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4 actualités thérapeutique Actualités pharmaceutiques hospitalières n° 28 Novembre 2011 Progression de l’antibiorésistance animale À l’occasion de la journée européenne d’information sur les antibiotiques, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’envrionnement et du travail (Anses) a présentés les derniers résultats de ses travaux sur l’antibiorésistance en santé animale. Chez l'animal comme chez l'homme, la consommations d’antibiotiques est importante. En 2010 cependant, l’usage des fluoroquinolones et des céphalosporines de 3 e et 4 e générations s’est stabilisé, alors que parallèlement le réseau de surveillance souligne la progression de la résistance des bactéries pathogènes animales à leur encontre. V.L. Source www.anses.fr Comment réduire la transmission des bactéries résistantes en réanimation L es staphylocoques méti- cilline-résistants et les entérocoques résistants à la vancomycine représentent une cause majeure d’infections en unités de soins intensifs (USI) – infections qui sont habituelle- ment précédées par la coloni- sation des muqueuses ou de la peau à partir d’une blessure, ou du tractus gastro-intestinal. La colonisation survient de manière indirecte par transmission d’un patient à l’autre de bactéries résistantes par l’intermédiaire des mains du personnel soignant et des surfaces de l’environnement contaminées, ou, beaucoup plus rarement, par la transmission directe à partir du personnel soi- gnant contaminé. Les interventions standard pour prévenir la transmission de ces bactéries résistantes en réani- mation incluent l’hygiène des mains, l’utilisation de barrières de protection (gants et blouses) afin de se protéger des patients colonisés et infectés, l’utilisation de matériel médical spécifique et le placement de ces patients en chambre seule isolée. Une surveillance plus rigoureuse Une étude réalisée par des chercheurs américains a permis d’évaluer l’effet d’une surveillance spécifique sur la colonisation de ces deux types de germes. Durant les six mois de l’étude, près de 5 500 admissions dans les hôpitaux participants (dont 10 surveillances spécifiques en USI) ont été recensées. Les dix patients colonisés ou infectés par un staphylocoque méticilline- résistant et/ou un entérocoque résistant à la vancomycine ont été assignés à des mesures de précaution plus fréquemment que les autres individus. Parmi ces mesures, on note l’utilisation de gants propres, de blouses et une hygiène des mains rigou- reuse plus fréquente que celle effectuée habituellement. Minimiser la contamination de l’environnement Ainsi, on estime que l’utilisation de gants a été faite dans 82 % des cas de contacts, une blouse dans 77 % des cas de contacts et une hygiène des mains après 69 % des contacts. Les résultats montrent que, par rapport aux patients témoins hospitalisés en USI, il n’existe pas de diffé- rence significative au niveau de la colonisation ou de l’infection par staphylocoques méticilline- résistants et par entérocoques résistants à la vancomycine. Si la transmission n’est pas diminuée de manière significative, l’utilisa- tion de mesures de précaution reste importante afin de réduire la densité de ces germes résistants, diminuer la colonisation de sites corporels et minimiser la conta- mination de l’environnement ? Ophélie Marais biologiste, Paris [email protected] Source Huskins WC, Huckabee CM, O’Grady NP et al.; STAR*ICU Trial Investigators. Intervention to reduce transmission of resistant bacteria in intensive care. N Engl J Med. 2011 Apr 14;364(15):1407-18. Antibiothérapie pour l’otite moyenne aiguë chez les enfants de moins de 2 ans A ux États-Unis, l’otite moyenne aiguë (OMA), fréquemment diagnos- tiquée, constitue l’indication la plus courante pour un traitement antibactérien. Amoxicilline + acide clavulanique testés Une équipe de chercheurs améri- cains vient de tester l’intérêt d’un traitement antibactérien chez les enfants âgés de moins de 2 ans ayant une OMA. Au total, près de 300 enfants, âgés entre 6 et 23 mois, ont été randomisés dans l’étude, la moitié recevant un traitement par amoxicilline-acide clavulanique et l’autre moitié un placebo, et cela durant 10 jours. Les résultats montrent que, parmi les enfants recevant le traitement antibiotique, 35 % ont une résolu- tion initiale des symptômes dès le 2 e jour, 61 % dès le 4 e jour et 80 % dès le 7 e jour. Parmi ceux recevant un placebo, 28 % ont une résolu- tion initiale des symptômes dès le 2 e jour, 54 % dès le 4 e jour et 74 % dès le 7 e jour. Par l’antibiothérapie, la guérison est obtenue pour des valeurs de 20 %, 41 % et 67 % et par placebo dans respecti- vement 14 % des cas, 36 % et 53 %. Les symptômes durant les 7 premiers jours sont en général moins fréquents chez les enfants traités par amoxicilline-acide cla- vulanique que chez ceux recevant un placebo. Une réduction des symptômes et des signes cliniques Le taux d’échec thérapeutique, défini par la persistance des signes aigus d’infection à l’exa- men ORL, est aussi plus bas chez les enfants traités par antibiothé- rapie que chez ceux recevant un placebo : 4 % versus 23 % au bout de 4 à 5 jours et 16 % versus 51 % au bout de 10 à 12 jours. Une diarrhée ou une dermatose sont fréquemment retrouvées chez les enfants traités par l’an- tibiotique. Il n’existe pas de diffé- rence significative entre les deux groupes au niveau du taux de colonisation nasopharyngée par Streptococcus pneumoniae. Un traitement pendant 10 jours par amoxicilline-acide clavulani- que réduit donc les symptômes et les signes cliniques chez les enfants âgés de moins de 2 ans souffrant d’une OMA. Ophélie Marais Source Hoberman A, Paradise JL, Rockette HE et al. Treatment of acute otitis media in children under 2 years of age. N Engl J Med. 2011 Jan 13;364(2):105-15.

Progression de l’antibiorésistance animale

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4actualités

thérapeutique

Actualités pharmaceutiques hospitalières n° 28 Novembre 2011

Progression de l’antibiorésistance animaleÀ l’occasion de la journée

européenne d’information sur

les antibiotiques, l’Agence

nationale de sécurité

sanitaire de l’alimentation, de

l’envrionnement et du travail

(Anses) a présentés les derniers

résultats de ses travaux sur

l’antibiorésistance en santé

animale. Chez l'animal comme

chez l'homme, la consommations

d’antibiotiques est importante.

En 2010 cependant, l’usage

des fluoroquinolones et des

céphalosporines de 3e et

4e générations s’est stabilisé,

alors que parallèlement le

réseau de surveillance souligne

la progression de la résistance

des bactéries pathogènes

animales à leur encontre. V.L.

Sourcewww.anses.fr

Comment réduire la transmission des bactéries résistantes en réanimation

Les staphylocoques méti-cilline-résistants et les entérocoques résistants

à la vancomycine représentent une cause majeure d’infections en unités de soins intensifs (USI) – infections qui sont habituelle-ment précédées par la coloni-sation des muqueuses ou de la peau à partir d’une blessure, ou du tractus gastro-intestinal. La colonisation survient de manière indirecte par transmission d’un patient à l’autre de bactéries résistantes par l’intermédiaire des mains du personnel soignant et des surfaces de l’environnement contaminées, ou, beaucoup plus rarement, par la transmission directe à partir du personnel soi-gnant contaminé. Les interventions standard pour prévenir la transmission de ces

bactéries résistantes en réani-mation incluent l’hygiène des mains, l’utilisation de barrières de protection (gants et blouses) afin de se protéger des patients colonisés et infectés, l’utilisation de matériel médical spécifique et le placement de ces patients en chambre seule isolée.

Une surveillance plus rigoureuseUne étude réalisée par des chercheurs américains a permis d’évaluer l’effet d’une surveillance spécifique sur la colonisation de ces deux types de germes. Durant les six mois de l’étude, près de 5 500 admissions dans les hôpitaux participants (dont 10 surveillances spécifiques en USI) ont été recensées. Les dix patients colonisés ou infectés

par un staphylocoque méticilline-résistant et/ou un entérocoque résistant à la vancomycine ont été assignés à des mesures de précaution plus fréquemment que les autres individus. Parmi ces mesures, on note l’utilisation de gants propres, de blouses et une hygiène des mains rigou-reuse plus fréquente que celle effectuée habituellement.

Minimiser la contamination de l’environnementAinsi, on estime que l’utilisation de gants a été faite dans 82 % des cas de contacts, une blouse dans 77 % des cas de contacts et une hygiène des mains après 69 % des contacts. Les résultats montrent que, par rapport aux patients témoins hospitalisés

en USI, il n’existe pas de diffé-rence significative au niveau de la colonisation ou de l’infection par staphylocoques méticilline-résistants et par entérocoques résistants à la vancomycine. Si la transmission n’est pas diminuée de manière significative, l’utilisa-tion de mesures de précaution reste importante afin de réduire la densité de ces germes résistants, diminuer la colonisation de sites corporels et minimiser la conta-mination de l’environnement ?

Ophélie Marais

biologiste, Paris

[email protected]

SourceHuskins WC, Huckabee CM,

O’Grady NP et al.; STAR*ICU Trial

Investigators. Intervention to reduce

transmission of resistant bacteria in

intensive care. N Engl J Med. 2011 Apr

14;364(15):1407-18.

Antibiothérapie pour l’otite moyenne aiguë

chez les enfants de moins de 2 ans

Aux États-Unis, l’otite moyenne aiguë (OMA), fréquemment diagnos-

tiquée, constitue l’indication la plus courante pour un traitement antibactérien.

Amoxicilline + acide clavulanique testésUne équipe de chercheurs améri-cains vient de tester l’intérêt d’un traitement antibactérien chez les enfants âgés de moins de 2 ans ayant une OMA. Au total, près de 300 enfants, âgés entre 6 et 23 mois, ont été randomisés dans l’étude, la moitié recevant un traitement par amoxicilline-acide clavulanique et l’autre moitié un placebo, et cela durant 10 jours. Les résultats montrent que, parmi les enfants recevant le traitement antibiotique, 35 % ont une résolu-tion initiale des symptômes dès le

2e jour, 61 % dès le 4e jour et 80 % dès le 7e jour. Parmi ceux recevant un placebo, 28 % ont une résolu-tion initiale des symptômes dès le 2e jour, 54 % dès le 4e jour et 74 % dès le 7e jour. Par l’antibiothérapie, la guérison est obtenue pour des valeurs de 20 %, 41 % et 67 % et par placebo dans respecti-vement 14 % des cas, 36 % et 53 %. Les symptômes durant les 7 premiers jours sont en général moins fréquents chez les enfants traités par amoxicilline-acide cla-vulanique que chez ceux recevant un placebo.

Une réduction des symptômes et des signes cliniquesLe taux d’échec thérapeutique, défini par la persistance des signes aigus d’infection à l’exa-men ORL, est aussi plus bas chez

les enfants traités par antibiothé-rapie que chez ceux recevant un placebo : 4 % versus 23 % au bout de 4 à 5 jours et 16 % versus 51 % au bout de 10 à 12 jours. Une diarrhée ou une dermatose sont fréquemment retrouvées chez les enfants traités par l’an-tibiotique. Il n’existe pas de diffé-rence significative entre les deux groupes au niveau du taux de colonisation nasopharyngée par Streptococcus pneumoniae. Un traitement pendant 10 jours par amoxicilline-acide clavulani-que réduit donc les symptômes et les signes cliniques chez les enfants âgés de moins de 2 ans souffrant d’une OMA.

Ophélie MaraisSourceHoberman A, Paradise JL, Rockette HE

et al. Treatment of acute otitis media in

children under 2 years of age. N Engl J Med. 2011 Jan 13;364(2):105-15.