. Lesenfants doivent s’appuyer sur le texte pour justifier leur impression : le suspensaugmente. « Si la licorne est morte c’est que quelqu’un l’a tuée. Cet assassin est peutêtre encore dans la forêt... ». On décide d’un code pour montrer que le suspens, la peurdeviennent de plus en plus fort : +, ++,+++,++++.

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- En ce qui concerne le troisième passage, les élèves soulignent seuls au crayon depapier les mots qui contribuent à rendre l’atmosphère de plus en plus angoissante. Lacorrection est collective. Les enfants se rendent compte que ce passage ne donne plus une impression desuspens mais de peur. J’insiste sur le choix du vocabulaire : « Si le narrateur utilisait lemot stopper à la place du mot figer l’impression serait-elle la même ? Pourquoi ? ».Réflexion sur le sens évoqué par des mots en apparence totalement synonymes. - Même démarche pour le quatrième passage. La peur se change en angoisse.- Le cinquième passage est étudié collectivement. Les enfants ont à sa lecture uneimpression de soulagement. Il y a encore un peu de suspens : on ne sait pas qui est cenouveau personnage mais on comprend par le texte qu’il ne veut que du bien à Harry :« Il fonça sur la silhouette » et non sur Harry.- Lecture du sixième passage. Le danger est écarté. L’atmosphère véhiculée par le texten’est plus angoissante.- Dans la partie vocabulaire de leur cahier, à la suite de cet extrait, les élèves copient latrace écrite suivante :Dans un texte le choix des adverbes, des adjectifs, des noms, contribue à donner uneatmosphère au récit. Dans l’extrait de Harry Potter à l’école des sorciers le vocabulairen’est pas choisi au hasard. Les mots placent progressivement le lecteur dans le suspens,la peur puis l’angoisse. Harry Potter est d’abord figé, puis il est pétrifié, enfin il estparalysé. Ces mots montrent l’évolution de la peur du héros.

Quelques remarques :

L’étude de cet extrait de Harry Potter à l’école des sorciers est importante car elle vame permettre d’amener la fonction du script à la séance suivante.Cette étude de texte aurait pu être beaucoup moins approfondie mais je voulais qu’elledonne lieu à une séance de vocabulaire.

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SEANCE N°4

Objectifs : - comprendre l’utilité et le fonctionnement d’un script. - écrire un scripte d’après un extrait de film.

Matériel : - cassette vidéo de Harry Potter à l’école des sorciers - extrait choisi : celui qui correspond au passage du roman étudié la veille.Harry, Malefoy, Crockdur sont dans la forêt interdite à la recherche de la licorneblessée. Quand il la découvre, Voldemort boit son sang. Le monstre encapuchonnéveut attaquer Harry mais un centaure le met en fuite.

Déroulement : Reformulation de ce qu’on a étudié la veille avec l’extrait de HarryPotter : à l’écrit il y a des procédés qui permettent d’augmenter le suspens. Sans plusd’explication j’ explique que les élèves vont maintenant voir le passage du film quicorrespond à l’extrait du roman.- Premier visionnage de l’extrait. Commentaires des enfants. « C’est pas tout à faitcomme dans l’extrait qu’on a lu. ». Recherche collective des differences.Je leur demande alors si les acteurs du film ont appris leur rôle d’après le roman. Je merends compte que les élèves croient que les comédiens ont effectivement appris leurrôle grâce au livre. On voit ensemble que les dialogues de l’extrait du roman ne sontpas les même que ceux du film. Il y a d’avantage de narration dans le roman : tout cequi est écrit dans le livre n’est pas dit par un narrateur durant le film. Quand les élèvesont assimilé que le roman même s’il a inspiré le film ne peut pas être à lui seul lesupport de sa réalisation, j’amène le mot SCRIPT. Pour passer du livre au film il y anécessité d’écrire un script, un « livre » qui décrit, explique, raconte le déroulement dufilm.- Je demande aux élèves ce qu’on peut trouver dans un script. J’écris au tableau leurspropositions sachant que j’attends les quatre thèmes suivants : ACTIONS-MUSIQUE-BRUITAGES-PAROLES. Les bruitages sont les moins évidents à trouver pour lesenfants. En effet ils n’y prêtent pas d’attention particulière : ce sont les dialogues quifocalisent l’oreille pas les bruitages.- Les enfants se mettent par groupes (un thème par groupe). Je les mets dans la peau descripteurs qui doivent rédiger le script du passage de Harry Potter. Chaque groupe nedoit s’attacher qu’à un seul thème du script :Le groupe ACTIONS doit noter toutes les actions.Le groupe MUSIQUE doit étudier la composition de la musique.Le groupe BRUITAGES doit relever les différents bruitages.Le groupe PAROLES doit écrire les dialogues.- Deuxième visionnage de l’extrait. Les enfants prennent des notes durant levisionnage en fonction du thème qu’ils doivent travailler.- Chaque groupe met ses notes en commun et désigne un rapporteur.- Troisième visionnage de l’extrait pour affiner l’observation, vérifier ses notes.- Mise en commun collective. Au tableau, je remplie les colonnes correspondant àchaque thème sous la dictée des enfants. Les groupes s’expriment les uns après lesautres.

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- Lecture globale du tableau et mise en évidence d’un problème fondamentale :comment montrer la simultanéité des actions, de la musique, des paroles, desbruitages ? Ainsi organisé, notre script ne permet pas de comprendre le déroulement del’extrait du film de Harry Potter.Réflexion des élèves : « il faut pouvoir lire le script à la fois verticalement ethorizontalement. » Il s’agit donc à présent d’organiser les données les unes par rapportaux autres de manière à ce qu’elles aient un sens.- J’efface le contenu de mes quatre colonnes au tableau. Quatrième visionnage del’extrait. Cette fois la consigne pour tous est de ne regarder que les actions. Je réécrisle contenu de ma colonne ACTION sous la dictée des enfants.- Cinquième visionnage de l’extrait. On écoute attentivement la musique. La musiquedevient de plus en plus forte. On marque ses paliers d’intensité par rapport aux actions.Les enfants demandent à revoir plusieurs fois l’extrait. Au début ils n’entendent pasqu’au moment crucial du passage des voix se mêlent à la musique. C’est seulement enne prêtant attention qu’à la bande sonore qu’ils le découvrent.- On visionne de nouveau l’extrait en ne s’attachant qu’aux bruitages et aux paroles.On se rend alors compte de la difficulté de traduire un bruit à l’écrit. Comment traduireà l’écrit une sorte de sifflement ? La recherche est collective. J’écris les propositionsdes élèves au tableau. On les oralise afin de vérifier si elles correspondent au bruitentendu. Il faudra plusieurs fois regarder l’extrait pour remplir correctement le tableau.A chaque doute, le magnétoscope est remis en route...- Enfin le script de l’extrait est rédiger en entier au tableau. On vérifie avec un derniervisionnage si notre script retranscrit bien le passage du film.- Pour terminer la séance je leur demande quelles différences existent entre Fantasia etHarry Potter. Dans ce dernier la musique est construite à partir du film, il y a desparoles, les bruitages ne correspondent pas à des instruments de musique issus de labande sonore. Cela pour insister sur le fait que les films ne suivent pas tous le mêmefonctionnement. On revient aussi sur l’intérêt du script pour la réalisation d’un film.

Quelques remarques :

J’ai moi même recopié le script que j’ai ensuite photocopié pour les élèves afin d’éviterde prolonger une séance déjà longue. Cela permet aussi que toute la classe y comprisles élèves en difficulté aient un script lisible qui puisse leur servir de modèle pour leurproduction écrite future.

J’avais peur que tous ces visionnages finissent par lasser les élèves. Chaque visionnagedemande aux enfants de se concentrer sur un point particulier : l’extrait regardé esttoujours le même mais ce qui est étudié est différent à chaque fois. Les enfants n’ontdonc pas été lassés. Ce sont eux d’ailleurs qui demandaient à revoir l’extrait pour êtrebien sûr de ne pas se tromper dans la rédaction du script. En effet ils ont pris à cœur leur rôle de scripteurs. Le fait de mettre les élèves dans lapeau de scripteurs les a motivés pour s’investir dans l’activité.

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D’un point de vu matériel, s’il y avait eu deux tableau dans la classe, j’aurais utiliséchacun d’eux de la manière suivante : - tableau 1 : premier jet du script collectif. - tableau 2 : production collective finale.

En effet il y a eu perte de temps quand j’ai effacé le premier script au tableau et qu’il afallu retrouver quoi écrire pour à nouveau remplir les colonnes.

Le script élaboré collectivement figure en annexe.

En dehors de la séance et suite à notre recherche sur les bruitages du film, j’ai présentéaux élèves une courte séquence figurant sur la cassette vidéo de Blanche Neige et lessept nains. A la suite du dessin animé sont expliqués les secrets du tournage. On peutainsi voir comment est bruitée la chute d’un des nains dans l’escalier (avec des cartonsqui s’écroulent..). Cela permet de montrer les différents métiers que regroupe lecinéma : scripteurs, bruiteurs, dessinateurs, acteurs, réalisateurs de musiques defilms....Avec tout ce que les élèves ont vu jusqu'à présent, ils essayent de me nommerces métiers du cinéma. Ils se rendent compte alors que pour faire un film un réalisateuret des comédiens ne suffisent pas.

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SEANCE N°5

Objectif : écrire un script en vue de l’enregistrer, d’après un court dialogue.

Matériel : feuilles A3, objets sonores, instruments de musique

Déroulement : Rappel de la séance précédente et lancement de la séance du jour :« Aujourd’hui c’est vous qui allez écrire un script que vous enregistrerez. ». Lesenfants sont enthousiasmés par cette activité. La consigne est qu’ils doivent écrire unscript qui correspondrait à la suite de ces quelques lignes : Harry et Malefoy retournent sans autorisation dans la forêt interdite... MALEFOY : Cette forêt est toujours aussi sinistre... HARRY : Chut ! J’ai entendu un bruit bizarre là bas !Les dialogues peuvent être modifiés, il s’agit juste d’une aide pour aider les enfants àcommencer leur script. - Les enfants se mettent par groupes selon leurs affinités. Je ne me mêle pas de leurrépartition.- Les élèves rédigent leur script au crayon de papier sur des grandes feuilles A3 (unepar groupe).- Je corrige les fautes d’orthographe. J’aide certains à trouver des idées (un groupe esten difficulté par rapport à la tâche attendue...)- Une fois corrigées, les élèves recopient leurs productions au feutre. Quand ils ontterminés la rédaction de leur script les groupes peuvent s’entraîner à le jouer. S’ils ledésirent ils ont à leur disposition des instruments de musique. L’école est constituée dedeux grandes pièces ce qui me permet de séparer les groupes. Le bruit est donc limitéet les groupes peuvent mieux travailler sans s’influencer.Quelques remarques :

J’aurais peut être dû intervenir dans la répartition des groupes afin de ne pas retrouvertous les élèves en difficulté ensemble.

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SEANCE N°6 Objectifs : - enregistrement du script de chacun des groupes.

- évaluation.

Matériel : photocopies des scripts pour chaque groupe, magnétophone.

Déroulement : Rappel de séance précédente et présentation de la séance du jour. Ils’agit pour chaque groupe d’enregistrer son script devant la classe. Ensuitel’enregistrement et le script seront analysés par les élèves. En tenant compte desremarques qui leur auront été faites, les groupe s’enregistreront à nouveau.- Les enfants se remettent par groupes et répètent leur script. Chaque groupe meprésente sa production. On en parle ensemble. Cela les rassure avant de passer devanttoute la classe.- Arrêt des répétitions. Chaque groupe revient à sa place.- Un par un les groupes enregistrent leur production devant le reste de la classe. Ilsproduisent une première fois leur script sans enregistrement (pour les mettre à l’aise)puis la deuxième fois je les enregistre.- Quand tous les groupes sont enregistrés, une photocopie de chaque script estdistribuée à chaque groupe. On écoute l’enregistrement des groupes un par un.D’abord on repère le script qui correspond au groupe que l’on va écouter. Ensuite onécoute attentivement avec le script sous les yeux. Enfin on critique, on corrige le scriptquand celui ci ne ‘colle’ pas à l’enregistrement, on donne des idées d’améliorationspour le second enregistrement. Le groupe que l’on vient d’écouter commence às’évaluer, les autres ajoutent ensuite leur commentaires .(L’auto évaluation estimportante pour que je puisse voir s’ils ont compris ce que j’attendais d’eux.) Il s’agitsurtout d’enlever les bafouillages, de varier les intonations, de jouer vraiment avec savoix, d’améliorer les bruitages. J’écris les remarques des élèves au tableau. Lesévaluations se font avec objectivité, sans moqueries ni dénigrement. Chaque groupeprend note des remarques. - Quand tous les scripts ont été entendus et analysés chaque groupe va répéter saproduction de manière à l’améliorer. A ce moment là, la motivation est à son comble.- Arrêt des répétitions. Chaque groupe se fait enregistrer une dernière fois (l’ordre depassage est le même que pour le premier enregistrement). Le premier groupe a droit àun enregistrement supplementaire car son Harry a encore voulu dire ‘araignée’ à laplace de ‘Harpy’. Il est tellement déçu que toute la classe lui accorde le droit derecommencer.- On écoute les productions les unes après les autres. Auto-évaluation orale desgroupes : ont-ils tenu compte des remarques qui leur ont été faites ? Avis des autresgroupes. Les groupes spontanément se félicitent entre eux. Ils sont fiers de leurnouveau script. Même les élèves en difficulté sont contents car leur copains disentqu’ils ont progressé.– A la demande générale on réécoute leurs premiers jets puis leurs nouvelles

productions.–

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Quelques remarques :

Faute de temps, je n’est pas pu proposer d’évaluation critériée précise. Il aurait étéintéressant de construire avec les élèves une grille de critères sur l’enregistrement duscript. Cette grille aurait permis une évaluation plus pertinente des acquisitions desélèves. En plus ils auraient pu garder la trace de ce qu’est un script dans leur cahier...

Cette séance a suscité beaucoup d’engouement de la part des élèves. Comme toutes lesautres séances de ma séquence, je l’ai proposée entre la récréation du matin et lacoupure du midi. En effet ces séances leur demandent des efforts soutenus deconcentration et d’attention, il ne faut mieux pas prévoir d’activité à leur suite.

Les scripts écrits par les élèves figurent en annexe.

L’enregistrement audio sur cassette ou Disque Compact proposé en annexe sedécompose de la façon suivante : 1. enregistrement des partitions composées par les différents groupes durant la

séquence d’éducation musicale.2. enregistrement des scripts.

Pour plus de précisions sur l’organisation de l’enregistrement se reporter à la partie enannexe titrée « Détails de l’enregistrement ».

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SEANCE N°7

Objectifs : élaboration collective d’un script et enregistrement de celui-ci par toutela classe.

Matériel : un magnétophone.

Déroulement : Rappel de la séance précédente. « Aujourd’hui nous allons réaliser unscript tous ensemble et l’enregistrer. »- Le point de départ du script reste le début du dialogue proposé à la cinquième séance.Tous ensemble, on cherche quelle trame donner à notre script. Les idées fusent. J’écrisles actions au tableau. Elles sont le point de départ pour la recherche des dialogues, desbruitages. Le script se construit sous la dictée des enfants. Il y a des échanges entre lesélèves pour situer les bruitages par rapport aux dialogues. L’histoire proposée par lesélèves est la suivante : Harry et Malefoy sont dans la Forêt Interdite. Ils entendent desbruits bizarres. Il s’agit d’une sorcière qui jette un sort a un pauvre malheureux. Harrydécide d’aller voir ce qui se passe. Il découvre une maison habitée par des sorcières. Illes espionne un moment puis il les interrompt dans leur discussion : il entre dans lasalle et jette un sort aux sorcières.- Répartition des rôles. Les élèves sont volontaires. Tous veulent participer. L’arrivéedans la maison des sorcières me permet de faire participer toute la classe. En effet onimagine que l’assemblée de sorcières ricane en préparant des potions magiques. Lesenfants ont le choix, soit ils imitent le rire d’une sorcière soit ils imitent le bruit desbulles des marmites pleines de potion. Toute la classe participe alors au bruitage decette partie du script.- Répétitions du script en s’aidant du tableau. - Premier enregistrement collectif du script.- Ecoute de la production et commentaires. Des enfants n’ont pas modifié leur voix,d’autres ont oublié du texte.- On revient sur les problèmes rencontrés. On s’entraîne à dire ce qu’on doit direcorrectement.- Enregistrement final.- Ecoute de la production. Les enfants sont heureux de leur travail : « ça rend vraimentbien ! » s’exclament-ils. A leur demande on réécoute toute la cassette.

Quelques remarques :

Faute de temps, nous sommes alors le dernier jour de mon stage, cette séance a étéproposée comme une séance plaisir aux élèves. Celle-ci n’était pas donc pas vraimentstructurée... Le but est d’enregistrer tous ensemble un script. Le principal objectif n’estpas la rédaction du script mais son enregistrement.

Les enfants ont pris beaucoup de plaisir à l’élaboration collective de ce script. Lesélèves se sont rendu compte qu’ils avaient appris des choses car ils réinvestissent leurs

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connaissances à propos du script et en plus on s’est beaucoup amusé (aussi bien moique eux !) C’était un bon moyen de clôturer ma séquence.

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CONCLUSION

Maintenant que j’ai pu expérimenter ma séquence sur l’oral, je vais pouvoir essayer derépondre aux problèmes posés dans ma partie théorique concernant l’enseignement del’oral .Enseigner l’oral à l’école, est-ce une chose si difficile et si insurmontable ?Finalement, la démarche pour construire une séquence d’oral est la même que pour lesautres disciplines. Il faut un projet qui donne du sens aux apprentissages et uneprogression .Ce qui change réellement, c’est l’objet et l’outil de l’apprentissage : l’oral.Evaluer la voix, ce support abstrait qui ne peut laisser de trace que sur unmagnétophone, voilà ce qui fait peur à certains enseignants. Cependant, si une grille decritères de réussite est construite avec les élèves, si tout le monde est d’accord sur lescompétences attendues, alors pourquoi l’évaluation de l’oral paraîtrait-elleimpossible ?Même si l’enseignant ne peut pas jouer de son stylo rouge, le maître n’est pas inutilepour autant : l’enfant a besoin de lui dans son apprentissage de l’oral.Généralement, à l’école primaire, les enfants savent parler, donc ils ne voient pas lanécessité d’apprendre à maîtriser l’oral. Le rôle de l’enseignant est de mettre ses élèvesen situation de communication. Comme les types de texte à l’école, chaque situation decommunication orale repose sur des critères spécifiques. L’enseignant guide lesenfants dans leur exploration des genres formels oraux et il leur fait acquérir lescompétences nécessaires pour débattre, exposer des faits, raconter, argumenter,...L’enfant ne peut pas s’approprier seul, les critères spécifiques, il a besoin d’uneintervention pédagogique. L’enseignement de l’oral à l’école est donc réellementnécessaire. D’autant plus, qu’il est accueilli par les élèves avec intérêt et enthousiasme.Certains enseignants ont peur des débordements dans l’enseignement de l’oral. Ilscraignent que le travail sur la parole entraîne les élèves vers le bavardage. Ils imaginentleur classe emplie d’enfants parlant tous en même temps : le niveau sonore au seuilmaximum de tolérance. D’après mon expérience, je peux affirmer que, certes on nepeut le nier, le travail sur l’oral ne se fait pas en silence mais si on y réfléchit le travailde groupes pour des exercices écrits ne se fait pas non plus le recueillement le plusparfait... Quand ils travaillent sur leur script, les élèves ne sont pas plus agités qued’habitude . Ils parlent entre eux mais c’est à propos du projet qui les motive : ilsrépètent leur script encore et encore, ils ne s’en lassent pas. Ils le modifient, le scriptdevient leur support d’expérimentation vocale.

De plus, grâce à l’oral, les enfants apprennent réellement à s’écouter. En effet, lamajorité d’entre eux ne s’était jamais entendue parler : s’entendre sur le magnétophonea été une révélation pour eux ; certains ne se reconnaissaient même pas, d’autres ontdécouvert chez eux comme un accent...

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L’enseignement de l’oral, c’est aussi cela : des moments agréables avec les élèves oùon sourit et on rit. Les enfants sont pleins de ressources et d’imagination pour joueravec leur voix. Quand le plus costaud et le plus grand des garçons de la classe prendune voix de petites fillettes , personne ne peut s’empêcher de rire. Si les cadres et les règles sont posés, il n’y a pas de débordement à craindre. Lesenregistrements se font dans le silence le plus parfait. Les élèves qui écoutent saventque le moindre bruit s’entendra sur la cassette et nuira à la production du groupe quienregistre. Le respect de l’autre et de son travail est essentiel dans l’enseignement del’oral.

Mon expérience confirme mon opinion sur la nécessité d’un enseignement de l’oral.Les élèves en difficulté peuvent s’épanouir. J’ai vu des élèves en échec scolaire,complètement démotivés face aux apprentissages, s’investir pleinement dans laproduction de leur script. Ils étaient fiers de leur travail qui était reconnu commeintéressant par leurs camarades.

Bref cette expérience a été très enrichissante pour les élèves et pour moi même. Ceprojet de réalisation et d’enregistrement d’un script a vraiment motivé les enfants. Ilsont découvert certains métiers du cinéma. Ils se sont rendu compte qu’un film ne peutpas se réaliser à partir d’un roman. Ils ont découvert ce qu’est un script. Ils ont travailléà l’écrit : mise en page du script. Ils ont travaillé à l’oral : production orale du script.Cette séquence, grâce à la variété de ses supports et de ses outils, a intéressé lesenfants.

L’an dernier, avec mes élèves de CLIS j’ai monté un projet sur l’oral à partir du conted’ Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince. Les enfants ont créer des dialogues entreles différents personnages et les ont enregistrés. Tous les élèves s’étaient investis dansle projet même ceux qui connaissaient de grandes difficultés. Ce projet a été unerévélation pour moi. Je me suis alors rendue compte de l’importance de l’enseignementde l’oral à l’école. Suite à cela, cette année j’ai voulu expérimenter mon projet deréalisation et production d’un script. J’ai aussi entraîné des élèves de cycle II à lire àhaute voix et à bruiter un album. L’enseignement de l’oral m’intéresse vraiment et auvu de tout ce qu’il apporte aux élèves, je ne peux que souhaiter qu’il soit mis en placedans toutes les classes.

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BIBLIOGRAPHIE

Maîtriser l’oral, C.Mairal, P.Blochet. Editions Magnard, Collection ‘Les GuidesMagnard’, 1998.

Maîtriser l’oral au cycle III, C. Mairal, P.Blochet. Editions Magnard, Collection‘Magnard Ecole’, 1998

Approches de la linguistique, V.Schott-Bourget. Editions Nathan, ‘Collection 128’,1994.

Pour un enseignement de l’oral B.Schneuwly et J.Dolz. Editions ESF. 1998

RESSOURCES INTERNET : adresses des sites :

http ://scripts.6nema.com

http ://www.script-o-rama.com

http ://simplyscript.com

http ://www.dailyscript.com

http ://www.studyrama.com

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ANNEXES

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SEQUENCE D’EDUCATION MUSICALE

Objectifs de la séquence :- Découverte et création autour d’une œuvre utilisant la voix et le bruitage,STRIPSODY de Cathy Berberian.

- Travail sur les caractéristiques de l’oral, les possibilités qu’offre la voix : lerythme, l’intensité, l’intonation et l’accentuation.

SEANCE N°1Objectif : Découverte, compréhension et imitation d’une partition originale.

Matériel :- un lecteur CD-CD Cathy Berberian : ‘Magnyficathy’ + la partition correspondant à l’œuvreétudiée : Stripsody, édition Peters N°66164. - une photocopie par élève de la première page de la partition. (document 1)- un magnétophone.

Déroulement :- Ecoute de Stripsody. Il s’agit d’une femme, Cathy Berberian, qui joue avec sa voix.Elle parle, crie, murmure, chante, imite des animaux et des bruits d’objets...Touts’enchaîne. La partition transcrit les paroles et montre la manière dont elles sontprononcées. La partition est constituée de trois lignes horizontales permettant de voir lahauteur des sons : _________ aigus_________ moyen____OUH !_____ grave

Ainsi, ‘OUH’ si l’on s’en réfère à la partition, doit être dit avec une voix grave.

Les paroles, les bruits sont transcrits sur la partition par des phrases, des mots, desonomatopées, des dessins.

A la première écoute les enfants n’ont pas la partition.Cette voix de chanteuse lyrique qui imite Tarzan et toutes sortes de choses surprend lesélèves et les fait rire au début de la première écoute.L’écoute terminée, ils me donnent leurs impressions : « c’est bizarre ! » et ils décriventce qu’ils ont entendu : « une seule personne en scène (applaudissements à la fin), c’estune femme, elle chante, parle, imite des choses et des animaux, elle parle plusieurslangue, elle change sa voix. ». Il faudra une autre écoute pour justifier le fait que l’onn’entende qu’une seule voix. Certains élèves croient qu’il y a plusieurs femmes enscènes...- Distribution de la première page de la partition sans explications.J’interroge les élèves sur la nature de ce document.

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On décrit comment est constitué le document : « il y a des lignes, des mots, desdessins... » « il y a Tarzan ! c’est comme ce qu’a dit la dame ! » Les élèves se rendentcompte que ce qu’ils ont entendu correspond à ce qui est écrit sur le document. Jevoudrais leur faire dire le mot ‘partition’ mais je me rend compte qu’ils ne leconnaissent pas. Je leur amène donc ce nouveau mot. Je leur montre une partitionordinaire de chanson en expliquant brièvement son fonctionnement et son rôle.

- On réécoute le début de Stripsody pour vérifier que le document distribué est bien lapartition correspondant à cet extrait.

- Validation de l’hypothèse. On réécoute Stripsody, cette fois les enfants essayent de serepérer dans la partition en suivant avec leur doigt.

- Je demande aux élèves comment fonctionne la partition. Ils ont bien compris que lesmots écrits sur la partition sont dits par Cathy Berberian et que les dessins associés àces mots permettent de comprendre comment les dire.

- Des volontaires tentent d’oraliser la partition. Les enfants se rendent compte qu’il y aune différence dans leur production par rapport à celle de C.Berberian : ils disent toutsur le même ton. Je leur explique alors que la partition montre aussi à quelle hauteurplacer sa voix. Les élèves cherchent comment sont transcrits les sons aigus et les sonsgraves dans la partition. Après un temps de réflexion, ils trouvent la réponse : « lestrois lignes ! ». Nous construisons l’explication ensemble. Je dessine trois lignes autableau et j’y place des mots. Les enfants oralisent ces mots en fonction de leur placesur les lignes.

- On reprend la partition et les enfants doivent repérer les sons aigus qui deviennentgraves et les sons graves qui deviennent aigus.

- Finalement pour fixer les acquis de cette séance, j’écris au tableau commentfonctionne cette partition. Sous la dictée des enfants, je note que la façon dont lesmots et les dessins sont écrits ainsi que leur mise en page permettent de savoir :ce qui est dit, le moment où c’est dit, la durée, la manière, la hauteur de ce qui est dit.

- Toute la classe s’entraîne à oraliser sur chaque bruit de la partition.

- Chaque élève à tour de rôle essaie d’oraliser la partition.

- Collectivement, la partition est oralisée et enregistrée. Chaque bruit est attribué à unenfant volontaire.

- Ecoute de l’enregistrement. Commentaires.

Remarques : Les enfants ont été enthousiasmés par cette séance. La moitié de ma classe étant alors décimée par la grippe, et ne voulant donc pas tropavancer dans les apprentissages j’ai pu faire durer la séance 1H15. Jusqu’au bout de

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celle ci les enfants ont participé. Le lendemain matin, à la première heure, ils medemander de continuer le travail sur la partition.

Cette séquence sonore, enregistrée par les élèves d’après la partition de C.Berberian,est le premier enregistrement figurant sur la cassette audio mise en annexe.

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SEANCE N°2Objectifs :- appropriation de la partition par toute la classe.( les enfants qui étaient absents sontde retour) - création en rapport avec le modèle.

Matériel : - des photocopies des pages 4 et 7 de la partition Stripsody (document 3)- des photocopies des pages 4 et 7 de la partition Stripsody contenant des anomalies.Les débuts de chaque morceau de partition ont été effacés.(document 2)

Déroulement :- Pour les absents, nous commençons par écouter intégralement Stripsody.Ils me donnent leurs impressions. Je propose un condensé de la séance 1 avec l’aidedes enfants qui ont participé à ce début de ma séquence.

- Je distribue ensuite le document 2 à chaque élève. J’explique qu’au dessus de chaquenuméro (1 et 2) les élèves devront dessiner, écrire les mots qui manquent d’aprèsl’écoute du passage.

- Plusieurs écoutes sont nécessaires.

- Quand tous les élèves ont compléter leur partition, je leur demande d’imiter à l’oralles sons qu’ils ont dessinés. Puis certains élèves vont dessiner au tableau leurtranscription des bruits, en tenant compte des trois lignes qui structurent la partition.Chaque illustration, mot écrit donne lieu à une analyse collective. « Est ce que le motécrit correspond au son qu’il transcrit ? », « Est ce que le dessin donne des indicationssur la manière de dire le mot ? ».

- Distribution de la vraie partition. Comparaison. Nouvelle écoute.

- La séance se termine sur un jeu : les enfants doivent réfléchir individuellement à unbruit provoqué par un objet. Ils viennent à tour de rôle proposer leur bruit à la classe,leur camarades doivent deviner quel objet ils imitent. Ainsi nous entendrons une portequi grince, un néon qui explose, une horloge... A chaque fois nous recherchonscollectivement comment on pourrait noter ce bruit sur la partition de C.Berberian.

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SEANCE N°3Objectifs : - création d’une suite d’onomatopées, phrases, bruits en jouant sur l’intensité, lahauteur, le rythme de la voix à la manière de C.Berberian. Enregistrement de cetteproduction et création de la partition correspondante.

Matériel :- un magnétophone- Une feuille A3 par groupe. Les trois lignes de la partition sont tracées.

Déroulement :- Pour préparer les élèves à l’exercice qu’ils devront accomplir durant la séance, je leurpropose dans un premier temps, un travail sur l’expression des émotions à travers lavoix.Je dis la même phrase avec un ton différent à chaque fois : triste, joyeux, craintif...Lesélèves doivent répéter ensemble cette phrase. Puis certains la répète seuls devant lesautres.Puis c’est aux élèves de venir prendre ma place. A tour de rôle, ils disent une phrasesur le ton de leur choix. Leurs camarades devinent de quel ton il s’agit puis répètent laphrase à la manière attendue.Nous travaillons aussi l’intensité de la voix. Je crie une phrase, les élèves doivent larépéter en murmurant. Je chuchote un mot, les élèves doivent le répéter en parlant fort.Enfin nous nous exerçons à travailler le rythme des phrases. Je dis une phrase sur unrythme particulier. Les enfants doivent redire la phrase avec le même rythme. Ilsdoivent donc logiquement la dire en même temps. C’est un exercice difficile. Pourvarier, un élève vient prendre ma place. Il dit une phrase sur un rythme précis, sescamarades doivent la répéter.

- Ensuite, j’explique aux enfants qu’ils vont à leur tour créer une partition et l’oraliser.Ils se répartissent en trois groupes. Au terme de cette séance, chaque groupe aura uneséquence sonore à la manière de C.Berberian à proposer. Chaque groupe devra aussiavoir une trace écrite de sa partition rédigée au brouillon.

- Les enfants se mettent immédiatement au travail. Ils cherchent des mots, des sons quipuissent s’enchaîner à l’oral. Ils ébauchent une partition au brouillon. Je passe dans lesgroupes. Ils me font écouter leur production. On cherche comment améliorer leurséquence sonore. Quand ils sont satisfaits de leur travail, ils peuvent commencer derecopier leur partition sur la feuille A3.

- Enregistrement des séquences sonores des différents groupes.

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SEANCE N°4Objectifs : - création des partitions- analyse des enregistrements, évaluation des productions.

Matériel :- lecteur de cassettes.

Déroulement :- Les élèves finissent de recopier au propre leur partition.

- Ecoute des enregistrements faits durant la dernière séance. Les élèves proposentd’évaluer leur travail en fonction des critères suivants : - l’adéquation entre lapartition et le texte c’est à dire que les sons, les paroles doivent être transcritscorrectement en mots et dessins. La séquence sonore doit respecter l’intensité et le tonnotés sur la partition. - La lisibilité de la partition.

- Les critères sont écrits au tableau. Les partitions sont affichées au tableau pourpouvoir les comparer avec l’enregistrement.

- Les séquence sonores sont étudiées les unes après les autres. Elles sont analysées parrapport aux critères de réussite proposés par les élèves. Les enfants relèvent ce qui estréussit, ils pointent aussi les erreurs de transcription et proposent des remédiations auxproblèmes rencontrés.Dans l’ensemble il y a peu d’erreurs et les élèves sont satisfaits de leur travail.

Remarque :Les partitions des élèves figurent à la suite de cette page. Elles sont placées dans lemême ordre que sur la cassette pour faciliter la compréhension.

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DETAILS DE L’ENREGISTREMENT

Voici l’organisation de l’enregistrement :

I / Séquence d’éducation musicale.

1. Enregistrement de la première page de la partition de Cathy Berberian.2. Enregistrement correspondant à la partition du groupe A.3. Enregistrement correspondant à la partition du groupe B.4. Enregistrement correspondant à la partition du groupe C.

II/ Enregistrements des différents scripts.

A) Les premiers jets :

1. Enregistrement correspondant au script du groupe 1.2. Enregistrement correspondant au script du groupe 2.3. Enregistrement correspondant au script du groupe 3.4. Enregistrement correspondant au script du groupe 4.

B) Les productions après l’analyse des premiers jets.

5. Enregistrement correspondant au script du groupe 1.6. Enregistrement correspondant au script du groupe 2.7. Enregistrement correspondant au script du groupe 3.8. Enregistrement correspondant au script du groupe 4.9. Enregistrement correspondant au script du groupe 1.

C) Enregistrements des scripts produits collectivement

10. Premier jet. 11. Production finale.

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